RECORD: Martins Charles Frédéric. 1857.08.24. De la vitalité des graines transportées par des courants marins; etc. Académie des Sciences, Comptes Rendus 45: 266-8. CUL-DAR205.2.7. Edited by John van Wyhe (Darwin Online, http://darwin-online.org.uk/)

REVISION HISTORY: OCRed by John van Wyhe 3.2011. Corrections by Christine Chua 5.2022 RN1

See record in the Darwin Online manuscript catalogue, enter its Identifier here.


[page break]

[page break]

[page break]

[page break]

[page break]

[page break]

[page break]

[page break]

(266)

PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. – De la vitalité des graines transportées par des courants

marins; Lettre de M. CH. MARTINS à M. Flourens. ( Extrait.)

"Les faits qui établissent le transport des graines par Jes courants marins avaient vivement frappé les botanistes: ils pensèrent que ces courants devaient jouer un grand rôle dans la diffusion des espèces disjointes qui forment des colonies isolées sur des îles ou des continents séparés par de vastes mers. Les géologues, surpris de l'uniformité de la vegetation des grands archipels répandus sur l'immensité des mers antédiluviennes, étaient encore plus disposes que les botanistes à considérer les courants marins comme les principaux agents de la dissémination des graines à la surface du globe. Ces conclusions à priori n'avaient jamais été vérifiées directement par l'expérience: on ne s'était jamais demandé: 1° si beaucoup de graines sont spécifiquement assez légères pour surnager à l'eau salée; 2º si ces graines, aprés avoir flotté longtemps à la surface de la mer, conservent encore leurs facultés germinatives.

"Pour résoudre la question expérimentalement, je choisis dans le catalogue du Jardin des Plantes de Montpellier des graines récentes et dont la germination ne manque jamais. J'en pris dans les principales familles, préfé


[page break]

(267)

rant en général celles de grande dimension, pourvues d'un épisperme dur et épais, ou bien celles de plantes littorales: les premières devant mieux résister à l'action de l'eau salée, par leur volume et l'imperméabilité de leurs enveloppes; les secondes ayant le plus de chances de germer si elles venaient à echouer sur one plage sablonneuse. "Un premier essai consistait à savoir quelles sont les graines qui surnagent à l'eau de mer et celles qui plongent an fond. Sur 98 espèces, 55 surnagent; 39 au contraire étaient spécifiquement plus lourdes que l'eau de la Méditerranée, dont la densité devant Cette est de 1,0258: quatre graines se tenaient entre deux: eaux: leur pesanteur spécifique étant sensiblement égale à celle de l'eau salée, ce sont: Nelumbium speciosum, Datura stramonium, luglans nigra et Gingko biloba. En résumé, on peut dire que sur uncertain nombre de graines prises au hasard, les deux tiers surnagent.

"Pour expérimenter l'action de l'eau de mer sur des graines flottantes, je n'ai pas cru devoir Jes plonger simplement, comme on l'a fait récemment en Angleterre, dans des baquets remplis d'eau salée naturelle ou artificielle. J'ai cherché à les placer clans les conditions physiques où elles se trouvent lorsqu'elles flottent à la surface de la mer. Une boîte carrée en tole ayant om,30 de cote et om, 03 d'épaisseur, divisée en cent compartiments egaux, recut 98 e epéces de graines: chaque case contenait 20 graines de même espéce. Quelques grosses graines étaient au nombre de 6, 12 ou 18 seulement. Les petites ne furent pas comptées, j'en mis une forte pincée. La boîte remplie, son couvercle fut soudé. Les parois étaient percées de petits trous par lesquels l'eau pouvait entrer et sortir librement.

"L'appareil fut fixé sur une bouée à l'entrée du port de Cette. Le mouvement des vagues, meme par une mer tranquille, soulevait la bouée, puis la laissait retomber de façou que la boîte était alternativement immergée et émergée. Les graines se trouvaient ainsi exposées à l'action de l'air et de l'eau comme elles le sont quand elles flottent à la surface d'un courant marin. Amarrée sur la bouée le 14 février 1856, la boîte resta jusqu'au Ier avril, savoir six semaines; ouverte le meme jour, j'y trouvai 41 espéces de graines sur 98 completement pourries. Les autres, au nombre de 57, furent semées immédiatement dans des pots remplis de terre de bruyére et places sous bâche. Sur ces 57 espéces de graines en apparence non alterées, 35 seulement ont germé. De ces 35 il faut en retrancher 17, qui, étant spécifiquement plus lourdes que I'eau salée, n'auraient pu nager à sa surface; cela réduit a 18 le nombre des graines qui, après six semaines de flottaison, auraient pu germer, placées dans les circonstances les plus favorables; ce sont : Cakile



[page break]

(268)

maritima, Nelumbium speciosum, Linum maritimum, Paliurus aculeatus Cucurbita pepo, Eryngium maritimum, Scabiosa maritima, Xanthium macrocarpum, Asclepias Cornuti, Rumex aquaticus, Salsola kali, Beta vulgaris, Euphorbia palias, Ricinus communis, R. africanus, Gingko biloba, Ephedra distachya, Pancratium maritimum, Asphodelus cerasiferus. Telles sont les espéces qui, aprés une navigation de six semaines, auraient eu quelque chance de s'établir sur le rivage.

"Six semaines sont un temps trés-court, comparé à celui que certaines graines doivent rester en route pour naviguer d'un continent à l'autre; je résolus done de remettre de nouveau à la mer les 34 graines qui avaient germe aprés y avoir séjourné six semaines: elles furent placées chacune au nombre de 20 dans la même boîte que j'amarrai sur la bouée le 17 juin 1856; elles y demeurérent jusqu'au 18 septembre, savoir 93 jours on trois mois. Au bout de ce temps, 11 de ces graines étaient réduites en putrilage. Je semai les 23 restantes sous bâche; 9 germérent, mais de ces 9 ii faut en retrancher 2, Acacia julibrissin et Canna gigantea, qui ne surnagent pas à l'eau de mer. Restent donc en tout 7 espéces qui auraient pu flotter trois mois sur la mer sans perdre leurs facultés germinatives; c'est donc 1/14 seulement du nombre total sur lequel nous avons opéré; ces espéces sont: Cucurbita pepo, Xanthium macrocarpum, Rumex aquaticus, Beta vulgaris, Ricinus communis, R. africanus et Ephedra distachya.

"Si l'on songe maintenant au concours prodigieux de circonstances qui est necessaire pour qu'une graine échonée sur la plage fructifie el y devienne le centre d'une colonie végétale, on conclura avec M. Alph. de Candolle que ce mode de transport si souvent invoqué à dû avoir une part bien minime à la diffusion des végétaux de l'epoque actuelle et des époques géologiques; or le nombre d'espéces identiques séparées par de vastes mers, et que les seuls courants marins auraient pu transporter d'un continent à l'autre, est assez considerable pour que l'idée de la multiplicité des centres de création acquiére tous Jes jours plus de probabilité."



[page break]

( 269 )
décrites, mais ils présentent entre leurs éléments constitutifs les mêmes rapports généraux. Ils établissent le passage entre les acides viniques formés par les alcools ordinaires et un grand nombre de composés naturels analogues au tannin, et susceptibles de se dédoubler avec fixation d'eau et formation simultanée de glucose et d'un acido correspondant.

» Dans le présent travaille me bornerai à signaler les combinaisons qui résultent de l'union de l'acide tartrique avec le glucose, le sucre de lait, le sucre de canne, la sorbine, la pinite, la quercite et l'érythroglucine ; j'ai déjà décrit un composé analogue formé par la mannite et l'acide tartrique, et je signalerai l'existence d'une combinaison de glucose et d'acide citrique.

» Tous ces corps se préparent et se purifient par le procédé suivant : on mélange intimement des poids égaux d'acide tartrique et de matière sucrée, et on chauffe le tout à lao degrés pendant un jour ou deux dans un vase ouvert. Cela fait, la masse refroidie est broyée avec un peu d'eau et de carbonate de chaux. Lorsque la saturation est terminée, on sépare par le filtre l'excès de carbonate de chaux et le tartrate de chaux régénéré.

» La liqueur renferme le sel calcaire de l'acide complexe, mélangé avec l'excès non combiné de la matière sucrée ; on précipite la solution en v ajoutant deux fois son volume d'alcool ordinaire; on décante l'eau mère et on recueille le précipité sur un filtre; on le lave avec de l'alcool étendu de son volumé d'eau. Cette seconde série d'opérations sépare le sel calcaire de l'excès de matière sucrée.

» On redissout dans l'eau le sel calcaire, on le précipite une seconde fois par l'alcool et on répète une troisième fois cette double manipulation : on sépare ainsi les dernières traces de tartrate de chaux et de matière sucrée, et on obtient à l'état isolé le sel calcaire de l'acide complexe : on le sèche dans le vide ou à 110 degrés et on le soumet à l'analyse.

» Il suffit de dissoudre ce sel dans l'eau et de le traiter par une proportion calculée d'acide oxalique pour préparer l'acide complexe.

» Voici quelles sont les combinaisons que j'ai préparées et analysées : les formules que je propose expriment les rapports les plus simples qui soient susceptibles de représenter les nombres des analyses-, elles montrent que le corps sucré, diminué d'une certaine quantité d'eau, de même que l'alcool dans les sulfovinates, remplace vis-à-vis de l'acide une portion de la base nécessaire pour saturer cet acide à l'état isolé. Ces formules d'ailleurs rentrent pour la plupart dans les mêmes types généraux que les combinaisons neutres formées entre les acides et la glycérine. D'après cette dernière C. R., 1857, a™8 Semestre. (T. XLV,N°8.) 36


[page break]

 

( 270 )
.malogie, il est probable qu'une même matière sucrée peut former, suivant les circonstances, plusieurs combinaisons acides avec l'acide lartrique : je signalerai seulement celles que j'ai obtenues.

» 1. Acide dulcitartrique, formé par l'union de la dulcine avec l'acid* tartrique, à équivalents égaux : monobasique. Analogue à l'acide glycéritar-trique de Berzelius :

CmH.O0»» — C'H' O1 + CiH604a - a HO (i).

» Dulcitartrate de chaux, séché à 110 degrés : C44 H9 Ca O45, 4 HO. » 2. Acide pinilartrique, formé par l'union de i équivalent de pinite avec i équivalents d'acide tartrique : tribasique. Analogue à l'acide mannitar-

tnque :

<;»0H,8O,ï = C,H°Os -i-SC'H'O48 - 6HO. ». Dulcitartrate de chaux : C80 H4S Ca» O*5, 6HO.

» ô. Acide quercitartrique, formé par l'union de i équivalent de quercite avec a équivalents d'acide tartrique; tribasique :

C" H,e O" = C* H® O5 -+- aC* H6 O43 - a HO.

» Quercitartrate de chaux : C" H^Ca'O", a HO. » 4. Acide érythroglucitartrique, formé par l'union de i équivalent d'érythroglucine (renfermant C49) avec 4 équivalents d'acide tartrique. Analogue au précédent par les relations qui existent entre le carbone de l'acide, le carbone du corps sucré, la chaux du sel calcaire et les quantités d'eau éliminées :

' C44 H" Os9 = C4a H" 04a -+- 4C" H9 O43 - 4HO

ou

C" Hu< Oa8= ^(C,a HIS 04a) -f- aC" H'0,a - aHO.

» Érythroglucitartrate de chaux :

C44 Hae Ca* O", 4 HO

ou

Caa HM«Ca3 Oas, aHO.
. (i) Les composés dulciniques doivent être représentés au moyen, non de la dulcine C' H' 0«, mais de la dulcinane C« H' O1, composé isomère avec la mannitane et formé dans des

circonstances analogues.


[page break]

( )

» ii. Acide sorbitartrique, formé par l'union de la sorbine et de l'acide tartrique à 100 degrés.

» 6. Acide lactotartrique, formé par l'union du sucre de lait et de l'acide tartrique ; bibasique :

C"H" O®8 = 3 C® H" 0° -h 2 C'H'O'1 - 4 HO.

» Lactotartrate de chaux : C" Ha4 Caa038, i HO. Ce sel réduit le tar-trate cupropotassique ; traité par l'acide nitrique, il fournit une grande quantité d'acide mucique. Il est probable que ce sel est formé, non par du >sucre de lait ordinaire, mais par du sucre de lait modifié.

» Dans une préparation faite dans des conditions un peu différentes, le sel calcaire obtenu répondait à la formule C"H,3Ca30", 4H0. Il rentrait donc dans le même type que le quercitartrate de chaux.

» 7. Sucre île canne et acide tartrique (à 100 degrés). — Ce composé est analogue aux acides glycéritartrique et dulcitartrique; il renferme du sucre <le canne modifié et réduit le tartrate cupropotassique; monobasique :

CMH,0O,e = C'H'O® h- C'H'O12.

» Sel calcaire : CMH9CaO<®.

» 8. Acide glucocitrique. —Ce corps se prépare comme les précédents. J'ai obtenu ses sels de chaux et de magnésie.

» 9. Salicine et acide tartrique....

» 10. Acide glucolartrique, formé par l'union de i équivalent de glucose et de 2 équivalents d'acide tartrique; bibasique :

C"H«sOa5 = C® H'O'-I- aC8 H*0,a - 4HO.

» Glucotartrate de chaux : C"Hn Ca9Oa5, a HO. Réduit le tartrate cupropotassique; ne fermente pas au contact delà levûre. Traité par l'acide sulfurique dilué, se résout en acide tartrique et sucre fermentescible.

» Glucotartrate de magnésie : C"HMMgaO", aMgO, aHO; cristalliu.

» Glucotartrate de plomb : C"H,aPbO". Ce sel est acide. Le sel neutre est insoluble. •

» D'après quelques essais, un acide analogue ou identique à l'acide glu-cotartrique me paraît se rencontrer dans le raisin, vers l'époque de sa maturité. <

» D'après les faits qui précèdent, les combinaisons de l'acide tartrique avec les matières sucrées que j'ai préparées se rattachent à quatre types distincts, dont trois sont formés dans les mêmes rapports que les composés neutres qui résultent de l'union de la glycérine avec les acides.
36..


[page break]

 

( )

A la monacétine, par exemple............C4 H4 O4 H- C* Hs O* — a HO,

correspondent les acides

Glycéritartrique..........................C' H* O*' + C,H'0{-a HO,

Dulcitartrique..........................C'H'O12 -+- C8H805 — 2 HO,

Et le composé formé

par le sucre de canne modifié. . . . C8H80ia-4- C*H808 — 2 HO.

Seulement l'acide acétique monobasique produit une combinaison neutre avec élimination de a équivalents d'eau, tandis que l'acide tartrique bibasique, forme des composés acides et monobasiques. Ces composés sont analogues anx sulfovinates.

A la diacétine..... a C4 H' O4 + C« H» O* - 4 HO,

correspondent les acides Glucotartrique . . . . aC'H,0,,+ C'H'O5 - 4HO, bibasique, Quercitartrique. . . . 2 C,H'0,,-t- C* H'O* - 2HO \

Érythroglucitartrique. a C1 H'O^-t-j(C,',H,,Oli)— aHO tribasiques

Et l'un des acides i

lactotartriques. . . aC8H80,a-f- C8H608 — aHO ]

Seulement l'acide acétique monobasique produit une combinaison neutre avec élimination de 4 équivalents d'eau, tandis que l'acide tartrique bibasique forme des composés acides bibasiques ou tribasiques, selon les proportions d'eau éliminées.

A la triacétine......;..............3 C4 H4 O4 4- C6 H8 O8 - 6HO,

correspondent les acides

Mannitartrique........................3C*H80,a -h C8H805 - 6H0,

Et pinitartrique . . . ...................3C8H80,a + C9H805 - 6H0.

Seulement l'acide acétique monobasique produit un composé neutre avec élimination de 6 équivalents d'eau, tandis que l'acide tartrique bibasique forme des composés acides et tribasiques. »

chimie organique. — Note sur un nouveau anilide de Cacide salicyleux ; par M. L. Chichkoff. (Présentée par M. Dumas.)

« En chauffant sous la pression ordinaire des volumes égaux d'acide sali-cyleux et d'aniline, on observe bientôt une élimination d'eau, et le mélange liquide se concrète par refroidissement. Le corps ainsi obtenu est insoluble dans l'eau, très-soluble dans l'alcool et cristallise en beaux cristaux


[page break]

( 273 )
d'un jaune clair. La substance est fusible à une température intérieure à 100 degrés.

» En traitant ce corps à chaud par des acides ou des alcalis, on régénéré les corps primitifs, ce qui prouve que le nouveau composé peut être représenté par

C14 H* O4 -+- C'2 H7 Az — H* O*. » L'analyse a donné les résultats suivants :

I. 11. Calcul.

cm........... 78,70 78,60 79»10

H".......... 6,00 6,00 5,5o

Az... ........ 7,06 » 7,10

O'........... » - 8,3o
» Ce corps est un isomère de la benzanilide dont il diffère complètement par ses propriétés. Une dissolution alcoolique de l'anilide salicyleux n'est pas décomposée par l'hydrogène sulfuré. »

chimie organique. — Quelques essais dans la série nitro-acétique ; par MM. L. Chichkoff et A. Rosing. (Note présentée par M. Dumas.)

« On sait que les corps appartenant à cette série ne peuvent pas être jusqu'à présent obtenus par la substitution directe du groupe AzO4 à l'hydrogène; l'acide fulminique contenant le groupe acétique mononitré tout formé, nous présente le seul point de départ pour l'étude des corps nitrés dérivant de l'acide acétique.

» Dans un précédent Mémoire, l'un de nous a démontré que l'acétoni-tryle trinitré en fixant les éléments de l'eau, au lieu de donner le sel ammoniacal correspondant à l'acide trinitro-acétique, se décompose ennitroforme, ammoniaque et acide carbonique :

C4 ( Az O4 )' Az + a Ha Oa = C* ( Az O4 )» H H- Az H® H- Ca O4.

Dans cette réaction, l'acide carbonique s'engage dans une combinaison peu stable avec une partie du corps non décomposé et forme ainsi des corps d'une nature très-complexe et dont l'étude est encore à faire (1).
( 1 ) L'acéfonitryle trinitré, chauffé au bain-marie avec de l'eau dans un tube scellé, s'est décomposé en produisant une explosion terrible; sous la pression ordinaire, à la température de 100 degrés, il se manifeste une réaction très-vive sans qu'il se dégage beaucoup de gai.


[page break]

( 274 )
» On sait que l'acélonitryle trinitré, traité par l'hydrogène sulfuré, est réduit d'une manière tout à fait exceptionnelle ; en effet, au lieu de la substitution du groupe AzO* par AzH2, on a le groupe Az H4 qui vient remplacer la vapeur d'acide hypo-azotique équivalent pour équivalent, sa-

voir :

C* (AzO*)' Az h- 4SaHs = 8S 4- C* (Az04)«(AzH4) Az -h 4H'Oa. "Nous rappellerons que ce corps a les propriétés suivantes : il est incolore, cristallise en belles aiguilles douées d'un grand éclat, très-soluble dans l'eau, moins soluble dans l'alcool et presque insoluble dans l'éther. Chauffé brusquement, le corps s'enflamme et fuse ; à 100 degrés, il se volatilise en quan-rités appréciables et possède une odeur extrêmement âcre. Nous insistons sur ses propriétés physiques, car c'est une occasion de constater le changement qu'entraîne dans les propriétés d'un corps le remplacement de l'oxygène par l'hydrogène, équivalent par équivalent.

» Ordinairement les corps oxygénés sont plus solubles et moins volatils que les corps hydrogénés; ici c'est tout le contraire.

C4 f Az O4 )* Az | Très-volatile à la température ordinaire; très-soluble dans l'alcool

Acéioniiryie triniirc. ) et l'éther ; presque insoluble dans l'eau.

C4 (Az 04)s ( Az H4) Az j Trés-peu volatile à degrés; presque insoluble dans l'éther ;

Himtro-acctyïp ammonié. } très-peu soluble dan» l'alcool ; très-soluble dans l'eau.

» Nous nommerons ce corps, d'après sa composition et son mode de formation, acélonitryle binitro-ammonié ou, pour plus de brièveté, binitrammo-hyI<' acétique. Quoique le hinitrammonyle soit tout à fait neutre aux réactifs, il possède néanmoins les propriétés d'un acide, car une partie de son hydrogène peut être remplacée par des métaux ; en effet, si l'on fait bouillir su dissolution aqueuse avec de l'oxyde d'argent, on obtient par le refroidissement de la liqueur filtrée un beau sel cristallisé, très-explosible, peu soluble clans l'eau froide, mais soluble davantage dans l'eau chaude : l'étude le ce corps nous a démontré qu'il n'est autre chose qu'un sel d'argent du composé précédent. En effet :
i. 11. Calcul.
o... .. 9,39 9>4< 9.4«
H .. 1,19 »,18 1,17
Az;> . . . .. 2i,35 » 21,96
Ag. ... .. 41,81 /pr, 00 42,35
... » 25, 11
100,00


[page break]

 

( )

Au premier abord, on est porté à croire que le binitrammonyle n'est autre chose qu'une combinaison d'ammoniaque avec l'acétonitryle bi-nitré

C4 (AzO4)' (AzH4)a Az = C4 (AzO4)® HAz.AzH3,

comme on l'a pourie nitroforme.

» Le nitroforme étant un acide énergique, se combine directement avec l'ammoniaque. Tout autre chose se présente ici. Le binitrammonyle n'est aucunement un sel ammoniacal, car on peut le faire bouillir avec une dissolution de potasse d'une concentration de i parties d'eau pour i de potasse, sans dégagement d'ammoniaque. A la suite de ce traitement, la liqueur par le refroidissement se prend brusquement en masse, ce qui résulte de la formation d'un sel de potasse probablement analogue au sel d'argent précédemment mentionné. Autant qu'il est à notre connaissance, le binitrammonyle présentele premier exemple d'un remplacement de l'hydrogene par le groupe ammonium, sans que le produit ait les propriétés"d'un sel ammoniacal. Au contraire, nous voyons que le produit est un acide, et l'on parviendra peut-être à remplacer l'hydrogène de cet acide, ou pour mieux dire de l'ammonium, par un autre équivalent d'ammonium. Ces faits viendraient à l'appui des hypothèses émises par (lerhardt pour représenter les sels cupro-argento et platino-ammoniques.

» Si l'on fait agir sur le binitrammonyle des réactifs plus énergiques, ce corps éprouve de profondes modifications.

>» Nous avons choisi l'acide sulfurique concentré et une dissolution de potasse caustique presque sirupeuse.

»» L'acide sulfurique mis en contact avec le corps en question le décompose lentement ; on favorise la réaction en chauffant de temps à autre au bain-marie ; bientôt une couche huileuse vient surnager à la surface de l'acide sulfurique qui contient de l'ammoniaque en combinaison. Cette réaction est accompagnée d'un dégagement peu abondant de gaz; la couche huileuse décantée, étant placée dans un mélange de glace et de sel marin, cristallise en grands et beaux prismes ; retirés du mélange réfrigérant, ces cristaux fondent immédiatement. Ne possédant environ que a grammes de cette substance, nous ne pouvions la purifier, et, pour essai préliminaire, nous avons analysé séparément les cristaux et l'eau mère. Cette eau mère, par le refroidissement, devient visqueuse avant de cristalliser, ce qui ne nous a pas permis d'en débarrasser les cristau* : aussi les deux analyses qui


[page break]

 

Calcul.

30,76 o,5i 35,89 67,16

100,00

La formule C10 Azs HO' est celle qui représente le mieux ces résultats de

l'analyse.

»> Quant à la formule rationnelle de ce corps, nous nous hasarderons de la formuler ainsi provisoirement

Cy'.C4 (Az O4 )* H,

à l'instar de la combinaison connue Cl1 C4 H* (éther chlorhydrique bi-chloré). Si les métamorphoses de ce corps viennent un jour confirmer notre formule rationnelle, on pourra s'expliquer cette formation par la tendance des cyanures à se tripler. Le groupe C4 (Az O4)8 H serait dans ce cas triatomique.

» L'acide sulfurique, outre un sel ammoniacal, contient encore en dissolution un corps du même aspect que le précédent ; nous l'avons retiré en agitant l'acide avec de l'éther ; mais comme la quantité en était insuffisante pour l'analyse, nous ne saurions affirmer son identité avec le corps analysé.

» Ajoutons que le corps C40 Az'HO8 est explosible par la chaleur, insoluble dans l'eau, et se dissout très-difficilement dans l'ammoniaque aqueuse : la dissolution obtenue dans ce dernier cas est d'un jaune foncé, et donne par évaporation une matière brune, ayant l'apparence de la résine.

» La dissolution aqueuse très-concentrée de potasse caustique agit tout autrement sur le binitrammonyle ; en portant le mélange à l'ébullition dans 1111 matras, on constate un grand dégagement d'ammoniaque; peu à peu il se dépose un beau sel cristallisant en prismes, très-peu soluble dans la potasse caustique ; quand il n'y a plus de dégagement d'ammoniaque, on laisse la liqueur se refroidir et on obtient une nouvelle quantité du sel précédent. Ce corps est très-peu soluble dans l'eau froide, mais très-soluble dans l'eau chaude; il se comporte de même quand on le traite par l'alcool. Par refroidissement on l'obtient sous forme de paillettes d'un jaune clair possédant un grand éclat et rappelant beaucoup l'acide picrique; chauffé, ce corps fait explosion. Il est neutre au réactif.

tr*
( <»76 )

suivent présentent-elles des différences marquées :

1. 11.

C"..... 29,73 28,96

H...... o,5i 0,57

Az'............ 36,6

0'..............................


[page break]

 

( *77 )

» L'analyse de ce corps chauffe à 100 degrés a donné les résultats sui-
vants :

I. H. lit. Calcul.

(?*..... 12,46 12,11 12,60 12,00

H'..... 0,88 0,8.2 0,70

Az".... 16,80 >7,00 16,80

K'.---- 37,34 27,51 27,37

O"........................................ 43,i3
100,00.

Ce que l'on pourrait peut-être représenter par la formule 5 [C4 (Az 04)a HK]+ 2 Az 0° K -t- H2 O2.

» Comme, d'après les analyses qui précèdent, il ne reste pas de doute sur l'exactitude de là formule empirique, nous croyons que cette formule rationnelle est assez vraisemblable, d'autant plus que dans un précédent travail l'un de nous a déjà reconnu la même tendance à former des sels doubles par l'acétonitryle trinitré. Il a obtenu et analysé- un corps dont la formule est

C4 Az'° H'4 Aga O14 == C4 (Az 04)s Az(Az H3 Ag)2O2 + 2 AzOfl Am.

La combinaison C,0117 Az" KT O54 est décomposée par les acides étendus avec dégagement de gaz. L'acide sulfurique concentré, mis en présence de ce corps, détermine une explosion. »

PHYSIQUE. — Réponse à une réclamation de priorité adressée par M. Nicklès dans la précédente séance; Lettre de M. du Moncel.

« Je connais parfaitement les travaux de M. Nicklès que j'ai signalés dans les deux éditions de mon Traité des applications de télectricité, mais il n'y a rien de commun entre mon travail et le sien, pour lequel d'ailleurs j'avais réclamé la priorité en 1853.

» Dans le travail auquel fait allusion M. Nicklès, il démontre que les électro-aimants droits bénéficient de l'allongement du noyau de fer, ce qui n'a pas lieu pour les électro-aimants en fer à cheval, et il signale ensuite un système d'électro-aimants à trois pôles dont il a fait usage et qu'il prétend jouir d'une certaine puissance.

» Dans mon Mémoire, je n'ai eu en vue que d'étudier les causes du renforcement de l'action des électro-aimantsjjoiteux, et pour cela j'ai décomposé ceux-ci dans leurs éléments primitifs en,étudiant, la réaction des diffé-

0. R., i857, a«* Semestre. (T. XLV,N° 8.) 37


[page break]

 

( 37» )
rentes pièces qui les composent, et j'ai été conduit à prouver que cette augmentation d'énergie provenait : i° de la condensation magnétique opérée au pôle inactif de l'électro-aimant droit; a° de la réaction de l'armature sur cet électro-aimant droit, laquelle renforce l'action polaire de la branche sans bobine ; 3° enfin de la réaction magnétique de l'armature sur la branche sans bobine. J'ai démontré de plus que la présence d'un aimant persistant devant l'armature d'un électro-aimant augmente la force de celui-ci, que cette armature soit en fer doux ou aimantée et que l'électro-aimant soit droit, boiteux ou en fera cheval.

» Quant aux électro-aimants boiteux, je les ai employés dans mon ané-mographe électrique bien avant la communication de M. Nicklès, c'est-à-dire en ï 851.

» Enfin, relativement aux électro-aimants tubulaires, je répondrai à M. Nicklès que je n'ai jamais eu la prétention de les avoir imaginés ; j'ai seulement dit, et je maintiens mon dire, que ces électro-aimants ne sont que des électro-aimants boiteux dont la branche sans bobine représente la chemise de fer qui enveloppe la bobine. M. Nicklès n'a qu'à lire mon Traité des applications de [électricité, il verra que ces électro-aimants sont parfaitement attribués par moi à M. Eabre.

» En résumé, outre que mes travaux sur cette question remontent en octobre: i85a, comme je l'ai indiqué dans ma réclamation de priorité faite en i853, mon dernier Mémoire n'a qu'un rapport très-indirect avec le résultat expérimental qui fait l'objet de la contestation de M. Nicklès. »

M. Mahistre adresse une Note contenant une application numérique à la machine à vapeur à deux cylindres de Voolf, des formules données dans son Mémoire sur le travail delà vapeur (séance du i5 juin, page 1367). Le résultat des calculs de M. Mahistre est que l'on pourrait obtenir une économie de 37 pour 100 sur le combustible brûlé, en apportant certaines modifications qu'il indique aux dimensions des cylindres des machines actuellement employées dans certaines manufactures de Lille, et en supprimant l'admission de lajyapeur dans le petit cylindre lorsque le piston a parcouru les de sa course.

MM. Pellis et Hexry annoncent l'intention de mettre sous les yeux de l'Académie et de faire fonctionner en sa présence un nouveau moteur électrique pour lequel ils ont pris un brevet.

Ce brevet n'ejnpéche pas que leur appareil ne puisse devenir l'objet d'un


[page break]

 

( 279 )
Rapport; mais, d'après les usages de l'Académie, les Commissaires ne seront nommés qu'après la présentation d'un Mémoire descriptif de l'appareil.

M. Grandidier, près de partir pour l'Amérique du Sud, où il se propose de se livrer à des recherches d'histoire naturelle, surtout dans la région qui s'étend de Buenos-Ayres à "Valparaiso, prie l'Académie de vouloir bien lui indiquer les principaux desiderata que doit s'efforcer de remplir un voyageur dans cette partie du nouveau monde.

On mettra à la disposition de l'auteur un exemplaire imprimé des Instructions rédigées par l'Académie pour de précédents voyages dans lesquels l'Amérique du Sud devait être visitée. 11 pourra aussi obtenir du Muséum d'Histoire naturelle les Instructions générales préparées pour les voyageurs.

M. Picou adresse une Note sur l'oscillation du pendule et sur la possibilité de s'en servir pour des mesures hypsométriques.

A 4 heures, l'Académie se forme en comité secret.

COMITÉ SECRET.

M. Rerthier, au nom de la Section de Minéralogie et de Géologie, présente la liste suivante de candidats pour la chaire de Minéralogie vacante au Muséum d'Histoire naturelle par suite du décès de M. Dufrénoy.

En première ligne.....M. Delafosse.

En seconde ligné......M. Descloiseaux.

Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 4 heures et demie.
F.


[page break]

( a8o )
bulletin bibliographique.

L'Académie a reçu, dans la séance du ai août 1857, les ouvrages dont voici les titres :

Le Jardin fruitier du Muséum ; par M. J. Decaisne; 8e livraison; in-4°.

Sur la nécessité d'exprimer la force des courants électriques et la résistance dès circuits et unités unanimement et généralement adoptés; par M. H. Jacobi. Saint-Pétersbourg, 1857 ; br; in-8°.

Description de l'aquarium du Muséum d'Histoire naturelle de Paris; par MM. Louis Neumann et Léon Soubeiran ; br. in-8°.

Delà cautérisation circulaire; par M. A. Legrand. Paris, 1857; br. in-8°.

Note sur la guérison du glaucome au moyen d'un procédé opératoire ; par M. le Dr A. de GRjEFE. Berlin, 1857; l)r- ip-8°» (Adressé eu concours Mon-tyon, Médecine et Chirurgie.)

Cenni... Essai biographique sur le baron Augustin Cauchy; par M. F. Faa ni Bruno. Turin, 1857; br. in-8°.

Flora... Flore du Tyrol méridional; par M. François Amrrosi ; tome II, Ire partie. Padoue, 1867 ; in-8°. (Offert au nom de l'auteur par M. Moquin-Tandon.)

Memoria... Mémoire sur la diffraction de la lumière; par M. J. Zurria. Catane, 1857 ; br. in-8°.

Untersuchungen... Recherches d'histologie comparée faites à Nice pendant I automne de 1856; par M. A. Kolliker; br. in-8°.

Ueber... Sur l'organe lumineux des Lampyris; par le même; br. in-8°.

Osteologische... Observations ostéologiques; par M. le Dr. G. JÄGER; br. in-4°.

Ueber einen... Sur des marques circulaires de croissance offertes par la défense d'un éléphant; par le même. Moscou, 1857 ; br. in-8°.

Phykologische... Etudes phycologiques; par M. H. lTZlGSOHN; br. in-4°.

Abhandlungen... Mémoires de la Société des Naturalistes de Hambourg ; 3e volume. Hambourg, i856; in-4°.


[page break]

table des articles 1857



Return to homepage

Citation: John van Wyhe, ed. 2002-. The Complete Work of Charles Darwin Online. (http://darwin-online.org.uk/)

File last updated 28 November, 2022