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De la fécondation des Orchidées par les insectes, par Charles Darwin (1). Gràce à traduction du livre: De l'origine des espéces, le nom de M. Darwin est non seulement connu en France; il y est populaire, non toutefois que les savants dont il dérange quelque peu les théories en soient toujours satisfaits, mais les services qu'il a rendus aux sciences naturelles, en les dégageant de certaines entraves, lui ont fait prendre sa vraie place: celle d'un profond philosophe, aussi savant que judicieux, et dont les connaissances sont assises sur les véritables bases: l'observation, par conséquent sur des faits.

M. Darwin a publié un grand nombre d'ouvrages ou de mémoires sur les différentes parties de l'histoire naturelle, mais malheureusement, à part son livre De l'origine des espéces, qui a fait sensation ou mieux une sorte de révolution, pourrait-on dire, aucun, que nous sachions, du moins, n'avait été traduit en francais. C'est donc une bonne fortune pour nous d'annoncer la traduction en francais d'un livre de ce savant observateur, sur la fécondation des Orchidées, sujet d'autant plus intéressant que cet acte si important de la vie végétale, chez les Orchidées surtout, a été jusqu'à ce jour une sorte de mystére dont les insectes seuls, qui, chez ces plantes, sont les véritables agents, possédalent le secret. Mais il n'en est plus ainsi, et grace aux nombreuses, patientes et minutieuses observations de

M. Darwin, ces agents fécondateurs sont en grande partie connus; ils ont été pris sur le fait. Rien de plus curieux que cette infinité de moyens mis en jeu! Rien de plus admirable que cette adaptation des fins et des moyens! Quelle harmonie sympathique!

Pour bien faire comprendre comment peut s'opérer la fécondation chez des plantes don't les organes floraux sont si singuliers, il fallait non seulement décrire minutieusement ces organes, mais encore en indiquer les functions spéciales, ce que M. Darwin a fait d'une maniére claire, grace aux dessins qui accompagnent ses descriptions; aussi, malgré Ja structure si singuliére des fleurs, capable de dérouter les personnes étrangéres à ces sortes d'études, les phénoménes de la fécondation chez les Orchidées, aussi nombreux que variés, sont-ils faciles à comprendre.

Vouloir dans un compte-rendu faire ressortir tous les détails sur le contenu du livre sur la fécondation des Orchidées, serait faire fausse route et dénaturer les faits sans méme donner une idée de leur importance; nous ne le ferons pas; nous nous bornerons à en recommander la lecture. C'est un ouvrage que doivent posséder non seulement tous ceux qui s'occupent de la fécondation, mais. encore tous ceux qui, philosophes ou naturalistes, s'intéressent à ce qui se rattache à étude des phénoménes qui constituent l'harmonie de la création, ce qui va ressortir d'un passage que nous allons rapporter en terminant cet apercu que nous essayons de donner du livre qui fait objet de cette note, et qui en méme temps donnera une idée des vues élevées de son auteur sur l'adaptation des choses, en vue des causes finales.

Voici ce passage:

Quoiqu'un organe n'ait pas été, & son origine, formé dans vel bat spécial, s'il sert actuellement à la réalisation de ce but, on peut dire avec justesse qu'il est spécialement constitué pour lui. D'aprés Je méme principe, si un homme construit une machine dans une fin déterminée, mais emploie & cet effet, en les modifiant un peu, de vieilles roues, de vieilles poulies et de vieux ressorts, la machine, avec toutes ses parties, pourra étre cousidérée comme organisée en vue de cette fin. Ainsi, dans Ja nature il est & présumer que les diverses parties de tout étre vivant ont servi, à l'aide de modifications légéres, à différents desseins, et ont fonctionné dans la machine vivante de plusieurs formes spécifiques anciennes et distinctes.

E.-A. Carrière.

 

(4) Vol. in-8 de prés de 350 pages et 34 gravures. Paris, C. Reinwald et Cie, libraires-éditeurs, 15, rue des Saints-Péres.