RECORD: Anon. 1816-30. Dictionnaire des sciences naturelles. Par plusieurs Professeurs du Jardin du Roi. 60 vols (and 8 vols plates). Strasbourg: F.G. Levrault. Volume 8.

REVISION HISTORY: Transcribed by AEL Data 03.2014. RN1

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DICTIONNAIRE

DES

SCIENCES NATURELLES.

TOME VIII.

CER-CHI.

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Aubenas, D. Med.

Le nombre cTexemplaires prescrit par la loi a été dé- posé. Tous les exemplaires sont revêtus de la signature de F éditeur.

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DICTIONNAIRE

DES

SCIENCES NATURELLES,

DANS LEQUEL

ON T*AITE METHODIQUEMENT DES DIFFERENS ETRES DE LA NATURE ,CONSIDÉRÉS SOIT EN EUX-MÊMES, D'APRÈS L'ÉTAT ACTUEL DB NOS CONNOISSANCES , SOIT RELATIVEMENT A L'UTILITÉ QÜ'EN PEUVENT RETIRER LA MÉDECINE, L'AGRICULTURE, LE COMMERCE ET LES ARTS*

SUIVI D'UNE BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES.

Ouvrage destiné aux médecins, aux agricultenrs, aux comxntrçans, aux artistes, aux manufacturiers, et à tous ceux qui ont intérêt k connoître les productions de la nature, leurs caractères générique!* et spécifiques, leur lieu natal, leurs propriétés et leurs usages.

PAR

Plusieurs Professeurs du Jardin du Roi, et des principales Écoles de Paris.

TOME HUITIÈME.

STRASBOURG, F. G. Levràult, Éditeur. PARIS, Le Normaot, rue de Seine, N.° 8. 1817.

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JüN 13 1906

Herbarium

Liste des Auteurs par ordre de Matières

Physique générale.

M. LA CHOIX, membre de ^Académie des Sciences et professeur au Collège de France. (L.)

Chimie.

M. CHEVREUL , professeur au Collège royal de Charlemagne. (CH.)

Minéralogie et Géologie.

M. BRONGNIART, membre de l'Académie des Sciences, professeur k la Faculté des Sciences. ( B. )

M. DEFRANCE, membre de plusieurs Sociétés savantes. ( D. F.)

Botanique.

M. DE JUSSIEU, membre de l'Académie des Sciences, prof, au Jardin du Rof. (J.)

SI. MIRBEL, membre de l'Académie des Sciences, professeur à la Faculté des Sciences. (B. M.)

M. HENRI CASSINI, membre de la Société philomatique de Paris. ( H. CAM. )

M. LEMAN, membre de la Société philo* matique de Paris. (LBN.)

M. LOISELEUR DESLONGCHAMPS, Docteur en médecine, membre de plusieurs Sociétés savantes. (L. D. )

M. MASSEY. ( MASS. )

M. POIRET^, membre de plusieurs Sociétés savantes et littéraires, continuateur de l'Encyclopédie botanique. (Poia.)

M. DE TUSSAC, membre de plusieurs Sociétés savantes, auteur de la Flore des Antilles. (D* T.)

Zoologie générale, Anatomie tt Physiologie.

M. G. CUVIER, membre et secrétaire per- pétuel de l'Académie des Sciences, prof.au Jardin du Roi, etc. ( G. C. ou CV. ou C.)

Mammifères.

M. GEOFFROY, membre de l'Académie des Sciences, professeur au Jardin du Roi. (G.)

Oiseaux.

M. DUMONT, membre de plusieurs Sociétés savantes. ( Ca. D.)

Reptiles et Poissons.

M. DELACÉPEDE, membre de l'Académie des Sciences, professeur au Jardin du Roi. (L. L.)

M. DUMERIL, membre de l'Académie de* Sciences, professeur à l'École de méde- cine. ( C. D. )

M. CLOQUET, Docteur en médecine. (H.C) Insectes.

M DUMERIL, membre de l'Académie des Sciences, professeur à l'École de médecine. (C. D.)

Mollusquest Vers et Zoophytes.

M. DE BLA1NVILLE, professeur à la faculté des Sciences. (Da B.)

M. TURPIN, naturaliste, est chargé de l'exécution des dessins et de la direction de la gravure.

MM. DE HUMBOLDT et RAMOND donneront quelques articles sur le* objets nouveaux qu'ils ont observé" dans leurs voyagea, ou sur les sujets dont ils se sont plus particulièrement occupés.

M. F. CUVIER est chargé de la direction générale de l'ouvrage, et il coopérera aux article" généraux de zoologie et à l'hjstoite des mammifères. (F. C.)

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DICTIONNAIRE

DES

SCIENCES NATURELLES.

CER

CeRLAC (Ornith.), nom piémontais d'une espèce de pipit* (CH. D.)

CERMACEK. (Ornith.) En Bohème on appelle ainsi le rossi- gnol de muraille, motacilla pkœnicurus, Linn. (Ch. D.)

CERMATIA. (Entom.) Tel est le nom sou" lequel Illiger a indiqué l'espèce de scolopendre que M. de Lamarck a décrite sous le nom générique de scutigère, scolopendra coUoptrata. (C. D.}

CERNICALO (Ornith.), nom espagnol de la cresserelle, falco tinnunculus, Linn. (Ch. D.)

CERNUA (Ichthyol.), nom sous lequel Bclon, Gesner, Artédi, désignent la petite perche, poisson très-estimé par les Anglois. de leur temps, et qu'on péchoit en grande quantité dans la rivière qui coule près d'Oxford. Voyez Gremillb. (H. C.)

CÈRO (îchthyol.), nom provençal d'un poisson de mer très- commun à Antibes , et dont parle la Chênaye des Bois, sans entrer dans aucun détail. (H. C.)

CÉROCOME (Entom.) y Cerocoma, genre d'insectes coléop- tères hétéromér, ou à quatre articles aux tarses postérieurs, k élytres flexibles, de la famille des vésicans ou épispastiques.

Ce nom, assez impropre * qui signifie en grec antennes cheve- lues, a été donné par Geoffroy à des insectes dont les antennes, très-irrégulières dans les mâles, et souvent garnies de faisceaux 8. i

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de poils, lui ont paru offrir l'apparence d'une espèce de pa- nache. Ils avoient été confondus par Linnæus avec beaucoup d'autres insectes très-différens.

Antennes de neuf articles irréguliers , surtout dans les mâles, à peine de la longueur du corselet, terminées en une masse solide 9 recourbée ou oblique, ou rarement en une lame cornée; lèvres courtes, entières ou bifides ; mandibules membraneuses , bilobées , crochues; mâchoires linéaires, velues, beaucoup plus longues que les mandibules ; palpes à trois articles.

Tous ces insectes ont le corps alongé, pubescent, mou, brillant de l'éclat et des reflets des couleurs métalliques. La tête est petite, fortement inclinée ; le corselet est ovale, dé- primé en-dessus, et fléchi lui-même sur la poitrine ; les pattes, surtout les antérieures, sont aplaties d'avant en arrière, et les tarses armés de quatre crochets.

Ces caractères sont communs aux deux sexes ; mais il en est d'autres particuliers à chacun d'eux. Les femelles ont des antennes presque régulières, droites, en partie moniliformes, et terminées en massue. Les mâles les ont généralement très- irrégulières, courbées dans différens sens, composées d'articles inégaux, souvent lainelleux, et comme pectinées ; un ou plu- sieurs articles portant des faisceaux de poils. La forme de ces antennes est différente dans chaque espèce, et presque impos- sible à décrire : cependant elle doit être observée avec soin ; car c'est surtout dans ces organes, chez les màle^, qu'on peut trouvef les caractères spécifiques les plus constans, les cou- leurs des différentes parties du corps étant sujettes à changer. Les palpes, dans les femelles, sont, comme les antennes, formés d'articles à peu près égaux, tandis qu'ils sont très- inégaux dans les mâles. Enfin, dans ces derniers, les trois pre- miers articles des tarses sont ciliés et plus grands que dans les femelles.

Les cérocomes vivent sur les plantes, dans les lieux secs, exposés au soleil. Elles paroissent affectionner particulièrement les graminées, les composées et les ombellifères. Lorsqu'elles cherchent leur nourriture, elles plongent leurs mâchoires velues et leur tête entière dans la fleur, comme les animaux qui sucent ; aussi sont-elles alors très-faciles à saisir. Elles mar- chent peu, mais volent avec agilité. Lorsqu'elles sont prises .

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dies suspendent tous leurs mouvem^ns, et feignent d'étre mortes, comme beaucoup d'autres insectes. Leurs larves sont inconnues ; mais il est à présumer qu'elles vivent dans la terre, comme celles des mylabres et des cantharides.

Les cérocomes paroissent jusqu'à présent particulières à l'ancien continent ; au moins aucun voyageur n'en a encore rapporté d'Amérique : on en connoît deux en France, et deux en Afrique. >

Cérocome de Schœffer ; Cerocoma Schœjferi, Çeof., tom. If pl. VI, fig. 9. Antennes jaunes, terminées dans les mâles et les femelles par une masse ovale ; abdomen entièrement vert.

Cet insecte est pubescent, d'un vert doré ou cuivreux en- dessus, semblable à celui de la cantharide des boutiques; la tête est noire, ainsi que le corselet, qui porte antérieurement une dépression triangulaire ; l'abdomen est d'un bleu azuré ou bronzé ; les pattes sont jaunes.

Cette espèce se trouve dans toute l'Europe, et n'est pas très-rare aux environs de Paris.

Cérocome de Schrebbr ; Cerocoma Schreberi, Oliv. Ins., n.° 48, tab. 1, fîg. 2. Antennes jaunes, terminées par un article triangulaire dans les mâles ; brunes et en masse ovale dans les femelles : les premiers anneaux de l'abdomen jaunes ; le der- nier , près de l'anus, d'un bleu, bronzé.

La cérocome de Scbreber ressemble en entier à la précé- dente , à l'exception de la couleur de l'abdomen, et de la forme ies antennes du mâle. Le dernier article est comprimé, presque triangulaire, et porte à sa base une espèce de petite apophyse.

Elle habite les mêmes lieux que la précédente ; mais elle est beaucoup plus rare, surtout vers le nord.

Cérocome de Wahlj Ctrocoma tVahlii, Fab. 2, 82, 2. Antennes et pieds noirs ; corps verdâtre.

Cette cérocome ne diffère de la première espèce que par la couleur des antennes et des pieds.

On la rencontre en Barbarie. ( C. D. )

CERONIA. (Bot.) Le caroubier étoit ainsi nommé par Théophraste ; c'étoit le ceratia de Dioscoride, le ceratonia de Dodoens et de Daléchamps. Ce dernier nom, adopté par Linnæus, a prévalu. Le fruit est nommé carube, carrubia.

3.

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C'est le siliqua eduîis de C. Bauhin et de Toùrnefort. Il Sert de nourriture auxchevaux dans l'Espagne. D'autres animaîix le mangent dans le Levant ; et lorsque dans l'Écriture-Sainte il est dit que l'enfant prodigue, réduit à la misère, parta- geoit la nourriture des cochons confiés à sa garde, et vivoit de siliques, vescebatur siliquis, quelques commentateurs ont cru que ces siliquæ étoient le fruit du caroubier" L'opinion- des auteur^ qui croient que le ceronia de Théophraste étoit la casse des boutiques, cassia fistula, paroît moins fondée, p.)

CEROPALES (Entom.), genre de l'ordre des hyménoptères \ établi par M. Latreille d'après quelques espèces de pompiles. Voyez Melline. ( C. D.)

CÉROPÉGE (Bot.), Ceropegia, genre dè plantes delà famille des apocinées, de la pentandrie monogynie de Linnæus, qui offre pour caractère essentiel: un calice très-petit, persistant, à cinq dents; une corolle ventrue à sa base, puis tubulée; le limbe à cinq lobes; cinq étamines, deux stigmates ; le style très-court ; deux follicules très-longs, cylindriques ; les se- mences aigrettées.

Ce genre, plus que doublé depuis sa publication par Linnæus, renferme des plantes herbacées, à tiges grimpantes, à feuilles simples et opposées ; les fleurs disposées en petits bou- quets ou en ombelles axillaires. Les espèces les plus remar- quables sont les suivantes :

Céropége porte - LUSTRE ; Ceropegia candelabrum , Linn. ; Rheed., Hort. Malab. 9, pag. 27, tab. 16. Ses tiges sont grêles; ses feuilles pétiolées, ovales-oblongues ; les fleurs disposées en ombelles axillaires et pendantes, puis redressées de manière que chaque ombelle représente assez bien un lustre ordinaire. Les corolles sont rouges, ou d'un pourpre brun; leur limbe velu sur ses divisions; les fjruits menus, longs et pendant. Cette plante croît dans les bois, sur la c6te de Malabar.

Cérofége sagittée ; Ceropegia sagittata, Linn. ; Lam. III. gen.j, tab. 179, fig. i; Microloma, Brown. Asclep. 12 ; Ait* édil.nov. 2, pag. 76. M. Rob. Brown a fait de cette espèce un genre particulier, fondé sur le pollen des étamines lisse, dis- tribué en dix paquets pendans; le tube staminifère nu ; la co- rolle urcéolée. Ses tiges sont filiformes cotonneuses et grim?-

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\

pantes ; ses feuilles étroites, sagittées, tomenteùses à leurs deux faces ; les fleurs rouges; les ombelles axillaires. Elle croît dans le sable, au cap de Bonnet-Espérance.

Céropége a feuillés menues ; Ceropegiatenuifolia, Linn.; Lam. Ill,gen., tab, 179, fig. £. Née au cap de Bonne-Espé- rance, dans les dunes, et à la côte 4c Malabajr, cette plante a des tiges rampantes, des feuilles "presque sessiles, étroites, linéaires, lancéolées, très-aiguës -, des ombelles axillaires, com- posées de deux k quatre Heurs. Dans le ceropegia biflora f linn., les ombelles n'ont souvent que 4e\ix fleurs ; mais les feuilles sont ovales, entières j la tige sartnenteuse. Elle croît à l'île de Ceilan.

Roxburg, 4ans ses Plante? du Coromandela décrit et figuré plusieurs autres espèces, telles que le ceropegia tuberosa,, Corom., 1, pag. 12, tab. 9. Ses racines sont pourvues, de distance en distance, de tuj^posité? irréguliers ; les feuilles ovales, aiguës ; les fleurs en ombelles ajûUaires. Le ceropegia acuminata, Orom., tab. § , est trç$Trapproché de Yisaura. Ses racines sont pourvues d'une bulbe*arrondie ; ses feuilles lancéolées , longuement acuminées ; les ombelles droites. Le ceropegia bulbosa, Corom., tab. 7, est pourvu d'une bulbe solitaire ; ses feuilles sont petites, "n ovale renversé, mucro- nées; les fleurs petites, en pmbelles redressées. Le ceropegia júncea, Corom., tab. 10, a ses tiges presque simples ; ses feuilles distantes, lancéolées ; les pédoncules chargés d'une ou de deux fleurs ; I3. corolle très-grande, longue d'environ deux pouces, d'un blanc verdâtre, traversée par des stries agréable- ment ponctuées et panachées de pourpre.

J'en ai fait connoître, dans l'Encyclop., suppl., trois espèces nouvelles : le ceropegia longijlora, rapproché du ceropegia can- delabrum par ses feuilles, et du ceropegia júncea par sa corolle : le ceropegia sinuata, Burm: Afr., tab. 1 $, est distingué du ceropegia lagittata par ses feuilles non sagittçes, plus longues; du gere- pegia tenuifolia par ses feuilles sinuées à leur contour,, par ses racines composées de bulbes fusiformes, presque fasciculées : enfin le ç^ropegia^ nítida, £ feuilles lancéolées, un peu obtuses? luisantes en-dessus }e$ fleurs disposées en petits corymbes axillaires. ^

jLoureiro a mentionné, dans sa Flore île la CochincHiae*

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% CER

deux espèces qui exigent un nouvel examen, le ceropegia

* obtusa, et le ceropegia cordata. Une autrë espèce de l'Amé- rique septentrionale a été indiquée par Pursh, sous le nom de ceropegia palustris. (Poir.)

CÉROPHORE (Boh), Cerophora, Rafinesque Schmaltz, Somiol., p. 49. Genre dè champignons qui doit être réuni aux -hydnes, dont il ne diffère que par ses petites cornes ou poin- tes placées à la partie supérieure. Ce genre comprend' deux espèces : l'une, le cerophora ¿lavata, ressemble à une massue nue à sa base ; l'autre, le cerophora capitata, est stipitée, sphé- rique et entièrement recouverte de pointes solides. Toutes les deux croissent dans la province de New-Jersey, dans les Etats-Unis. Mi Rafinesque avoit dràbord nommé ïe genre Hec- tocerus. (Lem.)

GEROPHORES (Mamm.J, noito collectif, donné par M. de Blain ville aux rumihans à cornes creuses, tels que les anti- lopes , les moutons, les bœufs, etc. (F. G.)

CÉROPKYTE (Entom.), Cerophytum¿ Latreille. Ce sont des espèces de mélasis ou de coléoptères sternoxes, voisins des laupins. (C. D*)

CEROPLATE, CératoplAtô (Entom.)', Ceroplatus , Kero- platus (de ftepstç 7rùetruç, antennes larges), nom d'un genre d'insectes de la famille des tipules ou hydromyes, établi par M. Bosc, et publié dans les Actes delà Société d'Histoire natu- relle de Paris.

Ce nouveau genre ne comprenoit d'abord qu'un insecte déjà connu par Réaumur ; mais M. Bosc , dans son Voyage en Ca- roline, a trouvé une nouvelle espèce qui doit appartenir à cette même division, et Fabricius, dans sa seconde édition des antliates, en a décrit une autre, de sorte que ce genre renferme maintenant trois espèces. Comme elles sont encore fort rares, et que nous n'avons eu occasion d'observer qu'uti seul de ces insectes,. nous emprunterons -de MM. Bosc et Fa- bricius tout ce que nous allons en dire.

Antennes oblongues, très"comprimées, de 'quatorze ou quinze articles, un peu plus larges vers le milieu ; trompe très-cOurtèy bilabiée; deux palpes très-courts, de trois articles, peu distincts.

Lescéroplates ont absolument le port des tipules, auxquelles ils ressemblent beaucoup. Leur tête est très*-pefcite, arrondie,

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et porte deux tubercules courts, placés au-devant de"antennes" Les yeux sont très-grands. Leurs singulières antennes, qui les ^ distinguent de tous les insectes connus, sont de la longueur du corselet, composées de quatorze ou quinze articles très~ comprimés, deforme trapézoïdale, et décroissant insensible- ment du milieu de l'antenne vers son insertion et son sommet" Leur trompe est très-courte, peu apparente, et porte deux très-petits palpes, que M. Bosc regarde comme formés d'u" seul article, et M. Fabricius de trois. Le corselet est gibbeux, élevé, prominulent à l'endroit de l'écusson ; l'abdomen est alongé, comprimé en forme de fuseau. Les pattes sont longues..

On ne connoît encore que la larve du céroplate de la Ca- roline; mais, comme toutes les espèces de ces insectes sont très-voisines dans l'état parfait, il est probable que les carac- tères des larves sont les mêmes. Celles du céroplate de la Caroline sont vermiformes * blanches, glutineuses, formées, d'anneaux, et garnies de pattes en mamelon. Leur tête est noire. On trouve ces larves dès le mois de juin, et vers la fin d'août; elles ont déjà deux pouces et demi de longueur : elles sont si molles, qu'on les écrase facilement avec les doigts, et qu'elles périssent dès qu'elles sont dans un lieu sec ; aussi n'habitent- elles que les bolets qui croissent sur les arbres, dans les lieux humides et ombragés.

Ces larves vivent en société, et se filent en commun, surtout vers les derniers temps de leur accroissement, un véseau lâche* d'un blanc brillant entre les mailles, à l'aide duquel elles se sauvent et se cachent lorsqu'elles sont inquiétées. A lVpoque: de leur transformation , elles se forment les unes pFes dies autres des espèces de coques d*un réseau beaucoup plus serré, mais cependant assez lâche pour qu'on puisse entrevoir le*v nymphes qui y sont contenues.; L'insecte parfait, sorti du cette coque au bout de quinze jouçs, ne quitte pas les bois.

CEROPLATE TiPüLOÏDE ; Ccroplatus hpuloïdes, Bosc., Soc. d'Hist. nat,, pag. 42 , pl. 10, fig. 3 5 Coq. 3, 100, tab. 7, fig. 1* D un jaune sale ; des raies longitudinales.noires sur le corselet et suç le bord des anneaux de l'abdomen.

Le corselet est globuleux et hérissé de petits poils noirs ; l'abdomen est presque pétiolé, comprimé, et trois iuis plu$ long que le corselet; les ailes sont plus caurtes que l'abdomen

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¿lanches, avec une tache noire et un point de la même cou- leur ; les pattes sont jaunes.

Cet insecte a été trouvé dans la forêt de Villers-Coterets 9 au mois de juillet. Sa larve habite le bolet de chêne.

Céroplate charbonné; Ceroplatus carbonarius, Bosc, Diet. d'Hist. nat., première édit., t. IV, p. 543. Noir ; les bords de" anneaux de l'abdomen cendrés.

Cette espèce a les mêmes formes que la précédente, et n'en diffère que par les couleurs. Celle delà tête, des antennes et des pattes est brune. Les palpes, les côtés du corselet au-des- sous des ailes, le bord des anneaux de l'abdomen et la partie supérieure des cuisses, sont blancs. Tout le reste du corps est noir. Les ailes sont blanches et transparentes, avec une tache noire.

M. Bosc a trouvé cet insecte dans la Caroline.

Céroplate noir; Ceroplatus atratus, Fab., Syst. antliat. 16, 3. Jtfoir; les cuisses et les balanciers jaunâtres.

Ce céroplate ressemble aux précédens pour la forme, mais son corps est entièrement noir. Les balanciers et les cuisses sont jaunâtres, et les ailes transparentes.

Cette espèce habite l'Allemagne. (C. D.)

CÉROSTOME (Enfom.), Cerostoma, Ce nom, qui signifie louche cornue, a été employé par M. Latreille pour désigner un genre de l'ordre des lépidoptères, voisin des pyrales, et qui appartient à notre famillè des séticornes ou chétocères. Voici les caractères qui le distinguent ï

Quatre palpes; les supérieurs courts, les inférieurs alongés , recourbés et falciformes ; le second article velu et en forme de pinceau; le dernier presque nu.

M. Latreille n'a encore rapporté à ce genre qu'un seul insecte ; c'cst l'ypsolophe que M. Fabricius a nommé dorsatus. Oh le rencontre pendant l'été, le long des bois, sur les arbres. Sa larve et ses métamorphosesfsont inconnues.

Cérostome a dos marqué; Cerostoma dorsatum, Latreille, Buffon de Sonnini. Ailes supérieures grises ou cendrées, ma- culées de brun; les inférieures grises; le dessous du corps d'un blanc argenté.

On remarque ordinairement en-dessus une tache blanche, et ïine pu deux taches noires, communes aux deux ailes; mais

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ces caracteres ne m'ont pas paru constans dans tous les individus. Ce petit lépidoptère se trouve par toute l'Europe, et est commun aux environs de Paris. ( C. D. )

CEROXYLON DES ÁNDES (Bot.), Ceroxylon andícola? Humb. et Bonpl., PL équin. 1, p. 2, tab. 1, 2. Grand et bel arbrisseau, de la famille des palmiers, de la monoécie polyan- drie, qui offre des fleurs monoïques; un calice double, l'exté- rieur d'une seule pièce, trifide ; l'intérieur (ou la corolle) trois fois plus long, à trois folioles aiguës ; un grand nombre d'étamines; le rudiment d'un pistil; dans les fleurs femelles? un ovaire surmonté de trois stigmates sessiles ; un drupe mo- nosperme ; le noyau globuleux, non perforé à sa base.

Son tronc, divisé par anneaux, s'élève à la hauteur de cent soixante à cent quatre-vingts pieds; les feuilles sont ailées; la pétiole triangulaire, produisant de chaque côté de sa base des filamens de trois à quatre pieds ; les folioles nombreuses, fendues à leur sommet, glabres, argentées en-dessus, cou- vertes en-dessous d'une substance pulvérulente, qui se lève par écailles argentées. Le> régimes sont très-ramcux, longs d'environ trois pieds, munis d'une spathe alongée, d'une seule pièce. Ce palmier croît sur la montagne de Quindiu, dans la partie des Andes la plus élevée. Les habitans du pays recueillent une matière résineuse très-abondante sur le tronc de cet arbre ; ils la fondent avec un tiers de suif, et en font

des cierges et des bougies. *

L'élévation de cette plante, dit M.Bonpland,*au-dessus djp. niveau de lamer, présente un phénomène très-frappantpou? la géographie des végétaux. Les palmiers ne se trouvant, eq.

général, sous les tropiques, que jusqu'à cinq cents toises de

hauteur : le froid des régions plus élevées les empêche de s'approcher davantage de la limite inférieure de la neige per- pétuelle. Le ceroxylon fait une exception bien rare à cette loi constante de la nature : on ne l'observe guère dans les plaines; il ne commence à se montrer qu'à la hauteur de neuf cents toises, égale à celle de la cime du Puy-de-Dôme, ou du passâge du Mont-Cenis. Il paroît qu'il fuit les grandes chaleurs des régions moins élevées.

Le genre Iriartea de la Flore du Pérou doit être considéré ¿comme une seconde espèce de ceroxylon. Son tronc est très-

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élevé, couronné par des feuilles ailées avec une impaire; let folioles deltoides et frangées; une spathe à plusieurs divisions; environ quinze étamines ; un stigmate sessile, fort petit. C'est le ceroxylon deltoïdeum, Kunth. in Humb. et Bonp, Nov,gen,(Poir-)

CERQUE. (Emom. ) , Cercos, nom générique donné par M. Latreille à de petits insectes coléoptères qui appartiennent à notre famille des clavicornes ou hé'ocères.

Ces insectes avoient été placés, sans fondement, parmi les dermestes, dont ils s'éloignent par plusieurs caractères. M. Latreille les a séparés de ce groupe, auquel ils ne devoient pas appartenir; et depuis lui, Illiger, d'après Herbst, les a placés dans le genre Catérètes. Nous emprunterons de M. La- treille t ut ce que nous dirons de ce genre d'insectes, qu'il a le premier bien fait connoitr^.

Masse des antennes alongée et presque conique; mâchoires ter- minées par une seule dent; corps déprimé; tète petite, rentrant en, partie sous le corselet; corselet arrondi; élytres un peu plus courtes que Vabdomen.

Les cerques sont très-voisins des nitidules ; mais ils s'en distinguent par la forme de la masse de l'antenne, par les mâchoires non bifides, ét le corselet orbiculaire. On peut encore moinslesconfondre avec les dermestes, qui ont la masse de l'antenne arrondie, le corps convexe, la tête cachée en entier sous le corselet, les élytres couvrant l'abdomen.

Ces insectes vivent sur les fleurs, et sont assez rares. On ne connoît encore ni leurs larves, ni leurs métamorphoses. Les espèces sont peu nombreuses. Nous nous bornerbns à décrire celle qui a d'abord servi à M. Latreille pour fixer les carac- tères du genre.

Cerque pédiculaire ; Cercos pedicularius ; dermestes pedicu- larius, Linn.; Panz. fasc, 7, n. 5. Les deux premiers arti- cles des antennes plus grands, surtout dans les mâles; le dessus du corps couleur marron-clair; la poitrine noire.

Cet insecte n'a pas beaucoup plus d'une ligne de lon- gueur. Ses antennes d'un brun fauve, et de la longueur du corselet, ont les deux premiers articles cylindriques dans les femelles, et un peu comprimés dans les mâles. Le dessus du corps est quelquefois d'un brun fauve uniforme; d'autrts fois l'écusson, le milieu du corselet et les bords de la suture sont

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d'un brun plus foncé. La poitrine en-dessous est noire, et l'abdomen brun. Les pattes sont de la couleur de l'abdomen.

On trouve cet insecte, mais rarement, dans presque toute l'Europe. (C. D.)

CERRENA. (Bol.) Les Florentins donnent ce nom à un cham- pignon du genre Agaric us, très-bon à manger, et très-recher- ché. 11 croît en touffe au pied des arbres, surtout au pied des peupliers. Il est blanc en-dessous, et brun en-dessus. Il paroît être une variété de Vagaricus umbilicatus de Scopoli. Voyez Cardela et Peuplière. (Lem.)

CERRES. (Bot.) On lit dans Clusius et dans Belon que ce nom étoit donné en France à la gesse, lathyrus. Il paroît dérivé des mots cicera et cicércula, que la même plante portoit ancien- nement, ainsi que le nom cicerchia, sous lequel elle étoit connue chez les Italiens. Belon ajoute que c'étoit le mancreta des Vénitiens, et, selon Clusius, de son temps on la nommoit jars, aux envirohs de Paris, où elle étoit très-cultivée. (J.)

CERRETTA. (Bot.) Suivant Matthiole on nomme ainsi, chez les Toscans, la lysimachie ordinaire, qui est le cosaria des habitans du Frioul. Césalpin, au contraire, désigne sous le irom de cerretta ou serretta la sarrette, serratula tinctoria, em- ployée dans les teintures. (J.)

CERRO (Bot.), nom italien d'un chêne. Suivant Seguîer, ce seroit le chêne nommé ailleurs velani, quercus œgylops. Cepen- dant il est probable que c'est plutôt le cerrus, ou quercas cerris. Celui-ci a la cupule du gland comme chevelue ; elle est plu* grosse, ainsi qué le gland, et chargée d'écailles larges dans lé quercus œgylops, que Dodoens, auteur ancien, nomme égale- ment agylaps et cerris. (J.)

CERRO SUGARO. (Bot.) Matthiole, au rapport de Caspar Bauhin, nommoit ainsi une espèce d'yeuse, ou chêne vert. (J.)

CERRUS. (Bot.) Voyez Cerro. ( J.)

CERTHIUS. (Ornith.) Les naturalistes ont reconnu, d'après la conjecture de Belon, que le certhius d'Aristote étoit le 'grimpereau .* aussi Linnæus a-t-il fait du mot certhia la déno- mination générique de ces oiseaux. (CH. D.)

CERUA, Kerua, Khroua (Bot.), noms égyptiens ou arabes du ricin, ricinus communis, différemment écrits, selon lama* sière de transcrire des voyageurs de diverses cations. ("T.)

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CERUANA. (Bot.) [Cory mbifères, Juss.; Syngénésie poly- gamie superflue, Linn.] Ce genre de synanthérées, proposé par Forskaè'l, et adopté par M. de Jussieu dans le Genera plantarum, a été abandonné par tous les botanistes, depuis que Vahl eut imaginé d'en faire une espèce de buphtalmum. Nous avons analysé avec soin une calathide de ceruana : il résulte de nos observations que ce genre diffère essentiellement du buphtal- mum, et que, par conséquent, il doit être rétabli. Voici les caractères que nous avons trouvés:

La calathide est discoïde, composée d'un disque régulari- flore, androgyniflore, et d'une couronne plurisériée, multi- flore, angustiflore, féminiflore- Le péricline, à peu près égal aux fleurs, et accompagné à sa base de deux ou trois bractées inégales, est formé de squames subunisériées, ovales, foliacées. Le clinanthe est g^rni de squamelles lipéaires-lancéolées, uni- uçrvées, plus courtes que les fleurs. La cypsple est obovale, très-comprimée antérieurement t et postérieurement ; portant Une aigrette très-courte, irrégulière, formée àç squamellules inégales, filiformes, membraneuses, presque capillaires, par- faitement nues*. la corolle des fleurs femelles n'est paspluslongue que celle des fleurs hermaphrodites ; son limbe est étréci en tube, et divisé en trois lobes dirigés vers trois points différens.

La céruane est une plapte aniuielle d'Egypte, qui n'a rien de remarquable. Elle doit être classée dans notre tribu natu- relle des inulées, auprès dij buphtalmum, dont elle diffèrç principalement parles fleurs femelles pon-ligulé^s, plurisériée^, ainsi que par l'aigrette. C'est par erreur qu'on a cru la cala- thide radiée, puisque les corolles des fleurs femelles sont à peu près comme dans les conyzes. ( H. Cass. )

CERUCHIS. (Bot.) M. Mirbel, dans une énumération de plantes, à la suite d'une édition de l'Histoire naturelle de Buffon, cite ce nom, qu'il attribue à Gærtner, comme syno- nyme du spilanthus. (J.)

CÉRUMEN DES OREILLES. (C/ura.) Matière animale , sécrétée par de petites glandes qui ont leur siège sous la peau;, dans le canal auditif. Au moment où cette matière sort de la glande, elle jouit d'une liquidité un peu visqueuse-, elle est jaune: par son exposition à l'air, elle prend plu$ de consi^ tance et sa couleur devient plus, foncée j elle tend à j>as$çp

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au rouge. Le cérumen a une saveur amère, une odeur aro- matique et un peu àcre : chauffé doucement sur un papier, il le rend transparent, comme le feroit un corps gras ; jeté sur un charbon rouge de feu, il se ramollit, dégage une fumée blanche dont l'odeur est celle d'une graisse brûlée ; ensuite il se fond, se boursoufle, noircit, exhale l'odeur des matières animales, et laisse un charbon léger. Lorsqqj^n le triture dans Teau, il forme une émulsion d'un blanc jaunâtre, qui se dé- compose avec rapidité, en produisant une odeur fétide, et en laissant précipiter des flocons blanchâtres. Telles sont lesproprié- tés que Fourcroy et M. Vauquelin ont reconnues au cérumen.

M. Vauquelin a retiré du cérumen,

Mucilage albumincux
Soude 37,5
Phosphate de chaux
Huile-graisse
Principe colorant jaune. 62,5

En le traitant par l'alcool chaud, on dissout les deux der- nières matières seulement : le résidu, séché à l'air, est trans- parent, cassant, incomplètement soluble datis la potasse ; il exhale, en brûlant, l'odeur des matières animales, et laisse un charbon dans lequel on découvre, par l'incinération, la soude et le phosphate de chaux. Quant à la solution alcoolique, elle est jaune. On obtient, en la faisant évaporfcr, une huile jaune, très-amère, d'une consistance et d'une odeur analogues à celles de la térébenthine, qui exhale sur les charbons une odeur de graisse brûlée ; qui se dissout dans les huiles fixes et volatiles, dans l'^ther, et mieux encore dans l'alcool, surtout s'iL est chaud ; qui forme enfin, avec la potasse, une sorte de savon mou. M. Vauquelin n'apu séparerle principe colorant del'huile r à cause de la petite proportion dans laquelle il se trouve re- lativement à cette dernière ; cependant il le regarde comme se rapprochant de la substance colorante de la bile. (CH.)

CERURA. (Entom") Schrank, dans son énumération des papillons de Vienne, a désigné, sous ce nom de genre, les' lépidoptères du genre Bombyce , tels que la queue-fourchue, que Fabricius a dénommés vinula, furcula, fagiy etc. (C. D.)

CÉRUSE (Chim.), nom donné dans le commercé au sdus- carbonate de plomb. (CH.)

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CÍ.RUSE D'ANTIMOINE. (Chim.) On s'est servi quelquefois de cette dénomination pour désigner l'oxide d'antimoine pré- cipité par un acide de l'eau qui a servi à lessiver le résidu de la calcination d'un mélange de parties égales d'antimoine et de nitrate de potasse,jOu d'un mélange de 1 partie de sulfure d'antimoine et 3 de nitrate de potasse. (CH.)

CÉRUSE NATIVE. (Min.) On a donné quelquefois ce nom au plomb carbon™ pulvérulent. Cette dénomination est rap- portée dans la première édition de la Minéralogie de Kirwan et dans de Horn. Voyez PLOMB. (B.)

CERVANTÈSE. (Bot.), Cervantesia, genre delà famille des thymélées, de la pentandrie monogynie de Linnæus, dont les fleurs offrent pour caractère essentiel : un calice campanulé pentagone; point de corolle; cinq écailles entre les dents du calice ; cinq étamines j un ovaire libre ; un stigmate sessile : une noix monosperme, enveloppée à sa partie inférieure par le tube du calice charnu, agrandi.

La seule espèce renfermée dans ce genre est le cervantesia tomentosa, FI. Per. 2 , pag. 19, tab. 221, fig. 6; cervantesia bicolor, Cav., le, Rar, 5, pag. 49, tabl. 47 5. Arbrisseau de douze à quinze pieds, pourvu de rameaux épars, flexueux, lanugineux dans leur jeunesse; les feuilles éparses, pétiolées, ovales-ob longues, très-entières, couvertes à leurs deux faces d'un duvet tomenteux, un peu caduc. Les fleurs sont petites, disposées en grappes axillaires et terminales , laineuses , flexueuses; le calice à cinq découpures colorées, ovales, aiguës ; la corolle remplacée par cinq écailles blanchâtres ( selon M. Cavanilles, une corolle monopétale, trois fois plus courte que le calice, à cinq découpures arrondies) ; les fila- mens insérés à la base du calice, alternes avec les écailles ; les anthères bifides à leurs deux extrémités ; point de style 5 un stigmate simple. Le fruit consiste en une noix ovale, à cinq angles, surmontée par les cinq grandes découpures agran- dies du calice, contenant un noyau uniloculaire, fongueux à sa moitié inférieure. Cet arbrisseau croît au Pérou, aux lieux escarpés. (Poir.)

CERVARIA. (Bot.) Gesner nommoit ainsi le dry as octopetala, petite plante alpine, probablement parce que, avant lui, quel- ques-uns l'avoient nommé herba cervi. Plus récemment Rivin a

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employé le même nom pour le libanotis nigr* de Théophraste, que Thalius disoit être appelé cercaría nigra dans les forêts du Hartz, et qtii est Vathamantha cervaria de Linnæus. Enfin, Gærtner a voulu séparer cette plante de Vathamantha, sous le nom générique de cervaria, en lui assignant pour caractère dis- tinctif des graines légèrement velues et marquées de trois stries. Moench a adopté ce genre -, mais d'autres en ont fait une espèce de selinum,çt WiUdenow Ta laissé dans le genre jithamantha. (J.)

CERVEAU. (Anat.) Le renflement médullaire , situé a Textrémité antérieure de la moelle épinière, et par consé- quent de tout le système nerveux, se nomme en général le cerveau, ou l'encéphale. Dans un sens plus particulier, on distingue le cerveau proprement dit du cervelet, et de la moelle alongée, qui sont deux autres parties de l'encéphale.

Le cerveau est sans contredit le plus intéressant et le plus noble des organes du corps animal; tous les nerfs y abou- tissent, soit immédiatement, soit par l'intermédiaire de la moelle épinière et de la moelle alongée. Si l'on coupe un nerf, ou que l'on gêne d'une manière quelconque sa commu- nication avec le cerveau, les parties auxquelles ce nerf se rend perdent sur-le-champ leur sensibilité et leur mouvement, et si l'on comprime le cerveau lui-même, l'animal tombe à l'instant en léthargie. C'est donc au cerveau que doivent arriver en dernier résultat les impressions des sens extérieurs pour que l'animal en ait la perception, et c'est de lui, comme d'un centre, que la volonté imprime son action aux muscles; il est aussi l'organe nécessaire de la pensée, c'est-à-dire, de la comparaison des sensations, et de la formation des idées générales qui représentent ce que plusieurs sensations ont de commun. Enfin, il est le siège de la mémoire. L'anéantisse- ment de ces facultés, suite constante des lésions du cerveau, le prouve évidemment ; mais, autant les fonctions de cet organe sont certaines, autant la manière dont il les exerce est cou- verte de ténèbres. On remarque en général qu'elles sont d'autant plus parfaites, que le cerveau est plus volumineux. On remarque encore qu'il les partage d'autant plus avec le reste du système nerveux, qu'il devient plus petit à pro- portion de la masse de ce système. Les reptiles, par exemple,

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i6- CÊR

qui ont le cerveau à peine plus gros que la moelle épinière, conservent encore de la volonté et du sentiment après avoir perdu entièrement le premier de ces deux organes. Appa* remment qu'alors toute la substance médullaire peut exercer ses facultés, et que le cerveau ne jouit à leur égard d'une prépondérance si marquée, dans l'homme et dans les autres animaux d'ordres supérieurs, qu'à cause de sa grandeur. Dans les insectes et les vers, où le cerveau n'est pour ainsi dire pas plus grand que les divers nœuds répandus le long de la moelle de l'épine, chaque tronçon du corps paroît, quelque temps après sa séparation, pouvoir agir et sentir comme ranimai entier. Toutes les parties du cerveau ne sont pas également nécessaires à ses fonctions : on l'a vu perdre des portions considérables par des blessures, sans que l'intelli- gence fût suspendue. Comme le cerveau est le centre du système nerveux, l'on a jugé qu'il doit y avoir quelque partie servant de centre au cerveau lui-même, et c'est elle que l'on a nommée sensorium commune, ou siège de l'âme. Nous avons vu ailleurs l'incertitude où l'on est sur la partie du cerveau qui mérite véritablement ce nom; mais, en supposant, comme on ne peut guère en douter, qu'il y en ait réellement une dans ce cas, il paroît que l'âme emploie encore plusieurs parties différentes de ce grand organe, même pour l'exercice de ses fonctions les plus intellectuelles. Ainsi, comme nous voyons les deux voûtes nommées hémisphères décroître dans les espèces d'animaux à mesure qu'elles deviennent plus stupides, il est naturel que nous supposions quelque rapport entre la gran- deur de ces voûtes et la supériorité de l'intelligence. On aper- çoit même quelque chose de semblable dans les divers indi- vidus de l'espèce humaine : un front plat s'allie rarement avec de l'esprit, et les races qui ont le front petit et le crâne comprimé, comme les nègres, n'ont jamais pu par- venir à une haute civilisation. Le docteur Gall va beaucoup plus loin : il prétend que chaque sentiment, chaque pen- chant, chacune des modifications particulières denos facultés a son siège dans quelque région circonscrite du cerveau ; que la grandeur de ces divers organes particuliers emporte né- cessairement une prédominance des dipositions qui leur cor- respondent; et que leurs saillies, se faisant remarquer, jusqu'à

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tin certain point, à l'extérieur du crâne, peuvent faire juger d'une manière assez sûre le moral des individus. 11 prétend avoir recueilli assez de faits, en observant des crânes d'indi- vidus qui jouissoient d'une manière très-marquée de certaines facultés, ou qui étoient livrés à certains vices d'une façon irré" sistible, pour en déduire des règles générales, et pour ea former une science qu'il a nommé cranioscopie.

On obseïve encore une relation entre le volume de certaines parties du cerveau, et certaines dispositions en apparence purement physiques. Ainsi, les animaux herbivores paroissent avoir constamment la paire antérieure des tubercules quadri" jumeaux plus grande à proportion que ne l'ont les carnivores" Mais il s'en faut bien que ces dififérens aperçus fournissent encore des données suffisantes sur les usages des différentes parties du cerveau. Cependant, cet organe est extrêmement compliqué, ainsi qu'on le verra dans la description que nous en donnerons au mot Encéphale. ( C. )

CERVEAU DE MER. (Polyp. ) C:est le nom marchand de plusieurs espèces de polypiers du genre Màandrinb* Voyez ce mot. (Db B.) -

CERVELET* (Anal,) Voyez Encéphale. (C.)

CERVI BOLETUS (Bot,), Bolet de cerf. Cordus , dans ses Observations sur Dioscoride, et J. Bauhin, dans son Histoire des Plantes, donnent ce nom à un champignon, qui est le tycoperdon cervitiurti, Linn., dont M* 'Persoon avûit d'abôrd fait un genre particulier, nommé hypogtum, et que depuis il a réuni au scleroderma, genre voisin des truffes, tuber. (Lem.)

CERVICAPRA. (Mamm.) On a donné ce nom, et celui de capri-cerva, à différentes espèces de ruminans à cornes creuses, mal déterminées. Mûnardi, deLap. Bezoard,, paroît être un des premiers qui l'aient employé. Kæmpfer l?a aussi appli- qué à l'animal qu'il représenta comme étant celui qui fournit le bézoard oriental, et il a été donné par Linnæus à la gazelle d'Afrique de Ray. Ce n'est que Pallas qui en a fait le nom spéci- fique d'un animal bien caractérisé, de l'espèce de gazelle dont Buffon a parlé sous le nom d'antilope, et dont Pallas a le pre- mier donné une bonne figure et une bonne- description, Spic. ZooL,fuc.X.(VoyeiJi$T?LOTS.) M.de Blainville en a nouvelle* ". *

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ment fait le nom du troisième sous-genre de sa grande famiue des Córophores. Voyez ce mot. (F. C.)

CER VICARIA ( Bot.), nom ancien donné à quelques espèces de campanule, et a iitrachelium, genre voisin. Suivant Lobel, cité par Daléchamps, Gesner l'appliquoit aussi à,la plante alpine désignée maintenant sous celui de dry as. (J.)

CERVICOBRANCHES. (Malaeoz.) M. de Jlainville, dans sp. nouvelle distribution méthodique des animaux mollusques 9 donne ce nom d'ordre aux espèces de mollusques acéphale-* phores, dont les organes de la respiration, symétriques, sont placés au-dessus du cou, et recouverts par une coquille simple, symétrique, et non spirale. Les genres qu'il y fait entrer sont :Parmaphore, Fissurblle, Emarginule, Navicellé ou Septaïre, et Patelle. Voyez ces différens mots, et celui de Malacozoaire. ( De B. )

CERVIERS (BoU), ou Champignons Couleur dé cerf- Espèces de champignons du genre Amanita de Haller, agaricus, Linn., dont la tige est nue et les feuillets roussàtres. Paulet en forme deux groupes; savoir: les cerviers solitaires, et les cerviers en famille. (LEM.)

CERVISPINA- (Bot.) Cordus, auteur ancien, nommoit ainsi le nerprun ordinaire. (J.)

CERVO CAMELUS. ( Mamm.) C'est sous ce nom que Johns- ton représente le lama. (F, C.)

CERVULUS. (Mamm.) M. de Blainville, ayant partagé lies cerfs îd'après la longueur du pédoncule qui porte leur bois, propose de donner ce nom à ceux qui ont le pédoncule plus long que le bois lui-méme. (F. C.)

CERWENKA. (Ornith.) Les Bohémiens appellent ainsi le frouge-gorge, motacilla rubecula , Linn. ( CH* D.)

CÉRYLE. (Ornith,) Aristote, livre 8, ç^apitre 3, parle de deux espèces d'alcyons, dont l'un chante sur les roseaux, çt dont l'autre, de plus fortp taille, est mu?t. Celui-ci est le martin-pêcheur ordinaire, alcedoispida de Linnæus ; l'autre, qui est le ceralus de l'ancien traducteur d'Aristote, le caru- lus de Gaza, le cerulqs de Scaliger, le céryle de Camus, a été regardé comme le mâle de l'alcyon .par JElien, de Naturà animalium, liv. 7 , chap. .17; parle SehoUaste d'Aristophane, lequel écrit corylus et cité Autigone^et parWottoA* de Differ

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YcTttiis anirruUiam, lib. 7 , cap. 43> Belon croit que le; cay lus eàt le même oiseau que le eeycus ou ctyx, dont Pline fait mention, liv. 32, chap. 3, en parlant des nids d'alcyoïjs* considérés comme alimens ou médicamens; mais l'pn sait main- tenant que ces nids sont l'ouvrage de l'hirondelle salangane , et Fancien naturaliste françois pourrait être plus fou 44 dans son opinion, que Faleyoa vocal d'Aristote, lequel, suivant ce dernier lui-même, chante sur les roseaux, est la¡ rousse- rolle, tur du s arundinaceu*, Linn", malgré la différence dans la conformation et les habitudes de celle-ci et du juapt^n- pêcheur. (Ch. D.)

GÉRYLON' (Entom.) , nom de genre qu£ M-Latreillç adonné a une espècedelycte. Voyez Lycte. (C, D.)

CERYOMYCES. (Bot.) Battara dorme ce nom à unç dçs dix-hüit classes qu'il établit dans les champignons. Cçtte classe * la seizième de sa Méthode, comprend les chaïupignou? dont la partie inférieure du chapeau est tubuleuse : ce sont lçs bolets de Linnæus, Voyez Çèpes et Suif^ps. (Lem.)

CERZIA. (Ornith.) Les Italiens désignent parce iftçt, ayec l'épithète de emergía, le grimpereau commun, çepthiot fçwii- liaris, et avec celle de muraiola, le grimpereau. de muraille ou tichodrome, çerthia, muraría, Linn. (Ch. i>.)

CESANO (Ornith.), nom que pçrte à Venise le cyg$e, 404s eygnus, Linn. (Ch. D.)

CESEFOS (Ornith.), dénomination du merle, turfas merryl%r XinnM par corruption du grec. (Ch* D.)

CÉSIE (Bot.), Casia, genre établi par M. Rob. Brown pour des herbes de la Nouvelle-Hollande, à racines tuberculeuses r fasciculées ; les tiges simples ou rameuses, garnies de feuilles gram inifor mes ; les fleurs bleues ou blanchâtres , disposées ep. grappes simples ou. ramifiées. Ce gçpre appartient à la famine des asphodelées. et doit être placé d^ns Vhexandrie monogynie de Linnæus* 80s fleurs offrent : une corolle caduque, à six découpures éÿlçs5 six filamens nu? 5 les anthères échancrées* attachées patf; le*r base ; un ovaire à trois loges ; deux ovales dans chaque loge ; un style filiforme \ un stigmate. Lje fruit est une eapsfttte presque sans valve, totuleuse, lobée, presque en massue k son soiumet, renfermant des semences ventrues, ombiliquées.

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M. Rob. Brown en a observé cinq espèces : 1/ le cœsi* vittata, à bulbes fasciculées; les feuilles presque planes; le" grappes simples, ou un peu ramifiées; les fleurs inclinée"; les filamens comprimés. 2.° Le cæsia parviflora .-ses racines sont fibreuses; ses fleurs droites, en grappes paniculées. 3.° Le casia occidentalis, dont les feuilles sont filiformes, can ali cu- lées ;les fleurs droites; les grappes à peine ramifiées..4.0 Le cæsia corymbosa .* ses feuilles sont presque planes; ses tiges simples; ses fleurs peu nombreuses, disposées en corymbe. 5.° Le coesia lateriflora : ses tiges sont très-rameuses, munies de stipules ; ses fleurs latérales, pendantes, presque solitaires ; ses capsules pendantes, en massue, presque monospermes. (Poïr.)

CESILA (Omilh.), un des noms italiens de l'hirondelle con- sidérée génériquement. (CH. D.)

CESON (Ornith.), nom du cravant, anas bernicla, Linn,, en Italie , où celui de cesone est appliqué spécialement au canard sauvage, anas boschas, Linn. (CH. D.)

CESTRACION. ( IchthyoL ) M. Cuvier vient d'établir un genre ou sous-genre de ce nom aux dépens de celui des squales des autres iehthyologistes. Les caractères qu'il lui assigne sont ?

Des évents; une nageoire anale; des dents en pavé; une épine en avant de chaque nageoire dorsale; des mâchoires pointues, avan- çant autant que le museau , et portant, au milieu, des dents petites f pointues, et, vers les angles, d1 au tres fort larges, rhomboïdales , dont l'assemblage représente certaines coquilles spiraleso

On distinguera donc facilement ce genre des aiguillats, des centrines, des leiches, qui n'ont point d'anale; des car- charías, des lamies, des zygènes, qui n'ont point d'évents; des milandres, dont les dents sont analogues ¿celles des requins ; des grisets, qui n'ont qu'une dorsale; des émissoles et des pèlerins, qui n'ont point d'épines.

On n'en connoît encore qu'une espèce ; c?est

Le Cestracion du port Jackson, Cestracio Philippio (Squale Philipp, Lacép.; Squalus Philippi, Schn.) Proéminence très- prononcée auprès des yeux ; dents sur dix ou onze rangs ; les extérieures plus petites ; plusieurs demi-sphériques ; lobe su- périeur de la nageoire anale plus long. Brun en-dessus, blan- châtre en-dessous*

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H a été observé au port Jackson de la Nouvelle-Galles du Sud, pendant le voyage du capitaine Philipp à Botany-Bay. L'individu qui futprisalors u'avoitque deux pied" de longueur, et cinq pouces et demi dans sa plus grande largeur* (H. C.)

CESTRE (Arachnod.), Cestrum. M. Lesueur a fait connoître sous ce nom, dans le Bulletin delà Société philomathique pour le mois de juin 1815, un genre d'animaux marins extrêmement singuliers, et qu'il est assez difficile de faire entrer dans les cadres systématiques. C'est un corps libre, entièrement géla- tineux, comprimé, fort alongé transversalement, décroissant du milieu à ses extrémités, et bordé inférieurement de deux côtes ciliées dans toute leur longueur ; la bouche est centrale , en sorte que l'on peut dire que c'est un animal rayonné, mai" qui n'a que deux rayons extrêmement longs : aussi M. Lesueur le compare-t-il à un béroé que l'on supposerait tiré latérale- ment par deux points opposés, sans lui faire perdre de sa hauteur. Voici ce qu'il nous dit sur l'organisation du seul individu, malheureusement incomplet, qu'il a observé dans la mer de Nice, où ces animaux sont connus sous le nom de sabres de mer. Sa longueur étoit environ d'un mètre et demi, sa hauteur de huit centimètres, et son épaisseur d'un centi- mètre seulement. 11 nageoit dans une position horizontale , la bouche en haut ; son mouvement étoit lent et onduleux. A tra- vers sa substance extérieure qui étoit parfaitement transpa- rente, on voyoitle sac stomacal placé au-dessus de l'ouverture de la bouche, et qui se détachoit par sa couleur plus foncée du reste du corps ; de chaque côté de ce sac étoit une sorte de lanière appliquée sur ses parois, et qui avoit une autre partie mince et alongée, prenant naissance à son bord inférieur. Chaque lanière, renflée dan" son milieu, diminuait beaucoup de grosseur à son extrémité buccale ou inférieure, et se joignoit là à deux filets ayant toute l'apparence de vaisseaux, lesquels partoient à droite et à gauche pour se porter, en re- montant, jusqu'au bord inférieur de l'animal, et s'y bifur- quoient. Une des branches suivoit cette arête, et supportait les innombrables cils qui la garnissent, tandis que l'autre se- recourboit jusqu'à peu près au milieu de la hauteur du corps, et, prenant ensuite une direction horizontale, se prolongeoit sans dtfute jusqu'à l'extrémité de chaque appendice; mais uxl

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as GES

ne peut l'affirmer, cés appendices étant incomplets sur l'indi- vidu observé.

. On ne connoît encore qu'une seule espèce cte ce genre, que M, Lesueur nomme cestrum Veneris, le cestre de Vénus? sa couleur est d'un blanc laiteux d'hydrophane, avec de légers reflets bleus ; les cils irisés. Elle est figurée dans le journal cité. (DE B.)

CESTREAU ( Bot.), Cestrum, genre de plantes à fleurs mono* pétalées, appartenant à la famille des solanées, très-voisin des lycium, dont il se distingue principalement par ¿es fila*" mens des étamines non velus à leur base. Il a pour caractère essentiel : un calice court, tubulé, à cinq dents; une corolle en entonnoir, dont le tube est grêle, alongé, évasé vers son orifice, et dilaté en un limbe à cinq découpures plissées ; cinq étamines renfermées dans le tube; les filamens glabres, quel- quefois munis d'une petite dent; les anthères arrondies; un style ; le stigmate obtus ; une baie à deux loges ; plusieurs semences réniformes.

Ce genre comprend des arbrisseaux exotiques, dont plusieurs se cultivent dans les jardins botaniques de l'Europe. Leurs feuilles sont simples et alternes; leurs fleurs disposées en bouquets ou en corymbes axillaires, assez semblables par leur forme à celles du jasmin. Les espèces les plus remar- qoables et les mieux connues sont :

Cestreau de nuit ; Cestrum noeturnum, Linn. ; Dille"., JHort. Eltham., p, i83, tab. i53, fig. 185 ; vulgairement le galant de nuit. Son nom lui vient de ce que ses fleurs, à l'ap- proche de la nuit, répandent une odeur assez agréable, mais trop forte pour être respiré sans incommodité dans des lieux fermés : elles se montrent dans les mois d'août et de septembre ; elles sont d'une couleur verdâtre , et naissent par fascicules dans les aisselles des feuilles supérieures ; elles donnent des petites baies blanlhes et globuleuses. Les feuilles sont ovales-lancéolées, d'un beau vert. Cet arbrisseau s'élève à la hauteur de huit à neuf pieds. Il est originaire de l'Amé- rique méridionale.

Cestreau de jour; Cestrum diurnum, Linn.; Dillen., Mort. Eltham., p. 186, tab. i54, fig. 186 ; vulgairement le galant de jour. C'est pendant le jour que cet arbrisseau répand l'odeur

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douce et agréable dé sea fleurs. Il s'élève à la hauteur de dix à douze pieds, se divise en quelques rameaux a longés, garnis 4e feuilles pétiolées, ovales-oblongues, très-lisses ; les fleura sont blanches, petites, en fascicules presque ombeilés, nom- breuses; les divisions de la corolle courtes, réfléchies, un peu crépues. Cette plante croit à la Havane.

Cestreau auriculé ; Cestrum aurioulakum, Lh éritier, Stirp., i, p. 71, tab. 55 ; Feuillée, Pérou, 2, p. a5, tab. ao, fig. 3, medioeris. Les fleurs de cet arbrisseau, au rapport de Feuillée, répandent au loin, pendant la nuit, une forte odeur de musc ; mais, dès que le soleil reparolt, cette odeur devient insup- portable, presque fétide, et dure toute la journée. Ses feuilles sont oblongues, lancéolées, d'une odeur désagréable, muniea k leur base d'oreillettes en forme de stipules; les fleurs dispo- sées en panicules lâches, axillaires; la corolle pubescente, verdâtre, teinte d'un rouge obscur. Cet arbrisseau est origi- naire du Pérou.

Cestreau parqui ; Cestrum parqui, Lhéritier, Stirp., i, P*g* 73, tab. 36; vulgairement parqui, Feuillée, Pérou, 2, pag. 72, tab. 32, fig. i. Cet arbuste croît également au Pérou. Il est ipoins élevé que le précédent; ses feuilles sonf plus petites, privées d'oreillettes ; ses fleurs fasciculées, presque sessiles ; sa corolle d'un blanc verdâtre, teinte de pourpre ou de violet, très-odorante pendant la nuit ; les baies noires , ovales, contenant environ quatre semences oblongues.

Cestreau a feuilles de laurier; Cestrum laurifolium, Lhérit. Stirp., 1, pag. 69, tab. 34. Ses tiges s'élèvent à la hauteur de huit à neuf pieds ; ses rameaux sont glabres, garnis vers leur sommet de feuilles larges, eoriaces, ovales, obtuses, pétiolées ; les fleurs paniculées, presque sessiles, jaunâtres. 11 est origi- naire de l'Amérique.

Le cestrum venenatum de Burmann, qui croît au cap de Bonne- Espérance , quoique très-rapproché de cette espèce, s'en distingue par ses feuilles lancéolées, oblongues; par ses fleurs tout-à-fait sessiles. Ses fruits sont des baies oblongues, bleuâ- tres , et très-vénéneuses, au rapport de Burmann. Les habi- 4ans de l'Afrique écrasent ces semences, les mêlent avec des viandes qu'il exposent à l'avidité des bêtes féroces, pour les empoisonner.

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Cestreau campantué ; Cestrym campanulatum, Lam., Eney- clopédie ; Dombey, Herb. C'est un arbrisseau dont les rameaux sont un peu pubescens, garnis de feuilles ovales, aiguës, cotonneuses en-dessous; les fleurs sessiles, fasciculées; la corolle campanulée ; ses découpures cunéiformes, pubescentes à leurs bords. Il croît au Pérou. Son bois éclate au feu avee une telle force, que ses éclats brisent les vases qui y sont exposés; d'où vient que les Espagnols du Pérou le nomment casse-pots (quexba ollas).

On connoit encore quelques autres espèces de cestreau Y dont plusieurs sont cultivées dans les jardins botaniques, telles que le cestreau à grandes feuilles, cestrum macrophyllum y le cestreau à feuilles d'alaterne, cestrum alaternoïdes, tous deux originaires de l'Amérique méridionale, et cultivés au Jardin du Roi , à Paris; enfin les cestrum latifoliumt hirtum, tomentosum, scandens, etc. : tous originaires de l'Amé- rique ou des îles qui en dépendent. Les diverses espèces quo nous avons mentionnées, sont des arbrisseaux assez jolis, dont les fleurs, dans quelques-unes, ont une odeur agréahle; elles n'ont point d'éclat, mais elles sont abondantes, réunies en gros bouquets axillaires, de couleur blanche, ou d'un blanc verdâtre. (POIR.)

CESTRINUS. (Bot.) [ Cinarocéphales, Juss.;Syngénésiepoly- gamie égale, Linn.] Linnæus a rapporté au genre Cinara, et M. Decandolle au genre Serratula, cette plante qui n'appar- tient certainement ni à l'un ni à l'autre, et qu'on ne peut convenablement ranger dans aucun genre connu. C'est pour- quoi nous avons jugé nécessaire d'en former un nouveau genre qui fait partie de la famille des synanthérées, et do notre tribu naturelle des carduaeées r et qui a beaucoup d'afc fini té avec le carthamus.

La calathide muttiflore, équalifïore t régulariflore, andro- gyniflore, est très-grande,globuleuse. Le péricline hémisphé- rique , plus court que les fleurs, est formé de squames im- briquées, coriaces, alongées, étrécies de basen haut; ter- minées par un appendice ovale, süarieux, lacinié. Le cK* nanthe est fimbrillé* La cypsèle est comprimée bilatérales ment, obovoïde, munie de quatre côtes r légèrement striée* {labre* son aréole b asilaire est un peu oblique-antérieure**

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son aigrette est formée de squamellules très-nombreuses, multi* sériées, longues, inégales, filiformes-laminées, barbellulées. La corolle a le tube très-long, et le limbe cylindracé, con- fondu extérieurement avec le tube, divisé jusqu'à la moitié de sa hauteur en cinq lobes longs, étroits, linéaires. Les étamines ont les filets munis de simples papilles éparses; les appendices apicilaires arrondis au sommet; les appendices basilaires courts.

Le Cestrin carthamoïde ; Cestrinus carthamoïdes, H. Cass" ( Cynara acaulis, Linn. ; Serratilla, acaulis, Decand.) , est une plante herbacée, à racine vivace, qui croit dans le Levant et sur les collines de la Barbarie. La tige est presque nulle : les feuilles primordiales sont ovales-lancéolées, entières; les autres sont bipinnatifides, non-épineuses, glabres et vertes en-dessus, tomenteuses et blanches en-dessous. Il n'y a qu'une seule calathide, à peu près sessile , sur le collet de la racine ; elle est composée de fleurs odorantes, de couleur orangée.

Le principal caractère du cestrin réside dans l'appendice terminal des squames du péricline. Il n'a aucune affinité na* turelle avec le serratula, non plus qu'avec le cynara; mais il se rapproche immédiatement du carthamus. (H.Cass.)

CESTRON. (Bot.) La bétoine porte ce nom dans les ouvrages de Dioscoride, à cause de son épi de fleurs alongé, suivant l'explication de Daléchamps. Elle est aussi nommée psycho" trophon , parce qu'elle croît, dit-il, dans des terrains froids. Le cestrum des modernes est un genre très-différent. Voyes Cestreau. (J.)

CESTRORHINUS. (Ichthyol.) M. de Blainville applique ce nom aux squales du genre Zygène, comme le marteau, le pan- touflier, la zygène de Bloch, etc, Voyez Squale, Zygène. (H. C.)

CÉTACÉ, Cétacée. (Mamm.) Ce nom vient du grec Kifloç. Aristote l'a employé pour désigner des animaux marins aux- quels il avoit déjà reconnu la plupart des caractères qui nous font distinguer aujourd'hui les cétacés des grands poissons.

C'est aussi sous ce nom que, depuis Aristote, les naturalistes ont parlé de ces animaux extraordinaires, qui ressemblent si peu par leurs formes extérieurs à ceux de la classe des mam- mifères, à laquelle ils appartiennent cependant.

£n effet, si l'élément dans lequel les cétacés sont obligés de

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vivre, a- nécessité, dans la forme générale de leur corps, de* modifications telles que souvent les voyageurs n'ont pas su les distinguer des poissons ; en examinant plus profondément leur structure, on voit qu'en dernier résultat les changemens qu'ils ont éprouvés se bornent aux organes du mouvement : qu'ils ont, comme les animaux les plus parfaits, une double circula- tion ; qu'ils respirent l'air par les poumons, et qu'ils ne res- pirent que l'air de l'atmosphère ; qu'ils ont des mamelles, s'ac- couplent à la manière des mammifères, mettent au monde un petit vivant, et l'alaitent. A la vérité, leurs pieds de derrière ont disparu entièrement; leur colonne vertébrale se termine par une nageoire membraneuse et horizontale ; et deux petits osselets, placés dans les chairs à l'origine de la queue, semblent m'exister que pour servir d'indice de la place que devoit occuper le bassin. Les pieds de devant n'ont pas éprouvé des changemens aussi considérables que ceux de derrière; ils sont représentés par des nageoires à l'in térieur desqu elles on retrouve les mêmes parties que dans les extrémités antérieures des ani- maux plus parfaits, et elles servent dans plusieurs cas aux mêmes usages, comme on pourra le voir aux articles Baleine, et Cachalot.

On trouvera aux mêmes articles, avec la description des évents, celle du mécanisme par lequel le cétacé fait jaillir l'eau superflue qui s'introduit dans sa bouche, lorsqu'il l'ouvre pour engloutir sa proie.

Ces évents sont les narines del'animal, et c'est par leur moyen qu'il vient, pour respirer, chercher l'air à la surface de l'eau. Aussi ces organes, qui peuvent être placés différemment sur la tête des diverses espèces, sont toujours dirigés plus ou moins directement en haut; la respiration n'auroit pu se faire qu'en forçant l'animal ¿prendre une position pénible, s'ils se fussent trouvés à l'extrémité du museau , comme ils le sont communément dans les quadrupèdes.

Les cétacés sont totalement dénués de poils, et recouverts d'une peau nue, sous laquelle se dépose une couche épaisse d'un lard huileux; les uns ont des dents : chez d'autres elles sont remplacées par des Fanons. (Voyez ce mot et Baleine.) Presque tous ont une forme hideuse : leur tête, d'une grandeur démesurée, comparée à celle du corps; son aplatissement ;

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l'ouverture énorme de leur gueule , la petitesse de leurs yeux, leur cou absolument nul, en apparence ; la privation entière de la conque auditive; tout, enfin, semble se réunir chez ces animaux, dans les proportions et sous les formes les plus con- traires à celles qui nous flattent, et que nous regardons com* munément comme belles.

Avec une telle organisation,ties sens ne pouvoient être délicats : une peau nue, sous laquelle s'étend une couche de graisse, n'est point favorable au toucher; de petits yeux, des oreilles sans conque externe, des narines au travers des* quelles l'eau passe perpétuellement, ne sont pas de nature a donner une vue, une ouïe, un odorat bien fin, et rien n'annonce que le goût doive avoir une finesse plus grande" Aussi les cétacés ne montrent-ils pas une grande intelligence ; placés dans un milieu où semble être le foyer de la vie, ils se procurent en abondance et sans peine leur nourriture ; et la plupart trouvent dans leur masse et leur force tout ce dont ils ont besoin pour surmonter les dangers ou pour s'y soustraire. Cependant ils atteignent le but qui leur a été fixé par la nature, et, à cet égard, ces animaux sont aussi parfaits qu'aucun autre : leur existence, la conservation, la perpétua- tion de leur espèce, tout nous prouve qu'ils remplissent la tâche à laquelle ils ont été destinés, qu'ils concourent avec les autres êtres à l'harmonie de l'univers.

Ce seroit sans doute ici le lieu de rechercher la véritable destination de ces mammifères singuliers, et d'établir quelle est la place réelle qu'ils doivent occuper dans l'économie générale de la nature; mais leur vie a, jusqu'à présent, été plongée dans une telle obscurité pour nous, autant à cause de l'élément qu'ils habitent, qu'à cause des régions inabor- dables qui les recèlent, que nous ne pourrions guère , à cet égard, que rapporter quelques faits isolés, tout au plus suf- fisans pour prêter à quelques conjectures.

Ce sont ces considérations qui ont sans doute déterminé M. Gérardin à rapporter aux articles Baleines et Cachalots le plus grand nombre de ces faits, ceux qui sont communs et particuliers aux genres, comme ceux qui sont communs et particuliers aux espèces. Ainsi, pour ne point nous répéter, nous renvoyons à ces articles.

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Mais, s'il nous eût été impossible de résoudre, d'une ma-* nière satisfaisante, la question précédente, notre tâche n" $era pas si difficile en nous bornant à rechercher la place des cétacés dans la classe à laquelle ils appartiennent. Leur orga- nisation est mieux connue que leurs mœurs, et en la compa- rant à celle des autres mammifères, on trouve que, par la petitesse de leur cerveafc, le peu d'étendue des organes de leurs sens, l'absence des membres postérieurs, l'oblitéra- tion des mains et des doigts, etc., ils viennent se placer natu- rellement les derniers. I

C'est donc par les cétacés que se termine la série des espèces les plus parfaites du règne animal, des espèces avec lesquelles nous avons le plus de rapports, de celles qui se distinguent de toutes les autres en mettant au monde des petits vivans, et en les nourrissant, comme nous, à l'aide de leurs mamelles. Voyez Mammifères et Système naturel.

Les espèces contenues dans l'ordre des cétacés ont été divisées en sections principales, celle des Baleines et celle des Cacha- lots. Voyez ces deux mots.

Cétacés fossiles. On a trouvé des débris d'os fossiles qui paroissent provenir de cétacés; mais ces restes ont été tellement altérés, qu'il est difficile de former quelques con- jectures raisonnables sur les espèces auxquelles ils Ont appar- tenu. Ces os fossiles ont été découverts en Italie, dans le voisinage de Dunkerque , au bord du Rhin, sur les côtes de Normandie, aux environs de Laon et dans Paris même. Ces derniers furent trouvés en 1779 , dans une cave de la rue Dauphine, à onze pieds de profondeur, dans un banc de glaise jaunâtre et sablonneuse. On a cru reconnoitre quelques rap- ports entre ces os et ceux des cachalots. Voyez l'Essai de Géolo- gie de M. de Faujas, tom. 1, pag. 139. (F. C.)

CÉTÉRACH (Bot.) j genre de fougères, qui se distingue de Yasplenium, Linn., par ses groupes de capsules dispo- sées en lignes transversales eu en paquets oblongs , dé- pourvus de tégumens (indusium) propres, mais recouverts d'écailles ou papilles.

Le genre Cétérach, fondé par Adanson, etrétabli parDecan- dolle et Willdenow, a pour type une fougère qui a p/orté de tout temps ce nom. Linnæus Ta réuni à son genre Asplénium,

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Smith au scolopendrium , Svvartz au grammitis, Bernardi au wittaria. Willdenow ne rapporte au genre Cétérach que dea asplénium des auteurs. M. Decandolle y ajoute quelques espèces d'acrostichum, et il présume que le candollea, Mirb., ou cyclpphorus, Desv., et le pyrrosia, Mirb., doivent probable- ment lui être réunis, ces naturalistes prenant pour caractère la présence des écailles, et non la disposition des capsules.

L'espèce la plus intéressante est le CétérXch des bou- tiques , Ceterach ojficinarum , Dec. Willd.; asplénium ceterach f Linn. Blackw, torn. 216, Bull. Herb. tom. 383. C'est une fougère dont les frondes naissent, en touffe, d'une racine fibreuse. Chaque fronde a jusqu'à trois pouces et demi de lon- gueur ; elle est semi-pennée, à lobes oblongs et obtus. Le dessous est couvert d'une multitude d'écailles scarieuses, en- tières, roussàtres et brillantes, qui la rendent pelucheuse. Sous ces écailles sont les capsules en groupes sublinéaires.

Le cétérach croît dans les fentes des roçhers et des vieilles murailles. On le trouve dans presque toute l'Europe. C'est une fougère du nombre de celles dites capillaires, très-vantée autrefois parses qualités pectorales, adoucissantes, apéritives et astringentes. On lui attribue les propriétés de dissoudre les calculs, de guérir les maladies de la rate et les coliques néphré- tiques. C'est la doradille des Espagnols, nom qui est donné en France au genre Asplénium, et qui lui vient sans doute de l'as- pect doré de la partie inférieure des frondes avec leur fruc- tification.

Le Cétérach de Maranta; Ceterach Marantæ, Dec., est Yacrostichum Marantæ de Linnæus, ou une espèce du genre IVotholvna de R. Brown.

Le Cétérach des Alpes; Ceterach alpinum, Decand., est le polypodium arvonicum de Smith, ou Vacrostichum ilvcnse de Villars et de Lamarck. Il est le type du genre Woodsia de Robert Brown (voyez ce mot), auquel se rapportent aussi plusieurs acrostichum réunis au cétérach par M. Decandolle.

Willdenow rapporte deux autres espèces à ce genre; l'une, le cétérach des Canaries, est Vasplénium latifolium de Bory ; elle ressemble au cétéraçh des boutiques, excepté qu'elle est six fois plus grande: l'autre naît dans les bois; à Caracas; c'est le seterach aspidioïdes, "Willd.

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ce genre, que quelques botanistes pensent être le splenion 01* asplenion de Dioscoride. ( Lem. )

CÉTHOSIE. ( Entom.) M. Latreille a distingué sous ce nom de genre les espèces de papillons dont les tarses ont les crochets simples ou sans divisions, et qui d'ailleurs ressemblent aux nym* phales. Ils sont tous étrângers : telles sont les espèces figurées par Cramer sous les noms de Junon, Alcionée, Phlégie, Eugénie9 Calliope, Euterpe, Diaphore, Lenée, JVisc, Mélanide, etc. (G. D.)

CETOCINE (Conch.), Cetocis. C'est un genre établi par Denys de Montfort pour un corps organisé fossile, rangé par le* ory.ctographes parmi les bélemnites, et qui paroit en différer seulement en ce que toute l'étendue de la coquille est cloi- sonnée, que le sommet est percé par une ouverture en forme d'étoile, et qu'il n'y a pas de gouttière. (De B.)

CETOCINE. (Foss.) Montfort, Conch. Syst. tom. 1, pl. 93; Knorr, tom. II, sect; II, pag. 241, pl. 1*, fig. 4. Voici les ca- ractères que M. Montfort a assignés à ce genre: Coquille libres Univalve, cloisonnée, droite et conique; bouche ronde, hori- zontale; siphon central ; sommet percé par un sphincter étoilé; cloisons coniques et unies.

Ces caractères sont les mêmes que ceux que cet auteur a donnés au genre Bélemnite, à l'exception de ce qui regarda le sommet du cétocine, et la gouttière qui se trouve sur quel- ques espèces de bélemnites.

Je possède une espèce de ces derniers, que fai toujours rapportée à la figure qui se trouve dans l'ouvrage de Knorr, tom. II, pl. 1*, fig. 4. Son sommet porte des cannelures ver- ticales qui pourroient former une espèce d'étoile, s'il étoit brisé; mais j'ai toujours pensé et je crois encore que ce fossile ne peut constituer un genre différent des bélemnites, dont il est une espèce particulière. En ce cas ses caractères rentrent dans ce genre, et ils ne sont pas les mêmes que ceux ci-dessus. Voyez le mot Bélemnite, tom. IV, pag* 282 , et son Suppl.,

CÉTOINE ( Entom. ), Cetonia. C'est le nom 'd'un genre d'in- sectes de l'ordre des coléoptères pentamérés, ou à cinq articles à tous les tarses et à antennes en masse feuilletée, de la famille des pétaîocères ou lamellicornes.

pag. 66. (D. F.)

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Les cétoines appartenoient au genre nombreux des scara- bées de Linnæus, avant que Fabricius les eût distingues sous ce nom particulier, qui depuis a été généralement adopté, nais dent l'étymologie BOUS est inconnue.

Les insectes placés dans ce genre sont presque tous ornés de couleurs métalliques ou rembrunies, qui contrastent d'une manière remarquable avec leurs habitudes douces et tran- quilles. Quoique, en effet, Içbronze, le cuivre et l'or de leur parure, les espèces d'armes que quelques-uns d'entre eux portent sur leur chaperon, semblent annoncer des disposi- tions guerrières, ils ignorent l'art d'attaquer et de vaincre, "t ne savent point disputer une proie; leurs mâchoires, sans défenses, ne sont destinées qu'à ramasser le pollen ou le nectar. Paisibles habitans des bois, de nos bosquets et de nos jardins, on les voit butiner sur les fleurs, tantôt groupés sur les cimes des sureaux ou sur les corymbes de l'aubier;"tantôt isolés au sein delà rose, dont ils relèvent encore la fraîcheur; ou au milieu des pétalesde la pivoine, dont ils font ressortir l'éclat.

L'organisation des cétoines est parfaitement d'accord avec ces habitudes, ou, plutôt, leurs mœurs ne sont nécessairement que le résultat de cette même organisation. Leurs antennes "ont de dix articles , le premier plus gros que les autres, les trois derniers en masse feuilletée. On observe chez tous ces insectes des mandibules membraneuses bilobées, des mâ- choires à deux petits crochets et terminées par un long faisceau de poils; disposition très-favorable pour recueillir le suc des fleurs. Les palpes sont courts, filiformes, les maxil- laires composés de quatre articles, les labiaux de trois¿ les lèvres sont très-peu saillantes, entières, échancrées ou bifides* Au reste, les caractères de la bouche sont à peu prés les mêmes que ceux des tri chies, avec lesquelles les cétoines ont les plus grands rapports; et ce n'est que dans la forme différente de quelques parties du corps qu'on peut trouver un caractère essentiel pour les* distinguer.

Corselet convexe trapézoïdal; une pièce triangulaire vers Varti- culation de chaque ébytre; la dernière écaille peo tor alé soulevée, à bord externe saillant de côté, et correspondant à une sinuosité du élytres ; le sternum proéminent.

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Les cétoines ont en général le corps ovale, un peu dé- primé en-dessus : la t£te est petite, recouverte en partie par un chaperon plus long que large, échancré ou bifide, ou ter* miné en une espèce de corne. Le corselet est très-grand, convexe d'avant en arrière et de forme trapézoïdale, dans le plus grand nombre des espèces. On trouve à la base externe des élytres, à l'endroit de leur insertion sur la poitrine, une pièce articulaire écailleuse, très?visible en-dessus ; le$ élytres, presque dans tous ces insectes, recouvrent en entier l'abdo- men , et offrent une sinuosité de chaque côté de la poitrine. La poitrine semble carénée en-dessous à cause de la saillie du sternum qui se prolonge quelquefois jusque sous le corv selet. Les différentes parties des pattes, surtout les cuisses, sont aplaties et assez larges; les postérieures s'articulent sur une lame écailleuse concave, écartée des autres et un peu mo- bile quand l'insecte remue les pattes; son bord postérieur est mince, tranchant et échancré ; son bord externe, plus épais, fait saillie en-dessus au milieu de la sinuosité correspon- dante des élytres; les jambes, surtout les antérieures, sont fortement dentées; les tarses grêles sont terminés par deux crochets.

Les larves des cétoines, à en juger par celle de la cétoine dorée, qui est la mieux connue, ont beaucoup de ressem- blance avec celles des hannetons. La larve de la cétoine dorée a à peu près un pouce de longueur; son corps, d'un blanc sale, est formé de douze anneaux couverts de très-petits poils roux, et garni'de chaque côté de neuf"stigmates; la tête est large, armée de deux antennes articulées, et revêtue d'une peau écailleuse de couleur brune * la bouche est formée de deux mâchoires et de petits palpes. Cette larve se rencontre dans les terres humides; elle choisit surtout de préférence le terreau qu'on trouve au-dessous du domicile des fourmis, qui ne paroissent pas s'inquiéter beaucoup de ce voisinage, et qui la laissent vivre en paix. La larve de la cétoine fait beau- coup moins de tort aux racines des plantes que celle du han- neton. La terre humide et quelques débris de végétaux peu- vent suffire à sa nourriture. Au bout de trois ou quatre an", elle s'enfonce en terre assez profondément pour être à l'abri des gelées, et s'enveloppe d'une coque très-solide qu'ellp

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Construit en agglutinant des grains de sablé, de petites pieri*e4 et même ses excrémens. C'est dans cette retraite qu'elle passe une ou plusieurs années, avant de subir sa dernière méta-* morphose. Si cette habitude de se construire ainsi une coque étoit constante dans toutes les cétoines, ce seroit encore une nouvelle différence entre ce genre et celui des trichies ; cao bous avons plusieurs fois observé, au moins dans les trichies verdet et hémiptère, que les nymphes ne s'enveloppoienH jamais, et qu'elles étoient toujours libres au milieu du bois pourri : mais il est probable qu'il en est aussi de même pour toutes les cétoines dont les larves vivent dans le bois.

Le genre cétoine est très-nombreux; il renferme, dans la oeconde édition des Eleuthérates de Fabricius, plus de cent vingt espèces appartenant à l'un et à l'autre continent. Nous allons décrire les plus remarquables, et surtout celles qui sont en Europe.

* Ecusson en entier découvert, chaperon fourchu ou profondé'+ ment bifide. ( Genre Goliath de Lamarck. )

Cétoine goliath ; Cetonia goliatha, Oliv., pl. 9, fig. 33* Corselet d'un blanc sale, bordé de noir et orné de six bandes brunes ou noires ; élytres brunes ou noires.

Cette cétoine est la plus grande espèce qui soit connue*) et même un des plus gros coléoptères qu'on ait jusqu'ici rencontrés ; elle a quelquefois près de quatre pouces de loàg" Le chaperon est divisé antérieurement en deux cornes ; la couleur du corselet est grise ; l'écusson est brun avec une raie longitudinale blanche. On observe à la base des élytretf une petite bande blanche ; les pièces triangulaires placées près de leur articulation sont vertes, ainsi que les cuisses ; les pattes noires. Les couleurs des parties supérieures du corps sont mates et veloutées.

On rencontre des individus de cette espèce qui ont de chaque côté du chaperon, outre la bifurcation ordinaire , une espèce de corne plate ; ils ont aussi les bandes du corselet noires, et les élytres noires avec un disque blanc. Cette va- riété de couleur* qu'Olivier a fait figurer pl* 5, fig# 33, pour- roit bien dépendre.d'une différence de sexe, et il seroit à présumer que celle-ci est le raàle

8. 3

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On trouve ces cétoines en Afrique*

Cétoine cacique ; Cetonia cacicus, Oliv, Entom,, pl. 3 f fig. 22. Corselet roussàtre avec des bandes noires ; élytres grises ou blanches, bordées de noir.

Cette belle; espèce, presque aussi grande que le goliath, est pour le nouveau continent le géant des cétoines, comme la première l'étoit pour l'ancien continent. Son chaperon se par- tage en deux petites cornes recourbées. Le corselet est rous- sàtre , velouté, avec six bandes demi-circulaires noires ; la couleur des élytres est grise, ou d'un blanc mat, bordé de noir; l'écusson est roux. Les pièces triangulaires, à des élytres, le dessous du corps et les pattes, sont noirs et la base garnis de poils roux.

Cet insecte est de l'Amérique méridionale.

Cétoine folyphèmb ; Cetonia polyphemus , Oliv. Entom., pl. 7 , fig. 61. Chaperon orné de trois cornes ; le corselet vert avec cinq raies longitudinales jaunâtres.

o Elle est moins grande que la précédente ; sa tête , grise, est ornée de trois cornes noires, dont une plus longue bifurquée; tout le dessus du corps est d'un vert mat, à l'exception de cinq raies jaunâtres , siir le corselet, et de trois rangées longi- tudinales de taches d'un jaune sale sur chaque ély tre. Tout le dessous du corps est d'un vert luisant.

Cette cétoine a été apportée de l'Afrique équinoxiale.

Cétoinb éclatante; Cetonia micans, Oliv, Entom., pl. i, fig. 2. Chaperon caréné, denté sur les bords, et terminé par une petite corne bifide; tout le corps d'un vert brillant, les tarses noirs.

Cette espèce, encore plus petite que la précédente, se ren- contre dans les mêmes lieux.

* * Ecusson en partie recouvert par un prolongement du corselet;

chaperon simplement échancré ou surmonté d'une corne.

Cétoine chinoise, Cetonia chinensis, Oliv., pl. 2, fig. 5. Chaperon bidenté; le corps d'un vert foncé en-dessus, d'un brun-clair en-dessous.

Cette espèce est en-dessus d'un vert quelquefois tirant un peu [sur le bleu ; son corselet est prolongé en une poinle obtuse qui cache une partie, de l'écusson ; les élytres sont acu-

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"Aînées et terminées par une petite épine ; le dessous du corps et les pattes sont de couleur brune ; les tarses noirs.

Cette cétoine se rencontre À la Chine.

CéTOiNE NEGRE 5 Cetonia nigrita, Oliv., pl. ia, fig. 92. Chaperon échancré ; tout Je dessus du corps noir ; les antennes, les pattes et les cuisses, d'un brun clair.

La cétoine nègre, de la même forme et de la même taille que la précédente, se rencontre dans les mêmes lieux.

Cétoine brillante ; Cetonia nitida, Fab., Oliv., 1, tab. 3, fig. 16. Le chaperon terminé par une petite corne recourbée; le corps d'un vert mat en-dessus ,* les élytres et le corsele> bordés de jaune obscur. N

Cette jolie espèce est un peu plus grande que notre cétoine dorée; les couleurs en-dessus sont mates et comme veloutées, excepté sur le chaperon, qui est d'un beau vert luisant. Le dessous du corps brille aussi d'un vert jaunâtre éclatant.

Cette espèce se rencontre dans toute PAmérique septen- trionale, mais surtout à la Caroline, d'au elle1 a été rapportée

* par M. Bosc.

* * * Ecusson entièrement découvert y chaperon échancré oji entier. (Toutçs les cétoines d'Europe appartiennent à cette division, )

Cétoine fastueuse; Cetonia fastuosa, Fab. Syst., 2 , 127 , ÿ; Panz., 41, n.° 1 G. D'un vert doré, avee des reflets brillans en- dessus, d'un vert cuivreux en dessous, les élytres sans taches.

Le chaperon, dans cette espèce, est plane, rebordé et sans échancrure remarquable ; il brille, ainsi que le corsélët et le chaperon, d'un vert doré très-éclatant. Les élytres-sont à peu près de la même couleur; on y remarque, de chaque côté de la suture, une forte dépression, au milieu de laquelle sont plusieurs rangées de petits points; en arrière est une petite éminence peu saillante , qui termine la convexité de Féiytre. Le dessous du corps est cuivreux et comme azuré; le bord externe de Pécailïe pectorale est épais et très-saillant dans Péchancrure des élytres.

Elle habite l'Europe australe.

CéTOiNE métallique ; Cttonia metatlica, Fab., t. 2, 128, 12; Panz., 41, n.° 19. D'un vert terne bronzé en-dessus * d'un beau

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violet brillant en-dessous,* les élytres sans taches. Cette espèce est plus petite que la précédente. Son chaperon, rebordé et sans échancrure, est d'une couleur cuivreuse violette, ainsi que les pièces triangulaires à la base des élytres et tout le dessous du corps. Les bords du corselet sont aussi nuancés de la même teinte; tout le reste est d'un vert de bronze. On observe sur toute la surface du corselet et des élytres de très-petits points enfoncés, mais qui deviennent impercep- tibles autour de l'écusson. Enfin, pour dernière différence entre la cétoine précédente et celle-ci, la dépression de chaque côté de la suture et le tubercule qui semble terminer la convexité des élytres, sont beaucoup moins prononcées que dans la cétoine fastueuse.

On rencontre cette espèce en Italie.

Cétoine marbrée; Cetonia marmorata, Fab., 2, 127, 10; Panz., 41, n.° 17. Corps oblong, d'un vert obscur, bronzé en- dessus ; les élytres et le corselet marqués de plusieurs dépres- sions inégales et de traits irréguliers gris.

Cette espèce, assez rare dans nos contrées, mais qu'on ren- contre fréquemment en Allemagne, a le corps proportionnel- lement plus alongé que la cétoine dorée, dont elle est d'ailleurs très-distincte, à cause de ces dépressions inégales et de ces taches grises qu'on observe sur son corselet, et aussi à cause de l'absence de toute espèce de nervures sur les élytres et de pointes visibles autour de l'écusson. La larve de cette espèce habite le chêne pourri.

On prend quelquefois pour la cétoine marbrée une espèce assez commune en France, surtout dans le voisinage des forêts, mais qui se rapproche davantage de la cétoine dorée, dont elle n'est peut-être qu'une variété. La forme est la même, et elle ne diffère de la cétoine dorée qu'en ce que le pourtour de l'écusson est dépourvu de points, et que les élytres n'ont que deux dépressions sans aucune nervure remarquable.

Cétoiné dorée ( Emeraudine', Geoff. ) j Cetonia aurata, Oliv., tab. 1, fig. 1 **. Corps ovale, d'un vert doré ou bronzé en- dessus; les élytres ponctuées, portant deux nervures saillantes et marquées de petites raies transversales grises.

Ce bel insecte, l'ornement de nos parterres, seroit beau- coup plus remarqué s'il étoit moins commun ; il est trop

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connu pour qu'il soit nécessaire d'en donner une description. Nous observerons seulement que l'un des sexes diffère de Fautre par quatre petites plaques de poils blancs placés de chaque côté de l'abdomen.

On voit cette cétoine, presque par toute l'Europe sur les fleurs, surtout sur celles du sureau, des sorbiers, des ombel- lifères, etc. Lorsqu'on la saisit, elle laisse échapper par l'anus une liqueur brune et fétide. Quelque analogie de couleur avec la cantharide des boutiques a fait donner, dans cer" tain es contrées, le nom de mouche cantharide à cette cétoine ; et les marchands, profitant de cette fausse dénomination , mélangent quelquefois la cétoine dorée avec les véritables eantharides, quoiqu'elles ne jouissent d'aucune propriété vésicante.

Cétoine verte ; Cetonia viridis, Fab., 2, 128, 11; Panz., 41, n.° 18. D'un vert un peu opaque en-dessus, luisant en- dessous ; les élytres marquées de taches irrégulières blanches en arrière et sur les bords.

Cette espèce, un peu plus petite que la cétoine dorée, et de la même forme, n'a ni dépressions, ni nervures, ni points apparens; les élytres portent seulement chacune une petite émi- nence versleur convexité, comme dans la plupart des espèces.

La cétoine v^rte se trouve en Italie et en Autriche.

Cétoine morio ; Cetonia morio , Oliv., tab. 2 , fig. 3. D'nn noir violet, velouté en-dessus, luisant en-dessous; les élytres tachetées.

Les couleurs tristes de cet insecte l'avoient fait nommer lugubre par quelques auteurs : en effet, il est presque en- tièrement noir, avec une légère teinte de violet, mat en- dessus et luisant en-dessous. Le chaperon est entièrement arrondi ; on remarque sur le corselet et les élytres de très- petites taches irrégulières d'un gris sale. Chaque élytre porte une côte saillante, terminée postérieurement par un petit tubercule, comme dans la plupart des espèces voisines.

On trouve la cétoine morio en'Allemagne, au midi de la France. On la rencontre aussi à Fontainebleau.

Cétoine marquée ; Cetonia signata , Fab., 2 , 135 , 39 ; Oliv., tab. 5, fig. 35. Corselet noir, bordé latéralement de blanc ; élytres d'un brun-clair, bordées de noir.

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On observe sur le corselet une ligne et deux taches rou- geâtres , disposées en triangle ; les élytres soijt garnies chacune de deux nervures, dont une est peu saillante, et l'autre, plus prononcée et comme- interrompue dans son milieu, se ter- mine au tubercule postérieur ; cette dernière est en partie noire, ainsi que les bords des élytres, le dessous du corps et les pattes sont couvertes de poils d'un gris roux.

Cette espèce a été trouvée au cap de Bonne-Espérance.

Cétoine interrompue ; Cetonia interrupta, Fab., 2 , 139 , 49; Oliv., tom. 8, fig. 70. Le corps noir luisant; le corselet à trois bandes d'un rouge sale ; les bords extérieurs des élytres et deux bandes interrompues de la même couleur. '

Les deux bandes marginales du corselet viennent se con- fondre antérieurement avec celle du milieu ; les élytres sont garnies de petites rangées de points enfoncés, et présentent à leur base une tache rougeâtre, sur leur milieu, deux bandes interrompues de la même couleur, et bordées de même; l'écusson est d'un rouge sale, bordé de noir ; tout le dessous du corps de l'insecte est noir, et n'offre qu'une petite quan- tité de poils.

La cétoine interrompue habite le Sénégal.

Cétoine velue; Cetonia hirta, Oliv., tab. 8, fig. 36. Noire ou bronzée, velue ou presque glabre ; le corselet arrondi, convexe, caréné.

Cet insecte a quatre ou six lignes de longueur : tout son corps est noir ou bronzé, couvert de poils gris ou roux, plus ou moins abondans. Le chaperon est échancré et terminé par deux dents aiguës ; le corselet presque arrondi, très-convexe et partagé par une ligne saillante; les élytres sont quelquefois couvertes de petits traits blancs ; d'autres fois presque sans taches.

Cette espèce se rencontre fréquemment par toute l'Europe, surtout sur les fleurs des chardons.

Il paroît que le scarabeus squalidus du Sjstema 'Naturas, n'est qu'une variété glabre et immaculée de la cétoine velue.

Cétoine stictique ; Cetonia stictica, Oliv., tab. 7, fig. Sj ; Panz., fol. 1, tab. 4. Noire ou bronzée, velue ou glabre ; le corselet trapézoïdal non caréné, et portant six points enfon- cés et blancs.

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La cétoine stictique (Draps mortuaire, Geoff.) est de la même grandeur et de la même couleur que la cétoine velue j mais la forme très-différente du corselet, et les dépressions qu'on y remarque de chaque côté de la ligne moyenne, suffisent pour ne jamais confondre ces deux espèces. On observe en outre, dans la cétoine stictique, quatre taches blanches au milieu de l'abdomen ; mais ce caractère nVst pas constant dans tous les individus , et me paroît tenir ¿1 une différence de sexe, comme dans plusieurs autres espèces du même genre^

C'est d'après l'absence de ce léger caractère que M. Fabri- cius paroît avoir distingué sa cétoine funeste, qui est du reste parfaitement semblable à la cétoine stictique.

Cette espèce se rencontre presque toujours dans les mêmes lieux que la précédente. ( C. D. )

CÉTOLOG1E. (Mamrn.) L'abbé Bonnaterre a composé ce mot de deux mots grecs, dont l'un signifie animal marin d'une grandeur extraordinaire, et l'autre, discours; et il l'a employé pour exprimer la connoissance des cétacés. comme on se sert des mots zoologie, ornithologie, pour exprimirla connoissance des animaux, celle des oiseaux, etc. (F. C.)

CETORMÍNUS. (Ichtkyol.) M. de Biainville fait, sous ce nom, un genre des très-grands squales, qui ont les dents petites, coniques et san* dentelures. Voyez !Pèlerin. (H. C.)

CETRACH et Cetracca. (Bot.) Voyez Cétérach. (Lem.)

CETRARIA (Bot.), genre de la famille des lichens, créé par Acharius, et caractérisé ainsi par lui r expansion (thallus) foliacée, cartilagineuse, membraneuse, découpée en lobes multipliés, nue en-dessous ,* portant des conceptacles(apo£/iecia) orbiculaires, planes, ou même un peu concaves, obiiqnemeiit adhérens au bord de l'expansion , et libres en-dessous d'un côté, à contour saillant, infléchi, produit par le relèvement de l'expansion ; l'intérieur de ces mêmes co-nceptacles est cel- lulaire et strié.

Ce genre comprend huit à dix espèces, qui font toutes partie du genre Physcia de M. Decandolle. Nous y revien- drons à cet article. (Lem.)

CEUILLER (Ornith.), ancien nom de la spatule et du savacou. (CH. D.)

CEVADILLE. (BOL) On connoit sous ce nom et sous ceux de

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sebadillo, sabadilli, un petit fruit, composé de trois capsules accolées ensemble, remplies chacune de deux graines. Le botaniste Retz a cru y retrouver la forme du fruit de la varaire, veratrum, etiJ a ajouté à ce genre une nouvelle espèce sous le jiom de veratrum sabadilla.Thunberg, dans une dissertation spé- ciale sur le melanthium, la rapporte à ce genre, qm est d'ailleurs voisin du veratrum. Sans décider la question entre ces deux auteurs, il paroît certain que la cevadille appartient à une plante qui a une grande affinité avec ces deux genres. Elle a une saveur amère et nauséabonde ; et, quand on la mâche, elle excite un flux abondant de salive. Sa principale vertu est de tuer la vermine dont la tête des enfans est souvent garnie. On l'emploie à l'extérieur, en poudre ou en liniment, que l'on mêle dans leur chevelure : mais cet emploi exige quelques précautions; car on cite plusieurs exemples de maux et de vertiges occasionés par l'abus de ce remède. Il es£ encore administré à l'intérieur, en bol, en boisson, en lave- mens, pour tuer ou chasser les vers ascarides, les lombrics, et même le tænia ; l'on doit également agir dans ce traitement avec beaucoup de prudence. (J.)

CEVAL-CHICHILTIC (Bot.), nom mexicain d'une vigne sauvage , suivant Hernandez. ( J.)

CEYLANITE. ( Afin. ) Ce nom a été donné par M. Delà* métherie à une pierre dure, que M* Haüy a nommée pléonasle; mais il a reconnu depuis qu'elle appartenoit à l'espèce du Spinelle, Voyez ce mot, (B.)

CEYVAS (Bot.), nom indien, dérivé de celui de ceiba, donne au fromager, bomhax. (J.)

CEYX ( Entom.), Ceyx, nom nouveau que nous avons donn4 à une réunion d'insectes diptères, à trompe charnue, de notre famille des sarcostomes ou proboscidés.

Nous avions, depuis plusieurs années, séparé ces insectes des mouches, dont ils diffèrent sous tant de rapports, qu'il est presque étonnant qu?on ait jamais pu les réunir. M. Latreille, en adoptant cette coupe très-naturelle, a cru cependant devoir subdiviser notre genre Ceyx en deux, les calobates et les micropèzes, dont la distinction ne repose que sur la forme de l'abdomen et la disposition des ailes. Cette légère diffiV reace ne nous a pas paru suffisante pour admettre deux

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genres parmi ces insectes qui se rapprochent d'ailleurs par plusieurs caractères plus importans. Nous conservons^donc le genre Ceyx tel que nous l'avions d'abord établi, et sous son nom primitif : nous le distinguerons ainsi de tous ceux qui sont voisins. Voyez l'article Calobatê.

Tête ronde, portée sur une espèce de cou; antennes plus courtes que la tête, et à soie simple, rarement plumeuse ; corps cylindrique et alongé, ou ovale-oblong ; pattes fort longues.

Les ceyx sont de petits insectes très-grêles. Leur tête, arrondie, est presque en entier formée des deux yeux, entre lesquels sont placées deux antennes très-courtes, dirigées en avant, et composées de trois articles: les deux premiers peu appareris; le troisième, en palette, garni à sa base d'iyie soie simple ou plumeuse. La bouche diffère très-peu de celle des mouches ; la trompe est courte et membraneuse, et porte deux petits palpes filiformes; la tête et le corselet sont réunis au moyen d'un cou très-distinct ; le corselet est oblong ou ovoïde, un peu moins large que la tête; l'abdomen est très- alongé, cylindrique, rétréci à sa base, ou ovale-oblong, plus court ou plus long que les ailes qui sont couchées horizonta- lement ou écartées dans l'état de repos; les pattes, surtout les postérieures, sont très-longues.

On ne connoît pas encore les métamorphoses de ces insectes, qui, dans l'état parfait, vivent sur les plantes, et surtout sur lès plantes aquatiques. On voit même quelques espèces courir à la surface des eaux tranquilles, les ailes étendues.

Ceyx a genoux noirs ; Ceyx cothurnatus, Panzer, f. 54 , tab. 20* Soie de l'antenne plumeuse; le corselet noir, nuancé de g ri* argenté ; les pattes testacées ; les quatre derniers genoux noirs.

Ce ceyx a le front et les antennes rougeâtres; le corselet ovoïde-oblong, noir, garni, surtout en-dessous, d'un duvet argenté, très-court; l'abdomen, d'un noir luisant en-dessus, est roussàtre en-dessous, et à l'extrémité, dans les femelles seulement; les pattes sont d'un jaune très-pàle; les quatre dernières portent une bande brune sur les cuisses, très-près du genou.

La mouche petronelle, des éditeurs de Schellenberg, figurée tab. VI, fig. i , qui n'est pas celle de Linnæus, me paroît être le même insecte que le ceyx H genoux noirs.

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On la trouve communément par toute l'Europe, dans Ies endroits marécageux.

Ceyx a bandes ; Ceyx corrigiolatus; Musca corrigiolata, Linn.? Soie de l'antenne simple ; le corselet jaunâtre en-dessous ; les cuisses testacées, une seule bande brune au - dessus des ge- noux.

Cette espèce, presque aussi grande que la précédente, aie front un peu saillant et rougeâtre, ainsi que les antennes; tout le dessus du corps est d'un brun foncé, et le dessous d'un jaune sale; les bords des anneaux de l'abdomen sont gris ; les cuisses testacées ne portent qu'une seule bande brune ; les tarses sont d'un gris foncé sale.

Cette espèce habite les lieux humides en Europe.

Ceyx filiformé; Ceyxfiliformis; Muscafiliformis, Fab. Schell., tab. VI, f. î. Soie de l'antenne simple ; le corselet entièrement noir; les cuisses d'un brun jaunâtre, les antérieures à plusieurs bandes brunes.

Cette espèce est plus petite et encore plus grêle que les autres ; tout son corps est noir, à l'exception du front, très- proéminant qui est rougeâtre, ainsi que les antennes, et de l'abdomen qui est brun en-dessous ; le bord des anneaux de l'abdomen, en-dessus, est, comme dans l'espèce précédente, légèrement nuancé de gris; les cuisses sont d'un jaune obscur; les postérieures n'ont qu'une bande noire, les antérieures en ont deux ou trois ; les jambes et les tarses sont bruns.

Cette petite espèce se rencontre dans les bois, surtout sur les genêts. (C. D.)

CEYX. (Ornith.) On a fait, dans ce Dictionnaire, au mot Alcyon, une section particulière de l'espèce de martin- pêcheur qui differoit des autres en ce qu'elle n'avoit que trois doigts, ou que l'un de ceux de devant n'existoit pas au dehors. Pallas a consacré un article assez étendu à cet alcyon 7 alcedo tridactyla, pag. 10 et suiv. du 6.® fascicule de ses Spicilegia, où l'oiseau est représenté pl. 2, fig. 1 ; et M. de Lacépède en a fait son cinquante-huitième genre, sous le nom de Ceyx. Depuis que l'on connoît cette espèce, une autre a été découverte dans l'Australasie, et Shaw, qui l'a nommée alcedo tribrachys, en a donné la figure tom. 16, pl. 681 de ses Mé- langes d'Histoire naturelle. Elle est de la même taille et de la

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même couleur que le martin-pêcheur commun, alcedo ispida, Linn., c'est-à-dire, que les parties supérieures sont d'un bleu changeant et plus foncé sur les ailes, et que le dessous du corps est roux ; les deux doigts de devant sont d'une longueur presque égale. (Ch, D.)

CEZÉ. (Bot.) Dans le Languedoc et là Provence, on nomme ainsi le ciche ou pois chiche, cicerarietinum. (J.)

CHAA, Munis, Neschasch (Bot.), noms arabes de l'inule odorante, cultivée dans le territoire d'Yéinen, à cause de son parfum, et mêlée dans les cheveux aux jours de fêtes. On mange ses feuilles crues; en fumigation, elle soulage les hémorroïdes. Les Chinois donnent aussi au thé le nom de chaa, et celui de chaa-ouaw à la camellie, camellia japónica, qui a beaucoup d'affinité avec le thé. (J.)

CHABANES. (Bot.) Dans quelques départemens, on donne ce nom à un petit champignon qui croît sur les débris de l'écorce de noyer. M. Pau^t le rapporte à sa peuplière brune, espèce d'agaric , d'abord blanche, puis de couleur brune ou noisette, à feuillets blancs. Sa chair, ferme et blanche, n'est point malfaisante; au contraire, ajoute Paulet, elle est très-bonne à manger, comme je m'en suis convaincu moi-même.

Ce champignon paroît être le même que celui mentionné par Micheli, et que cet auteur florentin nous dit être le champignon qu'on mange en Italie, sous les noms de gelone, car delà et cerrena. (Lbm.)

CHABASIE. (Min.) On ne connoît encore aucun principe sur lequel on puisse s'appuyer pour réunir les minéraux en familles, comme on l'a fait à l'égard des animaux ou des végétaux. Cependant certains caractères frappans, communs à plusieurs pierres, ont porté à établir quelques familles qui semblent avoir été adoptées par les minéralogistes. Telles sont celles des gemmes, de quelques-unes des pierres que l'on nommoit schorl, etc. ; mais il faut se défier de ces appa- rences extérieures, qui n'ont souvent aucun rapport réel avec les propriétés essentielles des minéraux, tirées de leur composition ou de l'ensemble de leurs qualités physiques. Telle est enfin celle des zéolithes, dont la pierre qui va nous occuper fait partie.

La chabasie a souvent été désignée sous le nom de zéolithe

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cubique, parce que sa forme primitive, que l'on trouve quel- quefois dans la nature, est un rhomboïde tellement voisin du cube qu'il est excusable de l'avoir pris au premier aspect pour ce solide. En effet, l'angle au sommet de ce rhomboïde est de 93o 36'.

La chabasie doit être placée à la fin des pierres dures. Elle raye à peine le verre blanc de Bohème, mais ne raye pas Je verre d'Alsace. Elle se fond au chalumeau en un émail blanc, et se boursoufle un peu avant de se fondre. C'est un des caractères communs à la famille des zéolithes ; mais elle ne se résout point en gelée dans les acides, comme le font la plupart de ces pierres. En ajoutant à ces caractères faciles à observer, que cette pierre se présente ordinairement en petits cristaux d'une forme à peu près sphéroïdale (1), on pourra la reconnoitre facilement, quels que soient d'ailleurs sa couleur et ses autres caractères de variété. Sa pesanteur spécifique est de 2,7176.

La chabasie de l'ile de Feroë est composée, d'après M. Vau- quelin, des principes suivans :

Elle présente peu de variétés; celles qui sont relatives à sa forme se réduisent à trois : la primitive, la trirhomboïdale qui est la plus commune, et la disjointe. Ce sont en généra! des cristaux presque cubiques, entiers ou tronqués sur la plupart de leurs angles ou de leurs arêtes. Si les facettes qui composent le trirhomboïdale, prises successivement six à six, étoient continuées de manière à cacher les autres facettes, elles

(1) Nous entendons par là des cristaux dont les dimensions en Hauteur, largeur et profondeur, sont à peu près les mêmes. Les formes générales des cristaux secondaires sont intimement liées avec leur forme pri- mitive, parce quelles sont une conséquence de la loi de sj'métrie. Elles, peuvent donc souvent être employées, avec utilité et même avec pré- cision , comme caractères des minéraux.

Silice 48,33
Alumine 22,66
Chaux 3,34
Soude et potasse, 9,84
Eau 21

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áonneroient trois différens rhomboïdes. C'est une propriété assez remarquable de cette variété de forme.

Sa couleur ordinaire est le blanchâtre mélé d'un peu de rose. Souvent ses cristaux sont recouverts d'un enduit d'oxide de fer rouge ; ce qui les fait paroître de cette couleur. Elle est translucide, et quelquefois transparente.

La chabasie se trouve en cristaux épars dans les fissures de quelques roches basaltiques et des roches à base de cor* néenne. Elle s'y montre en cristaux implantés dan9 des géodes siliceuses, qui sont elles-mêmes éparses dans ces roches. Elle y est accompagnée de chaux carbonatée spathique , de chlo- rite, etc. C'est surtout dans la carrière d'Altenberg, près d'Oberstein, qu'on l'a trouvée de cette seconde manière. Les géodes volumineuses qui la renferment, sont composées de couches d'agates, et tapissées dans leur intérieur de cristaux de quartz.

On la trouve aussi dans les laves et les variolites de l'Islande et de l'île de Feroë* ; dans les cavités des roches trappéennes des îles de Mull et de Skye ; dans celles du nord de l'Irlande; dans les roches basaltiques de l'ile de Bourbon, etc.

Le nom de chabasie avoit été donné par les anciens à une pierre que l'on ne connoît plus. M, Bosc d'Antic l'a appliqué à la pierre que nous venons de décrire. (B.)

CHABAZIZI. (Bot.) Rumph, parlant du teker des Malais, qu'il nomme cyperus du le is, vol. 6 , p. 7, t. 3, fig. 1, dont les racines sont garnies de tubercules beins à manger, fait mention en même temps d'un autre souchet également tuberculeux , qui croît aux environs de Vérone , et qui y est nommé trasL C'est le cypcrus dulcis des anciens auteurs, le souchet comes- tible , cypcrus esculentus, des modernes. Il regarde celui-ci comme le même que VhabcUztlim cité par Sérapion et d'autres auteurs arabes, qui croît dans la Barbarie, l'île de Malte et la Sicile, où il est nommé chabaziù; et il pense encore que Yhabel-assis, ou altsis " de Tripoli, qui, au rapport de Rauwolf, se vend dans cette ville comme comestible, doit être le même. Cela paroît confirmé par une indication du botaniste italien Micheli, qui dit que le souchet comestible est apporté d'Afrique k Livoume, où on le cultive dans les jardins sous le nom de lraeicci. Mais il paroît que la plante indienne de Rumph est

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différente, d'après sa figure, qui représente, non un souchet, mais un scirpe à épi simple et terminal, voisin du scirpe articulé. ( J.)

CHABIN. (Mamm.) Sonninidit qu'on donne ce nom, dans les Antilles françoises, au mulet provenant de l'accouplement du Loue et de la brebis. (F. C.)

CHABOISEAU, Chaboisseau. (IchthyoL) C'est un des noms vulgaires du scorpion de mer. Voyez Cotte. (H. C.)

CHABOT (IchthyoL), nom vulgaire du cottus gobio de Linnæus, par lequel on désigne aussi très-souvent le genre qui le renferme. Voyez COTTE. (H. C.)

CHABOT DE L'INDE. ( IchtkyoL) C'est le nom que l'abbé Bonnaterre donne à un poisson des Indes, qui est le cottus monopterygius, de Linnæus, Vaspidophoroïde tranquebar de M. de Lacépède, Yagonus monopterygius, de M, Schneider. Voyez Aspidophoroïdé. (H. C.)

CHABRÆA. (Bot.) [Corymbifères, Juss.; Syngénésiepolygamie égalef Linn. ] Ce genre de plantes, de la famille des synan- thérées, appartient à notre tribu naturelle des nassauviées. Il a été établi sous Je nom de chabrœa par M. Decandolle, sous le nom de lasiorrhiza par M. Lagasca, et sous celui de rhinactina par Willdenow. Voici ses caractères , tels que nous les avons nous-même observés, et qui diffèrent un peu de ceux qu'ont donnés les auteurs du genre.

La calathide est radiatiforme, multiflore, labiatiflore, andny* gyniflore. Le péricline, plus court que les fleurs, est formé de squames plurisériées, à peu près égales, subfoliacées, oblongues. Le clinanthe est nu. L'ovaire, cylindracé, hérissé de papilles, porte une longue aigrette composée de squamel- lules unisériées, égales, filiformes-laminées, barbées, un peu entre-greffées à la base. Le limbe de la corolle est divisé en deux lèvres: l'extérieure grande, étalée, colorée, ovale, tridentée au sommet; l'intérieure petite, roulée, décolorée, subulée, le plus souvent indivise, quelquefois partagée jusqu'à sa base en deux lanières cirrhiformes. Les fleurs de la couronne diffèrent de celles du disque, en ce que la lèvre extérieure est notablement plus grande.

La Chabrée poürpre ; Chabrœa purpurea, Dec. (Perdicium purpurcum, Vahl), est une petite plante herbacée, à racine

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vivace, du détroit de Magellan, chargée de longs poils mous et blanchâtres ; la tige, proprement dite , est presque nulle? les feuilles sont alternes, très-profondément pinnatifides, à pinnules incisées, obtuses ; les calathides, composées de fleurs rouges, sont solitaires à Textréinité depédoncules scapiformes, axillaires, plus longs que les feuilles.

M, Lagasca rapporte au même genre le perdicium brasiliense, que M. Decandolle , au contraire , range dans le genre Trixis, avec le perdicium radiale.

Il nous paroît difficile de déterminer lequel, de MM.Decan- dolle , Lagasca et Willdenow, doit être considéré comme le premier auteur du genre, et par conséquent lequel des trois noms de rhabœa, de lasiorrhiza, ou de rhinactina , doit être t préféré. Les trois botanistes ont, à cet égard, des droits à peu près égaux.

Le nom de chabrœa, autrefois employé par Adanson pour désigner le genre Peplis de Linnæus , rappelle Dominique Chabrey, ancien botaniste genevois. Le nom de lasiorrhiza exprime que le collet de la racine est hérissé de poils laineux.

Il paroît que M. Decandolle , avant d'adopter définitivement le nom de chabrœa, avoit successivement donné à ce même genre les noms defrageria et de bertolonia, (H. Cass.)

Chabræa. Ce nom avoit été d'abord adopté par Michaux pour son genre Pleea, et placé au bas de quelques-unes des gravures; il a été depuis remplacé par celui de Pleea. Voyez ce mot. (Poir.)

CHABRONTÈRE(IcJiihyoL), nom spécifique d'un malirmat de la mer Méditerranée. Voyez Malarmat et Péristédion.( H. C.)

CHABUISSEAU. (IchthyoL) Suivant M, Bosc, les pêcheurs de la Rochelle appellent ainsi un petit poisson qui a une ligne bleue assez large de chaque côté du corps. On ignore à quel genre il appartient.

On donne aussi ce nom à une çspèce d'able, leuchcus jeses (cyprius jeses , Linn.) Voyez Able. (H. C. )

CHACAL (Mamm.), nom que donnent les Orientaux à une espèce du genre Chien, et que les naturalistes ont adopté.

Quelques auteurs ont nommé chacal gris une autre espèce de chien, le canis mesomelas, qui se trouve à l'extrémité méridionale de l'Afrique. Voyez CHIEN. (F. C.)

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CHACAMEL. (Ornith.) Ce nom a été formé, par contrac- tion, de celui de chachalacametl, qui, en mexicain, signifie oiseau criard, et sous lequel Fernandez (Hist. av. Nov. His- panice, cap. 41 ) en a donné une courte description. Sonniní regardoit cet oiseau comme identique avec le rancanca, 011 petit aigle d'Amérique (tom. 38, p. 69, et 42 , p. 318 de son édition de Buffon) ; mais rien en lui n'annonce un oiseau de proie, et c'est bien plutôt un gallinacé de la famille des alec* tors, qui comprend les hoccos , lespawxis, les gitans, les par- raquas. Le chacamel a, d'après Fernandez , les parties su- périeures brúñesele dessous du corps d'un blanc livide, le bec et les pieds bleuâtres, couleurs qui n'appartiennent posi- tivement à aucune espèce connue des genres qu'on vient d'indiquer ¡ mais, comme les hoccos, il se tient ordinairement sur les montagnes, y niche , y élève ses petits; et son cri , retentissant et souvent répété, lui donne de nouveaux rapports avec eux. C'est le crax vociferans de Latham, et la penelope vociferans de Gmelin. ( Ch. D.)

CHACAN GUAR1CA, ou Pumaqua (Bot.) , noms mexi- cains du rocou, bixa, suivant Hernandez. Il dit que son écorce sert à faire des cordes plus solides que celles qui sont fournies par le chanvre, et que sa graine fournit aux peintres une cou- leur ; mais il ne parle pas de l'emploi habituel de cette matière colorante chez les nations sauvages des Antilles et de l'Amé- rique méridionale, qui en enduisent leur corps pour se pré- server de l'humidité et des piqûres d'insectes. (J.)

CHACANI, Checani , Tsjékani. ( Bot. ) C'est sous ces noms que, suivant Clusius et Rumph, on connoît, aux environs de Cochin, sur la côte Malabare, le palmier arec, areca cathecu , qui est le faufel des Arabes. ( J. )

CHACARILLE, Chacrelle, Chacrjl. (Bot.') Voyez CASCA- aiLLE. (J.)

CHACAYE. (Bot. ) Arbre ou arbrisseau du Pérou, ainsi nommé dans l'Herbier de Dombey, et qui paroît appartenir au genre Nerprun, ou au moins à la famille des rhamnées. Il a des feuilles opposées, petites , ovales, crénelées , assez semblables à celles de l'apalachine ; de leurs aisselles sortent ou des épines, ou des pédoncules courts chargés de quelques fleurs k quatre divisions, et munies de quatre étamines. On ne

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áoii pàsle Cbnfondre arec le chachas du même pays, dont les caractères sont très-différens. (J.)

CHA-CHA (Ôrnith.), nom donné, d'après son cri, à la grive litorne * tardas pilaris , Linn., que dans quelques dépar* temens on appelle aussi cla-cla. (CH. D.)

CHACHACOMA* Chachas (jBot.) , noms péruviens d'un gtereoxyle, stereoxylum rcsinosum, cité dans la Flore du Pérou¿

(J.)

CHACHALACAMETL. (Ornith.) Voyez Chacamel. (Ch.D.) CHACHALTSCHA. (IchthyoL) Suivant M.Tilésius, c'est Ut nom que les habitans de quelques côtes du nord de l'Asiè donnent à une sorte de gastérostée. Voyez Chakal. (H. C¿) CHACHAS. (Bot.) Voyez Chachaco ma. (J.)

CHACHAUATOTOTL. (Ornith.) Fernandez, qui parler ehap. 188, de cet oiseau de passage au Mexique, le décrit comme étant un peu plus grand que le chardonneret, et ayant le dessous du corps jaune, les autres parties mélangées de bleu r de noir et de cendré ; le bec noir, et les pieds bruns. (CH. D.)

CHACHAUL(Boi.),espéce de calcéolaire du Chili, calceo- laria serrata, de M. Lamarck, qui passe dans le pays pour vulnéraire ; on l'applique sur les blessures, après l'avoir séchée /

et réduite en poudre. ( J. )

CHACURU. (Ornith.) Af. d'Azaraa donné* sous le n.° 261; de ses Apuntiamentos para la Historia natural de los Paxaro$ r la description d'un oiseau ainsi nommé par les Guaranis à cause de son cri, et qui paroît -être le tamatia de Buffop* Voyez-en la description à la section 3.* des Barbus, Suppl. du tome IV de ce Dictionnaire. (Ch. D.)

CHAD A, ( Bot.) nom arabe d'une plante que For^kaçldésiçjii" sous celui de geranium arabicutfi, et dont la décoction, apjpl£- quée en fomentation ou en lavage, calme les douleurs d^ la tête. Ëlle porte aussi, dans d'autres cantons, les. noms de talab et de guast. ( J. )

CHADAR. (BoL) Suivant Forskaèfl, ce nom arabe est donné soit au mesua glabra, soit à un de ses genres nouveaux, qu'il a nommé, par cette raison, chadara¿ et que Vahl a supprimé en réunissant au grema les deux espèces qui .y étoient rap- portées, dont l'une est aussi nommée en Arabie sarak, et l'autre natcham* ( J. , . \ ,

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CHÀDÀRA (Ornith.), nom que porte, en Daourie, to oiseau du genre Corbeau, qui a d'abord été décrit par Pallacfc ious la dénomination de corvus cyantus, et ensuite par M.Levaillant, sous celle de pie bleue à tête noire; Ôis. d'Afiv, tom. 2 , pl. 58. ( CH. D. )

CHADASCH. ( Bot. ) C'est un de" deux arbres inconnus à Forskaël, et cités par lui à la suite d'un amyris, comme ayant avec lui quelque affinité. ( J. )

CHADDÆIR ( Ornith.), nom donné en Egypte à un guêpier qttî est le merops œgyptius de Forskaël, et une variété du merops viridis de Gmelin et de Latham. ( CH. D-)

CHADDIR ou Chadder. ( Bot.) Dans un canton de l'Arabie ce nom est donné, suivant Forskaël, au boerhavia diandra. (J.)

CHADEC. (Bot. ) Un des noms du citronnier des Barbades , €ont le fruit est très-grand. ( J.)

CHADET. ( Conchyl. ) Adanson , Sénég., donne ce nom à Urte espèce de cérite fort voisine du cérite ivoire, ceritium éburneüm de Bruguières, et que M. Bosc paroît rapporter au murex sinensis de Gmelin, qui est le goumier d'Adanson , teritium vulgatum de Bruguières. ( DE B. )

CHADRI ( IchthyoL ), nom arabe cPun scare de la me® Rouge, scarus niger, Forsk. Voyez Scare. (H. C*) CHÆLANTHUS (Bot.), genre de plantes à fleursglumacées, établi par M* Rob. Brawn , pour une plante de la Nouvelle- Hollande, de la famille des restiacées , à fleurs dioïques, fasciculées ; les fleurs mâles n'ont point été observées j les jfemeîies sont composées d'un calice à six écailles très-courtes*, Jrois intérieures beaucoup plus petites, sétacées ; uri ovaire sur- monté d'un seul style et dfan stigmate entier,- une noix à une seule semence environnée par le calice un peu agrandi. ( Poir.)

CHÆLLE. ( Bot.) Forskaël dit que l'ammi ordinaire, ammi majas, est ainsi nommé dans l'Arabie ; le scandix infesta y est nommé chellœ. ( J. )

CHÆNANTOPHORÆ.(2to£.) V.Chénantophores. (H.Cass.) CHÆNOCARPUS. (Bot.) Necker, voulant subdiviser le genre Sparmacoce dans les rubiacées , en a formé trois sous- genres, dont l'Un, chcenocarpus, est caractérisé par l'unité de graine dáns le fruit. Cette unité, résultant d'un avortement,.

été regardée comme un caractère insuffisant. ( J")

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CttÀ st

CîLïNORAMPHE. ( Omiih. ) L'oiseau pour la description ttuquel on a renvoyé è te mot, page 186 du tome IV de ce Dictionnaire, fcst celui qùe Buflfbn a désigné scris le nom dé bec-ouvert, ët dont le caractère distinctif est d'avoir les deux mandibules excavées dans leur milieu, où elles laiásent un vide, le bec étant fermé. Sa taille, son port ¿ ses habitudes ¿ le rapprochant des hérons ; Linnæus et Latham Tout placé dans ce genre : mais, outre la singularité que présente son bec " la mandibule supérieurè n'a pas une rainure longitudinale , et l*oogle du doigt intermédiaire n'est pas dentelé, comme ches les hérons; d'ailleurs* au rapport de Sonnerat, ses trois doigts de devant softt unis, jusqu'à la première articulation, par une membrane qui h'existe chez les hérons qu'entre les deuic doigts extérieurs, et ces diverses circonstances étoient bien suffisantes pour autoriser l'établissement d'un genre séparé. M. de Lacépëde, en lai donnant le nom d'hians, béant, expri-* moit asset bien l'état habituel et remarquable des mandi- bules ; mais cet adjectif avoit l'inconvénient de ne pouvoir être employé pour désigner substantivement Findividu, et il étoit naturel de préférer le mot anastomus, originairement donné par Bonnaterre , dans l'Encyclopédie méthodique, et qui depuis a été adopté par Illiger et par d'autres ornitholo- gistes. Ce terme, plus doux à l'oreille que celui de thæno-* ramphe, auroit même été employé ici pour éviter l'inconvé- nient des innovations qui ne sont pas absolument néces- saires, si, avant la publication du Prodromus de M* Illiger ¿ on n'avoit proposé le mot chænoramphe, tiré de %euife*Vy hians r et de ptt/A$oç, rostrum*

Les caractères génériques du chœnoraxnphe, qite l'on tient seulement de considérer relativement aux modifications qui distinguent cet oiseau des Hérons, consistent, dans leur ensemble , en ce qu'il a le beà plus long que la tête, épais ¿ comprimé latéralement, les mandibules voûtées* et laissant dans leur milieu un espace vide ; la mandibule supérieure garnie de petites dents, depuis le Centre jusqu'à l'extrémité f et l'inférieure lisse j les narines linéaires, situées près de la base du bec ; la fece nue ou garnie de plumes ; les jambes dégarnies de plumes au-dessus du genou ; les doigts antérieurs réunis par une membrane* le pouce presque aussi ¿ong et

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touchant à terre dans toute son étendue ; l'ongle intermé- diaire aplati et sans dentelure; les pieds garnis d'écailles.

M. Cuvier, ayant remarqué une sorte d'usure dans les fibre" de la substance cornée du bçc , pense que le vide existant entre les deux mandibules est dû en partie à la détri- tioi ; mais quand, chez les vieux individus, l'emploi des mandibules auroit. contribué à agrandir cet espace, le vide existe sans doute dès la naissance de l'oiseau , et sa destina- tion paroissant être de lui faciliter les moyens de retenir les poissons et les reptiles qu'il a saisis , sans être obligé d'écarter l'extrémité de ses mandibules, cette conformation, ne semble pas devoir être envisagée, avec Buffon, comme une sorte de dégradation.

Les naturalistes adoptent assez généralement deux espèces de chænoramphes , dont la première, envoyée à Buffon par Sonnerat, est représentée dans les planches enluminées , sous le n.° 932 , et la seconde dans le Voyage aux Indes, tom. 2, pl. 122 , mal à propos numérotée 219. Celle-là , que Gmelin et Latham nomment ardea pondiceriana, parce qu'elle vient de Pondichéry, a les ailes poires, et tout le reste du plumage d'un gris cendré, avec quelques mouchetures longitudi- nales noirâtres sur la tête et le cou ; les pieds jaunâtres, et le bec de la même couleur, avec la racine noirâtre : sa. taille est de treize à quatorze pouces.

La seconde espèce, qui est Y ardea çoromandeliana -des mêmes auteurs, n'a pas seulement les pennes des ailes noires, mais le dos et la queue ,' jusqu'à l'extrémité de laquelle les ailes s'étendent ; le reste est blane, mais relevé au sommet et aux côtés de la tête par des plumes effilées , qui se re- dressent et présentent de petites baguettes noires y les pieds et le bec sont d'un jaune roussâtre. Jusque-là cette espècç sembleroit n'être que le mâle adulte de'la première, qui a tous les caractères du jeune âge. Aussi, Sonnerat ne regarde- t-il les deux individus dont on lui doit la connoissance, que comme de sçxe différent ; et la seule circonstance qui puisse en faire douter , c'est que le second a une peau nue , de couleur noire entre le bec et les yeux, et une autre qui, de la mandibule inférieure, s'étend jusqu'à la.gorge. Quant à la dentelure de la mandibule supérieure, si Buffoo n'en a

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point parlé en décrivant le bec-ouvert de Pondichéry, c'est probablement par omission, car sa planche enluminée la olaisse apercevoir; et si, d'une autre part, cette planche n'indique pas entre les doigts la membrane qu'on observe entre ceux de l'individu dessiné par Sonnerat, c'est vraisem-* hlahlement parce que ces peaux se seront retirées en se desséchant, et n'auront plus été sensibles après un long voyage"

Au reste, le chænoramphe ou bec-ouvert blanc, le seul des habitudes duquel Sonnerat ait parlé , se trouve à la côte de Coromandel pendant les trois derniers mois de Tannée, et, comme les hérons, il se tient alors sur le bord des étangs et des rivières, où il se nourrit de reptiles et de poissons. (CH. D.)

CHÆTANTHERA. (Bot.) [Corymbifères , Juss. ; Syngénésie polygamie superflue, Linn. ] Ce genre de plantes, de la famille des synanthérées, appartient à notre tribu naturelle des mu- tisiées. Il a été établi dans la Flore du Pérou et du Chili, par MM. Ruiz et Pavon, qui en ont décrit deux espèces sous les noms de Chætanthera ciliata et de Chætanthera serrata* Depuis , MM. Lagasca et Decandolle ont avancé, le premier avec doute , le second avec assurance , que le perdicium ¿hílense, Willd., appartenoit au même genre ; et M. Decan- dolle soupçonne qu'il y a lieu d'y réunir également le perdi- cium lactucoides, Vahl, que M. Lagasca, au contraire, attribue avec doute à* son genre Perezia ou Clarionea. Quoi qu'il en soit, la chètanthère ciliée devra toujours, selon nous , être considérée comme le vrai type du genre ; et voici ses carac- tères tels que nous les avons nous-même observés dans l'Herbier de M. de Jussieu, sur un individu de cette espèce ; ils diffèrent en quelques points de ceux qui ont été admis jusqu'ici par les botanistes.

La calathide est radiée ; composée d'un disque multiflore r équaliflore , labiatiflore , androgyniflore , et d'une couronne unisériée , biliguliflore, féminiflore ; elle est involucrée. L'involucre , égal au péricline, est formé de bractées folii- formes. Le péricliné , égal aux fleurs du disque, est composé de squames imbriquées, largement linéaires : les extérieures surmontées d'un appendice bractéifonne ; les intérieure#

i

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formant au sommet une sorte d'appendice ovale, scarieux et noirâtre. Le dinanthe est plane et parfaitement nu ; To? vaire est cylindracé, hérissé de fortes papilles charnues; l'aigrette est composée de scjuamellules filiformes, barbellu- lées. Les fleurs labiées ont la corolle divisée supérieurement en deux lèvres également longues : l'extérieure tridentée au sommet; l'intérieure, un peu plus étroite, entière ou bidentée? leurs étamines ont les filets larges, laminés, greffés seulement à la partie basilaire de la corolle ; les appendice? apicilaire* très-long?, linéaires, aigus, entre-greffés ; les appendices basi- Jaires longs, filiformes, plumeux ou barbus, libre*. Les fleurs biligulées ont la languette extérieure très-longue, large, tri- dentée au sommet, couverte sur la face externe de longs poils opprimés ; et la languette intérieure plus courte, extrêmement étroite, membraneuse, çirrhiforme, constamment indivise : pelles portent cinq rudiment d'étamines libres, avortées, et réduites au seul appendice apicilaire.

La chétanthère ciliée est une plante herbacée, haute de six a huit pouces, à racine presque simple, pivotante, tortueuse, comme celle de la plupart des plantes annueUes. La tige, droite, cylindrique, pubescente, se divise, à deux pouceç de sa base, en plusieurs rameaux presque simples, inégaux, dressés, naissant du même point. Les feuilles sont alternes, sessiles, semi-amplexicaules, lancéolées, glabres, luisantes, dentées en scie ; chaque dent prolongée en un long cil. Les calathides, solitaires au sommet des rameaux, sont assez grandes , composées de fleurs jaunes, et munies d'un involucre formé yd'un grand nombre de bractées foliiformes. Cette plante habite les champs et les collines du Chili.

Nous avons analysé une calathide du pcrdiçium chilense7 et nous y avons reconnu tous les caractères essentiels dq jgenre Chcctanthera. Le perdicium lactucoides , au contraire, nous a présenté des caractères tels que, loin d'appartenir h ce genre, il n'appartient même pas à la tribu des muti- lées. Nous en dirions autant de chætanthera serrata , sjL jOLOus étions sûr que la plante nommée ainsi dans l'Herbier de ÎL Desfontaine? est celle de Ruiz et Payon, ce qui est peif

du genre dont il s'agit exprime un caractère commuât

probable. Le nom

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CHA Sí

i toute la tribu celui d'avoir les anthères munies d'appendices basilaires sétiformes. (H. CASS.)

CHÆTARIA (Bot.), Beauv., Agrost., pag, 3o, tab. 8, fig. 5 et 6. M. de Beauvois, dans son Agrostographie, ayant établi une différence entre les soies et les paillettes des graminées" s'en est servi pour caractère générique. La soie, d'après lui , est le prolongement d'une nervure dont la base fait partie de la substance des valves ou paillettes. L'arête est une substance \ dure, coriace, insérée subitement sur les valves, souvent sans une origine apparente ; die sert fréquemment comme d'étui à la soie qu'elle embrasse, et à laquelle elle adhère fortement,. En admettant cette distinction, peut-on l'employer seule, comme un caractère essentiel, suffisant pour établir de nou- veaux genres sur des espèces placées déjà dans d'autres genres qui semblent assez naturels, tels que les stipa de Linnæus ? M. de Beauvois n'en conserve que le très-petit nombre d'es- pèees, dont l'aréte est simple, non caduque, placée entre deux soies qui terminent la valve ; tandis que, dans le chœtariar la valve inférieure est plus souvent prolongée en une pointe terminée par trois soies le plus souvent égales : point d'aréte proprement dite. (Poir.)

CHÆTOCARPUS. (Bot.) Schreber a substitué ce nom a celui de pouteria qu'Au blet avoit donné à un de ses genres de plantes de la Guiane. L'un et l'autre doivent être supprimés, parce que M.Swartz a réuni avec raison ce genre à son labatia9¡ qui appartient à la famille des ébenacées. (J.)

CHÆTOCHILUS DU BRÉSIL (Bot.), Chœtochilus laterijlorus, Vahl, Enum. I, pag. îoi. Genre établi par Vahl pour un arbrisseau du Brésil, qui se rapproche beaucpup des schwenkia9 dont il ne diffère essentiellement que par les découpures de la corolle privée des cinq plis ou dents glanduleuses qui carac- térisent les schwenkia. Il se rapproche beaucoup de la famille des labiées, et doit être placé dans la diandrie monogjnie de Linnæus. Ses rameaux sont alternes, cylindriques, un peu velus vers leur sommet ; les feuilles alternes, pétiolées, ovales, glabres, longues d'un pouce ; les pédoncules solitaires, axil- laires ou opposés aux feuilles, uniflores. Le calice est tubulé, glabre, presque à deux lèvres, à dix nervures ; la lèvre supé- rieure bifide j l'inférieure à trois découpures égales, subulées ¿

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la corolle longue d'un pouce et demi , son tube presque fil!* forme ; le limbe profondément divisé en Cinq découpures très* étroites, linéaires, les trois inférieures un peu plus longues ; deux fi la mens plus courts que le tube, insérés vers son milieu ; l'ovaire supérieur ; un stigmate obtus ; une capsule turbinée , acuminée, surmontée de quatre dents, à deux loges poly- spermes; une cloison alongée et comprimée. (POIR.)

CHÆTOCRATER,. (Bot.) Ce genre de la Flore du Pérou, dont on ne connoît jusqu'à présent que le caractère géné- rique, paroît n'étre qu'une espèce d'anevinga de Lamarck, ou casearia de Jacquin, remarquable de même par un style simple surmonté de trois stigmates, et par des étamines en jiombre défini,et des soies ou écailles intermédiaires, réunies les unes aux autres, à leur base, en un anneau. (J.)

CHÆTOPHORA. (Bot.) M. Agardh forme sous ce nom un genre auquel il ramène un certain nombre d'espèces de rivu- laires et de nostochs (lincha, Micheli ; tremella, Linn.) , qui se conviennent par leur nature gélatineuse, deforme déterminée^ et contenant des filamens articulés. Ce dernier caractère est exprimé, par le nom grec çhœtophora.

L'espèce principale est le chœtophora, feuille d'endive , dont M. Desvaux a fait un genre particulier, qu'il appelle myriodac- ïylon. C'est une tremelle pour Hudson, une rivulaire pour B.oth, et le batrachosperme fasciculé de Vaucher et de Decandolle. Elle croît dans les ruisseaux ? sur les pierresr Voyez Rivulaire et Nostoch.

Muller, FI. Dan., pl. 660, s'est servi le premier du nom de chœtophora pour désigner deux espèces de ce genre, qui sont hérissées, à l'extéfieur, de filamens simples ou articulés. On les avoit réunies aux copferves de Linnæus. (Lem.)

CHÆTOSPQRE (Bot. ), Chœtospora, genre jusqu'à présent uniquement composé d'espèces originaires de la Nouvelle-Hol- lande , de la famille des cyperacées , de la triandrie mono- gynie de Linnæus, qui ne diffère essentiellement des schœnus (choin ) que par les soies qui accompagnent l'ovaire à sa base.

Ce genre, établi par M. Rob. Brown, renferme une quin- zaine d'espèces distribuées en trois sous-divisions.

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§ I Epillets composés d?écailles sans nervurés, disposées sur deux rangs.

Chætosporb lanugineux .* Chœtospora lanata, Rob. Brown j Schœnus lanatus, Labill., Nov. Holl,, 1, pag. 19, tab, 20* Ses tiges sont cylindriques, hautes d'un pied, garnies seule- ment à leur base de feuilles capillaires , vaginales , pileuses k l'orifice de leur gaine ; un involucre à une ou deux folioles sétacées , plus longues que les épillets ; ceux-ci , au nombre de deux ou trois, oblongs , un peu comprimés , composés de six à dix écailles lancéolées, lanugineuses à leurs bords ; une semence ovale, un peu triangulaire ; six soies pileuses, plus courtes que les écailles.

Chætospore A feuilles recourbées ; Chœtospora curvifolia t Rob. Brown. Cette espèce se distingue de la précédente par ses feuilles recourbées, par ses épillets à deux ou trois fleurs réunies en une tête globeuse, terminale ; les écailles non lanu- gineuses à leurs bords.

CHÆTOSPORE TURBINE ; Chœtospora turbinata, Rob. Brown. Ses feuilles sétacées sont glabres à l'orifice de leur gaine ; les épillets presque unidores, réunis en une tête turbinée ; les écailles velues à leurs bords.

Chætosporb A courtes soies ; Chœtospora brevisetis. Ses soies sont un peu plus courtes que les semences ; ses épillets presque sessiles, réunis en un faisceau presque turbiné ; les écailles pubescentes à leur contour ; les feuilles barbues à l'orifice de leurs gaines.

CHÆTOSPORE DIFFORME ; Chœtospora deformis, Rob. Brown. Ses tiges sont rudes , cylindriques ; ses feuilles barbues à leur orifice ; les épillets presque solitaires ; l'involucre à une seule foliole ; les écailles lanugineuses à leurs bords ; les soies plu- meuses.

CHÆTOSPORE PEDICELLE ; Chœtospora pedicellata, Rob. Brown. Ses tiges sont lisses, les gaines des feuilles barbues à leur orifice ; les épillets fasciculés, pédicellés, un peu courbés en faucille ; les écailles velues ; les soies très-courtes.

Chætospore A épis élégans ; Chœtospora calostachya, Rob. Brown. Ses tiges sont à demi-cylindriques, garnies de feuilles çn carêne, rudes à leurs bords; les gaines nues, sèches; les

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épillets alterne^, pédonculés, de trois à cinq fleurs ; les écailles nues ; les semences ridées.

CHÆTOSPORB DES MARAIS; Chœtospora paludosa, Rob. Brown, Les feuilles sont glabres, planes, lisses, alternes; ses tiges filiformes, à demi cylindriques; une panicule feuillée; les épillets presque à trois fleurs ; les écailles nues.

CHÆTOSPORB IMBERBE ; Chœtospora imberbis , Rob. Brown* Ses tiges sont filiformes; ses feuilles lisses ; une panicule feuil- lée ; les épillets fasciculés, presque sessiles.

CHÆTOSPORB AXILLAIRE ; Chœtospora axillaris , Rob. Brown. Cette espèce se distingue par ses épillets axillaires et termi- naux, pédonculés, au nombre de deux ou trois, à trois ou quatre fleurs ; les écailles denticulées sur leur caréné ; les tiges filiformes, feuillées.

§ II. Epillets composés d*écailles sans nervures, disposées sans ordre.

CHÆTOSPORE LUISANT; Chœtospora lucens, Rob. Brown. Cette "spèce est la seule de cette sous-division. Ses tiges sont cylin- driques, feuillées à leur base; les fleurs réunies en têtes laté- rales; les écailles luisantes ; les soies plumeuses ; les semences lisses et trigones. '

§ III. Epillets composés f écailles nerveuses à leur base, imbri- quées sur deux rangs.

CHÆTOSPORE A TETB RONDE ; Chœtospora sphœrocephala, Rob. Brown. Les feuilles, toutes placées à la base d'une tige cylin- drique, sont laineuses à l'orifice de leur gaine; les épillets .obtus, à deux fleurs, et réunis en une tête terminale ; des brac- tées entre chaque paquet.

CHÆTOSPORE A DEUX ANGLES, Chœtospora anceps, Rob.Brown. Cette espèce est distinguée parses tiges à deux angles opposés; ses fleurs sont réunies en une tête globuleuse, accompagnée de bractées.

M. Rob. Brown ajoute à ce genre, mais avec doute, deux autres espèces, le chœtospora tetragona, et le chœtœspora stygiao Dans la première, les tiges sont anguleuses, à une seule feuijlç ¿

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CHA. 59

Jes fleur" réunies en un faisceau alongé : dans la seconde, les tiges sont nues, cylindriques; les épillets réunis en tête; les ¿cailles recourbées avec une arête. (POIR.)

CHÆTIA (Entomoz.), nom sous lequel Hill, dans son his- toire des animaux, p. 14, désigne le dragonneau, gordius aquaticus. ( De B.)

CHAFOIN. (Mamm.) On a parlé très-obscurément, sous ce pom, d'un animal d'Amérique qui paroit se rapprocher des pnoufettes. (F. C.)

CHAFUR. (Bot.) L'averon, aven* fatua, est ainsi nommé ¿dans l'Arabie, suivant Forskaël. (J.)

CHAGARET-JSL-GEMEL. (Bot.) Ce nom, en Egypte, ¿ignifie herbe du chameau. Il est donné, suivant M. Delille, à Yavena pensylvanica de Forskaël, qui est Y avena Forsialii de Vahl. Le çhagajret-el-arneb, ou herbe du lièvre, dont Forskaël a fait son genre Arnebia, est, selon Vahl, un grémil, litho- spermum amebia. M. Delille nomme chagaret"eUnadeb le lichen parietinus, qui e$t maintenant le parmelia parietina d'Acharius" (j.)

CHAGARI. (Bot.) Suivant Marsden, la liqueur sucrée que l'on retire à Sumatra, du palmier arec, devient, en s'épaissis- sant, le jaggrée ou sucre du pays, que les François prononcent fhagari; et il croit que Je nom de saccharum, sucre, en est ,dérivé. (J.)

CHAGAS (Bot.)j nom portugais de la petite capucine, tropœolum minus. (J.)

CHAGNOT. (Ichthyol.) C'est un des noms vulgaires fran- ¿ois du carcharías glaucus. Voyez CAGNOT BLEU (Supplément du 6.9 volume ) et CARCHARÍAS. (H. C.)

CHAHA (Ornith.), nom que porte aux Indes un tiklin, on râle des Philippines, qui forme la quatrième variété du Rallus philippensis, Lath., et que M. Vieillot a placé dans son genre forzane. ( Ch. D. )

CHAHRAMAN (Ornith.) , nom que les Egyptiens donnent au tadorne, anas tadoma9 Linn. (CH. D.)

CHAHUIYOU (Bot.), nom caraïbe, suivant Surian, du pharus latifolius, genre de plantes graminées. (J.)

CHAHYN ( Ornitho ), nom arabe du faucon, falco communis, Linn. (CH. D.)

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CHAlA. (Ornith.) Cet oiseau, de l'Amérique méridionale, ayant beaucoup de rapports avec les jacanas, parra, et avec les kamichis, palamedea, les naturalistes en ont fait une espèce du premier genre, qu'ils ont décrite sous le nom de parra cha- varía : mais si, comme les jacanas, il a les ailes éperonnées, ses doigts de devant ne sont pas tous entièrement libres, ainsi qu'aux jacanas, ni tous garnis de membranes à la base, comme, le sont ceux des kamichis ; Je doigt extérieur est seul joint à celui du milieu par une membrane qui s'étend jusqu'à la pre- mière articulation,, et le doigt intérieur est libre.^Ses autres caractères génériques sont d'avoir le bec robuste, plus court que la téte, comme celui des gallinacés, courbé à la pointe, et garni à sa base de plumes très-courtes ; l'espace compris entre le bec et les yeux nu ; le surplus de la tête emplumé ; les narines découvertes ; les tarses et une partie de la jambe garnis d'écailles hexagones ; le pouce touchant la terre à son extrémité ; les ongles des doigts de devant aigus , creusés en gouttière, à bords tranchans, un peu crochus; celui du pouce, droit ; le bord extérieur de l'aile présentant deux éperons pointus, un peu recourbés en haut, et dont la surface a trois plans distincts.

On ne possède dans aucune collection la dépouille de cet oiseau, dont le genre n'a été formé que sur les descriptions données par Jacquin et d'Azara, de la seule espèce qui soit connue. Cet oiseau a trente et un pouces de longueur totale ; sa queue en a neuf ; son envergure soixante-treize ; la jambe sept et demi ; le tarse cinq et demi; le bec dix-sept lignes. Il est iiaut d'un pied et demi. Ses ailes sont composées de vingt-huit pennes, dont les troisième, quatrième et cinquième sont les plus longues, et sa queue de quatorze pennes étagées, dont l'extérieure est la plus courte. L'oiseau n'est pas plus gros qu'un coq ordinaire ; mais un phénomène singulier le fait paroître d'une ampleur bien plus considérable. Entre sa peau et sa chair il y a une infinité de petites cellules qui con- tiennent de l'air; le tarse et les doigts participent même à cette disposition, de sorte que partout la peau s'enfonce à la moindre compression., en faisant entendre un craquement, JLes yeux sont au centre d'une membrane rouge, qui s'étend jusqu'au bec. Sur le milieu de l'occiput sont des plumes

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étroites, décomposées, d'environ trois pouces de longueur, qui forment une sorte de diadème immobile et perpendicu- laire au point de leur insertion. Les plumes cotonneuses de la téte et du haut du cou sont d'une teinte plombée, claire ; au dessous se remarquent deux colliers, dont l'un est d'ua blanc roussàtre, et l'autre noir; le reste du cou, le dos, le croupion et le dessous du corps sont plombés ; les plumes scapulaires, les couvertures et les pennes des ailes et de la queue, noirâtres ; le haut de la jambe et le tarse de couleur rose, ainsi que les ongles et le bec. 11 n'existe pas de diffé- rence remarquable entre les deux sexes.

D'après un des attributs de cet oiseau, Illiger a donné au genre par lui établi le nom de chauna, synonyme d'inflatus, inanis, à cause de l'air interposé entre la peau et la chair , et M. Vieillot a nommé le sien opistolophus, en tirant le caractère de la huppe occipitale dont l'espèce est ornée. A l'exemple de Sonnini, ce dernier a employé, d'après Jacquin, le nom de chavaría 9 comme dénomination françoise de l'in- dividu auquel on peut également donner, avec M. d'Azara, celle de chaîa, que le cri du mâle lui a fait imposer au Paraguay, où la femelle, par un motif semblable, est appelée çhaïali. Ces oiseaux jettent très-souvent dans le jour, etjnéme pendant la nuit, lorsque quelque bruit se fait entendre, des cris qui sont très-forts et très-aigus.

On trouve les chaïas près de Carthagène et sur les deux côtés de la rivière de la Plata, dans les endroits où l'eau est basse, et surtout dans les marécages. Quoiqu'ils y pénétrent comme les hérons, ce n*est point pour y chercher des pois- sons et des grenouilles, leur nourriture ne paroissant consister qu'en plantes aquatiques. A terre leur démarche est,grave, et ils tiennent le corps dans une position horizontale, les jambes écartées, la tête et le cou en ligne verticale. Lorsqu'ils s'élè- vent dans les airs, ils font, comme les vautours, de longs circuits, jusqu'à ce qu'on les perde de vue : ils se perchent aussi à la cime des plus grands arbres. M. d'Azara n'a pas obtenu des renseignemens positifs sur le lipu où nichent ces oiseaux, les uns lui ayant dit que c'étoit sur des buissons entourés d'eau , et les autres dans les joncs. Ces nids spacieux sont composés de petites branches ; ponte, qui a liçu au

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commencement d'août, ne produit, à ce qu'il paroît, qu£ deux petits * qui, encore revêtus d'un simple duvet, s'empres* "ent de suivre leurs parens*

Quoique les armes du chaïa, ses omemens, le volume de son corps et sa voix retentissante lui donnent l'apparence d'un oiseau guerrier, il est d'un caractère assez doux; mais cepen-* dant il ne souffre pas l'approche des oiseaux de rapine, et il est surtout en guerre ouverte avec les vautours urubus. Aussi les habitans des contrées où il se trouve ont-ils soin d'en élevet* dans leurs basses-cours, où il devient le protecteur de la volaille, avec laquelle il se nourrit, qu'il suit dans les champs i et qu'il ramène à l'entrée de la nuit : ce qui lui a fait donner par Latham le surnom de fidèle, faithful jacana; General cynôpsis of Birds, tom. Ill, part. I, pag. 246, n.° 29. (CH.D.)

CHALAR XAMBAR (Bot.), nom égyptien ou arabe de là casse des boutiques, cassia fistula, selon Prosper Alpin. Forskaël la nomme chijar scharabar. (J.)

CHAIAVER. (Bot.) Voyez CHAYAVER. (J.)

CHAILLETIA (Bot.), genre de lapentandrie digynie de Lin- næus, dont la famille naturelle n'est point encore déterminée, qui a des rapports avec les celtis, et dox^t le caractère consiste dans un calice d'une seule pièce, persistant, divisé profon- dément en cinq découpures blanchâtres, cotonneuses en* dehors , colorées en-dedans ; à la place de la corolle cinç appendices nectariformes en écailles bifurquées au sommet * alternes avec les découpures du calice, presque aussi longues ; cinq étamines insérées sur le calice, opposées k ses divisions ; les anthères arrondies, à deux loges ; un ovaire libre, velu ; deux styles presque en tête au sommet. Le fruit est un drupé presque sec, à deux ou à une seule loge par avortement ¡ dans chaque loge une semence ovale-oblongue, adhérente au sommet des loges, sans périsperme ; la radicule droite, dirigée vers le haut ; deux cotylédons épars.

Ce genre a été établi par ML Decandolle, qui l'a consacré au capitaine Chaillet de Neufchàtel, distingué par l'étudé approfondie qu'il a faite des plantes de la Suisse. Il se compose d'arbrisseaux de Cayenne, remarquables par la position de leurs fleurs, qui naissent sur le pétiole des feuilles. Les jeunes rameaux "ont un peu anguleux, et revêtus d'un duvet très*

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court, à peine sensible. Les feuilles sont alternes, articulées sur la tige, médiocrement pétiolées, ovales ou elliptiques; prolongées en pointe, glabres, entières. Les fleurs sont très- petites ; elles partent presque toujours du sommet renflé du pétiole. Ce genre renferme deux espèces.

î. Chaillbtia PÉDOitcülé ; Chailletia pedunculata, Dec., Ann. Mus., vol. 17, tab. i. Ses feuilles sont ovales, acuminées , presque en cœur, et inégales à leur base ; les fleurs pédon- culées, presque en corymbe; les pédoncules bifurqués, ensuite trifides ou trichotomes, légèrement pubescens.

a. CHAILLBTIA A FLEURS SESSILES; Chailletia sessiliflora, Dec., I. c. Cette espèce est distinguée par ses feuilles elliptiques, acuminées, rétrécies à leur base ; ses fleurs très-petites, sessile* sur les pétioles, agglomérées en huit ou dix paquets. (Poir.)

CHAINUK (Mamro.), nom du yak, bos granniens, chez les Kalmouks. (F. C.)

CHAI OTE. {Bot.) Voyez Chayóte. (J.)

CHAIR FOSSILLE. (Min.) Voyez Asbeste entrelacé. (B.)

CHAIR DE BAVIÈRE. (Bot.) On désigne par ce nom une espèce d'agaric que SchæfFer et Batsch ont fait connoître, et que le premier a nommé agaricus aggregatus, pl. 3o5 et 3o de son Histoire des Champignons de la Bavière. Ce champignon, dont la couleur est celle de la chair, a ses feuillets roses. On. en fait beaucoup d'usage, en Allemagne, comme aliment. Les Bavarois lui donnent le nom de Fleischschwamm. (LEM.)

CHAIR MUSCULAIRE. (Chim.) Voyez Muscle. (Ch.)

CHAISARAN. (Bot.) Les Arabes, suivant Forskaël, don- aent ce nom au centaurea Lippii, qu'il ne faut pas confondre avec le cheisaran, espèce de Rotang. ( Voyez ce mot.) Cette centaurée est nommée khysaran par M. Delille. (J.)

CHAKAL. (Ichthyol.) Les Kamtschadales, suivant M. Tilé- sius, appellent ainsi un poisson marin long de quatre ou cinq pouces, et vivant en troupes nombreuses sur leurs côtes, où il est surtout très-abondant vers le solstice d'hiver, à l'embou- chure des fleuves Kamtschatka, Avatscha et Paradunca. U remonte en sautant dans leuTs eaux, et étend comme des rame" les aiguillons qui remplacent ses catopes. M. Tilésius, qui l'a observé dans la baie de Saint-Pierre et de Saint-Paul, dit que s" chair efttrè"-délicate,mais qu'il est si commua qu'on le fait

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sèche? au soleil eú été pour en nourrir le* chiens en hiver* ii lui donne le nom de gasterosteus cataphractus. Mém. de l'AcsuL de Saint-Pétersbourg, 1809, pag. 226. Voyez Gast£rost6b" (H. C.)

CHA-KHOW (Mamm+), nom hottentot du Lamantin# (F. C.)

CHAKEN (Bot.), nom péruvien d'une espèce de myrte à feuilles rondes, décrit et figuré par Feuillée, qui vante le suc extrait de la râclure du bois comme un bon ophtalmique* ( J.)

CHALA. (Ornith.) Le balbuzard * falco haliaetos, Linn., porte ce nom chez les Kalmouks. (CH. D*)

CHALA. (Bot.) Plante basse du Chili qui a, suivant Feuillée* p. i5, t. 5, des feuilles opposées, semblables à celles del'ori* gan. De leur aisselle sortent des fleurs en cloche, à cinq divisions de couleur violette, entourées d'un calice plus court* Les naturels du pays se lavent la bouché avec sa décoction pour calmer les douleurs de dents. (J.)

CHALAD ROIS. (Ornith*) L'oiseau que la Chénaye des Bois désigne sous ce nom, qui paroît n'étre qu'une corruption de charadrios, est le pluvier à collier, oharadrius hiaticula, Linn*

, (CH. D.)

CHALAF, Ban (Bof.), noms arabes du saule d'Egypte, saUx œgyptiaca, suivant Forskaël. Prosper Alpin le nomme calafé Dans Daléchamps on trouve les noms chalif \ safsaf, bulef attri* Bués au saule ordinaire. (Voyez Bulëf.) Celui de safsaf est attribué par Forskaël au saule deBabylone. M. Delille l'attri- l>ue de plus au salix subserrata. On sait encore que l'olivier dé Bohème, elœagnus, qui a un feuillage approchant de celui du saule, est nommé chale dans le Levant. (J)

CHALAZE (Ornith*), Chalaza. On nomme ainsi la membrane qui enveloppe le jaune de l'œuf, et qui est attachée aux deux pôles , c'est-à-dire aux ligamens gélatineux qui existent à sa base et à son sommet. Le traducteur de 1'Enchiridion de Forster a observé que l'une de ces tuniques n'est que con- ligue à l'enveloppe , tandis que l'autre en est une continua- tion. Cette dernière est traversée, au centre de l'albumen ? par un canal roulé sur lui-même comme un cordon ombilical, qui pompe et transporte la substance albumineuse extérieure

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cha: "

Jana la capsule du jaune, où , par son mélange avec la masse vitelline, cette substance forme un lait destiné à concourir au développement du fœtus* ( CH. D. )

CHALAZE ( Bot. ) , Chalaza. Les vaisseaux du funicule ou cordon ombilical, qui pénétrent dans la graine par l'ombilic, se prolongent quelquefois dans l'intérieur des tuniques sémi- nales sous la forme d'une nervure simple, ou divisée et anas" tom osée , dont l'extrémité, ordinairement colorée, est tou- jours plus ou moins renflée. C'est cette extrémité que Gærtner a nommée chalaza, et qu'il considère comme l'ombilic interne de la graine. La partie comprise entre l'ombilic externe et l'ombilic interne porte le nom de raphe. La raphe et la chalaze , considérées collectivement comme une prolongation du funicule de la graine, sont désignées par M. Mirbel, sous le nom de prostype funiculaire. Voyez Peostype.

Dans les labiées, la raphe est courte, et la chalaze est un tubercule incolore ; dans l'orange et les autres genres de sa famille, la raphe est longue, et la chalaze se développe dans l'épaisseur de la tunique interne ( tegmen ), sous la form" d'une patte d'oie ou d'une cupule colorée. ( Mass. )

CHALAZIAS. (Miru) Pline nomme cette pièrre dans le il.* chapitre du 37.® livre. Il dit seulement qu'elle étoit de la forme et de la couleur d'un grain de grêle, et qu'elle avoit la dureté du diamant. Si cette courte description peut convenir à quelque chose, ce n'est guère qu'à la sous-variété de silex: agathe, que l'on nomme cacholong. Voyez Silex agathe et Cacholong. (B.)

CHALCALA ( Bot. ), un des noms arabes xñtés par Dalé- champs pour la plante ombellifère qu'il nommoit libanotis , que l'on croit avoir été un rosmarinurn de Dioscoride, et qui est maintenant la caehrys libanotis des modernes. ( J.)

CHALCANTHE. (Min.) Le chalcanthum de Pline et des autres naturalistes de Antiquité, s'obtenoit, par évaporation et cris- tallisation , des eaux de certaines sources que l'on trouvoit en Espagne. On suspendoit des cordes dans les eaux saturées de ce sel, qui s'y attachoit sous la forme de cristaux d'un beau bleu transparent comme du verre. On l'obtenoit encore par d'autres moyens qui revenoient tous au principe de l'évapc- ration et de la cristallisation. Parmi les propriétés médicinales

e. 5

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que Pline attribue âu chalcanthe, on remarque surtout celle" qui caractérisent sa qualité astringente. Il dit même expressé- ment que ce sel possédoit cette qualité à un tel degré, qu'on en frottoit la bouche des lions et des ours qu'on làchoit dans l'arène, afin de leur ôter la puissance de mordre*

Tous les modernes s'accordent à regarder le chalcanthe comme du sulfate de cuivre ou couperose bleue ; et , en effet, il ne peut guère y avoir de doute sur l'identité de ces deux substances. Voyez CUIVRE SULFATE*

Le meilleur chalcanthe venoit de Chypre. ( B. ) CHALCANTHEMON, CBALCANTHON * CHALCAS > CHALCITIS* (Bot. ) Le .chrysanthemum leucanthemum, Linn., a été désigné sous ces différens noms, selon Dioscoride. ( H. Cass. )

CHALCAS PANICULÉ (Bot.) , Chalcas paniculata, Linn. 5 Camunium -, Rumph, Amb. 5 y tab. 17. Ce genre, de la famille des hespéridées, de la décandrie monogynie de Linnæus, a de tels rapports avec le MURRAY A ( voyez ce mot}, qu'il paroît tievoir y être réuni * et même ne former avec lui qu'une même espèce. C'est le marsana buxifolia, Sonn. Itin" (POIR.)

CHALCEÏOS* ( Bol.) Suivant Anguillara, cité par Clusius , le chalceïos de Théophraste est la plante basse , ligneuse et épineuse, que l'on nomme beüan sur le mont Liban, et qui est le pokerium spinosum des botanistes modernes. Rauvolf, dans sa Flore d'Orient, cite le bellan, que Gronovius, son éditeur, rapporte également à ce poterium .* mais , d'un autre côté, Daléchamps donne la description et la figure de la plante qu'il nomme chalceïos, et qu'il croit être celle de Théophraste et de Pline; et cette plante présentée par lui est l'ecftmops spherocephalus, que les Arabes nomment CH asgir, suivant Forskaèl. Voyez ce mot. ( J. )

CHALCETUM. (Bot.) La plante de ce nom mentionnée par Pline, paroît être, suivant Daléchamps et C. Bauhin, la mâche, valerianella de Tournefort, valtrianclla locusta de Linnæus.

( J.)

CHALCIDE ( Erpétol, ), Chalcides. C'est le nom d'un genre de sauriens de la famille des urobènes, établi par M. de £,acépède , et conservé par MM* Daudin , Duméril, Cuvier ? Oppel, Brongniart, etc.

¿e mot chalcides ou chaléis a été employé par Pline, lir. 3a,

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chap* 3, pour désigner une espèce de lézard : genus lactrtorum quasdam anei coloris lincas in tergo hob cru ; unde cl nomem habet.

Les caractères de ce genre sont les suivans :

Quatre pieds distincts ; corps couvert de tubercules carrés, adhérens, verticillés même sur la queue ; tète couverte de plaques polygones ; un tympan visible à l'origine du cou. '

La tête est courte , arrondie ; le museau a la forme d'une pyramide obtuse ; une ride sépare l'occiput et le cou ,* lee ouvertures des narines et les yeux sont petits ; les dents sont sur un simple rang et souvent palatales.

Le corps est étroit, cylindrique, couvert d'écaille* égslee entre elles, et de la forme d'un carré oblo/ig*

Les pieds sont très-courts et minces ; quelquefois ils forment de simples moignons j certaines espèces ont des pores sur les cuisses ; les doigts, quelquefois garnis d'ongles, varient beau- coup pour la longueur et pour le nombre. '

La queue est alongée , cylindrique.

La langue est un peu épaisse, courte et légèrement bifide à son extrémité.

Ce genre est très-éloigné des autres sauriens: il les lie aur amphisbènes, comme les scinques, les ophisaures, les orvets les rattachent aux éryx.

i. ° Le TâTRADACïYLE; Chalcides tetradactylus, Lacép*, Ann. du Mus. d'Hist. nat., tom. 11, pag. 354. Quatre doigts à tous les pieds. Ecailles dorsales inclinées, carénées.

Les pieds de cet animal sont si courts qu'ils peuvent à peine atteindre à terre ; le premier et le quatrième doigts sont très- courts aussi et peu visibles ; le second est à peu près deux fois plus long que le premier, et le troisième deux fois plus long que le second*

La tête est couverte de onze plaques.

Il règne de chaque côté du corps UQ sillon qui s'étend d* l'angle des mâchoires aux pattes de derrière.

L'individu décrit par M. de Lacépède existe dans la collec- tion du Muséum de Paris. Il a dix pouces et quelques lignes de longueur totale.

On ignore quelle est sa patrie*

2.4 Le Teidactyle j Chalcides tridacfykis, Lacépède. (Chaman

5.

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¿atrra cophias, Schn. ; Ckaleide pentadactyle, Latreille), Tro" doigts très-courts à chaque pied. Tympan très-peu marqué.

Les pieds n'ont qu'une ligne de longueur; l'animal lui-méme est de la taille "d'environ six pouces.

La teinte du tridactyle est sombre et analogue à celle de l'airain, '

On ignore également sa patrie.

3.° Le MONODACTYLE ; Chalcides monodactjlus, Daudin. Pieds à un seul doigt, sfans ongle. (H. C.)

CHALCID1ENS (Erpét.), Chalcidici. M. Oppel (Die Ordnun~ gen, Familieriy etc., der Reptilien, etc.) npmme ainsi la sixième famille qu'il a établie dans l'ordre des sauriens. 11 lui assigne pour caractères, d'avoir la langue échancrée, protractile; des écailles carrées, verticillées, et d'une même grandeur partout le corps et sur la queue même. 11 la compose des genres J3ip£db, Bimane , Chalcidk et Ophisaue. Voyez ces divers mots. (H. C.)

CHALCIDITES. (Entom.) M. Latreille a désigné, sous ce nom de famille, les insectes hyménoptères qu'il avoit nommés auparavant cjnipsères ¿ et que M. Spinola appeloit diplolépaires. Elle correspond à notre famille des abditolarves, ou Néotto- cryptes* Voyez ce mot. ( C* D. )

CHALCIS (Entom.) j Chale is, nom d'un genre d'insectes - hyménoptères de la famiHe des abditolarves ou néottocryptes, prés des cynips et des diplolèpes, donné par Eabricius à de petites espèces parasites que Linnæus et Geoffroy avoient pour la plupart rangées parmi les guêpes.

Ce nom, tiré du grec %ct\itoç, airain, cuivre, avoit déjà été employé par Athénée comme celui, d'un poisson ; par Ælian et Nicander, comme désignant un serpent ; par Pline et Colu- melle, comme propre à un lézard. Il est encore aujourd'hui en double emploi parmi les zoologistes, qui appellent chalcides un genre de lézard, et chalcis les insectes qui font le sujet de ^cet article.

Les chalcis, comme leur nom l'indique, sont en général d'une couleur métallique, d'un vert cuivreux ou doré. Leur abdomen est pédiculé, et non sessilç sur le corselet. Leurs antennes, insérées au milieu du front , sont brisées ou coudées, de douze agtides, légèrement renflées, ou en fuseau vers l'extrémité libre. Leurs cuisses postérieures sont renflées comme' dans les

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CHA 9

leitcop sides. lisse rapprochent beaucoup de" cynips, dont les antennes, droites et en fil, ont plus de douze articles, et deft eulophes, qui ont le caractère, singulier dans cette classe, de porter des antennes branchues, ou pectinées comme certaines, espèces d'uropristes.

Les larves des chalcides, au moins celles que l'on a pu étu- dier, vivent, à ce qu'il paroit, des larves, d'autres insectes* fui sont renfermés eux-mêmes dans des demeures communes f telles que les nids des guêpes et des bourdons, dans lesquels, leurs mères vont les déposer à l'aide d'une tarière droite, com- posée de trois pieces.

On trouve ces insectes dans Fétat parfait sur les fleurs, prin- cipalement sur celles des ombellifères, des œnanthes et de* phellandries, qui se plaisent sur le bord des eaux stagnantes"

On cannoit encore peu les insectes de ce genre, auquel Fabrictus a rapporté plus de trente espèces rangées dans deux grandes divisions.

1. ° Ceux dont l'abdomen est pétiolé pu supporté par un long pédicule, dont M. Spinoia a fait le genre Smière.

Le Chalcis pispes ; la Guêpe déguindée, GeofK , torn. 11, pag" 38o, n.° 16, qui est noire, avec le pétiole de l'abdomen et les. cuisses postérieures jaunes. On croit que sa larve se trouve dans celle des stratyornes ou mouches armées.

Le Chalcis clavipbds ,, qui ressemble au précédent, mais dont les cuisses postérieures, aussi très-renflées sont de cou- leur rousse. C'est le plus commun autour de Paris, dans les marais"

2. ° Les chalcis dont le ventre a un pédicule court, commun.

Le Chalcis nain; Vespa minuta f Linn"; Geoff., tom.Il, 38o*

2 5. La guêpe noire, à cuisses postérieures, fort grosses.

Cette espèce, qui est noire, aies cuisses globuleuses, sillon- nées, dentelées, et les Jambes arquées; la base des ailes et les genoux sont Jaunes.

Le CHALCIS ANNEL* ou A jAnsTlàBs, qui est noir, avec un point blanc sur les cuisses, çt les jambes blanches, annelées de noir, qui a été observé en Amérique, dans les chrysalides de Phalène.

Le Chalcis pyaamidé ou conique, qui a l'abdomen conique,

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très-alofcgé, avec une ligne dorsale blanche; que nous ayons trouvé dans un nid de guêpes 'cartonnières, vespa tas tu a, Cuv., et que Réaumur a figuré comme la guêpe cartonnière elle- même jvtspa nidulans, tom. VI, pl. 20*24; ¿pipona,, Latreille. (C. D.)

CHALCIS (Erpétolo), nom grec et latin d'un reptile que Pline dit venimeux. (H. C.)

CHALCIS. (Ichthyol.) Belon donne ce nom à la sardine de là mer Méditerranée.

Gesner dit que c'est un poisson des grands lacs d'Italie. Voyez CELERIN et CLUPEE. (H. C.)

CHALCIS. (Ornith.) Ce mot, que la Chênaye des Bois et d'autres naturalistes écrivent caichis, est employé par Aristote pour désigner un oiseau, un poisson et un quadrupède ovipare. D'après les commentateurs, le chalcis, oiseau, seroit un syno- nyme de cymindis, àephinès etde ptynx ou ptonx; et Belon, qui traduit ce mot par faucon de nuit, pense que ce pourroit être l'oiseau de Saint-Martin ¡falco cyaneus, Linn. Voyez Cymindis. (CH. D.)

CHALCITE. ( Min. ) Pline dit que ce minéral est celui qui donne le cuivre ; qu'il se trouve dans le fond des mines ; qu'il est friable , même mou, et qu'il ressemble à un duvet serré. La meilleure chalcite est couleur de miel ; elle est traversée de veines de cuivre ; elle est friable , mais n'est point pierreuse.

Il est évident qufe cette pierre étoit un minerai de Cuivre, et probablement un minerai de fer et de cuivre pyfîteux, Tfrélé de Cuivre malachite soyeufc et susceptible de se décom- poser ; mais il n'est pas possible de rapporter cette dénomi- nation à aucune variété déterminée de minerai de cuivre.

Pline décrit dans cette substance des altérations, et lui attribue des propriétés médicinales astringentes, qui ne peuvent laisser de doute qu'elle ne contînt ou ne donnât des sulfates de fer ou de cuivre, qu'il nomme Soar et MISY. Voyez ces mots.

La chalcite étoit aussi une pierre couleur de cuivre que Fïine ne fait que nommer dans rémunération des pierres qui ont des ressemblances ou des rapports avec divers objets. (B.)

CHALCOICHTYOLITHE (Foss.), Chalcoichtyolithus. On a désigné sous ce nom des ardoises cuivreuses, telles que celles

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trouve Mansfeld, sur lesquelles on voit des eàtprèintes

et des squelettes de poissons. (D. F.)

CHALCOIDE (Ichthyol.), nom d'un cyprin, du genre des ables, décrit par Guldenstedt dans les Nov* Comm. Petrop.f 1772. Il habite la mer Noire, d'où il remonte dans le Dnieper; il se plait également dans la mer Caspienne, d'où il remonte dans le Terek et dans le Cyrus, lorsque la 6n de l'automne ou le commencement de l'hiver amène pour ïui le temps du frai. Il parvient à ta taille d'un pied environ; sa forme^ générale est celle du hareng. Les auteurs le désignent sous le nom systématique de cyprinus chalcoïdet, que nous changeons, avec M. Cuvier en celui de Uuciscus chalcoïdes. Voyez ABLE, CYPRIN. (H. C.)

CHALCOLITE (Mí".), nom que M. Werner donnad'abortf à Furane oxidé, parce qu'il croyoit que ce minerai contenoit du cuivre. Voyez UaAKt:. (B.)

CHALCOPHONE (Min.) C'est, dit Boetius de Boot, une pierre noire qui rendoit, lorsqu'elle étoit frappée, un 6on semblable à celui de i'airain.

Plusieurs pierres ont cette propriété d'une manière remar- quable.

i.° Dés basaltesdurs, compactes, à grains brillans et pres- que cristallins -r et il est probable que c'est cette pierre que les anciens avoient en vue. 1

2.0 Des pétrosilex, et] notamment cette variété à laquelle les minéralogistesâüemands donnentle nom de HingsUm, qué M. D au buisson a rendu par celui de phonolite.

3. ° Un silex corné rougeâtre, en masse volumineuse* qui appartient à la formation d'eau douce supérieure des envi- rons de Paris, et qu'aoa trouve sur les hauteurs des collines qni sont entre Triel et Veaux. Il rend, sous le choc du mar- teau, un son parfaitement semblable * celui que donnerait une masse de bronze d'un égal volume. (B.)

CHALEF (Bot,) y EUeagnus , Linn., genre de plantes, dico- tylédones r apétales périgyne6 r de la famille des éléagnées, dont les principaux caractères sont d'avoir un périanthe caliciforme, monophylle campanuié^ coloré intérieure- ment , à quatre découpures ; quatre étamines attachées au frêrianthe, et alternes avec ses découpures; un ovaire ii*f¡é-

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rieur, surmonté d'un style court, i stigmate simple $ une noix qui ne contient qu'une seule graine.

Ce genre renferme dix espèces, dont une seule est indi- gène des contrées méridionales de l'Europe ; des neuf autres , six croissent au Japon, deux dans le Levant, et une dans l'ile de Ceilan. Nous ne parlerons que de la plus connue. Left chalefs sont tous des arbres ou des arbrisseaux.

CHALEF A FEUILLES ETROITES , vulgairement Olivier de Bohème , Elaagnus angustifolia, Linn.; Mirb., in noy. Duham., 2, p. 87, tab. 26. Cette espèce est un, arbre qui s'élève à quinze ou vingt pieds: ses jeunes rameaux sont revêtus d'un duvet blanchâtre ; garnis de feuilles lancéolées, pétiolées, revêtues d'un duvet blanchâtre et argenté : ses fleurs sont petites, presque sessiles, jaunâtres intérieurement, couvertes exté- rieurement de tubercules écailleux, blancs , argentés, et dis- posées de une à trois ensemble dans les aisselles des feuilles.

Cét arbre croît naturellement dans le midi de la France et de l'Europe, en Bohème et dans le Levant. On le cultive pour l'ornement des jardins , où le blanc argenté de ses feuilles et de ses rameaux fait un contraste agréable avec le vert des autres arbres. Ses fleurs, qui paraissent en juin, et qui durent un mois, répandent, surtout le soir, une odeur très-pénétrante, mais cependant agréable, de manière qu'un seul pied de ce chalef peut parfumer tout un jardin* C'est sans doute ce qui lui a valu le nom qu'il porte en Por- tugal , où on l'appelle arbre du paradis. Il n'est pas délicat sur la nature du~sol ; mais il réussit mieux dans les terrains chauds et sablonneux. Les froids du climat de Paris ne l'en- dommagent pas, ou si quelquefois les fortes gelées lui fpnt éprouver quelque mal* ce n'est que ses jeunes rameaux qui en souilrent nn peu. On le multiplie dê graines, et phis com- munément de rejetons , de mareottes et même de boutures r qui reprennent facilement, étant faites au printemps en pleine terre.

D'après le témoignage d'Olivier, ses fruits se mangent en Turquie et en Perse. ( L, D. )

CHALEF. Ce nom, adopté en françois pour le genre Elœag- nus, avoit été employé pour désigner la famille à laquelle il appartient; mais, depuis qu'on a reconnu, et établi en prin*

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cipe que les noms de genres ne peuvent être employés à cet usage qu'en prenant la terminaison d'un mot adjectif, Vente- nat avoit substitué au terme chalef celui àJ elœagnoïdes, et M. Decandolle celui d'élæagnées, elaagneœ, qui paroît devoir êtçe préféré. Voyez Elæagnées. (J.)

CHALEUR. (Phys.) Ce mot, qui désigne une sensation trop répétée et trop simple pour qu'il soit nécessaire et possible de la définir, ayant passé de l'effet à la cause, a £té souvent employé dans le même sens que le mot caloriqueo On a dit aussi matière de la chaleur, pour indiquer cette cause, lors- qu'on a cru devoir cesser de regarder la chaleur et la lu- mière comme les diverses modifications d'un même principe, que l'on avoit désigné par le nom de feu. On a assigné en con- séquence deux états à cette matière : celui de chaleur la- tente, ou combinée dans un corps, et celui de chaleur libre 9 lorsque, s'en dégageant, elle se communique aux autres corps; déplacement qui est indiqué par le thermomètre. Voyez THEBMOMETRE et THERMOSCOPE.

Les propriétés chimiques de la chaleur, déjà énoncées a l'article CALORIQUE de ce Dictionnaire, ont reçu de nouveaux développemens dans l'article ATTRACTION MOLECULAIRB (Suppl. au 3.e vol., p. 100) : mais l'énumération de ses propriétés phy- siques , faite dans le premier de ces articles, laisse quelque chose à désirer depuis les recherches de MM. Ruitaford, Leslie, la Roche, etc. ; car il est maintenant bien constaté que la chaleur se propage par deux modes très-distincts, savoir, la communication immédiate et le rayonnement.

Dans le pïemier de ces modes, un corps s'échauffe par le contact d'un autre, et la chaleur passe successivement de chaque molécule du corps aux molécules qui lui sont contiguës t mais avec beaucoup plus de lenteur dans certains corps que dans d'autres. L'air paroît être celui dans lequel cette com" mu ni cation est le plus difficile ; et il ne s'échauffe guère que par l'effet des courans qui résultent des changemens opérés dans sa densité par les variations de la température, et qui,* faisant arriver au foyer de la chaleur les molécules les moins échauffées, les transportent ensuite dans les régions les plus froides. Cette circulation a lieu aussi dans les autres fluides ; et c'est principalement par celle qui s'établit entre le fond et

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la partie supérieure d'un vase placé sur le feu, que le fiquide contenu dans ce vase parvient à s'échauffer.

Dans le second mode de sa propagation, la chaleur, de même que la lumière, se répand soit dans l'air, soit dans le vide, par des rayons susceptibles d'être réfléchis, réfractés* et rassemblés en conséquence au moyen des miroirs concaves ou des verres lenticulaires. Scheele avoit observé cet ordre de phénomènes; mais ce sont les belles expériences de M. Marc- Auguste Pictet qui l'ont mis hors de doute, en montrant "que la réflexion seule suffisoit pour faire monter ou des* "cendre un thermomètre placé au foyer d'un miroir concave, recevant les ráyons émanés d'un autre miroir au foyer du" -quel se trouvoit un vase rempli "tantôt d'eau bouillante et tantôt de neige.

A l'égard du rayonnement de la chaleur, les corps diffè- rent entre eux à raison de la matière, de la couleur et du degré de poli : toutes choses égales d'ailleurs, les surfaces blanches et polies réfléchissent le mieux la chaleur, et les surfaces noires et mates la laissent passer plus aisément ; en sorte que c'est la première couleur qu'il convient de donner a l'intérieur d'une cheminée, et la seconde à l'exté- xieur d'un poêle.

Les expériences, très-multipliées et très-variées, qui ont été faites sur la faculté conductrice des corps, et sur le rayons nement de leur surface, ont donné l'explication et la mesure d'un grand nombre de phénomènes utiles à l'économie domes- tique , soit pour propager ou pour conserver la chaleur. Quant à sa distribution locale et à ses variations sur le globe ter- restre , voyez le mot Température. Voyez aussi Vie , pour'CHA*

LEUR VITALE. ( L. )

CHALFI (Bot.)y nom arabe d'une graminée, cynosurus duras f rapportée par M. de Beauvois à son nouveau genre Scierochloa* (J.)

CHÀLGUA ACHAGUAL. (Ichthyol.) Au Chili, on donne ce nom au CALLORHINQUE. Voyez ce mot. (H. C.)

CHALIF. (Bot.) Voyez CHALAF, CHALEF, BULEF. (J.)

CHALKAS, CHALKITIS. (Bot.) Voyez CACHLAS. (J.) *

CHALOK. (Ichthyol.) En Barbarie, ce nom est'donné A une espèce de cyprin. (H. C.)

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CHALOUPE CANNELÉE. (Conch.) C'est le nom marchand d'une coquille du genre Argonaute, argonauta sulc*ta7 Lam. (DE B.)

CHALUC. (Ichthyol.) Du temps de Rondelet, les Langue- dociens désignoient sous ce nom un poisson de la mer Médi- terranée que l'on appelle aussi Vergadelle. Voyez ce mot. (H. C.)

CHALUMEAU. (Chim.) Instrument au moyen duquel on conduit un courant d'air sur la flamme d'une chandelle, d'une bougie ou d'une lampe, pour la diriger sur une subs- tance quelconque que l'on veut soumettre à l'action de la chaleur.Dans l'origine, cet instrument consistoit en un simple tube de cuivre, étroit, conique et courbé en arc à l'extré- mité pointue; il ne servoit alors qu'à souder de petites pièces de métaux précieux. Ce ne fut qu'en 1738 qu'André de Swab l'employa dans l'essaî des minéraux ; ensuite Cronsted etRinman, Engestroem, Quist, Gahn, Scheele , Bergman et Desaussure , perfectionnèrent la forme de cet instrument, et la manière de s'en servir.

On fait des chalumeaux en argent, en cuivre jaune et en verre. Ceux dont on fait usage maintenant sont en général formés : 1.° d'un tube plus ou moins conique , appelé manche, de o,m i5 de longueur environ; 2/d'un réservoir destiné à arrêter la salive qui coule dans l'instrument ; dans les cha- lumeaux de verre, il est sphérique et soudé au manche ; dans les chalumeaux de métal, il a la forme d'un cylindre ou d'un demi-cylindre surbaissé : il porte à la partie latérale un pro- longement en cône renversé, qui reçoit à frottement l'ex- trémité la plus étroite du manche; 3.° d'un tube conique de quelques pouces de longueur, qui fait avec le manche un angle de çodeg. Ce tube est soudé au réservoir dans les chalumeaux de verre, et dans ceux-de métal il reçoit à frottement un prolongement qui est implanté sur une des faces du réser- voir.

En dirigeant l'air sur la flamme d'une bougie, celle-ci se courbe à angle droit, et le dard de la flamme présente deux cônes, un intérieur qui est bleu, et un extérieur qui est ¿l'un jaune rougeâtre, moins bien terminé et moins brillant que le premier. On place la matière que Ton veut essayer sui>

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*". CHA

un support de charbon ou de disthène, de platine, d'or, etc* Lorsqu'on emploie un support de métal, il faut qu'il ait pea de masse ; autrement il refroidiroit trop la matière. Suivant qu'on expose celle-ci à la pointe du cône intérieur ou du cône extérieur, on a des résultats qui peuvent varier; e® effet, la chaleur du cône intérieur est plus élevée que celle du cône extérieur, et d'ailleurs les substances qu'on y place f n'ayant pas le contact de l'air, ne sont pas exposées à s'oxigéner comme celles qui sont placées à la pointe du cône extérieur. Souvent on mêle aux matières que l'on chauffe au chalumeau, des substances alcalines, acides ou salines, soit pour en accélérer la fusion, soit pour observer la couleur que ces substances sont susceptibles de recevoir des matières essayées.

CHALUMEAU DB NEWMAN. Appareil qui a été construit par M. Newman, ingénieur en instrumens de physique, mais dont l'idée première appartient à M. Brooks.

Le réservoir de ce chalumeau est un parallélipipède, en tôle ou en*cuivre, ayant 3 pouces de largeur et autant de hauteur, sur 4 de longueur. Il est percé de deux ouvertures : l'une se trouve sur la face horizontale supérieure, l'autre sur une des petites faces verticales près du bord supérieur ; à cette dernière est adapté un cylindre horizontal à robinet r auquel on a fixé un tube de verre très-fin, destiné à donner issue au gaz contenu dans le réservoir. La première ouverture r garnie intérieurement d'une soupape qui s'ouvre du dehors" au dedans, reçoit une pompe au moyen de laquelle on peut fouler de l'air dans le réservoir lorsque le robinet horizontal est fermé. Supposons maintenant que l'on ait fait jouer le piston de la pompe : il est évident que l'air condensé ne peut s'échapper par l'ouverture verticale , à cause de la soupape dont elle est munie; mais, dès que l'on ouvrira le robinet du cylindre horizontal, l'air comprimé s'échappera, en vertu de son ressort, par le tube de verre; et alors, si on dirige le courant sur une bougie , on produira un dard de flamme semblable à celui du chalumeau ordinaire 7 avec cette diffé- rence cependant qu'il sera plus régulier. M. Newman dit qu'un instrument qui a été chargé modérément, donne un jet dair uniforme pendant vingt minutes*

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M. Davy ayant observé que l'explosion d'un mélange d'oxi- gène et d'hydrogène ne se communique point dans l'intérieur des tubes d'un petit calibre, cette belle découverte donna à M. Children l'idée d'introduire un mélange de 2 vol. d'hydro- gène et de 1 vol. d'oxigène dans le chalumeau de Newman, afín de produire, en allumant ce mélange à la sortie du chalumeau , nne température beaucoup plus élevée que celle qui a lieu lorsque l'instrument est chargé d'air atmosphérique. M.Davy, à qui M. Children avoit proposé l'expérience , la fit avec un plein succès, après avoir adapté un tube de verre très-étroit au robinet horizontal (1). M. Clarkë a ensuite soumis un trè*- grand nombre de substances à l'action de cette chaleur, qui est la plus élevée que nous connoissions : il a fondu l'alumine , la magnésie, le disthène, le talc, etc.; volatilisé la potasse, la soude, l'or i etc. : enfin, il dit avoir réduit la baiyte, la strontiane et la silice, en oxigéne et en substanoe métallique.

Pour introduire le mélange dans la caisse de métal, on adapte à la partie supérieure de la pompe, mais cependant au-dessous de la surface inférieure du piston, lorsque celui- ci est arrivé, au plus haut point de sa course , un tube hori- zontal , muni d'un robinet. On visse, à l'extrémité libre de ce tube, une vessie remplie de mélange explosif: on fait jouer le piston. Quand l'appareil est chargé on ouvre le robinet hori- zontal , on allume le gaz qui s'en dégage, et on expose a cette flamme une substance quelconque que l'on place sur un support de plombagine, de terre de pipe, de platine, etc" (CH.)

CHALUMEAU. (Min.) On fera connoître l'usage de cet ins- trument dans la minéralogie, en traitant des caractères qu'on doit observer dans les minéraux. Voyez MINERALOGIE. (B.)

CHALUNGAN, Chanlungjan, Chawalungan (Bot.), noms arabes du galanga, maranta galanga, desquels dérivent, sui- vant Rumph, le mot calungan, adopté par Sérapion, médecin arabe , et d'autres noms corrompus , calungi" , calungian , charsendar, cités dans divers ouvrages , ainsi que celui de fralanga, qui a prévalu. (J.)

Ci) Le tube doit aroir, sur 3 pouces 4e long, - de pouce de diamètre intérieur.

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CHAM. (Bot.) Voyez Bois db Cham. (J.) /

CHAMA (Malacoz), nom latin du genre Cake* Voyez ce mot* (De. B. ) *

CHAMA. (Mamm.) Pline, liv. VIII, ch. 19, dit qu'on vit pour la première fois à Rome, aux jeux du grand Pompée, le chama, nommé par les Gaulois rufier, et ayant la tête du loup, et le corps moucheté comme une panthère. On a conjecturé de là que le chama étoit le lynx, espèce de chat dont le pelage est en effet roussàtre et tacheté, et que l'pa voit encore dans quelques-unes de nos provinces. (F. C.)

CHAMÆACTE. (Bot.) Le terme grec chômai, chama p qui signifie bas, ou couché à terre, a été souvent employé, par les anciens Grecs et par les Latins, pour désigner des plantes basses, que l'on comparoit à d'autres plus grandes et plus éle- vées dont on lioit le nom à ce terme. Ainsi, le sureau^ étant connu sous le nom de acté, l'yèble, ebulus, qui est un autre sureau bas et herbacé, a été nommé chanuzacte. Nous présen- teronsici la série cPaütres plantes nommées delà même manière.

Chamæbalanus est le nom de la gesse tubéreuse, latbyrus tubtrosus, dont la racine tubéreuse a été nommée fland, bal*- nus de terre"

Chamæbatos est le fraisier, dont le fruit ressemble un peu k celui de la ronce, qui est le batos des Greos. On a dpnné le même nom à une variété du framboisier.

Chamæbuxus est un poljgala très-bas , à feuilles de buis. Chamœpyxos a la même signification.

CHAMÆCALAMUS étoit un roseau rampant.

Chamæçerasus , le camerisier, petit arbrisseau dont les fruits ressemblent à de petites cerises. (J.)

Chamæcrysocome. Barrelier nommoit ainsi la sUehçlia dubia, Linn. (H. Cass.)

Chamæcissus est le petit lierre, ou le lierre terrestre : on le nomme aussi chamachema. La bugle est un autre chama" cissus.

CHAMÆCISTUS, Phélianthème, ou le petit ciste.

Chamæcristapavonis, espèce de casse, cassia chamœcris ta 9 4 tige très-basse.

CHAMÆCYPARISSÜS est une espèce de santoKne à feuilles de cyprès, nommée petit cyprès. 1

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CHA 79

CHAMÆDAPBNE. Discoride et Columne nommoiebt aidai des espèces de fragon , ruscus. Il paroît, selon C. Bauhin, que le chamædaphne de Matthiole étoit une espèce de thymelée, ou daphne des modernes, daphne laureola. Celui de Lobel étoit le daphne mezereumo

Chamædeys, petit chêne. On a nommé ainsi : i.° la german- dr^e, teuçrium chamadiys, qui ressemble par son feuillage à un chêne poussant ; 2,° le drjras oc tope tala qui présente la même forme; 3.° une espèce de véronique, verónica chama- drys , ayant nne conformation presque pareille. Le terme ehamœàrops a la même signification.

CHAMÆFICUS, voyez CHAMÆSYCB. (J.)

Chamæfilix. Rai, Morison, Plukenet, et plusieurs autres bo- tanistes de leur temps, désignent sous ce nom une fougère croît sur les rochers, au bord de la mer, en Europe et en qui Afrique. C'est Y asplénium marinum, Linn. (Lem.)

CHAMÆGEIRON , nom grec du tussilage, selon Mentzel.

CHAMÆCBNISTA , ou CHAMESPASTIUM , la genistelle, ou genet rampant, genista sagittalis.

Chamæius est un petit iris, iris pumila.

Chamæjasms est le stellera chamajasme.

CHAMÆLÆAGNUS est le piment royal, myrica gale.

Chamælba. Ce nom, qui signifie petit olivier, a été donné au cneorum Lricoccumy plante basse dont le feuillage ressemble un peu à celui de l'olivier, et au tragia chamalea, pour la même raison. (J.)

ChamíBleon. Ce nom a été appliqué par Bauhin au cirsium acauleAlli. ; par de TEcluse au cirsium acama, Decand.: par de l'Ecluse et Camerarius à la carlina subacaulis, Dec.; par Columna à Y atrae tj lis gummifera , Linn. ; par Daléchamps, Dodoens, Bauhin, Morison, au cardopatium, Juss.; par Lobel à la leuzea conifera, Dec. ; par Dioscoride à Yechinops. (H. Cass.)

Chamæleon blanc. C'est le nom que porte dans le Levant la carline sans tige, carlina acaulis. Belon, dans son Voyage du Levant, dit que les enfans et les bergers de Crête cueil- lent la gomme qui suinte abondamment de sa racine, et la mâchent continuellement en guise de mastic, ainsi que les femmes du pays. Cette gomme est plutôt une résine que cette racine dépose soit dans le vin, soit dans l'esprit-de-vin dans

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lequel on là fait infuser : c'est ce principe résineux qui lui donne la propriété sudorifique, résolutive çt Cordiale. Elle jouissoit anciennement d'une réputation plus étendue : on la regardoit comme propre contre les maladies pestilentielles. Lorsque l'armée de Charlemagne, dit-on, fut attaquée de la peste, elle fut guérie par cette plante, dont la propriété avoit été counue par révélation, et qui, depuis ce temps, fut nom- mée carotina y Carline. Voyez ce mot.

CHAMÆLEON NOIR. Belon, cité dans l'article précédent, indi- que sous ce nom une autre plante cinarocéphale commune dans le Levant, que Tournefort avoit rapportée au car- thame, ainsi que Linnæus, qui la nommoit carthamus corym- hosus. Willdenow en fait, avec raison, un genre nouveau ; mais il a tort de lui donner le nom de broiera, déjà assigné antérieurement à un autre genre. Dans les Annales du Mu- séum d'Histoire Naturelle, vol. VI, pag. 324, nous avons pro- posé pour ce genre le nom de cardopatium, un de ceux qu'avoit portés la carline ou le chamæleon blanc. Il a des tiges ramifiées comme celles du panicaut, toujours bifurquées, et portant une fleur sessile dans chacune des bifurcations supérieures qui, plus rapprochées au sommet, confondent ensemble leurs fleurs, et forment ainsi des petits groupes dispersés en co- rymbe. Chaque calice commun est composé de plusieurs rangs d'écailles, dont les intérieures sont simplement aiguës, les autres épineuses et plus ou moins ramifiées par le haut, les plus extérieu res presqu'enti¿rement pinnatifides. Ce caliceren- ferme six à huit fleurons portés sur un réceptacle chargé de paillettes. Les graines sont entièrement couvertes de poils soyeux qui se prolongent supérieurement en aigrette. Ce genre diffère de l'échinope par ses calices simplement groupés, mul- tiflores, à écailles ramifiées, à réceptacle couvert de paillettes. On le distinguera du carthame par ses écailles calicinales non foliacées, mais diviséesau sommet comme celles de la chausse- trape; par le petit nombre de ses fleurons, et surtou^ par ses graines couvertes de duvet. Il doit être placé dans l'ordre naturel entre Vatractylis et le carthame.

CHAMÆLEUCE est le souci des marais, caltha palus tris. Le petasite, tussiLago petasites, porte lç même nom.

Chamælinum . le plus petit des lins ? linum radiola.

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C"àmÆlycüi4 i nôm donné , selon Jlentzel, à Vhierolbtane de Daléchamps, qui est le veronica chamadrys.

CHAMÆMESPILÜS, nom de deux espèces basses de néflier.

Chamæmoly , espèce d'ail plus basse que le moly, qui est o congénère.

Chamæmorus , espèce de ronce herbacée qui est aussi nommée chamœrubus.

Chamæmyrsine. La plante nommée ainsi par Daléchamps est le polygala montana minima myrtifolia de Tournefort, qui est cité dans l'£ncyclopédie méthodique comme variété du poly- gala ordinaire. Daléchamps dit ailleurs que, suivant Plihe, le fragon, ruscus, étoit aussi nommé par quelques-uns chama* myrsine ou oxymyrsine.

Chamæmykte. C'est encore le fragon, ruscus, que l'on nomme anssi petit myrte.

Chamænerion. Gesner et Tournefort nommoient ainsi la aariette, ou l'épilobe , epilobium, quia le feuillage du neviumf ou laurose.

Chamæorchis est Vôphrys âtpina, plante basse.

Chamæpeüce. C'est le siœhelina chamœpeucœ de Linnæus, ayant le port d'un pin poussant.

Champælatanus est l'obier, viburnum opalus*

Chamæplhjm. Suivant Dodoens i c'est le velar, erysimuni offi- cinale.

Chamæîydïa. La plante de ce nom, ôitëe par Belon etClusius, qui croît dans l'île de Crète, et dans la Macédoine, sur le mont Athos, est une espèce de tithymale à racine tubéreuse, que les anciens nommoient apios ; elle est sous ce nom dans les ouvrages de Matthiole, Dodoens et Daléchamps s Linnæus l'a nommée, pour cette raison, euphorbia apios. Les caloyers ou moines qui habitent les monastères du mont Athos, en font beaucoup de cas, et la regardent comme très - laxative. Belon en donne la figure, pour qu'on ne la confonde pas avec d'autres plantes : il en existe en effet quelques-unes munies d'un e racine pareille, et que peut-être pour cette raison on nommoit aussi apios o* telle est la terre-noix, bunium 7 qui étoit ïapios de Turners. Fusch nommoit aussi apios la plante à racine tubé- reuse qui est le glycine apios de Linnæus.

CHAMÆFYTIS. Ce nom étoit donné à l'ivette, qui est presque 8. 6

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couchée par terre, et qui a une petite odeur résineuse comme celle du pin. Linnæus l'avoit réunie au teucrium, comme ayant une corolle qui manque de lèvre supérieure ; mais, d'après cette considération, Schreber a eu raison de la reporter à la bugle, ajuga, puisqu'il est reconnu que le teucrium a une lèvre supérieure, mais divisée profondément.

CHAMÆPYXOS. Voyez CHAMÆBUXUS.

CHAMÆRHITQS. Ce nom est donné au struthium des anciens, dont on connoît deux espèces propres et employées à dégrais-* ser les laines : l'une est le struthium de Dioscoride, que Lin- naeus nomme gypsophila struthium ; l'autre est le struthium de Fusch, ou la saponaire commune, saponaria ojficinalis,

CHAMÆRHODODENDROS. Les arbrisseaux réunis par Tournefort sous ce nom, ont été depuis reportés aux genres Azulea et Rhododendrum. Ils ont le feuillage du rosage, nevium, qui est, le rhododendros des Grecs ; mais ils s'élèvent moins^

CHAMÆRIPHES. C'est le chamœrops humilié, un des palmiers qui ont la tige la plus basse.

CHAMÆSCHÆNOS. Gesner nommoit ainsi le seirpus setaceus, qui étoit un juncellus, ou petit jonc de C. Bauhin.

CHAMÆSPARTIÜM. Voyez CHAMÆGBNISTA.

CHAMÆSYCE. La plante basse que Matthiole, Daléchamps et C. Bauhin nomment ainsi, est un tithymale, euphorbia chamæ- syce. On trouve encore dans Daléchamps, sous le nom de chamæsyce, une variété 4U figuier ordinaire, à tige plus basse et à feuilles trilobées, qui est le ficus humilis de C. Bauhin, le chamœficus de J. Bauhin.

CHAMÆZELON. Suivant Dodoens, la plante que Pline nomme chamæzelon ou gnaphalium, paroît être celle que C. Bauhin et Tournefort ont nommée postérieurement gnaphalium mariti- mum, que LinnæusaVoit rapportée à ïaihanasia, et Willdenow au santolinay et que M. Desfontaines a rétablie, comme genre distinct, sous le nom de diotis. (J.)

CHAMÆDORE A TIGE GRÊLE (Bot,), Chamædorea gracilis y "Willd., arbrisseau de la famille des palmiers, appartenant à la dioécie hexandrie de Linn. r que Jacquin, Hort. Schœnbr., 2 , lab. 247-248, avoit rangé parmi les borassus, et dont Willde- now a fait un genre particulier, dont le caractère essentiel est d'avoir des fleuïs dioïques, un calice extérieur plus court,

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À trois découpures; un intérieur (une corolle) à trois divisions? dans les fleurs femeUeà, plusieurs petites écailles entre To vaire et le calice ; trois styles courts ; un drupe succulent, mono* "perme*.

Cet arbrisseau a des tiges droites, articulées, hautes d'uns trois pieds et plus; des feuilles ailées, longues de huit pouces n munies k leur base d'une gaine amplexicaule ; sept à douze paires de folioles sessiles, lancéolées, la plupart alternes: de la base des feuilles sortent des régimes spathacés, à plusieurs ramifications subulées ; celles des fleurs mâles pendantes ; celles des femelles redressées : les fleurs nombreuses, sessiles, lais* "ant après elles des cicatrices concaves et blanchâtres. Le calice des fleurs mâles est k six découpures ; les trois extérieures larges, trél-ceurtes, arrondies ; les trois intérieures conniventes k leur base, rapprochées k leur sommet ; les filamçns des éta- mines courts, aigus; les anthères droites, oblongues; point d'ovaire: un style épais, en colonne]; lin stigmate tronqué: dans les fleurs femelles plusieurs petites écailles entre l'ovaire et le calice, souvent élargies et un peu dentées à leur sommet a un ovaire libre, presque triangulaire; trois styles courts, réfléchis ; les stigmates simples. Le fruit est un drupe ovale " obtus, d'une couleur rouge-orangée, un peu pulpeux, de la grosseur d'un pois, à une seule loge monosperme. Cette plante croît en Amérique, aux environs de Caracas" (Poia.)

CHAMÆMELUM. (Bot.) Gæftner, Moench, Necker, ont cruÉ devoir diviser en deux genres les anthémis de Linnæus, con- servant le nom à'anthémis aux espèces dont la cypsèleest cou-* ronnée d'une membrane , et réunissant les espèces k cypsèle non couronnée dans un autre genre qu'ils nomment Chamœ- melum, à l'exemple de Tournefort. Nous pensons qu?ily au roi t lieu tout au plus d'admettre cette distinction pour former deux sous-genres. Au reste, les botanistes que nous avons cités ne sont point d'accord entre eux ur le classement des espèces : en effet, Moench attribue au chamarmclam les anthémis mixta, nobilis et cotula de Linnæus, et à Vanthémis les anthé- mis cota, altissima, arvensis, valentina, tinctoria, de Linnæus y et austríaca de Jdcquin, tandis que Gærtner offre Y anthémis arvensis comme type de son chamœmelum. (H. CASs.)

Ce nom a aussi été donné à plusieurs petites plantes qui,

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étant froissées, "voient une odeur de pomme, d^u leur est venu le nom françois de camomille* (J.)

CHAMÆRAPHIS. (Bot.) M. Rob. Brown a établi ce genre pour une graminée de la Nouvelle-Hollande , de la monoécie triandrie de Linnæus. Il se*rapproche beaucoup d'une des sous-

* divisions des particum du même auteur, dont il ne diffère que par trois stigmates au lieu de deux, tellement qu'avec un léger changement dans le caractère générique, on aura un genre qui me paroît plus naturel. J'ai cru , en conséquence, de- voir l'établir'ainsi qu'il suit : des fleurs monoïques, un calice biflore à trois valves ; la valve extérieure très - petite; la fleur extérieure mâle, l'intérieure femelle, plus petite ; deux

* écailles intérieures , trois étamines ; dans les fleurs femelles, deux ( ôu trois ? ) styles ; les stigmates plumeux ; uí e semence renfermée dans les valves calicinales. D'après cette réforme, ce genre sera cômposé des principales espèces suivantes :

CHAMÆRAPHIS HORDEACEE ; Chamœraphis hordeacea, Robert Brown. Ses tiges sont garnies de feuilles roides, linéaires, disposées sur deux rangs, munies, à l'orifice de leur gaine , d'une membrane arrondie ; les fleurs sont disposées en un oépi simple terminal, semblable à celui de l'orge. Ces fleurs sont imbriquées sur deux rangs parallèles au rachis flexueux, médiocrement pédieeilées, munies vers leur sommet d'une très-longue arête intérieure.

CHAMÆRAPHIS PARADOXALE ; Chamœraphis paradoxa, M. Robert Brôwn a placé cette plante et les suivantes dans la septième sous-division de s es panicum, dont la fleur extérieure est mâle) l'intérieure femelle, plus petite ; le sommet du rachis nu, subulé, espèces aquatiques, à chaume rampant. Dans celle-ci les tiges et les feuilles sont glabres, l'épi simple, droit, presque en grappe. Elle croît à la Nouvelle-Hollande.

CHAMÆRAPHIS EPINEUSE ; Chamœraphis spinescens. Ses feuilles sont planes et glabres ; les fleurs disposées en un panicule étalé, lancéolé, composé d'épis alternes, peu nombreux; les ofleurs lancéolées, acuminées, à demi-colorées.

CHAMÆRAPHIS AVORTEE ; Chamœraphis abortiva. Cette espèce, selon M. Brown, est, d'après l'Herbier de Linnæus, la même plante que Vandropogon squarrosum. Ses tiges sont rameuses, comprimées i les feuilles un peu pileuses en-dessus, les gaines

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CHA. 05

rudes 9 la panicule diffuse , la valve intérieure du calice

hispide*

CHAMÆRAPHIS COMPRIMES : Chamæraphis compressa; pennisetum N compressiono Ses feuilles sont glabres, canaliculées ; ses fleurs disposées en un épi simple, cylindrique ; le rachis pubescent. (POIR.)

CHAMÆSTEPHANUM. (Bot.)[Corymbifères, Juss.;Syngénésie polygamie superflue, Linn. ] Ce genre de plantes, de la famille des synanthérées, a été proposé par Willdenow, avec huit autres de la même famille,' dans les Mém. de la Soc. des nat. de BerliA (1807, avril, mai, juin, p. 140). La description donnée par ce bo- taniste est un modèle de concision; la voici tout entière : Calior pentaphyllusf pappus paXeaeeus, receptaculumnudum, c'est-à-dire, péri clin e de cinq squames, clinanthenu, aigrette desquamellules paléiformes. Ajoutons que la calathide est composée de fleurs hermaphrodites et de fleurs femelles, puisque 'Willdenow rap" porte son genre à la syngénésie superflue de Linnæus. On n'exigera pas de nous que, d'après de tels documens, nous déterminions la place que le genre Chamœstephanum doit occuper dans l'ordre naturel des genres de la famille; mais nous saisirons cette occasion de faire remarquer combien est nuisible aux progrès de la science ce mode de description adopté par l'école linnéenne. La brièveté est une qualité louable dans une description, quand elle n'oblige à rien sacrifier de ce qu'il importe de faire connoître ; mais, si on ne l'obtient qu'en omettant des choses essentielles, c'est, après l'erreur, le vice le plus grave d'une description. (H. CASS.)

CHAMÆLEON. (Entom.) C'est le nom spécifique d'une stratyome ou mouche armée. (C. D.)

CHAMÆSAURE (ErpétoL), Chamœsaara. M. Schneider ren- ferme dans un genre de cc nom les reptiles que nous décri* xons aux mots BIMANE et BIPEDE. Chamæsaure est formé de deux termes grecs qui expriment le peu de longueur des membres de ces lézards (%et.fAc¿t, humi, rctSpot, lacertas). Voyez BIMANE, BIPEDE, CHIROTE, UROBÉ^ES. (H. C.)

CHAMÆTRACHEA. (Conch.) Klein désignoit sous ce nom de genre les coquilles que nous connoissons maintenant sous celui de TRIDACNE. Voyez ce mot. ( DE B")

GHAMAGROSTIEfE (Bot.), Ckamagroslis , Schadr., genre

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de plantes de la famille des graminées, dont les principaux caractères sont les suivans : calice uniflore à deux glumes oblon~ . gues, égales, tronquée"; corolle formée d'une baile univalve, membraneuse, velue. On ne connoît qu'une seule espèce de ce genre.

Chamagrostide naine: Chamagrostis minima, Schrad., FL 'Germ., i, p. 158 ; Agrostis minima, Linn. Cette plante forme des petites touffes composées de chaumes très-gréles, naissant couvent un grand nombre ensemble, et s'élevant à un ou trois pouces au plus. Ses fleurs sont verdâtres, panachées de violet ou de rougeâtre, disposées en un épi terminal long de quatre à six lignes. On la trouve dans les terrains sablonneux ; elle est assez commune au bois de Boulogne, prés de Paris, où elle fleurit en mars, aVril et mai. Sa racine est annuelle. (L. D.)

CHAMALIUM. (Bot.) M. de Jussieu, dans son premier Mémoire sur les synanthérées, publié dans les Annales du ¡Muséum d'Histoire naturelle, proposoit de nommer chama- Hum son genre Cardopatium, pour rappeler le nom de chamœ- leon, sous lequel cette plante avoit été connue des anciens botanistes. (H. CASS.)

CHAMAR. (Bot.) Voyez CHBBET. ( J.)

CHAMARA (Mamm.)9 nom du yak, bos grunniens-, en sam"" 'crit, suivant M. Symes, dans la relation de son ambassade à lAva. ( F. C.) /

CHAMARE. (Bot.) Dans le pays des Hottentots, ce nom est *donné, au rapport de Burmann, dans ses Plantœ Africanœy p. 197, t. 72, à une plante ombellifère qu'il nomme apium Tadice crassâ aromaticâ, etc., et qui n'est citée dans aucun des ouvrages généraux plus récens ; le défaut de fructification empêche qu'on ne puisse déterminer son vrai genre. ( J.)

CHAMARIPHE ( Zooph.) Clusius, Exot., liv. 4, c. 12 r p. 85, nomme ainsi une espèce de gorgone, gorgona palma r de Pallas; gorgona Jlammea , Soland. et Eli. (DeB.)

CHAMARIS. (Ornith.) Les Espagnols donnent à la mésange bleue, parus earuleus, Linn., ce nom qui, terminé par un z s'applique, en Portugal, au pinson, fringilla cœlebs, Linn" (CH. D.)

CHAMAROCH. (Bot.) Voyez Camaroch, Carahbolibr*

(J.)

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¦ CHAMARRAS (Bot.), un des noms vulgaires du seordium, nommé aussi germaMrée d'eau, teucrium seordiumo ( J.)

CHAMBASAL (api , nom portugais d'un jaquier de l'Inde, arto carp us jacca, qui paroît dérivé de son nom malais, cfiam- padaha ou tsjumpadaha, sous lequel il est désigné dans 1 'Herb. Amboin. de Rumph, auquel se rapporte également le choopada de l'île de Sumatra. ( J.)

CHAMBREE (ConchyL), terme de conchyliologie, qu'on emploie quelquefois pour indiquer les eoquilles qui ont une ou plusieurs cavités séparées de la principale par une ou plusieurs cloisons. Voyez CONCHYLIOLOGIE. (Db B.)

; CHAMBRES DE PLOMB. (Chim.) Elles servent dans la fabri- cation de l'acide sulfurique. Elles sont formées de lames de plomb soudées les unes aux autres, et soutenues extérieure- ment par une charpente en bois. (CH.)

CHAMBREULE (Bot.), nom vulgaire d'une espèce de galéopside, galeopsis ladanum, Linn* ( L. D. )

CHAMBRIE (Bot.), vieux nom françois du chanvre. (L.D.)

CHAMBRULE et CHAMBUCHS. (Bot.) On désigne par ces noms, dans quelques endroits, le charbon qui attaque les fznoissons. (Lem.)

CHAMEAU ( Conchyl.), nom que quelques personnes don- nent au strombus lucifer de Gmelin, qui paroît n'être qu'une variété du strombus gigtis. (De B.)

CHAMEAU. (Mamm.) Ce noto qui a été rendu commun ( au chameau proprement dit et au dromadaire, paroît tirer sa première origine des langues orientales. En arabe, ces ani* maux se nomment djemel, en hébreu gamal; de là les noms de camelus, de KetjLLtiXoç, etc., etc. ( Bochard, Hieroz., lib. 11, cap. 1. )

Les deux espèces de mammifères que nous comprenons dans ce genre, appartiennent à la grande famille des rumi- nans par les points principaux de leur organisation ; ils s'en éloi- gnent cependant à bien des égards, et, ainsi que les lamas, ils diffèrent beaucoup plus des autres auimaux de cette famille, que ceux-ci ne diffèrent entre eux. Quoiqu'ils aient des pied# à deux doigts, ils ne les ont point fourchus dans la véritable acception de ce terme. Ces doigts sont réunis en-dessous par line semelle cornée qui garnit la plante postérieurement ; ils

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sont séparés au Bout , et chacun a un ongle assez court et crochu : de sorte qu'en dessous ils ne so#t distincts qu'à leur^ moitié antérieure, et qu'ilsne sont poio£kecouverts en-dessus d'un sabot comme ceux des autres ruminans. Leurs molaires ont, en général, tous les caractères de la famille; mais¿üene forment pas une série Continue aux deux mâchoires : la pre- mière est séparée des autres, et située à peu près au milieu de l'intervalle qui se trouve entre celle-ci et les os inci- cifs, et cette dent est en forme de crochet. Deux fortes ca- nines se développent à l'extrémité des maxillaires, et, par une anomalie plus remarquable encore, la mâchoire supé- rieure porte deux incisives dont les formes se rapprochent aus£i de celles des canines : ce qui fait que ces animaux pa- roissent avoir trois de ces dernièresMlents à la mâchoire supé- rieure , et deux à l'inférieure, si l'on prend la dent qui cor- respond à la canine supérieure, pour une canine elle-même ; mais alors, au lieu de huit incisives à cette dernière mâ- choire , il n'y en aura plus que six. Le canal intestinal res- semble aussi en général à celui des ruminans; seulement la panse a plusieurs renflemens, et un surtout, qui pour- roi t passer pour un cinquième estomac ; et c'est dans cette partie que ces animaux, dit-on, conservent de l'eau en pro- vision.

Ces caractères sont les principaux qui distinguent les cha- meaux: cependant leurs narines, qui ne consistent qu'en deux simples ouvertures dans la peau , que l'animal ouvre et ferme à sa volonté ; leur lèvre supérieure divisée en deux parties qui peuvent s'alonger et se mouvoir séparément ; leurs yeux saillans et ternes, leur tête fortement arquée, leurs mouvemens lents et embarrassés, sont encore autant de traitsqui les séparent des autres ruminans, et qui contribuent à leur donner ces formes et cette physionomie particulières dont on a fait le type des formes disgracieuses et des physionomies stupides"

Il est, en effet, difficile d'imaginer une conformation plus désagréable à la vue que celle du chameau : un corps épaisr surmonté d'une ou deux bosses qui en augmentent encore la masse; des membres, etsurtout les postérieurs, qui paroissent 1rop foibles pour le poids qu'ils ont à soutenir; un cou très^ 2ui)Ç} supportant une téte petite, mais lourde dans ses propoxn

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fions; nne allure pesante et gênée, blessent les yeux au pre- mier regard : c'est que ces traits ne rappellent ni la force, ni la légèreté, ni la souplessse, ni aucune des qualités enfin sans lesquelles l'existence nous semble presque impossible, au milieu des dangers qui l'environnent sans cesse.

Les chameaux regagnent cependant, par leur intelligence^ ce qu'ils perdent par leurs Wmes. Leurs sens principaux, la vue, l'ouïe, l'odorat, sont doués d'une assez grande délicat tesse; leur naturel robuste peut se ployer à tout, et ils ont beaucoup de mémoire : par-là ils se placent dans un rang, assez élevé, et bien supérieur à celui des autres ruminans. D'ailleurs, ils se prêtent à des éducations très-variées : bêtes de somme, ils apprennent à se coucher pour être chargés et déchargés plus commodément ; on les habitue au trait, et ils deviennent' d'excellens coursiers. Leur corps semble se revêtir de poils à proportion du froid, et leurs besoins di- minuent suivant la pauvreté du sol qui les nourrit. Ce n'est qu'à l'habitude qu'on leur fait contracter dès la jeunesse, de ne boire que rarement, qu'ils doivent la qualité précieuse de se passer d'eau fort long-temp$. Leurs membres ne sont point aussi foibles qu'ils semblent l'être, et leur lenteur n'est qu'apparente : dans une grande partie de l'Orient, dans la Turquie et dans la Perse, on n'emploie guère ^ue ces ani- maux pour le transport des marchandises et pour les voyages: les plus torts portent jusqu'à 12. et i5oo livres; et les Arabes, montés sur leurs dromadaires , font trente , et même quarante lieues par jour. Leur grande sobriété les rend sur- tout utiles dans les déserts : les herbes les plus communes leur suffisent, et ils peuvent passer dix à douze jours sans boire. Leurs bosses mêmes, qui ne sont formées que dp graisse t et qui sont ordinairement fermes et remplies, contribuent à cette sobriété p^cieuse. Lorsque l'animal ne trouve pas suf- fisamment de nourriture, la graisse des bosses rentre dans la circulation générale, et*supplée aux alimens qu'il n'a pu se procurer ailleurs. Aussi, après les longs voyages, ces bosses sont pendantes, ou elles ont presque entièrement disparu. Sans ces animaux, les pays qui sont séparés par les déserts de la Tartarie, de l'Arabie et de l'Afrique, ne pourroien* avoir de communications immédfttcs ; et ce sont eux qui rea-

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dent habitables ces contrées sablonneuse* et arides. Le Tartars et l'Arabe nomades trouvent dans leurs chameaux presque tout ce dont ils onUbesoin : ils se nourrissent de leur lait et de leur chair; c'est de leurs poils qu'ils fabriquent les différentes étoffes dont ifs se servent, et c'est à eux qu'ils doivent les moyens de se transporter, à chaque instant, partout où il est de leur intérêt de se rendre. A la vérité, c'est dans les pays plats et secs, que les chameaux offrent au plus haut dégré ces précieux avantages : ils marchent avec moins de facilité dans ceux qui sont humides ou pierreux ; et dans les pays où la végétation est abondante, leur grande sobriété n'est plus que d'un intérêt secondaire. Au reste , chaque espèce a donné naissance à des variétés assez nombreuses qui, comme celles des autres apimaux domestiques, se seront sans doute formées suivant les circonstances au milieu desquelles elles auront été produites. Leur entier développement n'a lieu que la septième année, et leur vie est de quarante ou cin- quante ans.

Il paroît que les espèces qui composent ce genre ont entiè- rement passé sous l'empire de l'homme ; et si l'on rencoutre quelquefois des chameaux absolument libres dans la Grande- Tartarie et dans le Thibet, comme le dit Pallas, on pourroit penser, à leur petit nombre, qu'ils viennent moins de races sauvages que de quelques individus échappés à la domesticité.

Nous ne connoissons pas, à beaucoup près, toutes les va- riétés qui se sont produites dans les espèces du chameau et du dromadaire, les voyageurs n'ayant fait que les indiquer va- guement; de sorte qu'il nous est impossible, sous ce rapport, d'exposer leurs traits généraux : l'analogie nous porté cepen- dant à penser que ces animaux n'ont éprouvé aucune modi- fication extraordinaire dans les organes des sens, des mouve- mens et de la génération, et que ce que nous observons sur les races qui nous sont connues, est commun à toutes les autres. *

Les chameaux ont les yeux conformés comme la plupart des autres ruminans, c'est-à-dire, qu'ils ont deux paupières, et la yupille alongée horizontalement; mais ils n'ont point de lar- miers: leurs narines, ouvertes dans la peau, et assez élevées au-dessus de la lèvre supérieure, ne sont point environnées

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de cet appareil glanduleux que Ton nemme mufle, et qui est si étendu chez les bœufs ; leurs oreilles ont la conque externe assez peu développée ; leur langue est longue, molle et extrêmement douce ; leur pelage est plus ou moins fourni, suivant les contrées propres aux races, et sa couleur paroît varier du blanc au brun foncé.

Dans l'état de repos, la verge du mâle se dirige en arriére, et ses testicules sont en dehors dans un scrotum étroit. La vulve de la femelle est très-petite, et ses mamelles sont au nombre de quatre. Les mâles ont perrière la tête un appareil glanduleux qui répand une matière brune, épaisse et puante, surtout à l'époque du rut. ,

La vue, chez ces animaux, paroît être très-bonne, et leur odorat est exquis; car lorsqu'ils ont été privés d'eau pendant quelque temps, ils la (entent à des distances considérables, et y courent avec empressement. Leur goût n'est point aussi obtus qu'on pourroit le conclure des herbes desséchées et grossières dont ils se contentent dans les déserts : quand ils peuvent choisir, ils ne mangent point de tout indifféremment, et préfèrent toujours le meilleur fourrage ; ils aiment le sel, et lèchent avec plaisir tout ce qui en a la saveur. Rien ne prouve que leur ouïe ait quelque chose de remarquable ; mais elle est assez délicate pour que le chameau s'éveille et écoute au moindre bruit. La partie la plus sensible de leur toucher paroît résider dans leur lèvre supérieure ; ils semblent l'em- ployer à palper, et les mouvemens variés de cet organe doi- vent multiplier les impressions dont il est le siège. Ils ont deux sortes de poils ; mais les soyeux sont en petit nombre : les laineux sont très-longs et très-épais sur la téte, les bosses et les cuisses; sur les autres parties du corps ils sont courts et frisés.

L'accouplement se fait chez eux comme chez les autres qua- drupèdes : dans l'érection la verge se redresse ; mais le mâle oblige la femelle, en la mordant au cou, à se coucher pour le recevoir. La portée est de douze mois. Les petits naissent le" yeux ouverts, et non point fermés, comme le dit Schaw. Lea callosités qu'on remarque chez les adultes, aux poignets, aux genoux et sur le sternum, ne se développent qu'avec l'âge * on n'en voit pas la moindre traçe au chameau nouveau-né 1

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c'est du moins ce que j'ai observé sur une race de droma- daires ; mais, comme ces animaux se couchent naturellement sur les parties où ces callosités croissent, elles ne tardentpas à paroître. Il faut donc rejeter l'idée que c'est par l'effet de l'art qu'on habitue les chameaux à se coucher ainsi, et cela pour qu'il fût possible de les charger commodément* 11 est plus vraisemblable que les hommes ont profité de cette dispo- sition naturelle, puisqu'elle leur convenoit à tous égards, et qu'ils se sont bornés à apprendre aux chameaux à se coucher au commandement. La force ne me paroît point avoir soumis ces animaux à l'espèce humaine : malgré l'habitude qu'ils ont de l'obéissance , la violence les révolte; ils ne tardent jamais long-tempsàse venger des maüvai* traitemens, et leurs canines longues et tranchantes sont pour cela les puissantes armes dont ils se servent. Une grande disposition à la confiance, de leur part, une grande douceur de la nôtre, ont pu seules ame- ner petit à petit ces animaux à s'attacher à nous, et à n'avoir plus que cette volonté passive, que cette docilité presque absolue, sans lesquelles en effet ils ne nous appartiendroient pas, ou nous échapperoient bientôt.

Les anciens connoissoient nos deux espèces de chameaux, et ils les désignoient par le nom des pays qui leur sont pro- pres, Ils appeloient l'un chameau de la Bactriane, et l'autre chameau d'Arabie. Aristote et Pline en parlent très-claire- ment, et nous montrent, le premier surtout, que, de leur temps, l'histoire de ces animaux étoit déjà très-bien connue.

Buffon et d'autres auteurs ont pensé que le chameau et le dromadaire ne devoient être considérés que comme des varié- tés d'une même espèce, et ils ont fondé cette opinion stir ce fait, rapporté par Oléarius, que ces animaux s'accouplent et produisent une race féconde. Cette opinion n'a point été adoptée. Le fait sur lequel elle repose n'est pas suffisant pour prouver une identité d'espèce. Les dromadaires et les cha* meaux ont sans doute une grande ressemblance, et sans la dif- férence dans le nombre des bosses, on n'^iuroit point, il faut l'avouer, de caractères suffisans pour les distinguer. Cependant, quoique le caractère des bosses ne soit pas d'une haute impor- tance, chez les ruminans surtout, il seroit nécessaire, pour faire adopter l'idée de Buffon, qu'on montrât dans ces races interné-

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diaires, les tsaits par lesquels les chameaux à une seule bosse se lient aux chameaux qui en ont deux. Le loup et le chien, qui ne sont pas de la même espèce, donnent naissance à des mulets" féconds t et cependant le loup est entièrement sauvage ; com- bien n'est-il pas plus vraisemblable que des espèces, domestiques toutes deux, présenteront les mêmes résultats ? Les mulets de l'àne et du cheval sont quelquefois féconds, et Ton n'a jamais pu faire admettre que leur souche fût qpmmune.

Le Chameau J Camelus bac trian us , Linn. ( Ménagerie du Mus. , in-fol. ) Le chameau ne paroît avoir d'autres carac- tères spécifiques que ses deux bosses, situées l'une sur les épau- les, l'autre sur la croupe, et il parvient peut-être à une taille plus élevée que celle du dromadaire, et à une corpulence plus forte. Notre ménagerie a possédé deux chameaux mâles très- vieux : leur hauteur au garrot étoit à peu près de sept pieds ; ils étoient d'un brun marron foncé ; de longs poils crépus gar- nissoient les bosses et le dessus du cou, formoient d'épaisses manchettes aux jambes de devant, et tomboient en larges fanons dans toute la longueur du dessous du cou ; les poils du reste du corps étoient épais, mais courts, et la queue des* cendoit jusqu'à moitié de la jambe.

Ils avoient autrefois été employés en Hollande à traîner un chariot; mais un long repos leur en ayant fait perdre l'habitude, lorsqu'on voulut les atteler de nouveau, on ne put plus les maîtriser, et on ne se donna pas la peine de refaire leur éducation. A la fin de chaque automne, ils deve- noient en rut : cet état s'annonçoit par des sueurs et une odeur très-forte et très-désagréable, par la perte de l'appétit, par l'écoulement plus abondant de 1 organe glanduleux du derrière de la tête, et par le singulier besoin, lorsqu'ils urinoient, de ramener leur queue entre leurs jambes pour uriner dessus, et de la relever subitement pour jeter Turine sur leur dos.

Le rut duroit à peu près quatre mois, pendant lesquels ils cessoient presque absolument de manger: aussi maigrissoient- ils beaucoup : alors leurs bosses fondoient, et se réduisoient à un monceau de peau épais qui retomboit sur lui-même.

Après le rut venoit la mue, qui les dépouilloit entièrement de leurs poijs, et les rendoit tout-à-fait nus ; ce n'étoit qu'a-

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près deux mois qu'on voyoit de nouveaux poils repousser, et leur pelage n'avoit entièrement reparu que vers le mois de juin.

Ces animaux se laissoient conduire ; mais il falloit s'en dé- fier : ils cherchoient à mordre, et donnoient de violens coups de pied. Ils mangeoient environ trente livres de foin par jour, et buvoient à peu près quatre seaux d'eau.

Il paroît que les chftmeaux sont employés surtout comme bétes de somme, et qu'ils sont originaires de l'ancienne Bac- triane, aujourd'hui le Turquestan. Ce sont eux seuls qu'on emploie dans toute la Tartarie, la Perse, le Thibet et une partie de la Chine ; mais on ne les connoît pas dans l'Indostan : aussi supportent-ils sans 'peine les hivers des contrées septen- trionales; on assure que les Mongols en conduisent jusque sur les bords du lac JÎaïkal. Au reste, cette espèce doit avoir plusieurs races. Le père du Halde assure qu'à la Chine il y en a une de très-petite taille ; et tout doit faire penser qu'un animal aussi profondément domestique , et répàndu dans des climats si différons et chefc des peuples dont les mœurs offrent tant de variétés, a dû éprouver de nombreuses modifications.

On a essayé d'introduire cette espèce dàris nos colonies et à la Jamaïque; mais, soit insalubrité du climat, soit défaut de soins, les tentatives qu'on a faites n'ont point téussi. LaTos^- cane a été pltis heureuse : lorsque l'empereur LéOpold en étoit grand-duc, il introduisit* dans ce pays, quelques chameaux qui s'y sont fort multipliés en peu d'année*, et qui y sont deve*- nus ttès-u tiles. On lès emploie comme bétes de sominè. .

Lé DROMADAIRE ; Camelus dromadariùs, (Ménagerie du Mu- séum, in-fol.) Le dromadaire n'a qu'une bosse, qui est située 4u milieu dû dos, et il a des formes un peu moins épaisseà que le chameau. Au reste, cette espèce ne nôus est connue, comme là précédente, que dans ses variétés qui sont asset nombreuses. Les voyageurs en parleut, et les désignent mêiné par des ñtans particuliers ; mais ils ne lés décrivent point : ce qui nous m£t dans l'impossibilité de faire cotmofftÉë les carac- tères qui léur sont communs, et qui devroient constituer ceux de l'espèce. A en jugef pat le peu qui en a été rapporté, cei Variétés ne se distinguent qne pàr là taille, la couleur des poils, et les usàges auxquels elles sont employées. Lès unes sont plui

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propres à porter, les autres à courir : celles-ci ne peuvent prospérer que dans les pays chauds ; celles-là sont naturelles aux pays tempérés; il y en a de grandes et fortes, de petites, de légères, etc" Notre ménagerie en a possédé trois variétés bieto distinctes, et nous avons déjà obtenu de Tune d'elles plusieurs petits.

Nous avons connu la première par un mâle et une femelle qui furent donnés au gouvernement par le dey d'Alger, en 1798. A l'âge de trois ans ils avoient environ cinq pieds de hauteur au garrot, et ils ont crû jusqu'à près de six pieds : le mâle a tou- jours été le plus grand. Leur poil étoit d'abord presque blanc, excepté sur la bosse, où il tiroit sur le roux ; il est devenu en- suite d'un gris roussàtre. La téte, la bosse, les jambes de devant, et le cou, en-dessus et en-dessous, étoient couverts de poils longs et crépus. Le rut commençoit en février; il duroit environ deox mois, et ces animaux en souffroient peu. Il étoit suivi de la mue, qui ne se faisoit que petit à petit ; jamais il n'en re- sulto it une nudité entière. On a essayé de les accoupler ; le mâle forçoitàcoupsde dents sa femelle à se coucher, ce qu'elle faisoit des jambes de devant seulement ; mais l'accouplement a'a jamais été complet, et il n'y a point eu de fécondation. Le mâle est mort par accident, et la femelle à la suite d'unes suppuration qui s'étoit établie sous la callosité du sternum.

La seconde nous a été offerte par un dromadaire mâle ramené d'Egypte. Il a six pieds de hauteur, et ses proportions semblent plus légères que celles de la variété précédente. Sa couleur générale est grise ; mais il est remarquable par les poüs courts dont il est couvert, comparativement aux autres dromadaires. Sa mue le dépouille entièrement 9 et son rut a lieu au mois de mai; alors, comme le chameau, il répand son urine sur sa queue, et s'en arrose; et il fait, en soufflant, sortir de sa bouche une membrane épaisse et rougeâtre.

La troisième variété a été ¿menée en France de la Turquie. Sans être plus grande que les variétés préoédentes, elle est plus forte, plus trapue, et elle se distingue par sa couleur qui est brune et tout-à-fait semblable à celle du chameau. Son pelage est aussi très-épais, très-fourni; une grande barbe lui pend sous la gorge, et un large fanon sous le cou ; le dessus du cou est aussi garni de poils très-longs, ainsi que la befese?

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les jambes dé devant, le sommet de la tête et la queue. Le rut a lieu au mois de mai, et la mue vient immédiatement après* Lorsque le mâle veut couvrir sa femelle, il la force à se coucher, ce qu'elle fait des quatre jambes, et après l'accouplement il tombe comme épuisé. La portée est de douze mois; le petit naît les yeux ouverts, et il est couvert de poils comme ses parens, mais il n'a encore aucune trace de callosités, et ce n'est qu'a- près quelques mois qu'elles commencent à se montrer. Ce petit tette pendant une année ; mais à cette époque il a déjà appris à manger : le lait de la mère diminue ; elle entre en chaleur, et peut concevoir de nouveau. Ce n'est qu'après la deuxième année que le jeune dromadaire commence à ressentir les besoins du rut, et il ne doit s'accoupler qu'à la troisième ; dans ces premiers temps, la mue chez lui est très-peu sen- sible. La queue, dans ces trois variétés, avoit la même gran- deur : elle descend oit à mi-jambes, et étoit par conséquent semblable à celle du chameau ; mais le mâle de la dernière ne fait point sortir de sa bouche, à l'époque du rut, cette membrane particulière que montrent les mâles de la se- conde.

Ces animaux ont tous été employés chez nous à tirer de Feau d'une pompe, et le sèrvice de chacun d'eux peut être évalué à celui de deux chevaux. La variété brune surtout est re- marquable par sa docilité et par sa force ; comme elle paroît originaire d'un pays analogue au nôtre, et qu'elle se reproduit facflement, elle rendroit peut-être d'importans services k l'économie rurale, dans tous les travaux qui auroient besoin de force plutôt que de vitesse pour être exécutés.

L'espèce du dromadaire ne paroît pas encore avoir été na- turalisée aussi avant vers le nord que celle du chameau : en, Asie, elle ne se trouve pas au-delà de la Perse, et du côté du Midi, elle est inconnue dans l'Inde; en Afrique, elle n'est point en usage au-delà du Sénégal. Dans les longues routes, quand les dromadaires trouvent peu de nourriture, onleurdonnç, mais en petite quantité, de.l'orge, deis fèves, des dattes, ou quelques boules faites d'une pâte de farine de blé.

Lorsque ces animaux sentent que leur charge est trop pesante, ils refusent de se relever, et il y en a qui poussent Tintelligence jusqu'à aider le chamelier à les charger et à

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tés décharger. Ils aiment la musique > et le moyen le plus sûr de les faire marcher rapidement, c'est de leur chanter un air dont le mouvement soit vif. Il faut avoir grand soin que les bâts ne fassent point de blessure à la bosse , les plaies étant toujours très-dangereuses dans les pays chauds. Lorsque cet ac- cident arrive, on saupoudre la blessure de plâtre pulvérisé. Cea animaux sont dangereux au temps du rut $ c'est pourquoi on ne conserve de mâles entiers que le nombre absolument né* cessaire à la fécondation des femelles ; tous les autres sont coupés. Les Arabes conservent la chair du jeune dromadaire dans des vases qu'ils remplissent de graisse, et ils font avec le lait de ces animaux du beurre et du fromage. La fiente dii dromadaire elle-méme est une matière très-utile : on ne con* noît pas dans le désert d'autres moyens d'avoir du feu, et on tire du sel ammoniac de la suie que sa fumée produit. L'Europe ne s'est soustraite à l'impôt qu'elle payoit À l'Egypte pour ce sel que depuis le perfectionnement des arts chimiques.

L'animal désigné par quelques auteurs sous le nom de CHA- mbau d'Arabib est notre Dromadaire; celui qu'ils nomment Chameau de la Bactriane est notre Chambaü proprement dit % le Chamsau léopard , ou plutôt le Caméléopard , est la Giraffe; et le Chameau du Pérou, est le Lama ou la Vigogne. Voyez ces divers mots. (F. C.)

CHAMEAU DE RIVIÈRE. (Ornith.) Les Egyptiens ont donné ce nom au pélican, pelee anus onocro talus, d'après la ressem- blance de sa poche, lorsqu'elle est remplie de poissons, aveô les outres que portent les chameaux. On l'appelle aussi, dans la Basse-Egypte, degha, et sakka, ¿qui signifient porteur d'eau" (Ch. D.)

CHAMEAU JAUNE (Ichthyol,), Camelus jlavus. Ruysch (Collect.pise, Amboin.y pag. 35, tab. 18, n.° 4) appelle ainsi un poisson du détroit de Seram aux Indes orientales. La teinte générale de son corps est jaune; il est tout couvert de petites bosses. Sa chair est extrêmement grasse. Il est armé d'aiguillons avec lesquels les habitans du pays arment leurs flèches. (H. C.)

CHAMEAU MARIN. (Ichthyol,) On donne ce nom à une espèce de coffre, ostracion turritus, Linn., qui vient de la mçr Rouge et de celle deslndes. Voyez Coffre et Ostracion. (H. C.)

CHAMEK (Mamm.), nom sous lequel une espèce de singe 8. 7

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d'Amérique, n'ayant qu'un rudiment de pouce aux pattes de devant , fut présenté à Buffon, qui le confondit avec son coaita* M. Geoffroy, depuis, l'a réuni à son genre Atèles, sous le nom d'atèles pentadactjylus. Voyez SAPAJOUS. (F* C.)

CHAMEL. (Ichthyol.) Au rapport d'Hasselquitz, on nomme ainsi 9 à Alexandrie d'Egypte, le su cet, ecfieneis naucrateso Voyez Echînéis. ( H. Ç. )

CHAMELAU. ( Conch.) C'est un genre de coquilles fort mal Circonscrit par, Klein, et qui paroît contenir plusieurs espèces de vénus. (DbB.)

CHAMIRA (Bot. ) , genre établi par Thunherg , qui a tous les caractères des heliophjla, et qui doif y être réuni. Voyez HOLIOPHYLLE. (POIR.)

CHAMITE. ( Foss.) Avant qu'oa eût classé les coquilles Bivalves d'après les caractères tirés de leurs charnières , on comprenoit sous cette dénomination, et sous celle de camite , nn grand nombre de coquilles bivalves fossiles, qui constituent aujourd'hui différensgenres, tels que les pétoncles, les arches, et autres ; mais aujourd'hui on n'entend parler sous ce nom que du genre Came fossile. (D. F.)

ÇHAMITIS (Bot.), genre de Gærtner, le même que VAza" relia. Lam., Encycl. Voyez AZORELLE. (POIR.)

CHÁMKA, CHAMQUE. (Bot.)Voyez CALAFÜR. (J.)

CHAMLAGU.(2?oi.) Ce nom, probablement chinois, est donné i un arbrisseau légumineux, originaire de la Chine, qui faijt partie du genre Caragana , auparavant confondu avec le Ho- lijiia. (J.) |

CHAMOCHILADI (Ornith.), nom que porte, en grec mo- derne , l'alouette commune, alauda arvensis , Linn. (Ch.D.)

CHAMOIS (Mamm.), nom d'une espèce d'antilope, antilope rupicapra, Linn., vraisemblablement tiré du mot italien car musa , qui désigne le même animal.

CHAMOIS DU Cap. C'est le nom que l'on donne au pasan, autre espèce d'antilope du midi de l'Afrique.

CHAMOIS DB LA JAMAÏQUE. Brown dit que le chamois d'Eu- rope se trouve à la Jamaïque, où il a été transporté, mais où 41 a éprouvé une grande dégénération. Ce fait, qui n'a point été confirmé, stroit assez important pour qu'on le vérifiât- f. C.)

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CHAMOMILLA. {Bot.) M. de Jussieu,, dans "on deuxième Mémoire sur les Synanthérées, publié dans les Annales du Muséum d'Histoire naturelle, a proposé de nommer chamo-w milia le genre Malricaria, rectifié par Gærtner , Smith et "Willdenow, pour rappeler le nom de chamamelum que Caspar Bauhin donnoit à l'espèce principale du genre. (H. CASS.)

CHAMPA (Bot.), nom donné au Chili, suivant MM. Ruiï ei Pavon, à leur genre nouveau Aldea, qui parott être plutôt une espèce d'hydrophyllum dans la famille des borraginées. (Jj)

CHAMPAC ( Bot.)9 Michelia y genre de la famille desmagno- liacées, appartenant à la polyandrie polygynie de Linnæus,. rapproché des magnoliers auxquels il ressemble pUrson calice* Sa corolle est composée de neuf pétales, les extérieurs plus grands4 les étamines nombreuses; les anthères attachées à la, face interne des filamens ; les ovaires en grand nombre, placés sur un réceptacle central, conique, pyramidal ; point de styles* Le fruit consiste en un grand nombre de capsules presque ea baie, réunies sur l'axe central, à une seule loge, presque à deux valves, contenant de trois à sept semences convexes d'un côté, anguleuses de l'autre. On ne connoît jusqu'à présent que deux espèces de champac.

CHAMPAC ODORANT: Michelia champaca, Linn.; Lam., IlL. Gau y tab. 493; Sampaccay Rumph, Amh, 2 , tab. 67. Arbre des Indes, très-recherché à cause de la grandeur, delà beauté r et de l'odeur suave de ses fleurs, approchant de celle du nar- cisse, Ses feuilles sont grandes, alternes, pétiolées, entières, lancéolées . glabres, et d'un vert foncé en-dessus ; couvertes de poils courts en-dessous, principalement sur leurs nervures : les fleurs solitaires, axillaires, d'un beau jaune, portées sur des pédoncules courts vers l'extrémité des rameaux.

CHAMPAC SAUVAGE : Michelia tjampacUy Linn. ; Sampacca sylvestrisy Rumph., Amb.y tab. 68. Cet arbre diffère du pré- cédent par son tronc plus élevé, par ses feuilles plus grandes, ovales-lancéoiées, pubescentes dans leur jeunesse ; ses fleurs sont blanchâtres, ou d'un jaune foible, bien moins odorantes. Il croît dans les Moluques. (POIR.)

CHAMPADAHA, Champada. (Bot.) Voyez Chambasal, Choc- PADA. (J,)

CHAMPANZÉE" (Mamm.) Il paroît, suivant de la Brosse,

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que les Angloîs donnent ce nom ou celui de quimpezée, à un singe de la côte d'An go le. Les naturalistes Font appliqué à une espèce d'oràng, au simia troglodites de Linnæus. Ce nom a été écrit champanelle par erreur dans la première Encyclo- pédie. (F. C.)

CHAMPE. (Bot.) Garcies, cité par C. Bauhin, désigne sous fe nom des fleurs de l'Inde très-recherchées à cause de leur bontie odeur, et dont les femmes indiennes se plaisent à orner leurs cheveux. Il paroît évident que l'arbre qui les fournit est le michelia champaca, connu dans l'Inde sous le nom de champâcam ou champac, ou sampace, et à Java sous ceux de cambaag et champe, dont les fleurs, également odorantes et d'une belle couleur jaune dorée, suivant Rumph, sont em- ployées par les femmes malaises, et par celles de Java et de Macassar, pour orner leur? têtes et embaumer leurs vêle- mens. (J.)

CHAMPELEUSES , CHAMPELURES , CAPELEUSES , CAPELURES. (Entom.) Ces noms divers sont donnés aux chenilles dans nos départemens, principalement à celles qui sont très-grosses ôu velues. (C. D.)

CHAMPIA (Bot.), genre de plante cryptogame, de ¡la famille des algues, section des ulvacées. Il est caractérisé ainsi : tiges presque entièrement cloisonnées, marquées de dis- . lánce en distance d'étranglemens d'où naissent des touffes de papilles subulées qui, d'après Roth (Catal.bot., 3 ), contiennent les corpuscules reproductifs, corpuscules que M. Lamouroux nomme capsules.

Ce genre a été établi par Thunberg sous le nom de mertensia; mais, comme il existe déjà un genre de ce nom, M. Desvaux a proposé d'appeler celui-ci champia, du nom de M. Des- champs , botaniste distingué, qui a voyagé dans les Indes Orien- tales, et qui s'est occupé de l'étude des algues.

La seule espèce de ce genre est

Le CHAMPIA LUMBRICALIS (Champia lumbricalis, Lamourouxj- Mertensia, Thunb., in Nov. Journ. Schrad. 2 vol., 2 st., p. 2,

1. 1, f. 16; Roth: Ulva, Linn.) est une petite plante subgélati- neuse, raiùeuse , tubuleuse, d'un vert rougeâtre, et que l'on trouve dans les mers d'Afrique, vers le cap de Bonne-Espé- Yance. tyf. Des vaux fait remarquer que ce genre se rapproche

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par sa forme extérieure des conferves, et, par sa fructification, des ulves. (LEM.)

CHAMPIGNONS (Bot.), Fungi. Deuxième famille du fèg"€ végétal, classe des acotylédones dans la méthode naturelle., et dernier ordre de la dernière classe, la cryptogamie,, dans, le système sexuel de Linnæus.

I. Définition des Champignons.

Les champignons sont des plantes terrestres ou parasites, qui s'éloignent des autres végétaux par leur nature, par leur consistance qui n'est jamais herbacée, parleurs formes, et sur- tout par l'absence de feuilles, de fleurs, de cupule, d'urne, ou ". d'organe qu'on puisse véritablement leur comparer.

II. Description des Champignons.

Il y a des champignons de toute grandeur : beaucoup sont fort petits; la taille des plus grands n'excède pas un pied de hauteur ; mais il y en a qui ont plusieurs pieds (d'étendue.

Ces végétaux sont de formes très-variées : les uns sont filamenteux, membraneux ou semblables à de l'écume, à des tubérosités; d'autres imitent des parasols, des sabots de cheval, des barbes, etc. Ils sont pour l'ordinaire d'un blanc grisâtre ou jaunâtre, ou rouge-brun ; du reste, ils offrent pres- que toutes les couleurs, excepté le véritable vert d'herbe.

Leur consistance est non moins variable ; elle est gélati- neuse, spongieuse, pulpeuse, cotonneuse,. charnue, coriace, subéreuse, ligneuse ou compacte.

On peut distinguer dans les champignons deux parties dis* tinctes.

La première est celle qui constitue la presque totalité du champignon, et ne produit pas les séminules ; on peut la nom- mer la partie fongueuse.

La deuxième est celle qui contient ou sur laquelle sont immédiatement fixés les corpuscules microscopiques que Ton croit être, avec beaucoup de vraisemblance, les organes reproducteurs, et qui ont reçu divers noms, suivant les fonc- tions qu'on leur attribue, tels que ceux de spores, sporules? sporidies, capsules, sphérules, graines , séminules, théca, gon~ gyles, vésicules et bourgeons. On peut nommer celte partie

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le placentaire , et les corpuscules, sémihules, sans rien pré* juger sur leurs fonctions réelles.

Un champignon composé de ces deux parties est souvent comparable tout entier à un fruit avec ses graines; aussi l'ap- plication des termes en usage pour décrire les champignons , devient-elle souvent très-difficile. C'est ce dont on pourra juger par ce qui va suivre.

La partie fongueuse des champignons détermine leur forme s elle est quelquefois membraneuse ou pulvérulente ; alors elle sert debase à des filamens ou à des pédicelles fructifères, où même à des séminules sessiles: d'autres fois c'est un corps charnu, ou semblable à de la peau, évasé en forme de godet ou de bourse ; on le nomme indifféremment peridium, spo- rangium, conceptacle, réceptacle, et même capsule, parce que dai^s l'intérieur se trouvent logées les séminules avec leur placentaire. On peut citer pour exemple les vesse-Ioups et les pezizes. *

Il est des champignons beaucoup plus compliqués, tels que les agariçs, les bolets, les morilles, etc.; chez ceux-ci on dis- tingue :

1. °La TIGE, communément nommée Stipe, Pédicule, Pied; c'est la partie du champignon qui le fixe à la terre ou sur le corps qui le soutient. La tige offre d'excellens caractères pour distinguer les espèces : elle n'existe pas toujours ; les espèces sont alors sessiles.

2. ° Le CHAPEAU , Pileus , ou CHAPITEAU, n'est pour ainsi dire que le développement de la tige à sa partie supérieure. Quelle que soit l'espèce, le chapeau est très-bombé dans la jeunesse; il se développe en rond comme un parasol: quelquefois il esrt porté par le stipe sur son centre ; d'autres fois il est latéral. ï)ans plusieurs espèces il prend la forme d'un entonnoir en vieillissant; 11 y en a de ronds, de semi-ronds, d'entiers et de divisés.

Le dessus du chapeau est lisse ou hérissé de papilles, de pus- tules, etc. C'est constamment au-dessous que sont les organes, fructifères ; et si quelques espèces les présentent en-dessus, c'est qu'elles doivent cette apparence, car c'en est réelle- ment une , à leur position renversée par l'effet de leur ma- nière particulière de se développer. Ces organes fructifère*

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ressemblent à des lames ou feuillets, à des tubes, à des pores, à des pointes, etc.

r 3.° Le Voilb, Velum, Cortina, membrane très-mince, qui unissoit, dans la jeunesse du champignon, les bords du chapeau avec le stipe ; il se déchire dans la croissance, et il en reste quelquefois des lambeaux ou franges qui pendent, soit aux bords du chapeau, soit sur le stipe, où il forme la collerette ou l'anneau, annulus.

4.0 La Volva ou Bourse, membrane en forme de bourse, qui n2existe pas toujours, mais qui, lorsqu'elle existe, est la partie la plus extérieure du champignon, celle qui le contient en entier dans son très-jeune âge. Elle est déchirée par le gon- flement produit par la croissance du champignon, qui, du moment qu'il a vaincu cet obstacle, croît avec une rapidité surprenante. La volva reste au bas, et lorsqu'elle persiste on la nomme par fois involucre. Elle est simple ou double, comme dans quelques geastrum et quelques-uns des genres voisins.

Dans certains autres champignons, la partie fongueuse est tout-à-fait intérieure. La membrane qui la couvre, nommée alors membrane fructifère ou hyménium, est celle qui con- tient les séminules. On appelle aussi quétquefois hyménium la partie séminifère des champignons gymnocarpes.

Enfin, dans d'autres espèces, les deux parties forment ensemble un tout similaire, ou un mélange difficile à définir, et qui quelquefois est désigné par stroma, sporidium, etc.

Les séminules sont des corps sphériques impalpables, de vraies petites boîtes, disposées, irrégulièrement ou régulière- ment. soit à la surface des champignons, soit dans leur inté- rieur; soit fixées sur des placentaires, soit Abres, et flottants f dans une matière mucilagineuse. Elles sont pleines d'une matière aqueuse, ou quelquefois remplies elles-mêmes d'autres corpuscules similaires.* alors elles font les fonctions de cap- sules ou d'élytres.

Lorsque les séminules ne sont point enveloppées d'une matière mucilagineuse, et qu'elles ne sont point intérieures, elles se détachent avec beaucoup d'élasticitéd'ans le cas contraire, elles ne sont dégagées que par la destruction des champignons.

Les séminules crèvent avec explosion ; leur abondance est

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incalculable, s'il est permis de croire que la poussière des yesse-loups, par exemple, ne soit composée que de s'ëmi- jiules. Elles sont solitaires ou groupées; elles adhèrent à des placentas diversement configurés, ainsi qu'il a été dit plus haut. Dans beaucoup de genres, elles tiennent à des filamens qui forment ce jue l'on a nommé réseau, capilitie, paraphyse; ou elles sont agglomérées contre les parois du champignon * ou bien autour d'un axe ou columelle.

Les observations nombreuses et très - intéressantes, que M. Link a faites sur les champignons, ont découvert qi^ les espèces filamenteuses étoient assez souvent cloisonnées dans leur intérieur, et qu'elles contiennent une substance sans doute séminifére ; elles uniroient parfaitement la famille des champignons à célle des algues.

Les champignons tiennent au sol et aux corps sur lesquels ils végètent, par des fibrilles ou des prolongemens de même naturé, qui ne sont pas de véritables racines, qui ne sont pas tubulaires comme les racines des" mousses ou (^'autres familles de plantes cryptogames, et qui ne sont pas organisées comme les champignons filamenteux, avec lesquels on veut les confondre. VOye^LiNK, Berl. Mdgaz.

Les champignons exhalentune odeur particulière ethumide,. qui leur est commune à tous sans exception, avec des nuances dans les espèces : on la nomme odeur de champignon. Elle est tantôt musquée, approchant de celle du savon ou de l'amande amère; tantôt c'est l'odeur de la térébenthine, ou celle du soufre, etc.

La saveur des champignons est non moins variable r elle est ordinairement fade ou sapide, quelquefois àcre, caus- tique, brûlante, stiptique, acide, nauséabonde, et dépen* dant du suc aqueux ou laiteux dont ces végétaux sont gorgés* Lorsqu'on brise certains agarics , leur chair, d'abord blanehe , bleuit, rougit, verdit, ou jaunit ensuite.

111. Classification.

Le nombre infini des espèces de champignons a donné lieu à une grande quantité de classifications et d'arrangemens méthodiques plus ou moins commodes. La méthode qui* sert de base au synopsis fungorum de M. Persoon, méthode qui

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est presque la seule que Ton suive a présent, est. celle que nous avons suivie ; elle se fait remarquer par la clarté et la grande précision avec lesquelles les genres et les espèces sont fixés. Nous y avons fait deux ¡légers changemens. Le premier, est celui qu'a occasioné le retranchement de quelques genres appartenant à la nouvelle famille des hypoxylées. Le second est dans Tordre inverse que nous mettons dans l'exposition des genres , afin de mieux établir les points de contact de la famille des champignons avec celle des algues, d'une part, et avec les autres familles de cryptogames, de l'autre.

I. et ordre. Les Gymnocarpes: séminules situées a la surface extérieure du champignon.

SECTION I. Les Næmatothéques ou Bysses, champignons filamenteux :Byssus, ceratium, isaria, monilia, botrytis, œgerita, trichodcrma, conoplea, pyrenium, crineum, stilbum, perioonia, ascophora.

SECTION IL Lès Hyménothéques, champignons à surface fructifère unie, et ne se décomposant pas en matière pulpeuse*

§. i. Les Helvelloïdes, champignons en forme de chapeau, de godet, ou diversement plissés, quelquefois stipités: Helo- tium, spermodermidy ascobolus, peziza 7 tremella, helvella, leotiay spathularia.

§. 2. Les Claviformes ou Massettes, champignons charnus, alongés; chapeau et stipe ou pédicelle confondus : Clavaria (voyez Clavaire) , geoglossum.

§. 3. Les Gymnodermates, champignons dont la surface fructifère est lisse ou couverte de papilles : Telephora (auri- culaire), coniophora, merisma,

§. 4* Les Hydnoïdes, champignons dont la surface fructifère est développée en pointes ou dents saillantes : Hydnum, sisto- trema.

§. 5. Les Bolétoïdes, champignons dont la surface séminifère est poreuse ou tubulaire ou alvéolaire : BOLETUS ( voyez ce mot, Suppléraent'dû 5.® volume), dœdalea.

§. 6. Les Agaricoïdes, champignons dont la partie fructifère forme des lamelles ou rides proéminentes : Merulius, agaric us (voyez Füngüs) , amanita, morchella (morille), dyctyophoraf aseroe.

SECTION JIL Les Lythothèques, champignons dont lamcm-

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brane séminifère dégénère en pulpe : Phallus (satyre)f ctcc- thrus.

II. ® ORDRE. Les Angiocarpes : séminules contenues dans l'in- térieur du champignon, celui-ci fermé de toute part dans la jeunesse, mais se déchirant par le sommet ou circulairement, avec l'âge. Champignons communément très-petits, à péridium rarement nul. r

SECTION I. Les Dermatocarpes, champignons parasites, et sans péridium, protégés, dans la jeunesse, par l'épiderme de la plante sur laquelle ils vivent : Gymnosporangium, puccinia r uredo.

SECTION IL Les Epiphytes : péridium membraneux ou coriace , rempli d'une poussière sans aucun filament : Æci- dium, mucor (moisissures), lieea, tubulina, onygena.

SECTION III. Les Trichospermes ou vesse-loups : péri- dium membraneux, rempli de poussière entremêlée de filamens : Trichia (capilline), arcyria, stemojiitis, cribraria, physarum, diderma, retieularia , spumaria, lycogala, sclero~ derma, uperhiza, lycoperdon, bovista, polysaccum, geástrúmy callostoma, plecostoma, tulostomay battarea, podaxis.

SECTION IV. Les Sarcocarpes : péridium membraneux ou charnu, non pulvérulent ni filamenteux à Pintérieur : Cyathus, stictis,pilobolus , thelebolus, sphœrobolus , erysiphe, tubercularia, rhizoctonum, sclerotium, tuber (truffe).

Ces soixanfe-dix sept genres n'en forment que douze dans Linnæus, savoir: agaricus , boletus, hydnum, phallus, lielvella, peziza, clavaria, clathrus, lycoperdon, tremeüa, mucor et byssus. Mais, comme l'observe fort bien M. Persoon, les espèces que Linnæus, rapportoit à la plupart de ses genres, sont elles- mêmes des genres aussi bien, caractérisés que ceux qui les contiennent, et que la multiplicité des espèces nouvelles et inconnues à Linnæus force d'établir journellement, afin d'éclaircir, de faciliter et de développer l'étude des cham- pignons. L'abus de créer des genres nouveaux dans cette famille est poussé très-loin actuellement ; il suffit, pour le prouver, de faire remarquer que le seul genre Lycoperdon de Linnæus comprenoit presque tous les genres de cham- pignons angiocarpes. Nous n'avons cité que les genres le plus généralement adoptés; il en existe une multitude d'autres

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qui rentrent dans ceux indiqués. Ces genres omis, et beau- coup d'autres, seront traités chacun à leur article respectif. De ce nombre sont les nombreux genres établis par M. Link , qu'on pourra connoître, ainsi que la dernière méthode qu'il adopte , en consultant les trois articles Mucédines , Gastromy- cibns et Fongibns, qui répondent aux trois ordres Byssi, Gas- Uromjrci et Fungi, que Willdenow comprend dans la crypto- gamie, et qui renferment tous les champignons.

Il nous reste à exposer en quelques lignes la méthode de Bulliard, adoptée dans plusieurs ouvrages de botanique , mais qui n'est pas admissible, parce qu'elle concentre les genres, que ceux qu'il adopte n'appartiennent pas tous à la famille des champignons, et que la totalité de ceux-ci ne s'y trouve pas comprise. Ce naturaliste établit quatre ordres dans cette famille, savoir :

1. ° Celui qui renferme les champignons dont les séminules sont logées dans l'intérieur. Il comprend les dix genres Truffe, Réticulaire, Mucor, Capilline , Sphærocarpe, Vesse- Loup , Nidulaire, Hypoxylon, Variolaire et Clathre.

2. ° Celui qui contient les champignons à séminules placées à la surface. Les genres sont au nombre de deux, Clavaire , Tremelle.

3. ° Celui formé sur les champignons dont les séminules sont situées à la partie supérieure, tels que les deux genres Pezize et Morille.

4. Celui établi pour les champignons qui ont les séminules à la partie inférieure, c'est-à-dire en-dessous, comme dans les cinq genres Auriculaire , Helvelle, Hydne, Bolet et Agaric.

IV. Lieux et habitations des Champignons.

Les champignons aiment les lieux humides et gras. Ils crois- sent sur les fumiers, sur toutes les substances végétales et animales en décomposition, sur les arbres morts ou vivans, sur les feuilles de toutes les plantes, sur les vieux bois coupés et exposés à l'humidité, etc. Ceux qui croissent à terre sont toujours dans une sorte de terreau rempli de débris de végé-* taux en décomposition. L'humidité, et surtout une humidité chaude, favorise singulièrement le développement et la roui-

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tiplication des champignons, encore augmentés lorsque des circonstances locales entretiennent cette humidité bienfai- sante. Voilà pourquoi l'on trouve les champignons dans les bois : l'ombrage des arbres, les grandes herbes, garantissent les chamjiignons de la trop grande ardeur du soleil, et entre- tiennent autour d'eux une atmosphère constamment hu- mectée. C'est pour cette raison encore que les champignons viennent de préférence dans les endroits sombres, comme dans le creux des arbres, sous les pierres, dans les caves et autres lieux presque inaccessibles à la lumière, qui néanmoins agit singulièrement sur les champignons. Ceux qui croissent ainsi dans l'ombre sont moins colorés, plus alongés et débiles. Nous ne parlons ici que de quelques agarics et bolets, et non pas des champignons filamenteux, des bysses et des moisissures, par exemple, qui ne prospèrent que dans ces lieux"

Ces causes expliquent pourquoi l'automne, saison pluvieuse, échauffée par un soleil qui s'éloigne, et le printemps humide des pluies de l'hiver et échauffé par un soleil de retour, l'au- tomne et le printemps, disons-nous, sont les deux saisons qui offrent les champignons en abondance.

Les champignons qui croissent sur les végétaüx vivans , eF même sur les champignons, sont également sujets à l'influence des saisons ; et ce ne sont encore que les moisissures, les bysses, et des champignons parasites de plantes annuelles, qui se dé- veloppent presque toute l'année, ou seulement à l'époque où paroît la plante sur laquelle ils croissent. Il y a des cham- pignons qui naissent sous l'épiderme des plantes, sous l'écorce et sur le liber des arbres, et qui s'y développent. C'est géné- ralement sur les vieux arbres, ou sur les plus gros, qu'on trouve les champignons les plus volumineux. Ils y tiennent par des fibres qui pénètrent souvent bien avant dans le bois et contribuent à y établir une décomposition du tissu, qui entraîneroit la mort de l'arbre s'il avoit un grand nombre de semblables hôtes.

Les mêmes espèces de champignons ne paroissent pas indif- féremment dans diverses saisons ; il en est de printanières, d'au- tomnales , d'autres d'hiver ou d'été. Elles se perpétuent pen- dant quelque temps, puis elles disparoissent pour le reste de l'année; et ceci est extrêmement frappant dans les acidium,

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lés uredo, et en général sur toutes les plantes microscopiques qui croissent sur les feuilles, et qui même ne s'y développent souvent que lorsque les feuilles ont pris toutes leurs dimensions.

Nous verrons bientôt ce qu'il faut entendre par chanipi~ gnons vivaces.

Chaque espèce de champignon ne vient pas toujours sur toutes sortes de substances. L'on ne voit pas l'espèce qui croît au pied des arbres dans la poussière formée par l'écorce décom- posée , mêlée avec la terre et les mousses, croître au sommet et sur les hautes branches de ces arbres. 11 y a des champignons solitaires; d'autres sont réunis plusieurs ensemble en touffes ou en petites familles. Les champignons terrestres forment quelquefois des cantonnemens remarquables et propres à chaque espèce ; tantôt ils occupent des espaces circulaires, tantôt ils sont disposés en longues traînées fort irrégulières dans leur direction. Nous verrons tout à l'heure comment on peut expliquer ces manières d'être. Certains champignons ne se plaisent que sous terre, et c'est le cas de rappeler les truffes. Ainsi les champignons ont des habitudes qui doivent aider à .faire reconnoitre leurs espèces.

11 y a des champignons qui naissent sur les liquides qui contiennent des principes fermentescibles, que leur présence souvent développe : c'est ce qui fait que l'idée de moisissure entraîne toujours celle de pourriture. Il n'y a point de cham- pignons , proprement dits, qui vivent habituellement plongés dans l'eau ; mais il y en a qui vivent et flottent à sa surface. En général, rien n'est plus délicat qu'un champignon. Les petites espèces, comme les bysses, sont blessées par le plus léger souffle ; et parmi les gros champignons, les agarics, par exemple, les transplanter c'est les détruire, les toucher c'est les meurtrir. Un champignon desséché sur pied, humecté de nouveau, ne végète plus, comme cela a lieu dans les lichens, ce qui établit une différence entre ces deux fa- milles.

D'après ce qui vient d'être dit, il est naturel de conclure,

i. ° que les champignons doivent se plaire dans les zones tem- pérées et boréales : c'est ce qui est effectivement ; 2.® que les eontrées boisées et humides sont celles qui sont les p£s riches en champignons : c'est ce qui est encore.

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Une remarque curieuse de M. le docteur Paulet mérite d'être citée ici ; c'est qu'une même espèce de champignons croît souvent à diverses latitudes, et que ses vertus n'en souf- frent Aucune altération sensible.

Les champignons d'Europe sont presque les seuls qui soient décrits dans nos ouvrages. Les relations des voyageurs prou- vent que J'Asie boréale, la Chine, l'Amérique septentrionale, abondent en champignons ; mais ils nous sont à peine connus. Gn peut porter à deux mille quatre cents les espèces décrites. Ce nombre est loin de la réalité, si à la remarque précédente on ajoute l'observation qu'il n'est presque pas de plante, souvent même cryptogame, qui ne présente une espèce par- ticulière de champignons parasites.

V. Croissance et développement des Champignons.

Les champignons semblent avoir besoin d'une nourriture substantielle, carbonisée ou azotisée; c'est ce qu'on peut croire , puisqu'ils ne prospèrent que sur les matières végétales et animales en décomposition.

Il n'est pas de végétaux dont la croissance et le développe- ment soient aussi rapides et aussi instantanés. Une seule nuit voit éclore des milliers de champignons ; quelques heures , quelques minutes suffisent, à plusieurs espèces, pour parvenir au dernier degré de leur développement, et même au terme de leur existence. La durée de la vie, dans certains champignons, est communément plus longue; elle s'étend k quelques jours, et même à une saison* Il y a des champignons qui, comme les bolèts-amadousiers, persistent plusieurs années; mais ces champignons sont un composé de générations successives, absolument comme on le remarque dans les coraux.

Chacun conndît l'extrême rapidité avec laquelle les moi- sissures couvrent certaines matières fermentescibles, et leur prodigieuse multiplication, même sur des substances bien closes, et qu'on ne soupçonneroit pas qu'elles pussent atta- quer. L'absence de la lumière et une atmosphère calme et tranquille hâtent singulièrement la multiplication de ces petits végétaux.

Les anciens, très-ignorans sur tout ce qui concerne les cryp- togames , frappés de l'apparition qpbite des champignons,

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de leur rapide développement, ne doutoient pas qu'ils né fussent une transformation ou une régénération de matières décomposées, ou des produits de la foudre; et pour cela ils les nommoient catabates. Les Grecs les appeloient encore sphongos, à cause de leur substance spongieuse : d'où est venu le fungus des Latins.

Les champignons paroissent d'abord comme de petits filets, de petites fibres, que le gonflement détermine, soit en flocons ou mamelons, soit en une matière fongueuse, qui se tuméfie, puis grossit et se développe en champignon parfait. Ce pre- mier état est ce que l'on nomme carcite ou blanc de cham- pignon , dans les agarics, les bolets, etc. Ce blanc de cham- pignons, ordinairement fibrillifères, ressemble aux bysses, mais Link a fait voir qu'il ne contenoit pas d'organes qu'on pût appeler séminules, et qu'il n'a pas du tout la structure des vrais bysses, lesquels, par conséquent, ne peuvent être pris pour des agarics naissans.'Ceux-ci, dans le premier âge, sont durs, à chair ferme et cassante; ils ressemblent à des œufs, à des pommes de terre ; à mesure qu'ils croissent ils s'amollissent ; dans l'âge adulte ils se fondent en une eau fétide, ou bien ils se dessèchent sur pied. Les champignons qui ont une volva, la déchirent avec plus ou moins de force, et aussitôt ils croissent à vue d'œil : on cite des phallus qui, après avoir vaincu cet obstacle, ont pris toute leur hauteur en neuf minutes.

VI. Organes reproducteurs des Champignons.

Les champignons, parvenus à leur maturité, émettent de petits corpuscules ronds que nous avons nommés séminules, parce qu'ils paroissent être les graines, ou bien des accessoires aux véritables organes reproducteurs. Les séminules sont le dernier produit des champignons, comme les graines dans les végétaux. Il est d'observation, dit Paulet, que les change- mens les plus remarquables qui arrivent aux champignons, soit dans leur forme générale, soit dans leur couleur, dé- pendent principalement de l'action de la nature par laquelle elle tend à perfectionner la maturité de ces semences, et à les lancer au dehors. On diroit même que tous ses efforts ne teadent qu'à ce but, et se réunissent pour la perfection de

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cette double opération. Les séminules sont diversement placées, soit à la surface entière des champignons, soit à la surface inférieure dans les lames ou feuillets ( elles sont alors logées dans les mailles d'un tissu réticulaire), soit à l'entrée ou à l'ouverture des tubes ou pores, soit sur des appendices particuliers, soit dans des sillons , soit enfin dans des étuis, ou capsules, ou élytres. Dans les champignons angiocarpes, elles sont contenues dans l'intérieur (truffe, vesse-loup), et ne sont mises au jour que par le déchirement ou par la mort de la plante.

Les séminules, soucia forme d'une poussière extrêmement ténue, s'échappent comme une fusée, ou s'écoulent avec le liquide qui les enveloppe. Elles se détachent de leur pla- centaire avec une sorte d'explosion, ainsi que nous l'avons dit au commencement de cet article. Cette émission t pro- digieuse dans quelques espèces. Si ce sont les graines des cham- pignons , ces cantonnemens circulaires, ces longues bandes , ces familles que forment différens champignons, s'explique- roient par la projection des séminules dans une direction constante pour chaque espèce ; explication plus satisfaisante que celle de supposer un vrai champignon réticulaire, ou rameux et souterrain, donnant naissance, de distance en distance, et dans des espaces immenses, à ce que nous nom- mons champignons.

Les séminules sont tellement fines, que c'est avec peine qu'on peut les voir à l'œil, et souvent même au microscope. Le moment, pour bien les observer, est celui de leur ma- turité -, alors, si l'on place un agaric sur une glace propre, on la voit bientôt se ternir et se couvrir d'une poussière unique- ment formée de séminules. Dans les tremelles,le phénomène est visible presque à l'œil nu. Si l'on examine, à la loupe 9 des botrytisou des mucor, champignons que l'on confond sous le nom vulgaire de moisissure, on voit des capsules ou élytres rondes crever ou s'ouvrir par le milieu, comme des boîtes a savonnettes, et lancer les petits corps qu'on peut regarder comme les séminules. Si l'on étudie les bysses, on voit leur intérieur cloisonné le plus souvent, et rempli d'une matière flottante, qui rappelle la matière intérieure de quelques genres delà famille des algues, voisins des conferves.

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Dans plusieurs genres de champignons les séminules ne se ressemblent pas, et elles ont des positions respectives cons- tantes. Les observations n'étant pas encore très-multipliées k cet égard, il n'est pas permis d'user de celle-ci pour appuyer les systèmes qui admettent des organes mâles et des organes femelles dans les champignons.

Les séminules sont plus pesantes que l'eau. Si l'on place des moisissures, ou même un champignon de couche prêt à lancer ses séminules, sur de l'eau, on verra celles-ci se précipiter au fond ; l'eau ainsi chargée sert k féconder les couches À cham- pignons.

Une humeur gluante entoure les séminules; cette humeur les fixe aux corps sur lesquels les pluies, les vents et leur propre élasticité ont pu les jeter. Dans les bolets vivaces elles se développent sur le champignon même : c'est ainsi que les champignons ligneux etsubéreuxaugmentent pendant plusieurs années, par l'addition de couches extérieures. " Ces couches, " faitobserverBulliard, se remarquent très-bien dans le bolet

* amadouvier, où il s'en forme quatre toutes les annéesT " savoir, la couche du printemps, celle d'été, celle d'automne, " et celle d'hiver ; après celle-ci, qui est la plus épaisse, se " forme celle du printemps suivant, mais d'une manière si

* distincte , que l'on peut savoir l'âge du bolet en comptant " le nombre de couches, et divisant par quatre le nolmbire " résultant. * Bulliard en a conclu ainsi : quatre années d'exis^ tence pour un individu de cette espèce de bolet.

La reproduction des champignons parasites est inexplicable pour ceux, en général, qui ne se développent que sous l'épi- derme, et par conséquent dans l'intérieur des v gëtaux, comme les vers intestins dans le corps des animaux; compa- raison qui n'entraîne aucune autre ressemblance entre ces êtres.

Si l'on considère les champignons épiphytes, par exemple, les uredo, les œcidium ( ce qu'on nomme rouilles en agricul- ture); si l'on considère ces petits champignons. on remarque qu'ils couvrent entièrement^ certaines plantes herbacées, ou bien qu'ils font élection d'une partie du végétal, et ne se développent constamment que sur cette seule partie. Il y a des espèces qui ne se plaisent qu'à la surface inférieure des 8. 8

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feuilles (fungi hfpophj'lli), d'autres qu'en-dessus ( fungi epi- phylli)', celles-ci ne croissent que sur les calices; celles-là préfèrent l'écorce ou les racines, 11 existe à cet égard presque autant de variations qu'on en peut supposer.

Ces champignons se prêtent difficilement à notre observa- tion ; leur étude, très-négligéependantlong-temps, n'a inspiré quelque intérêt que dans ces derniers temps: et cependant, nous osons le dire, s'il est une partie de la cryptogamie qui mérite Tattention spéciale des botanistes et des agriculteurs , c'est celle des champignons épiphytes, puisqu'ils couvrent les plantes de nos potagers et de nos vergers ( rouille, blanc ou meunier); qu'ils attaquent celles, plus précieuses encore, qui forment nos moisson? ( carie, charbon, ergot) ; enfin, qu'ils dé- truisent ou rendent souvent nulle l'espérance de l'agriculteur industrieux. La petitesse de ces parasites ne doit pas effrayer l'observateur; l'intérêt public doit le soutenir dans cette utile étude, sur laquelle des botanistes instruitsont voulu jeter du ridicule.

L'examen constate que les champignons épiphytes sont aussi bien organisés que les autres champignons, et que cette orga- nisation est analogue dans tous, comme le prouve une série de filiations qui unissent le champignon le mieux reconnu pour tel, à celui qui est révoqué en doute. Ainsi donc ils ne sont pas une production immédiate du végétal sur lequel ils croissent, et leurs graines ont été amenées dans son sein par des causes particulières. Ces champignons microscopiques, ou semblables à des points, forment sous l'épiderme une tache jaunâtre, puis blanchâtre, et qui crève enfin pour les mettre au jour. Ils y prennent leur dernier développement, lancent, à la manière des autres champignons, une poussière sémi- nifère ; ensuite ils meurent. S'ils eussent été les productions d'un végétal maladif, la nature n'auroit pas pris autant de soin pour les perpétuer, et n'auroit pas xnisf une si grande conformité entre eux et les champignons proprement dits , qui souvent en sont eux-mêmes attaqués.

La difficulté consiste à savoir comment les séminules des champignons épiphytes sont amenées sur ou dans les végé- taux. Une remarque importante à faire avant tout , c'est que ces champignons attaquent toutes les plantes annuelles ;

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que chaque espèce, le plus fréquemment, ne vit que sur le même végétal, et, par conséquent, qu'entre une première et une seconde génération il s'écoule deux saisons au moins. Nous ne pouvons nier que les séminules des champignons ne se conservent intactes pendant long-temps : c'est un fait certain, prouvé par ce qui se passe journellement sous nos yeux. Deux manières de reproduction se présentent pour les cham- pignons dont il s'agit : ou la plante qui en doit être attaquée puise 1er séminules dans la terre , d'où la force végétative les amène dans les parties les plus favorables à leur germination. ce que leur ténuité rend très-possible ; ou bien les séminules sont jetées sur le végétal, et germent en s'introduisant par ses pores. Cette dernière manière n'expliqueroit pas du tout la présence de certains champignons parasites sur des fruits, des corolles, etc., encore dans leurs enveloppes et hors de l'atteinte des agen" extérieurs. E^e est "ans doute probable ^ mais rien ne la prouve,

L'on a dit que les séminules des champignons épiphytes attaquoient le germe de la graine, et qu'elles se développement ensuite en même temps que la plante. On a été jusqu'à dire qu'elles forment sur le germe un point ou une tache, et l'on a donné aussitôt cette observation comme une preuve incontestable et comme une vérité. L'on s'est empressé d'an" noncer que tous les champignons épiphytes ne se perpétuoient qu'autant que leurs séminules attaquoient les germes. Ainsi l'embryon d'une graine de peuplier, de tremble, etc., la graine elle-même toute entière seroit munie à Favance des séminules de ces myriades d'individus 'd'uredo, d'eccidium, de 3y loma 7 d'erineum, qui couvrent tou* les ans toutes les feuilles du peuplier, du tremble ; feuilles qui, se renouvellant chaque année, sont dans le cas des herbes annuelles,. Ceci est tellement hors de la nature des choses, que cette préten- due vérité n'en est point une, et qu'elle est digne des temps où l'on aimoit mieux expliquer les* opérations de la nature par des hypothèses, quelles qu'elles fussent, plutôt que d'avouer son ignorance : dernière conclusion que nous' sommes forcés de prendre en cette circonstance.

8.

VII.

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IX. Organisation des Champignons.

L'organisation des champignons, dit Bulliard, quoique très-simple, a quelque analogie avec celle des plantes à fleur" distinctes. En prenant pour exemple l'agaric comestible, agaricus edulis, on observe :

1. ° Un épiderme mince , difficile à séparer.

2. ° Une substance fibreuse, analogue au bois, mais souvent molle dans les champignons fugaces ; formée de filamens ou de fibres, enlacés les uns dans les autres, et faisant fonctions de tubes capillaires.

3. ° Souvent, à l'intérieur, une substance médullaire, com- posée d'utricules ou de petites vessies placées à la suite les unes des autres.

Si l'on plonge, ajoute Bulliard, un champignon ainsi orga- nisé, dans une eau colorée par du carmin, on verra la liqueur monter dans la partie fibreuse seulement, mais point dans la partie médullaire.

D'après ces faits, on ne peut pas nier que les champignons ne jouissent d'une organisation végétale. Ils ne sont donc pas un simple tissu cellulaire homogène, et encore moins des produits accidentels de la nature, comme le dirent les anciens. Ce sont de vrais végétaux, puisqu'ils vivent à la manière des autres végétaux -, qu'ils ont une naissance à dés époques déterminées, comme ceux-ci ; que leur développe- ment a pour terme la maturité des graines, et qu'après la production de celles-ci les champignons périssent. L'on peu# contester l'existence d'organes qui puissent être réellement nommés organes mâles et organes femelles : c'est ce que nous allons exposer.

VIII. Opinions sur Vexistence et la non-existence des sexes dans les Champignons. *

Vouloir plier la nature à nos idées, c'est nous ôter les îpuissances que peut nous procurer l'étude impartiale de ce que nous nommons ses écarts. Voilà pourquoi, en*£J"toire naturelle, tout raisonnement qui n'est pas appuyé sur des faits devient une hypothèse nuisible aux progrès de la science* C'est ce dont ou se convaincroit aisément en lisant ce qui a

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^té écrit ponr ou contre l'existence des sexes, ou d'organes sexuels, dans les cryptogames, et particulièrement dans les champignons.

Les anciens, dont les connoissances en physiologie végétale étoient fort bornées, avoient néanmoins très-bien compris que, dans les végétaux, les graines sont destinées par la nature à perpétuer l'espèce, et qu'elle avoit tout disposé pour les faire parvenir à la perfection. Ils regardoient donc les graines comme essentiellement nécessaires. Elles sont vi- sibles dans tous les végétaux à fleurs : ils auroient donc dû les supposer dans tous les autres. Cette conclusion bien naturelle n'a pas été tirée par eux ; et, comme nous l'avons dit, les champignons passoient dans l'antiquité pour des régénéres- cences ou des produits de la putréfaction : c'est ce que croyoient Théophraste, Dioscoride, Pline, Galien, etc. Mais, dès le quinzième siècle, cette opinion se détruisit pour faire place à celle qui fait notre conclusion ; et, si Lancisi et Mar- sigli ont voulu soutenir l'ancienne idée, l'Ecluse, Boccone, Mentzel, Tournefort, Micheli, puis Battara , Gleditsch , Adanson, Hill, Batsch, Linnæus, Haller, Hedwig, Persoon, Bulliard, Paulet, Link, etc., etc., se sont déclarés pour l'existence des graines. Quelles sont ces graines P comment sont fécondés les corpuscules qu'on prend pour elles P Ce sont les questions à résoudre , et auxquelles on n'a pas encore répondu d'une manière satisfaisante.

La découverte des sexes dans les végétaux, faite par Lin- næus ; l'importance de la fleur ; les fonctions des étamines et celles des pistils reconnues, et, plus encore, l'établissement du brillant et merveilleux système de Linnæus, créé comme par enchantement, renversèrent en un instant toutes les idées qu'on avoit eues jusque-là sur les champignons. Mi- cheli , enthousiasmé, voulut voir des fleurs mâles et des fleurs femelles dans les champignons, et avança avoir vu germer les séminules des champignons. Il veut que le rebord frangé des lames des agarics, des tubes des bolets, soit l'organe mâle. Hedwig prétend, au contraire, que c'est un stigmate, et que les filets succulensqui forment le réseau, dans les mailles duquel sont logées les séminules, font les fonctions d'étamines : ce qui n'est prouvé par aucune expérience directe. Bulliard pense %

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avec pïils de simplicité, que le fluide fécondant est ou libre et en contaet immédiat avec les embryons, ou qu'il est d'abord contenu dans des vésicules membraneuses qui crèvent ensuite*

M. de Beauvois croit même pouvoir fixer la position des deux organes mâle et femelle. Il a observé au sommet des cia* vaires un mamelon, d'où sort une poussière qui sans doute fé- conde les globules situésàlapartieinférieure, puisque ee"£-ci ne prennent d'accroissement qu'après cette sortie, et qu'ils se flétrissent si l'on supprime le mamelon supérieur avant son déve- loppement. AvantM.de Beauvois, Bulliard avoit reconnu des clavaires monoïques. Plusieurs de ces clavaires rentrent dans le genre Sphaeria , qui n'appartient plus à cette famille.

Il est tellement dans les idées reçues qu'il n'y a pas de plantes sans graines, et qu'il n'y a pas de graines fertiles sans fécon- dation , qu'on ne peut pas s'empêcher d'être séduit par tout système qui est favorable au maintien de ces idées, surtout lorsqu'il s'annonce appuyé sur des expériences. C'est préci- sément la position dans laquelle les travaux de M. de Beauvois nous mettent. Mais, pour donner le dernier degré de certitude à ce qu'il avance, il nous resteroit à savoir si ce qu'il regarde comme les graines en sont réellement. Dans les vesse-loups, Cette poussière qui les remplit et qui en sort comme de la fumée., ne peut être un assemblage de séminules, comme on le croit ; si cela étoit, la terre entière seroit bientôt couverte de ces végétaux. Regarder cette poussière comme une poussière fëcoindante comme une sorte de pollen, cela n'a rien qui répugne. Kolreuter fait la remarque que le pollen d'une seule anthère de ketmie est composé de cinq mille globules environ. Chaque fleur de cette plante monadelphe contient plus de cent étamines ; c'est donc plus de cinq cent mille globules de pollen pour la fécondation d'une seule fleur. La poussière des vesse-loups est un assemblage prodigieux de petits glo- bules ( et l'on a calculé qu'un individu de lycoperdon en conte- iwoit quatorze millions ) : 6Í c'est un pollen, il n'y a rien qui "tonne ; si c'est une réunion de séminules, quelle prodigalité ! quelle surabondance ! Les vraies séminules des vesse-loups "loivent donc être différentes des globules qui composent la poussière ; peut-être sont-ellesadhérentesau réseau filamenteux dans ie vides duquel est contenue la poussière : c'est ce que

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d'heureuses expériences doivent prouver, en ven tnt confirmer

les observations de M. de Beauvois.

M. Bosc nie l'existence des organes mâles et des organes femelles dans les champignons ; il soutient avec Gærtner que les champignons se reproduisent par bourgeons. " Aujour- d'hui ( 1817), dit-il, que j'ai vu un plus grand nombre d'in- * dividus de ces deux classes (champignons et polypes); que je me trouve appuyé de l'opinion d'un homme aussi célèbre que Gærtner, je dois tenir, et en effet je tiens plus que jamais à cette idée. Je dis donc que les graines des ch ampignons sont de véritables bourgeons, ou, mieux, ne sont en réalité que des plantes excessivement petites, qui se développent par l'action végétante, sans changer de nature. On en voit la preuve dans les nidulaires, cjathus, où les prétendues semences prennent souvent une ligne de diamètre. * Les générations des cham- pignons ne seroient donc en ce sens que les produits d'une succession perpétuelle de développement, ou bien un désenz- boîtement continuel. Les champignons auroient alors quelques traits de ressemblance avec les polypiers. Lichenstein, Aker- mann, Treviranus, Kœler, etc., ont même cru reconnoitre plus d'analogie entre les champignons et les polypiers qu'entre le¡s premiers et les végétaux parfaits; ils ont proposé de faire des champignons un quatrième règne, celui desphjtozoes, intermé- diaire entre les végétaux et les animaux. Avant "mx, Linnæus (Mundus invisibilis) crut un moment qu'on pouvoit considérer les champignons comme des polypiers. Les expériences de Munchausen, mal expliquées, l'avoient sans doute séduit. Si l'on met des séminules de vesse-loup sur de l'eau, on aperçoit un mouvement sensible occasioné par la légèreté du réseau, qui tend à le faire flotter, et par la pesanteur des séminules, qui tend à l'entraîner au fond. Ce mouvement, que Link a re- connu dans beaucoup de champignons, avoit été pris pour un effet de vitalité animale. Linnæus, cependant, abandonna sa première opinion, et dans son Mémoire sur les coraux de la Baltique (Amœnitates académica) , en décrivant un poly- pier fossile d'une structure absolument semblable à celle du bolet amadouvier, il se borne à les comparer sans tirer de conclusion. Néanmoins, des considérations intéressantes peuvent se déduire des parallèles des champignons avec les

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polypiers : par exemple, les bolets et les agarics, qui sont ter- restres, d'une consistance non pierreuse, et dont la partie fructifère est en-dessous, peuvent êtue opposés aux coraux qui vivent plongés dans l'eau, qui sont pierreux, à cellules polypifères situées en-dessus ; les bysses, légers, délicats, fu- gaces , aux éponges dures, cornées, persistantes, etc.

IX. Usages et propriétés des Champignons.

Les champignons présentent un grand nombre d'espèces utile" à connoître, à cause de leurs usages et de leurs propriétés. On ne nomme vulgairement champignon* que ceux qui 7 comme les bolets, les agarics, les vesse-loups, etc., ont un certain volume, de la ressemblance entre eux, et surtout une substance charnue et comme spongieuse. Les autres sont les moisissures. C'est parmi les premiers que se trouvent les ceps, les agarics, les chanterelles, les truffes, les barbes de boucs, Toronge, etc., et tant d'autres champignons dont l'homme se nourrit dans quelques contrées, et qui, dans d'autres, sont le luxe de sa table ou sa passion dominante.

Il est probable que de tout temps, dit Paulet, les hommes ont fait entrer les champignons dans leur nourriture. L'exemple de plusieurs animaux qui s'en repaissent, la nécessité,l'odeur, la dégustation fortuite, et mille acGidensde ce genre, ont dû jiécessairement les inviter à en faire usage. On voit cet usage établi de temps immémorial à la Chine, dans l'Inde , en Afrique, etc. ; mais il semble queles peuples d'Europe, bornés d'abord et long-temps à l'usage d'un petit nombre d'espèces, soient aujourd'hui ceux de la terre qui en font entrer un plus grand nombre dans leurs alimens. C'est surtout depuis l'institu- tion du carême, observé d'abord avec rigueur dansla chrétienté, que cet usage s'est beaucoup étendu chez certaines nations, principalement parmi les Russes, le§ Hongrois, les habitans de la Toscane, réduits souvent presque à cette seule nourri- ture pendant ce temps. Après les Toscans, les habitans de l'Eu- xope qui en useiît le plus, sont les Hongrois, les Bavarois, les Polonois, et en général tous les Allemands. Mais les Russes, beaucoup moins éclairés que ces peuples, se contentent, sui- vant le rapport de Muller, de les recueillir tous indistinc- tement, et ils les conservent, dans un mélange de sel et de

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?inaigre. Ces exemples suffisent pour prouver qu'indépen- damment de ce qui peut flatter le goût dans les champi- gnons , ces plantes contiennent en général un suc capable de nourrir.

L'on s'est d'abord contenté des champignons que l'on re- cueilloit dans la campagne et dans les champs ; ensuite le luxe a donné naissance à des moyens artificiels, pour augmenter la quantité des champignons comestibles, pour entretenir la conservation des espèces recherchées, ou pour en avoir aux différentes époques de l'année. C'est dans cette vue que les anciens avoient de nombreuses recettes de liqueurs prépa- rées , dont ils arrosoient le pied de certains arbres qui, comme le peuplier, présentent des espèces bonnes à manger. (Voyez CHAMPIGNONS ARTIFICIELS.) C'est ainsi que les modernes ont les COUCHES A CHAMPIGNONS (voyez ce mot etFüNGüs), maintenant en usage dans toute l'Europe, et qui fournissent con- tinuellement à l'assaisonnement de nos mets des champignons dont les qualités reconnues n'inspirent aucune crainte. C'est ainsi que les Italiens ont leur fameuse pierre à champignons, meuble précieux pour les gourmets à Naples, à Rome, à Flo- rence. (Voyez SUILLÜS.) C'est aussi pour cela qu'on a cherché tous les moyens pour dessécher, confire, et toutes sortes de préser- vatifs , comme le camphre, etc., pour conserver les cham- pignons, dans les saisons de l'année 011 la nature nous les refuse.

Ce qui plaît dans les champignons comestibles, c'est un parfum particulier ou une chair tendre et fragile sous la dent. Les habitans de la campagne sont peut-être trop peu attentifs sur le choix des espèces qu'ils destinent à leur nourriture, ce qui occasione souvent des accidens funestes. En Italie, où la consommation des champignons est prodigieuse, ony mange un nombre infini d'espèces réprouvées ailleurs. On ne sauroit trop se mettre en garde dans l'emploi alimentaire des champignons; car, indépendamment des espèces vénéneuses , tousles cham- pignons deviennent pernicieux, si l'on ne prend pas certaines précautions. Par exemple, on doit rejeter les champignons passé fleur, c'est-à-dire, ceux qui commencent à perdre leur éclat et leur fraîcheur, et qui se flétrissent ou se décomposent. Ils deviennent alors fades ou nauséabonds, purgatifs et dan-

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gereux. On doit enlever aux autres tôute la partie fructi- fère, comme à quelques bolets et à quelques agarics, auxquels on enlevé les feuillets ou les tubes, opération qu'on appelle ôter le foin. On doit rejeter les champignons qui sont remplis d'un suc laiteux, ordinairement àcre; ceux qui ont des cou- leurs tristes, la chair pesante ou coriace et filandreuse ; ceux qui croissent dans les caves, dans l'obscurité ou sur les vieux troncs d'arbres ; il vaut mieux, dans le doute, rejeter une bonne espèce, que risquer de commettre une méprise, dont les accidens les plus funestes peuvent être le résultat*

Les champignons vénéneux n'ont point de caractères com- muns ; aussi, dans l'usage, on ne doit avoir confiance qu'en ceux dont les qualités innocentes sont reconnues, et dans la manière de les préparer, ce qui n'est plus de notre objet. Les champignons vénéneux produisent d'abord des nausées, des vomiss emens, des défaillances, des anxiétés j un état de stupeur* d'anéantissement, d'astriction à la gorge, qui conduit quel- quefois à une prompte mort, au milieu des convulsions les plus affreuses. Lorsqu'on échappe à ce terrible sort, on en éprouve le plus souvent de longs ressentimens. L'émétique y l'eau chaude, les adoucissans, sont les remèdes à porter dans ces circontances. (Voyez AMANITE , FUNGUS , ORONGE.) L'on re- marque que les acides, tels que le vinaigre , le jus de citron , atténuent considérablement le mauvais effet des champignons, quels qu'ils soient, et que l'ébullition leur enlève souvent de leurs qualités malfaisantes. Kraschenninickow (Voyage au Kamtschatka) nous apprend que les Kamtschadales préparent avec la fausse oronge, agaricus muscarius , Linn., et l'épilobe, epilobium angustifolium, une boisson enivrante, qui donne nais- sance souvent à des délires mortels. L'urine des individus qui en sont les victimes, conserve les mêmes propriétés délétères.

Les champignons présentent quelques utilités à la médecine et aux arts. Chacun sait que l'agaric des boutiques et Y amadou sont des champignons ; les usages de ce dernier sont très- connus. Quelques peuples en font des vête mens commodes et fort chauds.

Certaines espèces de champignons sont employées pour teindre les draps en jaune, etc.

Dans la nature, les champignons sont la proie des insectes

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et de quelques animaux herbivores ; l'on remarque que les champignons avancés en âge sont ceux que les insectes attaquent le plus volontiers.

Jusqu'ici nous n'avons parlé que des champignons qui nous sont utiles, ou qui influent sur l'économie animale. Que n'y auroit-il pas à dire sur les champignons parasites, qui attaquent les végétaux, détruisent leur feuillage ou leur tissu ? de ces champignons filamenteux, comme les moisissures, qui déna* turent toutes les substances fermentescibles, et dont il n'est presque pas de moyens de les garantir? de ces champignons microscopiques, tels que ceux appelés rouille, nielle, charbon, ergot, mort, blanc, meunier ^ui désolent nos moissons, nos grains, nos plantes potagères, et qui influent par-là sur notre existence? Mais nos connoissances à leur égard sont bornées, et ils de- mandent encore Tattention des naturalistes et des agriculteurs.

X. Principes qui composent les champignons.

Les champignons étant la nourriture à laquelle certains peuples se trouvent quelquefois réduits, renferment donc un principe nutritif : les effets prompts et actifs de quelques espèces sur l'économie animale annoncent des principes pro- pres à ces espèces. Dans ces derniers temps, la chimie a cherché à découvrir ces principes: quelques essais ont donné des résultats intéressans ; et, réunis aux résultats de nouvelles expériences, ils pourront conduire à des considérations très-importantes sur les champignons en général. La chimie fait connoitre que ces cryptogames sont composés essentielle- ment d'une substance propre, la fongine, principe mollasse, fade, subélastique, alimentaire, et qui jouit de propriétés qui lui sont particulières (voyez FONGINE). L'analyse complète de diverses espèces de champignons y a fait découvrir en outre plusieurs acides nouveaux, de l'albumine, de l'adipo- cire, de l'osm^izone, principes azotisés. On en retire encore une sorte de sucre qui se cristallise, et divers principes propres. Ces découvertes sont dues aux recherches de M. Bra- connot. Les expériences de cet habile chimiste portent à Conclure que les champignons sont de tous les végétaux ceux qui offrent le plus de principes animalisés, ou, pour être plus clair, de principes azotisés. Les champignons expirent du

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gaz azote, du gaz acide carbonique, du ¿az hydrogène; sous

1 eau, ils ne donnent pas de gaz oxigéne. Ainsi tout concourt à former des champignons une famille distincte de celles des autres végétaux.

XI. Conclusion.

De tout ce qui précède il est aisé dejuger que l'étude des champignons n'est pas une étude stérile, qu'elle n'est pas dénuée d'attraits, même pour les gens du monde, et qu'elle est digne de fixer notre attention. Aussi existe-t-il un grand nombre d'ouvrages sur les champignons, et nous pourrions citer ici beaucoup d'auteurs ; mais il suffit d'indiquer les principaux, ceux que l'on peut consulter avec le plus d'avantage : tels 6ont Micheli, qui nous dévoila le premier la structure des champignons; Batsch , Battara, Schæfier,Sowerby, Bulliard, importans à cause du nombre et de l'exactitude des figures ; M. Persoon, dont le Synopsis fungorum, ouvrage fondamental, est digne, par sa précision et le nombre des espèces qui y sont décrites, d'être consulté par tous les naturalistes ; le Traité du docteur Paulet, qui borne l'étude des champi- gnons à celle des champignons, ainsi nommés vulgaire- ment , mais qui fourmille d'expériences curieuses, et dont les figures sont remarquables par leur fidélité. Enfin, le voile qui couvroit l'histoire des champignons microscopiques, sou- levé par Micheli, et que Todj?, Persoon, Bulliard, ont dé- chiré en partie, l'est presque complètement par Link, dont les observations nombreuses et intéressantes se trouvent con- signées dans les volumes 3 et 5 du Magasin de Berlin , et dans divers ouvrages périodiques allemands.

Ceux qui voudroient borner leur étude à la connoissance des champignons de la France, doivent essentiellement con- sulter le Traité des champignons, de M. le docteur Paulet j l'Herbier de la France, par Bulliard ; et la deuxième édition de la Flore Françoise, par MM. de Lamarck et Decandolle. (LEM.)

CHAMPIGNONS ACRES. Micheli donne ce nom à quelques champignons qui ont un goût âcre ; tel est l'agaric poivré ou girolle blanche, qui se mange néanmoins dans bien des lieux.

CHAMPIGNON AGARIC. Ce sont les champignons subéreux des genres Agaric et Bolet.

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CHAMPIGNONS A L'AIL. Voyez AILLIER.

CHAMPIGNON AILE. C'est Vagaricus elythrioïdes de Scopoli. Ses feuillets ne touchent que par un point au chapeau, comme les ély tres des insectes à leur corselet.

CHAMPIGNON AMER , de l'Ecluse. Espèce qui fait partie des champignons que Paulet nomme Grands-Poivrés, dont TAga- ricus piperatus, Linn., est le type.

CHAMPIGNON ANDROSACE. Voyez ANDROSACES.

CHAMPIGNON DB L'APPAREIL DES FRACTURES. Voyez DIGITAL HUMAIN.

CHAMPIGNON ANONYME, de l'Ecluse. C'est le peziza lentífera, Linn., qui fait le genre Cyathoïdes de Micheli, détruit par Linnæus, et rétabli depuis, sous les noms de cyathus et de nidularia. Schæffer donne ce même nom à un agaric que Paulet regarde comme une espèce particulière ; c'est celle qu'il nomme la touffe-tabac-d'Espagnc, à cause de sa couleur et de sa manière d'étre.

CHAMPIGNONS ARBORESCENS. Rai nomme ainsi les champi- gnons qui croissent sur les arbres ; il en forme l'un des trois groupes qui, dans sa méthode, comprennent tous les cham- pignons.

CHAMPIGNON D'ARMAS. Voyez BBRLINGOZZINO.

CHAMPIGNON AROMATIQUE. Voyez SUREAUTIER.

CHAMPIGNON ARTIFICIEL. On nomme ainsi les champignons bons à manger, que Ton fait croître au moyen de procédés particuliers. Les anciens avoient quatre manières principales de faire venir les champignons. Ménandre rapporte la pre- mière : elle consiste ¿ couvrir une souche de figuier avec du fumier, et à l'arroser souvent ; on voit naître au bout de quelques jours, des champignons qui ne sont point malfaisans. La deuxième manière est indiquée à l'article ÆGERITA. La troi- sième, indiquée par Tarentinus, consiste à arroser avec de l'eau 9 et en plein air, les cendres de plantes qu'on a brûlées. La quatrième est celle des couches à champignons, qui étoient connues des anciens. En effet, Dioscoride assure que, pour avoir des champignons toute l'année, on répand sur une couche de terre bien fumé#, de l'écorcede peuplier, et que cela suffit pour produire de bons champignons.

CHAMPIGNONS "E L'AUBIMNE. Plusieurs agarics portent ce

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nom; ils forment le groupe ou la petite famille des tètes roussesy établie par Paulet, qui comprend Vagaricus lateritius de Schæffer, et Vagari cus amar us de Bulliard.

CHAMPIGNON DE L'AUNE. Champignon du genre Agaric, qui a une odeur forte et virulente, analogue à celle d'un mélange d'odeur de soufre et de moisi. Il est malfaisant ; on le recQn- uoît à sa couleur de safran et à sa chair couleur de soufre. Il naît au pied de l'aune, en touffe de cinq ou six indivi- dus, haute de trois pouces. (Voyez Paulet. Champ., pL 147. f. 1. 2.)

CHAMPIGNON AURORE DES ARBRES, l'un des trois agarics qui composent la petite famille des calotins établie par Paulet. Il croît au pied des chênes , des bouleaux , des noyers, et se distingue par la belle couleur aurore de son chapeau, qui ressemble à une calote un peu peluchée ; par ses feuillets d'un roux vif; par sa tige d'un beau jaune; et par sa chair d'un jaune encore plus foncé, fade, mais qui ne paroît point mal" faisante. On trouve ce champignon à Fontainebleau. Il ne faut pas le confondre avec l'aurore ( agaricu^ cyamus, Bull.)*

CHAMPIGNONS A BOURSE. Ce sont ceux qui ont une volva, tels que les AMANITES.

CHAMPIGNON A la bague, nom donqé aux pezizes.

CHAMPIGNON DE LA BALEINE. Petit agaric de couleur fauve, d'une substance adipeuse, et d'une odeur forte ; il naît sur les os de la baleine. Michel-Ange Tilly en donne une figure ¿ pl. 3 de YHortus Pisan us.

CHAMPIGNON BLANC. Voyez COLQMBETTE.

CHAMPIGNON BLANC et COLUMELLE BLANÇ , Agaricus ovoïdeus , Decand., Fl. fr., n.° 5^2. Il porte ce nom à Montpellier, où on le mange. C'est un champignon des plus délicats, qui diffère de la véritable oronge par la couleur entièrement blanche de toutes ses parties. M. Decandolle le nomme oronge blanche $ Paulet, COQUEMELLE. Voyez ce mot, ORONGE et AMANITE.

CHAMPIGNON BLEUISSANT. Voyez PARASOL BLANC BLEUISSANT.

CHAMPIGNONS DES BOIS. Ce sont principalement ceux qui croissent sur la terre dan? les bois.

CHAMPIGNONS DES BOULEAUX. Voyez MOUCHETES OU GRIVELEES.

CHAMPIGNON DE BRUTERE. Voye* BOULE DB NEIGE. ,

CHAMPIGNON bulbeüx. Voyez Buj^beux.

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CHAMPIGNON de cave. Il croit naturellement dans les caves humides. Paulet en donne une figure pl. i32 de son Traité. C'est un agaric voisin du champignon de couches.

CHAMPIGNON DE CERF. Plusieurs champignons portent ce nom, soit à cause de leur ressemblance avec la corne de cet animal, telle est la clavaire coralloïde .* soit parce qu'on les a regardés comme un effet des accidensdu rut du cerf ;tel est le phallus, ou satyre: soit, enfin, parce que l'on croyoit que les cerfs en mangeoient comme stimulant ou aphrodisiaque, tels sont les truffes et le petit champignon connu sous les noms de mouton et de petit mouton, à cause de son chapeau pelu- cheux. Sterbeeck nie les qualités aphrodisiaques de celui-ci, qui est un agaric âcre et laiteux, couleur de chamois. C'est probablement Yagaricus rufescens de Schæffer. Paulet le re- connoît en celui qu'il figure dans son Traité, pl. 72, fig. 5, 6, qui croit dans nos environs et qu'il nomme champignon du. cerf. Il ajoute qu'en Allemagne on le vendoit comme aphro- disiaque chez les pharmaciens. Il ne paroît pas être le même que le champignon fleur-de-pêcher que les Russes mangent cru en salade. Tous les champignons cités dans cet article portent le nom d'hirchschwamm (champignon de cerf) , en Allemagne.

Champignon chabane. Voyez Chabane. e

CHAMPIGNON CHANGEANT. Voyez CHANGEANT.

CHAMPIGNON CHAPEAU CANNELLE. Voyez CHAPEAU CANNELLE.

CHAMPIGNON CHARTREUX. Voyez CHARTREUX.

CHAMPIGNON du CHENE. Espèce d'agaric figurée pl. 40 du Traité des Champignons par Paulet; il est brun en-dessus et rosâtre en-dessous ; on le trouve sur les racines du chêne. Le champignon de chêne soyeux, autre espèce d'agaric, croît en touffe au pied des chênes. Il est d'abord roussàtre, puis brun ou marron ; ses feuillets sont d'un roux plus foncé. Son cha- peau , porté sur une tige verdâtre, se fend sur le bord ; sa sur- face est un peu soyeuse ou pelucheuse ; sa saveur est d'abord assez agréable, mais elle finit par laisser une sorte d'àpreté ou d'astriction à la gorge : néanmoins ce champignon n'in- commode pas les animaux que l'on force k en manger. On le trouve dans nos environs. (Paulet, tom. 2 , pag. 3oa , pl. 146,

1 ? 2 j 3")

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CHAMPIGNON CHENIER. Voyez CHENIER.

CHAMPIGNON A CHENILLES. Sterbeeck donne ce nom à un petit agaric, parce qu'on rencontre ordinairement dessus des che- nilles qui y filent leur coque, ou qui sont suspendues après* 11 est blanc en-dessus et aurore en-dessous. Paulet le met au nombre de ses petits chapeaux. .

CHAMPIGNON CHEVELU. C'est Vagaricus atricapillus de Bats ch , tab. 16, fig. 76. Il est brun en-dessus, rose-pâle en-dessous; le chapeau et le pédicule sont filamenteux.

CHAMPIGNON DE LA CHICOREE. Petit agaric de la famille des ¿TEI6NOIRS D'EAU ou HYDROPHORES de Paulet, qui se résout eu une liqueur noire aqueuse. Son pédicule blanc et fistu- leux, soutient un chapeau fort mince, rayé, d'un blanc brunâtre, plus clair ou même blanp dans le centre ; les feuil- lets sont blancs. On trouve ce champignon sur la chicorée qui se pourrit.

CHAMPIGNON-CINQ-PARTS OU A CINQ LOBB8,C'estVagaricus quinqué partitus, Linn. Son chapeau se divise en quatre ou "cinq lobes ¡ il a trois pouces de diamètre; sa surface est d'un jaune-gri- sâtre et un peu visqueuse ; les feuillets sont blancs. Il se trouve en Suède. La description ci-dessus est celle des individus que M. Paulet a observé dans la forêt de Senard. (Paul., t. 2, pag. 148 , pl. 53, fig. 2,3.)

CHAMPIGNON COMESTIBLE, nom que l'on donne à tous les cham* pignons qui se mangent, tels que les CHAMPIGNONS DE COUCHE, I'ORONGB FRANCHB , les MOUSSERONS , les CEPES, la TRUFFE, etc. Voyez ces mots, et AMANITE , FONGE , CLAVAIRE.

CHAMPIGNONS COQUILLIERS. Voyez COQUILUERS.

CHAMPIGNONS DE COUCHE. Ce sont les champignons qu'oa fait croître artificiellement sur des couches de fumier de cheval. On les nomme encore champignons du fumier, cam- parol y ou des champs, et paturons, ou potirons, parce que les meilleurs viennent dans lek pâtures. M. Paulet en distingue six espèces, qui composent sa petite famille des ENCRIERS SECS. (Voyez ce mot.) La i.re est le champignon de couche franc f c'est-à-dire, l'agaric comestible (voyezFUNGUS). La a.*, le cham- pignon de couche bâtard, agaric à chapeau blanc, lavé de brun 9 et dont la peau s'écaille inégalement; les feuillets sont couleur de chair tirant sur le souci. Ce chaxnpigaon, qu'on ne mange

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pas, croît à l'ombre des arbres au bois de Boulogne. La 3.e le CHAMPIGNON DES EAUX. La 4.®, la Boule DE NEIGE. La 5.®, le PATURON BLANC (voyez ces mots); et la 6.*, le champignon de couche marron. Son pédicule, haut de quatre à cinq pouces ¿ finement écailleux et pieté de brun, est du reste couleur de marron-clair, comme le dessus du chapeau. Ses feuillets, d'abord couleur de corail, noircissent bientôt. Cet agaric croit dans les bois, à l'ombre ; lorsqu'il est frais, il ne le cède en rien, pour les qualités, au champignon de couche franc, dont il a l'odeur, mais dont il diffère par une saveur de mo- ' rille qui lui est propre. Tous ces champignons noircissent et se sèchent sur pied, sans se résoudre en liqueur noire.

CHAMPIGNON DU COUDRIER. Voyez GRIVELE.

CHAMPIGNON A CROISSAN. Voyez CROISSAN et COCCIGRUE A CROISSAN.

CHAMPIGNON DES damés.Agaric mentionné par Paulet, d'a- près l'Ecluse et Sterbeeck, qui croît en Hongrie et dans toute l'Allemagne. Il y est fort recherché pour l'usage. La délicatesse de son goût l'a fait nommer Champignon, des dames ; c'est Vagarious virescens, Schæff. tab. 94.

CHAMPIGNON D'EPICE. Deux agarics à chair molle et à odeur forte, forment la petite famille que Paulet nomme ainsi.. Ces deux agarics sont la TEREBENTHINE et le MOUTARDIER. Voyez ces mots.

CHAMPIGNON FEUILLETE. Les champignons qui portent ce nom sont les agarics de Linnæus. Voyez FUNGUS et AMANITES.

CHAMPIGNON DES FOSSES. (Paulet, Trait, pl. 71, fig. 1,2.) Cet agaric se trouve sous les châtaigniers et dans les fossés des bdis aux environs de Paris. Il a trois ou quatre pouces de hauteur, et son chapeau quelquefois sept pouces de diamètre. Celui-ci est d'abord bombé,puis il s'aplatit, et finit par prendre la forme d'un entonnoir. Sa conleur est grise ou roussàtre, ses feuillets sont jaunâtres. Cet agaric ne paroît pas malfai- sant.

CHAMPIGNON DU FUMIER. Paulet en distingue deux: l'un, fa- rineux, à chapeau blanc de lait, strié de gris, saupoudré d'une poussière farineuse blanche, et dont les feuillets sonf roux dans la jeunesse, puis noirs. Il a été trouvé sur le fumier, aux environs de Paris, par Vaillant. L'autre est le champignon

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du fumier écailleux, mentionné par Micheli: il est blanc; la peau de son chapeau se lève par écailles aiguës et frisées. Paulet figure le premier, pl. 124, fig. 1,2,3, 4, et place les dfux dans la famille des ENCRIERS FARINEUX. Voyez ces mots*, et CHAMPIGNONS DE COUCHE.

CHAMPIGNON GLAIREUX. Voyez GLAIRBÜX.

CHAMPIGNON HEMORROIDAL. Petit agaric pourpre-violet, vis- queux et à feuillets blancs, qui a été découvert en Angleterre par Richardson, et mentionné par Rai ; sa couleur ressemble à celle d'un bouton hémorroïdal. M. Paulet le rapproche de Vagarious integer de Linnæus.

CHAMPIGNON HEPATIQUE, OU la LANGUE DB BŒUF; c'est le boletus hepaticus, Pers., ou la Fistuline de Bulliard.

CHAMPIGNON DU HOUX. Agaric d'une chair fine , délicate, d'un parfum et d'une saveur agréables ; c'est un des meilleurs qu'on connoisse. 11 porte aussi le nom de grande girolle et d'oreille du houx.

Champignon d'ivoire. (Blanc d'ivoire, Paul., 5g , fig. 1 et 2.) Agaric suspect, d'un blanc d'ivoire, langueté sur les bords. Il ne faut pas le confondre avec le blanc d'ivoire ( agaricus eburneus, Bull.). On le trouve en automne dans les lieux in- cultes.

Champignon lavure de chair. (Paul. pl. 42 , fig. 3, 4.) Il est lilas ou légèrement incarnat ; ses feuillets sont inégaux et de même couleur, ainsi que sa chair; celle-ci est un peu pi- quante; quoique suspecte au premier coup d'œil, elle n'est pas malfaisante. Cet agaric a été découvert par Vaillant aux en- virons de Paris.

CHAMPIGNON MASCARILLE. Voyez MASCARILLB.

Champignon mithrîdate (Fungillus milhridaticus , Welsch , Ephem. Nat. cur. dec. 1 , ann. 3, ic. Agaricus mucor, Batsch, Elench. tab. 17, fig. 82. Agaricus epiphyllus, Pers.). Welsch nomme ainsi un très-petit agaric qu'il découvrit sur une plante de son jardin, qu'on avoit apportée de l'ancien royaume de Pont, ou régna Mithridate : sa tige, semblable à un fil lilas, a deux ou trois pouces de long; elle porte un petit chapeau gris conoide de deux lignes de diamètre. Il est particulier à nos contrées, et rien ne prouve qu'il soit venu d'Orient.

CHAMPIGNON A MOUCHE, ouTUE-MOUCHB.Voyez FAUSSE ORONGE.

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CHAMPIGNON DU mûrier. Agaric d'une couleur rousse, sem- blable à celle de l'éeorce du mûrier, arbre au pied duquel il croît : il a quatre à cinq pouces de haut; il est très-bon à manger, et recherché par les amateurs de champignons. On Je trouve dans le midi de la France, ainsi que le champignon du mûrier gris. (Paul., pl. 146, fig. 1,7.) Celui-ci naît en touffe de cinq ou six individus réunis ensemble au pied de divers arbres, et surtout du mûrier blanc. Il a trois pouces de haut; son chapeau est d'un gris roussàtre, plus clair en- dessous, visqueux et sujet à se fendre ; sa chair est rousse, d'une saveur âpre. Il paroît suspect. On le trouve en Pro- vence.

CHAMPIGNON NATUREL. On nomme ainsi les champignons qtie l'on recueille dans les endroits où ils croissent naturellement, et que Ton mange.

CHAMPIGNON NYCTALOPIQUE. Voyez NYCTALOPIQITE.

CHAMPIGNON ORDINAIRE. Voyez CHAMPIGNON DE COUCHS.

CHAMPIGNON DE L'OLIVIER. Voyez OREILLE DE L'OILIVIER, Ag- ricus olearius , Deçand., et FUNGUS,

CHAMPIGNON DE L'ORME. (Paulet, pl. 91, fig. 1, 5, 122.) Agaric suspect, couleur de noisette , ou roux tendre à feuillets lilas ; il croît ordinairement en touffe sur les troncs de l'orme, et répand une odeur de farine de froment récente.

CHAMPIGNON DU PEUPLIER. Voyez PEUPLIERES.

CHAMPIGNON PHOSPHORIQUE. (Folymyces phosphorus, Battara, t. i3 , fig. A, B, et tab. 14, fig. E.) On trouve cet agaric le plus souvent en touffe au pied de l'olivier ; il est couleur de feu, à pédicule couleur de safran ; ses feuillets font l'effet du phosphore. Il passe pour être bon à manger. Cette descrip- tion convient jusqu'à un certain point à l'agaric de l'olivier (voyez OREILLE DE L'OLIVTER), qui, dit-on, jette, lorsqu'il se gâte, une lueur phosphorique : il est vénéneux.

CHAMPIGNON POREUX. Ces champignons sont les bolets, et tous les champignons qui sont munis de tubes de pores , ou de cellules.

CHAMPIGNON PRUNE-DE-MONSIEUR. Paulet figure sous ce nom (planch. 53, fig. 2 ) un agaric d'un violet-brun à feuillets blancs, et qu'il regarde comme l'espèce qu'il désigne dans

9-

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sa synonymie sous les noms de chartreux où velucati de Vail- lant, et d'agaricus leucophœus, Scopoli. Cet agaric paroît un peu suspect.

CHAMPIGNON-REGLISSE. Agaric qui ne paroît point dangereux; il est d'une couleur de réglisse dans toutes ses parties. On le trouve aux environs de Paris. ( Paulet, pl. 96, fig. 3, 4.)

CHAMPIGNON ROUGE-BORD. Agaric que Ton trouve en automne, dans les bois : il a la forme d'un entonnoir; il est visqueux et couleur de vin rouge ou de laque en-dessus, et à feuillets blancs, ainsi que le pédicule, lequel a quatre pouces de hau- teur. Une paroît pas malfaisant. (Paulet, Tr. 2, p. 155 , t.60) le rapporte à une espèce de champignon citée par Micheli (p. 153, n.° 5) , que les Italiens mangent, et qu'ils nomment lardajolo.

CHAMPIGNON SAINT-GEORGE. Voyez MOUSSERON SAINT-GEORG%

CHAMPIGNON DU SAULE. Deux champignons portent ce nom : l'un est un agaric (voyez COULEMELLE) ; l'autre, le bolet odo- rant , qui sent l'iris ou l'anis, et qui croît sur le saule ( boletus suave olens, Linn.). Ce champignon paroît être une espèce de dœdalea. Dans le nord, beaucoup d'hommes portent sur eux cette plante pour se rendre plus agréables à leurs maî- tresses. Ce fait est rapporté par Linnæus.

CHAMPIGNON DU SUREAU. Petit agaric, un peu suspect, qur croît sur le tronc du sureau. Son chapeau est mince, blanc et garni en-dessous de feuillets également blancs, mais tous difFérens, inégaux; les plus grands dépassent le bord du cha- peau : pédicule blanc-verdàtre. On nomme aussi champignon de sureau la pezize oreille-de-Juda ,peziza auricula.

CHAMPIGNON SOUS-TERRESTRE. Ces champignons sont ceux qui, comme la truffe, croissent sous terre.

CHAMPIGNON SOUCI-DU-NOYER. (Paul., pl. 40, fig. 2.) Petit agaric qui croît sur les troncs du noyer; son chapeau est cou- leur de souci en-dessous, à lames rousses, et porté sur un pédicule blanc. Il passe pour très-bon à manger.

CHAMPIGNON TERRESTRE. Rai nomme ainsi les bolets et les agarics qui croissent à terre.

CHAMPIGNON-TUE-MOUCHES. On désigne sous ce nom la fausse oronge, agaricus muscarius , Linn., et plusieurs de ses variétés. L'Ecluse en cite deux: ¿1 dit qu'à Francfort sur le Mein 011

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CHA >33

vend ces champignons aux marchés, pour les mettre dans les appartemens où il y a beaucoup de mouches, ce qui fait périr ces insectes quand ils s'y attachent. Voyez AMANITE.

CHAMPIGNON TYPHOÏDE. Paulet met sous ce nom plusieurs agarics, agaricus ovatus , cylindricus et porcellaneus, Schæff. ; et mitella, Batsch. Willd., qu'il regarde comme appartenant à une seule espèce, caractérisée par sa forme d'abord ovoïde, qui en s'alongeant devient celle du typha, ou massette; son chapeau, à surface sèche et finement écailleuse, varie du blanc au violet et au lilas. Les feuillets, d'abord blancs, puis rougeâtres, finissent par devenir noirs. Ce champignon se réduit promp- tement en une liqueur noire. Il est solitaire aux bords des eaux, dajisles allées des jardins. M. Paulet, qui en distingue deux variétés principales, la blanche et la violette, fait obseiv ver qu'on peut en manger sans inconvénient avant leur ma- turité, mais qu'il faut s'en abstenir lorsque les feuillets com- mencent à rougir.

CHAMPIGNON UNI. Paulet donne ce nom à un petit cham- pignon blanc, qui paroît être une pezize, et qu'il a trouvé sur ' un agaric (la rougeotte), qui se gàtoit.

CHAMPIGNON D'ARMAS. Voyez BERLINGOZZINO.

CHAMPIGNON A VACHE, Agaricus mammosus , Linn. Voyez BONNET DE MATELOT. ( Lbm. )

CHAMPIGNON DE MALTE. (Bot.) On désigne quelquefois sous ce nomlecynomore, cynomorium, parce que cette plante singulière, qui croît en plusieurs lieux dans la mer, sur les racines des arbres placés le long des côtes , est surtout abon- dante autour de l'île de Malte. ( J.)

CHAMPIGNON DE MER ( Polyp. ), nom vulgaire employé d'une manière vague par le peuple, sur les bords de la mer, ou par les marchands d'objets d'histoire naturelle, pour dési- gner des corps souvent fort différens, et dont la forme se rapproche plus ou moins de celle des champignons. (DeB.)

CHAMPLUM. ( Erpétol. ) Voyez CHAMPSES. (H. C.)

CHAMPSAN. (ErpétoL) Voyez CHAMPSES. (H. C.)

CHAMPSÈS. (Erpétol,) C'est un des noms que les anciens donnoient au crocodile du Nil. Hérodote, après avoir dit que les habitans d'Eléphantine en mangent la chair, ajoute ; KxXiôvJstf JV u xpQKochtÁQt otMi (On ne les y appelle

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point crocodiles, mais champsès ), ce qui semblerait indiquer que le mot champsès est égyptien, d'autant plus qu'il assure ensuite que crocodile est ionien. C'est de champsès sans doute que vient le nom de champlum, qui est encore celui du croco- dile aujourd'hui en Egypte, et de champsam, qu'on donne dans quelques ouvrages, comme synonyme du nom de cet animal. Voyez CROCODILE. (H. C.)

CHA-MU. {Bot.) Arbre de la Chine, cité dans le Recueil des Voyages, sans description, comme employé par les habi- tons des provinces méridionales de ce pays pour la construc- tion des vaisseaux, des barques et des édifices. ( ¡I.)

CHAN. (Ornith.) C'est le nom de l'oie , en dorique. (Ch. D*)

CHAÑAS (Bot.) y espèce de figuier d'Arabie, ficus chañas de Forskaël. (J.)

CHANCELAGUE. (Bot.) (Voyez CACHEN-LAGUEN.) C'est la même plante que le gentiana peruviana, Lam., Diet., n.° 29, qui, depuis, a reçu le nom de gentiana cachen-lagua, Molina $ chironia chilensis, Willd., Spec. (POIR.)

CHANCHO-NALAK. (Ornith.) Le tadorne, anas tadorna9 Linn., est ainsi appelé par les Kalmoucks. (CH. D.)

CHANCHUNGA. (Bot.) On nomme ainsi à Quito un arbre h feuilles vertes en-dessus et blanches en-dessous, et à fleurs jaunes rassemblées en tête, dont on trouve un dessin incom- plet parmi ceux de Joseph de Jussieu. Il est aussi nommé quixval dans d'autres lieux du Pérou. On est porté à croire que c'est une espèce de bulèje, buddleia, très-voisine du pal- quin du Chili, buddleia globulosa. Joseph de Jussieu dit qu'on emploie ses fleurs dans les teintures, et que dans les assaispn- nemens elles imitent la couleur du safran. (J.)

CHANCIE, CHANCISSURB. (Bot.) Voyez MOISISSURE etBoTRYïis. (LEM.)

CHANDANA. (Bot.) Les Portugais nomment ainsi le TSJEN- DAM des Malais, qui est le SANDAL. Voyez ces mots. (J.)

CHANDEL (Bot.), nom hébreu de la coloquinte, suivant Mentzel. (J.)

CHANDRALIA, CHANDRAS. (Bot.) Ces noms, employés par Théophraste, et par Gaza son traducteur, désignent, suivant Adanson, la chondrille. (H. CASS.)

CHANFREIN. (Orniïh.)On nomme ainsi l'ensemble d es plumes

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effilées, et en général assez rudes,, qui, placées à la base du bec, se dirigent d'arrière en ayant, et couvrent partiellement ou en totalité les narines, comme on le voit aux oiseaux des genres Corbeau, Ani, Barbu, Couroucou, etc. (CH. D.)

CHANG-CHU (Bot.), nom chinois du camphrier de la Chine, inférieur à celui de Borneo. ( J.)

CHANGEANT (Bot.), espèce d'agaric qui croît en Bavière, et dont Schæffera donné une figure, agaricus mutabilis, Schæff. Fung., t. 9. Il est fauve ou couleur de tabac. On en fait usage sans inconvénient en Bavière. M. Persoon le nomme agaricus caudicinus, et lui rapporte Vagarious annularis de Bulliard" (Lem. )

CHANGEANT (Erpét.), Trapelus. M. Cuvier a désigné sous ce nom un genre de reptiles sauriens de la famille des eu- mérodes, et voisin des agames.

Les changeans ont la forme générale et la tête renflée des agam es ; mais leurs écailles sont toutes très-petites, lisses et sans épines. Leurs dents sont les mêmes que celles des stellions"

On n'en connoît encore qu'une espèce :

Le CHANGEANT D'EGYPTE, Trapelus œgyptiacus. Cet animal,, d'une petite taille , est remarquable par la rapidité avec laquelle il change de couleur, en quoi il l'emporte beaucoup sur le caméléon. Il a été découvert par M. Geoffroy de Saint- Hilaire, et représenté dans le grand ouvrage sur l'Egypte, pl. V, fig. 3 et 4. Voyez Trapelus et Euméaodes. (H. C.)

CHANG-KO-TSE-CHU (Bot.), nom chinois qui signifie l'arbre au long fruit, et que l'on donne à la casse des bou- tiques , dont le fruit est en effet cylindrique et long de quelques pieds. (J.)

CHANGOUN. ( Omith.) C'est par erreur que Sonnini, dans. son édition de Buffon, et ceux qui Font copié, ont ainsi écrit le nom du varçtour dont M. Levaillant a donné la description, t. I.tr, pag. 3*2 de son Ornithologie d'Afrique. Voyez Chaü- COÜN. (Ch. D.)

CHANI. (IchthyoU) Suivant Forskael, c'est le nom arabe du labrus chanus de Linnæus.

D'après le même auteur * chani est encore le nom arabe d'un poisson delà mer K6uge, très-semblable à l'anged, mais plus petit des deux tiers. Voyez ASGED et CHANOS.(H. C.)

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CHANLUNGJAN. (Bot.) Voyez CHALÜNGAN. (J.)

CHANNA. (Ichthyol.) On trouve sous ce nom, dans le Systema ichthyologiœ Blochii de M, Schneider, un genre de poissons qu'il place dans sa classe des pentaptérygiens, ordre des achiresi Ce genre appartient à la famille des pantoptères de M. Duméril. Ses caractères sont les suivans:

Corps arrondi, comprimé, couvert d'écailles larges ; nageoires impaires, non réunies; mâchoire inférieure plus longue; dents très- petites , nombreuses, confusément semées sur les mâchoires et le palais ; opercules écailleuses; une seule nageoire du dos.

A l'aide de ces notes , on distinguera facilement ce genre de ceux des anarrhiques et des coméphores, dont il se rapproche par quelques caractères.

Le Channa, Channa orientalis,Schn., tab. 90, fig. 2. Teinte générale d'un brun châtain ; caudale arrondie ,* nageoires sans aiguillons.

C'est un poisson des Indes orientales, décrit d'abord par Gronou, Zooph. i35> n.° 408, t. 9, fig. 1. (H. C.)

CHANNO. ( Ichthyol.) Sonnini (Voy. en Grèce, 1.1, p. 181 J) nous apprend que les Grecs modernes donnent ce nom au lutjan serran. Voyez LUTJAN et SERRAN. (H. C.)

CHANOS (Ichthyol.), nom d'un genre de poissons de la famille des Lbpipopomes( voyez ce mot), que M. de Lac^pède a séparé desmugils de Linnæus, et dont les caractères, faciles à établir, sont les suivans : , .

Nageoires pectorales non prolongées; nageoire dorsale unique 9 sans appendices ; les côtés de la queue garnis d'ailes membraneuses point de dents.

Le CHANOS D'ARABIE : Chanos arabicus, Lacép. ; Mugil chanosr Forsk., Linn. Tête plus.étroite que le corps, aplatie, dénuée de petites, écailles, et d'un vert mêlé de bleu ? la lèvre supé- rieure échancrée et avancée; les écailles larges, arrondies, argentées et brillantes. *

Il y a des individus de ce poisson de la mer d!Arabie qui atteignent la taille de douze pieds; d'autres n'ont que quatre pieds de longueur. Les Arabes les désignent par des noms, différens. Voyez ANGED et CHANI. (H. C.)

CHANSARET-EL-ARUSI. (Bot.) Aux environs du Caire* suivant Forskaël; on nomme ainsi Vastragalus trimestriso C'est *

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telón M. Delille, le lchansar-el-arouseh 9 c'est-à-dire, le doigt de l'épouse, ainsi nommé à cause de la forme de sa gousse.

(JO

CHANSONNET. (Ornith.) Dans certains endroits du dépar- tement des Deux-Sèvres, on donne ce nom au sansonnet, ou étourneau commun, sturnus vulgaris, Linn. (CH* D.)

CHANT. ( Ornith. ) Tous les animaux qui ont des pou* mons, peuvent exprimer leurs affections par la voix: mais la faculté de chanter, c'est-à-dire, d'accompagner l'émission de la voix de sons cadencés, de ces inflexions qui consti- tuent la mélodie, est l'apanage exclusif des oiseaux ; et les familles chez lesquelles cette faculté s'exerce de la manière la plus remarquable, appartiennent à l'ordre des passereaux. Les nuances dans les intonations ne permettent pas de douter que la voix ne soit, dans tous les temps, un langage au moyen duquel les diverses espèces correspondent entre elles, et expriment leurs besoins réciproques; mais, l'amour étant le premier de ces besoins, c'est au printemps que les mâles , dont les désirs sont plus vifs, chantent avec plus de force et de continuité. La musique est un attribut qui dépend de leur nature. En liberté, chaque espèce a son chant particulier; et quoique les moqueurs aient l'habitude de faire succéder à leur chant ordinaire une imitation des cris qu'ils entendent le plus fréquemment, les oiseaux, en général, ne réussissent à articuler des paroles et des phrases qu'en domesticité, et par un effet de l'influence de l'homme sur les différens êtres. Les perroquets^ dont la langue est épaisse et ronde, la glotte flexible , le bec concave et voûté, sont ceux qui produisent, avec le plus de facilité, des sons semblables à la voix hu- maine. Viennent ensuite la pie, la corneille, le geai, le iLerle, l'étourneau, ete. Enfin, beaucoup d'autres ont des chants et des prononciations variés, suivant les circonstances dans lesquelles ils se trouvent, et que l'on peut diviser en chants amoureux , chants joyeux, cris de rappel, cris de sur- prise ou d'épouvante ; et ces différences sont si grandes, qu'afin de s'exprimer avec plus de justesse en traitant de chaque oiseau en particulier, il faudroit ne pas perdre de vue que le bouvreuil siffle, le dindon glousse, le dindonneau les gobe-fourmis linknt ou carillonnent, la mésange

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pipe, le pigeon mâle roucoule, le coucou d'Europe cou cou le, la tourterelle gémit, le corbeau croasse, le çoq coquerique, la poule caquette, le perroquet cric et parle, la cigogne claquettç, l'agami crépite fie râle râk, la foulque flûteuse Jlûte, le butor mugit, le flammant trompette, la pintade crécerelle, la tourte- relle à collier et quelques mouettes ricanent, d'autres mouettes criaillent, le chardonneret gazouille, etc.

Le mécanisme à l'aide duquel les oiseaux tirent de leur gosier tant de sons divers , est nécessairement plus compliqué que celui des mammifères, et il a été l'objet des recherches de plusieurs anatomistes. Les uns ont prétendu que le volume de la voix prenoit sa source dans les grands réservoirs d'air situés dans leur abdomen et leur poitrine, et qu'au-dessus du larynx supérieur, à la bifurcation de la trachée, se trouvoit un se- cond larynx suspendu au milieu d'une cavité remplie d'air, et tapissée par une membrane bien tendue sur un os élastique t ce qui faisoit résonner la voix avec plQs de force. D'autres ont aussi fait sentir que la voix des oiseaux pouvoit éprouver beaucoup de modifications dans l'intérieur de la trachée, où elle étoit produite ,* cet organe, qui imite le corps d'un ins- trument musical, étant très-varié dans ses dimensions, tandis que la trachée des quadrupèdes ne pouvoit influer sur leur voix, qui ne se formoit qu'à son issue. Mais M. Cuvier a jeté un plus grand jour sur cette matière difficile, dans deux Mémoires insérés au Magasin Encyclopédique, a.e vol. de la j.re année, p. 33o, et 2.® vol. de la 4.® année, p. 162. Après avoir posé en principe, que pour produire un son dans le con- duit où l'air passe, il faut un corps ou une lame susceptible de vibrer, ce savant a fait observer que la trachée des oiseaux étoit munie, sur ses bords intérieurs, de membranes qui pou- voient produire cette vibration vers l'endroit où elle se ré- trécit et où elle se partage en deux branches pour pénétrer dans les poumons ; de sorte que cette partie peut être com- parée, pour ces usages, à la glotte des mammifères. M. Cuvier conclut des nombreuses recherches par lui faites à ce sujet y d'une part, que la trachée n'est pas seulement un conduit pour l'air, mais aussi pour le son; et, d'une autre, que c'est vers sa partie inférieure que se forme le son , le laiynx supé- rieur étant dépourvu de glotte, et l'inférieur étant, au coa^

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traire , plus compliqué que chez les mammifères, à cause de ses anneaux entiers, de sa longueur, de ses circonvolutions, et de sa forme si variée chez les divers oiseaux.

On peut comparer à Tanche des instrumens à vent Tou- verture de la trachée-artère des oiseaux, laquelle est mem- braneuse et formée par un repli de la peau intérieure du bronche, dont le rebord libre et élastique est dirigé vers le haut. Les deux bronches sont composés d'anneaux brisés, et une membrane sans cartilage ferme le côté par lequel ils se regardent. Les anneaux voisins de la trachée sont souvent plus grands et toujours moins courbés que ceux qui se rap- prochent du poumon, à l'entrée duquel ils sont presque en- tièrement clos ; et l'espace membraneux du bronche, très- étroit vers le poumon, s'élargit plus ou moins promptementy et prend, vers la bifurcation, une forme ovale plus ou moins grande* L'air, chassé du poumon et des réservoirs contre cette membrane, doit donc y produire une résonnance à peu près semblable à celle que l'air renfermé dans un tam- bour , ébranlé par la partie supérieure , produit sur l'infé- rieure. Le son est ainsi modifié, tant en raison des degrés d'épaisseur, d'élasticité et de tension de la membrane tym- paniforme, que par l'état de l'ouverture du bronche, qui re- présente les anches d'un instrument à vent. Des muscles ser- vent à alonger ou raccourcir cette membrane, à l'élargir ou à la rétrécir, et le son est plus grave ou plus aigu, selon lei modifications que présente la forme de la trachée, dont les, oiseaux peuvent d'ailleurs tenir l'orifice supérieur entière- ment fermé, ou plus ou moins entr'ouvert.

Le larynx inférieur, que M. Cuvier a trouvé dans tous les oiseaux par lui disséqués, excepté dans le roi des vautours, vultur papa, Linn., dans l'urubu, vultur aura, fait partie delà trachée-artère, et il consiste ordinairement dans une saillie membraneuse provenant de chacun des cètés de l'orifice de la trachée, lequel est séparé en deux par une traverse osseuse dirigée d'avant en arrière, ou seulement par Tangle de réu- nion des deux bronches, qui,au lieu des anneaux complets de la trachée, n'ont que des arcs cartilagineux, et susceptibles d'une courbure plus ou moins forte, suivant les sons qu'ils sont destinés produire.

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Il y a de deux sortes de larynx inférieurs. Les uns sent sans muscles propres, et tantôt avec des dilatations ou cavités latérales, comme chez les canards et les harles, tantôt sans di- latations , comme chez tous les gallinacés. Dans le premier cas, la traverse du bas de la trachée est au niveau de la membrane saillante qui en double l'intérieur ; dans le second cas , cette traverse est située au-dessous du dernier anneau, auquel elle tient. Le caractère constant d'aigu ou de grave dans la voix de chaque espèce paroît tenir à la compression latérale du bas de la trachée et au rétrécissement de la glotte qui en ré- sulte. Les larynx ipférietirs à muscles propres n'ont qu'un seul muscle de chaque côté dans les faucons, les foulques, les râles, les bécasses, les chevaliers, et autres oiseaux de rivage à bec foible: ils en ont trois chez les perroquets, et cinq chez les oiseaux chanteurs.

Le larynx supérieur des oiseaux est placé à la base de la langue et à l'extrémité supérieure de la trachée-artère; il est, en général, garni de tubercules plus ou moins gros, plus ou moins nombreux; les oiseaux chanteurs en sont tous privés.

M. Cuvier, après beaucoup d'autres détails sur les divers organes de la voix des oiseaux, établit trois propositions prin- cipales. i.° Le son est produit dans l'instrument vocal des oiseaux comme dans les cors, les trompettes , ou dans les tuyaux d'or- gue nommés jeux d'anches. 2.0 Il est modifié, relativement au ton, par les variations de la glotte, qui correspondent à celles des lèvres du joueur, ou de la lame de cuivre des jeux d'anches > par les variations dans la longueur de la trachée, qui corres- pondent aux différentes longueurs des tuyaux d'orgue , et par le rétrécissement ou l'élargissement de la glotte supérieure, qui correspond à la main du joueur de cor, et à la ferme- ture ou aux cheminées des tuyaux d'orgue. 3.° La voix des oiseaux est d'autant plus susceptible de variations, que les trois sortes d'organes destinés à faire varier le ton, c'est-à-dire la trachée-artère et les larynx, ont un plus haut degré de perfection. (CH. D.)

CHANTERELLE (Bot.), Canthardlus, champignon qui doit son nom à une sorte de ressemblance entre sa forme et celle de la tête d'un coq lorsqu'il chante. Cest pour cette raisoa. que les Italiens le nomment gallinacio*

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Linnaeus en a fait une espèce de son genre Agaric, agaricus caniharellus; mais les botanistes le comprennent actuellement dans le genre Merule, merulius, dans lequel il est le type d'une section, celle des espèces dont le chapeau est pédicellç et con- cave. Cette section constitue le genre Cantherelles de M. de Lamarck, le même que le chanterel d'Adanson. Le caniharellus de Jussieu répond au merulius, Pers.

La chanterelle est un champignon bon à manger : elle sera décrite à son genre. Voyez MERULE et GIRÓLE. '(Lem.)

CHANTERELLE. (Chasse.) On fait, au soleil couchant et k la pointe du jour, une sorte de chasse aux perdrix et aux cailles mâles, en les attirant dans des filets que Ton a tendus, parle moyen de femelles de leur espèce, qu'on transporte dans des cages, et qui sont alors désignées sous le nom de chanterelles. Cette chassese fait aussi à d'autres petits oiseaux j l'on nomme appelans les individus dont on se sert r et k défaut de ceux-ci on emploie l'instrument connu sous la déno- mination d'appeau. (Ch. D.)

CHANTEURS. (Ornith.) Tous les oiseaux qui se font remar- quer par un chant plus ou moins étendu, par une voix plus ou moins mélodieuse, sont compris sous cette dénomination' générale. M. Vieillot a donné proprement le nom de chanteurs, canori, à la vingtième famille de ^on ordre des oiseaux syl- vains, et de la tribu des anisodactyles, en lui assignant pour caractères un bec comprimé, le plus souvent échancré, rare- ment à bords finement dentelés, fléchi en arc, ou droit et courbé à la pointe, et l'ongle postérieur quelquefois plus long que le pouce. Le nom de chanteur a été d'ailleurs appliqué spéciale- ment au pouillot ou chantre, motacilla trochilus, Linn., au petit chanteur de Cuba, fringilla lepida, Gmel., au chanteur patagón, motacilla patagónica, Gmel., lequel est décrit tom. 2 , in-8.°, pag. 288, de la traduction du Voyage de Dixon, et figuré pl. 20 du même ouvrage. (CH. D.)

CHANTRANSIE ( Bot. ), Chantransia. Ce genre appartient à la famille des algues, section des conferves. M. Decandolle, en l'établissant, y rapporte toutes les conferves d'eau douce qui sont filamenteuses, cloisonnées, et dont l'intérieur con- tient une matière de forme indéterminée, composée de sémi- 11 ules très-nombreuses, fort petites , sortant de leur ljj^e > on

% '

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H* CÏÎÀ

germant dans l'intérieur même : les plantes sont ainsi proli* leres.

Ces caractères ramènent dans ce genre un nombre consi- dérable d'espèces généralement très-difficiles à caractériser ; il n'est même pas constant qu'ils appartiennent exclusivement aux chantransies, et qu'un grand nombre d'espèces de conferves " marines, placées dans le genre Ceramium, ne les offrent pas. Nous voulons parler ici des ceramium verts, dans lesquels on n'a pas encore vu ces tubercules ou bourgeons particu- liers aux ceramium cornés. Les naturalistes ont senti l'avan- tage de diviser les conferva de Linnæus en plusieurs genres. Le chantransia est un de ces genres qui, lui-même, demande à être subdivisé. M. Bory de Saint-Vincent a proposé de réunir en un seul groupe les chantransies dont les articulations ren- flées aux deux bouts sont unies les unes aux autres par un fil solide et intérieur. Ces articulations ne sauroient être mieux comparées qu'à une suite de bobines enfilées. Ce groupe constitue un genre reconnu par la plupart des bota- nistes. (Voyez LEMANEA.) Il neresteroitdansle genre Chantran- sia que des espèces vertes, finement capillaires, souvent d'une délicatesse extrême , dont les articulations , en général, com- primées alternativement dans un sens opposé, ne présen- tent point le fil central des lémanées, et dont la matière verte qu'elles contiennent n'est point en étoile ou en spirale, comme elle se montre dans le genre Conferva, tel que les botanistes l'adoptent actuellement.

Les chantransies offrent en outre, de distance en dis- tance , des bourrelets d'où partent quelquefois Jes articula- tions qui se développent en rameaux ; ceux-ci naissent aussi des cloisons mêmes de la plante, ou bien ils font leur inter- valle. '

Les chantransies se plaisent dans les eaux courantes ou agitées ; on en trouve aussi dans les eaux tranquilles. Une grande agitation ne paroît pas arrêter leur développement ; nous avons souvent recueilli des chantransies sur les rouages des moulins, sous des bateaux continuellement en mouve- ment, et dans des ruisseaux d'un cours très-rapide. Ces chan- transies sont du nombre de celles qui vivent fixées par un petit empâtement qui n'est qu'une touffe de filamens micros-

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vopiques , pénétrant le bois, la pierre ou la plante même qui lui sert de soutien.

Elles ne tirent aucune nourriture de ces corps, et des fila- mens détachés par une cause quelconque végètent librement. Lorsqu'elles sont amenées dans des eaux dormantes, elles s'y développent et s'y multiplient même avec une plus grandç facilité , au point de former des tapis nageans, fort étendus, d'abord verts, puis vert-jaunâtre, et enfin blanchâtres lorsque la plante est morte; on a cherché à tirer parti de ces chan- transies, mais sans succès. On a tenté en vain à en fabriquer du papier, même du papier pour enveloppes. On a cru que les chantransies concouroient à la fétidité des eaux sur les- quelles elles séjournent. Il est présumable, au contraire, que ces plantes contribuent à assainir ces eaux putrides, remplies d'animaux et de végétaux en décomposition. L'expérience doit nous apprendre comment les conferves opèrent cette purifica- tion : l'on sait qu'elles exhalent de l'oxygène.

Les espèces de ce genre sont très-nombreuses, et il n'existe pas de travail qui les fasse connoître. Il seroit à désirer que quelque naturaliste portât son attention sur elles , et en donnât une monographie. En attendant , on peut prendre pour type de ce genre les espèces qui suivent :

CHANTRANSIE PELOTONNEE : Chantransia glomerata, Dec. , Fl. fr., n.# 121 ; Conferva glomerata, Linn. ; Potysperma glomerata, Vauch., Conf., 1.10, f. 4, 5. Verte ; filamens très-rameux, sur- tout vers l'extrémité où ils forment des pinceaux ou des espèces de pelotons ; articulations oblongues, renflées dans le milieu. Elle est très-commune dans les eaux pures, les canaux, les rivières : elle forme des touffes de trois à dix pouces de longueur, et d'un vert jaunâtre ou d'un vert d'herbe.

Chantransie des ruisseaux : Chantransia rivularis, Dec., FI. fr., n.° 122 ; Conferva rivularis , Liltn. ; Proliféra rivularis, Vauch., Conf., p. 129, t. 14, f. 1. D'un beau vert ou d'un vert foncé, filamens très-longs, garnis d'espace en espace*de bourrelets d'où sortent de nouveaux filamens ; articulations beaucoup plus longues que larges. Cette espèce est fort com- mune dans les ruisseaux et les étangs : elle y forme des tapis serrés et flottans ; les filamens ont jusqu'à deux pieds de lon - gueur.

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Ce genre a été dédié par M. Decandolle à M. (îîrod-Chaa- trans, auteur d'un ouvrage intitulé Recherches chimiques et mi- croscopiques sur les Conferves, Bysses et Trémolles, etc., 1 vol. ïn-40, 1802, dans lequel l'auteur s'efforce à prouver que ces végétauxsont de vrais polypiers ; mais, comme l'a fort bien fait observer M. Bosc, il est tombé dans cette erreur en prenant pour les animaux des conferves, des volvox et des cercaires qui vivent dans les mêmes eaux et dans les mêmes circonstances. Voyez Polyspermé, Proliféré , Lémanée. (Lem.)

CHANTRE ( Ornith, ) , un des noms du Pouillot, mo tac ilia ¿rochillus , Linn* ( CH. D. )

CHANVRE (Bot.), Cannabis, Linn., genre déplantés dico- tylédones , apétales diclines % de la famille des urticées, Juss., et de la dioécie pentandrie, Linn., dont les principaux ca- ractères sont d'avoir des fleurs dioïques, conformées ainsi qu'il suit : chaque fleur mâle est composée d'un périanthe caliciforme à cinq folioles oblongues ; de cinq étamines un peu plus courtes que le périanthe, et dont les anthères sont tétragones et oblongues : chaque fleur femelle consiste en un périanthe d'une seule pièce , oblong, caliciforme , s'ouvrant d'un côté dans toute sa longueur ; en un ovaire supérieur, purmon té de deux styles subulés et velus. Le fruit est une petite capsule crustacée, presque globeuse, bivalve, recou- verte par le calice , . et contenant une seule graine.

On ne connoît que deux espèces de ce genre.

i.° CHANVRE CULTIVE î Cannabis sativa, Linn. Spec"'145.7; Lam. Illust. t. 814. Sa tige est droite, simple, un peu qua- drangulaire, légèrement velue, haute de quatre à six pieds, et quelquefois plus ; ses feuilles sont opposées, pétiolées , découpées en cinq folioles lancéolées, dentées en scie. Les fleurs, dans les individus mâles, sont disposées dans les aisselles des feuilles si^périeures, en petites grappes lâches, d'une couleur herbacée : dans les individus femelles, les fleurs sont également axillaires, mais presque sessilcs, peu appa- rentes, et remarquables seulement par leurs styles. Le chanvre cultivé est une plante annuelle , qui croît naturellement dans les Indes et en Perse ; mais comme elle est d'une grande utilité , on Ta transportée depuis long-temps en Europe , où elle est presque naturalisée dans plusieurs de ses parties méri-

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Sionales, et tín la cultive même avec succès dans ses régions les plus septentrionales.

La plante entière a une odeur forte, qui est enivrante j exhilarante et narcotique; Il suffît, dit-on, de se livrer au sommeil dans le voisinage d'une chenevière (on appelle ainsi un champ dans lequel on cultive du chanvre) pour éprouver, en s'éveillant, des vertiges, dés éblouissemens et une sorte d'ivresse. Dans le nord , selon Bergius, le chanvre n'a pas la propriété exhilarante qui se trouve dans celui du midi. Ses feuilles font la base d'une préparation connue dans tout l'Orient sous le nom de haschisch, et que l'on emploie de différentes manières, soit en liqueur, soit sous forme de confection ou de pastilles édulcorées avec des substances su- crées , soit même en fumigations. L'ivresse produite par le haschisch jette dans une sorte d'extase pareille à celle que les Orientaux se procurent par l'usage de l'opium ; et, d'après le témoignage d'un grand nombre de voyageurs, les hommes tombés dans cet état de délire s'imaginent jouir d'une félicité dont l'acquisition leur coûte peu, mais dont la jouissance trop souvent répétée altère leur organisation, et les conduit au marasme et à la mort.

A la Cochinchine et dans les Indes, les habitans mêlent left feuilles de chanvre avec celles du tabac à fumer, et ils se procurent par ce moyen une gaieté et une sorte d'ivresse dont les effets sont à peu près les mêmes que ceux du haschisch d'Orient, et dont l'usage immodéré et trop fréquent produit la stupeur, Thébêtement, la consomption et la perte de la vie..

La graine de chanvre, à laquelle on donne vulgairement le nom de chenevis, est très-bonne pour engraisser la volaille" Les poules auxquelles on en donne pour nourriture, pondent plus abondamment. Dans les villes, on en fait une consomma- tion assez considérable pour les oiseaux de volière. On en retire par expression une huile qui est très-bonne à brûler, et qu'on emploie dans la peinture, ainsi que dans la fabrication du savon noir, Plusieurs animaux domestiques mangent avec avi- dité les tourteaux formés par le marc qui reste après l'expres- sion de cette huile. Le chenevis paroît participer jusqu'à un certain point des propriétés narcotiques du chanvre lui-même ; quelques médecins assurent l'avoir employé avec avantage en 8. i"

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émulsion, dans plusieurs maladies, et principalement dansïé blennorrhagie inflammatoire.

En Europe, c'est principalement sous le rapport de ses pro- priétés économiques, que le chanvre est une plante précieuse* Les filamens qu'on retire de son écorce, et qui sont connus BOUS le nom de filasse, sont employés à faire des cordes, des toiles de toute espèce, dont l'utilité et les usages sont infini- ment variés. La récolte du chanvre est d'un grand profit pour certains départemens de la France r et il est en général peu de cantons dans lesquels cette plante ne soit plus ou moins cultivée. Sous tous ces rapports, elle mérite que nous entrions dans quelques détails sur sa culture y et sur les diverses prépa*. rations qu'on lui fait subir pour en retirer la filasse.

La graine de chanvre, comme la plupart des semence" oléagineuses, ne conserve que d'une année à l'autre sa faculté germinative. Cette raison doit faire apporter une grande attention dans le choix de celle que Ton veut semer, car il est essentiel de n'en jamais employer que de la dernière récolte ; lorsqu'on n'a pas la certitude qu'elle en soit, il faut s'en assurer en en prenant une poignée au hasard, et en en écrasant quelques grains avec les dents, afin de pouvoir goûter la petite amande qu'elle contient. Quand la graine est bonne , cette amande est douce , et elle a un petit goût de noisette; lorsqu'au contraire elle a une saveur àcre, c'est qu'elle a déjà ranci, et qu'elle n'est plus propre à germer. Toute graine dont l'écorce est blanche ou d'un vert pâle, est vide en dedans, ou son amande est mal nourrie r et n'est pas non plus bonne à semer. Quand l'écorce est bru- nâtre ou luisante, on doit présumer que l'amande est bien conformée, et que le germe en est bon.

Le chanvre demande une terre bien meuble et en même temps très-substantielle ; aussi réussit-il parfaitement dans le" nouveaux défri ch emens des prairies, et surtout des bois, parce qu'il a fallu travailler profondément la terre pour arra- cher les souches des arbres, et que la décomposition de" feuilles des arbres ou des herbes de la prairie a formé depuis long-temps des couches de terre végétale.

Les meilleurs engrais pour les terres dans lesquelles on veut semer du chanvre 7 sont des fumiers à demi consommés y

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répandus avant l'hiver sur le terrain de la chenevière, et enterrés aussitôt par un profond labour, afin qu'ils aient " pendant l'hiver, le temps de se décomposer entièrement. La nature du sol indique la quantité de labours nécessaires ; mais ils doivent être profonds, et renouvelés jusqu'à ce que la terre soit parfaitement meuble, et qu'il né reste plus de mottes.

Le temps convenable pour semer est celui où l'on cesse de craindre les fortes gelées; mais il vaut mieux en général semet* un peu de bonne heure qu'un peu plus tard, parce que, lorsque les semailles sont faites avaht la fin de l'hiver, les graines lèvent mieux et profitent davantage, à cause des pluies qui sont assez ordinaires à cette époque et à l'équinoxe du printemps. On peut d'ailleurs se précautionner contre les ge- lées tardives, en gardant une quantité de graines égale ¿ celle que l'on aura semée, pour réparer la perte qu'elles auroienf pu causer. Si les semailles n'ont éprouvé aucun dommage, et que ces grain es soient par conséquent de reste, elles ne seront point perdues pour le cultivateur ; il pourra les employer à la nourriture de jeunes poulets ou de jeunes pigeons.

La graine se sème clair ou épais, selon l'usage auquel on destine le chanvre : s'il doit être employé à fabriquer des toiles, la graine doit être semée épais, parce que, dans ce cas, l'écorce plus fine j produit une filasse plus fine, plus douce y plus soyeuse, et qui blanchit plus facilement. Lorsque le chanvre doit servir à faire des cordes, il faut que la graine soit écartée, parce qu'alors elle produira des tiges beaucoup plus élevées, beaucoup plus grosses, dont la filasse sera gros* sière et en longs brins.

On ne doit pas trop enterrer la graine, parce qu'alors elle pourrit sans lever : il ne faut la recouvrir qjie d'une légère couche de terre. Une petite pluie survenant peu après l'en- semencement, fera germer et lever promptement les graines. Dans le cas de sécheresse, il sera à propos, si l'on est dans le voisinage de l'eau, de faire des arrosemens, soit par irriga- tion, si l'on a cette facilité, soit même avec des arrosoirs, si le premier moyen est impraticable.

Lorsque le chanvre est sorti deterre, et qu'il a deux ou trois pouces de hauteur, c'est le moment de le faire sarcler

a©,

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et de l'éclaircir s'il a été semé trop épaiy. Le sarclage esf 1 essentiel et indispensable pour empêcher les mauvaises herbes qui, croissant souvent en grande abondance dans une terre bien préparée , pourraient étouffer le chanvre : mais il suffit que cette opération soit faite une seule fois ; car, dès que les tiges du chanvre sont parvenues à une certaine élévation, elles ne permettent plus aux autres herbes de croître, ou elles les font périr promptement en leur interceptant l'air et la lu- mière.

La récolte du chanvre se fait le plus ordinairement en deux fois : dans le premier travail on n'arrache que les pieds mâles que les gens de la campagne nomment presque partout chanvre femelle; et lors du second, le chanvre femelle, qu'ils prennent aussi mal à propos pour le chanvre mâle.

Le moment convenable pour arracher le premier chanvre est quelque temps après la floraison, lorsque les pieds mâles, ayant répandu leur poussière sur les femelles, ont rempli leur destination en fécondant la graine de ces derniers. Ces pieds ne tardent pas alors à se dessécher ; le haut de leur tige jaunit, et le bas blanchit. Les ouvriers qui sont employés à cette opération, communément ce sont des [femmes, doi- vent faire attention, en enlevant les pieds de chanvre mâle, à ne pas endommager les femelles, qui, selon le climat et la chaleur de la saison, doivent encore rester cinq à six se- maines , jusqu'à ce que les graines aient acquis leur parfaite maturité.

Les pieds mâles, arrachés, sont mis en petits faisceauxr portés au-delà du champ, où l'on doit, avec un instrument tranchant, couper toutes les racines un peu au-dessus du collet, ce qui se fait alors d'une manière très-expéditive, le chanvre étant encore vert ,* si l'on attendoit qu'il fût sec, il faudrait la moitié plus de temps. 11 faut aussi supprimer et abattre toutes les feuilles qui garnissent la partie supé- rieure des tiges, et qui 5 si on les laissoit, occasioneroient une fermentation nuisible à la plante. Après cela on fait ordinairement sécher les bottes de chanvre mâle pour les garder jusqu'à ce qu'on ait fait la récolte du chanvre femelle + et pour les mettre à rouir ensemble ; mais, l'expérience ayant démontré que le chanvre qu'on met dans l'eau aussitôt aprè*

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qu'il est arraché, vaut mieux que celui qu'on laisse sécher pendant quelques jours, il est inutile d'attendre que le chanvre femelle soit récolté, pour faire subir au chanvre mâle la pré- paration du rouissage, dont nous parlerons plus bas au sujet "lu chanvre femelle.

Dans quelques cantons on arrache tout à la fois le chanvre mâle et femelle, en réservant sur les bords du champ une certaine quantité de pieds femelles pour se procurer les graines nécessaires aux semailles suivantes. Cette méthode est mauvaise, en ce que le cultivateur se prive par là d'une récolte abondante de graines qui auroient pu lui servir à nourrir de la volaille, ou dont il auroit pu retirer de l'huile ; et outre cela, les pieds femelles n'ayant pas acquis toute la perfection à laquelle ils ne parviennent qu'à l'époque de la maturité des graines , la filasse qu'on en retire n'est que d'une qualité inférieure , et la toile qu'on en fait est de peu ode durée.

Tous les oiseaux granivores sont très-friands de la graine de chanvre j plusieurs petits quadrupèdes rongeurs, comme les campagnols et les mulots, en font aussi un grand dégât. 11 faut chercher à écarter tous ces ennemis dès le moment olí l'on a fait le semis, et il faut renouveler ces précautions lorsque les graines approchent de leur maturité. C'est alors surtout que, pour écarter les oiseaux, il faut multiplier les fan- tômes, les changer de place, mettre même des enfans qui se promènent autour du champ en agitant et en frappant l'une contre l'autre deux lattes de bois, ou autres objets propres à faire du bruit. Quelques coups de fusil tirés par intervalle t trois à quatre fois par jour, sont encore un très-bon moyen d'écarter les oiseaux.

Les pieds de chanvre mâle sont toujours en bien plus petite quantité que les pieds femelles, et communément ils sont trois fois moins nombreux. Dans leur jeune âge ils sont plus grands que les femelles ; mais quand ils approchent de la floraison 9 ils s'arrêtent, ne croissent plus que fort peu, et les femelles ne tardent pas alors à les atteindre et à les dépasser.

Lorsque le temps de récolter les pieds femelles est enfin Tenu, les ouvriers occupés à ce travail doivent avoir la pré- caution d'arracher les plates sans les secouer, et de ne peint

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*5q CBA

renverser ni incliner leur tête. Quand ils auront rassemblé une certaine quantité de tiges, ils les mettront en bottes d'une grosseur de proportion à pouvoir être tenue dans les deux jnains.

Beaucoup de cultivateurs font sécher rapidement leur chan- vre , en appuyant les bottes contre un mur exposé au soleil ; mais par là ils arrêtent subitement un reste de végétation qui, continué encore pendant quelques jours, tourne au per- fectionnement de la filasse et de la graine. Il est donc pré* férable, lorsque la récolte est terminée, de mettre, dans le champ même, toutes les bottes en meule, tête contre tête, en couvrant de paille le sommet de ce tas, afin de garantir la graine de la pluie et de la voracité 'des oiseaux : la graine achève ainsi d'arriver 'à sa parfaite maturité. Mais il est à propos, lorsqu'il est survenu de la pluie qui a mouillé le tas, de profiter des premiers rayons de soleil pour donner de l'air aux bottes, et les faire sécher, car la pourriture et la moisissure pourroient altérer la qualité des graines et de la filasse.

On ne se sert point du fléau pour battre les graines du chanvre, parce qu'il les écraseroit. Dans quelques cantons on étend de grands draps dans les champs, et on frappe avec des bâtons sur les sommités des bottes de chanvre femelle appuyées surun banc; dans d'autres, on secoue fortement la partie supé- rieure de ces bottes en la frappant sur le bord d'un tonneau défoncé par un de ses bputs, et dans lequel les graines tombent par ce moyen.

Quel que soit celui de ces deux procédés qu'on ait employé , on vanne la graine afin de la dépouiller de tous les débris 4e la plante, et surtout des calices qui se sont mêlés avec elle, on la porte ensuite dans un lieu sec, exposé à un grand courant d'air; on l'étend sur un plancher, où elle est remuée et changée de place jusqu'à ce qu'elle ait perdu toute humi- dité surabondante : alors seulement on peut l'amonceler sans courir les risques que la fermentation s'y développe, ce qui la feroit noircir, et lui feroit perdre sa faculté germinative, en sorte qu'elle ne seroit plus bonne à rien.

Quand on a recueilli les graines du chanvre, on retranche ses racines et le sommet de ses tiges, pour faire subir à ces

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temieres une préparation qu'on nomme le rouissage. Cette préparation a pour but de décomposer le gluten qui unit les fibres de l'écorce les unes avec les autres et à la tige, et d'ob- tenir ce qu'on appelle de la filasse.

L'endroit où l'on met rouir le chanvre, s'appelle routoir; La plante est plus tôt rouie dans une eau dormante que dans une eau courante ; et l'opération est encore d'autant plus tôt terminée, que la saison est plus chaude. Dans le climat de Paris, il faut communément, dans un routoir isolé, quatre à cinq jours pendant les mois de juillet et d'août, six à huit en septembre > et neuf à quinze en octobre, Dans les ¿kux cou- rantes, dans celles de source, celles qui sont trop profondes ou trop étendues, dans celles qui sont séléniteusesou salées, le rouissage est plus long. o

Pour rouir le chanvre à l'eau, soit dormante, soit courante, il faut auparavant l'avoir mis en bottes assujetties par deux liens, l'un placé près de la base , du côté où étoient les racines, et l'autre aux deux tiers de la longueur de la botte. On range ensuite toutes les bottes ou javelles dans l'eau, les unes à côté des autres; on en forme plusieurs lits, et on charge le tout de pièces de bois et de pierres, de manière à tenir la partie supérieure à environ six pouces au-dessous de la surface de l'eau,

Dans cette sorte de rouissage, les javelles de la partie supé- rieure sont toujours plus tôt rouies que celles placées plus pro- fondément dans l'eau, en sorte qu'on feroit bien de retirer les javelles successivement, et de laisser les inférieures un jour ou deux de plus que les supérieures; mais on n'est pas dan$ cet usage : aussi s'ensuit-il que le chanvre est presque toujours inégalement roui. Quoi qu'il en soit, on reconnoît que l'opé- ration du rouissage est achevée lorsque, après avoir retiré quel- ques brins séparément, et les avoir fait sécher, les tiges, en les pliant, se rompent facilement en fragmens, et que l'écorce ou filasse s'en détache d'un bout à l'autre. Ces fragmens, ainsi dépouillés de leur écorce, se nomment alors chenevotte.

Quand on met rouir le chanvre dans une eau dormante, il n'a pas besoin d'être assujetti autrement que par la charge dont on le couvre pour l'enfoncer dans l'eau ; mais, quand on fait cette opération dans des ruisseaux d'eau courante, OH corn-*

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prend qu'il est nécessaire d'assujettir les javelles au moyen dé piquets enfoncés dans le sol du fond de l'eau, pour les empêr çher d'être entraînées par le courant.

Aussitôt qu'on a reconnu que le chanvre est suffisamment roui, il faut le retirer de l'eau, en le lavant à mesure. Il seroit très-avantageux de faire ce lavage sur le bord d'une rivière et dans une eau courante; mais les inconvéniens qui peuvent en résulter pour les poissons, et même pour les hommes et les bestiaux, empêchent souvent de le faire, et l'on est obligé de se contenter de le laver en jetant dessus une grande quan- tité d'eau.

L'eau dans laquelle on a fait rouir du chajivre prend une saveur extraordinairement désagréable, et elle contracte une odeur infecte. S'il y a du poisson dans cette eau, il commence d'abord par être enivré; mais, à mesure que la fermentation absorbe tout l'oxygène de l'eau, le poisson finit par périr. Non seulement cette eau paroît contracter des qualités nuisibles ? mais encore les émanations qui s'en échappent peuvent occa- sioner des maladies graves dans les lieux qu'elles avoisinénts aussi les magistrats chargés du soin de la salubrité publique ont-ils presque partout défendu, par de sages réglemens, de pratiquer cette opération dans l'enceinte des villes, dans le voisinage des habitations, et dans les rivières ou les eaux cour rantes qui servent à la boisson des hommes et des bestiaux.

Aussitôt que le chanvre est retiré de l'eau et lavé , il faut le faire sécher promptement, en déliant les bottes, en les divisant en plusieurs peiits paquets, ou seulement en ne leur laissant qu'un lien dans la partie moyenne, et en écartant par le pied , et en rond, les brins de chaque botte, de manière qu'on puisse les dresser par ce moyen sur le sol en les expo- sant en plein air ; ce qui vaut mieux que de les placer contre un mur, à la chaleur du soleil, qui colle contre la chenevotte la filasse qui n'est pas encore totalement débarrassée de tout son gluten.

Le rouissage dans l'eau est celui qui est le plus générale- ment en usage ; cependant, dans quelques pays, les loca- lités ne permettant pas de remployer , on est obligé de faire rouir le chanvre par deux autres procédés, à l'air et dans la terre.

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Pour rouir à l'air, on étend le chanvre sur le terrain d'une prairie dont on a coupé le premier foin. Ce chanvre doit rester sur la prairie pendant la nuit seulement, et dès le matin, aussitôt que le soleil paroît, et avant qu'il dissipe la rosée, on relève complètement tout le chanvre, et on l'amon- cèle en tas qu'on recouvre de paille. Dès que le soleil est couché, on étend de nouveau le chanvre sur la prairie, et on le relève de même le lendemain, en continuant tous les jours le même procédé jusqu'à ce que le rouissage soit complet. Si l'on ayoit une ou plusieurs journées pendant lesquelles on eût des pluies presque continuelles, on pourroit se dispenser de relever le chanvre chaque matin, et l'opération en avan- cerait davantage ; dans le cas d'une trop grande sécheresse, au contraire, et de l'insuffisance des rosées, on pourroit l'accélé- rer en faisant, le soir, des arrosemens sur le chanvre. On voit, d'après cela, que, quoique cette opération s'appelle rouissage à l'air, c'est bien évidemment l'eau des rosées, des pluies ou des arrosemens, qui en est le principal agent. L'eau est également le principe du rouissage en terre, ainsi qu'on va Je voir.

Pour rouir en terre, on creuse, à la portée d'un puits, une fosse d'une largeur proportionnée à la quantité de chanvre qu'on a récoltée ; ou y arrange ses bottes ou javelles comme dans un routoir ; on les recouvre d'un pied de terre, et on arrose abondamment une seule fois : car on retarderoit la fermentation, et par conséquent l'opération, en jetant de l'eau dans la fosse à plusieurs reprises. Il faut, pour opérer le rouissage de cette manière, le double de temps que dans l'eau ; au reste , on s'assure du moment où il est au point con- venable , en visitant tous les deux jours une des bottes supé- rieures , et en examinant l'état du chanvre.

Lorsque le chanvre est roui, retiré de l'eau, lavé et séché, on le serre au grenier ou dans un autre lieu sec et aéré, jusqu'à ce qu'on lui fasse subir deux dernières préparations après lesquelles il est enfin propre à être mis en œuvre. Ces dernières préparations consistent à le tiller et à le peigner. Par la première, on en rompt les brins l'un après l'autre par le gros bout, pour détacher des chenevottes la filasse dans toute sa longueur. C'est ordinairement dans les veillées des

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longues soirées d'hiver que les gens de la campagne se livrent à ce travail, qui est le partage des femmes et des enfans ; mais, comme il demande beaucoup de temps, on ne le met en pra- tique que dans les cantons où la culture du chanvre est très- bornée. Dans ceux, au contraire, où cette plante est cultivée plus en grand, on se sert d'un instrument qu'on nomme mâche, mâchoire ou brayoire. C'est une sorte de machine composée de plusieurs petites planches posées de champ, fixées par une traverse à chacune de leurs extrémités, et sépa* rées les unes des autres par des intervalles vides. Cette partie de la machine est immobile, et montée sur quatre pieds, à demi- hauteur d'homme, ou fixée par chaque bout sur un tréteau. La seconde partie, ou la supérieure, est garnie d'un manche à l'une de ses extrémités, et retenue par l'autre au moyen d'une cheville qui la traverse, ainsi que la pièce inférieure, en lui laissant le jeu d'une charnière. C'est sur cette cheville ou axe que cette mâchoire supérieure se lève et s'abaisse au moyen du mouvement que lui imprime l'ouvrier? et les com* partimens dont elle se compose sont divisés de telle manière que, lorsque celui-ci baisse le bras, ils s'enclavent dans le" intervalles de la pièce ou mâchoire inférieure.

L'ouvrier qui fait agir cette machine, abaissant rapide* ment, avec la main droite, la mâchoire supérieure sur le" tiges de chanvre dont il tient de l'autre main une poignée qu'il fait passer successivement et à plusieurs reprises, dans toute sa longueur, entre les mâchoires de l'instrument, la chenevotte est brisée en fragmens menus qui quittent la filasse, et tombent à terre. '

Quelle que soit la manière qu'on ait employée pour tiller le chanvre , il reste encore à le peigner. Cette dernière opéra* tion se fait au moyen d'un instrument nommé seran ou seran- çoir. C'est une petite planche d'un pied de longueur ou environ, sur deux à trois pouces de largeur, chargée d'un grand nombre d'aiguilles de fer formant des dents comme une sorte de peigne à plusieurs rangs. En passant à différentes reprises la filasse à travers le seran, on la fait plus fine ou plus grosse , selon que les dents de cet instrument sont plus ou moins fines et serrées, ou grosses et écartées. Ainsi, pour . donner à la filasse beaucoup de douceur et de finesse, et 1$

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rendre propre a faire du fil très-fin, il faut peigner le chanvre à plusieurs fois, en le faisant passer successivement par diffé- rens serans, en commençant par les plus gros, et finissant par les plus fins- Lorsque le chanvre a été tillé et peigné, on le met par peignées en bottes et en paquets ; il est alors bon à être mis en vente, et à être employé aux usages auxquels il est propre.

Les ouvriers qui sont employés à tiller le chanvre au moyen de la mâche, et ceux qui le peignent, sont très-sujets à des maladies qui attaquent particulièrement les organes de la res- piration , et qui paroissent être moins l'effet des exhalaisons qui peuvent se dégager de cette plante, que de la poussière fine et menue qui s'en échappe dans les manipulations qu'on lui fait subir. Cette poussière est formée de petites paillettes imperceptibles que leur légèreté tient suspendues dans l'air, et qui pénètrent avec celui-ci à travers la trachée-artère, les bronches, et jusque dans leurs dernières ramifications pul- monaires , où leur présence excite une toux plus ou moins fréquente, des douleurs de poitrine qui conduisent ces ouvriers à d'autres affections plus graves, comme l'inflammation et la suppurationdu poumon, auxquelles ils succombent infaillible- ment. Pour prévenir ces accidens, les chanvriers doivent prendre les précautions suivantes : travailler dans des lieux vastes ; avoir attention de se mettre le dos au vent ; se laver souvent le visage et la bouche avec de l'eau et du vinaigre ; se purger ou se faire vomir de temps en temps, toutes les fois que des nausées, des maux de tête, la perte de l'appétit, des douleurs de l'estomac les avertissent du mauvais état de ce viscère.

Les funestes accidens qui sont trop souvent la suite de la manière ordinaire de travailler le chanvre, ont porté plusieurs personnes à chercher de nouveaux moyens de préparation qui fussent exempts des inconvéniens attachés aux méthodes ordinaires. Dans un ouvrage imprimé en 1780, et ayant pour titre : Analyse pratique sur la culture et la manipulation du chanvre, par B ral le, on trouve l'indication de moyens par- ticuliers, propres à remplacer avec avantage la pratique habi- tuelle. Nous allons extraire sommairement ce que ce procédé présente de nouveau. Aussitôt que le chanvre est recueilli,

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il faut le mettre, encore vert, après en avoir retranché les racines et les têtes, par couches séparées, dans une fosse de ¦seize pieds en carré et de huit pieds de profondeur, qu'on remplit ensuite d'eau, et qu'on entretient en la renouvelant ¿ans cesse, mais lentement, par un petit filet d'eau continu. Quand le rouissage est achevé par ce moyen, on place le chanvre, poignée par poignée, dans un auget rempli d'eau*, où il est retenu par des pointes qui sont dans le fond, et par deux cordes, chargées d'un poids, qui passent par-dessus* On retire ensuite par le gros bout la chenevotte brin à brin, et la filasse reste seule ; enfin on lave celle-ci dans une eau courante, et elle est très-blanche et de bonne qualité.

Les chenevottes servent dans bien des endroits à chauffer le four ; dans plusieurs cantons où l'on tille le chanvre à la main, on en fait des allumettes.

Les Romains n'employoient le chanvre qu'à faire des cordes et des filets de chasse. Sous les empereurs, tout le chanvre nécessaire aux emplois de la guerre, se ramassoit dans deux villes de l'empire d'Occident, à Ravenne en Italie, et k Vienne dans les Gaules. Celui qui en avoit l'intendance en- deçà des Alpes, étoit appelé le procureur du linifice des Gaules, et avoit son établissement à Vienne.

On fabrique aujourd'hui des toiles de chanvre aussi fines que celles de lin, et qui durent davantage. La manière d'en faire ne paroît pas être très-ancienne, puisque l'histoire re- marque, comme une nouveauté, que Catherine de Médicis, femme de Henri II, avoit deux chemises de toile de chanvre.

Outre l'usage des fils et des toiles auxquels on emploie le chanvre , on en fait encore quantité de choses, comme ficelles, cordes, câbles, filets de chasse et de pêche, voiles et autres agrès de vaisseaux ; des ^angles, des échelles : enfin des souliers que les Espagnols appellent alpargates, et dont on faisoit encore, il y a quelques années, un grand commerce aux Indes, jusqu'à en charger des navires.

Sous tous ces rapports, les bénéfices qu'on peut retirer de la culture du chanvre sont d'autant plus grands, que la plu- part des manipulations qu'il exige sont de menus ouvrages qu'on fait faire à loisir par des femmes et des enfans, au dans les mortes saisons.

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Le CHANVRE DES INDES : Cannabis indica, Lam. , Dictiomu encycl., t.1 ,p. 695. Cette espèce diffère du chanvre commun en ce qu'elle acquiert le double de hauteur, jusqu'à quinze pieds dans nos jardins; mais surtout parce que ses feuilles sont toutes constamment alternes. Les folioles de celles-ci sont très-étroites, linéaires-lancéolées, acuminées, au nombre de cinq à sept sur chaque pétiole, dans les individus mâles ; mais ceux qui sont femelles n'en ont communément que trois sur leur pétiole, et même les feuilles du sommet sont entièrement simples. Elle croîi dans les Indes orientales.

Cette plante, ayant la tige dure etl'écorce mince, n'est pas, comme le chanvre cultivé, propre à fournir de la filasse; mais ses autres propriétés sont les mêmes. Les Indiens fument ou mâchent ses feuilles sèches, mêlées avec du tabac, pour se procurer une ivresse agréable. En exprimant le suc des feuilles vertes et des graines, et en le mêlant avec l'écorce, ils en composent une boisson enivrante ; et en ajoutant au suc dont il s'agit un peu de muscade , de gérofle, de camphre et d'opium, ils en forment une composition qu'ils nomment majuh, et qui, selon Clusius, est la même chose que le malack des Turcs. Cette composition fait éprouver des rêves agréables, ou procure un profond sommeil ; mais son usage trop fréquent doit causer les mêmes accidens que nous avons dit plus haut être la suite de l'abus des préparations de chanvre commun prises à l'extérieur. ( L. D.)

CHANVRE AQUATIQUE (Bot.), nom vulgaire du bidens tripartita, Linn. Voyez BIDINT. ( H. CASS. )

CHANVRE DE CRÊTE. (Bot.) On donne ce nom à la can- nabine, dalisea, qui a le port du chanvre, dont elle diffère d'ailleurs beaucoup par sa fructification. ( J.)

CHANVRE DES INDIENS. (Bot.) C'est ainsi qu'on nomme, dans quelques colonies, l'agave, dont les feuilles fournissent un fil propre aux mêmes usages que l'écorce du chanvre. ( J.)

CHANVRIN (Bot.), nom vulgaire d'une espèce degaléope, galeopsis tetrahit, Linn. (L. D.)

CHAOS. (Bot. ) Voyez CHARBON DES BLES. ( LEM. )

CHAPE. ( Chim.) C'est le dôme du fourneau de fusion. Il est plus élevé que celui du fourneau de réverbère. Une large porte mobile, par laquelle on introduit le combustible

J

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dans le foyer, se trouve sur le côté antérieur ; la partie: supérieure se termine en un tuyau cylindrique, sur lequel on place d'autres tuyaux lorsqu'on veut augmenter le tirage# (CH.)

CHAPEAU ( Bot. ), Pileus. Dans les champignons gymno- carpiens on donne le nom de chapeau au péridion, lorsque ce réceptacle des corps reproducteurs termine le pédicule sous la forme d'un disque , d'une calotte ou d'un renflement quelconque. Le chapeau est garni en-dessous de lames rayon- nantes, ou de tubes, ou de pores, ou de pointes, qui servent de support (placentaire) aux corps reproducteurs (séminules)* Avant son développement, le chapeau est uni au pédicule par une membrane dont les lambeaux prennent le nom d'an- neau lorsqu'ils restent attachés au pédicule, et le nom de cortine lorsqu'ils restent attachés au chapeau. Voyez CHAM-* ¡pignon. ( Mass. )

CHAPEAU CANNELLE (2?o£.), espèce d'agaric qu'on trouve aux environs de Champigny, près de Paris. Toute la plantéala surface sèche, une saveur et une odeur de bon champignon j aussi est-elle recherchée pour l'usage. Elle est très-délicate et de bon goût ; c'est même , ajoute Paulet, un des meilleur" champignons que l'on connoisse. On trouve cet agaric par groupe de deux individus, ayant deux pouces et demi de hauteur. Le chapeau, quelquefois finement gercé, est eouleur de cannelle claire ; ses feuillets sont blancs et serrés ; la tige a près d'un pouce d'épaisseur. Paulet, Trait. 2, p. i35, pl. 40* Voyez JÜMEAÜX. ( LEM. )

CHAPEAU D'EVÊQUE ( Bot.), nom vulgaire de l'épimède des Alpes. On donne le même nom au fruit du fusain d'Eu- rope. (L.D.)

CHAPEAU (GRAND) TERRE D'OMBRE. ( Bot.) C'est Vagaricus atrotomentosus, Batsch, Elench. pl. 8, f. 32, dont le chapeau et les feuillets sont couleur de suie ou de terre d'ombre. Son pédicule est noir. Ce champignon est le premier de la section des pleuropus , du genre Agaricus, de Persoon, SynM p. 472 , n.° 416. Voyez FUNGUS. (LEM.)

CHAPEAU (PETIT) D'ARGENT (Bot.), espèce d'agaric décrite par M. Paulet, Tr., 2, p. a32 , pl. 111, f. 3, et qui ne paroît point malfaisante. Elle naît en touffe de quatre ou cinq in^i*

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vídus, blancs partout. Leur petit pédicule a un pouce et demi de longueur, sur une ligne de diamètre contenu avec le cha- peau. Celui-ci, relevé à son centre en bossette, et garni en- dessous de feuillets très-fins et inégaux, n'a que six lignes de diamètre. Voyez SERPENTINS. ( LEM.)

CHAPEAU (Petit) DE SENARD (£o£.). M. Paulet figure, pl. 55, £ i, de son Traité des Champignons, une espèce d'agaric qu'on trouve en automne dans la forêt de Senard, et qui paroît mal- faisant. 11 est haut de trois à quatre pouces ; le chapeau est de couleur de marron, garni de feuillets blancs, inégaux. .Voyez Pied BOTS. (Lem.)

CHAPEAU ROUX. ( Ornith. ) Sparrman a donné, sous le n.° 44 de son Museum carlsonianum, la figure et la description d'un oiseau par lui rapporté au genre Bruant, et nommé emberiza, ru ti capilla. Cet oiseau, remarquable par sa coiffure d'un rouge éclatant et bordée de noir, est de la taille du pinson : il a le corps brun en-dessus , et cendré en-dessous. C'est Yemberiza ruficapilla de Gmelin, et le fringilla ruticapilla de Latham. Le naturaliste suédois ne paraissant point avoir vérifié si cet oiseau a au palais le tubercule caractéristique du genre Bruant, on ne peut encore lui assigner sa véritable place. (CH. D.)

CHAPEAUX ( Petits ). ( Bot. ) M. Paulet admet sous ce nom deux familles d'agaric. L'une sera mentionnée à l'article Mous- seron D'EAÜ; la seconde se divise en quatre sections. La première section comprend des champignons à chapeaux plats, dont l'es- pèce la plus remarquable, petite et toute bleue, a été décrite par J. Bauhin, cap. 69, p. 846, ic. Fungus parvus omnino cct~ ruleus. La deuxième section renferme des espèces à chapeaux hémisphériques ; Vagaricus ermineus, Scop. n.° îôôg, en fait partie. La troisième section con tientdes champignons à chapeau encóne obtus, gris cendré, dont les fungus n.os 22 et 33 de Vaillant font partie. Enfin, la quatrième section est constituée sur un agaric à chapeau oval, blanc, décrit par J. Bauhin, cap. 73 , p. 847 , icon. Fungus albus pileolo inverso. ( Lem.)

CHAPELET. (Erpétol. et Ichthyol.) C'est le nom par lequét M. de Lacépède désigne une espèce de Couleuvre ( voyez ce mot), et un labre du grand golfe de l'Inde, découvert et dessiné par Comxnerson. Voyez LABRE. (H. C.)

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¿HAPELETS DE SAINTE-HÉLÈNE. (Bot.) Il est dit, dan* le Recueil des Voyages , que les Espagnols de la Floride nomment ainsi la racine semée de nœuds, ou boùlettes rondes et velues, d'une plante qui est Vapoyomatsi ou patzisiranda du pays. Dans cet ouvrage, la description imparfaite semble in- diquer une espèce de jonc noueux : c'est le même qui est nommé apoyomatli, ou phatzisiranda au Mexique, et que Her- nandez décrit et figure sous ce nom. Celle-ci paroît être une espèce de souchet, cyperus articulatus. Ces racines sont esti- mées dans la Floride : on les coupe, et on les fait sécher et durcir au soleil. Elles sont aromatiques, chaudes et astriri- gentes. Les François les nomment patenôtre. Les sauvages du pays broient le" fèuilles entre deux pierres, et en tirent un sue . dont ils se frottent le corps après s'être baignés, dans la per- suasion qu'il fortifie la peau, et lui donne une odeur agréable.

(JO

CHAPELIERE (Bot.), nom vulgaire du tussilago petasites, Linn. Voyez TUSSILAGB. (H. CASS.)

CHAPERON. (Fauconnerie.) On appelle ainsi le morceau de cuir dont on couvre la tête dçs oiseaux de proie. Cette sorte de bonnet se nomme chaperon de rust, lorsqu'on s'en sert pour des oiseaux non encore dressés, et le faucon qui supporte patiemment le chaperon est dit bon chaperonnier. (CH. D.)

CHAPERON (Entom.), Clypeus. C'est le nom par lequel on désigne la partie la plus avancée du front des insectes, celle qui touche immédiatement la bouche ou la lèvre supérieure. On trouve dans quelques familles de très-bons caractères dans la forme constante du chaperon.Nous avons employé avec quelque avantage cette considération dans la distribution des genres de notre famille des pétalocères ou lamellicornes.

Quelques auteurs ont traduit le mot latin clypeus par bou- clier, de sorte qu'ils ont appliqué la même dénomination à la partie supérieure du corselet dans quelques insectes, et en particulier à ceux de la famille des hélocères, qui comprend fessilphes, boucliers, nécrophores, etc. (C. D.)

CHAPITEAU. (Chim.) C'est la pièce supérieure de l'alambie, (CH.)

CHAPON* (Ornith.) On appelle ainsi le poulet mâle auquel

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fcn a enlevé les testicules, et qui porte lfc nom de ehaponncàx lorsqu'il est encore jeune. (CH. D.)

CHAPON DE PHARAON. (Ormthi) L'oiseau auquel on a donné ce nom et celui de poule de Pharaon, est le vautour ois sacre d'Egypte, vultur percnopterus, linn., neophron percnopte- rus 9 Savig.; et de Maillet s'est évidemment trompé en croyant y reconnoitre l'ibis, lorsque lui-même rapporte que cet oiseaii suivoit pendant plus de cent lieues leá caravanes pour se re- paître de charogne. (CH. D.)

CHAPPAVUR* (Bot.) Voyez CHAYAVER. (J.)

CHAPPE. (Entom.) Quelques entomologiste* françois ont désigné sous ce nom un genre d'insectes lépidoptères dont les larves vivent dans les fruits, et qui, sous l'état parfait, portent* des ailes larges, en toit, qu'on a comparées à une chappe, sorte de vêtement dont les prêtres se servent dans l'exercice de leurs fonctions. Voyez PŸRALE. (C. D.)

CHAPPERON ou COQUELUCHON DB MOINS (Bot.) ¿ nom ancieir vulgaire de l'aconit napel, suivant Daléchamps, donné proba* blement à cause de la division supérieure de son calice, qui a la forme d'un capuchon. (J.)

CHAPPO. (Bot.) Marsden, dans sèn Histoire de Sumatra, indique sous ce nom et sous celui de sauge sauvage, une plante qui a la couleur, le goût, l'odeur et les vertus de la sauge d'Europe. Elle s'élève à la hauteur de six pieds ; ses feuilles sont grosses, longues et dentelées ; sa fleur ressemble à celle du seneçon. Ce dernier caractère éloigne entièrement cette plante de la sauge, et l'on ne sait à quel genre la rapporter. (J.)

CHAPRKEUR. ( Bot.) Dans le Recueil des Voyages on trouve sous ce nom une racine de Virginie employée dans les tein- tures , sans autre indication. (J.)

CHAPTALIE ( Bot. ), Chap tali a. [ Coiymbifères, Juss. ; Syngé- nésie polygamie superflue ? Linn. ] Ce genre de plantes , de la famille des synanthérées, appartient à notre tribu naturelle des mutisiées* Voici les caractères que nous avôns observés, dans l'Herbier de M. Desfontaines , sur une espèce de chaptalie.

La calathide est discoïde-radiée, composée d'un double disque multiflore, équaliflore, labiatiflore, l'extérieur andro- gyniflore, l'intérieur masculiflore, et d'une double couronnç féminiflore, l'extérieure liguliflore, l'intérieure abortiflore.

8. il

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Le péricline, égal aux fleurs du disque, est formé de squame* irrégulièrement imbriquées, linéaires - lancéolées, foliacées, membraneuses sur les bords, tomenteuses extérieurement. Le clinanthe est nu, un peu alvéolé. L'ovaire est subcylin- dracé, alongé, atténué aux deux bouts, non collifère, nervé, glabre, muni d'un bourrelet apicilaire dilaté horizontalement, et d'une aigrette composée de squamellules nombreuses, inégales, filiformes, barbellulées. L'ovule est complètement avorté dans l'ovaire des fleurs mâles. La corolle des fleurs du disque a son limbe divisé supérieurement en deux lèvres: l'extérieure profondément tridentée, presque trilobée ; l'inté- rieure bifide jusqu'à la base. Les étamines ont de longs appen- dices apicilaires linéaires, arrondis au sommet, entre-greffes ïnférieurement, et de longs appendices basilaires sétiformes r libres. L'article anthérifère est long et grêle. Les fleurs de la couronne externe ont la corolle ligulée, composée d'un tube court et d'une languette largement linéaire, épaisse , plus longue que le style. Les fleurs de la couronne interne ont la corolle demi-avortée, composée d'un tube long, étroit, et d'une languette irrégulière, mince, plus courte que le style.

Le genre Chaptalie a été fondé par Ventenat, dans sa des- cription des plantes du jardin de Gels , sur une seule espèce , qu'il a nommée chaptalie cotonneuse, chaptalia tomentosa, et que d'autres botanistes nomment tussilago integrifolia.

C'est une plante herbacée, à racine vivace, très-commune dans les grands bois de la Caroline. La racine est fibreuse ; les feuilles sont radicales, disposées sur deux ou trois rangs, lan- céolées , un peu obtuses au sommet, munies sur les bords de quelques glandes, étrécies à la base en un pétiole très-court, lequel est dilaté et engaîne le collet de la racine : les feuille* extérieures sont horizontales, roictes., glabres, et d'un vert foncé en-dessus, cotonneuses en-dessous ; les intérieures sont plus petites, dressées, molles, cotonneuses sur les deux faces : entre les feuilles naissent deux ou trois hampes dressées, un peu courbées au sommet, cylindriques, cotonneuses, ter- minées chacune par une seule calathide inclinée, dont la couronne est d'un violet tendre, et le disque blanchâtre.

M. Persoon n'admet le genre Chaptalie que comme sous- geore du genre Tussilago, et il le compose de sept espèces

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dont les unes ont la cypsèle. collifère, et dont les autres n'offrent point ce caractère. M> Decandolle , laissant dans le genre Chaptalie les espèces k cypsèle non-collifère, forme un genre particulier des espèces dont la cypsèle se prolonge supérieurement en un col, et il le nomme leriao

Les ùhaptalia, leria, onoseris, établissent une affinité incon* testable entre nos tribus naturelles des mutisiées et des fussi- laginées. ^ H. CASS. )

CHAQAQEL. (Bot.) M. Delile dit que le panicaut ordi- naire , tryngium campestre, est ainsi nommé dans l'Egypte. (J.)

CHAQUEUE, ou QUEUE DE CHAT (Bot.) , noms vulgaires de la prêle des champs, equisetum arvense. (Lem. )

CHAR. ( Conchy L ) C'est le nom françois que Bruguières a cru devoir donner au genre Gioenia, établi par le chevalier Gioeni, pour un corps organisé dont il décrivit la forme, les mœurs et les habitudes, quoique ce ne fût que l'estomad d'une espèce de bulle, bulla liguaria, comme l'a fait voir Drapar- naud. Voyez BULLE. ( DE B. )

CHARA. (Bot. ) M. Thiébaut de Berneau pense que le chara dont parle Jules-César, et dont on mangeoit la racine r est le crambe de Tartarie. Les botanistes nomment actuelle- ment Chara un genre de plantes. Voyez CHARAGNE. (LEM. ) CHARA. ( Ornith. ) Les Kalmoucks désignent par ce nom les corbeaux. ( CH. D. )

CHARACH. ( Ornith.) Voyez CHARAH. ( Ch. D. ) CHARACHER (Bot.), Charachera, nom arabe adopté par Forskaël, pour désigner un arbrisseau dont il faisoit un genre nouveau , mais qui, examiné ensuite par Vahl, est, selon lui, une espèce de camara qu'il nomme lantana viburnoïdes. Elle est distinguée par ses tiges sans épines , ses feuilles velues, lancéolées, âpres en-dessus, veloutées en-dessous ; ses têtes de fleurs alongées , en épis. On la nomme encore fresran dans l'Arabie. ( J. )

CHARACIN ( Ichthyol. ) , Characinus. Gronou , Artédi et plusieurs autres ichthyologistes, M. de Lacépède en particu- lier, ont réuni sous ce nom un certain nombre de poissons voisins des saumons, et, comme eux, de la famille des der- moptères.

Le caractère principal de ce genre est? ainsi que le fait

il.

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remarquer M. Dum¿ril*(Zoolog.analyt.), difficile á observerf puisqu'il réside dans le petit nombre des rayons de la mem- brane des branchies, qui ne doit pas être de plus de quatre ou cinq. M. Cuvier trouve que les formes, et surtout les dents des poissons qui le composent, varient assez pour donner lieu k plusieurs subdivisions, dont quelques-unes ont déjà été indi- quées par M. de Lacépède, ou d'autres naturalistes ; ce sont : les CORiMATES, les Akostomes , les Serra-Salmes , les Piabuques , les Tétragonoptèrés , les Raiis , les Htdrocins , les Citharines , les Saures, les Scopèles, les Aulopes, les Serpes. (Voyez ces différens mots. )

Dans tous ces poissons on trouve des cœcum nombreux, comme chez les saumons, et une vessie natatoire étranglée et bilobée, comme chez les cyprins. Aucun n'a de dents sur la langue , comme les truites. ( H. C. )

CH ARAD, CHODARA (Bot.), noms arabes d'une plante que Forskaèl nomme valeriana scandens. ( J.)

CHARADRIUS (Ornith.), nom donné par Linnæus et par la plupart des naturalistes aux pluviers, d'après celui de cha- radrios , qui, dans Aristote, avoit déjà été rapporté au plu- vier à collier, et qui est conservé, parScopoli, comme terme générique, dans son Introductio adHistoriamnaturalem. (CH.D.)

CHARAGNE (Bot.) , Chara, Linn. Ce genre renferme des plantes qui croissent dans les marais et les eaux stagnantes : ce sont des herbes qui pullulent dans les canaux dont les eaux ont un cours très - lent. Quelques espèces répandent une odeur fétide et limoneuse, avec un certain fond d'à- preté. Elles justifient complètement le nom de chara que leur a donné Vaillant, qui vient d'un mat grec signifiant joie, plaisir, et rappelant qu'elles jouissent ou se plaisent dans l'eau. Les naturalistes qui ont précédé Vaillant, les nom- moient hippuris et equisetum. En effet, les charagnes ont des rapports avec les prêles, equisetum, et 1 hippuris , par la dispo- sition de leurs rameaux, et même par les stries qui les sillon- nent quelquefois. Néanmoins, les charagnes ont un port tout particulier qui les fait aisément reconnoitre : leurs tiges menues, striées ou lisses, nues ou garnies de papilles, opaques ou diaphanes, articulées ou non articulées, émettent de nom- breux rameaux de même sorte, et disposés en anneaux autour

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d'un même point ; ces rameaux en produisent d'autres lemblablement disposés-, et tous sont garnis quelquefois d'écailles, subulées ou obtuses, qui leur donnent leur ru- desse. C'est sur les dernières ramifications et sur le côté qui regarde les rameaux qui les portent, et qui sont arqués en dedans c"mme les branches d'un lustre, que naissent les fleurs dans l'aisselle de dentelures épineuses. Celles - ci échappent à la vue simple; on n'en reconnoît l'existence que lorsque les fruits ont pris toute leur croissance: aussi les natu- ralistes sont-ils fort peu certains de la structure de ces fleurs, et, par conséquent, indécis sur le classement du genre Chara dans l'ordre naturel. On voit qu'ils Font placé dans la famille des fougères, dans celle, presque détruite, des naïades, et dans celle des hydrocharidées ; il y a même des botanistes qui ont réuni les charagnes avec les batrachospcrmes, genre de la famille des algues, section des conferves: mais le genre Chara n'a que des rapports éloignés avec toutes ces familles ; les diverses places qu'on lui a fait occuper prouvent l'ignorance où nous sommes sur ses vrais caractères.

Linnæus, qui nous paroît avoir examiné avec quelque soin les fleurs du chara, est porté à le classer dans la monoécie monandrie, c'est-à-dire, au nombre des plantes qui offrent sur le même pied des fleurs femelles et des fleurs mâles à une étamine. Ces caractères seroient : fleurs monoïques , calice et corole nuls; fleurs femelles à ovaire couronné par cinq stigmates sessiles; fleurs mâles, constituées chacune par une anthère globuleuse , sessile, située quelquefois au bas de l'ovaire, et quelquefois hors de la fleur femelle; le fruit est une baie polysperme. Voilà les caractères donnés par Will- denow , auteur de l'édition la plus récente du Speciesplantarum de Linnæus : nous sommes loin de les regarder comme justes. Suivant M. de Jussieu, les fleurs femelles ont un calice (supé- rieur, Vaill. ), à quatre ou cinq feuilles tournées en spirale* et fortement appliquées contre l'ovaire, qui est turbiné. Nous n'oserions point entrer en discussion sur cet objet, si le hasard ne nous avoit point mis à même d'observer les fruits du chara pour une recherche d'abord étrangère à ce genre, dtous avons fait voir, dans une note insérée dans le Nouveau Bulletin des Sciences, parla Société philomathique, et d ans

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lin Mémoire inséré dans le Journal des Mines, que ces fossiles, si communs dans nos calcaires de formation d'eau douce, et appelés gyrogonites, n'étoient que des fruits de chara fossiles. Maintenant nous allons nous servir de la gyrogonite pour chercher à acquérir de nouvelles lumières sur la structure du chara. Il suffira de jeter la vue sur les figures qui accompagnent les Mémoires cités ci-dessus, pour voir qu'au sommet de la gyrogonite est un trou central, place évidente d'un seul style ; que de ce trou partent immédiatement cinq spirales qui sont coupées un peu après par un profond sillon, marque restante du point d'insertion de ce qu'on a nommé les cinq stigmates. Les spirales continuent ensuite leur évolution autour de la gyrogonite, et lui ont fait donner ce nom par M. de Lamarck qui croyoit voir en eux un genre de coquille. Des fruits du chara vulgaris ont été examinés par nous, et ilous avons reconnu non-seulement les faits ci-dessus, mais encore que ce qu'on nomme stigmates, sont de vraies divisions d'un périanthe fortement collé sur le fruit : celui-ci n'est qu'une membrane mince très-délicate', qui contient une multitude de graines noires plongées dans une matière mucilagineuse. D'après l'examen dés gyrogonites, lesquelles sont toujours entières, et constamment munies de leur trou au sommet, nous disons que les graines sortent du fruit par le trou que laisse le style après sa chute.

Nous nous proposons de pousser plus loin nos observations sur le genre Chara ; nous croyons seulement devoir faire obser-' ver ici que les fleurs du chara nous paroissent composées ainsi qu il suit :

Deux, quatre ou cinq bractées, ou écailles subulées, situées à la bàse de l'ovaire, et l'enveloppant ; périanthe à cinq divi-p sions soudées par leur base , et s'enroulant autour de l'ovaire qu'elles serrent étroitement, et croissant avec lui " étamines 5? autant quede divisions du périanthe, lesquelles offrent chacune un pli longitudinal qui semble indiquer la place d'une étamine ; un seul style ou stigmate ; fruit recou- vert par le périanthe endurci, uniloculaire polysperme indéhiscent ; graines sortant par l'ouverture que laisse le style lors de sa chute, et enyeloppées d'une niatière mucila- ¡gineusef

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D'après ces caractères, Ton vpit qué le chara se rappro " ch ero it des onagraires et des litraires, comme beaucoup d'autres genres de la famille des naïades qui en font même partie. Le chara nous semble devoir faire, en ce point, une famille particulière à laquelle le nom d'¿léodées conviendroit.

Haller, Gærtner et Roth nient que les disques orbiculaires rouges, entourés d'un anneau, que Linnæus et Hedwig regard- dent comme des anthères, soient des organes mâles ; peut-être sont-ils des organes sécrétoires, ou même des fleurs avortées.

Les espèces du genre Charagne, quoique peu nombreuses, sont cependant très-difficiles à caractériser. On en compte une vingtaine, dont quelques-unes ne sont réellement que des variétés. La plupart croissent en Europe. On n'en connoft que très-peu de l'Afrique, de l'Asie et de l'Amérique. Voici les plus remarquables, et qui peuvent le mieux donner une idée des autres espèces.

CHARAGNE VULGAIRE OU FETIDE : Chata vulgaris , Linn. ; *Willd., Fl. Dan., t. 15o ; Lem., J. des Mirïes, n.° 191, tab. 8 , fig. 5. Tige très-rameuse, lisse, striée , fragile ; rameaux, cinq à six par verticilles, nus à la base, garnis de trois à quatre fleurs ; fruits ovales, verts , puis jaunâtres, plus longs que les bractées qui les entourent : la .tige est rude, et quelquefois enduite d'un limon qui ajoute à sa rudesse; elle rampe au fond de l'eau, ou s'élève en buissons touffus. Dans les eaux qui déposent beaucoup de calcaire : celui-ci se fixe sur la charagne, et l'on obtient ainsi de très-jolis buissons pierreux , de la même forme que celle de la plante ; on en voit des échantillons dans tous les cabinets des curieux. Cette espèce de charagne est très-remarquable par son odeur fétide qui décèle sa présence dans les marais. On en connoît de nom- breuses variétés, que plusieurs botanistes regardent comme autant d'espèces. On lui donne le nom de girandole d'eau , de lustre d'eau, à cause de la disposition de ses rameaux, d'herbe à grenouille, de oharapot ou de charapat. M. Bosc fait observer que les poissons, et surtout les carpes, semblent se plaire dans les eaux où croissent les charagnes, et qu'ils y prennent plus de volume, sans doute en se nourrissant des graines de cha- ragne, ou de¿ animaux qui vivent dans les touffes que forme cette plante.

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La chafragne fétide est employée dans quelques endroits pour nettoyer la vaisselle ; elle porte alors assez communé- ment le nom d'herbe à ¿curer.

CHARAGNE TOMENTEUSE ; Chara{tomentosa, Linn.; WiUd.j Moris. Hist. S. iS , tab. 4, f. 9. Tige rameuse, fragile, cylin- jdrique, striée, d?un aspect poudreux ou cotonneux. Ses Tameaux sont au nombre de cinq ou six à chaque yerticille, et articulés ; ils offrent de petites dentelures épineuses. Les fruits, un peu pluspbtus ou ventrus que ceux de la charagne fétide, naissent dans les aisselles des dentelures.

Charagne h£ris3^e: Chara hispida, Linn.: Willd. ; Lam* III. 376, f. 3. Elle est plus grande que les précédentes, épaisse et entièrement couverte d'aiguillons déliés, groupés en fais? ceaux, pu di$po$é$ en portions de verticilles ; elle devient blanche lorsqu'elle est desséchée. Ces trois espèces croissent abondamment dans nos marais ; elles sont annuelles;

CHARAGNE FLEXIBLE : Chara Jlexilis , Linn. ; Willd. ; Vaill. Act. par. 1719, pag, 18, tab. 3, fig. et 9. Elle est demi- transparente , ou même diaphane. Sa tige est longue, rameuse, flexible , luisante, d'un vert d'herbe. Ses rameaux sont deux ou quatre ensemble , en verticilles incomplets ; les fruits naissent sept ou huit ensemble , aux articulations des rameaux, et sont plus longs que les petites bractées qui les accompagnent. Cette plante croît dans nos marais; elle est . plus rare que les autre? espèces que nous avons décrites. ( LEM. )

CHARAH (Ornith.), nom que l'on donne au Bengale à l?oî- seau qu'Edwards a appelé (dans ses Glanures, part. 1, pag. 35, pl. 226) pieygrièche rousse huppée, et qui est le lanius cris- tatus, Linn. (CH. D.)

CHARAI-PANNAI (Bot,) , espèce d'amaranthe de la côte de Coromandel. (J.)

CHARAMAIS. (Bot.) Voyez CHERAMELIER. (J.)

CHARANÇON. (Entom.) Voyez CHARANSON. (C. D.)

CHARANDA (Ornith.), nom des hirondelles, en langue ]talmouque. (CH. D.)

CHARANSON (Entom.), Curçulio, On a écrit aussi Cha* ÎIENÇON, CHARANÇON. Ce nom, dont l'étymologie est obscure^ çn latin comme en françoîs, a été appliqué de toute aiitfc

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quité à un insecte qui ronge le blé ; c'est le titre de l'une des comédies de Plaute qui sont parvenues jusqu'à nous. On trouve dans quelques manuscrits, gurgulio, parce que, dit Varron, l'insecte est tellement goulu qu'il semble être tout gosier.

Linnæus est le premier auteur qui ait rapproché sous ce nom de genre les coléoptères à quatre articles à tous les tarses à antennes brisées et en masse, portées sur un bec , et dont nous avons fait depuis la famille des rhinocères ou flosTRicoRNES. Voyez ce mot.

Tous les entomologistes ont adopté ce groupe : il renfer- moit un si grand nombre d'insectes, qu'ils ont été successi- yement obligés de le sous-diviser en genres. Fabricius, Geof- froy, Olivier, MM. Latreille et Clairville, pour ne parler que des auteurs principaux, en ont établi successivement au moins douze, comme on peut le voir au nom de la famille, où, afin d'éviter les répétitions, on trouvera des détails sur ses mœurs.

Dans l'état actuel de la science, et d'après les derniers travaux de M. Latreille, qui a à peu prés adopté les divisions que M. Clairville a publiées dans son Entomologie helvé- tique , le genre Charanson comprend les espèces dont les an- tennes sont insérées près de l'extrémité libre d'une sorte de trompe courte, formée par le prolongement de la face ou de la tête qui les reçoit dans une sorte de rainure ou de gout- tière ; elles sont composées de onze articles, dont le premier est fort long, et les trois derniers rapprochés, courts, formant yne massue. L'avant-dernier article des tarses est bilobé.

Le corps des charansons est arrondi, ové, plus ou moins alongé ; les élytres bombées, souyent réunies et sans écusson, embrassent l'abdomen ; les pattes sont très-fortes, à cuisses gonflées ou en fuseau.

Ce genre, tel qu'il est maintenant, n'offrant qu'un démem- brementde ceux qu'on a nommés depuis Rhynchcne, Brachy- rhine, ne comprend que des espèces qui, sous l'état parfait, ne se nourrissent que de feuilles, et font un très-grand tort aux plantes. On ne connoît pas encore leurs larves, quoique la plupart vivent en société, ou se trouvent en très-grand nombre dans les mêmes lieux. Ils vivent long-temps sans nour-

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riture ; ils sont très-lents dans leurs mouvemens ; lorsqu'on les saisit, ils tombent dans une sorte de paralysie vólontaire dont souvent les épingles qu'on passe au travers de leur corps ne les tirent pas sur le moment : il estprésumable que, comme leur corps est très-dur, c'est une sorte de ruse qu'ils emploient pour se soustraire au bec des oiseaux.

On a partagé ces espèces en deux sous-genres, suivant qu'elles ont des cuisses postérieures simples ou dentelées.

C'est à la première division qu'appartiennent les plus belles espèces, dont quelques-unes sont tellement brillantes, qu'on les a enchâssées pour les monter en bague, ou en former d'autres petits bijoux extrêmement brillans. Tels sont :

Le CHARANSON ROYAL : Curculio regalis , Linn. ; Oliv., En- tomol., pl. 83, fig. 8, n.° î. Corps à fond noir, mais cou- vert d'écailles vertes ou bleu-tendre et métalliques; dessous d'un vert doré, comme grésillé; élytres d'un beau vert doré, avec la base et trois lignes sinueuses, transverses, d'un or rou- geâtre.

C'est le plus bel insecte connu : il se trouve au Pérou, dans l'Amérique méridionale ; il n'est guère que de six à huit lignes de long.

Le CHARANSON IMPERIAL: Curculio imperialis, Linn., Drury, toro. II, planch. 33, fig. i. Corps noir, mais Tecouvert pres- que partout d'écailles dans des points enfoncés ; deux lignes noires sur la tête et sur le corselet; élytres striées, bossues en dehors vers leur base, pointues à l'extrémité.

Il acquiert le double de grosseur du précédent; il est plus large et moins élégant; les pattes sont velues, les tarses très- plats. On le trouve à Cayenne, au Brésil, d'où on en apporte beaucoup : on en voit dans presque toutes les collections.

Parmi les espèces de France qui appartiennent à cette division, nous citerons :

Le CHARANSON VERT : Curculio viridis , Linn. ; Oliv. , En- tomol., pl. 83, fig. 18. Verdâtre, à bord des élytres et du corselet jaune.

Le CHARANSON DU TAMARISC; Curculio tamarisci, Linn. Il est d'un vert brillant; les élytres sont nuancées de vert, de cen- dré , de rougeâtre et de noir. C'est une très-jolie espèce, qu'on trouve à Montpellier et à Marseille, sur le tamarisc.

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Parmi les espèces à cuisses dentées nous citerons, comme les plus communes :

# Le CHARANSON DE LA LIVECHE ; Curculio ligustici, Schæffer, tom. 2, fig. 12. C'est peut-être le charanson le plus commun des environs de Paris : on en trouve dans les terrains sablon- neux couverts. Au printemps, il dévore les premières pousses de plantes, 11 fait les plus grands ravages dans les plants d'as- perges, dans les vignes et dans les espaliers.

Il est gris-cendré, souvent couvert de terre; il porte une crête ou ligne légèrement saillante au-devant de la trompe ; le corselet est arrondi, chagriné ; les élytres soudées, chagri- nées : il est aptère.

Le Picipèdb, Curculio picipes. Le charanson brodé, Geoff., tom. 1, pag. 281, n.° 9. Noir; corselet à points enfoncés;

élytres striées. Il n'a guère que quatre lignes de longueur.

Ce genre comprend plus de quatre-vingts espèces.

CHARANSON A LOSANGE. Voyez Cione.

CHARANSON DE LA CENTAUREE. Voyez RHYNCHENE.

CHARANSON DE L'ACORÜS. Voyez CIONE.

CHARANSON DE LA SCROPHULAIRE. Voyez CIONE.

CHARANSON DES NOISETTES. Voyez RHYNCHENF.

CHARANSON DU BOUILLON BLANC. Voyez CIONE.

CHARANSON DU FROMENT. Voyez CALANDRE. /

CHARANSON DU RIZ. Voyez CALANDRE.

CHARANSON GOULU. Voyez RHYNCHENE.

CHARANSON LINEAIRE. Voyez COSSONE.

CHARANSON ODONTALGIQUE. Voyez RHYNCHENE.

CHARANSON PALMISTE. Voyez CALANDRE.

CHARANSON PARAPLECTIQUE OU du PHJBLLANDRIUM. Voyez Lixe.

CHARANSON SAUTEUR. Voyez ORCHESTRE.

CHARANSON TROMPETTE. Voyez RHYNCHENE. (C.D.)

CHARANTIA. (Bot.) Dodoens nommoit ainsi le momordica balsamina, plante cucurbitacée, très-différente dç la balsamine des jardins. Ce nom correspond à celui de caranzadonné à la même dans quelques lieux de l'Italie, suivant Césalpin. (J.)

CHARAPAT (Bot.), nom donné dans quelques lieux à la charagne, chara. (J.)

CHARAPETI. (Bot.) Voyez CHAPIRI. ( J.)

£)HARAX. (Ichthyol.) Xetpet^ est un mot grec par lequel Ælien

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et Oppien paraissent avoir désigné le cyprin, que nous nom- mons CARASSIN. Voyez ce mot et CARPE.

Gronou a aussi donné le nom de charax à deux poissons de Surinam et du Brésil qui rentrent dans le groupe des CHA- racins. Voyez ce mot. ( H. C. )

CHARBA. ÇBot.) Suivant Daléchamps , ce nom arabe est un de ceux de la calebasse, cucurbita lagenaria. Forskaèl et M. Delile lui donnent celui de gara, qui paraît plus vrai. (J.)

CHARBECHASUED (Bot.), nom arabe de l'hellébore noir, suivant Mentzel. (J.)

CHARBON. (Chim.) C'est le corps noir, solide, fixe, que l'on obtient en exposant à une chaleur rouge les matières organiques privées du contact de l'air. On distingue le char- bon végétal et le charbon animal, suivant qu'il provient d'une matière azotée ou d'une matière non azotée : c'est donc la nature de la substance carbonisée, plutôt qué son origine, qui doit servir de base à la dénomination de son charbon ; et cela est visible , quand on considère qu'il existe dans les plantes des principes immédiats azotés qui ont toutes les pro- priétés caractéristiques des substances azotées animales, et qu'on rencontre dans les animaux des principes immédiats non azotés qui ressemblent à des matières végétales non azotées.

CHARBON VEGETAL. Toutes les parties des végétaux, décom- posées par l'action de la chaleur, donnent du charbon ; mais le bois, principalement formé de ligneux, est spécialement em- ployé à la préparation de cette matière combustible , dont l'usage est si répandu. On peut réduire le bois en charbon par les procédés que nous allons décrire.

i. Carbonisation en faulde. On abat le bois depuis l'au- tomne jusqu'au mois d'avril. On choisit le jeune bois et le rondin ; on le débite en morceaux de 0^,8 à 1 mètre de longueur, et on le dispose en cordes de 201,6 de longueur sur im,3 de hauteur. On prépare ensuite Yaire sur laquelle on doit opérer la carbonisation. Cette aire, appelée place à charbon, faylde, doit être bien battue et un peu élevée au- dessus du sol environnant. Au milieu de l'aire on plante une bûche de la grosseur de la jambe par en bas, qui porte une double croix à son sommet; dans chacun des angles de cette

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double croix on place 4es extrémités supérieures de quatre gros rondins, dont les extrémités inférieures s'appuient sur le sol à une certaine distance du pied de la bûche verticale. On forme ensuite le premier plancher; pour cela on place sur le sol un lit de gros morceaux de bois qui se réunissent par une de leurs extrémités autour de la bûche verticale, et on recouvre ce lit de bois sec et divisé. Sur ce plancher on cons- truit, avec le bois qui est particulièrement destiné à être char- bonné, une espèce de cône tronqué; quand celui-ci est achevé, on plante au milieu une perche verticale: on fait un second plancher avec des rondins, et l'on construit un second cône tronqué, qui est appelé Yéclisse; sur ce cône on en construit un troisième que l'on appelle le grand haut , puis un quatrième que l'on appelle le petithaut, quelquefois même un cinquième. Cet assemblage de cônes est appelé le fourneau.

Quand le fourneau est construit, on le recouvre d'une couche de terre un peu humide de 0^,081 , à om,io8 d'é- paisseur; on laisse au bas du premier cône une surfacç découverte de 14 à 20 centimètres carrés, afin que l'air puisse s'introduire dans l'intérieur du fourneau. On enlève la perche qui formoit l'axe des cônes supérieurs, et on jette dans l'espace qu'elle occupoit, du bois enflammé et de petites branches bien sèches. Il s'établit un courant d'air, et le fourneau prend feu. Lorsque la flamme paroît au sommet du dernier cône, on ferme les deux ouvertures du fourneau avec de la terre humide et du gazon ; et on a soin de bou- cher toutes les crevasses qui pourroient se produire sur la couche de terre dont le fourneau est recouvert. Si l'opération languit dans quelques parties, on y donne de l'air en faisant des trous dans la couche de terre. On juge que l'opération va bien, lorsque le fourneau s'affaisse partout également. Un grand four- neau reste embrasé pendant six à sept jours, et un petit pendant trois ou quatre ; ils se réduisent tous à environ la moitié de leur hauteur. Quand le feu est éteint, on ratisse Tenveloppe de terre, de manière à la réduire à une couche extrême- ment légère ; on jette cette terre de côté ; quand elle est re- froidie, on la porte de nouveau sur le fourneau : on exécute cette manipulation dans la vue de refroidir ou de rafraîchir le charbon. Quand celui-ci est tout-à-fjait refroidi, on démolit

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le fourneau* 100 parties de bois donnent de 16 à 17 partieà de charbon. Dans cette opération, il est visible qu'une partie de la matière combustible du bois, en se brûlant par le cou- rant d'air qui s'établit de la base du fournoau à son sommet; dégage assez de chaleur pour réduire en charbon toute la matière végétale qui ne se combine pas à l'oxigène. Une portion du bois, en brûlant, sert donc à en distiller une autre portion.

Deuxième procédé. Carbonisation en vaisseaux clos. MM. Mol- lerat ont exécuté les premiers un appareil en grand, pour carboniser le bois dans des vaisseaux clos, de manière à pou- voir recueillir l'acide pyro-acétique et les matières huileuses produites pendant l'opération ; mais, comme leurs vaisseaux faisoient partie du fourneau, ils étoient obligés de laisser re- froidir ce dernier avant d'en retirer le charbon , ce qui occa- sionoit dans chaque opération une grande perte de temps et de chaleur. Depuis, MM. Lhomond et Kurtz ont imaginé un autre appareil, qui n'a pas cet inconvénient, et dans lequel ils tirent parti des gaz inflammables qui se dégagent du bois, en les ramenant dans le fourneau. Ils ont établi deux fabriques sur ce principe. Dans l'une d'elles, on met le bois dans un cylindre qui a une capacité de quatre-vingts pieds cubes en- viron; le fond de ce vaisseau est en fonte, les parois verticales sont en tôle : on le recouvre d'une couche mince de terre pour le défendre contre l'action immédiate du feu. Ce cy- lindre est fermé par un couvercle en tôle qui s'y adapte par le moyen de boulons. A un pied environ du bord supérieur du cylindre, se trouve un tuyau horizontal, lequel, au moyen d'une alongé en tôle (qu'on y lute exactement lorsque l'a- cide pyro-acétique commence à se dégager ), sert à le faire communiquer avec un condensateur de cuivre ; celui-ci est formé d'un tuyau coudé dont la branche verticale descend dans une cuve, où il y a un courant d'eau froide destiné à condenser les produits liquides de la distillation. L'extrémité inférieure de cette branche est coudée. aplatie et élargie con- sidérablement , afin de présenter beaucoup de surface à l'eau froide. Elle a deux orifices, à l'un desquels s'abouche un tuyau vertical qui plonge au fond d'un baquet, et qui est destiné à l'écoulement de l'acide, sans cependant laisser

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échapper les gaz; à l'autre orifice s'abouche un tuyau qui se rend dans le foyer du fourneau , où il conduit les gaz in- flammables qui doivent économiser le combustible nécessaire à la carbonisation du bois. Le fourneau a un diamètre plus grand de quatre à cinq pouces que le cylindre, et est garni au fond de quatre tasseaux en fonte sur lesquels ëst posé ce dernier ; il reçoit dans sa partie supérieure un couvercle en briques qui se place et déplace à volonté au moyen d'une grue : cette grue est aussi destinée à retirer le cylindre du fourneau, lorsque l'opération est terminée (ee qui a lieu au bout de six heures) y et à l'y remplacer par un autre cylindre plein de bois. On laisse refroidir le premier pendant huit- heures , puis on le vide. Dans l'autre fabrique, les vases dis- tilla toi res sont de forme carrée 9 et le col par où sortent les produits de la distillation, est adapté au couvercle; du reste, le procédé est le même et présente des résultats semblables.

100 de bois donnent par ce procédé environ 2 5 de char- bon et 5o d'acide pyro-acétique mêlé d'huile. Ce charbon est exempt de fumerons ; il est plus léger que celui préparé par le premier procédé, surtout lorsqu'il n'a pas été exposé pen-* dant un certain temps à l'air. 11 brûle plus rapidement que ce dernier : c'est ce qui en rend l'usage peu avantageux , sui- vant quelques personnes, pour les fourneaux de coupelle et de réverbère en général. On ne l'a point encore employé dans le haut fourneau.

Troisième procédé. Carbonisation en fosses. Les fosses à car- bonisation peuvent avoir 1 mètre de profondeur s*ur 3 de largeur et de longueur; le sol et les parois doivent être, au- tant que possible, revêtus de briques. Lorsqu'on veut opérer ? on réunit le bois en bottes égales ; on place au fond de la fosse du bois très-divisé, mêlé de paille ; on dispose au-dessus, et au travers de la fosse, une perche sur laquelle on met une rangée de bottes de bois, puis une seconde : on s'arrête lorsque le bois s'élève à 1 mètre au-dessus du sol. Le bois étant ainsi disposé, un ouvrier descend au fond de la fosse par une ouverture que l'on a ménagée ; il met le feu au mélange de paille, remonte et bouche en dehors l'ouverture d'où il vient de sortir. A mesure que le bois s'affaisse par l'efTet de la carbonisation, on jette de nouvelles bottes dans la fosse.

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et cela jusqu'à ce qu'elle soit pleine de charbon ; la quantité de bois ajoutée est à peu près égale à celle que contenoit la fosse avant que le feu y eût été mis. Lorsque la flamme a cessé, on aplanit la surface du charb,on, puis on étend dessus une couverture de laine imbibée d'eau ; on jette une couche de terre sur cette couverture , et on la foule avec les pieds. On laisse la fosse couverte pendant trois ou quatre jours ; alors le charbon est suffisamment refroidi pour être retiré de la fosse*

Quatrième procédéo Carbonisation dans des fours. Ces fours sontalongés; leur voûte est cylindrique ; tout l'intérieur est revêtu de briques ; deux ouvertures opposées, situées au£ extrémités les plus éloignées, sont garnies de portes. On met le bois dans les fours ; on l'y allume avec une poignée de paille ; et, quand le bois est embrasé, on ferme les portes par lesquelles on a introduit le feu. On laisse brûler ; quand il ne se produit presque plus de flamme , on ferme la seconde ouverture, et après un quart d'heure on retire le charbon du four au moyen d'un ràble de fer , et on le reçoit dans des étouffoirs de tôle, où on le laisse refroidir pendant deux jours. Pour plus de détails, voyez l'Art de fabriquer la Foudre à canon, par MM. RifFaùlt et Bottée.

Les deux derniers procédés dont nous venons d" parler, ne sont guère employés que pour faire le charbon destiné à la fabrication de la poudre, Si l'on vouloit charbonner des bois pour des expériences de chimie , il faudroit dé- biter ce bois en petits cylindres que l'on placeroit, au mi- lieu du poussier de charbon ordinaire, dans un creuset de terre que l'on fermeroit avec une tuile ; on exposeroit en- suite le creuset àun feu deforge soutenu pendant deux heures.

Le charbon bien fait est solide, sonore : vu en masse, il est noir; mais, lorsqu'il est dans un grand état de division, et surtout lorsqu'il est en suspension dans l'eau, et qu'on le regarde par transmission, il paroit d'un bleu foncé. Le char- bon , quoique assez friable, est cependant très^dur ; de là , l'usage qu'on en fait pour polir certains métaux. Il est plus ou moins compacte, suivant les bois d'où il provient : en gé- néral, plus ces derniers sont denses, moins le charbon est léger; c'est pourquoi le buis, le chêne, le noyer, donnent

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Ses charbons plus denses que le sapiu et les autres bois blancs {

Si l'on fait abstraction des pores du charbon, c'est-à-dire , si on le considère comme un corps doHt les particules ne laisse- roient point de pores apparens entre elles, et qui occuperoient cependant toujours le même espace , on le trouvera plus légei que l'eau, et même plus léger que le bois; mais ai, en tenant compte des pores * on ne considère que sa partie solide, on lui trouvera une densité qui est au moins deux fois celle de l'eau. C'est parce que le charbon est poreux, et que ses pores sont remplis de gaz, qu'il flotte sur l'eau 5 mais s'il reste assez long-temps au-dessus de ce liquide, pour perdre l'air qu'il contient , il s'enfonce peu à peu dans l'eau, et finit par être entièrement submergé. Si le charbon a la même forme que le bois d'où il provient, cela tient à ce que le bois n'est pas susceptible de se fondre par l'action de la chaleur, qu'if en est de même du charbon, et que la cohésion de ce der- nier est assez forte pour que ses particules restent agrégées. Mais il n'en est pas de même du charbon provenant d'une substance végétale, comme le sucre, la gomme, l'amidon, qui se fondent avant de se carboniser ; ce charbon est lui- sant , et plus ou moins boursouflé ; ses particules étant plu" rapprochées, il est généralement tooins combustible que celui de bois.

Le charbon est fixe au feu, et conduit difficilement la cha- leur ; exposé à la lumière, il s'échauffe beaucoup , comme les corps noirs en général; il est bon conducteur de l'électricité; et, ce qu'il faut remarquer, c'est qu'en faisant aboutir aux deux extrémités d'un charbon placé dans le vide ou le gaz azote, les deux fils de platine d'un appareil voltaïque, le charbon devient aussi incandescent que s'il brûloit : cepen- dant il peut être tenu dans cet état pendant deux heures, sans perdre sensiblement de son poids.

Le charbon ne s'altère point dans la terre humide ; c'est pourquoi on a conseillé de carboniser les extrémités des pièces de bois que l'on y enfonce : mais plusieurs personnes prétendit que cette pratique est vicieuse, en ce que le char- bon produit absorbe l'humidité beaucoup mieux que le bois , et que cette humidité altère ensuite la partie ligneuse.

Le charbon jouit de deux propriétés extrêmement remar- ié

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quables : celle d'absorber les corps gazeux, et celle d'enleveu à l'eau la plupart des principes odorans et coloraos qu'elle peut tenir en dissolution. La première propriété a été suc* cessivemënt examinée par MM. Delamétherie, Fontana, Mo- rozzo , Roupie et Noorden, et enfin par M. Th. de Saussure; mais, comme elle n'est pas particulière au charbon, qu'elle appartient à tous les corps poreux, nous en traiterons à l'ar- ticle CORPS SOLIPES-POEUX ( Absorption des gaz par les). Nous allons examiner l'action du charbon sur les corps odorans et colorés qui peuvent se trouver dans les eaux. Ces dernières propriétés ont été reconnues par Lowitz.

Absorption par le charbon, de plusieurs substances odorantes et colorées , qui peuvent être contenues dans l'eau.

Lowitz a observé que la poudre de charbon faisoit dispa- roître l'odeur de l'acide succinique, celles de l'acide benzoïque , des punaises, des huiles empyreumatiques, des infusions de valériane, de l'essence d'absinthe , de l'oignon , ainsi que les odeurs sulfureuses, et qu'il suffisoit de nettoyer avec de la poudre de charbon les vases imprégnés de ces odeurs pour les en débarrasser entièrement. Lowitz a fait une application très-heureuse de cette découverte à la purification des eaux potables qui peuvent contenir des principes odorans de la nature de ceux qui sont absorbés par le charbon, lorsqu'elles ont séjourné pendant quelque tempsdans des tonneaux de bois. Rien de plus simple que le moyen proposé par Lowitz pour puri- fier une eau putréfiée: il consiste simplement à mêler, pour trois livres et demie d'eau, une once et demie de poussière de charbon bien sèche, et vingt~quatre gouttes d'acide sulfu- rique à 66 deg. ; si Ton employoit peu d'acide, il faudroit tripler au moins la dose de charbon. Lorsque l'eau a perdu son odeur, on la passe au travers d'une chausse dans laquelle il est bon de mettre du charbon. Dans ce traitement, le charbon enlève une portion de l'acide sulfurique. Lorsque les eaux ne sont pas très-putréfiées, il suffit de les filtrer au travers d'un filtre de charbon pour les purifier: mais nous ferons remarquer que les eaux purifiées doivent être employées le plus prompte- ment possible ; car, si on les abandonne à elles-mêmes après la filtration , il arrive souvent qu'elles s'altèrent de nouveau, par la raison que le charbon û'a pas enlevé la matière orga-

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nique non décomposée. Il paroit que la mauvaise odeur des eaux renfermées dans les tonneaux est.quelquefois occasionée par l'action que des sulfates contenus dans l'eau exercent sur des matières organiques qui y sont dissoutes v soit que ces matières y existassent avant que l'eau eût été mise dans les tonneaux, soit que ce liquide les ait enlevées à la matière même des tonneaux. C'est pour éviter cette dernière cause de la présence des matières organiques dans l'eau , qu'il est bon , ainsi que M. Berthoilet l'a prescrit, de carboniser l'in- térieur des tonneaux qui doivent contenir l'eau dans les voyages de long cours.

Le charbon n'a aucune action sur l'odeur du camphre, sur celle de l'éther sulfurique, des essences, des baumes, çt del'écorce d'orange.

11 a la propriété de décolorer, à une douce çhaleur ou mêmeàfrDid, Je sous-carbonate d'ammoniaque huileux, le vinaigre et les aeétates faits avec un acide coloré, l'acide tar- tarique, la crème de tartre, l'eau-de-vie de grains, l'huile pyreumatique de corne de cerf, les sucs sucrés, la teinture de jalap, les teintures de bois de santal, de cochenille 7 de gomme laque. Il décompose l'acide malique, le jus de citron , les vins rouge et blanc, la bière , le lait, les solutions de gomme arabique et de gélatine; il est sans action sur l'eau-de- vie , l'acide formique, et les savons.

Il n'est pas douteux que le charbon n'agisse de deux ma- nières , et comme filtre mécanique qui sépare des parties qui sont en suspension, et comme corps chimique qui n'ab- sorbe pas indistinctement toutes les matières odorantes ou colorées. Si son action étoit tout-à-fait indépendante d'une certaine affinité élective, on ne voit pas pourquoi il n'absor- beroit que certaines de ces matières.

Nature du charbon végétal. Le charbon est, en général, formé de deux sortes de substances ; une d'elles se dissipe en entier daqs la combustion, en se combinant avec l'oxigène, et l'autre reste solide et fixe après la combustion de la première.* c'est cette dernière qui constitue la cendre du charbon. La pro- portion de ces deux substances varie non-6eulement dans les charbons des diverses espèces de végétaux, mais encore dans les différentes parties du même végétal. Il est des charbons

12.

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qui donnent 0,10 de cendre, tandis que d'autres b'en donnent que de 0,01 à 0,02. Pour la nature des cendres, voyez PRINCIPES IMMEDIATS DES VÉGÉTAUX* Revenons à la portion du charbon qui se dissipe par la combustion. Cette matière est formée, suivant M. Th. de Saussure , d'une grande quantité de carbone unie à un peu d'hydrogène et d'oxigène ; il a déduit cette conclusion de l'expérience suivante. Ce chimiste ayant brûlé dans du gaz oxigéne o, gr. 591 de charbon de bois parfaitement calciné , a obtenu o,gr.o2o de cendre, o,gr.o2o d'eau, 1074,4 centimètres cubiques de gaz acide carbonique, et 19,35 centim. d'un mélange d'hydrogène carboné et d'oxide de ca** bone,- et, de plus, il a observé que le volume dejl'oxigène consommé étoit égal au volume du gaz acide carbonique produit : or, si le charbon n'avoit pas contenu d'oxigène,, l'acide carbonique n'auroit pas représenté tout l'oxigène con- sommé.

Avant M. Th. de Saussure, Lavoisier avoit trouvé de l'hy- drogène dans le charbon ordinaire, et Kirwan, M. Hassen- fratz, Cruikshank et M. Berthollet, avoient reconnu la pré- sence de ce corps dans le charbon le plus fortement calciné j M. Berthollet avoit aussi admis l'existence de ¡'oxigéne dans le charbon ordinaire, en même temps qu'il considéroit celui qui avoit été fortement calciné, comme en étant abso- lument dépouillé, ou du moins n'en contenant qu'une trè*- petite quantité : mais les expériences de ces chimistes, et celles même de M. Th. de Saussure, ne donnant pas la pro- portion dans laquelle l'hydrogène est uni au carbone dans le charbon calciné,M. Doëbereiner a cherché à déterminer cette proportion, en chauffant 36 grains de charbon de sapin avec 45o grains de peroxide de cuivre dans un tube de verre de 27 pouces de longueur et 6 lignes de diamètre, qui commu- niquoit à un autre tube rempli de chlorure de calcium ; ce dernier tube portoit le gaz acide carbonique sous une cloche de mercure. M. Doëbereiner a trouvé que le charbon calciné étoit formé,

En poids. En volu

Carbone. . . 98,56 Hydrogène . 1,44

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M. Doebcreiner, en traitant de la même manière du char- bon de bois ordinaire, qu'il avoit préalablement dépouillé de- son eau hygrométrique en l'exposant à une température de 100 à 120 degrés, l'a trouvé formé de

En poids. En volume.

Carbone. . . . 97,85 ... 9

Hydrogène . . 2,15.... 1

Ce que nous venons de dire de la nature do charbon végétal calciné, prouve que c'est un véritable hydrure, ou plutôt un carbure d'hydrogène en proportion déterminée. La présence de Fhydrogène dans le charbon calciné, rendue évidente parla for- mation d'eau qu'ota observe dans sa combustion, explique l'ori- gine de l'acide hydrosulfurique qu'on obtient en faisant passer les vapeurs de soufre sur le charbon chauffé au rouge dans un tuyau de porcelaine (voyez CARBONE) , et pourquoi le chlore, qui n'exerce aucune action sur le carbone pur, se convertit en gaz hydrochlorique lorsqu'on le met en contact avec du char- bon rouge de feu. Voyez CHLORE.

CHARBON ANIMAL. Il se prépare en soumettant les matières animales azotées à l'action de la chaleur, dans des appareils distillatoires.. Le seul charbon d'origine animale que Ton fa- brique dans les arts, est celui d'os ou d'ivorre. Le charbon d'os est employé dans la peinture grossière, et pour clarifier* et décolorer différens liquides,' mais on ne le prépare pa* exprès pour cet usage : celui du commerce provient de" fabriques de sel ammoniac où l'on distille de grandes quantités d'os, afin dyen obtenir du sous-carbonate d'ammoniaque. Le charbon d'ivoire , appelé vulgairement noir d'ivoire, ne diffère point essentiellement du précédent ; mais le noir qu'il donne à la peinture est plus homogène et plus velouté;

Les os et l'ivoire n'étant pas plus susceptibles de se fondre, que le bois, à la température où la matière animale qu'il" contiennent se réduit en charbon, H en résulte que leur charbon a la même forme que l'os au l'ivoire d'où il provient; Il n'en est pas de même des charbons de gélatine, de caséum, de peau, etc., etc. : ces matières se fondant avant de se char* bonner, le résidu de leur distillation a la forme du vaisseau dans lequel on les a chauffées ; il est boursouflé, par la raisoi*

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que des gaz se sont dégagés du sein de la matière fondue, et que ceHe-ei, devenant de moins]{en moins fusible, à mesure de la dissipation des gaz, les particules du charbon n'ont pu se réunir pour former un solide compacte.

Le charbon animal, suivant l'intéressante observation de M. Figuier 9 jouit, à un plus haut degré que le charbon végétal, de la propriété de décolorer les infusions des plantes, le vinaigre, le résidu de l'éther sulfurique, l'acétate de potasse, les eaux mères de tartrate de potasse et de soude, celles du phosphate de soude qui a été fabriqué avec le phosphate acide de chaux 9 etc; M. Figuier, ayant fait d'abord ses expériences avec du charbon d'os, s'est ensuite assuré que les sels dece char- bon n'exercent pas d'influence sensible sur li* décoloration des liquides, puisqu'il a obtenu les mêmes effets en se servant d'un charbon qui avoit été préalablement dépouillé de ses parties salines au moyen de l'acide hydrochlorique, et en faisant usage du charbon de gélatine qui ne contient que des traces de phosphate. M. Figuier a vu que, pour décolorer un litre de vinaigre rouge, il sufüsoit d'y mêler 45 grammes de noir d'os, ou 24 grammes du même noir lavé à l'acide hydrochlo- rique , et de filtrer le liquide après une macération de trois jours. Lorsqu'on a opéré avec du-noir d'osnonlavé, le vinaigre contient un peu d'acétate et de phosphate de chaux. Four décolorer le résidu de l'éther sulfurique, on l'étend de son poids d'eau, on le filtre ; on mêle à un litre de liqueur filtrée

So gram, de noir d'os, et on filtre après trois joprs: on a de l'acide sulfurique incolore. Enfin, pour citer un dernier exemple applicable aux sels, il suffit, pour décolorer l'acé- tate de potasse, d'ajouter à sa dissolution concentrée une quantité de noir d'os qui doit être de 60 gram, pour chaque ltilog. de sous - carbonate de potasse qui a été saturé par le vinaigre , de laisser les matières réagir pendant cinq ou six heures, de filtrer, puis de faire évaporera siccité.

Nature du Charbqn animal. - Le charbon animal est formé 4'une partie qui est sqsceptihlp de se dissiper à l'état aéri- iorme par Ta combustion, et d'une partie fi$e qui constitue la cendre du charbon. Jusqu'à M. Doè'bepeiner, on avoit généralement regardé la partie qui se volatilise par la com- bustion comme étant formée d'azote, de carbone et d'hydro-

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gène ; mais ce chimiste, qui a cherché ¿déterminer la propor- tion de sesélémens, ne fait pas mention de l'hydrogène : suivant lui , eHe ne contient que de l'azote et d* carbone dans la pro- portion de

En poids. En volume.

Azote 20,3 .....1

Carbone 71,7 ........ 6

M. Doëbereiner a tiré cette conclusion d'une expérience dans laquelle il a chauffé, dans un tube de verre qui communi- quoit à une cloche pleine de mercure, 75 parties de peroxide de cuivre avec 5 parties de charbon de gélatine qui avoit été dépouillé de ses sels par l'acide hydrochlorique : il en a obtenu 15 volumes de gaz azote, et 85 de gaz acide carbonique.

Le charbon animal peut être facilement distingué du char- bon végétal, par la propriété qu'il a de produire, quand on le chauffe avec deux fois son poids de sous-carbonate de potasse, un cyanure alcalin qui, étant dissous dans4 l'eau, produit, avec la solution de protoxide de fer , un précipité qui devient bleu quand on le mêle avec de l'acide hydro- chlorique , et qu'on l'agite avec l'air. Nous ferons observer à ce sujet que les bois qui contiennent une quantité notable de matière azotée, donnent un charbon qui produit du cyanure quand on le chauffe avec la potasse.

Le charbon animal est beaucoup plus difficile à brûler que le charbon végétal, ce qui paroît tenir à ce que l'azote n'est pas susceptible de s'unir à l'oxigène de l'air comme l'hydro- gène , et aussi au plus grand rapprochement de ses particules* (CH.)

CHARBON BITUMINEUX, CHARBON DE PIERRE, CHARBON DE TERRB, CHARBON FOSSILE, CHARBON MINERAL. (Min.) Voyea HOUILLE. (B.)

CHARBON INCOMBUSTIBLE. (Min.) Voyez Anthracite. (B.)

CHARBON, NIELLE et NECROSB DES BLES. (Bot.) Maladie des grains produite par une petite espèce de champignons pul- vériformes, du genre Uredo, uredo carbo, Dec.,Fl. fr., vol. 6, n.° 615, qui se développe dans l'intérieur de la fleur et des ovaires d'un très-grand nombre de graminées^ et principale-

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xnent de l'avoine, de l'orge, du froment, du millet, etc.Blé sort, sous la forme d'une fumée noire ou violâtre, par la moindre pression ou le moindre mouvement. Elle est tachante, et for- mée d une multitude de petites séminules rondes, portées sur des filamens élastiques qui les lancent au loin. Beaucoup d'au- tres végétaux offrent des espèces de charbons voisins delà pré- cédente : tels sont les salsifis et les scorsonères, les laiches, etc. ; tous ces charbons sont des uredo. Mais les uredo carlo et les uredo caries sont ceux qui ont fixé l'attention à cause des ravages qu'ils causent dans les moissons. L'on nepeut douter maintenant que ce nsoient des espèces de champignons, et l'on ne sauroit admettre qu'elles sont une dégénérescence ou le résultat d'une maladie, ou des animalcules; mais il reste toujours une ques- tion très-importante à résoudre, c'est celle de savoir comment les séminules de ces champignons ont pu pénétrer dans l'inté- rieur de la fleur avant son développement î cette question est loin d'être résolue. (Voyez CHAMPIGNONS.) Le chaulage et le glaisage des grains, c'est-à-dire, leur lavage dans une eau de chaux ou glaisée, les préservent, dit-on, du charbon.

Dans la douzième édition du Systema natura de Linnæus, on trouve le charbon des blés décrit sous le nom de chaos iisfi- lagoé Depuis, il a été porté parBulliard dans son genre Réti- culaire, reticularia segetum, et M. Persoon en a fait ensuite le type d'une quatrième section, ustilago, qu'il établit dans le genre Uredo, et qu'il caractérise par la couleur brune ou noi- râtre des espèces, dont une des habitudes est de se développer dans l'intérieur de la fructification des plantes. Le charbon du maïs en doit faire partie. M. Linçk avoit d'abord cru devoir faire de cette section un genre distinct, Ustilago; mais depuis il en a fait la première section de celui qu'il nomme HYPO- PERMICM. (Voyez ce mot.) Ce naturaliste doute que l'analyse du charbon des blés, donnée par M. Vauquelin, soit vrai- ment celle de ce fléau des iqoissons, qui se développe surtout dans les années pluvieuses. On ne doit point confondre le char- bon avec la carie,. autre champignon qui attaque le froment qui n'en déforme point le grain, qui ne se répand point d'elle- même, et dont la consistance est plus sèche, l'odeur fétide

* et la couleur un peu différente de celle du charbon proçre~

asent dit* Voyez UREDO. (Lbau)

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CHA: ISS

CHARBONNIER. (Bot.) Voyez Carbonato. (Lem.)

CHARBONNIER (Ichthyol.), nom vulgaire d'une espèce de merlan, qu'on appelle aussi colin, gadus carbonarius, Linn. Voyez GADE et MERLAN. (H. C.)

CHARBONNIER. (Ornith.) Ce nom, donné dans le Bugey au rossignol de muraille, motacilla phctnicurus, Linn., et par les oiseleursorléanois à une variété du chardonneret, fringilla c ardu élis, Linn., a été appliqué par M. de Bougainville, dans son Voyage autour du Monde, à une grande espèce de sterne ou hirondelle de mer. (Ch.D.)

CHARBONNIÈRE. (Ornith") On donne le nom de charbon- nière à la grosse mésange, parus major, et celui de petite char- bonnière au parus ater, Linn. (Ch.D.)

CHARBOSA. (Bot.) Voyez COPOUS. (J.)

CH ARCH ARA (Bot.), nom arabe d'un aloès qui est Valoe vacillans deForskaè'l. (J.)

CHARÇHUS (Bot.), nom arabe du plantain, selon Mentzel. Daléchamps, Forskael et Delilesont d'accord pour le nommer lis s an ethamel, ce qui signifie langue d'agneau. (J.)

CHARCHYR (Ornith.), nom égyptien de la sarcelle. (Ch.D.)

ÇHARDAL (Bot.), nom donné dans l'Egypte, suivant Fors- kael, à la graine de moutarde. La plante qui la fournit, sina- pis nigra, est nommée habar; et le sinapis arvensis, espèce voi- sine, est le chardel ou harilli des Egyptiens. M. Delile cite les noms habar et hhardel pour le sinapis júncea, qu'il soupçonne être le sinapis nigra de Forskaè*! ; et on trouve aussi dans Dalé- champs celui de cordel, cité pour la moutarde. ( J.)

CHARDERAULAT (Ornith.), nom que le chardonneret, fringilla carduelis, porte en Savoie. (CH. D.)

CHARDINIA. (Bot.) [Cinarocéphales, Juss. ; Syngénésie poly- gamie superflue, Linn.] Ce genre de plantes, de la famille des synanthérées,- appartient à notre tribu naturelle des carlinées. Il vient d'être établi tout récemment par M. Desfontaines sur lexeranlhemum orientale, Willd.; mais, l'auteur ne l'ayant pas encore publié, nous ne pouvons nous permettre d'exposer ici ses caractères. Nous nous bornerons donc à rappeler que, dans notre second Mémoire sur les Synanthérées, lu à l'Ins- titut en juillet i8i3, nous avions remarqué que les filets des étamines du xeranthemum annuum n'étoient point du tout adhé~

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rens à la corolle. Cette singulière anomalie n'a point lieu dan* la chardinie, qui se distingue encore des vrais xéranthèmes par plusieurs autres caracteres. (H. CASS.)

CHARDON, (jBot.) [ Cinarocéphales , Juss. ; Syngénésie poly- gamie égale, Linn. ] Ce gepre de plantes, de la famille des synanthérées, que les botanistes nomment carduus, est le type de notre tribu naturelle des carduacées. Il faut se garder de le confondre avec une foule d'autres plantes de divers genres, de diverses tribus, et même de diverses familles, que le vulgaire confond sous le nom de chardons, et qui n'ont de commun que d'être armées d'épines. Voici donc les carac* tères des vrais chardons.

Calathide multiflore, équaliflore, régulariflore, androgy- niflore ; péricline formé de squames imbriquées, terminées, par un appendice spinescent ; clinanthe fimbrillé ; cypsèle por- tant une aigrette de squamellules filiformes, barbellulées.

Ce genre diffère du cirsium, que Linnæus avoit confondu avec lui, par les squamellules de l'aigrette, qui ne sont que harbellulées dans les chardons, tandis qu'elles sont barbées dans les cirses.

Les chardons sont des plantes herbacées, à feuilles épi- neuses, plus ou moins découpées, souvent cotonneuses, tou- jours prolongées sur la tige, et à calathides de fleurs pur- purines , ou blanches dans quelques variétés. On en connoît au moins une trentaine d'espèces, presque toutes européennes, et dont aucune n'habite le Nouveau-Monde. Quinze sont indi- gènes en France, et nous en trouvons trois très-communément autour de la capitale; Ce sont elles que nous allons décrire*

Le CHARDON PENCHE, Carduus nutans, Linn., est une plante herbacée*, bisannuelle, qui borde la plupart des chemins , où elle fleurit aux mois de juin et de juillet. Sa tige dressée, fameuse, cannelée, velue, s'élève à un pied et demi; les feuilles, décurrentes sur la tige , sont lancéolées , pinnati- fides, à dents épineuses , glabres ; les pédoncules alongés, cotonneux, non épineux, portent chacun une large calathide inclinée, composée de fleurs purpurines, quelquefois blanches ? les squames extérieures du péricljne sont étalées, et les inté~ rieures dressées ; elles sont garnies de filamens imitant la toile d'araignée.

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Le Chardon cwérü, Carduus crispas, Linn., est annuel, et un peu moins répandu que le précédent ; il fréquente à peu prés les mêmes localités, et fleurit dans la même saison. La tige , haute de deux à trois pieds , est dressée , très- rameuse , glabre ; garnie de feuilles décurrentes, oblongues , sinuées, crépues , très-épineuses sur les bords, velues en-* dessous ; les pédoncules courts, épineux , portent des cala- thides rapprochées, composées de fleurs purpurines , et dont le péricline est glabre , et a ses squames subulées, étalées.

Le CHARDON A CALATHIDES MENUES , Carduus lenuiflorus, Smith , élève à deux pieds au moins le sommet de sa tige qui est dressée, rameuse , cannelée , cotonneuse, ailée sans interruption par la décurrence des feuilles ; celles-ci sont dis- tantes , oblongues , sinuées, velues et blanchâtres, à lobes anguleux , très-épineux sur les bords; les calathides,sessiles et réunies trois ou quatre ensemble au sommet de la tige et des rameaux, sont petites, oblongues, composées de fleurs pâles, munies d'un péricline cylindrique formé de squames subulées , dressées. Ce chardon n'est point rare dans les lieux arides ; il est annuel, et fleurit en juin et juillet. (H. CASS. )

CHARDON (Ichthyol.), nom françois de la raja fullonica* Voyez RAIE. (H. C.)

CHARDONS. (Bot.) C'est le titre donné par Adanson à la troisième des dix sections qu'il formoit dans la famille des synanthérées. Les caractères qu'il lui attribuoit étoient d'avoir le péricline épineux, le clinanthe fimbrillé, la calathide an- drogyniflore. Ces caractères, étant fondés sur des considé- rations étrangères à la structure de la fleur proprement dite, ne pouyoient constituer une association vraiment naturelle : aussi les chardons d'Adanson réunissoient confusément des genres de la tribu des carduacées, de celle des centauriées, et de celle des carlinées ; tandis que quelques autres genres de ces trois tribus se trouvoient mêlés, dans une autre section, avec des astérées, des vernoniées, des anthémidées, des hé- lianthées, des inulées, des ambrosiacées. Nous ne saurions trop répéter qu'une classification naturelle des genres, dans la famille des synanthérées, doit être exclusivement fondée sur les caractères fournis, i.° par le style et le stigmate; a.°par les étamines; 3.° par la corolle; 4.0 par l'ovaire. (H. Cass.)

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CHARDON a BONNETIER, OU a FOULON, nom vulgaire de la cardère cultivée, dipsacus sativus, dont les têtes de fleurs, munies d'écailles ou paillettes fermes et recourbées en erochet, sont employées pour carder les laines. (J.)

CHARDON ACANTHE, nom vulgaire de Yonopordum aoanthium, Linn. (H. CASS.)

CHARDON AUX ANES. C'est l'onoporde, onopordum acanthium f nommé chardon argentin, par Daléchamps. On a aussi donné ce nom au cirsium eriophorum.

CHARDON BENIT. C'est, selon linnæus, une centaurée, cen- taurea benedicta; selon Vaillant et Gærtner, un genre par- ticulier qu'ils nomment Cnicus, différent de la centaurée , surtout par sa graine à bord supérieur relevé, du centre duquel s'élève une aigrette composée de deux rangs de poils , dont les extérieurs sont plus longs. Voyez CNICUS. (J.)

CHARDON BENIT DES ANTILLES OU DE SAINT-DOMINGUE. Voyez ARGEMONE.

CHARDON BENIT DES PARISIENS. On donne ce nom au carthame laineux, carthanius lanatus.

CHARDON BLEU. On a donné ce nom au panicaut amethyste, eringium amethystinum.

CHARDON DES INDES OCCIDENTALES. On a donné ce nom à une espèce decacte, cactus melocactus, connu aussi sous celui de melon épineux. '

CHARDON DES PRES. Les anciens nommoient ainsi le cnicus oleraceus, Linn., qui doit être maintenant rapporté au cirse, à cause de l'aigrette plumeuse de ses grairies.

CHARDON DESYRIE. C'est le carduus syriacus, Linn., à reporter au genre Cirse, à cause de ses aigrettes plumeuses. Voyea AGA.

CHARDON DORE , espèce de chausse-trape à fleurs jaunes, caU citrapa solstitialis, qui faisoit partie du genre Centaurea de Linnæus.

CHARDON DU BRESIL. On nomme ainsi l'ananas, dans quel- ques lieux.

CHARDON ECHINOPE. Voyez ÉCHINOPE*

CHARDON ETOILE. C'est la chausse-trape ordinaire, ealeitrapa

vulgaris.

CHARDON FIER" C'est ainsi que le traducteur de Daléchamps,

[page] 189

CH¿ 189

nomme son carduus ferox, qui est le cardo fiero des Italiens. 11 est décrit et figuré dans le second volume de Daléchamps, p. 1489 de l'édition latine, p. 367 de la françoise. C'est une espèce d'atractyle , que l'on peut nommer atractylis ferox.

CHARDON HEMORROIDAL. Ce nom est dbnné au serratula ar- vensis de Linnæus, que Lamarck reporte au carduus, à cause des écailles épineuses de son calice, et qui, plus récemment, est rangé parmi les cirses, cirsîum, parce que son aigrette est plumeuse. (Voyez CAUSSIDO, CAOUSSIDA.) Ce cirse est sujet à être piqué par des insectes qui font élever dans ces points des tumeurs produites par l'extravasation des sucs : ces tumeurs sont colorées, et ont, à ce qu'on prétend , la forme d'hémor- roïdes. Cette ressemblance a donné l'idée de les employer dans cette maladie, et c'est un préjugé, reçu en plusieurs lieux, mentionné même dans quelques livres, d'ailleurs estimés, que ces tubercules, portés dans la poche ou noués dans le coin de la chemise, préservent des hémorroïdes, et les guérissent. La même propriété est attribuée à d'autres amulettesdecegenre. (J.)

CHARDON LAIT¿, nom vulgaire du siíybum marianum, Gærtn. (H. CASs.)

CHARDON LAITEUX, OU A LAIT, plante épineuse, remplie d'un suc laiteux, rapportée par Linnæus et la plupart des botanistes au genre Centaurea, à cause de ses fleurons de la circonfé^- rence neutre, et nommée centaurea galactites, que nous pro- posons de reporter au genre Crocodilium, une des subdivisions nouvelles de la centaurée, caractérisé par des écailles calici- nales à épines simples et indivises.

CHARDON MARIE, OU CHARDON NOTRE-DAME. C'est le carduus marianusy Linn., dont Vaillant, Haller et Gærtner font un genre distinct, sous le nom de Silybum, caractérisé par une aigrette plumeuse, et par ses écailles du calice, dont les in té* rieures sont droites, conformées en cuiller, les extérieures écartées par le haut, et terminées par un appendice en cœur, denté dans son contour, épineux à sa pointe. Lamarck nom- moit cette plante aarthamus maculatus. Il diffère cependant du carthame par son aigrette plumeuse, du cirse parses écailles calicinales appendiculées. Voyez SILYBE.

CHARDON PEDALE. Voyez ONOFORDE. y

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?9° CHÂ

CHARDON ROULANT, nommé aussi par corruption CHARDOW ROLAND. C'est le panicaut ordinaire, eryngiumcampestrey dont les tiges, détachées de leur racine, dans la saison de l'automne, et poussées par le vent, roulent dans la campagne , d'où vient son nom. (J.)

CHARDONNEAU. ( Ornith. ) On appelle ainsi en Guienne le chardonneret, fringilla carduelis, Linn. ( Ch. D. )

CHARDONNERET. ( Ichthyol. ) L'abbé Bonnaterre donne ce nom à un poisson de la mer Méditerranée, qu'il range avec Forskaël parmi les silures, sous la dénomination de silurus cornutus. 11 est probable que ce poisson est simplement un centrisque, que Forskael n'aura point reconnu sur le seul individu mal desséché qu'il a pu observer. Voyez MACRO- RAMPHOSE , CENTRISQUE , SOLENOSTOME , SILURE. ( H. C. )

CHARDONNERET. ( Ornith.) Brisson a formé un genre particulier du chardonneret, carduelis, en lui donnant pour caractères distinctifs le bec en cône raccourci, avec une .pointe grêle et alongée, et les deux mandibules droites et entières ; il y a accolé le tarin, en le désignant toutefois par le nom spécial de ligurinus. Meyer s'est borné à en faire une section de son dix-neuvième genre, fringilla, lequel comprend les moineaux, les pinsons, les linottes et les tarins. M. Tem- minck en a formé la cinquième division de son vingt-qua* trième genre, qui, sous le même nom de fringilla, et outre les moineaux, les pinsons et les tarins , comprend les bou- vreuils et les gros-becs. M. Cuvier a fait, des chardonnerets, des linottes, des tarins et des serins, sous le nom de car- duelis, une sous-division de son grand genre Moineaux, qui çomprend les tisserins, proceus; les moineaux proprement dits, pjrgita; les pinsons , fringilla ; les veuves, vidua; les gros-becs , coccothraustes ; les bouvreuils, pyrrhula. S'il ne s'agissoit que de placer dans chacun de ces sous-genres les espèces suffisamment connues, on pourroit dès à présent les adopter; mais les caractères particuliers qui servent à les dis- tinguer ne sont pas tous assez tranchés , et il seroit diffi- cile d'éviter des erreurs. Nous croyons donc, malgré la cir- constance , facile à saisir pour les chardonnerets et les linottes, que leur bec est exactement conique sans être bombé en aucun sens, devoir renvoyer, pour eux et pour d'autres es-

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péces, au mot FRINGILLE, considéré comme désignant un groupe, une famille , plutôt qu'un simple genre. (Ch. D.)

CHARDONNETTE, ou CHARDONNERETTB (Bot.), noms anciens de la variété d'artichaut que l'on nomme maintenant cardo- nette, et qui se distingue par ses écailles du calice plus aiguës, ses feuilles plus découpées. (J.)

CHARDONNETTE ( Ornith. ) , un des noms vulgaires du chardonneret, fringilla carduelis , Linn. ( Ch. D. )

CHARDOUSSE, ou CIARDOUSSE (Bot.), noms vulgaires de la carlina acanthifolia, Allioni. (H. CASS.)

CHARE. (Ichthyol.) Dans quelques contrées de la Grande- Bretagne, on nomme ainsi le saumon carpion, salmo carpióo Voyez SAUMON. ( H. C.)

CHARE ALHAYN (Bot.), nom arabe de la berle, sium, selon Mentzel. (J.)

CHAREE ou CHARREE. (Entom.) Les pêcheurs nomment ainsi, d'une manière générale, toutes les larves, soit de mouches, soit de papillons, soit de tout autre insecte. Ce- pendant ils désignent plus particulièrement sous ce nom les larves des PHRYGANES. Voyez ce mot. (C. D.)

CHARENSON. (Entom.) Voyez CHARANSON. (C. D.)

CHARES. CHARFI. (Bot.), Voyez CHARSS. (J.)

CHARFL (Bot.) Voyez CHARSS. ( J.)

CHARFUEIL, ou CARFUEIL. (Bot.) Ce nom, donné en Provence au cerfeuil, se rapproche plus du nom latin chœrophyllum. (J.)

CHARICA ELBAHR (Bot.), nom arabe de la lampourde, xanthiûm strumarium, suivant Forskaël. (J.)

CHARIEIS. (Bot.) [iCorymbifères, Juss. ; Syngénésie polygamie superflue, Linn.] Ce nouveau genre de plantes, que nous éta- blissons dans la famille des synanthérées, appartient à notre tribu naturelle des astérées.

La calathide est radiée, composée d'un disque multiflore, équ ali flore, régulari flore, androgyniflore, et d'une couronne unisériée, pauciflore , liguliflore, féminiflore. Le péricline, égal aux fleurs du disque, est hémisphérique, et formé de squames unisériées, égales, apprimées, subspatulées, folia- cées, membraneuses sur les bords, hispides extérieurement. Le clinanthe est planiuscule, hérissé de flmbrilles courtes,

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inégales, subulées. Les fleurs hermaphrodites ont l'ovaire comprimé bilatéralement, obovale , hispide, muni d'un bour- relet basilaire, et d'une aigrette aussi longue que la corolle, composée de squamellules unisériées , égales, parfaitement libres, plumeuses, c'est-à-dire, filiformes et barbées ; les lobes de leur corolle sont souvent inégaux , et les branches de leur style toujours inégales. Les fleurs femelles, au nombre de huit environ, ont l'ovaire entièrement dépourvu d'aigrette , et la languette largement linéaire , très-longue , étrécie en pointe, et à peine tridentée au sommet.

La Chariéide hétérophylle , Charieis heterophylla, H. Cass., est une plante herbacée, annuelle, haute de dix à douze pouces ; sa racine est pivotante, tortueuse, fibreuse ; sa tige , verticale, droite, rameuse, est cylindrique, striée, hérissée de longs poils subulés, roides, articulés, et de petits poils capités; les feuilles inférieures sont opposées, sessiles, longues d'un pouce et demi, subspatulées , subpétioliformes infé- rieurement, uninervées, hérissées sur les deux faces de longs poils subulés, articulés; les feuilles supérieures sont alternes, sessiles, progressivement plus petites à mesure qu'elles s'élè- vent davantage , oblongues, lancéolées ou linéaires. Toutes les feuilles sont ordinairement très-entières ; mais quelque- fois elles sont munies de petites dents cartilagineuses très-dis- tantes , et plus rarement elles sont assez profondément den- tées. Les calathides sont solitaires au sommet de la tige et des rameaux, dont la partie supérieure est nue et pédonculi- forme;leur disque estde couleur jaune, et la couronne violette.

Nous avons trouvé cette intéressante synanthérée dans un paquet de plantes sèches apportées du cap de Bonne-Espé- rance par l'astronome Lacaille, et que possède M. de Jussieu. Quoique nous n'ayons point vu Volearía de Mœnch, il nous est bien facile de juger , d'après sa description, que notre plante ne peut être rapportée à ce genre; mais il est pro- bable que Volearía et le charieis sont deux genres voisins l'un de l'autre. Ce que nous pouvons affirmer, c'est que notre charieis a beaucoup d'affinité avec Yagathœa et Vhen- ricia. Les calathides ressemblent à celles de la plupart des aster, et doivent être d'un aspect fort agréable sur la plante vivante. (H, Cass.)

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CHARIUS. (IchÛvyoU) Les Russes donnent ce nom à un poisson qui paroît être l'ombre de rivière. Voyez Coró gone. (H. C.)

CHARLOT (Ornith.), un des noms vulgaires du grand cour- lis, scolopux arcuata, Linn. On appelle aussi en Provence chariot de plage, l'alouette de mer, tringa cinclus, Linn. . (Ch. D.) h .

CHARME (£0*.), Carpinus, Linn., genre de plantes dico- tylédones, apétales diclines, de la famille des amentacées , Juss., et de la monoéciepolyandrie, Linn., qui a pour carac~ féres des fleurs monoïques , dont les mâles sont disposées en chatons grêles, alongés, couverts d'écailles imbriquées, concaves, portant chacune six étamines à anthères velues jet dont les femelles forment des chatons imbriqués d'écailles entières ou divisées, portant chacune un ovaire denté ¿ son sommet, et terftiiné par deux styles à stigmates simples* Le fruit est une noix uniloçulaire, ne contenant qu'une seule graine, et enveloppée par l'écaille qui a pris de l'accroissement.

Ce genre renferme trois espèces, dont deux sont naturelles à l'ancien continent, et la troisième est originaire de l'Amé- rique. Les charmes forment des arbres à feuilles simples et alternes.

i.° Charme COMMUN : Odrpinus betulus, Linn., Spec., 141ÍJ Nouv. Duham., 2, pag. 198, tab. 58. Cette espèce est un arbre qui s'élève à la hauteur de quarante à cinquante pieds, quoique son tronc acquière rarement phis d'un pied tie dia- mètre. Ce tronc, revêtu d'une écorce assez unie, blanchâtre avec des taches grisâtres , se divise en une grande quantité de branches qui forment une tête touffue et irrégulière. Ses feuilles sont ovales-pointues, pétiolées, inégalement dentée* en leurs bords, glabres en-dessus, relevées en-dessous de fortes nervures. Les chatons mâles, solitaires, longs d'un À deux pouces, ^aroissent au printemps, un peu avant les feuilles. Les chatons femelles sont composés de grandes écailles foliacées, à trois lobes, dont celui du milieu est plus grand que les autres; ces écailles persistent, prennent de l'accrois- sezttent après la floraison, et embrassent chapune une petite noix osseuse , couronnée par de petites dents.

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contre fréquemment dans nos forêts. Son iois est blanc., d'un grain très-fin et très-serré; il prend par la dessiccation une grande retraite, et devient alors très-dur. Sa force et sa ténacité le rendent très-bon pour les ouvrages de charron- nage ; on l'emploie pour faire des poulies, des dents de roues .de moulins, des vis de pressoir, des manches d'outils, des masses, des maillets* et pour tous les instrumens destinés à éprouver une grande résistance. Il est difficile à travailler au rabot, se lève par esquilles sous l'outil,ce qui fait que les menuisiers ne s'en servent point ; ii convient mieux pour les ouvrages de tour. C'est d'ailleurs un excellent bois de chauffage, qui fajt un feu vif,#brillant, donnant beaucoup de chaleur et de bop charbon.

La propriété qu'a le charme de se beaucoup ramifier, de se plier de toutes manières, et de prendre, par la taille aux ciseaux, toutes les formes qu'on veut lui ponner, rendit long-temps qet arbre très-précieux pour former ces palis- sades, ces portiques, ces colonnades, et toutes ces décora- tions de verdure qu'onemploy oit autrefois pour l'embellisse- Hient des jardins; et c'est de son nom que ces diverses décora- tions de verdure avoient pris celui de chàrmilles. Mais, depuis que le goût des jardins paysagers s'est répandu presque par- tout , le charme a beaucoup perdu de son prix ; on ne le plante plus que rarement, et l'on peuteroire qu'un jour vien- dra où cet arbre, exclus de toutes lés plantations d'agrément, ne se trouvera plus que dans les bois et les forêts, où la na- ture le fait croître spontanément.

Le charme n'est délicat ni sur la nature du sol, ni sur l'exposition ; il réussit presque également bien partout. La nature le multiplie de graines dans les forêts ; les pépinié- ristes le propagent et par ce moyen, et par boutures. Les graines de charme doivent se semer en automne, aussitôt qu'elles sont mûres, parce qu'elles ne lèveraient que la se- conde année si on attendoit jusqu'au printemps pour les mettre en terre. Les semis reprennent facilement à la trans- plantation, depuis l'àge de deux fins jusqu'à sept ou huit. On taille les charnelles au croissant ou aux ciseaux, à la firf de l'hiver et au commencement de l'été, avant l'époque de la seconde sève.

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2*° Char ans d'Amérique : Carpinus americana, Mich., Fl. Bor. Amer., 2 , p. 201 , et Arb. Amer., 3 , p. 5? , t. 8. Cet arbre res- semble beaucoup au charme commun, mais il est beaucoup plus petit ; et ne s'élève qu'à douze ou'quinze pieds ¡ ses feuilles sont moins acuminées ; ses fruits sont beaucoup plus petits et accompagnés * d'écailles qui ont leurs divisions bordées de dents aiguës. Il croît dans le nord de l'Amérique septentrio- nale , depuis la Georgie et la Caroline jusque dans le Bas- Canada. Son bois ressemble entièrement à celui du charme d'Enrope; mais, comme il ne parvient qu'à une très-petite grosseur, on ne l'emploie à aucun usage.

3.* Charme d'Orient; Carpinus orientalis, Lam., Diet. Ene., j, p. 707. Cet arbre, découvert dans le Levant par Tournefort, se distingue de l'espèce commune, en ce qu'il ne s'élève qu'à la hauteur de vingt pieds; en ce que ses feuilles sont plu" lisses " moins plissées, et que ses fruits, beaucoup plus petits, smt munis d'écailles qui, au lieu d'être divisées en trois lobes alongés, sont irrégulièrement dilatées, anguleuses tt dentées. On le cultive depuis long-temps en France, où il supporte bien les hivers du climat de Paris. On le multiplie de la même manière que le charme commun ; mais il faut le semer en pot, afin de pouvoir, pendant les premières an- nées, mettre les jeunes semis à l'abri des gelées; et lorsqu'on plante les arbres à demeure, il faut leur choisir une expo- sition au midi. Les branches horizontales que le tronc noueux de cette espèce fpousse de tous côtés , le rendent très- própre à former des haies et des palissades, et l'on ne peut que difficilement, par cette même raison, rélever sur une seule tige. f

Nous parlerons, à l'article OSTRTE, de deux autres espèces qui, par leurs caractères, doivent formfer un gènre distinct. (L; D.)

CHARME NOIR. (Bot.) Dans quelques déparfemens du midi, on donne ce nom au tilleul a petites feuilles. (L. D.)

CHARMS. ( Ichthyol. ) Suivant Hasselquist, c'est le nom que les Arabes donnent à un poisson des côtes d'Egypte, perca agyptiaca. Voyez PERCHE et PERSEQUB. {H. C. )

CHARMUT ( Ichthyol. ) , nom spécifique d'un poisson de la famille des ojfloÿhores, qui vient d'Egypte, et que Hasselquist

i3.

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a désigné sous le nom de silurus anguillaris. Voyez Macroptô- ÜONOTE. ( H. C. )

CHARNU (Bot.), Carnosus. Une plante , une racine, uner feuiile, sont nommées charnues, lorsque leur tissu épais et Suc- culent est ferme, comme celui de la pomme. La truffe est une plante charnue j la pomme de terre, la betterave, la bryone , ont des racines charnues* 'On a des exemples de feuilles charnues dans la joubarbe des toits , et d'autres plantes sem^ blables, désignées par le nom de plantes grasses. On , trouve aussi l'application de cette épithète dans le spadix de l'arum, le brou de la noix, l'arille du muscadier, le placentaire de la rue, les cotylédons de la féve, le périsperme du ricin et des autres euphorbiacées. Les frilits succulens, tels que lès drupes ou fruits à noyaux, le pyridion, le pepon, la baie, sont ordinairement désignés sous le nom de fruits charnus"

( MASS. )

CHARNUBI. ( Bot. ) Voyez GARÜB , CAROUBIER. ( J. )

CH AROTE'. ( Chasse. ) Les oiseleurs appellent ainsi la hotte dont ils se servent pour transporter les instrymens destinés à la chasse des pluviers, et les oiseaux qu'ils ont pris. (Ch.D.)

CHARPÈNE (Bot.) , nom donné , dans quelques provinces méridionales de la France, au charme, carpinus, et qui paroît évidemment dérivé du latin, comme le sont beaucoup d'autres dans les mêmes lieux. ( J. )

CHARPENTIER (Ornith.), nom donné, dans les colonies françoises, aux pics et aux épeiches, que les Espagnols de l'Amérique méridionale désignent également sons celui de earpenteros, parce que ces oiseaux charpentent les troncs d'ar- bres. (Ch.D.)

CHARPENTIÈRE, ouMÉNUisiànE. (Entom.) On a donné ce npm à l'abeille violette, ou perce-bois, qui fait en effet des trous dans le bois de charpente pour y déposer ses œufs , et par suite élever les larves qui en éclosent. Voyez Abeille et Xylocopb. (C. D.)

CHARRIER. (Fauconnerie.) Ce terme a deux acceptions? Î1 se dit également de l'oiseau de vol qui ne revient point avec la proiequ'il a saisie, et de.celui qui se laisse emporter en la poursuivant. (Ch. D.)

o CHARS£NpA (Bot.) Voyez (J*jf

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CHARSJUF (Bol.), nom arabe de l'artichaut, suivant Fors- kaël. (J.)

CHARSS ,'C H ARFI, CHARES' (Bot.) , noms arabes du persil, apium pehroseUnum, suivant Daléchamps. Ils sont bien différent de celui de baedunis ou baquedounis, mentionné par Forsksu?! -et M. Delile, dont le témoignage doit être préféré, £uisqul|^ ont été sur les lieux. Le nom herafs, donné selon eux4 Tache, apium graveolens, a plus de rapport avec ceux que cite Dalé- champs, et on peut croire que c'est plutôt à cette plante qu'il faudroit les appliquer. (J.)

CHARTAM (Bot.), nom arabe du carthame ou safran bâtard, carthamus tinctorius, suivant Forskaè'l. (J.)

CHARTOLOGOINOGOSSUM. (Ornith.) Le canard aux ailes en faucille , anas falcaría, Linn., est ainsi nommé par les Mon- gols, qui l'appellent aussi horonogossum. (CH. D.)

CHARTREUX. (Bot.) Champignon du genre Agaric, qui croît dans nos environs, et dles qualités sont suspectes. Paulet, Traité, vol. 2, pl. 89, fig. i-3le prend pour le velucati de Vaillant et Yagaricus lecophœus de Scopoli. Cette plante est d'un gris semblable à celui des chats qu'on nomme char- treux , couleur qui lui est donnée par de petits poils noirs, ou écailles, serrés sur un fond blanc, qui rendent sa surface velue. C'est ce que Vaillant a voulu exprimer par velucati. (LEM.)

CHARUA. (Bot.) Ce nom arabe est donné, suivantForSkaèl, a son ricinus medicus, qui est, selon M. Delile, le mêmè que le ricin ordinaire, ricinus communis¿ et que celui-ci nomme fc/ia- roua. Il est encore indiqué dans la Flore d'Orient de Rauvolf, qui leüomme ctrua et herua. Les noms karaii et laragasju lui sont donnés dans la Perse, suivant Kæmpfer. C'est peut-être aussi la plante que Pernetti, dans son Voyage aux îles.Ma- louines, a vue à Buenos-Ayres, et dont il parle sous le nom de vharrua, sans autre désignation. (J.)

CHARUB (Bot.), nom arabe du ceratonia, d'où est dérivé son nom françois, caroubier. ( J.)

CHARUEÇA (Bot.), nom espagnol du lentisque, suivant Mfentzel. (J.)

CHARUL. (Bot.) Suivant Rauvolf, ce £om a été ancienne- ment donné , dans le Levant, au paliurus. (J.)

CHARUMFEL. (Bot") Granger, qui voyage oit dans le Levant

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Vers 1736, avoit envoyé au Jardin du Roi, sous ce nom arabe , des graines d'une espèce de basilic du Levant, à odeur et sa- veur d'œillet : elles levèrent dans le temps, et produisirent une plante qui ne subsiste plus au Jardin , et dont le caractère spé- cifique ne fut pas constaté. Il faut observer que le girofle, qui * l'odeur d'œillet, est aussi nommé en arabe charumfel ou - carumf^k Voyez Calafur. (J.)

CHASAB ()*of.), nom arabe de V acor us calamus, suivant * Mentzel. (J.)

CHASÆRET. (Bot.) Voyez IASS. (J.)

G H AS ALLI A , ou Chassaua. (Bot,) Ce genre, établi par Commerson sur une seule espèce, ne paroît pas devoir être séparé despœderia. (Voyez Pédérie.) Les rameaux du chasallia sont glabres, ligneux, articulés, garnis de feuilles opposées, lancéolées, glabres , coriaces, acuminées, rétrécies à leur base en pétioles connivens ; les stipules aiguës, fort petites*; les .fleurs pédicellées , disp^es en*grappes droites, termi- nales , à ramifications courtes et opposées ; les pédoncules et les pédicelles comprimés; les calices glabres, à cinq dents ; la corolle tubulée, à cinq découpures courtes et droites. Le fruit m'a paru être une baie ovale, s'ouvrant à son sommet. Cette plante croît à l'Ile-de-France, où elle a été découverte par Commerson. ( Poir. )

CHASCANON (Bot.), un des noms grecs de la bardane, lappa, suivant Mentzel. (J.)

CHASI-ATTRALEB, GASI- ALCHALEB (Bot.) , noms arabes du satyrion des Grecs et de Daléchamps, qui est la dent-de- chien , eryûtronium deju canis. ( J. )

CHASIDA. (Ornith.) La cigogne, ardea ciconia, Linn., porte, en hébreu q} en persan, ce nom, qui s'écrit aussi hasida, et qui, ^pivant Gesner, est également donné, dans* la première de ces langues, à la huppe , upupa epops % Linn. (Ch.D.)

CHASJIR. (Bot.) Forskaèl dit qu'on donne en Egypte ce nom à l'échinope, echinops sphœrocephalus, nommé aussi sjok-edsjcm- c'est-à-dire, chardon du chameau , parce que le chameau le mange volontiers, quoiqu'il soit très^pineux. (Voyez CHAL- CEROS. ) M. Deliîe, parlant de Veehinops spinosus , le désigne ous le nom de khachyr et sous celui de chojuk-el-gmel > dont

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M donne la même tradf ction. Forskatfl " produit encore ailleurs l'échinope sous le nom arabe de djirdama. (J.)

CHAS3 ( Bo¿i) " nom arabe et égyptien de la laitue culti- ' vée, suivant Forskaël* Le chass-asfar en est une variété verte, et. le chass-ahmar une variété rouget. La laitue est nommée chasæretpar Mentzel. ( J.)

CHASSE. En tous temps et chez tous les peuples, l'homme s'est livré à cet exercice , qui , appliqué à la poursuite des bêtes fauves, prend le nom spécial de vénerie } qui, exécuté avec des oiseaux de proie , s'appelle fauconnerie , et qui conserve proprement le nom de chasse. lorsqu'on n'emploie que le fusil. Les autres moyens auxquels les chasseurs et les oiseleurs ont recours pour prendre les oiseaux, et les pièges qu'ils leur tendent, ont reçu des dénominations différentes, sous les- quelles il en sera parlé. ( Ch. P. )

CHASSE-BOSSE ( Bot. ), un des noms vulgaires de la lysi- machie ordinaire, lysimackia vulgaris, regardée comme vul- néraire résolutive, bonne pour dissiper, par son application , les tumeurs ou bosses occasionées par des cqups ou contu- sions. ( J. )

CHASSE-CRAPAUD. (Ornith. ) L'oiseau auquel on a donné ce nom et celui de foule-crapaud, est l'engoulevent, capri- mulgus europæus , Linn. ( CH. J). )

CHASSE-FIENTE. ( Ornith. ) M. Levaillant a appliqué cette dénomination à un vautour d'Afrique, qui est le vultur fulvuz *de Gmelin. ( Ch* D. )

CHASSE-MERDE ( Ornith. ) , nom donné, ainsi que celui de stercoraire, au labbe, lor us parasiticus, Linn., dans la fausse supposition qu'il se nourrissoit des excrémens de ^es- pèce 4e mouette qu'il poursuit pour lui faire rejeter le poisson qu'elle a avalé. ( CH. D. )

CHASSE-PUNAISE. (Bot.) Voyez CIMICAUJE. (J.) CHASSE-RAGE. (Bot.) Voyez PASSE-RAGE* (J. )

CHASSER. (Æo/.) Voyez CHOME. (J.)

CHASSELAS (Bot.), variété de raisin. Voyez Vigne. (L.D.) CHASSETON. ( Ornith. ) Qn appelle ainsi, en Savoie, le grand-duc, strix bubo, Linn. (CH. D. )

CHAST. ( Bot. ) Ce nom est donné dans la Syrie, suivait Rau- velf, au coslus arabicas j commun aux environs d'Antioche.(J. )

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CHASUS (Bot.), nom arabe, selon daléchamps, du ciste, qu'il nomme ledon, et qui eàt le iistus monsptllensis de.Linv næus. C'est un de ceux sur lesquels on récolte une espèce de Jadanum. (J.)

CHASUTH, ou K.ESSUTH (Bot.), noms arabes de la cuscute,, suivant Dodoëns. (J.)

CHAT (IchtkyoL), nom spécifique d'un pimélode, silurus /élis, Linn. Voyei Pimélode. (H. C*)

CHAT (Mamm.), Félis, Linn. Ce nom, dérivé de catus, a été étendu par les naturalistes, de ranimai domestique, au- quel nous le donnons, à tous les animaux qui lui ressemblent par les points principaux de leur organisation.

Il est peu de genres dans la classe des mammifères où les. espèces soient aussi nombreuses que dans celui-ci, et où il soit plus difficile d'en former des groupes pour en faciliter l'étude.

Les chats se distinguent de tous les autres carnassiers par leurs dents et par leurs ongles. Ils sont les seuls qui aient quatre inolaires à la ¿nàchoire supérieure ; une tuberculeuse, une carnassière, et deux fausses molaires; et trois à la mâchoire inférieure; une carnassière et deux fausses molaires. La tuber- culeuse n'a point de dents en opposition ; la carnassière supé- rieure a trois lobes et un petit tubercule à sa face interne et à sa partie antérieure, et la carnassière inférieure est sans; talon et à deux lobes. (Voyez DENTS et CARNASSIERS.) Ils sont aussi les seuls dont les ongles se relèvent et $e cachent entiè--' rement entre les doigts, de manière à conserver leurs pointes et leur tranchant. Du reste, ils ont deux eanines et six incr- sives ¿chaque mâchoire, et leurs doigts sont au nombre de cinq, aux pieds de devant, l'interne fort petit, et de quatre à ceux de derrière ; ces doigts sont très courts en apparence, parce que la dernière phalange se relève et se cache avec l'ongle.

Ces animaux sont les plus carnassiers de tous les mammifères f et quoique répandus sur lasurface presque entière du globe, leurs, mœurs sont partout à peu prèsles mêmes. Doués d'une vigueur prodigieuse, et pourvus des armes les plus puissantes, ils atta- quent rarement les autres animaux à force ouverte ; la ruse et l'astuce dirigent tous leurs mouvemens, sont Fàmede toute" leurs actions. Marchant sans bruit, ils arrivent au lieùeùl'e^

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poir de prouver une proie le" dirige ; s'approchant en rampant de leur victime, et tapis dans le silence, sans qu'aucun mou- vement les décèle, ils attendent l'instant propice avec une patience que rien n'altère; puis, s'élançant tout à coup 9 ils tombent sur elle, la déchirent de leurs ongles, et assouvissent pour quelques heures la soif de sang qui les dévoroit. Rassa- siés, ils se retirent au centre du domaine qu'ils ont choisi pour leur empire. Là, dans un profond sommeil, ils attendent que quelque besoin nouveau les presse éneore d'en sortir. Celui de l'amour, non moins puissant sur leurs sens que celui de la faim, vient k son tour les arracher au repos ; mais la féro- cité de leur naturel n'est point adoucie par ce besoin , dont la conservation de la vie est cependant le but. Le mâle et la femelle s'appellent par des cris aigus, s'approchent avec dé- fiance y assouvissent leur ardeur en se menaçant, et se séparent remplis d'effroi. L'amour des petits n'est connu que des mères" Les chats mâles sont les plus cruels ennemis de leur progéni- ture. 11 sembleroit que la nature n'a pu trouver qu'en eux- mêmes les moyens de proportionner leur nombre à celui de" autres êtres, comme elle n'a pu trouver qu'en nous ceux de mettre d$s hornes à l'empire de notre espèce. Telles sont en effet les mœurs du tigre comme de la panthère, du lion comme du chat domestique.

Cependant ces animaux* qu'aucun amour ne peut apprivoi- ser, sont capables de s'attacher par le sentiment de la recon- noissance. Lorsque la contrainte les force à recevoir des soins et leur nourriture d'une main étrangère, l'habitude finit par les rendre confians, et hientôt leur confiance se change en une affection véritable? elle va même fusqu'à en faire des animaux domestiques : car le naturel des chats est tellement semblable dans toutes les espèces, que je n'élève aucun doute sur la possibilité de rendre domestiques le lion ou le tigre comme notre chat lui-même. ^

Une grande force, une grande indépendance, nuisent, on le sait, au développement des facultés intellectuelles, en les rendant inutiles : c'est toujours le moyen le plus simple d'ar- river au but qu'on préfère. Or, excepté l'homme, les chats .n'ont point d'ennemis qui en veulent à leur vie ; et aucua des animaux dont ils font leur proie ne peut leur résister;

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la seule ressource de ceux-ci est dans une prompte fuite. Lear chats ne peuvent point courir avec rapidité c c'est le seul développement de force auquel leur organisation ne se prête pas; et, sous ce rapport, c'est leur seule imperfection/ ai Von peut toutefois appeler ainsi la privation d'une faculté qui auroit entraîné la dévastation.des continens, et y auroit éteint la vie animale; car, après avoir vu ce que peut la force d'un tigre poussé par la faim, et l'adresse ou la légèreté ' du chat sauvage, il est impossible de concevoir comment les autres animaux auroient pu échapper à la mort, si la fuite leur eût été inutile. Le bufle et l'éléphant lui-même tombent spus la griffe du lion, et les arbres les plus élevés ne garan- tissent pas les oiseaux contre les surprises des petites espèces de chats.

Ces animaux, en effet, ne montrent jamais, dans l'état sau- vage , une grande étendue d'intelligence : aussi, ne les chasse- t-on pas, à proprement parler ; on les attaque à force ouverte ou par surprise. Leurs ruses ne consistent guère que dans le silence et le mystère. Les grandes espèces se retirent dans lés forêts épaisses, et les petites s'établissent sur les arbres ou dans des terriers, lorsqu'il s'en trouve de tout faits; mois chaque individu, se reposant sur lui-même de la conservation de son existence, vivant dans un profond isolement, est privé des ressources qu'il trouveroit dans sop association avec d'autres individus , et des avantages, que procurent.les efforts de plu- sieurs dirigés vers un but commuh : non pas cependant que la- nature ait donné la force à ces animaux pour res- treindre leur intelligence ; lorsqu'ils sont une fois soumis à l'homme, lorsqu'ils sont contraints par sa puissance à vivre dans des circonstances où iis ne se seroient jamais placés d'eux-mêmes, alora leur, entendement se développe , s'ac- croît, et présente des résultats tout-à-fait inattendus. La défiance paroît être le tr$it le plus marqué de leur caractère ; aussi c'est celui que la domesticité n'efface jamais tout-à-fait, et qui présente le plus d'obstacles quand on veut les apprivoiser. La moindre circonstance nouvelle suffît pour les effrayer ,_pour leur faire craindre quelque danger , quelque surprise : il semblerait qu'ils se jugent comme nous les jugeons nous-mêmes" Ce naturel calme, patient et rusé, est en parfaite hamonie

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avec Jes qualités physiques de$ chats. Il n'est point ^d'ani- maux dont las formes et les articulations soient plus arron- dies, dont lesmouvemens soient plus souples et plus doux ; et toutes les espèces se ressemblent encore à cet égard. Quiconque a vu un chat domestique, peut se faire une idée de la phy- sionomie, de la forme et das allures des autres chats: tous ont^ommelui, une tête ronde, garnie de fortes moustaches, un cou éjpÿm un corps alongé et presque aussi gros au ventre *qu'à, mai* étroit, et qui peut s'étrécir encore au

besoi"$É^|pMpi très-courts, des pattes fortes, peu élevées, .ceUes dtaflHNBtsurtout; et la plupart ont une queue assez grande et fort mobile. Ils marchent avec lenteur et précau- tion*, et en fléchissant les jambes de derrière; se reploient très*facilement sur eux-mêmes; font usage de leurs membres, et surtOMpde leurs pattes de devant, avec une adresse qu'on aime À voir; ils n'ont pas un mouvement dur : lorsqu'ils courent, iis semblent glisser; lorsqu'ils s'élancent, on diroit qu'ils volent.

Les mâles se distinguent des femelles par une tête plus forte, plus large, plus arrondie, et par une taille généralement plus grande.

Leur vue ne paroît pas avoir une portée très-longue ; mais ils voient également bien le jour et la nuit. Leur pupille se dilate et se resserre suivant la quantité de la lumière; et l'extrême sensibilité que montre cet organe, tient vraisem- blablement à la touleur généralement jaunâtre de la choroïde. Chez quelques espèces, la pupille, en se resserrant, prend une forme alongée verticalement ; ch^z d'autres elle conserve constamment celle d'un disque.

Le peu d'étendue du nez n'a pas permis k ces animaux ^ d'avoir un odorat très-fin ; cependant ils consultent ce sens avec soin avant de manger, toutes les fois que quelque odeur vient les frapper, et dans leur premier mouvement d'inquié- tude, quand ils n'en connoissent pas la cause. Les narines sont environnées d'un organe glanduleux plus petit que celui des chiêns.

La langue est revêtue de papilles cornées, qui altèrent sanst doute les sensations du goût; aussi les chats dévorent-ils plu qu'ils ne mangent. Leur nourriture ne paroît leur causer

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d'imyressions âgréàbles que lorsqu'elle est descendue -dans Nleur estomac, tant ils mettent d'empressement à l'avaler ; ils ne mâchent point leurs alimens, à proprement parler, ils ne font que les découper en morceaux assez petits pour passer par l'oesophage, et ils mâchent et avalent sans inter- ruption , jusqu'à ce qu'ils soient repus. Ils tiennent leur proie entre leurs pattes de devant, et boivent en lapant. Leurs déjections sont toujours enterrées avec soin : la forte odeur qu'elles répandent pourroit décéler une retraite qui doit être cachée.

C'est le sens de l'ouïe qui paroît avoir été chez eux le plus favorisé, quoique la conque externe de l'oreillene soit pas fort développée; quelques espèces cependant l'ont plus élevée que d'autres; mais elle est mobile ; son ouverture est très-grande, et elle est remplie de nombreuses sinuosités; la membrane et la caisse du tympan sont également très-étendues : et, en effet, c'est parleur ouïe surtout que les chais se dirigent; le son le plus imperceptible pour nous les frappe, et c'est au bruit des pas de leur proie qu'ils se dirigent à sa poursuite.

Le toucher de toute la surface du corps est très-sensible > les poils soyeux en sont l'organe extérieur; mais il est surtout développé aux moustaches.f II paroîtroit que les chats sont habitués à recevoir par ces longues soies de nombreuses impressions; car, lorsqu'ils en sont privés, leurs mouvemens, leurs actions éprouvent un embarras remarquable, qui ne sc dissipe que long-temps après. Les pattes sont garnies en- dessous de tubercules épais et élastiques, qui contribuent à rendre si douce la marche* de ces animaux. Le plus grand, qui se trouve à la base des doigts, approche de la forme d'un trèfle; les autres sont elliptiques, et placés à l'extrémité de chaque doigt, c'est-à-dire, sous la seconde phalange, la pre- mière , qui porte l'ongle, étant relevée ; et l'on aperçoit, sous les pattes de devant, près du poignet, un tubercule particulier , long, étroit et saillant, qui ressemble à un rudiment de doigt.

Les chats ont en général un pelage doux: aussi leurs fourrures fortt-clles un assez grand objet de commerce. La plupart ont les deux sortes de poils: les laineux sont géné- ralement gris, les autres peuvfent former à l'animal une robe très-riche. II y a des chats dont le pelage est jaunâtre r d'autre"

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sont gris, noirs, fauve; le tigre a des bandes transversales noires ; le jaguar est couvert de taches en formes d'yeux ¿ le guépard a des taches pleines : les uns sont ornés de bandes longitudinales ; d'autres sont tiquetés par un mélange uni- forme de deux couleurs différentes. En général, le pelage des chats tend à être varié; plusieurs espèces qui, dans leur état d'adulte, ont une couleur uniforme, apportent une livrée en naissant, et peut-être que de nouvelles observations étendront cette règle à celles qui ne nous sont point encore connues : dans leur premier âge. Chez quelques espèces, on voit de fortes crinières; chez d'autres, la queue se garnit à son extré- mité d'une touffe épaisse, et le lynx a les oreilles terminées par un pinceau de poils, etc.

Les organes de la génération n'offrent rien de très-particu- lier, à l'extérieur, chez les femelles, qui paroissent toutes avoir quatre mamelles. Dans l'état de repos, la verge du mâle se. dirige en arrière ; mais elle se redresse dans l'érection, et le gland est couvert de papilles.cornées très-aiguës, auxquelles on attribue les cris de la femelle dans l'accouplement : les testicules sont en-dehors, dans un scrotum étroit.

La voix, dans les grandes espèces, est un bruit rauque très- fort, qui se change, dans les petites, en ce que nous appelons le miaulement. Mais, outre ce cri, dont le caractère principal se retrouve chez les unes comme chez-les autres, chaque espèce a plus ou moins la propriété de rendre des sons particuliers, et qui n'appartiennent qu'à elle.

Lorsque ces animaux sont èp. colère, ils répandent une odeur très-fétide.

Tels sont les traits principaux par lesquels les chats se ca~ ractérisent. On a pu voir, à leur généralité, combien en effet, ce genre est naturel, et l'anatomie ne feroit que confirmer cette vérité, en nous montrant encore mieux ^'harmonie admi- rable et simple qui règne entre l'organisation, les. mouyemens et les mœurs de ces animaux. C'est que, plus on pénètre ayant, dans la nature, plus on découvre ses richesses, plus aussi on; s'élève à l'idée d'une intelligence simple dans sa volonté et infinie dans sa puissance, sans laquelle notre entendement ne peut concevoir ni force réelle ni ordre durable.

Aucuq des chats de l'ancien monde pe se rencontre dans

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le nouveau. Les grandes espèces d'Afrique paroissent se'trouver en Asie ; mais le tigre n'a point dépassé les bassins arrosés par les fleuves qui se jettent dans la mer des Indes.

La grande ressemblance que toutes les espèces de chats ont entre elles, n'a pas permis, jusqu'à présent, comme nous l'a- Vons dit plus haut, de subdiviser leur genre.'Un seul de leurs organes présenteroit les moyens de le faire naturellement : ce sont les yeux. Nous avons vu que chez les uns la pupille, à une douce lumière, présente la forme d'un disque, tandis que chez d'autres elle présente une forme très-alongée. Ce dernier carac- tère est phis particulièrement propre aux petites espèces de chats, à celles dont l'existence est nocturne, qui passent la nuit à pourvoir à leurs besoins, et le jour à se reposer, tandis que la pupille ronde semble appartenir plus spécialement aux chats diurnes, c'est-à-dire, à ceux quidistinguent très-nettement les objets au grand jour, sans cependant perdre la faculté de ls voir aussi la nuit. Malheureusement les observations n'ont pas été assez multipliées pour que l'emploi de ce caractère, important d'ailleursy puisse conduire à des résultats fort éten- dus ; il n'a été observé que sur un très-petit nombre d'espèces, et est tout-à-fait inconnu mr les autres. Pour présenter sous un point de vue général les espèces propres à chaque conti- nent, nous décrirons à la suite l'une dé l'autre celles qui se trouvent dans l'anÔien monde, et celles Jui se rencontrent dans le nouveau; et comme nous avons pu, à cause de la grande ressemblance des chats entre eux, présenter les points princi- paux de leàr organisation sous la forme de propositions géné- rales, la description dès espèces se réduira aux particularités propres à chacune d'elles .* sans cela nous ne pourrions que nous répéter.

On ne connoît en Europe que deux espèces de chats :

¦ Le Citât SAUVAGE : Felis catus, Linn. ; Buffon, t. VI, fig. 1. Cette espèce est d'un tiers environ plus grande que notre chat domestique. Le fond de son pelage est d'un gris .foncé jaunâtre sur lequel on aperçoit des bandes noires qui tranchent peu, longitudinales sur le dos, et transversales sur les flancs, les épaules et les cuisses. La poitrine et le dessous du ventre sont gris-blanc, ainsi que les coins de la bouche; les lèvre"- sont noires; les pattes ont une teinte fauve à leur côté

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interne, ella plante est noire ; la queue est anneléc, et le bout est noir: mais la plupart de ees caractères paroissent varier ; les seuls qui soient constans, sont le fond gris du pelage, et la cou- leur noire des lèvres*, delà plante des pieds et du bout de la queue.

Le chat sauvage est encore commun dans nos forêts; et c'est en partie à cela qu'il faut attribuer la ressemblance qu'ont avec lui les chats domestiques des campagnes : les fe- melles privées s'accouplent avec eux, et conservent ainsi dans leur race les caractères primitifs de l'espèce.

C'est du chat sauvage que descendent, comme on sait, les diverses variétés de chat que nous élevons en domesticité. Nos * soins n'ont pas produit de grandes altérations sur cette espèce; les poils euls ont éprouvé quelques changemens dans leurs couleurs, dans leur finesse ou dans leur longueur. Les membres et les proportions du corps paroissent être restés les mêmes ; et s'ils offroient des différences, ceseroit dans le nombre des ver- tèbres de la queue et dans son port, qui est pendant dans le chat sauvage, et relevé dans le chat domestique. Aussi est-ce par les poils que les races de chats se distinguent.

Le Chat DOMESTIQUE , A PLANTE DES PIEDS ET A LEVRES NOIRES, ressemble beaucoup au chat sauvage par les couleurs, et même par le caractère; il conserve une très-grande défiance, vit solitaire et caché dans les habitations des campagnes, et * ne montre quelque familiarité qu'avec les personnes qu'il voit habituellement et qui le nourrissent. C'est vraisembla- blement cette variété qui nous montre les premiers effets de la domesticité sur le chat sauvage. La couleur blanche est la première que l'influence de l'homme développe, et qui vienne se mêler au gris de l'espèce. Le noir paroît ensuite, et c'est le fauve qui se montre le dernier. Les chats gris et blancs, gris et noirs, et gris, noirs et blancs, sont les plus communs dans cette variété. Les chats entièrement blancs ou entièrement noirs y sont plus rares, et les roux le sont encore davantage. Au reste, excepté cette dernière couleur, les autres, simples ou mélangées, ne caractérisent point communément des variétés. Sous le seul rapport des couleurs, on admet comme telles :

* Le CHAT D'ESPAGNE , dont le pelage est entièrement roux ou composé d'un mélange de blanc, de roux et de noir. Les

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lèvres et la plante des pieds sont couleur de chair. On, dit que les mâles n'ont jamais plus de deux couleuiÿ.

Par la considération de la nature des poils, on admet deux autres variétés :

Le CHAT DES CHARTREUX, dont les poils sont très-fins, et généralement d'un beau gris d'ardoise uniforme ; ses lèvres et la plante de ses pieds sont noires. *

Le CHAT D'ANGORA , qui se distingue par ses poils longs et soyeux; ceux du ventre descendent quelquefois jusqu'à terre, et ceux du cou forment une large fraise; mais les poils de la tête et des pattes restent courts. La couleur de ces chats est communément blanche ; on en rencontre cependant de gris, de fauves, de tachetés, etc. Leurs lèvres et la plante de leurs pieds sont constamment couleur de éhair.

C'est du mélange de ces diverses races que proviennent nos chats communs.

Le rut des chats se montre ordinairement au printemps et en automne, et la portée est de deux mois environ. Les petits, àu nombre de cinq ou six, naissent les yeux fermés ; ce n'est qu'après le neuvième jour que les paupières s'ouvrent : ils tettent pendant très-long-temps. La mère en a le plus grand soin : celles qui ne sont pas très-privées les cachent avec beaucoup de précautions, et les emportent dès qu'elles croient qu'ils ont été découverts ; petit à petit elles leur ap-* prennent à manger en leur apportant des souris ou des oiseaux. A dix-huit mois, ils ont à peu près acquis leur entier déve- loppement, et dès la première année ils peuvent s'accoupler; mais ce n'est guère qu'à la seconde qu'ils deviennent féconds. Les chats produisent pendant toute leur vie , qui ne va pas au-delà de douze à quinze ans.

On connoît l'extrême propreté de ces animaux, leur souplesse et la grâce de leurs jeux, la manière dont ils expriment leur contentement et leur affection , leur patience à guetter une proie ; les ravages que quelques-uns commettent dans les Campagnes par la destruction des cailles, des perdrix , des lapereaux; leur facilité à monter aux arbres, et à dénicher ou à surprendre les oiseaux; les plaisirs qu'ils trouvent à se, coucher sur ce qui est propre et douillet ; les effets singu* liers que certaines odeurs produisent sur eu* ¿ la sorte

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Foreur avec laquelle ils se roulent sur le nepeta cataría, qui de là a pris le nom d'herbe aux chats ; leur profond sommeil ; la propriété qu'a leur poil d'être électrique parle frottement; en un mot, toutes les qualités qui leur sont naturelles ou acquises" Cependant, même à ces divers égards ^ il est difficile de rencontrer deu^t chats qui se ressemblent entièrement. L'éducation les diversifie à l'infini : si les uns sont des fripons incorrigibles, d'autres vivent au milieu des offices et des basses-cours sans être jamais tentés de rien dérober, et l'on eu voit qui suivent leur maître comme le feroitun chien" Ce haut degré de domesticité de certains chats est sans contredit l'exem- ple .le plus remarquable de la puissance de l'homme sur les animaux, de la flexibilité de leur nature, des ressources- nombreuses qui leur ont été données pour se ployer aux cir* constances, et pour se modifier suivant les causes qui agissent sur eux. Je ne crois pas, en effet, qu'excepté chez les chats> nos soins aient développé entièrement et presque créé une qualité nouvelle dans nos animaux domestiques : nous avons étendu, perfectionné celles qu'ils avoient reçues de la na- ture , et surtout celle qui les porte à l'affection. Avant l'état où nous les avons réduits, ils étoient entraînés par un sentiment naturel à vivre avec leurs semblables, à s'at- tacher les uns aux autres, à s'entr'aider mutuellement" Nous ne sommes devenus pour eux, en quelque sorte, que d'autres individus de leur espèce : seulement nous avons pris sur ces animaux l'empire qu'auroient pris, mais à un moindre degré, les individus qui parmi,eux auroient été les plus heureusement organisés. Les chats étoient poussés par leur naturel à vivre seuls ; une profonde défiance les suivoit partout, rien ne les portoit à s'attacher à notre espèce; on n'apercevoit en eux aucun germe de sentimens affectueux : et cependant quelques races sont profondément domestiques, et ont un besoin extrême de la société des hommes. C'est surtout chez les femelles que ce besoin-là se manifeste ; aussi je serois disposé à trouver l'origine de leur domesticité dans l'affection de celles-ci pour leurs petits,, et il est à remarquer que les mâles sont beaucoup moins dépendaris qu'elles. Il sembleroit que la domesticité de ceux-ci ne par- ticipe yie de celle de leur mère, n'a pour cause que lïn-

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fluence que sa nature, modifiée par nous, a exercée sur I* leur, et non point cette disposition profonde çt indestruc- tible sur laquelle, par exemple, est fondée la sociabilité du chien.

La domesticité, des chats ne semble pas remonter à des temps très-éloignés, en Europe du moins. Il parôitroit que les Grecs les connoissoient assez peu ; Aristote n'en a dit que quelques mots, et il en est de même des autres auteurs de ce temps qui ont traité de l'histoire naturelle : cependant il" étoient communs chez les Egyptien". Mais d'où ce peuple les connoissoit-il ? Ces animaux ont été transportés par les Euro- péens dans toutes les contrées de la terre, et ils n'ont éprouvé qu'une légère influence de la diversité des climats. Bosmann dit que sur les côtes de Guinée ils sont encore comme ceux de Hollande ; les races d'Amérique, qui parois- sent venir des chats d'Espagne, sont toujours les mêmes que les nôtres , et ceux de l'Inde et de Madagascar n'ont point éprouvé de changemens importans : on dit seulement que dans cette île, une variété de chat qui s'accouple avec les autres, a la queue tortillée. Quant à l'animal domestique, a oreilles pendantes, qui se trouve à la Chine, et qü'on a regardé comme un chat domestique, il est douteux qu'il soit réellement un chat. Pallas parle aussi, dans ses Voyages, d'un animal, qu'il dit être un chat, dont la couleur est d'un fauve très-clair, qui est peu domestique encore, et quia le museau effilé, et la queue garnie d'un poil couché comme les plumes d'un oiseau, etc. ; mais ces caractères sont trop vagues et trop singuliers pour qu'il soit permis de regarder cet animal comme une variété de l'espèce qui nous occupe.

Le Lynx : Felis lynx, Linn.} Buffon, t. IX, p. 21. La grandeur de cet animal est d'environ deux pieds et demi ; son pelage en-dessus est d'un roux tirant sur le fauve et marqué de taches brunes assez distinctes, surtout en été; le dessous du corps est blanc; les poils en général sont assez longs, et forment une fourrure épaisse, particulièrement autour du cou ; la queue est longue de six pouces, la base en est fauve , et l'ex- trémité noire, de manière que ces couleurs y occupent à peu près une égale étendue ; les oreilles sont terminées par un pinceau de poils noirs.*

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Le lynx se trouve dafis toutes les parties septentrionales de Tancien monde. Il paroît que du temps des Romains il étoif assez commun en France ; aujourd'hui il y est très-rare : cepen " dant on le rencontre encore dans les Pyrénées, d'où il des- cend quelquefois dans nos départeiuens méridionaux. On le trouve aussi en Espagne ; il est plus, commun en Allemagne ? et surtout dans les pays du Nord , où sa fourrure fait un objet dé commerce. Les Latins paroissent l'avoir connu sous les nom* de chama, de chaus, de lupus cervarius.

C'est un animaL fort destructeur : sa taille moyenne lui donne déjà assez de force pour attaquerjes cerfs, les che- vreuils, et il conserve encore assez d'agilité pour suivre les petits animaux jusque sur les arbres.

L'Asie est beaucoup plus riche en espèces de chats, que FEurope; mais quelques-unes lui sont communes avec l'Afrique; celles qui lui appartiennent exclusivement, sont :

Le TIGRE: F élis tigris, Linn.; Ménagerie du Muséum, in-foL Cette espèce est, àveé le lion, la plus grande et la plus puissante de cé genre. Sa taille commune est d'environ cinq à six pieds, de l'origine de la queue au bout du museau, et de trois ou quatre pieds à l'épauler la queue a trente pouces. La couleur du corps est jaune , avec des bandes transversales noires ; la queue est couverte d'anneaux alternativement noirs et jaunes; le bout est noir: les pupilles sont rondes. La femelle ressemble au mâle. Cet animal ne se rencontre que dans les Indes orientales, dans la presqu'île du Gange , le Tonquin, le royaume de Siain, la Cochinchine, et dans les îles de la Sonde: Marsdendit qu'on en trouve à Sumatra.*

La force prodigieuse et les goûts sanguinaires du tigre en ont fait la terreur des pays qu'il habite. Excepté l'éléphant, aucun animal ne peut lui résister. Il emporte un bœuf dans sa gueule presque en fuyant, et l'éventre d'un coup de griffes. On ne sauroit peindre avec des couleurs trop fortes "a férocité, les ravages qu'il cause, l'effroi qu'il inspire¿ mais tout ce qu'on a dit de son naturel intraitable, dé la fureur qui l'agite sans cesse, du besoin insatiable qu'il a de répandre le sang, de son insensibilité aux bons trai- temens, de son irigratüride enYf'-s ceui qui le soigneiirj

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n'est qu'un tissu d'exagérations ou d*eireurs. Sous tous ces rapports, le tigre ressemble aux autres chats. En général, oiw l'apprivoise aussi aisément que le lion ; il devient très-familier avec ceux qui le nourrissent, et il les distingue de toutes les autres personnes ; lorsqu'il n'a aucun besoin, et qu'on ne l'effraie point, il reste très-calme, et dès qu'il est repu il passe presque entièrement son temps à dormir ; il aime à recevoir des caresses, et il(y répond d'une manière très-douce et très-expres- sive: il ressemble beaucoup, dans ce cas, au chat domestique^ il voûte de même son dos , fait, le même bruit, se frotte de la même manière ^ en un mot, a les mêmes dispositions natu- relles. Notre ménagerie en a possédé plusieurs, et tous se res- sembloient parles mœurs, comme par les proportions du corps, la grandeur et le pelage.

11 seroit naturel d'attribuer à la foiblesse du chat domes- tique son caractère timide et caché, ses allures souples et rampantes; le tigre cependant, malgré sa force, lui ressemble encore à cet égard. Willamson, dans son ouvrage sur les Chasses de l'Inde, représente un tigre qui s'approche d'un village pour y ravir sa proie : il est tapi contre terre, et s'avance à pas lents, [avec une inquiétude d'être découvert que tout en lui décèle. Son courage ne se montre pas mieux lorsqu'il est attaqué ouvertement. On trouve dans le Voyage des Pères Jésuites à Siam, le récit du combat d'un tigre contre trois éléphans, dans lequel l'animal féroce se laissa vaincre, pour ainsi dire, sans se défendre : il chercha d'abord à faire quelque résistance ; mais, dès qu'il sentit le danger, il se tint dans le plus grand éloignement de ses ennemis, qui le tuèrent bientôt après sans aucune peine.

Si dans quelques occasions on a vu des tigres attaquer leur proie avec audace et témérité, comme il seroit dijpcile d'en, douter d'après ce qu'ont dit des voyageurs dignes de foi, ces animaux étoient sans doute poussés hors de leur naturel par une faim violente ; dans ce cas-là, leur aveuglement paroîtroit extrême. Grandpré rapporte avoir vu un tigre s'élancer à l'eau, et s'avancer à la nage pour attaquer et enlever un homme jle son équipage.

On a vu, à Londres, un tigre mâle et un tigre femelle s'ac- ' coupler et produire, ^a portée fut de cent et quelques jours ,

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et le petit qui naquit ressemblent à ses pa#ens : seulement les teintes n'étoient pas anssi tranchées ; le fond*du pelage étoit plu# grisâtre, et les bandes.plutôt brunes que noires. Ce petit étoit de moitié moins grand qu'un chat "domestique , et*sa téte joroissoit démesurément grosse.

* Le tigre rugit d'une manière très-violente , et qui approche de celle du lion ; et il se fait surtout entendre açrès avoir *angé. Lorsqu'il menace, il jette un cri court, mais fort; au contraire, on peut être toujours sûr qu'il éprouve un senti- ment doux et paisible, lorequ'il vous approche , avec un souf- flement qui ressembla un peu au bruit qu'on fait lorsqu'on éternue.

Un des tigres de la Ménagerie avoit appris à se procurer lui-même les jouissances de l'accouplement. Pour cela, il s?accroupissoit, pressoit ses organes génitaux avec ses pattes de derrière, et remuoit la croupe.

Les anciens connoissoient cet animal. Aristote en dit quelques mots, et Pline raconte une histoire fabuleuse sur la manière dont on parvient à s'emparer de ses petits. Les ambassadeurs indiens, qui vinrent renouveler alliance avec Auguste, luF firent présent d'un tigre, et c'est le premier de ces animaux qui fut vu à Rome. Depuis, Héliogabale, ayant voulu paroître en public avec les attributs de Bacchus^ fit venir des Indes deux tigres pour les atteler à son char.

Le Guépard : Felis jabata, Linn. ; Schreber, fig. CV. Le guépard, autrement le tigre chasseur, paroît être à peu près de la~grandeur de la jmnthère. Le fond de son pelage est blanc^jaunâtre*, et il est couvert de taches noires rondes, entièrement pleines, d'un pouce de diamètre, et séparées les unes des autres par un intervalle d'une semblable étendue; le dessous du corps est presque blanc; une bande noire règne de l'œil au coin de ia bouche ,*¦ la queue , qui descend jusqu'au ^>as des jambes, est couverte de taches noires,* et de longs poils, placés au-dessus du cou, forment à cet animal pne sorte de crinière.

Le guépard se trouve dans- toute l'Asie méridionale. Il se laisse facilement apprivoiser, car on le dresse pour la chasse. Il paroît que pour s'en servir à cet effet on le conduit en croupe, et lorsqu'on est à la portée du gibier, on Je

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lâche ; alors if s'éitnce, et en deux ou trois bonds il a saisi "a proie. C'estotn animal que les naturalistes ne connoissent encore que très-imparfaitement, et dont on n'apôint de bonne# figures. ".

Le MELAS ; Felis mêlas, Péron. Il est de la grandeur d'uae panthère, et entièrement noir. Cependant, lorsqu'on le regard# dans un certain jour, on aperçoit des taches plus noires encore, *et_ semblables aussi à celles de la panthère. Notife Ménagerie en a possédé un qui venoit de Java, et avoit été ramené en France par l'expédition de Baudin. C'étoit un mâle j il étoit devenu très - familier."'Sa pupille conservoit toujours la forme . onde. Il est mort d'excès de graisse.

Knox, dans sa Relation de Ceylan, parle de tigres noirs; et l'on trouve, dans le Journal de Physique, la description d'une panthère noire du Bengale. On ne peut guère rapporter ces animaux qu'à l'espèce du mêlas. Mais le mêlas lui-même ne seroit-il pas une variété noire de la panthère ? Il, paroît que dans ce genre ces sortes de variétés sont celles qui se forment des premières.

Le CHAT DE JAVA. Il est plus grand que notre chat domestique. Sa couleur est fauve-clair en-dessus et blanchâtre en-dessous , avec des taches brunes très-marquées; celles du dos sont alon- gées et disposées sur quatre lignes; une tache partant de l'œil et allant en arrière se recourbe pour faire une bande trans- verse sous la gorge, que suivent,sous le cou, deux ou trois autres bandes. Ce chat, dont la dépouille se trouve dans notre Muséum, a été rapporté de Java ^>ar M. Lesehenault, et il a déjà été décrit par M. G. Cuvier dans le tome IV de se* Recherches sur les Ossemens fossiles des quadrupèdes.

Le même voyageur avoit rapporté de Java une autre espèce de chat, grand comme un petit chat, dont le pelage étoit d'un gris sale, avec de nombreuses petites taches noi- râtres un peu alongées. N'est-ce pas à cette espèce que se rapporte le chat sauvage de l'Inde, de Wosmaer, pl. XIII? Il pourroit être confondu avec le marguay; mais il est plus gris, et a des taches plus petites.

L'Asie possède , sans aucun doute, beaucoup d'autres chats qui ne se rencontrent point ailleurs. Plusieurs voyageurs en ont indiqué, mais trop vaguement pour qu'elles aient pu

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être inscrites au nombre des espèces de ce genre. Lhuillier parle d'un chat tigre du Bengale ; Vincent Marie, d'un chat qui approcherait de notre serval, et qu'au Malabar on ipm- meroit serval et maraputé. On dit qu'à Ceylan il y a des tigres de la grandeur du dogue, dont le pelage est blanc, rayé de ¿aue. Buffon (Suppl., t. III) publie, d'après Edwards. U figure d'un chat à pinceau de poil aux oreilles, et à très- longue queue, qui viendroit du Bengale; et Pallas décrit im- parfaitement un chat de la Mongolie, sous le nom de feli$ manul.

Toutefois, les chats que nous venons de décrire ne sont pas les seuls qui se rencontrent en Asie ; plusieurs espèces sont communes à cette contrée et à l'Afrique, et ce sont elles qui vont actuellement nous occuper.

Le LION : Fdis leo, Linn. ; Ménagerie du Muséum, in-fol. Il est peu d'animaux sauvages qui soient plus connus que celui- ci, et qui aient eu des historiens plus célèbres: aussi, je me bornerai à exposer d'une manière très-succincte les points principaux par lesquels il se caractérise, et je renverrai aux auteurs qui en ont parlé, pour tout ce qui sera relatif à la peinture des traits ou des mœurs, aux vues générales ou aux discussions critiques. Buffon a représenté, dans un langage qui est devenu classique, le lion tel qu'il se présente à notçe esprit, dans sa beauté, dans sa force, dans sa noblesse, dans ses actions ; M. de Lacépède a rempli la même tâche pour la lionne, dans la Ménagerie du Muséum d'Histoire naturelle; et M. G. Cuvier, dans le même oiivrage, a rappelé tout ce que les anciens connoisspient sur ces animaux. Nous ajouterons seulement qu'en lisant Buffon il faut se défendre de la magie de ses expressions, et toujours avoir présent à la pensée que les couleurs qu'il emploie pour peindre le lion, sont plutôt puisées dans *le sentiment que cet animal inspire communé- ment,'que dans sa véritable nature: non pas que les fait" d'après lesquels.ee sentiment s'est établi soient précisément faux ; mais la plupart ont été présentés sous un faux point de vue, et ont donné naissance à de fausses idées. Le lioa ressemble à tous les autres chats par son caractère comme par son organisation ; et s'il a acquis une réputation de géné- rosité, de noblesse, d'élévation, cela tient à quelques circons-

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tances, mal appréciées, de ses actions : la npblesseet la pois" sanee paroissent s'allier si naturellement, que nous commen- çons toujours par les réunir.

Le lion est à peu près de la grandeur du tigre, c^est-à- dire qu'il a cinq à six pieds de long, de l'extrémité du museau à l'origine de la queue, et trois ou quatre pieds de hauteur au garrot; sa queue est longue, et'terminée par un pinceau de poils, et toute la partie antérieure du mâle est garnie d'une forte crinière, dont la femelle est privée. Sa couleur est entiè- rement d'un fauve sale ; la pupille a constamment la forme d'un disque. Un des traits caractéristiques du lion, est la ma- nière dont il porte sa tête ; il la tient généralement élevée, ce qui donne à sa physionomie quelque chose d'ouvert, de franc, qu'on ne remarque point sur la physionomie des autres chats. Mais ce port de tête particulier n'a pas d'aütre cause que l'épaisse crinière de son cou. La femelle, qui a le cou nu, tient sa tête presque au niveau de son dos, comme les autres chats, et le jeune lion ressemble, en ce point, tout-à-fait à sa mère.

Ces caractères sont plus particulièrement eeux du lion de Barbarie ; car il paroit qu'il existe plusieurs races de lion, si ce n'est plusieurs espèces. Les lions du Sénégal et des parties les plus chaudes de l'Afrique ont une crinière assez peu fournie, et leur couleur est d'un fauve plus pâle. Les anciens paroissent avoir connu une race dont la crinière se com- posoit de poils très - frisés ; et il existe, dans le centre de l'Asie, des lions sans crinière : Olivier a assuré en avoir vu de tels à Bagdad; Les anciens parlent de lions noirs et de lions de plusieurs couleurs. Quoi qu'il en soit, ce sont les lions d'Afrique qni sont les mieux connus des naturalistes, et qui ont fourni l'histoire de l'espèce. Ils sont communs dans les ménageries. On les apprivoise quelquefois facilement ; mais il est des individus qui restent toujours intraitables. Notre Muséum en a possédé plusieurs, et M. de Lacépède a publié l'histoire d'une yonne qui a donné des petit*, et qui par-là a fait connoitre un des points principaux de l'histoire de sou espèce. Cette lionne et un lion de la même portée avaient été élevés ensemble, et vivoient dans la meilleure intelli- gence tant qu'ils nemangeoient pas ; mais il falloit les séparer lorsqu'on leur donnoit leur nourriture : dans ce moment üs

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se défroienti'un de l'antre, et se menaçaient par de" cris vio- len". A l'âge de six ans, la femelle entra en chaleur, et le lion la couvrit. C'étoit la nuit surtout qu'ils selivroient à leur amour. Le lion devenoit furieux, et ses mouvemens étaient si violens, les bonds qu'il faisoit dans a loge étoient si im- pétueux , qu'on fut obligé d'en renforcer les cloisons. La pre- mière portée ne réussit pas. Après deux mois de gestation un avortement eut lieu ; deux petits naquirent, mais ne vé- curent point. Vingt jours après, la femelle redevint en chaleur; le mâle la couvrit cinq fois dans un jour, et au bout de cent huit jours elle mit bas trois petits bien portans, quiavoient les yeux ouverts. Cette femelle a fait cinq portées, et elle en auroit fait davantage , sans doute, sans la perte de son mâle. Les lions nouveau-nés, mâles et femelles 7 se res- semblent entièrement. Le fond de leur pelage, d'un roux grisâtre, étoit coupé par un grand nombre de petites bandes brunes transversales, très-distinctes de chaque côté du dos et vers l'origine de la queue ; et une ligne noirâtre régnoit tout le long de l'épine. La queue n'étoit point terminée par uir flocon de poils; sa longueur étoit de 6 pouces1, et celle du corps de 12 pouces. Après une année, les jeunes lions ont acquis la taille d'un chien de moyenne taille. A la troisième année, la crinière commence à pousser aux mâles, et il pa- roit qu'ils ne sont complètement adultes qu'à la cinquième ou à la sixième; mais à cette époque ils n'ont point encore entièrement perdu leur livrée. Leur vie peut s'étendre jus-* qu'à quarante ans. ^

Ainsi que la chatte, la lionne avoit le plus grand soin de ses petits ; elle les léchoit sans cesse, ne les quittoit point, et les entretenoit dans une grande propreté. Cependant une pro* fonde inquiétude l'agitoit souvent r il sembloit qu'un instint secret l'excitât à vouloir les porter dans des lieux cachés, et loin de la vue des hommes ; elle les prenoit entre ses dents, et, dans un grand état d'agitation, les promenoit pendant des quarts d'heure entiers, ce qui a occasioné la mort de plu- sieurs. Son gardien, qui, dans tout autre temps, pouvoit en- trer dans sa loge avec elle, n'osoit plus le faire dès qu'elle avoit mis bas. 4 - ^

L'allaitement duroit six mois environ > après lesquels Jè

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rut se faisoit de nouveau sentir. Aucun des petits nés dan" notre ménagerie n'a vécu au-delà d'un an; c'est à cette époque que les canines se développent, et le travail de la dentition paroît être, fort dangereux pour les liens. Dans no" climats, quelques précautions pour élever les lionceaux seroient nécessaires : la principale consisteroit à les tenir très- chaudement et de manière qu'ils ne fussent point plongés dans l'atmosphère humide et mal sain de toutes nos ménageries.

Le lion rugit ordinairement après avoir mangé, et lorsque le temps est à l'orage. Ce cri particulier n'annouce point un état violent : il semble plutôt accompagner une inquiétude vague, que partagent bientôt tous les autres lions, dés qu'elle se manifeste ; car , aussitôt que l'un commence à rugir, tous les autres l'accompagnent, et les femelles rugissent comme les mâles. Quand le lion sent les premières atteintes de la colère, il agite sa queue, et il en frappe avec une grande liorçe lorsqu'il entre en fureur. Cependant il ne s'en sert point offensivement, comme on l'a dit: ses griffes "et ses dents lui rendent le secours de cet organe très-inutile. Ce n'est pas non plus à force ouverte qu'il cherche sa proie : excepté peut-être lorsqu'une faim violente le pousse, il ne s'en approche qu'en se cachant, et ne l'attaque que par surprise. M. Barrow, qui a si bien étudié les animaux du Cap, dit : " Cet animal est " traître ; il est rare quil attaque ouvertement; il s'embusque " jusqu'à ce qu'il puisse sauter sur sa proip. " Sparmann ra- conte qu'un jour un Hottentot vit un lion qui le suivoit, et qui n'attendoit que le moment où il s'arrêteroit pour l'atta- quer. Il marcha donc jusqu'à ce qu'il fût arrivé dans un lieu très-escarpé; là il se plaça à l'abri (Je l'escarpement, et, revé- lissant.son bâton de son habit et de son chapeau, il le tint élevé au-dessus de sa tête. Le lion, qui crut le moment con- venable, s'élança, et se cassa les reins au fond d'un précipice"

On écarte la nuit ces animaux en allumant du feu > quoique ce pe soit pas toujours un moyen sûr de les effrayer. Les chevaux , les bœufs les sentent de fort loin, se rassemblent et se serrent lesunscontre les autres, en éprouvant un tremblement général, et en poussant des cris lamentables. Les chiens éprouvent aussi en leur présence le plus grand effroi, mais ils gardent le $Uence*La chasse des lions est très-dangereuse: en se réunit en

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grand nombre peur les attaquer ; mais le plus scravent on leur tend des pièges.

Les lions ont été très-connus des anciens. On en a vu paroître jusqu'à cinq cents à la fois dans les cirques de Rome, et on en a apprivoisé plusieurs au point de pouvoir les atteler. Mare* Antoine se montra au peuple romain dans un char traîné par deux lions.

Ces animaux étoient autrefois plus répandus qu'ils ne le sont aujourd'hui. On en trouvoit d'une très-grande taille dans les contrées qui stont actuellement connues sous le nom de Turquie d'Europe, et ils étoient communs dans l'Asie-Mineure* On n'en rencontre plus guère que dans quelques parties de la Perse et de l'Inde, et dans l'Arabie. Chardin dit cependant qu'on en trouve dans le Caucase ; mais ce pourroit être une erreur. Leur véritable patrie est aujourd'hui l'Afrique: ils y sont abondamment répandus, depuis l'Atlas jusqu'au cap de Bonne-Espérance, et depuis le Sénégal et la Guinée jusqu'aux côtes de l'Abyssinie et du Mozambique.

La PANTHERE : Felis p ardu s , Linn. ; Ménagerie du Muséum in-fol. C'est un des animaux qu'on à le plus souvent occasion de voir. La longueur de son corps est de trois pieds environ, et sa queue descend jusqu'au bas de ses jambes. Ses pupilles conservent la forme d'un disque, et sa voix ressemble au bruit'de la scie. La panthère est remarquable par son beau pelage fauve jaunâtre, avec des taches noires, en forme d'yeux ou de#oses sur les côtés, mais pleines sur les membres. Le ventre et les parties inférieures des cuisses et des jambes sont blancs, avec quelques taches noires. 11 est à remarquer que le nombre des taches qui se suivent transversalement sur chaque flanc, est de cinq ou six: c'est par ce caractère qu'on distingue la panthère du léopard et du jaguar.

Cette espèce a les mœurs du chat : elle attaque les petites espèces de gazelles ou les petits quadrupèdes, et poursuit jusque sur les arbres ceux qui peuvent y chercher une re* traite; elle y monte également pour füir les dangers. Willam* son en représente une , dans ses Chasses d'Orient, montée sur un arbre pour se soustraire à une meute qui la poursuivoit.

Les panthères sont communes en Afrique, et elles étoient très-connues des anciens* Les Grecs leur donnoient le nom

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depardalis, et les Latins celui de panthtra. Ils en distinguoient de deux espèces, les unes plus grandes, les autres plus petite", suivant Oppien ; et Cicéron, dans ses Lettres à Atticus, parle de panthères d'Afrique et de panthères d'Asie, comme étant d'espèces différentes. L'une étoit peut-être l'espèce suivante :

.. Le LEOPARD ; Feüs leopardus, Linn. C'est dans notre Ména- gerie qu'on a appris à distinguer cette espèce de la précé- # dente. M. G. Cuvier en a fait connoître les caractères ; ils consistent dans le nombre des taches qui se suivetat en lignes transverses sur les flancs de l'animal, et ce nombre est géné- ralement de neuf ou dix. Du reste, le léopard ressemble à la panthère par la taille , par les mœurs et par tout le reste des organes ; mais on ne connoît pas encore très - exactement la patrie du premier. Il est vraisemblable qu'il est commun à l'Afrique et à l'Asie. Comme jusqu'à ces derniers temps on a confondu ces deux animaux, il n'est pas possible de désigner celui qui se trouvoit anciennement dans la Thrace, suivant Xénophon , ni de dire auquel des deux on doit rapporter ce qu'on raconte des panthères qui, aux Indes, servent encore , de nos jours, à la chasse, et qu'on conduit, les yeux bandés, dans de petits chariots, jusqu'à la vue du gibier; alors on leur rendía liberté et la vue; elles s'élancent, en quelques sauts se saisissent de leur proie, et, après*s'être repues de sang, Se laissent reprendre et attacher de nouveau. On n'a aucune bonne figure du léopard.

Le CARACAL : Felis caracal, Linn. ; Buffon ,*t. IX, pl. 24.

Le caracal est à peu près de la grandeur du lynx d'Europe, c'estr-à-dire qu'il a deux pieds six pouces environ du bout du museau à l'origine de la queue ; celle-ci a près de quinze pouces! Sa couleur est d'un roux vineux qui pâlit aux parties inférieures du corps ; on voit sur les cuisses quelques bandes transversales d'un roux un peu plus foncé, mais peu apparentes; le dessous de la mâchoire inférieure est blanc, et les oreilles noires, surmontées d'un, pinceau de poils de la même couleur. Schaw dit que dans quelques individus le ventre est tacheté. Il paroît qu'au premier regard le caracal frappe par ses oreilles noires, ce caractère ayant souvent servi aux voyageurs pouiv le désigner.

Le caracal est connu dans la partie septentrionale de

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V Afrique, ¿n Perse , et'dans l'Arabie. C'ésf lui qui a reçu le nom de pourvoyeur du lion, parce que 9 suivant quelquefois cet animal pour se repaître de ses restes, on a supposé qu'il attoit à la découverte, l'avertissoit de la présence d'une proie, et que le lion, par reconnoissance, lui en laissoit une portion.

Cette espèce est vraisemblablement celle que les anciens connoissoient sous le nom de lynx : Ælien dit que les oreilles du lynx sont terminées par un pinceau de poils ; et l'animal auquel nous donnons aujourd'hui ce nom, et qui a aussi ce caractère, portoit le nom de chama ou de chaux chez les Romains, et ne. paroît pas avoir été connu des Grecs.

Le CHAOS : F dis chaus, Guld. JÜov. Comm. Fetrop., 10, ann. 1775, pag. 433, pl. 14, iô* Cette espèce a été décou- verte dans les vallées marécageuses du Caucase par Gülden- stedt ; et Bruce paroît en parler comme d'un animal d'Abys- sinie, sous le nom de chat botté. Le chaus, ou lynx des marais, se rapproche en effet du lynx par le pinceau de poil de ses oreilles. Sa couleur est d'un gris jaunâtre, et l'on voit quelques taches brunes sur les parties postérieures et sur les cuisses ; le dessous du corps est blanchâtre, suivant Bruce, tacheté derouge, et la queue est annelée de noir à son extré- mité. Le derrière des quatre pattes est noir, ce qui lui a valu le nom que Bruce lui a donné. Cet animal approche aussi de la taille du lynx et du oaracal, avec lesquels il pourroit former une petite famille, si le pinceau des oreilles étoit pour cela un caractère suffisant; il a entre deux pieds et deux pieds six pouces de longueur; sa queue descend jusqu'au talon ; elle a un pied. C'est cette espèce de chat dont Olivier parle sous le nom de jélis libycus , et qu'il a fréquemment rencontré en Egypte. Bruce dit qu'il fait surtout la chasse aux pintades, fit se met en embuscade pour les surprendre; il ajoute qu'il se jette même sur le chasseur qui le presse trop vivement. Comme tous les autres chats de sa taille, on le voit souvent monter aux arbres, et y surprendre les oisçaux. Güldenstedt l'a vu faire la chasse aux oiseattx aquatiques, et guetter les gre* nouilles et les poissons.

Les espèces de chats connus des naturalistes, et exclusive* aeÿ propres à ¿'Afrique, sont en fort petit nombre. Le doc-

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teur Forster a publié la figure et la description d*un chat dii Cap, dans le 7.* vol des Transactions Philosophiques, et Pérou en a rapporté un autre de cette contrée*

Le Chat du Cap ; Felis capensis, Linn. Sa longueur est de vingt-six à trente pouces, sans la queue, qui en a douze t le fond de son pelage est fauve. Le dessus du cou, du dos et des hanches, est marqué de bandes longitudinales noires ; la queue est annelée de noir et de jaunâtre, et le reste du corps est couvert de tachesplusou moins grandes. Cet anímala les mœurs de toutes les autres espèces de petits chats* -

Les académiciens de Paris, dans le tome III de leurs Mémoires pour servira l'histoire des animaux, ont décrit, sous le nom de panthère, un animal qui venoit d'Afrique, et qui a la plus grande ressemblance avec celui de Forster; et le chat figuré par Miller, dans ses Cimelia Fhysica, pl. 39, se rapproche aussi beaucoup du chat du Cap, qui paroît avoir de nombreux rapports avec celui de Java.

Le CHAT NOIR DU CAP est de la grandeur de notre chat domes* tique , d'un brun noir très-foncé, avec des bandes transver- sales, entièrement noires, et très-nombreuses.

Les voyageurs indiquent cependant plusieurs autres chats propres à l'Afrique. Ludolphe parle de deux animaux tigrés , d'Abyssinie, d'égale grandeur, dont l'un a de larges taches noires; et l'autre, de petites taches en forme de roses. Bosmann dit, dans son Voyage de Guinée :

" Les tigres ne diffèrent pas beaucoup des tigres en grosseur " (il nomme tigres tous les animaux dont le pelage est tacheté); " ils se trouvent dans ce pays en très-grand nombre, de quatre " ou cinq figures, soit par rapport à la grosseur ou aux taches : " il peut bien y avoir parmi ces bêtes , vu leur grande diver- " sité r des léopards , des panthères , etc. Les nègres dis* " tinguent ces tigres par des noms. "

Barrow, dans son Premier Voyage au Cap, rapporte que les colons reconnoissent trois animaux qu'ils nomment tigres ; que l'un d'euxhabite les montagnes, iet un autre la plaine. Ces deux derniers ont beaucoup de ressemblance, seulement celui qui habite les montagnes est plus petit; il a, du bout du museau k l'origine de la.queue 5 pieds 6 pouces (mesure anglaise), et la queue a s pieds 10 pouces; Je second^ qui se trouve dans la pfcine,

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n'est qu'un peu plus grand, et plus pâle dans ses couleurs. L'un et l'autre sont couverts de taches noires, irrégulières dans leur forme, sur un fond fauve aux parties supérieure^ du corps, et sur un fond blanc aux parties inférieures. Une ligne noire se prolonge de la partie antérieure des épaules jusqu'à la poi- trine. Le troisième reçoit des fermiers le nom de léopard ; il n'est pas aussi long que les deux autres, mais plus épais et plus fort. Sa couleur est cendrée, avec de petites taches noires; le cou et les tempes sont couverts de long cheveux frisés, pareils à ceux de la crinière d'un lion : la queue a deux pieds ; elle est plate, verticale v tachetée dans la moitié de sa longueur, depuis la racine ; le reste est annelé. Sa figure est marquée d'une émisse ligne noire qui s'étend depuis le coin intérieur de l'œil jus- qu'à l'extrémité de la gueule. Barrow ajoute que lui et ses gens prirent un jeune de cette dernière espèce qui se familiarisa avec eux, et joua comme un jeune chat. 11 y a donc encore une grande moisson de découvertes à faire parmi Tes espèces de ce genre, pour les voyageurs qui visiteront l'Afrique, et qui pourront mettre de l'exactitude dans leurs observations.

Il nous reste actuellement à parler des chats d'Amérique.

Le Jaguar : Felis onça, Linn. ; BufFon, torn. IX, fig. 11. La grande ressemblance qui existe entre la panthère, le léopard et le jaguar, a long-temps empêché qu'on ne distinguât cette dernière espèce. Buffon avoit parlé sous ce nom d'un autre animal, et les auteurs systématiques, ayant pris leur jaguar dans Marcgrave, ne l'avoient pas non plus fait connoître exac- tement. C'est encore dans notre Ménagerie que ses caractères distinctifs ont été reconnus. Il se trouvoit à côté d'une pan- thère , et la voix de ces deux animaux à peu près de même taille étoit si différente, qu'on dut conclure qu'ils n'étoient pas, comme on le pensoit, de la même espèce. Ayant reconnu ensuite que le premier avoit été amené en France d'Amé- rique, et le second des côtes de Barbarie, on jugea que l'un pourroit être le jaguar, et l'autre la panthère ou le léopard; car à cette époque cette dernière espèce n'avoit point encore été distinguée del'autrfe. Enfin un examen attentif montra què les taches œillées qui se trouvent sur le pelage fauve du jaguar sont bien plus- grandes et en bien moindre nombre tjüe Sur

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la panthère, et qu'elles ne vont guère au-delà de quatre en ligne transverse ; Ton vit ensuite que le jaguar acquéroit une taille qui approchoit de celle du lion : sa longueur est d'environ quatrepieds, etsa hauteur de deux pieds et demi ; sa queue a trente pouces. Dès ce moment, on eut des caractères fixes et précis, que M. Geoffroy. qui les avoit reconnus, décrivit dans le tome VI des Annales du Muséum. Cet animal a vécu plusieurs années; il étoit très-doux, aimoit beaucoup à lécher les mains : il "st mor t.des suites d'un abcès qui s'étoit ouvert sous sa mâchoire inférieure. Son pelage étoit d'un fauve jaunâtre sur toutes les parties supérieures du corps; le dessous du cou, le tour de la gueule, le ventre, l'intérieur des cuisses et des jambes, étoient d7un beau blanc. Les taches étoient noires, pleines, et de forme alongée, le long de l'épine ; en fqrme'de rose, avec un ou plusieurs points au milieu, sur les côt^s et sur les flancs ; pleines sur la tête, le cou, les épaules, les cuisses, les jambes ; en lignes transversales, sous le cou et sur la poitrine ; grandes et pleines, sous le ventre et à l'intérieur des jambes. La queue étoit tachetée, et le bout en étoit nofir ; les oreilles, assez petites, avoient une bordure noire. Le dessus du nez étoit fauve et sans taches, et les commissures des lèvres noires. Les pupilles restoient toujours rondes. Sa voix ressembioit à une sorte d'aboiement rai^que, et, d'aprèsrM. d'Azara, ilparoîtroit que , lorsqu'il menace, il souffle à peu près comme le chat domestique. L'animal que les académiciens représentent sous le nom de tigre, me paroit être un jaguar.

C'est à ce célèbre voyageur que nous aevons quelques par- ticularités exactes sur les mœurs du jaguar à l'état sauvage. Beaucoup d'autres historiens de l'Amérique ont parlé de cet animal, mais ils n'ont donné que des détails insignifians ou de faux récits, qu'une critique, tânt soit peu sévère, ne peut admettre. Il faut placer parmi ces derniers, comme le fait observer M. d'Azara, l'histoire rapportée par Sonnini d'un jaguar qui les suivit pendant plusieurs jours, et qui fuyoit avec tant de promptitude, dès qu'il se voyoit mettre en joue, qu'on ne put le tirer ; et ce qu'il ajoute ensuite du tamanoir qui étouffe le jaguar en le serrant dans ses pattes, ou qui le déchire avec ses griffes.

Cet animal a les znœu/s de tous les,autres chats ; lorsqu'il

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n'est pai poussé par une fainí violente, il est d'une defiance extréihe, et n'attaque sa proie que par surprise et surtout la nuit: mais sa force est prodigieuse. M. d'Azara raconte qu'il peut emporter un cheval, et traverser à la nage, avec cette proie, une rivière large et profonde. Il habite les lieux cou- verts et les grandes forêts, et se cache dans les cavernes; il attaque les homines, et n'est pas effrayé par le feu : car plus d'une fois des Indiens qui environnoient de grands brasiers, ont été attaqpés par lui" Lorsqu'une troupe d'animaux ou plusieurs hommes passent à sa portée , c'est toujours sur le dernier qu'il s'élance.

Il se nourrit de toute espèce de gibier, et s'avance dans l'eau pour attraper le poisson, qu'il aime, dit-on, beaucoup. J'ai essayé une fois d'en /aire manger à l'individu de notre Ménagerie, mais il le refusa; ce qui, au reste, neseroit point une preuve que le jaguar ne peut pas s'en nourrir : on sait qu'un animal mange toujours de préférence les alimens aux- quels il est habitué, et depuis long-temps le nôtre n'étoit nourri que de viande" y

M. d'Azara dit que la femelle est .semblable au mâle, et qu'elle met au monde deux petits qui ont le poil moins lisse que les adultes, ce.qui est général pour tous les mammi- fères* >

Les Espagnols et les Indiens le chassent avec leurs lacets, qu'ils lancent si adroitement> en courant à toute bride, qu'à cent pas ils enlacent l'ennemi qu'ils pçursuivent , et le mettent hors d'état de se défendre. Ils le chassent aussi avec des meutes, nombreuses ; alors l'animal monte quel- quefois aux arbres pour se soustraire à leur poursuite, et il s'élance sur le chasseur qui le presse trop vivement, ou qui n'a fait que le blesser. Des Indiens sont assez hardis pour aller attaquer ce, puissant animal corps à corps, armés seulement d'une lance. 11 paroît qu'ils s'enveloppent un bras avec une peau de mouton, au moyen de laquelle ils évitent la première .atteinte du jaguar, et, au moment où cehii"ci s'élance, ils lui enfoncent leur .arme dans la poitrine t mais tôt ou tard ils sont yiçtimes de leur témérité.

, ,Çette espèce donne naissance à des variétés noires et à des r^ces.albines. M. d'Azara enpat*le,.et M. Geoffroy a rapporté* ^ 8. Î5

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une peau de jaguar noire du Portugal. C'est de cette variété que Marcgrave a parlé sous le nom de jaguarété.

Les peaux de jaguar sont assez recherchées. Il fut un temps où elles faisoient un objet de commerce fort considérable5 mais le nombre de ces animaux a diminué, et l'on en tue bèaucoup moins aujourd'hui. o

1 Le COUGOUAR : Felis discolor, Linñ. ; Buffon,* t. IX, pL XIX* M. d'Azara, qu'on citera toujours; dès qu'on parlera des animaux qu'il a décrits, dit que cette espèce dfe chat a prèi de quatre pieds de longueur, ce qui ta rapproche beaucoup y pour la taille , de l'espèce précédente. Sa queue a vingt-six pouces, et elle est de la hauteur dè l'animal. Sa couleur, aux parties supérieures, est d'un fauve sale semblable à celui da lion de Barbarie ; aussi a-t-il reçu le nam de lion d'Amériqtie. Les parties inférieures sont plus pâles ; lé ventre est cannelle, et l'intérieur des cuisses est blanchâtre.-Le museau, k l'em droit des moustaches, est noir, ainsi que le derrière des oreillesr dont le bout est aussi noir, et intérieur blanc. La mâchoire inférieure et les lèvres sont blanches ; il y a une tache blanche au-dessus de l'angle antérieur de Fœil r et une autre au-dessous de cet angle.

Malgré sa grandeur, * cet animal paroît être encore pltfs défiant que les autres* chats ; il n'ose attaquer que les petits animaux, et n'est guère plus dangereux que le chat sauvage, dont il a presque les moeurs. Il se tient de préférence dans les lieux remplis de broussailles, et monte fréquemment aux arbres, d'où, dit-on, il descend d'un seul saut ; ce qui seroit le contraire des autres espèces de ce genre-ïl ménace aussi en soufflant, et exprime son contentement par le bruit sourd que font entendre nos chats domestiques lorsqu'on les caresse. Quand il *e mange pas toute sa proie, il'en cache les restes avec soin, Ou dans la terre où sous la paille ,'et va Tes retrouver lorsque la faim le presse de nouveau. *

La femelle met bas deux ou trois petits, qtii, à dix-huit mois, ont trente-quatre pouces de longueur. EHe ne diffirfe point du mâle, et quelquefois ils chassent ensemble. Ils aimeiit particulièrement le sang, ce qui fait qu'ils tuent beaucoupplus d'animaux qu'ils n'en mangent. C'estune habitude qu'il$ jiafrta- rent avec 1/ plupart des petits carnassiers; et l'on a envisagé tis

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"ftithaux sobs tin poiñt de yue très-faux, lorsqu'on a prétendu établir sur ce fait qu'ils étoient plus féroces et plus cruels que les espèces qui ne tuent chaque fois qu'un animal : les uns et les autres ne cherchent également qu'à assouvir leur faim et à satisfaire leui* appétit. Un cougouar qu'on avoit châtré, étoit devenu, au rapport de M. d'Azara, extraordinairement gras, et sa paresse étoit fort grande; mais il s'étoit très-appri- voisé>* il ii'ètoit;dangereux que pour la volaille ^ et il ne cher- droit point à s'échapper et à recouvrer sa liberté ; ses manières étoient entièrement celles du chat domestique, soit qu'il guettât sa proie, soit qu'il mangeât, soit qu'il se mît en colère.

Tel est le cougouar décrit paf M. d'Azara. Notre Ménagerie "a a possédé deux qui ne lui ressembloient pas entièrement. Ils étaient moins grands, et, quoique très-adultes, ils n'ont jamais Acquis plus de trois pieds de longueur stfns la queue, et plus de dix-huit pouces de hauteur; la queue avoit au moins vingt pouces. Le bout du museau étoit blanc, comme le dessous de la mâchoire inférieure, et les taches noires et blanches He la iace, dont parle M. d'Acara, étoient peu apparentes dans les individus que j'ai examinés. Lorsqu?ils étoient jeunes, ils étoieii t "ouverts de taches d'un fauve plus foncé que leur pelage, et à opeu près semblables, pour la forme et pour le nombre, à celles de la paathère. Ces taches ont en partie disparu avec l'âge, et c'est sur les pattes de derrière qu'elles se sont conservées le plus long-temps. Leur pupille étoit ronde;

Ces animaux, extrêmement doux, surtout pour leurs gar- diens, avaient* comme le dit M. d'Azara de ceux qu'il a vus, otoutes les habitudes de nos chats domestiques.

UOcvLOT .Felis pùrdalis, Linn. ; BufiF., v. XIII, pl. 35 et 56. îe Chibioouazoü de d'Azara. L'ocelot est une des plus jolies espèces de ce genre. Sa longueur est de trente-quatre pouces environ, sans la queue qui en a douze, et sa hauteur à peu près,de dix-huit. Le fond de feon pelage, gris-rousi^tre sur le *dos, est marqué dé bandes longitudinales noires de chaque "été de l'épine, et fauves bordées de noir sur les côtés ¿ la "queue, blanche en-dessous, a des taches noires en-dessus 7 semblables'à celles du dos.

oLes parties inférieures du corps sont blanches, avec dés taches noires, plus grandes et de forme irrégulière entre les

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pattes de devant ; la nuque a quatre bandes noires qui côm~ mencent entre les oreilles et descendent sur le cou ¡ le der- rière des oreilles est noir, et l'intérieur blanc. De la partie postérieure de l'œil naît une bande noire qui s'unit, au-dessus de l'oreille, avec une autre bande qui vient des moustaches. M. d'Azara, de qui nous tirons cette description, observe que ces couleurs varient, qu'elles ne sont pas aussi marquées sur tous les individué, et que l'on trouve des chibigouazous plus petits les uns que les autres.

Ces animaux s'apprivoisent aisément, et ont toutes lestmœurs du chat domestique. Ceux que M. d'Azara a vus déposoieni leurs excrémens .dans l'eau qu'on íeur donnoit à boire. Ils sont très-difficiles à prendre, se tiennent cachés dans les broussailles les plus épaisses, et ne sortent; queja nuit. Leurs yeux ont la pupille alongée, comme je, m'en suis assuré sur un individu qu'a possédé notre Ménag?rie" Il paroit que le mâle et la femelle vivent dans le même canton, et que celle- ci met bas deux petits. Ce sont des animaux qu'on rendroit très-aisément domestiques. M. d'Azara en a vu un qui étoit libre, quiaimoit son maître, et qui ne cherchoit point à s'é- chapper: il n'avoit conservé de son premier état que le goût de la rapine. L'ocelot se rencontre abondamment àu Paraguay.

M. G. Cuvier pense, contre l'avis {le M. d'Azara, qu'on de- vroit regarder comme une espèce différente de celle que nous venons de décrire, le tlatco-acelotl de Hernandez, qui se dis- tingue par des taches plus petites et plus nombreuses que celles du chibigoûazou. Ce seroit cette espèce que Buffon auroit représentée sous le nom de jaguar, torn. IX, pL 18, et Suppl. III, pl. 39 ; Schreber, dans sa planche Cil ; et Penn^pt, dans sa planche XXXI, fig. 1. Cette espèce seroit plus commune au Mexique.

Le LYNX DU CANADA : Felis canadensis, Geoff.; Buff., SuppL III, p. 44*#La longueur de cet animal est d'environ deux pieds et demi, et sa queue a quatre .pouces ; mais la longueur des poils la fait paroître plus courte. Ses mœurs sont celles de tous les chats. Les adultes sont d'un'gris blanchâtre en-:dessu", quelquefois sali par une teinte jaunâtre ; la queue est grise à sa base, et noire à son extrémité ; le dessous du corps est blanchâtre, ainsi que la fape intérieure des membres. Lesp^ils o o

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Ant remarquables par leur longueur et leur épaisseur, et donnent, à cet animal un air lourd et trapu qui s'écarte un peu de la physionomie caractéristique des espèces de ce genre. Les individus jeunes ont quelques taches brunes, parce que les petits naissent vraisemblablement tachetés. Les oreilles sont terminées'par un long pinceau de poil, ce qui lui a faii donner le nom de lynx. Cette espèce se trouve d ans l'Amérique septentrionale.

Le CHAT cERVifin : Felis rufa, Guld. ; Schreber, p. 109. Cette espèce est un peu plus petite que la précédente ; sa tête et son dos sont roux-foncé, avec de petites mouchetures d'un brun noi^ ràtre ; sa gorge est blanchâtre ; sa poitrine et son ventre sont d'un Wane roussâtre, et les membres de la couleur rousse du dos, avec des ondes brunâtres légères ; la lèvre supérieure a quelques lignes noires sur un fond blanc roussâtre ; le nez est aussi roussâtre, et il y a un peu de blanc autour de l'œil; les qreilles sont terminées par un pinceau de poil.

Cette description est celle qui a été faite par M. G. Cuvier, sur l'individu du Muséum. La queue a cinq à six pouces de long. Cette espèce paroit moins s'avancer vers le nord que la poécédente.

Le SERVAZ : Felis serval, Linn.; Ménag. du Mu£, in-foh On connoissoit cette espèce de chat depuis fort long-temps; les académiciens en avoient donné une bonne figure sous le nom de chat-pard , et c'est peut-être cette espèce que Bufion .a décrite aussi sous le nom de serval : mais il le croyoit des Indes orientales, et on n'avoit eu aucun renseignement sur la patrie de l'individu que notre Ménagerie a possédé , et que M. G. Cuvier fait connoître dans la description des animaux de cet établissement. Les académiciens avoient aussi laissé ignorer la patrie de leur chat-pard. C'est à M. d'Azara qu'on doit de savoir que le serval dont nous parlons ici est origi- naire de l'Amérique méridionale , et particulièrement du Brésil. Sa taille est celle du chat sauvage, et il en a aussi les goûts, les mœurs, les habitudes. Sa couleur est fauve en- dessus, et le dessous du corps est blanchâtre ; de nombreuses taches noires sont répandues partout. La queue descend jusqu'au talon; sa longueur est de neuf pouces : quant à la ¿auteur, elle est comme le reste du corps ; le bout en-est noir.

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L'individu qu'a possédé la Ménagerie , ¿toit très-féroce ; avoit appartenu à des montreurs d'animaux qui s'étoient plu à l'irriter, comme il leur arrive toujours, dans l'espoir d'ex- citer davantage la curiosité publique.

L'IAGUARONDI : Felis jaguarondi; d'Azara, Voyage , pl. X. Il a environ trente pouces de longueur, et sa couleur est par tout le corps d'un noir brun, à reflets blanchâtres. Les poils sont alternativement annelés de noir et de blanc. La queue descend jusqu'au bas des jambes. Il paroîtroit, d'après ce que dit M." d'Azara, que la'pupille conserve toujours la iorme d'un disque. Cet animal habite les bords des forêts, et a toutes les mœurs des petites espèces de chats.. "

Le MARGÜAY * Felis tigrina, Linn. ; Buffon , tom. XIII t pl. 38. Cette petite espèce, dont la longueur ne va guère au-delà d'un pied, est gris jaunâtre en-dessus, blanchâtre en-dessous, avec des taches noires alongées. On voit pur sa tête deux lignes brunes qui vont des yeux à l'occipuj. La queue est annelée irrégulièrement de noir et de fauve. Il se trouve dans l'Amérique méridionale.

L'EYRA ,* Felis eyra. C'est encore à M. d'Azara que les natu- ralistes doivent la connoissance de cette petite espèce de chat, dant la longueur ne va pas au-delà de vingt pouces j la queue en a onze. Tout le pelage est d'un roux-clair, excepté la mâchoire inférieure, une petite tache de chaque côté du nez, et les moustaches qui sont blanches. Ses mœurs et ses habitudes sont celles des chats domestiques. Les femelle" mettent au monde deux ou trois petits.

Le PAJEROS ou PAMPA ; Felis pajeros. Son corps a vingt pouces environ de longueur, et la queue dix. Son pelage doux est remarquable par sa longueur ; il est d'un brun-gris très-clair en-dessus et blanc en-dessous. On voit sur le dos et les côtés des bandes brunes longitudinales, et sur les parties inférieures des bandes transversales, également brunes ; mais toutes ces taches sont très-peu sensibles. Ce chat paroît ha- biter de préférence les climats tempérés de l'Amérique méri- dionale. M. d'Azara dit ne l'avoir jamais rencontré en-deçà du 3o.e degré. Il habite les lieux découverts.

On trouve encore beaucoup d'autres chats indiqués comme appartenans à l'Amérique j mais, n'étant point décrits compa^

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rativementavec lrçs autres, et n'ayant jamais été figurés, tout ce que^nous pourrions en dire auroit assez peu d'intérêt.

Ainsi M. d'Azara parle d'un chat de la grandeur de notre chat domestique, qui est entièrement noir. Molina désigne un chat fauve , couvert de petites taches noires, auquel ii donne le nom de guigna; et il nomme colo-colo un ^utre chat blan- châtre, avec des taches irrégulières, noires et fauves.Buffon a donné, dans ses Supplémens,.tom. III, planche 45, la figure d'un grand chat qu'il nomme chat sauvage de la Nouvelle- Espagne, dont le pelage est blanchâtre et tacheté de noir. Le même auteur page d'un chat de la Caroline qui a des rapports avec le serval, et Pennant a décrit un chat de montagne qui ressemble aussi au felis tigrina. De nouvelles observations sont nécessaires pour faire connoître l'histoire de ces animaux, dont l'existence, comme espèces particulières, est encore conjecturale.

CHATS FOSSILES. M. G. Cuvier a reconnu, parrçii les fossiles qu'on trouve dans "quelques cavernes de Franconie, et prin- cipalement dans celles de Gaylenreuth, des os qui paroissent avoir plus de rapports avec ceux du jaguar, qu'avec ceux d'aucune autre espèce de chat.

CHAT. Ce nom a souvent été donné, accompagné d'un autre nom, à diverses espèces#du genre Chat et à des mammifères étrangers à ce genre. Ainsi, on a nommé CHAT BISAAM et CHAT DE CONSTANTINOPLE, la genette; CHAT MUSQUE, la civette : CHAT EPINEUX, le coendou ; CHAT-MARIN, un phoque ; CHAT VOLANT et CHAT-SINGE-VOLANT , ungaléopithèque, etc.; et l'on a appelé CHAT A CRINIERE, le guépard; CHAT-PARD, le serval; CHAT A OREILLE NOIRE, le caracal, etc. (F. C.)

CHATA. (Ornith.) Voyez CATA. (CH. D.)

CHATAF. ( Ornith.) Les Hébreux désigno^nt sous ce nom et sous ceux de chatas et chauras, les hirondelles considérées génériquement. (CH. D.)

CHATAIÇNE (Bot.), fruit du châtaignier. On donne ce nom à d'autres graines qui ressemblent à la châtaigne ordi- naire, soit par la substance farineuse ou pâteuse qu'elles con- tiennent, soit par la nature coriace de leur enveloppe intime. Ainsi; la mâcre, ¿rapa, que l'on mange, est nommée châ- taigne d'eau, châtaigne cornus, parce qu'elle croît dans l'eau,

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et que son fruit est entouré de quatre poiates ou cornes. Le brabey, brabeium., est la châtaigne sauvage du cap de Bonne- Espérance, Une espèce d'acacia, mimosa scandens, à gousses très-grandes et à graines orbiculàires comprimées, souvent larges de deux pouces , et couvertes d'une peau solide et coriace, que lVm connoît sous le nom de cœur de saint Thomas, porte aussi celui de châtaigne de mer. On nomme châtaigne du Brésil, des graines contenues dans le fruit d'un grand arbre de l'Amérique méridionale, décrit par MM. Hum- boldt et Bonpland, sous le nom de bertholletia, et rappelé dans le Supplément du quatrième volume 4e ce Dictionnaire. (J.)

CHATAIGNE D'EAU. (Bot.) Voyez MACRE. (L. D.)

CHATAIGNE DE MER. (Echinod.) C'ait le nom que, par suite d'une ressemblance assez grossière, on donne , dans plusieurs provinces de la France, aux oursins. (DE B.)

CHATAIGNEDE TERRE. (Bot.) Voyez TERRE-NOIX. (L. D.)

CHATAIGNE NOIRE. (Entàm,) Geoffroy a désigné sous ce nom un petit insecte noir, voisin des criocères, dont le cor- selet et les élytres sont hérissés d'épines. Voyez HISPE -NOIRE. (C.D.)

CHATAIGNIER (Bot.), Cas tanea, Tourne f, genre de plantes dicotylédones., apétales diclines, de la famille des' amenta- cées, Juss., et de la monoéciepolyandrie, Linn., dont les princi- paux caractères sont les suivans: fleurs monoïques, disposées en chatons très-alongés, grêles; quelques femelles occupant ta base du chaton, et les fleurs mâles garnissant le reste de son étendue. Chaque fleur mâle en particulier, est composée d'un périanthe à cinq divisions,- et de douze étamines ou environ. Chaque fleur femelle présente un périanthe d'une seule pièce, denté au sommet, tout hérissé en dehors d'écailles subulées *, trois ovaires si^érieurs, dentés à leur sommet, et terminé s chacun par six à huit styles. Le péricarpe est formé par le pé- rianthe, qui prend*de l'accroissement après la floraison, et qui renferme ûne à trois noix, vulgairément nommées châ- taignes, contenant chacune une seule graine farineuse.

Ce gtínre ne renferme que deux espèces, qui forment des arbres ou des arbrisseaux à feuilles simples et alternes.

î.* CHATAIGNIER COMMUN : Castanea vulgaris, Lam., Dict.-enc.* i, p. 708; Nouv. Duham., 3*p. 66, t. 19, Cette espèce eçt-uu

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grand árbre dcfht ltí troné devient souvent très-gros. Ses ra- meaux sont garnis de feuilles alternes, oblongues-lancéolées, pétiolées, glabres des deux côtés, luisantes en-dessus, bordées de grandes dents aiguës : ces feuilles sont longues de cinq à sept pouces, ét larges d'un pouce et demi à deux pouces. Les chan- tons naissent dans les'aisselles des feuilles supérieures des jeunes rameaux; ils sont grêles, presque aussi longs que les feuilles* Le pollen qui s?échappe des nombreuses fleurs mâles est abon- dant, et répand une odfcur forte. Aux fleurs femelles qui, en petit nombre, garnissent la partie inférieure de chaque cha- ton, succèdent des - fruits arrondis, hérissés de nombreuses pointes piquantes, et contenant chacun une, deux ou trois châtaignes. Les fleurs de cet arbre paroissent au commence- ment de l'été, et ses fruits sont mûrs vets le milieu de l'au- tomne.

Le châtaignier commun croît naturellement dans les forêts d* l'Europe, principalement dans les lieux montagneux, et il se retrouve dafts une grande partie des Etats - Unis d'Amé- rique. On en connoît deux variétés principales, l'une qui est l'arbre sauvage venant spontanément dans leàbois, et une autre dont les fruits, améliorés par la culture, sont récoltés comme alimentaires. Cette dernière variété présente elle-même plu- sieurs sous-variétés qui ont reçu chacune un nom particulier dans les pays où l'on cultive beaucoup de châtaigniers, et dont la plus estimée est celle dont la châtaigne, connue sous le nom de marron, est très-peu ou point du tout aplatie, presque en- tièrement ronde, grosse, et d'une saveur très-agréable.

Au temps de Pline, les Romains connoissoient déjà huit variétés de châtaignes qui portaient toutes des noms différens, et dont les meilleures venoient de Tárente et de Naplesi Selon le même auteur, les premières châtaignes étoient originaires de Sardes, ce qui ne doit s'entendre que: de celles améliorées par la culture : c'est de là que le nom de- glands sardièns leur avoit été donné pár les Çrecs ; et ceux-ci appelèrent même par la suitçlands de Jupiter ceux de ces fruits que la culture avoit le plus perfectionnés. Cependant il paroît que les châ- taignes étoient peu estimées .à Rome, et Pline, à ce sujet* trouve surprenant qu'on* fît si peu de cas d'un fruit que la nature avoit pris tant de soin de mettre à couvert. On prc-

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féroit d'ailleurs les manger rôties que cuîtes"de toute autre manière, et dans les temps de disette on les réduisoit en farine pour en faire une sorte de pain.

Le châtaignier occupe un des premiers rangs parmi les arbres de nos forêts ; il a un port majestueux, et parvient quelquefois à une grosseur prodigieuse. D'après le témoignage de plusieurs voyageurs, il existe un arbre de cette espèce sur le mont Etna, en Sicile-, qui surpasse, $ous le rapport de la grosseur, tous les autres végétaux connus, même les baobabs d'Afrique. Jean Houel (dans son Voyage, fait en 1776, aux îles de Sicile, de Malte et de Lipari, vol. 2, pag. 79, pl. 114) a donné ainsi qu'il suit l'histoire et les dimensions de cet arbre merveilleux: " Nous partîmes d'Aci-Reale pou* aller voirie

châtaignier qu'on appelle des cent chevaux Nous

passâmes par Saint-Alfio et Piraino, où les arbres sont com- muns, et où l'on trouve de superbes futaies de châtaigniers. Ils viennent très-bien dans cette partie'de l'Etna, et on les*y cultive avec soin : on en fabrique des cercen de tonneaux , dont on fait un commerce assez considérable.... La nuit n'étant pas encore venue, nous pliâmes voir d'abord le fameux châ- taignier, objet de notre voyage. Sa grosseur est sifort au-dessus de celle ées autres arbres, qu'on ne peut exprimer la sensa- tion qu'on éprouve en le voyant. Après l'avoir bien examiné, je commençai à le dessiner.... Je continuai le lendemain à la même heure, et je le finis totalement d'après nature, selon ma coutume. Lfi représentation que j'en donne est un portrait lidèle. J'en ai fait le plan, afín lie démontrer la possibilité qu'un arbre ait cent soixante pieds de circonférence. Je me iis raconter l'histoire de cet arbre par les sâvans du hameau.

" Cet arbre s'appelle châtaignier des cent chevaux, à cause de la vaste étendue de son ombrage. Ils me dirent que Jeanne d'Aragon, allant d'Espagne à Naples, s'arrêta en Sicile, et vint visiter l'Etna, accompagnée de toute la noblesse de Catane ; elle étoit à cheval, ainsi que toute sa suite. Un orage survint ; elle* se mit sous cet arbre, dont le vtste feuillage suffit pour mettre à couvert de la pluie cette reine et tous scs cavaliers. C'est de cette mémorable aventure, ajoutent-ils, que l'arbre a pris le nom de châtaignier des cent chevaux ; mais les savans qui ne sont point de ce hameau prétendent

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que jamais aucune Jeanne d'Aragon n'a visité l'Etna, et ils sont persuadés que cette histoire n'est qu'une fable popu- laire.

" Cet arbre si vanté, et d'un diamètre si considérable, est entièrement creux, car le châtaignier est comme le saule: il subsiste par son écorce ; il perd en vieillissant ses parties intérieures, et ne s'en couronne pas moins de verdure. La cavité de celui-ci étant immense ,* des gens du pays y ont construit une maison où est un four pour fàire sécher des châtaignes, des noisettes, des amandes, et autres fruits que l'on veut conserver : c'est un usage général en Sicile. Souvent, quand ils ont boin de bois, ils prennent une hache, et ils en coupent à l'ai£pe même qui entoure leur majson ; aussi, ce châtaignier est dans un grand état de destruction.

" Quelques personnes ont cru que cette masse étoit formée de plusieurs châtaigniers qui , pressés les uns cfentre les autres, et ne conservant plus que leur écorce, n'en paroissent qu'un seul à des yeux inatten life. Ils se sont trompés ; et c'est pour dissiper cette erreur que j'en ai tracé le plan géométral. Toutes les parties mutilées par les arft et la main des hommes m'ont paru appartenir à un seul et même tronc; je l'ai mesuré avec la plus grande exactitude, et je lui ai trouvé cent soixante pieds de circonférence. *

L'attention et le soin avec lesquels le voyageur cité décrit cet arbre, et l'inspection de la figure qu'il en a donnée, ne permettent pas de supposer qu'il soit formé de la réunion de plusieurs troncs; et, ce qui doit surtout faire croire le contraire, c'est que Houel dit positivement qu'on trouve dans les environs plusieurs autres arbres de la même espèce, très-beaux et très-droits, qui ont trente-huit pieds de tour, et qu'un d'eux en a jusqu'à soixante-quinze. Quel âge peuvent avoir de tels arbres ? c'est ce qu'il est bien difficile d'éclaircir: en supposant, toutefois, que chaque année leurs couches concentriqueS'Se soient accrues d'une ligne en épais- seur, ce qui est peut-être beaucoup trop (car on sait que, lorsque les arbres ont acquis une certaine grosseur, leur accroissement se ralentit extraordinairement), le châtaignier aux cent chevaux auroit trois mille six cents à quatre mille ans ¿ mais il est probablement beaucoup plus Vieux.

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Le plus gros châtaignier queà'on connôisse en France, paroft être celui qui existe dans le département du Cher, près de Sancerre : cet arbre a trente pieds de circonférence à hauteur d'homme. Il y a six cents ans, dit-on, qu'il portoit déjà le nom de gros châtaignier. On lui suppose millé ans dràge. Son tronc est parfaitement sain, et il rapporte, chaque année, une quan- tité immense de fruits. .

Le châtaignier étoit Autrefois, dit-on, plus commun en Franc'e qu'il né lfest aujourd'hui. On en trouve encore dqp forêts dans les Vosges, le Jura, les montagnes des environs de Lyon, les Pyrénées, les Cevennes, le Limousin, et le Périgord. Les collines sablonneuses des environs d e Paris en sont couvertes.

Cet arbre se plaît sur le penchant des coteaux, dans les terres légères et caillouteuses qui ont beaucoup de fond ; il languît dans celles dont le tuf est à deux ou trois pieds de profondeur, et il ne peut venir ni dans un sol marécageux ni dans celui qui est calcaire.

Le.châtaignier ne se multiplie que de graines; on n'est pas dans l'usage aujourd'hui de le provigner, ainsi ^u'il paroît qu'on le faisoit au ternes de Pline. On sème les châtaignes ou pour former des taillis et des forêts , ou pour faille des pépi- nières destinées à fournir des sujets pour greffer les meilleures variétés, dont on fait usage comme alimentaires.

Lorsqu'on veut convertir en un bois de châtaigniers un ter- rain inculte, il faut commencer par couper toutes les brous- sailles , par arracher toutes leurs racines, *et ftmeublir ensuite la terre par deux labours profonds, dont le dernier se fait au' moment de pratiquer le semis. Il y a deux époques pour semer les châtaignes: la première pendant l'automne, peu de temps après la maturité du fruit, et la seconde à la fin de l'hiver, lorsque les plus fortes gelées sont passées. En semant en au- tomne, on a à craindre les mulots, les campagnols, qui sou- vent font un grand ravage dans les semis pendant l'hiver; maïs cependant cette époque est plus favorable, parce qu'elle est plus naturelle : en outre elle dispense du soin de mettre les châtaignes en jauge dans du sable, où l'on en perd beaucoup , parce qu'elles y moisissent ou se dessèchent, ou que, venant à germer, elles denuftident par suite plus de précaution, au moment de les mettre en terre, afin de ü'en pas briser le germe.

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On doit toujours choisir pour semer les plusjgrosses et les meil- leures châtaignes. On les place de trois suions en trois sil- lons, a la distance de trois pieds, deux ou trois ensemble, et lorsque tout le champ est convenablement garni de semences, on y fait passer ^la Herse afin de les reçouvrir de terre. Les sarclages et les binages sont indispensables pendant les deux ou trois premières années, afin d'extirper les mauvaises herbes, et les empêcher ¿'étouffer les jeunes semis. Au bout de trois ans la plantation ne demande plus d/e. soins particuliers : les arbres sont assez forts. .

Pour faire une pépinière de châtaigniers, il faut choisir un emplacement dont la nature du sol leur, convienne, et qui soit^ptant que possible, abrité des yents par des haies viveaoou par des arbres. On dispose le terrain par planches de six à sept pieds de largeur, après l'avpir rendu bien meuble par des labours suffisans. On traçe ensuite, à six pouces les unes des autres, de petites rigoles de deux pouces et demi à trois pouces de, profondeur; on y plgçe Jes châtaignes une à une, en leécartant de trois poucesJes unes des autres, et on les recouvre de terre au moyen du râteau. Avec les soins ordinaires pour les pépinières, le semis peut rester en place pendant .deux ans ; mais, à la fin, de la seconde année, les jeunes châtaigniers ont besoin d'être transplantés ¿ans une autre partie de la pépipière,,, où on, les place à deux pieds les uns des autres en tout sens., C'est là qu'ils doivent rester quatre ou cinq ans, jusqu'à ce qu'il* aient acquis assez dè force pour être plantés à demeure.

.. Les châtaigniers ¿ont bons àmneUre en pla^e quand ils ont acquis sept à huit pieds de haut, et cinq à six pouces de tour par le bas. Css arbres sont nature à prendre un grand4accroissement, et doivent être plantés à des distances proportionnées à l'étendue des. rameaux qu'ils pourront avoir un jour ; çe n'est; pas trop de les mettre à trente^ ou qua- rante pieds les iin des .autres. Quai\d.on doit les greffer^ il,faut leur, couper la , téte qp les plantant, parce qu'on obtient patvlà un nouveau jet de jeune bois syr lequel U,est .phis facile de pratiquer la greffe ea flûte, seule espèce de ^rçffe*qui soit en usage pour les châtaigniers. Ceux qu'on ne greffe .point s'élèvent davantage; ils atteignant à la hauteur

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à terre, où il faut avoir le soin de les ramasser touà les jôu$i pour les mettre en tas jusqu'à ce qu'on les serre au grenier * mais les fruits recueillis de cette manière ne sont pas garde. Pour avoir les châtaignes long-temps fraîches, il vaut mieux les abattre doucement à coups de gaule, un peu avant leur maturité; elles tombent alors avec leur hérisson , et on les met en tas jusqu'à ce que celui-ci s'ouvre pour laisser sortir le fruit.

Les plus belles variétés de châtaignes, connues sous le nom de marrons, se mangent après qu'on les a fait cuire dan* une poêle percée de trous , et exposée à la chaleur -d'un feu clair ; grillées de cette manière, on les sert sur les meilleures labiés. Les confiseurs en font confire; ou glacer au sucre. Plus simplement, on le* fait rôtir sou$ la ceindre chaude, ou bouillir dans l'eau. Ce n'est ordinairement que les moindres variétés qu'on prépare de cette manière, et dont le peuple fait la principale consommation.

Les meilleurs marrons viennent du Pauphiné et des environs * du Luc en Provence. ,

Dans le Limousin , où les châtaignes servent d'aliment ; à une grande partie des habitaus des.campagnes, on a, de temps immémorial,. un procédé particulier pour les prépare^ et les faire cuire. On enlève d'abord avec un cputeau, l'enveloppe > extérieure qui est coriace, et qui se détache assez facilement par parties. On remplit ensuite d'eau jusqu'à moitié 9 une grande marmite de fpnte mise sur le feu; et lorsque l'eau est bouillante, on y jette 1 es châtaignes pelées dès la veille , .afin de leur.enlever la seconde peau qui est très-adhérente à; leur substance, et qui est comme'troHée dessus, parce qu'elle s'insinue dans les fentes creusées dans la surface de cre fruit. On laisse la marmite sur le feu en remuant les châ- taignes avec une écumoire jusqu'à ce que l'eau chaude ait pénétré la substance de cette peau, qu*on appelle tan, et jusqu'à ce qu'elle aif produit un gonflement qui détruit son adhjécençe au corps/le la, châtaigne. Lorsqu'en comprimât les châtaignes entre lçs doigts elles s'échappent p^r la com- ^ressiofi . en se dépouillant de tout leur tan sans autre effort , on retire, la marmite du feu, et on les remue au moyen d'un ^nsÿupeu,t. dç bois nommé déboiradour 7 et qui est composé

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de deüx barres de bois attachées en forme de croix de saint André, au milieu de leur longueur, par une cheville qui laisse aux bras de ces barres la mobilité qu'ont les branches d'une paire de ciseaux; de manière que, les deux bras infé- rieurs de l'instrument étatit enfoncés au milieu des châtaignes, on les remue fortement en tous sens, en tournant, ouvrant ou fermant avec les deux bras supérieurs du déboiradour, qui restent au dehors de la marmite. Par le moyen de ces mouvemens réitérés, les châtaignes se dépouillent du tan qui les couvroit celui - ci s'élève au - dessus , et s'accumule le long des parois intérieures de la marmite, tout autour des bords. Dans cet état on les retire avec une écumoire, en en mettant à mesure une certaine quantité sur une sorte de crible à large voie, formé de lattes fort minces d^ lîois de châtaignier, entrelacées les unes dáns les autres. En les agitant sur ce crible * elles achèvent de se débarrasser de leur tan ; et en les lavant enfin dans de l'eau froide, on les dé- pouille totalement de ce qui pouvoit leur en être resté, et on leur enlève une grande partie de l'amertume qu'elles avoient prise dans la première eau"

Après toutes ces manipulations, les châtaignes sont blan- chies, et il ne reste plus qu'à les faire cuire* Pour procéder à leur cuisson > on les remet dans la marmite sur le feu avec une Certaine quantité de nouvelle eau, et on les fait bouillir pendant quelques minutes , ce qui suffit pour avancer beau- coup leur cuisson, et achever d'extraire la partie amère dont elles sont imprégnées. On verse alors l'eau qui est encore colorée et amère, en inclinant la marmite et en retenant les Châtaignes avec le couvercle ; et on achève de les faire tota- lement cuire , en laissant sur un feu très-doux la marmite, dont on garnit le couvercle avec du linge pour concentrer la chaleur* Par cette dernière opération, les châtaignes per- dent l'eau surabondante qui les pénétroit, et elles acquièrent un goût et une saveur que n'ont point celles qui ont été cuites dans l'eau avec toutes leurs peaux, et mêmes celles qui l'ont été sous la cendre.

La châtaigne est un aliment sain* Dans plusieurs parties de la France, comme le Limousin, le Périgord, les Cévenne* et Tile de Corse, les habitans des campagnes et la classe in" %. 16

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digente en font presse leur unique nourriture* Il en est de même dans les montagnes des Asturies en £spagne, dans quelques cantons de la Sicile, et dans les Apennins en Italie. Desséché et broyé, ce fruit est aussi employé pour nourrir les bestiaux et pour engraisser la volaille. '

La châtaigne, dépouillée de ses écorces, est formée de trois substances principales : i.° une grande quantité d'amidon;

2.0 un gluten analogue à celui des plantes céréales ¡ 5.° une substance sucrée. Cette dernière y est même en assez grande quantité pour que, lorsque le sucre des colonies étoit, il y a quelques années, porté à un si haut prix dans une grande partie de l'Europe, plusieurs essais faits pour chercher à re- tirer du sucre des châtaignes, eurent assez de succès pour faire cftire qu'il pourroit être avantageux de fabriquer de ce sucre* surtout suivant le procédé de M. Guerrazzi, de Florence, qui étoit parvenu à l'extraire du fruit, sans altérer la partie farineuse et nutritive de celui-ci.

La première enveloppe de la châtaigne pourroit être em- ployée dans la teinture en noir; elle y remplaceroit jusqu'à un certain point la noix de galle. La seconde peau est amère *et astringente.

Dans les Cévennes on fait dessécher les châtaignes dans des bàtimcns disposés exprès, et dans lesquels sont pratiquées de grandes claies sur lesquelles on peut mettre à la fois cent vingt à cent trente setiers de châtaignes, du poids de cent livres chacun. On allume sous ces claies un feu qu'on arrange de manière à ce qu'il produise beaucoup de fumée, afin que celle-ci, en perçant à travers les châtaignes, puisse leur com- muniquer la chaleur qui doit en opérer la dessiccation. Pen- dant les premiers jours, on entretient un feu doux ; on l'aug- mente ensuite par degrés jusqu'au neuvième ou dixième jour, qu'on retourne les châtaignes avec une pelle; et on continue ensuite à gouverner le feu de la même manière , jusqu'à ce qu'on soit assuré que les châtaignes sont bien sèches. Lorsqu'elles sont parvenues à l'état convenable, on les retire de dessus la claie , et on les bat pour les dé- pouiller de leurs enveloppes. C'est dans de grands sacs de forte toile, pouvait contenir environ vingt setiers à la fois, qu'on met les châtaignes pour leur f^ire subir cette opéra-

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tion ; et deux homme" avec un bâton chacun, frappent suc le sac suffisamment de coups pour briser l'écorce extérieure, et détacher en même temps la peau intérieure. Le sac dans lequel on jnet les châtaignes pour les battre, doit être aupa- ravant trempé dans l'eau , pour empêcher qu*il ne soit déchiré par le battage. Quand celui-ci est terminé, on vanne les châ- taignes pour les séparer entièrement des débris de leurs en- veloppes, et ensuite on les serre pour s'en servir au besoin. Ainsi préparées, elles peuvent se conserver d'une année à l'autre.

En Corse,.on est aussi dans l'usage de faire sécher les châ- taignes , et on en opère la dessiccation, à peu de chose près', de la même manière que dans les Cévennes : mais , comme les Corses en préparent une sorte de pain, ils les font moudre att moulin, ce qui oblige de les passer auparavant dans un four, quelque temps après en avoir retiré le pain, afin de les priver de toute espèce d'humidite qui pourroit s'opposer à leur con* version en farine.

Le pain fait avec de la farine de châtaignes a une savéur douce et agréable ; il se digère facilement, et peut se con- server quinze jours et plus. Mais, selon Parmentier, ce pain des Corses n'a aucune des qualités qu'on exige dans celui de grain ; il n'a point la même fermeté ; on ne parviendra ja- mais, quelque apprêt et quelque forme qu'on lui donne, èC en faire du pain levé, et ce n'est tout au plus qu'une galette, d'ailleurs fort utile pour les gens de la campagne qui n'en ont pas d'autre. %^ÊÊIÊÊÊ^- '

2. ° Chataigniebl nain : Castanea pMpg^Lam., Diet, ene.,

i, pag. 709 ; Mich., Arb. Amer., 2-, p./166, pl. 7 ; vulgaire- ment chincapin. Cette espèce , qui appartient exclusivement à l'Amérique septentrionale, présente des dimensions fort différentes, selon le climat sous lequel elle croit. Dans les parties du nord des Etats-Unis, dans les terrainsspes et arides, elle n'est, pour ainsi dire , qu'un arbrisseau qui parvient ra- rement à plus de sept à huit pieds de haut, tandis que dans la Caroline méridionale, la Georgie et la basse Louisiane, où le sol est frais et fertile, elle s'élève quelquefois à trente et quarante pieds de hauteur, sur douze à quinze pouces de diamètre: il est vrai cependant qu'elle reste le plus souvent ¡au-dessous dç ces proportions. Ses feuilles sont longues' dé

.16.

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trois à quatre pouces, oblongues-lancéolées, courtement p tiolées, glabres en-dessus, légèrement cotonneuses et blan- châtres en-dessous, bordées dè dents obtuses. Ses fleurs sont d^poséescomme dans le châtaignier commun, mais moitié plus petites. Les péricarpes sont arrondis, hérissés d'épines, et ne renferment qu'une seule châtaigne, qui n'est guère plus grosse qu'une, noisette sauvage, et qui a une saveur très-douce.

Le bois de chincapin a le grain plus fin et plus serré que celui du châtaignier ordinaire ; il est aussi plus pesant, et il a probablement, encore plus que lui, la propriété de résister long-temps à la pourriture : mais, comme on en trouve rare- ment de gros morceaux, il est fort peu en usage. Le chincapin est cultivé en Europe, dans les jardins de botanique et che* quelques amateurs, comme objet de curiosité. On a essayé de le greffer par approche sur le châtaignier ordinaire ; mais il est rare qu'il y réussisse. (L. D.)

CHATAIGNER DE LA GUIANE. (Bot.) Dans quelques can- tons de cette contrée, on donne ce nom au pachirier, pachira aquatica, Aubl., p. 726, t. 291, qui est le carolinea de quelques botanistes modernes. (J.)

CHATAIGNER DE SAINT-DOMINGUE. (Bot.) Dans cette çplonie on nomme ainsi le cupania. Le même nom est donné en Amérique au sloanea , parce que son fruit est hérissé comme l'enveloppe extérieure des fruits du châtaignier ordinaire. ( J.) CHATAIRE. (jBot.) Voyez Cataire. (J*)

CHATALHUIC (Bot.f, nom mexicain d'une casse dont les feuilles sont composées d'environ neuf paires de folioles, sui- vant la figure qu'en donne Hernandez, p. 70. Elle n'est T¡ap.portée à aucune des espèces connues ; on ne peut l'assi- miler à la casse d'Alexandrie, où casse ordinaire, qui n'a que cinq paires de folioles. ( J.)

CHAT DE MER. ( Ichthjol. ) Dans quelques pays on |onne ce nom à la chimère arctique, à cause de l'éclat dont ses yeux brillent dans l'obscurité. Voyez CHIMERE. (H. C.)

^ ^HATE ( Bot. ), Chatis. Daléchamps dit que le pastel y i satis tinctoria, est ainsi nommé chez les Arabes. Ce nom est l>ien différent de celui de Jidil-cUdjtmal, cité par Forskaël 9 pour son isatis Ægyptia. (J.)

CH ATE , Ciiatte , Qüatîb ( Bot. ) , noms arabes d'une

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espèce de concombre, eucumis choie, pour lequel Forskaël cite aussi le nom de abdelayi, et M. Delile celui de a-bd-allaouy, en ajoutant que le fruit non mûr est nommé a-ggour. (J.)

CHATELANIA.'{Bo¿.) Necker, dans ses Elémens de Bota- nique, publiés en 1791, a cru établir, sous ce nom, un nou- veau genre de plantes, déjà constitué par M. de Jussieu, en 1789 , sous le nom de drepania, et plus anciennement encore par Adanson, sous le nom de iolpis. Nous pensons , malgré l'autorité de Gærtner, que le nom de drepania doit être pré- féré , parce que, Adanson ayant très-mal caractérisé son tolpis, il est juste de considérer M. de Jussieu comme le véritable auteur du genre. (H. Cass.)

CHATEPLEUSE , ou* CHATE-PELBÜSE, ou CHATTE-PERLEUSE.

( Entom. ) Ce sont les noms vulgaires des charansons, et par- ticulièrement de la Calandrb du grain. V®yez ce mot. (C. D.)

CHATHETH, Chitira, Itica (Bot.), noms arabes du tragacantha des anciens, astragalus tragacantha, suivant Da- léchamps. (J. )

CHAT-HUANT. ( Ornith. ) Quoique cette dénomination s'applique le plus ordinairement à l'espèce de chouette qui est désignée par Linnæus sous le nom de strix stridula, plu- sieurs auteurs prétendent que la hulotte, strix aluco, est le même oiseau, et que les deux ne diffèrent qu'en ce que le premier seroit une femelle, et le second un vieux mâle. On n'examinera pas ici cette question, et l'on se bornera à faire observer que la même dénomination de chat-huant a été étendue à d'autres espèces $ qu'ainsi l'effraie, strix Jlam- 1yieoj Linn., est connue , en certains endroits, sous le nom de chat-huant plombé, ou de petit chat-huant; que le hibou, ou moyen duc, strix otus, Linn., est quelquefois nommé chat-huant cornu, et le grand-duc, strix bubo, Linn., grand chat-huant ; que le hibou à courtes oreilles , strix brachyotos, Gmel., se nomme, en Sologne, chat-huant de bruyère ; qu'en- fin le chat - huant de la baie d'Hudson se rapporte à la chouette caparaçonnée, strix hudsonia, Gmel.; le chat-huant blanc de la même baie, au harfang, strix nycteo, Linn,; le chat-huant de Canada, à la chouette funèbre, strix funerea , Linn.; et le chat-huant du Mexique, à la chouette chichictli, strix chichictli} Gmel. Voyez Chouette. (Ch. D. )

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CHATIAKELLE ( Bot. ), nom caraïbe d'une plante des 'Antilles, bidens nivea de Linnæus, maintenant metananthem hastata de Michaux. (J. )

CHATILLON, CHATOUILLE. (Ichthyol.) C'est le nom que Ton donne, dans quelques cantons de la France, à l'ammocœte lamproÿon. Voyez AMMOCŒTE. ( H. C.)

CHATINI , CHATINIE, CHATTINI (Bot. ), noms arabes de la guimauve, suivant Daléchamps. (J.)

CHAT-MARIN. (Ichthyol.) Dans plusieurs de nos dépar- temens méridionaux, on appelle ainsi la ROUSSETTE. Voyez ce mot. (H. C.)

CHATMEZICH (Bot.), nom arabe^ d'une espèce de tama- ris, suivant Mentzel. Les noms rapportés par Forskaèl sont irès-différens : le tamarix gallica est nommé hattab-achmer, et celui du Levant, atl. (J.)

CHATMIÆ ( Bot. ), nom arabe de Valcea Jîcifolia, espèce de rose-trendère , suivant Forskaël ; c'est le hhatmych de M. Delile. (J.)

CHAT-OISEAU (Ornith.) , nom donné par Catesby k l'oi- seau dont Brisson a fait son gobe-mouche bran de Virginie ? Buffon, son moucherolle de la même contrée; Linnæus, soit muscícapa carolinensis, et au^uelSonnîhi a rapporté la grive Tousse et noirâtre d'Azara. ( CH. D. )

CHATON (Bot.), Catulus, Julus, Amentum. Le chaton dont le saule, le peuplier', Faune, le noyer, le noisetier r le pin, etc., offrent des exemples, est une espèce d'ëpî dont les fleurs sont attachées à l'axe ou pédoncule commun t par ¡'intermédiaire de "bractées, lesquelles font, dans ce casr les fonctions de pédoncules particuliers. En arrachant le" bractées, on enlève nécessairement les fleurs ; c'est ce qui n'a point lieu dans l'épi proprement dit, où les bractées, lors- qu'il y en a, ont un point d'attache distinct.

Les chatons sont unisexuels : un épi unisexuel, celui âvt chêne, par exemple, prend quelquefois, à cause de l'ana- logie , le nom de chaton.

Le saule, le peuplier, le myrîca , portent les chatons mâles sur un pied, et les chatons femelles sur un autre pied ? dans le bouleau, le charme, le noisetier, le même individu porte les chatons mâles et les chatons femelles*

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Les chatons mâles sont pendans dans le bouleau, le peu* plier, le noisetier, le charme ; ils sont dressés dans les pins, les sapins, le cèdre et plusieurs saules. Ils tombent toujours après la floraison.

Les fleurs, dans les chatons mâles, ne sont ordinairement composées que d'étamines ; quelquefois les étamines sont en- vironnées d'un périanthe simple.

Les fleurs des chatons femelles, toujours munies d'un pé- rianthe adhérent, sont enfermées dans des'cupules.

Dans les chatons femelles des pins, des sapins, des mélèzes, les bractées portent à leur base une longue écaille (pédon- cule squamiforme). Les cupules qui contiennent les fleurs r sont attachées, sur ces espèces de pédoncules, dans une po- sition renversée ; car leur orifice regarde l'axe du chaton. Après la floraison, les pédoncules et non les bractées, pren- nent de l'accroissement et deviennent, des écailles ligneuses qui cachent les fruits, en se recouvrant les unes les autres f comme les briques d'un toit.

Dans les chatons femelles des cyprès, des thuyas, des gené- vriers, les cupules qui contiennent les fleurs sont dressées, et non renversées comme dans les pins; elles sont attachées immé- diatement sur les bractées, et ces bractées deviennent des écailles ligneuses (cyprès) ou succulentes ( genévrier ).

Les chatons femelles prennent à la maturité le nom de strobiles; ceux des pins, des sapins, etc., sont ordinairement connus sous celui de cônes ; ceux des cyprès, des thuyas., sous le nom de gálbulos ; et ceux du genévrier, à cause de leur consistance succulente et de leur aspect, sous celui' de baies.

L'organisation singulière des chatons femelles de pins et autres conifères, a été développée dans ces derniers temps par M. Mirbel. ( MASS. )

CHATOUILLE, ou Chatrothllb ( Malacoz. ) , nom que les marins du Hâvre et de quelques autres ports delà Manche^ donnent au poulpe commun. ( De B. )

CHATOUILLE. ( Ichthyol. ) Voyez Ch atolón. (H. C. ) CHATOYANTE. (Min,) M.Delamélherie a donné ee nom aux pierres demi-transparentes qui ont des reflets brillans et variés y en raison de l'aspect sous lequel on les voit; il place dans cette espèce de genre, Yil de chat (voyez Quarz chatoyant ),

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J'héliolite, Thecatolite (voyez FELSPATH CHATOYANT); l'œil dç poisson , voyez FELSPATH NACRE. (B.)

CHATOYANTE. (Erpét.) Razoumowski a donné ce nom à 11:1e petite couleuvre qu'il a découverte aux environs de Lau~ sanne, en Suisse. Voyez COULEUVRE. (H. C.)

CHATOYANTE ORIENTALE. (Mm.) C'est une variété de corindon - télésie, connue aussi sous le nom de saphir ail de chat. Voyez CORINDON. (B.)

CHAT-R.OCH1ER. (Ichthyol.) Plusieurs auteurs nomment ainsi une espèce de ROUSSETTE, le ROCHIER. Voyez ces mots. (H. C.)

CHATTAI-RENAY. (Dot.) Espèce de chayaver ou hedyote de la côte de Coromandel, qui est peut-être ïhedyotis parti- culata. On indique aussi sous le même nom, dans un herbier de Pondichéry, une espèce de trianlhema. (J,)

CHATTERER (Ornith.), nom du jaseur en anglais. (Ch. D.) CHATUKAN. (Ichthyol.) Quelques naturalistes disent que ce nom est donné par les Jakoutz à un esturgeon, acipenser stellatus. Voyez ESTURGEON. (H. C.)

CHATUTE-MEKÈLE (Erpétol.), nom que les Kalmouks donnent à la tortue bourbeuse. Voyez TORTUE. (H. C. ) CHAÜ. (Bot.) On lit dans le Recueil des Voyages, qu'un arbrisseau de ce nom existe dans la Virginie ; il est en buis* son, ayant le port du groseillier. Ses baies sont bonnes k manger, et leur goût est excellent. (J.)

CHAUBE. (Bot.) Suivant C. Bauhin , les Turcs nommoient ainsi la boisson qu'ils préparoient avec les graines de l'arbre qui est le bon ou ban de Prosper Alpin, le buncho d'Avicenne , le bunca de Rhazès, si connu maintenant sous le nom de caféyer. (J. )

CHAUCH. (Bot.) Voyez CHOCH, (J,) CHAUCHE-BRANCHE. (Ornith.) On appelle ainsi en Sa* logne l'engoulevent, caprimulgus curopœus , Linn., qui se nomme en Provence chauchc-crapout. (CH. D. )

CHAUCHE-POLJLE (Ornith.), nom du milan, falco mil- vus , Linn., en Champagne. ( Ch, D. )

CHAUFOUR. (Ornith.) Un des noms vulgaires du pouillot ou chantre, motacilla trochilus, Linn. (CH. D. )

CHAUG.OUN. (Ornith.) Espèce de vautour, dont M. Lc^ vaillant a donné la description et la figure dans son Ornithcu

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logîe d'Afrique , tom. I, pa g. 02 et pl. 11, vultur cjiaugoun , Daud, ( CH. D. )

CHAULIODE (Entom.) 9 Chauliodes. Sous ce nom de genre, M. Latreille a séparé, de celui des hémérobes, une espèce qui a les antennes pectinécs, et qu'on trouve à Philadelphie. Voyez HEMEROBE et STEGOPTERES. (C. D.)

CHAULIODE (Ichthyol.) , Chauliodus. M. Schneider a le premier établi ce genre de poissons qui appartient à la fa- mille des siagonotes, et que quelques ichthyologistes ont con- fondu avec les éso ces.

Ses caractères sont les suivans: deux dents achaque mâchoire, fort longues, et sortant de la bouche, de manière à se croiser sur la mâchoire opposée quand la gueule se ferme; nageoire dorsale ré- pondant à Vintervalle des pectorales et des catopes, et à premier rayon prolongé en filament.

Chauliode est un mot grec (%u\tofe;), qui indique la ma- nière dont les dents sortent de la bouche chez ce poisson.

Le Chauliode : Chauliodus Sloani, Schneider, pag. 43o ; Chauliodus setinotus, Schneid., tab. 85 j Esox stomias , Shaw ; Vípera marina, Catesby. Corps alongé, étroit; tête plus large que le tronc ; gueule largement fendue ; dents aiguës, séparées les unes des autres, courbées vers le sommet; mâchoire infé- rieure plus longue, recouvrant la supérieure ; yeux sijtués au sommet de la tête ; nageoires pectorales insérées très-bas, aiguës; catopes au milieu de l'espace qui les sépare de l'anale ; teinte générale yerte. Taille d'environ quinze pouces.

Le chauliode a été pris dans la mer qui baigne les rivages de Cadix. On en conserve un individu au Muséum britannique; un second existe dans un cabinet particulier à Londres. (H. C.)

CHAUME (Bot.), Culmus. La tige des graminées est spécia- lement désignée par lç nom de chaume. Cette tige est ordi- nairement creuse et toujours pourvue , de distance en dis- tance. de nœuds qui portent chacun une feuille dont le pé- tiole forme une graine. Voyez pour exemples le Roseau, le Blé, le Maïs. (Mass.)

CHAUMET, ou CHAUMERET. (Ornith.) L'oiseau auquel on donne quelquefois ce nom, suivantSalerne, est le bruant de haie, emberiza cirlus, Linn. ( Gh. D. )

CHAUNA. ( Ornith. ) Voyez Chaïa. ( Ch. D. )

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CHAURÀff. ( Omith. ) Voyez CHATAF. (Ch. D.)

CHAUS. (Mamm.) Il paroîtroit, d'après Pline, que les Latins donnoient ce nom, ainsi que ceux de chama et de lupus cerva- rias, à l'espèce de chat d'Europe auquel les modernes donnent plus particulièrement celui de lynx. (F. C.)

CHAUSEL. (Omith.) C'est, chez les Arabes, le pélican, pelecanus onocrotalus , Linn. ( CH. D. )

[ CHAUSSE D'HIPPOCRATE. (Chim.) C'est un sac, de forme conique, qui est fait presque toujours avec une grosse étoffe de laine blanche, plus ou moins serrée. On s'en sert parti- culièrement pour filtrer les sirops. (Ch.)

CHAUSSE-TRAPE (Bot,) , Calcitrapa.[Cinarocéphales, Juss.; Sjynge'nésiepolygamie frustranée, Linn.] Ce genre de plantes , de la famille des synanthérées, et de la tribu naturelle des centauriées, fut d'abord établi par Vaillant, puis confondu par Linnæus dans son grand genre Centaurea, ou plutôt em- ployé par lui comme sous-genre ou section de ce genre trop nombreux; enfin, rétabli comme genre par M. de Jussieu. M. Decandolle , en adoptant le genre Calcitrapa de Vaillant et de Jussieu, y a réuni les seridia de ce dernier auteur. Nous suivons son exemple, parce que les deux genres de M. de Jussieu se confondent absolument par des nuances insensibles. Nous les conservons néanmoins comme sous-genres.

Le genre Calcitrape, ou Chausse-trape, se distingue des autres genres dont se compose notre tribu naturelle des cen- tauriées, par la structure des squames* qui forment le péri- cline ; ces squames coriaces sont terminées au sommet par un appendice spinifonne, ramifié, penné dans les calcitrape^ proprement dites, palmé dans les sérïdies.

Les deux sous-genres réunis comprennent environ vingt*"- cinq espèces, dont la plupart habitent l'Europe méridionale. Nous allons faire connoître quelques-unes de celles qui croissent en France.

Premier sous-genre. CALCITRAPE,

La Calcitrapê étoilée : Calcitrapa stellata, Lam., Fl. franç.; Centaurea calcitrapa j Linn. est une plante annuelle ou bis- annuelle, très-commune pendant tout l'été, sur les bords, des chemins, surtout dans les lieux secs, stériles, pierreux.

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ou sablonneux, et que tout le monde connoît sous le nom de chausse-trape ou de chardon-étoilé. Sa tige, très-rameuse, forme une touffe étalée, arrondie, haute d'un pied environ.

Elle est anguleuse, sub-pubescente, garnie de feuilles pinna- tifides, dont les divisions sont étroites, linéaires et distantes.

Les calathides sont sessiles, terminales, environnées de brac- tées foliiformes, indépendantes du péricline; celui-ci est muni d'épines jaunâtres, très-grandes. Les corolles sont pur- purines, et les cypsèles dépourvues d'aigrette. Pendant la préfieuraison, les calathides en bouton semblent porter une étoile épineuse dont l'aspect est assez agréable.

La CALCITRAPE A DENTS DE MOULE : Calcitrapa myacantha ; Centaurea myacantha, Decand., Flor. fr. , a la tige gréfe, rameuse, foible, glabre. Les feuilles, rapprochées vers l'ex- trémité des rameaux, sont sessiles, tinéaires-oblongues, légè- rement cotonneuses, les unes dentées en scie, les autres un peu lobées vers leur base. Les calathides sont terminales, solitaires, C}'lindriques, et plus petites que dans l'espèce pré- cédente ; leur péricline est glabre, formé de squames coriaces, imbriquées, terminées chacune par un appendice corné, concave, ovale, bordé de neuf à onze dents épineuses, acérées, presque toutes égales entre elles, et analogues aux dents de la charnière des coquilles bivalves ; les corolles sont purpurines, égales entre elles, et les cypsèles sans aigrette, comme dans la chausse-trape. Cette plante bisannuelle, qui fleurit auxgnois de juillet et d'août, a été trouvée dans les environs de Paris, à Vincennes, Cachant, etc., sur les bords des fossés.

La CALCITRAPE SOLSTICIALE : Calcitrapa solstitialis, Lam*, FI* franç. ; Centaurea solstitialis, Linn. C'est une plante annuelle, qu'il n'est pas rare de rencontrer autour de Paris, où elle se fait remarquer par ses fleurs jaunes, dans les mois de juillet et d'août, sur les lieux secs, au bord des chemins et au pied des coteaux. Sa tige dressée, un peu rameuse, ailée, Jiaute d'un pied environ, porte des feuilles dont les supé* rieures sont presque linéaires; et les inférieures T assez larges, "

profondément si nuées en lyre, avec un grand lobe termi- nal. Les calathides, situées à l'extrémité des rameau*, ont le péricline globuleux, ordinairement glabre, composé de

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squames imbriquées,, terminées chacune par cinq épines, dont Tune, occupant le milieu, est incomparablement plus longue. Les cypsèles du disque sont aigrettées ; celles de la couronne sont sans aigrette.

Deuxième $ous~genre. Sbridie.

La CALCITRAPE RUDE : Calcitraba aspera; Centaurea aspera, Linn. Elle croît dans les champs et les lieux stériles de nos provinces méridionales. Ses tiges sont cannelées , rougeâtres y hautes d'un à deux pieds ; ses feuilles sont lancéolées, un peu étroites, dentées ou sinuées, et rüdes au toucher ; les calathides sont petites, composées de fleurs purpurines, en- tourées d'un péricline dont les squames portent trois ou cinq épines très-petites, rougeâtres. Les cypsèles , mouche- tées de lignes noirâtres, sont surmontées d'une aigrette très- courte. ( H. Cass. )

CHAUVE [ GRAINE ] ( Bot. ) , Calvum, muticum ( Semen ). Dans la famille des apocinées, les plantes d'une section ont les graines chevelues, et les plantes d'une autre section ont les graines dépourvues de chevelure ou chauves. L'apocin a, par exemple, les graines chevelues *la pervenche aies graines chauves. (MASS.)

CHAUVE. ( Ornith. ) Le choucas chauve, corvus calvus, Linn. 9 est décrit sous le simple nom de chauve dans les Oiseaux rares de Levaillant, pag. 108, et figuré pl. 49 du même ouvrage. Voyez Choucas chauve. ( CH. D. )

CHAUVE-SOURIS (Ichthyol.), nom vulgaire d'un poisson d'Amérique qui appartient au genre Malthée. On a aussi quelquefois appelé ainsi la mourine. Voyez JVIALTHEE et Mr- L10BATE. (H. C. )

CHAUVE-SOURIS ( Mamm.) , nom que l'on donne commu- * nément aux mammifères qui ont la faculté de voler ; aussi plu- sieurs animaux, d'espèces très-différentes, l'ont-ils reçu. Les naturalistes l'ont restreint aux mammifères pourvus d'ailes, qui out des dents d'omnivores. Voye^ CHEIROPTERES. (F. C. )

CHAUX. (Mire.) La chaux, combinée avecdifférens acides, forme la base d'un grand nombre d'espèces minérales de la classe des sels : elte entre en outre dans la composition de plusieurs espèces de pierres, et même dans celle de quelque*

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ttûnérais métalliques j mais elle ne s'y présente ni aussi abon- damment ni aussi fréquemment que la silice, l'alumine et la magnésie.

Les espèces qui appartiennent à ce genre, sont les sui- vantes, dont nous présenterons l'histoire dans l'ordre alpha- bétique.

Nomenclature caractéristique. Nomenclature binôme usuelle.
Chaux 1. Native.
2. Nitratée.
3. Sulfatée gypse.
4. Sulfatée anhydre..... anhydrite*
5. Carbonatée rhomboïdale. calcaire.
6. Carbonatée octaédrique ; arragonite.
7.Phosphatée, « phosphorite.
8. Fluatée........... fluor.

Les numéros placés en avant dé chaque espèce les feront reconnoitre et en rappelleront le rang lorsque ces espèces vont être confondues entre elles et avec les mots de renvoi" et les synonymes par l'ordre alphabétique.

i.re Espèce. CHAtflk native. La chaux a une si grande affinité pour l'acide carbonique qui se trouve répandu partout, qu'en supposant qu'elle ait pu, dans certaines circonstances, exister dans l'état où on l'appelle pure ou vive, il est peu probable qu'elle s'y soit maintenue long-temps, au moins dans les par- ties de la croûte du globe soumises à nos observations ; ce- pendant quelques minéralogistes admettent cette manière d'être de la chaux dans la nature, et la nomment chaux native,

Wallerius regarde comme chaux native une terre blanche eu grise, qu'on retire du fond de la mer sur le rivage dé Maroc en Afrique, et dont les particules se réunissent en une masse solide à l'air. Il est vrai qu'il confond dans le même article la chaux carbonatée quise dépose dans lés bassins de cer- taines eaux thermales, après avoir nagé quelque temps à leur sur- face , et d'autres variétés de çhaux carbonatée pulvérulente.

Mais onpourroit regarder, avec lui, comme chaux native7 et même comme chaux vive, celle qu'il cite, d'après Dacosta, Boyle et Bruckmann, comme venant des bains de Bath en Angleterre, èt qui/use dans l'eau, et forme, avec ce liquide,

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un ciment solide ; mais il faudroit que ces observations fussent mieux constatées et plus précises.

La prétendue, terre calcaire calcinée, ou chaux de volcan, citée par M. Monnet, dans sa Minéralogie, comme se trou- vant très-abondante et en couches obliques dans la Haute- Auvergne, le long des montagnes très-rapides qui bordent la vallée de Vie, nous paroît appartenir à la variété que nous nommons calcaire marneux; celle du moins que nous avons observée dans cette même vallée, appartient bien certaine- ment à la formation du calcaire d'eau douce, qui est ordi- nairement presque entièrement composé de calcaire marneux: sa propriété de fuser un peu- avec l'eau, paroît venir de sa porosité et de la facilité qu'elle acquiert par-là, d'absorber l'eau assez promptement, et avec une sorte de sifflement.

CHAUX ARSENIATEE , ou PHARMACOUTE, c'est - à - dire , pierre empoisonnée.

r Cette espèce minérale rare, mal caractérisée comme es- pèce, parce qu'on ne sait pas bien quels sont ses principes essentiels, ni quelle est sa forme primitive, est composée , d'après les analyses de Klaproth et de John, de plus de 5o pour 100 d'acide arsénique sur 2 3 de chgnx. 11 nous semble plus convenable de placer cette combinàison dans le genre de l'arsenic que dans celui de la chaux ; les caractères exté- rieurs et les principes constituans de ce minéral semblent indiquer ce rapprochement, quia été fait par Werner et par Jameson, et qui est analogue à celui qu'on a fait en plaçant dans le genre Schéelin, le schéelin calcaire. Voy. PHARMACOUTE.

CHAUX CARBONATEE SILICEUSE , ou DATHOLITE. Comme il n'y a pas encore plus de motifs de regarder la chaux comme base de ce sel que la silice, nous en ferons une espèce particu-*. lière et indépendante, que nous décrirons sous le nom de DATHOLITE. Voyez ce mot.

6.® Espèce. CHAUX CARBONATEB OCTAEDRIQUE, OU ARRAGONITB. Dans un système de classification des substances minérales, qui est fo.ndé sur la composition de ces substances, on ne peut se dispenser de regarder comme essentiellement composé de chaux et d'acide carbonique , un minéral qui, analysé depuis dix ans par les plus habiles chimistes de l'Europe, et cons- tamment dans le but d^y trouver autre chose que ces deux

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substances, les a toujours présentées, tantôt sans aucun mé- lange notable, tantôt en quantité si prédominante, qu'on ne peut attribuer aucune influence importante aux terres étran- gères qui s'y sont trouvées quelquefois en proportion infini- ment petite et encore variable. L'arragonite est donc pout nous, dans l'état actuel de nos connoissances, une chauk carbonatée , aussi bien que le sel marin "est une stoude mu- riatée, etc. Vouloir la considérer autrement, c'est devancer l'expérience ; c'est établir une hypothèse possible, qui se réa- lisera peut-être un jour, mais qui n'est encore fondée sur aucun fait constant.

Néanmoins, comme cette chaux carbonatée présente une réunion de caractères cristallographiques et physiques qui établit entre elle et la chaux carbonatée rhomboidale des diffé- rences très-remarquables, nous regardons, avec M. Haiiy, et avec la plupart des minéralogistes, ces différences comme assez importantes pour en faire une espèce minérale particulière.

.Nous conservons à cette espèce le nom usuel d'AMUGONiTE, et nous lui donnons le nom caractéristique de CHAUX CARBO- natbe ocTAÉDRiQUE, qui exprime ses principaux caractères chimiques et miñéralogiques ; c'est le calcaire excentrique de Karsten et de la plupart des minéralogistes allemands ; la chaux carbonatée dure de M. de Boum on.

Les caractères qui lui sont communs avec la chaux carbo* natée rhomboidale pure, sont de faire comme elle efferves- cence avec les acides, et de se réduire en chaux par l'action du chalumeau; mais ce sont presque les seuls :les caractères qui la distinguent, sont, au contraire, bien plus nombreux.

Elle est plus dure que la chaux carbonatée ; plusieurs de ses variétés cristallisées, exposées à l'action du feu dû cha- lumeau , pétillent et se dispersent en un grand nombre de petites parcelles ; mais cette propriété n'appartient pas même à toutes les variétés cristallisées. Sa pesanteur spéci- fique est plus forte; elle est de 2,94, tandis que celle de la chaux carbonatée rhomboidale n'est que de 2,72.

Mais c'est dansson clivage, et par conséquent dans sa forme primitive, et dansson action sur la lumière, que se mon- trent les plus grandes différences.

L'arragonitc se présente ordinairement sous la forme de

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prisme, à quatre pu à six pans, ou de dodécaèdre, campons de deux pyramides à six faces très-aiguè's et opposées base à base* La division perpendiculaire à l'axe ne donne au- cun joint, mais elle fait naître une véritable cassure qui est vitreuse et assez éclatante : celle qui est parallèle à l'axe des cristaux, offre des lames parallèles aux pans d'un prisme base rhombe, dont les angles seroient de 116 d. et 64 d.; on observe en outre, mais avec assez de difficulté, des joints qui indiquent un clivage oblique à l'axe des cristaux j et qui conduisent à une forme primitive qui est un octaèdre rectangulaire, dans lequel l'incidence de Msur M est, suivant M. Haüy, de 115 d. 56', et celle de P sur P de 109 d. 28'.

Quoiqu'on puisse, soit par des lois de décroissement très- compliquées, soit par des modifications trop considérables dans la valeur des angles du rhomboïde pour n'être point sensibles, obtenir avec le noyau de la chaux carbonatée rhom- " boïdale un prisme donnant l'angle de 128 d., qui se trouve naturellement dans l'arragonite prismatique, on n'arriveroit jamais à faire rentrer ces formes l'une dans l'autre. Une seule réflexion suffit pour le prouver : car, dans le cas qu'on sup- pose ici, deux des pans des prismes de l'arragonite seroient parallèles aux joints naturels, et donneroient par conséquent, par le clivage, des facettes éclatantes ; les deux autres, au contraire, ne présenteroient aucun clivâgé ; or, cette consé- quence est en opposition avec l'observation qui fait voir sur les quatre pans des prismes d'arragonite, un poli et un cli- vage également nets et éclatans. " Enfin, quart d même on trou- " veroit, dit M. Haüy, une loi admissible de décroissement " poqr l'angle de 128 d. , il faudroit encore une loi suscep- " tibie de donner le sommet dièdre, ou les deux autres " faces de l'octaèdre. *

La réfraction de l*arragonite est très-différente de celle du calcaire rhomboïdal: elle est simple lorsqu'on regarde à travers deux faces parallèles du prisme, et l'image ne paroît double que quand on regarde l'objét à travers la base du prisme et une facette artificielle inclinée sur cette base, de 10 à i5 degrés* Nous avons dit que l'analyse de ce minéral avoît été souvent faite par un grand nombre de chimistes.

Les premiers, MM. Klaproth, Fdrircroy, Vauquelin , The*

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mrd , Biot, Bucholz, etc*, malgré tous lessoiftsqu'ils ont pris¿ malgré les méthodes perfectionnées qu'ils ont employées > n'y ont trouvé que de la chaux de o,58 à o,5ô; de l'acide car- bonique 0,41 à 0,43, et de l'eau de o à o,3 ; Bucholz est même le seul qui ait trouvé dans l'arragonite cette grande quantité d'eau. Ces analyses établissoient entre l'arragonite et le cal- caire rhomboïdal, la*plus complète identité de composition.

Mais, en 1813 , M. Stromeyer, deGottingue, annonça avoir reconnu dans ün grand nombre de variétés d'arragonites qu'il avoit analysées de nouveau, et dont il donnaTénumération, laprésencedu carbonate destrontiane, en quantité fortpetite£ il est vrai, et variable dans les différentes variétés, mais cons- tantedans chaque variété. L'arragonite d'Aragon, qui est celle qui en contient le plus, n'en renferme guère que 4 pour 100; et celle de Vertaison en Auvergne > n'en a donné que 2 pour 100. M. Laugier a répété à Paris les expériences de M. Stro- meyer, et a obtenu à peu près les mêmes résultats.

On s'est empressé de conclure que la présence du carbonatç de strontiane étoit la cause recherchée depuis si long-temps de la différence de l'arragonite et du calcaire rhomboïdal, et des différences de formes de ces deux sels pierreux.

Mais de nouveaux travaux, entrepris sur un grand nombre d'arragonites, par MM. Bucholz et Meissner, ont fait connoître que plusieurs variétés de ce sel pierreux, prises dans des lieux différens, ne renfermoient pas de carbonate de strontiane, ou n'en renfermoient que des quantités presque inappré- ciables. Les arragonites de Neumarck, de Saalfeld, de Min- den, de Lunebourg, et même celle de Bastène, n'ont point donné de strontiane à ces habiles chimistes. M. Laugier, étonné que celle de Bastène , dans laquelle on assuroit en avoir trouvé, n'en ait pas offert, a répété, avec sa précision ordir naire, l'analyse de cette variété locale ; et, en effet, il n'y a trouvé qu'un millième, au f>lus, de strtntiane. Quant aux arra- gonites qui n'en renieraient pas du tout, il fait remarquer, i.° qu'ellessont rarement pures et transparentes; 2.0 qu'elles contiennent presque toutes un peu de sulfate de chaux.

Il résulte de ces faits et de ceux que nous avons rapportés plus haut sur la forme de l'arragonite, premièrement, que la forme primitive de l'arragonite et ses formes secondaires 8. ij

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sont absolument incompatibles avec celles de la chaux carbo- natée rhomboidale, et qu'on ne pourra jamais regarder la première comme une modification ou une , forme secondaire de la seconde, quelque compliquées que soient les lois de dé- croissement qu'on veuille admettre. Cette incompatibilité est démontrée par la loi de symétrie qui préside à la formation des cristaux secondaires. D'après le nombre des plans de cli- vage dans la forme primitive de la chaux carbonatée rhomboi- dale , les nouvelles facettes sout toujours produites en séries de (>, 12, 24, etc., qui sont des multiples de 3, tandis que dans 4*arragonite ces facettes se présentent en nombre qui sont des multiples de 4, et qui appartiennent à la série 4, 8, 16, etc.

Enfin, dans le passage supposé de la forme de la chaux car- bonatée rhomboïdale à l'arragonite, l'axe de réfraction, ob- serve M. Haüy, subirait un changement qui en détermineront un autre dans la réfraction.

Les causes qui ont produit deux sels pierreux qui nous paroissent entièrement semblables par leur composition, et qui sont cependant si différens par leur cristallisation et leurs autres propriétés physiques, nous sont donc encore entière- ment inconnues ; et si c'est une exception aux lois que semble suivre ordinairement la cristallisation, il faut convenir , comme nous l'avons déjà dit ailleurs, que cette exception pres- que unique, et qui n'est pas même prouvée, ne peut infirmer en rien des principes établis sur une multitude de faits précis et constans.

La plupart des cristaux d'arragonite sont groupés. Les pri"* mes rhomboïdaux qui constituent léurs. formes simples sont réunis parallèlement à leur axe, et*se pénètrent en partie* C'est par cette réunion qu'ils donnent naissance à ces prismes hexaèdres, forme sous laquelle se présente le plus ordinaire- ment l'arragonite. Mais ces prismes hexaèdres, résultat de l'agjgrégation de çlnuieim prismes rfcoxnboïdaux dont les angles sont, comme nous l'avons dit, d'environ 116 d. et 64.d., ne peuvent jamais être des prismes hexaèdres réguliers : ce sont des prismes dont quatre angles sont de 116 d. et deux de 1 d*;

ils offrent sou vent sur leurs pans un ou même plusieurs angles Tentrans, qui distinguent ces prismes hexaèdres par groupe- ment des prismes hexaèdres simples.

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CHA >*9

Souvent aussi lefe bases de ces prismes sont marquées de lignes saillantes, convergentes vers Taxe du prisme : ces lignes sont les arêtes des deux faces culminantes des extrémités des octaèdres cunéiformes qui, groupés parallèlement à leur lon- gueur, composent ces prismes; cette disposition est très-dis- tincte dans quelques variétés que M. Haüy désigne sous le nom d'arragonite cunéo Loire.

Les formes simples sont plus rares ; elles se réduisent à deux principales :

Uarragonite unitaire; c'est le prisme hexaèdre à-angles de 116 et 168 d., terminés par deux faces culminantes. . ~

L'arragonite apoto me ; dodécaèdre composé de deux pyra- mides très-aiguës, dont la base commune est semblable aux prisznes hexaèdres mentionnés plus haut. Ainsi, quoique cette forme paroisse simple, elle est encore, suivant M. Haüy, le résultat d'un groupement.

L'arragonite se présente aussi en masse peu volumineuse, a structure souvent fibreuse, dont les cavités sont hérissées d'aiguilles très^déliées qui appartiennent presque toujours à la variété nommée apvtome. Le minéral décrit par les minéra- logistes allemand* sous le nom d'iglUe, paroît être une arrago- nite de cette variété.

Enfin qn avoit regardé la chaux carbon atée, formée par voie de concrétion à la manière des stalactites, et nommée Vul- gairement et très-improprement Jlos fevri, comme appartenant à l'espèce de l'arragonite ; mais de nouvelles observations pa* roisseat avoir décidé les minéralogistes à nç point réunir cet te singulière concrétion à l'arragonite*

Lieux. L'arragonite, comme spn nom l'indique, a d'abord été remarquée en Aragon, et rapportée de ce lieu ; mais, depuis cette époque, on en a trouvé dans un grand nombre d'autres lieux : nous ne citerons que les principaux , en indiquant en même temps les circonstances de gisement qui leui^ sont parti" culières dans chacun de ces lieux.

L'arragonite d'Espagne se trouve, suivant Bowl es, dans deux endroits: près de Molina, en Aragop, accompagnant des bancs de gypae ; et près de Mengranilla, dans le royaume de Valence, dans un terrain semblable .au précédent * avec du fuarz sinople cristallisé etde i'argile ferrugineuse. Cette-arra-

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gonite est souvent violâtre, et présente les variétés prisma- tiques nommées symétriques et intégriformes.

On la connoît en France dans un grand nombre d'endroits. A Cascastel, département de l'Aude, c'est la variété apotome; elle est implantée sur du fer oxidé argileux, et accompagnée de calcaire rhomboïdal brunissant. - Dans le départetnent des Landes, à Caupenne et à Bastène, près de Dax, elle est dans un terrain composé d'argile ferrugineuse, de cristaux de gypse, de quarz sinople, qui paroît appartenir à une formation trap- péenne. - Dans le département du Tarn, à Faydel, dans une mine de fer, c'est la variété aciculaire: elle est verdâtre. - Dans les Vosges, dans la mine de fer deFramont. - Près de Tulle, département delà Corrèze, en masses globulaires radiées, dans du basalte. - Elle est très-abondante en Auvergne ¿ aux Martes de Vaire, près Vertaison ; c'est la variété confluente.- Au mont Peyrat, c'est une variété presque compacte. - Au montGergovia, toutessontou dans d£s basaltes ou dans des tufs volcaniques.-Dans le pays de Gex, elle est massive, dure, ayant bien la cassure vitreuse; mais-elle ne renferme pas de strontiane.

En Italie.-- En Piémont, on cite la variété unitaire , près de Saint-Marcel. M. Faujas en a fait connoître une variété qui se trouve dans une serpentine accompagnée de fer sulfuré, au monte Ramazzoj et M"} Laugier en a analysé une autre des environs de Baudissero, près Turin, qui est opaque, friable, cpmme altérée, et qui ne renferme pas de strontiane.

En Ecosse, on a trouvé les variétés nommées apotomes, dans des roches de trapp.

En Allemagne, l'arragonite est maintenant très-connue. Ççlle de la vallée de Léogang, dans le pays deSalzbourg, est accompagnée de fer spathique, et même de calcaire rkom~ boïdal cristallisé, ce qui est assez remarquable. -ASchwaz, en Tyrol, oñ a trouvé la variété aciculaire verdâtre implantée sur de la chaux carbonatée compacte, avec du cuivre mala- chite, du cuivre sulfuré, etc.

Au Harz, M. Steffens la cite,accompagnant du fer hématite, ¿ Kamsdorf, près de Spalfeld, et,à Tilkerod. Ces arragonites et celles des environs. de Mindén, en Westphalie, ne ren- ferment pas de strontiane.

Il en est de même des arragonjltesdu Kaisersfcill en Brisgaw,

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gui se trouvent en veines dans une variolite, el de celle de Limbourg; mais cette dernière contient un peu de gypse.

En Carinthie, on connoît la variété apotome. On trouve la même variété en Transylvanie.

La Hongrie offre une variété particulière d'arragonite qu'on a nommée igliie ou iglotie, parce qu'elle vient principale- ment d'Iglo, près du lieu appelé la Roll (dieRoll). Il en vient aussi de Sakrul, sur les monts Poratsh. Schemnitz et Retzbania offrent l'arragonite dans des mines d'argent, accompagnée de calcaire brunissant.

En Bohème, on n'en indique qu'à Joachimsthal.

L'arragonite est peu connue hors d'Europe : cependant MM. Depuch et Dupuis en ont rapporté de la terre de Diemen ; elle y est renfermée dans des laves. M. Bory Saint-Vincent l'a vue, dans le même gisement, àl'ile de Bourbon.

Enfin, on en cite au Pérou, mais sansaucune autre indication.

On voit, d'après les faits rapportés plus haut, que l'arrago- > ni te, beaucoup plus distincte par sa forme et par quelques ca- ractères physiques, intimement liés à son état de pureté, que par sa composition, n'est plus aussi facile à reconnoitre lors- qu'elle perd ces caractères en devenant fibreuse et massive, et qull n'y aurait presque aucun moyen de la distinguer du cal- caire rhomboidal, si elle se présentoit à l'état compacte, puisque ni sa composition ni ses caractères physiques ¿ ne pourroient plus servir dans ce cas à la faire reconnoitre. On n'a donc aucune raison de rapporter à sette espèce aucune des pierres calcaires compactes connues jusqu'à ce jour ; et on peut dire que l'arragonite ne s'est encore trouvée qu'implantée dans les cavités de diverses roches; mpis on doit remarquer trois circonstances qui l'accompagnent constamment dans son gise- ment, soit ensemble, soit séparément.

i° La présence du gypse -, c'est le cas le moins ordinaire.

2.0 Celle des roches d'origine volcanique évidente, ou au moins très-probable, telle que les basaltes.

3.° Celle du fer oxydée C'est le cas le plus constant,* et il n'y a peut-être pas un seul gisement d'arragonite où ce métal ne se montre, soit dans les fiions mêmes, soit dans les roches qui renferment ce singulier sel pierreux. Quand le fer ne se montre pas en quantité notable, la seconde circonstance,

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celle de la'nature volcanique des roches, devient la eircçns- tance dominante.

On i*e pent tirer encore aucune conclusion de ces rappro- chemens; mais il pourra être utile un jour de se les rappeler.

5/ Espèce* CHAUX CARBONATEE RHOMFOÏDALB ou CALCAIRE* Les nombreuses variétés qui composent cette espèce sont si difFë- rentesentre elles par leur aspect qu'il n'est pas possible de leur assigner des caractères extérieurs communs; et quand on s'en lient uniquement à cette sorte de caractère, on se voit forcé de séparer en plusieurs-espèces des substances absolument sem* blables par leur nature et par ;eurs propriétés les plus impor- tantes. U est, au contraire, facile de caractériser toutes les va- riétés de cette espèce au moyen [de quelques propriétés chi- miques essentielles, très-aisées à observer.

Toutes les variétés de chaux carbonatée donnent de l'acide carbonique par l'action de l'acide nitrique : la plupart le don- nent avec effervescence *, toutes, chauffées fortement au cha- lumeau, se changent en chaux vive, reconnoissable par sa saveur âcre et brûlante ; toutes se laissent rayer par le fer 5 enfin leur pesanteur spécifique est toujours au-dessous de 3ooo.

Mais, lorsque ce sel pierreux est cristallisé, il offre de nou- veaux caractères spécifiques, et qui peuvent seuls le faire dis- tinguer de l'espèce nommée arjragonite. Les joints naturels de ¦es lames, ou sou clivage, quel qu'il soit, peut toujours être conduit de manière à donner pour forme primitive ou fon- damentale un rhomboïde obtus, dont l'angle d'incidence d'une face sur l'autre au sommet est, suivant M. Haüy, de 104 d" 58'; et, suivant MM. Malus et Wollaston, de io5d. 5'.

Les seules substances ihin£rales qui aient quelque ressent* blance avec la chaux carbonatée, lorsqu'elles ne sont pas cris- tallisées régulièrement, sont la baryte et la strontiane carbo- natées, et le plomb carbonaté. Ces substances font, comme ^Ues, effervescence avec l'acidc nitrique; mais leur pesanteur spécifique est très-sensiblement plus forte, dans le rapport de

9 à 7 au moins ; elles ne donnent point de chaux vive par l'action du chalumeau. Enfin, la dissolution de chaux carbo- natée dans un acide, est précipitée par l'acide oxalique en un sel absolument insoluble ; caractère que n'offrent point les substances que nous venons de citer*

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La chaux carbonatée rhomboidale, suffisamment déterminé* par les caractères qu'on vient d'indiquer, présente encore d'autrbs propriétés qui, pour être moins apparentes ou moins générales, n'en sont pas moins importantes.

Elle est sensiblement indissoluble dans l'eau , à nioins que ce liquide ne contienne de l'acide carbonique en excès, ou du gaz hydrogène sulfuré.

Lorsque ce sel est transparent et homôgène, il manifeste d'une manière très-remarquable le phénomène de la réfraction double : il suffit de regarder un objet à travers deux faces pa~ rálleles du rhomboïde primitif, pour en voir très-distinctement deux images.

11 y a encore quelques autres propriétés communes à plu- sieurs variétés de chaux carbonatée. Telles sont :

La phosphorescence par le frottement, que l'on remarque non-seulement dans la dolomie et dans les marbres statuaires antiques, mais encore dans certaines variétés de calcaire* compactes, et même de calcaires grossiers des environs de Paris ;

La lente effervescence qui s'observe dans des variétés de calcaire primitif, et même de calcaire secondaire, puisque Dolomieu cite une pierre calcaire coquillière qui présente ce phénomène ;

La scintillation sous le choc du briquet, observéeparM. Gillet de Laumont dans un nombre de pierres calcaires beaucoup plus considérable qu'on ne l'auroit cru, et sans qu'on puisst attribuer cette propriété au quarz, qni est à peine sensible dans plusieurs de ces pierres..

Cette espèce étant susceptible d'être modifiée de diverses manières, soit par son mode d'aggrégation, soit par des ma^ tières étrangères qui y sont jointes dans un état qui n'est point encore parfaitement déterminé, et qui paroît mitoyen entre celuiftdu simple mélange et celui de la combinaison parfaite * offre de nombreuses variétés que nous diviserons en plusieurs sections, fondées sur les considérations précédentes.

1.** Section. Chaux carbonatée pure, formée par voie de cristallisationo

On ne doit pas prendre ici le mot pure dans là rigueur de sa signification. On veut seulement indiquer que les váriétéí

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renfermées dansxette section sont généralement assez pures,

et que les matières étrangères qu'elles renferment, ou plutôt qu'elles enveloppent quelquefois, n'y sont qu'accidentelle- ment, et qu'on ne doit en tenir aucun compte; enfin , qu'elles ont toutes été dissoutes, et que les masses qu'elles présentent ont été formées par cristallisation, soit régulière, soit confuse, et non par sédiment. #

L'analyse des variétés les plus ÿures et les mieux cristal- lisées de cette division , faite sur les calcaires spathiques d'Is- lande ou du Hartz, par MM. Bucholz, Stromeyer, etc., a donné pour résultats :

De chaux 55,5 - 56,5

D'acide carbonique *44 -*43

D'eau. . o,5 - o,5

Toutes les analyses, et o.nles a répétées très-souvent, don- nent à très-peu près le même résultat.

1." Variété. Calcaire srATHiQUE. (Kaïkspath, le spath calcaire, Brochant. - Calcareous spat, Jam.)

Le calcaire spathiqi^e a la texture laminaire. Les lames qui composent8esmasses, et, à plus forte raison , ses cristaux régu- liers, sont planes, étendues, et donnent aisément, parle cli- vage , le rhomboïde primitif ; mais les minéralogistes ne sont pas entièrement d'accord sur la mesure des incidences "'os faces de ce rhomboïde. Lahire et M. Haüy ont trouvé, à l'aide du goniomètre, 104 d. 29', et 75 d.3i'; M. Malus, à l'aide du cercle répétiteur, et M. Wollaston, avec le goniomètre à réflexion de son invention, ont dbtenu, pour les mêmes angles, io5 d. 5', et 74 d. 55'.

Si cette différence étoit toujours la même, il y auroit lieu de soupçonner qu'elle tient à une cause inexplicable ; mais si, pour avoir des résultats plus sûrs, on choisit des rhomboïdes plus volumineux, afin d'appliquer les alidades du gonioynètre sur une plus grande étendue, et qu'on mesure un certaiq. nombre de ces rhomboïdes avec toute l'exactitude possible, on trouve presque toujours entre toutes ces mesures des diffé- rences qui vont souvent à plus d'un demi-degré.

Ces différences paroissent venir, soit d'une courbure pres- que imperceptible dont les grandes faces des cristaux sont rarement exemptes, soit d'une sorte de màcle qui paroit exi*

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1er dans presque tous les grands cristaux. Les très-petits cris- taux, au contraire, paroissent exempts de ces deux sortes d'altérations; et comme ces petits cristaux se prêtent très-bien à la mesure par le goniomètre à réflexion, il est probable maintenant que les nombres donnés par cette dernière mé- thode indiquent la véritable incidence des faces, tandis que le goniomètre ordinaire n'auroit donné que des approximations.

Au reste, la différence qu'il y a entre les résultats des deux méthodes de mensuration ne va, comme on peut le voir, qu'à 37' 6 ; et cette différence n'en apporte aucune qui soit impor- tante dans ce calcul, ni même dans les propriétés principales des formes secondaires. Le maximum des différences, dans ce dernier cas, est de 3 2'. Elle ne change donc rien aux bases de la théorie de la cristallisation, ni aux principes de la détermi- nation des espèces, tels qu'ils ont été posés par M. Hatiy.

Outre le clivage principal, qui est en même temps le plus ordinaire et le plus facile, et qui conduit au rhomboïde de io5 d., on remarque dans certains rhomboïdes de calcaire spathique, soit qu'ils aient été obtenus par la division méca- nique , soit qu'ils aientété donnés par la nature, d'autres joints beaucoup moins sensibles et moins nets, quise manifestent ordinairement par des stries qu'on voit dans diverses directions sur les (aces du rhomboïde.

Ces joints, que M. Haüy nomme surnuméraires, se présen- tent daps trois directions principales : les premiers, qui partent de stries parallèles à la petite diagonale des rhombes, sont perpendiculaires à l'axe du.rhomboïde primitif; les seconds, qui partent de stries parallèles à la grande diagonale, sont parallèles à l'axe; les troisièmes, enfin, sont en même temps parallèles aux bords inférieurs des faces et à l'axe 4u rhom- boïde.

Les faces qui seroient produites par un clivage parallèle à ces joints surnuméraires,appartieudroiept à des cristaux secon-. daires dus à des lois de décroissement très-simples. 11 ne faut pas se figurer que les molécules doivent être coupées par ce second clivage; mais, comme on ne peut douter que les molécules des corps ne se touchent, on doit supposer que ces joints surnuméraires passent entre elles, ainsi qu'on peut faire passer des allées droites dans une infinité de directions

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2ea CHA,

entre des arbres plantés en quinconce^ D'ailleurs cette supporf- tion est prouvée directement, comme l'óbserve M. Haüy, par des couches minces de matières étrangères qu'on voit suivre, dans certains cristaux^ la direction de ces joints surnuméraires.

La pesanteur spécifique du calcaire spathique est générale- ment de 2,71,

Le calcaire spathique est le sel pierreux qui se trouve le plus communément cristallisé, et qui présente les variétés de formes les plus nombreuses, les plus variées et les plus inté- ressantes pour l'applicatioit et le développement des lois de la cristallisation. On connoit actuellement près de ceiit cinquante variétés de formes de chaux carbonatée. La plupart de ces cristaux n'ont extérieurement aucun rapport entre eux, et cependant tous peuvent être ramenés facilement, par une divi- sion mécanique, faite dans le sens de leurs lames, à une seule et même forme primitive qui est, comme on l'a dit, un rhom- boïde obtus*

Nous choisirons parmi ces nombreuses variétés de formes, celles qui semblent pouvoir être considérées comme des types qui, par leurs combinaisons entre eux, produisent les autres variétés ; et nous les présenterons sous plusieurs groupes carac- térisés par l'analogie de forme des variétés qui les composent.

i. ° Les rhomboïdes.

Il y en a au moins six qui se présentent souvent complets, et indépendamment de toute altération produite par d'autres lois de décroissement ; et on peut y ajouter trois autres formes qui donneroient aussi des rhomboïdes, si leurs faces princi- pales étoient prolongées, ce qui établiroit dans cette seule espèce neuf rhomboïdes différens, dont un primitif fonda- mental qu à clivage, parallèles à ses faces, et les huit autre" secondaires.

Les romboides complets sont r

Le primitif donné immédiatement par la nature : il est asses rare. On en connoît en France de très-gros cristaux : à Cha-

lo une, dans le département de la Mayenne; près de Gap, dans le département des Hautes-Alpes.

Les rhomboïdes primitifs limpides, que l'on connoît géné- ralement sous le nom de spath d'Islande, sont obtenus par le clivage de masses considérables de calcaire laminaire qu'on *

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CHA *"7

d'abord rapporté du district de Bardestrand en Islande ; mais on en a trouvé depuis de semblables dansbeaucoup d'autres lieux. Le calcaire spathique equiaxe B. C'est un rhomboïde trés^obtus^

1

ainsi nommé parce que son axe est égal k celui du noyau* L'angle plan au sommet est de 1>4 d. 19*.

4

s

he calcaire spathique cuboïde,e, commence la série des rhom- boïdes aigus ; mais il l'est encore si peu, qu'on l'a pris quel* que fois' pour un cube. L'angle plan au sommet est de 87 d. f.

Le calcaire spathique inverse, E1 *E. Ce rhomboïde est déjà assez aigu. Ses angles plans sont sensiblement égaux aux angles d'incidence.des faces du noyau, c'est-à-dire à 104 d. { et y S et Vinverse est également vrai.

On a remarqué qu'il se groupe quelquefois en formant des masses à baguettes divergentes. On a cru remarquer aussi qu'il 4e trouve plus particulièrement dans l'intérieur du test des coquilles fossiles ; et on lui a donné souvent, à cause de cela, le nom impropre de spath calcaire muriatique, Les rhomboïdes de ce qu'on appelle grès cristallisé de Fontainebleau appartien- nent à cette variété de forme.

3

Le calcaire spathique contrastant, e. C'est un rhomboïde trés- aigu. ^

a

Le calcaire spathique mixte, e. C'est un rhomboïde encore plus aigu, dont l'angle plan au sommet n'est que de 37 s Parmi les rhomboïdes incomplets on doit remarquer

2 "

Le calcaire spathique hyper oxide, eE1 *EA. Si ses faces étoient

1

prolongées, elles donneroient un rhomboïde si aigu que l'angle plein, au sommet, ne seroit que de 14 d.

Enfin on peut ramener au type des rhomboïdes les variétés

5 £

ÏÏ A

nommées par M. Haüy contracté, e B, et dilaté, e B. Quoi-

1 i

qu'elles semblent se rapprocher de la forme prismatique. Elles sont composées de deux nouveaux rhomboïdes résultant d'une lei de décroissement mixte assez composée, et de l'équiaxe qui arrête le prolongement des faces de ces rhomboïdes.

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*68 CHA

a.® Les prismes.

Les lois qui font passer le rhomboïde primitif au prisme,

2

sont au nombre de deux. L'une est exprimée par le signe e , qui indique un décroissement par deux rangées en largeur sur les angles e du rhomboïde primitif. L'autre, produite par un décroissement par uae rangée sur les six arêtes latérales * i

D, est exprimée par D. '

Cette forme principale, combinée avec quelques nouvelles modifications des rhomboïdes ôu d'autres formes décrites, donne

a

Le calcaire spathique prismatique, e A, qui est le prisme

i

hexaèdre régulier simple, forme k jamais célèbre dans l'his- toire de la cristallographie, pour avoir donné k M. Haiiy la première idée de son ingénieuse théorie.

2

Le calcaire spathique dodécaèdre, e B. Ce même prisme pré-

i

sente à chacune de ses extrémités un pointement composé de trois faces du rhomboïde équiaxe, etc.

i

Le calcaire spathique bisunitaire9 D B. C'est le second prisme

i

hexaèdre, avec le pointement du dodécaedre.

a

Le calcaire spathique péridodécaèdre, e A. Ce prisme a douzë

i

panp résultant de la combinaison des deux prismes hexaèdres jque nous venons d'indiquer.

3. ° Les dodécaèdres pyramidés k triangles scalènes.

Ces dodécaèdres considérés dans leur plus grande simplicité, et abstraction faite des autres variétés de formes avec lesquelles on les trouve ordinairement combinés, sont produits par trois sortes de lois de décroissement.

2

La première, exprimée par le signe D, donne Le calcaire spathique métastatique, variété remarquable par sa forme, le volume que présentent queJquefois^ses cristaux* et

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par ses nombreuses propriétés géométriques. L'angle obtus de ch'aque triangle est égal à celui du noyau ; ¡'incidence de deux de ces triangles est aussi sensiblement ¿gale à celle des faces du rhomboïde. C'est ce transport de mesure qui lui a fait donner, par M. Haüy, le nom de métastatique : on l'appeloit autrefois du nom ridicule de dent de cochon.

2 2

Combiné arec le prismatique, il donne le bisalterne D'e ; avec

2 2

le prismatique etl'équiaxe, il"donne Y analogique, D e B, etc.

1

La seconde sorte de loi donne, par un décroissement mixte,

D, sur les mêmes arêtes, un dodecaèdre semblable au méta- statique , mais beaucoup plus alongé. On ne le connoît pas. simple. Combiné avec l'inverse, il donne

s

1*

Le calcaire spathique sexduodécimal, D 'E*.

Avec le prismatique, il donne

! "

Le calcaire spathique octoduodécimal, D e A.

1

La troisième sorte' de loi qui donne la forme du dodécaèdre à triangle scalène, appartient à celle que M. Haüy nomme intermédiaire, et est exprimée parle signe (E1 *E B1 DaJjcom- binée avec le métastatique et l'inverse , elle donne

2

Le calcaire spathique paradoxal (E1 'EB* D* ), D E* *E, va- riété intéressante par les considérations de structure dont elle est susceptible.

Le delotique n'est que la variété précédente avec des facettes hexagonales parallèles aux faces du rhomboïde primitif.

Nous nous bornerons à ces exemples : la plupart des autres formes régulières du calcaire spathique peuvent se rapporter à ces trois formes principales et à leurs subdivisions.

* Le calcaire spathique, quoique cristallisé, n'offre pas tou- jours des formes régulières et déterminables par des caractères géométriques. Des circonstances particulières ont dérangé la symétrie de la cristallisation, l'ont troublée, et ont produit des cristaux irréguliers, des groupemens particuliers ou des hémi* tropies. Parmi ces variétés, les plus remarquables sont :

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Le aateaire spathique convexe. Les faces du rhomboïde prínii- tif sont bombées.

Le calcaire spathique lenticulaire. C'est Ÿéquiaxe, dont les arêtes .supérieures sont émoussées, et quelquefois entièrement effa- cées.

Le calcaire spathique spiculaire. C'est le contrastant considé- rablement alongé, dont les cristaux, souvent réunis en fais- ceaux composés de rayons divergens, n'offrent à l'extérieur des groupes que les trois faces d'un des soipmels du rhomboïde* Quelquefois chacune de ces faces est creusée d'un sillon ou gouttière assez profonde.

Le calcaire spathique bacillaire. Cette variété a été décrite particulièrement, et comme espèce distincte, sous les noms de madréporite et tfanthraconite (Hausmann), à cause delà struc- ture bacillaire de ses masses* analogue à celle de quelques madrépores. Elle est généralement noire, et contient, d'après Klaproth, o,5o de carbone.

' On l'a trouvée en morceaux isolés dans la vallée de Russ- bach, dans le pays de Salzbourg,

Les couleurs du calcaire spathique sont peu variées et peu vives; elles sent répandues uniformément, et n'affectent en général aucune disposition particulière. Il y en a de tout-à-fait limpide ; celui d'Islande est dans ce cas : de blajicde lait, dans le Hartz et à Andreasberg : de violâtre, de rougeâtre , de jau* nâtré; les cristaux métastatiques du Derbyshire, les inverses des environs de Paris présentent cette couleur; et âé verdâtre çn Angleterre, dans le pays de GaMes,. etc.

Le calcaire spathique ne se trouve guère qu'implanté prin- cipalement sur les parois des filons ou sur ceües des eavités qui se rencontrent souvent entre les assises de certaines rochef calcaires et schisteuses. On le trouve aussi quelquefois tapissant les cavités qui se voient dans ces couches; mais ce cas est plus rare. Il est mêlé avec toutes sortes de cristaux, et se présente dans presque toutesles époques de formation. Cependant, ii est beaucoup plus rare dans íes roches granitoïdes et micacées ¿les terrains primordiaux, que partout ailleurs. Il tapisse aussi très~souvent les cavités des eoquilles fossiles, de certaines géodes calcaires, etc. OA ne le trouve pas disséminé dans les couches en çristau* isolas.

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a* Variété. Calcaire nacré. (Aphrit. KaTSten.) Cette variété a la texture feuilletée comme un schiste ; ses feuillets ne sont ni très-étendus ni très-parallèles : ses couleurs varient du blanc de perle au jaunâtre, au verdâtre et au rougeâtre; mais elles conservent toujours un aspect nacré. Cette pierre a d'ailleurs tous les caractères chimiques et physiques de la chaux car- bonatée; elle se dissouten entier dans l'acide nitrique, et sa forme primitive est exactement semblable à celle de ce sel pierreux ( HaUy). Nous la séparerons en deux variétés.

1. Calcaire nacré argentine. (S chie fer spath.) il est aigre, facile à casser; ses feuillets, très-minces, sont courbes et ondulés.

On le trouve dans les montagnesprimitives. Il est la base d'une roche mêlée de chlorite, de plomb sulfuré et de zinc sulfuré. Les lieux où on le cite particulièrement sont : les Vosges, près Sainte-Marie-aux-mines ; Bermsgrün,, près de Schwartzenberg en Saxe ; Kongsberg, en Norwége; la mine d'Iglesias, en Sardaigne, etc.

2. Calcaire nacré talqueux+(Schaum erde.) Il est ordinairement d'un blanc de nacre très-éclatant ; il a une consistance friable * une structure écailleuse ou soyeuse; il est doux au toçcher, .et se présente sous la forme de bandelettes courtes 9 appli- quées sur une roche ordinairement calcaire..

On Ta trouvé à Géra en Misnie, et surtput à Eisteben, en Thuringe, dans des montagnes de calcaire straixforme* nommé dans ce pays raucwack*

3. e Variété. Calcaire fibîvbux. (Satin-spat, Jam%son.) Il est en .petites masses composéesd'unemultituded'arguilles déliées qui lui donnent une texture comme fibreuse et un aspect soyeux.

On cite un bel exemple de cette variété à Alston - Moore * dans le Cumberland. Ètle forme dans un calschiste ^es filons ou petites veines dç trois à quatre centimètres de puissance. .On en polit des échantillons qu'on peut employer comme ortie* ment; mais leux peu de dureté leur fait iûçntét perdre leur éclat.

4. ® Variété. CALCAIRE LAMELLAIRE. Il se présente en masse, .offrant dans sa structure une multitude de' petites facettes fiae| ¿des lamelles qui tombent 4'une sur l'autre dans fous lessens* -Plusieurs marbres statuaires antiques, appartiennent à cett# variété, et noUmmeat le marbre de^arps* D"ns oe oas^ce-ftaJ*

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caire est très-dur, et sa masse entière résulte évidemment d'une cristallisation confuse de chaux carbonatée pure, c'est-à-dire , non mélangée de matières terreuses; mais quelquefois les fa- cettes nombreuses qu'on voit dans certaines roches de cal- caire lamellaire, ont été produites par l'infiltration de la chaux carbonatée au travers d'une pierre ealcaire poreuse. Dans ce cas, ce calcaire lamellaire est moins dur, moins homogène, et on le distingue de la sous-variété dont nous avons parlé en ce que, dans cette dernière, les facettes sont séparées par du calcaire grenu et grossier, ou entremêlées de cette subs- tance. Ces facettes appartiennent fréquemment à de la chaux carbonatée qui a cristallisé dans les cavités des coquilles fossiles qui composoient la pierre calcaire dans laquelle s'est infiltrée la matière calcaire. La forme de ces coquilles est souvent re- connoissable.

Ces considérations sont nécessaires pour apprendre à dis- tinguer le véritable calcaire primitif de celui qui n'en a que l'apparence.

5. ® Variété. CALCAIRB SACCHAROÏDE; la pierre calcaire grenue. ( Kœrniger Kalkstein, WERNER. )

Cette variété, souvent très-voisine de la précédente, a la texture grenue, mais brillante : elle a l'aspect du sucre. Elle fait facilement effervescence avec les acides, et c'est ce qui la distingue du calcaire dolomie, qui d'ailleurs lui ressemble beaucoup. Le calcaire saccharoïde partage souvent avec la dolomie la propriété d'être flexible, ce qui lui donne en même temps celle d'être assez friable, et cependant difficile à casser.

Ce calcaire varie un peu de couleur : il passe du blanc pur au gris et au bleu d'ardoise ( le marbre dit bleu turquin ). Il renferme quelquefois des matières étrangères cristallisées régulièrement ou confusément, telles que du quarz, des gre- nats, du mica , des] amphiboles hornblende, grammatite et mctinote, du talc, de l'asbeste, et quelques substances métal- liques telles que du fer, du plomb et du zinc sulfurés, du fer oxidulé. Ce calcaire est assez dur , souvent très-homogène ft susceptible d'un* poli brillant. Il se présente, ainsi que le précédent, en grandes masses, et forme des bancs con- sidérables ti/ès-épais , quelquefois même des montagnes en- tières, Les joints qui séparent ces bancs sont quelquefois à peine

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CM A. a?3

Sensibles. La plupart des géologisteS régardent le calcaire comme appartenant exclusivement aux terrains primordiaux, et comme étant d'une formation contemporaine à célle des gneiss, des porphyres, etc. En effet, les bancs de cette pierre calcaire alternent avec ceux des roches que nous venons de nommer: ils sont inclinés comme eux, et se trouvent dans des circonstances semblables.

? On a "donné à ce calcaire et à la variété lamellaire, le nom de matbre salin, îharbre blanà, marbre statu aile. Ces marbres sont en effet employés plu$ spécialement par les sculpteurs, et les anciens ont donné à leurs diverses qualités des noms particuliers.

Les plus célèbres sont î le marbre de Paros, appelé par les anciens lychnites, qui appartient plutôt au calcaire lamellaire qu'au calcaire saccharoïde ; c'étoit celui de première qualité ; il a beaucoup de translucidité. Ses oarrières sont situées dans les îles de Paros*, de Naxos et de Tinos. On dit qu'elles n'en fournissent plus. Les célèbres statues de la Vénus de Médicis, de la Vénus du Capitole, de la Pallas de Velletri, etc., sont de ce marbre.

Le marbre appelé pentèlique^ dont les carrières étoient près d'Athènes, sur le mont Pentelès : il est traversé de quelques couches ou veines verdâtres, ou plutôt grises, et communé- ment micacées. H prend vulgairement le nom de cipoün sta- tuaire. La tête d'Alexandre, le Bacchus indien, le Torse, la statue d'Esculape, la tête d'Hippocrate,etc., sont de ce marbre.

Celui de Carrare ou de Luni, à l'est du golfe de Gênes, est encore plus blanc que le marbre de Paros, et est maintenant he plus employé par les statuaires. On cite aussi beaucoup de figures antiques de ce marbre : telles sont l'Antinoüs du Capi- tole, un buste colossal de Jupiter, etc. Dolomieu assure que l'Apollon du Belvédère fst de ce marbre ; mais plusieurs an- tiquaires et les marbriers de Rome.* pensent qu'il est d'un marbre grec antique, différent.de ceux qui sont connus.

On cite encore parmi les marbres statuaires grecs : le marbre / grec du mont Hymète : il est à grandes facettes> et souvent d'un gris cendré approchant de la couleur du bleu turquin.

Le marbre tbasien, de l'île de Thaso, dans la mer Egée*

Celui de Proconèse, dans la mer de Marmara*

8. i3

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Le marbre arabique, qui étoit encorç plus blanc que celui de Paros. *

Celui de Chio, que Ton tiroit eu très-gros blocs du mont Peileno.

OQ nomme en général marbres antiques ceux qui ont été em- ployé# par leí statuaires de l'antiquité ; 1* plupart des carriçre* de ces marbres sont maintenant inconnues*

Il y a peu de pays qui QQ rçqfççment dajis leurs moptagnç* primordiales du fclcaire saccharoïde : on eu^rouve en Franco dans les Pyrénées ; eu Piémont, à Ponté, près de Turin ; eu Saxe, en Bohème, en Norwège, en Suède, en Angleterre, efe. Mais les marbres statuaires, susceptibles d'être employés, spot rares, parce qu'ils doivent avoir plusieurs qualités qui se ren* contrent difficilement réunies.

Le calcaire saecharoïde renferme auspi quelques marbres colorés: tel est celui qu'on, nomme hley turquin, qui est d'un bleu sale d'ardoise ; il vient do Sitifi, en Mauritanie.

Le marbre cipolin, marqué de larges bandes ondulées blan- ches jet vertes , micacées. Il venoit d'Egypte : ses carrières nç sont plus connues.

Le marbre blanc, veiné de gris, de Carrarç ; il y en a même de presque noir qui vient du même lieu.

Le marbre jaune > de Sienne*

On emploie aussi ces marbres danp la décoration des édi- fices, des appartenons ; on en fait des vases, des chambranles de cheminées. Cette dernière manière de les employer a donné occasion de remarquer que plusieurs sortes de ces marbres acquêroient, au bout d'un certain temps, une sorte de flexi- bilité non élastique qu'il? doivent a une dessiccation complète, et à l'influence d'une dilatation et d'une contraction souvent renouvelées. Les marbres saccharoïdes des sommités de mon- tagne possèdent quelquefois naturelUpnent cette propriété : tel est celui que M. Fleuriaji de Bellevue a trouvé, à 2000 mètres d'élévation, dans la montagne de Campo-Long#, à sept heures de marche de l'hospice du Saint-GotUard. Quelques-uns ac- quièrent aussi cette propriété par une longue exposition a l'air, et surtout au soleil ; en sorte que les brss et toutes les parties saillantes des statues qui en sont faites^ se détachent* et tombent d'eux-mnes au bout d'un certain temps. Do le-

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ïaieü Fait cette observation sur le marbre dltalïe nonjmé bctyllio" On reviendra sur cette, flexibilité propre à plusieurs pierres, à l'articje Pierre FLEXIBLE.

6.® Variété. Calcairp corai^oÏdeï, Vulgairement fias fer ri. Cette yariété se présenté en petits cylindrestrès-blancs, comme joyeux a leur surface $mais ce qui les distingue du calcaire cpncrétionné proprement dit, c'est Umanière dont ils sont con" tourné? et dirigés daft* toy fce$ sortçs d**m, comme des rameaux de certains madrépores ou de coraux. Le grain du calcaire corallpide est très-fin, et sa tenture est fibreuse et rayonnée.

On a r^ngé pendant long-temps cette variété de calcaire parmi les stalactites ; on l'a ensuite regardée comme apparie** liant à l'arragonite, parce qu'en effet elle a plus de duret^ que les autres stalactites, et que sa cassure est plutôt vitreuse que lamelleuse: mais, comme sa ^opposition n'est pointdiffér rente de celle du calcaire rkombpïdal!, qu'elle ne renferme même pas la petite quantité de çtrorçtiane qu'*n a trouvée dans plusieurs arragonites^ e^ qij$, n'étantm trasparente ni cristal- lisée, elle ne peut présente? aucun des ^aparôtères tirés de ces propriétés essentielles pour reconnoitre Parragonite, on a dû la Jailer ave# le calcaire rHwbQ.w}al"

On a appelé cette variété iippwprement^os /"rri, parce 0 qu on la trouve communément dftsles filons des mines de fer apathique et de fer hématite, (font elle semble des efflores* cences : s"base e$t presque tçyjçpr? ÿçpgrégpée d'oxide de fer hydraté.

Cette substance doit avpjr ^té produite à la maaière des efflorescences salines, ou des dendrites que l'on voit monter le long des paroi* des vases o^ Ton conserve certaines dissolutions salines. La direction de ses rameaux dan# toutes sortes de sena ne permet pas de croire qu'ejle ait été produite par stillation 4e haut en bps, à la ma^ièfe de$ slaetiteç.

On en trouve àSchenuiitz, à $ainte-Marie-aux**ataes dans les Vosges, en Styrie,.etc. Les plus beaux groupes; de calcaire çoralloide que Ton conppi^e, se voient, dans les mines de fer de Sfyrie, d^ns celles d# B.aygom et dans celles de Vie" Dç$os daiw les Pyrénées : ceux-ciçonimcùas blancs, phi* tratfs* paren?, plushriljans, et composés de eri$4aux en aiguilles ¿ou-- chés les uns contre les autres papallétemcpt à Taxe.

*8-,

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7*. Variété. CALCAIRE CONCRETIONNE. La structure générale dé cette variété eqf ce qui la caractérise : on y reconnoît toujours des zones plus ou moins ondoyantes et à peu près parallèles*

Ces zones ont une structure fibreuse; cette structure générale est toujours sensible lorsque les masses qu'on observe ont un volume suffisant pour faire voir les différens dépôts de calcaire cristallisé qui les composent. On distingue dans cette variété un assez grand nombre de modifications ou sous- variétés.

Le Calcaire conerétionné Jistulaire, vulgairement nommé sta* iactite (Ja pierre calcaire fibreuse, Werner). Cette sous-variété de calcaire se présente ordinairement sous une forme à peu près cylindrique. Les cylindres sont rarement d'un diamètre égal'; ils font voir, au contraire, des renflemens et des bour- relets qui rendent leur surface irrégulière : ils sont presque toujours percés dans leur axe d'un canal qui finit par s'obs- truer dans les stalactites un peu volumineuses.

* Ces cylindres n'ont quelquefois quele diamètre d'une plume sur la longueur d'un ou deux décimètres : leur cassure est alors laminaire. D'autres fois il sont plus volumineux ; et alors leur structure est fibreuse, et leí fibres convergent V%rs l'axe ; mais ces fibres ou rayons présentent tous le clivage rhomboïdal. Les cylindres de calcaire concrétionné sont quelquefois terminés o par une sorte de rondelle ou de chapeau semblable à celui des champignons, et qui est couvert de cristaux. *

Calcaire concrétionné tuberculeux. Cette sous-variété est com- posée de tubercules irréguliers pleins, Souvent hérissés de petits cristaux, et réunis de manière à représenter quelquefois l'aspect des choux-fleurs ; leur texture est rayonnée ou lamel- laire , et à couches cèncetatriques.

Oalcaire concrétionné stratiforme, vulgairement stalagrtiite , albâtre calcaire. Le caractère de cefte variété est de représenter' des zones non concentriques, mais étendues; ondoyantes, mais parallèles : leur texture est quelquefois lamellaire, et quelque-' fois fibreuse. Cos couches ondoyantes se distinguent lesunesdeS autres par leur diverse densité, et par leur translucidité plus ou moins granàe, enfin par leurs couleurs souvent très-diffé- rentes. Lorsque la chaux carbonatée, ainsi disposée, est en plaques peu épaisses,"ordinairement appliquées sur le soi ou

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CHA 277

sor les parois des cavernes, elle porte le nom de stalagmite; lorsqu'elle est en grande masse, susceptible d'étre taillée et polie, elle prend dans les arts le n/"m d'albâtre*

11 ne faut point confondre cet albâtre avec une variété de chaux sulfatée^qui porte le même nom, et dont il serà question ailleurs.

m

. L'albàtre calcaire porte le nom d'oriental lorsqu'il est jaune- roussàtre, ou même rougeâtre, à zones distinctes, et surtout lorsque, par suite de sa dureté et de sa compacité, il devient susceptible d'un poli brillant.

L'albàtre est quelquefois d'up blanc laiteux éclatant : cette yariété est fort rare.

Gisement et formation. Les stalactites se forment dans les grandes cavités nommées cavernes, qui se rencontrent fré- quemment dans les terrains calcaires. L'eau qui transsude k travers les masses calcaires, et qui distille de la voûte de ces cavernes, est ordinairement chargée d'une certaine quantité de chaux carbonatée, qu'elle tient probablement en dissolu- tion à l'aide d'un excès d'acide carbonique. Le contact de l'air, le mouvement, la diminution de pression, plutôt que l'éva- poration , déterminent la précipitation de la chaux carbonatée cristallisée..Chaque goutte d'eau, en tombant de la voûte, abandonne un petit anneau calcaire qui s'accroît peu à peu, et se change en un tube à parois minces. A mesure que la ca- vité de ce tube diminue par l'addition des molécules de chaux carbonatée qui se déposent dans son intérieur, l'eau coule plus abondamment à l'extérieur; le tube prend alors de l'accrois- sement, et se change bientôt en un cylindre irrégulier, à sur- face ondulée et rude*, qui, examiné à la loupe, présente les angles d'une multitude de petits cristaux.

La même eau qui forme ces stalactites, dépose sur le sol et sur les parois de la. caverne des couches de chaux carbonatée qui, augmentant indéfiniment, finissent par remplir la ca- verne d'une masse de chaux carbonatée : c'est alors qu'elle prend le.nom d'albâtre. I/albàtre diffère du marbre par les couches parallèles et ondoyao^^ qu'on remarque dans sou intérieur. . o "

Les stalaetites et les albâtres ne se trouvent guère "que dan - les terrains calcaires, parce que c'est ¿lans ces terrains seule-

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¿7" CfÏÀ

ment qu'on voit le plus commurfément les catéríiés d*uhè ¿radde dimension : cçs tavernes ont quelquefois plusieurs mètres d'étendue. Les stakctite qui les garnissent, dont Ica fortíiefc sont très-variées et Paspect très-brillant, prësehtent un spectacle curièux, et même imposait* Jui a rendu plu- sieurs de ces grottes célèbres : telles sont celles d'Antiparoil danfc l'Atthipel; d'Au2fcelle, en Frânché-Comté ; dé PdolVhôle en Derbyshire, etc, Vtyez Caverne.'

Annotàtiob. L'albâtre sert dans la dëéôration des édifices, et entre dans la composition de quelques meubles : Oh en fait deà vaièS précieux; c'est une (Je¿ pieires lé plus cotntnunéiiiént employées par les anciens. II ne paroît pas que son nom vicnné du nüot latiü albus, comme l'analogie porte à le croire. On doit se rappeler çue l'albâtré blanc est trés-rafrc. Celui que les an^ eiens estimoient le plus, n'étôiè pas de Cette couleur, mail jaune de miel. On croit que ée nom est dérivé du riiot alabas-* trite, qui vient du grec alabastrOfi, qui Veut dite insaisissable* C'est le noin que lés anciens don noient aux Vases Ikits de cette matière, parce qu'étant ordinairement sans anses et très-poli$ * on ftè pouvoit les prendre aisément.

Alàb as trite n'est pas non plus le nom particulier de l'albâtr6 gypseux, comme quelques minéralogistes l'ont peùsé. Ènfin, les anciens àppeloient aussi cette substance inarbre ony chile, et même onyx tout court, à cause de sës coüches concentriques* semblables aux zones des ongles; ils ne le con fan dolent pàà cependant aveà le silex du itlême noûu

Le bel âlbàttfe n'est pas cothmun : celui d*Êgypte se tfroit 3es in on tagnes de la Thébaïdè, qui sont entré lé Nil et la iner Rouge, près d'une ville appelée Alabastron.'

L'albâtre, nommé en Italie liniato, qui est ttiarqtié dë Veineà fines ondulées et d'une coúleuí* tranchéè, se trouve près de Montieri.

En France, on a trouvé de Falbâtrè rou*, très-beau et fort dur, dans les carrières de Mônttnârtrè .* la masse ¿*i a été promp- tement épuisée. On en connoît eneoie :

A Berzé-la-Ville, près Máaípá ;

Auprès de Poligny, département du Jura ; o

Près de Marseille et d'Àix ;

i>an$ l'île de Malte : celui-ci est d'un beau jaune de miek

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Càltairëèoncrértôntiépisolilhe (Erbsensteih, lapîsolithè, Broch. ; ttiaux carbonatée concrétion née, globuliforme, testacée, Hauy; vulgairement, dragéedeTivfcü, orobites, bézoardminéral). Les pisolithes nte différent pas seulement des oolithes par leur grosseur * ainsi qu'ort le croit communément, mais elles s'en distinguent par leur structure. Leè èolithes sont compactai, domine On Ta vu. Lès piso lit h es so fit'des concrétions sphéroï- dales formées de couches concentriques très-disfinctes, qrti ont prësquë toujours pdur noyau un grain de sabre , oU toiit autre corps étranger : leur grosseur moyenne égdle celle d'un pois ; leur couleur ordinaire est le blanc %ale. Gefr ¡conditions sont moins abondante^ et se présentent en falittlfttftüins volu- mineuses que les oôlittiés ; elfès forment cepenmfetdësccmehés continues : telles sont les pisolithes qu'on a trouvées en bancs au milieu des sôürces d'eau chaude de Càrlsbàd en Bohème, ët qui ont chacune un grain deàable pout* centre.

Les pisolithes l"s plus conhües sont celles des bains de Saint-Philippè en Toscane : elles portent le nom de dragées ou calculs de Tivoli * et sont formées dans les parties de cc ruisseau où l'eau est agitée par uné sorte de tournoiement. On en trouve aussi efa Hongrie et à Perschesberg, en Süésie.

Caledire conctétionnéincrêstant. La différence qui existe èntite cette sous-variété et le calcaiire concfrétiônfnë stratiforme, est très-légèfre et presque arbitraire. hè calcaire concrétionné in- crustant est également cortiposé de coucha parallèles ; mais dans ce cas-ci la chaux carbonatée s'ert moulée sur un corps étranger qu'elle a frecouvéH, on même enveloppé.

Lès corps que la chaux carbonatée incruste ordinairement dans là nature, son t. les végétaux plongés' dans les fôntainès dont l'eau tient ce sel en distoltttiota; Ces végétaux, recouverts d'une couche souvent épaisse dé chaux earbonat^è, conservent cependant leur forme.

Ces dépôts se font également sur des corps inôrganisés, sûr des pierres, des métatix, dans lés conduits de terre cuite, de bois ou de plomb. On a un exemple remarquable de ces dépôts dahs les eaux d'Areueil, et dajas presijué toutes celles qui sont au midi de Paris. Les tuyaui s'eugdfgent promptement, tant ce sédiment est abondant.

Lorsque ces dépôts se sont fàits surdcs végétarux à tige cylin-

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driqiie et d'un volume sensible, ils représentent sauvent des . os longs d'animaux. La plaot£, détruite: par le temps, laisse uue . cavité semblable à celle que l'on voit dans les os*, QU a" moins

o une ligue noire* Ces sortes d'incrustati^as portent le nom tréf- impropre d'osteocolle, et on a prétendu que, prise? intérieu- rement , elles facilitaient la formation du cal dans les frac- tures. Qnnjeiesrencontreordinairement que dans les terrains pablonneux^^On cite les ostéocolles de Brandebourg, d^Thu- ringe, des environs de Francfort sur l'Oder;- celles.qui se trouvent auprès d'Et^mpes, et d'Albert, près d'Amiens, Toutes les incrustations dont on vient de parler sont grises; leur grain ff^Lgrossier. Il paroît que les fontaines qui les for-* ment doivaMte faculté de dissoudre la chaux carbonatée à un e*cès d'acide carbonique qu'elles contiennent, mais qui se dégage dés que ces eaux ont le contact de l'air.

D'autres fontaines donnent des sédimens d'un beau blanç, dont on § fait quelquefois un usage assez ourieux*

Unç des sources les plus célèbres dans ce genre, est celle des baijis de Saint^Philippe, en Toscano* Çette source, presque fouillante., coule sur une masse énorme d'albàtre qu'elle a formée* Il paroît que la chaux carbonatée y est tenue en dis- . solution par du gaz hydrogène sqjfuré, qui se dégage dès que l'eau "a le contact de l'air. Le D^r Vegny a tiré parti de la propriété incrustante de cette eau pour lui faire mouler des bas-reliefs qui sqnt 4'im trçs-beau blanc et d'une ass^grande dureté, m

Il se sert de moules de soufre, qu'il place très-obliquement contre les parois de plusieurs cuves de bois ouvertespar leurs deuxjpnds, Çes cuves sont surmontées 9 à leur ouverture su- périeure, d'une croix en Jboîs assez large. L'eau de la source, après avoir déposé hors de l'atelier du moulage le sédiment l"e plus grossier, est amenée au-dessus de ces croix de bois. Elle s'y divise eu tombant, et dépose dans les moules, un sédiment calcaire d'autant plus fin, que ceux-ci sont placés plus perpen- diculairement. Il faut d'un à quatre mois pour terminer ces bas-reliefs, selon l'épaisseur qu'on leur donne. Le I).r Vigny est parvenu à íes cqlorer, en mettant à la source un vase rem- pli de couleur végétale que l'eau délaie^ (L,atapj¡e,*J. de Plu) M. Gillçt de Laumont ^ découyprt à trgis lieues au sud-ouest

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íd*Tours, dans le lieu ditJes caves de^vonnibre, une source qui a une propriété incrustante semblable à la précédente, et qui se couvre d'une pellicule par le contact de l'air, comme l'eau de chaux.

? La fontaine de Saint-Allyre, près de Clermont en Auvergne , a une puissance d'incrustation telle, qu'elle a jeté une espèce de pont calcaire sur le ruisseau auquel elle se réunit.

Lorsque ces incrustations sont faites par des rivières ou des ruisseaux, elles enveloppent de la vase, du sable, des débris de végétaux, des feuillès, etc. Elles sont alors très-poreuses, même cellulaires, peu dures, impures, et d'un gris sale : c'est le tufcalcaire, dont la surface naturelle est toujours ondoyante,

. et qui présente souvent des couches ondulées dans son intérieur. Le tuf, fait plus en grand que les incrustations précédentes, se trouve aussi eu plus grandes masses. On le rencontre dans toutes . sortes de terrains, mais il esLtoujours presque superficiel.

Les incrustations ou dépôts sont quelquefois si abondans,

. et les pierres qu'ils forment si dures, qu'on peut en construire des édifices. La pierre dont est bâtie la ville de Pasti, en Italie, est nommée par les Italiens pierre tubulaire, parce qu'elle semble devoir son origine à des incrustations formées sur des roseaux. (Guettard.) ' '

Le travertin qui a servi à construire tous les monumens de Rome, paroitavoir été formé parles dépôts de l'Anio etde la sol- fatare de Tivoli. Les temples de Pestum, qui sojit d'une très- haute antiquité, ont été bâtis avec un travertin formé par le dépôt des eaux qui coulent encore dans ce canton. (Breislak.)

On retrouve des exemples de cetffe dureté des pierres for- mées par sédiment, en Amérique, dans la contrée de Guanca- velica. Une fontaine d'eau chaude forme très-rapidement, dans ce lieu, des dépôts abondans dont on retire des pierres de construction. (Uiloa.) *

Toutes ces pierres acquièrent une grande dureté à l'air, et M. de Breislak croit.que c'est à l'heureuse réunion du travertin et de la pouzzolane dans le même lieu, que les monumens de Rome doivent leur grande solidité.

8/ Variété. Calcaire sponcieux, vulgairement, agaric miné- ral, moelle de pierre, etc.

ÇeÙç variété, qui est d'un beau blanc, a le grain tres-fia j

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elle est douce au tofccher, très-tendre, et assez légère' jffear surnager un instant.

Elle se trouve en couches peu épaisses dans les fentes des rochers calcaires qu'elle tapisse. Elle est assez commune en Suisse, où.on remploie pour blanchir lfes maisons : on en trouve aussi aux environs de Walkenried, près Ratisbonne.

9/ Variété. Calcaire pulvérulent (vulgair. { farine fossile)*

Elle est blanche, légère comme du coton, et se réduit en pôudre par la plus foible pression.

Elle recouvre, sous la forme d'uñ endurt d'un centimètre d'épaisseur , les surfaces inférieures ou latérales des bancs de chaux, calcaire grossier. On en trouve assez communément aux environs de Paris ¦, notamment dans les carrières de Nanterre.

2. SECTION. Chaux carbonatée de sédiment.

La chaux carbonatée qui constitue les variétés renfermées dans cette division, n'a pas été dissoute, au moins dans la plus grande partie de sa masse. Elle a été suspendue dans un liquide, et déposée lors du repos ou du dégagement de ce liquide. Sa textùre compacte, souvent même grossière, prouve ce mode de formation. On remarque cependant, dans les masses à tex- ture très-compacte et à grains fins, une homogénéité et des lamelles qui indiquent qu'une partie de la chaux carbonatée açu être dissoute. Dans d'autres masses on remarque un mé- lange de parties compactes, même terreuses, et de parties lamellaires, qui annonce qu'une portion de la chaux carbo- natée complètement dissoute*, a pénétré les cavités, les pores ou les fissures de la mae compacte, et qu'elle les a remplies en tout ou en partie.

Cette formation, faite principalement par sédiment, indique aussi que les variétés de cette section sont beaucoup moins pures que celles de la section précédente. Nous les considé- rons néanmoins comme pures, parce que nous faisons abs- traction de toute partie mélangée qui n'imprime pas, par son mélange , des caractères ou des propriétés particulières.

io.® Variété. CALCAIRE MARBRE. La plupart des marbres sont des pierres mélangées: mais, comme quelques-uns sont com- posés de chaux carbonatée assez pure; comme, dansles autres, cette substance est la partie dominante par ses caractères, et

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ttAme par ses proportions, on les réunira ici, pour ne point séparer des pierres dont presque toutes les propriétés sont le" mêmes.

Les marbres, proprement dits, ont la cassure généralement terne ; íes lames qu'ils fbnt voir appartiennent aux veihes de calcaire spathique qui les pénètre souvent; ils sont compactes et susceptibles d'un poli brillant : enfin y ils présentent des couleur" assez vives èt très^variéefc.

Peu de marbres soht d'une seule couleur \ lorsqu'on èn bb- terve de grandes masses ; beaucoup i au contraire, présentent un grand nombre de nuances. " "

Le nombre des marbres est infini, leur nomenclature arbi- traire ; c'est un chaos qu'il n'est pas de notre sujet de dé- brouiller : on h'a pu même établir encore aucune bonne clas- sification des marbres. On fera côtinoltre ici lés sortes le" plus connues et le plus communément employées.

Les matbres noirs homogènes, dont on fait des tombeaux , des inscriptions, des socles, des éarreaufc, viennent de Dinan prés Liège, de Namur ( celui-ci est Un peu veiné de blanc), de Thetixy près de Namur, etc. Ces marbres noirs répandent sou- vent une odeur fétide par le frottement ou la chaleur. Celui des EcaUssines, près de Mons, nommé improprement petit granité, est remarquable par le grand nombre de débris d'encrines et de madrépores qu'il renferme.

Le mairbte à taches noires tt blanches, anguleuses très-mêlées , appelé communément petit aulique, vient ¿es environs deMons¿

Le marbre portor, dont le fond est d'un beau noir, avec des taches et des veines d'un jaune doré, se tire au pied des Alpes > dans les environs de Gênes, près Porto-Venere.

Le marbre de Serancolin, dans les Pyrénées, est quelquefois d'un rouge foncé, mêlé de gris et de jaune, avec des parties transparentes. La partie de la carrière qui donnoit la plus belle qualité est épuisée.

Celui de Veyrette, près de Bagnères* est jaune et rouge.

Le marbre nommé griotè est d'un rouge de sang foncé en brun. Il se trouve en Italie j à Cosne > département de fArdèche \ èn Flandre, etc.

Daas les marbres que nous venons de prendre pour modèles, les couleurs sont disposées par veines o\i par taches nuancées j

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daws d'autres elles sont par taches dont les contours sont limités et anguleux : on voit que ce sont des fragmens de marbres réunis par une pâte. On appelle ces marbres BRECHES. ( Voyez ce mot.) Nous citerons pour exemples :

La brèche d'Alet, ou de Tolonet, à une lieue d'Aix;'elle est xnêlée de rouge, de noir et de gris.

La brèche coralint d'Espagne, qui a de grandes" taches blanches, avec de plus petites, jaunes, brunes et violettes.

La brocatelle" C'êst une brèche à petits morceaux, dont la couleur générale est le jaune, doré. On la trouye à Tortose en Andalousie ,* ellf est yure et chère.

Un grand nombre de marbres renferment des coquilles fossiles, des madrépores, qui font corps avec eux ; mais il en est quelques sortes qui paroissent être uniquement composées de coquilles brisées. On les a appelées lumaquelle; il y en a de trois sortes assez distinctes. * . *

La lumaquelle grise : elle est entièrement d'un gris cendré; les coquillessontplusbrunes. Elle vient des environs de Troyes" On trouve un marbre grossier,,de cette espèce, près d'Auxerre.

La lumaquelle jaune. Les coquilles sont d'un jaune pâle sur un fond jaune foncé. Cette variété est très-rare et très-belle. On ne sait point d'où elle vient. On la nomme lumaquelle d'Astracan; mais M, Patrin assure qu'on ne la trouve pas aux environs de cette ville.

La lumaquelle opaline. Le fond en est brun ; mais , ce qu'elle a de remarquable, c'est que les coquilles de nautile, ou d'ammo- nite qu'elle contient, ont conservé un nacré brillant et magni- fique, qui a quelquefois l'éclat ro"ge-orange d'un charbon enflammé. On trouve cette variété précieuse en Carinthie ; elle sert de toit à la mine de plomb de Bleyberg.

Presque toutes les grandes chaînes de montagnes renferment des marbres. Les pays qui donnent les marbres les plus esti- mes, sont l'Espagne, les Pyrénées, et l'Italie.

L'estime que l'on fait d'un marbre est fondée sur la vivacité de ses couleurs, sur le poli .qu'il est susceptible de prendre , sur son homogénéité, et surtout sur les propriétés qu'il a de se conserver ¿l'air sans altération. Les marbres qui contiennent de Targile se délitent facilement ¿ l'air ; ceux qui renferment lies sulfures ,de fer se salissent en se couvrant de rouille.

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Les marbres servent à l'ornement des édifices; mais, dans les lieux où ils sont communs, ils sont employés comme pierre à bâtir.

On donne aux marbres le'poli brillant qui les caractérise, par le proeédé suivant :

Après avoir aplani la surface de la pièce à polir avec la scie ou avec le ciseau, on l'unit parfaitement en la frottant avec des tessons de poterie rouge commune, qui n'a pas eu de couverte , et avec un sable rougeâtre argilelix ; on y ajoute de l'eau. Cette première opération terminée 9 on enlève complè- tement le sable, et on plombe, c'est-à dire que , l'on frotte fortement le marbre avec un parallélipipède de plomb piqué par-dessous, de l'émeril neuf, dit quatrième, et de l'eau : la surface devient très-unie, très-douce, mais elle n'est point encore brillante. On prend alors de la limaille de plomb mêlée d'un tiers d'alun, et on en frotte très-fortement avec un tam- pon de linge la surface du marbre, sans ôter l'émeril qui peut y tester. Lorsque l'opération est sur le point d'être terminée, on donne le dernier poli avec de la potée d'étain, que l'on emploie à sec, et sans changer de tampon. On essuie la surface dit marbre ¿vec une serge, et il est poli. On emploie, pour polir les marbres d'une couleur pâle, de la pierre ponce au lieu de plomb qui les noircfroit ; et, comme la potëe d'étain jauniroit le beau marbre blanc, on lui*substitùe, dans ce cas, de la potée d'os : ce sont des os de mouton calcinés, broyés et mêlés avec un tiers d'alun. On se sert, pour la griote, qui est un marbre rouge, du rouge à polir, employé dans les fabriques de glaces.

Les marbres blancs sont sujets à jaunir à l'air, ou à s'y salir d'une autre manière : on peut les nettoyer "complètement en les lavant avec du chlore (acide muriatique oxigéné), suffi- samment étend®" d'eau.

ii. e Variété. CALCAIRE COMPACTE; la pierre calcaire compacte. (Dichter-kalkstein, Werner.) Cette pierre ne diffère -presque point des marbres; elle est, comme eux, solide, compacte, à grain fin : elle est*même susceptible de poli, mais ce poli est terne, et ses couleurs sont toujours obscures; sa cassure est ou terne/ou ondulée, ou écailleuse, ou quelquefois conehoïde.

Ses couleurs varient entre le blanc jaunâtre , le gris cendré,

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le brun et même le bleuâtre. On remarque souvent que Íes iïfcg* mens épars de Calcaire compacte sont comme enveloppés d'uné écorce assez épaisse, qui est d'un jaune pâle sale*; le milieu seul est resté bleuâtre. On peut observer très-fréquemment ce phénomène sur la route d'Auxerre à Dijon, près Chablis.

On remarque quelquefois dans le calcaire compacte des arbo- risations ou dendrites qui sont dues à une infiltration d'oxid* noir de fer ou de manganèse, qui s'est introduit tantôt entre les feuillets de la pierre, tantôt dans les fissures nombreuses dont cette pierre est susceptible. Dans le premier cashes den- drites sont superficielles ; dans le deuxième, elles sont profon- des, et ne deviennent visibles que lorsqu'on scie la pierre per- pendiculairement à ces fissures.

On trouve aux environs de Florence une variété de calcaire compacte, qui, sciée dans un certain sens, offre asseï bien l'image d'une ville ruinée : on croit y voir des édifices, dea tours, un ciel et une terrasse. On la connoît sous Je nomade pierre de Florence. On suppose que cette pierre calcaire argi* leuse et ferrugineuse, en prenant du retrait par le desséche* ment, s'est divisée en prismes irréguliers; que l'espace entre ces prismes a été rempli par une infiltration de chaux carbon*- tée, tandis que l'oxide de fer de la surfaite des prismes, en s'oxidant*dayantage, teignoit cette surface d'une couleur plus foncée que celle du" fond sur lequel ils sont placés.

Gisement* Les marbres et le ealcaire compacte présentent à peu près le même gisement et les mêmes faits géologiques. On réunira donc ici ce qui les concerne.

Mais nous ne considérerons dans leur gisement que ce qui leur appartient particulièrement et d'une manière absolue, sans parler de leur place dans la succession des couches dit globe, ni de leur rapport de position, de formation, etc. avec les autres roches. Nous examinerons ce derni# sujet, en trai- tant des terrains dont ils font partie, au mot TERRAIN.

I^es marbres et les calcaires compactes se présentent généra- lement en bancs épais, parallèles entre eux, rarement hori- xon taux, mais souvent trés-ineÜQés, et, ce qui est plus remar " quable, contournés, pliés, comme tordus dans toutes sortea de directions^ sans cependant perdre leur parallélisme.

Us forment des chaînes de montagnes stratifiées, souvent

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très-hautes ; On en Voit dans les Pyrénées qui ont 3Goo métrés d'élévation. Ces montagnes ont toutes un aspect particulier qui les fait reconnoitre de très-loin. Leur sommet est rarement aigu; il est* au contraire, fréquemment terminé en un plateau dont l'étendue est quelquefois ?ssez grande : leurs flancs sont escarpés et coupés presque k pic; ces escarpemens sont quelque- fois d'une hauteur prodigieuse ; quelquefois aussi ils se suc- cèdent en retraite, comme les marches d'un escalier.

Cette double disposition est très-remarquable dans le centre de la chaîne des Pyrénées, sur les bords de la chaîne des Alpes 9 près do Grenoble , sur la rive droite de {'Isère, etc.

Les bancs de calcaire compacte et de marbre varient beau** coup d'épaisseur ; ils sont souvent séparés per dts bancs d'argile, de schiste argileux , de psaznmite schistoïde, de houille même : om y trouve aussi, soit en couches ou en amas , du fer oxidé rouge, du mercure sulfuré, du plomb sulfuré et molybdaté, du manganèse, du zinc oxidé ou sulfuré, etc. Les mêmes substances les traversent en filons , accompagnées de cakaire lamellaire, de ¿baux fluatée, de baryte sulfaté, de fer sulfurée, de cuivre carbonaté, etc. Les minéraux disséminés, qu'on voift dans ces calc^upes, sont peu nombreux ; ce sont principalement des grenàtsqfÉpfeftquefois du felspath ; mais on y voit aussi des silex. Ceux-^^toéanmoins, y sont plus rares que dans la craie ; ils sont aussi plus petits et plus intimement liés avec la pâte, tantôt en couches continues ( aux environs de Bakewell dans le Derbyshire), tantôt en noyaux ou couches interrompues (les silex blonds, des environs de Grenoble).

. Enfin, ces deux variétés de calcaire renferment très-sou* vent des coquilles et autre? corps 'marins fossiles. Certains marbres paroissent entièrement composés de madrépores qui ont pris la structure lamellaire. Ces corps marins Ont rare- ment conservé la pureté de leurs formes, et sont tellement adhérens à. la pierre, qu'ils ne peuvent 'pas en être sépares^ entiers. Les genres de coquilles et de zoophytes qu'on y trouve le plus ordinairement, sont des entroques, des bélemnites, des ammonites, des térébratules"

Les variétés minécalogiques de calcaires compactes et de marbres renferment les roches calcaires qui o"t reçu en géo- gnosie, et par rapport à leur positiçn, lés noms de calcaire

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dt transition, calcaire des Alpes, calcaire du Jura, de Zechslémj de Hochgebirgkalk d*eM. Uttingeiyde Rauhçpack, de Rauhkalk* Chacune de ces variétés géognostiques présente des différence* minéralogiques que nous rappellerons en traitant des époques de formation auxquelles elles appartiennent, mais qu'il est peut- ^ être utile de présenter ici réunies. Toutes , comme nous venons de le dire * sont minéralogiquement des calcaires compactes.

Le calcaire transitif est généralement le plus compacte et le plus.voisin,parsa texture, du calcaire saccharoïde ou lamellaire. Il est tantôt ou blanchâtre, ou très-coloré, et fait partie des xnarbrps ; c'est probablement à cette modification du calcaire - transitif qu'il faut rapporter le Hochgebirgkalk de M" Uttinger ; variété du calcaire compacte qui, selon ce géologue,est très-pure*

Tantôt il est brun, gris de fumée, ou même tout-à-fait noir; dans c dernier cas, il renferme du charbon, environ un quart pour cent. Il offre, ainsi que le précédent, un grand nombre de lamelles et de veinules de calcaire spathique , et renferme plus abondamment et plus fréquemment que lui des débris de corps organisés qui appartiennent à des espèces et même à des genres particuliers, très-différens de ceux qui vivent actuellement à la surface de la terre. ^

Le calcaire dit des Alpes, non moins comp^ÉMfeuéle pré- cédent, à grains très-fins., mais jaunâtre rosâtre, ou même coloré plutôt que noir ou brun, est néanmoins quelquefois gris roussâtre ou gris de fumée, et c'est alors le zechstein; mais il a toujours unerstructure très-dense, une cassure quelquefois écailleuse, et n'offre point ces lamelles spathiques qui sont si abondantes dans le calcaire transitif; il renferme enfin, mais comme par paquets seulement, un^grand "ombre de débpis des corps organisés, tels que des coquilles très-variées et des en crines.

Le calcaire dit du Jura, est moins compacte, moins homo- gène; il estgrisàtre, plus ou moins foncé; sa cassure est inégale ? il est quelquefois assez difficile à casser. Lorsqu'il présente un grand nombre de petites cavités remplies d'argile, et qu'il est comme boursouiflé, on lui donne les noms de rauhwack, rauh* halk, hohlekalke ; il ne renferme pas moins de débris de corps or- ganisés que les précédens, mais ils appartiennent généralement à d'autres espèces. Les téikébratules, bélemnrtes, ammonites, ptérocènes, pecteris, gryphsées, etc., y sont très-coxnmuns*

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On (fort redire que les caractères convenables au plus grand sombre des calcaires compactes désignés sous les noms géo- gnos tiques précédens, sont loin d'être absolus et constans.

Plusieurs sous-variétés de calcaires compactes renferment de la magnésie jusqu'à 9 pour 100 ; lorsqu'elle leur imprime des caractères extérieurs et des propriétés suffisamment dis- tinctifs , elles doivent être placées avec les calcaires mélangés magnésifères.

Les calcaires compactes sont particulièrement employés dans Jes constructions, et donnent parla cuisson une chaux d'assez bonne qualité-, quand on a soin de les choisir exempts d'argile.

i2.c Variété. Calcaire oolithb. (Chaux carbonatée globuli- forme, Haüy.) RogêtisUin, Hersestein, des minéralogistes allemands.

Nous plaçons ici une variété de pierre ealcaire qm^semble peu importante au premier aperçu mais qui, par sa manière d'être assez particulière, mérite d'etre séparée des autres. L'oolithe est toujours en globules ou sphéroïdes, dont là gros- seur varie depuis celle d'un pois jusqu'à, celle d'une graine de pavot. Ce* sphéroïdes ne sont çoînt réguliers; leur cassure est compacte èt souvent écáílfeuse; orí n'ÿ voit ni couches concentriques ni stries convergentes : et c'est en cela que les oolithes différent de* autres variétés globuleuses de chaux carbonatéé. Leur couleur, oa*actèie d?aillcurs pe*u important, est le grts J*"nàtre, eu le ronge brun et sale.

Les oolithes sont presque "téu jours agglutinées par un ci- ment calcaire; elles se trouvent en bancs ou en allasses consi- . ¿érables*au milieu des bañóte ôn terrains calcaires, proba- blement an tériëurs à la craie } et qui paroissent d'une époque à peuprès la même que celle ou s'est déposé le'calcaire du Jura. O" voit au nord d'Alénçon' des couches entièrement composées d'oolithes de îâ grosseur d'une graine de pavot. Ou a cru remarquer qu'elles se trouvent, plus ordinairement qu'ailleurs, au pied des collines ou des montaghes, et qu'en, tes rencontre surtout dans le passagé dès terrains de cris- tallisation aux terrains de sédiment. Daubenton , Saussure, SpalIanzani, M. .Giliei-Laurtiottt, supposent què c^est de la ckaux carbonatée qui a été granulëé cohime de la poudre à capon,, par le mouvement des eaux.

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Lorsqu'on voit les masses d'oolithes d?un brun -rougeâtre ferrugineux, des environs d'Eisleben et d'autres lieux du Harz ou du pays de Mansfeld, composées de grains souvent très-gros, couverts eux-mêmes de petites aspérités sphéroï- dales et comme chagrinées régulièrement, on seroit tenté de les prendre pour des corps organisés fossiles; mais lorsque par la plus grande attention on ne pent parvenir à découvrir au- cune structure organique dans l'intérieur de ces grains, qu'an, les trouve de toutesles grosseurs dans la même masse* et qu'on voit qu'il n'y a même que ceux de la surface, exposés de- puis long-temps à l'influence des météores atmosphériques, qui présentent cette structure , on est obligé d'abandonner cette idée, et d'attribuer leur forme à une cause mécanique, dont il est difficile de se former une idée juste.

Les oolithes sont rares dans la chaux carbonatée com- pacte,/ dite des Alpes; on ne les a jamais vues dans la craie proprement dite ; leurs baiys alternent quelquefois avec des couches de grès.

On trouve en Suède, en Suisse, a Eisleben et à Artern enThuringe , des masses d'oolithes qui se décomposent faci- lement : on s'en sert alors *pomr amender les terres au lieu de marne. "

C'est VHornmergel deM. Freisleben. Quelquefois l'oolithe est tellement mêlée de sable quarzeux qui lui est fortement agrégé, qu'elle passe au grès, même au grès dur et au silex corné. ( Freisleben. ) Elle est plors susceptible de recevoir un assez beau poli.

i3.* Variété. CALCAIRE CRAIE ( Chaux carbonatée crayeuse 7 Haüy). Il est assez difficile de faire coïncider les caractères mi- iiéralogiquçs de la firaie, avec ¿es caractères géognostiques ou de position. Quoique la craie $oit encore assez mal déterminée sous ces deux rapportsil est cependant plus facile de lui assigner des caractères géognostiques que des propriétés miné- ralogiques très-tranchées. Nous ne nous occuperons néanmoins, dans cet article, que de l'histoire naturelle de la craie consi- dérée isolément et rnon dans ses rapports avec les autres couches dq gfobe. Ce s^jet traité au mot TERRAIN*

La craie est^généralemçnt blanche, tirant un peu sur le jaunâtre et le grisâtre j elle a use texture lâche ? un aspect

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fkiat, terreux, sans aucun indice de cristallisation ni même d'infiltration cristalline-, son grain est cependant très-fin, Souvent même presque impalpable; le peu de cohérence qu'ont ordinairement ses parties * fait qu'elle laisse assez facilement une trace blanche et assez nette sur les surfaces sur lesquelles on la passe même avec légèreté.

Sa cassure est droite, quelquefois un peu conchoïde, ra- rement raboteuse ; sa pesanteur spécifique varie entre 2,31 et 2,65.

La craie est complètement opaque, très-tendre, et même friable dans quelques cas. Elle happe à la langue.

C'est de la chaux carbonatée pure, dont la composition est absolument la même que celle du calcaire spathique ; mais elle contient dans un état de mélange probablement méca~ nique, de la silice, de l'alumine et de la magnésie dans des proportions très-variables, comme on pouvoit s'y attendre. Ainsi on trouve sur 100 parties de craie, environ ,

Craie de Paris Nomenclature binôme usuelle.
Chaux carbonatée 82 70
Silice 8 20
Magnésie 8 10
Alumine 2 0
( Haquet- ) ( Bouillon-lagrange)

11 est très-facile de confondre, sur des échantillons isolés, la craie avec certains petits dépôts de çalGafre souvent mar- neux , qui lui ressemblent beaucoup par: les caractères exté- rieurs ; mais cette incertitude .disp^roît.presque entièrement, lorsqu'à ces caractères on réifi}i¿ ceux qui sont tirés de la craie examinée en grandes masses, et des corps étrangers qu'elle renferme* c'est-à-dire, les caractères géognostiques que, nous allons indiquer.

La craie se présente en masses .également étendues dans toutes les dimensions ; elle constitue des chaînes de col- lines entières, et des terrains très-considérables; mais ces collines atteignent rarement une grande élévation, et noui doutons qu'elle passe 100 mètres*

. Quelquefois, et c'est même le, plu? plus grand nombre ioâ

*9*

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39a CHA.

cas, on n*y voit aucune assise distincte, appartenant à la masse même, c'est-à-dire, qu'on n'y remarque pas ces couches séparées par des fissures de stratification continues et si dis- tinctes dans les calcaires compactes des Alpes et du Jura, dans le calcaire grossier, etc. Dans d'autres cas, la stratification est marquée par des lits ou d'argile ou de sable , ou même* de grès, plus ou moins épais, et placés souvent à d'assez ¿pandes distaûees les uns des autres ; nous le répétons, cette disposition est la moins ordinaire, et ne se trouve peut - être jamais dans la craie blanche, telle que nous l'avons carac- térisée minéralogiquement.

Mais, ce qui indique le plus clairement la stratification de la craie, même toutes ses variétés ou états géognostiques , ce sont des lits de silex pyromaques très-multipliés, très- près les uns des autres, très-étendus et souvent parfaitement parallèles. Le silex cjui compose ces lits est rarement continu sur une grande étendue ; il se présente plutôt en rognonssphéroïdaux, ou de.toutes sortes de formes, comme placés à côté les uns des autres, tantôt tQut-à-i'ait séparés et isolés, tantôt liés ensemble et comme soudés par différons points; de manière que si on dégageoit ces lits de la craie sur une grande surface, ils présenteroient, dans beaucoup de cas , une grande plaque d'une épaisseur moyenne à peu près 4gale, à surface couverte de tubérosités inégales , et criblée d'une multitude d'ouvertures aussi différentes par leur gran- deur qu'irrégulières dans leur forme et leur disposition.

Ces rognons Surs, tantôt composés de silex pyromaques Hoirs ou blonds ét très-purs, tantôt de silex opaque blan- châtre ou grisâtre ,: mêlés-de sable èt dé craie, sont les ea* ractères les plus sûrs de la ci*aie enVisagéé én grand..

La stratification de la craie est, dans beaucoup de cas, sen* siblement horizontale ; néanmoins, dans quelques Iteux, elle présente une stratification très-inclinée, ou même presque verticale, et quelquefois des lits Contournés et fortement arqués. Cette disposition est très - distincte sur les eôtes de l'île de Wight, comme nous l'a fait connoîtreM. Webster. Nous donnons dans nos planches la vue de cette disposition remarquable, mais qui paroît presque locale.

Enfin, on observe datas lei masses de craie des fentes .presque

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verticales, à parois bosselées et comvné polies par les eaux* et dans lesquelles les silex sont restés en saillie. Les ouvriers les nomment filets ou filières.

Les débris de corps organisés fossiles que renferme ce calcaire, peuvent encore le caractériser, et le distinguer sur- tout de ces marnes d'aspect crayeux avec lesquelles on le confond quelquefois. Mais, outre que rémunération de ces fossiles nous feroit sortir de notre sujet, cette partie de la géognosie est encore trop peu avaneée pour qu'on puisse donner cette énumération arec exactitude : nous nous conten- terons donc d'indiquer les genres qu'on ne trouve jamais dans les marnes précitées: ce sont des bélemnites, des ananchites, des térébratules,etc. Le noyaude;ces coquilles,mais plus par- ticulièrement des oursins, est souvent remplacé par du silex pyromaque.

On ne trouve dans la craie aucun gtte métallique; on n'y trouve non plus aucun combustible charbonneux, du moins" en quantité et en étendue notable" Le seul métal qui s'y ren- contre , c'est le fer à l'état de sulfure ou de pyrites globulin formes, disséminé, ou incrustant les débris de corps organisés qui y sont également disséminés. Ces débris sont eux-mêmes répandus avec une grande inégalité ; il y a des masses de craie très-considérables qui n^en renferment aucun, tandis que dans d'autres lieux, on les voit accumulés ea grande quan- tité dans un espace très-circonscrit.

Plusieurs terrains calcaires, mais beaucoup moins homo- gènes que la craie blanche que nous venons de décrire, ap- partiennent évidemment à ce dépôt, puisqu'ils s'y lient par des nuances insensibles, semblent alterner avec lui, et même quelquefois le remplacer. Cette considération étant entièro ment géognostique, sera développée au mot Terrain. Nous nous contenterons d'indiquer ici.les deux variétés de craie qui se lient évidemment avecla craie blanche. L'une est la craie tuf au de M. Omaiius d'Halloy, qui est grisâtre ou jaunâtre, friaMe, à grains plus grossiers, souvent très - sablonneux, et renfermant les silex opaques indiq^s plus haut. L'autre est la craie chloritée, que nous avons fait connoître ailleurs, qui est également plus grossière, grisâtre, mêlée de beau- coup de sable très - friable, et qui "re diiïère enüu de la

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craie tufcu que par la grande quantité de grains de chlorifli qu'elle renferme. Ces deux sortes de craies, et très-certaine- ment la dernière, paroissent être plus anciennes que la craie blanche.

La craie, et surtout la craie blanche, n'est peut - être pas aussi abondamment répandue dans la nature que le calcaire compacte ; cependant de vastes provinces en sont en- tièrement composées. La Galicie, la Pologne, l'Angleterre , la France,'etc.., présentent des terrains de craie très-étendus. Dans ce dernier pays, on sait qu'elle est abondante en Cham- pagne, SIM* les côtes de la Manche, aux environs de Rouen , et prés de Paris , à Bougival et à Meudon, etc.

La craie est employée dans les arts comme crayon ; elle sert aussi à nettoyer les métaux, les verres; elle fournit le*blanc employé dans toutes les peintures en détrempe ; elle doit être pure, c'est-à-dire, privée de Jâ plus grande partie du sable qu'elle contient.

On l'exploite ordinairement par vastes galeries. La consis- tance de cette pierre est telle que les parois se soutiennent d'elles-mêmes. On la concasse en petits morceaux avec une masse de fer emmanchée : on la délaie alors plus facilement, d'abord dans un peu d'eau, ensuite dans une plus grande quantité de ce liquide. On laisse reposer environ deux heures cette bouillie claire ; lorsqu'on suppose que tout le sable s'est précipité, on décante avec des seaux, et sans remuer le fond, Peau laiteuse qui surnage, et on la transporte dans des ton- neaux, où la craie se dépose 3 on décante alors Peau dçvemie claire; on laisse prendre à la cráie astfez de consistance pour qu'on puisse la manier, et en faire des masses qu'on applique contre les parois delà carrière. Elles y acquièrent prompte- ment assez de fermeté pour être moulées entre les mains en cylindre. On transporte ces cylindres hors de la carrière ; on les couche les uns sur les autres, et on les dépose en petites mu- railles à claire-voie, dont l'épaisseur est égale à la hauteur du cylindre. On place ces murailles deux à deux , à quelque distance l'anede l'autre, et on les couvre par un petit toit de chaume.

Ces cylindres ou pains de craie se sèchent complètement. Oa les vend à Paris sous le norii de liarte, ou de blanc d'Espagne"

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14. ® Variété. CALCAIRE GROSSIER. Vulgairement, pierre cal- caire, pierre à bâtir des Parisiens, pierre de taille, et moellon.

Cette variété a la texture lâche, le grain ordinairement gros- sier; elle se laisse facilement entamer par les instrumens tran- chans, et n'est susceptible de recevoir aucun poli ; sa cassure est grenue et terne; ses couleurs sont sales, et varient entre le blanc, le gris et le jaune isabelle.

Le grain, la couleur, la dureté de ces pierres, présentent de grandes différences, qui influent plus sur l'usage auquel on peut les employer, que sur le rôle qu'elles jouent dan"la nature.

Les unes ont un grain très-fin, avec de la blancheur, mais peu de dureté, et ne peuvent être employées que pour la sculpture, telle est la pierre de Tonnerre, dans le département de l'Yonne (1) ; celle de Nanterre, près Paris.

D'autres ont le grain plus grossier ; leur couleur est jaunâtre ; elles sont tendres: telles sont les pierres de Conflans-Sainte- Honorine, près Paris, dont les bancs ont quelquefois plus de ¿eux mètres d'épaisseur; celles de Saint-Leu et deTrossy dans le département de l'Oise : ici les bancs nront guère plus d'un mètre. .

Enfin, d'autres ont "ne texture très - lâche, un grain très- grossier, très-visible, et, quoique composées de sable, de frag- mens de coquilles agglutinées, elles ont une grande dureté et une grande solidité : telle est la pierre de Saillancourt, près Pontoise. Ses bancs paroissent d'une telle épaisseur, que la carrière semble coupée dans une seule masse de piérre : cette carrière est réservée pour les travaux des ponts et chaussées.

Le calcaire grossier étant ordinairement un mélange impur de sable calcaire et siliceux, d'un peu d'argile, de fragmens de coquilles, etc., l'analyse chimique ne peut rien nous ap- prendre de précis sur la composition de cette pierre.

Il est d'une formation postérieure à celle de la craie, et antérieure à celle du gypse à ossemens. Il constitue des ter* rains assez circonscrits, très-étendus cependant aux environs de Paris, et fort bien caractérisés dans ce cantón, mais plus

(1) Il n'est pas sûr que la pierre dite de Tonnerre appartienne geologi "juement au calcaire grossier.2

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circonscrits et moins bien caractérisés dans d'autrei lieulc ©fis" présence n'est que présumée, mais non encore prouvée : tel# sont les environs de Gand , ceux de Mayence , ceux de Londres, où ce calcaire est tellement friable et sablonneux, qu'il ne présente plus aucun caractère minéralogique, et qu'il ne peut être déterminé que parles caractères géognostiques.

Le calcaire grossier paroît être toujours assez éloigné de" hautes chaînes de montagnes primordiales , et appartenir aux terrains les plus nouveaux. Quoiqu'il se présente èn bancs puissans et très - étendus, il ne forme jamais.de très-halites montagnes, mais des collines arrondies dont les flancs offrent quelquefois des escarpemens : il fait en France la base d'assez grandes pUiines : telles sont celles des environs de Paris.

Ses bancs sont très-distincts, horizontaux, rarement inclinés, jamais contournés ni plissés; ils ne sont séparés que par de l'argile, de la marne, du sable; quelquefois par des dépôts et des infiltrations géodiques de quarz et de chaux carbonatée1 cristallisés (Neuilly, près Paris): ces bancs, ou couches,, va- rient beaucoup d'épaisseur. On peut remarquer qu'ils sont beaucoup plus épais dans la pierre calcaire tendre, que dans la dure. Cette dernière sous-variété est quelquefois en couches st minces, qu'on s'en sert dans quelques contrées (dansla Côte- d'Or, près de Dijon), en place de tuiles, pour couvrir les mai- sons (i).

Ce calcaire renferme souvent un très*grand nombre de co- quilles dont les genres et les espèces "ont très-multipliéfc : quel- ques-unes de ces coquilles paroissentle caractériser géognos-^ tiquement. C'est* d'une part, l'absence des ammonites, et, d £ l'autre, la présence presque habituelle de plusieurs espèces particulières de céritcs. *

11 ne renferme ni filon, ni matière métallique : oïl n'y trouve* que des infiltrations de fer oxidé hydraté , et peut-être aussi quelques petits dépôts de zinc carbonaté. La houille ne s'y est jamais rencontrée; mais on peut y trouver quelques dépôts peu épais de lignâtes* Les* silex pyromaques , si abondans

(1)Le calcaire que nous citons ici n'appartient probablement au cal- caire grossier €[ue par ses caractères minéralogiqures; il patriot ètrè géog- nosîiquement plus ancien.

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dans la craie, ne se trouvent presque jamais, ou peut-être1 même jamais, dans le calcaire grossier; mais on y voit des rog- nons en couches horizontales, interrompues, de silex cornés.

On voit que, si les différences minéralegiques qui existent entre le calcaire compacte, la craie et le calcaire grossier, sont légères, il n'en est pas de même des différences géologiques qui sont plus nombreuses et asset importantes.

Cette pierre, partout où elle se trouve, est employée poui les constructions. Ca solidité de quelques-unes de ses sortes, et la facilité delà tailler, lui donnent un grand avantage. On la nomme pierre de taille lorsqu'elle est en gros blocs, et moellons lorsque ses masses ne passent pas 2 5 centimètres cubes?

Elle ne se trouve pas également partout : elle est commune en France, et surtout aux environs de Paris. On la trouve près de cette ville, principalement au midi, depuis Meudon jus- qu'à Gentilly ; et on a donné aux différentes parties de ses couches des noms particuliers, selon leur qualité et les usages auxquels on les emploie. On nomme pierre de liais, celle quî est à grains fins, et dont la texture est serrée : elle se taille à arêtes vives, et résiste très-bien *ux intempéries de l'air.' Son épaisseur n'est guère que de 2 5 centimètres. *-

La pierre de roche est dure comme le liais, mais poreuse et eoquillière : ses bancs ont environ 6 décimètres d'épaisseur.

La lambourde est la pierre tendre à grain grossier; ses bancs ^ ont jusqu'à 9 décimètres d'épaisseur.

Ces trois qualités, etd'autrés que nous négligeons, se trou- vent souvent dans la même carrière, mais dans des positions ^ respectives qui sont constantes, et qui seront déterminées dans un autre lieu. '

Les carrières qui fournissênt à Paris les pierres les plus esti- mées , sont celles

De Sainf-Nom, dans le parc de Versailles;

Delà Chaussée, près Saint-Germain-en-Laye;

De Poissy ;

De Nanterre : ces trois dernières donnent des pierres presque aussi belles que les liais ;

De Saillancourt, près Pontoise ;

Et de Confions Sainte-Henofine : cettô c'arrière donne les plus

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belles pierres tendres ; elles ont quelquefois 21 décimètres d'épaisseur;

De Saint-Nicolas, près Senlis : c'est un liais ;

De Saint-Leu et Trossy, département de l'Oise : c'est une pierre tendre.

Les pierres tendres se scient à sec, avec la scie à dents. Les pierres dures se scient avec une scie sans dents, au moyen de l'eau et du grés pilé. Pour que les pierres ne se détruisent pas à l'air, il faut toujours les poser sur leur lît, c'est-à-dire dans la même position qu'elles avoient dans la carrière. Très-peu peuvent être posées en délit.

Plusieurs pierres éclatent par la gelée : on les appelle pierres gelisses; ce sont surtout celles qui sont poreuses et tendres.

La pesanteur spécifique de ces pierres est très-différente, selon les qualités > ainsi la pierre dure de Meudon est, à la pierre tendre de Saint-j^eu, dans le rapport de 24 à 17.

Cette variété de pierre calcaire, étant presque toujours im- pure, ne donne, par la calcination, que de la mauvaise chaux"

i5/ Variété. Calcaire marneux. Nous donnons ce nom à une variété de calcaire très-commune aux environs de Paris, et qui s'est trouvée encore dans d'autres lieux. Elle n'a été décrite particulièrement par aucun minéralogiste, et cependant elle présente, comme on va le vôir, quelques caractères qui la distinguent de toutes les variétés connues.

Le calcaire marneux est généralement ou d'un blanc presque pur, ou grisâtre, ou un peu jaunâtre. Quelles que soien t sa dureté, sa compacité, son impureté apparente même, son grain est toujours fin, presque indiscernable; et cette pierre se rapproche en cela du calcaire compacte et de la craie : mais elle est loin d'avoir la couleur, laduretéet la force d'agrégation du premier, et n'est pas tendre et écrivante comme la craie. Cette variété est donc déjà assez bien distinguée, par ces premiers caractères, des seules variétés de calcaire avec lesquelles on pourroit la ronfondre, le calcaire compacte, la craie et le calcaire grossier.

Ce calcaire se présente en masse souvent très-volumineuse , informe, ou en banc continu.

Sa cassure est assez généralement difficile ; il a donc une

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ténacité particulière ; elle est ordinairement droite , quelque- fois raboteuse, quelquefois inparfaitement conchoïde.

Sa texture est, comme nous l'avons indiqué, tantôt serrée, tantôt plus lâche ; dans UJI plus grand nombre de cas, elle pré- sente beaucoup de petites cavités irrégulières, et surtout beau- coup de tubulures ou canaux à peu près parallèles, quoique sinueux: c'est un caractère qui manque rarement.

Le calcaire marneux se dissout facilement dans les acides , même foibles, sans laisser aucun résidu sensible ; et cette pro- priété , en le distinguant des marnes proprement dites , qui sont des mélanges àgrandesproportions de chaux carbonatée, d'ar- gile, etc., le fait nécessairement placer dans l'espèce de' calcaire, avec plus de droit que la craie et le calcaire grossier.

Enfin, une dernière propriété particulière à ce calcaire , celle qui lui a fait imposer le nom de calcaire marneux, c'est de se désagréger avec facilité par l'influence des météores atmosphériques. Lorsque les fragmens de ce calcaire sont épars dans les champs, on n'en trouve pas un qui ait conservé ses angles et ses arêtes ; ils sont tous émoussés, presque arrondis, et couverts d'une espèce d'écorce blanchâtre, moins dense que la partie intérieure.

Ces différences minéralogiques, déjà suffisantes pour faire considérer ce calcaire comme une variété particulière, acquièrent encore plus d'importance par les circonstances géologiques dans lesquelles on le rencontre.

Le calcaire marneux ne se présente que dans les derniers dépôts de la couche du globe : il fait partie des terrains de sédiment; mais il ne peut, dans aucun cas, être considéré comme un sol de transport, et d'une formation très-récente, c'est-à-dire qui seroit postérieure à l'état actuel de nos con- tinens.

Tantôt il est antérieur à la formation du gypse à ossemens, ou à des terrains volcaniques d'une haute antiquité , puisqu'ils appartiennent à des volcans éteints dont l'état d'ignition n'a jamais ét^ connu: tel est, pour le premier cas, celui quW trouve si abondamment aux environs et à plus de trente lieues de distance de Paris ; et, pour le second cas , celui qu'on ob- serve en Auvergne, dans le Cantal, etc.

Cette position donne, comme on le voit, une origine très-

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*"o CHA

ancienne à ce calcaire ; mais il entre aussi dans la compo- sition de terrains beaucoup plus nouveaux et presque su- perficiels , sans cependant qu'on puisse encore regarder sa formation comme moderne , puisqu'il se présente en couches puissantes, régulières, et qu'il est sourent pénétré de masses de silex qui supposent une dissolution complète et abonr cîante de la terre siliceuse , phénomène dont nous ne conT noissons aucun exemple récent dans les terrains qui ne sont point volcaniques.

Mais c'est la nature du liquide dans lequel s'est fait le dépôt puissant et solide de ce calcaire , qui le caractérise d'une maT nière encore plus tranchép. La nature de ce liquide paroit êlreindiquée, aussi bien qu'un phénomène de ce genre puisse l'être, par celle des débris organiques que ce calcaire renferme. Or, tous ces débris, généralement très-reconnoissables, appar- tiennent à des genres d'animaux ou à des végétaux entière- ment semblables à ceux dont les espèces vivent ou sur la terre ou dans les eaux douces. On ne trouve dans ce calcaire aucun débris qui appartienne à des êtres organisés vivant dans les eaux marines. On peut présumer, avec la plus grande vraisemblance, que les couches de calcaire marneux et les minéraux qui y sont liés, tels jue les silex, ont été déposés dans des eaux douces ; et cette origine qui est, comme on peut le voir, liée avec plusieurs caractères extérieurs, est une considération assez importante pour séparer ce calcaire des autres variétés de la deuxième division de cette espèce.

Nous devons ajouter que, néanmoins, tous les calcaire^ déposés dans l'eau douce n'appartiennent pas au calcaire marneux.

Annotations. On a parlé de l'usage particulier que l'on fait de quelques-unes des variétés de la chaux carbonatée. Il reste â faire connoître les usages auxquels sont employées indistinc- tement plusieurs variétés de ce sel pierreux.

On relire la chaux vive, si communément employée dans les arts, de plusieurs sortes de pierres calcaires, qui prennent alors le nom de pierres à chaux.

Toutes les variétés ne sont point également bonnes pour ce% objet, La meilleure pierre à chaux seroit le marbre blanc "

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tftst, dit-on, ceîle que les anciens employoient souvent; mais on a rarement le choix de cette pierre. Celle qui est préfé* rabie après celle-là, et qni l'égale presque en qualité, c'est le calcaire compacte, et surtout Celui qui renferme naturelle- ment une certaine quantité de silice. C'est probablement pour cette raison que la meilleure pierre à chaux des environs de Paris est celle de Sentis et de Champigny, qui forme, comme on le verra plus' bas, une variété particulière.

On obtient aussi de la chaux en calcinant des eoqttilles fos" ailes, et même des coquülés marihes.

L'objet qu'on se propose en calcinant la chaux carbonatée, est de la priver de l'acide carbonique et de l'eau qui lui sont trais. II fout la chauffer au rouge pendant plusieurs heures ; elle devient aï ors plus légère et plus sonore, absorbe l'eau aveé sifflement et dégagement de calorique, et se réduit en uni* poussière blanche et fine que l'on appelle chaust éteinte ; dàns ce dernier état, elle est pulvérulente, tendre, et privée de sori acide carbonique qu'elle reprend peu à£eü dans l'atitiosphère.

On cuit la chaux au bois, à la houille, oti à 1st touibe, dané des fours dont Ies foi*mes vari en tlb eau coup, selon le genre dè combustible; et selon les pays.

Ce sont ordinairement des cônes ou dies moitiés (FèlHpsoïde renversées, creusées dans un massif de maçonnerie cylindrique..

Quand on veut cuire la chaux au bois, on place cette pîeif e, réduite en rtiéréeaux de diverses grosseurs, dans là cavité du cône. Ort disposé ces morceaux de manière qxfiï y ait du jour entre eux, qu'ils ne puissent pas s'affaisser; et qn£ lee plus grod' soient áú centre", où la chafeur est la plus con- sidérable. O" remplit aínisi lé fbur justjn'en haut.

On Jette, dans le -foyeir qui est au-dessous, le bdis ou Tè combustible végétal ï ce sont tantôt des fagots, tantôt defc bottes de bmfyère. On fîiît monter le fbu peu à pëii, eh Feu ti4ob- tenant continueraient, àu point de faire chauffer la cftàui jusqu'au blanc* Cetcuisson dure douie à quinze heure*. On laisse refitottfrr le fourneau pour retirer' ïa chaui. *

Lorsqu'on cuit ta chaux avec de la haúitíe , on sé sert d'un ftmr à peu près semblàbfe au précédent ; mais ¿e qüi ëtôtt le foyer dans celui-ci, devient à présent le cendrier. Lé ¿haufoerrnier place sur la grille mobile du fourneau Quelques

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fagots qu'il recouvre de houille. Il met ensuite uû lit de pierres à chaux, puis un lit de houille, et ainsi de suite" Lorsqu'il a fait dix à douze lits de cette manière , il allume le four, et continue de le remplir de couches successives de houille et de pierres à chaux, jusqu'en haut. Lorsqu'on juge que les couches inférieures de chaux sont cuites, on retire les barreaux mobiles de la grille, et on enlève la chaux que Ton fait tomber dans le cendrier. Tant que les morceau* qui tombent ne sont pas assez cuits, on replace les barres de la grille en les enfonçant à coups de masse. On recharge le fourneau de nouvelles couches de houille et de pierres à chaux, et on continue le feu.

Si on veut arrêter tout-à-fait le feu , on y parvient aisément en fermant toutes les issues inférieures, et couvfant la masse de chaux avec du poussier de charbon et des pierrailles.

Cette description abrégée suffit pour faire voir l'avantage que le second fourneau a sur le premier.

Lord Stanhope en a proposé et fait exécuter un troisième i c'est Un fourneau carré et fermé, assez semblable à celui des faïenciers. Le combustible qu'il emploie est un mélange de houille en petits morceaux, et de cendre de houille. On forme avec ce mélange un talus à l'ouverture du fourneau, et l'air qui alimente le feu , est obligé de traverser le combustible* Cette disposition produit une grande économie : ce four paroît être celui de tous qui emploie le moins de combustible il ne consume que 16 mètres cubes de bouille pour cuire 100 mètres de chaux.

Enfin, M. de Rumfort a fait exécuter un four à chaux qui ai les mêmes avantages économiques que ceux dans lesquels la pierre à chaux et le combustible sopt mêlés, mais qui est d'un usage plus commode, et peut-être d'une plus grande économie s c'est un cylindre assez haut qu'on remplit de pierres à chaux; le combustible, placé sur un foyer latéral qui est élevé un peu au-dessus du sol, brûle à flamme renversée, et, par conséquent, sous la condition la plus propre à la production de la chaleur. X"a flamme traverse toute la masse de pierre calcaire qui rem- plit le fourneau ; la chaux cuite se retire par la partie inférieure du fourneau, tandis qu'on le charge d'autant de nouvelles pierres calcaires par sa partie supérieure. On n'est donc point

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forcé de laisser refroidir le four pour le vider, et d'en réchauffer chaque fois la masse, lorsqu'on veut y cuire. Cette circons- tance diminue beaucoup l'emploi du combustible.

L'eau paroît indispensable à la calcination de la chaux : des expériences directes le prouvent, et l'observation des procédés des arts le confirme. Les chaufourniers ont remarqué que la pierre à chaux humide se calcinoit plus aisément que celle qui a été extraite depuis longtemps j et même, lorsqu'elle est trorp desséchée, ils l'arrosent d'eau avant de la mettre dans le four.

On sait que la pierre calcaire perd, par la calcination, non- seulement son acide carbonique, mais son eau de cristallisa- tion. Eteindre la chaux, c'est lui rendre cette eau : lorsqu'on éteint de la chaux avec de l'eau, ce liquide est rapidement - absorbé, si la chaux est bien faite ; il y a dégagement de calo- rique, et, dans beaucoup de circonstances, il se produit une lumière assez vive. 11 faut, pour que cet effet ait lieu, que la chaux soit pure, bien vive, et éteinte avec peu d'eau.

La chaux est la base des mortiers ; c'est son principal usage.

Le mortier est un mélange de chaux éteinte et même délayée dans l'eau, et de sable ou de ciment, qui est de l'argile cuite et broyée. Ces corps adhèrent bientôt par une sorte de combi- naison chimique;.et ce mélange durcit a l'air, et même dans l'eau. '

Le mortier est d'autant meilleur , que la chaux est bonne ef bien cuite, le sable ou le ciment fin et exempt d'argile, l'eau ajoutée dans de justes proportions, et le tout gâché long-temps et fortement.

Une certaine proportion d'oxidede fer ou d'oxide de man- ganèse a la propriété de rendre le mortier plus solide, et sus- ceptible de se durcir, quoique employé dans l'eau.

Tous les bons mortiers sont faits sur ces principes : on en a employé un grand nombre, et on en a proposé encore plus.

On citera quelques-uns des plus remarquables. - " '

Higgins a observé qu'un cinquième d'oxide noir de fer sur ' la masse totale d'un mortier, lui donnoit une grande solidité* Loriot a fait un mortier très-solide en ajoutant de la chaux vive en poudre à un mortier déjà composé d'une partie de brique pilée, de deux parties de sable de rivière, et d'une partie de chaux éteinte.

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Lafaye a fatt un mortier également bon en employant âc la chaux éteinte avec le moins d'eau possible.

La pouzzolane, produit volcanique, dont on parlera à sa*i lieu, ajoutée au mortier, lui demie une solidité remarquable.

La brique fprrugiueuse, pilée, remplit le même objet.

Le mortier des anciens , qui est actuellement si dur, doit cette dureté à remploi qu'ils faisoient de cette matière vol- canique , et au soin qu'ils apportaient dans sa préparation ; il étoit gâché , plusieurs jours de suite, par des esclaves.

Ces deux matériaux sont remplacés avec succès, en Hollande, par un tuf volcanique des environs d'Andernaeh, que Ton cuit, et que l'on réduit en poudre ; on somme cette matière terreuse, ou plutôt trass de Hollande.

Dans les environs de Tournai, la cendre de houille qui se ramasse sous les fours à chaux, et qu'on nomme cendrée de T^firnçÀi, fait. très - bon mortier, mais qui a besoin d'être fortement battu.

La chaux qui contient deToxide de manganèse, brunit à la cuisson" On la nomme, chaux maigre, parce que le mortier qu'elle fait est moins tenace : il e"ploie moins de sable ; nais il a davantage de prendre dans l'eau, et "l'y acquérir la plus grande dureté.. Qn appelle .béton le mprtieff qui jouit de cettp qualité. On peut donner comme exemple de chaux maigre, celle* deBrion , ptès d'Autiin, que Guyton a fait con- aoitre ; celles de Morex ¿ près Genève ; de Saín trailles, dépar- tement de Lot et Garonne; de Lena daa*iaparoisse d'Uplande, en Suède ; etc.

5*. Section. Chaux carbonatée mélangée,

16.e Variété. Calcare QUAfiWFÈRç.Ç^tte pkrreaTapfVi- rence d'un grès, et il faut l'essayer avec l'acide nitrique pour la placer dans l'espèce de la chaux carbonatée. Elle a dec l'aspect et la cassure grenue ; "lie présente cependant quelques reflets apathiques, et même des lames qui i^eneat au rhom- Jboïde. Cette propriété, que tous les échantiüoas ne pré- sentent pas, est cependant un motif êutifcat pour la 'rap- porter à l'espèce à laquelle nous rattachons", Qn voit que la silice en sable qui a été enveloppée par la carbonaté*, ne s'y est point unie, et ne lui a point calpvé la de

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cristalliser suivant ses lois, non-seulement confusément, mais souvent même en rhomboïdes très-nets.

Quelle que soit la forme ou la cassure de cette espèce , elle fait toujours effervescence avec l'acide nitrique. Sa pe- santeur spécifique est de 2,6. Elle est quelquefois assez solide pour étinceler sous le choc du briquet"

Le calcaire quarzifère se trouve ordinairement cristallisé, et offre la forme du rhomboïde inverse. On le trouve aussi en concrétion mamelonnée, ou en masse amorphe. Les cristaux et4es concrétions se rencontrent au milieu de certains bancs de grès, dans des cavités remplies de sable , qui renferment souvent un grand nombre de petits rhomboïdes isolés, et fort nets. Parmi les cristaux attachés à la voûte de ces cavités, on en voit quelquefois dont la moitié est de chaux carbonatée pure, tandis que l'autre moitié est quarzifère.

C'est dans les carrières de grès de la forêt de Fontaine- bleau , au lieu nommé Bellecroix, et dans celles des environs de Nemours, qu'on a trouvé cette jolie variété de calcaire. On ne la connoît encore que dans ces deux endroits, et l'espace de la carrière qui en renferme, est lui~même fort circonscrit. On peut observer à Belle-Croix que les bancs de grès sont recouverts d'une couche de calcaire peu épaisse et comme briséequi appartient à la variété marneuse,

17. ® Variété. CALCAIRE SILICBUX. NOUS avons cru devoir établir cette nouvelle variété d'après les caractères suivans, qui ne paroissent convenir complètement à aucune des va- riétés connues"

Le calcaire siliceux a la texture dense, compacte, le grain très-fin, et tout-à-fait l'apparence du calcaire compacte , nommé zechstein par les minéralogistes allemands ; mais si on essaye de le rayer avec une pointe d'acier, on lui trouve tine dureté qui le fait reconnoitre; la pointe ne l'entame qu'avec difficulté, et la trace qu'elle laisse, examinée avec attention, est composée en partie de la poussière blanchâtre du calcaire entamée, et en partie de l'empreinte du fer ou de l'acier qui y a laissé un enduit métallique. Ce caractère sc retrouve dans les échantillons du calcaire siliceux, qui paroissent les plus homogènes, et qui ne laissent voir aucune partie siliceuse. Ce calcaire est même quelquefois assez dur pour faire feu sous ' 6. ~ 20

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le choc du briquet ; mis dans l'acide nitrique, il ne s'y dissout qu'en partie, et laisse un résidu siliceux, et quelquefois une feiasse siliceuse spongieuse.

Le calcaire siliceux a la cassure tantôt droite et un peu raboteuse, tantôt conch oïde et toujours un peu écailleuse * il se casse facilement lorsqu'il est homogène , et plus difficiîe-

* tnent lorsqu'il est pénétré de silex visible; enfin il est souvent ; un peu translucide sur les bords : mais il est rarement homo- gène, surtout en grande masse; il est fréquemment pénétré ej traversé dans tous les sens de veines siliceuses qui offrent pres- que toutes les variétés du quarz; on y voit le quarz cristallisé, rarement prismé et très-limpide, le quarz blanc translucide, les silex cornés pyromaques, couverts de mamelons ou de con- crétions calcédoineuses de presque toutes les couleurs.

Cette disposition est surtout très-sensible à Chainpigny, à l'Est de Paris ; dans la vallée de Septeuil, entre Mantes et Houdan; dans plusieurs parties des bords dé la Seine, près Fontainebleau ; et enfin dans une multitude de lieux de la partie méridionale et orientale de Paris, entre la Seine et la Marne.

Ce calcaire forme dés bancs puissans ou destinasses sans stratifications très-distinctes qui sont situées, comme nous l'avons reconnu depuis peu, entre les assises supérieures du calcaire grossier et les assises inférieures du terrain gypseux. Il est mélangé de calcaire marneux, et passe quelquefois à ce calcaire ; quelquefois aussi il est tellement pénétré de silex, qu'il présente des masses immenses de quarz ou de silex corné, suns aucun mélange de calcaire.

Il ne renferme que très-rarement des débris de corps orga- nisés , et on n'en voit même ordinairement que dans les parties où les infiltrations siliceuses sont les moins abondantes; dans ce cas, ces corps appartiennent, comme ceux du calcaire marneux, à des êtres organisés qui vivoient ou sur la terre ou dans les eaux douces, et jamais, jusqu'à présent du moins, à des animaux ou végétaux marins.

Nous avons dit, en parlant des usages de la chaux, que ce calcaire donnoit une pierre à chaux d'une très-bonne qualité, et nous en avons indiqué la raison.

On a nommé plâtre-ciment, une variétéde chaux carbonatée,

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d\m gris jaunàtfe avec dés veines rougeâtres; elle se trouve en fragmens roulés sur les bords de la mer, à Boulogne, et contient, d'après M. Drapier, 0,73 de chaux, 0,15 de silice,

0, 07 de fer et o,o5 d'alumine environ. Cette pierre à chaux, calcinée, réduite en poudre, et gâchée, donne , sans addition, ûn mortier qui acquiert en très-peu de temps une grande so-* lidité dans l'eau ; elle appartient donc, tant par sa nature qutf par ses propriétés, au calcaire siliceux.

18/ Variété, CALCAIRE CALP. Cette pierie ne se trouve qü'eri masses compactes d'un gris bleuâtre d'ardoise , quelquefois presque noir: elle a la texture compacte et sublamellaiVe, ei la structure tantôt entièrement massive , tantôt schistoïde ; elle est quelquefois traversée de veines de calcaire spathique blanc, et même de filons de cette substance qui renferment du plomb sulfuré et du zinc sulfuré. Sa cassure est plane, quel- quefois un peu conchoïde. Le calp se divise assez facilement en larges parallélipipèdes; il se raye en blanc ; il a l'odeur argi- leuse par l'insuiflation de l'haleine; sa pesanteur spécifique f de 2,68.

C'est, d'après M. Knox, un mélange de 0,68 de chaux car- bonatée,- 0,07 d'argile, - 0,18 de silice, -0,02 de fer,- et environ o,o3 de bitume; il jaunit et se délite en féuilíets minces' par la calcination; mais il ne donne pas de chaux vive pure.

Cette variété passe au marbre, à la chaux carbonatée coin- pacte, et à la marne endurcie par des nuances insensibles.

M. Kirwan donne pour exemple de calp, la pierre noire à ¿àtif des carrières de Dublin, qui se trouvent à FOuest de cette ville, dans le voisinage de Luçan.

J'y ajouterai, comme exemple authentique, celui deClon- tarf, près de Dublin, qui présente les veines métalliqm s dont' on a parlé plus haut. 11 ne fait dans les acides qu'une foible effervescence, et ne s'y dissout même qu'en partie : on le re- garde en Angleterre comme appartenant au calcaire de tran- sition.

Le calp de Fingías, qui m'a été également envoyé comme exemple du calp de Kirwan, a la structure un jpeu schistoïde, et paroîtroit se rapprocher du psammite schistoïde calcaire, il fait une vive effervescence avec l'acide nitrique; mais il ne s'y dissout qu'en partie.

30.

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19.® Variété. Calcaire lent: Chaux carbonatée magnési/ère# HaUy; MuricalciU, Kirwan ; Bitterspath, Picrite, Blumenbach; Hornspath et Kiesspath des minéralogistes allemands"

Cette variété n'a pas de 'caractère extérieur parfaitement tranché : sa propriété la plus owjinaire est de ne faire qu'une très-lenteefFervescenceavecl'acide nitrique; et encore, toutes les variétés ne présentent-elles pas toujours ce caractère : elle est aussi plus dure que la chaux carbonatée pure; elle est sou- vent phosphorescente par frottement dans l'obscurité.

C'est donc dans sa composition que consiste sa véritable dif- férence : elle renferme toujours de la magnésie, en quantité néanmoins assez variable, mais dont la proportion la plus ordi- naire paroît être : de chaux carbonatée 54, et de magnésie carbonatée 42.

La forme primitive de cette variété est, suivant M. Haüy, absolument la même que celle du calcaire rhomboïdal pur, c'est-à-dire, le rhomboïde de 104 d. et demi; mais, suivant M. Wollaston , de 106,15'.

Sa pesanteur spécifique est de 2,89.

Les variétés de formes sont aussi les mêmes que celles de ce calcaire, mais cependant beaucoup moins nombreuses ; les principales sont le primitif, l'unitaire, Puniternaire, le lenti* culaire, etc.

Les variétés de textures et d'aspect sont les suivantes :

Calcaire lent picrite : c'est le bitterspath proprement dit des minéralogistes allemands; le spath magnésien, Broch.; la chaux carbonatée magnésifère primitive , Haüy ; le dolomite spatts, ou rhombo spatts, Jameson.

lise présente ordinairement cristallisé : sa forme primitive, ses formes secondaires, et par conséquent sa texture, sont celles delà chaux carbonatée spathique; mais il a une dureté et une apparence nacrée que cette dernière n'a pas : ses couleurs varient du blanc jaunâtre au brun jaunâtre.

Là picrite se trouve dans les roches talqueuses, telles que la chlorite, la serpentine, lastéatite : elle y est accompagnée de talc, d'asbeste, de grammatite, etc.

On en trouve dans les montagnes du Tyrol ; dans celles de Salzbourg, à Brienz en Suisse, dans la montagne de Taberg, dans le YfevmeUnd, en Suède, etc.; sur les bords du Loch-

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Lomond en Ecosse ; en Groenland , dans un taie endurci ; et { dans le Mexique, en cristaux limpides ou blanchâtres, recou- vrant des masses cristallisées de quarz, d'améthyste et de fels- path.

CALCAIRE LENT MIEMITE. Cette variété a une couleur verdâtre pâle, assez gaie : elle est plus souvent en grandes masses que cristallisée régulièrement ; sa texture est rayonnée.

On a quelquefois donné ce nom à des variétés de calcaire spathique verdâtres qui ne renferment pas de magnésie : mais , si l'analyse suivante de Klaproth se rapporte réellement à une variété de calcaire lent de Miemo, comme il est difficile d'en douter, la miemite doit rester parmi les calcaires maguésifères.

Chaux carbonatée 53

Magnésie earbonatée 42

Fer carbonaté mêlé d'un peu de man- ganèse. . 3

98

On Ta trouvée à Miemo, en Toscane, dans les cavités d'une masse d'albâtre gypseux, et dans le pays de Gotha. M. Gie- seke l'a trouvée en rognons avec de la wavellite, de l'arrago* nite et de la calcédoine, dans une wake décomposée à Kan- nioak, dansl'Omenaksfiord, en Groenland*

CALCAIRE LENT LAMELLAIRE. Il a Ja texture lamellaire r c'est le marbre grec magnescent, décrit par M. de Cubières, et dont Fexemple le plus authentique peut être pris de celui dont est construit le temple de Jupiter-Serapis, sur la côte de Baya, près Pouzzole.

Il est d'une blancheur éclatante, et assez translucide? son grain offre de grandes et nombreuses lames brillantes, ce qui donne un aspect aventuriné aux morceaux de ce marbre qui ont été polis.

Il est assez dur pour rayer un peu le verre, et il étincelle même sous le choc du briquet ; il est phosphorescent par frot- tement ou par percussion.

Une fait, avec l'acide nitrique, qn*une légère effervescence-, et ne se dissout que très-lentement dans cet acide.

Ce marbre a été analysé pâr Descostils, qui y a reoennu le# principes tuivans, ;

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Acide carbonique. ... 47

Chaux. . . . 5o

Magnésie .

11 diffère essentiellement, par cette composition, du marbre ¿e Paros, du marbre penthélique, etc.

CALCAIRE LENT DOLOMIE. (Chaux carbonatée magnésifère gra- pulaire, Maüy.)

La dolomie diffère des variétés précédentes, en ce qu'elle se présente en masse, à structure grenue ; elle est tan tôt solide, tantôt friable, et ressemble beaucoup, par ces caractères, au

1 calcaire saccharoïde ; mais elle fait une très-lente effervescence dans* l'acide nitrique, et quelques échantillons sont phospho- rescens par percussion dans l'dbscurité. La dolomie 'est tantôt grise et tantôt d'un blanc de neige éclatant.

On ne trouve cette variété que dans les terrains primor- diaux; elle y forme deáiúasses, des bancs ou des filons consi- dérables , qui renferment quelquefois du fer, du zinc et de l'arsenic sulfurés, du cuivre gris, de la grammatite, du mica, etc. Cette dernière substance donne ordinairement à la dolomie la texture feuilletée.

fresque toutes les chaînes de montagnes primitives offrent cette variété ; elle s'observe principalement dans le groupe des montagnes du Saint-Gothard, où elle se présente en lits, sou- vent d'une grande épaisseur, qui renferment des cristaux de trémolite, des grains de quarz et des feuillets de mica et de talc ; dans les Apennins, on la trouve en portions disposées en couches dans un calcaire à petites écailles d'un gris de cendre foncé ; en Carinthie, il forme des chaînes entières de çiontagnes ; à Bareuth, ce calcaire se présente en lits avec 4u calcaire feuilleté granulaire ; à Sala en Suède, il est mêlé de mica, de talc et de quarz ; sur la montagne de Maladetta "n Espagne; on en trouve dans l'île de Ténédos une belle va- riété blanche, qui a été employée par les anciens sculpteurs" on le trouve aussi en veines" traversant le granite, dans la vallée de Sésia en Italie ; et il se présente en parties isolées sur le mont Somma. Le docteur Bruce l'a reconnu avec de la trémelite dans la province de New-Yorck ; enfin , on en cite au Bengale, et toujours avec des couches de tréniolite; au

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Simplon , dans la vallée de Kanter : celui de ce dernier lieu * la texture fissile, et renferme des grains de fer oxydulé, luisans comme du mica, et de la grosseur d'un pois, ce qui fait paroître cette roche comme mouchetée.

M. Patrin a remarqué, en Sibérie, une couche de dolomie dans laquelle on a percé une galerie qui mène à une mine de plomb. On trouve cette pierre en filon puissant dans un granite de la montagne du Sanctuaire, prés Varallo , vallée de Sésia.

Elle est aussi assez commune en Angleterre, au sud-ouest de Workoop, dans le Nottingamshire, ainsi que dans le Yorckshire. Les murs de la cathédrale d'Yorck sont bâtis avee cette pierre.

La delomie a quelquefois la propriété d'être flexible ; c'est, comme on le verra au mot PIERRE FLEXIBLE , une propriété com- mune à plusieurs pierresd'unestructore granulaire ou spathique*

CALCAIRE LENT COMPACTE. Cette variété a la tçxture compacte et très-serrée ; elle est tantôt grise, tantôt jaunâtre, et quelque- fois d'un bleu presque pur, tirant néanmoins sur le jaunâtre ou le rosâtre.

Sa dureté est assez remarquable pour qu'on l'ait prise, an premier aspect, pour un calcaire siliceux \ mais elle ne ren* ferme pas une quantité appréciable de cette terre , tandis qu'elle contient plus d'un tiers de son poids de magnésie.

Le calcaire nommé conite du Meissner, examiné par M. Stro- xneyer, est un calcaire magnésifère composé

De magnésie . . . . ,32

De chaux carbonatée. 71

De fer oxidé . . . . .4

Celui de Combecave, près Figeac, qui renférme entre se" assises des lits de zinc carbonaté et de plomb sulfuré, et qui est veiné de baryte sulfatée, contient, d'après M. JJerthier, près du tiers de son poids de magnésie.

Enfin, la pierre décrite par Karsten , sous le nom de gurho- Jian y est encore un calcaire lent, composé, d'après Klaproth ,

De chaux carbonatée . . i . . 70,50

De magnésie carbonatée. . . . 29,50

Cette sous-variété est d'un blanc de neige , compacte , d'un

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aspect mat ; sa cassure est conchoïde, plate, à bords tran" chans , un peu translucide; sa pesanteur spécifique n'est que

de 2,76.

Elle se présente en filons accompagnés de feuillets de talc , dans une serpentine granitique, entre Gurhof et Aggsbach , district de Gœltweieh en Basse^Autriche.

Annotation. La chaux qui résulte de la calcination du cal- caire lent ou magnésifère, paroit avoir une action nuisible à la végétation: les terres sur lesquelles on la répand, sont frap- pées de stérilité pendant plusieurs années^ Cette observation , rapportée par M. Tennant, a été faite près de Doncaster et près de Derby en Angleterre ; mais il paroit que cette action n'est ni aussi puissante , ni aussi longue qu'on l'a cru. M. Bakewell dit qu'elle ne s'étend pas au-delà de deux ans dans les parties du Derbyshire où ce calcaire a séjourné en grand tas pendant long-temps, et qu'elle est nulle lorsqu'on emploie cette chaux réserve. Ainsi on est dans l'usage d'envoyer le calcaire magnésien de Sunderland en Ecosse , pour l'amendement des terres ; il est même préféré à tout autre ; mais on a soin de n'en ofaire usage qu'avec une épargne convenable.

so.® Variété, CALCAIRE BITUMINEUX. Cette pierre est noire ou "brune, et cette couleur peut être regardée comme une cou-; leur essentielle, puisqu'elle résulte de la présence du bitume qui caractérise cette variété.Elle répand, par le frottement ou par Taction du feu, une odeur bitumineuse, souvent peu agréable-. Elle perd, par l'action continue du feu, et sa couleur et son odeur*

Cette espèce est colorée par un bitume qui lui donne en, même temps son odeur. Elle a tantôt la structure compacte, et est susceptible de poli comme les marbres; tantôt elle a la structure lamellaire et presque laminaire,

IÍ est très-difficile , dans beaucoup de cas, de distinguer cette variété ju calcaire que nous appelons fétide, et qui est coloré en noir parle charbon, mais qui ne renferme pasde bitume.

Ce calcaire paroit appartenir aux terrains houilliers et aux terrains supérieurs 4 la houille, plutôt qu'aux terrains de tran-" sition.

Nous ne pouvons y rapporter avec certitude que les exena^ pies suivans :

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Celui de Galway en Irlande : il contientquelquefois assez de bitume pour être employé comme combustible.

Bergtnanii dit que ce calcaire se trouve en grandes masses dans la Westrogothie, et qu'on en fait de la chaux avec avantage, parce que le combustible nécessaire est fourni en partie par le bitume qu'elle renferme : on en trouve en Dalmatie une variété tellement bitumineuse, qu'elle se laisse couper comme du savon. On construit cependant des maisons avec cette pierre; mais lorsque la maçonnerie est faite, on y met le feu ; le bitume brûle, Ct la pierre blanchit : on pose alors la charpente etla, couverture.

ai.e Variété. CALCAIRE fétide: vulgairement pierre de pore; stinkstein, la pierre puante, Broch. ; lucullite, Jameson.

Cette variété répand, par la chaleur ou par le frottement, une odeur fétide de gaz hydrogène sulfuré, analogue à celle des œufs pourris. Sa texture est compacte, grenue ou lamellaire $ sa couleur est variable , mais ordinairement grise ou noirâtre.

Cette odeur est différente de celle de l'espèce précédente ; on l'attribue à la présence du gaz hydrogène sulfuré qu'elle renferme. Elle contient en outre presque toujours du charbon sans bitume, et c'est à cette substance qu'elle doit la couleur noire qu'elle présente quelquefois. (Bouesnel.) 1

C'est à cette variété qu'il faut, d'après le même auteur, rap^ porter les marbres noirs de Namur et de Dinant.

Elle renferme aussi quelquefois de la magnésie, suivant Hœvel ; alors elle a une texture plus grenue.

Le gisement de cette pierre est le même que celui de plu- sieurs variétés de calcaire compacte; mais il paroît qu'elle ap- partient aux formations les plus anciennes de ce calcaire, c'est- à-dire, au calcaire de transition. Elle se présente en masses considérables, composées de montagnes entières.

Les montagnes d'où sortent les eaux chaudes de Bagnères, sont en grande partie composées de cette espèce de calcaire qui donne, par la calcination, une chaux d'une très-bonne qualité.

On en a trouvé aussi aux environs du Vésuve une sous-va- riété dont la texture est laminaire, et les lames alternativement noires et blanches.

calcaire fétide grisâtre lamellaire, qui recouvre le gypse

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du Hetzbergen, au pied méridional du Hartz, appartient à

cette variété.

22* Variété. CALCAIRE JAUNISSANT. (Chaux carbonatée ferri* fére, Haüj.)

Ce calcaire, qu'on n'a encore trouvé qu'en très-petits cris- taux dans du gypse, à Salzbourg, est caractérisé par une com- position particulière et par les propriétés qui en résultent. C'est une combinaison de chaux carbonatée et de fer axidé sans manganèse ; il jaunit par l'action de Tacide nitrique , et rougit par celle du feu, mais n'y noircit pas comme le fait la variété suivante ; il se dissout dans Tacide nitrique, mais en ne produisant qu'une lente effervescence.

Il se présente en petits cristaux rhomboïdaux, qui appar- tiennent aux variétés de forme nommées uniternaire et terno- bisunitaire par M. Haüy : sa couleur ordinaire est le gris brunâtre; son éclat est foible et point perlé; il est plus dur que le calcaire rhomboïdal pur; sa pesanteur spécifique est de 2,81.

Il fond par l'action du feu , et sans noircir, en un globule qui fait facilement mouvoir l'aiguille aimantée.

î3.e Variété. CALCAIRE BRUNISSANT : Chaux carbonatée ferro- manganésifère, Hauy; Brauns path, le spath brunissant, Broch.; le spath perlé, sidero calcite, Kifwan*

Cette variété a la texture lamellaire, et l'aspect souvent d'un blanc argentin ou perlé. Ses caractères les plus remarquables sont de brunir par l'action de l'acide nitrique, par celle du feu, ou même quelquefois par le seul contact de l'air ; elle ne fait , avec l'acide nitrique, qu'une très-lente effervescence.

Sa composition varie beaucoup, mais ses principes consti- tua^ essentiels sont la chaux carbonatée danp la proportion moyenne de 0,66; le fer, 0,08; le manganèse, 0,08; et la magnésie, 0,10.

Malgré la présence de deux métaux très-coloraps, ce calcaire est quelquefois parfaitement limpide ; quelquefois il tire sur le jaunâtre, et plus habituellement il a l'aspect comme nacré blanc, ou nacré jaunâtre ; c'est ce qui lui a fait donner le nom de spath perlé; sa pesanteur spécifique est de 2,83.

Le calcaire brunissant a exactement, suivant M. Haüy, la jn£me forme primitive avec les mêmes valeurs d'angle que le

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calcaire rhomboïdal pur ; mais, suivant M, Wollaston , les angles de ce rhomboïde sont de valeurs différentes.

Mais, ce qu'il y a de sûr, c'est que la composition de cette variété semble influer un peu sur l'habitude de ses cristaux. Ces cristaux, qui appartiennent ordinairement à la variété in- verse de la chaux carbonatée, ont leurs faces souvent convexes, sont même quelquefois presque contournés; comme tordus.Ils sont ordinairement imbriqués, et comme a recouvrement les uns sur les autres, ce qui donne à leur masse un aspect écail- leux assez remarquable.

Le caleaire brunissant, tel que nous le considérons ici, ren- ferme au plus 10 pour 100 de fer et de manganèse; mais, du moment où la proportion du fer devient plus considérable, on doit le considérer comme une espèce de minerai de fer9 et le ranger parmi les minerais les plus riches de ce métal.

Il faut observer, avec M. Haüy* que les proportions de fer varient dans cette pierre depuis 4 pour 100 jusqu'à 60, tan- dis que les proportions de chaux et d'acide carbonique, et la forme primitive qui lui appartient, restent toujours les mêmes. La chaux carbonatée paroît donc être ici le type de l'espèce. Comme il n'est pas possible de placer dans la pratique une mine de fer aussi riche hors de son genre, nous laisserons le fer carbonaté parmi les minéraux de fer, et on ne placera ici. que le calcaire brunissant, dans lequel le fer n'entre au plus que pour un dixième.

Cette variété se trouve le plus souvent en filons, tantôt en masse , tantôt en petits cristaux, perlés , imbriqués et groupés en stalactite , sur d'autre^ cristaux. Ils sont accompagnés des substances qui se trouvent ordinairement dans les filons, c'est- à-dire, de quarz, de chaux carbonatée pure, de chauxfluatée, etc., de plomb, de zinc, de fer, d'argent et de cuivre sulfurés*

On la trouve presque partout à Baygorry , dans les Pyrénées, à Sainte-Marie-aux-mines, en Saxe, au Hartz, en Hongrie, en Suède, etc.

Mêlée avec la pierre à chaux ordinaire, elle peut donner, par la calcination, une bonne chaux maigre, utile, comme on l'a dit, dans les constructions sous l'eau.

34.* Variété. Caícaihe ROS". (Chaux carbonatée mangané* sifère, Haüy.)

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Ce calcaire est rose ; il brunit par l'action du feu , et il a le clivage de la chaux carbonatée rhomboidale ; il est composé

De chaux carbonatée. . 13

De manganèse . . . . . 34

Et de silice . . . . 53

Il se rapproche considérablement, par cette composition, du manganèse lithoïde rose, et n'en diffère réellement que parla présence des i3 pour 100 de chaux carbonatée.

Il est très-solidé ; sa couleur rose est tantôt pure , tantôt mêlée de blanchâtre, tantôt tirant sur le jaunâtre ou même sur le violâtre.

Il se présente ordinairement en masse peu volumineuse, et quelquefois, mais rarement, en cristaux qui offrent le rhom- boïde primitif de la chaux carbonatée : ce rhomboïde est comme contourné.

Il est opaque, quelquefois translucide, surtout sur les bords des fragmens ; sa cassure est pu conchoïde ou raboteuse ; il est plus dur que la chaux carbonatée pure.

On le trouve en Transilvanie, dans les filons exploités à Nagyac, pour les minerais aurifères qu'ils contiennent.

8.® Espèce. CHAUX FLUATEE OU FLUOA, vulgairement Spath Jiuor, -Spath fusible, -Spath vitreux, - Spath phosphorique f substance minérale qui résulte de la combinaison de l'acide fluorique et de la chaux.

La chaux fluatée a été confondue pendant long-temps avec les jpath-pesans et les gypses; Marcgraff fut le premier, en 1772 , qui l'en sépara, et la même année, Schéele reconnut que le fluor étoit composé essentiellement de chaux et d'acide fluo- rique , dans les proportions suivantes :

Chaux . . . . . . . . 0, 57

Acide fluorique . . . 0, 16

Eau. . . . . . . . . .0, 27

La chaux fluatée se reconnoît facilement par plusieurs pro- priétés remarquables qui lui sont particulières.

Si l'on verse, sur ce sel réduit en poudre et chauffé légère- ment, quelques gouttes d'acide sulfurique, l'acide fluorique se dégage sous forme de vapeur blanche, piquante, qui a la propriété de corroder le verre en lui enlevant sa silice.

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Quelle que soit la forme cristalline sous laquelle la chaur fluatée se présente , on obtient toujours, par un clivage facile, l'octaèdre régulier qué M. Haüy regarde comme la forme primi- tive , et que l'on peut convertir en rliombe et en tétraèdre régulier, suivant que l'on opère le clivage sur certaines faces.La chauxfluatée ala. réfraction simple ; sa pesanteur spécifique varie suivant l'état où elle se trouve ; elle est de 3,09 à 3,19 ; quoique plus dure que la phaux carbonatée, elle se laisse cependant rayer par le fer; deux morceaux deJluor, frottés l'un contre l'autre, brillent dans l'obscurité ; un effet analogue , plus mar- qué, mais moins général, a lieu lorsqu'on en projecte sur un charbon incandescent ; il se produit une lueur phosphorique variant du violet au bleu verdâtre.

1." Variété. Ch AUX FLUATEE SPATHIQUE. Sa texture est toujours lamelle use ; on la rencontre cristallisée, tantôt confusément et présentant alors des festons ou des lignes parallèles. tantôt ré- gulièrement et offrant des cristaux souvent très-gros, d'une netteté remarquable, et presque toujours transparens. Les cou- leurs de cette substance sont éclatantes et très-variées ; le" principales sont : le violet, le bleu, le vert, le jaune, le violet noirâtre 5 on a donné à ces variétésles noms des pierres gemmes, auxquelles ces mêmes couleurs sont censées appartenir. Ainsi, on les a nommées fausse améthyste, faux saphir, fausse éme- raude, fausse topaze ,faux rubis. Parmi ces variétés, il en est une violette de la Sibérie orientale , qui, jetée sur les charbons enflammés, ne décrépite pas, mais donne une belle lumière verte. Cette propriété lui a valu le nom de chlorophane. C'est une variété de peu d'importance.

La chaux fluatée laminaire est assez commune ; on la trouve dans tous les pays : Romé-de-l'Isle Ta voit nommée albâtre vitreux. M. Haüy compte plusieurs variétés de chaux fluatée bien dis* tinctes j les principales et les plus connues sont :

i. ° La Chaux fluatée primitive, Haüy. C'est l'octaèdre régu- lier j elle est assez rare dans la nature : on en trouve des cris- taux limpides à Kongsberg en Norwége ¿ celle qui est couleur de rose se trouve aux environs du Mont-Blanc, dans les pics dits les grandes Jorasses; on l'a trouvée aussi dans la vallée d'LJrseren, près le mont Saint-Gothard (Pictet) * en France, en beaux cristaux d'un jaune de topaze, dans la mine de Poyet,

V

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département de la Loire ; d'un beau vert, en Cornouailies ; d'un vert bleuâtre, au Mexique, etc.

2.° Chaux Jluatée cubique, Haüy. C'est une des plus com- munes.

3.° Chaux Jluatée cubo~octaèdre, Haüy. C'est l'octaèdre dont les angles sont tronqués.

4.° Chaux Jluatée cubo-dodécaèdre. Lorsque les arêtes sont remplacées par une seule facette.

5.° ChauxJluatée bordée. Lorsque chaque arête est remplacée par deux arêtes également inclinées sur les faces adjacentes du cube ; et si elles atteignent tout leur accroissement, on a :

6.° Vhexatetraèdre de M. Haüy. Le cristal est représenté alors par un cube dbnt chaque face est cachée par une pyramide à quatre faces triangulaires.

7.° Chaux Jluatée émarginée. C'est un octaèdre dont les arêtes, remplacées par des faces } donneroient naissance au dodécaèdre à plans rhombes, si elles atteignoient leurs limites, comme cela arrive quelquefois.

2.® Variété. CHAUX FLUATEE DEMI-COMPACTE (Haüy). Elle se présente en masse dont la cassure est translucide et presque vitreuse. Cette variété semble faire le passage de la chaux fluatée spathique à la chaux fluatée compacte; elle est assez rare, et se trouve à Somport, au fond de la vallée d'Aspe, dans les Pyrénées.

3.® Variété. Chaux fluatée compacte, Dichter Jluss. - Le fluor compacte, Brochant. Elle a la texture compacte ¡ sa couleur est brune ou d'un gris verdâtre ; elle a l'aspect mat, sa cassure est cireuse, un peu conchoïde; elle a enfin l'appa- rence de certaines variétés de calcaire compacte, ou d'un pétro- silex ; mais elle est plus translucide que ces pierres, et s'en distingue essentiellement par les caractères chimiques. La brune se trouve en Angleterre ; la verdâtre se trouve àStollberg au Hartz, à Yxsio en Suède, et en Sibérie. M. John ayant ana- lysé une variété qui venoit de Ratoska, a obtenu pour résultat :

Chaux 20

Acide Fluorique 49?o5

Eau 10

Fer 3,76

Sulfate de chaux 2

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4/ Variété. CHAUX FLUATEE TERREUSE. Elle a la texture grenue du grès friable, et ressemble à de la chaux carbonatée dolo- mie ; elle a ordinairement une teinte violette lie de vin, et est composée de couches parallèles blanchâtres ou ferrugi- neuses, qui paroissent avoir été horizontales. O11 Ta trouvée en Angleterre ; on en a rencontré une variété pulvérulente à Kongsberg en Norwége.

C'est à cette même variété qu'il faut rapporter la chaux fluatée qui a une couleur verdâtre, et qui renferme 0,21 de chaux,

0, 15 d'alumine, o,3i de silice, 0,28 d'acide fluorique, 0,01 d'a- cide phosphorique, etc. On la trouve à Kobola-Pojana, près v de Szigeth, dans le comitat de Marmaros en Hongrie; elle est située dans un filon puissant avec du quarz.

5. * Variété. CHAUX FLUATEE ALUMTNIFERE. C'est une variété que l'on trouve près de Buxton en Angleterre, sous forme de cubes isolés gris, opaques, à cassure terreuse , et souillés d'argile qui n'a point cependant altéré les formes cristallines.

6. ® Variété. CHAUX FLUO-ARSENIATEE. Cette nouvelle variété a été trouvée à Fimbo, près Fahlun, en Suède, par M. Berzelius, qui en aenvoyéun morceau au Cabinet d'Histoire naturelle de Paris : elle est en masse ; son tissu est laminaire , mais fort peu apparent; sa couleur est grise , claire, tirant quelquefois sur le rougeâtre; sa pesanteur spécifique ne semble pas différer de celle de la chaux fluatée ordinaire ; l'odeur d'ail qu'elle répand la distingue suffisamment des autres variétés.

La chaux fluatée est assez abondamment répandue dans la nature : on ne l'a cependant encore trouvée ni en montagnes ni en bancs considérables ; elle se présente quelquefois èn pe- tites masses, mais, le plus souvent, en filons dans les terrains de transition, dans les calcaires secondaires, dans les terrains volcaniques; elle entre même quelquefois dans la composition des roches primitives, et paroît aussi ancienne que les mon- tagnes qui la renferment : c'est ainsi qu'on la voit dans le Forez, en Auvergne, etc. La variété violette, qui a reçu le nom de chlorophane, est disséminée dans une roche granitique de la Sibérie orientale. M. Dandrada a annoncé, il y a quelques années, avoir vu en Suède, dans le district de Norberg, des assises très-étendues d'un schiste micacé mêlé de chaux fluatée en masse compacte, et de rognons de quarz* Des observations

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plus récentes viennent à l'appui de celles-ci : la chaux fluat¿* s'étoit présentée le plus souvent en masse de forme indéter- minée. M. Pictet a observé la variété couleur de rose, cristal- lisée en octaèdres d'un pouce de diamètre, groupés avec des cristaux de felspath , de quarz et de spath calcaire , dans les grandes Jorasses, montagnes primitives près de la vallée de Chamouni; on én trouve de semblables, mais de moindre di- mension , au mont Saint-Gothard. On la voit au Vésuve, dans les parties de ce volcan qui sont composées d'idocrase brune et d'amphibole noir,* elle y est en petits cristaux reconnois* sables, mêlés de nepheline et de cristaux imparfaits, bleuâtres, prismatiques, qui semblent être aussi de la nepheline. Un de nos plus grands observateurs, M. Buch, l'a reconnue en Nor- wége avec des grenats, dans un terrain grenu, mais de transi* tion, posé immédiatement sur le granite de Paradiesberg ,près de Christiana.

La variété de chaux fluatée violette se trouve en filets avec la chaux carbonatée dans le calcaire fétide des environs de Namur : ce calcaire renferme des silex et des ammonites.

Le fluor se rencontre donc dans des terrains de formation tout-à-fait différente, tantôt dans des filons qui contiennent de l'étain, tantôt dans des filons de formation plus moderne, comme ceux qui renferment du plomb, du zinc, etc., et dans des lieux plus récens encore, comme les dernières assises du calcaire grossier.

Les filons qu'il forme sont souvent fort puissans t ces masses ^présentent l'assemblage des couleurs les plus vives et les plus opposées; l'éclat métallique des sulfures de plomb, de fer, de cuivre, etc., qui les traversent en zigzag, en fait remarquer davantage la transparence. Dans ces mêmes filon"} la chaux fluatée est accompagnée de quarz, de chaux carbonatée, de chaux phosphatée, de baryte sulfatée ; ce dernier sel produit les zones blanches opaques qu'on y remarque souvent.

C'est dans les filons de plomb sulfuré, de cuivre gris, de sine sulfuré, etc., qu'on trouve le plus ordinairement la chaux fluatée.

Ce sel pierreux a été découvert dans les corps organisés. M. Morichini et M. Proust ont démontré les premiers sa pré- jeu ce dans l'émail des dents fossiles d'éléphaut: il y est.mêlé

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CHÀ Sai

de châUi phosphatée et de gélatine. Depuis, M? le comte de fiournon cite, dans le Catalogue de sa collection de minéra- logie, une portion d'entroque venant du Derbyshire, de deux pouces de long sur dix lignes de diamètre, et dont toute la longueur, à partir de l'axe, est convertie mi-partie en chaux carbonatée lamelleuse, et mi-partie en chaux fluatée.

Les principaux lieux où se trouvent les pjus beaux morceaux de chaux fluatée sont : en Allemagne, le Hartz, les mines de Saxe j en France, le département de l'Ailier et celui du Puy de Dôme ; en Angleterre, le Derbyshire : ce dernier lieu est le plus renommé pour les beaux échantillons qu'il a fournis.

Le fluor y est renfermé dans des filons obliques et assez puis* sans, qui traversent une montagne de chaux carbonatée com- pacte et coquillière : les cristaux de .chaux fluatée, mêlés de fer et de plomb sulfuré, tapissent immédiatement la chaux carbonatée.

Quoique plus abondante en Europe que dans toutes les autres contrées, on l'a cependant trouvée dans l'Amérique septentrionale, dans le New-Jersey, dans le comté de Sussex, Une variété pourpre se rencontre a Franklin-Fornace, mêlée avec du graphite, dans une pierre calcaire micacée; au Mexique, i Middletown, dans le Connecticut, en filons et en cubes, accompagnée de quarz, de chaux carbonatée, de fer, de zinc sulfuré et de plomb. Dans l'Asie ¿boréale, on n'a. encore aperçu le fluor que dans deux localités, et seulement en très- petite quantité, et accidentellement : Tune est la mine d'aiv gent deZméof, dans les monts Altaï ; l'autre est une mine de plomb argentifère de la Sibérie orientale ouDaourie. Dans la montagne d'Odon-Tchélon, on l'a trouvée mêlée avec des éme- raudes, et étant tellement semblable à ces gemmes, qu'on a supposé à tort que les émeraudes morillons, ou nègres-cartes9 étoient des cristaux de chaux fluatée. M. Lambotin a décou- vert la chaux fluatée aux environs de Paris, dans les dernières assises du calcaire grossier. Elle s'est présentée pour la pre- " znière fois dans des fouilles faites au Marché aux Chevaux, situé dans Paris même, au sud-est $ on l'a ensuite rencontrée à Neuilly-sur-Seine, du côté de Courbevoie : la couche qui la contient est un calcaire cristallin grenu, avec plusieurs cris- taux de quarz.

8. 21

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On emploie les belles masses de chaux fluatée dprçt JJQUS avons parlé, pour faire des vases; la manière dpntonles coupe, et le poli qu on leur donne, font ressortir les couleurs variée# et vives de cette pierre. Les cristaux dont les contourç angu- leux sont souvent recouverts d" sulfures métalliques, foripeijt, par leur entrelaceijiént des zones (J'un aspect assez çingijlier. C'est dans le Derbyshire, et surtout à Matlpck, que §e fpnf la plupart de ces ouvrages. On tourne les pièces rçu'pn fait avep cette substance fragile, sur un tour très-solide, xpu par l'eau; on les polit de la même manière jue le marbre: ejt lp/rs.que cp travail est terminé, on les envoie à Birmingham, pu ils pçpjt montés sur métaux.

Il paroîtrpit, d'après les recherches de J.e Born ef deM. Pp- zières, que la chaux fluatée auroit été cpnnue et mise en usage à des époques très-reculées, puisqu'il^ prétendent que p'éfoii la matière des fameux vases murrhins, si célèbres dans l'anti- quité.

L'acide fluorique, que l'on obtient en mettant dans une cornue de plomb trois parties d'acide sulfurique sur une par- tie de chaux fluatée réduite en poudre, a été expployé par M. Puymaurin, pour graver sur le verre comme on grave sur le cuivre avec l'acide nitrique: ce procédé $ été abandonné, et on y a substitué l'acide à l'état (Je g^z ; on est*parvenu, par ce moyen, à obtenir des gravure? très-fines, ¡et dont il est pos- sible de tirer, avec quelque^ précautions, un grand nombre d'épreuves. Il paroît qu'on connoissoit cette manière de graver le verre avant 1700, quoiqu'on ne connût, à cette époque, ni l'acide fluorique ni ses propriétés.

7#e Espèce. CHAUX phosphatée, Phosphorite, JCirw. Le phos- phore avoit été regardé comme appartenant exclusivement: au régne animal, jusqu'au moment oùi on a recopnu la pré- sence de l'acide phosphorique dans un assez gjrand nombre de substances minérales. Ce n'est que depuis peu d'années qu'op h déterminé la nature de ces substances, quoique plusieurs d'entre elles fussent déjà connues. Les variétés de chaux phos- phatée sont assez nombreuses et très-différentes les unes deç autres; en sorte qu'il est difficile de les réunir par un car^ctèrjp commun qui soit apparent et bien tranché.

La chaux phosphatée ne fait point effervescence avec ¿"acide

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ijifrique, ni avec l'acidç sulfurique, comme H eháux carbo- natée et la chaux fluafée; niais elle se dissout lentement dans ces acides. Elle est plus dure que ces pierres, sans cependant fyre scindante ; sa pesanteur spécifique est plus considé- rale que celle de la cfiaùx carbonatée , mais inférieuré à celle (jes espèces c}u genre Baryte et Strontiane ; enfin, ette ç$t infusible au chalumeau. /

Çes caractères conviennent à toufes }es variétés 4e jCe sel, lorsqu'elles nesonj pas trop impures. Plusieurs de ces vsriétéà jouissent, en oW(re, des propriétés suivantes:

pelles qui sont cristallisées affectent généralement la foyme prismatique-: leur cassure est lamelleuse dans le sens des basè^, çt raboteuse ou vitreuse dans celui des pans. JLeur forme pri- mitive est un prisme hexaètjre régujier, dans Je quel un côté 4e la base est à la hauteur à peu près comme io est à 7. La çjhaux phosphate a la réfraction simple ; lorsqu'elle est purek, çlle est composée parties de chaux, et de 45 d'acide

phosphorique. ¿.es variété^ £n masse ontja cassure compacte", ip peu grenue; elles sont opaques, çt font voir une phosphor yescence verte, très-brijlapte lorsqu'on çp jettç la poussière fur des cjbarbons.

La chaux phosphatée se présente cristallisée ou en masse.

M. Jiaüy en a décrit dix variétés déterminables :.les unes sont généralement terminées par un pointement ¿ les autres ont le prisme terminé pap une face plus ou moins grande, perpenn ÿiçûlai^e à l'axe, ce qui formçra pour nous deux variétés principales.

Nous comprendrons spus le nom de chaux phospfiatée ter- reuse, les variétés indéterminables, en distinguant toutefois la chaux phosphatée siticif ¿re 9 que nous regarderons comme uné sous-espèce.

i. re Variété'. Ch au* phosphatée apatite : gemeiner apatit, Pa- ya tite commune, flroeh. j - Béryl de Saxe, ou aguçtite, Tromsf dorijF.

Elle est en prismes courts et tronqués limpides, verts, vio- lets ou bleuâtres; leur poussière est phosphorescente par cha- leur. Cette variété est composée ^e chaux 0*55* et d'acide phosphoriquje, 0,45, Klaproth. Elle se rencontre dans les filcns des montagnes priiçitive*, notamment dans ceux d'étain ; le

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quarz, la chaux fluatée, la baryte sulfatée, le felspath , le (et schéelaté , etc., l'accompagnent ordinairement. On la trouve principalement en Saxe, en Bohème;-au Saint-Gothard, dans une roche à base de chlorite; elle y est accompagnée de^fels- nath adulaire et de mica ; -en Cornouailles, dans une roche -° de talc lamellaire verdâtre ; -au Simplon et dans les envi is de Limoges, disséminée dans le quarz ; - dans les Pyréi? * ' i avec la tourmaline et le mica ; - en France, près de F es, et à l'ouest de cette ville, d'abord dans un granit ren *nant beaucoup de felspath ; et plus loin dans une roche à 7 ..e d'amphibole, et dans les cavités d'un minerai de fer o> ¿dé. (Dubuisson.)

Cette variété renferme toutes les chaux phosphatées, k cris- taux non pyramidés, queM. Haüy a décrites, dans son ouvrage, sous les noms de primitive, -péridodécaèdre, - annulaire, -¦ émarginée unibinaire, -progressive, - doublante et bino-annu- laire. Cette dernière variété a été découverte nouvellement k Sungangarsok, dans le Groenland^ elle se trouve engagée dans un mica schistoïde noir verdâtre. D'autres cristaux de chaux phosphatée ont été trouvés à New-Yorck. Ils sont d'une cou- leur brune, disséminés dans la pyrite magnétique, et ontl'ap- parence de certains grenats.

2. ® Variété. CHAUX PHOSPHATEE CHRYSOLITHE; Spargelstein ( La pierre d'asperge, Broch. ) Les prismes sont plus alongés que eeux de la variété précédente ; ils sont terminés par une pyra- mide à six faces, comme le quarz; mais cette pyramide est plus obtuse : les couleurs ordinaires sont le vert d'asperge ou le vert pâle, l'orangé, le brunâtre et même le bleu verdâtre. C'est à cfcs deux variétés de couleur qu'appartient la moroxite de Karsten.

La poussière de la chaux phosphatée chrysolithe n'est p'oint phosphorescente sur les charbons. D'après l'analyse faite par M. Vauquelin , elle contient ¿>4,28 de chaux et 45,72 d'acide phosphorique. On avoit regardé les cristaux verts d'asperge ou orangés comme appartenant k une espèce particulière de pierre gemme, et on les avoit nommés chrysolithes. M. Wer- ner avoit soupçonné qu'ils devoient se rapprocher de la chaux phosphatée, avant que MM. Klaproth et Vauquelin eussent prouvé qu'ils appartenoient e" effet k cette espèce.

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Cette variété comprend la chaux phosphatée pyramidée et dodécaèdre de M. Haiiy.

Le gisement de la chaux phosphatée chrysolithe est souvent très-différent de celui de la chaux phosphatée apatite f il paroît qu'elle se trouve dans les produits volcaniques, mêlée même avec les idocrases, comme on Ta observé au Vésuve. Suivant M. Gismondi, elle se présente sous forme d'aiguilles pyrami- dées, blanchâtres, dans des masses de pyroxène granulaire et de mica, aux environs d'Albano, dans la campagne de Rome. On la trouve en grande quantité au mont Caprera, près le cap de Gates, dans le royaume de Grenade en Espagne. Sa gangue est*une pierre cariée argileuse, qui renferme des lames de fer oligiste et ressemble beaucoup à une lave. En France, on l'a rencontrée dans les basaltes de Monferrier, à quelque distance de Montpellier. Les cristaux brunâtres et bleus verdâtre on t un gisement analogue à celui des variétés de la première division ; on les a trouvés dans les filons de la mine de Marbtfe ou Lan- gloé, près d'Arendal, enNorwège.

3. ® Variété. Chaux phosphatée ^rreuse , Haüy ; Erdiger Apatit. (L'Apatite terreuse, Broch. ) Elle a la texture tantôt fibreuse, lamellaire, ou granuliforme, et tantôt terreuse. M. Haüy en a fait autant de variétés bien distinctes.

Chaux phosphatée cylindroïde (Agustite).

Chaux phosphatée laminaire.

Chaux phosphatée grano-lamellaire.

Chaux phosphatée concrétionnée fibreuse. Elle se trouve en masse rayonnée dans les mines d'étain de Schackenwald en Bohème.

"

Chaux phosphatée massive terreuse. Sa texture est solide et même compacte; elle#a sa surface souvent mamelonnée; ses masses sont marquées de zones jaunâtres et rougeâtres ; jetée sur des charbons ardens, elle y répand une lumière d'un jaune verdâtre.

Cette variété forme a Logrosan, près de Truxillo, en Es- pagne, des collines entières, composées de couches entre- mêlées de qûarz ; on s'en sert dans le pays pour bâtir. On avoit remarqué sa propriété phosphorescente long - temps avant de connoître sa nature. D'après l'analyse faite par Pel- letier, elle contient, sur 100 parties, 0,59 de chaux, et0,54

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d'acide phosphorique. Le reste est üri mélange décidé Hue- rique, d'acide carbonique, de silice, de fer', et même d'iift. atome d'acide muriatique.

- Chaux phosphatée pulvérulente. - C'est un mélange de châ'ui fluatée et phosphatée ; sa couleur est Planche ; elle se tirouvfe à Marinarosch en Hongrie.

Il paroît, d'après ce qui précède, qù'il ÿ à dèui et peut-êtri? trois formations différentes dé chàüx phosphatée : i.° cëllie clei filons, qui est certainement la plus ancienne, pïùsqü'elïe sfe trouve dans les filons les plus anciens; ¿.° celle qu'on trouvé en couches à Logrosân dans l'Estrámadúre : on ne sait en- core rien sur son gisement; 3.° enfin, celte des 'terrains Volca- niques.

CHAUX PHOSPHATEE SÏLICIFERE. Cette sous - espèce de chaùi phosphatée se trouve en masses poreuses et comme cariées; si cassure est terreuse ou grenue; elle à aussi là texture tin peu lamelleuée, à lames entrelacées ; elle est rude ait toucher? e't fait même feu sous le choc du briquet; les couleurs sont fc 'gris sale nuancé de violek Jetée sur un fer chaud, elle répand une lumière phosphorique très-vive et d'un jaune doré"

C'est M. Tondi qui ndus à fait conrioître le premier cette variété : on la trouve à Schlàckénwald en Bohème, dans le" mines d'étain de ce paÿs.

# 3.® Espèce. CHAUX SULFATEE. - GYPSE. Le gypse a , dans beau- coup de cas, l'apparence de la chaux carbonatée; il a presque Ja même pesanteur; triais lorsqu'il n'est point mélangé, il ne *fait aucune effervescence avec les acides : il est d'aflleuA beaucoup plus tendre que ce sel pierreux, se laissant ¿oùvebt rayer par l'ongle. Enfin, loin de se réduire eh chaux vive au chalumeau, il se fond en un émail blanc qùi tombe en poùdft au bout de quelque temps.

Les caractères prédédens suffisent souvent pour fañte dis- tinguer le gypse du calcaire, de la chaux fluatée, de la chàu^c phosphatée. Sa pesanteur spécifique, qui est de 2,3I au plus, ne permet pas de le confondre avec les espèces des genrés Baryte et Strontiane.

La chaux sulfatée a d'autres caractères moins apparens, maïs pl*isimportans que les précédens. Sa forme primitive, facile 11 obtenir, est un prisnie droit , ayant pour base un 'parailélo-

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CtîA 3*7

dont le* angles ônt 115°8' et 66*5a', et dont la ¿auteur est à la base, comme 3a est à 131 les côtés du parallélogramme sont entre eu* comme les nombres i3 et îa. Elle a la double ré- fraction ; mais pour là voir, il faut faire naître sur une des' bases de la forme primitive une facette triangulaire qui abatté tin des angles solides obtus, et regarder à travers cette facette artificielle, et la base qui lui est opposée.

Outre les joints ordinaires et tr¿s-se nsi bles parallèles aux faces de la forme que nous venons de décrire, le gypse offre, commé lecálcaire rhomboïdal, des joints surnuméraires, dont les loi* de position et l'explication sont semblables à ce qui a été dit a ce sujet à l'article de ce calcaire. Les uns sont paral- lèles à la petite diagonale de la base, ou à une face produite jtar un décroissement sur line rangée à droite et à gauche de l'arête H du prisitie ; les autres joints, qui sont parallèles à une face produite par un décroissement par trois rangées à gauche de l'arête G, et par une rangée à droite de cette arête, don- neraient, s'ils supportaient facilement et nettement le clivage, un parallélipipède presque rectangle, mais dont les angle" égalent néanmoins 9a d. et 88 d.

Ce sel pierreux est un peu didluble danà l'éâu ; il faut 5oo parties de ce liquide pour en dissoudre une de cette subs- tance.

On vient de dire qtie là ctiaüx sulfatée étoit fusible au cha- lumeau ; mais, pour que cette fusion s'opère, il faut diriger lè jet de flaméie dans le fcens des lames. Si on agit perpehdicu* lairethent à leur surface, on he peut l'obtenir. Ce phénomène, observé par Macquer, est expliqué d'une manière satisfaisante par M. Hatfy* Il ftiit observer que les molécules intégrante* prismatiques ayant plu* dê hauteur que de báse, doivent adhé- rer plus fortement par leurs pabfe ou* faces latérales, que par leur base: d'où il résulte qu'elles seront plus difficiles à désuni* par l'action mécanique * oit par celle du calorique, dans le sent de leurs pans, que dans celui de leur base.

Lorsqu'on expose de la chaux àulfatée cristallisée à Taction. du feu, elle perd son eau de cristallisation, devient blanche y et s'exfolie beaucoup plus facilement dans un sens que dans l'autre.'

Plusieurs cristaux prismatiques de chaux sulfatée sont flexi-

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bles sans être élastiques ; ils se courbent sans se briser, et con-* servent la courbure qu'on leur a donnée : ce qui paroît tenir à ce que les lames qui les composent, ne se brisant pas toutes sur la même ligne, restent encore emboîtées l'une dans l'autre, quoique déjà rompues.

Les caractères et les propriétés de la chaux sulfatée, tels qu'on vient de les exposer, suffisent pour la faire distinguer de toutes les pierres connues.

Les; variétés de formes de la chaux sulfatée ne sont pas très- nombreuses ; mais ses cristaux ont un caractère particulier : leurs arêtes s'émoussent, leurs faces semblent s'arrondir, et ils prennent alors des formes qui ne sont plus ni régulières, ni même symétriques.

La chaux sulfatée, ou gypse pur, est composée, en prenant des proportions moyennes entre les analyses,

De chaux 32

D'acide sulfurique 46

D'eau 22

100

1.tm Variété. GYPSE SELENITE. NOUS laissons ce nom trivial au gypse cristallisé : c'est celui que lui ont donné Wallerius, Romé- de-Lisle, et que lui ont conservé plusieurs minéralogistes an- glois et allemands.

La sélénite a une structure laminaire très-sensible ; un cli- vage facile, qui permet de diviser ses cristaux en grandes lames fort nettes : mais ses formes ont ceci de remarquable, qu'elles sont souvent terminées par des faces curvilignes qui altèrent tellement la régularité des cristaux, qu'il faut toute l'atten- tion et la sagacité d'un cristallographe exercé pour les ramener aux formes régulières qu'elles ont poÉr type,

, Tous les cristaux cepexidant n'ont pas souffert ce genre d'al- tération; ou du moins il est si foible, dans beaucoup de cas* qu'on peut en faire abstraction. Parmi ces formes nettes et régulières nous choisirons les suivantes ?

a i

Le gypse sélénite trapézien CEP. C'est un solide en forme de table, dont les grands plans sont des rhombes bordés par des .biseaux culminans qui sont des trapèzes. On en trouve díes cristaux très-gros et très-nets près d'Qxford*

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2 1 t

Le gypse sélénite équivalent P Ç B E. C'est un prisme comprimé à six pans, terminé par des pointemens à quatre faces trapé- zoïdales. H est commun dans les marnes argileuses supé- rieures de la formation gypseuse des environs de Paris*

Les variétés des formes altérées sont beaucoup plus nom- breuses ; on doit y remarquer d'abord :

Le gypse sélénite mixtilique. Ce sont les variétés trap ézienn es, dont les angles solides sont comme usés, obliques et arron- dis en partie par une face curviligne.

Le gypse sélénite lenticulaire. Ce sont toujours les variétés trapé- ziennes, dont les arêtes et les angles sont presque tous émoussés, ¿l'exception des arêtes culminantes des trapèzes. On les trouve sous forme de lentilles, tantôt isolées, tantôt groupées deux à deux, de manière que la coupe perpendiculaire au grand'cercle de la circonférence de ces lentilles offre une forme en fer de.lance; tantôt ces lentilles, ainsi groupées deux à deux, sont implantées les unes au-dessus des autres, ou arrangées circulai- rement, comme les pétales d'une rose.

On divise facilement, comme nous l'avons dit, tous ces cristaux en lames minces, très-polies. On les a nommés trés- improprement pierre spéculaire, et encore plus improprement talc. Ces lames peuvent être fléchies ; mais elles ne reprennent pas leur première forme. Le mica en grande lame, qu'on a nommé aussi talc, est très-élastique.

Pallas a aussi observé du gypse en masses sphériques dans les collines gypseuses d'Inderski, sur les bords du fleuve Oural.

Toutes ces variétés, et plusieurs autres que l'on ne peut pas indiquer ici, se trouvent dans les carrières de pierres à plâtre des environs de Paris. Les unes, et ce sont les plus régulières* sont dispersées dans une marne argileuse verdàtré ou grisâtre, qui forme des couches assez épaisses au-dessus des masses de gypse j les autres, et ce sont les lenticulaires et leurs sous- variétés , sont éparses dans des bancs de marne calcaire blanche et solide, qui alternent avec les bancs de gypse. Les premières sont incolores, ou légèrement verdâtres, souvent même d'une belle transparence ;les secondes, également transparentes, sont d'un jaune d'ambre, quelquefois assez vif. Cette disposition ,

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très-remarquable à Montmartre, à Belleville, etc., près Paris , est à peu près lá trtêftië dànà tbüs les pàÿs où se trouvé lasélé- jiitej c'est-à-dire qué së8 briétàufc në ¿ë rëncôiiirënt point Ordi¿ nairement implantés, tii.dâhs Jdës filons, tti dan¿ de$ fentëà ou d'autres caVittéS, filáis Jiirëtiiië IbUjóiiH dissëtnihés, SdU isolés , soit réunis ëtt petitl group el, dans des mâssës ârgi- leuses ou marneuses. Là ëoülëùr dé ces hiarnès du dë ceà argiles nè paboît pâs iüfiuèr sür cëîlë des crtètâtix. Ainsi,on trouve ën Espagne dès cHfctàü* Ürês-trânspârëiis, dánfc uné argile ochreuse d'un rougë Vif. Qhaiid fees fcristáu* paroisàettt colorés, on remârqüë k}Üë fcëtte àpparencê est biutèt due à une infiltration de cette ârgilfe obhrëüsë ëdti*é lëurfc làihëà, qu'à uhe Véritable didlUtibh dë là niatièrë cbloràttte dañs lé sel même. Ott trdüVë bepëhdàht quelquefois la sélénilë im- plantée dans des filotts ttü dies fcaVités : tellë est fcëllë dës filbni de cuivre pyriteüx d'Hér**etigriihrf eü Hôtigrië ; - des filons de plomb sulfuré de Tetsfchëh eh Bbhèihë ; - dë la rtiihe d'àirgent de Séménofski ^ dan" leâ ttidfttà Altai *, - dfes cáVitéfc des gypses saliféres de Bex, etc.

Le gypse t, en masse * offlre defc différertc** de tëxiüre assez nombreuses pour x|u*on f)Ui$s'e ëtàblit lies variétés suiVahtes : '

2. ® Variété. Gypse tAMïNÂikfe. Il ëst fen rtiaë, comptée dé grandes lames tantôt trâttspârtefttës > tahtôt d'iin blânc laitfeux ; quoique fort teádre , il est susceptible d'ün àssez bfeaü pôli. On en trouve de très-bellés mâsses à Làgfcy, à Vitigt-quatre kilomètres à Test de PâHs.

3. c Variété. Gypse nivifor^è (Gy^se terreux, WëtaO* Il he trouve sous forme de rognons peu volumineux, composés d'une multitude de petites paillettes ou lamelles d'ün blanc de neige et nacrées, renfermé soit att milieu des tiiafcsefc dë gypse sac- oharoïde , soit adhérent atifc crfotàfcx de séTërtite lëritictilaire. C'est ainsi qu'on l'observe datts quelques carrièrës de Mont- martre.

4*e Variété.Gypse sAccfrAJioïbBtll ëst aussi en masse, mais ses masses ont la texture cristalline, à petites lames serrées, et ayant SouVetit, corn Aie le catcairësaccharôïde, l'aspect du sucre. J1 ressemble tellement à cette variété de calcaire, que 1'tie il le plus exercé ttè petit, aü premier aspect, Ten distinguer sûre- ment.

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ctik 'toi

Cette variété présenté beaucoup de couleurs áiíéréntes ; il ÿ en a 'de jàüné pâle, de róse, de roügëâtrë , de brunâtre , et enfin d'un blanc pur et niât. Oh a tait, kvèfc ce dernier y des fegûrès qui ne différent de celles faites en marbre que par la fâcilüé ôü'bri trouve à les rayer ; ét avec celui qui est translucide, on Fait;, à Florence, des figures qiii ont une iraní- pàrèrice cireuse ¡assez rëinarqüable, et des vases ¿ans lesquels oii jplacè dèslumiër'es qui répandent une clarté douce et agréable. On exploite cette dernière variété à Vólterra en Toscaiié. Ou liii donne lfe nom d'albâtre gypseux.

5. e Variété. Gypse fibreux. Cette variété est en massé, dont la structure est à fibres páraÚéies àroîtes où courtes, souvent déliées, Serrées rune contre l'autre, et sa ti hé es comme dfe la Voie. Ôn ràjs pel le You've ht, à cause dé cet aspect ', gypse sbÿeùx. M. Haüy fait remarquer que chaque fibre appartient à là variéfè 'de Vortiies qu'il nomme prismatoïde. il en vieïit de la Chine y et du moût Sàîéve , près Genève.

6. ® Variété. GYPSE COMPACTE. Celui-ci ressemblé encôrè beau- coup au càlcàire sacchàroïde ou au calcaire îblanc; mais ii se laisse rayèr avec l'ongie, et ce caractère sufet pour l'en dis- tihgùer. 11 est aussi susceptible ele poli! Ôn lui a donné, ainsi qu'à la variété laminaire, fie nom d1 aloha's tri te ou d'atïbâtre gjÿ- fseux.

Toutes ces Variétés sont généraleméitt assez pures. Là sui- vante forme, pour ainsi dire , un groupe à part.

7. * Variété. GYPSE GROSSIER ( vulgairement pierre à plâtre). Son grain est généralement grossier ; sa texture compacte où lamellaire : il est souvent mélangé d'aVgÎIe, ¿e sable ou de chaux carbonatée; et dans ce dernier cas, il fait légèrement 'effervescence avec l'acide nitrique.

Nous ne pouvons guère citer d'exemple àutlientique fe cette variété que le gypse grossier de Montmartre, de toutes les collines gypseusés des environs de Paris, et celui dts ënvi- rons d'Aix en Provence.

Gisement. Le gypse a presque toujours été formé par voie de cristallisation confuse. Celui qui est de plus ancienne for-" mation, comme le plus nouveau, présente cette manière d'être* 11 a été déposé à presque toutes lëfc époques de formation, peut-être dans les temps même où se sont déposées les roches

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que Ton nomme primitives, ou au moins dans des temps très* voisins de cette époque, et ensuite dans toutes les formations postérieures, jusque dans les plus récentes.

On en distingue donc d'un grand nombre d'époques ou de formations différentes. Nous nous contenterons d'indiquer ici les principales, avec leurs caractères les plus distinctifs. Quant aux preuves de leur rapport 4e position, on les trouvera dans l'histoire des terrains dont ils font partie. Le plus ancien gypse est celui des terrains primordiaux ; il est plus cristallin et plus brillant que les autres, et souvent mêlé de paillettes de mica ou de lames de talc. Il accompagne immédiatement les foches de cette époque, et alterne avec elles. Cette formation de gypse est, d'après les observations de M. Brochant, beau- coup plus fréquente et plus étendue qu'on ne le croit généra- lement.

Lesecond gypse est ordinairement fibreux, à fibres contour- nées ; il est assez difficile à distinguer du troisième, et n'en diffère peut-être même pasessentiellement.

Le troisième se distingue par sa position dans ou immédia- tement dessus ces calcaires coquilliers qu'on nomme calcaires des Alpes et du Jura,, et surtout par la soude muriatée ru- pestre ou fontinale qui l'accompagne.

Enfin, le quatrième, que nous ferons connoître en son lieu, sous le nom d^ gypse à ossemens, a la texture lamel- laire, à grains grossiers, comme nous l'avons dit; il se dis- tingue des autres par sa position au-dessus de la craie, et par les débris de mammifères, d'oiseaux et d'autres animaux ver- tébrés qu'il renferme.

Telle est l'esquisse des principales formations de gypse. Ce sel terreux présente encore quelques caractères géologiques généraux qu'il est bon de présenter ici.

A l'exception du quatrième gypse, ou gypse a ossemens, et quelquefois aussi du premier, on ne remarque presque jamais, dans les terrains composés de cette roche, cette stra- tification distincte , régulière, quoique inclinée , ou même sinueuse qu'offrent la plupart des calcaires. Les collines gyp- seuses sont composées de ce sel pierreux ordinairement mêlé et comme pétri avec l'argile, la marne etles autres roches qui l'accompagnent*

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Les terrains gypseux ne contiennent presque jamais de substance métallique ; quand ils en renferment quelques parties, elles y sont disséminées, et ne s'y présentent ja- mais ni en filons, ni en lits, ni même en rognons volumi- lieux.

Plusieurs sels et minéraux particuliers accompagnent presque constamment le gypse ; ce qui est un phénomène géologique assez remarquable :*ce sont la soude muriatée, la soude sulfatée , la magnésie snlfatée, la boracite, le bitume, et notamment le soufre, l'argile, le quarz^ et les ¿ilex cornués, Tarrago ni te, la strontiane sulfatée, mais point la baryte.

Les trois premiers gypses n'ont jamais présenté d'une ma- nière authentique, du moins à notre connoissance, de débris de corps organisés; le quatrième seul en enveloppe. Nous avons indiqué à quels animaux appartiennent ces débris; nous devons faire seulement remarquer que les coquilles, si com- munes dans les calcaires, sont au contraire très-rares dans le gypse ; mais, ce qu'il y a d'assez singulier, c'est qu'elles se pré- sentent en grand nombre dans les marnes argileuses super- posées presque constamment à ce gypse, et que ces coquilles sont spécialement des huîtres, quelquefois recouvertes de cristaux de sélénite.

La chaux sulfatée est assez abondamment répandue à la surface du globe. Nous avons cité les carrières qui offrent les observations les plus remarquables. Quelques contrées assez étendues semblent manquer presque entièrement de ce sel pierreux : telles sont l'Angleterre, la Suède, etc.

Annotations et usageso Les variétés de gypse saccharoïde et compacte, connues sous le nom commun d'albâtre gyp* seux, étant susceptibles de recevoir le poli, servent quel- quefois à faire des tablettes ou d'autres meubles ; mais, en raison de leur peu de dureté, elles ne conservent que très- peu de temps leur premier éclat. On en fait plus ordi- nairement, et surtout en Italie, des vases, ou de petite^ figures qui sont remarquables par leur translucidité. En mettant une lumière dans ces vases, ils répandent dans les appartemens une douce clarté. On dit que les anciens, ayant observé cette propriété* se sont servis de cette pierre, en

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5H C#4

place de vitre, poup éclairer les ÿeipples (Je .cpttf? Jptpfère pâle "et mystérieuse jui leur convient. Qn pense fjue ç'e$f la

* pierre qu'ils nommoient phengite.

La chaux sulfatée impure, lorsqu'elle pe confient quç jjç la chaux carbonatée, est celle qui fournit le meilleur plâtre.

Le plâtre n'est autre chose jue cette pierre pfjvéç ment de ?on eau de cristallisation par iinç cj^ieur çonyç- nable. L'acide sulfurisé reste toujours uni ayjçç la chaux.

Les fourneaux dans lesquels on calçinç fç plàtrç , son| ^ presque toujours d'une construction tfès-simpie. Squveut ijs sont faits avec la pierre*à plâtre elle-mêpiç, réunie en up massif parallélipipédique à claire-voie, dans le bas duquel sont pratiqués des canaux you tés. On jçtte le bois (Jans çêâ canaux, et la chaleur produite par ía combustion suffit pour calciper le plâtre ; il s élève , pendant cette calcination, unç fumée blanche, qui se dissout rapidement danp l'air, poujr peu que l'atmosphère soit sèche. Cette fuméeest produite par l'eau de cristallisation réduite en vapeurs.

On délaie le plâtre avec de l'eau pour l'employeur. Cette opération s'appelle gâcher le plâtre ; on lui rend ainsi son çaïf de cristallisation. Lorsqu'on n'en a mis c[iie la quantité suffi- sante , qui doit être à peu près égale a\i volume du çlàtr^ employé, l'eau ne tarde pas a être absorbée, et le plâtre à sç prendre en une massesolide. On observe qu'il se produit çans ce moment une certaine quantité de chaleur, attribuée fV calorique qui abandonne l'eau passant de l'état liquide l'état solide. On observe aussi qùe le plâtre se gonfle, surtout S'il est pur : c'est l'effet qui accompagne ordinairement les cristallisations confuses. Aussi les ouvriers sont-ils forcés d'/ ajouter diverses poussières, comme de la cendre, lorsqu'ils veulent diminuer le gonflement, dans le cas où il d.eviendroit nuisible à leurs travaux.

Le plâtre trop cuit, et celui qui est resté trop long-temps k l'air, a perdu la propriété de se gâcher. J1 paroît que le premier a éprôuvé une demi-vitrification, et que le second a déjà repris peu à peu son eau de cristallisation.

La chaux carbonatée, mélangée naturellement au plâtre comme dans la pierre à plâtre de Montmartre, ajoute à sa qualité y en lui faisant participer de quelques-unes des pro-

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priétés des mortiers. Cette eçpepe f}p pHtre est beaucoup plus ferme que celui qui est f^it pvep U chaux sulfatée pure ; mais celui-ci est plus fin et plus i>lauç, et Jrès-propre pour les objets de sculpture que Ton coulp flqof Jes mouleç.

Le plâtre sert dans plusieurs pays à atpepdep les terres,, principalement les terrains trop humides, dçu* lesquels oa ?eut cultiver du trèfle.

On fait avec le plâtre un enduit particulier d'np grain très- fin , susceptible d'être diversement cojoré, pt dp recevoir un poli très-beau. On le nomme stuc. On prend dii plâtre chois* et cuit avec soin; on y ajoute, en le gâchant, pne propoiv tion convenable de colle de Flandre; on y intrgcÿuit, pn l'ap- pliquant, les couleùrs que Ton veut lpi donner* ef; qui ont été broyées à l'eau!

Lorsque l'enduit fait avec ce plâtre est $pc, oij le ppiit, d'abord avec la pierre ponce, ensuite ayeç une pJjWfc a ai- guiser , puis avec du tripoli. On lui donne le derpier lustre, en le frottant fortement avec, un morceaq de c^gp^u et de l'eau de savon, et enfin avec de l'hpile seule.

On fait aussi du stuc avec de la chaux purp. ,

4. * Espèce. CHAUX SULFATEE ANHYDRE, ANHYDRITE. (Çhauoù hydro sulfatée. - Muriacite. -Spath cubique. - Kjifstfjj¿fe, Ha? berli.) Cette substance est beaucoup plus dure que chaux sulfatée ordinaire, puisqu'elle raye le marbre ; eJLlp e$t au^si beâucoup plus pesante, sà pesanteur spécifique étàjif de 3,964* Elle ne blanchit point, et ne s'exfolie point 9u feu coiQmff elle : enfin, elle se divise très-nettement en fragmeps qui sont des prismes droits à base rectangulaire } dan^ le$que}$ le grand côté est au petit, comme 16 est à i3.

Elle est composée , d'après l'analyse qu'erç a f^itc Yauque- lin, de 40 parties de chaux, et de Go d'acide sulfiirique. n'y a point d'eau de cristallisation, comme 4au^ la çh$p£ sulfatée ordinaire, et c'est à l'absence dp ce corps , quç M. Haüy regarde comme un principe ? qu'il attribue les cft* ractères très-différens que présente cette substance : c'psj aussi ce jui l'g fait nommer Chaux anhydro-sulfatéc et anhj- 4rite. Elle jouit de la réfraction double à un hqut 4.egré.

o On n'est pas encore assez fondé pour réunir cette substance avec la soude muriatée gypsifère ; mais, dans tous les cas, il

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faut évité* de la confondre avec cette espèce de soude mu- riatée, trouvée dans les mines de sel du Tyrol.

On peut reconnoitre quatre variétés principales dans l'es- pèce de ce sel pierreux.

Variété. L'ANHYDRITB SPATHIQUE, dont la structure est lamellaire et comme ténulaire , et qui se présente en masse, dont les cavités renferment quelquefois des cristaux qui sont tantôt des prismes à quatre pans, tantôt des prismes péri- octaèdres ; elle a un éclat vif, quelquefois un peu nacrée ; elle est ou translucide, même transparente et sans couleur, ou presque opaque laiteuse, roussàtre, bleuâtre ou violâtre.

a.e Variété. L'ANHYDRITE FIBREUSE. Sa structure est fibreuse, à fibres très-déliées, très-alongées, très-serrées, et ayant sou- vent l'éclat soyeux, sa cassure transversale et presque vitreuse. Ses fragmens ont souvent la forme de baguettes.

Ses couleurs principales sont le rouge ou le bleuâtre.

3.* Variété. L'ANHYDRITE COXCRETIONNEB (Vulg. Pierre de tripe* ) On l'a prise long-temps pour de la baryte sulfatée; znais l'analyse de Klaproth a prouvé que cette singulière pierre étoit une variété d'anhydrite, composée de 0,42 de chaux, de

o,56 d'acide sulfurique, et souvent d'un peu de sel marin. Sa pesanteur spécifique est de 2,9 ; elle se présente en masse d'un gris ayant une légère nuance de bleuâtre, composée de tones ou rubans blanchâtres, repliés plusieurs fois et d'une manière inverse sur eux-mêmes. Ces zones sinueuses d'anhy- drite sont séparées par de l'argile grisâtre assez dure. Sa structure est compacte , et son aspect est mat.

On ne l'a encore trouvée que dans les mines de soude mu* riatée rupestre de Wieliczka.

4. ® Variété. Anhydrite quarzifèrb. (Vulg. Pierre de Vul- pino.) C'est une pierre composée de 92 parties de chaux sulfatée oans eau, et de 8 de silice. La présence de la silice, qui pa- roît être ici dans l'état de combinaison, modifie les propriétés de la chaux sulfatée anhydrite, en sorte que cette pierre est beaucoup plus pesante, sa pesanteur spécifique étant 2,8787; elle a la texture granuleuse des marbres salins, et quelquefois la structure un peu lamellaire ; elle est un peu phosphorescente par l'action du feu, et très-fusible aü cha-

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lumeau. Son éclat est assez vif, un peü nacré. Elle est trans- lucide.

Les échantillons de cette pierre que M. Fleurian a vus, et qu'il a fait connoître le premier, sont d'un blanc grisâtre* uniforme > ou veiné de gris bleuâtre ; ils sont translucides sur leurs bords. On ne connoît point encore leur position géolo^ gique ; on sait seulement qu'on les trouve à Vulpino, à quinze lieues au nord de Bergame.

On emploie cette pierre, à Milan, pour faire des tables et des revêtemens de ' cheminées. On l'y cennoît sous le non* de marbre de bardiglio de Bergame*

L'anhydrite, et presque toutes ses variétés, "e trouvent dans les terrains qui renferment de la soude muriatée et dû gypse ; elle est disséminée en masse plus ou moins volumi- neuse, dans les masses de sel, ou bien elle les parcourt en veinules ornées de toutes les couleurs qui lui sont propres.

On la trouve abondamment dans les mines de sel du pays de Salzbourg, dans les salines de Bex , dans les cavités des gîtes de minerai argentifère de Pesey, en Savoie. Elle est souvent intimement mêlée avec le sel marin. On a fait quel- quefois de ce mélange une variété,- à laquelle on a donné le nom de chaux anliydro+sulfatée mûriatifère.

L'anhydrite, exposée dans les fissures des montagnes à l'influence de l'eau qui les suit, reprend de l'eau de cristalli- sation, 'et -passe, sans changer de 4brn*e ni rie Structure, aià gypse ordinaire; c'est un mode particulier d'altération auqtiel M. Haüy a donné le nom à'épigénie. (B.) * v*

CHAUX (Chim.) , Oxide de Calcium. Voyez CAICIUM , Suppl* (Ch.)

CHAUX. (Chim.) Jusqu'à Lavoisier, les chimistes donfioîent à ce mot une acception très-étendue ; car ils l'appliquoient k toutes les matières, terreuses ou métalliques, qui avoient éprouvé de la part du feu ou de celle d'un autre agent, une altérât)oà sensible, et en même temps une diminution dans la cohésion de leurs particules. Ils distinguoient principalement les chauà pierreuses et les êhaux métalliques ; celles-là étoient obtenues par la calcination des pierres calcaires, et celles-ci prove- noient des métaux calcinés avec le contact de l'air, ou* des 8" aa

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métaux qui avoient été dissous dans des acides. Ils considé* roient les chaux métalliques comme des matières terreuses qui, unies au principe inflammable, constituoient les mé- taux. Mais aujourd'hui il est démontré que 9 loin d'être d'une nature plus simple que les métaux, elles ont au contraire une composition pins compliquée, puisqu'elles ré- sultent de l'union d'un métal avec l'oxigène : de, là le mot oxide métallique, qui remplace celui de chaux métallique, (CH.)

CHAVANCELLE. ( Bot. ) Les habitans de la Sologne nomment ainsi un champignon poreux du genre Bolet (¿o- letus Sotoniensis, Decand., FI., Fr. 6, n.° 309 ), qu'ils font re- cueillir en automne sur le tronc des arbres pour en préparer l'amadou qui se vend à Orléans. Il est demi-circulaire, laté- ral et sessile ; il atteint un pied de diamètre ; sa surface su- périeure est brune, et çà et là comme déchiquetée ; il est jaune en-dessous ; sa consistance , de nature sèche, est plutôt charnue que ligneuse. (Lbm. )

CH AVANT. (Ornith.) Suivant Salerne, on donnoit en Sologne ce nom et celui de chatmiant commun au chat- huant , strix stridula, Linn. ( CH. D. )

CHAVARIA. ( Ornith. ) Voyez CHAÏA. ( CH. D. ) CHAVARITA ( Ornith. ), nom chaldéen de la cigogne , ardea ciconia, Linn. (CH. D.)

CHAVAYER. (Bot.) Voyez CHAYAVER. (J.)

CHAVOCHE (Ornith.), un des noms vulgaires de la chouette, ou grande chevêche, strix ulula , Linn. ( CH. D. ) CHAW (Ornith.) j nom hollandois du choucas, corvus monedula, Linn. ( CH. D. )

CHA-WOA. (Bot.) Arbre de la Chine, mentionné dans Ir Recueil des Voyages, qui a le port du laurier, les feuilles toujours vertes, et qui, couvert de fleurs dans la belle saison, est un des ornemens des jardins. (J.)

CHAYAVER. (Bot.) Cette plante de l'Inde a une racine employée dans les teintures, sur la côte de Coromandel, comme la garance l'est en Europe ; elle appartient de même k la famille des rubiacées, sous le nom d'oldenlandia umbel- J fata. On trouve dans le Pinax de C. Bauhin, sous celui de chappavur, ou de rubia virgínea, une plante de Virginie 9 dpnt la racine est employée dans les teintures. C'est peut-être

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la même que le ehayaver dont le nom et le pays auraient été mal indiqués à C. Bauhin. ( J. )

CHA-YEU (Bot.) ) nom donné par les Chinois, suivant Duhalde, à l'huile tirée du fruit d'un arbre qui a quelque ressemblance avec le thé. Il est de hauteur médiocre,, et croît sans culture sur le penchant des montagnes et dans les vallées pierreuses. Son fruit vert, d'une forme irrégulière * contient un noyau osseux. ( J. )

CHAYOTE.. ( BoU ) Dans l'ile de Cuba, on donne ce'nom, suivant Jacqu in, à une plante cucurbitacée,,qu'il nomtüoit sycios edulis, et qui est le sechium edule de M. Swartz et de Willdenow. Son fruit est bon à manger.'Ou en distingue deux espèces, ou plutôt deux variétés, l'une à fruit laisse de la grosseur d'un œuf de poule; l'autre à fruit plus long et cou- vert de pointes molles. ( J. )

CHAYOTILLO (Bot.),, nom espagnol donnét dans le Mexique, au calboaf genre de plantes cucurbitacées, publié par Cavanilles..( J. )

CHAYQUARONA. (ErpètoL) Seba, Thes. i i,tah 9, nw 1, a, appelle ainsi un serpent orné de très-belles couleurs, qu'il dit venir du Brésil. C'est la couleuvre chayque de M. de La- cépède, ou coluber stolatus de Linnaeus. Sa véritable patrie est la 06te de CoromandeL Voyjez COULEUVRE. (H, C.)

CHAYR. (Bot.) L'orge ordinaire, hor;deum. vulgare, est ainsi nommée dans l'Egypte, suivant M. Delile. Elle est nommée qir par Forskael. ( J, )

CHÉ, ou XE ( Mamnu), nom chinois 4u musc ^ moschus rreos- chiferus, Linn., suivant Novarette. ( F. C.)

. CHEB-EL-LEYL (Bot.) 9 nom. arabe de la belle de nuij^ nyctago , suivant M. Delile. ( J. )

CHEBET ( BoU ), nom arabe de l'aneth, anethum grapeolens, suivant M. î>elile. Ses graines sont nommées chamar* (J.) :

CHEBETIBA (Bot.), nom caraïbe du cupania, cité dans l'Herbier de Surian"{ J. )

CHEBULE (Bot.)9 un des cinq içirobolans mentionnés dans les livres de matière médicale et de pharmacie ; c'est le myro^ balanus cktbuLus de Vesiing, que Linnæu$rapportoit à son genre r JCimenia9 sous le nom de ximenia œgyptiaoa, et dont M* Delile a formé un genre distinct sous(celui de balanites, qui a quelques

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Îàppor'Wctiëüra a-fceC Vétgîhalid de PTôèper Alpin, mais qtií paroît en différer. (J. )

o * CHECAÎïL ( -Bât:) VbÿeS Chacani. ( J. ) CHEOCAiSOCOÜNOHE. { Bot,)Ce nom péruvien est celui du gardoquia incarna, genre de plante labiée, de la Flore dû Pérou, qui a le calice du thym1 et la fleur dé la sauge. S h saveur est agréable; oà la mêle* dans des* assaisonnemens, et on emploie son infusion comme cordiaíe. (J.)

CHECHISHÁSHISH ( Ornith, ) , nom seras lequel est connu , à la baife d'Htodsori, le chevalier grivëlë, trihga macularia , Gmel. (CH. ï>. ) ...

' CHEDEK. ( Bot¿y quelquei Kvres anciens on trouve sous ce nom là méiongèife , éolaiiürh melôngèna, qui est encore désignée dans ïe Xevant , suivant îtatrvolf, sous ceux de mg- lantsana, batleschaim, et une dé àe variétés Sous celui de bedengiàmi Le chadeces jece' H'oranger, fcst aussi nominé par coiruptiën, dans quelques Heux. (J.)

CHEEK (Bot. ), nom qu'on donne en Lapenie à Yosmundk struthiopteris , Linn. , fougère -particuliète aux eôntrées du lïord. ( LEM.) ' "

" '-èHÉELA. ( O^rañh. J Vbÿèz la description de Cet oiseau à la fin du mot Aigée. ( CH. D. ) . *

CHEF-CHOUF (Bot.)\ ncrm arâbe oti égyptien de Yariitidà tànata de Forskaël j ou aristîda' plïrtnosa de Li ntt déus , Suivant M. Delile. (J. ) * 1'i{ oi/ ^ o - j* ' '

CHEILANTHES. (Bot, ) Ce genre, dë la famille des fougères^ difFert^trea-peii tk*' céïùi dès adiàntes ; il à 'été nommé' cheiïan- tîies par Swartz , et aïtosurus par Bernhàrdi. La fhibtification eénsifeté eh d¿s -joints ^très-ëcartés , ttiarginaux^ recouverts chacun par une membrane ( indüsiiitn ) en 'forme d'écaille qui tient au bord delà fronde^et qui s'otiVre^e dedarns en dehors ; les capsules qui composent la fructification ,* s*ouvrent irrégu* Méretnent, et sont munies d'inr átorfeau.

Les espèces de ce genre , adopté par uft grand nombre de botanistes, sTélèvënt à^ëhViibn virigt-cînq; M. Potiret pense fju'on doit les laisser dans le ! genre Adiahte:H est Vrai que beaucoup d,jentre elles ont été regardées comme des espèces de genrë ; ihàifc ÎW :jdôifi dire qiTëllés forment un groupe dis- tinct , même à l-œil, de* efclm des adkmtes, dont eüesti'oht pas

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toujours la délicatesse les futres espèces, avoiçnt placée" dans les, genres P ter is, Lonohitis, Aspidiunu, Polypadium, Neph.ro-> dium , Acrostichum et Triçhomapies* Ces Riverses mitfat^oty^ prouvent que le cheilanthes a des rapports avec tous les genres que nous venons de nommer, et qu'il, est un de ces genre* tplérés pour placer certaines espèces dç fougères qui, par leurs caractères ambigus, se trouvçroieqt mal placées 4an"

tout autre. Voyez FOUGERES*

Les espçcesdecheilarçthesse trp^vent daqs> l'ancien et dans le nojivpau continrent f leur Iron de est ordinairement peu élevée, et deux, trois ou quatre fois.ailée.: on n'en cpairçgfr qu'une, qui spit simplement ailée. Les plus remarquables soijt :

: Le CHEILANTHES FLUBT } Cheilanthes nùcrçpteris, Sw., fil. 3^4, t, 3, f. 5. C'est l'espèce à fronde, simplçmçn£ ailée qh pennée ; les pennuies sont arrondies, velues et à contour sinueux cré- nelé. Elle croît aux environs de QuMo. .

Le Cheilanthes oporçANT ; Çhei\anthe adora, Sw. , Schkuhr, Crypt. taj>. ia3. Cette jolie petite fougère" remarquable par lWeur agréable qu'elle exhale, surtout lqrsju'eU£ est sèche, et qu'on la froisse entre les doigts, croît en Europe,* et prin- cipalement ,en Italie, çn Suisse, en Tyrol, et dans, les Hes d.'Hiè^çs, sur les rochers ¿ dans les vignes, pta. Ce n'est point le poljpodium fragrans de Linnæus, comme on l'avoit cru r lequel croît dans les. inches orientales, et constitue aussi une espèce de ce genre (cheilanthes fragrans, Sw*). Ce n'est pas non- plus lepolypodium fragrans àe M.Desfoptaines, qu'on trouve' dans les fentes des rochers en Natolie et en Barbarie, mais qui est encore une espèce du même genre (cheilanthes suaveolens Sw.). Toutes ces espèces sont les vrais types du genre Cheil^ftr) thes, et du nombre de celles qui ont été réunies au pteris , à Y adiantum et au polypodium.

Le cheilanthes odorant est une fougère qui n'a pas plus de trois à quatre pouces de hauteur: ses pétioles sont bruns, un peu velus : les frondes viennent en touffes ; elles sont glabres, * deux fois et même presque trois fois pennées : les dernières pinnules sont oblongues, obtuses, sinueuses, et à lobes en liens, arrondis et obtus. :

Le Cheilantr§ davaluohdes; Bory* Willd., Sp. 5, p. ^6i.- Très-belle fougère de trois à quatre pieds de hauteur, décou-

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verte, dans les fies de France et de Sairit-Maurice, par Bcrry de Saint-Vincent. Les frondes sont tfois fois ailées, à pen nu les ovales oblongues, entières èt obtuses, portant k l'extrémité la fructification, dont la forme est oblongue, et la membrane, ^ai la recouvre, brune.

Le nom de eheilanthes vient de deux mots grecs, qui signi- fient fleur et lèvre. Ce genre est ainsi nommé à cause de l'as- pect de ses points fructifères. (LEW. ) *

CHÉÏLINE (Icklhyol.), Cheilinus. On appelle de ce*nôm un genre de poissons de la famille des léiopomes, qui a été établi par M. de Lacépède, ët dont les caractères* sont les suivansr

Un seul rang de dénis ; nageoire dorsale unique; museau com- primé; lèvre supérieure très-grosse, extensible; de grandes écaillés ou des appendices à 4a base de la nageoire caudale ou sur les côtés de la queue.

Les dents maxillaires des chéilmes sont coniques ; les anté- rieures mitoyennes sont plus longues ; ft y a des dents pharyn- giennes cylindriques et mousses, disposées en forme de pavé r les supérieures sur deux grandes plaques ; les inférieures sur tine seule, qui correspond aux deux autres.

L'organisation intérieure est semblable à celle des labres.

La ligne latérale est interrompue vis-à-vis la fin de la na- geoire dorsale.

Ce genre de poissons est facilement distingué des CHEILO- DIPTERES, qui ont deux nageoires dorsales ; des LABRES, dont la nageoire caudale e$t dépourvue d'appendices et d'écailles ? des OPHICEPHALES et des CHEILIOMS , dont le museau est déprimé ; des GoMfHOSES, qui ont une sorte de bec, etc. Voyez ces divers articles.

Le mot Chéiline est tiré du grec %u'Xoç, labrum, et indique le volume de la lèvre supérieure de ces animaux.

Le CHEILIITE SCARE r Cheilintts scarus, tacép. ; Labrus scarusr Linn. Des appendices sur les côtés de la queue ; dents émoussées ; teinte blanchâtre, mélée de rouge ? écailles très-grandes, trans* parentes ; taille d'environ un pied.

Ce poisson habite la Méditerranée, et se montre surtout près des côtes de la Sicile et de la Grèce ; aussi a-t-il été connu èes. premiers naturalistes: grecs r Aristote en ^parîe, ainsi qttAtftéaée ÿ Elien et Opplen % sans le nom de oWprç* Lors des

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premiers siècles de l'ire chrétienne, il s'avançoit dans la mer de Carpathie, jusqu'au premier promontoire de la Troade. Sa célébrité étoit des plus grandes chez les peuples anciens, qui ne négligeoient rien pour s'en procurer.

Sous l'empire de Claude , Optatus Eiipertius, commandant d'une flotte romaine, en apporta plusieurs vivans, qu'il ré" pandit sur la côte de la Campanie, où ils multiplièrent promp- tement , parce que pendant cinq ans on faisoit rejeter a la mer ceux que les pécheurs prenoient dans leurs filets.

Dans le temps du grand luxe des Romains, le chéiline scare, faisoit les délices des tables les plus somptueuses. 11 entroit dans la composition de ces mets fameux pour lesquels on réu- nissoit les objets les plus rares, et que l'on servoità Vitellius, dans le plat nommé bouclier de Minerve.

Les entrailles de ce poisson, au rapport de Rondelet, ont une odeur de violette. Aussi étoit-ce la partie que les anciens recherchoient particulièrement en lui, et qu'ils regardoient comme un mets divin, ainsi que nous l'apprend Athénée.

Hic scarus, æquoreis qui tenit obesus ab undis, Visceribus bonus est, estera vile sapit.

Martial. Epig. 84, lib. XIII.

Le chéiline scare vit, en troupes nombreuses, dans les trous des rochers qui bordent les rivages des îles de l'Archipel ; il en sort difficilement, et les pécheurs grecs assurent qu'en tête de chaque troupe il y a constamment un chef. On ne le prend qu'à la ligne: lorsqu'un de ces poissons a mordu à l'hameçon , on l'attache à un fil et on le laisse dans l'eau ; ses Compagnons abandonnent leurs retraites ténébreuses pour l'entourer, et finissent par se prendre eux-mémes.

Dans tous les temps, on a remarqué que le chéiline scare n'étoit point carnivore comme les autres poissons en général ¿ mais qu'il paissoit les fucus et les algues qui poussent sur les rochers au fond de la mer; il recherche aussi les végétaux ordinaires, et on emploie avec succès, pour l'amorcer, des feuilles de\pois ou de fèves.

Plusieurs naturalistes lui ont accordé la faculté de ruminer, c'est une erreur.

D'autres assurent qu'il a une voix : autre erreur aussi. Peut*

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étr" £áit~ilefitendre quelque bruit par ses mouveméns. Maïs quel est le poisson qui puisse jouir de la voix P

Le CHÓILINE TRILOBE ; Ckeilinus trilobatus , Lacép. Deux lignes latérales ; la nageoire de la queue trilobée, très-large, recouverte à sa b aie et de chaque côté par trois ou quatre écailles très-considérables, libres et flottantes par la plus grande partie de leur circonférence ; les nageoires dorsale et anle prolorigées en pôinte vers la queue ; couleur générale d'un brun bleuâtre, relevé, dur latête, la nuque et les opercules, par des taches ou des points rouges , blancs ou jaunes ; les pec- torales sont jaunes ; les catopes ont une teinte nuancée de rouge. Ce poisson , du volume d'une carpe ordinaire à peu près, a été observé par Commerson dans la mer de l'Ile de France et de Madagascar,

Le Ch'éiliñe PASCié i Cheilinus fasciatus ; Sparus fasciabus, Blocli* 257. Nageoire caudale en croissant; ligne latérale double ; dents coniques , molaires petites et arrondies ; les nageoires anale, dorsale et caudale, garnies en partie de petitës écailles ; teinte générale jaunâtre ; six ou sept bandes trans- versales brunes : une bande noire sur la nageoire caudale, dont l'extrémité est d'ailleurs très-brune. Il vient du Japon.

Ld CHEILINE QUEUE-VERTE : Cheilinus chlorourus ; Spqrus çhlorourus , Bloch , 260. Nageoire caudale trilobée ; une seule ligne latérale ; corps et queue comprimés ; écailles larges et minces; l'opercule terminée par une prolongation arrondie à son extrémité; les catopes et les nageoires caudale et anale tl'un vert foncé; la teinte générale verte.

Detâmér des Antilles et de celle du Japon. (H. C, ) CHÉILION (Ichthyol.), Cheilio. Commerson a donné ce nom à un genre de poissons de la famille des léiopomes, lequel a été cofiscrvé par M. dé Lacépède et par M. Duméril. Voici ses caractères o

Denis eti rang simple, fort petites ; nqgeoire dorsale unique, basse et très-longue ; museau déprimé, lèvres grosses et très-pen-* danteS ; COtps et queue fort alongés ; écailles petites.

Il est assez facile de distinguer ce genre de ceux qui com-i posent la famille des LEIOPOMES. Voyez ce mot.

Ckéilion est une expression grecque , qui indique le volume des lèvres : %uKoç, labrum,

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CHE s ,5

Le CftrfîLiorî DORE ; Cheilio1 auratus. Tout le corps d'un jaune doré; quelques points noirs, répandus sur la ligne latérale ; taille d'environ quinze pouces; nageoire Caudale arrondie.

Il a été trouvé par Commerson à l'île Maurice , où il est si commun que sa chair est négligée, quoiqu'elle soit blanche et agréable au goût.

Le CHEILION BRUN ; Cheilio fuscus. Teinte générale d'un brun livide ; catopes blancs ; taches blanches sur les nageoires du dos et de l'anus ; les pectorales transparentes; taille d'à peu près onze pouces. Des mers de l'Inde, (H. C.)

CHEILOCOCCA. (Bot,) Salisbury, dans son Prodromus, pag. 412, a nommé cheilococca apocynifolia la plante qui, depuis , a reçu le nom de platylobium formosum, Voyez PLATY- LOBE. (POIR.)

CHÉILODACTYLE. (Ichthyol.) M. de Lacépède a ainsi appelé un genre de poissons delà famille des dimérèdes, et dont les caractères sont les suivans :

Une seule nageoire du dos; des rayons libres au-dessus de chaque nageoire pectorale; la lèvre supérieure grosse et très-extensible; le corps et la queue très-comprimés; catopes un peu en arrière des pec- torales; dents en velours.

Le mot chéilodactyle est grec, et indique le volume de la lèvre et la séparation des rayons pectoraux (yJiXoc,, labrum, et S'etfCjvXot 1 digiti).

Le CHEILODACTYLE FASCIE : Çheilodactylus fasciatus, Lacép.; Cynœdus , Gronov. ; Cichla macroptera, Schneider. Nageoire dorsale étendue depuis la nuque jusqu'auprès de la queue; anale faïciforme; taches foncées sur les nageoires du dos et de la queue; écailles grandes.

o Des mers de la Nouvelle-Zélande. Les indigènes le pèchent avec des hameçons, pour s'en nourrir. (H. C.)

CHÉILODIPTÈRE. (Ichthyol.) Ce genrç de poissons, de la famille des léiopomcs, a été formé pour la première fois par M. de Lacépède, aux dépens des genres Labre et Sciène des autres auteurs" Ses caractères sont les suivans :

Deux nageoires dorsales; point de dents incisives ni molaires; opercules sans piqua,n$ ni dentelures ; lèvre supérieure grosse et avancée^

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La présence des deux nageoires dorsales suffit pour éloigner ce genre de ceux qui l'entourent immédiatement*

Le nom qu'il porte indique d'ailJeurs parfaitement ses ca- racteres les plus remarquables, le volume de la lèvre, et l'exis- tence de deux dorsales ( £f/Xoç, labrum, et Pt7r]êpoç, bipinnatus).

§. i "Nageoire caudale fourchue ou en croissant.

La CHEILODIPTERB HBPTACANTHE ; Cheilodipterus heptacan- thus9 Lacép. Sept rayons aiguillonnés et plus longs que la mem- brane à la première nageoire du dos; caudale fourchue; mâ- choire inférieure plus avancée que la supérieure ; opercules couvertes d'écailles semblables à celles du dos.

Il se trouve dans la mer du Sud, où il a été observé par Coin- xnerson. Voyez TEMNODOK.

Le CHRYSOPTERE ; Cheilodactylus chrysopterus, Lacép. Mâ- choires égales; caudale en croissant; seconde dorsale, caudale, anale, et catopes dorés; couleurs très-belles ; dos d'un noir violet ; sur chacun des côtés neuf grandes bandes transver- sales de la même teinte sur un fond d'argent ; quatre raies lon- gitudinales dorées, de chaque côté aussi.

11 vit dans les eaux de la Martinique, oui! a été observé, décrit et figuré par Plumier.

Le C H EILO DIPTERE RAYE; Cheilodipterus lineatus , Lacép. Dents longues, crochues, séparées ; huit raies longitudinales de chaque côté du corps ; une bande transversale large et courbe auprès de la caudale, qui est en croissant.

De l'Océan équatorial. M. Cuvier le range dans le genre AFOGON. Voyez ce mot. i

Le MAURICE : Cheilodipterus Màuritii, Lacép. ; Scïœna Mau~ ritii, Bloch. Caudale en croissant ; téte et opercules alépidote; teinte générale argentée, sans bandes, ni raies, ni taches; dents petites, aiguè's.

Ce poisson a été décrit par Bloch, d'après un dessin et un manuscrit du prinóe J. Maurice de Nassau-Siegen , qui, an commencement du dix-septième siècle, gouverna une partie du Brésil..

Il vit dans les eaux du Brésil, ou il atteint le volume de la perche.

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CHE *47

§ 2. Nageoire caudale arrondie ou rectiligneo

Le CYANOPTERB ; Cheilodipterus âjyanopterus, Lacép.; Sciæna cirrhosa. Caudale rectiligne ; les deux dorsales et la caudale bleues ; mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure, qui est garnie d'un barbillon.

Des mers de l'Amérique méridionale, où il a été observé et décrit par Plumier.

L'Acoupa; Cheilodipterus acoupa, Lacép. Caudale arrondie; mâchoire inférieure plus avancée ; plusieurs rangs de dents crochues et inégales ; plusieurs rayons de la seconde dorsale terminés par des filamens.

Même patrie que le précédent.

, Le EOOPS : Cheilodipterus boops , Lacépèd. ; Lalrus loops, Houttuyn, Linn. Les yeux très-grands; la mâchoire inférieure plus avancée ; opercules écailleuses, comme le dos.

Du Japon.

L'Aigle DE MER : Cheilodipterus aquila , Lacép. ; Scicena aquila, Cuvier. Caudale arrondie ; mâchoires égales, armées de deux rangs de dents ; teinte générale blanchâtre. Il atteint cinq pieds de longueur ; sa vessie natatoire produit de chaque côté plusieurs prolongemens coniques et branchus.

Péché sur les côtes de la Manche, en i8o3.

Les naturalistes décrivent encore quelques autres chéilodip- tères. (H.C.)

CHEIRANTHOIDES. (Bot,) La famille des plantes cruci- fères se divise en deux sections caractérisées par le fruit, qui est siliculeux, c'est-à-dire, court dans l'une, et siliqueux ou alongé dans l'autre. Quelques auteurs forment, dans chacune,, des subdivisions, et distinguent dans la seconde les erucacées ou erucoïdes, dont la silique sc prolonge en un bec au-delà des valves, et les cheiranthoïdes, qui n'ont qu'une pointe très-courte au sommet de la silique. (J.)

CHEIRANTHUS (Bot.), nom latin des giroflées. (L. D.)

CHEIRI, KEIRI , ALICEIRI (Bot.), noms arabes cités par Daîé- champs, de la giroflée, et principalement de l'espèce à fleur jaune,' cheiranthus cheiri. Il est devenu, avec l'addition d'un autre mot, le nom générique donné par Linnæus} qui signifie fleur de cheiri. (J.)

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CHEIROMIS ( Mamm.), nom latin donné par M. G. Cuvier au genre Aÿe-Aye de M. Geoffroi. Il vient de/jtt/ç, rat, et de %e;p, main. Voyez AYE-AYE* ( F. C,)

CHEIROPTERES, ou CHAUVE-SOURIS. (Mamm.) De la prer mi ère impression, au sujet des mammifères, et du mode de leur locomotion, on est arrivé à l'idée et au nom de quadru- pède. Eu effet, quatre supports sous un tronc attaché vers le milieu de l'être, paroissoient la combinaison la plus heureuse pour que chaque chose existât dans des convenances réci- proques. ,

C'est donc par suite d'anomalies que quelques mammifères, manquent à ce plan primitif, et qu'il en est parmi eux, l'homme par exemple, qui n'emploient au mouvement progressif qu'une paire d'extrémités: l'autre paire, dans ce cas, tombe néces- sairement dans des usages secondaires, et est mise à profit, suivant de nouvelles destinations, et dans autant de chances qu'il y a de sous-genres hors de la loi commune.

Si c'est là déjà une considération curieuse, combien, à plus forte raison , n'avons-nous pas de motifspour nous récrier à la vue d'un développement qui provient de cette anomalie* quand ce développement q. lieu hors de toutes proportions et de toutes règles ! Le plan primitif tombe alors dans le plus violent écart f) et il en résulte des combinaisons dont on s'éloigne comme de productions monstrueuses.

Telles sont les sensations et les idées que firent naître dès* l'origine des choses la rencontre et la vue des chauve-souris: on se prévint contre elles ; on fut révolté de leur difformité et de leur laideur; et, les idées s'exhaltant dans cette direction, on alla jusqu'à les dire impures; de façon qu'on ne se borna pas à éviter de les toucher , on s'abstint de les connoître.

Les écrits des naturalistes attestent l'ignorance où l'on fut d'abord à leur égard.

Aristote les définit des oiseaux à ailes de peau : il ne sait au Inste si ce sont bien des volatiles, à cause de leurs pieds; mais, d'un autre côté, il rie peut se déterminer aies regarder comme tics quadrupèdes, ne les voyant pas pourvues de quatre pieds bien distincts. Ses réflexions sur leur défaut de queue et de croupion le conduisent à des idées théoriques dont aucune n'est appuyée sur une observation positivé.

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CHK 3/| 9

Pline n*en parle que pour remarqu er qu'il y a*les oiseaux qui engendrent Leurs petit" vivans,, et quilesallaUent au moyen de omamelles.

A la renaissance des lettres en Europe, on se borna d'abord ¿ocopier les'ancien*. ¦

Aldrovantle commença le premier à s'étendre davantage sur les chauve-souris > cédant toutefois aux préjugés de son siècle, oileu fit une métne famille avec l'autruGhe, et la raison qu'il en donne, est jue 'ces deux espèces d'oisedux participent égale* binent de la ntotufe des quadrupèdes.

Scaliger, de son côté, fait de la chauve-souris un être tout* sà-fdit mérveiHeux ; il lui trouve et deux ét qiHtre pieds ; "lie marche sans pattes, et vole sans ailes ; elle voit lorsqu'il n'y a 3"as de lumière i et cesse de voir quand l'aurore paroît. C'est, "joute-t-il, lé plus singulier de tous les oiseaux, puisqu'il a des dents, et qu'il est privé de bec. '

Si plus tard On donna enfin quelque attention aux chuvet* souris, ce ne fut pas d'abord pour en étudier l'organisation^ y regarda qu'autant'qu'il le ftillut pour parvenir à les comprendre dans des distributions méthodiques, ou plutôt tob'n'alla'consulter en elles que les points de leur conformat- ion qui correspondaient aux basés sur lesquelles .ou avoit fait rouler l!échafaudagé des systèmes zoologiqués*- .. - Toutefois il arriva qu'on éüt dé bonne heure une idée txacte £es afihûtés des chauve-souris ; c'est qu'en avoit ioi* heureusement choisi pour le point de départ de ces sortes" de fiaVaux, des caractères extérieurs correspondans U des carac- tères anafomrqàek plus généraux et plus profonds* - 1 -

- Dès ce uniment on ne sépara plus lés chauve-souris dea quadrupèdes vivipares : une étude plus approfondie de' leur organisation, cimfirmfe les indications foiiriiits pàr la consi- rié^âfioh de leutçxTéntsl

En effet, les Chauve-souris ont, comme les quadrupède® ampáre", le cœur biloculaire, les poumons celluleux, su** pendus et enfermésdans la plèvre, un (HaphragmefrioscwleuXy interposé entre la caivité du thorax et celle de I'ahgJomen;; un eerveriu ample et ramassé, ie Crâne composé i?autant pièces j et' de pièces également en c*hévr ètées. C'est le ttrêtoe système sensitify et ce isont îés mêmes appareils pourte Mb

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gestion et les sécrétions* Leurs dents sont aussi de trois sortes; tout leur corps est également couvert de poils ; et ce qu'on savoit depuis long-temps sans en avoir tiré la même consé- quence que de nos jours, elles enfantent également leurs pe- tits vivans, et leur donnent le lait de leurs mamelles. Leurs os, leurs muscles , leurs vaisseaux , tout en elles est comme dans les quadrupèdes vivipares; cette ressemblance est telle, que les moindres détails de leur.organisation sulfiroient seuls et séparément, pour montrer que ce sont de vrais mammi- fères, et qu'on ne sauroit se dispenser de les comprendre dans la même classe. "

Mais il y a fcin cependant de ce résultat aux vues hardies deLinnæus, qui les rangea dans un même ordre avec l'homme et les singes, et qui ne craignit pas de donner aux uns et aux autres un nom semblable ; tantôt celui d'antromorphœ ( êtres à visage humain ), tantôt celui de primâtes (animaux de pre- mier rang )o Toute extraorjdinaire que parut cette classifica- tion , le grand nom de son auteur la consacra.

Toutefois il survint peu après une opinion qui ne pouvoit s'en accommoder : ce fut celle d'une nouvelle école qui admet- toit entre tous les êtres des rapports suivis et gradués, et une marche progressive du simple au composé. Dans ces circpns*" tances, des animaux constitués comme les mammifères, et manœuvrant dans les airp à la manière des oiseaux, fournis- soient un exemple de transition dont on ne manqua pas de se prévaloir.

C'étoit, jusqu'à un certain point, confondre l'effet avec la cause, et implicitement reconnoitre que la faculté du vol, dans les oiseaux et les chauve-souris, résul toit, au fond, d'une même organisation.

On examina ce point de fait, et l'on ne fut pas long-temps sans demeurer convaincu que, si les chauve-souris se rencon* trent dans les régions de l'atmosphère avec les oiseaux, elles s'y portent en y employant des instrumens différens ; donc, toute# les anomalies dérivent du type des mammifères.

Les parties qui correspondent aux doigts sont, dans les oiseaux, presqu'effacées,* elles n'y existent que rudimentaires, atténuées et soudées les unes aux autres, d'ou il résulte que la main des oiseaux n'est qu'un moignons l'aile existe au-delà.

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appuyée et ajustée sur cette extrémité du membre, et consistant dans ses longues pennes terminales, c'est-à-dire, qu'en der- nière analyse la portion la plus utile n'est, au fond, composée que de tiges ou d'élémens apgartenans au système épidermique.

Dans la chauve-souris, au contraire, c'est le membre lui- même et principalement la main qui sont extraordinairement agrandis. Qu'on se figure l%main d'un singe, dont les parties solides auroient passé à une filière, et s'écarteroient du carpe, comme les rayons d'un segment de cercle, et l'on aura une idée nette de la construction d'une main de chauve-souris.

Le pouce seul n'éprouve pas les mêmes modifications : il reste court, dégagé de toutes entraves, et susceptible de mou- vemens très-variés ; tel est encore le pouce des singes : comme il n'est pas employé en organe du vol, qu'il conserve sa fono tion ordinaire, et qu'il reste doigt quant à l'usage, il est main- tenu dans toute son intégrité, c'est-à-dire, qu'il reste pourvu de sa dernière phalange et de son ongle*

Les quatre doigts, au contraire, que leur longueur déme-^ surée change en instrumens du vol, passant à un emploi étran- ger , ne sont plus susceptibles de leur service habituel, dès que c'est en se tourmentant et se fatiguant beaucoup que, par fois, les chauve-souris parviennent seulement à s'en servir pour se traîner sur un plan horizontal, ou pour tenir leurs petits fembrassés.

Une autre anomalie rend en outre ces quatre doigts dignes d'attention : ils n'existent plus en leur entier; ce ne sont plus que des doigts sans ongle, et, chose remarquable, comme si la phalange qui les termine, et qui se montre partout ailleurs avec une forme calquée sur celle de l'ongle en devoit suivre toutes les conditions, elle manque là où l'ongle a disparu. Aussi, si le nom de phalange onguéale n'avoit déjà été donné à cette partie de la main, seroit-ce le cas de le créer pour rappeler une subordination aussi constante.

Les longues phalanges des chauve-souris ne sont à leur aile que ce que sont les baguettes d'un parachute à l'ensemble de cet instrument, c'est-à-dire des supports destinés à fixer une étoffe qui puisse résister à l'air. Celle-ci ne manque pas dans les chauve-souris j elle est produite par un prolongement de la peau des flancs; le ios et ventre fournissent chacun un

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35* N CHË

feuillet, comme on s'en assure en séparant en deux couched semblables l'épaisseur de la membrane des ailes. Toutefois, malgré que cette membrane soit formée de deux peaux acco- lées l'une à l'autre, elle ne se manifeste à nous que sous l'ap- parence d'un réseau mince, transparent et léger*

Ainsi, de même que les os de la main ne sont alongés qu'en diminuant d'épaisseur; de même ^îssi le système tégumentaire ne s'est étendu autant sur les flancs > qu'en s'amincissant dans une égale proportion* Or, il est à remarquer que ce qui est ici l'effet d'une loi générale de l'organisation, complète mer* Veilleusement les moyensde vol des chauve-souris ^puisque des os plus compacts et une membrane plus épaisse et plus dense * Surtout à une aussi grande distance de la force motrice, eussent ajouté au corps de ces /animaux un poids que tous leurs efforts ne seroient sans doute pas parvenus à vaincre.

. Cette gojlÿse de l'aije delà chauve-souris, en nous montrant un bras et une main de mammifère, dont les métacarpes et les phalanges sont unis par des membranes, suffit pour établir que non-seulement l'aile de la chauve-souris n'est nullement comparable à l'aile d'un oiseau> mais de plus, , que pour bien ' concevoir ses étranges anomalies, il convient de s'attacher à la considération des extrémités les plus favoraleiaent disposées pour saisir j et les plus profondément divisées., .

Or, les mammifères aux digitations les plus profondes, dont les quadrumanes. En retrouvant les chauve-souris plus voisines en cela de ce groupe que d'aucun autre de la classe des mam* ïnifères, nous sommes par là ramenés à reconnoitre que Lin* næus avoit bien jugé de leurs affinités*

Nous sommes encore mieux conduits à cette conséquence * par l'examen des autres traits qui les distinguent*

i. ° Les mamelles" Plus nous nous éloignons du groupe des 'quadrumanes, qui ont leurs glandes mamniaires situées sur le thorax, plus nous voyons ces glandes redescendre delapoi* trine à l'abdomen" Toutes les chauve-souris, à l'exception des ffhinolophes, ont exactement les mamelles semblables à celles des quadrumanes, pour le nombre et la position.

2/ Les vrganes de la génération. Les chauve-souris ne sont encore, sous ce rapport, comparables qu'aux quadrumanes" leur pénis estdejnume gros, ramasséP visible-au-dehors,etpeiv"

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dántsur les testicules. S'il falloit suivre leis rapports de ces êtres jusque dans la conforinité de leurs habitudes, nous verrions "encore les chauve-souris ressembler aux quadrumanes par des iuspirations désordonnées* et l'enchaînement d une brutalité révoltante. On sait,' d'après M. Roch, que les chauve-souris s'adonnent de même , en domesticité * à user seules des organes de la génération^

3. ° Les dents. Ce caractère nous mène encore mieux à l'idée que c'est le type des quadrumanes que la chauve-souris repro- duit; car, sans cela, comment concevoir cette exacte répéti- tion de formes dans des parties aussi compliquées et aussi peu essentielles à la*vie, que le*sont les dents, incisives P Cepen- dant , les roussettes ont ces dents comme les singes, et les ves- pertilions, comme les makis ; les molaires sont dans les mêmes rapports, c'est-à-dire* formées dans ceux-ci par une couronne iiérissée de pointes * et dans ceux-là par une tranche nette. *

' 4.0 Les abajoues. Presque tous les singes de l'ancien monde présentent une dilatation très-grande des muscles buccinateurS, 'dans Une convenance parfaite avec leur gloutonnerie et, leur caractère inquiet. Ge sont là aussi des faits de l'histoiré dés chauve-souris ; élles ont aussi des abajoues qu'elles remplissènt d'insectes dans leurs chasses, se réservant de faire curée à leur retour dans leurs retraites.

' Tant de rapports entre la chauve-souris ét les quadrumanes nous prouvent que Linnæus, en plaçant son genre Vespertilio à la suite des makis, a vraiment présenté les chauve-souris dans Tordre de leurs affinités naturelles ; mais il a été plus loin', comme nous Favons vu': il a jugé ces rapports si intimes, qu'il n*a plus fait des uns et des autres qu'une seule grande famille , ou l'ordre Unique des primates,

il eût fallu peut-être se borner à dire que ces familles déri- voient les unes des autres ; mais en même temps il convenoit de constater ce qu'une si grande anomalie , qu'ori avoit sous les yeux , pouvoit exercer d'influence sur l'organisation : le irfas, tombé dans de moindres utilités dans l'homme * d'ordi- naire puissant môyen du mouvement progressif pour les allures à terre i prend tout à coup , dans les chauve-souris, une gran- deur démesurée. Dans une circonstance d'anomalie déjà Si remarquable* la nature trouve le fonds et les ressourcesd'ano-

8. . al

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malíes encore plus fortes et plus étranges ; mais bien qu'il y ait ici déduction de formes, il n'y a plus conservation rigou- reuse du même plan j car, avec une grandeur considérable, le bras des chauve-souris acquiert une influence immense. Cette partie de l'organisation, ailleurs subordonnée évidemment 9 dans ce cas dans l'homme, passe dans les chauve-souris au rang des plus grands organes ; elle y devient dominatrice, et Test réellement dans ce sens, que c'est alors une donnée prin- cipale, une donnée qui soumet à elle impérieusement, et exige la corrélation de toutes les autres parties organiques.

Pans ce cas, la fazjriille des chauve-souris se présente comme un ensemble qui a des limites distinctes, ou mme un de ces groupes qui , sous le nom d'ordres , forment les premières coup" de la classe des mammifères.

Montrons qu'en effet les caracteres qui appartiennent exclu*" sivement aux chauve-souris exercent une assez grande influence s urleur économie, pour justifier cette nouvelle manière de le* envisager*

Uç* de# chose* les plus dignes dp remarque que présente lefip organisation, est cette disposition du système cutané à se prolonger annd$U de$ contours de l'animal, et à procurer aux organçs def sens plus d'étendue et plus d'activité.

On n'a peut-être pas donné assez d'attentipn a la manièrç 4ofct"e fait cettp extension. La pe^n des flancs ne se porte pas seulen^ent sur les br#?, pour de là se distribuer en£rp les phfc- langps des jnétaçarpps et des doigts ; elle embrasse aussi les extrémités 4e derrière * et, en se prolongeait put relies jambes, elle se répand le long de la queue, de manière à former autour des chauve-souris une surface qui est réellement hors de toutç proportion avec la petitesse de leur corps.

Il ñ'y avoit en effet qu'une surface aussi considérable qui pAt offrir les organes d'un toucher si parfait et d'un tact fi exquis, que Spallafizapi, qui en a observé les phénomènes, lfp sttribuoit à un sixième sens*

Les oreilles externes participent tellement à cette* tendance du système cutané £ s'agrandir, qu'il esf de ces oreilles pro- longées sur le front, et réunies en partie, et qu'on en connoît un exemple, le vespertilio auritus, où elles égalent en longueur l'animal lui-même; elles participent en outre à cette tendance

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d'une manière plus curieuse, étant doubles dans la plupart des chauve-sou ris. En effet, indépendamment de la conque externe, qui ne diffère de l'ôreille des autres animaux que par plus d'étendue, il en est une seconde qui borde le .méat auditif.

Quoiqu'on ne trouve cette petite oreille, ou Y or ci lion, que dans les chauve-souris, ce n'est pas un organe dont il n'y ait aucune trace ailleurs : la nature n'opère qu'avec un certain nombre de matériaux qui varient seulement entre eux de dimension : l'oreillon en est une preuve : il dérive du tragus, ou plutôt c'est le tragus lui-même qu'on est tenté de prendre Jpour une partie distincte, à cause de son étendue et de ses usages.

Cette susceptibilité des tégumens k saillir en dehors se fait remarquer de même aux abords d'autres cavités des organes des sens. Il est, en effet, beaucoup de chauve-souris qui ont le net bordé de crêtes et de feuilles formées par une dupli- cature de la peau : ces membranes sont disposées en enton- noir dont le fond sert d'entrée aux fosses nasales.

Il en est done de l'organe de l'odorat comme de celui d* l'ouïe : l'un et l'autre sont pourvus de eonquès ou cornets exté- rieurs.

Des membranes aussi étendues et aussi multipliées ne peu- vent exister sans exereer une grande influence ; aussi voyons" nous que le monde extérieur des chauve-souris en est agrandi.

Il est évident, par exemple, qu'elles acquièrent la notion de beaucoup de corpuscules qui ne sont sensibles pour aucun autre animal. Les observations de Spallanzani nous appren- nent que si elles se décident sur l'indication du toucher, c'est le plus souvent sans recourir à un contact immédiat, et qu'il leur suffît, pour être averties de la prépençe des objets corpo- rels, de palper l'air interposé entre elles et ces objets, et d' ap- précier la manière dont il réagit sur la membrane de leurs ailesi.

On en trouve une autre preuve dans ces vastes entonnoirs placés au-devant des organes de l'ouie et du toucher: ce sont là autant d'instrumens perfectionnés qui donnent aux être# qui en sont pourvus, la faculté, au plus haut degré, de per- cevoir les plus petites particules du son et les moindres éma* nations odorantes.

23.

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. Avec ces moyens de se rendre attentives et prêtes à tout* espèce de perceptions, les chauve-souris ont en outre la faculté de s'y soustraire, faculté sans doute indispensable, puisque autrement elles eussent été accablées sous une aussi grandç perfection de l'organe des sens. L'oreillon est placé sur le bord 4u. iUlt auditif, de manière qu'il devient à volonté une.soupape qui en ferme l'entrée : il suffît pour cela d'une foible inflexion de l'oreille, et même, dans quelques indivi- dus,, du froncement et du seul affaissement des cartilages.

Et .comme.aussi les replis et les bourrelets des feuilles na- sales remplissent le .même objet à l'égard des narines, il est par-là manifestevque ce n'est point sans profit pour les chauve- souris quelle système cutané preud un accroissement si con- sidérable. Les organes des sens y gagnent ainsi plus de volume ft 4e perfection.

P'un autre côté, ¿'excessive étendue de lauiain des chauve- afiUfia vraiment exercé un©.sorte de réaction, non-seulement sur les organes qui la font mouvoir, mais en outre sur d'autres parties d'ùn ordre plus élevé, et partout ailleurs, soumettant k. elles tpus les autres matériaux de l'organisation. Cette ano* malie, hors de toutes proportions, hors de toutes règlep, qu'onne trouve nulle part élevée à ce degré, est devenue un caractère dominateur, comme elle procure à l'animal des fonctions inusitées dans tous les autres mammifères. Les or- gan es des sens, presque partout ailleurs retenus dans des limites très-resserrées, offrent,,dans les chauve-souris les complica- tions les plus singulières, et leur cœur lui-même éprouve une porte de déplacement, et eçt,chez elles bien plus haut placé. Les muscles pectoraux éprouvent, à plus forte raison, cette influence : ils sont plus volumineux, et ils ont en même temps leur siège et leurs attaches sur un sternum formé de pièces remarquables à la fois par leur grandeur et leur parfaite ossification. On sait, au contraire, que le sternum des qua- drumanes est généralement foible, petit, et presque entière- ment cartilagineux.

Dans ceux-ci, les os de l'avant-bras sont susceptibles des mouvemens dits de pronation et de supination : ce qui est une très-grande perfection à l'égard de ces animaux, qui demeurent comme appeadus toute la vie aux branchages des

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arbres, et qui ne peuvent prendre atrcun soin pour se con- server, sans qu*ils ne soient contraints à saisir, formeroit un grave inconvénient dans les chauve-souris, qui, à chaqué battement de l'aile, auroient à redouter que la résistance de l'air ne causât la rotation de leur main. Elles ne sont point heureusement susceptibles de ce mouvement de pro- bation, et il a suffi , pour cela faire, du sacrifice d'un des deux os de l'avant-bras, du sacrifice du cubitus, qui cependant ne disparoit pas entièrement; il en reste le tiers huméral, et cette portion, soudée au radius, contribue à donner à celui- ci assez de force et de solidité pour soutenir le carpe et toute la main.

On peut calculer de combien les extrémités antérieures se trouvent agrandies dans les chauve-souris, en les comparant à celles de derrière, restées dans les dimensions ordinaires. Celles-ci ne sont en outre qu'en partie engagées dans la mem- brane des flancs. Le pied est libre. La membrane a íes der- nières attaches sur le tarse, dont un des osselets, saillant en dehors, prend la forme d'upe épine, et rênd a la memrbrane interfémorale le service le la maintenir, lors de son déve- loppement.

Les doigts postérieurs sont petits, comprimés, égaux éntre eux, et toujours au nombre de cinq? le pouce ne s'en dis- tingue pas. Tous sont terminés par des grifîes ou? de petites lames cornées, faites en quart de cercle, fort acérées à la pointe, et remarquables par leur égalité et leur parallélisme.

Il faut que cette conformation des doigts entre d'une manière bien nécessaire dans le plan constitutif des chauve-souris, car elle n'éprouve nulle part de modification ; et, dans le fait; si l'on y réfléchit bien, la chose ne peut manquer d'être ainsL

Les fonctions ailleurs départies aux doigts, se trouvent*, dans A chauve-souris, comme concentrées dans ceux de der- rière , où seulement il existe de véritables doigts : nous avons vu qu'en avant un seul reste conservé, tes quatre autres n'étant, à proprement parler, que des brins solid es, propres seulement à tendre ou à plisser la membrane.

Telles sont les seules ressources de la chauve-souris pour Ja locomotion, quand elle n'est pas dans le vol. A les considérer, on ne supposeroitpas qu'elle pût aisément les mettre en œuvre pour changer de place à la manière des quadrupèdes; cepen-

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dant, quand cela lui est utile, elle sait en tirer un parti très-* avantageux. Ses ailes * reployées, deviennent au besoin de" jambes de devant : elle pose alors sur quatre pieds; elle maréhe enfin * et se traîne même avec assez de vélocité pour qu'on puisse dire qu'elle court avec vitesse.

Mais pour eela, que de peines, que d'efforts, combien d'ac- lions diverses! On la voit tTbbôrd porter en devant et un peu de côté son bout d'aile oü moignon, se cramponner au sol, en y enfonçant l'ongle tie son pbuce 1 puis, forte de ce point d'appui j rassembler ses jambes postérieures sous le ventre, et sortir de cet accroupissement, en s'élevant sur son train de derrière, et faisant dans le même temps exécuter à toute sa masse une culbute qui jette son corps en avant ; mais comme "lie ne ÿe fixe au sol qu'en y employant le pouce d'une des ailes, le saut qu'elle feit a lieu sulr une diagonale, et la rejette d'abord du côté par où elle s'étoit accrochée ; elle emploie pour le pas suivant le pouce de l'aile oppèsée ; et, culbutant en sens con- traire, elle finit, malgré ces déviations alternatives, par che- miner droit devant elle.

Cet exercice finit par la fatiguerbeaucoup : aussi, pour qu'elle s'y livre, ou il faut qu'elle jouisse dans son antre d'une sécurité parfaite ^ Ou qu'élle y suit contrainte par une suite d'accideus qui l'aient fait tomber sur un plan horizontal.

Toute chauve-souris qui est dans ce dernier cas, s'y soustrait aussitôt, paree qu'il lui est alors presque impossible de s'élever et de reprendre le vol t ses ailes ont trop d'étendue ; et les efforts qu'elle peut faire n'aboutissent le plus souvent qu'à heurter le sol, et à lui procurer uiie nouvelle chute. Si, au contraire, elle parvient à gagner un lieu élevé, un arbre ou même un tertre, elle se remet facilement dans la seule situation qui lui convienne. .

Cette situation, c'est le vol. Ce n'est que dans les airs^ue les chauve-souris se complaisent* parce que c'est là seulement qu'elles jouissent de toute liberté, qu'elles mettent à profit 'toutes leurs ressources ^ et qu'elles ont une confiance sans bornes, quelquefois même jusqu'à s'emporter et aller braver des dangers réels.

Mais ces courses ne peuvent être continuelles : le repos doit les suivre. C'est pour ce moment critique que les chauve-souris

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Comme on ¿toit dans cette fausse route, Daubenton cher- choit des animaux pour son anatomie comparée : il vint / à trouver en France quatre chauve-souris, qu'on n*y avoit pas encore observées, et cette découverte rengagea à revoir ce qui avoit été fait avant lui sur ces mammifères, et à en donner une Monographie. Son Mémôirè , monument pré- cieux , surtout si Ton se reporte àTépokfue de sa publication, fut imprimé dans le Recueil de l'Académie des sciences, pour l'année 1759. La Monographie de ce célèbre naturaliste fut aussi enrichie, tant de plusieurs espèces étrangères trouvées à Paris dans des collections publiques, quede celles qu'Adanson avoit dernièrement rapportées du Sénégal.

Dès ce moment, la famille des chauve-souris fut établie sur des bases solides; on eut un guide qu'on apprécia et qu'on suivit.

Linnaeus en donna le premier l'exemple, mais non pas en toutes occasions, puisqu'il retira de son genre Vespertilio la chauve-souris de Feuillée, ou lé bec-de-lièvre, pour en faire, dans la douzième édition de son Sjstema, le genre Noetilio de ses glires.

On s'étoit jusque-là si bien trouvé de l'emploi des dents incisives pour l'établissement des genres, qu'il étoit naturel de beaucoup compter sur la valeur de ce caractère; on fut donc étonné d'apprendre, d'abord par Brisson, et ensuite par Dau- benton , que les chauve-souris diflféroient entr'ellea sous ce rapport.

Le nombre de ces animaux n'étoit pas encore considérable, et on donnoit déjà plus d'attention aux affinités des êtres ; néanmoins on continua, à l'exemple de Daubenton " à com- prendre dans un seul genre toutes les chauve-souris connues ; et, pour s'en excuser en quelque sorte, on affecta d'insister sur la discordance de leurs caractères génériques, et sur l'idée que ces ééres étoient comme frappés d'anomalies inexplicables.

Il n'y eut (Ju'Erxleben qui reproduisit la division de Briséon, p ter opus et vespertilio, et qui se montra en cela un compilateur peu judicieux; car il détruisit l'essence du genre Vespertilio ep'le définissant comme Brisson, et en y faisant entrer les nou- velles chauve-souris de Daubenton, auxquelles cette définition ne conven oit pas.

On ne fit plus, dans la suite, que se copier les uns les autres: d'ailleurs, on s'en tint à un seul genre, et l'on crut satisfaire à

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ce qu'exigeoit l'état delà science, en donnant, dans des anno- tations , Ténumération des dents incisives de chaque espèce.

C'étoit ce caractère qui, entendu de diverses manières, avoit motivé ces différentes façons de classer les chauve-souris* J'y donnai attention.

Je m'aperçus d'abord qu'une des circonstances de ces dents (elles son tie plus souvent créhelées) avoit donné lieu à quelques erreurs, même de la part de nos plus habiles observateurs. Pallas avoit compté à la mâchoire inférieure du vesp. pietus y huit au lieudesixincisivesquiy sont réellement; et Daubenton n'en avoit point remarqué en haut au vesp. ferrum equinum.

Je pus aussi apprécier une autre circonstance de ces dents, source d'autres erreurs : c'est qu'étant plus petites que leurs alvéoles, elles s'en détachent facilement, et manquent dans quelques individus.

Enfin, une troisième observation explique encore mieux leurs nombreuses anomalies; c'est la dépendance dans laquelle elles sont des organes qui les avojsinent.

Ailleurs que dans les chauve-souris, il n'y a guère qu'une seule manière d'être pour les organes des sens qui ont leur siège auprès des dents incisives. Ils sont en général contenus dans de certaines limites, et ne nuisent pas au développement de l'os intermaxillaire, qui lui-même fournit à son tour aux inci- sives tout l'emplacement et la solidité convenables. Rien ne troublant cet arrangement, les dents incisives**croissent dans leur alvéole selon l'aétion qu'exercent sur elles les élémens dont l'être est constitué o effets, en quelque sorte, du concours deheaucoup de causes très-disséminées, et la plupart occultes ; ces dents peuvent alors être employées à indiquer ces causes d'une manière générale, et c'est dans ce sens qu'elles sont appréciées comme un excellent caractère générique.

Le contraire a lieu dans les chauve-souris : leurs organes des sens se compliquent de cette tendance du derme à acquérir un accroissement considérable; l'organe de l'odorat, entre autres est souvent obstrué par des espèces de soupapes ; mais comme il n'arrive presque jamais de développement extraordinaire en un lieu, que cela ne devienne ailleurs un obstacle, les déve- loppemens des fosses nasales influent sur l'intermaxillaire : celui-ci devient d'autant plus petit, que celles-là s'étendent et

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réservent toute leur prudence : le sentímént des dangers aux- quels elles sont alors exposées, les porte à rechercher les retraite* les plus profondes et les plus inaccessibles r et leur fait prendre la précaution de se suspendre à la voûte des cavernes, la tâte en bas. Simplement accrochées par leâ ongles dé derrière, elles n'ont plus qu'à lâcher prise, pour sé dérober, parlé vol, à une attaque imprévue.

Nous entrevoyons maintenant les molifo de éétté position inverse à laquelle il étoit remarquable qu'il n'y eût que les chauve-souris d'astreintes: en effet, nulle autre situation né les rendrait aussi promptement à l'industrie qui leur est la plus familière ; nulle autre ne leur fourniroit plus de facilité" pou* échapper et alleç se perdre dans l'immensité des ail*.

Les chauve-souris, prêtes à se lancer, ayant à déployér l'embarrassant manteau que forme la membrane de leurs ailed, et ne pouvant le faire qu'en se procurant sur les côtéÿun espacé proportionnel à son étendue, ne poüvoient, pour rencontrer toutes ces chances de succès, que tomber d'un lieu élevé.

Les pieds de derrière des chauve-souris devoiént donc, pour fixer ces animaux au plafond de leurs retraites, avóir uñe forme appropriée à cette destination * dès lors il devient facilé de se rendre compte du parallélisme et de l'égalité dé leur* doigts, aussi bien que de la courbure et de la pointé acérée dé leurs ongles : et, en effet, si ces pieds, dont BOUS n'avions pas d'abord rattaché les formes au plan des chauve-êOUris, com- plètent ainsi leur système (ce qui donné aux diverses partiel des organes de la locomotion des usages qui se correspondent, et qui sont dans des relations nécessaires), nous ne nous éton- nerons plus de l'invariabilité des formes de ces extrémité*.

On n'entre point dans les souterrains des ehauve*sOarls, qu'ôn ne soit d'abord affecté par l'odeur de leur fiente ? èn là trouva rassemblée en monceaux souvent très^cévsidérablessur le sol f vers le centre des espaces qu'elles occupent) et de plu*, on Aé peut se méprendre sur le lieu d'où proviennent de" produits excrémentiels : c'est de la voète du souterrain.

C'est que c'est là le rendezvous des chauvé*#OUris ; c'éStlà effectivement qu'elles s'assemblent côte à côte . mais il né faut pas oublier qu'elles y demeurentsuspendués par les pieds d# derrière, et alors, comment concevoir qu'elles puissent se

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vider daps fine attitude si peu convenable à cet obfat? Jo vais dire comment elles y procèdent : je raconterai ce que j'ai vu.

* Une chauve-souris, dans ce cas, met d'abord une de ses pattes en liberté d agir, et en profite tout aussitôt pour heurter vate, ce qu'elle répète plusieurs fois de suite. Son corps, que ces efforts mettent en mouvement, oscille et balance sur les cinq ongles de l'autre part, lesquels forment, parleur égalité Qt leur parallélisme, une ligne droite, comme seroit l'axe d'une charnière. Quand la chauve-souris est parvenue au plus haut point de la courbe qu'elle décrit, elle étend le bras, et cherche sur les côtés un point d'appui pour y accrocher l'ongle qui le termine, celui du pouce de l'extrémité antérieure. C'est le plus souvent le corps d'une chauve-souris voisine qu'elle ren- contre, d'autres £pis un mur sur les flancs, ou bien un autre objet so}ide; mais, quoi que ce soit, elle a atteint son but j elle s'est mise dans une situatiqn horizontale, le ventre en bas, c'est-à-dire, dans la situation qui lui convient pour se vider , et pour le faire en prenant soin de sa robe.

Ceci nous rappelle que nous avons encore à faire connoître les organes de la digestion des chauve-souris. Il semble, au pre-" mier aperçu, qu'en admettant la nécessité de relations intimes entre toutes les parties de ces animaux, l'anomalie domina- trice qui les distingue} et qui met à leur disposition l'usage d'un tout autre monde, auroit bien pu s'accommoder de tous les modes de nourriture qui sont propres aux mammifères, et c'est ce que nous ne trouvons pas ; précisément parce qu'il y avoit alors indifférence à cet égard $ l'ascendant du sous-type dont les chauve-souris sont comme une déduction > se fait sen-" tir* jtous les traits des quadrumanes, sous ce rapport, sont ueproduits, et, ce qu'il y a de singulier, le sont avec de légères ipodifications, qui se rapportent toutes, ou au moins se com- binent avec de fort légers changemens dans la manière dont l'aile se termine.

^ Le plus grand nombre des chauversouris vit d'insectes; leup estomac est petit, sans étranglement ni complication ; le canal intestinal, d'un diamètre assez égal, est court, et lecœcum jnanque entièrement.

. Les dents répondent à cet ordre de choses : les incisives sont

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lobées, les'campes longues et aiguës , et les molaires hérissées de pointes.

Quelques chauve-souris , qui vivent de fruits, ont les dents et les intestins un peu différemment conformés ; elles n'ont pas le derme aussi prolongé; aussi sont-elles chauve-souris au plu" petit titre possible.

Les dents aiguës du plus grand nombre sont les seules armes et moyens pour attaquer, saisir et déchirer les insectes dont elles font leur nourriture ; elles ont, pour les atteindre au vol, une facilité qu'on ne leur avoit pas remarquée : c'est la gran- deur de leur bouche; ce sont, à cet égard, de vrais engoule- vents.

La commissure des lèvres ne s'étend pas, chez les mammi- fères, au-delà des dents caniues : on diroit que la lèvre supé^ rieure suit le sort des intermaxillaires, qu'elle lui est subor- donnée , et qu'elle en est la coiffe. En effet, la bouche n'est large et bien fendue que chez les animaux dont les inter- maxillaires sont très-longs, et se trouve au contraire d'une étroitesse extréme da ns ceux qui ont les os très-petits.

Les chauve-souris, du moins celles qui se nourrissent d'in- sectes , sont la seule exception à cette loi que je connoisse: la commissure de leurs lèvres est très-reculée en arrière, et cor- respond à la pénultième molaire. On peut regarder leurs aba- joues comme la cause de cette anomalie; caries joues que ces poches rendent flasques, se déplissent et s'étendent avec les lèvres, et dès-lors la mâchoire inférieure peut s'écarter de la supérieure, jusqu'à former avec elle un angle droit.

Enfin , les chauve-souris ressemblent aux petits mammifères insectivores par les habitudes tristes, la vie nocturne , la sus- ceptibilité des organes des sens qui les force de fuir le bruit et la lumière, et leur moindre chaleur spécifique? elles passent l'hiver, ou plutôt la plus grande partie de l'année dans l'engour- dissement; extrêmement sensibles aux plus petites impressions Uu froid etdel'humidité, elles ne jouissent d'une pleine activité, ^t 11e sortent de leurs retraites que dans les belles soirées d'été ; Hiais alors, vivement excitées, elles ne sont attentives à rien : occupées de leur chasse avec une ardeur sans mesure, ôu elles deviennent à leur tour une proie facile pour les oiseaux ¿e^roie de nuit, ou elles donnent dans les pièges qu'on leup

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tend ; clics tombent dans des filets qu'on agît* sur leur route, ou sojit prises à la ligne, parce qu'elles happent avec tfrop d'avidité tout ce qu'elles voient voltiger dans l'air.

Les chauve-souris, ainsi dérivées du type des quadrumanes 9 et offrant en outre d'assez nombreux rapports avee la petite famille des carnassiers insectivores, se présentent doûc à noui comme constituant un ordre qui a des limites tranchées, et qui est tout à fait distinct.

Telle est la question que nous nous étions proposé dé traite* dans cet article Chei r opter es. Avant de renvoyer, pour chacee genre, à des articles spéciaux et à leurs lettreè respectives, j'examinerai ce qu'en ont pensé les principaux auteurs systé- matiques, et comment ils ont pu classer ces Miimaux, en se bornant à l'emploi des seules considérations zoologiques qui étoient pour lors en usage.

Belon est le premier qui figura une ahauve-sou fis, l'oreillard ; Atdrovande en reproduisit la figure, ety en ajouta uneseconde , la grande espèce d'Europe. Belon avoit, en outre, assez bien signalé une troisième espèce qu'il avoit vue en Egypte.

On apprit, dans la suite, par des voyageurs et des natura- listes iconographes, que chaque pays avoit, en quelque sorte, ses chauve-souris. Si cela ne fut dit d'abord bien précisément, c'est du moins ce qui résultoit des publications de Clusius, Pison, Bontius, Flaccourt, Séba et Edwards.

On possédoit ces matériaux dès 1748, qu'on nécroyoît encore qu'à l'existence de cinq espèces de chauve-souris : le Catalogue de Linnæus ne fait pas mention d'un plus grand nombre.

Mais au moins, on avoit été jusquelà d'accord sur l'établis- sement de la famille des chauve-souris : c'étoit un de ces genres qu'on avoit fait d'instinct avant l'invention même des méthodes.

D'autres principes dirigèrent Brisson en 17 Si> ; il avoit rangé les quadrupèdes suivant l'ordre numérique des dents incisives. Dés qu'il s'aperçut que les chauve-souris se séparoient, d'après cette considération, en deux séries, il se crut obligé de les partager également en deux genres, et il leur donna les noms de pteropus et de vespertilio. On avoit alors si peu d'êgard aux affinités naturelles des êtres, que personne ne fut choqué de voir ces deux groupes éloignés l'un de l'autre, et leur inter- valle rempli par des animaux autres que des chauve-souris"

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se prolongent davantage ; il"st quelquefois rapetissé au point de n'être plus qu'un point osseux qui nage et se perd dans le derme ; quelquefois enfin il se perd entièrement.

Les incisives qui en suivent nécessairement toutes les condi- tions, et qui deviennent petites, ou manquent avec lui, sont alors traversées dans leur développement par une influence spéciale : n'obéissant plus à une impulsion de toute l'organi- sation, elles n'en rendent plus Je même compte; elles varient au contraire avec ¡'intensité de l'action locale qui pèse sur elles i et, dans ce cas, elles sont un caractère d'une valeur moindre que dans les autres familles où leur croissance n'est en rien contrariée.

Mais si elles le cèdent, pour l'importance, aux organes des sens qui les avoisinent, elles deviennent de nouveau un objet digne dé considération? en relation avec ces organes, elles peuvent du moins nous en faire apprécier les modifications diverses j elles concourent avec eux à établir les caractères de quelques groupes particuliers ou petits genres; et, attendu que ces di- vers arrangemens sont aussi simultanés avec d'autres modifi- cations qui affectent , soit le6 organes de la digestion, soit les ailes, la queue et la membrane interfémorale, il suit que nous avons une certaine quantité de caractères d'un rang encore assez relevé pour ordonner les chauve-souris dans des divisions tranchées, et les disposer en très-petites familles naturelles.

Nous donnerons les caractères de ces petites familles ou de ces genres aux mots suivans I GLOSSOPHAGE,MEGADERME, MULOT-I TOLANT, MYOPTERE, NOCTILION, NYCTERE, NYCTINOME, OREIIT LARD , PHYLLOSTOME, RHINOLOPHE, RHINOPOME, ROUSSETTE, Sté- NODERME, TAPHIEN , et VESPERTILION. (GE. S. H.)

CHÉIROSTÉMONE A FEUILLES DE PLATANE (Bot.),Ckei- rostemon platanoïdeSjHumb. etBonpl., Pl. éq., 1, p. 82, t. 24* Arbre découvert par MM. Humboldt et Bonpland-, à la îïou- velle-Espagne, dans les forêts de la province de -Guatimala s il forme seul un genre particulier, voisin de la famille des malvacées, appartenant à la monadelphie pentandrie de Lin- naeus , distingué par un calice coloré, â cinq découpures ; trois bractées alternes à la base du calice; point de corolle; ,cin| filamens réunis en tube ; les anthères linéaires ; uu style, une capsule à cinq loges.

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Cet arbre s'élève à la hauteur d'environ quinze pieds, sou- tenant une cime touffue; ses branchessont tortueuses, étalées horizontalement, chargées, vers leur extrémité, de feuilles alternes, pétiolées, fauves et tomenteuses en-dessous, glabres en-dessus, échancrées en cœur à leur base, divisées en sept lobes, légèrement dentées à leur contour, accompagnées de stipules lancéolées caduques. Les fleurs sont grandes/solitaires, pédonculées, opposées aux feuilles, d'un beau rouge, situées à l'extrémité des jeunes rameaux ; le pédoncule est tomen- teux, unifiore, muni à son sommet de trois bractées lancéolées relues: le calice a l'apparence d'une belle coroüe campanulée , charnue, longue d'un pouce et demi, à cinq découpures pro- fondes ; rouge en-dedans, il estrevétu en dehors d'un duvet rous- sàtre; à la base de chaque découpure, un tubercule arrondi , correspondant à une fossette intérieur^ nec tarifé re, caractère qui pourroit faire soupçonner que ce qu'on prend ici pour calice est une véritable corolle. Les filamens sont colorés, libres et ouverts en main à leur partie supérieure ; l'ovaire pubescent ; le style plus long que le tube des étamines. Le fruit consiste en une capsule ligneuse, couverte d'un duvet noirâtre, longue de trois pouces, à einq loges, à cinq angles saillans, s'ouvrant sur les angles, depuis le sommet jusque vers le mir lieu, en cinq valves; les réceptacles anguleux, couverts de poils roux; les semences attachées par uivpédicelle sur les côtés de l'angle interne de chaque cloison, munies d'une caroncule prés de leur sommet, au-dessous duquel se trouve un ombilic alongé; le périsperme de m£qie forme que la se- mence; les cotylédons ovales, foliacés; la radicule courte, ovale. (Poia.)

CHEISAP.AN,Cheisar (2te£.), noms arabes, suivantüumph, d'une espèce de rotang cité par cet auteur, Herb. Amb., vol. 5, p. *)7, t. èi, et que Loureiro nomme çaUmu$pçtrcevs. (J.)

CHEKAO. (Min.) C'est le nom d'un des composans de la porcelaine de la Chine. On ne sait pas bien sûrement quelle est cette substance, qui entre ¡d^fls la composition de la cou- verte en émail, et qui sert mémo, dit-on, à y dessiner des or- ftemens en relief. Il p^roitcependant, d'après les descriptions qu'on en donne, et l'opinion même de plusieurs voyageurs, que c'est du gypse, ou chaux sulfatée. (S.)

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CHEKEN (Bot.), espèce de myrte du Chili, décrit par Feuillée. (J.)

CHELAPA, ou Cblapa. (Bot.) C. Bauhin dit qu'on avoit envoyé de l'Inde occidentale, sous ces noms, une plante qu'il nomme bryonia meckoacan nigricans, dont la racine, semblable à celle du mechoacan, diffère par sa couleur noirâtre en 4ehors et roussàtre à l'intérieur. Il ajoute qu'à Alexandrie et à Marseille on le regarde comme un mechoacan noir, et on le nomme jalapiumou gelapio. 11 paroît évidentque cemechoacan noir est le vrai jalap, convolvulus jalapa,, dont l'usage, en Eu- rope, est postérieur à celui du mechoacan vrai, et qui n'y a été introduit que vers 1660, peu avant le temps où C. Bauhin en a fait mention. (J.)

CHELIBS (Conch.), nom latin du genre Célibe. (De B.)

CHÉLIDOINE, ou PIERRE D'HIRONDELLE. ( Min. ) On nomme ainsi de petits cailloux presque lenticulaires, très-polis, de nature ordinairement siliceuse, appartenant aux agathes, et peut-être aussi au calcaire compacte. On les trouve dans le lit de certains torrens : on en recueille surtout dans les grottes de Sassenage, près Grenoble, où coule, comme on sait, un torrent rapide. Il paroît qu'ils doivent leur forme et leur poli au mouvement des eaux. On croyoit qu'ils venoient des nids d'hirondelles. Qn les emploie pourchasser de dedans les yeux les poussières ou corps étrangers qui s'y sont introduits. A raison de leur petitesse, 4e leur forme et 4e leur poli, ils peuvent glisser entre la paupière et lè globe de l'œil sans l'irri- ter- Voyez PIERRE) D'HIRONDELLE. (B.)

CHÉLiP01NE(JBoi.), Chelidoniym, Linn* Genre de plantes dicotylédones, polypétale$, hypogynes, de la famille des par* pavéracéesde Jussieu, et de la polyandrie monogynie 4e Linnæus, dont les principaux caractères sont d'avoir un calice de deux folioles caduques, une corolle de quatre pétales cadues, des étamines nombreuses ; un ovaire cylindrique, à stigmate ses* jfile ; une siüque linéaire, à une loge polysperme.

En rétablissant le genre Glauciiwn de Tournefort, que Lin- næus avpit réuni aux cfcélidoines, les botanistes modernes n'ont conservé que troi$ espèees dans ce dernier genre.

Grand? ÇgéLiooiNE, Yqlg^rejnent Écla;*$ : Chelidonium

majifs, Un#, ? Sfcç,, 7*3 ¡ * tafe- S^.S* tige est ?*"£€ >

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haute d*

de folioles lobées ; ses fleurs sont jaunes , pédiculées et dispo- sées , au nombre de quatre à huit enseñable, en ombelles portées surun l"ng pédoncule opposé aux i illes. Cette plante fleurit en mai et juin , et se trouve fréquemment dans les haies , les buissons , et au pied des murs.

Toutes les parties de la grande chélidoine exhalent une odeur forte et nauséeuse , et il en découle, à la moindre blessure, un supropre, abondant, jaune, âcre, amer et même caustique. Si quelques 'gouttes en tombent sur la peau , elles y laissent des taches qu'on ne peut que difficilement enlever* On s'en sèrt ordinairement pour faire passer les verrues. Les anciens ont préconisé l'emploi delà chélidoine pour les maladies defc yeux j et c'est de là que lui est venu son nom d'éclaire. Tout ce qu'on peut raisonnablement croire à ce sujet, c'est que son sue ait fait quelquefois disparoitre les tares qui se forment sur les yeux ; mais son application doit exiger les plus grandes précautions. ,

Employée à l'intérieur, la grande chélidoine est un sti* mulant très-énergique ; une cuillerée de son suc pur agit comme émétique et comme purgatif t sa dosé ne doit être que d'une cuillerée à café dans un véhicule adoucissant ; ce qu'on peut répéter deux fois par jour. La décoction de la racine peut se préparer avec deux à quatre gros de celle-ci pour une pinte d'eau , ei l'extrait dé toute la plante se donne à deux, trois et quatre grains, en augmentant graduellement.Toutes ces préparations, selon le témoignage d'habiles médecins, ont été employées avec avantage dans les affections scrofuleuses * dans les hydropisies causées par les engorgemens des viscères, et dans la jaunisse.

CHELIDOINE DU JAPON ; Chelidonium japonicum. Thunb., Ft. jap,, pag. 221. Ses tiges sont droites , glabres; ses feuilles sont ailées, composées de trois à cinq folioles oblongues incisées ; ses fleurs sont jaunes, axillaires, pédonculées, solitaires. Cette espèce est indigène au Japon.

* CHELIDOINE A DEUX FEUILLES ; Chelidonium diphyllum, Mich., Flor. Amer,, i , pag. 3og. Sa tige est simple . munie , dans sa partie supérieure, de deux feuilles partagées en lobes pin- natifides, et terminée par une seule fleur portée sur un pédon-

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CHÉ .36$

cille qn* naît atr milieu de l'insertion des- date" feuil4e Cette planée croît dan" les lieux ombragés de l'Amérique septen- trionale. ( L. D. )

CH£LHX)INE [ PÍTETE] (Soi.),. un des noms vulgaires de la ficaire, fiearia, ranunculusficarke., de Linnaeus* (J")

CHÉLIE>OINE D'AMÉRIQUE, (Bot.) On donne ,. dans les Antilles, ce nom. au boccoma, genre de plante voisin delà ehé- lidoine ordinaire dans l'ordre naturel, et donnant-cottiine ello "m suc jaune. (J.)

CHÉLIDOINES. (Foss.), On a autrefois'donné ce itomà d* petites dents de poissons fossiles. Voyez GtoesopàTRBs. (D. F.)

GHÉLIDON5. (Ornith*). Ce nom qui* dans Avistóte, paoroCt désigner l'hiroairieüe de cheminér* a été employé par d'autre* toturalistes, comme embrassant la famille entière de" oisftau qur, pourvus d'un large bec, d'un ample gosier, ont le vol rapide, la vue perçante1, et, tenant leafs mandibules habi- tuellement1 ouvertes, y engloutissent les insectes dont ils fout leur seule nourriture. Ces oiseaux qui, comme les rapaces, so divisent en diurnes*et nocturnes*, comprennes*,d'une part, les hirondelles et les: martinets, et, de l'autre, lesengouleventdU Leurs câBaotères: communs sont d'avoifr le bec dépirimé' à sa hase, trèstndu? les pieds fort court", efcles ailes* t£ès*lon$ute (Ch. B;)

: CHáÉLIFRH, ou Poara-PiNcfci ( Entorné ) Geoffroy a désigné oout ce nom de genre, des insectes aranéidest semblables aux "coupions pa# leurs palpes en fornie de bras garnis de serres , mais jvvés de la queue,: dont* le ewpreat tres~pfot, et la manière ^de* marcher semblable à celle des crabes. On leS nomifte aussi ^Se'érpiofl desilivres, pince-crabes. Voyez PINCE* (G. ï>.)

CHELlMONTOMA(Boiv) vnom arabe delachélidoine, selon Tabemœmôntancür et Montee!*. Il e$t écrit chclodomortfoma par a>lélVaxips. ( J.).. o

CHÉLIOC. (Omith.) Ce nont'paroît être donné au coq, dans la province angloise de Cotfnouaaües. (C". D-.)

* GWÉLÏP (Entom.) Voyez Pisck. ( C. D.)

CHELLÆ. (Bot.) Dans l'Arabie, le scandixinfesta porte Ce nom, ou ceiui de gazar-sjœitani, suivant ForsfcaèL La carotte est aussi notoiméechcdU, de même que Fammi. (J.)

GHELMCÎNw (Ichthyol*) M. Cuvietf vient de donner ce nfiK %. 24

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¿ un genre de poissons qu'il a démembré du groupe nombreux des chétodons, et qui appartient, comme eux, à la famille des leptosomes. Ces poissons doivent être ainsi caractérisés : Ni dentelures, ni épines aux opercules; corps ovale; museau alongé en un bec étroit : une seule nageoire dorsaleo "

La forme du museau distingue les chelmons des vrais chéto- dons, des platax, des héniochus, etc. : leur nageoire dorsale unique les sépare des chétodiptères, où elle est double: l'ab- sence des dentelures et des épines aux opercules les isole des holacanthes, des pomacanthes, etc.

Le CHELMON BEC-ALONGÓ : Chelmon ros trot us ; Chætodon rostratus, Linn.; Bloch, 202, fig. 1. Nageoire caudale arron- die, plus courte que le museau, qui est cylindrique; cinq bandes transversales noires et bordées de blanc de chaque côté du corps ; une tache noire, arrondie et bordée de blanc, vers la base de la nageoire dorsale ; teinte générale d'or et d'ar- gent ; vingt raies longitudinales brunes et très-étroites ; orifice de chaque narine simple.

Ce poisson, très-beau par la vivacité de ses couleurs, habite les mers de l'Inde, se tenant le plus ordinairement près de l'embouchure des rivières, dans les lieux où l'eau est peu pro- fonde. Il se nourrit d'insectes, particulièrement de ceux qui vivent à la surface des mers sur les plantes marines, et emploie , pour les saisir, une manœuvre remarquable : il lance sur eux une pluie d'eau salée à l'aide de son museau alongé, et les atteint ainsi quelquefois à la distance même de six pieds. Cette chasse devient un spectacle assez amusant pour que lea gens riches de la plupart des îles des Indes orientales se plai- sent à nourrir dans de grands vases un ou plusieurs de ces animaux. Leur chair est d'ailleurs agréable et salubre.

Le SOUFFLET: Chelmon longirostris ; Chætodon longirostris , Linn., Brousson. ; Chætodon enceladus, Shaw.Nageoire caudale en croissant ; museau cylindrique et très-alongé ; ouverture de la bouche petite ; couleur générale citrine.

Ce poisson a été découvert par Broussonnet dans les eaux du grand Océan. Voyez CHETODON et LEPTOSOMES. (H. C.)

CHÉLONARIE (Entom.), Chelonarium. M. Fabricius a décrit sous ce nom, dans le Système des Eieuthérates, t. 1, p. 101, un genre d'insectes coléoptères qui comprend deux espèces

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d'Amérique, très-voisines des genres Anthrène etBirrhe. Nous ne connoissons pas assez ces insectes pour en parler ici. (C.D.)

- CHELONE. (Bot.) Voyez GALANE. (Poie.)

CHÉLONE (Entom.), Chelo nu s. M. Jurine a désigné sous ce nom, dans sa Méthode de classification des Hyménoptères, un insecte fort singulier, rangé précédemment comme une espèce d'ichneumon, sous le nom d'oculator. On n'en connoît pas les mœurs. Son abdomen, est formé d'un seul anneau, que l'au- teur compare à un sabot renversé, ou à une boîte ovoïde ayant en-dessous une ouverture ovale échancrée ou fendue pour laisser sortir l'aiguillon ; le corselet a deux petites épines laté- rales en arrière. M. Latreille a nommé ce genre Sigalaphe. M. J urine a figuré cet insecte sous le n.° 41, pL 13, de son bel ouvrage. (C. D.)

CHÉLONÉE (Erpétol.), Chelonia. M. Al. Brongniart, le pre- mier, a consacré ce mot à désigner les tortues de mer, qu'il a réunies en un genre distinct de celles qui habitent dans l'eau douce ou qui vivent sur la terre. C'est ainsi que le mot %t\6ovn se trouve conservé chez nous avec une signification analogue á celle qu'il avoit chez les anciens Grecs. s Le caractère essentiel de ce genre de reptiles peut être ainsi exprimé c

Pattes en nageoires écailleuses, les antérieures plus longues ; les doigts réunis par des membranes, inégaux, alongés , les deux premiers ayant de vrais ongles sur leur bord extérieur, et tous terminés par des lames écailleuses larges et aplaties.

L'enveloppe générale est trop petite pour recevoir la tête et surtout les pattes, qui sont extrêmement alongées.

La tête, presque globuleuse, quoique quadrangulaire , est obtuse en devant, épaissie en arrière vers les tempes; elle est plus étroite, ou du même volume que le cou.

Dans les jeunes, le nez se prolonge en un cylindre court.

Les mâchoires sont cornées, nues, souvent entières et tran- chantes, quelquefois dentelées en scie smvleurs bords; leur extrémité est recourbée en crochet; la supérieure embrasse l'inférieure exactement.

La voûte du crâne est couverte d'écailles polygonales, nom- breuses, plus larges au milieu que sur les côtés, très-petites dans le voisinage des yeux.

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Les yeua sont grands et légèrement saiHans.'

Les orifice® des narines sont pea visibles.

Le cou est court, fFéquemnicût plus épais que II tête , in* gueux, et à demi ré trac tile w

La carapace est peu convexe, ovale, cordiforme, couverte* ck'une sorte de cuir ou" d'écaille ; sa partie moyenne est osseuse ; les cètes sont rétrécies et séparée" l'une de l'autre à leur parto extérieure : cependant le tour de la carapace est occupé est entier par un cercle de pièces osseuses correspondantes auos côtes sternales.

Le plastron constitue une sorte d'anneau osseux, dont 1# centre est occupé par une plaque osseuse et par des cartilages. Il est recouvert de la nvéme substance que la* carapæe. Touter- les plaques qui le forment , sont, au reste, diversement deau teltfes.

Les ongles tombent fréquemment a un certain âge*

La queue est fort courte, presque conique, couverte d'e- cailles, obtuse*

L'œsophage est armé, partout en dedans, de pointes carti- lagineuses aiguës, dirigées vers l'estomac*

Les ckél"o nées vivent toutes, dans les mers des pays cfcaudfe, sous la zone torride et jusque vers le 5o.® degré de latitude* o Une seule espèee1 vit dans F eau douce j c'est celle du Japon.

Elles se nourrissent ou de végétaux, comme la zostère ou o les algues, ou de mollusques.

§ I. Carapace divisât par plaques ; pattes onguiculées, mâchoire supérieure entière.

La Tortue FRAíídtttí : Chtlonia mydas, BroW£. ; Tescudo mydàs , linn. ; Testudo viridis , Schneid. j Testudo marina, Gesn. ; Testudo macropus j Watfbamn, Milieu ûe la carapace à treize écailles verdâtres, ni imbriqwéesni carénées; circonférence de la même pairtife-composée de vingt-quatre à vingt-*einq plastrons, forméeti vingt à vingt-quatre plaques, sur quatre plaques ; rangéeshftifpludifrales,- et séparées par treize inter- valles : mâchoire inférieure fortement dentelée.

La tête est comparativement plus petite que dans les autres tortues de mer*

La carapace est ovale, en c"ur, fort peu bombée, .relevée*

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das d-àne dons lemüieu de 5a longueur, .et découpée dans

"a circonférence ¡par ^vingt-cinq festons.

Les quatre premières plaques vertébrales ont la figurç id'"n hexagone élargi ; la cinquième représente un segment de cercle tronqué à sa pointe : les huit plaques latérales dû dos sont seulement pentagonales ; les vingt-cinq de la circon- férence sont carrées, petites, saillantes en dehors.

Toutes ces écailles jont très-transparentes et agréablement "uancées ; elles sont fort minces.

Lorsque ranimai est dans l'eau, la couleur de la caparace est d'un vert foncé ; on n'y distingue alors tjne quelques taches , faunes " dit Fougeroux de Bondaroy.

Le plastron est plus court que la carapace.

Les pattes antérieures sont lancéolées ; les postérieures sont plus larges.

La tortue franche surpasse tous les animaux du même genre par la grandeur de sa taille et de son poids. On en a vu atteindre ¦six ousept pieds de longueur, et peser sept ou huit cents livres,

Dans son Voyage aux îles Canaries, Lemaire assure qu'au- près du cap Blanc les tortues sont d'une telle grosseur, que leur carapace n'a pas moins de quinze pieds de circonférence, et que la chair d'une seule suffît pour rassasier une trentaine d'hommes*

Les tortues franches sont très-communes sur les rivages bas et sablonneux des deux continens, principalement sous la zone -torride. On n'en prend vers le nord, ou au-delà du 5o.e degré de latitude, que lorsque des tempêtes les y ont po^issées. On en a trouvé quelquefois versi'embouchure de la Loire. En 1762, on en a péché, à Dieppe, une du poids de huit à neuf cents livres. Dans ces dernières aimées* j'en ai vu deux ou trois petites qui yenoient du même port.

Elles recherchent le voisinage des îles et des côtes désertes; elles vont à terre le moinssouventpossible, et n'y restent que fort "peu de temps chaque fois. Lorsqu'elles ont demeuré ainsi à$ec , -elles éprouvent d'abord de ia peine à s'enfoncer sous l'eau , ^malgré leurs efforts pour plonger, soit parce qu'elles se sopfc oremplies d'un grand volume d'air, ou bien parce que, comme le veut M. de Lacépède, elles se sont assçz desséchées po#r ¿¿eroLrç un -seizième de leur poids.

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A certaines époques, on voit les tortues franches quitter le fond de la mer, et se rendre en foule vers l'embouchure des grands fleuves. Elles sont fort craintives, et ne cherchent jamais à se 'défendre, excepté cependant lorsqu'elles sont accouplées. Dans cette circonstance, au rapport de Catesby, elles résistent avec fureur, et bravent tout danger.

Le mâle, pendant l'accouplementv, se cramponne après la peau charnue du cou de fa. femelle, à l'aide des ongles qui font partie de ses nageoires antérieures. Valmont de Bomare et plusieurs autres naturalites disent que, dans cet aete, le mâle est placé sur le dos de sa femelle, comme l'étalon sur sa çavale ; mais M. de Lacépède prétend que leurs plastrons sont appliqués l'un contre l'autre.

L'accouplement des tortues est appelé cavalage par les ma- rins , et, suivant Catesby, il dure plus de quatorze jours.

C'est pendant le mois d'avril que les femelles viennent faire leur ponte à sec sur le rivage. Elles cherchent d'abord un lieu convenable, sans être jamais accompagnées par les mâles, sortant de l'eau avec beaucoup de précautions, après le coucher du soleil, et reprenant le chemin de lamer si elles conçoivent quelque inquiétude. Dans le cas contraire, elles remontent au-dessus de la ligne de la plus haute marée, creusent le sable avec leurs nageoires, et, après avoir fait im trou d'environ deux pieds de profondeur sur deux pieds de largeur, en cône renversé, elles y déposent leurs œufs , au nombre de cent quelquefois dans une seule nuit. Durant ce travail, elles ne sont distraites par rien.

C'est alors qu'on s'en empare facilement, de sorte qu'il n*y" a rien d'étonnant que les tortues deviennent de plus en plus rares, puisque chaque année on détruit l'espoir des généra- tions futures. C'est l'observation de ce fait qui avoit déterminé le philanthrope Martin Moncamps à proposer l'établissement de parcs à tortues dans les îles Séchelles.

Elles effectuent ainsi trois pontes successives, en mettant entre chacune un intervalle de quatorze jours ou de trois semaines.

Elles ne retournent à la mer qu'après avoir reeouvert leurs œufs avec du sable.

Le père Labat prétend que. surla cte d'Afrique, une seule

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de ce" tortues peut donner deux cent cinquante œuf", et même un plus grand nombre.

Les œufs éclosent le plus ordinairement au bout de trois semaines environ, plus ou moin", suivant la latitude et la cha- leur de l'atmosphère. A Saint-Vincent, une des îles du Cap- Vert, c'est le dix-septième jour. Mai" il y a à ce sujet une x foule de contradictions dans les auteurs. Les œufs sont ronds, de deux à trois pouces de diamètre, enveloppés d'une membrane molle, assez semblable à du parchemin mouillé ; leur partie albumineuse ne se coagule point au feu, mais leur jaune s'y durcit fort bien.

Ces œufs sont très-bon" à manger et très - recherchés dans tous les pays à tortues. On dit même que , dans quelques can- ton" de l'Amérique méridionale , on dresse des chiens à les trouver.

Une fois serties de l'œuf, le" petites tortues se dirigent vers la mer sans que rien les en puisse détourner. Elles s'enfoncent d'abord avec peine sous les flots, ce qui fait que beaucoup d'entre elles deviennent la proie des cormorans, de" mouettes, des fous, et d'autres oiseaux rapaces, ainsi que des grands poissons.

Dans le premier âge, la carapace est recouverte d'une peau blanche et transparente, qui brunit peu à peu, forme des rides transversales, s'épaissit ensuite ,. se durcit, et se divise enfin en plaques écailleuses.

D'après quelques observations particulières, il paroît que l'accroissement des tortues franches est très-rapide. Vahnont de Bomare raconte qu'un habitant de Saint-Domingue, par- tant pour la France, en embarqua une qui, en un mois f crut d'un pied environ"

Dam pier a remarqué que, vers la saison de la ponte, le plus grand nombre de" tortues s'éloignent, pour deux ou trois mois, des parages où elles vivent habituellement ; elles vont déposer leurs œufs à de très-grandes distances de cette espèce de domicile, et les abandonnent ensuite. Dans le voyage, le mâle suit la femelle, et ne la quitte qu'au retour. On croit que pendant tout le temps de leur absence elles ne mangent point> ce qu'il y a de certain, c'est qu'elles reviennent fort maigres, surtout le mâle. Le même voyageur ajoute encore qu'elles

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sont Hoontarçagfiéet, ¡dans leur route, par les requin* "et par

une infinité d'autres poissons.

Les lieux lès plus notables pour la ponte xLeS tortues fran- chies , sont les ¡îles ides Caïmans, dans la mer des Antilles, et celle de l'Ascension au milieu de l'Océan atlantique équi- noxial. Elles arrivent aux lies des Caïmansdepuis la £n d'avril jusqu'au mois de septembre ^ et aucune d'elles ne .peut avoir fait moins:de quarante ou de .cent lieues; car telle est la dis* tance des points les plus prochains d'où elles puissent partir , qui sont les petites îles méridionales de Cuba. Celles qui vont à l'île de l'Ascension, doivent avoir parcouru au moins trois centeeues, sort-qn*eUe$soient venues d'Afrique, soitqu'eWes arrivent d'Amérique,

(On observe une quantité innombrable de ces tortues dans lës canaux que laissent entre elles les îles de los Galapagos, dans le grand Océan équinoxial ; celles-ci vont pondre sur les côtes de l'Amérique, à une distance d'au moins cent qua- rante lieues,

11 est a croire en conséquence, dit M. Claret-Fleurieu, dan* tes notes "ut le Voyage de Marchand, que le même instinct qui porteles petites tortues à gagner la mer, les dirige vers les parages qu'habitent leurs mères, etoùelies troujrcrotatune nourriture abondante.

C'est aussi par suite du fait que nous venons de faire con* noître, que l'on peut expliquer comment des voyageurs en pleine mer ont trouvé des tortues franches à sept ou hait cents, lieues de toute terre.

Cet animal est, au reste, un des produits les plus utiles des contrées équatoriales. Vers les rives éloignées, il fourni;! au* navigateurs une nourriture aussi agréable qu'abondante, et un remède assuré contre les ravages du scorbut.

La chair et les bouillons de tortues salit recommandés dans "ne foule d'affections morbides, comme la phthisic pulmo- naire , la syphilis invétérée, les dartres, la lèpre, le pian, etc*.

Leur graisse est souvent dW vert foncé ; mais elle a la sa^ veur du meilleur beurre.: 'Le voyageur F. Léguât râpporte que* dans les tortues de l'île Rodrigue, cette graisse est si coloré* qu'on n'ose d'abord point en manger, et qu'elle communiqué k l'urine la teinte de l'émeraud#*

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ÏÆB tortues de ihrtmvia sont peu estimée*; fcu rapport de Cook, celles de la rivièreEndeavour, à la INouv^eU-e-HoUaude, "ont fort ¿antres.

Elles ont mie odeur "musquée plus ou .moins prononcée, sui- opaat la saison où on les prend.

Il paroît aussi que, dans ^certaines circonstances, da"s cer- teras parages, elles ont des qualités mal faisantes: lors du voyage du commodore Anson, en 1740, les Espagnols et le" Américains des côtes occidentales du Mexique, près de :Pa-r nama, en regardoient la chair comme venimeuse. >

Mais dans les colonies européennes, aux Antilles, à l'Ile-de- France , on les recherche beaucoup, et même à la Jamaïque * où on les conserve dans des parcs ; leur càair est mise en vent# dans les boutiques k un moindre prix que celle du bœuf du mouton.

C'est aussi de cette dernière île qu'on en envoie une grande quantité à Londres, où la soupe de tortue "st un mets délicat, "cherché des amateurs de la bonne chère, et des malades.

Tous les ans, plusieurs vaisseaux en vont prendre leur ¦charge aux îles du Cap-Vert, eten salent pour les transporter en Amérique. Aujourd'hui rile-de-France tire les siennes de* Séchèlks. *

La graisse de tortue peut encore faire de l'huile pour brûler* Une grosse tortue en fournit trente pintes et plus.

Selon Pline et Diodore de Sicile, certains peuples des bords de la mer Rouge employoient, en guise de naœlèes, des carapaces de grandes tortues, et d'autres en couvroren* leurs huttes.Les guerriers, dans les mêmes contrées, faisoiewt des boucliers avec les petites. Aujourd'hui, dans les colonies, ces carapaces servent à mettre -l'eau pour les bestiaux, pour iaver les enfans, etc.

Lorsque les tortues sont à terre, et qu'on veut s'en emparer, on les renverse sur le dos, soit avec les mains, soit, si elles sont trop lourdes et trop volumineuses, avec des pieux ou *de£ ' leviers. On les laisse dans cette position plus ou moins de "temps. Suivant le père Labat* on peut les conserver ainsi eik vie pendant quinze ou vingt jours, pourvu qu'on ah soin de les arroser d'eau de mer quatre ou cinq fois chaque jour > C€"- pendant elles maigrissent beaucoup.

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Au milieu de la mer, on pêche les tortues en les harpon- nant. Le lord Anson rapporte que, dans quelques parties de la mer du Sud, des plongeurs hardis s'enfoncent au-dessous d'elles pendant leur sommeil, les saisissent par la partie postérieure de la carapace, et les soutiennent assez de temps sur l'eau pour qu'on puisse les enlever dans un bateau*

Suivant Laborde, ancien médecin à Cayenne, on prend les tortues avec un filet nommé foie, large de quinze à vingt pieds, et long de quarante à cinquante ; les mailles ont un pied de côté, et le fil a une ligne et demie d'épaisseur* '

Enfin, une autre manière de pêcher les tortues , est de se servir d'un poisson du genre des échénéis. En 1809, lorsque M. H. Sait étoit à Mozambiqu e, l'évêque lui ayant fait présent d'un de ces poissons, tous les habitans l'assurèrent qu'on l'employoit en le fixant au bateau avec une corde , et qu'il s'attachoit par la téte au plastron de la première tortue qu'il rencontroit, avec tant de force qu'elle ne pouvoit s'échapper. Commersou a aussi rapporté quelque chose de semblable. Voyez, pour plus de détails, au mot ECHENEIS.

L'écaille des tortues franches est trop mince pour être em- ployée avec les mêmes avantages que celle du caret.

Il est probable qu'il existe plusieurs variétés de la tortue franche; mais les naturalistes 11e les ont pas encore bien dis- tinguées. Daudin, par exemple, semble avoir établi sa tortue cépédienne sur un jeune individu de la tortue franche.

Le nom de my das, par lequel Linnæus, le premier, a dé- signé en latin notre tortue franche, a été pris par lui dans Niphus. M. Schneider le croit corrompu d'e/ut/ç.

La CHELONEE DU JAPON : Chelonia japónica ; Testudo ja- pónica, Thunberg , Schœpff. Carapace aplatie , fortement carénée r noirâtre ; plaques vertébrales sur trois rangs ,* plas~ tron blanc 5 tête triangulaire, à vertex déprimé et aplati.

Elle habite les lacs du Japon. Thunberg l'a décrite et fi- gurée dans les Nov. Act. Suecica, VIII, pag. 178, tab. 7, fig. 1.

Le CARET : Chelonia imbricata; Testudo imbricata, Linn. Carapace elliptique, carénée ; plaquesdu disque imbriquées, tachetées, au nombre de treize; celtes du plastron au nombre de douze; le bec arqué, entier.

La carapace est foiblement sinuée en devant et plus étroite

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en arrière ; les écailles qui la recouvrent sont épaisses de deux ou quatre lignes, transparentes, lisses et imbriquées avec leur bord postérieur, tranchant et entier dans les jeunes, ou sou- vent rongé dans les adultes. Les cinq écailles vertébrales sont d'inégales dimensions et de formes différentes, avec une saillie longitudinale un peu en dos d'àne. La première est très-large et a quatre faces, dont l'antérieure est plus grande et demi- circulaire; les trois suivantes sont hexagonales, plus longues que larges; la cinquième est seulement pentagonale et pro- longée postérieurement en pointe.

Les huit écailles latérales sont très-larges ; celles des extré- mités sont quadrilatères, et les intermédiaires pentagonales. : d'ailleurs, elles sont très-irrégulières, lisses, planes et imbri- quées postérieurement.

Les écailles marginales sont au nombre de vingt-cinq; les postérieures seules sont imbriquées.

La couleur de toutes les écailles de la carapace est noire, avec des taches irrégulières et transparentes plus ou moins roussàtres.

Le plastron est arrondi et uh peu saillant en devant, alongé et obtus en arrière ; ses douze plaques sont très-larges, imbri- quées , blanchâtres et coriaces.

Chacune des ailes qui joint le plastron à la carapace, est recouverte par quatre petites plaques carrées..

La téte est recouverte d'écailles non entuilées.

Les mâchoires sont saillantes, et l'inférieure est recourbée par en haut; ce qui a fait donner à l'animal, par les marins , le nom de bcèbfaucon.

Le cou, très-extensible, est revêtu d'une peau ridée.

Selon Bonnaterre et Schneider, il y a souvent quatre, ongles véritables à chaque pied.

Le caret est assez commun près des îles et des côtes de l'A- mérique, sous la zone torride 7 dans la mer Atlantique ; il pré- fère surtout les îles des Caïmans, et celles de la baie de Hondu- ras , les côtes de la Vera-Crux dans le golfe du Mexique, le nord de la Jamaïque, les côtes de Guinée, et l'Océan indien.

Son volume est bien moins considérable que celui de la tortue franche ; rarement il pèse plus de deux cents livres.

Le caret se nourrit de Yhcrbe à tortue7 de la mousse des ro~

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ciiers qui croît sous l'eau, etc. Selon Catesby, il mange tut fungus que les Américains appellent oreille de juif.

Sa cltair est désagréable et malsaine. Suivant Dampier , entre lesSambales etPorto-Belo, elle purge violemment ceux qui en mangent. Labat dit qu'à la Martinique elle produit la tfièvre f et fait naître des clous par tout le corps. Ses œufs oe- -pendant sont excellens à manger.

Mais, si le caret ne nous offre aucun avantage sous le rap- -port de sa chair, il mérite notre attention sous celui de cette écaille qui, dès les siècles les plus reculés, a servi à décorer les meubles et les palais des grands; seul, il la fournit à nos artisans, qui savent en tirer un parti si avantageux, qui en font des boites, des étuis, des .peignes, des manches de couteaux, ou d'autres instrumens tranchans, des garnitures de coffrets ou de miroirs , ètc.

La dépouille d'un caret pèse ordinairement trois à quatre livres : rarement ce poids s'élève à. sept ou huit livres; souvent il est au-dessous de quatre.

On détache les écailles de la carapace du caret en mettant én feu dessous ; elles se soulèvent d'elles-mêmes. Ces écailles varient pour la qualité. On a remarqué que celles des carets mal nourris, étoient beaucoup moins belles. Leur teinte varie "ussi : il y -en a de fauves et transparentes, d'autres presque noires; le plus grand nombre est nuancé de noir, de roux et de fauve.

Cette matière est àusceptible de prendre le plus beau poli : on lui donne la forme que l'on veut, en la comprimant à l'aide d'une presse sur des moules de fer dans l'eau chaude; on peut la souder. On la fond même de manière à en rassem- bler en une seule lame les fragmens, la ràpure, les rognures enlevées sur le tour, etc. ; mais cette écaille fondue est noire" cassante, non transparente et moins facile à polir.

La CHELONKE RAYEE; Chelouia virgata, Duméril. ( Bruce, Abyssin.j pl. 42.) Carapace ovale, presque orbiculaire, ca- rénée endosd'àne, à plaques légèrement imbriquées, 1; runes, variées de jaune, au nombre de treize ; celles de la circonfé- rence au nombre de vingt-quatre à vingt-six.

!>es mers de Ja zone torride.

On en conserve plusieurs individus au Muséum de Paris.

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La CaOüanit : Chetonia caoumnm; Teséwfo earetta, Lirin. ; Tetuda eephabo7 Sohiieid. Carapwee eewvexe, à quinte pla- ques dorsales, les vertébrales fortement carénées en arrière? extrémité de la màchoiie supérieure* en erocbet; pieds de devant plus longs et plus étroits que d^an^les espèces voisine* " ci conservant de"x ongles plus marqués. Douze plaques au plastron*

La carapace, d;un roux noirâtre, est terminée en pointe par derrière ; eMe est tronquée au-dessus* du cou ; ses cinq plaque# vertébrales sont tout#" hexagonales et d'égale longueur ; te" latérales sont plus larges que longues ; les deux* prenfrièrfc" sont plus p"etites, les intermédiaires pïüs grandes. Lé tour de la carapace est composé de vingt-©inq> plaque", presque* toute" carrées et k peu pré# d'égal velóme*

Le pîastro" est ovale, alongé,. plua étroit et pïfce satBant et* arrière, entouré d'une carène, *t un peu* erfcusé; dans son mi- lieiu Se" douae plaques sont coriaces et assez semblables à évt parchemin épais. Il y a en outre deux petite® plôtfues* sou# chaque bras, et trois plaque" sur chaeune dé se* àilés , qui. cent larges et assez grandes*

La tête est grosse, ovale, un peu alongée, eouvtfrte éfr* dessus d'une grande plaque bombée , entourée de. douae fl- ûtes écailles*

Le bec est saillant et analogue à celui du perroquet*

La queue, très-courte, est à peine distincte.

Le" pattes antérieures sont falciform es, alongées ; Ici pot* térieures en spatule*

Cette chélonée avoit été confondue avec lé elrrèt prar Lin* næus f Daub en ton et quelques autres naturaliste". M. de La- eépède, le premier, l'en a distinguée.

Elle est moins abondante et moins commune qüé la to*t**ii franche et que le caret. Elle vit dans plusieurs mer", et oit en trouve dans la Méditerranée, -sur les côtes1 d^ Sardaigne 5 près de Cagliari on en pêche quelquefois du poids de trois À quatre cents livres. Il y en a également dans diverses partie" du golfe, du Mexique , sur les côtes de la Jamaïque^, et mémtf plu" au nord , vers la Floride, suivant Cate¡9by¿

Lacaouane est très-vorace; elle montre aussi beaHeoup: é courage " elle se nourrit principalement' de coquillage", s"*>

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tout de buccins, qu'elle peut très-facilement broyer, suivant Fauteur que nous venons de citer, à l'aide de ses robustes mâ- choires.

Suivant SchœpfF, on voit souvent attachées sur sa cara- pace des serpules, des balanes, et d'autres coquilles parasites*

La chair de la caouane est huileuse, rance, coriace et for- tement musquée. Elle est peu recherchée ; ses œufs sont ce- pendant fort bons. Elle fournit aussi une huile très-fétide qui sert à brûler, à préparer les cuirs, et même à enduire les vaisseaux, parce qu'on prétend que sa mauvaise odeur en écarte les tarets.

Son écaille est trop mince et trop irrégulière pour pouvoir être employée dans ¿es arts.

Caouana est le nom que l'on donne vulgairement à l'animal dont nous parlons, dans presque tous les pays où il se trouve.

M. de Lacépède a fait connoître, sous le nom de nasicome, une chélonée des mers de l'Amérique équatoriale, très-voi- sine de la véritable caouane.

Feu Daudin réunit aussi à la caouane, la tortue coffre de Catesby, la tortue à grosse tète de Dampier, le testudo macro- pus de Walbaum.

§ II. Carapace couverte d'une sorte de cuir; mâchoire supérieure échancré?de chaque côté vers le bout; pieds sans ongles.

Le LUTH : Chelonia coriacea ; Testudo lyra, Shaw; Tes- ludo coriacea, Linn. Carapace oblongue, creusée par de profonds sillons longitudinaux, réunis en arrière, et couverte d'une sorte de cuir brun.

La carapace, convexe et arrondie dans son contour, est tellement prolongée postérieurement, remarque M. de Lacé- pède, que la pointe qu'elle forme semble constituer une se- conde queue au-dessus de la véritable queue.

La tête et les pattes sont revêtues du même cuir que la ca- rapace.

M. de Blainville vient de faire du luth le type d'un nou- veau genre qu'il appelle DERMOCHBLIS. Voyez ce mot.

Cette chélonée n'habite que la mer Méditerranée, et peut- être l'Océan atlantique. Elle va pondre dans le sable sur les côtes de Barbarie" Elle acquiert des dimensions considérables"

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Rondelet en a vu un individu long de cinq coudées, péché à Frontignan ; et Amoureux en a décrit un autre, long de cinq pieds cinq pouces, pris à Cette en 1779.

En 1729 , on en prit une de sept pieds un pouce vers l'em- bouchure de la Loire. M. de Lafont, qui la décrivit alors, assure qu'elle fit entendre des hurlemens terribles quand on la tua ; mais ce fait est bien loin de paroître vraisemblable, ou d'être assez constaté.

Les anciens Grecs coñnoissoient fort bien cet animal: c'est avec sa carapace que, d'après les traditipns conservées chez eux, l'on fit la première lyre. Aussi l'avoient-ils consacré à Mercure, inventeur de cet instrument. Cependant Pausanias (lib. VIII, chap. 2 3, 54) dit que les tortues employées à cet usage étoient celles des bois de l'Arcadie; et nous de- vons faire remarquer que Rondelet est, le premier qui ait accordé au luth ce noble emploi ; en quoi il a été suivi par presque tous ses successeurs. Voyez CHELONIENS. (H. C.)

CHÉLONIENS.(Erp^io/.) M. Brongniart, le premier, adonné ce nom à un ordre des reptiles qui comprend les animaux que Klein avoit désignés sous le nom collectif de testudinata, et Linnæus sous celui de testudo. M. de Lacépède les a rangés parmi ses quadrupèdes ovipares à queue. MM. Duméril, Cuvier et Oppel ont adopté la classification de M. Brongniart, à peu de chose prés, et ont employé le nom qu'il a proposé.

Le nom chéloniens est d'origine grecque : Aristote appeloit la tortue de mer.

L'ordre des chéloniens est très-naturel ,* ses caractères gé- néraux sont les suivans :

Corps court, ovale, bombé, couvert d'une carapace et d'un plus- iron; quatre pattes ; point de dents ; point de métamorphoses.

En ne considérant que leurs caractères extérieurs, les ani- maux de l'ordre des chéloniens peuvent être groupés en plu- sieurs genres que nous allons faire connoître à l'aide d'un tableau synoptique.

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M. Oppelïe^a divisés d'abord simplement en deux grande? famiilespriii ci pales ; il a donné à Tune le nom de chelonii, à. l'autre celui d'amida? la première n'est composée que du seul genre Chélonëe j la seconde^ renferme le* cinq autres. (Die Ordnimgen/, FamiHeny etc, der Reptilien~ München,, 18.11. ^

LinnæuS avoit rangé tous les chéloniens dan" un seul genre celui des tortues*j M4. Brongniart a idd¿q*ié la division de ceU ordre en trois genres ( Bulk des Sciences-* par la Société phil.)> auxquels Ml DùiAéril a assigné de" noms qui ont été adoptés depuis généralement, même par M. Brongniart ( Mémoire* de" Savans étrangers , pour l'Institut) : ce sont ceux des Ch£lon0bs > des ÉMYES et des TORTUES. Plus tard , d?autres genresontencore été formés, savoir : le genre CHEEYDB , par M¿ Düméril ; celui) des TRIOWYX1 , par M. Geoffroy Sainfc-Hâlaire ; et ceîui* deaCHà- ITYDRES enfin, paît M; Sehweigger. Voyez ces mots, et'ÂMVSBS*

A la vérité, on distinguera toujours , au premier coup d?œil> un chélonien de tout autre reptile , par le double bouclier d'ans lequel son- corps est enfermé,, et qui ne laisse passer au dehors que sa tête, son cou, sa queue et ses quatre piedsv liáis ne pourroit-on pas aussi , dans un premier examen peu attentif, trouver des rapports, à cause du test qui le couvre f avee les phatagins, les tatous, certains* crustacés, etc", et a vea les oiseaux, à cause de son espèce de beo, de la forme de son cou, de son mode de fécondatiori ? D^un autre côté, si le9ohéfr ïoniens se distinguent des ophidiens^par la présence de mdm* bres, par l'existence d'un seul pénis; des sauriens^ par leur carapace; des batraciens, parle défaut de métamorphoses,, ils s'en rapprochent néanmoins dans certainsspoints. Ainsi r Yemys longicollis de Shaw les lie aux premiers; la chélydre serpen* tine aux seéonds, par les crocodiles; les chélydes* et les trio* nyx aux troisièmes, par les crapauds à bouclier et les pipas" Il devient dfcïlc de la> plus haute importance d'étudier leur organisationdntérieure , et d'établir avee ceBe-ei- de" points fe comparaison propres à éclairer leur classification.

i*° Organes de la locomotion dans les chéloniens. La lenteur des tortues est passée en proverbe. Leurs pattes sont, en effet, si courtes et si éloignées de la ligne moyenne du corps, que, toutes les fois qrfelles marchent, leur1 ventre appuie à tefre. Au reste, les chéioaées et les émydes nagent fort bien*

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' Les pièces principales de leur squelette^d'ailleurs, présentent des modifications qu'on ne retrouve point dans les autres ani* maux vertébrés. Leurs vertèbres dorsales sont intimement sou* dées et réunies avec les côtes élargies; elles concourent à la formation d'un bouclier solide qui recouvre le corps en-dessus * et qu'on appelle la Carapace. (Voyez ce mot.) Leur sternum, composé assez ordinairement de neuf pièces distinctes, est très-étendu, et forme at^-dessous du corps un autre bouclier protecteur* Voyez Plastron*

Dans le rachisdes chéloniens , les vertèbres du cou et de la queue sont donc les seules mobiles. Celles de la première de ces parties sont au nombre de sept : l'atlas n'est qu'un simple ÿubçrcule, dont la portion annulaire est distincte ; la facette articulaire, qui l'uçit à l'axis, est utte cavitéglénoïde* L'axis et les autres vertèbres cervicales ont, sur la face trachélienne de leur corps, une crête saillante et longitudinale ; leurs apo- physes articulaires sont très-prelongées en arrière: l'axis seul a une apophyse épineuse , qui se dirige en avant * dans la troisième vertèbre, ce n'est déjà plus qu'un simple tubercule" Constamment encore, la troisième et la quatrième vertèbres offrent, sur les surfaces par lesquelles leur corps correspond à celui des vertèbres voisines, deux éminences arrondies, très- fortes ; ce qui leur donne la facilité de se mouvoir en deux sens opposés.

On compte, cinq ou six vertèbres caudales ; elles sont mo- biles les unes sur les autres: mais la queue, chez ces animaux * est presque inutile; elle dirige seulement un peu les mouve- mens de la natation chez les espèces qui vivent habituellement dans l'eau.

Il résulte de ce que nous venons de. dire, qu'une grande partie du squelette des chéloniens est tout-à-fait située à ¡'ex- térieur , de manière à être recouverte immédiatement par là peau ou par des écailles d'une nature particulière. Cette sin- gulière disposition est cause que l'omoplate et tous les muscles des bras et du cou, au lieu d'être attachés sur les côtes et sur le rachis, comme dans les autres animaux, le sont au-dessous; lien est de même des os du bassin et de tous les muscles de la puisse: aussi une tortue peut-elle être appelée, à cet égard , un animal retourné, comme le dit M. Cuvier.

8* 2 5

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L'épaule est composée de trois os : l'omoplate, la clavicule et un os furculaire, plus grand que les deux autres, dirigé en arrière, et correspondant, comme chez les oiseaux, à l'apo- physe éoracoïde. L'extrémité rachidiennede l'omoplate s'arti- cule avec la carapace , et l'extrémité opposée de la clavicule avec le plastron ; en sorte que les deux épaules forment un anneau dans lequel passent l'cesophage et la trachée-artère.

L'humérus a une forme tout-à-fait particulière ; il s'articule à la fois avec les trois os de l'épaule , par une grosse tête ovale dont le grand diamètre est dirigé dans le sens de l'aplatisse- ment de l'os.

a. ° Organe% de la têiuibiHlé çhet les chélonienso Comme tous les reptiles, ces animaux ont une sensibilité assez obtuse, et, par contre, une irritabilité étonnante : on en a vu se mouvoir sans tête pendant plusieurs semaines. Rédi, après avoir enlevé le cerveau à une tottne, Fa vue, quoique privée de la faculté d'apercevoir les objets, marcher encore pendant six mois * une autre, à laquelle il avoit absolument ôté la tête, vécut durant vingt-sept ou vingt-huit jours, sans marcher, à la vérité, mais ayant conservé la facilité de retirer ses pattes sous sa ca- rapace. De pareilles expériences "emblent indiquer que c'est îhpins du cerveau que des nerfs que les chéloniens empruntent leur sensibilité.

La tête de ces animaux, excepté dans les chélydes, offre plutôt des caractères propres à réunir les genres en une seule famille, qu'à les séparer les uns des autres. Etle est plus forte pourtant et plus convexe dans les véritables tortues que dans les autres genres. Chez tous, elle loge les organes des sens, et donne attache aux muscles destinés à mouvoir les mâchoires et elle-même sur le cou.

Le crâne, quoique petit, n'est pas entièrement rempli par le cerveau, et le volume de ce viscère, comparé au reste du corps, est si disproportionné que, dans un chélonien du poids de soixante-neuf livres, l'encéphale ne pesoit que deux gros et demi.

Les couches optiques sont situées derrière les hémisphères; deux tubercules antérieurs correspondent aux corps cannelés, d où naissent évidemment les nerfs olfactifs. Les tubercules optiques sont très-gros, et deux autres éminences voisines donnent naissance aux autres paires de nerfs.

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Comme dans les grenouilles, le névrilème estcdloré, noirâtre et couvert de petits tubercules? les nerfs sont très-gros, relati- vement au cerveau, ce qui peut servir à confirmer une vue physiologique, fort importante, émise naguère par le célèbre professeur Soemmering ; mais, du reste, ils ne présentent aù- cune particularité notable.

Tous les chéloniens ont trois paupières ; l'inférieure est la plus mobile : tous ont un appareil propre à la sécrétion des larmes , destinées à lubrifier la surface antérieure de l'œil.

Leur cristallin varie suivant les genres : dans les espèces aquatiques, celles des genres Chélonée et Émyde, Il n'est pas lenticulaire ; mais il constitue line véritable sphère. On conçoit assez facilement, 'à l'aide des lois de la dioptrique, la râfsdii d'une pareille conformation ; dans les tortues terrestres, il est lenticulaire.

La circonférence de la cornée est garnie de lames osseuses.

Le globe de l'œil est eh général peu convexe.

La vue est, généralement aussi, àssez foible j plusieurs espèces même sont lucifüges.

Comme les autres reptiles , les chéloniens ont un organe d'audition, composé d'un vestibule, de canaux semi-circu- laires, etc. La paroi qui sépare le vestibule du crâne, né's'os- sifie point '; elle reste en partie membranèusè. Il n'y à qu'un osselet à tige mince, dure, à platine ovale bu triangulaire , et implanté £ar son extrémité extérieure dans la masse carti- lagineuse qui foHne les parois de la cavité ; il pénètre dans un.

' canal étroit qui aboutit à là fenêtre ovale, au fond de la caisse du tympan, dont la portion interné se prolongé en ar- rière en une grande cellule àrrohdie. Là trompe d'Eustachi, ou le conduit guttural, est un canal d'une longueur médiocre, dirigé en bas et en arrière, et ouvert sur le palais à la partie postérieure et interne dé l'àrticulation de la mâchoire. La vaste ouverture extérieure de là caisse est fermée par une plaque cartilagineuse très-épaisse, recouverte elle-même par une peau écailleuse 9 toute semblable ¿ celle du reste de la tête.

Les narines sont pèu étendues ; on y remàrque^uelques pli- catures de la membrane pituitairè : leur organisation est inter- médiaire entt*e celle des narines dans les poissons et dàns les

a5.

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mammifères. Elles sont prolongées en une sorte de tube dans les trionyx et les chélydes. Du reste 9 l'odorat des chélo- loniens qui vivent dans l'eau doit être singulièrement mo- difié, et ne point ressemblera ce qu'est ce sens chez ceux qui respirent à la surface de la terre : dans les premiers, il doit avoir beaucoup d'analogie avec le goût, puisque c'est un liquide qui tient en suspension les molécules odorantes.

La langue des chéloniens, non protractile, mais trois ou quatre fois plus longue que large, charnue, couverte en-dessus de papilles uniformes, coniques, longues , molles , serrées , a l'aspect du velours. Elle sert plutôt à la déglutition qu'à la gus- tation , puisque ces animaux avalent sans mâcher; il n'y a point d'ailleurs d'appareil sécréteur de la salive.

Ils ne doivent jouir du tact qu'à un degré très-imparfait ; leur corps est couvert d'une carapace solide, garnie d'écailles, en sorte que le cou seul et les bras doivent être sensibles : encore n'est-ce que dans les plis que forme une peau dure, coriace , tuberculeuse ou écailleuse.

3. ° Organes de la nutrition. Les chéloniens sont très-sobres , et peuvent vivre quinze ou seize mois sans manger, ainsi qu'Aristote l'avoit remarqué le premier dans ses ouvrages, et comme le prouvent les observations plus récentes de Gauthier et de Blàsius. Il y a eu au Jardin du Roi, à Paris, une émyde à long cou, qui a jeûné pendant six ans entiers : mais il paroit qu'ils absorbent par la peau avec une grande activité; car, lorsqu'ils sortent de leur long sommeil d'hiver, ils pèsent un peu plus qu'à l'automne. Les chélonées et les émydes se nour- rissent de végétaux, les trionyx de poissons, les tortues et les chélydes de petits animaux, et surtout de mollusques.

L'ouverture de la bouche est assez variable : les trionyx ont des lèvres charnues ; les chélydes ont une sorte de bec tranchant, carré et plat ; dans les autres genres, les mâchoires sont garnies de lames cornées , très-fortes.

Pour ce qui est de l'articulation de la mâchoire, on observe qu'elle est tellement disposée, que les mouvemens d'abaisse- ment et d'élévation, de protraction et d'élévation, sont seuls possibles. Quand, en effet, dans une articulation, le rçiouve- ment s'opère simultanément par plusieurs points, il ne peut avoir lieu dans un grand nombre de sçns à la fois ; et ici,

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le temporal et la mâchoire offrent des saillies et des cavités qui s'emboîtent réciproquement les unes dans les autres. Au reste , quand les animaux de cette classe ont mordu un corps, ils ne lâchent point prise, et montrent une force prodigieuse dans les mâchoires, quoique leurs muscles maspeters soient très-peu considérables.

L'œsophage , assez étendu , peu dilatable', est garni intérieu* rement de papilles coniques " dirigées en arrière.

L'estomac, situé transversalement, est dépourvu de pylore.

' Le rectum aboutit dr-ns un cloaque arrondi sous la queue.

* Le foie, étendu de gauche à droite, est divisé en deux lobes principaux, dans l'intervalle desquels est logé le péricarde; chacun de ces lobes est divisé en trois longues lanières, et. quelquefois en quatre lobules. La vésicule du fiel est enfoncée " dans le parenchyme même dé l'organe.

La rate est située dans le trajet de la ligne médiane.

La vessie a des parois musciileuses, dont l'action est soumise à la volonté de l'animal ; et cela devoit être ainsi, puisque l'existence du plastron empêche celle des muscles abdominaux.

** Il y a des vaisseaux, mais point de ganglions lymphatiques ; on observe deux canaux thorachiques distincts.

4. ° Organes de la circulation. La circulation, dans les chélo- niens, est lente et simple en réalité. Il semble qu'il y ait chez eux deux cœurs adossés l'un contre l'autre : l'iih d'eux est formé par les deux oreillettes; l'autre, quoique semblant constituer une cavitéuniqiie , renferme quatre ventricules, deux vein eu* et deux artériels. Ces quatre loges communiquent entre elles , de sorte que, continuellement , il s'opère un mélange du sang rouge et du sang noir.

J'ai trouvé sur une tortue à boîte, que M. Duméril a eu la bonté de nie donner à disséquer, le péricarde fibro-cartilagi- neux, absolument comme on levoit dans les LAMPROIES. Voyez ce mot et CVCLOSTOMES.

A sa naissance, l'aorte se partage en deux branchés, quel- quefois en trois. o ' V 1

5. ° Organes de la respiration. Le mécanisme de la respiration doit être ici tout différent de ce qu'il est dans les mammifères o- car les côtes, étant soudées, ne peuvent permettre l'ampliation du thorax ; le sternum , quoique mobile dans certains cas, n'y

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*3", CUE

peut pa? cqttCQunrjwn plus ; enfin # il n'y a point df diaphragme* - Aussi, dans le*chéloniens., comme dans les batraciens, il y a. une véritable déglutition de l'air, sous l'influence d$s muscles mylo-hyoïdiens etgénio-hyoïdiens.

Il n'y a, chez eux, ni voile du palais, pi épiglotte. La glotte . "'ouvre en se portant en arrière au-devant de l'oesophage, et ; se ferme lorsqu'elle esttirée en ayant.

Ils peuvent être trèsrlong-temps, sans faire parvenir d'air, dansleurs,poumons ; cç qui leur donne la propriété de vivre pendant çlus de deux jours dans des gaz délétères, sans pour- tant lesen>pêçher de périr rapidement sous le récipient de la machine pneumatique. .

Le larynx, manqua : aussi, ils n'ont pas de voix ; ils poussent, simplement des soupirs. Cependant on a prétendu avoir entenda la tortue a cuir pousser des crfc violens. Voyez CHELONEE.

6. ° Organe* de la génération. De tous les animaux, peut-être , ce sont le$ chéloniens qui mettent le plus de lenteur dans l'ac- complissement dç l'acte delà génération. L'accouplement dure ordinaireipent quatorze à quinze jours, et souvent vingt ou, trentjB 7 quoique le mâle, plus petit que la femelle, constam- ment montire beaucoup de vivacité.

Il n'y.a,cju'une simple verge sillonnée et soutenue par le cloaque ^ dans le mâle , dont le plastron offre d'ailleurs une, concavité refnarqpable, LLnnæus a donc eu tçrt d'attribuer- pour,caractères à ses.tortues deux; permis (penes bini).

Chez les feinellçs, les ovaire^, doubles , racemiforme", laissent apercevoir Les œufs plu$ de dix. mois ayant la ponte" Les oviductes, analogues à ceux des oiseaux, renferment à la fois un grand nombre d'œufs, et ont une grande particulière pour la sécrétion de la matière: calcaire de la CQqqe. Ces œufs sont arrondis, enveloppés par une,croûte non poreuse ,.et ont, * dans plusieurs.espècesune qdeur de. m,i4sç ; le ¿aupé. en est orangé et fort huileux, l'albumen verdâtre etdigiçüein,çiU coagulable.

Il n'y a point d'incubation. L'époque de la sortie 4^ p/etiUr est très-varia^Ie. ( Hf C. ) ^

CHELONION (JÇo(.), un des noms grecs du cyplfurçue, du pain de pourceau, suivant MenUel. (J.) ? .

CHELONJSCUS. (Mamm,). Fab. Columna, décrivant une

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carapace de tatou imparfaite, et igntfrant le m" de l'animal auquel elle avoit appartenu, donna à cet animal supposé pae lui, le nom de chéloniscus. (F. C.)

CttÉLONITES. (Fous.) Les auteurs anciens ont donné ce nom à des GLOSSOFETRES. Voyez ce mot.

_ Quelquefois aussi on a désigné ainsi ceux des oursins fossiles auxquels on trouvoit la forme d^une écaille de tortue. Voy ex SCÜTELLE. (D. F.)

CHÉLONOPHAGES (Erpétbli), nom. par lequel on désigne certains peuples qui ne vivoient que de tortues, et qui , sur rapport de Pline et de Diodofe de Sicile, habitaient prés de l'Ethiopie, sur les bords de la mer Rouge. Voyez Chélon^kw (H. C.)

CHÉLOSTOME. (Entom.) M. Latreille appelle ainsi un genre d'insectes hyménoptères, de notre famille des melütes ou apiaires, pour y ranger Vapis mancillosa de Linnæus, qui est la femelle, et dont notre auteur supçonne que Linnæus a fait du mle Vapis JLorisomnis" La disposition des mandibules, qui sont, au moins dans les femelles, très**avancées, arquées et fourchues, leur a fait probablement donner le nom qu'ellest portent, qui signifierait en grec bouche en pince. M. Latreille* n'a encore rapporté à ce genre que l'espèce précédemment" indiquée. (C. D.)

CHÉLYDE (Erpétol.), Chelys* M. Dutaéril a établi sous ce nom un genre de l'ordre des chéloniens, auquel il assigne lftsi caractères suivans :

Pattes à doigts palmés, à plus de trois ongles mobiles; carapaïe mollemais couverte d'écailles, ne protégeant ni Utrlête ni lespattês ; mâchoires plates; point de bec de corne; narines avancées; tympan,' distinct.

La gueule des chélydesreasemble beaucoup à celle des pipas ; leur nez constitue une espèce de trompe; leur peau est cou" ^ 1 oVerte de tubercules verruqueux; leur queue est fort courte.

XeAuç est un mot employé par les Grecs pour désigner les tprtues.

La Matamata: Chelys Jimbriata, Dum.; Testo do matamata f ' Brugu. ; Testudo Jimbriata, S,chn. Carapace oblongue, aplatie, à trois carènes longitudinales épineuses; front garni d'une aile de chaque côté; cou épais, frangé j treize plaques dorsales,

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vingt-cînqmmrginalës; plastron*ovale, bifide postérieurement; tube des narines très-kmg ; queue verruqueufce, cylindrique f obtuse.

La coulèur de Taftimal est d'un brun foncé uniforme en dessus, et un peu plus pâle en dessous.

Les pattes antérieures ont cinq doigts onguiculés à peine dis- tincts; les postérieures en ont quatre onguiculés, et un plus court, sans ongle.

\ Lainatamata vil dans les marais de Surinam et de Cayenne* où elle se nourrit de mollusques* Autrefois elle étoit assez com- mune dans cette dernière colonie, où on lui donne le nom par lequel nous la désignons. Elle y est beaucoup plus rare aujour- d'hui, parce qu'on la chasse avec acharnement à cause de la, bonté de sa: chair : il y en a pourtant-encore en abondance dans les lacs de'Mayacaré, dans la crique de Hotiassa, etc. Le Muséum.de Parid en possède deux irklividus. Cette chélyde parvient à la taitfç de deux eu trois pieds.

La CHELYDE A DEUX EPINES : Chelys bispinosa ; Testudo hi- spinosa, Ruiz de Xelva, Daudin. Carapace oblongue, aplatie, tronquée en devant, fourchue en arrière; point d'ailerons membraneux sur le front; huit appendices frangés de chaque CÔtéÿ et quatre au-dessous du cou.

Taille d'un à deux pieds.

Elle paroît habiter le Brésil. Connue seulement par une lettre de l'Espagnol Ruiz de Xelva à feu Daudin.

Voyez CHELONIENS. (H. C.)

CHELYS (Erpétol.), nom latin. Voyez Chélydb. (H. C.)

CHEMAM, SCHEMMAM (Bot.), noms arabes d'un concombre, cucumis schemmam de Forskaè'l, que M. Dfclile reporte au cucumis dudaïm. Son fruit, d'abord velu, devient lisse en mûrissant. On le cultive à cause de son odeur forte et assez agréable; mais on ne le mange pas. (J.)

. CHEMNICIA (Bot.)y nom donné par Scopoli au genre delà Guiane nommé rouhamon parAublet* eîîasiosloma parSchre- ber, qui diffère du vomiquier, strychnos, par le nombre des parties de la fructification diminue d'un cinquième, et par celui des graines réduites à deux dans chaque fruit. Ces diffé- rences n'ont pas paru suffisantes pour séparer ces deux genres.

O)

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. CHEMPS (£o¿.), nóni arabe du cicfie'; cicer, selon Men tzel et Daléchamps, Gelui-ci le nomme encoré hamos et*àthamôs. Il est nommé hoiños par Forskaël. ( J.) o

. CHEN. (Ornith*) Ce mot grec désigne spécialement Foie, et en grec moderne le terme dhena embrasse la famille des* ca- nards. L'oiseau dont parle Varinus sôus le nôm de chénnion, n'appartiepdroit pas i malgré l'identitéappareAte de la Racine, au même genre ? si , comme le ditXîesher, c'était une petite corneille qu'on sale en Egypte. (Ch^ D.) ° ' ,,t *

o* CHENALOPEX. .(Ornitlu) Cet oiseau, cité par Aristote, et dont le nom a été traduit en latin par celui' de vatpanser ou1 renard, étoit vénéré en Egypte à cause de son attachement pour.ses petits. On l'avoit rapporté au tadorne, anas tadorna, Linn. ; mais M. Geoffroy Saint-Hilaire prétend que c'est la* bernache armée,, anas œgyptiaca, Linn. Les anciens ornitho- logistes ont beaucoup disserté sur le passage du livre 10, cha- pitre 22, dp rflistoire naturelle de Pline, où cet auteur, par- lant d'oiseaux nommés chenalopeces et chenerotes, se borne à dire que ce sont des'espèces d'oies, dont la dernière* plus petite,que l'oie sauvage, est un méts recherché; et ils ne les pnt pu déterminer, quoique vraisemblablement il s'agisse ici de la bernache et du cravant. D'un autre côté, Moéphing a appliqué le nom de chenalopex, coriime terme générique, èu grand pingouin, alia impennis, Lran. (CH. D.) *

CHÇNANTOPHORES. (Bot.) M. Lagasca ( ou la Gasea), bo- taniste espagnol, a publié, en 161^ une dissertation sur un nouveau groupe de plantes qu'il forme dans la famille des sy- nanthérées? et auquel il donne le nom de chénantophores (chœ- nantopborc) , formé de trois mO(ÿ grecs exprimant que ces plantes portent des fleurs en gueule.-It est à renïarquër qtie M. Decandolle avoit proposé ce méine groupe, sous le nom de labiatiflores, dans un Mémoire, lu en janviers 8d8, à la pre- mière classe dç rinstitut; mais ceMémoire n'a été publié qu'en i8i3; et d'ailleurs M. Lagasca dit avoir terminéson opuscule en i8o5, et avoir envoyé le manuscrit en France àu commen- cement de 1808. Il est donc fort difficile-de juger à qui là prio- rité doit être attribuée, et il est peut-être convenâblè d*ac~ corder aux deux sayans botanistes des droits égaux à la décou- verte des rapports intéressans qu'ils ont fait connoîfre.

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M. Lagasca considère ses. chénantophores ¿érame un ordre parfaitementnaturel,etqui doit être placé entre les ch ico racées et les corymbifères de M. de Jussieu. Le caractère essentiel qu'il lui attribua, est d'avoir le limbe de la corolle divisé supérieu- rement en deux lèvres, dont l'extérieure est plus large.

II . divise cet ordre en trois sections. La-première comprend les genres à calathides non radiées, et se sous-divise en deux parties, selon que le clinanthe est nu on garni d'appendices r les genres à clinanthe nu ¿ont les Perezia, Leucheria, Lasior- rhiza, Doliehlasiûm, Proustia, Panargyrus , Panpkalea, Calop- Nassau via; les genres à clinànthe fimbrillé ou squa- xnellé sont les TriptilionrTrixis,Martrasra, J ungia,Polyachurus. Laseconde section comprend lesgentfesàealathides radiées; ce sont les Mutisia, ChcUarithera, Aphyllocaulon, Perdieium , Chap- talia, Diacantha. Enfin la troisième section, eelle des chénan- top h ores anomales, se compose des genres dont le disque est régulariflore : tels sont les Bacasia, Bârnadesia, Onoseris et Denek ia.

Le nouveau groupe proposé par MM. Lagasca et Decandolle ne nous paroît pas avoir été accueilli par les botanistes avec toute la faveur qu'il mérite. Ceux dont l'autorité est la plusr respectable parmi les sectateurs de la méthode naturelle, sont convaincus que les chénantophores ne sont réunies que par un lien artificiel , et qu'elles doivent être dispersées. Après avoir nous-mêmes long-temps hésité, nous avons définitivement adoptéopinion contraire, sans toutefois embrasser plei- nement le système dfe MM. Lagascaet Decandolle. Il résulte en effet de nos observations, que les chénantophores ou labia- tiilores doivent for mer deu^ tribus naturelles, immédiatement voisines l'une de l'autre,.mais parfaitement distinctes, princi- palement par la structure du style et du stigmate. Dans la pre- mière, que nous nommons ta tribu des mutisiées9 et que nou* plaçons à la suite de nos tussilaginées, les deux branches du .style des. fleurs hermaphrodites sont courtes, non divergentes f un peu arquées en-dedans, demi-cylindriques, arrondies au sommet qui est un peu épaissi, munies sur la face interne plane de deux trèfr*petits bourrelets atigmatiques marginaux, con~ fluens au sommet; et sur la partie supérieure de la face externe convexe, de quelques petites papilles collectrices éparses. Dans

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la seconde, que nous nommons la tribu des nassauviées, et que nous plaçons avant nos sénécionées, les deux branches du style des fleurs hermaphrodites sont longues, divergentes, arquées en dehors, demi-cylindriques, tronquées au sommet, qui est garni sur la troncature d'une touffe de poils collecteurs ; les bourrelets stigmatiques ne sont presque point sensibles. Notre méthode de classification étant uniquement fondée sur les affi- nités naturelles qui résultent dp l'ensemble des caractères, et non d'un caractère unique, nous admettons, dans nos tribus des mutisîées et des nassauviées, quelques sÿnanthérées à cq- , rolle non labiée, tandis que nous excluons de ces mêmes tribus; quelques sÿnanthérées à corolle labiée : c'est encore un point sur lequel nous différons de AÍM. Lagasca et Decandolle. Nos mutisiées comprennent, entre autresgenres, lesMutisia, Chæ tanthera, Cherina, H.Cass., Aphyllocaulon, Çerberia, H. Cass., Tri- cihocline, H.Cass.; Chaplalia^LfOs iopus, H.Cas*;Leria,Ono$erÍ6, etc. Nous comptons, parmi nos nassauviées 1 es Nas s au via, CalopUiium ou Sphœrocephalus ; Triachne, H. Cass. ; Triptilion, Trixis, Mor- ir asi a ou Dumerilia, Panphaleo, Lasiorrhiza ou Chobrœa, Vert* zia ou Clarionea, Homoianthusetc. Il est très-remarquable que M. Lagasca, qui n'avoit fait nulle attention avx caractères- différentiels offerts par le style et le stigmate, a cependant en général assez bien rapproché d'une part lets nassauviées, de l'autre les mutisiées, sans lesmélanger confusément comme a fait M. Decandolle. C'est que le botaniste françois a établi ses divisions sur des caractères d'une t^ès^foible valeur, et qui ne sont point en relation avec les affinités naturelles. Les muti- siées ont. des rapports si frappans avec les lactucéçs et les caiv linécs, que nous les avions d'abord placées entre ces deux tri- bus; mais, par cet arrangement, il dgvenoit. impossible de placér convenablement les nassauviées ; c'es^ pourquoi nous nous sommes* décidés à faire un changement dans la série que* nous avions adoptée, et qui devra désormais commencer ainsi :

i. ° vemoniécs, 2.° cupatoriées, 5.° adénostjlées, 4.0 tvssilginées,

5. ° mutisiées, 6.* nassauviées, 7.° sénécionées, qtp. ( H. CASS#) CHENCHELCOMA (Botk), nompémvieprdn salvia opposite folia de la Flore du Pérou" (J*)

CHENDANA (2to¿.), nom du sandal ou santa), sunt alum % kL Su matra , suivant Maraden . ( J.)

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CHÊNE (Bot.), Quercus, Linn. Genre de plantes dicotylé- dones, apétales diclines, de la famille des amentacées, Juss., et de la monoécie polyandrie, Lihn., dont les principaux ca- ractères sont les suivans : Fleurs monoïques ; les mâles disposées en chaton, et composées d'un périanthe membraneux, quin- * quéfide, et de qüatreà dix étamines ; fleurs femelles composées dJun périanthe hémisphérique , persistant, revêtu d'écâilles extérieurement, contenant un ovaire couronné par six petites dents, et terminé par trois à cinq styles; une noix globuleuse ou ovoïde, monosperme, fixée par sa base dans une cupule formée par le périanthe persistant.

Le genre chêne comprend de grands arbres ou des arbris- seaux, dont les feuilles sont alternes, simples, entières, ou, le plus souvent, incisées ou lobées; dont les fleurs mâles sont disposées en chatons lâches, pendans, placés dans les aisselles des feuilles inférieures, et dont les fleurs femelles, solitaires ou réunies plusieurs ensemble, sont sessiles ou portées sur un pédoncule commun dans les aisselles des feuilles supérieures des jeunes rameaux.

La nature a rapproché dans ce genre les extrêmes de la force et de la grandeur. Quelques espèces élèvent leurcime oblongue jusqu'à près de cent pieds; d'autres, comme le chêne nain et le chêne pygmée, ne sont que de foibles arbustes qui n'acquiè- rent quelquefois qu'un pied de haut.

Le chêne paroît appartenir exclusivement aux climats tem- pérés : les chaleurs de la zone torride lui conviennent aussi peu que les froids des contrées glacées du nord ; on ne le trouve point non plus sur les montagnes élevées dont la température est analogue à celle des régions polaires. Il croit naturellement dans les pays du milieu et du midi de l'Europe, dans l'Afrique septentrionale ; en Asie, il habite la Natolie, la Chine, la Cochinchine, le Japon, et probablement le centre de cette par- tie dè l'ancien continent; en Amérique, on n'a observé jusqu'à présent de chênes que dans les Etats-Unis, le Mexique et la Nouvelle-Espagne.

Linnæus n?a parlé qué de quatorze espèces de chênes: le nombre de ceux dont les auteurs font mention maintenant, s'élève à plus de quatre-vingts, dont près de quarante appar- tiennent à l'ancien continent, 'et le reste au nouveau ; mais il

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. t'en faut bien que toutes ces espèces soient déteripinées avec certitude. Plusieurs chênes du Mexique et de la Nouvelle- Espagne ne nous sont encore qu'imparfaitement connus; et, ¿nalgré les travaux de MM. Michaux, père et fils, sur ceux des Etats-Unis, il reste encore quelques doutes sur certaines espèces. Enfin. les chênes de l'Asie, ceux de l'Europe et de la Frapce même, auroient encore besoin d'être étudiés de nou- veau, pour déterminer plus exactement les limites entre les variétés et les espèces. Nous aurious pu¿ en rapportant toutes les espèces, présenter ici le tableau de nos connoissances ac- tuelles sur ce genre d'arbres qui est d'une importance majeure pour les nations de l'Europe, et pour la plupart de celles chez lesquelles il croit; mais, comme cela nous obligeroit à donner à cet article une trop grande étendue, nous nous bornerons a parler de celles qui sont les plus connues et les plus.inté- ressantes par leurs usages et leurs propriétés.

Pour faciliter l'étude de ee genre difficile, les botanistes ont divisé ses nombreuses espèces en plusieurs sections. Les uns, n'ayant égard qu'à l'habitation, n'ont admis que deux divisions, l'une comprenant tousles chênes de l'ancien continent; la seconde, ceux du nouveau. D'autres, prenant pour considé- ration le temps que les fruits mettant à parvenir à leur matu- rité , ont partagé ces arbres en deux sections, dont la première renferme ceux dont les fruits mûrissent dans la même année ' qui les a vus naître; et la deuxième, ceux qui ont besoin ie deux ans pour les voir mûrir. D'après une troisième division, fondée surla considération des feuilles qui tombent à l'auto mue dans beaucoup d'espèces, ou qui persistent dans plusieurs au- tres, de manière qu'elles restent toujours parées d'une verdure continuelle, les chênes étoient encore partagés en deux sec- tions principales ; et même Tournefort et la plupart des bota- nistes qui l'avoient précédé, distinguoientles espèces comprises dans cette dernière division, sous deux noms de genre diffé- rera, ÏUx et Suber, Toutes ces manières d'envisager les chênes ne présentent que de foibles moyens pour faciliter la connois- sauce des espèces, et elles ont toutes le grave inconvénient de séparer et d'éloigner les unes des autres celles qui, dans Tordre de la nature, paroissent les plus voisines. La forme très-variable des feuilles dans la même espèce de chêne,, selon

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l'âge des arbres, avoit d'abord écarté des botanistes l'idée d'y trouver un mode de division convenable ; mais enfin, après avoir bien examiné les avantages et les ioconvéniens de ce moyen, on est*à peu près d'accord aujourd'hui qu'en n'ayant égard qu'à la forme des feuilles parfaitement développées sur des individus adultes, c'est encore celle-ci qui présente le moyen le plus facile et le plus commode pour l'étude des espèces. Ce sera donc d'après la considération des feuilles entières ou dentées, ou lobées, etc., que nous présenterons la série des chênes dont nous nous proposons de traiter.

* Feuilles très-entières.

CHENE SAULE : Quercus phellos, Linn., Spec., 1412; Mich., Arb. Amer., 2 , p. 74, t. 12. Ses feuilles sont étroites, lancéo- lées, lisses, luisantes, mucronées, caduques; ses fleurs mâles ont quatre à cinq étamines, et les femelles sont réunies deux ensemble sur un pédoncule très-court ; les glands qui succèdent à ces dernières sont petits, arrondis, enveloppés à leur base, et presque jusqu'à moitié, dans une cupule mince. Cet arbre croît dans les lieux humides de l'Amérique septentrionale, et surtout dans la Virginie, les deux Carolines et la Géorgie. Il s'élève à la hauteur de cinquante à soixante pieds, et son tronc acquiert cinq à six pieds de circonférence : on en voit un in- dividu dans le jardin royal de Trianon, près de Versailles , qui a plus de quarante pieds de haut.

Le chêne saule, considéré sous le rapport de ses propriétés, est d'un foible intérêt, et ne peut mériter d'être cultivé en Europe que comme arbre d'agrément, et à cause de la singularité de ses feuilles. Son bois est rougeâtre, avec le graitt grossier et les pores très-ouverts ; ce qui ne l'empêche pas ce- pendant d'avoir beaucoup de force el de ténacité. On remploie peu dans les Etats-Unis, si ce n'est quelquefois pour faire des jantes aux roues des voitures.

CHENE VERDOYANT : Quercus virtns, Ait., Hort. 3,

p. 356; Mich., Arb. Amer. , 2, p. 67, t. 11. Ses feuilles sont persistantes, coriaces, ovales ou oblongues, un peu obtuses, courtement pétiolées, soy éuses dans leur jeunesse, entières dans les individus adultes, mais bordées de dents écartées dans lès jeunes arbres : ses fleurs mâles ont quatre à cinq étamines, et

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les femelles sont portée* sur de longs pédoncules ; il succède à ces dernières des glands oblongs dont la cupule e^t turbinée et revêtue d'écailles courtes. Cet arbre croit dans l'Amérique septentrionale, depuis la Basse "Virginie jusqu'à la Floride et la Basse-Louisiane, dans les terrains qui sont au voisinage de la mer; il s'élève à quarante ou cinquante pieds de hauteur, sur un tronc qui a quatre à six pieds de tour par sa base.

Le bois du chêne verdoyant a une teinte jaunâtre; il est fort pesant et fort compacte ; son grain est très-fin et très-serré* On l'estime beaucoup, dans les Etats-Unis, pour les construct lions navales) les charrons l'emploient pour faire les jantes et les moyeux des grosses voitures ; on s'en sert aussi pour faire les vis de certaines machines, et les dents d'engrenage des roues de moulin. Son écorce seroit très-bonne pour le tannage des cuirs.

CHENE* CONCENTRIQUE ; Quereus concéntrica , Loureiro , FL Cock., 2, p. 572. Ses feuilles sont elliptiques, aiguës par les deux extrémités, très-entières, courbées en faux, glabres des deux côtés : ses fleurs mâles sont disposées sur des chatons droits, linéaires, réunis plusieurs ensemble vers le sommet des ra- meaux ; les fleurs femelles sont pédoncuiées, placées au-dessus des mâles : les glands sont ovales-oblongs, contenus à leur base dans une cupule lâche, courte, creusée circulairement de plusieurs lignes concentriques. Ce chêne forme un arbre très- élevé. Il croît dans les forêts de la Cochinchine. Son bois est employé dans ce pays pour les grandes constructions.

Chênb A LATTES; Quereus imbricaría, Mich., Hist, des' Chênes, n.° 9, t. i5 et 16. Ses feuilles sont très-rapprochées les unes des autres, lancéolées, luisantes, et d'un vert gai en- dessus, pubescentes en-dessous ; ses glands sont arrondis, ses- siles. Cet arbre croît dans la Pensylvanie et le pays des Illinois, où il s'élève à la hauteur de quarante à cinquante pieds, sur un tronc qui en a trois à quatre de tour à sa base. Son bois, quoique pesant et dur, n'est que d'une qualité inférieure. Les François du pays des Illinois , dans le nord de l'Amérique sep- tentrionale, le font fendre pour en faire des lattes et des essentes ou bardeaux.

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** Feuilles dent/

Chêne yeuse: Quercus ilex, Linn., Spec,, 1412; Lois., in Noy. Duham., 7, p. i56, t. 43 et 44, fig. 2. Ses feuilles sont coriaces, persistantes * pétiolées, tantôt ovales-lancéolées, tan- tôt ovales-arrondies , parfaitement entières ou bordées de dents plus ou moins nombreuses, souvent piquantes, le plus ordi- nairement lisses et luisantes en-dessus, toujours cotonneuses et blanchâtres en-desáous. Les chatons de fleurs mâles sont pla- cés, un ou plusieurs ensemble, à Faisselle des feuilles de l'année précédente, et vers l'extrémité des rameaux. Les fleurs femelles, au nombre de quatre à huit, sont sessiles et écartées les unes des autres le long d'un pédoncule commun placé dans les pis* selles des jeunes feuilles. Il leur succède des glands ovales ou ovales-oblongs, munis à leur base d'une cupule à écailles très- menues, fortement imbriquées et cotonneuses. Le plus souvent il ne mûrit qu'un ou deux de ces fruits; lès autres avortent plus tôt ou plus tard.

Le chêne yeuse, qu'on nomme aussi vulgairement chêne vert, ou tout simplement yeuse , croît dans lès parties méri- dionales de l!Europeet dans le nord de l'Afrique ; on le trouve en France jusqu'aux environs de Nantes et d'Angers. Il forme en général un arbre tortueux, très-branchu , qui ne prend un grand accroissement que lorsqu'il a acquis de nombreuses années. Il se plaît dans les terrains secs, sablonneux, aérés et exposés au nord ; le plus souvent on le trouve isolé et dispersé çà et là au milieu des autres arbres, mais rarement croissant en famille avec ceux de son espèce, et formant masse de forêt. Son bois, pesant, dur et très-compacte, est très-utile à cause de sa longue durée, pour certains ouvrages de méca- nique. On s'en sert pour faire des essieux, des poulies, et on le préfère à tout autre pour le mettre en œuvre dans des endroits qui doivent éprouver beaucoup de frottement. Sou écorcc est employée à tanner les cuirs. Les anciens esti- inoient beaucoup ses glands pour la nourriture des cochons. Certains arbres produisent des glands doux, et que l'on peut manger; d'autres n'en produisent que d'amers : on trouve même quelquefois des uns et des autres sur le même pied, de sorte que cette différence essentielle dans la saveur ne peut

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nullement se distinguer par les formes extérieures, et servir à caractériser des variétés ; il est seulement d'observation que les glands de l'yeuse ont une saveur d'an tant plus agréable -que cet arbre croit à une exposition plus chaude.

CHENE BALI.OTE : Quercus ballota, Desf., Mém. Ac ad. Paris, 1790* eumjig. Ce chêne n'est très-probablement qu'une variété 'du précédent, dont il ne diffère essentiellement que par seto glands très-alôngés. Son bois a les mêmes propriétés que^celui tie l'yeuse. On l'emploie en Barbarie pour plusieurs 4Pftes d'ouvrages" Les habitans de l'Atlas se nourrissent, pendant uni? partie de l'année, de ses glands, qui ont une saveur douce ét agréable ; ils les mangent crus ou torréfiés.

CHENE-LIEGE : Quercus suber, Linn., Spec,, 141a; Lois., ifi IVW. Duham., 7, p* 159 , t. 45. Cet arbre a beaucoup de rap- ports avec le chêne yeuse ; mais il en diffère sensiblement pat "on écorce épaisse, crevassée et spongieuse. C'est au dévelop4* pement considérable que prend le tissu cellulaire qu'est due l'épaisseur de cette écorce, connue sous le nom dé liège. Àü bout d'un certain nombre d'années, lorsqu'on ne prend pas soin de l'enlever, cette écorce se fend, se détaehe d'elle-ftiêftitf, et est remplacée par une nôuvelîfc écorce qui se forme efH dessous. Le chêne-liége croit spontanément dans les parties méridionales de l'Europe et en Barbarie. II se plaît dans les ter* rains secs, montueux, dans les sables quarzeux, et il paroît, au contraire, ne pouvoir venir dansles terres calcaires, car jamais on ne l'y rencontre. En France , on trouve une grande quan- tité de lièges dans les pays de Condom, de Nërac, dans les landes de Bazas, qui s'étendent jusqu'à Bayonne, dansnqfuet" ques cantons dü Languedoc. En Provence, l'habitation de ce* arbres est bornée à la partie qu'on appelle les Maures, et qui s'étend depuis la Napoule, près de Grasse, jusqu'à Hyères, en suivant les bords de la mer , et en s'avançant à deux ; quatre, et même jusqti'à six lieues dâns les terres.

Le bois du liège est employé pour différentes sortes d'ou^ vrages et de constructions* mais ü faut s'en servir dés qu'il est coupé, ou le mettre à l'abri des injures de l'air; car il pourrit en très-peu de temps, quand il est exposé alternative- , ment à l'humidité et à. la sécheresse. Lorsqu'on l'emploie dans la construction des navires, il faut avoir soin de le mettre 8. *6

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dans les parties qui doivent rester à sec; car l'eau en détaçli* une liqueur âcre, qui rouille et détruit les clous en très-peu de temps" Dépouillé de son écorce, c'est un très-bon boisde chauffage, et sous ce rapport on le préfère, à Marseille * à tout 7 autre. Mais la partie la plus utile du liège est, sans contredit, son écorce extérieure : on en fait des bouchons i des talons de souliers, des bouées pour les vaisseaux, des chapelets pour souU?nir les filets des pêcheurs à la surface de l'eau , des , des caisses. Dans les pays où: cet arbre croît naturelle- ment , les usages économiques de son écorce sont encore plus j multipliés : on en fait des ruches pour les abeilles i des baquets pour mettre de l'eau ; et les gens de la campagne, surtout les ouvriers qui sont occupés à la récolte de cette écorce et à sa préparation , en font des assiettes, des gobelets, des cuillers. On emploie aussi', pour nager facilement, une sorte de casaque garnie de liège r qu'on appelle scaphandre# Pline (liv. XVI, chap. 8 ) nous apprend que les femmes de l'antiquité en gar- njssoient leurs chaussures d'hiver,.comme on le fait encore aujourd'hui. Dans quelques'parties de l'Espagne, on s'en sert pour couvrir les maisons* On brûle encore cette écorce danr des vaisseaux bien fermés, pour en obtenir une poudre noire, qui s'emploie dans les arts, et qui est connue sous le nom de noir d'Espagne.

C'est tous les huit, dix et même douze ans , selon la nature àu sol et de l'exposition, qu'on détache l'écorce des lièges, et tin arbre peut donner ainsi douze à quinze récoltes. Le liège des cinq à six premières levées est le meilleur; celui qiron retire dans les dernières récoltes, va toujours en diminuant de qualité. Le liège , pour être bon , doit être souple , ployant 9ous le doigt, élastique, point lignejux, ni poreux, et de cou- leur rougeàtrq : celui dont la couleur tire sur le >aune est moins bon ; le blanc est de la plus mauvaise qualité.

Non-seulement il se fait une grande consommation de. liège en France, mais on en expédie beaucoup dans,les pays du Nord ; on en transporte d^ns un grand nombre d'autres con- trées , et cette matière est l'objet d'un commerce considérable* On prétend qu'en Espagne on mange les glands du liège f grillés comme les châtaignes ; ce qu'il y a de certain, c'est qu'ifc ont en général une saveur douce çt agréable" Ils sont

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CtïË 4oS

IVès-rfecheirchés des pourceaux * et la Qualité particulière qu'ils donnent à la chair de ces animaux, fait ta réputation de* jambons de Bayônne*

Chêneau KERMES : Quercus toctifcrû.* Lin il* * Spec. , 1415 ,* Lois., in Nov. Du hamM f , p. 180* t. 46. Cette espèce n'est qu'un arbrisseau dont le tronc se divise en un gfand nombre de rameaux tortueux et diffus, formant un buisson de quel" ques pieds dé hauteur* Ses feuilles sont ovales, coriaces, persistantes > côurteinent pétiolées , glabres des deux côtés, luisantes en dessus , rarement très-entières, le plus sou- vent bordées de dents épineuses" Ses fleurs mâles sont sur des chatons réunis plusieurs ensemble en petites panicules. Se# fleurs femelles ¿ont sessiles, au nombre de trois à sept, ie long d'un pédoncule commun de la longueur de huit à quinze lignes. Ses glands, qui ne mûrissent que la seconde année, sont ovales, enfoncés à peu près à moitié dans une cupule hé- rissée d'écailleg cuspidées, étalées, et un peu recotirbées.

Le chêne au kermès cfoit dans les lieux pierreux, arides et sablbnneux des départemens méridionaux.de la France, - en Espagne, en Italie, dans le nord de l'Afrique, et dans l?Oiient. C'est sur cet arbrisseau" que vit le qoccus ilicisi in- secte de Tordre des hémiptères , employé dans la médecine ; comme cordial et astringent, sous le nom de kermès, et dans les arts* pour teindre en rouge, sous le nom de graine d'écart > îate. ¦ '*

Le kermès ne se trouve ordinairement que sur les jeunes', rameaux, et c'est aux bifurcations des branches qu'il est le plus abondant. Pour se procurer de meilleures récoltes de kermès, on est dans l'usage de couper les tiges avant qu'elles aient trop grossi, afin de les forcer à donner de jeunes pousses.

Le kermès faisoit un objet de commerce considérable., et la ' richesse des pays où croit le chêne sur lequel il est produit, avant qu'on lui eût préféré là cochenille, qui n'est autre chose qu'un insecte du même genre ( coccus cacti), qui vit sur le cactier nopal, et qui forme une des principales richesses do Mexique.

CHENE DES TEINTURIERS î Quercus infectoria, Olivier (Vôy. dans l'Emp. Ottom., 1, p. 2 53, t* 14 et i-5)* Cette espèce n'est, comme la précédente, qu'un arbrisseau tortueux, divisé en

a(i>.

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rameaux nombreux , et s'élevant à quatre on cinq pied*. Se* feuilles.sont oblongues, mucronées-dentées, luisantes et d'un vert cendré en dessus, plus ou moins pubescentes en dessous, portées sur des pétilles longs de six à huit lignes. Ses glands sont alongés^ sessiles, courtement pédonculés.

Ce chêne, qui nous fournit la noix dç galle du commerce , nié tpi t pas conhu des bo>tanistes avant le voyage d'Olivier dans l'Empire Ottoman. C'est à ce naturaliste que n^us ¿devons la, cpiiRoi^sanpfe de cette espèce intéressante, qui est répandue dans toute l'Asie mineure,, depuis -le Bosphore jusqu'en. Syrie " et depuis les côtes de l'Archipel jusqu'aux frontières de ïa Perse.

"c ,La gaüe, dit Olivier, est dure , ligneuse ,F pesante ; elle natt aux bourgeons des jeunes rameaux, et acquiert depuis qp$tre jusqu'à douze lignes de diamètre; elle est ordinài* rement rende et couverte Je tubérosités, dont quelques-unes sont pointues. Cette galle est beaucoup plus estimée lorsqu'elle est "tteillie avant sa,maturité, fc'est-à-dire, avant la sortie de l'ioseoté jqui l'â produite Les galles qui sont percées, ou celles, dont ¿'insecte s'est éehapjié*: Mint; d'une couleur plus claire ; elte soitÉ inoâos pesàrôes "et-moins propres que les autres à la" teinture; : r: * KT:- : o . \ -

¿ Les Oriéntaux ont l'attention de faire la récolte des galles au temps précis que.d'*xpérie"pe leur prfouVé être le plus favorable : c'est celui où cette excroissance a acquis toute sa grosseur et towt son* poids.* S'ils jtardoienfc à-la .cueillir, la larVe qüi vit dauM l'intérieur y subiroit sa métamorphose, lar perceroit, et paroi troit sou sla forme d'un petit insecte ailé" La galle * dès-lors, ne retirant plus de l'arbre les sucs néces- saires à l'accroissement de l'insecte, se dessécheroit et per-, droit ; uñé boniie partielles qualités qui la rendent propre à la teinture. Les agis ve^llént a ce que les cultivàteurs parcourent vers le commencement de juillet* les collines et les montagnes, qui sont couvertes dfe chênes. Ils sont intéressés à ce que les galles. soient d'une bonae qualité,"parce, qu'ils prélèvent un droit sur o leur produit. Les premières galles ramassées sont mises à part ; elles sont connues, dans l'Otiênt, sous le nom jdeyerli-, et dési- gnées dans le commerce sous le nom de galles noires et de galles vertes* Celles qui ont .échappé aux prepiières recherchts^ et,

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-qu'on cueille un peu plus tard, nommées galles blanches, sont d'une qualité très-inférieure. Les galles les plus estimées soflt celles des environs d'Alep, de Smyrné, de Kara-Hissar, dé Diarbequir, et de tout l'intérieur de la Natolie.

" On néglige presque partout cffe ramasser les glands ; ill servent de pâture aux sangliers et aux chèvres : celles-ci con- tribuent beaucoup à rendre le chêne petit et rabougri, en dévorant avec ses fruits une partie de son feuillage et de 7ses jeunes rameaux. "

L'insecte qui produit ces galles est un diplolèpe, qu'Olivier a nommé diplolepis gallœ tinctoriœ, et qu'il a fait figurer dans "on Voyage, pl. 15, fig. CC.

Chêne prinds f Quereus prinus, Linn., Spec,, 1413; Mich., Arb. Amer., 2 , p. 5i, t. 7. Ses feuilles sont ovales, élargies en leur partie supérieure, ordinairement glabres et glauques dans leur parfait développement ; bordées de dents grossières, portées sur des pétioles assez longs : ses fleurs mâles sont com- posées de cinq à dix étamines ; ses glands, qui ont une saveur douce, sont portés sur des pédoncules quelquefoisfort courts, et contenus dans une cupule écailleuse et peu profonde. Ce chêne se fait remarquer par son tronc parfaitement droit, conservant souvent le même diamètre jusqti'à cinquante pieds de terre, et élevant sa tête vâte ét toüfftie Jusqu'à quatre-vingts et quatre-vingt-dix pieds de hauteur. U croit dans les forêts humides et ombragées de la Floride, des deux Carolines, de la Géorgie, de la Virginie et de la Pensylvanie.

Le chêne prinus doit être placé au premier rang des plus beaux arbres de PAmérique septentrionàlé ; mais, son bois étant inférieur en qualité à celui de beaucoupr d'autres espèces, il ne mérite d'être considéré en Europe que comme arbre d'ornement. Ii ne souffre pas des froids qu'on éprouve dans le climat de Paris; mais il auroit encore une végétation plus rapide et plus belle dans les départemens du Midi. Dans les Etats-Unis on l'emploie comme bois à brûler et pour les ouvrages de charronnage ; comme il si? fend très-facilement de droit fil, on peut le diviser en morceau* très-minces.

Chêne des montagnes : Quereus montana, "Wilïd., Spec., 4, p. 440 ; Mi ch., Arb, Amer., 2, p. 55, t. 8. Ses feuilles sont orales-renversées, fciguës, blanches et cotonneuses en-dessous-,

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bordées de grandes dents presque égales, dilatées à leur soi"* omet ; ses fleurs mâles sont composées de cinq à dix étamines ; *çs glands sont ovales-alongés, assez gros, contenus jusqu'au tiers dans des cupules turbinées, dont les écailles sont libres. Ce chêne s'élève à soixante pieds de haut, sur un tronc de .Jniit à neuf pieds de circonférence j il croît dans diverses parties des Etats-Unis d'Amérique.

Son bois est rougeâtre, pesant, bien supérieur en qualité à celui du chêne prinus; aussi l'emploie-t-on beaucoup dansson pays natal pour les constructions navales. Son écorce est excellente pour le tannage des cuirs. Il réussit très-bien dans le climat de Paris, et comme il n'est pas difficile sur le terrain f croissant au milieu des pierres et même des rochers les plus escarpés, il seroit avantageux de le propager en France f dans les endroit? analogues ^ ceux QÙ il vient de préférence en Amérique,

CHENE BICOLORE : Qucrçus bicolor, *WiUd** Spec,, 4, p, 440 ; Jtfich,, Arb,Amer,¿ 2 , p, 46, t. 6, Ses feuilles sont cunéiformes à leur base, élargies dans leurs deux tiers supérieurs , et gar* nies de dent? grandes et larges ; elles' ont en tout six à huit pouces de longueur sur quatre de largeur à leur sommet. Dan si les arbres adultes, la surface inférieure des feuilles est d'un fclanç argenté, ce qui produit un contraste remarquable avec le beau yert de la surface supérieure. Les glands ovales, assez gros, d'une çouleur brunâtre, ont une saveur douce qui les. rend bons à manger; ils sont pprtés sur un long pédoncule * et souvent deux ensemble ; leur cupule est évasée , bordée de fllamens courts et déliés. Ce chêne est un arbre dont la vév- gétatipn est belle et vigoureuse ; il s'élève de soixante à soixante*" dix pieds de hauteur; il croît dans la plys grande partie des Etats-Unis, excepté d^tns lçs contrées basses et maritimes. Le çhêne bicolore serpit un arbre qui pourroit être utile sous le rapport de ses propriétésv Son bqis est assez pesant ; il a le grain £n et $ssez serré ; il a de la fpree f beaucoup d'élasticité, et se fend aisément d? droit fil. " Sous le rapport de son introduce tion dans les for^t? européennes,dit M. Michaux, je penseque çet arbre offre assez d'intérêt pour y.trouver place, soit en le ipêlant, soit en le substituant alternativement ^ux essences gt^i viennent dans lieu* très-hunndes, tels que les frênes,

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les aunes, et quelques espèces de peupliers. C'est d'ailleurs un arbre d'une belle apparence, qui ne peut que contribuer à l'embellissement de nos forêts, et des possessions des per- sonnes qui seroient tentées de le cultiver. *

Chêne CHATAIGNIBR : Quereus castanea, "Wild., Spec. , 4, p. 441 ; Mich., Arb. Amer., 2 , p. 61, t. 9. Ses feuilles sont oblongues-lancéolées, acuminées, cotonneuses en-dessous, bordées de dents presque égales, aiguës et calleuses à leur som- met. Les fleurs mâles ont dix étamines, quelquefois moins ; les glands sont petits, ovales, sessiles, et ils ont une saveur plus douce que dans aucune autre espèce de chêne du nouveau monde. Cet arbre croît dans les contrées fertiles des Étatfr- Unis d'Amérique, où il s'élève à la hauteur de soixante-dix k quatre-vingts.pieds j il est principalement répandu à l'ouest des monts Alléghanis ; mais il est disséminé dans une grande éten* due de pays, sans être commun nulle part*

Le chêne châtaignier peut être employé, à cause deson port agréable, et du bel effet de son feuillage, pour être planté en Europe dans les jardins pittoresques et de grande étendue 9 mais aucune qualité recommandable ne paroît devoir lui mé- riter d'être cultivé plus en grand. Au reste, son bois a le grain peu serré, avec des porés très-nombreux, ce qui paroît annon- cer qu'il a peu de force, et qu'il n'est pas de longue durée.

*** Feuilles lobées au sommet.

Chêne AQUATIQUE : Quereus aquatiea, Wild., Spec., 4 , p. 441 ; Mich., Arb. Amer., 2, p. 89, t. 17. Ses feuilles sont cunéiformes, glabres, obscurément divisées à leur sommet en trois lobes, dont celui du milieu plus grand que les autres. Ses glands sont petits, un peu arrondis, presque sessiles, très- amers, et contenus dans une cupule peu profonde et peu écailleuse. Cet arbre, dont la hauteur excède rarement qua- rante à cinquante pieds, croît dans les États-Unis depuis le Maryland jusqu'à la Floride.

Le bois du chêne aquatique est de peu de durée, ce qui, sous le rapport de son utilité, ne lui mérite en aucune ma- nière de fixer l'attention des Européens, d'autant plus que cette espèce est très-sensible au froid, et qu'elle ne réussiroi* parfaitement que dans nos départemens les plus méridionaux*

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Chênb noir : Quereus nigra, Linn", Spec., 1413; Quer* eus ferruginea, Mich., Amer., 2, p. 92 , t. 18. Ses feuille" sont cunéiformes, glabres, un peu en cœur à leur base , par- tagées à leur sommet en trois lobes écartés, mucronés, dont celui du milieu plus court. Ses glands sont arrondis, assez: gros, sessiles, souvent deux à côté l'un de l'autre , et renfer- més jusqu'à moitié dans des çupules très-écailleuses. Il est rare que cet arbre s'èlève à trente pieds de hauteur sur deux à trois pieds de circonférence : le plus souvent il ne parvient qu'à la moitié de ces dimensions. Il croît dans lès terrains secs et sablonneux de la Pensylvanie, de la Virginie, de la Caro- line et de la Floride.

Si le chêne noir peut offrir quelque intérêt, c'est d'attirer, par son feuillage assez singulier, l'attention des amateurs d'ar- bres étrangers ; mais, originaire d'un pays chaud, il ne peut vivre en pleine terre que dans les parties méridionales de la France. Sous le rapport de son utilité, il ne mérite pas plus ¿'attention que le précédent. Sou bois a le grain grossier, et les pores très-ouverts. En Amérique, il n'est employé à aucune espèce d'ouvrage, parce qu'il est trop susceptible d'être atta- qué dans le cœur, et qu'il.se pourrit très-facilement lorsqu'il reste exposé aux différentes intempéries de l'atmosphère. Le seul avantage qu'on en retire, c'est qu'il est excellent pour le chauffage.

feuilles sinuées, à lobes mucronés.

Chêne queciteon Quereus tinctoria , Mich., Arb. Amer., 2, p. 110, t. 22; Willd., Spec., 4" P* 444- Ses feuilles sont pvalesrobloagues, sinuées, pubescentes en-dessous, partagées en lobes anguleux et mucronés. Les fleurs mâles n'ont que quatre étamines; les glands sont arrondis, un peu déprimés à leur sommet, sessiles le long des rameaux, enveloppés à moitié dans une cupule, presque en soucoupe et revêtue d'un grand nombre d'écailles légèrement adhérentes. Cet arbre estrépandt" dans tous les Etats-Unis d'Amérique, excepté dans ceux qui sont le plus au nord; il acquiert quatre-vingts à quatre-vingt-dix pieds d'élévation, sur quatre à six pieds de diamètre, et même plus.

Le quercitron a l'avantage de prendre promptement un

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grand accroissement, de parvenir à une très-haute élévation, et de pouvoir croître dans un mauvais sol et dans les pays les plus froids. En Amérique, on se sert beaucoup de son écorce pour le tannage des cuirs, parce qu'elle est très-riche en prin- cipe tannin. Le désagrément qu'elle a dans ce cas, c'est de donner aux cuirs une couleur jaune qu'on est obligé de faire disparoître par un procédé particulier. Son bois, de couleur rougeâtre9 n'est que d'une médiocre qualité, ayant le grain grossier et les pores très-larges ; cependant on l'estime à cause de sa force , et parce qu'il résiste assez long-temps à la pour* riture. Au défaut de chêne blanc, on l'emploie pour la char- pente des maisons: mais c'est surtout à cause de ses qualités précieuses pour la teinture, que le quercitron est un arbre recommandable pour l'Amérique du nord, et qu'il mériteroit d'étre cultivé en grand en Europe.

" C'est la partie cellulaire de l'écorce de cette espèce , dit M. Michaux, qui fournit le quercitron, dont on fait actuelle- ment un très-grand usage pour teindre en jaune la laine, la soie et les papiers de tenture. D'après les auteurs qui en ont parlé, entre autres le docteur Bancroft, à qui on est redevable de cette découverte, une partie de quercitron donne autant de substance colorante que huit ou dix parties de gaude. La décoction du quercitron est d'une couleur jaune brunâtre; les alcalis la rendent plus foncée, et les acides plus claire. La solution d'alun n'en sépare qu'une petite portion de matière colorante, qui forme un précipité d'un jaune foncé : les dissso- lutions d'étain y produisent un précipité plus abondant et d'un jaune vif. Pour teindre la laine en jaune , il suffît de faire bouillir le quercitron avec un poids égal d'alun; on introduit ensuite l'étoffe, en donnant d'abord la nuance la plus foncée, et en finissant par la couleur paille. On peut aviver ces couleurs en faisant passer l'étoffe, au sortir du bain, dans une eau blanchie par un peu de craie lavée ; on obtient une couleur plus vive par le moyen de la dissolution d'éiain. Le quer- citron peut être substitué k la gaude pour les différentes nuances qu'on veut donner à la soie, qui doit être d'abord alunée : la dose est d'une à deux parties de quercitron pour .une de soie. "

Chêne ROUGE: Quercus rubra, Linn., Spec., 1413,* Mich.,

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ÇHE

Arb. Amer. y 2, p. 126, t. 26. Ses feuilles sont oblongues, gïa- ftes, longuement pétiolées, partagées en sept à neuf lobes aigus et chargés de dents mucronées-sétacées. Ses glands Sont ovales, sessiles, contenus dans une cupule plane en-déssous. Ce chêne s'élève souvent à plus de quatre-vingts pieds de hau- teur. J1 est très-cpmmun dans le Canada et dans le nord des Etats-Unis.

CHENE ECARLATE: Quercus coccínea, Willd., Spec., 4, p. 445 ; Mich., Arb. Amer., 2, p. 116, t. 23Í Ce chêne est, comme le précédent, un très - grand arbre qui parvient à soixante-quinze et jusqu'à quatre-vingts pieds d'élévation. Ses feuilles sont oblongues, glabres, longuement pétiolées, profon- dément sinuées, partagées en lobes divariqués, et chargés de dents mucronées-sétacées ; ses fleurs mâles n'ont que quatre étamines ; ses glands sont ovoïdes, arrondis également à leurs deux extrémités, contenus jusqu'à la moitié dans une cupule turbinée, très-écailleuse. Cet arbre croit abondamment dans la haute Géorgie, les hautes Carolines, la Virginie, le New- Jersey ; il est rare dans les parties des Etats-Unis qui sont plus au nord.

Le chêne rouge et le chêne écarlate sont de beaux arbres ; mais ils ne se distinguent par aucune propriété utile, leur bois n'étant que d'une médiocre qualité. Leur fructification est bis- annuelle, de même que celle du quercitron; leurs feuilles, qui prennent en automne une teinte d'un rouge plus ou moins Vif, forment alors uh contraste frappant avec les autres arbres , et cette singulière altération de leur feuillage les rend propres à l'embellissement des parcs et des grands jardins.

CHENE vélani : Quercus œgylops , Linn. , Speco , i4*4 ; Oliv., Voy. 1, p. 254, t. i3. Cet arbre a le port et la hauteur de notre chêne rouvre. Ses feuilles sont longues de trois pouces sur deux de large, arrondies à leur base, portées sur un pé- tiole long de neuf à dix lignes, bordées de grosses dents dont chacune se termine par une pointe sétacée ; ces mêmes feuilles 6ont épaisses, coriaces, d'un vert plus ou moins foncé, un peu luisantes en-dessus, quoique couvertes d'un léger duvet, blan- châtres et cotonneuses en-dessous. Ses glands sont courts, un peu creusés à leur sommet, plus gros que dans aucune autre espèce d'Europe, enfoncés environ *u tiers ou à moitié dans une eu-

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pille dont les écailles sont libres à leur partie supérieure, larges d'une ligne et demie à deux lignes, longues de plus de six, les unes redressées, les autres à demi-étalées, et les plus extérieures enfin un peu réfléchies en arrière. Cette espèce croît sur la côte occidentale de la Natolie, dans les îles de l'Archipel, et dans une grande partie de la Grèce.

Selon Olivier, les Grecs modernes nomment vélani le chêne qui fournit la vélanède, qui, d'après lejméme auteur, n'est autre chose que la cupule des glands de cet arbre. Les Orientaux, les Italiens et les Anglois emploient cette cupule, ainsi que la noix de galle, dans les teintures. Les négocians françois n'en font passer quelquefois à Marseille que pour l'envoyer de là à Gênes et à Uvourne. Nos teinturiers ont jusqu'à présent né- gligé de se servir de cette substance. " On recueille beaucoup de 1)tlani, dit Tournefort, dans l'île de Zia, une des îles de 1? Archipel, autrefois Ceos. Le fruit n'étoit pas mûr dans le temps que nous y étions. Les Grecs l'appellentt>e/am, et l'arbre, vclanida. Le commerce du velam est le plus considérable de l'île: on y en recueillit, en 1700, plus de cinq mille quin- taux. On appelle petits velani les jeunes fruits cueillissur l'arbre" beaucoup plus estimés que les gros, qui tombent d'eux-mêmes dans leur maturité ; les uns et les autres servent aux tein- tures et à tanner les cuirs. Les petits se vendent ordinaire- ment un écu le quintal, au lieu que les gros ne valent que trente sous; mais le plus souvent on les mêle. *

***** Feuilles sinuées, à lobes mutiques.

Chêîîe BLANC S Querçus alba9 Linn., Spec. 14^4 > Mich., virb. Amer, , 2 , p, i3, t. 1. Ses feuilles sont oblongues, sinuéçs-pinnatifides, découpées en lobes oblongs, obtus, et le plus souvent très-entiers. Les fleurs mâles ont de cinq à dix étamines ; les femelles sont portées sur des pédoncules da huit à dix ligues de longueur: il leur succède des glands assez gros,, ovoïdes , d'une saveur douce , contenus dans une cupule peu profonde , relevée d'écailles tuberculeuses et gri- sâtres, Cet arbre s'élève à soixante-dix et quatre-vingts pieds, de hauteur. Il croit dans toute l'Amérique septentrionale > depuis le Canada jusqu'à la Floride.C'est, de toutes les espèces ¿ç chçnes du nquveau continent ? celle qui a le plus de rap-

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port avec les chênes d'Europe, et particulièrement avec Je chêne à grappes.

Le bois du chêne blanc est, de toutes les espèces naturelles k l'Amérique septentrionale, celui qui est le meilleur, et dont l'usage est le plus général ; il a le grain moins serré, il est moins pesant, moins compacte, que notre chêne à grappes et que notre rouvre ; mais il est celui qui en approche le plus. On l'emploie principalement pour faire la charpente des maisons ; il n'en est aucun qui soit aussi nécessaire dans les constructions navales. On en fait beaucoup d'usage pour les digues , les pilotis. En Amérique , c'est, de toutes les espèces de ce genre, presque la seule, et certainement la meilleure dont on puisse faire des tonneaux propres à con* tenir les vins et les liqueurs spiritueuses. La quantité dç m erra in qui s'emploie pour cet objet, est très-considérable, et la consommation est prodigieusement augmentée par ce qui s'en exporte tant en Angleterre que dans les colonies des Indes occidentales, et aux îles Madère et de Ténériffe. Le bois des jeunes chênes blancs est fort élastique et susceptible de se diviser en lames très-minces et très-petites, dont on fa- brique des paniers, des seaux, des cercles, et autres objets.

- CftÊNÉ-noüVRE : Quereus robur, Linn.,Spec., 1414 9 Lois., in Novo Duham. , 7, pag. 176, t. 52. Le chêne-rouvre ou roure, nommé aussi chêne mâle, est un grand arbre qui s'élève à soixante pieds et au-delà, sur un trône de six à douze pieds de circonférence. Ses feuilles sont pétiolées, ovales-oblongues, sinuées ou bordées xle lobes arrondis, luisantes et d'un beaft vert en-dessus, le plus souvent glabies des deux côtés. Le périanthe des fleurs mâles , divisé jusqu'à moitié en cinq divisions ovales, légèrement ciliées, ren- ferme cinq à neuf étamines. Les fleurs femelles sont sessiles, ou portées sur de courts pédoncules; il leur succède des glands ovoïdes, ou ovales-alongés, contenus jusqu'au tiers dans une cupule revêtue d'écailles grisâtres et étroitement imbriquées. Cet arbre croît dans les forêts de l'Europe ; il présente un nombre prodigieux de variétés, que l'on peut " distinguer par les feuilles découpées plus ou moins profon- dément, par la longueur de leur pétiole, par les poils dont elles peuvent être chargées en-dessous, et enfin par la gros-

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seur et la disposition des glands sessiles, pédoncules, soli- taires, géminés ou agglomérés plusieurs ensemble.

Les deux espèces de chênes les plus communes en France sont le rouvre et le chêne à grappes, que Linnæus avoit confondus sous le nom de quercus robur. Ce sont elles qui forment le fonds et sont le plus bel ornement des forêts eu- ropéennes. C'est à ces deux espèces que s'applique particu- lièrement tout ce qu'on dit du chêne en général. Ce sont elles dont le bois est la base de notre chauffage et entre dans là plupart de nos constructions. Ce bols l'emporte par la solidité et la durée sur tous les antres bois de l'Europe ; eè qui fait qu'on le préfère pour tous les ouvrages qui exigent ces qua- lités, comme charpentes, navires, moulins, etc. On a vu des charpentes de chêne durer plus de six cents ans, et l'on assure que dans l'eau ellçs peuvent se conserver deux et presque trois fois aussi long-temps. Plusieurs anciennes charpentes qu'une longue suite de siècles n'a point détériorées, et qu'on prétendoi t être de châtaignier, ont été reconnues pour être de chêne.

Le bois du chêne-rouvre est plus dur, plus pesant, que celui du chêne à grappes ; ses fibres ont aussi plus de téna- cité, et offrent une plus grande résratanceaux efforts. Les Anglois en ¡so¿eot autrefois beaucoup: de cas pour la cons- truction de leurs vaisseaux; ils prétendoient que les boulets pouvoieni; le "p.ejpcex*, mais noir le fracasse*. Son bois fournit beaucoup plus de; pièees. fourbes pour les constructions na- vales que. le chêne* à grappes. On .m,fait des wênes de vais- seaux * des fdts de pressoirs, de$ portes d'écluses, des pilçt s, dès poutres, des solives. Les charrons l'emploient pour faire des rayons de roues, des herses, des charrues, et plusieurs autres ouvrages. C'est la meilleure espèce de bois pour le chauffage ; aucune autre ne donne plus de chaleur en brû-î lant. Le pied cube pèse soixante-dix à soixaate-duze livres*

, CHENE A G*APP£S : Quetcu# rskcemosa, Lamk, Pict. encyc. * i j p. 71-5 ; Lois., in Nùv, Duham., 7 , p. 177 , t. 64. Le chêne a grçppes * appelé vulgairement chêne blanc, gravelin, est la plus grande espèce de nos chênes d'Europe. Ses feuilles sont sessiles, ou presque sessiles, otales-oblongues, sinuées, bor-" dées de tabes obtus et même arrondis ; glabrçs des deux côtés ? lisses et luisantes en-dèssus, un pçu glauques en-dessous. Ses

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fleurs mâles ont un périanthe quinquéfide, et envirbn dix étamines; ses fleurs femelles sont sessiles, au nombre de quatre à dix, espacées le long d'un pédoncule commun : à ces fleurs succèdent deux à trois glands, contenus dans des cupules revêtues d'écailles brunâtres, étroitement imbriquées. Cet arbre croît en Europe dans les forêts.

Le chêne à grappes est employé, comme le chêne-rouvre, k un grand nombre d'usages ; mais il en est plusieurs auxquels il est plus particulièrement réservé. Il est excellent pour la charpente des maisons. Comme il a très-peu de nœuds, et qu'il se fend aisément en douves minces, cela le rend pré- cieux pour la fabrication des tonneaux, des cuves, et de tous les vases nécessaires à la confection ou à la conservation du vin. La même cause le fait employer de préférence pour lattes, échalas, bardeaux ; il est plus recherché pour tous les ou* vrages de menuiserie, parce qu'il est plus facile à travailler. 11 parvient à une taille colossale dans les bons terrains; M. Secondât, dans ses Mémoires sur l'histoire naturelle du chêne, dit en avoir vu un qui avoii trente - deux pieds de tour à la portée des bras des hommes, et dont le tronc, de douze pieds de hauteur, se partageait ensuite en trois grosses tiges. Il réussit très-bien d'ailleurs dans uni terrain graveleux , pourvu qu'il soit humecté. '

CHEN#ÇYRAMÏPAL : Quereus fastigiata, Lata., Diet, ene., i , p. 725 ; Lois.', in iVoy. Duham. 7 , p. 178, t. 55. Cet arbre se fait remarquer par son port extraordinaire, semblable à ce- lui du peuplier d'Italie ou du cyprès pyramidal. La direc- tion de ses branches régulièrement redressées, et toutèfr diri- gées vers le sommet, de manière à former exactement la py- ramide, est véritablement la seule chose qui puisse le faire distinguer du chêne à grappes, dont il a tous les autres carac- tères; cependant nous avons remarqué que-toutes se^ feuilles sont ea général plus distinctement pétiolées, et jamais sessiles.

Cet arbre se trouve en France, dans les vallées des Pyrénées occidentales et dans les Landes ; mais on n'en rencontre que des individus isolés et près des habitations, ce qui annonce qu'il n'y est point indigène. M. Corréaassure, selon M. Desfontaines f qû'il est originaire de Portugal. On commence à le cultiver, comme arbre d'praeçiettt? danslespépinières de Paris ; il pourra

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'iervir un jour à la déeôration des parcs et des jardins paysa~ gers ; il est aussi très-propre à faire de belles avenues. Comme il n'est pas encore commun , on le greffe sur le rouvre ou sur le chêne à grappes.

Chêne des Pyrénées : Quercus pjyrenaïca, Willd., Spec., 4 , p, 451 j Lois., in Nov* Duham., 7 , p. 178 , t. 56. Cette espèce s'élève moins que le chêne à grappes et que le rouvre ; ses feuilles sont pétiolées, inégales à leur base, découpées plus ouxmoins profondément en lobes arrondis: dans leur jeunesse? elles sont abondamment couvertes d'un duvet velouté , blan- châtre et doux au toucher; daps l'âge adulte, la surface supé- rieure se dépouille en totalité ou en partie ¿e ce duvet, mais * l'inférieure en reste toujours chargée. Les fleurs mâles sont disposées en chatons longs de trois à quatre pouces, grêles9 velus, et chacune d'elles a un périanthe à six divisions oblongues, ciliées, et dix étamines ou environ.Les fleurs femelles sont disposées, six à dix ensemble, le long d'un pédoncule très- velu et placé dans les aisselles des feuilles supérieures des >eunes rameaux. Les glands sont en général ovoïdes, plus ou moins gres, selon les variétés, qui sont nombreuses dans cette espèce.

Ce chêne croit en France, dans les $asses-Pyrénées et daos toute la partie de l'Ouest qui s'étend depuis le pied de ces, montagnes jusqu'au Mans et à Nantes. 11 aime de préférence * les terrains sablonneux. On le connoît dans les Lande^ et dans les Pyrénées, sous les noms de chêne noir , tauzin ou tanza; k Angers et à Nantes, on l'appelle chêne doux ; au Mans, chêne brosse ; les Basques le nomment amenza ou ametça.

Le Bois de cette espèce a beaucoup plus d'aubier que les autres chênes de France; et si on ne prend la précaution d'en- lever çjrtièrement tout cet aubier lorsqu'on veut mettre ce bois eu œuvre, les vers ne tardent pas à l'attaquer; ils y pul- lulent, pénètrent même jusqu'au cœur pour s'en nourrir, et finissent par le détruire. Cet inconvénient, joint au défaut qu'il a de se beaucoup tourmenter, fait qu'en général ce bois est rejeté des constructions. La meilleure manière de lui enlever ses mauvaises qualités, est de le laisser sécher 4ans son écorce pendant cinq à six ans avant de l'employer^ quand il est parfaitement sec, il acquiert tant de dureté,qu'il devient très-difficile à travailler, et qu'il fait souvent casser

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les outils des ouvriers ; comme il a beaucoup de nœuds, il se fend mal de droit fil. Mais, sous le rapport du chauffage, on ne peut avoir de meilleur bois ; il donne un feu très-ardent et qui dure long-temps. Il a l'avantage de s'accommoder de terres stériles, dans lesquelles le rouvre et le chêne à grappes ne sauroient vivre ; il y pousse de fortes racines rampantes, qui vont chercher au loin la nourriture de tout l'arbre. Ses bour- geons et ses feuilles sont rarement attaqués par la dent des bestiaux. Sa végétation est plus tardive, au printemps, que celle du chêne à grappes, ce qui fait qu'il est bien moins souvent attaqué par les dernières gelées dé cette saison. Quoique son bois, dans toute sa force, soit plus dur que celui du chêne à grappes, il est dans sa jeunesse plus flexible ; ce qui fait qu'on peut alors l'employer à faire des cercles, tandis qu'on ne pourroit en faire avec celui de l'autre. Son écorce sert pour le tannage des cuirs, et ses glands sont recherchés pour la nour* riture des porcs.

Chêne étoilé : Qercus stellata, Willd., Spec., 4, p. 45a ; Mich., Arb. Amer., 2 , p. 36, t. 4. Ses feuilles sont oblongues , pubescentes en-dessous, partagées en cinq lobes, dont les infé- rieurs entiërs, les supérieurs dilatés et divisés en deux dé- coüpures. Les chatons mâles sont quelquefois très-courts, et les fleurs femelles sont réunies trois à quatre ensemble sur un pédoncule assez court; les glands sont ovoïdes-arrondis, de grosseur médiocre, contenus jusqu'au tiers de leur tpngueur dans unè cupule grisâtre et légèrement inégale à sa surface ; ils ont une Saveur douce. Ce chêne s'élève rarement à plus de quarante ou cinquante pieds. Il croît d£ns les terrains secs et graveleux de l'Amérique septentrionale, depuis le Canada et la Nouvelle-Angle terre jusqu'à la Floride. Le bois de cet arbre a le grain assez fin et assez serré; il a beaucoup deforce et dure long-temps ; mais, comme il n'acquiert pas de grandes dimensions, cela borne son emploi à certains ouvrages. On s'en sert principalement dans le pays pour faire des pieux, du merrain, et pour le charronnage. La disposition oblique de ses branches le rend propre à être employé pour les genoux des Vaisseaux. L'avantage qu'il a de pouvoir croître dans les terrains secs et maigres, est un motif suffisant pour qu'on cherche à le multiplier en France"

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Chêne a féuilleí en ltrb : Quercus tyiata, Willd*, Spec., 4, p. 453; Mich., Arb. Amer., 2* p. 42, t. 5. Ses feuilles sont oblongues, sinuées, glabres, ayant leurs lobes inférieurs entiers et plus courts, les supérieurs dilatés, tronqués et souvent échan- crés, le terminal à trois pointes. Les glands sont arrondis, |>lus larges que longs, comme déprimés à leur sommet, presque complètement renfermés dans une cupule qui est hérissée d'é- cailles terminées en pointes courtes et rudes. Cette espèce croît dans les marais et sur les bords des rivières des parties basses et maritimes des deux Carolines, de la Géorgie et de la Floride orientale ; elle parvient à une élévation et à un dia- mètre considérables. !(. Michaux fils dit en avoir vu des indi- vidus qui avoient plus de quatre-vingts pieds de hauteur sur dix à douze pieds de tour; son bois, quoique inférieur en qualité à celui du chêne blanc, est néanmoins estimé pour plusieurs sortes d'ouvrages. Cet arbre ne pourroit réussir en France que dans les parties les plus chaudes de nos départe-* mens du Midi.

CHENE oliviforme : Quercus olivaformis, Mich., Arb* Amer.,

2, pag. 32 , t. 2. Ses feuilles sont oblongues, glabres, glauques en-dessous, profondément et inégalement lobées. Ses glands sont ovales-alongés, presque entièrement renfermés dans une cupule qui a sa surface revêtue d'écailles saillantes, dont les pointes se recourbent en arrière, excepté vers le bord su- périeur, où elles se terminent en filamens déliés et flexibles. Cette espèce forme un arbre de soixante à soixante-dix pieds de hauteur ; elle croît dans l'Amérique septentrionale, sur les bords de la rivière de Hudson et dans l'Etat de New-Yorck. La disposition particulière des branches secondaires de ce chêne f qui sont menues, flexibles et toujours inclinées vers la terre, le rend très-propre à être cultivé pour l'embellissement des parcs et des jardins paysagers.

Chêne a gros fruit: Querctts macro carpa, Willd.^ Spec 4, p. 453 ; Mich., Arb. Amer., 2, p. 34, t. 3* Ses feuilles sont oblongues, d'un vert un peu sombre, légèrement pubescente# en-dessous, sinuées profondément ou découpées en lobes iné- gaux, plus grandes que celles d'aucune auirj espèce connue, ayant souvent quinze pouces de longueur, sur huit poUces dans leur partie la plus large. Les glands sont ovoïdes, plus gros que 8. 27

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ceux d'aucun autre chêne de l'Amérique septentrionale, eu de l'ancien continent, contenus jusqu'à moitié, ou jusqu'aux deux tiers * dans une cupule épaisse et hémisphérique, revêtue, dans la plus grandte partie de son étendue, d'écailles ovales aiguës, et garnie en son bord de fílamens déliés et flexibles.

Ce chêne croit dans l'Amérique septentrionale, dans toute/ tes contrées qui sont à l'ouest des monts Alléghanis : c'est un très-bel arbre qui s'élève à soixante ou quatre-vingts pieds. Son beau port, la hauteur à laquelle il peut parvenir, l'ampleur de ses feuilles, là grosseur énorme de ses fruits, sont bien faits pour attirer l'attention des amateurs de cultures étrangères, et pour lui mériter une place dans 14K parcs et les grands jardins.

CHENE CHEVELU : Quercus cerr is ¡Linn., Spec., i /f 15 ; Lois., in Nov.Duham., 7, p. 182, t. 5j. Le chêne chevelu est un très- bel arbre, qui parvient à une hauteur et une grosseur égales à celles des plus grandes espèces de ce genre ; ses feuilles sont pétiolées, oblongues, glabres, et d'un vert un peu foncé en-dessus, pubescentes en-dessous, rétrécies à leur base, si- nuées - pinnatifides en leurs bords, eu partagées en lobes oblongs, lancéolées, dentées. Les glands, portés deux à quatre, prés les uns des autres, sur un pédoncule ligneux, long de quelques lignes, d'un pouce au plus, quelquefois presque ses- siles, sont ovoïdes-alongés, enfermés jusqu'au tiers inférieur dans une cupule revêtue d'écailles étroites, pointues, subulées, diversement contournées, qui la font paroitre comme chevelue" Cette espèce croît en Espagne, en Italie et dans plusieurs pro- vinces de France , comme la Provence, la Bourgogne , la Franche-Comté, le Poitou, etc. Le bois du chêne chevelu est d'une.excellente qualité ; il est employé par les tourneurs, les menuisiers, les charrons, les tonneliers; on s'en sert dans les constructions navales. La chair des cochons qui ont été nourris avec son gland est délicieuse, ferme, et se conserve long- temps.

CHENE DE TOURNEFORT : Quercus Toumefortii, Willden. f Spec., 4, p. 453; Quercus cerris, 01iv.,Voy., 1 ,p. 221, 1.12. Cette espèce a beaucoup de rapports avec la précédente ; mais elle en diffère par ses feuilles cotonneuses en-dessous, plus profondément pinnatifides, à lobes dktaps très-entiers? et

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par ses fruits plus gros. Elle croît dans l'Arménie, l'Asie mi- neure et la Syrie. C'est particulièrement ce chêne, et le chêne à grappes, que les Turcs emploient dans leurs constructions navales : on l'apporte à l'arsenal de Constantinople des côte" de la mer Noire, et on s'en sert le plus souvent pour la char- pente des maisons.

Histoire du Chêne en général.

Le chêne domine en roi parmi les arbres de l'Europe : c'est le plus beau comme le plus robuste des habitans de nos forêts. C'est son image qui s'offre d'abord à*la poésie quand elle veut peindre la force qui résiste, comme celle du lion pour exprimer la force qui agit : le nom latin robur indique cette vigueur qui caractérise le chêne. C'est par cette qualité, plutôt que par sa grosseur, que le chêne l'emporte sur tous les arbres indigènes, et sur un grand nombre de ceux des autres climats. Il ne s'é- lève jamais aussi haut que quelques espèces de pins et de pal- miers, et son tronc n'acquiert jamais les dimensions effrayantes* de celui du baobab , le plus gros des enfans de la terre.

Quoique la vie du chêne ne soit pas non plus comparable k celle de ces oolosses des bords du Niger, dont quelques-uns paroissent dater d'aussi loin que les premiers souvenirs des hommes, elle n'en est pas moins très-longue relativement à la nôtre et à celle de la plupart des créatures.

Plot et Ray citent plusieurs chênes d'une grosseur vraiment étonnante. Les branches de l'un, mesurées depuis le tronc, avoient cinquante-quatre pieds de longueur; un autre, de trente pieds de circonférence, s'élevoit jusqu'à cent trente.

Le malheureux Charles I.e% roi d'Angleterre, fit employer dans la construction d'un vaisseau fameux un chêne qui four- nit quatre poutres, chacune de quarante-quatre pieds de Ipng, sur quatre pieds neuf pouces de diamètre.

Daléchamps, vol. 1, p. 11 , dit qu'on voyoit de son temps, dans la forêt de Tronsac en Berry, un chêne d'une élévation et d'une grosseur presqu'incroyables : François I.*r, charmé de la beauté de cet arbre, le fit entourer d'une terrasse et d'une barrière, et venoit se délasser sous son ombrage quand il avoit chassé dans cette forêt.

PÎine, liv. i6, chap. 44, fait mention d'une yeuse que l'on

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voyoit de son temps, prés de Tusculum, dans le voisinage d'un bois consacré à Diane. Le tronc de cet arbre merveilleux avoit trente-quatre pieds de tour, et donnoit naissance à dix branches principales qui, parleur grandeur et leur grosseur, valoient chacune un gros arbre, de sorte que cette yeuse for- moit à elle seule une petite forêt.

Le chêne croît lentement : un chêne de cent ans n'a souvent pas plus d'un pied de diamètre : c'est jusqu'à quarante ans en- viron que son accroissement est le plus prompt ; après cette époque, il devient moins sensible, et se ralentit progressive- ment. Le chêne vit communément deux à trois cents ans, et encore la main de l'homme vient le plus souvent abréger son ¦existence; car, si l'on calculoit l'àge auquel cet arbre peut atteindre par la grosseur à laquelle les chênes dont il vient d'être parlé sont parvenus, on croiroit facilement qu'un chêne peut vivre dix à douze siècles et plus. Pline, dans le chapitre déjà cité, rapporte qu'il y avoit sur le Vatican une yeuse plu* ancienne que Rome, et sur laquelle une inscription étrusque, en caractères d'airain, indiquoit que dès ces temps reculés elle avoit été l'objet de la vénération des hommes.

Le chêne commence tard à donner des fruits ; on a remarqué que sa fécondité augmente avec son âge, et que c'est dans la vieillesse qu'il porte le plus. Ce fruit, d'une forme assez par- ticulière , et connu de toute antiquité sous le nom de gland, a donné son nom à plusieurs sortes d'ornemens dont il a fourni la première idée.

C'étoit, dans la Grèce, une tradition universellement reçue, que les premiers habitans de ce pays, venus des environs de la mer Caspienne, et établis dans la partie montagneuse de l'Epire, appelée Chaonie, y avoientlong-temps vécu de glands. C'est sans doute à cause de cela que Virgile appelle quelque part ce fruit glandem chaoniam. C'est sans doute aussi la véri- table origine de, la célébrité des chênes de Dodone, situés dans cette partie de la Grèce, et du respect qu'on " leur por- toit.

Les Arcadiens prétendoient avoir appris de Pélasge , fils de Jupiter et de Niobé, à se nourrir de glands. Ils conservèrent cet usage lors même que les autres Grecs vivoient de céréales: c" qui leur fit donner le surnom de balanophages.

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' Ovide met le gland airrang des fruits qui faisoient les délice" Jes hommes pendant l'àge d'or.

Ipsa quoque immunis, rastroque intacta, nec ullis Saucia Yomeribus, per te dabat omnia tellus:

Contentique cibis nullo cogente creatis,

- Arbuteot fœtus montanaque fraga* legebant,

Cornaque, et in durit hærentia raora rubetis,

Et qu" deciderant patulâ Jovit arbore glandes.

METAMORPH. lib, I, r. loi.

On ne peut entendre par cet âge d'or que l'époque qui a précédé la civilisation des peuples de l'Europe, et oùles hom- mes, sauvages et sans industrie, n'avoient encore pour nourri- ture que les fruits des forêts. Si l'on a plus parlé des glands que des autres, c'est qu'ils sont les plus abondans dans les forêts de l'Europe, et qu'il paroît d'ailleurs certain que dans ces temps reculés on appeloit glands la plupart des fruits, au moins tous les fruits durs, comme on appeloit chênes la plupart des arbres. Glandis appellation¿ omnesfructus continentur, dit Pline, liv. 7, chap. 56. Le même auteur appelle ailleurs la faîne du hêtre glans fagi, et l'on donnoit au noyer le nom de Dios bala- nos, Jovis glans, dont j uglans est l'abrégé. Ainsi, lorsqu'on lit dans plusieurs auteurs anciens que les glands furent la princi- pale nourriture des premiers h^bitans de l'Europe, on voit que ce n'est pas uniquement des fruits du chêne / mais des fruits en général qu'il faut l'entendre.

Au reste, les glands de plusieurs espèces de chênes sont réellement doux et bons à manger, comme les noisettes elles châtaignes. On a mangé, de toute antiquité, et on mange en- core aujourd'hui en Portugal, dans quelques parties de l'Es- pagne et de l'Italie, les glands du chêne-liége, du chêne-ballote, et autres. Dans toutes les villes de la Morée et de l'Asie mineure, Olivier rapporte qu'on vend dans les marchés une espèce de gland de chêne bon à manger. Dans la Mésopotamie et dans le Curdistan les glands sont gros et longs comme le doigt, et très-bons à manger, selon Michaux. Les Barbaresques, d'après ^f. Desfontaines, mangent les glands du chêne-ballote crus ou torréfiés; les habitans de l'Atlas s'en nourrissent une partie de Tannée, ét en Espagne et en Portugal les plantations de bal- lote sont d'un très-bon produit^ Dans l'Amérique septenario-

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nalé, M. Michaux fils dit que plusieurs espèces de chênes pro* duisent des glands doux et bons à manger, et il cite entre autres le chêne blanc, le chêne prinus, le chêne de montagne, et le chincapin.

Pline dit que les glands font même, en temps de paix, la richesse de plusieurs nations, et parle de Part d'en faire du pain, connu de son temps.

Les habitans des montagnes du Liban recueillent, quànd ils manquent d'autres vivres, les glands du chêne, et les mangent bouillis ou cuits sous la cendre.

Galien raconte que, pendant une longue famine, les habi^ tans de son pays furent obligés de se nourrir de glands.

Simon Paulli dit que la même chose arriva de son temps dans le Meckelbourg, sa patrie, après la guerre de Bohème.

En France, dans une année de disette (1709), de pauvres gens firent du pain avec la farine de nos glands communs. Quoique ce pain fût désagréable, il s'en fit une grande con- sommation dans quelques provinces.

Ces deux derniers faits prouvent que les glands, même ceux de nos chênes communs, peuvent être de quelque ressource dans Une grande famine. Linnæus conseille de les torréfier avant de les moudre, pour rendre moins lourd Je pain qu'on en fait ; et M. Bosc dit qü'on peut ôter à ces glands un peu de leur âpreté, en les faisant cuire dans une lessive alcaline.

Si les hommes peuvent manger certaines espèces de glands, toutes indifféremment fournissent utie nourriture abondante à des animaux sauvages de nature diverse. En Europe, le cerf * le chevreuil et le sanglier vivent, peîidant tout l'hiver, du gland des chênes de nos bois. En Asie , les faisans, les pigeons ramiers le partagent avec les bêtes fauveá. Dans l'Amérique septentrionale, l'ours, l'écnreuii, le pigeou et la dinde sau- vages recherchent aussi le gland des chênes. Plusieurs espèces de quadrupèdes et d'oiseaux de ce continent, ayant consommé lès glands d*un territoire, se rendent par troupes innombrables dans les pays où ces fruits se trouvent plus abondans.

Parmi nos animaux domestiques, le cochon est celui qui recherche le plus les glands pour en faire sa nourriture ; mais 011 peut habituer plusleürs autres animaux à en manger, et vu les faisant un peu cuire et légèrement concasser, on pourroit

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fcnnourriTtoutessôrtesde volailles. Leí dindes principalement en sont en général très-friandes, et les avalent tout entiers.

Toutes les parties du chêne sont en général styptiques et as- tringen tes 5 ce sont ces propriétés résidant éminemment dans son écorce, qui la rendent la plus propre au tannage des cuirs. On n'emploie ordinairement que celle des taillis de quinze à trente ans, quoique celle du bois plus vieux soit au moins aussi bonne.

C'est à la séve du printemps qu'on dépouille le chêne de son écorce, qu'il faut laisser sécher à l'ombre. La meilleure est celle des arbres qui ont crû dans un terrain sec ; celle de cer- taines espèces, comme le tauzin ou chêne des Pyrénées, pa- roît aussi contenir plus abondamment le tannin , ce principe astringent, qui donne de la solidité au cuir.

Lorsqu'on est obligé d'employer du bois de chên eencore vert, Il suffit, dit-on, pour lui donner promptement les qualités du bois sec et pour le garantir des vers, de le laisser quelques mois seulement dans l'eau.

L'aubier du chêne est très-épais et très-marqué. Il est dé- tendu aux ouvriers, par leurs statuts, de l'employer, parce qu'il pourrit facilement, et ne tarde pas à être attaqué par les vers.

Buffon, Duhamel, Varenne de Fenille et Hassenfratz ont fait des expériences sur les moyens d'augmenter la force, la solidité, la durée du bois de chêne, et de donner à l'aubier la même qualité qu'au bois même : ces moyens consistoient à écorcer et à laisser sécher les arbres sur pied avant de les abattre. Il avoit paru résultersurtout des expériences de Buf- fon et de Duhamel, que le bois, écorcé avant d'être abattu , devenoit plus dur, plus ferme, plus pesant, plus fort ; d'où 51s avoient cru pouvoir conclure qu'il devoit aussi être de plus longue durée : mais plusieurs forestiers recommandables par leurs connoissances, entre autres M. Becker, inspecteur des forêts à Rostock, et M. Laurop , grand-maître des forêts du duché de Berg, reprochent à Buffon et à Duhamel de s'être trompés dans les conclusions qu'ils ont tirées de leurs expérien- ces, et de n'avoir pas d'ailleurs fait ces dernières avec toute Fexactitude nécessaire. MM. Becker et Laurop n'attribuent la plus grande pesanteur et la plus grande ténacité des chênes 'écorcés sur pied par Buffoa et Duhamel, qu'à ce que le bois

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de ces arbres n'étoit pas suffisamment desséché, et qu'il l'étoit dans toutes les proportions beaucoup moins que celui des chênes qui avoient été abattus dès le commencement des expé- riences, et qui avoient séché pendant deux ans dans leur écorce; car c'étoit avec du bois de ces derniers que Buffon avoit fait ses expériences comparatives.

M. Baudrillard, qui a écrit sur le même sujet, assure d'ail- leurs que l'écorcement des bois a l'inconvénient de renfermer dans le corps des arbres un amas de sucs fermentescibles qui, par la facilité avec laquelle ils se dissolvent à l'humidité, don- nent lieu à la pourriture; que ces mêmes^ucs occasionent les fentes qui se forment dans ces sortes de bois pendant l'été et pendant les gelées. Enfin, ce qui doit encore faire prohiber la méthode de l'écorcement, c'est la cherté de cette opération, la mort des souches qui en est la suite, la perte de l'écorce des branches, et l'analogie qui existe entre les arbres morts sur pied par l'effet de l'écorcement, et ceux dont la mort est naturelle , lesquels sont généralement réputés mauvais par les ouvriers qui font l'emploi de leur bois.

Un végétal aussi considérable que le chêne ne peut man- quer de nourrir et d'abriter un très-grand nombre d'insectes. On en trouve plus de deux cents espèces sur les chênes des en- virons de Paris seulement.

Il n'est point de partie du chêne qui ne serve d'aliment ou de retraite à quelque insecte : une foule de larves, de celles des coléoptères surtout, perforent son bois, malgré sa dureté.

Nous avons parlé du kermès ou delà cochenille , qui fournit la graine d'écarlate, et de l'insecte qui produit la galle du commerce : nous n'y reviendrons pas. D'autres cochenilles vivent sur différentes espèces de chênes, mais ne servent à aucun usage.

Plusieurs espèces de diplolèpes vivent aussi aux dépens du chêne, et chacune s'attache à une partie différente et déter- minée, aux feuilles, aux pétioles, aux fleurs, aux pédon- cules , etc. Les femelles percent l'épiderme à l'aide d'un aiguillon ou tarrière qui est en même temps Yoviductus, et iléposentun œuf dans cette piqûre. Bientôt l'extravasation des sucs forme k cette place une protubérance qui va toujours en croissant, où Fœuf éclot, où vit la larve, et où la nymphe est

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en sûreté jusqu'à sa métamorphose en insecte ailé. Ces protu- bérances, qu'on appelle galles, affectent, suivant l'espèce qui les a produites, des formes particulières, et diffèrent beaucoup par leur consistance, leur couleur et leur grosseur.

Culture du Chêne.

On ne sème pas toujours les arbres pour les multiplier : les uns se multiplient facilement par la voie des boutures, des marcottes; les autres produisent de leur souche de nombreux rejetons qu'on peut transplanter facilement, et qui fournissent un moyen expéditif que l'on emploie pour leur propagation : mais, pour les grands arbres forestiers, et surtout pour le chêne, la meilleure manière de les multiplier, et même la seule pra- ticable , est celle des semis. La greffe par approche, la seule qui réussisse pour le chêne, doit être considérée moins comme un moyen de multiplication, que comme une manière de con- server les espèces rares et étrangères qu'on n'a pas la facilité de multiplier autrement, et qui sont seulement destinées à servir à l'ornement des jardins d'agrément.

Les glands que l'on destine à faire des semis, doivent être parfaitement mûrs : on ne les cueille point ; niais on les ramasse quand ils tombent d'eux-mêmes pendant l'automne. Ceux qui tombent les premiers sont ordinairement piqués de vers; ils ne valent rien pour semer, et ne sont propres qu'à la nour- riture des pourceaux. Ces premiers glands exceptés, on doit ramasser les autres à mesure qu'ils tombent, c'est-à-dire, tous les deux ou trois jours, et les déposer dans des greniers jus- qu'au moment de les semer, si on se propose de le faire avant l'hiver; mais, si l'on ne peut faire ses semis qu'au printemps, il faut les stratifier dans du sable ou de la terre sèche, dans un lieu frais, mais qui ne soit point humide. On fera bien de visi- ter de temps en temps les glands qu'on aura déposés dans le sable, parce que, si dans le mois de janvier ils paroissoient se dessécher, il faudroit arroser le sable avec un peu d'eau ; et si, au contraire, ils commençoient^à germer, il faudroit se préparer à les mettre en terre dès le commencement de février, ou au moins dès qu'il ne gèleroit pas. Quand on sème les glands en automne, on est dispensé de ces soins, et les semis réus- sissent mieux en général jtmais les sangliers, les mulots, et plu-

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sieurs autres animaux, qui se nourrissent de glands, en dé- truisent Souvent beaucoup.

Soit qu'on sème les glands en automne ou au printemps, cette opération peut se pratiquer de trois manières. On sème les glands par petits tas, de distance en distance, comme à trois pieds l'un de l'autre; dans des fosses faites à la houe, à quatre pieds l'une de l'autre ; ou bien par rangées faites à la charrue et à la même distance, à peu près, que les fosses; ou, enfin, ¦à ft les sème en plein, comme on fait ordinairement pour le hlé et les autres céréales. Les glands ne doivent pas être trop recouverts; il suffit qu'ils le soient,d'un ou deux pouces de terre*

Quand on fait de grands semis de glands, il faut renoncer A leur donner aucune culture particulière, afin d'éviter des frais considérables. Le mieux est alors de semer le gland dans tôutes les raies faites avec la charrue, et d'y mettre beaucoup plus de semence qu'il n'en faudroit, parce que l'abondance des jeunes chênes qui en naîtront, prendra plus facilement le dessus des mauvaises herbes ; d'ailleurs les pieds les plus vigou- reux étouffent par la suite les plus foibles : c'est là le moyen le plus simple d'avoir, avec le temps, une belle futaie.

.Quand on destine les semis de chêne à être transplantés pour être mis en avenue, en quinconce ou autrement, il faut les élever exprès dans des pépinières particulières, et leur donner les soins nécessaires pour en faire des arbres de belle Ibime, et qui supportent bien la transplantation. On prend donô des glands choisis, et on les sème dans un bon ter* tain bien ameubli par plusieurs labours.

Au bout de deux ans, on lèye les jeunes chênes, on leur coupe le pivot ; à cet âge ils souffrent très-peu de cette opé- ration : on les replante tout de suite en pépinière à la dis-f tance d'un pied l*un de l'autre. Chaque année on les laboure a la bêche en automne; on leur donne un binage à la fin du printemps ou au commencement de l'été, pour les débar- rasser des mauvaises herbes , et enfin on élague leurs branches surabondantes ou mal placées, afin de les forcer à croître aussi droit que possible. Après qu'ils ont resté ainsi quatre ans en pépinière, on les arrache de nouveau par rangs en- tiers . en fouillant jusqu'au dessoude leurs plus basses ra-

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cines , et on les replante à deux pieds de distance pour les cultiver encore pendant trois à quatre ans. Ils sont alors bons k mettre en place; ils.auront*fait d'excellentes racines, et on pourra les planter avec la certitude de les voir presque tous bien reprendre.

Les racines des chênes sont extrêmement sensibles au hále ; elles se desséchent rapidement lorsque le vent est au nord, QU qu'il fait un beau soleil: il est donc à propos de ne laisser ces arbres hors de terre que le moins qu'il sera possible, et de ne planter qu'à mesure qu'on les arrachera, toutes les fois que la proximité de la pépinière le permettra ; il sera encore avan- tageux de choisir un temps couvert. L'époque la plus favo- rable pour la transplantation des chênes est l'automne, im- médiatement après les premières gelées, afin que, pendant l'hiver, la terre ait le temps de se tasser autour des racines par l'effet des pluies. Une chose dont on doit bien se garder en plantant le chêne, c'est de lui couper la tête, comme on le fait à certains arbres.

Le chêne n'est point délicat sur la nature du terrain ; s'il a beaucoup de fond, il formera des arbres énormes qui auront plus de cinquante pieds de tige; si la bonne terre s'étend à une moindre profondeur, il ne fournira que des poutrelles et du bois de charpente de six à huit pouces d'équarrissage ; enfin, si le terrain a fort peu de fond, il ne pourra donner que du taillis. La nature du terrain influe encore sur la qua- lité du bois : il sera de bonne qualité dans une terre bonne et un peu sèche ;^1 ne deviendra pas si gros, mais il sera fort dur, dans le gravier allié de bonne terre ; il sera de belle taille 9 mais tendre, sur la glaise et dans les sables humides. La situa- tion est également à considérer ; car on n'obtient que du bois gras dans les vallées, et le bois est beaucoup plus dur sur les hauteurs. Celui des chênes élevés dans les haies et exposés k l'air de tous les côtés, est plus ferme et plus rustique que celui qui vient en massif.

Tout ce qui vient d'être dit sur la manière de faire des se- mis de chêne , a principalement rapport au rouvre et au chêne à grappes, qui font la masse de nos forêts ; cela peut être aussi appliqué au chêne chevelu, au chêne pyramidal, au tauzin, et autres espèces indigènes ou parfaitement acclimatées; mais

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plusieurs autres, qui sont exotiques et encore rares , exigeront, jusqu'à ce qu'elies soient plus multipliées, une culture plus soignée, pelles qui appartiennent à des climats plus chaud* que celui de Paris, demanderont, dans leur premier âge sur- tout, à etre préservées du froid pendant l'hiver. Leurs semis seront faits avec d'autant plus de soin que les espèces seront plus rares, et qu'on aura moins de leur gland. Dans ce dernier cas, les semis ne seront faits que dans des pots ou des terrines, et pendant plusieurs hivers on les rentrera dans l'orangerie# Au défaut de glands pour multiplier les espèces rares , on aura recours aux marcottes, et mieux encore à la greffe par approche, en prenant pour sujets des plants de trois à quatre ans du chêne à grappes, pour les espèces qui perdent leurs feuilles pendant l'hiver, et du chêne yeuse pour celles qui les conservent. (L.D.)

CHENE DES GRANDES INDES. C'est le tek, teka grandis, nommé lectona par Linnæus fils, et dont le bois est très-solide.

CHENE FRANÇOIS. Dans les Antilles angloises on nomme ainsi, suivant Aublet, le grignon, bucida buceras.

CHENE KERMES. Voyez CHENE.

CHENE MARIN. Espèce de varec, fucus vesiculosus, que Lobe! nominoit quercus marina.

Chêne noir d'Amérique, Chêne a silique9. On nomme ainsi en Amérique l'espèce de tatalpa à feuilles ovales et'ondées, et à siliques longues et menues, catalpa longissima, décrite par Jacquin et Linnæus sous le nom de bignonia, dont le bois, très- dur, ressemble un peu à celui du chêne.

CHENE PETIT, nom populaire de la germandrée§ teucriumcha- v mœdrys, herbe basse qui, par son feuillage sinué, ressemble à un chêne poussant. On la nomme aussi chênette.

CHENE VERT. Voyez CHENE. (J.)

CHENEROTES. (Ornith.) Voyez Ch enalopex. (CH.D.)

CHÊNETTE (Bot.), nom donné à quelques herbes qui ont le feuillage du chêne, telles que la germandrée, teucrium chamœ- drys; une véronique, veronica chamœdrys ; une dryade, dryas oc tope tala. (J.)

CHENEVIS (Bot.), nom vulgaire du chanvre , ou plutôt de sa graine, d'où vient celui de chenevottes, donné à ses tiges dépouillées de leur écorce, dont on fait de bonnes allumettes, qui s'enflamment facilement. (J.)

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CHENGO-VERAG (Bot.), nom hongrois du millepertuis, suivant Mentzel. (J.)

CHÊNIER. (Bot.) Ce nom est donné par M. Paulet à deux champignons du genre Agaric, qui croissent principalement sous les chênes.

L'un est le CHENIER DUR (Paul., pl. 84, fig. 3-5). Il appar- tient à la famille des feuillets faucilleurs. Son pédicule cylin- drique et ferme porte un chapeau roux foncé, garni en-dessous de feuillets de même couleur. Sa chair est blanche, ferme, coriace, d'une saveur fade qui répugne. Néanmoins, ce cham- pignon n'a pas incommodé les animaux auxquels on en a fait manger. Il se trouve au bois de Boulogne.

Le second chênier est le CHENIER VENTRU (Paul., tab. 5i , fig. 1-4); Agaricus crassipes, Schœff., tab. 87-88. Il appartient à la famille que Paulet nomme le gros clou. Il est commun aux environs de Paris, et facile à reconnoitre à son odeur de bois de chêne. Il a une saveur de champignon qui n'est point désa- gréable; des essais faits sur des animaux prouvent qu'il n'est point malfaisant. On le trouve, solitaire, ou par touffes, au pied des chênes. Son chapeau est fauve ou marron, garni en dessous de feuillets blancs roussàtres. Le pied est coriace, ven- tru, et d'un roux foncé presque noir. (LEM.)

CHENILLE (Entom.) : Eruca, Pline; Kcijm7rn, Théophraste. On nomme ainsi particulièrement le¿ larves des insectes à quatre ailes écailleuses, ouïes lépidoptères, sous leur premier état, depuis leur sortie de l'ceuf jusqu'à l'époque où ils se transforment en chrysalide. On appelle cependant encore fausses chenilles les larves de quelques hyménoptères* comme celles des uropristes ou des mouches à scie.

On reconnoît, en général, les chenilles ou les larves de" lépidoptères à leur corps alongé , composé de douze anneaux ou articulations, la tête non comprise; garni de neuf bouton- nières ou trous destinés à la respiration, situés de chaque côté du corps, et qu'on nomme stigmates. Toutes les chenilles ont d'abord six pattes écailleuses ou à crochets simples, cor- respondant aux trois premiers anneaux et aux pattes que l'in- secte doit avoir sous l'état parfait ; et, en outre, un nombre variable de tubercules ou d'appendices courts, membraneux, garnis chacun de rangées de petits crochets recourbés en 4e-"

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dans, qui servent aussi de véritables membres, ou de moyens de transport, à l'insecte.

Roè'sel, Lyonnet, Réaumur, ont fait connoîtreun grand nombre de chenilles, et leur organisation ; mais leur histoire tient à celle des lépidoptères en général, et nous renvoyons a cet article tous les détails de mœurs, de forme et d'organi- sation que présentent ces insectes sous ce premier état. Nous allons indiquer succinctement, dans cet article, les principales différences qui doivent être connues de tous les entomolo- gistes.

Chacun des genres et même des sous-genres des lépidoptères offre des configurations, des habitudes, et même une struc- ture variée. C'est ainsi, par exemple, que, pour le nombre des pattes, les uns en ont huit, d'autres dix, douze, quatorze ou seize. Les phalènes, dites géomètres, d'après la forme de leurs chenilles, qui ne peuvent se transporter qu'en mesurant pour ainsi dire l'espace à pas comptés, ne peuvent changer de place que par le rapprochement des tubercules qui se trouvent placés à l'extrémité de leur corps, et qui font l'of- fice de crochets, sur lesquels tout l'animal s'appuie pour faire lâcher prise aux pattes écailleuses et à l'extrémité antérieure, laquelle se redresse et se porte juste au degré le plus considé- rable d'extension auquel elle puisse parvenir. Arrivées là, les pattes articulées, ou à crochet simple, saisissent les aspérités de la surface,' s'y accrochent à leur tour, et deviennent le nou- veau point d'appui vers lequel les tubercules postérieurs vien- nent adhérer de nouveau. La plupart de ces chenilles sont rases, et de la couleur des tiges des plantes ou des arbustes sur lesquels elles sont appelées à vivre. Souvent elles se tiennent immobiles sur ces tiges, en formant avec elles un angle sem- blable à celui sous lequel s'éloignent le plus ordinairement les branches du végétal, ce qui leur donne l'apparence d'une tige tronquée, et ce qui les a fait nommer arpenteuses en bâton. Les chenilles à huit pattes, c'est-à-dire à deux paires de tubercules seulement, vivent ordinairement dans des étuis ou des four- reaux qu'elles se construisent elles-mêmes, en rapprochant des feuilles ou d'autresmatières tantôt animales, tantôt végétales, à l'aide de fils de soie : telles sont celles des teignes, des lithosies.

La forme des chenilles ne varie pas moins. Les unes sont

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demi-cylindriques, comme celle du bombyce du trèfle ; d'autres sont quadrangulaires , ou présentent des plans anguleux, comme celles de certains sphinx ; d'autres sont courtes, ovales, et ont été comparées à des cloportes, à des poissons. Le^unes sont rases, lisses et polies, tout-à-fait étiolées ou colorées diversement ; d'autres ont la peau tuberculeuse ou chagrinée , et dure au toucher, garnie de pointes cornées simples eu ra- mi fiées. Il en est qui sont excessivement velues, et qu'on a nommées pour cette raison martres ou hérissonnes. Dans quel?* ques espèces, comme dans celle du bombyce du pin, dans la processionnaire, dans la fuligineuse, ces poils se cassent très* facilement, et produisent des ampoules ou une sorte d'érysi- pèle sur la peau de l'homme dans laquelle ils pénètrent. Ces poils sont tantôt disposés en aigrettes, en faisceaux, en brosses, en plumes diversement colorées, que Von a comparées, sui~ vant leur situation sur le corps de l'animal, à des oreilles, des bosses, des panaches.

Quelques-unes, comme celles des papillons machaon, poda" lyre, et autres dits chevaliers, font sortir une sorte de tuber- cule charnu en Y, de l'espace compris entre le cou et la téte ; d'autres, comme les chenilles dites à queue fourchue, ont le dernier anneau du corps terminé par deux tentacules protrac- tiles qui paroissent, comme dans les premières, avoir pour usage d'éloigner, à l'aide d'une liqueur qui suinte de ces parties, les animaux qu'elles ont à craindre.

Beaucoup de chenilles vivent en société : les unes d'une ma- nière permanente, et pour tout le temps où elles doivent conser- ver cette forme, comme celles des bombyees, dites procession- naires ; cellesdebeaucoup de phalènes d'alucites et d'yponomeu-* tes, en se filant une tente commune sous laquelle elles se retirent dans les temps de pluie, dans le jour ou dans la nuit, suivant que les espèces se nourrissent et doivent éviter plus ou moins certains oiseaux dits échenilleurs. D'autres vivent isolées : c'est ainsi, par exemple, que parmi les papillons, les paons de jour proviennent de chenilles qui ont été déposées toutes ensemble sur les orties, où on les trouve constamment en grand nombrey tandis que Vatalante, le C. blanc, vivent solitairement* Les unes fuient la lumière, et se trouvent sur les racines, comme celles des hépialcs; dans le tronc des arbres, commfi;

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celle des cossus; dans les ruches des abeilles, comme les gaU léries; dans les étoffes de laine, la fourrure des animaux, les semences des graminées, comme celles des teignes; dans les fruitÿ, comme les pyrales, etc. : mais la plupart des chenilles se nourrissent des feuilles des plantes, tantôt ,bornées à une seule espèce, tantôt à plusieurs végétaux, comme l'a donné à observer la chenille du sphinx du troè'ne, que l'on trouve $ussi sur le lilas et sur le frêne ; celle du papillon brassicaire, qui vit sur la capucine et sur le réséda.

Les chenilles sont en général très-voraces : on a observé par exemple que dans/certains jours la chenille du mûrier, vulgai- rement dite le ver ¿soie, dévoroit le double de son poids de matière végétale.

Toutes les chenilles, en se développant, ont besoin de chan- ger de peau, afín que leursparties puissent être contenues dans leur tégumept. C'est une opération admirable que cette mue, dans laquelle l'insecte se dépouille de toutes ses parties exté- rieures, dont il sort comme d'une envelope ou d'un fourreau dans lequel il étoit contenu. A cette époque, qui se renou- velle jusqu'à huit ou neuf fois pour certaines espèces, l'indi- vidu éprouve une sorte de maladie. Il reste sans prendre de nourriture, il se gonfle; sa peau éclate et se fend ordinaire- ment en longueur sur le dos, et c'est par cette fente qu'il sort en abandonnant sa dépouille. Dans cette peau de l'insecte on retrouve l'étui de toutes les parties, des mâchoires, des ongles, du crâne, des anneaux, des stigmates, des cornes, des épines, et quelquefois même des poils.

Dans quelques cas, comme dans la première mue du bom- byce du mûrier, la chenille, de velue qu'elle étoit, devient rase; mais le plus ordinairement, comme on peut le voir dans celles de la noctuelle du bouillon, du groseillier, etc., les taches et les couleurs de chaque mue sont autrement dispo- sées, et d'une autre teinte, qui la fait aisément distinguer.

En sortant de la peau que la chenille abandonne, toutes ses parties sont dans un état de mollesse qui ne cesse que par son exposition à l'air : enfin, à l'époque déterminée par la nature pour la métamorphose ou pour le changement en chrysalide, chacune des espèces, par une sorte d'instinct, se retire dans le lieu convenable, pour y travailler tranquillement

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aux Móyens de se mettre en sûreté et de sé protéger côntrè les Ennemis divers attachés à sa destruction. Les unes sè filent urt follicule ou un cocon, avec un art très-varié, ou se construi- sent une sorte de tombeaü, de coque solide, ovalaire ou cy- lindrique : tels sont la plupart des lépidoptères nocturnes. D'autres se métamorphosent à l'air libre, en se fixant par la queue, et quelquefois en même temps parle milieu du corps,* k quelques substances solides : tels sont les papillons de jour.

Voyez, pour plus de détails, les articles INSECTE, METAMOR- PHOSE* CHRYSALIDE, LEPIDOPTERES , et tous les mots imprimés' ci-dessous, auxquels nous renvoyons le lecteur afin d'éviter* lès répétitions. Voyezabssi les articles Bom^ycb, t. 5, p. i3i \ PAPILLON, SPHINX, TBIGNE. J ' ' 1 1 '

CHENILLE A QUBUE DE POISSON. Voyez BOMBYCE et PHALNB*

tAPILIONNAIRE. *

CHENILLE A AIGRETTE. Voyez NOCTUELLE DE I'ERABLK.

CHENILLE ARPENTEUSB ou GEOMETRE. Voyez PHALENE* '

CHENILLE EN BATON. Voyez PHALENE. '

CHENILLE BEDEAUDE. V. PAPILLON GAMMA , ou ROberï-lb-Diaub. CHENILLE A BROSSES. Voyez BOMBYCE PUDIQUE. }

CHENILLE DU CHOU. Voyez PAPILLON BRASSICAI^B.

CHENILLE CLOPORTE. Voyez PAPILLON, POLVOMATTS.

CHENILLE COCHONNE. Voyez SPHINX COCHONNET.

CHENILLE COMMUNE. Voyez BOMBYCE CHRYSORRHE.

CHENILLE A CORNES. Voyez SPHINX et NOCTÜELLE PSI.

CHENILLB EPINEUSE. Voyez PAPILLON.

CHENILLE FAUSSB, ou FAUSSE CHENILLE. Voyez UROPRISTES. r CHENILLE A FOURREAU. Voyez TEIGNES, PHRYGANES. J

CHENILLE HERISSONNE OU MARTRE. Voyez BOMBYCE CAJA. CHENILLE LIVREE. Voyez BOMBYCE DE NEUSTRIE.

CHENILLE A OREiLLES.*Voyez BOMBYCE DISPARATE OU ZIGZAG. CHENILLE DU PIN. Voyez BOMBYCE PYTHIOCAME.

CHENILLE PROCESSIONNAIRE. Voyez BOMBYCE.

CHENILLE QUEUE FOURCHUE. Voyez BOMBYCE VINULE.

CHENILLE DU SAULE. Voyez Cossus.

Voyez en outre les genres de l'ordre des lépidoptères, et l'article précédent. (C. D.)

CHENILLE BLANCHE. ( Conché) C'est le nom marchand deJ ta cérite buive. (De B.) ¦

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CHENîIXETTE (Bot.) , Scorpiurus, Linn., genre de plante# dicotylédones , poly pétai es, à étamines périgynes, delà famillç des légumineuses, Juss., et de la diadelpkic décandrie, Linn., dont les principaux caractères sont d'avoir un calice à einq divisions presque égales; une corolle papilionacée # à étendard ^rrpndi * à ailes presque ovales et à carène semi-lunairç9 presque yeptrue; dix étaminçs, dont neuf ayant leurs filamens réuni? à leur base ; un ovaire supérieur, surmonté d'un stylç terminé par un stigmate simple ; un légume oblong, coriace , sjllpnpé, contourné en spinale, et divisé en articulations cqb- tpuant chacune une graine.

Ce genre renferme cinq espèces, dont quatre croissent na- turellement en France, et la cinquième en Barbarie. Les che* nUlettesrsan tdes plantesherbacées, annuelles, à feuilles simples et alternes, à fleurs solitaires ou réunies plusieurs ensemble au sommet d'un kfog pédoncule axillaire. Leur nom français paroît leur venir de la ressemblance que leurs gouss^sjvertes ont avec les chenilles. Toutes ces plantes étant nulles, sous le rgpppr* 4e leurs propriétés, nous abrégerons la description des espèces, en ne rapportant que les de^x suivantes :

Chenillette veîiauçulée : $corpiurus , vermiçuLata r Lina., Spec., io5o, Gærtn.* Fruçt. 2, p. 345, t. 155, f. 4. Ses tiges sont longues de huit à dix pouces, couchées, nombreuses, légè- rement velues. Ses feuilles sont oblongues, élargies dans leur partie supérieure, rétrécies en pétiole a leur hase. Ses fleyrs sont jaunes, petites, solitaires au somn^et de chaque pédon- cule 1 et remarquables par les cinq dents profondes de Içur calice. Les légumes sont épais, roulés sur eux-mêmes, chargés de tubercules obtuq et disposés par séries longitudinales. Cette plante croît dans les champs, en Provence, en Languedoc, en Italie, etc,

CHENILLETTE SILLONNEE : Scorpiurus sulcata, Linn., Spcç., io5o ; Gærtn., Fruct,, 2, pu 346, t. 155, f. 4. Cette espèce a ses feuilles plus larges et plus obtuses que la précédente. Ses pédoncules sont ordinairement chargés de trois à quatre fleurs : ses légumes se tortillent, dans leur partie supérieure, en deux tours de spirale; ils sont marqués de sillons très-profonds, et chargés sur leur dos de quatre rangs d'épines droites, roidçs , grCles et pointues. Cette plante croît dans les champs de no" départemens méridionaux. ( L. D. )

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CHÇ 4S

CHÉNNÉ. (-Ofc tTtmye afcèlace nom , cUasnquelle*

livres, It liemié, ou alkáffiaideiiAiaiies/qui est le fcweiniaKfca t>Otaubtèi,i(J4> \n:o:> * ;M,* J -.¿ J-. *!;.

CHENNIE (EntomChermium. M. Latreille très-petits "oléoptère* à >4ea*aaEÎ*è" km ¿arsesy qtüori trouve sur la terre humide. II n'en a décrit qu'uiytieftfuèoe,' Sous le nèm de tetabetculé. Iliilim "connu de" màadtbalts, ©ntè artice" an x ttïitennea^ doûtlç dernier "st jjiUs grand fci cdmtfce glofcaïeàx. -(C" D.) : ,,v- - r.qi,..:. íítw.tmU;. ;

CHÉNOBOSCON ( Bot.), nom grec del'argentiw^

aiiî^ànt Wttitztlé (í^ 'o? - - o - C

CHENt>ÉA. {Bot,) Ce getftde vantes de JÆ. Thu"ib""¿ â été réüfcîpPtjfoéfrltîer À la ^ud^ , iqltola? dotiV 11>ditfèrfc éu- letaent pâ* sa graine reoflémér'dani'vge dapsuley^t ^oon- tournée éfrfcpiràte>(J*); o îv /' -"óu ... .¿.tV-j, ri;j Mr.. + CHÉN^POtfA. (Bo¿.) ®rejrflius *¿ dpjiiiéf*ei"oto ènkm aspalath du Mónottotap a^ipie Limiæ*k nommé^our son txspùlalhib théHopodà. 0fi tetóle ^ftbofè; feæfel'ttlft# *oi¿ d6*të£ pa* Wne, et cfté pariC* làüftia, la* gmU*ut]fMR trum de ce dernier, qui n'est point rapportédaftattaw^ágiítf modernes jril*se tap^proche péttt-être 'de^ûwttyltifr*tittaflfybu ini^eux eticóte dfe IVwparAgtís hôtrtdiéiJ ( J.) o ¡¿ o£ i o 7 * '* ¦ *

CHÉ^TOBEf^^Cfem^é^i^iViye^ AhsEÜtlé. (fcOv| ~ CHÉNOFÔDÉSS {J5oi.) j"^^^7Ïutéùfs **

ïa fiàîhmem^s 'ÀViiŸLicètà* YoJtt#*th"f;(J.) *x ire v> ¦ ' * 1. V" ?- ?

o CHENUOEL (ëhti}Véyëz^€tiÜtti ÇJ*) > >î j ^ ïJ - CHEPA: {IehfofoL) V'oÿézàGft^ifc.r(H. C.) *'-T*r,:î * -*-v::i CHEPÜ. (Ichthyol.) En ^li"ie^(miwppeUe^in"i^Mad^ ,l *oops fr^áBórws.íVÓye^fe^érÉ'ldanSiéqStípp. dtíí5.evdk^ H¿^.)

- CHERAMELiA (Sob), fcónr¿afratiíeNdlrái dériveléiom Fran- çois fcheràinéKer j -dbané aù* ¿tínre de îà hmüile dès!

"uphóríwateées. (J*) * *' rStmqir.:; ¦ " ; **JI t. / .fr> 5;.

CHÉRAMBLIER ^rfelqtltes àrfcwttéa"x des

Indes orientales dttt llHèi fefr formation -dter:5fe*^eni,e1 de la ffcïnftlè^dèé1 £tipftori^éfcès, fc^jíartenánt à! ïnwnoeôie tétrondrie de Litifiéetis. Râ^Mëh# des* phÿllaritetf* il à*en dis- ting"e j*iUP9é£; fleuri atotitâ|é£ilteS màle^ coriiposée" d'un calice à quatre folioles arrondie!^ "Huteaves* pôlttie éértoliè * juatrie éWtoitfes ; ie$ ànlIrÀjMfe globuleuse^ ; èu* le fc-

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kU XttE

mnellés. piKovaire surmctatédbe quatre stÿlesrt'àutant de stig- mates ¡bifides. Le fruit est una capsule, ou plutôt une baie globuleuse, à quatre coques conniventes; une semence dans chaque acoque. // o T .1' "} .( .. > ' / o;

Linnæus.n^voit mentionné_ qu'une seule espèce de cicca f quiestle,: -j - ~ . >

CHéaAMâUBK a FEumss "iSTïQtJÉES : Cicca diif;icka, Linn. } Lamtfab. 7*7, fig. i ; Nekÿo/i, Rheed.y Wajab. * 3, tab, 47, 48; Cheramela, Rumph, Amb., 7, tab, $3 , fig, 2; vulgain rement amvds* : ) .

On soupçonne , avec beaucoup] de probability .que cç£ arbrisseau; ££ Ja m£me}t[£*rfte t|ue; l^t^rrhoa a^id^^ Linn* Ses grands r4pt>dtUk aveç JesÿhyHfentes : l'ont fait vtovnwefphiUofri th(isl(mgifoUi^Jaeq*iHadkSibankiï*i 2, tab* 194-Sçf rameau*; sont élancés, alongés, très-simples, quelques;auteur les coi^ s^U*cfl"ra"t6 lextétt6to:d'une feuille ailée ; Ips feiûlles sont atome*, glabres, o^^lajiçéglées, aigris, tpè^entières 7 ip^diocpement pétiolées ; lesüçurs .petites ^monoïques, réunies p*rgr#Upej sur de petites grappes pédonculées,s¿ tuées à 1^ basedesrwrtcaux. - o- jr.i o o >; ,v ;> ¦,. , ^

NODIFLORE j Cicca nodiflora, LW-i> JUrg*n'i. tab. 757, fig. 2. M. de Lamarck nous a fait ppgçpjtre cett^ do*¿M* Sonnerai lui a envoyé 4es; échantillons de l'îlesfa jí4le "se diitíngftejailment rielapjçpç4çnte par ses feuilles au moiqguj^e fp^ptlHA,petites , oy;a/psroa presque[ orbiculaires ; les fleurs tré^p^tí^^véumes p^r paquets axil- laires, presque ses^ifes j./plftCféejs le lpng, de# ç^ipeaux. Les fryitssonti(ietpe^itesJ^ifpsg¿9bti}e*$e* /

La pister que Loureire a poi^ïpÿe0 çicoa, racimosa, FL CochiiUy ÿAg., Ç8of. est;à j>eiftfc}i$tingué.e. d^ laprjejnjère çs- pèçje jj^'iapjcès I4 description qu'ep donnei pçt,au4ç^gjçs feuilles sont ovales; ses fleurs en grappes, à quatifç dçcoupures ; se* bajes:^¿4g$" JE2le croît aux Im^oj-ïentates ,dairs le Toyaujne de Chan^paYa , et se cultiyç 1* CpcWppbip^ (JPOJR.)

CHERAMUS, (Ornith,) Ce f?t .peluii.de'çeramidcs,

paroi^sent 4ésigPer Ia nuîjne; espace d'oiseau que- thençrotes, qui çst présenté par Pline coulh^s,appartenant; au,gei*çç Anser^ oie.) Voyez Çbînalopbx. (Cr* POmiü, : J. c,\ -iJim;) '

CHkREACH£M (Bot.), nom "cabe dovné, suivaniDalé-

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CHE 451

Champs, soít i Tefléborc blatocyrfcaraMm,- soiit^lWélW* noir, heUeborús. ÇJ.) ' 1 " j'- J1> ' - ^

j GHERBAS , CuÁá (Bot.) , Éoms aràfres de la laitue* suivant Daléchamps. (J.) o , , * " :

GHËRBOâA^ (J5ot^"Voyct Copecs. (Ji)* i ¦::: m..*. i

r CHEREDRAMON ( Bot.), un des noms anoien$;delaprêîe* equis ctum, suivant le traducteur de Daléchamps. EUfc étoit plus connue anciennement sous celui de hippuris, qui a été depuis Jransporté à ime autre plante. (L) ^

OHEREM^d/^^nom hébreu delàvigne, suivant Mentzel. (J.) CHEREMlÀ (#ok), nom donné dans l'île de BtfurJ>op au. ehéraméiier, ciccaâisticha. Quelques habitans de "Jette île Iq nomment chéremélier. (J.) , ¦.;? o

CHEREN*(Or"i*?i.), nom arabe du martin-pêcheur yate*dê hispida, Linn. (Gh. D.) ; ? .

CHERFA. (Bot) Dans la Hongrie, suivant nomme ainsi le cerrws de PKne,;qui est le querous terris des botanistes. (J.) . '

CHÉRIC. (Omiilt.). Ce petit oiseau, qu'on trouve à Madpr gasear, est uneèspéée de figuier de Buffon, molacilla tyadpn raspatana, Gmel.^ et¿ylvia madagascariensis y Lath. (Ca. D.). ;

CHERIMOLLA(Bo¿.), nom péruvien d'une espèce de eprogr soi,, anonnj ckerinioUa de. Lanuuoek, anona tripétala d'Ajton, * dont le fruit a une saveur agréable, ét passe pour uji:des léursdu Pérou. On le trouvé dans !'Abrégé des Voyages, et dans d'antres livres, sous le nom de chirimoya* (J.) ' -o>

CHERINA. ( Bot. ) [ Corymhiflres, Juss. ; Syngénésie p$ly$a* mie superflue, Lmn.] Ce nouveau genre de plantes, que nou* établissons daps la famille des synanthérées, appartient à notre, tribu naturelle des mutisiées, {

La calathide* est radiée , composée d'un disque multiflore, équaliflore, labiatiflore, androgyniflore, et d'une couronne unisériée, pauciflore, biliguliflore, féminiflore* Le péricline r obîong, et presque égal aux fleurs radiantes , est fokrméde squames imbriquées, ovales, umnervées-, membraneuse sto lès:bords. Ledinanthe est plane, nu, fovéolé. L'ovaire est alongé, atténué inférieurement, couvert de fortes pàpei charnues, et tnflnîi d'un bourrelet x apictlah*e.\ L'aigrétlfcl'fcst longue i blaqche, composée desqûsixh^l|uies nombreuse!, toé-*

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gàirty $îfcrt,me^lamînërr,*rè3Tfhieinenf cï rfgúliéremen tbaiv bellalées. Les corolles de la couronne oftt.Je tube plus, long ijfi'ife' ümbèy qui est fâlÈguiér la languette extérieure très- large, trilobée au sommet, presque glabre; fiitémiire eóló? rée comme l'extériire, maaspkrs ¿otate, i tiièN étroite, li- lieaire htdMsë intérieurement, divisée supérieurement en deux tefcres filiforme® , non roulées# Le corolle ¿lu.disque sont presque régulières., à peiné labiées ; ¿esdeusíiévrea étani très-courtes, et divisées cKacnne tarès-profoa^méàty Textét Kei>rèftij]fcrois lobes, l'intébèéureen deux lobes; LéS étamines aritJl£s filets laminés et papillés, Particle ajtihérifère grêle: lës àf>£éncUces apieïladres ^rès-longs, linéaires* aigus > entre* greffés inférieurement ; les appendices bâsilaires longs, tili- ffttóesvtíh peu bittas. Les:fteuEsfemelIesport3nt cinq rudi- mens d'éi;amines avortées, libres, et rédttiteà^uxiappendices á^oiláfcrfcs. ' 'o '-'5

c Laf rGWé*mft 4 J"¿títbs : ^îlees ( Chxrwa> m(crapkyll, Hh. Cass.) est une plante herbacée, annuelle, de six. à huit pouéësf toute glabre* à trgé'dressée, rameuse^ gxSIlé, cylin- drique;-à feuilles alt"rnes > ; sessiles , ^kérçeéoiées r entières * luisantes', très petites j à calathides solitaires.^ l'eiÊtrëmité des Tfcmfcâùtfc;''leur disque est jaune-foncé, et la/cburonrtfe hrsn- jéttgeí Ñotis tívw" ctoservé dette plante dans Fherbier dcM, de JtossifeùV'elle Vtetft^n Çhiiu 1- .. ^ * o i 4f

^iibife-àbètina e¿t *trés¿vóSsiné' de* rfeaafootf for* ; Biais elle en diffère suffisamment piw le péricim**, ¿qui i*?estniintx>iu+ cH pi^ppendiottlé ; pa* lesfîeurs1 fetfielje* k langücé infté- ŸreuT b\Mïde, et non pas indivise, comme'dénseteehœtàn* thèra jpaHe* gçur* herriptoradita à carolfe ipifesqu* régira lièrement quinquélobée. (H. Cas*¿)::- . ? j r^\\ r i . ¦ *

. CHÈïUW AY. (Otmék.y Mv^Girriçr pense i q*ie; Taigle, ainsi üttmmè par* Jacqüin, nfoifc apa'uvtfe vapiétéd'àgédu falco brasi* Uetush, Gmel., ou caracsr^ide.Marcgrave. (Gb.D.) 'îiCHERK^FALER; ÇBat.)' nom , qui signifiq iris oufrhc céleste, est donné ei** Egypte? suivant/M* I>eli4e, à "ne espèce dc'lUeron, com^otvalus cairicut. Il cite le méme noia pour la fletar; dç paision, passiftora cosntUa: (J.) o i

CHERLA* (Ich¿hyoL)V tyc® Ckf.rna. (H. C¿) >' o

- CÜEKLÉBJE {Bat.}¿ Cfccrpmy Linn. Genre de planta dic"*

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Jpïédones polypétales, à étaminès bypogines, delafátóille de$ c^ryophyllées, Juss., et de la détcntdric trigynie, Linn., dont les principaux caractères sont d'avoir un calicedecinq folioles; cinq pétales petits et échancrés ; dix étaiuines ; un ovaire Supé* rieur, surmonté de trois styles; une capsule à trois valves et à trois loges, contenant ghacune déux graines. On ne comioît qu'une seule espèce de ce génrèi Cberlérie paux-siiDum : CheflericL seâoïdes, Linn.', Spéc., 6à ; Lam., Ill. gen., t. 379. La racine de cette plante ést vivace, et donne naissance à des tiges nombreuses, couchées, longues dé quelques poitees, disposéesen gazon, et garnies d'une grapdç quantité de feuilles linéaires, aigutfs, Opposées, réunies à lfeiir base, et très-rapprochées les nnes des autres. Ses fleurs sont petites, d'une couleur herbacée oii urt peu jaunâtre, portées sur de courts pédoncules. Cette plante croît dans les pi*aïnes élevées, et sur les rochers humides des Alpes et des Pyrénées, où elle forme souvent des gazons d'une étendue assez con- sidérable. ( L. D.)

CHERMAN (Ichthyol.), nom ai*aBe de PORPHIE. Voyez cé mot. (tí. C.-) o

CHERMASEL. (Bot.) C'est sous cé tfom qiie sont désignées, par Beîon et Clusius, les galles c^ui se trouvent sur le tamaris du Levant, tamarix àrientalis, qui est ïàtle des Egyptiens.

(j.) o

CHERMEN, ou Chermès (JJÓ/.), noms arabes de l'insecte nommé aussi kermès-, qui a passé long-temps pour être le fruit du chêne écarlate, quereus coccfera, Sur lequel il vit. (J.) CHERMES. (Enlom.) Voyez Kermès et Psylle. (Ç. tf.) CHERNA ( îchthj^l.), nom espagnol dé la perca ¿criba dé Linnæus. Voyez Fersííque. (H: C.)

CHERNITES. (jY/ffc.) C'est, dit Pline, uné piér^e prôpre k conserver les cadavres : mais elle a peu d'action; èlté ne íes consume pas. Le corps de Darius û été conservé daîns mrsein- blable cercueil. Cette pierre avoit la blancheur de l'ivoire.

Est-ce dii gypse blanc compacte, qui a, comme Ton sait, la plus grande ressemblance avec Pivóíre, lorsqu'il est poli, au Joint de devenir jaunâtre comme hri sur les parties sail- lantes ? Est-ce simplement "m marbre Blanc f C'ést ce qu'on v me peut encore décider. (B.)

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" CHERQQLING (Ornith.),t jipm donné à*un pluvier par le^ frabitans de Sumatra. (ChJ D,)

CHEERY DEANISH. (Ornith.) Les Anglois donnent, au Ben-" galç, pe nom et celui de bird of knowledge, au second calao di* ^alabar, de Buffon, variété du bu ceros malabaricus, Gm. (Ch, D.)

* CHERRY-TREE. (Bot.) M. Swartz, ÿnssa Flora, Ind. occid., dit que Ton nomme ainsi a I3 Jamaïque Yardisia tinifolia, k cap^e dç la couleur très-roi^ge de son bois ; et il ajoute qu'il ne faut pas le confondre avec Yehretia tinifolia, qui porte le même nom dans les îles angloises, (J.)

t CHERSCEA (Erpét.), nom spécifique, d'une vipère du nord de l'Europe, Voyez ÆSPING et VIPERE.

, Le mot (terrestris) étoit, chez les Grecs, l'épithète

d'une espèce d'aspic, ( H* C,)

CHERSONESE. (Géograph. phjs.) Ce mot, tiré du grec, est employé quelquefois, suivant son acception originale, pouç désigner une PRESQU'ILE, Voyez ce mot. (L.)

CHÈRSYDRE. (Erpét.) Celse, Ælius, et d'autres médecins anciens, -appellent ainsi un serpent venimeux, contre la mor- sure duquel ils proposent des remèdes, mais que nou$ ne sau- vons k quel genre rapporter,

^Î. Çuvier vient tout récemment d'établir sous le même nom un sous-genre dans le genre des hydres, de la famille des ophidiens hétérodermes. Il lui donne pour type Yoular-limpe, serpent très-venimeux des rivières de Java, que nous avons décrit, dans le Supplément du i,er volume, sous le nom d'acro- tchorde à bandes. Voyez ACROCHORIXE,

M. Cuvier pense que par %tpavS)>oç les Grecs entendoient la couleuvre à collier. Voyez COULEUVRE, (H. C,) CHERU-CHUNDA. (Bot.) Voyez Chunda* (J,)

CHERUNA (Ornith.) , noqi du lagppède, tetrao tagopus, ex" Laponie. (CH, D,)

CHEfrVI DE MARAIS. (Bot.) La plante ombellifère indi** quée sous ce nom par Desmoulins, traducteur deDaléchamps* est le siserpalustre de çe dernier, Yœnanthafistulosa, Linn. ( J.)

CHERVILLUM, ou Servillum (Bot.), nom latin ancien, suivant Dodoëns, du chervi, sium sisarum, qui est le chervilic* des Espagnols , le sisaro des Italiens, U e$t écrit çhcrvilla Paléchamps, ( J J , , ..,, t - -

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Cttfh 44"

, CHERVIS y Caaouisnu Girolles (Bol.) T noms vulgaires soua lesquels on connoit la berle chervi. Voyez Bele. (L. D.)

CHETASTRUM. (Bot.) Vaillant, dans lesMém. de l'Acad* des Sciences, année 1722, avoit subdivisé çn quatre le genre. Scabiosa, d'après la structure du calice propre, soit intérieur, soit extérieur, de chaque fleur. L'un d'eux étoit Yasteroccpha- lus y dont Necker,. adoptant ces genres, avoit changé le nom en celui de chœtastrum. Ces divisions génériques n'ont pas été admises par les botanistes modernes. ( J.)

CHETCHIA. (Bot.) C'est, suivant M. Rochon, un hieracium. de Madagascar, i fleurs jaunes. (J.)

CHETE-ALHAMAR. (Bot.) Suivant Daléchamps, ce nom arabe est celui du concombre sauvage, espèce de momordi" que, momordiciv tlaterium. Le concombre cultivé est nommé chætha ou Chathe. Voyez ce mot. (J.)

CHETHA. (Bot.) Voyez Chathb, (J.)

CHETHMIE (Bot.), nom de Yhibiscus sjyriacus, dans le Levant, suivant Rauwolf. Tournefort le nommoit, d'après C. Bauhin, hetmia Syrorum, et il paroît ainsi évident que le nom françois, hetrnie, donné aux hibiscus, provient du nom syrien de cette espèce. (J.)

CHÉTOCÈRES (ErUam,), nom d'une famille d'insectes de l'ordre des lépidoptères, que nous avons proposée dans 1^ Zoologie analytique, pour y comprendre tous les genres de papillons de nuit dont les antennes sont en soie, et qui pro^ viennent, pour la plupart, de chenilles qui n'ont que dix ou même huit pattes, et qui, en raison de cette organisation, traînent partout avec elles un fourreau qu'elles se filent, et ^auquel elles fixent des corps étrangers, ou qui.se creusent des galeries tapissées d'une ¿orte de soie dans les substances ani" maies ou végétales, privées de la vie, dont elles se nourrissent, La plupart volent la nuit , et fuient la lumière du jour.

Comme tous les lépidoptères, les insectes parfaits de la famille des chétocères ont'quatre ailes écailleuses. Sous l'état , parfait, leurbouchp, saiiçmàchoire, est munie d'une langue roulée en spirale entre les palpes -, ils ne peuvent, par consé- quent, dans cet état, prendre d'autre nourriture quedes ma- tières liquides qu'ils absorbent par le canal que forment les iitoies de cet organe que l'on nomme la LANGUE (voyçz ce met);

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ils correspondent par conséquent à cet ordre d'insectes que Fabricius a nommés les glossates.

* Le nom de chétocères, sous lequel nôus avons indiqué cette coupe de l'ordre des lépidoptères, est formé de deux motó grecs, l'un qui signifie soie, ët Fautre Ki'pctç, corne,

antennes ; ce qui tend à rendre l'idée d'antennes en soie, c'est- à-dire , plüs grêles à l'extrémité libre qu'à l'origine ou au point par lequel elles s'insèrent sur la téte, à peu près cortime1 le poil ou la soie du sanglier: aussi avons-nous proposé comme synonyme l'expression de séticorncs. Ce n'est pas, au surplus, que les antennes des insectes que nous avons réunis par ce carac- tère , soient réellement simples et lisses : elles sont quelquefois divisées sur l'un de leurs côtés en lamelles, cotnme une sorte de peigne ; mais la tige sur laquelle ces dentelures sont reçues, est elle-même sétacée.

Trois autres familles d'insectes appartiennent à cet ordre des lépidoptères. Deux d'entre elles sont très*faciles à distinguer par la forme de leurs antennes, qui sont renflées ou en masse, tantôt à l'extrémité, comme dans les globulicornes, famille qui comprend les papillons, les hétéroptère^, les hespérics; tantôt le renflement s'opère vers la partie moyenne, comme dans les sphinx, les sésies, les 'zygènes, que nous avons nom- més les fusicornes, parce* que leur" antennes sont en fuseau.

La troisième famille avec laquelle les chétocères pourroient être confondus, est celle des filicomies ou némocères, qui comprend les bombyees, les cossus, les liépiaies; mais dans ces trois genres les antennes sont de irtëmè grosseur dans toute leur étendue, ou en forme de fil.

Nôus présentons dans le tableau suivant la division de cette famille en huit genres, d'après la forme dès ailes, qtfi indique des coupes assez naturelles.

Voyez la planche qui represente chaeun de ces genres, et

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Particle LEPIDOPTERES, et les noms de chacun -de ces genres" (C. D.) '

CHÉTODIPTÈRE. (ïohthyol.) M. de Lacépède a établi sou" ce nom un genre de poissons de la famille des leptosomes, qui se distingue par les caractères suivans :

Deux nageoires dónales ; dents petites, Jlexibles et mobile?, et tous les autres caractères des chétodons.

Le motchétodiptère est tiré du grec, et signifie chétodon k deux nageoires (^cthn, seta; e"T"ç, dens; tf/ç, duo, et 7r}tpcvy

-*"W). -

Le Ch£todiftère d^tlumikr : Chœtodiplerus Plamierii, Lac.; Chætodon^ Phtmieri, Bloch. Tête sans écailles; caudale en crois- sant; forme d'une losange. Couleur générale d'un vert mêlé de .¿atine, avec six bandes transversales étroites, d'un vert foncé : toutes les nageoires vertes.

Ce poisson a été observé par Plumier dans les mers de l'Amé- rique , oii il aime à sAcnir au-dessus des fonds pierreux. H. C.

CHÉTODON (Ichthyol.), Chætodon, nom d'un genre de poissons de la famille des leptosomes.

Cegénre est trèft-nombreux en espèces dans TJnnæus, qui l'a ainsi nommé à cause des dents des animaux qui le composent, lesquelles sont semblables à des crins pour la finesse et pour la longueur.* %ettrtt, en gre; i signifieen effet \û même chose que le coma 0*1 canaries des Latins, et */wV, dent. Ces dents sont rassemblées sur plosieurü rangs, comme les poils d'une brosse.

Tous les poissons qui entrent dans le genre Chætodon de Linnæus, semblent former une petite famiWe k part; Ils ont tons le corps trèfihcomprimé , élevé verticalement, et les na- geoires dorsale et anale couvertes d'écailles. Ils habitent les mers des pays chauds. Ils sont peints des plus belles couleurs, ce qui en a feit rassembler beaucoup dans lefc collections. Leur chair est bonne à manger. Leurs intestins sont longs et amples, et lèûrs cœcums grêles, longs et nombreux ; ils ontunegrande et forte vessie aérienne. Ils fréquententgénérâlement les rivages rocailleux. Leur nom vulgaire, en français, est bandoulière.

M. de Lacépède a , le premier, reconnu que ce grand genre de poissons en renfermoit plusieurs autres très-distinets; il l'k en conséquence coupé en plusieurs groupes, ne réservant le nom de chétodon qu'à e eux qui n'ont ni dentelufemi épinfes

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*ux opercules. Les autres espèces sont Téparttes dans les.gèïirek

ACANTHINIQN , ACANTHOPODB , ACANTHURE, ASPISURE, CmitDDii*-

en plusieurs sections , spus les noms^de. Ghklmon, Platax, Heniochus , Ephïppüs. Voyez ces meta" >

Le caractère du genre Chétodon, tel qu'il existe aujourd'hui,

Corps ovale ; épines dorsales se suivant longitudinalement sans trop se dépasser; dents petites, Jlexiblesrflnobiles; bouche petite , non prolongée en bec ; une seule nagtoire1 dorsale; operciilés\ni dentelées ni épineuses. Voyez LEPTOSOMBS. "

Le ZEBRE : Chœtodon striatus, Linnu; Bloch , 2o5, fíg. 1 ; Rhomboïdes edentulus , Klein. Corp* oit>iculairé ; nageoire de la queue arrondie ; deu* orifices à chaque narine ; tête et opercules couvertes d'écailles ; anus reproché de la tête; ¿einte générale jaune; quatre ou cinq bandes transversales, larges et brunes ; les pectorales noirâtres* extrémité de toutes les autres nageoires noire aussi. Chair. très-agréable- Des mers des Indes orientales.

Le CHETODON BRIDE : Chœtodon. ùapitrçUus ; Tetragonopr terus lœvis, Klein. Corps ovale, nageoire caudale arrondie, tête et opercules écailleuses ; teinte générale d'un jaune doré, ligne latérale courbée vers le bas ; une tache noire, ronde, grande, bordée de blanc, sur chaque côté de la queue '/une bande transversale sur l'œil. Des raies étroites et brunes se portent vers la tête , de chaque côté du corps, en partant des nageoires dorsale et anale. ¡

Ce poisson ne parvient pas au-delà de trois ou quatre pouces .de longueur. Il habite la mer de la Jamaïque et celle des Indes; on le pêche à Tranquebar.

Le Chétodon tache noire í Chœtodon unimaculatus, Lins"; JDloch, aol, fig. î. Nageoire caudale en croissant; une bande transversale large et noire au-dessus de la nuque , des yeux et des opercules; une tache noire , grande et arrondie, sur la ligne latérale ; dos argenté, taché de jftune.; nageoires jaunâtres ; .extrémité de la dorsale et de l'anale^ et base de la caudale^ d'iia brun marron* Defr mers du Japçn çt de l'Inde* .

est le suivant :

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CHE' 44*

o Lit Collier : CKœtodon coliare, Linn.; tëlodh, ¿*é6, fig.-i,

Ç au dale arrondie, museau un peu avancé, membrane sai il an au-dessus* d'une partie du globe de l'^eil v un seul orificé £ ehaque narine ; deux lignes latérales de chaque Côté* la supé+> *ieû*e" s?élevant du .haut de. l'opercule jusqu'à la dorsale, et y l'inférieure s'étendant du milieu de la queue jusqu'à la cau^ dale directement; deux bandes transversales blanches sur la tête ; dos bleu , tête brune, nageoires Jaunâtres. Du Japon* *

Le Cîtétodon HUIT-banbes J Chœtodon octo-fasciatus, Bl.j CktoddRcapistratus^PervTiobilis, Linn. Caudale arrondie, museau un peu avancé 7 un seul orifice à chaque narine, tête et opercules écailleuses, ligne latérale très-courbe, et gattiie d'écailJLes assez largtè ; huit bandes transversales brunes, étroi- tes, et rapprochées deux À deux de chaque cdtédu corps ; anale et dorsale bordées de bran. De la met des lûîtett 1

Le Vagabond : Chœtodon vagabunda", Liiu; Bloch, tab.'4^4, fig- ^ Caudale .arrondie , téte et opercules écailleuses , deux orifices à chaque narine, museau cylindrique; tqjpte générale jaune'; une bande transversale noire au-dessus de çhaque opil ; une bande noire, fléchie en crochet, vers l'ex-* t ré mi té de la queue, et étendue depuis la dorsale jusqu'à l'anale ; ces deux nageoires et la caudale bordées de noir ; hit . croissant noir sur la caudale. -

Ce poisson, dont la chair.est grasse, ferme et d'une sfir agréable, vient des mers de F Asie, entre les tropiques.

Le CiuéTODON Klein: Chœtodon Kleinii; Bloch , 218, QJ Caudale arrondie r un seul orifice à chaque narine ; couleur générale mêlée d'or.et d'argent; une seule bande transversale brune' et placée sur là téte y de manière à passer stïr l'œil ; na- geoires d'un jaune doré. Des mers de l'Inde.

:Le. r6rON r. Chœtodon setifer; Pomacentre jllarhent., Lacép* Caudale arrondie ; un filament très-long et une- tache noire , ovalé f bordée de blanc, à la nageoire du do; un bandeau noir, bordé de blanc, passant sur chaque œil ; raies rouges èt directions variées, sur les côtés du corps, dont la teinte gé- nérale est jaune ; la plupart des nageoires bordées de noir.

C'est une dentelure indiquée à faux au préopercule de xe chétodon,tlansla planche426 de Bloch, fig.' 1^ qui a engagé à leplacer parmi les pozttacentres. . ^

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Le Cocher : Çhœtodôn auriga? Fàrskâël. Le cinquième rayon aiguillonné de la dorsale terznauè par un très-4orng filament; écaillesrhombotdales; coüleur générale bleuâtre ^ quinze ou seize bandes courbes, brunes, obliques, de chaque côté du corps ; quatre bandes transverslesi, rousses, sur la tête ; une bande noire sur les yeux et sur Le bord de la dorsale. Des voters de l'Arabie et de Me-de^France. ; ;..

Chétodon alépuqote; Chœtodon *Upidotus. Voyez Sks*hinü. '* Chétodon anneau* Voyez Holacantha. :* ' " ul

Chétodon argenté, L'abbé Boanatcrre appelle o% l'acan-* thopode argenté. Voyez AcanIhofooe" o *

- CHETODON AIME. Voyez ENOPLOSE. o J

CIRETWON *RQW C'est urt POMACAKTHE. Voyez ce mot. o *

Chétodon Chœtodon argui. Voye* Ephippus.

CHETODON ¿aussi. Voyez HOLAGANIHS. ' I

CHÉîOPON ASRua* Voyez POXACANTHS.

Chétodon bengali ; Chœtodon bengalensis ¿ Bloc h, Voÿec GLY*

Chétodon de Boddasrt ; Ch¿ctodo* Boddaertû V. AcànThopOoe. Chétodon boutéî Chœtodon margmatus. Voyez Glvphisopon.* CttÉTODON.CHJsuyîE^souius ; Chœtodon vespertilio. Voy* Peatax. r Ché?9*on> eHzküciBN; Chatiofan thirurgas, Liûiu Voyez Acanthure. " ' " * r 1 " o

CHETODON cORNO^Vdye" HBNIOCHUS. ^

Chétodon des Cubs de Nicobar ; Chœtodon nicebdrcensis, , Scha> C'est probablement le mime poisson que l'holacanthe géomé- trique de M. de Lacépède. Voyez Holacanthe.

Chétodon a. deux Éimes ; Chœtodon diacunthics, £oobdaèrt" Ce poisson paroît être le même (Jue Vkoiacantbe-duc: >Voyee

HOLACANTHE. s J ' f'ó ¡f "if' ^

CHETODON DORADE, DE PLUMIER.'L'abbé Bonnaterre appelle ainsi le pomacanthe;doré* Voyez FOSKACANIV*.

Chétodon d ourle- ai guillon ; Chœtodon biacuUutus r B loch*" Voyez Premnape.

Chétodon duc; Chœtodon duxo Voyei Holacanthe. o ' Chétodon empereur. Voyez HolaCànthb. ' :

Chétodon encelaje; Chœtodon enceladas. Ce poisson paroît être le même que .le chelmon museau-alongé. Voyez .Cjcee*îon:> Chétodon faucheur¡ Chœtodon JílMtiUyjLaéép^Voy¿ Eprii?rais>

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CHETODON FAUCILLE ; Chætodon falcula. Voyez POMACENTRE. CHÉTODON FORGERON ; Chætodon fabcr. Voyçz EPHIPPUS. CHETODON GAHER, Forsk. C'est l'acanthure noiraud de Lacépède. Voyez ACANTHURE.

CHETODON ÇA LU NE ; Chætodon gallina, Lacép. Voy, PLATAX. CHETODON GLAUQUE. C'est l'acanthinion bleu de M. de Lacé* pède. Voyez ACANTHINION.

Chétpdon goutteux; Chætodonorthriticus, Schn. Voy. Platax. Chétodon a grandes écailles ; Chætodon macrolepidoLus. Voyez Heniochus.

, CHETODON GRISON; Chætodon cartes cens. Voyez HENIOCHUS et POMACANTHE.

Chétodon GUAFERVÇ , ûattfrenton. Voyez Chevalier. (H. Ç.) Chétodon JAGAQUE. Ç^JRïues auteurs ont donné ce nom au Çlyphisodon moucharra de M.de Lacépède, Chætodon saxatilis, Linn. Voyez GLYPHISODON.

CHETODON LANCEOLE. Voyez CHEVALIER.

CHETODON LICORNET; Chætodon unicornis. Voye* NAON^

, CHETODON LUTESCENT. Voyez PO^AÇANTHE.

Çhétodon maculé î Chætodon maculai"$, Bloçh. Voyçz, Gly- fhisodon.

CHETODON MIJLAT > Bloch. C'est un HQLACANTHE. Voyez ce mot. CHETODON MUSEAU-ALONGE ; Chætodonrostratus.Voyez CHELMON. .CHETODON NOLRAUD* Daubent. Çes^ïacanthujrus nigriçar\s de M. de Lacépède. Voyez ACANTHURE.

ÇHETODON ORBÇ ; Chætçdon orbis vBlQcb. Voyez Epsippus* CHETODON PAON ï Chætodon pçLvo. Voyez POMACENTRP CHETODON PARU. Voyez POMA^AJ^KE" . , ,

ÇHETODON PEJQNE. C'est Vholacanlhus ciliariso Vpyez HQLA-

CANTHE.y

ÇHETODON PBNTACANTHE, Lacép. Voyez PLATAX.

CHETODON PERSIEN , Bioch. C'est l'acanthure noiraud de M. de Lacépède. Voyez ACANTHURE.

CHETODON A PETITES ECAILLES; Chætodon microlepidotus> Gron. C'est Thqlacanthus ciliariso Voyez HOLACANTHE.

CHETODON PONCTUE; Chætodonpunçtatus, Linn. Voy. EPBIPPLS. CHETODON, R^YE ; Chætodon lineatus9 Linn. C'est l'canthure rayé deM, de-L^cçpède" Voyez ACANTHURE.

ÇHETQDON n"a.MBpïD". Voyez AÇANTHINION.

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Chétôdon sale ; Chœtodon sórdidas. Voyez PomacantMÊ#

CHETODON SARGOÏDE'. Voyez ÇLYPHISODON.

Chétodon SOHAB. C'eSt; ufa Aspisure. Voyez ce mot.

CHETODON SOÜFFLET j Chœtodon longirostris. Voyez CHELMON/-

CHETODON TACHETE ; Chœtodùn gultatus. Voyez CENTRO G AS-*

TRE.

CHETODON T|IRA ; Chœtodon teira. Voyez'PLAÏAX.

CHETODON TRICOLOR. C'eat un HOLACANTHE. Voyez ce mot.

CHETODON VEUVE-COQUETTE. L'abbé Bbnnateirë appelle ainsi l'holacanthe bicolor. Voyez HOLACANTHE.

CHETODON ZEBRE, Daubent. ; Chœtodon trtostegus , Linn. C'est line espèce d'Ac ANTHÜRE. Voyez ce mot.

CHÉTODONOli)E (ïôhthyol.) yjÊtf1 spécifique dü Plbçtd- AINQÜE* Voyez ce mot. ^

C'est aussi le nóm d'uriLüTJAN de M. de Lacépède. Voyet ce mot. (H. C.)

CHÉTOLOXES. (Ehtom.) C'est le nom par lequel nous avons désigné une famille nombrèùse d'inseçtes à deux ailes, ou de l'ordre des diptères, dont là bouche chafnüe, rétractile , peut Centrer datos une cavité de la tête, et dont lès antennes portent un poil isolé, latéral, simple ou barbu. Ce derniér Caractèré se trouve à peu près exprimé par le nom tiré de deux mots grecs, Xetirn, Soie, et Âoijjoç, latéral, oblique, que nous avons cherché aussi à rendre en françois par le mot tiré du latin laterisetes.

Les diptères que nous avons ainsi rapprochés, diffèrent en effet de tous ceux du même ordre par les particularités que nous allons rappeler: d'abord des taons, des asiles, des sto- inoxes, dés cûusinS, enfin de tous les ïrisëctes à deux ailes, dont la bouche est forcée d'un suçoir saillant, corné,' et que nous avons nommés stflérôstomes ; ensuite, des oestres ou astomes, qui n'ont, à la place d'une trompe ou d'un suçoir , que trois tubercules qui ne paroissent pas tenir à la nutrition. Dans ûne autre famille, la bouche, charnue et distincte, dif- fère de celle des chétoloxes, parce qu'elle est munie de palpes tm barbillons articulés, et supportée par un museau plat et 'saillant, et que d'ailleurs les antennes sont le plus souvent alongées, formées d'un graüd nombre.d'articülátións distinctes; comme dans les tipule? hirjées, Its $ctop$es, çueirbus

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avons nommé becs-mouches pu hydromyes* Les seuls insects avec lesquels ceux-ci pourroieot êive confondus sent aplocère$: ils leur ressemblent* en effet bèaucoup p$r le$ £ô£müs et les habitudes ,* mais ceu*-ci ou "n'ont pas de pgiJ j^Qlé #u:r les antennes, ouvs'il$ en ppiteat(i^n ,o il est plaç f^Joextré-r

jnité. (Voyez l'article ArLqçfca.E$v>diuas le SupgJ"¡{}ea¿ .^tu akc

volume, pag. 100.) Nous pr.qsgptons ipi un*$ble£u#naily#qiiç qui indique les genres compris ¿laus la familia de? diptères chétoloxes, d'après la disposition du poil latéral de^gtfunes, ;

Voyez les noms de chpçuft;^ gpnres, (C. Q-L.ï ¿¿ î f CHETUM (Mot.}, nom ^gyptie* à*. .lfh jvujipajijrq r Piytyum ¿ suivant Meutzel. §on non*, arabe ,3 cité,^paÊ JDaLçchamjis,, e*$ basara chaton^ (J-) 1 : o/io. o 1: : r, ,1 ¦"

1 CHEU-KÜS* (Bot.) Da*s ]fcfcflégé,de Mi§tpi^$rç}p d£ Voyage*, ron Jit que le friait l%gpyay^r,j*t ains* nommé e l^ Chiae. (i.)c-H *? .')o;*) ^0 Y . *i

ÇHJEyiÎCEy J^HjNTEa ncpfp j^Bafees de T$S-,

phodèle ordinaijrçj fLsphpfelus. ramQsus, 4uiv?£fr^éihaipp" ïabernæmpntaii^s et MentaeJ la, aomn^nt afaftkqq. JLtftfoqide burajc est cité^p^r ForSskag¿r ÇHEyQXJE. (Ornith.) Les.h^hÿt^ du. Chjy ^pj¿J^ítting¿ l'oiseau qui remplace l'autruche^ en Améri^u^ -ft^qui ,r d^ plus petite taille que l'autruche c^:dâ{Fèrsurtout

parce qu'4# trois doigts. "DfMP avarié à la psge.^ûQ'du 1'* volume; de ce Dictionnaire, et,^qt* a propqaç dç ^bstkuer àf la dénomination d'au trucha Maguan ÿ sou8(.j§q^elle il ayoi€

étépré^dçmuiÇfltcqnnu^ceUe eheufue:ir ÎVljOÎina avoit

employée .dapsçon Hù toi re d^i C^ili. £e ternvesiu^e ^aïoiss^ii, 8. 29 . '

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én effet, ï>lus*!onvcnablê pour désigner tin oemi'dont left au- teurs systématiques avoiénf fornfré'4e genre Rhea ; mais, depuis, M. d'Azât^a # fait connoître que Id chëuque porWit au Para*- guy les noms de nandu et*de chvrij et M* Vieillot a> adopté', dansson Prodrome, letetHaènundou^ Afin de ne pas introduire de changement sans nécessité, on donnera la*description et l'histofire dtr eheuque sous te dernier nrot. {Cri. ©.)

* CHEVAL ( Mamm.}', Equvs, Linn. 4 de Cabales, dont les Latins paroissent S*être plufc particulièrement servis pour dé- signer un cheval de matjvaisg. ou. de petite race.

Le nom de cheval, d'abord* appliqué à Fanipial auquel nous le donnons communément , est devenu le nom générique de tous les animaux qui lui ressemblent par leur ^organisation.

Leschevaui, efn effet,-forment r parmi les on am mi Pères un groupe trèst-n.aturfl, mais trè^jsqjeei il est impossible de les séparer les nnsdes autres pour íes diviser en groupei partiels ; ils ne constituent qu'un seul genre , et ce gepre? |par l'im- portance de ses caractères., "peut .difficilement .létre réuni à ceux d'un autre groupe : c*efct "ce que prouvent iperrt^étre les diverses places que les chevaux ôrit occu'péesllÜahs lé ¿système général des mammifères. LinniuS ren fait tfn ¡jewre' de ses bellutt arec Phippopotamei'Erxlebenlés plaee entre îeséiéphans ëtles dromadaiiWrStorr;en tôt urf'ordi^e distinct qu'ïl plaça après les ruminans ; Illiger, en conservant eet orré\j lexmit à la Suite'd^'fceHi*des p"éhÿdèft"e$, let aVant les chameaux; et enfin , M. G: Cuvier, dâni'ànPàehiifcr Tableau1 id uiJrè£ne ani- mal , n'en fait plus qu'une famille de ses jMehytifcrmes, qui est située 'â^H*ès tJtíle des eáclvens ¿ dès rhinó'cíéros, des tapiïs, et immédiatement tivant ro**dïé des ruminafeâl : i,

Quoique -entièrement herbivores,' les chévaùx n'ont point plusieurs estomacs comme lés attffcdux à pieds fburtus, et ils ñe ruminent* pás. Tous Ont lès j^PeÜs terminés par un seul doigt et pi* ufr seul oñgíe qtó, ¿ cause de sa forme, a pris le nom de sábot;Gepeíuiaiit ,-On trouve derrière chaque canon Ies:rudimenft d* deux atitresdoigtís7 caractère qui, avec la simplicité de l'eStdroae, efcTiinposSlbilité de ir¿múér les pha- langes , rappfrôthe les chfèvaux de certains pachydermes plus gue tous lês^ àwtres mamihitères. Aux jambe* de devant, et quelquefois^ céllesde derüète, on vèit une paHienue, cornée,

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qu'on appelle châlaigfte, ou noix. Leufs molaires sont à cou¿ roane plate, et au nombre de six de chaque côté, à l'une et à l'autre mâchoires; elles présentent une figure qui'est constamment la même, mais qui est trop irrégulière pour pou* voir être décrite avec exactitude et clarté. En partaiit du mi- lieu de la dent, en dehors, on voit l'émail se courber à droite et à gauche en demi-cercle, et redescendre de chaque*côté;, sans beaucoup d'irrégularité, jusqu'aux deux tiers deTêpais* seur de la derit: là , du côté antérieur, il pénètre dañarFépais*" "eur delà matière, et en ressort en y dessinant un angle; il y rentre e*6uite de l'un et l'autre côtés, se rapproche, après quelques détours , surtout du côté postérieur , et s'éloigne bientôt pour se réunir enfin à la face interne, après avoir tracé la figure d'un triangle irrégulier. Au milieu de ld dent, à là snâchoire supérieure seulement, se sont formées deu3¿auti* figures par les mouvemens de deux autres lames d'émail ; mai ces figures, très-irrégulières, ne peuvent être cefoftai-ées1 à rien. Les premières molaires semblent d'abord différentes des autres; mais avec un peu d'attention on remarque que les dif- férences qu'elles présenteritne viennent que de ce qu'elles sont plus étroites à leur partie antérieure ; au reste, les figures de l'atlas donneront de eesdents'une idée plus claire que cellie que nous en pouvons donner par cette description. Les trois pré- mières tombent ets0nt remplacées par des dents nouvelleà. Il y a huit incisives à chaque mâchoirë, et deux canines, chez lés mâles, qui se développent aussi quel'quefoiá chez les femelles , dans les espèces privées. :

Les yeux des chevaux sont généralement grands, àflëiii* de tête, et leur pupille a la forme d'un carré long, dofct le ghmd diamètre est horizontal. Leur vue est excellente, et quoiqu'ils ne soient pas des animaux nocturnes ¿ ils distinguéht-nettenient les objets de nuit. 1 ~

Leurs oreilles sont assez grandes, et la conque externe est Fort mobile; aussi ont-ik une ouïe déliéaté : c'est peut-être leur meilleur sens, et c'est ce qu'on observe chez les anîmaui naturellement craintifs. Au moindre mouvement, à la moindrb apparence d'un objet *qui leur est inconnu, ils s'arrêtent t écoutent avec la plus grande attention.

Leur odorat est aussi fort délicat ; ils en font usagé fré-

29.

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quemmentj et dans tous les cas où ils cherchent à reconnoitre un objet qui leur inspire quelque défiance. On voit par-là que ce sens leur a procuré des impressions nombreuses et variées. Leurs narines sont très-mobiles 9 et l'intervalle qui les sépare est nu, mais sans organe glanduleux, sans mufle.

Leur langue est douce, et leur lèvre supérieure a une grande facilité de mouvement ; iis semblent quelquefois remployer à palper, et ils s'en servent pour ramasser leur nourriture. Ils boivent en humant. Ils ont le goût aussi développé que les autres animaux herbivores. En hiver, ils savent creuser la neige pour trouver leur nourriture. #

Ils ont le toucher sensible : à l'attouchement le plus léger on les voit faire mouvoir leur peau. Leurs yeux ont plusieurs soies, et leurs lèvres sont garnies de fort longs poils, mais qui ne sont point disposés en forme de moustaches. Le pelage sur le corps se compose de poils doux et flexibles; le dessus du cou et la queue sont garnis de crins. Les couleurs sont variées ; mais il est à remarquer que toutes les espèces, excepté le cheval, tendent à se zébrer.

Le mâle a la verge très-grande, dans un fourreau dirigé en avant ; ses testicules sont en dehors. La vulve n'offre rien de particulier, etles mamelles sont inguinales et au nombre de quatre.

Les allures naturelles aux chevaux sont le pas, le trot et le galop.

Les chevaux, par leurs formes, leurs proportions, leurs mouvemens, donnent l'idée de la force et de l'agilité. Ils ont le corps épais sans pesanteur, la croupe arrondie, les épaules séparées par un large poitrail, des cuisses musculeuses, des jambes sèches et élevées, des jarrets pleins de vigueur et de souplesse, une forte encolure, la tête un peu lourde, mais dont les traits expriment la douceur et la fierté, le courage et la prudence.

Nos chevaux domestiques, de taille moyenne et de race commune, peuvent seuls nous donner une idée des, formes, mais non point pour la physionomie, des traits caractéristiques .des espèces de ce genre, qui ne se distinguent les unes des autres que par les couleurs ou par les proportions de quel- ques parties extérieures des organes des sens ou du mouve-

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ment, et par quelque" dispositions intellectuelles; car ces çheyaux de selle , dont les formes sont si belles, les propor- tions si élégantes, les mouvemens si légers, la docilité si grande, ou ces chevaux épais et lourds que nous employons au trait, sont entièrement les produits de la domesticité: ils ne se conservent que par les soins de l'homme ; abandonnés à eux - mêmes et à la nature sauvage, ils reprendraient les formes primitives de leur espèce, et perdroient toutes les qua- lités précieuses qu'ils tiennent de noift.

Les chevaux vivent en troupes nombreuses , et habitent les pays de plaines. Ces troupes sont conduites par des chefs qui les dirigent et qui sont toujours à leur tête, dans les voyages comme dans les combats* La force et le courage ont seuls élevé ceux-ci, et, à mesure que l'âge les affoiblit, leur autorité passe a celui qui, à son tour, se montre le plus courageux et le plus fort. Cette succession à la puissance occasione peu de démêlés fâcheux. L'individu qui a les qualités convenables arrive par degrés d'un rang inférieur à un rang plus élevé, et il se trouve enfin k la tête des autres par la seule force des choses, sans qu'aucune prévoyance, aucune volonté ait eu part à son élé- vation , ou s'y soit opposée.

L'autorité de ces chefs est assez grande ,* mais elle se renferme naturellement dans les intérêts de la troupe. On les suit cons- tamment et partout. S'il s'agit de chercher des pâturages plug frais ou des contrées moins froides, c'est pour l'avantage com- mun , chacun obéit ; s'il faut se défendre contre quelques enne- mis , ils s'exposent les premiers au danger, et un instinct secret apprend aux chevaux quê leur force est dans leur union : aussi ont-ils bien soin de se réunir j dese serrer les uns contMes autres dès qu'une bête féroce les menace, et si l'un d'eux succombe, c'est ordinairement le plus foible, celui qui n'a pu suivre, s'il étoit à propos de fuir, on celui qui a mis trop de lenteur dans ses mouvemens s'il falloit se former en groupe pour se défendre.

Les grandes espèces de chat sont, au reste, les seuls ennemis que les chevaux aient à craindre, et ils se défendent ordinai- rement contre eux avec succès : ils frappent des pieds, et sur- tout des pieds dé derrière, avec beaucoup de forte, et mordent très-violemment; * o

Toutes les espèces de ce ^enre appartiennent à ^Asie et à

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ils ont ïesWfttil'ïnfluerice,* On sent combien ièschevavxsatr- vages ; envisii^éÿ sous ce Rapport * oÇHroiéwt. de' remarques; cuneuses poür Phistoire de leur espècey efcdevue^nouvelles pour cette detf animaux * ce qwi manque sUrtourt /à 1! bis to ire riatti^rfellei aùjtrard'hui,'eér sorttdes recherchés sur l'inEiience des causes etèrieures sur iWganiâaticm.

Pallas a décrit unè^timèht saiiVfcge, trés-ij^ttoeet Irè^-prirée r prîsè dans le páys situé entre le Jaïk et le" Volga* Les "chevaux libires'íjúi hébitént ees contrées, sont fauves /romx ou isabelles p en été riîsJs*à Van cent le plus qu'ils peuvent du côté du nordv pour -ftiür'^îfat fchâleur et;leSVouchee, et se procuprer dé meiln leurs pâtüràigës. Le potilaia décrit par Pallas étoit isabelle, et ses crins étoient noirs : comparé àun poulain domestique^*, de ràéë Râlmouque et du mémeàge ,sa tailhr étoit plus haute, ses'iaêmbres plus forts, sa téte^plus grande, ses oreilles plus lorïgüësr, et il les portoiï 'habituellement couchées, comme îé cfrëVa! prêt à mordre* son front 'étoit'bombé $ sa crinière très-èpàisse descendoit jüsque sur le garrot, et sa queue avoit la-rtiêtiie fbrme que celle ïu cheval privér ées sabots étoient plus pëtiisët plus poiritus, et son poil étoit frisé j principale menteur la croupe et Vers la* queue.- - ::l) .

Léon P Africain et Marmol parlentaussi dè elpevaux sauvages en Afrique : mais ils sér bornent k dire qfue ces animaux sont plus petits que les chevaux domestiques, que leur coùleur est cendrée ou blanche, et qüe leurs crins sont epurts et hérissés ; ce qtii est bien insuffisant pour en donner une idée exacte : ils se servent Railleurs des taiêmes expressions peur parler de Farte" sauvage. * - . r - : o

Nôtis avons dés notions £his étendues sur les chevaux qui sont rèhtrés dans l'état1-de nature en Amérique. Plu- sieurs vipyageurs eu parlent avec détails, 'et M" d'Azara le fîaif avée exactitude "rdinhire" Il partit que , dès les pre- *nèto léirips de Parrivée des Européens dans le nouveau con- tinèrit} f>ltfsieurs chevaux furent abandonnés à etix-mêmes r ét qüfiîs se': propagèrent aséeîs prom^tçilièrtt *ils étoient autre-* fdis très-communs à in't-Dmingue,etils différaient déjà par quelques traits dé la râce espagnofay qm leur avoit donné ft'àissânee ; leur tête étoit plus grosse , et leurs oreilles et leufr fcpujptas longs, Mttfce'est surtolit-dfcns le contin^t deU'Apié-

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rnjüe fltétádionále* ét'au'siid de la Plata que cês animaux se sont multipliés; leur nombre, est si considérable qu'on les ren- contre1 par troupes4 de dix mille individus. Ils tirent aussi leur origine de qitelque^race espagnole; et, comme les chevaux domestiques du Paraguay, ils ont pérdu de la taille, de l'élé- gartce ; de la force, de la légèreté, de la beauté du pelage de leur Bouche primitive -, Ifcur tête est devenue plus épaisse , leurs jambes plus grosses ; leurs oreilles plus longues, leurs poils plus grossiers. La couleur la plus commune parmi ces chevaux^ est le bai-chàtàin, et on en voit, ipais rarement, de floirsv Ces nômbreUses troupes de chevaux sauvages se trouvent ¿ans les contrées immenses et peu habitées qui s'jé? tendent des rives de la Plata jusque chez les Patagons. Cha-* cutte d'elles habite 'un canton particulier qu'elle défend, Comme sa -propriété,' contre toute invasion étrangère, et qn'ellè n'abandonne que lorsqu'elle y est forcée par la faim, ou* par quelque ennemi puissant. Ils marchent en colonnes ser- rées , et lorsque quelque objet les inquiète, ils s'en approéhent à une certaine distance, ayant les'individus les plus forts àr leur tête, l'examinent attentivement, en décrivant un ou plu- sieurs cercles àTentour; s'il ne paroît pas dangereux, ils s'en approchent avec précaution ; mais, si les chefs ont cru recon- noitre des dangers et donnent l'exemple de la fuite , la troupe entière les suit et ne reparoît plus.

L'itistinct qui porte les chevaux à se réunir toujours en famille, rend la rencontre de ces troupes sauvages très-dange- reuse pour le voyageurs, parce qu'elle les expose à perdre pour jamais leurs chevaux. Lorsque ces hordes aperçoivent des chevaux domestiques, elles les appellent avéc empresse- ment, en passant à leur portée autant que la prudence le leur permet} et, si ceux-ci ne sont pas gardés avec soin , ils s'en- fuient, et on tenteroit en vain deles rattraper.

: Ces-chevaux sauvages s'apprivoisent et' deviennent domes-* tiques très-facilemént, même lorsqu'on les prend adultes; les Américains les saisissent au moyen de longues cordes * qu'ils lancent avec beaucoup d'adresse,' et dans lesquelles*ils;enla- cent les animan je dontils veulent se rendre maîtres..

Nous voyons "du moins par ee détails, rqiioiqtie peu nomr Jbreux;, que la "aturé tend à xsonæiier fesf èce tie chevfl ]k une

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tu i Ile moyenne, à 4ui donner une tête plus forte, des oreilles plus grandes, desmembren plus épais, un peLageplus grossier; mais qu elle n'exerce qu'une très-légère action sur son intelli- gence, et qu'on les réduit sans peine wusile joug de la domes- ticité, tandis qu'il fan droit des soins infini*.pour leur rendre leur grande tailler et: surtout leurs proportions élégantes. Ce phénomène, auquel on n'a pas fait assez d'attention, pour- roit servir à en expliquer.un autfe, qui a toujours paru fort remarquable : je veux piarler de l'entière disparition de plu- sieurs espèces domestiques de l'état ; sauvage* En effet, si ces espèces ont reÿu originairement des dispositions aussi prononcées à s'attacher à l'hommè. et à le servir, que celles que nousvoyoUsaux chevaux redevenus sauvages, et qui* Sous tous les rapports physiques , ont déjà éprouvé de si grands ehangemensy il est facile de concevoir que leur association à l'espèce humaine a dû lêtre un des premiers effets de notre in-* fluence sur elles , et que, dans toutes les contrées, où nous avons pénétré, nous avons rapproché de nous dés animaux qui pou- voierit nous être utiles, et qui, pour cela, n'exigeoient pres- que aucun soin de notre part* C'est ainsi, cotnme on Ta juste- ment observé, que tes:premiers arts auxquels notre industrie oa donné naissance, ont eu pour foridemens les phénomènes quise présentoient-naturellement à nous, et qui n'avoient besoin , pour être produits, que des circonstances les plus ordi- naires, et qui se passoient le plus habituellement sous nos yeux. *' Les grande" troupes dont nous avons parlé se forment de familles composées d'unmàleet de* plusieurs femelles * qui iui appartiennent et lui obéissent, qui se réunissent toujours autour de lui ôt le suivent partout"; C'est au printemps que les besriins du rut se font sentir, et la gestation est de douze mois. Le poulain naît couvert de poilsles yeux ou- verts , et avec assez de forcé pour -se soutenir et marcher. Quelques jours après la naissance, on voit paroitre les deux incisives moyennes à chaque * mâchoire ; ài trois ou quatre mois , en viennent deux àutres, à côté des premières, l'une s droite et l'autre à gauche',* enfin, les deux dernières se montrent à six mois environ. Ces dents sont des dents de lait, qui se re- produisent daps le^même^dre, entre deux et trois ans, et a des'iftte*vallesd%six ipois; desorte qu'en deux aœà peu près le

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travail de cette nouvelle dentition est terminé. Le poulain tette pendant douze mois environ, et son entier développement a lieu vers la cinquième année. Les chevaux libres pourraient vivre de trente à quarante ans. Dans leur jeunesse,-on recon- noîtleuràgeà leurs incisives. Ces dents ont, à leurpartiesupé- rjeure , ,un preux qui s'efface petit à petit par l'usure, et sui- vant des,règles sssez -constantes pour que chaque degré d'usure corresponde à un espace de temps déterminé.

Les incisives de lait sont plus blanches que celles qui viennent après i "lies sont aussi plus étroites, et ont à leur base un collet ou rétrécissement plus marqué ; à quinze mois environ, celles qui ont paru les premières commencent à perdre leur cavité par l'effet dçl'uaure; celles qui sont venues ensuite ne marquent plus, vers le vingtième mois; enfin, après deux ans, la cavité des dernières est effacée à son tour. Nous venons de voir à quel âge ces dents sont remplacées par des dénis adultes ; celles-ci perdebt leur creux dans le même ordre que les autres : les pre- mières, àja mâchoire inférieure , fntre quatre ans et demi et cinqans; les secondes, entre cinq et six ans, et les dernières entre sept et huit ans. Les incisives supérieures s'usent après les autres. Les cavités des deux moyennes disparaissent vers la hui- tième année ; celles des suivantes vers la dixième, et celles des dernières vers la douzième. Les différences qu'on observe dans oes divers changeinens, tiennent auxraees, et même aux indi- vidus, qui arrivent plus ou moins promptement à l'état adulte. Après la douzième année, on n'a plus que des règles fort incertaines pour juger de l'âge des chevaux.

Les sens de ces animaux sont, en général, assez délicats, comme nous l'avons vu dans nos généralités. Chacun connoit lj?ur voix, qui prend des tons différena, suivant les causes qui les portent 'à da faire entendre : les femelle^ hennissent moins souvent et .avec beaucoup moins de force que les màlps, et la castration rapproche, sous ce rapport, celui-ci de la femelle. i - Les caractères intellectuels des chevaux consistent surtout dns la^netteté de Leurs perceptions, et dans l'excellince de. Letir mémoire ; car c'est sur l'association des impressions qu'ils ônt reçues que repose tout ce que leur éducation preset^ d'extraordinaire et peut permettre.

; Si neus, considérons l'espèce du cheval, dans les variétés que-

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ladomésticité y a produites, nous le verrons, tantôt se rape* tisser jusqu'à la taille du daim, tantôt s'accroître jusqu'à celle du dromadaire; acquérir l'élégance et la légèreté du cerf, ou la corpulence et la pesanteur du bœuf. Quelques races nous montreront une tête petite et effilée, des yeux vifs, des oreilles fines , dirigées en avant, des naseaux larges et mobiles ; d'autres, au contraire, auront la téte lourde, les yeux ternes, les oreilles grandes et couchées en arrière , de"naseaux étroits et fermés: les uns ont le chanfrein arqué, les autres Font droit: ici le pelage est ras et les crins peu fournis, là les poils et les crirts sont frisés ; ailleurs ils sont longs et soyeux ; et nous pou- vons observer toutes les couleurs qui résultent du fauve, du noir et du blanc, mélangées dans toutes les proportions.

Les allures offrent aussi des différences. Certains chevaux, en marchant, relèvent en même temps les deux pieds du même côté; c'est l'amble : d'autres galopent avec les jambes de de- vant , et trottent avec celles de derrière ; c'est l'aubin : le pas relevé consiste à relever, non pas à la *fois comme dan" l'amble, mais successivement, les deux pieds du même côté, etc. L'édu- cation développe quelque fois la force des chevaux à un pointsur- prenant. On dit que lesibons chevaux arabes peuvent faire jus- qu'à cinquante lieues en vingt-quatre heures, et que les che- vaux tartares font quelquefois des courses de plusieurs jours sans s'arrêter que pour manger quelques poignées d'orge. On a vu des chevaux anglois parcourir jusqu'à quatre-vingts pieds en une seconde , ce qui surpasse la vitesse du vent.

Les qualités morales n'offrent pas moins de diversité que les qualités physiques : les uns sont d'une intrépidité que rienn ar- rête , les autres d'uhe timidité que tout effraie ; il en est qui sont aussi remarquables par leur mémoire, leur prudence, la facilité avec laquelle on les instruit , que" d'aùtres le sont par leur étourderie, la foiblesse de leur conception, leür entê- tement, etc.Toutes ces différences pourroient former les carac- tères d'autant de races, et elles doivent être considérées ainsi par les Naturalistes, car elles sont constantes et se propagent. Malheureusement les chevaux n'ont pas été étudiés dans les variations qu:e chacun de .leurs organes peut éprouver, et celles qu'on admet communément se caractérisent par des mo- difications plus ou moifts nombreuses et de nature très*diffé-

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l'exile. Chaqué pays a ses races de chevaux', qui* ont été forméés suivant la nature de ces pays et les'besoins des peuplea qui les habitent. Les Arabes ont cherché a étendre et à conserver le* qualités du cheval de selle, la légèreté* la vigueur, la docilité* Dans les contrées agricoles, on a particulièrement soigné les races propres au. trait, au labourage. Les pays du Nord, où la végétation est riche, ont donné naissance aux chevaux:de la plus grande taille ; ceux du Midi ont été moins favorables aif développement du corps; mais ils ont/donné de la vigueur, de l'énergie. En général, c'est sur l'usage auquel on dtine les chevaux, que leurs variétés sont établies; et, sous ce point de vue, très-différent de celui sous lequel l'histoire naturelle devroit les envisager,ell€s peuvent être rangées dans trois divisions principales : les chevaux de course, les chevaux de bàt, et les chevaux de trait, parmLlesquçls ou pourroit former encore de nombreuses subdivisions. Nous extrairons ce que nous croyons devoir en dire, de l'important. ouYirage d* M. Huzard, intitulé : Instruction sur l'amélioration: che-

vaux en France.

CHEVAUX AABES. Le chevfd arabe est, sans contredit, le premier cheval du monde. Il n'est pas beau, d'après l'idée que nous nous formons de la beauté des chevaux en génécal" Il b la tête presque carrée, le chanfrein creux plutôt que:busqué, l'encolure droite ét quelquefois même renversée, ce qu'oç appelle encolure de cerf. Cette conformation, que l'on a re- gardée comme un défaut, est donnée parla nature à toi^s lçs animaux qu'elle destine à fournir de longues courses; et U suffit de connoître les premières lois de la physiologie animale .et celles du môuvement, pour en sentir la nécessité. Ce cheval a la peau fine, le poil ras, les vaisseaux sanguins très-apparens,; les apophyses, qui servent d'attaches aux muscles, sont forte- ment prononcées ; les muscles le sont eux-méiqes, et se des- sinent bien so us la peau ; les articulation^ sont larges et fortes, exemptes de toutes ces tares si fréquentes dans nos races com- munes. Les jambes sont fines, et ne sont pas plus chargées de poil .que le reste du corps ; les cordes tendineuses de ces parties soi*t bien détachées des canons, et le pied est excellent et sûr. Lfi .taille ordinaire est de quatre pieds six à sept pouces. Le cheval arabe est sobre , se nourrit aisément et de peu de chçsç : on li*i

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donne, au coucher du soleil j cinq à six livres d'orge, et queU quefbis, sous la tente, un -peu de paillé d'orge hachée. 11'fait habituellement dix-huit à vingt lieues par jour, quelquefois davantage. 11 sue difficilement, et il est long-temps eu état de servir; il a un fonds d'haleine pour ainsi dire inépuisable. Il faut voir ce cheval, courant sous l'homme, dressant la téte et Fenüolure de manière à couvrir Entièrement son cavalier ; portantla queue en Fair et en trompe, avec utie vigueur et une grâce que nous avions inutilement cherché à imiter par une opération aussi inutile?que barbare. Tout dans ce cheval annonce la durée, la vigueur, la force et.la bonté : c'est cette réunion de qualités applicables à tous"les uèages, et qu'il com- munique éminemment à ses descendant, qui le met au pre- mier rang sans rivalité.

Les*Arabes distinguent deux races de leurs chevaux: l'iine parfaitement pure, dont ils ont la généalogie positive de temps immémorial, et qu'ils nomment koehlani, kohcjle ou kaHhaa. Les Arabes ne fonteouvrir les jumens de cette race qu'en pré- sence d'un témoin qui reste vingt jours auprès d'elles, pour être sûr qu'aucun* étàlort commun ne lés déshonore. Ouand elles mettent bas, le même témoin doit également être présent; le certificat de la naissance légitime du poulain est expédié juridiquement dans les sept premiers jours. Cette précaution fait voir combien les Arabes sont jaloux de conserver la race de leurs ehevaux dans toute sa pureté. L'autre race n'est, à proprement parler, qu'une dégénération ou un croisement de la première, dont la généalogie est inconnue ; ils la nom- ment hadischi ou hatih.

La première race est la meilleure, et est prineipalemeot élevée par les Arabes Bédouins, entre Bassora, Merdin et la Syrie. Ils vendent les étalons de cette race assez facilement^ quoique très-cher ; mais ils ne vendent pas les jumens : ce n'est, pour ainji dire, que par supercherie ou à force (^argent qu'on peut espérer d'en obtenir. Ces jumens jouissent exclusivement du privilège de transmettre la pureté de la race à leurs desce%> dans, et c'est toujours par les mères que l'on compte les généa- logies.

La seconde race sert a tous les usages ordinaires de la do- mesticité.

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On ftfc fait jamais couvrir ies juinens delà prendère race par deà étalon# de la seconde ; ;et, lorsque cela arrive par hasard * te poaluiti est réputé de la race du père-, tandis qu'au con* traire il arrive souvent de faire couvrir les juinens de la se* conde race par des étalons kôchlani, et dans ce cas le pour lain est toujours réputé de la race de la mère. Cela tient à l?idée avantageuse que les Arabes ont de leur première race* idée bien propre à la conserver dans toute .sa pureté en en excluant tous les mélanges.

Le cheval arabe aihéliorev tontes les races, même celles qui sont plus grandes qucf lui, et de figure tout-à-fait diffé* tente. On peut dire qu'en fondant ses formed dank celles de la race qu'il croise, il kd epmmunique*ses qualités. Ce n'est pastoujours à la prènfiiére génération quecette fonte de formes est sensible : par exemple, un cheval arabe, croisé avec uno jument normande, ne donnera pas un beau poulain ; mais ce poulain j excellent par les qualités de ses ascîendans, en donnera qui seront plus beaux et aussi bons qti"É lui.

* ' CHEVAUX PERSANS. Lès chevaux persans Sont, après lesîarabes dont ils descendent, ceux qui jouissent de la meilleure répu- tatiorf. llà' sont dans le cas de parcourir aussi vite, et même plus vité que ceux-ci, un Certain espace de chemin; mais bientôt le cheval arabe prendra le devant. i

Le cheval persan a la tête plus fine et la ck*otfpe miefcx faite que le cheval arabe. Il'y a, au ndrd dela'Perse, une race plus forte que nos chevaux norfriands, qu'on laisse paître pendant huit à neuf mois de l'année dans les pâturages abondans di" Chirvan, du Mazendaran- les chevaux de cette race sont re-* cherchés pour la cavalerie.

Les Persans soignent leurs races et les conservent avec le même soin que les Arabes. * ;

Le cheval persan a été transporté en Angleterre, pendant le règne d'Elisabeth, et ÿ a ddiiné d'excellentes productions; mais les Anglois lui ont préféré le cheval arabe, dès qu'ils ont été à portée de se le procurer et d'en reconnoitre les avan-* tages. ¿

. CHEVAUX BARBES. Les chevatrx barbes, ou de la Barbarie, ou des Etats barbaresques, ont l'encolure mieux faite que les che- vaux arabes, ou plutôt elle est plus ronde, et ce;qu'on appelle"

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mieux sortie da garrot. Par conséquent, ils sont moins propres i courir que les premiers ; aussi sont-ils plus recherché pour fr manège que pour tout autre exercice.; Ils ont la têts plus fine que les arabes; le .chanfrein ,*au lieu d'être creux, commie ceux-ci, est assez ordinairement busqué ; les épaules sont plates, la croupe un peu longue, et ilsrfont assez souvent longtjoiqtés. Le cheval barbe; a plus de figure que,le cheval arabe; il est à peu près de la même taille, et on en voit très-rarement au- dessus de quatre pieds neuf pouces. Il est froid dans ses #Uures; il a besoin d'être echatiffé et mis en train peu à pjeu : alors on lui trouve le nerf, la vigueur, la vitesse çt la légèreté-qu'il tient du cheval arabe dont il paroît descendre. C'ejst dans le royaume de Maroc ét de Fez qu'o trouve aujourd'hui les meilleurs chevaux barbes; au reste, les Maures sontlçin d'avoir de leurs chevaux les mêmes soins que lçs Arabes. , , .

- CHEVAUX TURCS. Ces chevaux approchent du cheval arabe, dont ils sont aussi une descendance : ils ont, comme lui, l'enco- lure droite ét assez ordinairement effilée ; leur corps est ptys long et leurs reins plus élevés; mais jl$ ont les mêmes qualités*

CHEVAUX TARTARES, TRANSILVAINS, HONGROIS, POLONOIS^ TOUS ces chevaux sont également sobres, légers" vigoureux et hon$ coureurs. Ils sont rarement beaux.: }a tête est cadrée, la cri- nière longue ; ils oi\t peu de corps, ce qui fait que, quoique de même taille qu", íes chevaux arabes, ijs paroissent cependant plus haut montés sur jambes: ils ont lesj pieds. ¿res*$olides, le sabot un peu étroit et les talon" h^iuts ; ce qui est cause quils arrivent promptement à être droits sur leurs tnembref. On peut remédier à ce vice,par une ferrure appropriée. Qi^elqijes-aines de ces races ont les naseaux fendus; cette opération les em- pêche, dit-on, de hennir, çe qvi est avantageux à la guerre: la plup^t aussi sont marqués sur l'une des cuisses , et ont les oreilles fendues, connpe nos eh?y$ux de réforme. Au demeu- rant, ils se ressentent de leur prigipe arabe. . , .r

CHEVAUX ESFAGNOS. Les chevaux d'Espagne ont la tête un peu grosse et forte, etsorit quelquefois^ qu'on app elle chargés , de ganache. Le chanfrein est assez ordinairement busqué; les oreilles quelquefois attachées xmpeu bas et généralement trop longues; l'encolure forte, trop charnue ^chargée de beaucoup 4e crins ; les égaulçs( çt le p çittail s ont 1 prges 9 étoffés j le§ reins

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forts et quefquçjbfc ha*" la cfoupe le plus coanminement comme celle des mulets; la côte est bien arrondie; ils sont long-iointés; le pied en est serré et les talons en sont un peu haute: mais ce défaut tient moins peut-être k la nature du cher val^pi'il ne tient aux vices de la ferrure espagnole. Ces che- vaux, bien étoffés , et qui ont quelquefois un peu de ventre; paroissent bas et prés de terre ; quoi qu'il en soit, iis ont 1*1 mou vena en* très-souples, beaucoup de ÿpàTce, de courage , dt feu et d'action, et sont avec cela trè$*dociles. On peatonfairé non-seulement d'excellens chevaux de manège* où üa Con- viennent mieux que tous autres ; "nais ils donnent aussi dé très-bons chevaux de cavalerie.

Ce sont, exclusivement au reste de l'Espagne , les royaumes *TAndalousie, de Grenade et la province d'Estramadure , qtû sont en possession de fournir les chevaux les plus distingués ; mais c'est particulièrement ¡'arrondissement de Xérès qui possède les chevaux les plus estimés. On y en trouve deux races parfaitement distinctes : l'une f remarquable par sa finesse et ses belles proportions, qui, à l'exemple de nosehe* Taux limousins * ne prend tout son développement qu'à six ou sept ans, et s'est conservée dans toute sa pureté à la Ghartreüs* de Xérès et chez un petit nombre de propriétaires p od xd hii reproche que d'être trop long-jointée, oe qui, çn nuisant un peu à la solidité, contribue à la beauté de ses mouvoatens, et est regardé comme pnç perfectipn de plus par les Espàgnods r l'autre race, pkis grande, moins fine, plus taillée en force f est plus multipliée, pa*ce qu'elle estn*oit long-temps k croître f et qu'elle est employée k la remonte des troupes* >

Chevaux allemands. La plupart des souverains et des prineoi de l'Allemagne ont, dans leurs haras f d'excellentes races de chevaux ; presque tous les étalonssont choisis parmi les arabes y les barbes, les turcs et les espagnol*. De tels étalons, bleu appareillés, ne peuvent donner sans doute que de bonnes pro* ¿actions : aussi, les chevaux allemands sont-ils asses estimés ? on leur reproche feulement d'avoir, pour la plupart, l'àalein# un peu courte"

CHEVAUX sinssfes. La Suisse possède une bonne raee de ohe* vaux de trait ; quelques-uns sont même assez distingués pour pouvoir être employés au carrosse et au cabriolet. Ces ojievau* 8. o 2"

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*ont fort ramassés, bien membrés, vigoureux, sobres; maïs ils ont en général la ganache, la mâchoire et les jambes char- gées de poils. Ils tirent leur origine des étalons allemands et italiens. Le canton de Berne fournit les meilleurs. *- ;o

Chevaux danois. Le cheval danois est bien fait et étofll^il a les'formes Tondes, l'encolure rouée; il est brillant et trotte bien. Onr lui reproche seulement d'avoir la croupe un peu trop grince, et les jambes trop fines pour sa taille. Les meil- leurs et les plus'estimés sont ceux du Jutland et d'Eldembourg.

CHEVAUX HOLLAKDOIS. Les chevaux hollaùdois sont bons pou* lO'carrosse et pour le trait. Les meilleurs vfectuent de la pro- vince de Frise , ensuite de celle de Berg ettlu pays de Juliers;

CHEVAUX ANGLOIS. Le croisement dé Farabe et des autres chevaux asiatiques avee la race aûgloise, et le croisement ¿e leurs productions éntre elles ou avec la race indigène, ont produit, en Angleterre, une division de tous les che- vaux en quatre classés principales, bien tranchées et bien caractérisées, qui se conservent même eh sé fondant successi- vement l'uné dans l'autre.

a La première est le cheval de course, résultat immédiat d'uni étalon ibarbe ou arabe et d'une jument angloise, déjà croisée de barbe ou d'arabe.au premier degré, ôu*1^6 résultat de deux croisés au ujêmérdègré , que les Anglais appellent premier âangy c'est-à-dire le plus près possible íe la souche étrangère.

La deuxième ést^le.Cheval de châsse, résultat du croise- ment d'un étalon du ÿrétnier sang , et dViif jument d'un degré maùi jprés de la souche Cette classe est la plus multipliée? elle est plus membréé qüe'îa' première; et excellente pour le travail. ' ^

.. La troisième est le résultat du croisement du cheval de çhasse avec des jumens plus communes, plus fortement mem- bre es , approchant plus de la racé indigène qué les précédentes. Elle forme le cheval îe chàise et de carrosse : ce sont les chercaux de cés deux classes que les Anglois exportent le plu* âans toute l'Europe, et principalement en France.

La quatrième est le cheval de trait, résultat du cheval pré* eédeift avec les plus fortés jumens du pays. 11 y a de ces che- vaux qui sont de la plus graàde et de la pliis forte taille . leur Moule es ten quelque sorte celui d'un cheval de bronze, et;

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les membres en sont plus fournis quîaucun des chevaux que nous connoissons. On peut les comparer à nos chevaux . de brasseur, et ils sont employés également à ce service en Anr gleterre.

Quel que soit, au surplus, le mélange de toutes ces classes, on reconnoît, jusque dans les individus les plus médiocres de la dernière, l'influence du sang arabe, malgré l'état plus ou moins avancé de la dégénération ; cette influence se fait aper- cevoir dans la conformation de quelques parties du corps échappées à cette dégénération, ou dans la conservation de qua- lités inhérentes au service que l'on peut encore tirer de ces chevaux.

Les plus beaux chevaux angloig, dit Buffon, sont pour la conformation assez semblables aux arabes et aux barbes, dont ils sortent en effet; ils ont cependant la téte plus grande, mais bien faite et moutonnée, et les oreilles plus longues. Par les oreilles seules on. pourroit distingue? un cheval anglois d'iin cheval barbe ; mais la grande différence est dans la taille : les anglois sont plus étoffés et plus grands., Ils sont généralement forts, vigoureux, hardis, capablesd'upe grande fatigue, excel- lens pour la chasse et pour la çourse ; mais il leur manque la grâce et la souplesse : ils sont durs et ont peu de liberté dans les épaules.

CHEVAUX FRANÇOIS. Il y a en France des chevaux de toute espèce. Le Limousin et la Normandie fournissent les meilleurs : le Limousin, les chevaux de selle, et la Normandie, outre les chevaux de selle, de très-beaux chevaux de carrosse. Les -chevaux de selle normands ne sont pas si bons pour la.chasse tjue les limousins ; mais ils valent mieux pour le carrosse, pouç le manège et pour les troupes, et sont pjus forts. La Franche- Comté et le Boulonnois fournissent de très-bons chevaux, de irait; l'Auvergne, le Poitou, le Morvan, la Bourgogne, d'ex- cellens bidets ; le Roussillon , le Bugey , le Forêt, le pays d'Auch, la Francjie-Comté . la Navarre, la Bretagne, etc.? donnent aussi de forts bons chevaux de selle, mais moins esti- més cependant que l,es limousins et les normand?.

Quoique la race des chevaux normands soit aujourd'hui assez méconnoissable, dans ce pays même, par l'effet des croi- seznens avec des métis étrangers, surtput avec des anglois ¿ on

3o.

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y trou re eepenáfcirt encore une trcs-grajide quantité cíe beattf chevaux et de belles fmotns poulinières qui ont gardé le" caractères de leur type.

Lorsqu'on veut conserver les races de chevaux, on forme de* haras. L'art de conduire ces établissemens et d'éterer les ani- maux, est un art particulier qu'il ne nous appartient point 4c décrire, mais dont les règles se déduisent du naturel des che- vaux. En général, les qualités propres à chaque rácese propagent par la génération; et Ton sent, d'après cela, que les races ne peuvent pas être indifféremment mélangées. C'est par grada* tions, et par les gradations les plus iusensiblea, que toute espèce de développement s'opère avec le plus de succès, soit au physique, soit au moral? et Part doit laisser la plus entière liberté à la nature, dans tous les cas où elle tendroit au même but que lui. Ces principes devroient faire la base de toutes les règles de la direction desharas; mais ils sont encore méconnu^ de la plupart des hommes qui se livrent à l'éducation et à la propagation des chevaux.

C'est par les bienfaits, la douceur et la patience qu'on par- vient le plus sûrement À soumettre et à dresser ces animaux utiles, lorsqu'ils ne sont point naturellement vicieux. La fbrce peut aussi les contraindre à l'obéissance ; mais ils perdent en même temps leurs qualités les plus précieuses, leur ardeur, leur courage, et leur docilité même T parce qu'ils perdent leur intelligence. Quelle différence n'y a-t-il pas entre Tanimal conduit habituellement par le fouet, et celui qni n'obéit qu*à la main d'un éeuyer habile ! Celui-ci aime son maître, se plaît à faire sa volonté, répeüd à ses moindres dé- sirs; l'autre, au contraire, cesse d'obéir dès qu'il ne tremble plus, et à la moindre circonstance qui lui fera apercevoir la supériorité de ses forces sur celles de son conducteur, il les emploiera contre lui, et sa vengeance pourra être terribles L'art de dresser les chevaux est un art très-difficile, et qu'on trouve rarement bien exercé, parce qu'il n*a été jusqu'à présent qu'un art empirique : les détails qui le constituent ne peuvent pas non plus appartenir à notre ouvrage^ mais ils re- posent entièrement sur les qualités physiques et morales des chevaux, dont nous avons tâché de faire cennoître les princi- pales. L'important est que toutes les perceptions du cheval

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soient nettes et précises ç au trement sa mémoire lui deviendra inutile,produira de vagues associations, et le conduira indu- bitablement à se tromper : c'est pourquoi la douceur et la patience sont si essentielles à son éducation. Rien , en effet > n'est plus propre à troubler les impressions et à les rendre hausses, que de les accompagner sans cesse des chàtimens et de la peur.

Le DzrcoTAi; Equus betiiionus, Pallas. Queue avec des crins a son extrémité seulement ; une ligne dorsale qui s'élargit sur la croupe.

C'est encore à Pallas que nous devons la connoissance exacte de cette espèce, dont MesserSchmit avoit déjà parlé. On trouve, dit-il, les dziggtais en troupeaux nombreux dans la Mongo* lie ; mais on ne les rencontre qu'isolés sur les frontières de la Russie. Cet animal a la taille d'un cbevai moyen ; ses formes ont de l'élégance et de la légèreté, et son air est vif et sauvage ; ses membres sont déliés, et sa tête est un peu lourde; mais ses orèilles sont dans de belles proportions, et un peu plus longues que celles du cheval; son poitrail est large du bas, son dos carré f sa croupe effilée : ses épaules sont étroites, et ses sabots semblables à ceux de l'Àae; son pelage est brillant en été** de couleur isabelle, avec tnebande.dorsale noire, qui s'élar- git un peu au défhutdes reins et se rétrécit beaucoup vers la queue; celle-ci n'a de poils qu'à son extrémité, et les crias sont courts et crépus. Le pelage d'hiver est épais et frisé , et an peu plus roux que celui d'été.

Le dziggtai porte, en courant, la tête droite etle nez au vent, et le meilleur cheVal ne peut l'atteindre* Ces animaux éventent facilement les chasseurs. Lorsqu'un objet les inquiète, le chef, de la troupe s'en approche, et, S'il ne se rassure pas, il fait quelques sauts, et4ous partent avec la rapidité de l'éclair.

11 paroit être difficile à apprivoiser. Pallaspensoit qu'il seroit fort utile de le rendre domestique, à cause de sa force et de lit légèreté de.sacourse ;et il jugeoit, avec raison, qu'il sutEroit pour cela de quelques soins particuliers.

L'ane; Eqaus as inus, Linn. Queue avec des crins à. son ex- trémité seulement; une ligne dorsale et une ou deux b^ndc transversales en croix sur les épaules. , t

Jusqu'à ces derniers temps, cette espèce ne nous étoit con-r

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c'est mêmè, chez eux, le monture la plus en usage, et la scnle permise^ certaine classe d'hommes, et surtout aux Européens. L'àne seroit très-susceptible d'éducation : il a pour cela toutes les qualités nécessaires, des sens fort délicats et une mémoire excellente ; il se souvient de tous les chemins par lesquels il a passé, et sa timidité le porte à ne jamais en suivre d'autre, lors- qu'il le peut. C'est cette timidité qui lui fait craindre l'eau, à laquelle cependant il s'habitue aisément; lorsqu'on lui couvre les yeux, il s'arrête et refuse d'aller plus loin ; si on le sur- charge, il accélère sa marche, et va jusqu'à ce qu'il tombe. Sans le cheval, il seroit certainement devenu le premier de nos animaux domestiques ; nos soins auroient développé en lui des qualités nouvelles, et auroient augmenté celles qu'il a reçues de la nature. Le cheval sauvage et l'âne sauvage ont à peu près la même taille ; leur force est égale, et leur naturel est peu différent : l'âne même a des qualités plus solides que le cheval. Mais celui-ci a été pjus favorisé du côté de l'intelli- gence ; il l'a emporté sur l'autre, et cela devoit être : les forces du corps n'ont de prix qu'en proportion de celles de l'entende- ment qui les dirige.

L'histoire naturelle de l*âne est tout-â-fait semblable à celle du cheval, dans tout, ce qui a rapport à la reproduction des individus et à leur développement; c'est pourquoi je ne rap- pellerai point ces détails. On connoit sa voix, ce cri désagréable et discordant: il le fait en tendre lorsqu'il éprouve quelque désir, le mâle surtout, lorsqu'il sent uue femelle en chaleur; c'est lui qui brait le plus fort; lfi femelle a un cri plus clair, et l'àne coupé ne brait qu'à voix basse.

Cette espèce n'étoit point connue chez nous du temps d'Aris- tote; elle paroîts'y être établie à mesure que nos marais ont été desséchés, et que les défrichemens ont éclairci nos forêts et adouci la température de notrçr climat : mais les Grecs eu possédoient de très-belles races qui de chez eux ont sans doute ¡passé en Italie. On en trouve aujourd'hui jusqu'en Suède, tant it esf vr^i que le naturel des animaux peut éprouver le" Plus grands changemens quand on a soin de p'agir sur lui que par des gradations lentes et insensibles. L'àne a été transporté en Afrique, où il n'est pas mieux traité que che* nous* dans certaines provinces du moins.

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Le lait d'ânesse est recommandé dans quelques maladies ; c'est un aliment sain, léger, calmant, qui peut produire de bons effets, chez nods principalement où tous les usages tendent à porter jusqu'à l'excès l'exercice des facultés.

Cocagga ; Equus quaecha, Gm. ( Ménagerie du Mus. d'hist. nat., in-fol.) Queue arec des crins à son extrémité seulement; une ligne dorsale, et des bandes transversales sur les épaules et sur le dos.

Cette espèce rappelle les formes et les proportions du cheval, par la légèreté de sa taille et la petitesse de sa tête et de ses oreilles ; mais elle a la queue de Pàne. Sa taille est celle d'un cheVal de grandeur moyenne ; sa hauteur, au garrot, est d'en- viron quatre pieds. La couleur du couagga, sur la tête et sür le cou, est un brun foncé noirâtre ; le dos, les flancs, la croupe, le haut des cuisses, sont d'un brun clair, qui pâlit et se change en gris roussâtre sur le milieu des cuisses ; leurs parties infé- rieures, les jambes, le dessous du corps et les poils de la queue, sont d'un assez beau blanc ; sur le fond brun de la tête et du cou sont des raies d'un gris blanc, tirant sur le roussâtre : elles sont longitudinales, étroites et serrées sur le front, les tempes et le chanfrein ; transversales et un peu plus écartées sur les joues; entre l'œil et la bouche elles forment des triangles, parce qu'elles sont larges au milieu et étroites aux deux bouts. Le tour de la bouche est entièrement brun. Il y a dix bandes stfr le cou ; la crinière ne va que jusqu'à la neuvièmè : elle est courte et droite comme celle d'un cheval quil'auroit eu coupée, et elle participe des taches du cou. L'épaule a quatre bandes; mais elles se raccourcissent jusqu'à la quatrième : une ligne noirâtre règne le long de l'épine , et descend jusque sur la queue.

Cette description a été prise sur un couagga mâle adulte, qui a vécu à notre Ménagerie; mais il paroît que le nombre des bandes varie, et qu'elles descendent quelquefois jusque snr la croupe, sans cependant jamais être semblables à celles du zèbre.

Le cri de ces animaux est une sorte d'aboiement ; c'est le son cw/aii, ouao, répété une vingtaine de fbis, sur un ton très-aigu. Ils vivent en troupes nombreuses, et se laissent facilement apprivoiser. Il paroît, d'après Gordon eiSparmann, que Ivs

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colons hollandois en ont habitué au trait, et qu'on en élevé avec le bétail ordinaire qu'ils défendent contre les hyènes et les autres animaux féroces de cette taille. L'extrémité méridio- nale de l'Afrique paroit être la patrie exclusive de cette espèce.

Le ZEBRE; Equus zebra, Linn. ( Ménagerie du Mus. d'hist. nat. in-fol.) Queue avec des crins à son extrémité seulement; une ligne dorsale, et tout le reste du corps-couvert de bandes transversales.

Cet animal se rapproche beaucoup de l'âne par les formes et les proportions ; mais il se caractérise nettement par, son pelage à fond blanc légèrement teint de jaunâtre, avec des bandes d'un brun presque noir. Le tour du museau est tout entier d'un brun noirâtre; les lignes qui occupent le chan- frein sont rousses, ainsi que celles des côtés de la bouche. Les premières sont étroites et longitudinales; celles des côtés de la tête sont transverses, excepté une qui se contourne autour de l'œil. L'oreille est rayée irrégulièrement de blanc et de noir, en sa moitié inférieure; l'autre moitié est noire, excepté le petit bout, qui est blanc. Toute sa face concave est revêtue de poils gris blancs.

Il y a huit rubans noirs sur le cou, deux sur l'épaule, qui s'écartent à la hauteur de l'aisselle, pour faire place aux ru- bans de la jambe de devant, lesquels sont disposés en sens con- traire. Le tronc porte douze rubans, dont les trois ou quatre derniers se joignent obliquement vers le bras, pour faire place à ceux de la cuisse, aussi disposés dans le sens horizon- . tal. Les lignes de la croupe vont en se raccourcissant, et forment ainsi un triangle alongé ? dont les rubans de la racine de la queue font la continuation. Chaque cuisse porte quatre bandes plus larges que toutes lçs autres, et qui en dessinent très-bien la convexité. Les quatre jambes sont entourées de rubans trans- verses et irréguliers ; le ventre et le haut de la face interne des cuisses sont blancs et sans bandes ; les longs poils qui la ter- minent sont noirâtres. La crinière commence au sommet de la ffece antérieure du front, entre les deux oreilles, et se con- tinue sur le cou; elle est partout courte et droite, et les en- droits blancs et noirs sont la continuation des bandes conti- guës du cou.

Les mâles et les femelles se ressemblent, et les jeunes naissent

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avec les couleurs de l'espèce; seulement le brun est plus pâle* La portée des femelles est de douze mois.

Les zèbres, semblables à toutes les espèces sauvages de ce genre, s'apprivoisent avec quelques soins: nous en avons pos- sédé une femelle qui étoit de la plus grande douceur, et quise laissoit monter; elle a produit successivement avec un âne et avec un cheval, comme nous l'avons déjà dit.

* Ces animaux sont naturels à l'Afrique, et paroissent se ren- contrer depuis l'Abyssinie jusqu'au cap de Bonne-Espérance, ou ils sont plus particulièrement connus sous le nom d'âne sauvage ou d'âne rayé. On pourroit croire, d'après un passage de Xiphilin, comme l'observe M* G. Cuvier, que les Romains connoissoient le zèbre sous le nom de hippo-tigre; mais ils ne paroissent pas l'avoir vu souvent, puisque Pline n'en dit rien, quoiqu'il ait généralement soin de parler des animaux qui furent montrés au peuple dans les cirques de Rome.

MULETS DE CHEVAUX. D'après les faits connus, il seroit permis de croire que toutes les espèces de ce genre peuvent s'accou- pler et produire, mais qu'il ne résulte pas de leur accouple- ment des individus féconds et propres à donner naissance à des espèces intermédiaires. Le cheval et l'âne produisent le mulet proprement dit; nous avons été les témoins d'un accouplement fécond entre un âne et u" zèbre, et entre ce zèbre et un che- ' val; et un couagga a couvert, dans notre Ménagerie j une ânesse qui, à la vérité, n'a point été fécondéel,

On connoît le mulet domestique ; on sait qu'il participe auxt qualités des espèces auxquelles il doit son origine, et que celui qui a eu une jument pour mère pst plus grand et mieux fait que celui qui a été porté par "ne ânesse.

Le mulet de zèbre, d'une variété d'âne noir et de grande taille, qui est né dans notre établissement, et qui vit encore , a acquis là taille et les formes de son père; mais le fond de son pelage est gris, et sa tête, son cou , son avant-train et ses jambes, sont ornés bandes noires, longitudinalessur la tête , transversales sur les autres parties. Une bande noire règne tout le long du dos*

Le mulet de zèbre et de Cheval n'est point paryenu à son entier accroissement : nous ne l'avons vu qu'au huitième mois de la gestation, et il n'avoit point encore de poils ; mais on

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voyoit déjà, sur un fond brun, desbandes noires à la téte et au cou. Voyez MULETS.

CHEVAUX FOSSILES. Les débris fossiles de chevaux se ren- contrent très-fréquemment dans les terrains meubles, et ils paroissent appartenir à l'espèce commune ; cependant ils se trouvent avec des os d'élephans, de rhinocéros, de tigres, et d'autres animaux tout-à-fait étrangers à nos climats.

On trouve ces débris par milliers, prés de Canstadt en Wur- temberg, mélangés avec des restes d'éléphans, d'hyènes, de rhinocéros, de tigres. On en a découvert, avec des os d'élé- phans, à Sévran, en creusant le canal de l'Ourcq; près de Fouvent-le-Prieuré, dans laHaute-Saône; àArgenteuil, dans le Val d'Arno, où se trouvent aussi des restes de mastodontesy etc.

CHEVAL. Ce nom, joint à un autre, a été donné, par les an- ciens surtout, à beaucoup d'animaux difiéreos auxquels ils croyoient reconnoitre des rapports avec le cheval proprement dit. Le CHEVAL-CHEF des Grecs étoit vraisemblablement notre cerf des Ardennes, très-vieux, parce qu'à cet âge il a unesorte de crinière. Les Chinois donnent aussi ce nom à un ruminant dont il n'a pas été possible, parie peu qu'on en sait, de recon- noitre Tespéce. On nomme le morse, CHEVAL MARIN, et l'on donne aussi ce nom et celui de CHEVAL DE RIVIERE à l'hippopo- tame; et il est vraisemblable, comme nous l'avons dit, que Xiphilin, dans son Abrégé de Dion , appelle CHEVAL-TIGRE le zèbre, qui a, en effet, comme le tigre, le corps couvert de ¿andes noires transversales sur un fond jaunâtre. (F. C.)

CHEVALIERS (Entom*), Equités. Linnæus avoit appelé papiliones équités une section du genre Papillon, qui compre- noit les espèces à antennes le plvs souvent filiformes, avec les ailes supérieures plus longues de l'angle postérieur au sommet qu'à la base même, et il les avoit subdivisés eu chevaliers troîens, équités troes, de couleur le plus ordinairement noire, avec des taches rouges ou de sang au corselet en-dessoas, et ta chevaliers grecs, équités dc/uVi, qui n'avoiçnt point de taches ensanglantées à la poitrine, et qui portoient sur l'aile une tache œillée vers l'angle. Tous les noms tirés de la Mythologie , de l'Iliade et de l'Enéide, rappellent ces divisions. C'est ainsi que parmi les Troïens on trouve les dénominations principales suivantes:

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Hector, Ascagne, Pàris, Antener, Pallnwre, Deipbobus, Aefcate", Lysander, Polydore, Priam, Anchise, Astyanax, Polydanias, Androgée, Enée, Hélène, etc*

Et parmi les chevaliers grecs :

Pyrrhus, Jasius, Etéocte, Castor, Pollux, Ulysse, Agamem- non , Dfomède, Patrocle, Machaon r Podalyre , Palamède, Philoctète, Ménéias, Achille, Nestor, Télémaque, Idoraé- née, etc. Voyez PAPILLON.

CHEVALIER Nom, CHEVALIER ROUGE , noms donnés pao* Geoffroy à deux espèces de son genre Bupreste ; l'un est le panagée ; l'autre un carabe ou badiste, earoius crux major, bip us- ée lotus , crux minor de"premières éditions de Fabricius. (C* D.)

CHEVALIER (IvktkyoL), Eques* Ce nom a été donné a un genre de poissons de la famille des lophionotes, qu'on recon- naît aux caractères suivant :

Deux nageoires dorsales, la première brèsJutute, garnie drfila- mens; toutes les nageoires impaires écailleuses; dents en velours; tète mousse; opercules sans piquans ni dentelures.

Ce genre, établi par Btoch aux dépens des chétodoBS de Linnæus, a été adopté par nos ichthyologist*" françois. Il est facile ¿ distingaer de tou" le" autres genres de ht famille des lophionotes, qui n'ont qu'une seule nageoire au dos" Voyez Lophionotes.

Le Chevalier américain : Eques americanus , Bloch, 347; Chœtodon lanceolatus, Linn. ; Chétodon gu apery e 7 Daubent ont Nageoire caudale lancéolée f tête et opercules écailleasesf trms bandes noires, bordées de blanc, de chaque côté du corps"; teinte générale dorée ; six bandes brunes et inégales sur la na- geoire du dos ; chaque orifice des narines double.

Ce beau poisson vit dans les eaux de la Caroline, de la Havane, de la Guadeloupe, etc.

Le CHEVALIER PONCTUE : Eqttes panctatus, Sehn., pag. 106, tab. 3, fig. 2. Corps rayé de noir et de blanc \ la seconde dor- sale , l'anale et la caudaie parsemées de tâches blanches arron* dies ; yeux bleus ; seconde dorsale très-longue.

Ce poisson, que les Espagnols appellent serrana, d'après Parra, habite lë fond de la mer de la Havane. Il est toujours d'une petite tàille. On le mange.

Le Chevalier aigu : Eques acuminatus ; Grammistes acami~

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natus, Schn., pag. 184. Corps oblong, blanc, avec desbandes brunes; catopes noirs; nageoire caudale tronquée; écailles âpres ; mâchoire supérieure un peu prolongée.

Patrie inconnue. (H. C.)

CHEVALIER. (Ornith.) Brisson a appliqué à plusieurs des oiseaux dont on va donner la description, le nom de totanus, tiré de totano, dénomination vénitienne d'un chevalier ou d'une barge, et ce nom a, depuis, été étendu par Bechstein, Meyer, Leisler, Temminck, etc., à d'autres espèces disséminées dans les genres Scolopax et Tringa de Linnæus et de Latham; mais quoique les travaux de ces naturalistes aient contribué à éclaircir la synonymie, différentes espèces de ce genre n'ont pas encore été déterminées avec assez d'exactitude. M. G. Cu- vier, qui, dans son Règne animal, a jeté un nouveau jour sur les oiseaux riverains, a, de son côté, formé dçs groupes pour lesquels il ne s'est pas toujours trouvé d'accord avec M. Tem- minck ni avec les auteurs allemands ; et s'il ne s'est pas borné, comme ceux-ci, à traiter des oiseaux d'Eiirope, il est entré dans fort peu de détails sur les espèces étrangères, qui sont très-nombreuses, et qu'on ne peut ranger dans ses divisions, jusqu'à ce qu'elles aient été étudiées sous les mêmes rapports. . Les caractères qui ont été assignés aux chevaliers dans le tableau synoptique, inséré au tome 4/ de cet ouvrage, sous le mot BECASSE, consistaient à avoir quatre doigts, dont celui de derrière, muni de plusieurs phalanges, s'appuyoit sur la terre, dont les deux *ex tern es étoient réunis par une mem- brane jusqu'à la première phalange, et dont le bec, d'une longueur moyenne, mais excédant celle de la tête, étoit légè- rement fléchi à l'extrémité. M. Temminck, qui n'associe pas les chevaliers aux bécasseaux, dont il forme un genre parti- culier, en considérant surtout la substance du bec , molle et flexible chez ceux-ci, qui trouvent leur nourriture dans les terrains vaseux, donne pour caractères à scs chevaliers, qui cherchent leur proie à la surface d'un terrain dur, entre les lentes des pierres, ou sur la grève, un bec cannelé à la base, solide , tranchant ; la mandibule supérieure légèrément courbée sur l'inférieure ; des narines linéaires, longitudinale- ment fendues dans la cannelure ; des pieds longs , grêles, nus au-dessus du genou ; la première rémige la plus longue. Les

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éhevaliers de M. Cuvier sont aussi designes comme ayant un bec ferme, quoique grêle, rond, pointu; le sillon des na- rines ne dépassant pas la moitié de sa longueur; la mandibule un peu arquée vers le bout, le pouce touchant très-peu à terre, et la palmure externe bien marquée. M. Vieillot ajoute à ces caractères le bec tantôt grêle et foible, tantôt plus dur et plus robuste; la mandibule inférieure plus courte, droite, quelquefois un peu retrouss*ée vers le bout; la mandibule su- périeure ¿armant, dans le milieu, une sorte d'enfoncement chez des Vpèces étrangères; la langue filiforme, pointue; la membrane, qui chez les uns réunit le doigt du milieu à l'ex- térieur, se trouvant chez d'autres entre le doigt du milieu et l'intérieur ; les ongles falcuJaires.

Suivant Belon, les chevaliers auroient reçu ce nom parce que, monté sur de très-hautes jambes, leur corps semble être à eheval. Ces oiseaux, dont plusieurs entrent dans l'eau jusqu'aux genoux, mais sans nager, vivent sur les bords de la mer, des lacs, des étangs, et dans les prairies basses et humides où ils se nourrissent de vermisseaux, et, à leur défaut, d'insecte" terrestres, de mouches, etc., mais rarement de frai de poissons. Ils font, dans les herbes, par terre, un nid que les petits quittent de très-bonne heure. On les trouve par paires à cette époque ; mais le plus ordinairement ils forment, en automne, cle petites troupes qui voyagent et ne se séparent qu'au prin-^ mps. Quoique sujets à une double mue, leur plumage d'hiver ne diffère de celui d'été que par la distribution des taches et des raies, et les mâles sont de la même taille que les femelles. >. Leur chair est ordinairement tendre et de bon goût.

: M. Cuvier ne range parmi les espèces d'oiseaux riverains qu'il a suffisamment vérifiées, que les sept suivantes :

. Le CHBVALIER A GROS BEC, ou GRAND CHEVALIER AUX PIED" VERTS ; Scolopax glottis, Linn. Cette espèce, qui est la plus grande d'Europe, a le bec gros et fort; son plumage est d'un cendré brun dans les parties supérieures et latérales du corps, à l'exception du croupion, qui est blanc ainsi que les parties inférieures ; sa queue est rayée de blanc et de gris ; ses pieds sont verts. M-Cuvier cite, dans la synonymie, Albin, II, 69 ; Aldrov., Ornith., III , 535 , et la Zool., britann. pl. C, 1 ?

Le CHEVALIER BRUN, Scolopax fusca, Linn. et Latb., pl. enl.

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de Buffon, n.° 87 5, et de Frïsch, 2 56, qui est d\m brun noiràtPé en-dessus, ardoisé en-dessous, et dont les plumes so at liserées de blanchâtre, est celui que M. Temminck appelle chevalier arlequin. Il a, dans ses ciifférens âges, reçu plusieurs, dénominations en double rt triple emploi. Les jeunes, avant leur première mue, ont les parties supérieures d'un brun oli" Vàtre ; les plumes du dos sont bordées latéralement d'un petit trait blanc; les couvertures des ailes et les plumes scapulairea ont, à l'extrémité de leurs barbes, de petites taches Manches de forme triangulaire, et toutes les parties inférieure^^nt blan- châtres et parsemées de zigzags d'un cendré brun. $ les pieds sont d'un rouge orangé. C'est alors, suivant M. Temminck, les oolopoa totanus de Gmelin , et le totanus maculatus de Bechstein. Dana le plumage d'été, les parties supérieures et la face sont noi- râtres; les plumes du dos, les couvertures des ailes et le* seapulaires ont sur leurs bords de petites taches blanches, terminées par un croissant de la même couleur, qui se trouve également sur la poitrine et aur le ventre, où il est plus étroit les plumes anales sont transversalement rayées de blanc et do> cendré noir ; les pennes de la queue, d'un cendré noirâtre, on% sur le bord des barbes de petites raies blanches ; la base de 1 mandibule inférieure est rouge r et les pieds sont d'un bfui* rougeâtre. L'oiseau, à cette époque, se rapporte au soolopa^ fusca et au tringa atra de Gtneiin , au totanus fusons de Bechss tein. Enfin , le mâle et la femelle , dans leur plumage parfait d'hiver, ont le haut et le derrière de la tête et les partie* supérieures du corps d'un gris cendré, avec led baguettes noi- râtres ; la gorge, la poitrine, le ventre et le croupion d'uni beau blanc ; les couvertures supérieures et le* petiaes de la queue rayées transversalement de blanc et de brun noirâtre r deux bandes, dont l'une est noire, et l'autre blanche, occupent l'espace qui se trouve entre Tteil et le bec, dont la couleur est noire, à l'exception de la base de la mandi- bule inférieure, qui est rouge, ainsi que les pieds. L'oiseau est,- dans cet état, le totanos fuscus de Leisler, le totanus notant de Bechstein, le scolopax curonica et le scolopax canlabri- giensis de Gmelin. la barge brune de Buffon, pl. énl. 876, et' le chevalier de Courlande de Spnnini. Cette espèce, qui paroit k M. Temminck être la même que celle de l'Amérique

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Septentrionale, a deux passages dans l'année ; elle ne séjourne pas long-temps sur les côtes de Hollande , et elle se propage dans les régions du cercle arctique.

Le PETIT CHEVALIER AUX PIEDS VERTS : Scolopax totanus, Linn. ; et pl. enl. de Buffon , n°. 876. Cet oiseau, qui n'est pas la barge aboyeuse de Buffon , dont M. Temminck a fhit son chevalier aboyeur, et qui, par la courbure de la mandibule supérieure ¿ sa pointe, appartient aux chevaliers, a, dans son plumage d'été, des raies longitudinales noires sur la téte et le couj le dos et les plumes scapulaires, noirâtres, ont une partie de leur bordure blanche, et l'autre rougeâtre ; les grandes cou- vertures et les pennes secondaires des ailes sont d'un gris rou- geâtre , et présentent des raies longitudinales noires à leur centre j on voit en outre du blanc au bord des premières, et des traits noirâtres à l'extrémité des autres ; les plumes qui cou- vrent la gorge et toutes les parties inférieures, sont blanches 5 le bec est d'un gris brun, et les pieds sont verts. En hiver t l'oiseau a le dessus de la téte et du cou d'un brun sombre, le dos et les plumes scapulaires d'un gris brun, avec des taches noirâtres sur les pennes : le bas du dos et le croupion sont blancs ; des raies brunes traversent les couvertures supérieures et les pennes de la queue ; le dessous du corps est blanc, avec nne ligne noirâtre sur la tige des plumes ; les pieds sont d'un gris verdâtre. Cette espèce, qui n'est que de passage en France, vit ordinairement sur les bords de la mer.

Le GRAND CHEVALIER AUX PIEDS ROUGES; Scolopax calidris, Linn.M. Cuvier, qui indique avec le signe du doute la pl. 827 de Buffon, ôomme se rapportant a cet oiseau 9 le distingue du petit chevalier aux pieds rouges, ou gambette, tringa gam- betta, Linn., pl. enl. 845. Il décrit la première espèce comme étant brune en-dessus, avec des points noirâtres et blancs k l'extrémité des plumes, et ayant le devant du cou et le dessous du corps blancs, quelques taches grises aux côtés, et la base du bec, ainsi que les pieds; de couleur de minium. La seconde espèce a le dessus du corps brun, avec un assez grand nombre de taches noires, et un plus petit nombre de taches blanches aux bords des plumes ; les parties inférieures sont mouchetées de brun , surtout au cou et à la poitrine ; les pieds ne différent pas de ceux du grand chevalier.

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Le principal motif qui a déterminé M. Cuvier à présente* ces deux oiseaux comme des espèces distinctes, est proba- blement la différence de leur taille 9 qu'il a trouvée moindre d'un quart chez le second ; mais, d'autres auteurs ne les regar* ^ant que comme la même espèce dans des âges divers, on croit devoir exposer ici leurs observations, et particulièrement celles de M. Temminck. Son chevalier gambette, totanus cali- drisy Bechstein, a dix pouces une ou deux lignes de longueur. Le mâle et la femelle, en hiver, ont, suivant cet auteur, les parties supérieures du corps, à l'exception du croupion, d'un brun cendré, qui n'est varié que par un trait plus foncé le long des baguettes ; les côtés de la tête, le devant du cou, la gorge et la poitrine, d'un blanc grisâtre, ayec une raie brune 6ur les baguettes ; le croupion et le ventre, 4'un blanc pur ; les pennes de la queue rayées transversalement de blanc et de ligzags noirs ; l'iris brun, la moitié des deux mandibules rouge, la pointe du bec noire, les pieds d'un rouge pâle. Chez les jeunes, avant leur première mue, on remarque un trait blanc qui va de la mandibule supérieure à Fœil, et un espace brun entre l'œil et le bec ; les plumes du haut de la tête sont brunes, avec un liseré jaunâtre; la nuque est cen- drée ; les plumes dorsales et scapulaires sont brunes et bordées latéralement d'une large bande jaunâtre ; les couvertures des ailes sont d'un brun noirâtre, avec des franges jaunâtres; la gorge, blanchâtre, est parsemée de points bruns; les côtés du cou et la poitrine offrent, sur un fond cendré, des raies lon- gitudinales brunes, très-étroites, et les flancs et l'abdomea des taches de la même couleur, sur un fond blanc; le bec, livide à sa base, est brun vers la pointe ; les pieds sont d'un jaune orangé. Lorsque les jeunes, en mue , prennent la livrée d'hiver, ils se rapportent au tringa striata de Gmelin, au totanus striatus de Brisson, et au chevalier rayé de Buffon ¿ pl. enl. 827.

L'oiseau, dans son plumage d'été ou de noces, *a les parties supérieures d'un brun cendré olivâtre, avec une raie noire , large et longitudinale, sur chaque plume ; ces raies sont trans- versales sur les scapulaires et les plus grandes couvertures des ailes; les côtés de la tête et toutes les parties inférieures sont blancs, et l'on voit au centre de chaque plume une tache Ion-

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gUudinale* dVin brun noirâtre, laquelle devient oblique sur les plumes de l'abdomen et les couvertures inférieures de la queue, dont les pennes, rayées de noir et de blanc, sont bordées de cette dernière couleur ; la moitié du bec et les pieds sont d'un rouge vermillon très-vif. C'est alors, suivant M.Temminck, le totanus calidris, Bechstein ; le scolopax calidris, et le tringa gambetta, Gmelin ; la gambette de £uffon , pl. enl. 845.

La gambette, qui habite au printemps les marais et les prai- ries , vit de vermisseaux et d'insectes sans élytres 5 elle pond , dans un nid placé près de terre et composé de plantes et de racines flexibles, quatre œufs pointus, d'un jaune verdâtre, et marqués de taches brunes, qui se réunissent en une seule masse vers le gros bout.

M. Temminck dit qu'on trouve dans l'Amérique septentrio- nale un chevalier qui ressemble beaucoup à la gambette, quoi- qu'il forme une espèce distincte, qui est d'i/i* tiers plus grande dans toutes ses dimensions.

Le CHEVALIER BECASSEAU : Tringa ochropus, Linn. ( que plu- sieurs auteurs écrivent ocrophus ) *, pl. enlum. de Buffon, 843 , (jeune), et deLewin, 171. Cet oiseau, long de 8 pouces 6 lignes, qui est également connu sous le nom de cul-blanc, et qu'on appelle aussi pied-vert, pivetle, siffla¿son9 a le. dessus du corps d'un brun olivâtre et bronzé, avec des points blanchâtres au bord des plumes ; les parties inférieures ont, sur un fond blanc 9 des taches longitudinales grises au cou et le long des flancs; les pennes de la queue sont rayées de bandes noires et blanches, qui sont larges et peu nombreuses ; l'iris est d'un brun foncé^ la base du bec est d'un vert obscur j les pieds sont d'un cendré verdâtre, et les ongles noirs.

Le mâle ne diffère pas de la femelle : mais les jeunes de l'année ont les plumes des parties supérieures d'une teinte plus claire, et bordées d'une bande fine et roussâtre ; les points des couvertures sont jaunâtres et moins nombreux ; l'espace blanc du haut de la qu eu e, est moins grand, et les bandes noires des pennes intermédiaires sont plus larges.

Le bécasseau habite le plus souvent, pendant l'été et à la fin de l'automne, le bord des rivières et des ruisseaux, où il se nourrit devers, de mouches et d'autres insectes qu'il prend à la course ou au vol,* on en trouye aussi dans les marais,

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mais plus rarement sur les côtes maritimes : ce sont tes lient .paisibles et solitaires, les eaux douces, les rives découvertes f les grèves et les endroits où il y a peu de plantes, qu'il fréquente de préférence. Lorsqu'il marche, c'est presque toujours en balançant la queue, et quand il part, il jette un cri assez agréable, et se porte à peu de distance pour recommencer sa chasse ; mais, s'il est poursuivi, il exerce la patiénce du chas- seur , en passant et repassant d'une rive à l'autre de l'étang on de la rivière. Cet oiseau entre assez souvent dans l'eau, où on le voit saisir sa proie f dans d'autres momens il vole en rasant sa surface. Il vit séparément avant la saison des amours, pendant laquelle le mâle et la femelle ne se quittent pas, et ensuite on en rencontre quelquefois de petites troupes de quatre à huit. Il niche jusque dans les provinces du centre de l'Europe, et il fait dans le sable ou dans les herbes, au bord des eaux, un nid où il pond trois à cinq œufs, d'un vert blan- châtre , avec des taches brunes. Sa chair est assez délicate, quoiqu'elle ait une légère odeur de musc. On le chasse ai* fusil, et on le prend aussi à l'appeau avec des joncs englués.

Quelques auteurs regardent le chevalier à croupion verdâtre, que Gmelin et Latham n'ont pas distingué du chevalier bécas- seau , et qui se trouve dans l'Amérique septentrionale jusqu'à la baie d'Hudson, comme une espèce particulière, surtout à raison de son croupion qui est verdâtre, tandis qu'il est blanc chez le bécasseau ; mais cet oiseau est un de ceux qui paroissent jexigerdes vérifications nouvelles , et dont on se bornera à faire ici mention.

Le Chbvaubr GüiGNETTB : Tringa hypoleucos, Linn. ; et pL enl. de Buffon, 85o. Cet oiseau, long de 7 pouces 2 ou 3 lignes " et de la grosseur de l'alouette de mer, tringa cinclus , Linn., a beaucoup de ressemblance avec le bécasseau. Toutes les parties supérieures sont d'un brun olivâtre à reflets, avec une raie noirâtre le long des baguettes, et dés bandes transver- sales et en zigzags, d'un brun plus foncé ; on remarque une raie blanche au-dessus des yeux ; la gorge et le ventre sont entièrement blancs, et les côtés du cou, ainsi que la poitrine, rayés longitudinalement de brun j la queue, trés-étagée, est variée de gris brun, de blanc et de noirâtre ; le bec est brun, et les pied" d'un cendré verdâtre. On distingue les femelles

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en ce qu'au lieu d'avoir, fcomme les mâles, un seul trait noi- râtre sur la côte des plumes du dos et du croupion , elles en ont deux, et qu'une petite ligne transversale sur l'aile est également double ; la bande blanche au-dessus des yeux est plus large chez les jeunes de l'année, et les couvertures des ailes sont plus foncées; les plumes du dos sont aussi bordée* de roux et de noirâtre 9 et celles des couvertures terminées jpar des bandes rousses et noires.

La guignette, qui se trouve dans presque toutes les contrées de l'Europe, recherche, comme le bécasseau, les grèves et les rives sablonneuses, et elle vit solitairement le long des eaux douces , où elle se nourrit de petits vers et d'insectes sans élytres. On les voit en assez grand nombre vers les sources de la Moselle, dans les Vosges, où elle s'appelle lambiche, et elle quitte ce pays dès le mois de juillet. Sa voix est un son flûté, qu'elle répète souvent, et qu'elle fait entendre même pendant la nuit. Elle construit son nid dans un trou, près des ruisseaux, et elle y pond environ cinq œufs d'un blanc jaunâtre, par* semés de taches d'un brun roussâtre , qui sont plus nombreuses au gros bout: ces œufs sont figurés t. VI, pl. 38 de l'Hist. nat. des Oiseaux de la Grande-Bretagne, parLewin.

Outre les sept espèces d'Europe que l'on vient de décrire, çt qui sont relatées dans le Règne animal de M. Cuvier, il y en a d'autres également connues, savoir:

Le CHBVALIEH STAGNATILE , ou DES ¿TANes (Totanus stagnatilis^ Bechst., Meyer), dont le bec est très-foible et très-délié, et qui n'avoit pas encore été décrit sous son plumage d'hiver, lorsque M. Temminck l'a présenté, dans son Manuel d'Orni- thologie, comme ayant alors les sourcils, la face, la gorge, le milieu du dos, le devant du cou et de la poitrine, et les autres parties inférieures, d'un blanc pur ; la nuque rayée longitudinalement de brun et de blanc ; le haut de 1" téte, le haut du dos, les scapulaires et les grandes couvertures des ?iles,d'un cendré clair avec des bordures blanchâtres; les pe- tites couvertures d?un cendré noirâtre ; les côtés du cou et de la poitrine blanchâtres avec de petites taches brunes; la queue ^ blanche avec des bandes brunes diagonales, et une bande lon- gitudinale en zigzag sur les deux pennes extérieures ; le bec d'un noir cendré ; l'iris brun, çt les pieds olivâtres* Les jeunes.

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avant leur première mue, diffèrent des adultes et des jeunes, en hiver, en ce qu'ils ont de petits points bruns sur la face et sur les côtes de la tête; en ce qu'une large bordure jaunâtre entoure les plumes qui couvrent le haut de la tête et du dos, ainsi que lesscapulaires et les couvertures des ailes, lesquelles sont d'un brun noirâtre; enfin, en ce que les rémiges, blan- châtres à leur extrémité, xmt de petites raies diagonales d'un brun très-foncé, et que les pieds sont d'un cendré verdâtre. C'est dans cet état que Naumann en a donné, pl. 18, fig. 2-3, une représentation très-exacte. Le même oiseau, dans le plu- mage d'été, a les pieds, verdâtres , le bec noir; l'espace entre le bec et l'œil, les tempes, les côtés et le devant du cou, les côtés de la poitrine et les plumes anales, blancs, avec une petite tache longitudinale noire sur chaque plume ; le sommet et le derrière de la tête d'un blanc cendré, avec des raies longitudinales noires; le haut du dos, les scapulaires et les grandes couvertures d'un cendré rougeâtre, avec des raies trans- versales noires sur chaque plume ; la gorge , le devant de la poitrine et le ventre, d'un blanc pur ; les pennes de la queue rayées sur les barbes extérieures en zigzags longitudinaux. Leisler a décrit l'oiseau dans cet état, et l'on en trouve une assez bonne figure, tom. 5 r pl. 458 de l'Ornithologie de Gérini.

Le chevalier stagnatile habite , au nord de l'Europe, sur les bords de la mer et des fleuves ; il émigre le long des côtes orientales jusque vers la Méditerranée, et non sur celles de l'Océan. Sa propagation a lieu dans les régions du cercle arctique.

Le Chevalier Sylvain, Tringa glareota, Gmel. et Lath., pl. 19 , fig. 25 de Naumann. Cette espèce, dont la longueur est de sept pouces environ , et que Linnæus avoit confondue avec le bécasseau , tringa ocrophus , en diffère par divers ca- ractères que Retzius a "énoncés dans son édition de la Faune suédoise. Le haut de sa tête est noir, à l'exception d'une bande ferrugineuse qui la traverse depuis le bec jusqu'à la nuque; une autre bande pâle s'étend le long des sourcils, et une troisième , brune, passe sous les yeux ; le bec est d'un brun noir; le cou est varié de petites taches blanches, noires et brunes; les grandes pennes des ailes sont entièrement noires; les pennes moyennes blanches à l'extrémité ; les couverture*

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des ailes et les pennes du milieu de la queue mélangées de noir et de blanc; les scapulaires, qui s'étendent au-delà de l'origine de la queue, ont leur côté extérieur d'un jaune fer- rugineux, le côté intérieur tateheté de jaune près de la tige, et d'un vert clair à la bordure ; les pieds sont d'un vert obs- cur, et entièrement dépourvus de membranes; les yeux sont placés plus près du vertex que dans les autres espèces , mais moins cependant que chez les bécasses. On trouve cet oiseau dans les marais boisés du nord de l'Europe ; il passe, aux deux époques de sa migration, dans quelques provinces de l'Allemagne, et fort rarement en Suisse et en France. Il fait dans les marais, sous le cercle arctique, un hid où Von pré- tend qu'il pond quatre œufs d'un jaune verdâtre, avec des taches brunes*

M. Leschenaut a rapporté de Java un chevalier qui paroit être de la même espèce, quoique sa gorge et sa poitrine soient d'un gris foncé et non piquetés.

M. Temminck place encore parmi les chevaliers d'Europe, la grive d'eau, de Buffon, turdus aquaticus, Bris*., tringa ma- cularia, Gmel., pl. 277, f. 2 de* Qiseaux d'Edwards, sous le nom françois de chevalier perlé 1 auquel celui de chevalier grivtlé , adopté par M. Vieillot, semble préférable en ce qu'il rappelle la dénomination de Buffon. Cependant cette espèce y qui ne passe qu'accidentellement sur les côtes de la Baltique et dans quelques provinces de l'Allemagne, habite ordinairement l'Amérique septentrionale, et se porte même jusqu'à la baie d'Hudson, où elle niche, et où on la nomme chechis hashish. Son bec, de couleur de chair à la base, est brun vers la pointe ; l'iris est brun ; une bande blanche partant du bec passe au-dessus de l'œil, et plus bas on voit un trait brun entre le bec et l'œil ; le corps est parsemé de taches noirâtres, la plupart rondes, sur un fond d'unbi;un olivàire pour les parties supérieures, et blanchâtre pour les parties inférieures, sur lesquelles la femelle a moins de taches que le mâle. La lon- gueur de .l'oiseau est de huit pouces.

Le seul chevalier étranger que M. Cuvier cite comme appar- tenant au genre Totanus, est l'espèce à gros bec et à pieds demi-palmés, de l'Amérique septentrionale, scolopax semi- jralmata, Linn., qui est représentée sous le nom de barge demi-

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palmée, dans l'Encyclopédie Méthodique, pl. 71, fig. 1 du Tableau d'Ornithologie de Bonnaterre. Cet oiseau à doigts bien bordés, à pajmures presque égales, et dont le bec est plu# court et plus gros que celui de la première espèce ci-devant décritfe, n'en forme qu'une seule avec le chevalier à gros bec, totanus crassirostris, et le chevalier demi-palmé, totanus serai- palmatus de M. Vieillot, qui avoit lui - même soupçonné cette identité. Son plumage est d'un gris brun en-dessus, blanchâtre en-dessous, avec des mouchetures brun es au cou et à la poitrine.

Divers auteurs ont placé parmi les chevaliers beaucoup d'autres oiseaux extraits des genres Tringa et Scolopax, de Gmelin et de Latham, et quelques-uns de ceux qui ont été décrits sous le nom de chorlito, par M. d'Azarà, dans son His- toire naturelle du Paraguay. Cette classification n'étant pas encore dégagée de ce qu'elle peut avoir d'arbitraire, on se bornera ici à présenter une notice des individus qui y ont été compris, en conservant les noms déjà donnés, pour ne pas augmenter les embarras d'une nomenclature qui n'a pas acquis un assez grand degré de fixité.

Le Cheva^r proprement dit, de Buffon, pl. enL 844, a été reconnu pour un individu de l'espèce du combattant " machetes, Cuv.

Le CHEVALIER AUSTRAL , Tringa australis, Gmel., a le sommet de la tête rayé de brun ; les parties supérieures du corps cendrées avec des taches brunes; les parties inférieures rous- sátres, les pennes de l'aile et de la queue noirâtres, le bec et les pieds noirs. On trouve à Cayenne cette espèce à laquelle Latham rapporte un individu venu de la baie d'Hudson.

Le CHEVALIER BARIOLE , Totanus variegatus, Vieill., a environ six pouces de longueur, et se trouve aux\Antilles et dans l'Amérique septentrionale ; le bec, noir en-dessus, est de cou- leur de corne sur les côtés et en-dessous ; la tête et les parties supérieures offrent, sur un fond d'un gris sale, un mélange de brun et de noirâtre; le croupion, de la même couleur, est blanc aux deux côtés ; les pennes de la queue, d'un brun clair , sont rayées transversalement de noir en-dessus, et blanches en*>dessous ; la gorge et la poitrine sont d'un blanc terne, avec des raies noires longitudinales sur le devant du cou, et trans- Yf rwles sur les côtés * le vçntre ? plus blanc, n'a point de taches*

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Le Chevalier blanc , Scolopax candida, Linn., Totanus can- didus, Briss. Cet oiseau, envoyé de la baie d'Hudson , a onze pouces de longueur ; son bec et ses pieds sont orangés, son plumage est blanc, et Ton voit sur le dos des teintes brunes qui semblent indiquer un passage d'une couleur à une autre, et sont propres à faire douter si ce n'est pas une variété acci-' dentelle.

Le CHBVAIIERBLANC ET NOIR, Scolopax nulanolcuca, Gmel. et Lath. Cet oiseau est donné comme ayant une taille double de celle de la bécassine. Le blanc, qui constitue le fond du plu- mage , est parsemé de taches noires ¿ur toutes les parties du corps, à l'exception du croupion et de la queue, où les deux couleurs présentent des bandes alternatives. On le trouve, en automne, sur les côtes basses du Labrador : il remue sans cesse la tête, et cette particularité lui est commune avec l'espèce qui a reçu, pour la même habitude, le nom de chevalier bran le-tête 9 scolopax nutans; mais si, malgré l'identité du pays que les deux *oiseaux habitent, la grande différence dans la taille ne permet guère de les considérer comme appartenant à la même espèce , cette circonstance ne présente pas le même obstacle au rapprochement du chevalier criard 9 totanus voci- feras. Vieil!., avec la synonymie déjà indiquée de scolopax melanoleuca, et des chevaliers ferrugineux et à cou ferrugi- neux, totanus fer ru gineus et totanus ferrugineicollis, Vieill. * scolopax noveboractnsis et tringa islandica , Gmel. et Lath* D'un autre côté, l'on a reconnu au chevalier criard, qui, comme le chevalier branle-tête, vit dans les terrains bas du Labrador, la même habitude de remuer la tête. Quoique le chevalier fer- rugineux se soit rencontré en Islande, on le trouve aussi dans l'Amérique septentrionale, et le plumage des quatre espèces "'offre d'ailleurs que des différences très-peu importantes. Chez toutes il présente un mélange de blanc, de cendré, de noir et de ferrugineux ; chez toutes les pieds sont verdâtres; et pour ne pas s'exposer à décrire comme espèces particulières des individus peut-être aussi sujets à des variations que les combattans, qui déjà ont donné lieu à tant de doubles emplois, on croit prudent d'attendre que des voyageurs naturalistes aient été à portée de les examiner plus soigneusement et d'une manière comparative*

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Le Chevalier cendré , Scolopax incana , Gmel. et Lath. Cet oiseau, de dix pouces de longueur, a le bec noir; l'espace compris entre le bec et l'œil, le devant du cou et le milieu du ventre blancs ; quelques traits bruns sur le haut de la gorge, et le reste du plumage d'un gris cendré ries pieds sont d'un vert jaunâtre. On a trouvé cette espèce aux fies d'Eimeo et de Fa lin estro il.

Le CHEVALIER A CROUPION NOIR, Totanus melanopygius, Vieill. Cette espèce, de huit pouces de longueur totale, a sur 2% tête, le cou, le dos et les ailes, des plumes brunes à leur centre, et roussàtres sur les bords ; le bas du dos, le croupion et les couvertures supérieures de la queue sont noirs; les parties inférieures sont blanches, avec des taches noires sur le devant du cou et le haut de la poitrine ; le bec est brun t et les pieds orangés. Cet oiseaii, qui paroit sédentaire à la Louisiane, se trouve au centre des Etats-Unis pendant les mois d'octobre et de novembre.

Le CHEVALIER A DEMI-PALME , Scolopax semi-palmata, Lath. f a la tête et le cou sillonnés de traits noirs et blancs ; le fond cendré qui s'étend sur le corps, est parsemé de taches noires qui ont la forme d'un fer de lance: les parties inférieures sont blanches avec des mouchetures noires sur la poitrine et des raies transversales* de la même couleur sur les flancs ; les grandes pennes des ailes sont noirâtres et traversées par une bande blanche; les pennes du milieu de la queue sont cen- drées avec des raies noires ; les extérieures sont blanches; les pieds ont une teinte noirâtre, et les doigts en sont réunis par une courte membrane ; son bec, de la même couleur, est gros et robuste comme celui du chevalier à gros bec, totanus eras- sirostris, Vieill. ; ses trois doigs antérieurs sont aussi à demi- palmés, et il existé d'ailleurs, entre ces deux oiseaux de l'Amérique septentrionale, qui ont douze à quatorze pouces de longueur, des rapports assez grands pour qu'ils puissent n'être que des variétés d'âge.

Le CHEVALIER GRISATRE, Scolopax grísea, Gmel. et Lath. Cet oiseau, qui habite avec le scolopax noveboracensis , le long des côtes delaNouvelle-Yorck, et dont la taille est d'environ onze pouces, a le bec et les pieds bruns. Une ligne blanche qui part du bec, s'étend au-dessus des*yeux; la téte, le cou

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et les scapulaires sont d'un brun cendré, les ailes brunes; le dos et le ventre sont d'un blanc pur; la poitrine d'un blanc mélangé de brun ; le croupion et la queue ont sur le même fond des raies noires.

Le CHEVALIER LEUCOPHEE, Totanus leucophœus, Vieill., a en- viron un pied de longueur ; son bec, qui a deux pouces deux lignes, est brun, et ses pieds sont d'un rouge orangé. Les parties supérieures du corps offrent un mélange de gris et de blanchâtre ; les parties inférieures sont blanches, avec de pe- tites lignes cendrées sur le devant du cou et sur les flancs.

Le CHEVALIER LEUCOPHRYS, Totanus leucophrys, Vieill., que l'on trouve, comme le précédent, dans l'Amérique septen- trionale , a le corps et le bec à peu près de la même longueur, les pieds de la même couleur ; et le gris et le blanc forment aussi la base de son plumage, avec des différences seulement dans la distribution. Cet oiseau offre encore des (raits de res- semblance avec le Tringa noveboracensis de Latham, et l'on est saris cesse arrêté dans la description partielle des espèces de ce genre, par la crainte de donner pour telles de simples variétés d'âge ou de sexe, et d'accroître ahisi le vague d'une nomenclature déjà trçp étendue pour n'être pas très-fautive.

Le Chevalier leucoptère , Scolopax leueoptera, Gmel., et pl. 82 du General Synopsis of birds de Latham f lequel a été décrit en double emploi dans l'édition de Buffon donnée par Sonnini, sous les noms de bécasseau à ailes blanches et de vanneau aux ailes blanches, est un oiseau des îles de la mer Pacifique. Sa longueur est de huit pouces ; il a au-dessus des yeux une bande étroite de couleur rousse. Les parties supé- rieure" sont d'un brun foncé à l'exception du croupion, qui est roux commeles parties inférieures; les petites couvertures des ailes sont blanches, mais non les ailes entières, et la quone a des raies transversales rousses et noires; son bec est cendré et ses pieds sont verdâtres. Dans l'île d'Otaïti on nomme cet oiseau torowé, et dans celles d'Eimeo et d'Yorck,

Le CHEVALIER MARBRE, Totanus marmoratus, Vieillot , et le CHEVALIER MOUCHETE , Totanus guttatus, id. ¿ se trouvent l'un et l'autre dans l'Amérique septentrionale et aux Antilles" Le premier,. dont la lèngueur totale est de treize pouces, a la tête çt Iç dessus du cou noirs avec des raies longitudinales

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blanches; le dos, les couvertures et les pennes secondaires des ailes marbrés de blanc, de gris et de noir, les grandes pennes de cette dernière couleur; le croupion blanc et la queue de la même couleur avec des raies transversales qui s'étendent sur les côtés du ventre; la poitrine et les parties inférieures blanches ; le bec noir et long de deux pouces trois lignes; les pieds rouges. Le second, qui n'a que neuf pouces de longueur, dont le bec, d'un pouce six lignes,est brun, et dont les pieds sont orangés, a la tête, le dessus du cou et le dos gris avec des taches blanches, le devant du cou brun et moucheté de gris ; des raies transversales'bru nés et blanches sur le croupion et sur la queue, qui est blanche en-dessous"

Le CHEVALIER NOIR de Belon est décrit plus haut sous le nom de chevalier brun. Il y a aussi un chevalier noir de Steller f scolopax nigra, Lath., dont les pieds sont rouges ; mais cet eiseau, que Steller a vu dans les îles situées entre l'Amérique et l'Asie boréale, n'est pas suffisamment déterminé.

Le CHEVALIER AÜX PIEDS COURTS, Totanus brevipos, VieiU. L'individu qui est ainsi dénommé dans les galeries du Muséum, a le bec long d'environ un pouce de longueurr et assez gros, le dessus du corps brun, des taches longitudinales de la même couleur sur un fond blanc à la gorge et en zigzags sur la poi- trine et sur les- flancs ; le ventre et l'anus sont entièrement blancs.

Le CHEVALIER SASASHEW. Latham n'a présenté cet oiseau , décrit par Forster sous la dénomination de spotted woodcock, bécasse tachetée, que comme une variété dû scolopax totanus, dont la taille est un peu plus forte, et qui a sur les ailes des taches blanches triangulaires. A la baie d?Hudson on l'appelle sasashew, et M. Vieillot l'a décrit sous ce nom, comme un chevalier d'une espèce distincte, ayant près de quinse pouces de longùeur, le bec brou, long de deux pouces et demi, et les pieds rouges.

Le CHEVALIER A TETE RAYEE, Tringa virgafa, Gmel. Cet oiseau, qu'on trouve aux îles Sandwich, est de la taille de la bécassine : il k la tête et le cou blancs avec des raies longitu- dinales brunes; les plumes dorsales brunes et bordées de blanc ; les scapulaires avec des taches ferrugineuses ; les cou- vertures des ailes d'un cendré clair; les plumes uropygiales

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et les partféfc inférieures du corps blanches ; le bec noirâtre, et les pieds jaunâtres.

Le CHEVALIER TITARES. Quoique I'oiseau désigné ici sous le nom spécifique qu'il porte dans l'Inde, soit considéré par di- vers auteurs comme une variété du chevalier gambette, la circonstance qu'il a le croupion rayé de noir et de blanc, tandis que celui de la gambette est toujours blanc, a paru à M. Vieillot suffisante pour en former une espèce particulière.

M. d'Azara a décrit, dans ses Oiseaux du Paraguay, sous le nom de chorlitos, quinze oiseaux riverains, qui se rapportent la plupart aux barges et aux chevaliers, et qu'il a distingués des bécassines en ce qu'ils ne se cachent pas, sont moins nocturnes, marchent plus vite, et en ce qu'ils ont les ailes et les jambes plus longues, les doigts moins séparés et le doigt postérieur plus court, le bec moins droit, moins long, plus pointu et sans renflement son extrémité. Ces oiseaux portent les n.°* 394 à 408 ; huit d'entre eux seulement, ont été rangés, * dans le nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle, comme appartenant au même genre*

Le CHEVALIER SOLITAIRE, Tetanus solitarius, Vieill., décrit par M. d'Azara, n.° 294, sous le nom de chorlito à croupion blanc, est regardé par Sonninî comme Yyacatoptil d'Hernandez , que Buffon et d'autres ornithologistes ont rapporté au chevalier gambette, quoique celui-ci ait les pieds rouges, tandis que l'auteur espagnol a annoncé que le sien les avoit jaunes. La longueur totale du chevalier solitaire est de treize pouces huit lignes, et celle de son bec de deux pouces deux lignes. Un trait blanc va du bec à l'œil et l'entoure ; le reste de la téte et le dessus du cou sont bruns et veinés de blanchâtre ; les plumea scapulaires, les ailes et la queue sont brunes et bordées de piquetures noirâtres et blanches5 le croupion, la gorge et la presque totalité des parties inférieures du corps sont de cette dernière couleur, sur laquelle les flancs présentent des raie* transversales noirâtres ; la partie nue de la jambe et le tarse sont jaunes comme chez l'yacatoptil. Cet oiseau se tient seul sur les bords unis des lagunes, et quoiqu'il paroisse ne point quitter le Para guamil y est rare.

Le CHEVALIER A FRONT ROUX, Az., 395, Totanus rufifironsf Vieill., a douze pouces et demi de longueur, et son bec deux

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pouces neuf lignes ; le tour de celui-ci est roux ; on voit ensuite une tache et une ligne sourcilière blanches, et le reste de la tête, ainsi que le cou et le dos,sont bruns, avec une bordure noirâtre à chaque plume ; la queue, dont les pennes latérales et les deux du centre sont les plus courtes, est presque noire, avec une bordure cendrée; le croupion, le dessous du corps et celui des ailes sont blancs, les tarses et le bec noirâtres.

Le CHEVALIER BRUN ET PIQUETE DE BLANC, Az., 396, entre jusqu'aux genoux dans les lagunes du Paraguay pour y cher- cher sa nourriture ; et il ne faut pas conclure de la dénomi- nation de Totanus nalator, Vieill., qu'il ait l'habitude de na- ger, M. d'Azara rapportant seulement qu'un individu, blessé à l'aile, a tenté de s'échapper à la nage. Cet oiseau, dont le corps est long de douze pouces trois lignes, et le bec de deux pouces deux lignes, ala queue étagée, les deux pennes exté- rieures de chaque côté étant moins longues de trois lignes que celles du milieu, qui se terminent en pointe. Les plumes des côtés de la tête et du devant du cou ont, sur un fond blanc, une petite tache longitudinale brune; le dos elles couvertures supérieures des ailes sont d'un brun foncé, avec des pique- tures blanches et noirâtres sur leurs bords ; les petites cou- vertures inférieures sont blanches et traversées dans leur mi- lieu par une petite bande brune; la queue est rayée de'bruu et de blanc ; le bec, d'un vert noirâtre sur une partie, est tout-à-fait noir sur l'autre ; les pieds sont jaunes.

Le 'CHEVALIER DES CHAMPS. M. d'Azara a donné à l'oiseau par lui décrit sous le n.° 397 , le nom de chorlito champêtre, et il a appliqué celui de Chorlito à bordures de blanc roussàtre9 au n.° 398. C'est cependant à ce dernier oiseau que renvoie la description du totanus campestris, Vieill., où l'on trouve des passages tirés des deux articles originaux; et cette cir- constance auroit pu faire soupçonner une méprise de la part de l'auteur françois, si l'on n'avoit lieu de croire, d'une part, qu'il a choisi la dénomination la plus simple pour l'un des deux oiseaux dont M. d'Azara a déclaré que les habitudes étoient les mêmes, et si l'on ne voyoit, de l'autre, que le chorlito du n.° 397 a les deux mandibulqpterminées en forme de petite cuiller, ce qui ne se rencontre pas chez les cheva- liers. Celui du n.° 39B a onze pouces deux lignes de longueur

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avec un bec de quatorze lignes, qui est de couleur de paille. Les plumes du dessus de la tête et du corps sont noirâtres et bordées de blanc roussâtre ; les côtés de la tête et le dessous du corps sont blanchâtres ; mais sur le devant et les côtés du cou, les plumes sont noirâtres à leur centre ; les seconde, troisième et quatrième pennes de l'aile ont des bandes trans- versales blanches sur un fond noirâtre, et à compter de la cinquième, le blanc est sur la bordure. Les couvertures su- périeures, brunes au milieu, sont traversées de raies noires, et ont les bords roussàtres : on voit une tache blanche sur la queue dont la bordure est noire. La mandibule inférieure est de couleur de paille, et la mandibule supérieure est noire. Ce que M. d'Azara a observé relativement au chorlito du n.° 397, et qu'il a dit être commun à l'oiseau n.° 3g8, consiste i.° en ce que le premier est de passage au Paraguay, où ii arrive, dans le mois de septembre, en troupes de dix à vingt; 2.0 en ce qu'on ne le rencontre pas sur les bords des rivières et des lagunes, mais dans les plaines découvertes, sèches ou humides, et qu'en volant il jette le cri bibi.

Le CHEVALIER A COIFFE BRUNE , Totanusfusco-capillus, Vieill., a été décrit par M. d'Azara, sur le seul individu qu'il ait,eu en sa possession, sous le n.° 399, et sous le nom de grand chorlito brun; il avoit dix pouces de longueur, et son bec dix- sept lignes ; les deux pennes extérieures de chaque côté de la queue étoient plus courtes de deux lignes et demie que les pennes du milieu ; le devant du cou étoit varié de brun et de blanc ; cette dernière couleur étoit celle des autres partie* Inférieures et des couvertures supérieures de la queue ; tout le dessus du corps étoit brun avec quelques points blanchâtres sur les ailes ; les pieds étoient d'un jaune vif.

Le CHEVALIER POINTILLE, Totanus punctatus, Vieill., et petit chorlito brun, Az., 400 , a huit pouces trois lignes, et sou bec quinze lignes ; les douze pennes de la queue sont de lon- gueur égale ; le dessus de la tête et du cou, les couvertures supérieures des ailes et leurs pennes secondaires sont bruns et piquetés de blanc ; les pennes extérieures des ailes et celles du milieu de la queue sont brunes ; les autres ont des bandes blanches et npirât|*es ; les plumes des côtés de la tête et du devant du cou sont blanches sur les bords et brunes au centre ;

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les couvertures inférieures des ailes offrent des raies de Mane et de noirâtre. Le bec, noirâtre en-dessus, est d'un vert pâle en-dessous. M. d'Azara a trouvé cet oiseau tantôt seul, tantôt par couple sur le bord des eaux.

Le CHEVALIER NOIHATRE, Totanus nigellus, Vieill., ou Cheva- lier aux pieds rouges d'Azara, n.° 402, a la queue garnie de douze pennes et étagée ; sa longueur est de huit pouces et demi, et son bec a environ dix lignes ; ie front est blanchâtre ; la tête, le dessus du cou et les scapulaires offrent un mélange de noirâtre et de blanc; cette dernière couleur domine sur les parties supérieures, et forme sur le devant du cou un angle avec des plumes noirâtres ; la queue, noirâtre au centre, est blanche à sa base et aux extrémités. Le bec est noir et les tarses orangés. Sonnini trouve de grands rapports entre cet oiseau et le chevalier blanc, scolopax candida, Linn. et Lath. On doit, d'ailleurs, faire remarquer ici que ses doigts sont entièrement séparés; et que le bec a la mandibule supérieure beaucoup plus forte que l'inférieure.

Le CHEVALIER A DEMI-COLLIBR, Totanus semi-collaris, Vieill. ou Chorlito à demi-collier blanc et noirâtre, Az., n.° 40 5, que Son- nini a mal à propos rapporté à la perdrix de mer à collier, de Buffon, glareola austríaca, Gmel. ( laquelle en est si diffé* rente par la forme de son bec et sa queue fourchue ), a huit pouces trois lignes de longueur totale et la queue étagée ; on lui voit, comme chez la plupart des autres espèces, un trait blanc du bec à l'œil, et une ligne sourcilière de la même cou- leur ; il a au bas de la gorge un demi-collier noirâtre qui *'é~ tend jusqu'àsla naissance des ailes, et au-dessous un autre blanc et plus étroit, qui va jusqu'au milieu du dos, oit il prend une teinte rousse. Les plumes scapulaires sont mélangées de blanc et de noir, et les petites couvertures des ailes variées de brun et de roux ; les grandes couvertures et les penne* des ailes ont des taches blanches, arrondies ; la poitrine, le ventre et les parties inférieures des ailes sont blancs le# pieds sont verts.

Les oiseaux décrits par M. d'Azara sous les n.°* 401, ¿\o3f 404 et 406, ont le bec conformé de la même manière que celui qui porte le n.° 397 , c'est-à-dire que les mandibules for- mant à leur extrémité une sorte de petite cuiller, s'écartent

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par ce caractère des chevaliers proprement dits, dont le bec a la pointe déliée. Le n.° 407 a, dans la conformation, des tarses si comprimés qu'ils n'ont pas une demi-ligne d'épais- seur, un autre caractère qui a déterminéM. Vieillot à en faire un genre particulier, sous le nom de Stéganope; et le 408.® et dernier chorlito de M. d'Azara, est le bec-en-ciseaux, ou cou- peur d'eau, rajador des Espagnols, et hati guazu des Guarinis.

On a aussi appelé chevaliers des oiseaux qui sont étrangers à ce genre} ainsi l'aigle Jean-le-blanc, falco gallicus, Linn., est, dans Salerne, le chevalier blanche-queue 5 Péchasse, charadrius himantopus, Linn., est le chevalier d'Italie $ le ja- cana, parra jacana, Linn., est nommé, à Saint-Domingue , le chevalier mordoré armé. On connoît aussi sous le nom de chevalier vert, Foiseau que Gmelin et d'autres naturalistes ont placé parmi les râles sous celui de rallas bengalensis 7 dont M. Vieillot a fait un chorlite , et que M. Cuvier a placé ' parmi les rynchées. (CH. D.)

CHEVAL MARIN (IchthyoL) , nom vulgaire de THîppo- CAMPE. Voyez ce mot et SYNGNATHE, (H. C.)

CHEVAL MARIN ARGENTÉ. (Ichthyol.) L'abbé Bonnaterre donne ce nom au syngnathe argenté. Voyez SYNGNATHE. (H. C.)

CHEVANNE (Ichthyol.), nom vulgaire d'une espèce d'able, leuciscus jesesy qu'on trouve dans nos rivières et nos ruisseaux. Voyez ABLE et CYPRIN. (H. C.)

CHEVAUCHER. (Fauconnerie^.) Ce terme sert à exprimer Faction de l'oiseau de proie qui s'élève par secousses au-dessus du vent, dont le soulÜe est opposé à la direction de son vol. (CH. D. )

CHEVÊCHE. (Omith.) Plusieurs oiseaux de nuit portent cç nom et celui de cfctrçc/rçtfc. Viÿj^eâv éçtfptlSiv skit# le mot générique C^OUETTEE. (Cnf Dj -, . .XU.T!

CHEVJEUjN^i^of.) On donpç çç peni à la ctevaire corü- Joïde. Ce chtn^pignoii, employé comme aliment daui>eâur coup d'endroite, a reçu un nombre de dénómáBa¿Lon

(voyez Clavaire) > ,etparticulièrement celles de menottes, de barbe de houe, de ganteline et de velifit^ (Lem*) o¦{ o r o °:

CHEVELU .On ditracine qu'ell estibe Velue

[çapilUmçntoAa\r t)\i qu'elle a d^ji^yelu, lorsqu'elle est garnie de ramifications capillaires nombreuses* On dit d'une igamine

3a'

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qu'elle est chevelue (cùfnaMj 'lorsqu'elle porte une touffe éë toikgs poils très-déliés. Cette touffe de poils, cette chevelure , dans certaines plantes, dans Je tamarisc, par exemple, naît du tégument propre de la gfiine" Dans d'autresdans l'épilobe, Papocyp, feto", elle est forihéepar le funièule ôucordon om- bilical de la graine, lequel, en se desséchant, divise en une multitude de filamehi soyeux. Il ne fout pas confondre la chevelure avec l'aigrette r rtágrette prend toujours naissance du sommet d'un ovaire inféré, et non d'une gràfne. (MASS.)

CHEVELURE DES ARÔtlES. ( Bot.) On désigne ainsi plu- sieurs eiÿ tiês de licIfttfÉs íltóAenteux, du genrt deai usnées, qui croissent sur le* àrbi^éS1; et qùî p*endfeîi'f après leur" braneh"s;Èft Daufrfciné, "tantes nomme tlvA^Mr^âe'pin. f L'hydne corallôïde ,j fyâtitàft1 ctoralloïdes / PcJrs.'\ qtii croît sur les brançkeà êt te# troncs ^ckr hêtre, du sapin, et quelquefois sur lçs tMftfChesde"h£fttte^*eç6tt aussi, le plus toi^Afofrément,lé nom de chevelure des arbres. On ën distingue tftrâWè Variétés * qtti fitoiit $fei#*£tire'aruttmtrd'espèces. Lfuné-tf*tíliá ,kfígúrée par Schœffer 7 tab. 142, et £ar BnHiard, tab.' ressemble , dans sa chou^flejur.' 'i

. MI décrit detix*es£8fctei de cheveïuréVti^PBres, l'uné MancW* ¿lus connue sous ïfc iiôm de do fric et l'autre

céuWftfrdtehifs, Ce son* eüéote aufemtrdè vMWéfl'hjdnutii coralloïdes. (Voyez Hericium et ttrtíiffe.) Ce^hambîgttoh eststté- pect y f"oi^ile * sûivàttt Mtdbèl?, il soit bon k Wangér. ( LeSî.)

Cti£33£LU9tfi DORÉE (iïbf.)1; nom vulgaire ûëïchrj'socojtiit lintspris -eft ttm^aurea. (H.^Xsa.) j r jí îîî-

CHEVESNE (Ichthyol.), nom vulgaire* Voyez Cheva'nnf.

(H; CJ^ i îi f " 1 -,.r, ri*i ¡H -

CHEVEUX i$4*r**i}f W/efe 4>oit*. (P. C.) > hî/' CHEVEUX. ( Chim. ) Natutè des cheveux. M. VaùqueKn est leseulcbiimte ipti ait chérèW n dëtferminerpâr uné longue suite ¿'expériences, la composition chimique dés dvéveux, et ia cause de leurs diverses Ctÿuîtol-s; *

Les* chiveux noirs sera formai , isuivant lui , ; /

i.° De muons, fui en fcst lia base; "

2.0htíile ¿lancfre eonèrète, eh petite Quantité;

. 3.° D'une huile noiiii-verdàlre plus abondantë que la pré- "édentt; . rJ.i - -

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' 4.* be fe*, cfáitt un état de fcombinaisán fui n'tt pas été prfaitement áétefminé ; 1 * Ei ' ¦'* v ' o>

6* De quelqaes atomes cToxide de* inan genèse ; "

6.* De phosphaté de chaux; 1

y} De carbonate de chaux en très-petite quantité;

8.° De silice en quantité notable ;: -

9/ Enfin d'une quantité considérable de soufre* L^totiile

¿oire-verdàtre, et peüt-être du protosulfure de fer, sortt les causes de la couleur de ces cheveux:.

Les ùheveûx rouges ont une composition analogue o, avec tette différencie cependant que l'huile noire-verdàtre qu?on trouve dans le* ¿tfèveux noirs, y est remplacée par une fertile rouge, et qu'ils paroissent contenir moins de fer et pltrs dé soufre que ces derniers. * J

* Les cheveu* Hands contiennent tme huile qui est presque

incolore, et en butre un peu de fjfróáphate de inagnésié; ils sont dépourvus de fef. ¦: '

M. Vauquelin fteise que dans lei cheveux rouges, blonds et blancs, il y à tôiijours un excès de soufre qui est vrâftem* blablement combiné, au moins en partie, avec dë l'hydro- gène. S'il en étôit autrement, on expliqueroit difiïefl eurent comment ces trois sortes de cheveux titfirèissent aussi pto¿ip- tément qu'ils lé font , quand on les rèéôuVre d'oxidetf d'àr- gènt, de mercure * tie plomb, de bismuth, etc. ,

; 1 Plusieurs observations que j'ai faites, m'ont conddit à pen- ser que Phuiltf notte-Verdâtre et Fhnile rouge sont de la même nature que I'tittile incolore des ¿heveuxblànés; jüè Íes premiers diffèrèàt de celle-ci , ¦ par la couleur * cela* est àû à des principes cblorans que l'on n'a pu encore en séparer.

Propriété des chevei/ar.Les cheveux tfontièSipides et inodores §uând ils sont biën propres ; ils sont pltis denses qué l'eau ; lorsqu'on les chauffe glisse fondent y pétillent, exhalent Hine odeur de cbrne brûlée ; dégagent de l'eau > de l'huile, du èéus- '¿aïbônate d'ammoniaque, et de ThydrosUtfate d'ammoniaque; ili laissent de 0,28 à 0)3o de charbon^ lequel ne donne qu'eût Viron o*oi5 de Cendre.

* ! Á o, m. 76 de pression i Peau bouÜlantéii'enlève aux ehevéutt :ju^une très-petite quantité d'une matière soluble qui donne o¿ce liquide la propriété de répandre une odeur putride,

3a.

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Jorsqu'on l'abandonne à lui-même. Si Voit augmente l'é- nergie dissolvante de l'eau, en la renfermant dans un di- gesteur, on ppurra dissoudre les cheveux sans altération, sî ce n'est cependant qu'il se produira un peu, d'acide hydrosu 1- furique. Quand on aura opéré avec des. cheveux noirs , la li- queur déposera peu à peu de l'huile noire , épaisse, mêlée de soufre et de fer, qui sont peut-être à l'état de sulfure* Quapd on aura opéré avec des cheveux routes, le dépôt sera de l'huile rougeâtre, mêlée de soufre et d'un peu de fer.

Sÿ l'on outre-passoit la température où la dissolution des cheveux a lieu sans altération, ceux-ci se réduiroient en equ, en huile empyreuma^ique épaisse, en hydrosulfate, et en sous-earbonate d'ammoniaque ; une partie de l'huile seroit a l'état savonneux.

, Lasol^ondes cheveux dans l'eau , §ltrée, est presque in- colore i les acides foibles ne produisent aucun effet sensible; les acides concentrés la troublent ; un excès rétablit la trans^ parence du liquide; la noix de galle et le chlore la préci- pitent abondamment ; les sels d'argent et de plomb sont pré- cipités en flocons bruns; cette solution évaporée ne se prend point en gelée.

L'eau qui tient jbps]q\iatre centièmes de son poids de potassé qu de soude caustîquç, dissout les cheveux à chaud ; il y a un dégagement d'hydrosulfate d'ammoniaque, et formation de dépôts analogues à ceuxqui sont produits dans les dissolutions opérées au moyen dudigesteur. Ces dissolutions alcalines contiennent de l'aeidç hydrosulfuriquç.

Les acides sulfurique ethydrochlorique mis en contact avec les cheveux, se colorent enrose, et finissent par se dissoudre; l'acide nitrique les jaunit et les dissout en partie à une douce chalçur; la partie insoluble paroît être formée aux dépens de la nçitière huileuse des cheveux ; elle est noire ou rouge , sui- vant que les cheveux soumis à l'expérience, avoient l'une ou l'autre de ces couleurs. Far l'action prolongée de l'acide, la matière huileuse se décolore et acquiert plus de solidité. La dissolution nitrique contient de l'acide., oxalique, beaucoup de fer, et d'acide sulfurique provenant de l'oxigénation du soufre. La dissolution nitrique des cheveux rouges contient plus id'acide sulfurique et moins de fer que celle des cheveux noirs^

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Le chlore blanchit les cheveux coloré, les ramollit, ët finit par les réduire en une pâte visqueuse et transparenté, qui est amère et soluble en partie dans l'eau, et en partie dans l'àl- cool.

Lorsqu'on fait réagir dans un digesteur de Fàlcool sur leé cheveux noirs, et qu'ou filtre la Hquenr encore chaude, celle-ci dépose, par le refroidissement, de l'huile concrète blanche, qui est sous Informe dé petites laines brillantes, et retient en dissolution l'huile d'un noir-verdâtre. Lorsqu'on opère sur les cheveux rouges 9 on obtient également, parle re- froidissement, l'huile concrète cristallisée, et l'huile ronge reste en dissolution; et, ce qui est remarquable, c'est que les che- veux , de rouges qu'ils étoient, sont devenus châtains. '

Telles sont les expériences que M. Vauquelin a faites sur les cheveux ; avant lui, M. Hatchett avoit considéré la subs- tance animale qui en forme la base, comme étant de la na- ture de l'albumine coagulée, et non de la nature du mu- cus; mais l'opinion de M. Vauquelin nous paroît beaucoup mieux fondée que celle du chimiste anglois.

M. Vauquelin ne seroit pas éloigné d'attribuer la décolo- ration, plus ou moins rapide, des cheveux, que l'on a observée dans plusieurs personnes frappée" subitement Tétnotions pro- fondes, à l'action qu'exerce sur la matière colorante des die- veux, un acide développé instantanément dans^économie animale. Quant à la décoloration produite par la vieillesse , il l'attribue au défaut de sécrétion de Ja matière colorante. (CH.)

CHEVEUX DE BOIS. ( Bot.) Dans les Antilles on donne ce nom à une espèce de tillandsie, tillandsia usneotdes, plante pàrasite de couleur grisâtre, qui n'a point de feuilles, et dont les ramifications entrelacées présentent la forme d'une cheve- lure négligée. ( J.)

CHEVEUX DE VÉNUS (Bot.), nom vulgaire d'une âdinte, adiantum eapillus Veneris. On le donne aussi à une espèce te aigelle, nigclladamasccna. (J.) *

CHEVEUX iyËVÊQUE nom vulgaire de là rapon-

çule orbicnlaire. (L. D.)

CHEVILLES. '(Èot.) Deux champignons du genre des agarics de Linnæus, trouvés aux tûvirons de Paris pafrM.'Patalet, lui*

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GHE

"mt'strvi jour étaWir deux familles* La première, celle 4e* chev^les eaxlou, copiprend la

. -apaisa" aipsi, nommée parce qu'elle est d'un roux

foncé en-dessus, et même en-dessous. Sa tige est blanchâtre, ^jnblqJb^à npe çheville, ou plutôt à un clou" Les feuillets se xeupis^ent en forme de cercle autour de la tige sans s'y im- plante% Ce champignon n'a rien qui annonce des qualité* suspectes : on le trouve, en automne, dans Jes bois. Voyez Paulet y tab. ^7 ^ f. i, 2.

La seconde famille ne comprend aussi qu'une seule espèce, La CHJIVJLLEEN coin. On la trouve dans la même saison et daus lçs n*êmesliçux que la précédente.

La connoissance de l'upe et l'autre nous semble due à M. Pau- let. Daqs la. cheville en eoin, les feuillets s'implantent sur la tige, CeilçnçijCSt pleine et blanche, eomme tou tie champignon. Centuplante n'a pas incommodé les animaux qui en avoient mangé : sa chair est fade ; elle a une odeur terreuse. (Lem.)

CHEVILLER ROUX-BRUN. (Bot.) Paulet désigne par ce nom le -boletus granulatus, Linn., qu'il classe dans 1^ famille des çèpes chevjllers ou à tige en cheville. C'est un champignon suspect¿. de çoufeur de feuille-morte, brunâtre ou verdâtre en-dessons ,.à chair blanche, et qui se trouve dans le$ bois, en çept^ipbfe. (LEM.)

. CHEVIN, (Ichthyolt) Suivant la Chênaye des Bois, les An- glois donnent ce nom au meunier, leuciscus do bula. Voyez Ablb et Cyprjüèï. (H. C.) ,

CHEVRE (Mamm.), Capra, Linn. Chacun sait que l'on donne ce nam è la femelle du bouc ; mais il a encore été appliqué , c qui me nom de genre, à tous les ruminans qui ont paru avoir le plus d'analogie avec cet animal. Le genre Çhèvre est un dé- ineiuhrejnen% du groupe, si nombreux et si naturel, des mammi- fères à pieds fourchus et à cornes creuses, que jusqu'à ce joun on a tenté en vain de subdiviser naturellement en groupes plus petits ; aussi semble-t-il bien plutôt établi par l'usage que pan la considération des parties de Organisation qui distinguent les. chèvres des autres ruminans. Quoi qu'il en 60.it, nous par- lerons ici des animaux qui le composent, et auxquels les natu* ralistes on$ dojmé pour caractère commun : des cornes dirigées enjuta! ef arrière, comprimées* ridées transversalement j

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le menton généralement garni dV ^longue bart* ,?le;chanr- frein concave, et le# chevilles osseu*?s4e cornes, creuses inté- rieurement. Dm reste, les chèvres oçt la plus grande Ressem- blance avec les antilopes, par les organes de la mastication" de la digestion, des sens et des mouvemens"

Leur physionomie a de la finesse^ ft leur regard beaucoup de vivacité: elles ont le chanfrein droî^ et même unpmi?cf£i*afe bien différences en cela des moutons;, qui l'ont arqué i Leur* yeux sont semblables à ceux des autres ruminans, mais* *W larmiers : elle* n'ont point de mufle proprement dit ; cependant l'intervalle qui sépare leurs narines est,nu, et préffentçxwit en quelque sorte unmvfle en rudiment; leurs oreille*, pointue*,4 droites et mobles, n'offrent rien de particulier, ft leur langue est très-douce : elles ont un pelage assez doux" les poiksoyeux "ont de longueur moyenne et très4isses, et les poil* Jaineux très-fournis et très-fins. Les femelles ont généralement des cornes, mais beaucoup plus petites que cellès des mâles. Lea organes de la gé^ératitfn sont comme chez les antilopes : la verge se dirige, çp Avant, et les testicules sont au dehpr*, dans un scrotum a**e* volumineux; la vulve est petite , et les m*- Bielles au nombre de deux. La queue est toujours très-courte* Ce sont des annaux fort lascifs; leur rut a lieu en automne-, quoiqu'ils puissent s'accoupler en toute saison. La femelle portée cinq mois, et met au monde un ou deux petits, qui pe sçnt complètement adultes qu'à la troisième année. La vie, des chèvres ne va guère au-delà de quinze ans.

-, Les espèces de ce genre ont tous les S^QS fort déliçal* "uis ,Xeur odorat a une finesse remarquable t: elles voyent dftjtrès- ^ftirç, et entendent bien : leur goût est le plus obtus d? Ifturs sens ; elles majqgçjtf des herbes qui, parleur amertume*, ré- pugnent aux autre? animaux.

, Ces espècessont en petit nombre, et ont une taille moyenne ; leurs proportions annoncent de la forçe, et leurs mouyçme^s

¦ 4e la souplesse^eivde l'agilité ; leur corps est gj70s et court * ^eurs ^iarnbes sont épai^es etmusculeuses ; elies ont l'encolure fwtç ?

. Jes individus m^àlfs, surtout, des jarrets pleins de vign^r Jeur "dresse est prodigieuse. Ces aniiq^x habitent,lesQh$i*e des montagne* pu ils fysmpptÿç petites familles , Tet

sablent se, plavrp ,p^rliculièrexpefU sur les piç* (les;,pius

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escarpés et atix bords dès précipices Ies plus profonds. lors- qu'ils sont poursuivis, on les voit s'élancer de rocher en rocher, avec la rapidité de l'éclaié; se précipiter dans dés profondeurs "f"e Fteiï mesure à peiné, ou gravir, avec la légèreté du vol, du fond des vallées aux sdntmets des phis hautes eiraes. Aucun ennemi he peut les suiVrérii les atteindre t placés ordinaire- ment à la pointe d*ün piic* isolé, ils éventent ou voient le chas- aéur bién avant que ceftii-ei ne puisse les surprendre ; ils sui- vent B£s moindres mou véknens avec inquiétude, et selaisseni rarefttént approcher d'bec près pour être atteints. Ce n'est

o quVtvée ttne parfaite cóánóissance des lieux, et par une tao tique ttfen calculée pour les enfermer dàh£'quelque étroit passage j quron parvient à s'en rendre maftrë à force ouverte, -et il est rare qu'on puisse les surprendre, mêàte lorsqu'ils re- posent k Tabri de quelque rocher, ou qu'ils paissent aux bord*

¦ ¿eshautes forêts de pins, ou dans les hautes vallées que les

glaciers entourent. Léti> prudence et la délicatesse de leurs sensléur font apercevoir et fuirle moindre danger, non cepen- dant qu'ils soient précisément des animaux craintifs et timides.* Idiotie le danger deviènt imminent, ili se défendent avec eotrirâge, et plus d'un chasseur, en les poursuivant, est tombé sotis leurs coups, payant de sa vie son imprudence et sa témé- rité. Quand on les prend jeunes, on les apprivoise aisément, et ils ¿'attachent par le bien qu'on leur fait.

CestraitsearactéristiquPsdu naturel des chèvres sauvages ne ae sont point entièrem eut effacés par la domesticité ; notre chèvit fcéàsïesmontre encore tous: on connoît son indépendance,son agüité, Son courage, íe plaisir qu'elle trouve 1 gravir sur les plu" hàiiis rochers, l'adresse àvec laquelle elfié'sé suspend, pour ainsi dire, aux bords'des précipices les pîtfs dangereux; on ne la maîtrise point par la force, elle veut êtifè1 libre; mais elle eêde au* bons procédés , et p ren dm êmelrti* grand attachement ' potir ceux qui la soigne^.

Les impressions don t ces animaux sont susceptibles, paroissent

* être très-vives et très-nettes ; mais elles semblent ne pas laisser de profondes traces fleurs déterminations varient k chaque

' 1 hâtant; rien ne les sàrrête; un désir sueeèŒeà un autre sans intervalle, sans repos, et cette mobilitédé seiitrment se marque au dehors par 1 x pétulance des mouvemens ¦; cependant, malgré

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eètte apparente légèreté, quelles que "oient la vivacité de leurs sauts et l'inégalité du terrain que ces animaux pax^ x:o*rent, ils arrivent toujours, avec la |>ltos exacte précision, au point oii ils tendoient. On est étonâé de la rapidité ayee laquelle leurs quatre pattes se ramassent et se placent sur l'étroite base d'un roo escarpé, pour conserver un équilibre sans lequel il pourrait leur en coûter la vie, et que la moindre correur leur feraitmanquer.

Les espèces qui ont été rapportées à ce genre paroissent ne -se trouver que danrta hautes chaînes grénitiques de l'Europe et de l'Asie.

Le Booquetov ; Cifra ibex, Linn * Face antérieure des corner, plate, contenue entre deux arêtes longitudinales, avec dea côtes transversale? saillantes qui se releven tdavantage en paa- , sant sur l'arête interne"

j Le bouquetin a environ trois piedset demi de longueur sur : "leux pieds et demi de hauteur. Sa oouleur est généralement d'un gris fauve aux parties supérieures du corps, et d'un blanc "aie .aux parties inférieures : une bande noire s'étend tout le long de l'épine du dos jusqu'au bout de la queue, mais elle se voit surtout en hiver* alors la teinte brune du corps diminue r les fesses sont bjaaelies, et il y a sur chaque flanc une ligne brune qui sépare la .couleur du dessuis du corps de celle du dessous-, la barbe est d'un brun noir.

Le rut de ce" animaux a lieu vers le milieu de l'automne : alors.un mâle rassemble plusieurs femelles, et ils vivent ainsi, réunis jusqu'à ce que la saison du part soit arrivée. A cette époque, c'est-à-dire, vers le mois d'avril, cent soixante jour* environ après-la conception, les femelles se retirent à l'abri d'un taillis pour mettre bas ; et, comme nos chèvres, elles ne ^produisent qu'up ou deux petits. Les mâles exhalent dans

o le rut une odeur forte et désagréable. Il n'est pas rare , lors-

o qu'en automne les ichèvres vont paître dans les montagnes, de

o voiries beuqoetinS'Se mêler avec eMes, et les couvrir. Le mulet qui résulte dp cet accouplement a ordinairement les couleurs du père, et les cernes qui caractérisent l'espèce de la merci mais nous en parlerons plus particulièrement à l'article de cette dernière espèce,

> Le bouquetin sè trouve en Europe, dans les Alpes et dân" lea

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¿os eftE

Pyrénées;*et en Asi^,^à ce qu'on asstMft^ dpns le Caucase, le Xaurus, et les montagnes 4e la Sibérie.. r

Pallasa décritmvboyquotin de ces4#6*ire* mot ré es, qui dif"- ié.roit de celui d'Europe : il étoit beauceu|rÿh*s long à proportion 4$ sa hauteur j le pQÜ étoit d'un gris ¿ale, mêlé de brun à la "uque et aux bras* et le devant des quatre "anons étoit noir*

Il est difficile 4^. décider si le boue, esta*" de Belon appar- tient à cette espèce ou à l'espèce suivantes* description étant J 4rè"incomplète. :lT " .

Le BOUQUETIN nu CAUCASE Copra Ca#4a*iaf Guldenst-, Act. Petrop1779, p. 16 et 17. Cornes triangulaires ; fa ce antérieure formant un angle obtus avec des côtes oiTncmids saillans- La taille et les proportions de cet animal sont à peu près cçlles du bouquetin ; il est brun foncé aux partie" supérieures du corps, et blanc aux parties inférieures; la tête est gme, excepté le tour de 1* bouche qui est noir p La poitrine a aussi cette cdùleur, et l'on voit une ligne d'un brun, foncé le long de l'épine, et une bltfoche derrière chaque canon.

Gujdenstedt a découvert cette espèce da4d les parties septen- trionales du Caucase. ; !

L'Ægacre, Capraœgagrus, Gme].¡Vlh%'$picil. Zool.f fasc. XI, pl. 5, fig. 2 et 3 Ménagerie du Musé##**. in-fol. Face an- térieure des cornes formant un angle aiguiayec des nœuds ou côtes légèrement marqués ; face postérieure arrondie.

o¿et animal est aussi à peu près de la tailtadu bouquetin, dont il a les proportions. Leacouleurs, d'après âvtelin jeune, sont, jen-dejsus, d'un gris roussâtre avec une ligne dorsale et la queue noires; la tête est noire en avant et rcmsæiàux côtés; la gorge est brune ainsi que ta barbeles femeUeftn'ont que de petites cornes, ou en sont toutrferfait privées" .

Les bézoards, qui oui eu autrefois une sigrande réputation en médecine, se tiraient vraisemblablement; de plusieurs ru- mir>ans : ce sont des entretiens qui peuvent se former dans le corps de toutes les espèces de cette famille ; ilpuroit cependant que plus estimés provtfnoient de l'egagoe, qtoe tout porte ù rogiyder comme le poec*# des PersaBSrBans cette supposi- tion, çette .espèce si*pifeép*ndue (listeizte l'étendue du Caucase et du Taurus.

Qm a\conjecturé qu'^H§,|e tvciuvoit aussi dansaos1 montagnes

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^'Europe, et nous avens reçu des xMpea de.Suisse, dans notre Ménagerie, deux mâles et une femelle d'une grande espèce de chèvre qu'on assuroit être sauvage, et qui avoient les cornes et plusieurs autres caractères des ægagres. C'est comme tels que M. Cuvier a décrit ces animaux dans la Ménagerie du Muséum d'histoire naturelle, mais avec quelques doutes cependant. Ou g ait, en effet, que les métis qui proviennent de l'accouplement du bouquetin et de la chèvre domestique, ont les cornes de Ja mère, c'est-à-dire, semblables à celles des ægagres, et les couleurs du père, qui ont encore, avec celles des ægagres, une grande ressemblance. Voici la descrip tion que M. Cuvier donne fie ces animaux.

" Les deux mâles sont à peu près de même grandeur et de même âge, à en juger parles cornes ; mais ils diffèrent parles couleurs, l'un ayant le fond du poil gris , et l'autre fauve;

" Leur taille est plus forte que celle des boucs; leur corps plus robuste, plus trapu; leur poil est lisse, et, quoique asser. long, il n'est nulle part pendant, hors la barbe.

" Ils ont seize décimètres de longueur depuis le bout du jn H seau jusqu'à l'anus, et huit décimètres et demi de hauteur ¿tu garrot.

. " L'individu gris paroit un peu plus haut, parce qu'il a les poils de la nuque et du garrot plus longs, et relevés presque en ínrme de crinière.

" Son poil est gris, nué de blanchâtre à certains endroits, et de gris roussâtre à d'autres. Le chanfrein a une large bande qui f'étend depuis l'occiput jusqu'à la queue; une autre qui des- cend le long de l'épaule, et une troisième en ayant delà cuisse; Jes quatre jambes, les pieds, la barbe, u"e bande qui se pro- longe sous le cou, toute la poitrine et la plus grande partie du dessous du corps, sont d'un brun noirâtre plus ou moins foncé ; la queue est noire, et autour de V^bms est un large-espace arrondi d'un blanc pur.

" " Il n'y a sur les pieds d'autres marques qu'une callosité grise |iux genoux de devant,.c'est-à-dire, sur le carpe.

" L'autre individu , un peu moins fort et mains en peil, ctf 4l'un fauve clair assez brillant; la distribution du brun sur son corps est la même, mais toutes les bandes sont plus étroites,;

ligne dorsale est très-pcvlç sur la nuque, et celle du devant

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de la cuisse finit avant de rejoindre celte du.dos; il y a peu de fauve derrière les canons de devant, et le blanc de l'anus est moins pur ; le scrotum est gris pâle dans tous les deux.

" Les cornes, mesurées sur leur grande courbure, ont huit décimètres de longueur; elles sont comprimées latéralement , tranchantes par-devant, arrondies par-derrière, ridées en travers ; et celles du gris ont huit nœuds saillans sur leur tran- chant; celles du fauve n'en ont aucun. *

Nous avons appris depuis que, dans les Pyrénées et dan" les Alpes, presque tous lès troupeaux avoient quelques individus de cette grande espèce de chèvre à leur tête, comme une sorte d'ornement ; mais nous n'avons pu savoir si ces animaux n'étoient que des métis de bouquetin et de chèvre. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'ils forment une race féconde, pendant un temps du moins ; qu'ils s'accouplent avec la chèvre com- mune , et que celle-ci donne des produits qui tiennent d'eux , et qu'ils peuvent encore féconder: mais je n'ai jamais vu, dans cette race secondaire, la grossesse se terminer heureusement, et, quelque soin que j'aie pris, je n'ai jamais pu conserver 1^ race primitive : ou bien la femelle avortoit, ou bien, si les petits venoient au monde , ils restoient languissans, se déve* ioppoientmal, et mouroient avant la deuxième année. Cepen- dant les individus adultes conservoient une très-bonne santé, et ne souffroient point du changement qu'ils avoient éprouvé dans leur régime, en passant des pâturages des Alpes dans ceux de nos parcs ; ce qui permet de penser que ce n'est point a ces changemens qu'il faut attribue* l'impossibilité où nous¡ avons été de conserver cette race.

Il y a une singulière ressemblance entre les difficultés qu'é- prouvent ces animaux à se propager, quoique féconds, et celles, qu'ont aussi, à se reproduire, les variétés très-éloignées de la 'souche primitive de nos animaux domestiques. On sait que lorsqu'on a poussé jusqu'à un certain point les modifications des animaux qui nous sont soumis, ils cessent de se propager facilement, et deviennent presque aussi stériles que les mulets' eux-mêmes : ce n'est, par exemple, qu'avec la plus grande peine que l'on conserve directement la variété dogue de forte race.

De ces diverses considérations, j'oserois conjecturer que ces

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animaux n'étoient point d'une race pure, mais non pas cepen- dantqu'ils étoient une variété de l'espèce de la chèvre, ana- logue à celle du dogue pour l'espèce du chien : ils n'avoient pas, /comme cette dernière, des formes , des proportions et un na- turel entièrement différens de ceux qui caractérisent les espèce* de leur genre ; au contraire, sous ce rapport, ils avoient tous les traits des races les plus libres. Une seule conjecture nous res- teroit donc à former sur ces singuliers animaux : c'est qu'ils étoient des mulets de bouquetin et de thèvre, et que ces mu- lets, sans se propager comme les races primitives, conserven^ cependant un certain degré de fécondité, comme les mulets de loups et de chiens. Sans doute les animaux qui viennent originairement de la même souche , appartiennent à la même espèce; celle-ci, comme le dit Buffon " est un être abstrait, " qui se compose de la succession constante et du renouvelle- " ment non interrompu des individus *; mais ce renouvel- lement peut ne pas s'arrêter aux métis , ni même à leurs pre- mières générations, et la règle n'en conserve pas moins toute sa force. Les soins de l'homme, d'ailleurs, peuvent, à cet égard, faire ce que la nature ne feroît point à elle seule ; et si nous n'avons point encore d'espèces métives , il ne seroit peut-être jpas absolument impossible que nous en obtinssions un jour. ,

Il faut donc continuer k conclure que des individus qui ne ¿'accouplent pas naturellement, ne sont pas de la même espèce1; mais, dans le cas contraire, il ne faudroit pas admettre que les individus sont d'espèce semblable. On doit nécessairement faire une différence entre l'accouplement, même fécond, des individus, et leur propagation : l'un peut se borner à la succes- sion d'un très-petit nombre d'individus, et s'afioiblir graduelle- ment; l'autre appartient nécessairement à tous, et se conserve.

C'est à l'espèce de l'ægagre qu'on rapporte communément aujourd'hui la chèvre domestique, sans que pour cela on ait, je crois, aucune expérience positive; mais ces animaux ont entre eux beaucoup de ressemblance : leurs cornes, d'ailleurs, ont les mêmes caractères. Nous ne devons dqçc considérer les chèvres domestiques que comme des variétés.

La domesticité a apporté d'assez grands changemens che* ces animaux ; les unes ont conservé la taille et les pro- portions de la race sauvage; d'autres se sont considérable-

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ment rapetissées : ici, le corps s'est raccourci proportionnelle- mèrtt'au raccourcissement des jambes; là, il a conservé sa lon- gùeu r, tandis que les jambes ont diminué. Chez la chèvre com- mune, les oreilles sont restées droites et mobiles ; chez la chèvré inambrine, au contraire, elles sont devenues pendantes, et se sont beaucoup alongées. Les cornes ont aui éprouvé d'assez grandes modifications : leur grandeur, leur direction, ont Varié; quelques races les ont entièrement perdues, et leur nombre s'est quelquefois accru. Enfin, les poils ont souvent changé de nature et de Couleur i la chèvre d*Angora a des poils longs, soyeux et frisés; et parmi nos chèvres communes on trouve des pelages noirs, bruns, blancs, ou variés parle mé* lange de ces couleurs.

La Chèvre COMMUNE diffère peu de la race sauvage, si n'est par les couleurs, qui sont communément la noire et la blanchâtre, répandues uniformément ou diversement mé* langées. * #

La Chèvre NAINE né diffère de la précédente que par là petitesse de sa taille ; elle paroît être originaire d'Afrique, et avoir une origine assez ancienne ; car les modifications qui la caractérisent sont profondément enracinées en elle; on Ta transportée en Amérique, sans qu'elle ait éprouvé de change* ment*,

La Chèvre MAMBRINE ou de Syrie se distingue par sa tfitè busquée, sa taille alongée, ses cornes très-courtes, ses oreilles longues et pendantes, et son poil fauve et court; elle paroit surtout répandue dans les contrées chaudes de FAsie* Les femelles donnent beaucoup de lait.

La CHEVREDEJUDA a le corps un peu plus court, à propor- tion de la hauteur, que le bouc commun, et elle est remar- quable par ses cornes qui font plusieurs tôtrfs sur elles-mémet en s'écartant de la téte, par ses oreilles pendantes et son poil blanc, assez^ong et fin : les poils laineux de cette chèvre ont toute la douceur des laines de Cachemire; ils donneroient des étoffes d'une finesse remarquable, et l'animai en est assez abon- damment pourvu. Il seroit fort à désirer que cette variété remplaçât, dans les usages domestiques, la variété commune o elle est très-abondante en lait, et. si elle étoit une fois répart* due, sa laine pourroit devenir un objet d'écoriomie* '

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CHÉ Sit

CHEVRE D'ANGOR*. Elle diffère siriHóut de la précédente pai* ses poils longs, soyeux et frisés, qui servent, dans le Levant, à faire dé très*belles étoffes. Cette variété, la plus éloignée de la souche commune, exige beaucoup de soin, et est'très-difficile à tfonsèiVer. Les femelles avortent facilement, dans nos contrées du Mbins, où cette Chèvre a souvent été apportée , mais où elle n'a pu encore se naturaliser. *

La CHEVRE o'ÎRtÀïtrii se caractérise par l'accroissement du aombrt de cornes ; mais cette variété se rencontre dans toutes telles que nous venons d'indiquer. ' *

Ml de BlainviUe à fort connoître, d'après des dessins et des decríptioús vues -à Londres, deux rüiriiiians qu'il regarde comtne des variélíés de Iti chèvre r la première, en effet, a les traits du genrè ; ttiaisMà* fchèyre imberbe à totis les caractères: des moutons. Toutefois, dans le doute, nous en donnerons ici la description. ¦ ¦

La Chèvre COSSUS est entièrement IñantíKe ¿ouverte par ioiitïe corps de ppíifc fort longs, tortlbans, nôri frisés, soyeux; 1" oreilles sont hórizóritales ; les cornes , cóiirb¿es en arrière èt en dehors , à la poifite, sont Serrées1 contre la partie pos* térienre de la tête ; le firont est assez busqué ; il h'y a pas dé barbe, proprement dite, sous le menton */éf les poils de la fàcé, Fort longs , se portent à droite et à gauche , partant de la ligne médiane SiS; cliaiifrein ; la qüeüe est courtè et re- trouée, comme "dan^lés autres chèv'r^ 1

o La Chèvre imbíbAbe á ííeatlcoup de iapport, pour la forme générale, avec le bôüqüetin du Caucase* Son* corps est épais 9 alongé; le col cotirt y très-large ; les jambes assez élevées, efc cependant fortes : là tîÊie a beaucoup de ressemblance avec "elle du belier j le chanfrein est arqué, le front bombé/les bréiiïes horizontales, médiocres : les cornes très-comprimées f frîcîêei transversalemént, se touchant presque a la base, s'é- 'fcàWai'it ensuite en dehors et en arrière , en se tordant un peu-; *nafs: eftes sont plus petites et moins comprimées dans la fe* melle :1a queue est recourbée en-dessus : le poil est en général court et serré; il est plus long, et forme une sorte de cri- liïière noire sur le cou et la plus grande partie du dos : il n'y a ÿbînt de barbe sous lé menton, mais une sorte de fano^i oii peau pendante Sous la ganache# La couleur générale est

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bariolée de noir, de roussâtre et de blanc, dispersés d'une manière assez irrégulière : ce qui pourroit faire présumer f dit M. de Blaiuville, que l'individu qui a servi à cette obsjer- ration étoit à l'état de domesticité.

Ce sont là les principales races que nous connoissiçns* mais il est vraisemblable que la domesticité en a produit encore d'autres.

Le bouc domestique s'accouple avec la brebis, et la féconde. Le mulet qui en résulte, participe de la nature de ses parensr et il est fécond; mais il se reproduit difficilement. J'ai eu un semblable mulet feiiielle qui, par ses formes, tenait du mouton, et de la chèvre par ses allures et ses poils ; il nç s'est accouplé, qu'à la troisième année avec un bpyp, £t il a été fécondé: mais le fœtus n'est point venu à terme ; l'avortement a eq lieu au quatrième mois.

On dit que la chèvre s'unit au chamois; mais le produit de cet accouplement n'est point connu.

La chèvre, k l'état domestique, est assez délicate ; elle a besoin de soins ; elle craint le froid et l'humidité* et ne prospère pas dans les pays de plaines. Elle cherche le soleil et les pâ- turages secs ; et elle donne beaucoup de lait proporti^oiié- ment à sa grossçur, lorsqu'elle est bien nourrie. ,

Cet animal f considéré dans l'économie, rurale ou domes* tique, est, par rapport à la vache, çe} que Váne est par rap? port au cheval; l'un et l'autre sont le partage et le soutien du pauvre, et pendent plus de services dans les contrées montagneuses ét arides, que dan? lçspays riches et cultivés. Les chèvres font de grands dégâts dans les foré te; aussi a-t-on cherché dans quelques provinces à^teindre la race.

Le lait de la chèvre est sain, et ^onvient aux personnes affoiblies ; mais le beurre qu'on en tire est peu savoureux. Ses poils sont employés à quelques ussges communs ; et avec sa peau on fait du maroquin et du parchemin. Les outres dont on se sert dans les pays chauds;, se font ordinairement ^3e peaux de boucs.

CHEVRE. Ce nom a souvent été donné, par des voyageurs, à des animaux qui n'appartiennent point à ce genre, et sur- tout à des antilopes. Le chamois a ¿ quelquefois été nopn^é CHEVRE DES ALTES. Ôn a donné le nom de CHEVRE PU BO^RD

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plusieurs antílopes ; celui de CHEVRE DU CONGO , à Yanti- iope pygmœa; celui de CHEVRE bleue, à Y antilope leucophœa. La CHEVRE DE GRIMM est Y antilope grimmia; la CHEVRE jaune, Y antilope gutturosa. Brisson appelle un mouflon CHEVRE DU LEVANT; Aldrovande, le musc, CHEVRE A musc. Les Hollandois du Cap nomment CHEVRE pale , un antilope ; CHEVRE de pas- sagb, le spryigbock; CHEVRE plongeante, un autre antilope, etc. La CHEVRE sauvagb de Kolbe est Yantilope'strepsiceros, et celle de Marmol, un animal qui, dit-il, a de longs poils , semblables à dii crin, qui descendent jusqu'à terre, etc. (F. C.)

CHÈVRE VOLANTE* (Ornith.) Quelques rapports trouvés entre le cri de la chèvre et celui de la bécassine commune, scolopax gallinago, Linn., ont fait donner à l'oiseau cette déno- mination bizarre. ( CH. D. )

CHÈVREFEUILLE (Bot.), Lonicera, Linn. Genre de plantes dicotylédones, monopétales, à étamines épigynes, distinctes, de la famille des caprifoliacées, Juss., çt de la pentandrie mono- gynie, Linn., dont les principaux caractères sont d'avoir un calice très-court, à cinq dents; une corolle tubuleuse, in- fundibuHforme, ayant son limbe partagé en cinq découpures, le plus souvent inégales ; cinq étamines à filamens saillans hors du tube de la corolle ; un ovaire inférieur surmonté d'un style de la longueur de la corolle, et terminé par un stigmate' simple, un peu en tête ; une baie à trois loges polyspermes.

Linnæus avoit réuni à ce genre>f>lusieurs espèces, que les botanistes modernes en ont séparées, pour établir les genres Xylostcum, Diervilla et Symphoricarpos. (Voyez ce qui a été dit à ce sujet au mot CAMERISIER.) Le genre Chèvrefeuille, borné aux plantes ayant les caractères qui viennent d'être donnés ci- dessus, comprend dix espèçes, dont quatre sont indigènesde l'Europe*, et les autres exotiques. Ces plantes sont des arbris- seaux sarmenteux, grimpans, à feuilles simples et opposées, à fleurs disposées en têtè, ou par verticilles. Les espèces les plus remarquables sont les suivantes :

XHEVREFEUILLB DES JARDINS; Locinera caprifolium, Linn., SJJ.

246. La tige de cette espèce se divise en rameaux'sarmenteux, flexibles, qiii s'élèvent à dix, quinze et vingt pieds de hauteur, en s'entortillant autour des arbres qui sont dans leur voisinage, ou des supports qu'on leur donne. Les feuilles sont ovales, s$ô- 8. 55

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siles, opposées, glabres, glauques en dessous, et Ies íetrx o trois paires supérieures de chaque rameau sont connées à leur base, réunies en une seule feuille arrondie et perfoliée. Les fleurs sont grandes, à cinq divisions inégales, rouges en dehors dans une Variété, blanchâtres dans l'autre, ainsi que dans l'in- térieur, disposées en un ou deux verticilles feuillés, et en une tête terminale et sessile. Ce chèvrefeuille croit dans les haies et les bois, en Italie, et dans les parties méridionales de l'Eu- rope. On le cultive partout pour l'ornement des jardins. Ses rameaux, longs et flexibles, se plient aisément pour prendre toutes les formes qu'on veut leur donner. Le plus souvent op en couvre des treillages, des berceaux, on en*tapisse des murs ; on en forme des guirlandes qui embrassent la tige les arbres, s'enlacent avec grâce dans leurs branches, et font le plus bel effet dans les mois de mai et de juin, où elles sç chargent de charmantes fleurs, qui, non-seulement plaisent aux yeux par l'élégance de*leur formey mais encore font sur l'odorat la sensation la plus agréable par le parfum délicieux qu'elles exhalent. Quoique ce chèvrefeuille soit essentielle- ment sarmenteux et grimpant de sa nature, l'art du jardinier est cependant parvenu à en faire, quand il le veut, un arbris- seau à tige, dont on arrondit la tête en la taillant aux ciseaux. Il est d'ailleurs très-rustique, ne crainf pas le froid, et peut s'accommoder d'une terre médiocre. Il ne lui faut ni trop de soleil, ni trop d'ombre. On le multiplie si facilement de bou- tures, de marcottes, ou de drageons, qu'on n'est guère dans l'usage de l'élever de graines. Ses propriétés "ont les 'mêmes que celtes de l'espèce suivante.

Chèvrefeuille des bois; Loniteraperictymenum, Linn., Sp.

247. Cet arbrisseau a absolument le même port que le précé- dent ; mais il en diffère en ce que sea feuilles sont toutes libresf pointues, et ne sont jamais réunies par leur base. Ses fleurs, d'un blanc jaunâtre, souvent un peu rougeâtres en dehors, réu- nies plusieurs ensemble en têtes terminales, répandent une odeur agréable, et paroissent en juin et en juillet. Cette espèce croit d^ns les haies et les bois, en France, en Allemagne, en Suisse, etc. On l'emploie, comme la précédente, pour la déco- ration des jardins, et on la cultive de même. Les feuilles, les fleurs et les baies du chèvrefeuille des bois et de celui des

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jardins, sont diurétiques. Le suc exprimé de leurs feuilles est, dit-on, vulnéraire et détersif* letir décoction s'emploie en gar- garisme dans l'inflammation des amygdales, et l'eau distillée des fleurs passe pour être utile dans les maladies inflammatoires des yeux*

CHEVREFEUILLE DE VIRGINIE ; Lonicera sempervirens, Linn., Spec, 247. Celte espèce est, comme les deux précédèntes, un arbrisseau sarmenteux et grimpant, ayant ses rameaux garnis de feuilles ovales-oblongues, opposées, sessiles, glabres * persis- tantes, et dont les supérieures sont réunies par leur base et per^ foliées. Les fleurs sont d'un rouge éclatant et orangé, dispo* sées en verticilles nus et terminaux, dépourvues d'odeur; lé tube de leur corolle est Ventru à son orifice, partagé en sün limbe en cinq divisions presque égales. Ce chèvrefeuille proit naturellement au Mexique et dans la Virginie* On le tiultive* depuis 1656, en Europe, où il est parfaitement acclimaté au- jourd'hui , passant l'hiver en pleine terfesans souffrir du froid * cependant ses fruits mûrissent rarement dans le climat de Paris" ' CHEVREFEUILLE DU JAPON; Lonicera japónica, Thunb., Flort Jap., 89. Ses tiges sont grimpantes, divisées en rameaux velüs^ garnis de feuilles ovales, un peu aiguës, opposées, pétiolées^ d'un vert assez foncé en-dessus, plus pâlesen-dessous. Ses fleurs sont blanches extérieurement, d*un jaune doré intérieure- ment, portées deux à deux sur de très-courts pédoncules, et disposées plusieurs ensemble en téie terminale; elles' répan* dent une odeuf douce de fleur d'orange. Leur corolle est de la grandeur de celle de notre chèvrefeuille des bois* formée d'un long tube fendii à son extrémité en deux lèvres rbulées*ea dehors 9 dont l'inférieure est étroite, et la supérieure, beau* coup plus large , sé termine par quatre deirts arrondies^.Cet arbrisseau croit naturellement au Japon et il la Chine ; il * été apporté de ce dernifcr pays en Angleterre en 18o5 ou r866* On le cultive en France depuis 1811, et jusqu'à présent on le tient pendant l'hivei* dans l'orangerie. 11 est probable qu'tt pourra s'accb'mater dans nos départemeñs méridionaux. Sac culture est facile, et on le multiplie facilement de marcottes" (-L.D.) :

CHÈVREFEUILLE DES ANTILLES" (Bot,) Voyez Cioco^ua* (De T.) : J

53,

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CHEVRETTE (ÉntomJ, nom donné par Geoffroy a quelques insectes coléoptères qu'il avoit réunis dans le même genre que les cerfs-volans. La bleue et la verte sont une même espèce. (Voyez LUCANE CARABOÏDE.) La brune est un trogosite, dont la larve, qui fait beaucoup de tort aux blés, est désignée dans plusieurs départemens sous le nom de cadelle. (C. D.)

CHEVRETTE, ou SAUTERELLE DE MER. (Crust.) On nomme ainsi 9 dans plusieurs, de nos porto de l'Océan, le cardon, ou la crevette de mer, crustacé du genre Grangon. ( C, D. ) CHEVRETTE (Mamm.), nom de la femelle du chevreuil, cervus capreolus, Linn. ( F. C. )

CHEVRETTES. (Bot.) Une espèce de champignons est ainsi nommée, et CHBVOTINES, parce que leur pied ressemble en quelque sorte à celui de la chèvre. Le docteur Paulet en fait une famille ; c'est celle de ses champignons sous-épineux, dits chevrtUes et chevrotines, qui sont des urchins ou hydnes, aa nombre desquels se trouvent les Hydnum répandu m, Linn* ; camàkum, Batsch.; rufescens, Schœfif. f subsquamosum, Batsch.; imbricatum, Linn.; auriscalpium,. Linn., et plusieurs autres, indiqués par Paulet dans son Traité des Champignons, vol. 1, p* 643, et vol. 2, p. 127. Cet auteur nomme CHEVROTINE ORDINAIRE l'hydnum repandum, Linn.; et CHEVROTINE ECAIL- LEUSE , ou GRANDE CHEVRBTTE , Vhydnum, rufescens, Schæff.

On nomme encore CHEVRETTE et CHEVRILLE , la Chanterelle, autrp champignon du genre Mérule. ( Lem. )

CHEVREULIA. ( Bot.);[Gorymbifères, Juss.; Syngénésic po- lygamie supeiflue, Linn.] Ce nouveau genre de plantes, que nou* établissons dans la famille des synanthérées, appartient à notre tribu naturelle des inulées.

La calathide est discoïde, cylindracée, composée d'un petit disque pauciflore ., équaliflore, régulariflore, androgy- niflore, et d'une large couronne multisériée, multiflore, équaliflore, ténuiflore> féminiflore. Le péricline, égal aux fleurs, est cylindracé,.formé de squames imbriquées, large- ment linéaires, arrondies au sommet, uninervées, glabres, luisantes, "carieuses sur les bords et surtout an sommet ; les intérieures progressivement plus longues et plus étroites. Le clinanthe est plane, nu, ponctué. L'ovaire est grêle, muni d'un bourrelet basilaire, et prolongé supérieurement, dés

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CHE Si 7

l'époque de la fleuraison, en un très-long col filiforme, por- tant un bourrelet apicilaire, dilaté horizontalement, et une aigrette de squamelles filiformes, presque capillaires, à peine barbéllulées. Les fleurs du disque sont au nombre de quatre ou cinq, et parfaitement régulières, nullement labiées ; leurs anthères sont munies d'appendices basilaires, longs , subulés , plumeux ou barbus. Les fleurs de la couronne ont leur corolle plus courte que le style, à tube très-long, très-grêle, et i limbe avorté, irrégulièrement denté, comme tronqué.

La Chbvrbulia stolonifère (Chevreulia stolonifera, H. Cass.; Chaptalia sarmentosa, Pers. Syn., 2 , 456; Xeranthemum cespi- tosum, Aubert du Petit-Thouars, Flore de Tristan d'Acugna , p. 39, t. VIII) est une petite plante herbacée, dont la racine originaire produit plusieurs tiges sarmenteuses, ra- meuses , rampantes, qui s'enracinent par quelques - uns de leurs nœuds ; elles sont grêles, cylindriques, tomenteuses, ef portent des feuilles opposées, connées à la base, obovales , subspathulées, étrécies inférieurement en, une sorte de pé- tiole membraneux, entières, mucronées au sommet, pubes- centes et vertes en-dessus, tomenteuses et blanches en-des- sous. Au-dessus de la racine originaire et des nœuds enra- cinés s'élèvent verticalement de courtes branches simples, chargées de feuilles très - rapprochées, et portant quelques calathides axillaires qui semblent sessiles en fleuraison : mais leur pédoncule qui à cette époque n'avoit qu'une ou deux lignes de longueur, acquiert cinq pouces à la maturité ; il est grêle, cylindrique, tomenteux. Les corolles sont jaunâtres.

Nous avons étudié les caractères de cette plante, dans l'herbier de M. Jussieu, sur des échantillons recueillis par Commerson près de Montevideo. Selon M. du Petit-Thouars r elle est assez commune dans l'rle de Tristan d'Acugna, sur les montagnes arides. Ses caractères génériques diffèrent beau- coup de ceux du Leria de M.Decandolle, qui d'ailleuis est de la tribu des mutisiées. Nous avons dédié ce nouveau genre au savant chimiste qui enrichit ce Dictionnaire d'excellens articles, et qui a composé,.pour les Eiémens de Botanique de M. Mirbel, un petit Traité de Chimie végétale. (H. Càss.)

CHIw REUSE ( Bot. ), variété du pêcher, ou amandier- pêcher" Voyez Amandier. (JTJ

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CHEVRTLLE. (Bot.) Voyez Chevrette. ( LEM,)

CHEVROTAINS (Mamro.) ; Moschus, Linn. Les chevrotains se distinguent extérieurement de tous les ruminans qui nous sont connus, par leur téte nue, c'est-à-dire, sans bois ni "ornes, et par les deux longues incisives pointues et tran- chantes, qui descendent de la bouche des mâles à la mâchoire supérieure : ils sont en outre les seuls qui aient un péroné. Du reste, ils ressemblent aux autres ruminans : ils n'ont point d'incisives à la mâchoire supérieure; mais ils en ont huit à l'inférieure, et leurs molaires sont au nombre de vingt-quatre, six de chaque côté des deux mâchoires. Leurs yeux n'ont rien de caractéristique ; ils n'ont point de larmiers, mais leurs narines sont séparées par un mufle semblable à celui des cerfs. Les oreilles sont de grandeur moyenne et pointues; la qupue est courte. Les mâles ont la verge dirigée en avant t et les femelles qnt deux mamelles entre les jambes de der- rière. Le poil est court, aspez gros et très-sec.

Ce sont des animaux qui sont encore peu connus, et qui paroissent être fort sauvages. Ils ont une petite taille et toute la légèreté des gazelles, dont ils ont vraisemblablement aussi Jes mœurs. On jie rencontre ces animaux qu'en Asie. Le plu^ célèbre est :

Le Musc : Moschus mosohiferra, Liçn. ; Buff., Suppl., p. 29. J1 a la grandeur d'un chevreuil, et est aussi presque entière-* jnent privé de queue* Les poils, qui sont delà nature de ceux du cerf commun ou de l'élan, sont blancs dans une grande par- tie de leur longueur, et le bout en est noir, brun ou fauve. Il résulte de là, que la couleur d^ cet animal est indéterminée * parce que, suivant qu'il est yu de face ou de côté, il présente des teintes différentes. Les parties inférieures sont blanchâtres,, ainsi que le dessous de Ja queue. On voit de chaque côté de la mâchoire inférieure, et un peu au-dessous des coins de la bou- che , un bpuquet de poils durs, roi des et semblables à des soies. Les ergots de l'individu de notre cabiyet sont d'une longueur- démesurée; les oreilles sont jaunes intérieurement, et d'un gris-brunâtre à l'extérieur j l'iris esf d'un roux-bryn. Le train de derrière est beaucoup plus élwé que celui de dei^it, et annonce un animal capable de Caire des sauts prodig*x. La bourse qui contient le musc e^t située en avant du prépuce ,

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chez le mâle seulement; elle a deux ou trois pouces de dia- mètre. Le musc habite particulièrement le Thibet et les pro- vinces qui l'avoisinent; il est recherché pour sa chair, mais bien plus encore pour la matière odorante qu'il produit. Cette matière est employée chez les Orientaux, surtout dans les parfums. Le musc a passé d'usage chez nous dans la parfumerie, et ne nous sert plus guère qu'en pharmacie. Il est rare qu'on puisse s'en procurer qui soit pur; il est ordinairement falsifié avec du sang desséché, ou d'autres substances analogues. C'est des Chinois que nous le tirons, et l'on sait combien ce peuple manque de bonne foi.

Le Chevrotain : Moschuspygmœus, Linn. ; BufF., 1.12, pl. 42.

Ce joli animal est de la taille du lièvre, et ses formes ont une délicatesse et une élégance remarquables. Le dessus de son corps est d'un brun - roux qui devient fauve sur les côtés ¿ toutes ses parties inférieuressontblancl^es. Sa légèreté estpro- digieuse, mais il se fatigue assez vite, et un homme peut finir par l'atteindre. Il est fort délicat, et n'a pu encore soutenir le voyage d'Europe.

Le Mvuna : Moschus mtmina, Linn.; Schreber, pl. 243. .

Cette espèce est encore peu connue ; elle est plus grande que la précédente. Sa couleur est brune, avec des taches blanches assez semblables à celles des jeunes cerfs qui ont en- core leur livrée. Elle a la gorge entièrement blanche. Elle se trouve à Ceilan.

Le CHEVROTAIN DE JAVA (BufF., t. 6, pl. 3o), semblable au précédent, excepté qu'il ji'a point de livrée. Il a trois bandes blanches sur la poitrine, et le brun du pelage est ondé de noir; le nez est noir. C'est jin animal qui n'est encore que très-imparfaitement connu.

On trouve dans 1 'Oriental Miscellany, sous le nom de musc de l'Inde, la figure d'une espèce de chevrotain, dont M. de Biainville a vu la téte, qui est assez.remarquable par sa gran- deur et par la longueur de ses canines. Il en parle dans le Bulletin de la Société philomathique, année 1816, pag. 76* (F.C.)

CHEYBEH. (Bot.) Ce nom égyptien est donné, suivant M. Delile, au lichen prunastri de Linnæus, maintenant evernin frunastri d'Acharius, qui ne se trouve pas dans l'Egypte"

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mais qui y est apporté de la Grèce pour un usage économi- que. On le mêle dans le pain pour le rendre plus savoureux. Forskaël, qui parle aussi de cet emploi, nomme la plante schœba ou sjeeba, ce qui signifie, selon lui, cheveux grisâtres ou blancs" Lorsqu'il demanda k connoître la plante ainsi nommée, on lui présenta une espèce d'absinthe qui portoit en effet ce nom, à cause de sa couleur blanchâtre. C'est probablement Yartemisia arborescens, que M. Delile cite aussi sous le nom du cheybeh. (J.)

CHEVROLLE (Crust.), Caprtlla. M. de Lamarck a nommé ainsi une division de crustacés, voisine des cloportes alongés, vivant sur les plantes marines, avec dix pattes, mais dans une série interrompue telle qu'il n'y en a pas sur le second et le troi- sième anneau. Tel est Yoniscus scolopendroïdes, figuré par Pallas dans ses Glanures zoologiques, cahier IX, pl. IV, n.° iS. Tels sont encore les cancers atomus et Jiliformis de Gmelin. Voyez CLOPORTES. (C. D.)

CHEYLÈTES. ( Entom.) C'est le nom sous lequel M. Latreille a désigné le ciron des livres , acarus eruditas, Schranck, espèce de mite à mandibules en pince. Voyez MITE. (C. D.)

CHÉ YU. (Ichthyol.) Suivant la Chênaye des Bois, les Chi- nois appellent ainsi l'alose. Voyez CLUPANODON. (H. C. ) CHIACCHIALACCA. (Ornith.) Suivant Gemelli Carreri, ce nom a été donné par les anciens Mexicains à de petites poules brunes, dont la grosseur n'excède pas celle du pigeon com- mun, et qui, d'ailleurs, ont beaucoup de ressemblance avec les nôtres. Ces oiseaux, autrefois réduits en domesticité, sont, depuis, retournés à l'état sauvage', et vivent dans l'intérieur des terres, au Mexique et à la Gitiane. (Ch. D.) *

CHIACHAS. (Bot.) Voyez CHINAOS. (,J.)

CHIAI-CATAI. (Bot.) Il est fait mention d'une plante de ce nom dans le chapitre de Daléchamps qui traite de la rhu- barbe. Elle croît dans le Cathay, faisant partie de la province de Chianfu. Les gens du pays lui attribuant de grandes yertus pour fortifier l'estomac, aider la digestion, calmer les dou- leurs et dissiper les fièvres. Ils en portent toujours avec eux dans leurs voyages, et pour en avoir une seule once ils don- neroient un plein sac de rhubarbe.Onnepeut déterminer quelle est cette plante, dont la description manque entièrement* ( J*}

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CHïAMANDOLA (Omiíh. ), nom employé en Sardaigne pour désigner diverses espèces de canards. (CH. D.)

CHIAMETLA. ( ErpétoL) Arnoldus Mbntanus donne ce nom à un serpent d'Amérique, commun sur le mont Chiametla, près de la Nouvelle-Galice et de la province de Caliacan. Les habitans du Chili et de Guadalajara l'appellent cobra, ou vilo de Chiametla. (H. C.)

CHIAMPIN. {Bot.) On lit dans l'Abrégé des Voyages, qu'a Ceilan et dans d'autres lieux de l'Inde, il existe un arbre de ce nom, originaire de Chine, dont la fleur blanche exhale une bonne odeur. Confite, elle prend une consistance ferme et une saveur fort doùce : on ajoute que l'arbre qui la porte est nne espèce de petit platane. Cette indication ne peut être vraie, puisque la fleur du platane est très-différente ; mais cet arbre est peut-être le champac, michelia, nommé aussi tsjampaca ,¦ dont les fleurs odorantes sont très-recherchées dans l'Inde. Voyez CHAMPAC. (J.)

CHIANTOTOTL. (Ornith.) Fernandez, qui parle de cet oiseau, chap. 139, le décrit comme étant de la taille de l'étourneau, ayant le bec cendré et un peu courbé, la poitrine et le ventre blancs, avec'des taches brunâtres, le dos d'un brun tirant sur le bleu, les ailes d'un blanc noirâtre. A ces signes l'auteur ajoute que l'oiseau vit dans les plaines, et qu'il est bon à man-- ge r. (CH. D.)

CHIAPPARONE. (Ornith.) C'est le nom qu'on donne au proyer, emberiza milliaria, Linn., dans le pays de Gènes. (CH.D.)

CHIAR. (Bot.) Voyez FAQOUS. (J.)

CHIARTOLITE. (Min.) Voyez MACLE. (B.)

CHIASORAMPHE. (Ornith.) Voyez Bec-croisé. (CH. D.)

CHIATTO. (ErpétoL) D'après Gesner, c'est un des noms ita- liens du CRAPAUD. Voyez ce mot. (H. C.)

CHIBIGOUASOU (Mamm.), nom qui signifie grand chat, au rapport de M. d'Azara, et que les Guaranis donnent à l'ocelot, ydis ocelot, Linn. (F. C.)

CHIBOUÉ. (Bot.) A Saint-Domingue, suivant Nicolson, l'on nomme ainsi le gomart, bursera, qui laisse suinter de son écorce un baume très-vulnéraire. Voyez GOMART. (J.)

CHIC. (Omith.) Ce nom s'applique, en Provence, à divers oiseaux du genre Bruant, emberiza. Le chic proprement dit

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est, suivant M. Guys, le xnitilène, emberiza lesbia, Linn., re- présenté dans les planches enluminées de Bufíon, sous le n.° 656, fig. 2. Le chi* famous paroît être le bruant fou ouzizi, emberiza cirlus, Linn. $ le chic jaune, le bruant commun, em- beriza citrinella, Linn.; le chic gavotte ou moustache, le bruant gavoué, emberiza provine ialis, Linn.; le chic perdrix, le bruant proyer, emberiza milliaria, Linn. ; le chic de roseaux, le bruant de roseaux, emberiza sehœniclus, Linn. Il n'y a que le chic d'Avausse qui n'appartienne point au genre Bruant, et qui désigne la fauvette d'hiver ou mouchet, motaciUa modular is , Linn. (CH. D.)

CHICA. (Bot.) Dans l'ouvrage de MM. Humboldt et Bonpland sur les plantes équinoxiales, il est fait mention d'un arbrisseau de ce nom, à tige grimpante, qu'ils regardent comme uneespèce de bighone, et nomment bignonia chica. Ils ajoutent qu'on tire de ses feuilles, par la macération dans l'eau et au bain-marie, une matière dont la couleur est à pçu près semblable à celle de l'ocre calciné ou d'un rouge de brique : cette matière colo- rante , que les naturels nomment aussi clma, est, dans le pays, un objet de commerce, parcç que les habitans des nations voisines s'en servent, les uns, pour se rougir le corps entier, d'autres leur tête et certaines parties du visage seulement. II paroît que des expériences nouvelles prouvent que cette substance pourra être employée par les peintres et les teintu- riers. ( J.)

CHICA. (Bot,) Boisson faite dans le Pérou avec la farine de xnaïs séchée au soleil. On la met avec de l'eau dans de grandes cruches: la liqueur fermeritée qui en résulte, est spiritueuse, et s'aigrit facilement. Son goût approche de celui d'un cidre de qualité inférieure. (J.)

CHICAL. (Mamm.) Hasselquist dit que c'est, en Orient, le nom du Chacai., canis aureus, Linn. Voyez ce mot et Chien. (F. C.)

CHICALLOTL, CHICHICALLOTL (Bot,), noms mexicains de Vargemçne, ou pavot épineux.(J.)

CHICALY. (Ornith.),Waffer rapporte, au chapitre V desan Voyage dans l'isthme de l'Amérique, qu'il y a dans les bois de cette contrée un gros oiseau appelé par les Indiens chicaly-chU ea/>', lequel fait un bruit semblable à celui 4u coucou* mais plus.

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perçant et plus rapide. Sa queue est longue, et il la porte o droite comme le coq; son plumage offre un mélange de bleu, de rouge et d'autres couleurs vives. Les Indiens font une espèce de tablier avec les plumes qui couvrent son dos; il se tient presque toujours sur les arbres, et vit de fruits ; sa chair est noirâtre et grossière, mais d'assez bon goût.

Le même voyageur parle ensuite de trois oiseaux qui appar- tiennent visiblement à l'ordre des gallinacés; et, passant de là aux perroquets et aux aras, il dit que ceux-ci copient le ton du chicaly-chicaly. S'il n'y a rien dans les mots bruit et ton, employés par Waffer ou son traducteur pour désigner la voix du chicalj, qui ait pu le faire considérer comme un oiseau chanteur, ce n'étoit pas plus le cas d'être tçnté, avec Sonnini, de le regarder comme un ara. Cet oiseau ne présente vraisemblablement pas les couleurs rouges, bleues, etc., en masses, mais en reflets métalliques ; et d'après la faculté de relever la queue, attribut que les dindons partagent avec le coq, et l'usage que les Indiens font de leurs plumes dorsales, assez longues dans plusieurs de ces espèces, il n'y a pas lieu de dou- ter que ce ne soit un véritable gallinacé, lequel, parson cri, se rapproche de l'yacou ou jiacupema de Marcgrave. (CH. D.)

CHICHAROU (Ichthyol.), nom qu'on donne en Saintonge au saurel, ou maquereau bâtard. Voyez CARANX, (H. C.)

CHICAS. (Ornith.) On appelle ainsi, dans quelques dépar- tement, le choucas, corvus monédala, Linn" (CH. D.)

CHICHE. (Bot.) Voyez Cicerole, (L. D.)

CHICHI. (Ormith.) Ce nom est employé au Kamtschatk^ pour désigner des oiseaux de proie du genre Falco* (CH. D.)

CHICHICA-HOATZON (Bot.), nom mexicain d'un panU caut, eryngium, figuré par Hernandez, pag. 143, qui est aussi nommé, selon lui, cohayalli, c'est-à-dire serpent puant, et tlipoton, ou plante noire et fétide. Il paroit avoir beaucoup de rapport avec le panicaut fétide, eryngium fatidum, ou avec Yeryngium aquaticum, qui existent tous deux dans les Antilles.

w

CHICHIC HOANTI (Bof.), espèce dehoanti, on anserine du Mexique, chenopodium, plus amère que les autres. Voyez Hoantt. (J.)

CHICHICTLI. (Omith.) Fernandez, chap. XVI11, décrit sous

o

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o ce nom une espèce de chouetfe dorit Linnæus a fait son strix chichictli. Voyez CHOUETTE. (CH. D.)

CHICHILTOTOTL. (Ornith.) On donne ce nom, dans le Mexique, au bec d'argent, qui est le cardinal pourpré de Brisson, tanagtajacapa, Linn. (CH. D.)

CHICHIM1CUNA. (Bot.) Ce nom péruvien, qui signifie nour- riture des chauve-souris, est celui du Tvycterisitionferrugineum, de la Flore du Pérou, qui n'est peut-être qu'une espèce de myrsine, genre de la famille des ardisiacées. (J.)

CHICHLAS (Ornith.), nom grec de la grive draine, tur du s viscivorus, Linn. (CH. D.)

CHICHM (Bot.), nom arabe du cassia* absus, suivant M. De- lile. (J.)

CHICHOULLOS (Bot.), nom donné par les Provençaux, suivant Garidei, au fruit du micocoulier ordinaire. (J.)

CHICIATOTOLIN. (Ornith.) Voyez Glhuatotolin. (CH. D.)

CHICLI. (Ornith.) L'oiseau que M. d'Azara a décrit sous ce nom, n.° 2 56 de son Ornithologie du Paraguay, est une espèce de fauvette. (CH# D.)

CHICOCAPOTES, CAPOTES. (Bot.) Dans le grand Recueil des Voyages, publié anciennement par Théodore de Bry, on trouve sous ce nom un arbre que C. Bauhin rapportoit au cydonia. Cet arbre est le marmelos, ou cratæva marmdos de Linnæus, dont M. Correa a fait plus récemment son genre Ægle, qui est rangé parmi les aurantiacées. (J.)

CHICON (Bot.), nom vulgaire de la laitue romaine, qui est l'une des trois races du lactuca sativa, Linn. (H. CASS.)

CHICORACE ( Conch.), Chicoreus. C'est le nom queM. Denys de Montfort donne à une division des murex de Linnæus, qui diffèrent un peu des autres, en ce que l'ouverture ovalaire est garnie, au bord externe de la lèvre droite, de longs appendices foliacés qui, se conservant au nombre de trois rangs sur chaque tour de spire, donnent à la coquille une forme triquètre. Le type de ce genre, queM. deMonfortnomme lechicoracefrisé, cJu- coreus ramosus, est le murex ramosus de Linnæus, vulgaire- ment la chicorée frisée, figurée dans Gualtieri, tab. fig. g. fr. C'est une coquille assez aiongée, de trois à quatre pouces de long, de couleur roussâtre, striée et pourvue de côtes trans- versales, qui vont se terminer aux appendices. L'animal qui

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la forme, et qui est tou t-à-fuitsembl able à celui d es rochers, murex, vit sur les côtes d'Afrique et d'Amérique. (De B.)

ÇHICORACÉES. (Bot.) Vaillant et M. de Jussieu nomment ainsi un groupe de plantes parfaitement naturel, qui com- prend trente à quarante genres de la famille des synanthérées. Nous l'avons adopté dans notre classification; mais, au lieu de l'élever au rang des familles, comme M. de Jussieu, nous en faisons une simple tribu. En outre, nous nous sommes permis de substituer au nom de chicoracées, tiré d'un genre un peu anomal, celui de lactucées, qui est plus agréable à l'oreille, et qui rappelle tout à la fois le genre le plus intéressant de la tribu, ainsi qu'un des caractères généraux de ce groupe. Le caractère le plus remarquable des lactucées réside dans la co- rolle, et consiste en ce que les cinq incisions du limbe sont tellement inégales, que l'une d'elles, qui est l'antérieure, pé- nètre jusqu'à la base, tandis que les quatre autres n'entament que le sommet. Les botanistes, assimilant mal à propos^ cette espèce de corolle à celle des fleurs femelles radiantes, les con- fondent sous la dénomination commune de demi-fleurons, très- impropre surtout pour les corolles des lactucées. C'est pourquoi nous nommons celles-ci corolles fendues, et les autres corolles ligulées. La tribu des lactucées est la dernière de notre série ; .mais, comme cette série est circulaire, la dernière tribu se trouve immédiatement voisine de la première, qui est celle des vernoniées. Effectivement, les lactucées et les vernoniées ont beaucoup d'analogie, non-seulement par le style et le stigmate, dont la structure est absolument la même dans les deux tribus, mai" encore par la corolle, qui est souvent palmée chez les wrnoniées ; or, les corolles palmées se rapprochent beaucoup cles corolles fendues. (H. CASS.)

CHICORÉE (Bot.) j Cichorium. [ Chicoracées, Juss.; Syngé- nésiepolygamie égale, Linn.] Ce genre de plantes, de la famille des synanthérées, appartient à la tribu naturelle des lactucées.

La calathide est pluriflore, subéqualiflore, fissiflore, andro- gyniflore. Le péricline est double ; l'extérieur formé de squames unisériées, courtes, lâches;l'intérieur, desquames unisériées, longues, apprimées. Le clinanthe est souvent g^rni de courtes fiznbrilles ; la cypsèle porte une aigrette très-courte, de squa- mellules paléiformes y plurisériées, imbriquées. Nous avons

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remarqué qu'a la maturité parfaite, le péricarpe devient quel- quefois, à sa base, déhiscent et comme valvé.

On connoît cinq espèces de chicorées, qui sont des plantes herbacées, annuelles, bisannuelles ou vivaces, à fleurs bleues, ou quelquefois blanches ou roses. Elles habitent l'Europe, la Barbarie, les Indes orientales.

La CHICOREE SAUVAGE, Cichorium intybus, Linn., est vivace et très-commune sur le bord des chemins. Sa tige, haute d'un à deux pieds et rameuse , porte quelques feuilles oblongues- lancéolées, roncinées, un peu velues sur les côtes et nervure", et des calathides axillaires, presque sessiles, géminées.

La CHICOREE-ENDIVE, Cichorium endivia, Linn., qu?on dit originaire des Indes orientales, n'est peut-être qu'une variété de la précédente, dont elle diffère seulement en ce cfu'elie est annuelle, qu'elle s'élève davantage, que ses feuilles sont gla* bres, entières ou dentées, rarement lobées; qu'enfin ses cala* thidessont, les unes sessiles, les autres longuement pédonculées*

La chicorée sauvage est très-fréquemment employée par les médecins, comme tonique,stomachique, apéritive. Quelques agronomes la recommandent comme un excellent fourrage* Les jardiniers savent en tirer parti, malgré son aifeertume, qu'ils adoucissent un peu en faisant étioler ses feuilles: en cet état, on les nomme barbe de capucin, et on les mange en salade* La racine, torréfiée et moulue, a servi de supplément au café#

La chicorée endive n'est pas moins utile : elle est générale- ' ment cultivée dans les potagers, comme un de nos meilleur" légumes. La scariole, ou scarole, et la chicorée frisée, sont les deux variétés que l'on préfère. ( H. CASS.)

CHICORÉE D'HIVER (Boi.), nom vulgairedu erej^biennis ,1 Linn. (H.CASS.)

CHICOREUS (ConchyoL), nom latin du genre Chicôrace. (De B.)

CHICOT (Bo£.), Gjmnocladus. Linnæus avoit réuni à son genre Guilandina, sous le nóm de guilandina dioïca, la plante dont il est ici question, que M. de Lamarck a considérée comme devant former un genre particulier, distingué du guilandina par ses fruits pulpeux, cylindriques , à plusieurs loge* divi- sées par des cloisons transversales : chaque loge renferme une semence très-dure. Le calice est presque tubulé, à cinq décou"

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fares ; la corolle composée de cinq pétales courts, presque égaux, contenant dix étamines libres, dont quelques-une" souvent stériles ; un ovaire supérieur ; un style. Ces caractères placent cette plante dan+la famille des légumineuses, et dans la décandrit monogynie; mais, comme ses fleurs sont plus ordi- nairement diofques, la plupart des auteurs la rangent dans la dioécie décandrie.

Cette plante (gymnocladus canadensis, Lam., III., tab. 825; Duham., Arb., tab. 42; Mich. , Arb. Amer., 2, tab. 41) est nn arbre d'une hauteur médiocre. Son tronc supporte une cime ample, d'un bel aspect, garnie de feuilles deux fois ailées, quelquefois longues de deux pieds, composées de fo- lioles alternes, molles, ovales, aiguës, presque glabres; ses fleurs sont dioïques, disposées en grappes courtes, terminaies ; les pétales blancs réguliers, un peu cotonneux, à peine plus longs que le calice; 16s iÜamens très-courts, situés à l'orifice du calice ; les gousses lisses, cylindriques, longues d'environ cinq pouces. Cet arbre croît au Canada : on le cultive dans quelques jardins de l'Europe à cause de la beairté de son feuil- lage ; mais il tombe tous les ans, et lorsque l'arbre en est dé- pouillé, il n'offre plus que des branches courtes et en petit nombre, d'où vient que les Canadiens*lui ont donné le nom de chicot*

M. de Lamarck rapporte à ce même genre Vhyperanthera de Forskaël, sous le nom de gymnocladus arabica; quelques autres ITont réuni au genre Anoma de Loureiro. Cet arbre s'élève fort haut : ses rameaux sont verdâtres et cotonneux ; les feuilles , si- tuées à l'extrémité des rameaux, sont composées de six à huit paires de folioles glabres, ovales, entières ; uiie glande pétio- ' laire entre chaque paire de folioles ; les fleurs irrégulières, d'un blanc violet ; leur calice campanulé, à cinq divisions co- lorées; cinq pétales inégaux ; cinq fi la men s fertiles, glabres, sté- riles, velus à leur base ; un ovaire velu, subulé; un stigmate k trois dents; un£ gousse cylindrique, à six stries longitudinales ; les articulations épaisses, longues de six ou sept pouces. Cette plante croît dans l'Arabie : elle se rapproche beaucoup plus ' des casses, dont elle s'éloigne d'ailleurs par son calice et la situation de ses pétales; d'autres la font congénère du moringa f quoiqu'elle en diffère parson fruit. Ces difficultés porteroient à

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croire qu'il eût mieux valu conserver le genre de ForskaëL ( Poia.)

CHICOTIN. (Bot.) Dans l'Abrégé des Voyages, une plante de ce nom, existant au Groè'nland, ettflont la racine a la forme d'une noisette aiongée , est rapportée au genre Telephium. Cette racine a une forte odeur de rose musquée, qu'elle retient même quand elle est entièrement sèche. (J.)

CHICOURYEH (Bot,), nom arabe sous lequel la chicorée, cichorium intybus, est connue dans l'Egypte, suivant M. Delile. C'est le sjikouria de la Flore d'Egypte de Forskaël. Il est évi- dent que le nom françois est dérivé de l'arabe. L'un et l'autre des auteurs que nous venons de nommer ajoutent qu'elle est aussi nommée hendebeh, ou hendeb; c'est encore de la que vient son second nom françois d'endive. (J.)

CHICOY. (Bot.) Les Espagnols nomment ainsi, au rapport, de Camelli cité par Ray, 1 exi-cu, ou zapetl de Chine, lefigo- caque des Portugais. C'est un arbre élevé, à feuilles simples , alternes et grandes, dont les fruits, delà grosseur d'une pomme , séchés au soleil, sont présentés sur les tables, dans les desserts, so us forme de compotes préparées avec du vin, du sucre et quelque aromate. La figure imparfaite qu'en donne * Cam elli, dans un recueil de dessins non publié que nous possédons, fait présumer que cet arbreappartient au genre Plaqueminier, dio spy ros. On est confirmé dans cette opinion par le nom de zapotl, donné à des espèces congénères, et parce que les fruits du plaqueminier d'Amérique, diospyros virginiana, sont nommés - Jigües caques, ce qui répond au nom portugais. Cette opinion est partagée par M. de Lamarck qui, dans l'Encyclopédie métho~ dique, mentionne cet arbre sous le nom de chit-sé ; il croit que c'est le même que le ono-kaki du Japon, cité et figuré par Kæmpfer, queM. Thunberg, dans sa Flora Japónica , a depuis nommé diospyros kaki. Le chi-ku, ou chiquéis, cité dans l'Abrégé des Voyages, est encore le même arbre. (J.)

CHICQUERA (Ornith.), nom indien d'un petit oiseau de proie de Chandernagor, dont la mandibule supérieure a deux crans très-marqu^p, et que M. Le vaillant a décrit comme un faucon, pag. 84, et figuré pl. 3o de son Ornithologie d'Afrique* (Ch.D.)

CHICUATLI. (Ornith.) Voyez Chiquatli. (Ch. D.)

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CHIEN ( Mamm*), Cams, Linn" Ce gente se Compose d'es- pèces qui se ressemblent par les points principaux de leur orga-* nisation, mais qui se séparent cependant en deux groupes bien distincts et bien caractérisés. Le premier se forme des chiens , proprement dits, et le second, des renards. Ces animaux ont tous, à la mâchoire supérieure, six incisives, deux canines et *ixmolaires, dont deux turberculetises, la carnassière et trois fausses molaires*, et à la mâchoire inférieure, six incisives, deux canines et sept molaires, dont deux turberculeuses, la carnassière et quatre fausses molaires. (VoyezDENTS.) Les pieds de devant ont cinq doigts; les deux du milieu sont égaux et les plus longs; les deux autres sont aussi d'égale longueur, et l'in- terne est le plus petit et ne descend jamais jusqu'à terre.* ceux de derrière en ont quatre, avec le rudiment d'un cinquième os du métatarse, qui ne se montre par aucune trace à l'exté- rieur ; ces doigts sont entre eux dans les mêmes rapports que les quatre plus longs des pieds de devant ; les ongles sont propres a fouir, et les doigts ¿euls posent à terre dans la marche.

Les chiens ont la pupille en forme de disque ; les renards l'ont alongée et semblable à celle des chats domestiques : c'est là le caractère le plus positif de ceux qui distinguent extérieurement ces animaux. Leurs narines sont entourées d'un organe glan- duleux, d'un mufle ; leurs oreilles sont grandes, pointues, mo- biles et dirigées en avant; leur langue est douce, et leur pe- lage généralement très-fourni ; ils ont les deux sortes de poils, et des moustaches, mais qui sont petites.

La plante de leurs pieds est garniede tubercules; celui qui se trouve à la base des doigts a trois lobes, et il a la même forme à tous les pieds ; celui qui garnit l'extrémité de chaque doigt est elliptique ; de plus, on en voit un sous l'articulation du poignet.

La verge est dirigée en avant; les testicules sont à l'exté- rieur ; le vagin est simple, et les mamelles sont généralement au nombre de six ou de dix.

Les chiens à pupille en forme de disque sont des animaux diurnes, et, par l'exercice, leur vue peut acquérir beaucoup de force. Les renards ou les chiens à pupille alongée voient jnieux, au contraire, la nuit que le jour. On sait combien est prodigieuse, chez oes animaux, la. finesse de l'odorat ; leur ouïe*

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est aussi très-délicate ; mais le goût et le toucher semblent l'être peu, du moins dans le sens que nous attachons à cette idée r ils n'ont aucune répugnance pour les chairs corrompues, et ils sont loin d'avoir la propreté recherchée du chat ; ceci , au reste, regarde plus particulièrement les chiens; les renards paroissent encore, à cet égard, se séparer du genre ; ils ont d'ailleurs la fourure beaucoup plus fine que celle dei chiens*

Tous les animaux de ce genre boivent en lapant, et ils sont loin d'être aussi carnivores que les chats f leurs dents tuber- culeuses Fannoncent* en effet, les chiensont besoin de matières végétales dans leur nourriture.

Les femelles sauvages éprouvent les besoins du rut, en hiver , et la gestation est de deux à trois mois, ou trois mois et demi environ ; la portée est de trois à six petit*, qui naissent les yeux fermés, et qui n'arrivent à leur entier développement qu'après ladeuxième année. La vie de ees animaux est de quinze à vingt ans.

Les chiens hurlent ou aboient ? iis font surtout entendre leur voix lorsqu'ils chassent, et eHe se modifie suivant les sen- tiinens qu'ils éprouvent.

La couleur de leur pelage est le brun, qfui, d'une part, se fonce jusqu'au noir, et de l'autre, se pâlit jusqu'au fauve; le blanc s'y joint souvent, et c'est du mélaftge de ees trois cou- leurs que résultent toutes ¡les variétés qü'ôffVent, sous ce rap- port , les différentes espèces de ce genre.

Les chiens, proprement dite, sont en général des animaux de taille moyenne, et leurs proportions annoncent de la force et de l'agilité ; ïa partie antérietrre dè leur corps est forte et ramassée, et la partie postérieure svelte et légère : lente jambes sont élevées, leur cou est long et épais : leur tête effilée, leur poitrine large, leurs cuisses et leurs épaules sont charnues , et leurs jambes tendineuse!" ; leurs muscles se dessinent fortement, mais leurs allures ne sont pas en parfaite harmonie avec leurs organes; ils ont la démarche un peu indé cise, et ne portent pas la tête haute? leur regard manque de hardiesse, et iis sont généralement prudens ; ils n'ont du conrage que lorsqu'ils sont pressés par la faim.

Les renards diffèrent encore des chiens 4 ces divers égards: ils son t généralement pins petits et plus bas sur jambes fleur corps

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paroît alongé, et Ses proportions n'annoncent pas de vigueur; leur téte paroît plus pointue s plus fine ; ils la portent dans les épaules, et toutes leurs formes sont arrondies ; aussi ont-ils un naturel plutôt timide que courageux ; ils ne chassent que des animaux sans défende, les lapins, les oiseaux ; ils Ont toujours recours à la ruse5 au silence ; c'est la nuit ordiuaire~ ment qu'ils se mettent à la recherche de leur proie , et la fuite est la seule ressource qu'ils opposent au danger; s'ils se dé- fendent, ce n'est qu'à la dernière extrémité, ef, lorsqu'on les poursuit jusqu'au fond de leur retraite.

Ce sont des animaux qui habitent les boi#; les grandes espèces se retirent à l'abri des parties les plus fourrées ; les petites se creusent des terriers où elles se caehent au moindre danger. Us suivent leur proie à la piste, et se réunissent quelquefois^plu- sieurs pour l'attaquer; mais leur naturel ne se déploie que dans les pays couverts de forêts; dans les contrées habitées * la présence de l'homme leur impose une contrainte qui arrêtée le développement de leurs facultés, et souvent, malgré leur force et leurs armes, ils sont réduits à se nourrir de mulots " de reptiles et même d'insectes. Les espèces qui ne terrent pas, tiennent peu au sol natal, et dès qu'elles sont attaquées elles s'éloi- gnent, et souvent ne reviennent plus. Les autres, au contraire, ne quittent leur.retraite qu'à la dernière extrémité, et tentent constamment d'y revenir lorsqu'elles en ont été éloignées ; c'est là seulement où elles croient être en sûreté; et quand cette retraite a été détruite, leur premier soin est d'en construire une nouvelle, et de choisir pour cela des lieux encore plus cachés que ceux où étoit la première.

Les nombreuses différences qui se trouvent entre la physio- nomie et le naturel des chiens et des renards suffiroient peut- être, malgré les points importuns de l'organisation par lesquels ces animaux se rapprochent, pour qu'on dût les considérer séparément, et en traiter dans des articles distincts; car s'il n'est pas possible d'en agir ainsi, lorsqu'on envisage les organes qui occupent le premier rang dans la machine animale, il n'en est pas de même lorsqu'on étudie les organes d'un ordre infé- rieur , et surtout les dispositions morales : or, ces organes secondaires paroissent exercer sur la physionomie extérieure ,ct sur le naturel des animaux, une plus forte influence que

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ceux d'un ordre plus élevé. Dans bien des cas, sans doute., il ne faut pas, avec Buffon, refuser de reconnoitre des genres ; mais il ne faut peut-être pas non plus tenir trop exclusivement aux caractères des méthodes, presque toujours trop absolues. Toutefois, pour nous conformer à la règle admise en histoire naturelle, nous parlerons ici des chiens et des renards, mai# en conservant les deux groupes qu'ils forment naturelle- ment.

Ce genre, plus qu'aucun autre peut-être, montre tous les avantages qu'on tireroit pour la distinction des espèces, de l'étude du caractèrl xnoraPdes animaux, et de lçurs disposi- tions instinctive". La plupart des chiens se ressemblent telle- ment entre eux, par les formes et les proportions du corps, et paries couleurs, qu'on est fort embarrassé pour reconnoitre et caractériser les espèces; et, sans les dispositions naturelles du chien domestique, nous n'aurions aucun moyen de le distin- guer du loup. Ce n'est vraisemblablement que par Tétude des mœurs des renards qu'on parviendra à mettre quelque précision dans la distinction des espèces de ce groupe, dont le nombre promet de s'élever beaucoup plus encore qu'il ne l'est déjà.

On trouve des chiens dans tous les continens ;mais c'est celui de l'Amérique qui semble en être le plus riche. Les chiens d'Europe sont en très-petit nombre, et Ton n'en connoit encore en Afrique que deux espèces. L'Asie paroît en posséder cinq ou six. Nous parlerons successivement des chiens et des renards de chacun de ces continens.

Des Chiens, proprement dits.

Les parties septentrionales de l'ancien monde n'en possèdent que deux espèces : le loup et le chien domestique.

Le CHIEN DOMESTIQUE ; Canis familiaris , Linn. Cette espèce toute entière paroît avoir passé sous l'empire de l'homme. On ne la connoît nulle part à l'état de pure nature. Des races domestiques ont bien, dans plusieurs contrées, recouvré leur indépendance depuis un certain nombre de générations, et par-là elles ont sans doute repris quelques-uns des traits de l'espèce libre. Il s'en trouve'aujourd'hui dans presque toutes les parties de l'Amérique ; on en rencontre dans quelques contrées de l'Afrique, et il en existe dans linde: Willamson,

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dans ses Chasses d'Orient, représente une troupe de chiens sauvages à la poursuite d'une panthère qui s'est réfugiée sur un arbre. Mais à en juger par ce que rapportent les voya- geurs, ces chiens seroient loin d'avoir perdu toutes les traces de la longue servitude de leur race ; leurs couleurs varient encore d'une race et même d*un individu à l'autre, et ils rentrent sans résistance dansTétat de domesticité. Le premier de ces traits n'annonce pas en effet une ancienne indépen- dance, et il en seroit de même du second, s'il étoit prouvé que la disposition des chiens à s'apprivoiser est acquise, et non point originelle. Ils ont cependant des traits communs: tous leurs sens sont très-délicats; leur museau, qui n'est pas alongé comme celui du levrier, ni raccourci comme celui du dogue ¿ mais assez semblable au museau du màtin, leur procure une grande force d'odorat ; leurs oreilles tôujoursdroites, mobiles, et dont l'ouverture est dirigée en avant, donnent à leur ouïe beaucoup de finesse; leur vue est perçante, et, excepté lors- qu'ils chassent en troupe, ils font rarement entendre leur voix. Us vivent, comme on sait, quelquefois en familles de deux cents individus, habitent de vastes terriers, chassent de concert, et ne souffrent point le mélange des individus d'une famille étrangère. Ainsi réunis, ces chiens ne craignent pas d'attaquer les animaux les plus vigoureux et de se défendre contre les carnassiers les plus forts. Le repos, chez eux, succède immédiatement aux fatigues; et, dès que leurs besoins sont satisfaits, ils s'y livrent, comme tous les autres animaux sau- vages, avec d'au tan tpi us de sécurité, que les dangers qui les en- tourent sont plus foibles. Cresta peu près tout ce qui nous est connu sur les habitudes du chien marron. 11 est fâcheux que les voyageurs ne se soient pas étendus, plus qu'ils ne l'ont fait généralement, sur les mœurs de ces animaux.

La recherche des alimens et de la sécurité qui faisoit la con- dition principale de l'existence du chien sauvage, n'est plus, pour ainsi dire, qu'une condition secondaire de l'existence du chien domestique; ce n'est plus en poursuivant une proie qull obtient sa subsistance; ce n'est plus, en fuyant le danger ou en le bravant, qu'il peut s'y soustraire, mais c'est en se consacrant au service de l'homme. Ce service st devenu la première condition de sa vie, et ce sont les différentes em-

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prein tes qu'il en reçoit, qui caractérisent ses différentes race"¿ de sorte qu'on pourroit, jusqu'à un certain point, juger de la civilisation d'un peuple* ou d'une de ses classes, par les moeurs des animaux qui lui sont associés.

Des causes aussi puissantes que celles des mœurs des peuples et des classes dont ils se composent, des climats, de la nourriture, du sol, etc., sufifroient presque pour expliquer les nombreuses modifications que le chien domestique a éprou- vées, et qui forment ses différentes races. Cependant ces modi- fi cations sont si considérables, et de telle nature, que plu* sieurs naturalistes ont cru être fondés à penser que nos chiens n'avoient pas pour souche une seule espèce ; qu'ils de- voient leur existence à des espèces différentes, qu'on ne pou- voit plus reconnoitre aujourd'hui k cause du mélange de leurs faces.

Nous ne partagerons point cette manière de voir : outre la difficulté bien reconnue des mulets, pour se reproduire, dif- ficulté qui n'existe point entre nos chiens, cous verrons que les modifications les plus fortes n'arrivent au dernier degré de développement que par des gradations insensibles ; qu'on les voit naître véritablement, et que dès-lors il est impossible de supposer leur existence dans une espèce qui auroit anté- rieurement existé. D'ailleurs, tous les chiens ont une disposi- tion instinctive qui les porte à se réunir en famille, et qu'ils nous montrent dès qu'ils sont dans la situation de le faire, Nous avons vu que les chiens rendus à l'étát sauvage vivant ainsi, et les villes de l'Orient nous montrent le même phéno~ mène dans ces ehiens, qui n'ont aucun maître, qui se soot réunis en familles, et qui, après avoir adopté un ^juprtier, n'y souffrent la présence d'aucun.chien étranger*

Il seroit très-important de pouvoir établir quel ordre ont 'suivi, dans leur développement, les caractères qui distinguent nos diverses races de chien6, et de montrer le chien sauvage passant successivement d'une variété à une autre, et donnant enfin naissance à ces chiens extraordinaires qui s'éloignent à tant d'égard$ parleur physionomie, de la physionomie carac- tév stique du genre. Ce problème a souvent été proposé * mais il n'est point, de nature , dans l'état actuel de la scienee % k |tre résolu ; car je "e soche pas que l'histoire naturelle

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*ède un seul fait qui puisse aider directement à sa solution. Aussi Buffon , n'ayant pu se conduire que par des analogies ; dans le travail qu'il entreprit à ce sujet, fut-il conduit à pro- poser un système évidemment arbitraire. Il faut donc comr menccr par observer les véritables caractères qui distinguent les diverses races; et lorsqu'on pourra joindre à ces observa- tions celles des causes qui influent sur l'organisation pour la modifier, on tentera, peut-être avec succès, une explication qui jusqu'alors ne pourroit être qu'hypothétique.

Les races, en histoire naturelle, se composent des indivi- dus d'une espèce qui se ressemblent par quelques traits étran- gers aux autres individus de cette espèce; par conséquent, toutes les fois qu'une modification quelconque se propage par la génération, elle peut faire le type d'une race. En partant de ce principe, nos races de chiens sont infiniment plus multi- pliées que nous ne l'admettons communément, et les modifi- cations qui les caractérisent étant de nature très-différente, on devroit faire pour ces races ce qu'on fait pour les animaux d'un même genre, lorsqu'on veut y former des subdivisions , c'est-à-dire, qu'on devroit distinguer leurs modifications suivait l'importance de l'organe qui lesa éprouvées, et les classer ensuite conséquemment à ce rapport. On n'en a point agi ainsi ; J# plupart de nos races de chiens semblent avoir été formées par le caprice. Les uns ont pour caractères, la finesse des poils ou leur longueur, la direction, la forme ou le développement "Les oreilles ; les autres, les proportions des jambes ou celle? de la tête, la grandeur de la taille, ou l'étendue de la queue; "et des modifications plus importantes n'ont servi à caracté- riser aucune race.

C'est aussi dans la vue de porter quelques lumières dans cette branche de l'histoire naturelle, que je me suis occupé le recherches sur les modifications que présentent nos chiens daps leur charpente osseuse. Je vais en présenter succincte- ment les résultats.

Taille. Lorsqu'on examine les diverses races de chiens, on est d'abord frappé de leur différence de taille, et Tou'sait que l'extrême accroissement de quelques variétés, comme la petitesse de quelques autres, ne tiennent point à des vices de conformation, et que le plus petit roquet est en général aussi

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exactement conformé que le màtin, et qu'il en est de même du levrier et du dogue de forte race.

Un chien de la Nouvelle-Hollande que nous avons possédé, avoit huit décimètres de la téte à l'origine de la queue, et ça hauteur au garrot étoit de vingt-six centimètres; mais les voyageurs rapportent qu'il en existe une race plus grande. Quoi qu'il en soit, ces chiens sont d'une moyenne taille, com- parativement aux nôtres. Daubenton a donné une table très- curieuse des dimensions des chiens des principales races, aux détails de laquelle nous renvoyons, croyant superflu de les reproduire ici. Elle fait connoître, de la manière la plus exacte, les changemens qile les chiens éprouvent dans leur taille et dans leurs proportions; nous nous contenterons d'in- diquer les bornes dans lesquelles ces changemens se renfer- ment généralement. On voit dans cette table, un màtin dont la longueur mesurée du bout du nez à l'anus, étoit de deux pieds onze pouces, et la hauteur à l'épaule, d'un pied onze pouce six lignes; un basset, au contraire, avoit deux pieds six pouces de long, et onze pouces de haut seulement. On y voit encore iln grand danois dont la longueur étoit de trois pieds six pouces, et un épagneul qui n'avoit que onze pouces du bout du museau à l'anus.

Téte. Après la taille, les différences les plus frappantes des chiens sont dans les formes de la tête. Lorsqu'on regarde de profil la tête du chien de la Nouvelle-Hollande , et qu'on la pose de manière que la ligne des premières molaires soit ho- rizontale, on voit que la partie inférieure de la mâchoire d'en bas, dans sa plus grande étendue, est parallèle aux den tff; sa partie antérieure se relève jusqu'aux incisives, et sa partie postérieure jusqu'à l'apophyse épineuse qui est sur la ligne des dents. Le condyle maxillaire est élevé de quelques centi- mètres au-dessus des dernières molaires et au niveau du con- dyle de l'os occipital. La partie postérieure de l'apnpbyse zigo- matique du temporal est un peu au-dessous dç la partie an- térieure de l'os de la pommette, et les frontaux forment un angle très-ouvert avec les os du nez. Cette tête étant vue de face, les frontaux sont relevés sur leurs bords extérieurs; un enfoncement très-marqué les sépare au point où ils se joignent" La longueur do museau, mesurée depuis le bord extérieur de

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l'orbîte jusqu'aux incisives, est de quatre-vingts millimètres, et daos la partie la plus étroite, de trente-cinq millimètres ; cette partie se trouve à égale distance de la canine et du trou sous-orbituire. Les temporaux, dès le point où ils se séparent de leur apophyse montante, s'arrondissent et se rapprochent pour former la boîte du crâne, et le sillon auquel se terminent les cro- taphites antérieurement, esta peu près à égale distance de l'apo- physe orbitaire du coronal et de la base interne antérieure de l'apophyse zigomatique du temporal. Les crêtes sagittale et temporale étoient très-développées ; mais je ne m'arrêterai point à ce caractère qui ne m'a paru soumis à aucune règle % il varie dans les individus d'une même race, et l'âge n'a sur lui qu'une foible influence.

La tête du mâtin est, de toutes nos races de chiens, celle qui se rapproche le plus de la tête que nous venons de dé-. ! crire ; toutes les parties y sont dans les mêmes rapports ; seu- lement la portion du museau la plus étroite se trouve beau-- coup plus rapprochée du trou sous-orbitaire.

Le danois ne diffère guère du précédent que par un.museau plus large et des arcades zigomatiques un peu plus arquées.

Le peti t danois, le chien courant, les braques et certains bassets ont aussi les pi us grande rapports, parles formes de la tête, avec le mâtin, et par conséquent avec le chien de la Nouvelle-Hollande : ils n'en diffèrent guère que par les pariétaux plus bombés.

Les levriers s'en rapprochent beaucoup aussi ; seulement le museau de ces chiens est plus étroit comparativement à sa lon- gueur, et leurs sinus frontaux moins étendus.

Le chien de berger se rapproche aussi d'une manière très- remarquable par sa tête des races précédentes; mais il s'en distingue encore plus que les braques et les levriers par la capacité du crâne. Les temporaux ne tendent plus à se rap- procher dès leur naissance, ils s'élèvent d'abord verticale- ment, et ne commencent à s'arrondir qu'à leur partie moyenne? l'apophyse épineuse est moins élevée, et la ligue inférieure de la mâchoire d'en bas plus droite ; le museau est un peu plus large;ïesbordsdes os du front sont très-peu relevés ; ils offrent une surface presque* plate, et l'arcade zigomatique est plus Arquée de bas en haut.

La tête du chien-loup ressemble beaucoup à celle du chien

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de berger ; seulement les frontaux sont beaucoup plus rele- vés au-dessus des os du nez, et leur bord est si bombé qu'ils laissent entre eux un sillon assez profond.

La téte du chien de berger nous conduit à celle du barbet, de Pépagneuletde toutes leurs variétés, bien remarquables par le grand développement de leurs sinus frontaux, qui font que , dans le dernier, les os du front forment, pour ainsi dire, un - angle droit avec ceux du nez; la mâchoire inférieure est aussi très-recourbé© à sa partie postérieure, de sorte que le con- dyle maxillaire qui étoit à peu près sur la ligne des molaires dans les premières races, est dans celle-ci beaucoup au-dessus de ces dents. Les crotaphites s'étendent presque jusqu'à la partie postérieure de l'apophyse orbitaire du coronal, ce qui fiait que la capacité du crâne surpasse encore celle du chien de berger, à sa partie antérieure surtout.

Ces changemens, quelque considérables qu'ils soient, pa- raîtront cependant très-foibles si on les compare à ceux que présente la tête du dogue, et surtout celle du dogue de forte xace. il semble que toutes les parties de cette tête ont été re- poussées en haut. L'occiput , que nous avons vu dans les pre- mières races assez peu relevé au - dessus du museau, et à peu près de niveau avec les incisives supérieures, se trouve, dans cette tête-ei, presque au niveau du front. Ces changemens pa- roisseflt tenir au développement excessif des sinus frontaux. Les mouvemens de ces parties semblent avoir forcé toutes les autres à se développer dans le même sens ; d'où il est résulté que la mâchoire inférieure s'est reployée considérablement, et que son condyle, qui se trouvoit, dans le chien de la Nou- velk-Hollande, au niveau des dernières molaires , se trouve, dans le dogue de forte race, de plusieurs centimètres au-dessus. L'apophyse zigomatique du temporal est., par la même cause, très-relevée, relativement à l'apophyse molaire. Les crota- phites ne s'avancent que jusqu'au bord interne de J'appphyse temporale; le museau est tellement raccourci que sa longueur mesurée, comme dans le*chiende laNouv¡ellenHo41a*ide, est à sa largeur comme 4 à 5. Enfin, -et ceci est suêtout à remar- quer, la téte de ce dogue, quoique d'un tiej'splus grande que celle du chien de berger et du barbet, est loin d'avoir la ca*- pacité du crâne aussi étendue ; dans le preüûer, los pariétaux,

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au lieu tT4trebombés,sont aplatis et forment entre eux, pour oe réupir, un angle presque droit.

Nous ne devons point négliger de faire remarquer les rap- ports qui existent dans nos diverses races de chiens , entre Tétendue du cerveau et celle de l'intelligence. Le màtin, le levrier, et le chien de la Nouvelle-Hollande lui-même, sont, comme on sait, bien moins susceptibles d'éducation que le chien~loup y déjà remarquable par le soin qu'il a des trou- peaux , et surtout que Tépagneul et le barbet, si propres à la chasse et si étonnans par la facilité qu'ils semblent avoir pour entendre le langage humain. Aussi, comme nous l'avons vu , ces derniers ont un crâne bien plus grand que les premiers ; et le dogue de forte race, qui a le crâne le plus étroit, est aussi le plus stupide de (ous. L'intelligence des animaux, quoique susceptible de modification comme les autres facultés, Qfíriroit des caractères spécifiques peut-être plus fixes que ceux qui sont tirés des organes du mouvement ou du pelage, jparce que les phénomènes de ¿'esprit ont la première influence sur les êtres intelligens; mais l'étude de ces phénomènes a fait jusqu'à ce jour si peu de progrès, qu'on ne pourroit offrir sur cette matière que des conjectures vagues, et par consé- quent inutiles. Il est fâcheux, pour cette partie de l'histoire naturelle, jue les hommes aient mis moins d'importance aux maladies de l'esprit qu'aux maladies du corps ; ils auroient recherchédansl'intelligence des brutes l'explication des phé- nomènes de leur propre intelligence , comme ils ont recher- ché dans le corps des animaux l'explication des phénomènes de leur propre corps, et nous aurions une psycologie, comme une anatomie comparée.

Des doigts. En général, tous les chiens, comme uous l'avons dit, ont cinq doigts aux pieds de devant, et quatre à ceux de derrière, réunis par une membrane qui s'avance jusqu'à la dernière phalange, avec le rudiment d'un cinquième os du métatarse qui ne se montre par aucune trace à l'extérieur. Ces doigts, qui sont d'inégale longueur, conservent à peu près les mêmes relations dans toutes les races, excepté l'interne des pieds de devant, dont l'extrémité quelquefois ne s'avance pas jusqu'au milieu du métacarpe, tandis que d'autres fois il va j uftqu'au bout de cet os"

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De plus, on voit des chiens qui ont un cinquième doigt àn pied de derrière, à la face interne ; mais il n'acquiert pas, chez tou$, le même développement. Il paroit que cette modification commence par l'ongle et les phalanges; ce sont ces parties du. pouce qui paroissent les premières, et ce sont les seules qui existent lorsque ce ciuquième doigt est imparfait : dans ce cas, l'extrémité de l'os métatarsien ne paroit point du tout, ou ne paroît qu'en rudiment; les phalanges restent tout-à-fait suspen- dues dans la peau ; le doigt n'est point articulé , n'a point de muscles, et n'est susceptible d'aucun mouvement. Ce doigt est ordinairement fort court, et il arrive quelquefois que soit métatarse est imparfait , et que les phalanges et l'ongle seulement sont complets; mais quelquefois aussi tous ces os sont exactement conformés, et ne diffèrent de ceux des autres doigts, qu'en ce qu'ils sont proportionnellement plus petits. Cependant, quelques chiens ont ce cinquième doigt très-long, bien proportionné, et s'avançant jusqu'à la naissance de la pre- mière phalange du doigt voisin* Ce changement, lorsqu'il est arrivé à son plus haut degré, en amène quelques-uns dans le nombre et dans les relations des os du tarse.

Du tarse. Chez les chiens qui n'ont qu'en rudiment le cin- quième os du tarse, cet os s'articule à la facette inférieure du gros cunéiforme qui, lui-même, est en relation avec le sca- phoïde, le second cunéiforme et le second os du métatarse, en comptant pour un le rudiment dont il vient d'être question* Mais chez les chiens qui ont le cinquième doigt complet, il se développe un quatrième cunéiforme, entre le premier et le deuxième doigt, et alors, dans quelques variétés, le grand cunéiforme s'élève et vient, parson côté interne , donner une large facette articulaire à l'astragale. Dans un chien-loup, la moitié de ce grand cunéiforme correspondoit à l'astragale, tandis que dans un grand danois ces rapports étoient beaucoup moins étendus;tet cela tenoit à ce que, dans le premier, le scaphoïde, le cuboïde et les cunéiformes, étant beaucoup moins longs que dans le second, mettoient une assez petite distance entre le calcanéum et les os du métatarse, de sorte qu'ils per- mettoient à ceux-ci de repousser, pour ainsi dire, en haut le grand cunéiforme qui, comme on sait, n'est ordinairement retenu dans sa position que par desligamens et la facetté ass"a

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étroite avec laquelle il s'articule au scaphoïde. Lorsque les cbie"?s ont acquis un certain âge, et qu'ils n'ont pas le cin- quième doigt complet, le rudiment de l'os métatarsien de ce doigt se soude avec le grand cunéiforme ; et j'ai vu ce dernier os, dans le pied d'un gros danois qui avoit les cinq doigts com- plets, soudé avec le scaphoïde. C'est certainement à un accident semblable qu'on doit attribuer la forme singulière qu'a le sca- phoïde du pied à cinq doigts/ représentéparDaubenton, t. 5, pl. 62 . fi g. 1, et l'absence du cunéiforme surnuméraire, que nous trouvons dans des pieds qui ont cinq doigts parfaits. Le doigt interne des pieds de devant semble être d'autant pluslong que les chiens sont plus sédentaires, et il se raccourcit chez les .races très actives. Quant au cinquième doigt des pieds de der- rière , toutes leraces, telles que nous les admettons, actuel- lement du moins * peuvent en être pourvues ou en être privées. Je l'ai vu dans un dogue de forte race, dans un màtin, dans un chien-loup, etc., et je ne l'ai point trouvé dans beaucoup d'autres individus de ces mêmes races.

De la queue. Cet organe peut être considéré comme étant une dépendance de ceux du mouvement : les mammifères aux- quels la queue est véritablement utile, s'en servent comme d'une aorte de main ; telles sont plusieurs espèces de quadrumanes r elle sert aussi, chez quelques autres, à l'extension des ailes ou des membranes qui en tiennent lieu. Cependant il est peu de parties du corps qui éprouvent autant de changement que la queue, surtout chez les animaux où elle n'a, comme chez les chiens, qu'une très-foible part à l'exercice des fonctions.

Il est difficile d'établir exactement les caractères ostéologiques de la queue du chien. Le nombre des vertèbres qui composent cet organe n'est point constant dans chaque race: celui qu'on rencontre le plus communément, et qui se trouve chez le chien de la Nouvelle-Hollande, est de dix-huit, d'oii l'on pourroit soupçonner que c'est de ce nombre de vertèbres que se com- posoit originairement la queue du chien ; dans les divers chan- gemens que cet animal a éprouvés, sa queue s'est raccourcie ou alongée. On assure qu'il existe une race de chiens dont la queue est extrêmement courte, et de deux à trois pouces seu- lement,; d'autres observateurs n'ont trouvé, dans la queue de quelques autres races, que seize vertèbres; ma;s il paroît que

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la taille n'influe point sur la longueur de la queue ; j*en ai compté dix-huit chez un carlin , comme je l'avois fait chez un épagneul, chez un braque, chez un chien-fcmp. Un basset m'en a donné vingt, tandis qu'un chien turc et un dogue de forte race m'en ont donné vingt et une. La forme de ces ver- tèbres ne m'a point offert de différences sensibles dans les di- verses races, ce qui peut faire conclure qu'il n'en existait pas non plus dans les muscles qui s'y attachent. Cependant on voit des chiens porter ordinairement la queue basse, et d'autres la tenir sans cesse relevée. Cette différence pourroit en produire une dans le développement des apophyses.

Quoique nous ayons surtout voulu montrer dans ce travail ,les principales différences ostéologiques par lesquelles se carac- térisent les diverses races de nos chiens domestiques, nous jetterons encore un coup d'œil sur les modifications des autres organes.

Des sens. Si nous considérons les sens, nous verrons que la domesticité n'a point exercé, chez les chiens, d'influence sur les organes delà vue ; les yeux de toutes lesracesse ressemblent: il n'en est pas de même pour le nez, pour la bouche et pour les oreilles. Ces organes ont éprouvé des changemens plus ou moins profonds, plus ou moins marqués, sur lesquels nous de- vons nous arrêter. L'alongement du museau déterminant un alongement dans les os du nez, et conséquemment dans les cornets que ces os renferment, estun des premiers caractères par lesquels les chiens se distinguent, sous le rapport du sens de l'odorat. Il paroît que les races dont le museau a un certaia alongement, telles que le chien de la Nouvelle-Hollande, le snâ- tin, le chien-loup, les chiens courans, ont l'odorat beaucoup plus délicat que celles qui ont le museau court et obtus, telles que les dogues et les carlins. Cependant, le chien levrief pa- roît avoir le nez bien moins fin que les autres chiens à museau ïong, quoique, de toutes les races, ce soit la sienne qui ait la tête la plus effilée et la plus longue i cela tient vraisemblable- ment aux différences d'étendue des sinus frontaux; car les cornets du nez sont comme dans les autres races. Mais un des changemens bien remarquables qu'ont éprouvés le nez et la bouche de certains chiens , c'est ce sillon profond qui est venu séparer leurs lèvres supérieures et leurs narines, comme aa

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lobserve surtout chez quelques dogues, qui reçoivent de ce caractère une physionomie toute particulière.

Les modifications de l'ouïe se manifestent surtout dans la si- tuation et dans l'étendue de la conque externe de l'oreille. On sait que chez les chiens de races peu soumises, comme le chien de berger, le chien-loup, l'oreille est droite, mobile et d'une grandeur médiocre : si l'on arrive aux races plus privées, on voit l'oreille tomber en partie, l'extrémité s'affaisse et n'a plus de mouvement ; tels sont, par exemple, les mâtins ; enfin, chez les chiens tout-à-fait assefvis, l'oreille externe, entière, ne se soutient plus ; ses muscles s'oblitèrent en partie, et en même temps elle prend une étendue presque monstrueuse, par le développement de ses cartilages : c'est ce que npus montrent plusieurs espèces de chiens de chasse* les barbets, les épa- gneuls, etc.

Des organes de la génération. Les organes de la génération et ceux qui en dépendent, ne pouvoient point être accessibles à de grandes influences; aussi montrent-ils peu de changemens; les seuls même qu'on ait observés consistent dans le nombre des mamelles.

Généralement les chiens en ont dix, cinq de chaque côté ; savoir : quatre sur la poitrine, et six sur le yentre. " Mais, dit Daube il ton, il y a de grandes variétés dans le nombre des ma" melles de ces aniitamx : de vingt et un chiens de différentes races, tant mâles que femelles, dont j'ai compté les mamelles, il ne s'en est trouvé que huit qui eussent cinq mamelles de chaque côté ; huit autres n'en avoient que quatre à droite et autant à gauche ; deux autres, cinq mamelles d'un côté et quatre de l'autre ; et enfin les trois autres chiens avoient quatre mamelles d'un côté, et seulement trois de l'autre. " Et il est remarquer que les chiens sauvages n'entrent qu'une seule fois en chai eur dansl'année, tandis que le chie n domestique éprouve deux fois le besoin du rut.

Du pelage. Les poils sont, de toutes les parties du corps des animaux, celles qui reçoivent le plus facilement l'influence des causes extérieures, et qui en éprouvent le plus de change- xnens ; les chiens en sont un exemple Remarquable : leurs poils diffèrent parleur nature, par leur couleur, par leur finesse, par leur longueur ? par leur disposition. Les chiens des pays

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froids ont généralement deux sortes de poils; les uns, courts, fins et laineux, couvrent immédiatement la peau, tandis que les autres, soyeux et longs, colorent l'animal. Dans les régions équatoriales, cette laine légère et chaude s'oblitère, et finit par disparoître tout-à-fait ; et il en est de même dans nos habi- tations , où la plupart des chiens peuvent se soustraire à l*in- tempérie de nos climats et au froid de nos hivers. Le chien turc ala peau nue et huileuse ; le dogue, le doguin, le levrier, le carlin, ont le poil court et ras ; le chien de berger, celui delà Nouvelle-Hollande, le màtin, le chien d'Islande, ont les poils plus longs que les espèces précédentes, mais plus courts que le chien-loup, que l'épagneul, que le barbet, et surtout que le bichon, dont les poils descendent quelquefois jusqu'à terre. Si l'on considère le poil sous le rapport de sa finesse, on ne distingue pas moins de races : le chien de berger, le chien- loup, le griffon, ont les poils durs, tandis que le bichon, quelques barbets, le grand chien des Pyrénées, l'ont soyeux et doux ; chez les uns il est droit et lisse, chez les autres laineux et bouclé; quelques races ont le corps couvert de longs poils, tandis que la tête et les jambes n'ont que du poil ras ; d'autres, au contraire, ont la tête et le cou garnis d'une crinière , et le corps couvert de poils courts : tel est, dans le premier cas, le chien-loup, par exemple ; et dans le second, le chien-lion. Sous ce rapportées chiens offrent presque toutes les variations que présentent les poils, dans la classe entière des mammifères. Quant aux couleurs, c'est du blanc, du brun, plus ou moins foncés, du fauve et du noir, que celles des chiens se composent. On voit de ces animaux qui sont entièrement de Tune ou de l'autre de ces couleurs ; mais le plus souvent elles sont dispersées irrégulièrement par taches, tantôt grandes, tantôt petites; quelquefois cependant on voit qu'elles tendent à se disposer symétriquement ; souvent elles se partagent chaque poil, et produisent alors des nuances différentes, suivant que le blanc, le noir, le fauve ou le brun dominent : ainsi on voit des chiens dont le pelage est semblable à celui du loup, par le mélange du blanc, du fauve et du noir ; d'autres, plus rares, chez les- quels il est d'un beau gris ardoisé. Ces couleurs n'accompagnent pas toujours exclusivement certains autres caractères : les races de chiens qu'elles distinguent ne se remarquent pas néces-

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sûrement aussi par les formes de la tête, la nature dés poils , ou les proportions du corps ; toutefois, lorsqu'on a soin de réunir des individus de même couleur, la race ordinairement se per- pétue, et il en est de même pour la plupart des caractères que nous avons déjà examinés : nouvelles preuves que les modifica- tions accidentelles finissent toujours par devenir héréditaires. C'est par le soin qu'on a pris, en général, de n'accoupler dans chaque race que des individus de même couleur, que les grands danois et les levriers, les dogues, les doguins, sont fauves ; les chiens de berger, noirs; les chiens-loups, blancs; les chiens courans, les braques, les bassets et les épagneuls, blancs, avec des taches noires, etc.

On voit, par les détails dans lesquels nous venons d5entrer, que la plupart des modifications de nos chiens se fondent les unes dans les autres, et qu'excepté le développement du crâne, toutes peuvent se rencontrer, à peu de chose près, dans toutes les races. En effet, ces races ayant été formées sur les services que les chiens nous rendent, il étoit tout simple que nous trouvassions leurs caractères principaux dans l'organe où l'in- telligence a son siège ; mais ces déjtails nous laissent incertains sur les caractères de la race primitive, et sur celle que nous devons en rapprocher.Pour lever cette difficulté, ne possédant ni le chien sauvage ni le chien rendu depuis plusieurs géné- rations à une entière liberté, nous ne pouvons choisir dans- cette vue que la race la. moins domestique de toutes , et Buffon crut le faire en choisipsitat le chien de berger.

- Il étoit alors difficile d'éviter celte erreur : depuis, l'histoire naturelle s'est enrichie d'une vatiéié qui vit presque entière- ment libre, puisque les hommes qjû se jUcscrat associée sont peut-être, de fous les sauvages, ceux qui*ojrt èèmoins avancés dansla civilisation.; je veux parler du chien tfeshabitans delà I^ouvelle-HojUande. En effet, les peuples de ces contrées savent a peine se vêtir et faire du feu,, et leurs habitations diffèrent peu des abris que se construisent le^gtonds singes, ou des ta- nières des ours: assurément le chtftnquivit avec une telle race d'hommes, doit être, comme eux, bien près de l'état de pure nature. , ... :

En comparant donc à ce chieQ,cpmme"PUs l'ayons fait, les principales races de son espèce, par le caractère delaiête, ou* 6. 35

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est conduit à former de ces races trois familles principales : et c'est dans cet ordre que nous allons en parler. Nous désigne- rons chacune de ces familles par le nom de leur principale race : la première st* composera des mâtins, la seconde des épagneuls, et la troisième des dogues.

Les Mâtins.

Pariétaux tendant à se rapprocher, mais d'une manière in- sensible , en s'élevant au-dessus des temporaux; condyle sur la même ligne que les molaires.

LE CHIEN DE LA NOUVELLE-HOLLANDE. NOUS ayons possédé cet animal, qui avoit été ramené en France par l'expédition aux Terrea Australes,*'com mandée par lé capitaine Bau din, et nous allons en donner une description détaillée, comme nous avons fait de sa tête, pùisqii'ii doit nous.servir de point de compa- raison pour les antres paces; Ce chien avrat la taille et les proportions du chien de berger, excepté la, tête quiressem- bloit entièrement à celle du màtin, comme ions Pavona dit plus haut. Son pelage étoit très- fourni, et sa queue assez touffue; il avoit les deux sortes de poils: des laineux gris, et des soyeux fauves ou blancs; la partie supérieure de la tête, du cou,du dos et dëla queue, étoit fauve fbncé; les côtés, le dessous du cou et la poitrine étoient pliis pâles ; toute la partie inférieure du corps, la face interne des cuisses et des jambes et le museau étoieni blanchâtres. Du reste', ses organes avoient dans toute leur purçté les caractères du gehre.

Les niouvèirçens de cet animalétoient très-agües; et son acti- vité, lorsqu'il étoit libre, étoit. fort grande; mais, cecasexcepté, il dormoit contirittéHfement. Sa force musculaire surpassent de beaucoup celle ét nuæchitiis domestiques de même taille. Dans ses mouvemens, ñ tenoit sa queue.relevéeou étendue horizon- talement ; et lorsqu'il étoit attentif, il la tenoit basse : il cour oit la tête haute et les oreilles droites, dirigées én avant} ses sens paroissoient être d'une finesse extrême ; mais,-fcei qui étonnera peut-être, c'est qu'il ne" savoit pas nager : jeté à l'eau, il se débattoit machinalement, et ne faisoit au£U*i des mouvemens convenables pour se-soutenir. Son courage étoit très-remar- quable : il attaquoit sans là moindre héâitatioh les chiens de la plus forte taille ; et }e l'ai vu,plusieurs fois, dan$ les premiers

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temps de son séjour a notre Ménagerie, se jeter en grondant Sur les grilles au travers desquelles il apercevoit une panthèrey un jaguar ou un ours, lorsque ceux-ci avoient Fair de le ineí- pacer.

Cette témérité paroîtroit ne pas tenir entièrement iil'inex- périence de notre individu, mais seroit petft-être une des qua- lités de sa race. Le rédacteur du Voyage de Phipps rapporte qu'un de ces chiens, qui étoit en Angleterre, se je toit sur tous les animaux, et qu'un jour il attaqua un àne, qu'il aurait tué $i l'on n'étoit venu à son secours.

La présence de l'homme ne ¡'intimido it point : il "e jetpit sur la personne qui lui déplaisoit, et sur les enfans surtout * sans aacun motif apparent; ce qui semble confirmer ce que dit Watkin^Tïnch de la haine de ces chiens'pour les Anglois* lorsque ceux-ci arrivèrent au port Jackson. 11 n'obéissôit point à la voix, et le châtiment Fétonnoit et le révottoit* Il aflecS tionnoit particulièrement celui qui le faisoit jouir le plus sou* vent de sa liberté : il le distinguok de loin, témôignoit sou espérance et sa joie par des sauts; Fappeloit en poussant un petit cri, assez semblable à celui des autres chiens , dans 1a même situation ^et, aussitôt qiiela porte de sa cage étoit ouiertey il s'élançoit, faisoit rapidement cinq on six fois le tour de rénd- elos où il pouvoit s'ébattre, et revesoit à son maître lui don- ner quelques marques d'attachement, qui consistaient àsautter vivement à ses côtés, et à lui lécher la main" Ce penchant à line affection particulière ressemble à celui du chien de berger, et s'accorde avec ce que les voyageurs assurent de là £détité exclusive du chien de la Nouvelle-Hollande pointes maîtres; mais si cet animal dorraoit quelques caresses* ce n'éh toit que pour des services réels, et non point ÿour bbteriîr d'autres caresses : il souffroit volontiers celles qu'on lui faisoit, jet ne les recherchoit point. Il marquolt sa colère par trofe JOU quatre . aboiemens rapides et confus j excepté ce* cas^ semblable au chien sauvage y il étoit très-silencieux. Bien diffè- rent de nos chiens domestiques, celui-ci n'avoit aucune idée .de la propriété de l'homme, et ii né respectoit rien de ce dont il lui convenait de faire la sienne; il se >etoit avec fureur sut> Ja, yolaille, et sembloit ne s'être >amais reposé que surlufc- rnême dusoi* de se nourrir. 11 appartenoit sansdoutç au peuplé le plus pauvre et le moins industrieux de la terre, de po^éder

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le chien le plus enclin à la rapine qui fût connu, et le plus in- corrigible à cet égard. Cependant, les sauvages de la Nouvelle- Hollande se font accompagner par ces chiens à la chasse, ce qui feroit supposer quelque sentiment de propriété chez ces animaux ; mais ne nous offrent-ils pas alors le tableau où Buffon peint l'homme et le chien sauvage s'entr'aidant pour la pre- mière fois, poursuivant de concertla proie qui doi ties nourrir, et la partageant ensemble après Vavoir atteinte ? Ce que cet ani- mal mangeoit le plus volontiers, c'étoitla viande crue et fraîche : le poisson ne paroissoi t j amais avoir fait sa nourritu re, caria faim elle-mémè ne le décidoit pas à le manger ; il ne refusoit pas le pain, et paroissoit goûter avec plaisir les matières sucrées.

Son rut, jusqu'alors, ne s'étoit montré que toutesles an- nées une fois, et en été ; ee qui correspond, pour la Nouvelle- Hollande, à l'hiver de notre hémisphère, et fait rentrer le rut de ces animaux dans la règle à laquelle nous avons cru apercevoir qu'il étoit soumis chez les mammifères carnassiers en général. Chaque fois que cét état s'est manifesté, on a cherché À faire produire cette chienne avec un chien de même forme, de même couleur, mais non point de même race qu'elle ; l'ac- couplement a eu lieu, il n'y a point eu de conception, ce qui confirme la difficulté qu'on a généralement à faire produire deux races lorsqu'elles sont très-différentes.

Le MATIN. Les chiens de cette race sont grands, vigoureux et légers; leurs oreilles Sont à demi pendantes. On en trouve de blancs, de gris, de bruns, de noirs; ils portent la queue recourbée eu haut. Ils sont très-bons pour la garde.

Le DANOIS. Il diffère du màtin par un corps et des membres plus fournis. Ces animaux sont également bons pour la garde, et ils aiment les chevaux.

Le LEVRIER se distingue des espèces précédentes par des formes plus sveltes, plus minces, plus effilées : il y en a de taille, de poils et de couleurs très-différentes, que Ton regarde com- munément comme autant de races. J'ai vu des levriers chiens turcs.

Tous ces chiens peuvent être dressés pour la chasse, et sur- tout pour celle qui demande plus de force et de courage que ^d'intelligence et d'adresse. Les levriers cependant courent les lièvres en plaine, et font la base de cette espèce de chasse.

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Les Epagneuls.

Les pariétaux, dans les têtes de cette famille, ne tendent plus à se rapprocher dés leur naissance au-dessus des tempo- raux; ils s'écartent et se renflent, au contraire, de manière ¿beaucoup agrandir la boîte cérébrale, et les sinus frontaux prennent de l'étendue.

Ses principales races, les plus intelligentes de toutes, sont:

L'EPAGNEUL, qui est couvert de poils longs et soye,ux; ses , oreilles sont pendantes comme celles du chien-courant, et ses jambes peu élevées ; ses couleurs sont le blanc, quelquefois avec des taches noires ou brunes. Cette variété est encore remarquable pai4 ses qualités pour la chasse. Il y a de grands et de petits épagneuls : l'épagneul noir est le gredin, et le py- rame est l'épagneul noir marqué de feu.

Le BARBET, couvert de poils longs et fins.C'est peut-être, de tous les chiens celui dont l'intelligence est le plus susceptible de développement; et il le doit sans doute à ce qu'il fait, plus particulièrement que les au 1res races de cette famille, la société de l'homme. Il y a de grands et dé petits barbets.

Les CHIENS-COÜRANS. Ils sont remarquables par la longueur de leurs oreilles pendantes, et par celle de leurs jambes char-" nues. Ils sont couverts d'un poil très-court, portent leur queue relevée ; et leur couleur est généralement le blanc avec des taches noires ou fauves. Ce chien est le chasseur par excel- lence.

Le CHIEN DE BERGER. Il a une taille moyenne ; ses oreilles sont courtes et droites ; il porte sa queue horizontalemen t en arrière, ou pendante, mais quelquefois aussi relevée ; ses poils sont très- longs sur tout le corps, excepté sur le museau : le noir est la couleur dominante de ces chiens. On sait combien ils sont utiles à la garde des troupeaux.

Le CHIEN-LOWP se distingue du précédent par sa tête dégarnie* de poils* ainsi que ses oreilles et ses pieds. Il porte toujours sa queue très-relevée, et elle est remarquable par les longs poils qui la garnissent. La couleur de ce chien est le noir, le fauve, mais surtout le blanc. Il pourroit servir, comme les cbtens de berge r, à la garde des troupeaux.

Les BASSETS. US se caractérisent par le raccourcissement ex-

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tréme de leurs jambes, qui sont droites ou torses ; ce qui pro- duit les bassets à jambes droites et les bassets à jambes torses, Leurs oreilles sont longues et pendantes, Ou en voit de toutes couleurs..

Les BRAQUES different des chiens courans par un museau moins long et moins large, par des oreilles plus courtes, à demi- pendantes, des jambesplus longues, le corps plus épais, la queue plus charnue et plus courte, Les braques sont blancs ou tachetés de noir et de fauve ; le braque du Bengale est moucheté,

L'ALCO a aussi été considéré comme une variété de chiens mais elle n'est connue que par une figure très-imparfaite de Kecchi. M. de Humboldt dit qu'il paroit être une variété de chien de berger. Voyez Alco. "

Les Dogues.

Les chiens de cette ftimille se caractérisent tous par le rae*, courcissement du museau, le mouvement ascensionnel du crâne, son rapetissement, et l'étendue des sinus frontaux.

Ce sont des animaux très-peu intelligens, comparativement aux races de la famille précédente, et la pesanteur de leur intelligence semble se marquer par celle de leur corps. Les races principales sont :

Les Dogues DE FORTE RACE. On les reconnoît au premier coup d*œil, à la grandeur de leur tête et à leur épaisse corpulence ; Jeurs oreilles sont petites, à demi-pendantes ; leurs lèvres épaisses tombent de chaque côté de la gueule ; ils ont les jambes* assez courte! et fortes; leur queue est recourbée en haut, et généralement assez petite ; les poils sont ras, blancs et noirs.

Le DOGUE est semblable au précédent, pour les formes et les proportions du corps ; seulement il â une taille plus petite. C'est dans cette race que l'on voit des chiens à narines sépa- rées par une fente profonde. Les poils sont ras, et leur cou-. Jeur fauve pâle, '

LeDoôuitf. C'est ce qu'on appelle communément le carlin * le mops. Il ressemble au dogue, sinon qiril est plus petit ^ et que ses lèvres ne sont pas aussi développées.

Ce tableau des races de chien est sans doute très-incomplet; jnais les races étrangères ne nous sont point connues, et il eq çs% un grand nombre jui ne doivent leur existence qu'au

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' price-et à la mode, et qui n'offrent aucune particularité dont la science puisse faire son profit.

On est toujours sûr de former des races, lorsqu'on prend le sbin d'accoupler constamment des individus pourvus des par- ticularités d'organisatipn dont on veut faire le caractère de cçs races. Après quelques générations, ces caractères, produits d'abord accidentellement, se seront si fortement enracinés ¿ qu'ils ne pourront plus être détruits que par le concours de circonstances très-puissantes ; et les qualités intellectuelles s'af- fermissent ainsi, comme les qualités physiques ; seulement comme il dépend de nous de développer les premières, jusqu'à un certain point, par l'éducation, et non pas les secondes, nous sommes, pour ainsi dire, absolument les maîtres de créer des races, en modifiant l'intelligence. C'est ainsi que les chiens se sor\t formés pour la chasse, par une éducation dont les effets se propagent, mais qui a besoin d'être entretenue pour qu'ils ne dégénèrent pas. Cette éducation fait un art particu- lier, qu'il n'est pas dans notre plan de décrire, mais dont les règles reposent entièrement sur l'excellence des sens de la mémoire et du jugement des chiens.

Le LOUP, Canis Lupus, Buffon. Cet animal a la taille de nos plus grands chiens, et la physionomie d'un màtin dont les oreilles seroient droites comme celles du chien de berger. Sji couleur est généralement d'un gris fauve, et elle vient de ce que chaque poil est alternativement, dans sa longueur, blanc, noir et fauve ; le museau , le devant des pattes antérieures, sont noirs.

Buffon a tracé de la manière la plus vive, et avec assez de vérité , le caractère du loup de nos contrées. " Le loup, dit-il, " est l'un de ces animaux dont l'appétit pour la chair est le " plus véhément, et quoiqu'avec ce goût il ait reçu de la na- " ture les moyens de le satisfaire, qu'elle lui ait donné des " armes, de la ruse, de l'agilité, de la force, tout ce qui " est nécessaire, en un mot, pour trouver, attaquer, vain- " cre, saisir et dévorer sa proie, cependant il meurt sou- " vent de faim, parce que l'homme lui ayant déclaré la " guerre, l'ayant même proscrit en mettant sa tête à prix, le " force à fuir, à demeurer dans les bois, où il ne trouve que* " quelques animaux sauvages qui lui échappent par la vitesse

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" de îeur course, et qu'il ne peut surprendre que par hasard " ou par patience, en les attendant long-temps, et souvent " en vain , dans les endroits où ils doivent passer. Il est natu- " Tellement grossier et poltron , mais il devient ingénieux par " besoin et hardi par nécessité ; pressé par la faim , il brave " le danger, vient attaquer les animaux qui sont sous la garde " de l'homme, ceux surtout qu'il peut emporter aisément, " comme les agneaux, les petits chiens, les chevreaux; et " lorsque cette maraude lui réussit, il revient souvent à la " charge, jusqu'à ce qu'ayant été blessé ou chassé et maltraité c par les hommes et les chiens, il se recèle pendant le jour " dans son fort, n'en sort que la nuit, parcourt la campagne, " rôde autour des habitations, ravit les animaux abandonnés, " vient attaquer les bergeries, gratte et creuse la terre sous " les portes, entre furieux, met tout à mort avant de choisir " et d'emporter sa proie *, lorsque ces courses ne^ui produisent " rien, il retourne au fond des bois, se met en guette, cher- " che, suit à la piste, chasse, poursuit les animaux sauvages, " dans l'espérance qu'un autre loup pourra les arrêter, les " saisir dans leur fuite, et qu'ils partageront la dépouille; " enfin, lorsque le besoin est extrême, il s'expose à tout, " attaque les femmes et les enfans, se jette même quelque- " fois sur les hommes,-devient furieux par ces excès, qui ti- " nissent ordinairement par la rage et îa mort. *

Tout est vrai dans ce tableau, si ce n'est la poltronnerie naturelle du loup, et l'espoir qu'il a, lorsqu'il poursuit une proie, qu'un autre loup viendra l'aider à s'en saisir. Le loup n'est poltron qu'où il a de nombreux dangers à craindre, et il ne peut pas y avoir d'aniinaux courageux où l'homme do- mine en maître. Quant à l'espoir, c'est un sentiment qu'é- prouvent seuls les êtres pour lesquels il existe un avenir; et il ne peut y avoir d'avenir que pour Fespèce humaine , parce qu'elle seule pense et prévoit.

Cet animal vit habituellement solitaire ; il ne se réunit à d'autres loups que lorsque la faim le presse ; et les mâles passent peu de temps avec les femelles à l'époque du rut. ..Alors ils sont entre eux dans l'état de guerre le plus violent, et leurs combats sont des combats à mort. La femelle porte trois mois et demi 3 et lorsqu'elle est prête à mettre bas > elle

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?

86 retíre dans tin lieu écarté, où elle prend de ses petits le plus grand soin. Lorsqu'on les attaque, elle les défend avec in- trépidité et fureur. Le besoin de les nourrir augmehte beaucoup son courage ; et c'est à cette époque que les bergeries, et les animaux qui passent la nuit aux champs, courent le plus graod danger. Après six semaines, les petits commencent à suivre leur mère, et ils ne la quittent qu'au bout d'un an envi- ron : leurs dents de lait tombent à six mois, et ils sont en état d'engendrer vers la deuxième année j leur vie ne va pas au- delà de vingt ans. .

Le loup pris jeune s'apprivoise aisément, et il s'attache à celui qui le soigne, au point de le r'econnoitre après plus d'une année d'absence. C'est un fait dont j'ai été le témoin; et le loup qui l'a présenté, avoit été doué d'un caractère assez heureux pour que l'àge n'eût apporté aucun changement dans sa confiance et sa familiarité. Oñ ne sauroit trop le répéter, il ne faut point juger les dispositions naturelles des animaux d'après quelques individus seulement, et il faut toujours avoir égard aux cirenstances dans lesquelles leur race se trouve. Au reste, on doit admettre qu'en général au "un animal n'est privé de la faculté de s'apprivoiser, et n'a un caractère abso- lument intraitable. Tous les animaux, ainsi que nous, aiment le bien et fuient le mal, et ils n'apprennent à connoître po- sitivement l'un et l'autre que par l'expérience. Si les hommes leur font du bien, ils s'y attachent , autant qu'il est en eux de s'attacher ; dans le eas contraire, ils les fuient ; et si quelques individus refusent long-tçmps de s'apprivoiser, c'est que le sentiment de la défiance, qui est naturel à tous les animaux, - et qui est un des dons les plus précieux que la nature léur ait accordés, est trop fort pour que le bien qu'on leur fait puisse être facilement senti par eux;*mais jamais leur férocité n'est absolue. Lorsqu'on a voulu établir ce fait pour quelques es- pèces, et même pour celle qui nous occupe, on n'a pas senti qu'un animal qui seroit dans cette disposition périroit infail- liblement ; l'homrae n'est pour lui qu'un être, comme tou" les autres êtres de la nature; l'impossibilité absolue de s'habi- tuer avec lui, entraîneroit celle de s'habituer avec les autres.

Et comment un animal qui seroit perpétuellement dans un état de défiance absolue pour tout ce qui l'environneroit, pourroit-il exister?

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Le loup a úne très-grande force; il emporte facilementun mouton en s'enfuyant, et il est peu de chiens assez forts pour le combattre avec succès; aussi c'est principalement à sa force qu'il a recours, lorsque pour se nourrir, il est obligé d'atta- quer des animaux vivans¿ il connoît peu la ruse, et ce qu'on raconte des lolips qui se réunissent pour attaquer une berge- rie , et qui s'entendent assez pour que l'un s'expose à être pour- suivi par les chiens, afin que l'autre puisse attaquer sûrement le troupeau, et en emporter une pièce, n'a d'autre fonde- ment que l'ignorance des bergers qui ont vu, dans un ensemble fortuit de circonstances, le résultat du raisonnement et dfe la réflexiofc. Nous ne nous donnerions pas la peine de contester ce fait ainsi raconté, sides hommes,d'un très-grand mérite , ne l'avoient employé pour établir, sur l'intelligence des brutes, des systèmes tout-à-fait inadmissibles. Dégagé de toute sup- position , en quoi ce fait consiste-t-il réellement? En'deux loups qui, également pressés par la faim, se sont approchés d'un trou- peau qu'ils ont également senti ou entendu. Les chiens leur insptroient de la défiance, et les tenoient dans l'éloignement; mais ceux-ci en se mettant à la poursuite du loup qui se trouvoit le plus près d'eux, ont laissé à celui qu'ils n'ont point attaqué, et qui n'atteñdoit qu'un moment favorable pour pénétrer dans la bergerie , la facilité de s'élancer, de prendre un mouton, et de disparoître. Qu'est-il besoin pour cela de supposer un raisonnement fait de concert entre ces . loups * une préméditation quelconque de leur part? On peut être sûr que toute explication de ce genre qui suppose ces qua- lités, est une grande erreur ; autrement les animaux seroient des hommes.

Le LOUP noir ; Canis lycaon, Linn. Ce loup ne diffère du précédent que par sa couleur qui est noire sur toutes les parties du corps. Forme-t-il en effet une espèce, ou ne doit-on le considérer que comme une variété du loup commun ? C'est ce qu'il n'est pas facile de décider*. Il paroîtroit qu'il ne se rencontre en Fránce qu'accidentellement.'

Notre Ménagerie a possédé un mâle et une femelle de loups noirs, qui avoient été envoyés comme tels, des Pyrénées; ils étoient très-féroces 7 et aucun bon traitement n'a pu Jes apprivoiser. Chaque année ils ont fait des petits qui ont été

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yresquc aussi défians et féroces que leurs parens, mais qui ja'avoient ordinairement ni les mêmes traits ni le même pelage ' on les auroit crus d'une autre espèce, de quelque variété du chien domestique. On pourroit conclure de là que ces loups n'étoient pas de race pure, et que le sang de quelque chien étoit mêlé au leur ; cependant ils avoient été pris à l'état sau- vage ; mais il n'est pas rare dans les pays de forêts, de voir des chiennes en chaleur, être couvertes par des loups.

La plupart des voyageurs assurent que le loup d'Europe se trouve aussi en Amérique, et Bartram parle de loups noirs. Quoiqu'il soit assez difficile de reconnoitre une identité d'es^ pèce, par la seule comparaison qu'on peut faire d'un animal qu'on a vu dans un continent, avec un animal qn'on voit dans un autre, nous pourrions difficilement élever des doutes contre cette assertion, qui, d'ailleurs, a été avancée par des hommes de beaucoup de mérite; mais, dans ce cas, ce loup noir, dont nous venons de parler , seroit-il le même que le nôtre P Pour lever toutes les difficultés, ces animaux auroient besoin d'être examinés de nouveau, et surtout dans leurs mœurs.

On ne connoît, dans les autres parties de l'ancien monde y que deux espèces de chiens : le chacal, qui est commun à l'Asie et à l'Afrique; et un loup , naturel à Java, qup M. Lesche- naut nous a fait connoître.

Le CHACAL ; Canis aureus, Linn, ; Schreber, tab. 94. La taille de ce chien est entre celle du loup et celle du renard com-* , mun. Il ressemble beaucoup au premier par les coiileurs; mais il en diffère par la queue qui est touffue comme celle des renards, "o

et bien plus courte. En-dessus, le chacal a les poils fauves, avec l'extrémité noire. Cette dernière couleur s'accroît sans règle, et forme quelques taches transversales irrégulières du dos aux côtés ; la couleur fauve de la téte est plus unie ; le fauve et le noir y sont mêlés plus uniformément. Les côtés ¿ont fauves, ainsi que les jambes et les cuisses ; deux taches noires sont sur le poignet comme aux loups. La gorge est blanche, et l'on voit une ligne noire descendre en avant des, ¿paules, de la partie supérieure du cou à la partie inférieure; ce qui est encore un rapport avec le loup. Les couleurs d'un chacal de l'Inde et celles d'un chacal de Barbarie ne diffé*" ment point.

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Cet animal paroit être répandu dans toutes les parties chaudes de l'Asie et de l'Afrique. Il vit en troupes nombreuses, habite des terriers qu'il se creuse lui-même, et tous les indi- vidus d'une même troupe chassent de concert, et se défen- dent réciproquement lorsqu'ils sont attaqués. Ils causent beau- coup de dégâts dans les contrées 011 ils ont pu se multiplier ; ils y déterrent les morts, et pénétrent même dans lesétables, où ils mangent jusqu'aux cuirs des harnois, lorsqu'ils n'y trouvent pas une autre nourriture. La nuit ils font entendre continuellement, en se répondant les uns les autres, leur voix semblable a une sorte de hurlement, et dont tous les voya- geurs ont été frappés. Pressés par la faim , ils peuvent devenir dangereux même pour l'homme ; mais habituellement ils se nourrissent de charognes qu'ils disputent aux hyènes et aux vautours.

Les voyageurs s'en sont tenus à ces détails, bien insuftisans, pour nous faire connoitre l'histoire naturelle du chacal ; et il paroitroit, à leurs récits, que ces animaux sont quelque- fois de taille'et de couleur assez différentes, ou plutôt qu'il a été parlé, sous le même nom, d'animaux étrangers l'un à l'autre. C'est ce qui avoit porté BuiFon et d'autres naturalistes à faire une espèce distincte de l'adive, sans qu'ils lui aient donné cependant des caractères assez précis pour la faire adopter.

C'est à l'espèce du chacal qu'on a voulu rapporter le chien domestique, et il faut avouer qu'on étoit plus fondé à le rap- porter à cet animal qu'au loup commun. H y a, entre les ca- ractères des chiens et des chacals, beaucoup de ressemblance ; et si de simples analogies sutlisoient pour établir la disposition à la domesticité, il seroit difficile de ne pas regarder le chien domestique comme une race de chacals soumise à l'homme et modifiée par une longue servitude. Jusqu'au pelage exclusi- vement, qui ne peut nous être connu pour le chien dans l'état de nature, ces animaux se ressemblent absolument par l'orga- nisation, et ils se ressemblent encan? par les mœurs; les uns comme les autres vivent en troupes, se creusent des ter- riers, chassent de concert, ce qui ne paroit être le caractère d'aucune autre espèce sauvage de chiens. Au reste, comme nous l'avons dit, c'est seulementpar une expérience directe qu'on pourroit établir la faculté du "hacal à acquérir la do-

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mesticité du chien $ jusque-là, ces derniers animaux se dis- tingueront des autres par ce caractère qui suppose des dis- positions naturelles toutes particulières^ que rien n'autorise encore à supposer aux chacals.

Le LOUP DE JAVA. Sa teinte générale est d'un brun-fauve qui devient noirâtre sur le dos, aux pattes et à la queue. Il a la taille et les proportions du loup commun , seulement ses oreilles sont plus petites, lia été rapporté de Java par M. Les- chenaut.

Les chiens d'Amérique ne sont encore que bien imparfaite- ment connus. Tous les voyageurs en parlent, mais dans des termes si difíerens qu'on ne sait à quoi s'arrêter. On ne con- noît même avec quelque exactitude que les deux espèces sui- vantes:

Le LOUP ROUGE; Lupus mexicanus, Linn. Roux, avec une sorte de crinière noire sur les épaules.

Il est un peu plus petit que le loup commun, mais il en a toute la physionomie. Voici la description qu'en donne M. d'Azara, d'après un individu vivant : " Au-dessous de sa tête est une " grande tache blanche entourée d'une autre tache foncée ; " la couleur générale de l'animal est d'un roux foncé, très-" "c clair dans les parties inférieures, et presque blanc à la queue "c et dpns l'intérieur des oreilles. Dans un espace de deux

" pouces, à partir des ongles, il est très-noir De la même

"c manière, à partir des yeux, le rougeâtre dégénère en noir " jusqu'à la pointe du museau qui est noir. De l'occiput à la " fin,de l'épaule, il y a une crinière dont les poils sont noirs " de leur moitié à leur pointe. *

La femelle est tout-àrfait semblable au mâle ; elle a six mamelles, et paroît mettre au monde ses petits vers le mois d'août ; elle en fait trois ou quatre. Ce loup porte au Paraguay le nom d'agouara, go u CULO u; il habite les lieux bas et maréca- geux, vit soli tai ligara la nuit, nage facilement, et se noùrrit de petits animaux; il cjiasse'ala piste et est très-courageux. Son cri, .dit M. d'Azara, consiste daris les sons gouq^ann, qu'il répète plusieurs fois et en les traînant, et il les fait entendre de fort loin.

Le CpusK ANTARCTIQPS; Canh antarcticus, Sa taille surpasse

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celle du tfenard, et égale celle du chacal; en-dessus, sa Couleuf formée de poils annelés de fauve et de noir, est d'un fauve som- bre; le ventre et l'intérieur des membres sont d'un jaune pâle , et la gorge est d'un blanc sale ; le milieu de la queue est brun , et son extrémité blanche. Notre Muséum en possède un très- bel individu. Cette espèce se trouve dans les îles Malouines et dans celles de Falkland, où M. de Bougainville l'a rencontrée. Il nous apprend que cet animal se creuse un terrier danslesdunes * sur les bords de la mer; qu'il aboie comme le chien ordinaire, mais plus foiblement, et qu'il se nourrit particulièrement d'oi- seaux. Buffon, qui en avoit vu deux individus, trompé sans doute par les couleurs, avoit conclu qu'ils étoient de la même espèce que le renard commun.

Le CLUPEU de Molina paroît être le chien antarctique, si ce qu'il dit du commodore Byron, qui trouva cet animal aux îles Malouines, est fondé sur des observations exactes.

Je place cet animal dans la famille des chiens plutôt que dans celle des renards, sans que je sache s'il aies caractères de cette famille; je le suppose seulement par l'analogie des formes et des proportions du corps.

Le CHIEN crabier; Canis cancrivorus, Buffon, Supp., t. 7 , pl. Le Cabinet du Muséum possède encore l'animal envoyé k Buffon, de Cayenne, par le comte de Laborde, sous le nom de CniE# dbs bois , et il en possède un second individu égale* ment envoyé de Cayenne.

Ce chien a les plus grands rapports avec le chacal ; seulement, il est un peu plus grand , et son pelage est peut-être plus noi- râtre. La description qu'en donne Buffon est suffisamment dé* taillée , et il y ajoute quelques notes sur les mœurs, qui donne- roi eut peut-être un caractère plus précis que les couleurs du pelage, pour distinguer le chien crabier des autres espèces du genre : nous ne ppuvons donc mieux foire que de le copier.

" Cet animal avoit deux pieds quatre pouces de longueur; la " tête,sixpoucesneufiignes,depuislebOi*tdunezjuéqu'al'oecir " put ; elle est arquée à la hauteur*desyeux, qui sont placés k " cinq pou ces-trois lignes de distance du bout du nez. On voit Ut que scs dimensionsvsoirt k peu près les mêmes que celles du " chien de berger; c'est aussi la race de chien à laquelle cet " animal de la Guianë ressemble le plus^ car il a, cpmme le " chien de berger, les oreilles droites et courtes, et la forme

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fe de la tête toute pareille ; mais il n'en a pas les longs poils su rie " corps, la queue et les jambes. Il ressemble au loup parle poil,

" au point de s'y méprendre, sans cependant avoir ni l'encolure ni la queue du loup ; il a le corps plus gros que le chien de " berger ; les jambes et la queue un peu pins petites ; le bord des "' paupières est noir, ainsi que le bout du museau ; les joues " sont rayées de deux petites bandes noirâtres ; les moustaches " sont noires ; les plus grands poils ont deux pouces cinq lignes ; " les oreilles n'ont que deux pouces de longueur sur quatorze " lignes de largeur à leur base ; elles sont garnies, à l'entrée, "c d'un poil blanc jaunâtre, et couvertes d'un poil court, roux, " mêlé de brun. Cette couleur rousse s'étend des oreilles jusque " sur le cou ; elle devient grisâtre vers la poitrine qui est " blanche, et tout le milieu du ventre est d'un blanc jaunâtre, " ainsi que le dedans des cuisses et des jambes de devant; le " poil dé la tête et du corps est mélangé de noir,, de fauve, de " gris et de blanc. Le fauve dontine sur la tête et les jambes ; " mais il y a plus de gris sur le corps, à cause du grand nombre " de poils blancs qui y sont mêlés. Les jambes sont minces, et " le poil en est court ; il est, comme celui des pieds, d'un " brun foncé, mêlé d'un peu de roux,* les pieds sont petits, et " n'ont que dix-sept lignes jusqu'à l'extrémité du plus long e doigt ; les ongles des pieds de devant ont cinq lignes et demie ; " le premier des ongles*internes est plus fort que les autres ; il a " six lignes de kmgueup, et trois lignes de largeur à sa nais-

* sanee ; ceux des pieds de derrière ont cinq lignes. Le trôn- ai çon de la queue a oftze pouces ; il est couvert d'un petit " poil jaunâtre, tirant sur le gris; le dessus de la queue a " quelques nuancesde brun, et son extrémité estnoire. " Ces animaux chassent les agoutis, les pacas, etc. Ils s'en saL- sissent et les tuent. Ils aiment aussi les fruits, tels que ceux: du- l*m" rouge, etc. Iis marchent par troupes de six ou sept ; ite ne s'apprivoisent que difficilement, et conservent toujours nn caractère de mééhancçté. Le chien crabier est vraisembla- blement le KOUFARA de Barrère.

- C'est dans l'Amérique septentrionale que l'on rencontrele pins de loups. Catesby, dansson Histoire naturelle déla Carp* Kne-, dit t 1 . > ? . ¦

" Les loups d'Amérique on* la-forme et la couleur de ceux

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d'Europe ; mais ils sont un peu plus petits ; ils sont aussi plus timides et moins voraces, et une bande de ces animaux fuira devant un seul homme. On a cependant vu des exemples du ' contraire, dans les hivers très-rudes. Anciennement, les loups étoient les animaux domestiques des Indiens, qui n'avoient point d'autres chiens avant qu'on leur en amenât d'Europe. Depuis ce temps-là, les races des loups et des chiens d'Europe se sont mêlées, et sont devenues prolifiques. C'est une chose remarquable, que les chiens d'Europe, qui n'ont en eux aucun mélange du loup, ont de l'antipathie pour ceux de la race bigarrée, et les houspillent toutes les fois qu'ils les rencontrent. Ces derniers ne se tiennent avec eux que sur la défensive , et tâchent seulement d'éviter la fureur des autres, ayant toujours la queue entre les jambes. Les loups de la Caroline sont en très-grand nombre, et plus malfaisans qu'aucun autre animal ; ils s'attroupent pendant la nuit, etvont chasser le daim , comme des chiens, en poussant les hurlemens les plus affreux. "

Parmi les chiens indéterminés de l'Amérique, on doit placer au premier rang celui que Rechi a représenté, et que Her- nandez a décrit sous le nom de xoloit~zcvintli, qui est le même que le cuetlachtli, et dont est provenu le loup du Mexique des auteurs systématiques. Voici la description qu'en donne Bris- son, qui, le premier, l'a inscrit comme espèce distincte au Catalogue des espèces dufgenre Chien.

. Le LOUP DU MSXIQUB ; Lupus mexicanus, Linn. 11 est de la gran- deur du loup ordinaire, mais il a la tête plus grosse ; il a les yeux, hagards et étincelans; les oreilles assez longues et droites; le cou gras et épais; la queue, assez longue et ppint velue. Il lui sort de la lèvre supérieure de gros poils roides comme les pi- quans flexibles du porc-épic, variés de gri# et de blanc, et couchés en arrière. La couleur de tout son çpjrps est grise, et variée çk et là de taches fauves; sa téte est aussi grise et marquée de bandes transversales noirâtres ; il a sur le front de larges taches fauves; ses oreilles sont grises; son cou est marqué d'une longue tache fauve; il en a une pareille à la poitrine, et une antre à la partie antérieure du ventre; des bandes noirâtres splendent de part et d'autre depuis le dos*jusqu'au côté; sa queue est grise, et a vers son milieu une tache £auve qui s'ef- face peu à peu; se? jpnibes et ses pieçto sont variés d* bandes

/

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'griserei xsoivkces^ rquLrf'dte adent d ailaawt mu aa. JQirle itroiwte dansdos mdnitaTtiiands de>la3foinielfeÆBpagiie.

. Bacfcran, (Vny. dans il'jíbeérifwe tsqNen^rionalei) q "n paclant du :loupileiaFkieide,rdit id est p±t*3g*aodq)u?unidhicm,

. * tetpariaileitteiitnoir; mais hi femelle áajpoitfáneiune " tache dilancbe" 11 >est*i oías gran dqoeles iaupsata'Caiiada et " de la *Rensyl*mnie qui^sont d?un jaunerunàtre.) ?

Heame^eEMsrkentteirapporteatquelealoupaquWffemttet*? dan8 Jes ;jopHt*éca Ürabitées tpar les eskinauK sontddmtes.; >ét Je dernier "parle dtati vpetit loup * qtf W trouve entre Je tfifi/iet Je ^ jo f degrédelatftude,et qui attaque les oaalomr^ > '

Tous "es rapport" metmíptets i *p"#ou p"urricmsiinultiÿli"r 4 l'infini Tforrtwntirtenéet^té^xto*iaerplusatteiitivein eat qu'on ae lfafaittesloopad4Amérique ,pour bien determiner r d'abords'ifcttppaiUiennent'auxdhieBs^ropfementditi, ouiaux re"atds ; et ensuite peur donner- desees animaux mue descrip- ti on d$tailfée, ^etméme d#s*€gtirtí,s'il 'étaát poajHUei [une siaipte description iáisae-ordmái restent dans l^esprrt m vagae qui exposea>rei¥e"rrv)ce qtte4ie falrj "nais une feoimefigure. >

Des Renards

Pupilles qiji "mse fermantprwnnent iaráguceade)M>c^upe d'une léntüie. o " >" . : ,

Tous les reaoedsoptlaínéiBph^onamie,dost on,nitetype dans celle du renard tcommün* Lesi espèces de ce groupe ne #e distinguent guère qæpar 4es "auteurs ; encore'4rou ve"t-an.

- entre' celles-ci les plu" gratada: rapporta. Les mœurs d?* renards (étrangers mw"ï*>nt>peu connaesyet on.doit leurçgvettca? car elles aideibient sans 1 doute A caractériser ces animara pl*is jexactementquW ne lVpu ísh^paT la seule " considération 4u pelage. ' í¿** ¦¦*"* o *t ; '¿i '

1 t ,

Renards des contrées septentrionales de Vancien et du nouyeau monde

Le 'flcEKui® oommdn , ûtnis *ntkpa > Xiim. ; t.-7,- pl. G.

Chacun , *n cEurope /coonoft set "niosál donMa longueur est dhin: pied-ct)d*mi enviroa^et daiit*te pelage est^fauve^ varié deblaa châtre etd'unpeu de ndh:,)Qe qui donne quelqmfoià Ja teinte^rùmipale un >ooil grisâtre ¡ lajgwrge,!le devao* du :h*

8. H

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île venli'e^ rHKtérietur des'cninto* et les bords tie la mâchoire supérieure sont Mábcsl; Le/derrière -dea oreüles est noir, Je musesu roux, les pattes bran foncé sen avant; laqueue est touffue etierminée pà^ des poils noirs. C'est Encore Buffon que snouscopierpnspour faire connoitre le naturelde cet animal. 13 * Le J*enard est fameux: par ses ruaer, >df mérite en partie sa " réputation *xe queledopp ne fait qu¡e> par la' force, il le fait **4 paradresse, et réussit plus aou ven} sans chercher à combattre í ^;lesaohiiensiniles bergers, sans>attaquer Jm"troupeaux, sans r* :*rfnecles cadavres ¿Jlrôt plus aùr; délivré* 11 .emploie plus " d'esprit que de mnü vencen*; sea resources "semblent étte en ^rltii4mâme:.CiBjSont^jCi>pü^c lfon-sftit, "eaik^quîmanquent le ? anoins^flin autant que, circonspect, mgénkmx et prudent, , même jusqu'à la patience, il wie 4a Conduite ; il a des : * .moyeirtideréserve qiiïlssait.n'employfîrquÿijprc^os j il Vciüe ? ^ .de |>rèsià*a corisenratioft^quoiquea^M ft fatigóle fet même "jplud léger qne le loup^üxnf itefife pas qnttè?emtttt'àla) vitesse " de aar course: il .¿ait se "mettre en>sr$jfcé en se pr^iiq^ant un "."ilf imiil tó rctice d^lee dangprspreasaws, où il s'établit, " ou il élève ses petits : il n'est point animal vagabond, mais " animal domicilié. *'

f :j ^(Mttódiffégébcé T' quiioft fait sentit mémeipprmi les born- ée mes, a de bien plus grands effets et suppose^!de bien plus 'X frànàce feaubea pavmi fes¿fetp"má*Xé L'idédseitlei du1 domicile t" présuppose une attentiortsitguliiresur ffoi-aréme % ensuite le uK ochoix áuotieft, l'prtictó Jaira rion mafuwrp^eiLe rendre corn- cl*¿ .mode, d'en dérober Kenirçée* steU^auiaiikd'iàdicfsd'unseofci- o;#> omit snpértéur. JLer*najx}#n est doi^é^^tammertout ¿son ü^ItpDofitj il.seáflge"i;btondiideaJ>oisi,apportée,deaitameaux; il u" jéc(Wts6le cbantld*s cèqsiçtj^ cri.desivoiajjiespil ¿es savoure " de loin; il prend habilement son temps, cache son ciessein et " sa marche, se gliss^, ^e traîne, arriver et fait rarement des tentatives inutiles. S*îl péjiffranchi i* fes cfôtuWs, ou passer " par-dessous, il ne perd pâS 1m instant, il ravage la basse-cour, . " .il y jnfet tout à maartyJsç œeiire ensiiitedestament^ en empor- : tant pa proie', qb'ifccaj^fcotttfJasamsse^ouipbrte à son ter-

o^.irte^j^ili.révien£>quelques mümentiaprès""ni;chercher une " * autre ,-qu?il empovtp etcaube dë même, "ums dans un autre . "endroit 5 #nsuit£n**3trrii*ièûie v'çne quatéiémey ec. * jusqu'à f 0 . ,

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ce que le jour ou le mouvement dans la maison, l'avertisse? " qu'il faut se retirer et ne plus revenir. Il fait la même ma- te nœuvredans les pipées et dansles boquetaux, où l'on prend " les grives et les*bécasses au lacet: il devance le pipeur, va de " très-grand matin, et souvent plus d'une fois par jour, visiter " les lacets, les gluaux, emporte successivement les oiseaux " qui se sont empêtrés,les dépose tous en différens endroits, " surtout au bord des chemins, dans les ornières, sous la " mousse, sous un genièvre, les y laisse quelquefois deuxtou " trois jours, et sait parfaitement les retrouver au besoin. Il " chasse les jeunes levrauts en plaine, saisit quelquefois lçs " lièvres au gîte, neles manque jamais lorsqu'ils sont blessés, " déterre les lapereaux dans les garennes, découvre les hids " de perdrix, de cailles, prend la mère sur les œufs, et détruit " une quantité prodigieuse de gibier.

" Le renard est aussi vorace que carnassier ; il mange de tout

* avec une égale avidité : des œufs, du lait, du fromage, des " .fruits, et surtout des raisins : lorsque les levrauts et lesper- % drix lui manquent, il se rabat sur les rats, les mulots, les serpens, les lézarck,l es crapauds, etc. Il en détruit un. grand " ^oxnbre : ç'est la¡ le seul bien quïl procure. Il est très-avide " : de miel* ü attaque les,abeilles sauvages, les guêpes, les fre- -H-Ions, qui d'abord tâchent de le mettre en fuite en le perçant ^ de roiUe coups d'aiguillons ; il se retire en effet, mais en se * roulant, pour jçs écraser, et il revient si souvent à la charge " qu'il leSfjO^lige, à abandonner le guêpier ; alors il le déterr^, " et en ma^ge et leipiel et la cire. Il prend aussi les hérissons ? ** }les rouleay.ec ses pieds, et les fo^ce à s'étendre ; enfin il mange ^ du poisson, dps écrevisses, des hanrçe^ps, des sauterelles, çtç. ,. " II produit en .moindre nombre, et une seule fois par an j " - les portées sont ordinairement çle quatre ou cinq, rarement * de six, et jamais moins de trois. Lorsque. Jû femelle est pleine, ", elle se recèle, sort rarement de son terrier, dans lequel elle " prépare un lit à ses petits. Elle devient en chaleur en hiver, "t et l'on trouve .déjà de petits renards au ipois d'avril. Lqrs- " qu'elle s'^pe^çqitqfie sa retraite.est découverte, etqu'enson " absence ses, petits ont été inquiétés " elle^es transporte tousf

* les uns après les au très, et.via chercher un autre domicile* Hé

naissent les yeux fermés j ils sont, comme les chiens, dix^huii

* ' ' ' se/

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" mois ou detix ans à croître, et vivent de même treize em " quatorze ans.

" Le renard glapit, abôie, et pousse un son triste, semblable f au cri du paon; il a des tons différens, selon lesseritimens " différens dont il est Affecté ; il a la voix de la chasse, l'accent " du désir, le son du murmure, Je ton plaintif de la tristesse, " le cri de la douleur, qu'il ne fait jamais entendre qu'au ino*- " merit où il reçoit un coup de feu qui lui casse quelque mem- " bre; car il ne crie point pour toute atftre blessure, et il se " laisse tuera coups debâton, comme le loup, sans se plaindre, " maïs toujours en se défendant avec courage. Il mord dange- " reusement, opiniâtrément, et l'on est obligé de se servir d*un " ferrement ou d'un bâton pour le faire démordre. Son glapis- " sement est une espèce d'aboiement qui se fart par des sons " semblables et précipités. C'est ordinairement à la fin du gl*- " pissement qu'il donne un coup de voix phi's fort ,plus élevé f " et semblable au cri du paon. En hiver surtout, pendant la " neige et la gelée, il ne cesse de donner de la voix, et il est au coritraire presque muet en été : c'est dans cette saison " que son poil tombe et se renouvelle. L'on fait peu de cas " delà peau des jeunes renards, ou des retonds pris en été. " La éhair du renard est moins mauvaise que célle du loup ; les " chiens, et même les h ottimes en mangent en automne,surtout " lorsqu'il s'est nourri et engraissé de raisins ; et sa peau d'hiver

* fait de bonnes fourrures. Il a le sommeil profóhd : on Fappro^ " che aisément sans Péveiller. Lorsqu'il dért, il sè met en rond V comme les chiens ; mais lorsqu'il ne faitque reposer, il étend " les jambes de derrière, et demeure étendu surle ventre r c'est " dans cettè posture qu'il épie les oiseaux le long des haies. Ik " ont pour lui une si grande antipathie, que dès qu'ils Faper- " çoivent ilsibtit un petit èri d'avertisâettient r les geais, les c rtvêrles surtout, le conduisent du haut dès arbres, répètent " souvent le petit cri d'avis, et le suivent quelquefois à plus

* de deux oü trois cents pas. *

Cette espèce, répandue principalement dans les contrées Septentrionales de l*ancien et du nouveau continent , a éprouvé des modifications qui ont quelquefois induit les auteurs sys- tématiques en erreur, en les portant à former des espèces nouvelles de ces variétés, Ainsi, le Tenard, dftns le pelage

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duquel les teintes noires se sont accrues, esi devenu,le renard charbonnier, canis alopex, Gmel. Celui cheg lequel la, couleur noire s'est montrée davantage sur le dos et sur les épaules, % pris le nom de renard croisé, canis cussigera, $ris£. , etc.

Nous ne serions pas étonnés que plusieurs autres espèces de renards ne fussent encore ramenées à l'espèce commune,, lorsqu'elles auront été mieux observées.

L'Isatis; Canis lagopus, Linn. Cette espèce, qui avoit été indiquée depuis long-temps, même sous ce nom, é^oit généra-" 1-ement regardée comme une simple variété de renard; coin- mun. C'est à Gmelin le jeune qy/on doit de la connoître plus exactement. 11 en a publié la. description dans les IViéio. de l'Ac^d. 4e Çéfçrsbourg pour les années 1754 et. 1755,, eÇ notre cabinet en possède plusieurs individus*

Cet animal est un peu plus pe^t que le renard commun ; son pelage est d'un gris cendré ou d'un brun clair, répandu uniformément sur toutes les parties du. corps. On dit qu'en hiver il est entièrement blanc; cependant on assure aussi que les isatis blancs forment une variété constante qui ne tient pas à la saison. Mais un caractère qui lui est particulier, c'est d'avoir la plante des pieds garnie de poils, contçe c'e qui voit communément; la plupart des animaux ayant des tuber- cutes bias aux parties de la plante qui s'appuient s^r le sol.

On trouve l'isatis dans les contrées voisines de la iner gla^ cíale, en Islande ? dans, le Groenland, vraisemblablement au Spitzberg, suivant le capitaine Phipps, et peut-être ert A"é- rique" Ses poils sont lojfcgs, épais et doux; aussi sa fourrure est- elle trè^-estimée, dans ses couleurs d'été surtout. Sa vojxet un aboiement intermédiaire entre celui du chien et le glapisse* ment du renard* It ne se tient pas dans les bois, majs dans les lieux découverts et montueux. L'accouplement de ces ani- maux a lieu au mois de mars, et leur chaleur dure quinze jours. Ils vivent dans des terriers très-profonds, étroits, qui ont plu- sieurs issues, qu'ils se creusent eux-mêmes, tapissent de,meusse et entretiennent dans une grande propreté. La gestation est d'environ neuf semaines. C'e^t à la fin de mai que les femelles mettent bas; et l#s chasseurs assurèrent à Gmelin qu'on trou- voit souvent dans la même portée des isatis, gris et des isatis blancs. X#*jvrçi"*tr" saut, en naissant* 4'iui grk tm-foncé,

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et les seconds ont une teinte jaunâtre; les poils sont alors très- courts, et ce n'est que vers la fin de l'année qu'ils commen- cent à croître. A cette époque, on trouve quelquefois des isa- tis blancs, avec une ligne dotsnle brune et unë autre trans- versale sur les épaules. 'Cette variété a aussi pris le nom de croisée, mais elle n'est pas durable; les individus qui en pré- sentent le caractère finissent par devenir entièrement blancs. L'isatis ne craint point l'eau ; il va dans les lacs et au bord des rivières dénicher les oiàeaux d'eau.

Le RENARD ARÇENTE ; Canis argentatus, Geoff. Il est de la grandeur du renard commun; son pelage est noir de suie, légèrement glacé de blanc, parce que l'extrémité des poils est blanche, particulièrement à la tête, et vers les parties postérieures. L'extrémité de la queue est blanche. L'individu du cabinet de notre Muséum a une petite tache blanche sous le cou, entre les pattes. o

La' fourrure de cet animal est la plus précieuse de celles que fournissent les renards ; les Orientaux y mettent Un très- grand prix, à cause de sâ finesse et de sa légèreté.

Cette espèce précieuse se trouve, dit-on, dans le nord de fancien et du nouveau continent.

Les renards suivans sont exclusivement propres à l'Amé- rique :

Le RENARD CROISE; Canis decussatus, Geoff. De la taille du renard commun; parties supérieures du corps d'un gris pro- venant de poils annelés de noir et de blanc plus foncé vers les épaules, et de manière à représenter uhe croix ; derrière les épaules, et sur les côtés du cou, le poil prend une teinte fauve ; les parties inférieures du corps sont noires, ainsi que les pattes et le museau; la queue est blanche au bout.

Cet animal aies plus grands rapports avec le renard argenté. Je ne serois pas éloigné de penser qu'il n'eri est qu'une variété , comme beaucoup d'autres renards qu'on a appelés croisés, à cause d'une sorte de croix noire qu'ils avoienfc aux épaules, et qui n'étoient que des variétés du renard commun, ou de l'isatis, ainsi que nous l'avons déjà dit. Il n'est pi1 inutile de faire remarquer ici comme un trait oaractéristi^juc des inai^s, que la couleur noiçe tend à s© développer l#ii¿"® ¿de tópine de

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CHt> #7-

presque toutes les espèces, et que felètlé^dSàposition se rètha%quèA même sui* les espèces de la famille des fchîefcSb - ^ - l

' Renard-gris ; Canis virginianits jErxleb; Catesby., Hist.Nat." de la Caroline, t. II ,1pi.*i78¿ Cett£ espècé a été établie sur Iè" ïenard publié par Catesby. Kléîn e*t Brisson lùi conservèrent le nom^uilúi avoit étë donné par Fauteur'anglois^, mais E^x- leben rappteîaf renard dé Virginie, et if est sous eè nom qucT Gmelin l'admit daris iùii édition du Sistema Naturœ. - ^

o Voici ce' qu'ett dît ^àuteur original : " Ces renards sont éri-

" tièrement d'un ¡gris argenté, et diffèrent très-peu , par leur' " grandeùr et par leùr forme, de ceux d'Europe. Hsn'habîtént " pas dans des* trous sous terre, mais dans les trous des arbres^ $ où ils se retirent lorsqu'on les poursuit : ilsnesé laissent guère " chasser qu'un mille avant d'entrer dans leurs trous, d'où orr é les fait ordinairement sortir en les enfumant* Ils sont aussi " malfaisans-qúe ceux d'Europe. * ^

o Il paroltfoit que plusieurs autres voyageurs ont enterfdu-

parler de ces renards gris, et entre autres, Lawson, dans^ôre Voyage en Caroline; cependant aucun (Peux n'est entré dabs" des détails assj?z grands sur ces aniinbtix, pour qu'on puissé les- regarder définitivement comme formant une espèce distincte de toutes les antres. / J . J r

- Le Renard tricoiore ; Canis cinerëo+urgenèeus, Erxleb. ; S ch r.,7 pl. 92, A. Ce Renard a : environ deux pieds de lohguèur du1 bout du museau à l'origihé delà1 queue. Les parties supérieures* du corps et des cuisses sont d'un gris noir; les poils de cei1 parties ayantlëtrr moitié inférieure blanche, et leur extrémité* noire; le gris de là tête a une tèititë de fauve; les oreilleSé^ les côtés du cou sont d'un fauve vif; la gorge et les joues sônf blanches, et âa mâchoire inférieure est-nôîre'; le dessous du* corps et l'intérieur des membres sont fauVes pâles'; la quèue' est fauve glacée de noir, et le'bout -fen est Aëir. i: i 1

J'ai vu un autre individu! de*Cettë espèce dont'toutes les' parties inférieures sont *trés-blan£hfes.'iJ ¦ o ,J ^ ; 1 J

M. d'Azara, qui parle * de ce reriaittl sâiis le nom d'agouara- chay, dit un mot' de son naturel. L^gttuatà-chay, pris jeune, s'apprivoise et joue avec son maître', de hi niême maùière que le chien. Il reconnoîtles personnes de la maison, et les fëteeri les distinguant, des étrangers, quoiqu'il'n'aboie jamais contre?

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Clíí

Ces derniers* mai s s'il enire dansla maisonun-chien du dehors? ion poil se hérisse, et il le menace par ses abo*emens,,iusqn' ce qu'ille fasse fuir, maissans oser le mordre; Il jouent folâtre avec, les chiens de la maison vicient.ionqp'çn l'appelle aifac crépuscules du matin et du^oir, parce qu'il se coxtów et dort le reste du jour. Il emploie la nuit ¿courir pourchercber dea ' œufs et des oiseaux" li n'est pçs docile " et si en le vêtit fair¿ entrer ou sortir, ilsouffremême les coups^auxquelsit répand çn^gnognant, avant d'obéiiv Savoix, qpi est hante et gnftiurale, fait entendre les sons goua^a-a. J1 aime beaucoup lea cannes à sucre et les fruits. Le mâle etla femelles? ressemblent En nais- sant, les petits sont presque noirsy et on letpouve en automne. Ces animaux vivent dans des terriens : ils se trouvent dans l'Amérique septentrionale et dans l'Amérique méridionale*

Le Renaud fàuvs db Vighhb" Ce renard ,;que M. Palisot d * Beauvois a décrit, et dont k a donné la tête¿uetetreMuséumr 3. de ^ressemblance avec notre renard commun ,etplua encare avec le renard tricolore ; il a la- taille de ee dernier, mata il n'enr a pas les couleurs. De plus ÿ la téte de ce renftfd? comparée k celle du nôtre, présente des difiereneeè assez* grandes pose qu'il ne soit pas possible ¿'admettre, que; l'une et Tauire onfc appartenu k des animaux de la même espèce* Voici ldescfipo- tion que M. de Beauvois do a ne de son ren^rd^^ q^e. rien "'auto- rise à confondre avec le renard de VirgiSbie^d-'Esrieben : H " deux pieds deux pouces du bout du museau à- l'origine de la queue;, tout le dessus du corps est roux , mais*cette eottieuc offre des teintes différentes, dans diverses parties?sur le mn* sea^, le roux: est obscur ; sur le front et lesijoiies, il est* plos clair i les lèvres sont bordées de b^anc * l'intérieur de la conque clés oreilles est couvert de ppils d'un bl#Hic jaujoe 9 l'eactériemi est no^i le dessus, les ctés du cou 9.}es épaníitó et.lbff ïambes de devant sont d'un roux vif y le dos est ja^bé de roux et de blanc $ parce que dans cet endroit les plus grands poils sont blancs dans leur milieu,.et roux a lepr base et a leur extré* côtés du cgi?ps *ont d'un rgux un, pop meen* vifqiue les épaules; le despotes du. cnn est d'un blanc. sa¿e s të ventre est gris, sur et près- dq th-çsax* il, est bknc entre Iûs cuisses de perrière ¡;, le devant "tes jajpbe* de devant et les pieds sont d'ust k bottt descJoigU seulestf'iu*ve> les jambes de der^

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riere sont également rousses en^desstm, maisblanclies en-d e clans, et cette couleur blanche se prolonge jusque sur le côté interne de$ pieds ¿.cejyxrci sont noirs en-dessus , bruns en-dessous ; l'ex- trémité des doigts est fauve ; la région des cuisses, qui avoi- sine la queue, est d'un roux pâle ; la queue est mélangée de noir eide roux.; l'extsémité est blanche.

, Le trait ditinctif de la téte de ce renard consiste dans les crêtes auxquelles, s'attachent les? erotaphites : dans le renard commun, ces CEétes,enpartaatde l-angle postérieur de l'orbi te, tendent à se rapprocher et à se confondre j ce qui arrive dès 10 bord antérieur des pariétaux ,loreque ranimai est adulte. Dans l'autre,, au contraire., "¡es crêtes, au lieu de se rapprocher, suivent des lignes parallèles >usqu*au milieu des pariétaux, oi* elles commencent à se courber, pour ne se réunir que vers la crête occipitale, de sorte qu'elle" laissent entre elles, au soin- siet de la téte, un intervalle de plus d'un pouce. Du reste, cette téte a exactement Les proportions de celle du renard commun,

Telle"sont les espèces de renards d'Amérique les mieux con- nues; mais les voyageurs et les naturalistes en indiquent en- core d'autres ; elles sont cependant trop incomplétement dé- crites, pour que nous ne nous bornions pas à les indiquerjsous* même succinctement.

Linnæus a parlé, sçulenom de Thons, d'un chien de Suri- nam , qui auroit la taille d'un grand chat domestique, et dont le corps en-rfes$us seroit gris , et en-dessous blanc ; sa langue seroit ciliée latéralement. C'est le chiendeSurinam, dePennant.

Molina dit qu'outre son clupeu, on trouve, au Chili, trois espèces de renard, que l'on nomme : le premier, Gant; le second, ChiUa¿ et le troisième, J?ayne; et c'est par erreur saos* doute qu'il rapporte le garu au renard commun, le chitt* air renard charbonnier, et le paynç à l'isatis. 11 ajoute que ce cornier est commun dans l'archipel de Chiloe.

Barteam, jlan$>son Voyage dans les parties sud de l'Amérique septentrionale, parle .de plusieurs espèces de renard qu'on ne peut caractériser.

L'ayra, dont Bajon parle comn*ed'unehien, est une espèce decjïafc, vraisemblablement riaguarondi, ou peut-être la va- riété noire du cougouar.

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On ne connoît avec précision qu'une seule espèce de renaît , exclusivement propre aux régions chaudes de l'Asie :

Le CORSAC; Canis corsac, Pallas. Cette espèce de renard esê un peu plus petite que le renard commun. Aux parties supé-* rieures, elle est d'un fauve clair, avec du gris ; la poitrine est d'un fauve pu,r ; les parties inférieures sont blanches ; oñ voit de chaque côté de la tête une raie brune, qui va de l'œil au museau ; la queue a une teinte plus foncée, et qui va, dit-on, jusqu'au noir à son origine et à son extrémité; en général, les poils ont du fauve et du noir.

On trouve, en trés-grand nombre, le eorsae dans les vastes plaines de la Tartarie, ou il vit dans des terriers qu'il se-creuse lui-méme. Sa fourrure, quoique commune, ît, pourries peuples nomades qui habitent les contrées centrales de l'Asre, un objet assez considérable de commence.

Pallas parle encore d'un,renard que les Kirguis appellent \aragan, qui a la couleur du loup, et dont les peatixse portent annuellement, en très-grand nombre, à Orembourg.*

Pennant dit un mot d'un renard du Bengale, qui est brun en-dessus, avecde dos noir, dont les yeux sont entourés d'un cercle blanc, qui a les pieds fauves, et l'extrémité de la quelle noire. \ ' !*

Nous ne connoissons encore en Afrique que le renard d'Egypte, et celui du Cap.

Le Renard d'Egyptê ; Canis niloticas, Geoff. M. Geoffroy a trouvé en Egypte cette espèce de renard, qui a bien des rap- ports avec le renard'commun. Voici la description qu'il donne des couleurs de cet animal : le dessus du corps est couvert de poils fauves, mélangés de cendré et de jaunâtre sur les flancs ; dessus des cuisses cendré, avec quelques poils terminés de blanc; dessous du corps, depuis l'extrémité de la mâchoire infé- rieure jusqu'à l'anus, de couleur cendrée quelques poils blancs sur les côtés du cou; pattes d'un fauve uniforme ; oreilles noires postérieurement; la tjueue est de la couleur uniforme du corps.

On ne connoît encore rien sur le naturel de cet animal.

Le Renard du Cap -, Canis mesomelas, Schreb^r, fig. c)5. La taille de cet animal égale au moins celle' de * no3 plus grands

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renards. Sa couleur générale est un fauve brunâtre semblable à celui de la^ plupart des espèces de cette famille; mais il se caractérise par une grande tachp noire, dos laquelle on voit' du blanc irrégulièrement répandu, large aux épaulés, qui va en se rétrécissant graduellement, et qui finit en pointé vers la queue. Le dessous du corjis est bla*ic-jaunâtre ; les oreille*, qui sont très-grandes; ont une couleurrroussàtre; les pattes* sont d'un roux vif; la tête est d'un cendré' jaunâtre, et le museau roux. La queue est terminée.par des poils noirs. Il est fort commun au4 cap de Bonne-Espérance , et on le ren- contre dans prçsque tous les cabinets d'histoire naturelle ; mais on n'a encore aucun détail sur son naturèl et ses mœurs.

. Il paroît qu'il y à plusieurs autres espèces de renard en Afrique, mais elles ne sont point connues; il est peu de voya- geurs au Sénégal ou en Guinée qui n'en parlent, mais ils le font si vaguement qu'on ne peut rien conclure de ce qu'ils rapportent.

CHIENS FOSSILBS. Les cavernes de Gaylenreuth contiennent;', avec des os d'ours, de tigres, de hyènes, des têtes qui ont appartenu à deux espèces de chiens. Les unes ont de l'ana- logie avec celle du loup; les autres, avec celle du chacal. Ce- pendant, comme l'observe M. G. Cuvier dans ses recherches sur les animaux fossiles, on ne peut pas côïidurei dans le genre Chien, de la ressemblance des têtes à l'identité de l'espèce^ car il y a généralement entre les têtes .-d es espèces de chiens de la même taille, une si grande ressemblance, qu'il n'est plus possible;de les distinguer dès qu'elles sont séparées du corps, et que, pour les reconnôître, on ne* peut plus's'aider de la couleur des poils ou des proportions de quelques autres par- ties.

o M. G. Cuvier a aussi reconnu dans! les plâtres de Mont- martre, une mâchoire d'une espèce de chieii qui, vivant du temps des anoplotherium et des paléothérium, différoit sans doute, comme eux, des espèces connues aujourd'hui.

Enfin, une dent tirée des mêmes plâtres, a encore fait soupçonner l'existence d'une autre espèce de chiens dans ces anciens dépôts d'un monde x>ù l'espèce humaine ne paroît point avoir existé.

CHIEN. Ce nom, comme le nom propre de tous ios quadru-

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p^defr très-connu", a été appliqué à des animaux très-différens du chien ordinaire; mais il a en autre été donné k dea ani- maux qui n'avoient que des rapports très^éloignés avec lui. Ainsi 9 le Chien nas bois est quelquefois un Raton ; le Chien CRAMER est, ou une espèce de chien , ou uhDidelphb. Le Chien MARIN est un phoque. On appelle ÇHIBN MARRON le chien rede- venu sauvage; le Chien du Mexique est I'Alco; la mangouste du Cap est un GHIBN-AAT pour les colons de cette partie de FA frique ; le Chibn DB TERRE est ou un chien basset, ou, diaprés Rzaczynski, le Zbmni ; les roussettes? ont quelquefois été appe- lées Chiens volans, etc. (F. C.)

CHIEN DE MER. (IckthyoL) On désigne vulgairement sous ce nom les poissons du genre des SQUALES, Voyez ce mot. ( H. C.)

CHIEN DE MER CORNU. (Ichthyol.) L'abbé Bonnaterre appelle ainsi le squalus. edentulus de Brimnich. Voyez Aodon* (H. C.)

CHIENDENT (Bot.), nom vulgaire donné à trois espèces de graminées, dont l'une est le froment rampant, triticum repens, Linn.; l'autre la digitaire stolon if ère, digitaria stoloniftra, Sehrad.; et la troisième le barbon digité, andropogon ischœ- mum, Linn. Les racines des deux premières s'emploient fré- quemment en médecine, comme apéritives et diurétiques; on fait avec celles delà troisième des vergel tes et des balais. CHIENDENT AQUATIQUE, nom vulgaire du paturin flottant. CHIENDENT QURDE-DE-RENARIK On donne vulgairement ce nom au vulpîn agreste.

CHIENDENT RUBAN, nom vulgaire d'une variété du roseau coloré, dont les feuilles* sont panachées ou marquées de raies blanchâtres.

1 Chiendent a vergette. C'est la racine du barbon digité. ( L. D*) CHIENDENT FQSSILE. (Mm.) On a donné quelquefois ce nom à une variété d'AsBESTE. Voyez ce mot. ( B. )

CHIETOTTOTL. (Ornith.) Cet oiseau du Mexique, dont Fernandez parle, chap. 8o, paroît être une espèce de grive, de couleur cendrée, et de la taille de ta draine. ( Ch. D. ) CHIETSE-VISCH ( IchthyoL ), un des noms hollandois de i'holacanthe duc. Voyez HOLACANTHE. (H. C. )

CHIFFONNÉ (Bot.), Corrugatus. Lorsqu'on ouvre une fleur avant sqb épanouissement, on trouve ordinairement les pétale s

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disposés avec symétrie; mais quelquefois ils âmt chifTorinés% c?est-à-dire,reptiésen différons sens, sans symétrie, comme une étoffe froissée. Il envide même des cotylédons'dans la graine* On a des exemples de cotylédons chiffonnés dans le liseron, la mauve. On " des exemples des apétales chiffonnés dans le pavot, le grenadier, les cistes. -(MASS.)

CHIGOMIER('£otf.}, ^Combrelam. "Quoique très-voisin de lit famille des myrtacées, ce genre, par 4e nombre défini de se" étamines, appartient plutôt à celle des ongraires : il est rangé dans Yoctndrie mouogynic de Linnaeus, offrant pour caractère essentiel un calice campanulé à quatre ou oinq dents caduque"; quatre ou cinq pétales fortpetita ; autant d?étamines, ordinai- rement très-longues ; l'ovaire inférieur; un style ; une capsule allongée, uniloculaire, monosperme > munie de quatre à cinq angles , membraneuse.

Borné d'abord à quatre ôu cinq espèces, ce genre est aujour- d'hui plus que doublé ; les pl"s remarquables sont :

Le Chigomier A flEuüS puaruRiNËS ; Combrètum côccfneutn , Lan"., Encycl. et Iü., tab. 282, fig* Cotribrttemparpureum, Vahl., Symbol. ; Crütarlatooccinea ,-Sonn.> Voyage aux Ind. 2 , tab. 140, vulgairement l'aigrette de Madagascar ; Perra , Commers., Mss. Arbrisseau fort élégant, distingué par ses fleurs d'un pourpre ronge éclatant, disposéesen belles grappes terminales', panicuîées ,dorit les étamines, au nombre de dix , "ont très - saillantes. Ses tiges sont sarmenteuses j les feuilles opposées, glabres , p étiolées, aiguës ; les fruits pôurvusdfe cinq ailes minces et ineiribraneuses. Originaire de Pílente Madagascar, cet¿rbrissfeáti se cultive à TIle^de-Francetomme plante d'omemënt. 1

Le Chigomîer A 'ilris'cOMrosés : Conibtéttim secïindum, Lifcn.; Jacq. Amer. io5^, tab. 176, fig. 3o.

Les fleurs, dans cette espèce, *ont petites, nombreuses f d'un blanc jaunâtre,' ttnilatërales, placées sur .des épisratoeufc ou paniculés à l'extrémité des rámeáu*:-; ses rameaux sotitui* peu sa rm ente ux ¿sèsféuillts opposées, glabres, o vales, ^etttiéires- Cet arbrisseau croît aux environs de Gàrthagène, dans l'Anïé- ofique méridionáie.

Dans le Combretutn taxum ( Aubl., Guian.i, tab. 1^7 ; etLanu,

¦ ill. gen., tab. 282 ,£g. 1), arbrisseau de la 6uiane et de Saint"

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Domingue, les épis soot simples, lâche** ftxjaires, chargés de fleers d'un blanc jaunâtre, remarcables par la longueur de leurs fílameos >ies feuilles ovales,, aeujninées ; les rameaux cylindriques et griiapans. t " ¡

Chigomier a dix étamines ; Conubrefrtm deoandrum > Roxb., Corom., i, pag. 43, tab. Ô9. Roxburg a dëçouvert cet arbrisseau çur les montagnes boisées des Indes orientales : il est distingué par ses fleurs blanches i dix étamines alternativement plus courtes¿ un peu plus longues que la corolle; ces fleurs.sont disposées en grappes lâches > étalées en panicule, munies de bractées lancéolées y plus longues que les fleurs ^les fruits garnis d'ailes crénelées ; les feuilles oblongues, entières, acuminées, ^glabre^ à leurs deux faces. ^

Çh/gomieh. a TROis iNiUjLkBs ; Com.bretunL.ivifoliaturrk, Venft, Choix des Pl. , tab. 58. Cet arbrisseau different* précédent par "es feuilles réunies, trois par trois* pv£lefi^ pbjpngues; par les bractées plus courtes que lps.fleurs, #sj[p^^ipn épis à peine ramçux; par le, fruit pyramidal, npn crçnel^ $ur, le bord des ailles. Nous en devins la dépouver.te.á.M* Pelahaye., qjii l'a recueilli sur les hav^urs:, M'ítede¿JaiVj|" O ; .

_ Chigomîer faniculé f ÇombrçtUnlipqrtizulptteflir Vent., Choix des3Plp paç. 5 8. ¿Cette e$p¿qe t^'a: que ihU^étanninçs ; ses fleur" ,§o,pt, disposées enun, ample paniç^lp Ja(éri§s#r^e p oilsco wrt$, ainsiqueles bractées et les py^irçsj la.çar^i^e^'unebçlle coil- vleur ro\ige ; les tiges, ¿igfletjçsles .fe.uiiles presque, aUçrpea, ,g}abr^, oblorçgues* obt^e^Eile a été, ainsi, %ç,e la.suivante, J^qq^yerte au Sé/i£g$ par M. RpusçLUoi^ vn;i* ; v

irPmW'tpm MWkïtfk*i Xe.nt., 1. c. 5fis rameaux sont chargés d'aiguillons, et garnisse*feuilles à peine .opposées, petites , o^^, pubesceiit/BSi l^s."flçursdisposées en grappes; les fruits munis d'ailes membraneuses., . f : J^ Comhretum,)plternpfolium de "façqaj, 4.mv;.} J04 r est un ^r¿rAe d'Amérique, peMÇonnvi ; il appartint peut-être à un ¿autre genre. Ses vieux r^meaux deyfenn^t/pineux ; ses feuilles jsont alternas 5 le calice, et ,1a,corollp à ç indivisions ; Jes ¡cap- ^ulcspourvuesdecing^ajks. o r

M. Richard en a mentionné dans les ACLJQÇ, not. Paris, 1., 106, trois autres espaces-originaires de Caïenne ; savoir: rl$ vornbrqtum rptundjfoliuni ) puberum, of?tus\folium : la première,

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^distinguée par ses grandes fleurs, par ses feuilles presque fces* siles, arrondies, mucronées : la seconde, par ses épis paniculés, t p£r ses feuilles ovales, acùminées ; les rameaux, les pédoncules . et les ovaires, chargés d'un duvet roussâtre ; enfin, la troisième se distingue par ses fleurs paniculées et non en épi, par ses feuilles glabres, en ovale Tenversé, obtuses à leur sommet. (POIR.)

GHIGOUMA (Bot.), nom galihi du eombretum, suivant Au- Wet, duquel est dérivé celui dé chigortier, adopté pour ee /genre. (J.)

. CHII. (Ornith.) L'espèce.d'aLouette du Paraguay à laquelle M. d'Aîara donne ce nom, n.° 14# , d'après le cri qu'elle fait *entehdre en descendant du haut des airs, paroît appartenir à la section des farloittes ou pipis, anthus,Bechst. et Cuv. (Cir. D,)

" QH4JAR SCHAMBAR. (Bot.) Voyefc Chàiar xambar. (JV) t CHIrKÜ. (Bot¿ Voyiez Chico y; (J.) V,

GHILBY (Ichthyol.), nom arabe d'un poisson du Nik Voyez ScHILbé. ( H. C.) ; . ; . , > : ' : j

CH1LCA. (Bot.) Ce nom est donné, dans le Pérou, à phfc- .sieurs espèces du genre Molina, de la Flore de ce pays, qui se ¡confondra avec.le bçchariS) si l'on sépare de celui-ci toutes Jes espèces non d*oïgufi$, poiir les reporter au conyza. ( J¿) 'j ^ CHILCAFAUT§IÙ"Z(Qf>nith.) Cet oieaif du Mexique, dont fFewiaa4çzdonne la de$cr*ption, chap. a été rapporté à la sarcelle rousse à longue queue de Buffon, anas dominica^

¦ Liftíio (Cfl* f; - . .i.'¦ ...

CJEÍILCOQUIÍALTOTOTL. (Qmitk,). Fernandez dans stm Hi$*©ire natureUfidj?s Qi$eaux;deilaNo"Melle-Espágne, chap. i83, dit que celui-ci est de la taille du merleç qu?ifc aie bec fd'uit rioir tirant su#;jlfc Jbleu, la tête noirâtre, les pieds .ter- jdàtres, le dessous du.cp¡rp$ et: le*ie$$ws inélangé dË jaune,

, de vert, de blanc et 4f¡ noir j qu'ii vit dan# les contrées les plus 7chaudesr et que soji/çjwntn'a rien de remarquable. Le même auteur parle, au chapitre suivant^d'un autre oiseau semblable ¿àpelui-ci, et qui;n'en diffère que parce qu'il a la tête écarlate fetpieds jaunes^et il,désigne ce dernier oiseau par lefaom t4çJiiltQtotli q\iJildpnrte également à une espèce; différente et i>£^KXGUp plu* pe.tfte* qui est décrite au chap. ¡not Vo^e? iÇHIWfOTOTL. {Gh. P*) : .

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CHILDAKUM. (Bot.) Mentzel dit qu*Avitenne nommoit ainsi la fougère. ( J.)

CHILER. (ErpétoL) Suivant quelques lexicographes, c'est le nom que les Turcs donnent au caméléon. (H. C.)

CHILI (Ichthyol.), nom spécifique de plusieurs poissons de genres diffère D s, mais se trouvant tous au Chüi. Tels sont un spare, un pimélode, un mugiloïde, etc. (H. C.)

CHILI. (Ornith.) Mojiàa, en décrivant cet oiseau, qui se nomme aussi thili, tordus plumbeus, Gmel., tilly de Buffon, rapporte que les habitaos du Chili attribuent le nom donné k ce pays au cri que ces.grhnes, très-communes, ont fait entendre aux premières hordes dÜndiens qui s'y sont établies. (CH. D.)

CHILIBUÈQUE. ( Marnm. ) Sonnini dit qu'au Chili on donne çe nOm au lama, camelus lomea, Linn. (F.C.)

CHLLIODYJNAMIS , PHILBTÆRIUM (Bot.)i nomsJatins anciens, suivant Dodoens, de la plante qui est maintenant connue^ous celui de behen blaraç roucubatus behen, Cet auteur indique en- core Je nom de chiliodynamis, donné par quélques*uns à une .gentiane, gentiana ctuciata. (J.) ;

CHILIOPHYLLON, (Sot.) Ce nom gvee, qui signifie mille feuilles, a été donné kVachiüon des anciens / redevenu celui des modernes, qui est notre miliefeuiUe0tmMêfolium deTouv- nefort. Ruellius, dans son édition de Dioscoride* dit que le .même nom grec a été donné/dans quelques lieux à la renouée, polygonum. (J.)

CHILIOTRICHUM. (Bot.) [Corymbifèrts, Juss.; 'Syngènétic polygamie suptiflue, Linn.] Ce nouveau genre desplantes, que .nous établissons dans la famille des synanthérées, appartient oà notre tribu naturelle des astérées.

La calathide eàt radiée, composée d*un dfoquemultiflore, .équaliflore, régulariflore, androgynifore, et d?une couronne unisériée, liguliflore, féminiflare. Le-péricline est à peuprès égal aux .fleurs du disque, subcylindràcé, formé desquames imbriquées, paucistiriéefr, opprimées,¿iibfoliaeées, ovales. Le clinanthe est petit, convexe, garni de squame$les à peu près "égales aux fleurs, linéaires, submembraneuses, uninervéesy ^frangées et barbues*u sommet. L'ovaire est grêle,cÿlindfaeé, stçié, nuinidequëkjties longs poils, et'parsemé de glandes. Les aigrettes du disque et de la couronne ^ont,parfaitement

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QHI ' ¿is

serçblabjes, longues,, chiffonnées, rougeâtrçs, composé es f r|e 'squamelluies trçs- nombreuses, jplupsériées, très-inégales, flçxueuses^ filiformes, trèsrfoiblemenjbavbellulées? nu^ment caduques. Les fleurs ijudisque ont la corolle non glandul^u^e, divisée en cinq^]?es longs et linéaires, les anthères inclues, le style c^ivîsé en deux branches très-longues, exertes, ! 1

Le CHILIOTRIC AMELLQIDE ( Chiliptrichumamelloïdeum ^ H, Cass. ; Amellus diffuses, ^Vi^ld.) esti^n ar^i^te c^u détroit .^^geï- lan, dopt la tige est ¿res-ramease, les,feuilles ajtermes, pbo- vales-lanpéqleps,( torçienteùsps ^n-c}essous ; les calatHicíes soli- taires et terminales, à disque jaune et à couronnelviolette.

Les caractères du genre Amellus ont été. fort mal décrits , pt de Jà vient sans, doute, terreur des botanistes qui ont réuni a ce genre nçtre chiliotric.( Nousi ayp^is étudié avec soin ï£s amellus lychnitis et aynuiis ; leur péricline est hémisphérique -, formé de squames linéaires-aigues ; le clinanthe ept large , co- nique *, Toyaire, est pbovale, cpmprimér bilatéralement : l'aii- gfette double, l'^xtéri^uire tgè^poprte, çoroniforme , mem- braneuse , ( irrégulière, interrompue, découpée ; rjntérieure fprmee de quelques s^uai^elluies^co^rtes, distancées, cadu- ques, filiformes,épaisses, lpnguemçnt barbellulées, blanches ; les corolles du disque portent de très-grosses glandes, jeups lobes sont très-courts, leurs anthères ^xertes, tleur style in- clus. (H. Cass,.)

CHILLA. (Mifmm.)JVIplina ditçjye c'est le nom d'unreiïard du Chili (^saissurl,l^isti ïijit...du CJhili),-qu'il rapporte au carys, alopex ? p^r sans doute. Il qç Je,décrit point. (F. C.)

ÇHILLI (-JÇOI.) j.npnij.pçxiçain du piment, capsicum " sui- y4nt Hern^ndçz, quj en indiqye. plusieurs espèces ou variétés, ^telles que les.qyqnçJiUli y chillo çptyli, ¦tlalchilli? zenalchillix teso- chilli x melchillii etc. Il iudiqj^ ailleurs ^gmçejnbre sous^le ] nom.de chilli des Indes prístales. (j.) ¡ . ,

CHILQB. (fr¡Q,ijim.)] prueben; dit qpe les B u r a£ es nomment ainsi le polatouchesciurus volçins y J^rçn*,(F. Ç.)

ÇHILPCHLQA, ^oi.J.Mvde pe^uyp^a.çtabli, pourquel- ques espèces de phalaris et dç phleum, ce gÇ^re de graminées (t.Agrqstpag. 57,, tab..7, fig. 2) ,,dQ/it les flç^rs ^

un çpi cylinflrfiiiie,, rameux ? rçfFrent pour çaUçe, ¿eux valves imiflores, inégales, aiguës, souvent pileiisfes.sur leur.dos^et 3. ' ' 87' * lU '

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à leurs bords, plus longues que la corolle : celle-ci est bivalve f un peu cartilagineuse, la valve supérieure échancrée ; le rudi- ment filiforme, pédicellé, d'une fleur avortée; deux écailles glabres, entières, lancéolées à labase de l'ovaire; un style court* bifide ; une semence libre, non sillonnée. M. de Beauvois rap- porte à ce genre le phalaris cuspidata, paniculata ; le phleum arenarium, asperum, Boehmerii. (Pom.)

CHILODIE A FEUILLES LINÉAIRES (Bot.), Chilodia scu- tellarioïdes, Brown, Nov. Boll. ^ pag. 307. Un petit arbuste découvert dans la Nouvelle-Hollande, au port Jackson, par M. Rob. Brown, a donné lieu à la formation de ce genre, de la famille des labiées , appartenant à la didynamie gymnosper- mie de Linnæus, rapproché dés scutellaria et des prostanthera. Son caractère est constitué par un calice à deux lèvres, accom- pagné de deux bractées; le tube strié; la lèvre supérieure en- tière; l'inférieure à demi-bifide; une corolle labiée; le casque entier et court; la lèvre inférieure à trois découpures; celle du milieu plus grande, à deux lobes ; quatre étamines didy- names ; les anthères échancrées à leur base: quatre semences (ou coques) au fond du calice. Ses tiges sont ligneuses ; les feuilles opposées, linéaires, entières, recourbées à leurs bordó- les fleurs solitaires, axillaires, pédonculées. (Poir.)

CHILOGLOTTIS A DEUX FEUILLES (Bot.), ChilogloUis diphylla, Brown, Nov. Boll., j , pag. 312. Ce genre, borné à une seule espèce originaire de la Nouvelle-Hollande, appartient à la famille des orchidées, à la gynaüdrie diandrie de Linnæus. Il a de grands rapports avec les cyrtostylis et les pcerostylis de Rob. Brown. Il se distingue par une corolle ( périanthe simple, M.) presque à deux lèvres, à six pétales ; les extérieurs et la- téraux canaliculés, cylindriques à leur sommet, insérés sous le pétale inférieur; celui-ci onguiculé, glanduleux à son disque, muni à sa base d'un appendice en lanière ; la colonne bifide à son sommet ; une anthère à deux lobés rapprochés; deux masses de poussière dans chaqué loge.

Ses racines sont pourvues d'une bulbe solitaire; elles émettent deux feuilles ovales, à plusieurs nervures, rétrécies à leur base, renfermées dans une gaîne scarieuse ; une hampe pour- vue , dans son milieu, d'une bractée, et terminée par une seule ' fleur roussâtre. (Pom.)

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CHILOGNATHES. ¦( Entom. ) Ce nom, qui signifie lèvres-mà- choires, avoit été employé par M. Latreille pour désigner une famille d'insectes aptères, correspondante à une division de* millepieds ou myriapodes, qui comprend les glomérides, les iules, les polyxènes. Voyez MYRIAPODES. (C. D.)

CHILOPODES. (Entom.) C'est le nom d'un groupe d'insectes aptères, formé par M- Latreille, dans la famiUe des myriapodes, poür y ranger les scolopendres, les scutigères et autres genres voisins, dont les première et seconde paires de pattes se trou- vent changées en lèvres, comme le mot grec tend à l'exprimer. Voyez Myriapodes. ( C. D, )

CHILTOTOTL. (Ornith,) Ce nom est appliqué par Fernandes aux oiseaux qu'il a décrits sous les chapitres 38 , 184 et 210. On a déjà fait mention., au mot Chilco2üij"atotl, de celui qui fait l'objet du chapitre 184.

L'oiseau du chapitre 38 est annoncé comme étant de la taille et de la couleur du moineau, mais ayant le bec moins fort 9 plus alongé, recourbé et noir; la tête et le ventre de couleur de feu, la queue noire, et chantant d'une manière assez agréable. Le chiltototl du chap. 1 o est un oiseau qui n'excède pas la taille du chardonaeret, et dont tout le plumage est écarlate, à Fexception des ailes qui sont en partie noires, et de taches blanches près des yeux* Cette espèce, dont le bec "st noir et petit, fait plutôt entendre^ une sorte de bruisse- ment qu'un chant véritable ; elle vit d'insecles qu'elle cherche 6ur les arbres, comme les grimpereaux.

Les deux oiseaux, malgré des rapports dans leurs couleurs r semblent d'ailleurs assez différens l'un de l'autre pour ne pas ¿devoir les associer. C'est le dernier qui est cité dans la Syno- nymie du tangara scarlate, pL enl. de Buffon , n.°* 1^7 et 1S6, (CH. D.)

CHIMACHIMA. ( Ornith. ) Cet oiseau, dont M. d'Azara donne la description dans son Ornithologie du Paraguay, n.° 6, est par lui placé à la suite du Caracara. C'est le polyborus chimochimç de M. Vieillot. Voyez Caracara. (Ch. D.)

CHIMÆRA. (Malacoz.) Poli,Test, des Deux-Siciles, donne ce nom de genre à l'animal des jambonneaux, pinna* et le ca- ractérise ainsi : siphon unique, alongé, mince, sinueux, épais 0% musculeux à sa base -, les branchies, un peu réunies à leur

37.

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partie supérieure; le mfànteau £oüïvù d'ün mtiscle ïàtftifïé, et un peu réuni vers l'extrémité dfcs 'bfrâiichiés; Fabdoirien tres- saillant ; le pied mil tfn1 àjjpéVidfce en fdrme de langue à la base d'un bysstis toujours fcitnpïe.'Voyez JXtofcotfNEAu. (DE B.)

CHIMÆRE (Ichthyol!) ,'notfa. allemand de la Chimère arc- tique. Voyez CHIMERE,1 (H. C. )

CHIMANGO (Ornith.), oiseâu rapporté par M. d'Azara, n.° 5, au càracara, polfóoras chtmango, Vieill. Voy. Caracara. {Ch. D. )

CHIMAPHILA. (Bot.) Puréh, dans sa Flôre d'Amérique, a présenté, sous ce nom générique, quelqúes Espèces de pyroles, telles que les pyrola macúlala, umbellata, etc., qui diffèrent des autres par leur stigmate sessile, orbiculaire, et par leurs anthères en bec, percées et s'ouvrant en deux valves.

Les pyroles forment un genre très-naturel; leur principâl caractère consiste danVune capsule a cinqloges, à cinq valves. Quelques légères différences dans les autres parties de la fruc- tification ne peüvent autoriser à rompre les rapports qui existent entre des espèces Rapprochées d'âillëuirs par ' tant d'autres caractères. (POIR.)

CHIMARRHIS A FLEUftS EN CÎME (£ó¿.) ; Chimarrhis cymosa, Jacq., Amer., 61. Grand et bel arbre de la Marti- nique , qui seul constitue nn genre particulier de la famille des rubiacées, de la pentandrie monogynie de Linnæus. Il se distingue par un calice inférieur à bords entiers; une corolle en forme d'entonnoir; le tube court; le limbe à cinq divi- sions étalées, velues en dehors jüsqu'à leur rtftlieu ; cinq éta- mines attachées au sommet du tube; les filameiis hérissés à leur base; un style; lin stigmate bifide; tfne câpstiîe bivalve, a deux loges, à deux semences ; les valves bifid fes au sommet.

Cet arbre, vulgairement appelé bois de rivière, supporte tiàe cime élégante et touffue. Ses rameaux sôht glabres, nombreux ; les feuilles pétiolées, opposées, glabres, ovales, aigu è*s : lesfletfrs petites, blanchâtres, disposée^ en grappes axiilaires, toufirties, terminales. Les stipules n*ont point été obsérvéfes. (POIR.)

CHIMÈRE ( IckthyoU ) / Chimara. Genre de poiséôti* de la famille des chismopnés dé M.Duifréril, de ceille 'dfeà Sélaciens de M. Cuvier. Ses caTactères sont les surpass :

Catopes derrière les nageoires pectorals*; utters eu le ôU^ertUre de

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chaque côté poyj; les branchies; première dorsale au-dessus des pectorales , et armçe d'un fqrt aigutflpn; deuxième dorsale, corn qiençant immédiatement derrière la, première, et s'étendant jusque sur le bout de la queue, qui se prolonge en un long filament.

En examinan^ aveç soin la disposition dgs bçauchies, on reconnoît qu'elles sont attachées par la plus grande partie de leur bord, et c^u'ij y a réellemçrçt cinq ouvertures au fond du trou commun qui aboutit au dehors.

Les os palatins et tyiflpaniques sont de simples vestíges sus- pendus aux côtés du>museau , et la mâchoire supérieure n'est représentée que par le vomer.

Les mâchoires p^roiásent garnies de plaques dures au lieu de dents.

Le museau e$t saillant et pçrcé d'uu grand, nombre de pores disposés sur des lignes régulières,

Les mâles ont 9 conupe ceux des squales, des appendices, durs aux catppçs, mais qui sont divçsés en trois branches : ils ont de plus deux lajnes épineuses, situées en avfcnt de la base des mêmes uageoirçs : ils portent entre les yeux une colpnne charnue terminée par un groupe de petits aiguillons*

L'intestin est court et droit; il a, à l'intérieur,, une valr vule ,. cotnme celui des squales.

Les œufs sont très-grands, çpriaçés, à bprds aplatis, et ve}us.

Le nom de çhimère a été donné à ces animaux, à. cause de leur figure bizarre, qui augmente encore quand on les a desséchés avec peu 4e spin.

La CHIMERE ARCTIQUE; Chimœra tyonçtrosa, Lirjn. (Roi des harengs du Nord, Daybenton. ) Corps comprimé, argenté > tacheté de brun, très-alongé; écailles presque imperceptibles; tête grande, pyramidale , recouverte d'une peau qui forme un pli à chaque rang de pores mucip?res; yeux très-grands ; lignes latérales blanches, très-marquées, bordées de brun, réunies sous le milieu de la queue , et se divisant vers la tête en plusieurs branches plus ou moins sinueuses ; deux se joignent sur la nuque ; deux autres entourent les yeux et se rencontrent à l'extrémité du museau ; deux gagnent les com- missures de la bouche, et les deux dernières serpentent sur la partie inférieure du museau.

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Le" nageoires pectorales sont très-grandes et falcíforiftétf/

L'épine de la première dorsale est dentelée par derrière.

Il y a deux nageoires anales ; la première est très-courte et falciforme.

Les catopes environnent l'anùs, et tienñént à tin appendice charnu.

Il est probable que lès chimères ont un véritable accou- plement, comme les squales. M. de Lacépède soupçonne même? la femelle de présenter une doüble vulve, pôur répondre à l'organe double dii mâle.

Le cœur est plat et très-petit ; le foie èst grôs, trilobé ; là bile est d'ün vert foncé ; l'esfoniac est long et cylindrique.

L'iris des yeux est blaqc ; ces organes brillent pendant là nuit comme les yeux des chats ; ce qui fait que dans quelque" pays on appelle les chimères chats de met.

La chimère vit au milieu de l'Océan septentrional. Elle semble s'être partagé les zones glaciales avec le callorhinqué1 qui n'habite que les mers du pôle antarctique. Ces deux espèces, au reste, ne s'approchent que rarerfient des régions tempérées j elles né se plaisent qu'au milieu des montagnes de glaces et des tempêtes qui les bouleversent.

La chimère arctique se tient habituellement dans les pro- fondeurs de l'Océan. Elle se nourrit de crabes, de mollusques^ de coquillages. Elle se jette également sur les légions de ha- rengs qui couvrent les mers dta Nord à certaines époques de l'année^

Les Norwégiens Se nourrissent de ses œutë et de son foi£* Sa chair est trop dure pour être mangée.

Les Norvégiens font encore, avec le filet qui termine sa queue, des cure-pipes. Ils retirent du foie une huile qu'il" emploient dans les maladies des yeux et dans les blessures.

On n'a point vu de chimères ayant plus de trois pieds dé longueur. ( H. C. )

CHIMÈRE ANTARCTIQUE- (Ichthyol.) Voyez CallO- ttHINQUE. ( H. C. )

CHIMICHICUNA (Bot.), nom péruvien dü nycteri'sitiurfi f genre nouveau de la Flore du Pérou, qui a beaucoup d'affi* nité avec le wyrsinf, et n'en est probablement qu'une espèce* (>o)

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CHIMIDIDA (Bot.), nom du courbaril, hymencea, dans lb Guiane" ( J. )

CHIMIE. ( Chim. ) Science naturelle qui traite de l'attrac- tion que les molécules des corps exercent au contact appa- rent, et des phénomènes qui en sont la suite, soit que ces phénomènes, comme la chaleur, le froid ou la lumière, n'ap- paroissent que pendant Faction, soit qu'ils persistent après Faction, comme sont toutes les propriétés que Fon observe dans les cbrps qui ont obéi à leur attraction réciproque.

La chimie distingue les corps en simples et en composés " elle caractérise les premiers par un certain nombre de pro- priétés , après les avoir isolés de toute substance hétérogène ; elle caractérise les seconds par la nature et la proportion des élémens qui les constituent, et par les propriétés principales dont ils jouissent.

Toutes les actions moléculaires des corps peuvent être com- prises dans trois divisions principales : i.° Faction qui produit, la cohésion des particules d'un solide, l'adhérence des parti- cules d'un liquide, l'adhésion de deux solides, l'adhésion d'un solide et d'un liquide, l'adhésion d'un solide et d'un gaz : elle est la plus simple de toutes : c'est d'elle que dépend la cause première de l'élévation ou de l'abaissement des liquides autour des solides qui y sont plongés; les corps qui ont obéi à cette action peuvent être séparés par des forces de traction ; 2.° Faction qui produit l'union de deux ou plusieurs corps en proportion indéfinie ; 3.° enfin, celle qui donne naissance à des unions qui ne peuvent se faire qu'en des proportions définies : c'est la plus énergique de toutes. Le caractère prin- cipal des unions produites en vertu des deux dernières actions, c'est l'impossibilité où l'on est de séparer les corps unis autrement que par des forces chimiques, telles que Félectricité, la chaleur, la lumière , l'affinité élective.

Toutes les opérations que le chimiste entreprend pour arri- ver à son but, se réduisent à des synthèses ou à des analyse^, c'est-à-dire, à unir des corps, ou à réduire des composés à leurs composans. ( CH. )

o CHIMONICHA. (Bot.) Voyez Copous. (J.)

CHIMPENZÉE ou CHAMPANZEE. ( Mamm. ) Voyez ce dernier mot. ( F. C. )

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(ÛrmtK.) nfttti jgfô: cíe Voie saú vàge', arácr des tali ns r que les.Grecs modernes nomment china. (CH. DI)

ÓriftÑÁl (Bot.) ¿e'noiti esi! donné a des plantes* très-difle- rentes'. Ëe cHina écorîce1, clii/ia cortex, est le quinquina ordi- uÍiií*e / cincKona; le( cfiiriâ1 racine, chinà radix, est¿I a squine , smildi ctiind; le chinalcdcÜa est1 leliomjterWieri d*une espèce* rfe byttlieVë, bÿttrUria'ovata. (f.)

Ôiftî^AÔS (Éljt.)9 noili* abâtiç cî'ii h* être, selon rfentzel et DalétfHa'mpi, qui lè( ii om ni te egalemënf; cíii achat. (J.)

' Ôlf tNX-PÁYÁ (Èot.) , nomdonné dans le Chili slu vermífuga dï? lU Plôrë du Îéroïi*, qui ési fa medié plaWíe que le ftaveria, dntérieureinent dans* la famille des cbrymbîferés. Ce (í¿rTiler* ilom provenoiVde son1 emploi , daiis lé Chili, pour les í¿iritür¿s jiines. Étle a été désignée depuis sous celui de vermí- fuga, parce que, pilée et mêlée avec du sel, elle est appliquée, clans le" mónte paly s, sur lés ulcères putrides des animaux, pour ttiei* l,ésVers> qui s y engendrent. (¿.)

ÔïfttfCXlW (Èot.y. nom qué porte, dans* son pays natal , lï èhâtàigriiètf dé Virginié, qui donne des fruits beaucoup plus pétïis tfué ceux dé l'esji'édç ôrdînâire. On no'mmé encore chin- quapin, cherie chÎncapin,Ÿèspece de c h è rie 4^ Ame ri qûé qui est lé qàèrcu's ÿririos pamiía d*e Michaux. (J.)

CfinSÍCñÉ (A'famihi), ¿ôrti' tonné pair Bufifori a une espèce dû' ¿èri're Kfôufëtïe, ét rapporté par Fêiiillé, coriimé apparte-. iaiit' a un qWdrüpède du Brésil, qui* répanVl une très-mau- vae odeur ; qui a cinq dôigfs á tous íes pTèds, dèiix bandes ilàhches'dfe chaqiie tStè dû dos, et qui1 vit dans lès terriers. Voÿëz Moufette. (F. t.)

ÈHÍNCHÈLÈ0ÙÎÀ (Èot.J, nom péruvien dfu salvià oppositi- fdlid dé la Flôi^e dti PéifoiiV (j.)

CHIÑCÍH'(Mamm.), nom du chinché ,viverra mephitis ,Linn., dans quelques áuíéurs allemands. ( F. C. ) ,

CHfNCÎlI.^ÆoJ.) Suivant Dombéy, on nomme ainsi au Pérou utfè espèce d'œillet d'íñde, óu tagèiè, tagetes minuta, qui a , ¿ómriíé sès congénères, une odeur forte, et dont on se sert pour assaisonner les ragoûts. Dass les Icohes de Cavanilles , t. .169, on trouve, sous le nom de chirichimali, une autre éstyèfcè,' qui est le làgetes Lenuifolia dè cet auteur, et qui a beaucoup de rapport avec la précédente. (J.)

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CHfNCftlLLA'o'u Chítc chille (Mámtri.), rióikttjue l'on donne comniunémeht aujourd'hui, dans le1 commence, à la foürrurc d^un*animal incôhriu, qui est nommé chiiicille au Péroti, sui- vatat^tdut'éVraikenlblancë. Voÿëz CHiNfciLLE.(F.C.) CH1NCHINCULMA. (Bût.) Voyez Ciíiucamía. (J*.) (ÍMIWCILtE. (Mamm.) Acosta, dans son Histoire riaturelie des' Iridies occidfeñtale^, dit que " Les* éhincilles sont petits âHithautf,* cëhiihe escürieux, qui ont'utt poil merveilleuse- ittfciifrdOütfetKssé, et qtri se trouvent en la sierre du Pérou. " Voyez Chinchilla; (F. C.)

(5HINCÍO ( Marrvm.), nom du chinché, viverra mephitis, Linn., dans? quelques auteurs italiens. (F. C.)

CPTINCOU. (Ornith.) L'oiseau qué M. tevaillarit a décrit sous ce noín, tóm. T, pag. 34 de son Ornithologie cPAfrique, et (Jû'il y a figuré, pl. 12 , paroît être le vautour noir, dans sa première année'. (Ch. D.)

CÍIINE-CHINE, ou Siñ-sin. (Marrim.) On donné ce nom, à la1 Chiiie ét en Tartarîè, à un singe sans queue, que quelques ntttui*aïi!sted ont régaTd^,mais'à tort sans doute , coïhmeÎorang- outangv (F. G.)

CHÎNÉE [la Phalène]. (Eftéonï.) C'est ïe nom que Geoffroy a dônné à une espèce de bombyce à ailes supérieures en toit, de couleur noiré rayée dé jaune; les iriférîeurés rouges, ataches lioirei. C'est le bomfyx hera de Linnæus. (C. D.)

CHfNEESCHE-BILANG. (Ichthyol.) Dans ¿á Collection des Poissons cfAmboine, Ruysch dit fue lés Holíaiídóis donnent ce nom à une sorte de càlhgre couronné des ïridés Orientales, doYit la tête est couverte d'un certain nombre de piquans. Sa chai* est grassé, mais pléine d'arêtés : lés Ëuropéens en man- gent rarement? mais les Chinois en font grand cas, et Tassai - sonnent avec de l'ail et du poivre. (H. C.)

CHINESISCHER AAL (Ichthyol.), riom allemand du paille- eÆ-tml, trichiurus leptúrus. Voyez CEINTURE. (H. C.)

CHINGOLO. (Ornith.) A Buenos-Ayres et à Monte-Video, on donne ce nom et celui de chingolito, à un oiseau que M. d'A- zara place sous le n.° 135, parmi ses chipius, famille compo- sée , èn grande partie, d'espèces qui se rapportent aux frin- gïlîcS. Cet auteur regarde le chingolo co/nme étant le moineau du Brésil, de Bufïbn, âvis que ne partage pas son traducteur

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Sonnini. Les Guaranis l'appellent chêsihasi, parce qu'llehuttf toute Tannée d'un son de voix très-clair et assez semblable à celui de l'alouette" Sa longueur totale est de cinq pouces deux: tiers. Il a plusieurs traits noirâtres su rie devant et les côtés de la tête ; la nuque rougeâtre, avec une tache noire au-dessous 5 les plumes dorsales noirâtres au centre, et roussâtres sur les bords; les pennes des ailes et de la queue de couleur brune, et les parties inférieures blanchâtres. Le mâle et la femelle ont, en hiver seulement, une huppe sur la tête; les jeunes offrent des différence^ dans leur couleur avant la première mue* Le nid de ces oiseaux, qu'on trouve tantôt sur des branches d'arbres peu élevées, tantôtà terre, ou dans des trous de mu- railles , renferme environ quatre œufs blanchâtres, avec de nombreux points rougeâtres sur le gros bout. (Ch. D.)

CHINKA. (Ornith.) Ce nom paroît être donné en Chine à la poule sultane, fúlica porphyrio, Linn. (Ch. D.)

CHINKAPALONES. (Bot.) On lit dans Garcias que les Por- tugais du Malabar nommoient la petite espèce de banane cen~ jories, et la grande chinkapalones. Clusius, qui en parle aussi dans ses Exotica, nomme les premiers cenories, et les secondes chincapalones. C'est probablement de ce dernier nom que dé- rive celui de cincampalon, donné par Scaliger au même fruit. Rumph, qui émet cette opinion, croit encore que le cadclafon de Scaliger et le cadalini des Portugais sont la même banane. (J.)

CHINOIS. (ïchthyl.) On donne ce nom spécifique ¿plu- sieurs poissons, en particulier à un baliste de la division des Monacanthbs. Voyez ce mot. (H. C*)

CHINOISE. (Ichthyol.) M. de Lacépède a désigné sous ce nom une raie qu'il a décrite d'après un dessin chinois, et qui paroît se rapprocher des TORPILLES ou du RHINA. Voyez ces mots. ( H. C.)

CHINONES. (Bot.) Suivant M. Gouan, on nomme ainsi, aux environs de Montpellier, l'oranger ou quelqu'une de ses va- riétés. (J.)

CHINORODON. (Bot.) Voyez Cynorrhodos. (J.)

CHINQUIES. (Bot.) VoyezCHITSE. (J.)

CH1NQUIS. (Ornith.) Ce nom, formé par Buffon du mot plus composé chin-tchien-khi j désigne l'oiseau que quelques na- turalistes ont appelé faisan-paon, paon.de la Chine et petit

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piton de Malacca, payo thibelanus , Briss. et Linn., et dont M. Temminck a formé le genre Éperonnier, Polyplcclron* Voyez ÉPERONNIER. (Ch.D.)

CHINTACH (Bot.), nom hébreu du blé, triticum, suivant Mentzek ( J.) ;

CHINTA-NAGOU (ErpétoL), nom indien, suivant Russel, d'une variété de la vipère naja des auteurs. Voyez NAJA. ( H. C.) rCHIN-TCHIEN-KHI. (Ornith.) Voyez Chinquis. (Ch.D.)

CHIOC-BOYA (Bot.), un des noms donnés dans les environs de Smyrne à une espèce de garance que l'on emploie en tein- ture pour donner un beau rouge. "L'auteur du Dictionnaire économique, qui donne cette indication, ajoute qu'elle est encore nommée dans ce canton azula, ekme, que les {¿recs modernes l'appellent lizari et ézari, et que c'est le fouoy des Arabes. (J.)

CHIOCOCCA. (Bot.) Voyez Ciocoqüe. (Poir.)

CHIONANTHE (Bot.), Chionanthus , vulgairement arbre de neige. Genre de la famille des jasminées, de la diandrie mono- gynit de Linnæus, composé d'arbrisseaux assez élégans, la plu* part originaires de l'Amérique, dont le caractère consiste dans un calice à quatre divisions profondes; une corolle dont le tube est très-court, le limbe à quatre divisions étroites et lon- gues; deux anthères sessiles ; un style très-court ; le stigmate obtus et trifide. Le fruit consiste en un drupe contenant une noix striée et monosperme.

On a retranché de ce genre plusieurs espèces qi|i, d'abord, y avoient été réunies, dont en effet elles offrent le port, mais qui s'en distinguent par une baie sèche, à deux loges mono* spermes; parleur corolle à quatre pétales. (Voyez LINOCIERA.) Les espèces suivantes ont été les seules conservées :

CHIONANTHE DE VIRGINIES Chionanthus virginica, Linn.; Co* tesb., Carol., 1, tab. 68; La m., JIL, tab. 9, fig. 1. Arbris- seau fort élégant, qui s'élève à la hauteur de huit à dix pieds, chargé d'un grand nombre de rameaux. Les feuilles sont oppo- sées, pétiolées, ovales, aiguës à leurs deux extrémités, pubes- centes en-dessous, glabres en-dessus, longues de six à sept pouces. Les fleurs sont très-nombreuses, d'une blancheur de neige, disposées en grappes pendantes, paniculées ; les drupes de couleur purpurine. Originaire de l'Amérique septen-

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trionale, cet arbrisseau occupe une place distinguée dandles bosquets; il fleurit vers la fin du printemps. On prétend que l'écorce desa racine, broyée et appliquée sur les plaies* récentes, les guérit en peu de temps;

CHIONANTHE DES ANTILLES, Chionanthus caribœa, Jacq., Coll. a, pag. no, tab. 6, fig. i ; Chionanthus compacta, VahL, Enum.; Ceranthus, Schreb;, Gen.Sesfeuille9sont elliptiques, lancéolées, nerveuses, acuroinées, longues de trois ou quatre pouces; fes grappes ramifiées; les pédoncules communs souvent géminés, les partiels opposés, les supérieurs ternés, à trois fleurs sessiles; les bractées petites, subulées; lespédicellesblanchâtres, velus, ainsi que les calices ; les pétales très-étroits, presque súbalas*

CHIONANTHE A COROLLE EPAISSE; Chionanthus incrassata,SwarU Arbre d'une belle élévation, qui croît dans les forêts de la Ja- maïque : ses feuilles sont pétiolées, alongées, glabres, entières; la panicule droite, étalée; les pédoncules fastigiés, simples oii rameux; les supérieurs à trois fleurs pédicellées; la corolle blanche; ses divisions épaisses, cylindriques; les anthères ses- siies, bifides à leur base.

CHIONANTHE ANGULEUX ; Chionanthus Ghæri, Gærtn. Espèce de Ceilan ,'dont on ne connoît encore que le fruit. Il consiste en un drupe ovale, aigu à ses deux extrémités; cannelé, an* guleux; d'un jaune ocreux; revêtu d'une écorce fongueuse ; à six ou dix angles ; contenant un noyau osseux, à une seule logé.

CHIONANTHE AXILLAIRE; Chionanthus axillaris, Rob. Brown, IVo*\ Holl., 5a3. Cette plante a été découverte par M. Robert Brown sur les côtes de la Nouvelle-Hollande. Ses feuilles sont "longées, elliptiques, aiguës à leur sommet; les fleurs dispo- sées en épis très^courté, placés dans l'aisseile des feuilles.

Les autres espèces de chionanthus seront mentionnées à l'ar- ticle LINOCIERA. (POIR.)

CHIONE. (ConcTi.) Mégerle (Nouveau Système de Conchylio- logie) établit sous ce nom un petit genre de coquilles démem- bré de celui des Vénus de Linnæus, et qu'il caractérise ainsi: coquille presque équivalve, un peu cordiforme, dentelée sur ses bords; la vulve et l'anus manifestes ; les lèvres inclinées en avant; la charnière presque médiane, a quatre dents, sans aucune autre latérale.

L'animal est un calliste de Poli.

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; CHI s"9

Ce genre contrent, suivant M. Mégerle, vingt et une espèces, qu'il divise en deux "sections.

Section î. Espèces^dont^la.coquille est épineuse ou aiguil- lonnée en avant. Exemple : Chiona dysera; Venus dysera, Linn., Gm., Cliemn., Canch,, 6, tab. 98 , fig. 287-590. C'est une co- quille presque cordiforme, Un peu bombée, et traversée par des feuillets distans, peu nombreux, en ceinture, dont le bord ,est réfléchi et crénelé; 9a couleur est vàriable : elle vient d'Amérique. ^

Dans la seconde section jui comprend lesespèces qui ne sont point épineuses, nous citerons la Chione gallina; Venus gallina, Linn., Gm., Chemn., Conâhyl., 6, tab. 3o, fig. 3o8-3io: c'est encore une coquille presque cordiforme ¿un peu comprimée, inégalement bombée, et faiblement catoneléè; elle est blanche, les côtés ponctués d7un rouge faunàtre. la vulve* et l'anus sont cordiformes.

Elle se trouve dans lea mers'd'Europe et d'Amérique. (DEB.)

CHIONILE. (Min.) M. Piaàerton, dans sa Classification*mi- néralogique, a donné ce nota àcla variété de calcaire con eré- tioimé .qu'on nomme vulgairement Jlos ferri. Voyez CHAUX

CARBONATÉE CONCRÉTISÉE. ( B.)

CHIONIS. (Omiéh.) Voyez COLEORAMPHB. (Ch.D.)

CHIOZZO. ( Iôhthyol.) Les Italiens appellent ainsi le Goujok. Voyez "e mot. (IL C.)

CHIPA (BoU), nom galii>i d'un iciquier de la Guiane, icica = decandra, décrit par Aublet. (J.)

CHIPEAU. (Omülv.) Le canard auquel on tlonne ce nom et celui de ridenne ou ridelle, est Vanas streperajLinn. Voyez '.Canarb. (Ch. D.) "

jCHIPITIBA ( Bot"), * nom' caraïbe d'une espèce de savonnier, que* Surian a trouvée^ dan* les Antilles, et que M. Richard nortune sœpindus *vénosu$. ( J.)

CHïPIU. (Ornith.) Les Guaranis embrassent, sous cette dé- r nomination, les -petits oiseaux granivores,'dont les attributs , sont, suivant M- d'Azara , d'avoir le corps un peu alongé, les

- dije-huit pennes-de l'^aile tendues et fermes, les douze de la queue étroites, fortes,! terminées en pointe; le bec droit, fori y pyramidal, tirés-acéré et à mandibules égales ; la langue triangulaire j les plumes de là tête et du dos assez eourtes. Ces

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oiseaux, dont le vol est rapide, quoique incertain, et quelque- fois assez élevé , se nourrissent de petites graines et d'insectes que presque tous cherchent à terre. Comme il est souvent diflicile de rapporter avec certitude à d'autres oiseaux déjà connus, ceux que M. d'Azara décrit sous des noms difierens, ou de classer convenablement, et sans se permettre des réu- nions arbitraires, les oiseaux encore inédits, Ton croit, pour moins s'exposer à des lacunes, et au risque de revenir sur les mêmes oiseaux, devoir donner ici une notice de ceux que l'auteur espagnol comprend parmi ses chipius.

Le Chipiü A TETE RAYES , n.° i3o, que Sonnini croit être une espèce différente de la soulcie, fringilla petronia, Linn., et du soulciet, fringilla canadensis, auxquels M. d'Azara le rap- porte, a le vol élevé ; et son cri, assez foible, peut s'exprimer par chuchuchu ou chevêche. Sa longueur totale est de six pouces et demi. La tête offre, sur un fond noirâtre, des raies jaunes; le devant du cou et une partie de la poitrine sont d'un blanc doré ; la gorge, plus blanche, est parsemée de taches noirâtres; les plumes du dessus du corps sont noirâtres, bordées de blanc doré; la queue, brune en-dessus, argentée en-dessous, est ter- minée de brun ; les pieds sont noirâtres.

Le Chipiü A TETE JAUNE* n.° i 5i, est delà même taille que le précédent : l'occiput et le derrière du cou sont d'un jaune-serin, tandis que le devant, le sommet de la tête et le haut dudos sont noirs; les autres plumes dorsales et les plumes uropygiales sont blanches, avec une bordure d'uiî brun jaunâtre. Cet oiseau paroit être l'agripenne ou ortolan de riz, emberiza oryzivora, Linn.

Le Chipiü proprement dit,n.° i32, ou l'espèce dont le cri a fait donner le nom à la famille, se perche en troupes serrées sur les arbres ou les buissons, chante agréablement, et a le vol rapide. M. d'Azara regarde cet oiseau comme identique avec le verdier, loxia chloris ;mais Sonnini élève à cet égard des doutes que fortifie la description qu'il donne de cetoiseau, et qui est peu d'accord avec le fond du plumage du verdier, chez lequel dominent le vert et l'olivâtre, couleurs qui sem- blent étrangères à l'oiseau du Paraguay.

Le Chug , n.° i 33 ; le Gafarron , n.° i 34 J le Chingolo , n.° i 55 ; I'Araguira, n.° 136; le Capita, n.° 137 ; le Sautbür, n.° x38;

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le BALANCEUR , n.° 139 ; 1'OREILLE BLANCHE , n.° 140 ; le MANIMBE , n.° 141. Voyez ce" mots dans leur ordre alphabétique.

Les trois autres espèces que M. d'Azara décrit à la suite de ses chipius des n.° i3o à 141, ne semblent pas devoir appartenir à la même famille, puisque, de son aveu, ils ont le bec plus pointu, plus long et plus rapproché de celui des becs en poinçon ; que leurs mandibules sont de longueur égale-, très-peu com- primées sur les côtés, et qu'ils peuvent briser de petites graines. Leur principale nourriture consiste en insectes, que plusieurs même ne cherchent pas sur la terre, mais sur les arbres.

Le premier de ces trois oiseaux est le chipiü noir et rou- geâtre, n.° 142, dont le plumage est noir sur le corps, rou- geâtre en-dessous, à l'exception d'un* trait blanc qui part des narines , d'une portion du ventre, de la poitrine et de l'ex- trémité de la queue, également blanches, et des couvertures inférieures des ailes, qui sont jaspées de blanc et de noirâtre. L'auteur trouve des rapports entre cet oiseau et la fauvette tachetée de la Louisiane, ou le demi-fin noir et rouge de BofFon.

Le CHIPIÜ BRUN ET ROUX, n.° 143 , que M. d'Azara n'a trouvé qu'au Paraguay, et dont le chant lui a paru plus mélodieux que celui du chardonneret et du serin de Canarie. L'œil de çet oiseau est surmonté d'un trait blanc en forme de sourcil, la tête d'un bleu azuré j le dos et le croupion sont d'un brun roussâtre ; les pennes des ailes et de la queue blanchâtres, avec une bordure d'un brun clair; les parties inférieures roussâtres ; le bec est noir.

Le Chipiü NOIR bt BLANC , n.° 144, qui monte plus haut sur les arbres, où il cherche les insectes; qui ne vole que pour passer d'un arbre à un autre, en jetant un petit cri; dont le bec est courbé, la queue étagée, et qui, par ces diverses cir- constances , se rapproche des grimpereaux ; mais qui, comme la guirahuzo, suspendà une fourche son nid, dans lequel il pond des œufs blancs, pointillés de noir au gros bout : il a quatre pouees neuf lignes de longueur; son bec et sa tête sont noirs; les parties supérieures sont d'une couleur plombée, mélangée de bleu ; les grandes couvertures des ailés, leurs pennes et celles de la queue, noirâtres, avec des portions blanches, et le dessous du corps blanchâtre. ( Ch. D. )

CHIQUATLI. (Ornith.) Suivant Fernandez, chap. 29, ce

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nom et ceUii.de Çhiquatotlso^tdqjii^is k un oiseau du Mexique, qui ressemble k notre, bécasse, et, que l'#o appelle aussi .r^ofitm. XCr.V.)

CH1QUATOTOTL. ( Ornith. ) Ferpppclez, çb"P* 168 , parle sous ce nom d'un oisçauqqç^p^r erreur,^ a,écrit dans certains ouvrages Chiquahohohl c'est une espèce 4e btarge, quiadçs raies jaunes aux côtés delà t£ te, des ; taches "uoires sur IftccfU et la poitrine, et le cprps de.tyanc, de jaune et de,brun. (Ch.D.)

CHIQUE. (Entom.) Ondonnece bqçi, CJi Amérique,.à iiii insecte.,aptère qui> pçnètfe-sjqus la p^ajuLJes piedsr principale- ment sur les nçgçeç, et 533 i produit çs ulcères Irès-fàcheux. Voyez Püce PÉr^^TRANTp.; (Q., P,) -

^ CHIQUEIS. (Bot.) Voyçz CHIQOY. (J*) , ,

CHIQUÇ8A. ( Ornith. ) Voyez Caiç$upA. ( Çh. D. )

CHIQUES.(¿fai.) Voyez-IÏrrse A Chiques. (J.)

CHIQUICHIK1T1;{BçU) f nom cacaibedu cacalia ponopluyL- lum 9 eité dans l'Herl^er #le;§çri$n. (J,)

CHIft ( Bot. ), no¡m grec.du çh^rdqn à ÎQuloin, dipsacus rselon Mentzel. ( J. )

CHIRADOLETRON(Bot.), ancien,nom du xanlhiumcité par Dioscoride. ( H. Cass. ) o

..ÇmRANTHODENDROfï. (Bot.) C'est, sous ce nom: que M.. Lesçalier, daps ynedispertaticm spéciale, a désigné une pl^jptte malvacée, çonnue J#ns leMpxique sous, celui de mac- palxoehi quahuitl ? et figurée par Hçrn"$dez,> p. 583. Elle ^est _ remarquable par la di^persipn de ses étamines, dont la réunion .. présate,, la jor^ne -d'un pied Æoisçau de, proie." Elle est bien ..figurée flans Vouv^g^de^ûÆ, de Humhpldt etâionpland, sous le nom de choiras^qui parpit^n*e*^cpnvenir.à -son ca- ractère principal. (J. ) o o.

CHIRBAZ. (Bot.) Voyez, Copoüs. (J.;)

CHIRI. (Mamm.) Le*P- Vincent.Marie parle, sous ce nom. d'un animal de l'Inde, grandpnpemi des serpensy qu'on.croit reconnoitre pourunçmapgoyste, à la description qu'il en donne, maisilparoitroit ,jd^p]res Soanini 9 que;ce nom n'est.point celui de cet animal^ans l'Inde* jet qu'il,ne rawoilreçu du.P.-Vin- cent Marié que par l'çffejt d'u^e; erreur eaqaée par Pignórame . joii ce voyageur étoit dç Jal^pgMe; des Indous. .(E. C.)

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CHIRICOTE. (Omith.) L'ojseau que, suivant .d'Azara , les Guaranis nomment ainsi, d'après son cri* paroSt être une espèce de râle. (Ch*D.) o o

CHIRIMOYA* (Bot.) Voyez Cherimo lia. (J.)

CHIRIPÈDE. (Ômith.) Ce nom paroît être don^é à une perruche au Paraguay. (Ch.D*)

CHIRIPIBA ( Bot. ), nom caraïbe d'un eroton de l'Herbier de Surian , dont l'espèce n'est pas déterminée. ( J.) >

CHIRIRI. ( Ornith, ) M. d'Azara a donné ce nom:, d'après le cri qu'elle prononce sans cesse, à une espèce de coucou qui appartient à la section des couas de M. Levaillant, et au genre Couliçou de M. Vieillot. (Ch. D.)

CHIRIVIA. (Ornith.) Ce nom espagnol, synonyme de mo- tacilla, s'applique aux bergeronnettes. (CH. D.)

CHIROCENTRE, (Ichthyol.) M. de Lacépède a donné, ce nom à une espèce de poisson observée par Commerson, et qu'U place daps son genre Esoce. M* Cuvier vient de l'en, retirer, pour çn former un g,enre particulier.

Les, caractères de ce genre sont les suivans:

Mâchoires garnies d'une rangée de fortes dents coniques,, dont les deux moyennes supérieures et toutes les inférieures sont font longues; langue et arcs des branchies hérissés de; dénis $n' cardes ¿ longue écaille pointue au-dessus de chaque nageoire pefitoraler dont les rayons sont ¡très-durs ; corps alongé, comprimé r tranchant en-dessous ; catopes petits. ; r >

Le mot Chirocentre indique le caractère spécial de ce genre;,* celui qui peut servir à le séparer >au>premier aspect, des bro- chets , la présence d'une sorte d'épine auprès des nageoires pectorales, , manus, nevjpov, aculeus.

Le genre Chirocentre appartient à la famille des Siagonotes de M. Duméril. Voyez ce mot et ESOCE.

CHIROCENTRE SABRAN : Chirocentrus dentex; Esoce chirocentre, Laçép. ; Clupea dentex, Schn. j Clupea dorab, Gmelin j Sobran * Commerson. Mâchoire inférieure avancée; nageoire du dos plus courte que celle de l'anus ; ces deux nageoires falciformes; tête et opercules non écailleuses j nageoire caudale fourchue p à lobes très-grands, l'inférieur plus long' que le supérieur;

. teintegénérale^rgentée; une sorte de loupe arrondie au-dessus des pectorales ; pas de ccecums; vessie à air longue et étroite*.

8. 53

f

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potashVft daàs la mer âeàïndes.'{W. C.)

¦ 'CHïROCÈRïk {*Entèm.*) M. Latreille a désigné sôus ce nom une espèce d'insecte hyménoptère, voisine Ses chalcides, dont elle diffère-par les antetmesj qui^ont pectinées. (C.D.) ->r.€I*IÍKW"te ("o*.}, Chirania, Linn. Genre de plantes dico- tylédones, monopétales hypogyties, de ÎTt feuille des gentil nées, 5uss., et de pentandrie rrïonogyrïie, Linn;, dont les principaux caractères sont d'avoir Tin cMioe mbnojphÿîle, rôaq ^visidtts1; u"e corolle infàndihrülîflbrme ou en roue, à ombe ^partagé en cinq divisions; cinq étamines à anthères roulée* *eh>spirale "près 9a fécondation ; lin ovaire Supérieur surmonté d'un style, terminé par un on deux stigmates; une -capsule à une loge, ou à quatre loges, conténaut des graines nombreuses ; quelquefois ime "baie.

' > Les "iiforOnes soirt des plantes iiei^bacées ou des arbustes à ifetiilles'Apposées, simples, et à Heurs axillaires ou terminales. 'Qeigtnpe, *teitju'm le côuftoîtaujourd'hui, renferme environ vingt-quatre espèces; mais, hors le caractère commun des anthères rouléesen spirde aprésala floraison, plusieurs d'entre îeües-tffïîretft des difiRéretteesireraàrquab'lës dans la forme de la 4jercWe, "fatts le wuribre des étamines , et dans la nature dû ^fouitÆes cotosidëraftions ôrit Engagé MM. Richard et Persoon Và^étttblirUêgenre EryBtrœa, Toirmé des èspècés qui ont le csflice ^p*esq**e pentagone, appliqué, et \ cinq dents; la corolle in- fundibuliforme, à tube alongé; ordinairement deux stigmates; fittie-capaifliè à une loge, à deux valves, dont les "bords ren- -trans paraissent former deux loges. Presque toutes les espèces "oomp$foes>#ànfls cette dWsionj^oiitindigènes de TEurope, et le genre Chironia, ne renfermant que des plantes exotiques, eH "low'boraé ttux espèces à calice presque campanulé, ^partagé en cinq divisions ; à corolle presque en roue ; à Stigmate simple, et à^feuit quadrHôculaire. ^Sans doute que par la suite on sé- iparwa'les^lantes qui oittiroeiraiepour fruit. Quoiqu'il en soit, "nous -alioné >fói*e connoître les espèces les plus remarquables

4fhac"me de ces divisions.

* Corolle prtfffye eib rovc;(périH'pe ft-loJiUwr. 4Ziffwotrt**

¦CHIUTÓNC VEÆEE; Chironia frutescens, Linn., Spec. 278. Cette . espèce "6t'U joli arbuste dont la tige, haute de deux à trois

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pieds* se divî^ç e^ pjurieurs ra^av^fylwdr^^rçi|l\fi"eÿWà garnis dç fèuiUçs opposée?, lijtéaireW^ncéoJéea[, hjipeu. sham- nues, couverte ^'uflj.égqr cjwvet. blwb^^ S^ fl^rs sent Çrandes,^ ^'up. bpa^^e fonqç.y, tlan^be^ ÎWi u#e y**#*?, disposées a^ pjjun#{ des *au*eaux .; elles fanent pen4*"t lanuitf, e^ long-tejqp^, ceftwençani à paro*!^ dè*1*

mois de^in?1£t^e aucçédflftf >le£ uuçs SA}* 9Ht*e§ J^q^'en octobre. Cette espèce est origioaixe ¿V" C*P rance. La beauté de ses fleurs lait qu'on la cultive dans beau- coup dn jardins* Ontopia*t£(£i£ pé, eíáns la terréeete bruyère, et 09 la reptrç peii^Lot l'biy^^ifli.^e twp^r^.. Ea été il fautrexp^seç ^fgrand sold^,çt l'"ffwr fr^q^^n^e^ On la mujtip%^ çp^nes^ tfç ty^tuç$i ou ç> in^c£|te^ v,,,

Ciïiivon^.^ p|ü^^s;,"b*jwn; ÇkirfflWtlinQAfei^L}^rS^a. 272. à tfpii pieds dçj h^u^r ^nt Ja tigç sç

divine en plusi^rs r^rçiçau*^ garni? fçuiUçs ^ç^reu^es f persistantes , jiné^ipesj.étreiiç^, se^Uef, .lqfigu;^ d^n

pouce, de couleur glauque, et^nüe* fleups, d'yj^rp.ugç teint de pourpre sont ^jt^esà l'^tréiMit/? dçs r^g^n^,- C^tfe plan te ^st ^réçé^liÎÇ.î rWSifiW ¿H'GW de ,BwWî

Ësp^a^çq. p^ la q^lfiyp a^i d^ie* ^9ft^J9¥r

yernç df jfr mmpwwièxe ;.ir¡v, ; , .,v ; ' ; y , Liüe ,

ÇnïfV^. A.^eçi^j E^c^oi* ^Çfâwia, d'tqwaJ# * Yfftt.#

itr h i3 b ¿PÂ9PV* tomfi* de hanr

teur, dont la tige est droite, presque simple, divisée^.08 sopimet çp wmeau^poui;^4 ^I^^gpr^js 4efeuilles,fippo- yées' éjf, PfPW, #"§"* ^leurjj^^persjst^^j

très-obtusfs,,j:WYprles 4'un (We,t)i^is, pt. renées4fi t"W

servureî, ep-^s^, A?*,rs *'Wàf"WW",

^e flew^floju^ás, d'HaeheUf^efl^^ p#wirerloueuses, pa* dogofift^, sflUjairts, dap ;?çs feuilles,s*if>çr4?i"rf*t

Cette; espçce, e*J,, cow^e-k,s"dej"^;p^(;ed(gite^j pjigjj^^çpjdu cap, 4fe, Ça Ja0çyltive ¦** o" lusçrw#gç-4*

mêipe, fle^t ,^p 89^,^ ^e^rft, :

. f-J'f ¦ oo¦:'.^** v^wfwrjtvn. ' ; ¦'i o";' o'o,v

"V^î > ,*V .V.. .o i"j :-ur ç,oi , ?. r : -î ¦ , .

Une bail pour fruit

Chirote paccifèrç ; ÇhirQiiity'fewçjjtera, Linn-r Spec. 275. La ti^e de çétte çspèce ç§fe{ euse ^ hautq d. i]eà trpi".

fieds, çtiyisée çn ;rameau¿, ^p^rgÿÿ^ ^rogvn^gÿrij^

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ftaifttte-opposées, linéaires, étroites, glabtèk0, tiñ peu décur* rentes à leur hase. Ses fleurs iront rouge's/petites, disposées sur de courts pédoncules au sortithet'des tameàuX : leur calice est court, à cinq divisions presque obtuWS; lëuf corolle a son: tube plus court quelle calice, ët les'anthères nè sont point roulées en spirale. Le frtiit est une baie ôvâlc!, pulpeuse, contenant plusieurs grainesí CÍétte plante çrirft feU Éthiopie ei aü. cap de Bônne-Eaptéiancé.

*** Corolle, infundibuliforme. capsule. a wtei loge EAZTHRAE.

Chirone CENTAUREE, VuigárfteWient pé^ít'é1 C ^ntaÍ) h ¿E : CJiiro-

nia chnfaurium, WiHdi,'5pèk. i , pag.; l'èteS -/Ùeritiànà centau- riifrri^Jjinn., Spec. 33á.,,rííóute cette plánte e¿t parfaitement glabre r ses feuilles radicates sont oblôrï^üè^ et disposées eu rosette; telles de lac* t?^e'Son^scs^iTesJ b$f)osë^s^èï^ès supé- rieures ëtt*oftés-lancéolëels y San ti^e Vsé^ÍJñíue1, Surtout en Sa partie supérieure, hàtite Id'tm pied ou uri' peii'plus , parta-l géè en ranieaux opjioséàïtèurs sontf á'inroic íoncé, rare- ment blanchies, disposféètë àu sómftiet deJla Ü gif'et dès hameaux étí£0rymbes d'ün Wès^Wi aspect. Cet té WjUïfe 'èVf ahnùeïIe, et cWifcttlaftS'lfcè pfcttirages seics et dáüls íes IWftJlkliè WPîfiAîque, stomachique, vermifuge et fébrifuge.'On1 Tiéirtipîoïè tres-soú¿ vent e" médecine, stirtàidtfhsieàJ fieVres inrïtâïtentés ; c'rt de kës' Commitééuftfeur?eS1 ^cm fait ;W1 rtCi^afement uságe.

' CHIRONE MARITIME CHIRONIA MARITIMA . I, pag.* a669 ;i(Gett)tiahâi'MaritinidMdht. / 59/ Cetfè j^lahte n*à tfàe* trois à qnàtre poiièéi?7dë} hátó ^Sâ^i/^éP fctff iîüiple ou 'sftftptfe ,r Vt te à so% ¿Somriitt "ij^TtiViê à troià

íHürS dé cotíiéuf'íáiWié^ dans

les ;jJ*aii4es marHiiîhès ^Ôti ÜMi1 dè^ÎYàrice et de l'Étitôÿîé.

OtíitoóttEléti tU i Vfiîtônid sffèiiicï. rV pAg¡ 1069 ;

Gentíétñtyitataj Éftï ri f^ptc $Íí Lei tî il e %èl¥è-éï est her- bacée , tétragone, hantè pfarii¿'és' à1 un3:^fëcf*, tó¿vent di-

visée dans sa partie SMp^éri^^e£n^ajqrpaux opposés et simples; ses feuilles sont ovales oblongues ou lancéolées, très-glahres comme tou te fà plante ; sesfteufs de couleur ¿'¿se j Jorit sessiles, alternés ièl ring dés rameaux/lrt^fisposées eri épis longs, grêles et peü gàrrfftv Cette espèce croît dans les pâturages tíumide*

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CHI ....... - j . ®97

des b¿rds de la mér, dans le midi de la France et de l'Eu-

ropî^ (L.D.) ; .r

CÎîIRONECTE' ( iehthypl. ), Chironectes, Çommerson avoit dbnùé ce nom a une espèce de poisson que M. de Lacépède^ a rangée dans le genre Lophie. M. Cuvier vient de l'adoptejc; âràsài pour rempïcer cette dernière expression , et en former, tin génrequi appartient à la famille des chism9pnés, et dont îefc ' caractères peuvent être ainsi exposés ^ ,

Des rayons libres sur la tête, le f rentier grêle, terminé sou- tient j>ar une houppe ; tes deux suivans augmentés ¿fcuçie membranç ^ ûû très-renflés, ou réunis en une nageoire¿ corps et tête com- primés ¡bouche verticale ; ouverture des branchies, petite et située, dertiêrè la nageoire'pectorale; la nageoire dobs alp étendue presque toute la" longueur du dos ; catppes jugulaires¿j^epu^^ns

écailles. 1 ' .* j

\ 1 > ' i - / v - ¦ '¦*' ït 'i f' J

Tout le corps est Souvent garni d'appendices charnys^ la

^eie natatoire est grande j l'intestin sans cœcumsj f est p mac

est éüdrme, et ranimai, en le remplissant .¿'ai^r, çeut , à la

iüaniëre des tétraüdohfc, gonfler son vëntré comme un balj^w

Les nageoires pectorales sont supportées* comme par^dç^jc

b^tísVétíutenus chàcui par les deux os, comparables au raciiu^

¿'¿'aW ¿fititûs, 4^ ttàhscè ^énre sont plus aiongés qu'e^-^i-

cun autre. . : ! *1 j J ^ , -

fàies, en raison; de leur position, font l'oi^ce |des p|^ds de derrière* Cès poissons peuvent vivrè hors de íeai^^ndant deux ou trois jours.. , . |

- lláf battant lés m'éiV des pays chauds. '* ; ..ff

Le genre Chironecte- est très~distin,ct fde cçluî des Ëaudro^es ÇBatrachus, Klein),' qui ont le çorps déprimé, et de celu^ dtes Maltîtées', qui noÀt qUsune petite*nageoire dorsale mq(fc % et'qui irtanqueiit de véssie natatoire. H correspond à ^eu près au véritable genre Lophie de M. Duméril, au genre An-r tehnàrhts de Çommerson , et en grande partie aux lophiçs, de MM. de Lacépède et Schneider. . ; \ .

Le mot chiroAecte est gr.éc, et injáiq^e que l'animal napa surtotrÉ à l'aide àe ses nageoires pectorales manu s,

VtoS , nato )" A.

* A terre, Ifes crhirorièctes, àTaîdé de lëujw nageoires pair ractrtlièiït presque^cómme de petits Quadrupèdes: les pecl

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L'Histrion, Chironectes his trio, (faophius hUtrio * kina.; Lophius tumidus, Osbek. ) Un long filament terininjé p^r deu£ appendices charnus au-dessus delà lèvr,e sg^érieure ;ipe¿iu fugueuse ; mâchoire inférieure plus longue que la supérieur^ dents très-déliées ; tête petite; des barbillons autour des lèvrçs;. catopes ayant une assez grande ressemblance avec des mammifères; èorpshérissé, en beaucoup d'endroits, dç petÿi$ Aiguillons et de courts filamens. Dos doré ; ventre bandes, des raie.s et des taches irrégulières brune?.

Le nom dé çè ¡poisson lui vient des mouvemens prompt* êt variés qu'il imprime à ses nageoires ef à ses filamens* et; qu'on a comparés à des gestes scéniques. Pç^t-être aussi ¿'a- t-on ainsi appelé parce ju'il gonfle rapidement son abdomena èt change de figure pour ainsi dire à voíonté.. ^ ^ ^

L'histrlPn parvient à Ta longueur de neuf ou dix pouces^ On le rencontre dans les mers du Brésil et.de la.Cbin,e.

ACèilan, suiVanf Thunbejrg, il est rare qye sa ta^He dé? passe ía lóngueur du doigt. Autrefois on échoit d'e^traas^ porter des individus vivans en Hollande >rpii pp. les vendait ju$^ ju*A douze ducats. 'V , >

Jï se cache dans les herbes mari^ÇA.et ^fftre les pierrç^, poux épier et surprendre sa proie, et se no^rU^écialp^epi petits crustacés. Sa chair ne peut point être mangée**;;r rr Le Chir.onecte ünip Çhirontctes " ( hophie finie >

Bos'c. ) Po.int ^e Ífñament au-dessus de la lèvre supériçyre * mais, deux cornescartilagineuses articulées* Nageoires pepto^ raies èt ^anàte Jj$donculées, de même ?gue les canopes, qui resseóítóént â une main de taupe. * ," ¦ ¦> j

Longueur d'un demj-^ouce, largeur c[e trois, et épaisseur de.deux Ugnçs. ' , '

fié poisson Aablté la haute iqer ep^re l'Êvirope et l'Amé-r riqúe. Il a été décrit pour la première' fois, par M. Bosc, qui l'a pris plusieurs foîp parmi les varees jlqtÇans (fucus natans)*.

te ' Riquet à la hoVpe , Chironectfes tricçrnis. ( Antenna* fius anUnna iricàrni, Commers. ) Extrémité dy filament de 1* lèvre supéricürë trilobée. ^

Ce poisson.a été trouvé par Commersorç sur les côies orien- tale? de l'Afrique. ¿''individu qu'il a décrit, avoit près d© Cin£ pouces de longueur sur enviroü deux pouces de largeur

o

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M de Lacépède pense qûe ce n'est qu'une variété de l'his- trion ; M. Cuvier, que c'est le même animal qpe, lelopkius his- pidus tie M. Schneider. 1

Le CHIRONECTE COMMERSONIEN , Chironectes Commtrsonii. (ïiôphie Commerson, Lacépède.) Un long iilament terminé par une très-petite masse charnue au-dessus de la lèvre su- périeure; le corps nbit* ; un point blanc de çhaquejcôté; peau greiiuc et rude au toucher ; langue etpalais hérissés de dents; éeui bosses derrière Touverture de la gueule, la postérieure J>hw grande, non courbée en crochet.

1 Commerson a disséqué ce poisson, qui aT estomac irès- ÿrand; le péritoine noirâtre 9 la vessie natatoire ovoïde ^ Manche et adhérente aü dos.

' Des -mers de Tînde.

L*e CHIRONECTE , Chironectes verás, ( Lophius variegatus 9 5haw. ", Àntermuriu* chironectes , Comm. ; Lojphie chironecte ¿ fcacëp;) Un filament terminé par unè petite masse charnue, plus long et plus1 délié que dans l'histrion, au-dessus de la lèvre supérieure; le corps rougeâtre avec des taehes noires; deux feoes sur la téte , à la place des filamens de l'histrion; JLa pos- térieure plus grande et plus haute,

Le CHIRONECÏE DOUBLE-BOSSUE , Chironectes bigibbus, Carac- tères du précédent; seulement iç cor|>8 est varié de ïjoir et lie gris.

Il vient, comme lui , des mers des Indes; tous deux ont été décrits par'Commerson pour la première fois.

X^e PESCADOR, Chironectes ocellatus. Corps* comprimé, jau- nâtre, avec des points qoirs ;une tache .noire arrondie^ à centre Wane sur les nageoires dorsale et caudale, et près de l'anale" De la mer de la Hâvane. IFaprès £aJC£a* i>n J'y appelle pescaàor. Voyez BAUDROIE, BATRACHÜS^ LOPHIE, CHISMOPNJES. H. C.) '

OiïIÍIONBCTE'(Mamm. ), nom tiré du gre£" Çt qui signifie ona géant avec les mains. ïïliger l'a donné au genre qu'il a formé de la petite loutre de la üuiane. DidçlphLs j)almataô GeofF. ^foyez ©îdelphe. (F. Ç.)

ÇfïIftGNiA. {Mot,) Chez les anciens^ on a donné le nom de vitis nigra, chironia vitis, au taminier, tamnüs communis, qui grimpe *ur les arbres comme la vigne ou'comme la bryone ; ce

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qui l'avoit encore fait nommer brj'onia racemosa par C. Bauhin*

w . : o", . ' .

CHIRONIA (J3o£.), ancien nom de. la grande centaurée, centaurea centaureum, Linn. (H, CASS.)

CHIRONIUM. (2/o£.) Ce nom a été dpnné à plusieurs plantes : celle que Théophraste nomme panax chironium est? suivant -Daléchamps et C. Bauhin, le senecio doria des modern€§rOn.a aussi appelé tantôt centaurea, tantôt chironium, la petite cen- taurée, que le centaure Chiron employa pour guérir la blessure qtie lui avoient faite les flèches d'Hercule. Le panax chironium d'Anguillara et de Cordus étoit l'awnée, inulu helenium; celui de Matthiole, nommé aussi par lui jlos solis, et par Césalpin cliironia, est l'hélianthème ordinaire, helianthemum vuigare: on retrouve sous le même nom, d'après Camérarius, Yhelian- themum glutinosum. Parmi les panax de C. Bauhin, qui sont des ombellifères, on en compte deux avec la synonymie de panax chironium : l'une d'elles, nommée aussi panax costinum} est le pastinaca opopanax des modernes ; l'autre, que Morison nom- moit panax heracleum, est le laserpitium chironium de Linnæus. Au milieu de toutes ces diverses citations il est assez difficile de déterminer quel est le vrai chironium des anciens. ( J.)

CHIRONOME. ( Entom.) C'est le nom d'un genre de diptères établi par Meigen dans la famille des tipules ou hydromyes*, pour y ranger quelques petites espèces de celles dîtes culici- formes. Ce nom de genre a été adopté par Fabricius; mais il y a réuni les cératopogons, les tanypes et les corèthres du même M. Meigen. Il paroît que les larves de ces diptères se déve- loppent dans Peau. Réaumur, qui en a observé plusieurs, les nomme vers-polypes. Elles se forment des espèces de fourreaux ou étuis terreux. VoyezTipule. (C. D.)

CHIRONS-NATTER, COULEUVRE ÇHIRON* (ÊrpétoL) Merrem nomme ainsi le coluber fuscus, de Linnæus, ou la couleuvre sombre à deux raies, xîe Daudin. Voyez COULEUVRE. (H. C.)

CHIROSCÈLE. ( Entom.) M. de Lamarck a publié sous ce nom, dans les Annales du Muséum, t. III, pag. 261, une espèce d'insecte coléoptère de la famille des ténébrious, envoyé de la Nouvelle-Hollande par feu Péron. Les fâches que M. de Lamarck regarde comme phosphoriques, sont peut-être analogues à celles qu'on observe dans quelques femelles de t?laps, etseryent peut-

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être aussi aux mêmes usages, c'est-à-dire, à attirer le mâle. Voyez BLAPS. (C. D.)

CHIROTE (ErpétoL), Cheirotes. M. Duméril a formé sous ce nom un genre de reptiles dans la famille des sauriens urobènes*. Voyez Bimane, dans le Supplément du 4.® volume. (H. C.)

CHIRQUINCHUM, ou CiRQüiNC"üM,0uC[RQUiNÇ0N(Mamm.), nom des tatous à la Nouvelle-Espagne. Ruisch les nomme chir- quintas. (E. C.)

CHIRBÍI. (Ornith.) Voyez Chiriri.* (Ch. D.)

CHIRURGIEN. (Omith.) Brisson a décrit sous ce nom plu- sieurs espèces de jacanas armés à la partie ántérieure de l'aile d'un éperon très-pointu, faisant Tofifice d'une lancette quand l'oiseau s'en sert pour sa défense* (>Ch. D.)

CHIRURGIEN. ( IchthyoL) Voyez Acanthure: (¡H* C*)

CHISMOBRANCHES. (Malacoz.) M. de Blainville désigne sous ce nom un ordre de Ses mollusques céphalophores, dont la cavité respiratoire , contenant des organes de la respiratioa non symétriques, communique avec le fluide ambiant par une simple fente placée entre le bord antérieur du manteau et là partie supérieure du dos de l'animal; ce qui se trouve con- corder avec la forme de laeoquille dont l'ouverture est grande et entière. Les genres qu'il y range composent lès fkmilles des Mégastomes , Hémiçyclosjqmes , Cyclostomes et Gonioctomes. Voyez ces mots et GoNCHYijotoa*". (DE B.)

CHISMOP]>ïÉS, (IchthyoL) Nom du second ordre et de la troî* sième famille des poissons cartilagineux dans le sÿstème ich- thyologique de M. Duméril. Le" poissons qui lei comptfeent, constituent le second ordre du système de M. de Lacépède, et rentrent en partie dans les pLsctognathes sclérodèrihes, et dans les acantkoptérygiens de M. Cuvier. Voyez o£s divers

mots et ICHTHYOLOGIE.

Le caractère tesçntiel des chismopnés peut être ainsi ex- primé :

Poissons cartilagineux, sans opercules, mais à membrane ray.onnée; ouvertures des branchies formant une simple fente sur fes côtés du cou ; quatre nageoires paireso

Le mot chismopné est grec ; il signifie animàl qui respire par une fente ( , fissura, et TTVHO , respiro. )

Nous allons offrir le tableau des genres qui composent la 8" ' 39

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famille des chismopnês ; ils sont peu nombreux , et sont basés sur la position des catopes.

Famille des Chismopnês.

Voyez, à leurs places respectives, l'histoire de ces différens genres. Voyez aussi CARTILAGINEUX. (H. C.)

CHISSIPHUINAC. (Bot.) Ce nom péruvien, qui signifie croissant pendant la nuit, a été donné au monnina salicifotia9 espèce d'un genre de la Flore du Pérou, qui est voisin dupoJ^- gala. On lui attribue la propriété détersive, et celle de faire croître les cheveux. Les femmes du Pérou emploient fréquem- ment à cet usage son infusion à froid. La même plante porte aussi le nom de hacchiquis, dans ce pays. ( J. )

CHITINI. (Bot.) Voyez CHATINI. (J.)

CHITISA. (Bot.) Voyez CHÂTHATH. (J.)

CHITNIK* (Mamm.) Voyez Shitnik. (F.C.)

CHITOTE" ( Mamm.) John Barbot, dans sa description de la Côte d'Angole, parle, sous ce nom, d'un quadrumane dont il donne une mauvaise figure , et qu'on a rapporté au genre Makis. (F. G.)

CHITRACULIA, Chitraua. (Bot.) Brown, dans son His- toire de la Jamaïque, et après lui Adanson, ont désigné sous ce nom des arbres de la famille des myrtées, rapportés main~ tenant au £enre Calyptranthes. ( J.}

CHIT-SE. (Bot.) Voyez CHICORYS. (J.)

CHITTÉE, (Erpétol. ) Russel décrit sous qe nom la couleuvre ardoisée de Daudin. C'est un mot de la langue des Indiens* Voyez Cou¿J2TJVRE* ( H. C.)

CHÍTTUL, (ErpétoL) Les Indiens du Bengale appellent ainsi, suivant Russel, l'hydrophis à bandes bleues, de Daudin. Voy es Hydrqphis, (H. C*)

CHIU. (Ornith.) Voyez Chuy. (Ch.D.)

CHIUCUMPA, Huincus (Bot,)% noms péruviens du mutisia

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acuminata de la Flore du Pérou, qui cite encore pour la même plante ceux de chinchinculma et chinchilculma. (J.)

CHIVEF. (Bot.) Jean et Caspar Bauhin citent sous ce nom, qui signifie figuier en langue syriaque, un arbre qu'ils disent semblable au figuier, des nègres, et dont le fruit, gros comme un melon, a une pulpe très-suave, qui fond dans la bouche, et des graines approchant de celles du concombre. On sait que ce figuier des nègres n'est autre chose que le papayer, carica papaya, qui, dans plusieurs lieux, porte le nom de figuier, et auquel, pou¿ cette raison, Linnæus a donné celui de carica.

Il est plus que probable que le chivef est le même arbre. ( J. ) CHIV1N. (Ornith.) On appelle ainsi, dans le Boulonnois, la fauvette passerinette, motacilla passerina, Linn. (Ch. D. ) CHIVINO (Ornith.), nom italien du scops ou petit duc, strix scops, Linn. ( CH. D. )

FIN DÛ HUITIEME VOLUME.

IMPRIMERIE DE LE NOAMANT, RUE DB SEINE.


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Citation: John van Wyhe, ed. 2002-. The Complete Work of Charles Darwin Online. (http://darwin-online.org.uk/)

File last updated 25 September, 2022