RECORD: Bory de Saint-Vincent, Jean Baptiste Georges Marie, ed. 1822-31. Dictionnaire classique d'histoire naturelle. 17 vols. Paris: Rey & Gravier. Volume 10.

REVISION HISTORY: OCRed by AEL Data, prepared by John van Wyhe. 04.2014. RN1

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DICTIONNAIRE

CLASSIQUE

D'HISTOIRE NATURELLE.

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Liste des lettres initiales adoptées par les auteurs.

MM.

AD. B. Adolphe Brongniart.

A. D. J. Adrieu de Jussieu.

A. F. Apollinaire Fée.

A. R. Achille Richard.

AUD. Audouin.

B. Bory de Saint-Vincent.

C. P. Constant Prévost.

D. Dumas.

D. C..E. De Candolle.

D..H. Deshayes.

DR..Z. Drapiez.

E. Edwards.

E. D..L. Eudes Deslonchamps.

F. D'Audebard de Férussac.

FL..S. Flourens.

G. Guérin.

G. DEL. Gabriel Delafosse.

GEOF.ST.-H. Geoffroy St.-Hilaire.

G.N. Guillemin.

ISID. B. Isidore Bourdon.

IS. G. ST.-H. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire.

K. Kunth.

LAT. Latreille.

La grande division à laquelle appartient chaque article est indiquée par l'une des abréviations suivantes qu'on trouve immédiatement après son titre.

ACAL. Acalèphes.

ANNEL. Annelides.

ARACHN. Arachnides.

BOT.CRYPT. Botanique. Cryptogamie.

BOT.PHAN. Botanique. Phanérogamie.

CHIM. Chimie.

CIRRH. Cirrhipèdes.

CONCH. Conchifères.

CRUST. Crustacés.

ECHIN. Echinodermes.

FOSS. Fossiles.

GÉOL. Géologie.

INS. Insectes.

INT. Intestinaux.

MAM. Mammifères.

MICR. Microscopiques.

MIN. Minéralogie.

MOLL. Mollusques.

OIS. Oiseaux.

POIS. Poissons.

POLYP. Polypes.

REPT. BAT. Reptiles Batracieus.

—CHEL.—Chéloniens.

—OPH.—Ophidiens.

—SAUR.—Sauriens.

ZOOL. Zoologie.

IMPRIMERIE DE J. TASTU RUE DE VAUGIRARD No 36.

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DICTIONNAIRE

CLASSIQUE

D'HISTOIRE NATURELLE

PAR MESSIEURS

AUDÓUIN Isid. BOURDON Ad. BRONGNIART DE CANDOLLE D'AUDEBARD DE FÉRUSSAC DESHAYERS E. DESLONCHAMPS DRAPIEZ DUMAS EDWARDS A. FÉE FLOURENS GEOFROY SAINT-HILAIRE Isid. GEOFFROY SAINT-HILAIRE GUÉRIN GUILLEMIN A. DE JUSSIEU KUNTH G. DELAFOSSE LATREILLE C. PRÉVOST A. RICHARD et BORY DE SAINT-VINCENT.

Ouvrage dirigé par ce dernier collaborateur et dans lequel on a ajouté pour le porter au niveau de la science un grand nombre de mots qui n'avaient pu faire partie de la plupart des Dictionnaires antérieurs.

TOME DIXIÈME.

MACL-MN.

PARIS

REY ET GRAVIER LIBRAIRES-ÉDITEURS

Quai des Augustins no 55;

BAUDOUIN FRÈRES LIBRAIRES-ÉDITEURS

Rue de Vaugirard no 17.

JUIN 1826.

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DICTIONNAIRE

CLASSIQUE

D'HISTOIRE NATURELLE.

MACLE. CRIST. Nom donné par Romé de l'Isle à cette sorte de groupement qui résulte de deux Cristaux semblables réunis en sens contraires par des faces égales. Ce nom ayant été appliqué par la plupart des minéralogistes à une espèce minérale particulière Haüy a cru devoir lui substituer le mot Hémitropie sous lequel nous avous déjà décrit succinctement ce que ce groupement offie de remarquable; cependant on se sert encore du nom de Macle surtout dans le langage ordinane pour désigner en général toute espèce de groupement régulier et c'est là le sens que nous lui attribuons dans cet article. On distingue différentes sortes de Macles d'aprés les diverses maniéres dont les Cristaux simples peuvent se réunir entre eux; mais toutes sont soumises à une règle fort remarquable qui consiste er ce que les plans de jonction des Cristaux composans sont toujours paralléles à des faces de d croissement qui pourraient exister ou qui existent réellement sur ces Cristaux; de plus dans les groupemens réguliers les seu's que nous ayons à considérer ici les Cristaux sont toujours accolés par des faces égales et semblables de même espèce et réunis par des côtés égaux. Lorsque deux Cristaux du même genre se réunissent par des faces de même espèce il peut arriver deux cas: ou la réunion se fait directement de telle sorte que les faces homologues des Cristaux soient parallèles ou elle a lieu d'une manière inverse les Cristaux se trouvant situés en sens contraires comme si l'un avait fait une demi-révolution pour se placer sur l'autre; dans ce dernier cas il arrive fréquemment que le groupe présente en quelques-unes de ses parties des angles rentrans. Cette circonstance loisqu'elle a lieu suffit pour faire reconnaître que le Cristal est maclé; mais elle n'existe pas toujours et quand elle ne se rencontre pas on ne peut s'assurer du groupement que par l'examen des parties opposées du Cristal ou les facettes modifiantes ne se correspondent plus symétriquement. Les groupemens avec inversion dont nous venons de parler sont ceux que l'on désigne par le nom particulier d'Hémitropies. Lorsque deux Cristaux du même genre se réuni sent sur un plan de jonction perpendiculaire à leur axe il peut arriver ou que l'un des Cristaux ait fait une demi-révolution pour se placer sur l'autre ou qu'il n'ait fait qu'un sixiéme de r évolution; ce dernier cas

TOME X 1

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a lieu fréquemment dans les systèmes de Cristallisations cubiques et rhom-boédriques. Haüy a adoptá le nom de Transposition pour désigner cette espéce particuliere de groupement. Il existe d'autres groupemens réguliers que l'on observe plus particulièrement dans les Minéraux appartenant aux systémes prismatiques; on peut en distinguer de deux sortes: ceux où les axes des Cristaux groupés sont paralléles et ceux où ils se croisent. Plusieurs Cristaux prismatiques peuvent s'accoler les uns aux autres par leurs faces latérales de maniére à présenter dans leur ensemble une configuration réguliére plus ou moins nette. Ce cas a lieu fréquemment dans l'Arragonite: les Cristaux composans sont des prismes rhomboïdaux de 116 et 64d. qui se combinent entre eux diversement pour donner naissance à d'autres prismes. Tantôt deux Cristaux entiers de cetle espèce se réunis-sent par les arêtes latérales obtuses en laissant entre eux des vides qui se remplissent chacun par un demi-cris-tal ce qui produit un prisme hexa-gonal qui a deux angles de 116 d et quatre de 122d; tantôt ils se joignent par deux de leurs faces laté-rales et recoivent dans l'espace an-gulaire qu'ils comprennent eutre eux un prisme secondaire de 128d. ce qui produit un autre prisme hexagonal ayant trois sortes d'angles. On connaît des combinaisons formées d'un plus grand nombre de prismes primitifs entre lesquels s'interposent des prismes on demi-prismes secondaires et qui présentent souvent dans leur contour des angles rentrans. Les Cristaux de forme octaédrique produiseut aussi par leur réunion face à face autour d'un même point central des configurations remar-quables: ces sortes de rosaces sont fréquentes dans le Fer sulfuré blanc le Titane oxidé l'Etain oxidé etc. Bes groupemens dans lesquels les axes des Cristaux simples ne sont pas paralléles sont ceux que l'on nomme en étoiles en croix en roses en grebes en éventail etc.; les plus simples et les plus remarquables sont les groupemens cruciformes que présentent certains Cristaux de Staurotide: ces Cristaux au lieu de se réunir par leurs pans se réunissent par les faces de leurs sommets diédres de maniére à former une croix tantôt rectangulaire et tantôt obliquangle. V. STAUROTIDE. (G. DEL.)

MACLE. min. Hohlspath Wern. Chiastolithe Karst. Substance pierreuse assez dure pour rayer le verre infusible ayant pour forme primitive un prisme droit rhomboïdal de 91° 50′; sa pesanteur spécifique varie depuis 2 98 jusqu'à 3 2. Considérée chimiquement c'est un double silicate d Alumine et de Potasse contenant en poids 35 parties de Silice 56 d'Alumine et 9 de Potasse. La Macle est rarement pure; elle renferme des matières étrangères de couleur noire non répandues uniformément dans toute sa masse mais placées au centre des Cristaux d'une manière symétrique; ces matières sont de même nature que la roche au milieu de laquelle la Macle a cristallisé et qui est composée en grande partie de parcelles de Mica très-divisées. La forme ordinaire de la Macle est le prisme droit rhomboïdal dont nous avons parlé ci-dessus; lorsqu'on coupe un de ces prismes perpendiculairement à son axe on obtient sur le plan de section un dessin régulier qui varie souvent dans les différentes portions d'un même prisme comme l'assortiment des deux substances composantes dont l'une qui est la matiére propre de la Macle est d'un blanc jaunâtre et l'autre qui est la matière étrangére est d un noir bleuâtre; tantôt quatre lignes noi-râtres partant d'un petit rhombe central de même couleur vont aboutir aux angles du rhombe extérieur; c'est la disposition qu'Ha¨y désigne par le mot de Tétragramme: tantôt il se joint à l'assortiment précédent quatre autres petits rhombes vers les angles du prisme; c'est alors la sous-variété pentarhombique. Quelquefois

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les lignes noirâtres situées diagonalement se ramifient en d'autres lignes paralléles aux côtés de la base: c'est la Macle polygramme H.; enfin l'intérieur du prisme est entiérement noiâtre et les pans sont seulement recouverts d'une pellicule blanchâtre: on donne â cette variété le nom de Macle circonscrite. Cette substance intéressante se trouve dissémi-née dans le Schiste argileux en différais endroits en France dans le département du Morbihan à Saint-Jacques de Compostelle en Espagne prés de Gefrees dans le pays de Bayreuth dans le Harz eu Cumherland et dans l'Amérique du nord; on l'a observée encore dans deux autres espéces de roches dont l'une est la Dolomie du Simplon et l'autre un Calcaire noirâtre mêlé de grains pyriteux qui existe à Couledoux dans la vallée de Ger Haute-Garonne.

La plupart des minéralogistes réunissent maintenant à l'espece précédente sous le nom d'Andalousite ou de Jamesonite un Minéral decrit par Haüy sous la dénomination de Feldspath apyre: c'est l'Andalousitc de Werner et le Micaphyllite de Brunner; ses couleurs ordinaires sont le rouge violet et le blanc grisâtre ou gris de perle. Il est composé selon Vauquelin de 52 parties d'Alumine 52 parties de Silice 8 de Potasse et 2 d'oxide de Fer: total 94. Comme la Macle il est infusible au chalumeau ce qni le distingue du Feldspath avec lequel il a quelque analogie d'aspect. L'Andalousite appartient aux terrains primordiaux anciens: on la trouve dansle terrain de Granitect de Gneiss de Lisens en Tyrol; de Herzogau dans le Haut-Palatinat et d'Imbert prés de Montbrisou; dans celui de Micaschite dans le royaume de Cas-tille en Espagne; aux environs de Nantes en Fiance; à K.illiney en Irlande; à Dartmoor en Devonshire. Il est ordinairement accompagné de Quartz-Hyalin et quelquefois de Pinite. (G. DEL.)

MACLOU. BOT PHAN Lun des syn. vulgaires d'Anthora espèce du genre Aconit. V. ce mot. (B.)

* MACLURA. BOT. PHAS. Genre de la famille des Urticées et de la Diœcie Triandrie L. établi par Nuttall (Gener. of Nortk Amer. Plants 2 p. 235) qui lui a imposé les caractéres! essentiels suivans: fleurs dioï-ques; les femelles réunies en un chaton axillaire sans calice ni eorolle; style filiforme velu; ovaires nombreux réunis en une baie globuleuse de la grosseur d'une orange multilo-culaire; une graine ovale et comprimée dans chaq ue loge: les fleurs mâles sont inconnues.Ce gehre qui est voisin du Broussonetia a pour type une Plante à laquelle Nuttall a donné le nom de Maclura aurantiaca. C'est un Arbre lactescent dont le troncrameux s'éléve à environ dix mètres; ses feuilles sont alternes trés-entiéres ov ales-acuminées légèrement pubescentes en dessous sur les nervures et les pétioles dépourvues de stipules. Cette Plante croît sur les bords du Missouri et de l'Arkansa dans l'Amérique septentrionale. Le Morus tinctoria de Sloanc (Hist. Jam. 2 p. 3) paraît être selon Nuttall une autre espéce de ce genre. (Q..N.)

MACLURÉITE. MIN. Nom donné par Sey ber à la & Chondr odite des Etats-Unis. V. CONDRODITE. (G. DEL.)

* M ACLURITE.Maclurites MOLL. Genre propôsé par Lesueur dans le premier volume des Mé Memoires de l'A-cadciences Naturelles de Philadelphie pour une Coquille pétrifiée quitentre parfaitêment dans le genre queSower by avait proposélong-temps avant dans le Mineral Conchology sous le nom. de Bumphalus. V. ce mot. (D..H.)

MACLURITE. MIN. Si le Minéral auquel le nom de Maclurite a été appliqué. par Nuttall forme réellement une espéce distincte on doit admettre cette désignation depuis qu'on a reconnu que la Maclureite de Seybert est identique avec la Condrodite de Berzelius Ce Minéral a été découver au snd du fourneau à Fer de Franklin

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dans la Nouvelle-Jersey; il est d'un vert pâle ressemblant à de l'Amphi-bole hornblende et il forme des croûtes cristallines à la surface des lits de Calcaire. Il fond difficilement; sa composition chimique est d'aprés Nuttall: Silice 52 1; deutoxide de Fer 10 7; Chaux 20 0; Magnésie 11 0; Alumine 4 0; Eau 1 3. Cette composition chimique paraît lui donner quelque ressemblance avec le Pyroxéne augite. (G..N.)

MACOCO. MAM. C'est sans doute un Antilope que Daper veut désigner sous ce nom qul au Congo signifie grande bête. (B.)

MACOCQWER. BOT. PHAN. (L'Écluse.) Probablement le fruit du Cale-bassier (Crescentia Cujete) V. ce mot et non une Courge. (B.)

MACOLOR. POIS. (Renard.) Espéce de Diagramme. (B.)

* MACOMA. CONCH. Nous trouvons l'indication de ce genre de Leach dans l'article MOLLUSQUE du Dictionnaire des Sciences Naturelles au genre Venus dont il fait une des nombreuses sous-divisions. La coquille qui lui sert de type nous est inconnue; nous croyons même qu'elle n'a jamais été figureée et nous ne connaissons rien de ce genre que la phrase suivante par laquelle Blainville l'a cractéiisé: a coquille épidermée striée comprimée ovale; les sommets peu proé-roinens; deux dents bifides sur la valvedroite une seule sur la gauche.ff (D..H.)

MACON BOT. PHAN. On ne peut reconnaître quel est le Palmier désigné sous ce nom par Humboldt et que ce voyageur dit croître à May pures. (B.)

MACON ET MACONNE ZOOL. On a donué ces noms a divers Animaux qui se construisent fort artistement des nids ou de petits domiciles avec de la terre humeciée d'une sorte de salive inucilagineuse; tels que par exemple la Sittelled'Europe parmi les Oiseaux une Abeille parmi les Insectes une Epéïre parmi les Arachnides; on l'a étendu à une Coquille du genre Trochus aussiappelée Fripiére.

* MACONNE BON DIEU. GEOL. On donne ce nom aux Antilles & l'espéce de Traverstin que forment sur le rivage au fond de certaines baies les débns coquilliers ou les fragmens d'autres substances calcaires déposés par la mer et agglomérés par une substance lapidifique d'où résulte bientôt une sorte de Roche assez dure jaunâtre grenue et propre â bâtir. Elle englobe des corps étrangers à sa nature et c'est dans sa substance de formation très-moderne à la Guadeloupe qu'ont été trouvés ces prétendus Anthropolithes dont la découverte fit quelque bruit il y a une dizaine d'années dans le monde savant pour rentrer ensuite dans l'ordre naturel des faits géologiques dont aucun ne peut être encore allégué en faveur ae l'existence de véritables Anthropolithes. Dans la Relation d'un voyage aux quatre îles des mers d'Afrique nous avons il y a plus de vingt ans signalé un fait analogue au sujet d'une Roche qui se forme journellement sous les yeux des hommes le long des rivages de l'île de Mascareigne (T. 111 p.183). (B.)

MACOUBÉ. Macoubea. BOT. PHAN. Aublet a donné ce nom à un genre de la famille des Guttifères dont on ne connaît encore que le fruit. Le Macoubea Guianensis Aublet PI. Gui. suppl. 2 p. 17 est un Arbre d'environ quarante pieds de hauteur sur un pied et demi de diamétre; ses feuilles sont opposées elliptiques aiguës entières glabres. Lis fleurs n'ont point encore été observées. Les fruits viennent en grappes portées sur un pédoncule commun à la bifurcation des rameaux; ils sont accompagnés par le calicequi est persistant. Ces fruits à peu près de la grosseurd'une orange sont un pteu comprimés et quelquefois comme à trois faces; leur pellicule est un peu rude grisâtre ayant environ une ligne d'épaisseur; elle referme un grand nombre de

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graines disséminées dans une pulpe charnue. Toutes les parties de cet Arbre laissent couler un suc blanc et laiteux lorsqu'on les entame. Cet Arbre croît à la Guiane dans les forêts du quartier de Caux. (A. R.)

MACOUCAGUA. OIS. Nom de pays du Tinamou Mayoua. V. TINAMOU. (DR..Z.)

MACOUCOU ET MACOUCOUA. BOT. PHAN. Deux Plantes très-différentes sont nommées Macoucou par les habitans de la Guiane L'une est une espèce de Chrysophyllum dont les Garipons mangent le fruit avec plaisir. L'autre appartient au genre Ilex et a été désignée par Persoon et De Candolle sous le nom d'I. Macoucoua et par Willdenow sous celui d'I. acuminata. Elle était le type d'un genre particulier constitué par Aublet (Plantes de la Guiane p. 88 t. 34) qui nommait cette Plante Macoucoua Guianensis et dont Scopoli avait changé le nom générique en celui de Labatia. C'est un Arbre de dix à douze mètres de haut muni d'une écorce épaisse dure blanchâtre extérieurement et qui est employée par lesGalibis pour cuire leurs poteries. Il porte des feuilles ovales échancrées coriaces glabres et très-entières; ses fleurs sont blanches très -petites réunies par bouquets dans les aisselles des feuilles; son fruit est ovoïde et quadriloculaire. Cette espèce croit dans les forêts de la Guiane de Saint-Domingue et de la Trinité (G..N.)

MACOUNA. BOT. PHAN. (L'Ecluse.) Syn. de Dolichos urens. C'est le Macuna des Brésiliens. (B.)

MACPALXOCHITL. BOT. PHAN. (Hernandès.) Mal à propos rapporté par Linné à Helicteres apetala. Syn. de Cheirostemon de Bonpland. V. ce mot. (B.)

MACQUERIA. BOT. PHAN. (Commerson.) Syn. de Fagor a hetero-phylla (B.)

* MACQUEROLLE. OIS. Ancien nom de la Macreuse. V. CANAND. (DR..Z.)

MACQUI. BOT. PHAN. Pour Maqui. V. ARISTOTéLIE. (B.)

MACRANTHE. Macranthus. BOT. PHAN. Loureiro(Flor. Cochinchédit. Willd. 2 p. 562) a déciit sous ce nom imprimé par erreur Marcanthus un genre de la famille des Légumineuses et de la Diadelphie Dé-candric L. auquel il a attribué les caractères suivans: calice tubuleux coloré persistant à quatre lobes aigus les deux latéraux plus courts; corolle pnpilionacée dont l'étendard est ovale émarginé concave les ailes oblongues trois fois plus longues que l'étendard; dix étamines diadel-phes dont quatre épaisses à anthères ovées et les six autres plus minces à anthères oblongues; style filiforme velu couronné par un stigmate obtus; légume dioit presque cylindrique épais acuminé et polysperme. Ce genre a été'placé par De Candolle (Prodrom. Syst. Veg.2 p. 38a) dans la tribu des Phaséolées quoiqu'il offrît des rapports avec les genres ?/-toria et Galactia qui appartiennent à un autre groupe de Légumineuses; mais ce rapprochement n'a pu être vérifié sur la Plante de Loureiro qui probablement n'existe que dans son herbier. Celle-ci (Macran-thus cochinchiriensis) est une herbe volubile dont les feuilles sont com-E osées de trois folioles ovées rhora-oïdes velues et munies de stipules filiformes; les fleurs sont blanches nombreuses et portées sur des pédon-cules axillaires. Cette Plante:est cul-tivée en Cochinchme où l'on mange ses légumes. (G..N.)

* MACRASPIS. Macraspis.INS. Genre de l'ordre des Coléoptères section des Pentamères famille des Lamellicornes tribu des Scarabéides division des Xylophiles établi par Mac-Leay et confondu par Fabricius avec les Cétoines. Les caractères de ce genre nous sont inconnus et La-treille ne fait que le mentionner ses FamillesNaturelies: les esp

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appartiennent à ce genre sont les Cetonia cl avala tetradactyla fucata et chrysis de Fabricius. Latreille dans.ses ouvrages antérieurs à celui que nous venons de citer les rangeait dans son genre Rutela. (G.)

MACRE. Trapa. bot. phan. Genre de Plantes de la Tétrandrie Mono gynie L. placé d'abord par Jussieu dans la famille des Hydrocharidées puis transporté dans celle des-Ona-graires d'où il a été ensuite retiré pour faire partie du nouvel ordre naturel des Hygrobiées voisin des Onagraires. Les caractères de ce genre assez singulier sont les suivans: son calice monosépale allougé à quatre lobes dressés est adhérent par sa partie inférieure avec l'ovaire qui est semi-infère; la corolle se compose de quatre pétales dresses alongés chiffonnés alternes avec les lobes du calice; les quatre étamines également dressées et alternes avec les pétales ont leurs filets subulés; leurs anthères arrondies comprimées introrses à deux loges s'ouvrant par un sillon longitudinal: ces étamines ainsi que les pétales sont insérées en dehors d'un disque périgyne et lobé placé autour du point où la moitié supé-rieure de l'ovaire est libre et saillante; cet ovaire ainsi que nous l'avons dit est à moitié inférieur il se termine supérieurement en un style qui est Siinhonté d'un stigmate discoïde épais glanduleux et bilobé. Coupé transversalement cet ovaire offre deux loges qui contiennent chacune un aïeul ovule attaché à la partie la plus sipérieure de la cloison. Le fruit est une sorte de noix d'une forme particulière coriace lorsqu'elle est séche et presque ligneuse; elle est comme rhomboïde un peu compri-mèe terminée à son sommet par une Sorte de pyramide trûnqütfc offrant Vôrs sa partie moyenne deux ou quatre corn es épaisses pointues ouôbtùsés quï sont forméés par les divisions du limbebe calicinal épaissies. Celte noix reste indéhiscente elle offre une seule loge et renferme une graine comprimé très-grosse presque deltoïde composée d'un tégument propre très-mince recouvrant un embryon très-gros offrant l'organisation suivante: presque toute la masse de l'ertibryon est formée par un corps très-gros parfaitement indivis et que la plupart des botanistes ont considéré comme un corps cotylédonairc simple. Vers la partie supérieure de ce qorps on trouve sur son bord une échan-crurcd'où naît un organe Coliique qui est bien certainement la radicale; vers son sommet on observe sur uh de ses côtes un petit corps obtui bu une sorte d'écusson qui est le second cotylédon à l'état rudimentaire. En écartant ce secondcotyïédon on trbuve à son aisselle ïa gemmule. Ce gfenre se compose de trois espèces: l'une Trapa natans qui croît dans lés eaux stagnantes de l'Europe et de l'Asie î et les deux a autres Trapa bicornîs et Trapa cochinchinensis qui peut-être ne sont que deux variétés l'une de l'autre sont communes en Chine et à la Cochinchine.

La MACRE ORDINAIRE Trapa na tans L. est une Plante vivace qui croît au milieu des étangs: sa tige est longue rameuse et flottante; ses feuilles réunies en rosettes élégamment étalées à la surface des eaux son t alternes pétiolées rhom-boïdaies dentées glabres; leur pétiole est renflé et fusiforme dans sa partie supérieure; à sa base on trouve deux petites stipules subulées. Les fleurs sont blanches pédonculées et axillai-res; le fruit présente quatre cornes courtes et très-aiguës. Cette Plante est fort commune dans plusieurs parties de la France entre autres en Breta gne: ses amandes sont épaisses et charnues; on les mange sous le nom de Châtaignes d'eau. Elle n'existait point daus les vastes marais qu'on tiouve au nord-ouest de Bordeaux. Notre collaborateur Bory de Saint-Vincent l'y sema en l'an vi de la république avec des fruits venus des environs d'Augers; elle s'y était excessivement répandue dès le commencement de ce siècle. (A. R.)

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* MACRÉE. GÉOL. C'est le phénomène plus généralement cpuuu sou s le nom de Barre et qui est produit à l'embouchure des grands fleuv es et même sur des plages sablonneuses par suite de la résistance qu'opposent les eaux fluviales au flux rapide de la mer et même par la rencontre à ce qu'il paraît du reflux et du flux qui le suit dans les mouve-mens oscillatoires des vagues. Lorsque celles-ci après s'être déployées sur le rivage se retirent ellas rencontrent celles qui les suivent et au point ou se fait le choc il se forme un banc composé de ce que la vague qui se retire emporte du rivage et dece que la lame montante apporte. L'existence de ces bancs est très à craindre et il en est plusieurs tels que celui de la Côte-d'Or de la Côte de l'Inde que l'on ne peut passer sans danger même avec des bateaux spécialement construits pour le passage. L'impétuosité de la lame est telle sur la Côte-d'Or qu'on ne peut rien débarquer que dans des futailles que l'on jette à la mer près de la barre; laissant au flot le soin de les porter au rivage. Le géologue ne peut se dispenser d'étudier dans tous leurs détails de semblables effets qui ont lieu dans la nature actuelle pour voir si dans les dépôts marins qui composent nos continens il n'en existe pas qui pourraient avoir été produits par des causes analogues à celles dont il est témoin. (C. P.)

MACREUSE OIS. Espèce du genre Canard V. ce mot. (B.)

* MACROCARPE. Macrocarpus. BOT. CRYPT. (Algues) Syn. d'Ectocarpe. V. ce mot. Bonnemaison auteur de ce genre y ajoute quelques Céramies Conferves etc. (B.)

MACROCEPHALE. POIS. Espèce du genre Labre. V. ce mot. (B.)

MACROCÉPHALE. INS. Ce nom a été donné d'abord par Swederus à un genre d'Hémiptères de la famille des Géocorises et que Fabricius a appelé depuis Syrtis; Olivier a ensuite désigné sous ce nom le genre Anthribe de Geoffroy. V. ANTHRIBE SYRTIS et PHYMATE. (G.)

* M ACROCERATIUM. BOT. PHAN. Sous ce nom De Candolle (Syst. Veg. Nat 2 p. 204) a formé la troisième division du genre Notoceras de R. Brown. Elle se composé duNotoceras cardaminefolium D. C. et Deless. (Icon. Select. 2 t. 18) ou Lepidium cornutum de Sibthorp. Cette section a été considérée par Reichenbach comme uu genre distinct auquel il a donné le nom d'Androiowekia qui d'un autre côté a été proposé par De Candolle pour un autre genre de Crucifères. (G..N.)

MACROCERCUS. OIS. Nom générique des Aras dans Vieillot. V. ARA. (B.)

MACROCÈRE.Macrocera. INS. Genre de l'ordre des Diptères famille des Némocères tribu des Typulaircs fungivores établi par Meigen et adopté par Latreille (Fam. Nat. du Regu. Anim.) Les caractères de ce genre sont: antennes en forme de soie très-longues ayant les deux articles de la base renflés et les suivans cylindriques; yeux ovales trois petits yeux lisses; ailes couchées parallèles. L'espèce qui sert de type à ce genre est:

La MACROÉRE JAUNE Macrocera lutea Meig. (Dipt. 1rc part. tab. 2 p. 24). Elle est longue de trois lignes jaune; ses antennes sont une fois plus longues que le corps. Ou la trouve en Europe.

Spinola a établi sous le même nom un genre d'Hyménoptères dans la section des Porte-Aiguillons famille des Mellifères tribu des Apiaires et ayant pour caractères: cinq articles distincts aux palpes maxillaires; ailes supérieures offrant trois cellules cubitales complètes. Ces Hyménoptères diffèrent des Eucères de Fabricius par les palpes maxillaireff qui sont com-Ï>oses de six articles dans ces derniers:es Centris n'ont que quatre articles aux palpes. Ce genre renferme plu-sieurs Eucères de Fabricius et l' Eu-

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cera antennata de Panser ou Abeille de la Mauve de Rossi. (G.)

* MACROCHÈLE. Macrochelus.ARACHN. Genre de Tordre des Tra-r chéennes famille des Phalangiens établi par Latreille (Fam. Nat. du Règn. Anim.) qui ne donne pas ses caractères et qui dit seulemeut que le type du genre est l' Acarus marginatus d'Hermann. (G.)

MACROCNÈME. Macrocnemum. BOT. PHAN. Genre de la famille des Rubiacées et de la Pentandrie Mono-gynie L. établi par Patrik Browne adopté par tous les autres botanistes et qui offre pour caractères: un calice aahérent par sa base avec l'ovaire infère ayant son limbe subcam-panulé à cinq dents et persistant; une corolle monopétale infundibuli-forme et presque campanulée ayant son tube plus long que les divisions du calice et son limbe étalé et à cinq lobes; les cinq étamines insérées au bas du tube sont saillantes; l'ovaire est infère surmonté d'un style simple que termine un stigmate bilobé. Le fruit st une capsule biloculaire s'ouvrant eu deux valves septifères sur le milieu de leur face interne; chaque loge contient plusieurs graines planes et un peu membraneuses sur leurs bords. Ce genre se compose d'environ une dizaine d'espèces toutes originaires de l'Amérique méridionale: ce son tdes Arbres ou des Arbrisseaux à feuilles opposées avec des stipules interposées; leurs fleurs forment des corym-bes oü des panicules terminales et sont accompagnées de bractées quelquefois très-grandes et colorées.

L'une des espèces les plus intéressantes de ce genre est le Macrocnemum corymbosum Ruiz et Pavon FI. Péruv. 2 p. 48 t. 189. C'est un grand et bel Arbre qui croît au Pérou et dans le royaume de la Nouvelle-Gre-nade: ses feuilles sont obovales allongées acuminées cordiformes à leur base et sessiles; lei fleurs sont disposées en corymbes terminaux; plies sont accompagnées de bractées très-petites et sessiles. L'écorce des jeunes rameaux a une saveur amère et astringente; on la trouve quelquefois mélangée avec les écorces de Quinquina qui nous viennent du Pérou.

Une autre espèce de ce genre décrite par Kunth (in Humb. Nov. Gen 3 p. 399) sous le nom de Macrocnemum tinctorium croît dans les missions de l'Orénoque. Son écorce fournit un principe colorant rouge. (A. R.)

* MACROCYSTE. Macrocystis BOT. CRYPT. (Hydrophytes.) Genre de la première section de notre famille des Laminariées établi par Agardh aux dépens du Laminaria de Lamouroux composé des plus grands Végétaux de la mer que rapEroche un faciès tout particulier Les Macrocystes s'accrochent sur les rochers des plus grandes profondeurs ou des rivages à l'aide de puissantes racines bien caractérisées composées de divisions très-ramifiées fort dures et entrelacées souvent d'une manière inextricable. De ces racines s'élèvent des tiges flexibles de la grosseur du petit doigt à celle du poüce et qui atteignent dit-on jusqu'à plusieurs centaines de pieds de longueur s'entremêlant alors dans certains parages ou vers certaines rives de manière à y reudre l'effet de la rame des petites embarcations absolument nul et à mettre obstacle à la navigation des bateaux. Ces tiges ont une écorce ridée noirâtre recouvrant une substance consistante comme ligneuse où se reconnaissent comme dans le tronc des Lessonies des couches concentriques et qu'une substance médullaire centrale et Ï tlus foncée occupe dans toute la ongueur. De véritables feuilles solitaires sur leur pétiole dans toutes les espèces qui nous sont connues sont alternes sur les tiges des Macrocystes ovoïdes ou linéaires; elles ne parvien-nent pas aux vastes proportions que feraient supposer les tiges. D'une couleur olivâtre tirant sur le brun ou le jaunâtre elles sont plus ou moins

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pliuées; Agardh prétend que la fructification qui selon lui consiste en tubercules formés de granules séminaux est répandue dans leur substance. Nous n'avons reconnu rien d'analogue et malgré des recherches très-minutieuses la fructification des Plantes de ce genre nous a complètement échappé. Nous n'avons conséquernment adopté le genre Macrocyste que sur l'habitus général trop particularisé pour qu'on s'y puisse méprendre. Il ofFre cependant de grands rapports avec les Sargasses auiçuelles il forme un passage les petioles des feuilles se renflant en vésicules absolu meut analogues à celles de ces mêmes Sargasses et du Fucus nodotus L. qui est un Halidrys.—Dès le temps des premières navigations dans les mers de l'hémisphère austral les Macrocystes fuient remarqués et Jean Bauhm en fît mention; mais il arriva eocore de ces Plantes comme de tous les genres où de grands caractères frappans sont communs à toutes les erpèces on les confondit en une seule; elles devinrent le Fucus py ri-férus de Linné et des auteurs Nous ne croyons pas pouvoir admettre avec Agardh dans ce genre le Fucus comosus de Turner tab. 142 qui est une véritable Sargasse d'après l'examen que nous eu avons fait ou peut-être un Halidrys. Nous possédons dans nos collections cinq espèces bien constatées de ce beau genre.

Macrocystis integrifoiius N. à feuilles linéaires étroites très-entières n'ayant jamais leurs bords profondément dentés; vésicule pé-tiolaire subcylindracé oblong peu renflé. Nous avous trouvé cette espèce parmi des amas de la suivante rapportée de Valparaiso sur les côtes occidentales de l'Amérique du sud; 2° Macrocystis communis N. celui gu'a représenté Turner pl. 110; feuille proportionnellement plus large que dans le précédent bien plus plis-see mais toujours simplement lancéolée oblongue profondément dentée sur les bords les dentelures prolongées comme flexibles; vésicule pétiolaire allongé dans la jeunesse et se renflant en forme de poire. Nous avons reçu cette espèce du cap de Bonne-Espérance par Schlechtendal des Ma-louines et de la Conception au Chili par Lesson du cap Horn par La-mouroux des mers des Indes par Thunberg et de Valparaiso; 3° Macrocystis angustifolius N.; feuille étroite et linéaire finement dentée sur les bords; vésicule pétiofeire court se renflant vers l'insertion de la feuille de manièreàprésenter la forme d'un cœur. Labillardière nous a enrichi de cette espèce qu'il a recueillie à la NouveUeJnollande; nous l'avons aussi reçue de Valparaiso; 4° Macrocystis angustifolius N.; feuille ovoïde très-grande largement et longuement dentée de sorte que le vésicule pétiolaire cylindracé paraît petit en comparaison de la grandeur des feuilles. Nous l'avons reçu des côtes du Pérou vers Lima; 5° Macrucystis pomiferus N.; Laminaria pomiferus Lamx. inéd.;M. Humboldtii Agardh Syst. p. 293; Fucus hirtus Humb. et Bonpl. t. 68 et 69. Le nom de pomifera donné par Lamouroux à cette Plante est bon et antérieur; il doit être maintenu parce qu'il indique la forme du vésicule pétiolairequi estsphérique; la feuille est très-étroite linéaire dentée moins consistante que dans les espèces précédentes. Le nom donné par Humboldt et Bon-pland est au contraire fort impropre toute la Plante étant très-glabre; mais ces naturalistes si nous en jugeons par l'échantillon que nous tenons de l'un d'eux avaient pris un Polypier qui couvrait leur Plante pour des poils qu'ils croyaient lui être adhérens et nous ne voyons pas pourquoi on adopterait le changement de nom proposé par Agardh puisqu'il signalerait une erreur du savant à qui la Plante serait dédiée. Nous avons encore reçu cette espèce de Valparaiso; Durville nous l'a aussi communiquée de la Conception sur les côtes dLu Chili.—Le Macrocystis Menziesii d'Agardh Fucus pl. 27 de Turner nous parait égale

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partenirà ce genre dont le développement est analogue à celui des Les-sonies les feuilles des extrémités se divisant de la base à la pointe (B.)

* MACRODACTYLE. Matrodactyles. INS. Genre de l'ordre des Coléoptères section des Pcn la mères famille des Lamellicornes tribu des Scarabéides Phyllophages de Latreille (Fam. Nat. du Règne Anim.) établi par cet auteur qui ne donue pas scs caractères et ayant pour type le Melolontha subspinosa de fabricius M. anguslata de Palisot-Beauvois. (G.)

MACRODACTYLES. Macrodactyli. OIS. Nom donné par Vieillot à une famille de Tordre des Echassiers composée d'Oiseaux à longs doigts sans palmures. Elle comprend les genres suivans: Râle Porzane Porphyrion et Gallinule. V. ces mots. (G.)

MACRODACTYLES. Macrodactyli. INS. Tribu de Tordre des Coléoptères section des Pentamères famille des Clavicornes établie par Latreille et ayant pour caractères: antennes de dix à onze articles très-courtes formant dès le troisième article une massue en fuseau ou cylindracée dentelée. Ces Insectes se tiennent sur les bords des ruisseaux et des mares. Leur nom vient de ce qu'ils ont les tarses longs et terminés par de forts crochets.

A. Tarses de quatre articles menus filiformes et terminés par de petits crochets. Jambes antérieures arges épineuses et fouisseuses. Corps déprimé.

Genre: HÉTÉROCÉRE.

B.Tarses de cinq articles grands grossissant vers le bout et terminés par deux forts crochets.

Genres: POTAMOPHILE DRYOPS ELMIS MACRONYQUE et GÉORISSE. (G.)

MACRODITE. Macrodites MOLL. Genre proposé par Monlfort pour une (Coquille microcospique que Férus-sas et de Blainville ont rangée dans les Lenticulites V. ee mot et qui suivant notre opinion sen distingue assez bien par l'ampleur de l'ouverture. La manière dont Montfort a observé ce corps laisse beaucoup de doute sur ses rapports; il n'est pas sûr si l'ouverture est totalement fermée et il ignore s'il existe un sy-phon ou une rimule ou une fente. Ce corps n'étant connu que par la description et la mauvaise figure de cet auteur il est fort difficile de statuer à son égard. (D..H.)

* MACRODON. pois. Espèce de Perche du sous-genre Centronote. V. Perche. (B.)

* MACRODON. BOT. CRYPT. (Mousses.) Nouveau genre établi par Walker-Arnott (Mémoires de la Société d Histoire Naturelle de Paris t. II) qui l'a placé dans le groupe des Hypnoïdées en lui assignant les caractères suivans: soie latérale; coiffe en capuchon; péristome simple à seize dents distinctes divisées presque jusqu'à la base et formant trente-deux lanières filiformes un peu roides roussâlres et rapprochées par paires. Ce genre a été constitué sur le Tri-chostomum Leucoloma de Schwægri-chen oui en a publié une figure t. 122 de la première partie du second supplément au Species Muscorum d'Hedwig. Il diffère du Trichos-tomum par scs soies latérales et du Dicnemum par sa coiffe à base oblique. Walker-Arnott donne à cette Mousse le nom de Macrodon Auberti en l'honneur d'Aubert Du Petit-Thouars oui Ta rapportée de Madagascar. Elle a un port tout particulier; son péristome est filiforme à peu près aussi long que celui des Trichostomum et beaucoup plus qu'il ne l'est habituellement dans les Hypnoïdées. Dans un des derniers numéros du Botanische Zeitung pour 1825 Hornscbuch dans un extrait de Touvrage de Schwsgrichen a aussi de son côté senti que le Trichostomum leucoloma devait fermer un genre distinct pour lequel il a proposé le nom de Walkeria. Mais comme il n'en a point exposé les caractères et que ü ailleurs le nom de

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Walkeria ou Walkera a déjà deux emplois pour des Plantes phanérogames nous pensons que celui oui a été proposé par Walker-Arnott dès le mois de mars 1825 doit être adopté. (G..N.)

* MACRODONTE. POIS. Espèce du genre Labre. (B.)

* MACROGASTÈRE. POIS. Espèce du genre Glyphisodon. (B.)

MACROGASTRES. Macrogastri. INS. Latreille désignait ainsi une famille de l'ordre des Coléoptères section des Hétéromères qu'il composait àts genres Pyrochre et Calope. V. STéNéLYTRES et TRACHéLIDES. (G.)

* MACROGÈNE. ACAL. Espèce du genre Cyande. V. ce mot. (B.)

* MACROGLOSSE. Macroglotsus. MAM. Nom donné par Fr. Cuvier à un sous-genre de Chauve-Souris frugivores. v. Roussette (IS. G. ST.H.)

MACROGLOSSE. Macroglossum. INS. Genre de l'ordre des Lépidoptères famille des Crépusculaires tribu des Sphingides établi par Sco-poli et ne différant des Sphinx proprement dits que par l'abdomen qui est terminé par une brosse. Fabricius dans son système des Glossates en forme a tort le genre Scsia. Ce genre a pour type le Sphinx stellata-rum de Linné et ceux qu'on a nommés fuciformis bombyliformis etc. V. SPHINIX. (G.)

* MACROGLOSSES. OIS. (Vieillot.) Nom d'une famille d'Oiseaux qui comprend les genres Pic et Torcol. (DR..Z.)

MACROGNATHE. Macrognatàus. pois. Le genre formé sous ce nom par Lacépède n'a été adopté par Cuvier que comme sous-genre de Rhynchobdella. V. RHYNCHOBDELLE. (B.)

* MACROLEPIDOTE. POIS. Espèce de Glyphisodon. (B.)

MACROLOBIUM. BOT. PHAN. Sous ce nom générique Schreber et Willdenow ont réuni les genres Vouapa et Outea d'Aublet. En adoptant celte nouvelle dénomination Vahl l'avait employée Seulement pour le premier de ces genres. L'un et l'autre ont été adoptés par De Can-dolle dans son dernier travail sur les Légumineuses V. OUTéA et VOUAPA. (G.N.)

* MACROMITRION. BOT. CRYPT. (Mousses)Ce genre fondé par Bri-del a été définitivement réuni aux Orthotrichum par Hooker et Gréville (in Edinburgh Journal of Science 1 p. 110) qui ont prouvé que les espèces de ce nouveau genre n'avaient pas même un poht particulier qui pût compenser l'absence de tous caractères distinctifs V. ORTHOTRIC. (G..N.)

MACRONAX. BOT. PHAN. (Rafi-nesque.) Syn. d'Arundinaria de Michaux. V. ARUNDINAIRE. (B.)

* MACRONÈME. POIS. Espèce du genre Mulle. V. ce mot. (B.)

MACRONYCHES. Macronyches. OIS. Famille d Echassiers tribu des Tétradaclyles renfermant dans le Système de Vieillot des Oiseaux qui ont non-seulement les doigts mais les ongles très longs et presque droits. Cette famille est formée du seul genre Jacana. V. ce mot. (G.)

MACRONYQUE. Macronycàus. INS. Genre de l'ordre des Coléoptères section des Pentamères famille des Clavicornes tribu des Macrodactyles établi par Müller et ayant pour caractères: antennes repliées sous les yeux de la longueur de la tête et du corselet presque filiformes; de six articles dont le dernier seulement plus grand et formant une masse ova-laire; tarses longs; corps oblong.

Ce genre différé des Elmis par les. antennes qui dans ceux-ci sont presque de la même grosseur dans toute leur étendue et sont terminées par un article à peine plus gros. Les Géorisses s'en éloignent par les tarses qui n'ont que quatre articles distincts; enfin les Dryops les Hydèrcs et les Hétérocères s'en distinguent par les antennes qui à partir du troisième forment une massue composée d'articles serrés et en dent

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côté interne. La tête des Macrony-ques s'enfonce en grande partie dans le corselet dont les côtés sont fortement rebordés. Leurs antennes sont insérées au bord interne des yeux sous lesquels elles se courbent en forme d'arc; le premier article est cylindrique plus long que les quatre suivans; l'extrémité de ces antennes se loge sous le bord latéral et antérieur du corselet. La bouche est très-petite et s'enfonce aussi dans le corselet; le labre est presque demi-circulaire; les mâchoires sont terminées par deux lobes ciliés dont l'extérieur est plus étroit; les palpes sont égaux très-courts et terminés par un article plus gros et ovale; les mandibules sont cornées et bifides à leur pointe et la lèvre est formée d'un menton transversal et d'une languette plus grande avec le bord supérieur plus large droit et entier. Le corps présente le port des Dryops; il est oblong presque cylindrique; le milieu du corselet offre une impression transverse; l'écussou est petit triangulaire et pointu; les pales sont lon. gues et grêles avec les cuisses cylindriques.

Ce genre a été établi sur un très-petit Insecte qu'on n'a encore trouvé qu'en Allemagne.

Le MACBONYQUK A QUATRE TUBERCULES M. quadrituberculalus Müll.(Magaz. Inseckt. Illig. 1806 p. 215). Noir un peu bionzé; antennes roussâtres; bord antérieur du corselet et extérieur des élyires pâle ou jaunâtre; corselet ayant entre le milieu et le bord postérieur de petites éminences disposées sur une ligne transverse; élytres ayant des stries longitudinales formées depoints enfoncés. (G.)

MACROPE. Macropus. INS. Nom donné par Thunberg à un genre de Coléoptères. V. LAMIE. (G.)

MACROPE. Macropa. CRUST. V. MéGALOTE. (G.)

* MACROPÈZE. Macropeza. INS. Genre de l'ordre des Diptères famille des Nérnoeères tribu des Tipu laires division des Caliclformes mentionné par Latreille (Fam. Nat. du Règne Anim.) et dont nous ne connaissons pas les caractères. Ce genre est placé près des Cératopo-gons. (G.)

MACROPHTHALME. POIS. Espèces des genres Denté et Priacanthe. V. ces mots. (B.)

* MACROPHTHALME. Macraphthalmus. CRUST. Genrede l'ordre des Décapodes famille des Brachyures tribu des Quadrilatères établi par Latreille (Fam. Nat. du Règ. Anim.) et dont il ne donne pas les caractères. Ce genre comprend les espèces ayant les formes générales des Grapses leff pieds-mâchoires semblables à ceux des Crabes proprement dits et les yeux portés sur de longs pédoncules. (G.)

MACROPODA. MAM. (Illiger.) Famille de Rongeurs qui renferme les Gerboises et les Ménones.V.ces mots. (B.)

MACROPODE. Macropodus. POIS. Le geme formé sous ce nom par Lacépède (T. III p. 416) dans l'ordre des Thoraciques n'a même pasété mentionné par Cuvier qui trop exact dans ses recherches pour admettre des êtres dont l'existence n'est constatée que sur des peintures chinoises ne regarde comme connu que ce qui l'est réellement. D'après ces peintures dont l'une est copiée pl. 16 f. 1 de son grand Traité Lacepèdeconclut que son Poisson est cc magnifique dans ses mouvemens légers et dans ses évolutions variées. Aussi n'est-il pas surprenant ajoute le continuateur de Buffon que les Chinois qui cultivent les beaux Poissons comme les belles fleurs et qui aiment pour ainsi dire à faire de leurs pièces d'eau éclairées par un soleil brillant autant de parterres vivans mobiles et émaillés de toutes les nuances de l'iris se plaisent à le nourrir à le multiplier et à multiplier aussi son image par une peinture fidèle. ff Les naturalistes ne peuvent adopter la

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création d'un genre d'après de pareilles raisons. (B.)

MACROPODIE. Macropodia. crust. Genre de l'ordre des Décapodes famille des Brachyures tribu des Triangulaires établi par Leach et auquel Latreille (Fam. Natur. du Règne Aoim.) donne le nom de Sté-norhynque que Lamarck lui avait imposé avant Leach. V. STéNORHYNQUE. (G.)

* MACROPODIUM BOT. PHAN. Genre de la famille des Crucifères et de la Tétradynamie siliqueuse L. établi par R. Brown (in Hort. Kew. éd. 2 T. iv p. 108) et offrant les caractères suivans: calice dressé un peu dilaté à la base; pétales oblongs linéaires; étamines dont les filets sont libres et dépourvus de dents; silique pédicellée plane comprimée linéaire surmontée d'un stigmate sessile et puuctiforme à valves planes à une seule nervure qui part du milieu de la base; graines orbiculées ceintes d'une aile très-courte distantes et placées sur un seul rang. Ce genre a été formé sur une espèce de Cardamine de Pallas; il se distingue des Cardamine et des Arabis par sa silique stipitée par ses valves nervigères à la base et par son calice légèrement dilaté. En l'adoptant De Candolle (Syst. Veg. Natur. 2 p. 244) l'a placé entre les deux genres que nous venons de citer parmi les Pleurorhizées sili-queuses c'est-à-dire parmi les Crucifères qui présentent pour caractère principal: une silique et des cotylédons accombans. Le Macropodium nivale R. Br. Cardamine nivalis Pallas (Voyages éd. franscaise app. p. 341 t. 68 f. 2) est une Plante çrhacée vivace très-glabre dressée et simple; ses feuilles sont ovales-lancéolées acuminées légèrement dentées en scie; les fleurs de couleur blanche et portées sur de très-courts pédicelles forment une grappe longue et spiciforme. Cette espèce croit près des neiges perpétuelles sur les sommets des monts Altaïs. (G..N.)

* MACROPTÈRE. POIS. Espèce du genre Canthère. (B.)

* MACROPTÈRES. OIS. On a quel-quefois désigné sous ce nom divers Oiseauxdont les ailes très longues dé-passent ordinairement la queue. (DR..Z)

MACROPTERONOTE. Macroramphosus. POIS. (Lacépède.) V. SILURE.

MACROPUS. MAM. (Schaw.) V. KANGUROO.

MACRORAMPHOSE. Macroramphosus. POIS. (Lacépède.)V. SILURE.

* MACRORHINE. MAM. V. MAKI.

MACRORHYNQUE. Macrorhynchus. POIS. (Lacépède.) V. SYNGNATHES.

* MACROSCÉPIDE. Macroscepis. BOT. PHAN. Genre de la famille des Asclépiadées et de la Pentandiie Monogynie L. établi par Kunth (Nov. G en. et Spec. Plant. œquin. T. III p. 200) qui lui a imposé les caractères essentiels suivans: calice à cinq divisions profondes un peu plus grand que la corolle et muni de deux bractées; corolle épaisse dont le tube est renflé et globuleux le limbe étalé à cinq divisions peu profondes; couronne composée de cinq écailles presque arrondies charnues insérées sur l'entrée de la coiolle; gynostème court scutelliforme; anthères terminées par une membrane; masses polliniques comprimées fixées par le sommet et pendantes; stigmate rnutique. Le fruit est inconnu. Ce genre est très-voisin du La-chnostoma établi par le même auteur; il s'en distingue cependant par la grandeur du calice par la structure de la couronne et du gyuostème enfin par l'entrée de la corolle qui est nue; il offre aussi quelque affinité avec le Gonolobus. Le Macroscepis obovata Kunth loc. cit. t. 233 est la seule espèce du genre. C'est une Plante dont la tige est volubile à rameaux hérissés de poils à feuilles opposées obovées et cordiformes. Les pédoncules sont interpéti et

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portent deux fleurs pédicellées et accompagnées de bractées. Cette espèce croît au Mexique sur la côte de Campêche. (G..N.)

MACROSTEMA. BOT. PHAN. (Persoon.) V. CALBOA.

* MACROSTOMES. Macrostoma. MOLL. Lamarck a réuni dans cette famille les genres de Coquilles qui offrent une très-grande ouverture rassemblés d'après des caractères tirés plutôt de la coquille que de L'A nimal. Après un examen plus approfondi ils ne purent rester dans les mêmes rapports; ainsi Blainville en porta une partie dans sa famille des Otidés(V. ce mot) et une autre dans son ordre des Chismobranches. Cuvier avant Blainville avait déjà séparé les Sigarets des Haliotides. Latreille a suivi cet exemple dans les Familles du Règne Animal; il a soin en les plaçant dans deux ordres différens de les rapprocher le plus possible ce que n'a pas fait Blainville. Cette famille créée dans la Philosophie Zoologique sous le nom de Stomatacées reçut de son auteur le nom qu'elle porte aujourd'hui dans l'Extrait du Cours; elle éprouva dans cet ouvrage des changemens notables. Composée primitivement des trois genres Haliotide Stomate et Stoma-tellc elle ne renferma plus que les deujç derniers; les Haliotides furent portés avec les Pntelles et les Si-garets restèient dans la famille des Aplysiens. Dans son dernier ouvrage Lamarck recomposa la famille des Macrostomes sur son premier plan; il n'y fit d'autres changemens que d'y joindre le genre Sigaret; elle se compose doue aujourd'hui des genres Sigaret Stomatelle Stomate et Haliotide auxquels nous renvoyons ainsi qu'à Otidés Scutibranches et Chismobranches. V. ce dernier mot au Supplément. (D..H.)

* MACROSTYLE. Macrostylis. BOT. PHAN. Bartling et Wendland auxquels on doit une revue des espèces nombreuses confondues auparavant sous le nom de Diosma en ont for mé avec raison plusieurs genres; les uns déjà proposés par différens botanistes les autres entièrement nouveaux. Parmi ces derniers est celui qu'ils nomment Macrostylis et qui est caractérisé de la manière suivante: calice quinquéparli revêtu à sa base par Un disque qui forme plus haut un bourrelet libre et épais; cinq pétales plus longs aue le calice réfléchis rétrécis à leur base en un onglet barbu du côté interne; cinq étamines alternant avec les pétales saillans et dont les anthères sont surmontées d'une petite glande; style allongé saillant aminci à son extrémité qui présente trois petits lobes stigmatiques; trois ovaires accollés cachés dans la base du calice et sous le bourrelet du disque glabres prolongés au sommet en une niasse qui les égale à peu près en volume renfermant chacun deux ovules juxtaposés; fruit composé de trois coques qui se séparent à la maturité et dont chacune est surmontée d'une corne comprimée. Nous omettons ici les caractères de la graine ainsi que plusieurs autres communs à toutes les Diosmees du cap de Bonne-Espérance et qui sont décrits ailleurs. V. RUTACéES.

Ce genre comprend trois espèces. Ce sont de petits Arbrisseaux à feuilles éparses ou plus rarement opposées courtes marquées d'une série de points le long de leurs bords et sur les côtés de leur nervure médiane. Leurs fleurs rougeâtres sont portées sur de courts pédoncules que des bractées accompagnent et disposées en une sorte d'ombelle aux extrémités des rameaux. V. Adr. Juss. RUTACéES tab. 19 n. 20. (A.D.J.)

MACROTARSIENS. Macrotarsii. (Illiger.) Famille qui comprend les Tarsiers et Galagos. (B.)

MACROTARSUS. MAM. OIS. Lacépède donne indifféremment ce nom comme générique pour les Tarsiers et pour le genre Echasse. (B.)

* MACROTROPIS. BOT THAN. Genre de la famille des Légumineu-

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ses récemment établi par De Can-doile (Mémoires sur la Famille des Légumineuses et Prodr-Syst. Veget. 2 p. 98) qui l'aainsi caractérisé: calice cyathiforme ou renflé à cinq dents; corolle papilionacée dont les pétales qui forment la carène sont plus grands que l'étendard égaux entre eux et à ceux qui composent les ailes; légume droit comprimé on presque cylindrique polysperme. Ce genre est encore mal connu et semble par ses caractères intermédiaire entre l'Anagyris et le Suphora; il a été formé sur deux Plantes de la Chine et de la Cochinchine que Lou-reiro plaçait parmi les Anagyris sous les noms d'A. fœtida el à'A. inodora. Ce sont des Arbustes à feuilles glabres imparipinnées et à fleurs blanches. (G..N.)

MACROTYS. BOT. PHAN. Et non Macrotris. Rafinesque-Schmaltza décrit sous ce nom dans le Journ. de Bot. pour 1808 vol. II p. 170 un genre formé sur l' Actœa racemosa de Linné. DeCandolle (Syst. Veg. Nat. 1 p. 583) ne l'a admis que comme section des Actœa caractérisée essentiellement par ses fleurs monogynes. V. ACTÆA. (G..N.)

MACROULE OU MORELLE. OIS. Espèce du genre Foulque. V. ce mot. (B.)

MACROURE. Macmurus. POIS. Genre adjoint à la famille desGades dans l'ordre des Malacoptérygiens Subbrachiens où comme dans le Lé-pidolèpre la première dorsale est courte et distincte de la seconde qui bien plus basse s'étend toul le long du reste du corps fait.tout le tour d'une longue queue pointue et s'unit ainsi à l' anale qui vient finir perpendiculairement ou à peu piès en dessous. On ne voit pas comment avec un tel aspect ce Poisson put être confondu avec les Corypliâmes. Les ventrales y sont d'ailleurs bien en avant. Les écailles sont dures crénelées et rudes; les dents petites et sur plusieurs rangs. On voit un barbillon sous l'extrémité de la mâchoire inférieure comme dans les Morues. On n'en connaît encore qu'une espèce.

Le BERLAX Lacép. Pois. T. III p. 170 pl. 10 fig. 1; Poisson à longue queue Encyclop. pl. 35 fig. 133; Macrourus rupestris Bloch 177; Corypàœna Gmel. Syst. Nat. XIII T. I p. 1195. Ce Poisson habite les plus grandes profondeurs de la mer Glaciale. On le pèche en Groënland à la ligne sa chair étant assez bonne. Il atteint de deux à quatre pieds de long. Quand on l'a pris il se débat violemment et fait riller ses yeux en les gonflant comme de rage. Sa couleur est celle de l'argent ses nageoires sont jaunes. B. 6 D. 11-124 P. 19 V. 7 A. 148 C. O. (B.)

MACROURES. Macroura. CRUST Famille de l'ordre des Décapodes établie par Latreille et renfermant une grande partie des Canceres Macrouri de Linné oul'ordrc desExoch-nates de Fabricius. Ces Crustacés ont des branchies vésiculeuses barbues nu velues rapprochées par faisceaux (quatre à chaque) audessus des pieds et accompagnées d'un appendice membraneux vésiculeux en forme de sac allongé représen-tant la lanière des pieds-machoires des Brachyures; l'avant-dernier segment du post-abdomen a de chaque côté un appendice analogue à ceux du dessous des segmens précédens et formant le plus souvent avec le dernier une nageoire en éventail. Le post-abdomen est aussi long ou plus long que le thoracide simplement courbé en dessous dans la plupart composé constamment dans les deux sexes de sept segmens distincts. Les vulves sont situées sur le premier article de la troisième paire de pieds. Le corps est généralement plus-étroit et plus allongé que daus la famille des Brachyures avec le dessu du post-abdomen couvexe et souvent caréné. Les antennes sont aussi plus longues les intermédiaires sont généralement avancées ainsi les

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latérales et terminées par deux on trois filets sétacés. Les pieds-mâ-choir es extérieurs ont participé aux changemens en proportions qu'a éprouvés le corps; ils ont la forme de palpes ou de pieds grêles. Celle des pieds antérieurs vane; dans les uns tantôt les deux premiers tantôt ceux encore de la seconde paire et même de la troisième sont terminés par une Since ou main à deux doigts; dans d'autres aucun n'est didactyle; quelquefois même les deux antérieurs sont adactyles. On en connaît ou les pieds d'un côté diffèrent de ceux de 'autre. Les pédicules oculaires sont toujours très-courts. Les appendices inférieurs du post-abdomen sont gé-néralement plus grands même dans les mâles que dans la famille des Brachyures et forment des pieds à nageoires. Le test est proportionnel-lement plus faible que dans les Brachyures très-peu solide et flexible dans plusieurs.

Latreille désignait d'abord sous le nom de Macroures (Gen. Crust.) la seconde.tribu de son ordre des Décapodes et il la divisait en trois familles. Dans le Règne Animal il a converti cette tribu en famille qu'il a divisée en quatre sous-familles; enfin dans ses Familles Naturelles il les partage en deux sous-familles: ce sont les Anomaux et les Pinnicaudes. Ces divisions renferment huit tribus. V. les mots HIPPIDES PAGURIENS LANGOUSTINES SCYLLARIDES GALATHINES ASTACINES SALICOQUES et SCHIZOPODES. (G.)

* MACROXUS. MAM. Nom proposé par Fr. Cuvier pour désigner une section du genre Ecureuil celle des Guerlinguets. V. ECUREUIL. (IS. G. ST H.)

MACTRA. CONCH. Klein (Méth. Ostrac. p. 171 pl. 11 fig. 75) avait appliqué ce nom auquel depuis on a donné une autre signification à des Coquilles qui d'après l'indication de Rumph pl. 44 fig. L doivent appartenir au genre Arche. (D..H.)

* MACTRACÉES. conch. Famille proposée par Lamarck dans la Philosophie Zoologique pour réunir les Coquilles bivalves régulières plus ou moins bâillantes qui ont le ligament intérieur. Elle était formée dans cet ouvrage ainsi que dans l'Extrait du Cours où elle n'éprouva aucun changement des cinq genres suivans: Erycine Onguline Crassatelle Mactre et Lutraire. Dans son dernier ouvrage il lui fit subir quelques mo difications dans l'arrangemeut des genres et y en ajouta deux. Il les distribua de la manière suivante:

† Ligament uniquement intérieur.

A.Coquille bâillante sur les côtés. Genres: LUTRAIRE MACTRE.

B.Coquille non baillante sur les côtés.

Genres: CRASSATELLE ÉRYCINE.

†† Ligament se montrant au-de-hors ou étant double l'un interne et l'autre externe.

Genres: ONGULINE SOLÉMYE AMPHIDESME.

Si dans l'arrangement des Conchifères on considère les caractères tirés de la position du ligament comme de première importance il est certain que les rapports des genres qui composent cette famille sont parfaitement établis. Mais si comme le font la plupart des zoologistes on est obligé de prendre des rapports sur des connaissances plus approfondies de l'Animal des Coquillés on sera forcé de faire plusieurs changement llès-bien motivés. V. les diffé-rens mots génétiques que nous venons de rapporter. Latreile a admis la famille des Mactracées en en réparant le genre Lutraire. Blainville l'a complètement démembiée; une partie se trouve dans la famille des Conchacés (V. ce mot au Supplément) et une autre dans celle des Pyloridés. (V. également ce mot.) (D..H.)

MACTRE. Mactra. CONCH. Genre de la famille des Mactracées de Lamarck étahli par Linné qui y réunissait des Coquilles dont on a fait depuis plusieurs autres genres.

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Le mot de Mactre fut employé pour la première fois par Bonani qui a désigné ainsi une espèce d'Arche. Linné l'appliqua au genre qui nous occupe. Bruguière l'adopta sans y apporter de changemens. Lamarck le réforma en le débarrassant d'abord des Lu Ira ires de plusieurs Crasea-telles et de quelques Lucines. Ainsi modifié le genre Mactre de Linné présenta une coupe naturelle que tous les zoologistes ont admise comme un genre dans leurs classifications; mais tous n'ont pas été d'accord sur la place qu'il devait occuper dans la séne des Acéphales ou Couchifères. Cuvier reconnut la grande ressemblance qui existe entre l'Animal des Mactres et celui des Vénus; aussi est-ce dans sa famille des Cardiacés qu'il placa ce genre. Cependant reconnaissant aussi les rapports intimes qui lient ce genre aux Lutraires et aux Myes par la coquille il les rapprocha le plus qu'il put eu terminant les Cardiaqés par les Mactres et en commençant la famille des Enfermés par les Myes et les Lutraires. Férussac adopta cette opinion en la modifiant un peu d'après les derniers travaux de Lamarck. Blainville rapprocha les Mactres des Vénus bien plus que ne l'avaient fait les auteurs que nous venons de citer. Il fut en cela parfaitement d'accord avec Poli oui réunit l'Animal des Vénus et celui Mactres dans un seul et même genre; ce motif l'engagea dans son article MOLLUSQUE du Dictionnaire des Sciences Naturelles à placer les Mactres entre les Cyprines et les Vé-nu. Quelle que soitla grande analogie des Animaux les rapports évidens des coquilles doivent cependant entrer aussi pour quelque chose dans la place que l'on fait occuper à un genre. Les Mactres qui sont des Coquilles peu épaisses épidermées bâillantes qui ont le ligament interne et des dents latérales lamel-leuses peuvent bien être conservées dans la même famille que les Vénus mais présentant le passage le plus évident avec les Lutraires c'est sur la limite de ces deux familles que d'après l'opinion de Cuvier que nous avons adoptée elles doivent se trouver. Latreille dans son excellent ouvrage surles Familles Naturelles a suivi la manière de voir de Lamarck. Il a eu sans doute quelque motif pourcela. Quelle que soitla dissidence des opinions sur ce genre voici de quelle manière il peut être caractérisé: Animal tiès-voisin des Vénus; coquille transverse inéquilatérale subtrigone un peu bâillante sur les côtés â crochets protubérans; une dent cardinale comprimée pliée en gouttière sur chaque valve et auprès une dent en saillie; deux dents latérales rapprochées de la charnière p comprimées intrantes; ligament intérieur inséré dans la fossette cardinale; ligament extérieur très-petit.

Les espèces de ce genre sopt nombreuses et elles viennent de toutes les mers. Elles ne présentent par leur forme assez semblable que peu de moyens de les sous-diviser; cependant Blainville les a partagés en cinq sections dont les caractères sont tirés de la charnière. Il en existe plusieurs espèces fossiles. Defrance en cite huit mais nous en connaissons davantage.

MACTRE GÉANTE Mactra gigantean Lamk. Anim. sans vert. T. v p. 472 n. 1; Encyclop. pl. 259 fig. 1; Chemnitz Conchyl. T. x pl. 170 fig. 1656. C'est la plus grande espèce du genre. Elle est finement striée en travers; son épiderme est brunâtre. Le caractère qui la distingue le mieux est la grandeur de la fossette pour le ligament. Elle vit enfoncée dans le sable comme toutes les espèces du genre. Il paraît qu'elle se trouve dans les mers de l'Amérique.

MACTRE CARENEE Mactra carinata Lamk. loc. cit. n. 4; Knorr Verg. 6 t. 34 fig. 1; Encyclop. pl. 251 fig 1 A B C et fig. 12 A B pl. 252 fig. 2 C. Ces dernières figures sont probablement une variété dont l'angle n'est pas surmonté d'une crête.

MACTRE SOLIDE Mactra solida.

TOME X 2

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Lamk. loc. cit. n. 23; Mactra solida L. n. 13; Pennant Zool. Britann. T. IV fig. 43 A; Encycl. pl. 258 fig. 1; Chemnitz Conchyl. T. VI tab. 23 fig. 229. Espèce très-commune dans l'Océan d'Europe très-abondante dans la Manche.

MACTRE DELTOÏDE Mactra deltoi-des Lamk. loc. cit. n. 52; Mactra deltoisulcata ibid. Ann. du Mus. T. VI p. 412 et T. IX pl. 20 fig. 3 A B; Mactra semisulcata N. Descript. des Coq. Foss. des environs de Paris T. I p 31 pl. 4 fig. 7 à 10. Espèce fort commune fossile aux environs de Paris. Elle a son analogue vivant dont on ignore la patrie et qui est rare dans les collections. Il paraîtrait d'après Lamarck que cette espèce se trouve aussi fossile à Bordeaux. Basterot le confirme par la citatiou qu'il en a faite dans son Mémoire sur les Fossiles des environs de cette ville. (D..H.)

MACUCUA. BOT. PHAN. Pour Macoucoua. V. ce mot. (A. R.)

* MACULARIA. BOT. PHAN. L'une des divisions établies par Dunal dans le genre Hélianthème. V. ce mot. (G..N.)

MACUMA.BOT. PHAN. Pour Ma-couna. V. ce mot. (B.)

MACUSSON. BOT. PHAN. L'un des noms vulgaires du Lathyrus tuberosus. V. Gesse. (B.)

MADABLOTA. (Sonnerat.) BOT. PHAN. Espèce du genre Hiptage. V. ce mot. (B.)

* MADANAKA. BOT. PHAN. Nom brame du Calyptranthcs caryophyllifolia Willd: qui est aussi nommé Perin-Njara à la côte du Malabar. (G..N.)

* MADÉGASSE. POIS. Espèce de Cotte du sous-genre Platycéphale. V. COTTE. (B.)

MADELAINE. BOT. PHAN. Variété de Pêche; on nomme de même une variété de Poire. (B.)

MADHUCA. BOT. PHAN. (Gmelin.) Syn. d'Illipé. V. BASSIA. (B.)

MADI. Madia. BOT. PHAN. Ce genre de la famille des Synanthérées Corytnbifèresde Jussieu et de laSyngénésie superflue L. a été indiqué par Molina (Chili éd. fr. p. 106) et par Feuillée(Pérou p. 39 t. 26). Jussieu Ca vanilles et Jacquin lui ont attribué pour caractères essentiels: des fleurs radiées; un involucre simple à huit ou dix folioles linéaires et pubescen-tes quelquefois un second involucrc intérieur a plusieurs folioles; réceptacle nu; fleurons du centre hermaphrodites fleurons de la circonférence en languettes et femelles; ovaire surmonté d'un style capillaire; akènes non aigretlés planes drun côté convexes de l'autre. Le MADI CULTIVE Madiasativa Mol. estunePlantequi offrede l'intérêt à cause de ses graines qui fournissent soit par l'expression soit par la coction une huile très-douce et dont les habitans du Chili se servent pour assaisonner leurs mets. On cultive dans les jardins botaniques en Europe le Madia viscose de Cava-nilles(Icon. rar. 3 t. 298) espèce qui se distingue facilement du Madia sativa par ses feuilles amplexicaules et visqueuses. Jacquin (Hort. Schœn brunn. 3 t. 302) l'a rapportée an Madia mellosa ou Madi sauvage cité par Molina. (G..N.)

MADIAN. BOT. PHAN. Le fruit de l'Inde mentionné sous ce nom par Linschott n'est pas connu; on dit qu'il se mange dans ce pays pour aiguiser l'appétit mais qu'il enivre fa-cilemebt. Ce pourrait être la noix de l'Aréquier dont le nom indou est Madi. (B.)

* MADIZA. INS. Genre de Diptères établi par Fallen dans sa famille des Micromyzides et dont nous ne connaissons pas les caractères. Latreille (Fam. Nat. du Regn. Anim.)n'adopte pas ce genre. (G.)

MADOKA. MAM. Nom de pays de l'Antilope Saltiana. V. ANTILOPE. (B.)

MADONIA. BOT. PHAN. (Théo-phraste.) L'un des syn. de Nymphœa. V. NÉNUPHAR. (B.)

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MADRÉPORE. Madrepora. POLYP. Genre de l'ordre des Madréporées dans la division de Polypiers entièrement pierreux et dont voici les caractères: Polypier pierreux subdeu-droîde rameux a surface garnie de tous côtés de cellules saillantes à interstices poreux; cellules épaiscs quelquefois sériales distinctes tu-kaleuses saillantes à étoiles presque nulles à lames très-étroites. Lamarck ayant formé aux dépens du grand genre Madrepora de Lmné Pallas et GroeUn un assez grand nombre de genres particuliers a réservé le nom de Madrépore aux Polypiers larnelli-ieres dendroïdes dont la surface est hérissée de cellules saillantes; et les espèces au nombre de neuf que Lamarck y rapporte sont presque toutes fermées des variétés d une seule espèce des auteurs antérieurs le Madrepora muricata. La plupart des Madrépores parviennent à une grandeur assez considérable; on assure même que la plupart des rescifs des mers australes si remarquables par leur accroissement rapide sont dus au développement prodigieux d'une des espèces de ce genre le Madœpora abrotanoides.

Les formes générales des Madrépores sont assez variables; les uns présentent des expansions aplaties profondément divisées quelquefois subpalmées; d'autres forment une masse oblongue couverte de petites branches courtes cylindriques dont la réunion simule parfois uue sorte de corymbe au sommet du polypier; d'au très enfin se développent en longs rameaux cylindriques branchus figurant assez bien des cornes de cerf. Si les Madrépores différent entre eux par leur figure extérieure ils se ressemblentbeaucoup par leur structure interne par la disposition et l'aspect des cellules; ce qui explique pourquoi les auteurs nen avaient formé qu'une seule espèce: ces cellules sont cylindriques nombreuses serrées éparses ou disposées presque régulièrement sur une ligne longitudinale obliquement placées sur les tiges et les rameaux; à l'extérieur elles sont striées longitudinalement ou échinulées suivant les espèces. L'ouverture est arrondie et l'intérieur garni de douze lamelles longitudinales alternativement grandes et petites mais toutes peu saillantes; la cavité des cellules se prolongeant dans l'intérieur du polypier et les espaces compris entre leurs parois étant creusés ae petites cellulosités irrégulières communiquant entre elles il résulte que le tissu des Madrépores quoique très-ferme et très-solide est néanmoins spongieux. On n'a que fort peu de notions sur les Animaux qui construisent les Madrépores: Lesueur qui a observé vivans ceux du Madrepora palmate rapporte que ce sont des Animaux gélatineux presque dif-flucns astéroïdes pourvus de douze tentacules courts placés autour de l'ouverture centiale; ces tentacules ont à l'extérieur et au sommet une tache blanchâtre en forme de larme entourée de rouvet à leur base un petit bourrelet. (Mem. du Mus. 3° ou 4° cahier p. 290.) Les espèces rapportées à ce genre sont les Madrepora palmate Flabellum corymbosa plan-taginea pocillifera laxa abrotanoi-des ceruicornis proliféra. (E. D..L.)

* MADRÉPORES POLYP. Ordre établi par Lamouroux dans la section des Polypiers pierreux lamellifères; il lui attribue pour caractères: étoiles ou cellules circonscrites répandues sur toutes les surfaces libres au polypier; et y rattache les genres Porite Sériatopore Pocillopore Madrépore Oculine Styline et oarcinule. V. ces mots. (E. D..L.)

MADRÉPORITE. MIN. Nom donné à une variété de Calcaire bacillaire d'un gris noirâtre trouvée dans la vallée de Rusbach pays de Salzbourg. ll provient d'une analogie que l'on a cru reconnaître entre cette variété et les Lithophytes. V. CHAUX carbo-NATéE. (G. DEL.)

MADRéPORITE. ZOOL. On a fort improprement donné ce nom à des Fossiles découverts aux Vaches-Noi-

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res rochers des côtes de Normandie qui se trouvent être des os de grands Sauriens ou de Cétacés. Ces débris quand on les casse ou qu'on les frotte répandent une odeur fétide; ils supportent le poli et présentent alors des yeux oblongs qui résultent des anciens pores et qui les ont fait preudre pour aes Madrépores fossiles auxquels on a aussi donné quelquefois le même nom qui leur conviendrait bien plus qu'à des os ou qu'à la substance minérale pour laquelle on nous l'a proposé. (B.)

* MADRESOLDAT POIS. (Dela-roche.) Syn. de Sparus Mœna L. aux îles Baléares. (B.)

MAELSTROM. GÉOL Prétendu gouffre marin très-célèbre des côtes de Norwège regardé par Rudbeck comme le véritable Achéron de la première antiquité mais qui n'est qu'un tournant ou remont occasioné par le choc d'un courant resserré entre deux îles comme Carybde et Scylla dans le détroit de Messine. (B.)

MÆ-MÆ. BOT. PHAN. V. KATOU CALESJAM.

MAENCHIA. BOT. PHAN. Roth.) pour Mœnchia. V. ce mot.

* MÆNURA. OIS. V. MéNURE.

* MAERA. Maera. crust. Genre de l'ordre des Amphipodes famille des Crevcttines établi par Leach et ne différant des Mélites du même que par des caractères de peu d'importance. Ce genre n'a pas été adopte par Latreille(Fam.Nat.du Regn. Anim.); il est probable qu'il le réunit au genre Mélite qu'il adopte. Le Crustacé qui a servi ae type a ce genre est le Maera grossimania Leach (Edimb. Enycl.T. VIII p. 403;Trans. Linn. T. XI p. 359); Cancer Gammarus gros simanus Montagu (Trans. Linn. T. II p. 97 tab. 4 fig. 5). (G.)

MÆRUA. BOT. PHAN. Forskahl (Flor. Ægypt. Arab. 104) a établi ce genre de la Polyandrie Monogynie L. que De Candolle (Prodrom. Syst. Veg. 1 p. 254) a placé â la fin des Capparidées et qu'il a considéré comme établissant un lien entre cette famille et celle des.Passi—florées. Voici ses caractères principaux: calice tubuleux à quatre divisions profondes l'entrée du tube couronnée par des écailles pétaloïdes; corolle nulle; réceptacle allongé sur le sommet duquel sont insérées des étamines en nombre indéfini et légèrement monailelphes; silique charnue stipitée. Ce genre ne se compose que de trois Arbrisseaux non épineux et à feuilles simples savoir: deux indigènes de l'Arabie décrits par Vahl (Symbol. 1 p. 36) sous les noms de Mœrua uniflora et racemosa et le troisième nommé par De Candolle Mœfua & Angolensis. Cette dernière espèce croît aans le royaume d'Angola et a beaucoup de rapports avec le Mœrua uniflora. (G..N.)

MÆSA. BOT. PHAN. Genre de la Pentandrie Monogynie L. établi par Forskahl (Fl.Ægypt. Arab.V. p. 66) et adopté par Jussieu (Généra Plant. p. 161) qui l'a placé entre les genres Argophyllum et Vaccinium dans la section des Ericinées à ovaire infère ou demi-infère. Voici ses caractères: calice demi-supère à cinq dents entouré à la base de deux écailles persistantes; corolle campanulée à cinq petites divisions; cinq étamines courtes à anthères ovées; baie demi-infère globuleuse acuminée par le style couronnée supérieurement par les écailles calicinalcs couniveutes à une seule loge renfermant un grand nombre de graines attachées a un placenta central. Ce genre est identique avec le Bœubotkrys de Forster. Il se compose de deux espèces l'une indigène des montagnes de l'Arabie-Heureuse que Vahl (Symbol. 1 p. 19 t. 6) qui a adopté le nom générique de Bœobo lltrys a nommée Bœobotàrys lanceolata. L'autre espèce est le B. ne moralis de Vahl et Willdenow; elle a été découverte par Forster dans l'île de Tanna. Ces Plantes sont des Arbustes à feuilles alternes à fleurs ac-

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compagnées de bradées et disposées es panicules axillaires et terminales. (G..N.)

MAFAN. MOLL. Il paraîtrait d'après Adanson (Voy. au Sénég. pag. 93 pl. 6 fig. 4) que ce Cône serait une des nombreuses variétés du Conta amiralis des auteurs. Comme ceux-ci n'ont pas rapporté cette espèce dans leur synonymie on doit conserver du doute jusqu'au moment ou on aura pu l'étudier de nouveau; la figure d'Adanson étant insuffisante pour décider la question. (D..H.)

MAGALEP. BOT. PHAN. Pour Mahaleb. V. ce mot.(B.)

MAGALLANA. BOT. PHAN. Et non Magellana. Ce genre eonsacré par Ca-vanilles (Icon. 4 p. 51 t. 374) à la mémoire du célèbre navigateur Ma-pllan et nou Magellan appartient à b petite famille des Tropéolées de Jussieu et à l'Octandrie Monogynie L. Voici ses caractères essentiels: calice muni d'un éperon à cinq dirions dont deux très-profondes les trois autres réunies en une seule qui par conséquent est tridentée; cinq pétales inégaux; huit étamines légèrement unies par la base; fruit muni de trois ailes uniloculaire par avortement et monosperme; graines trop peu connues. Le Magallana porrifolia croît près du port Désiré dans l'Amérique méridionale. Cette Plante est herbacée et grimpante sur les haies; elle possède des feuilles alternes à trois segmens linéaires entiers; ses fleurs sont jaunes et axillaires. (G..N.)

MAGAS. Magas. CONCH. Genre proposé par Sowerby (Mineral Conchology pl. 119) pour une petite Co-auille bivalve fossile que l'on trouve dans la craie de Meudon ainsi que dans celle de Maudesley-Norwich en Angleterre. Lamarck l'avait mentionnée dans sou dernier ouvrage parmi les Térébratules; elle en présente en effet les caractères extérieurs; mais Sowerby ayant eu occasion d'examiner sa structure intérieure a cru devoir d'après cela proposer le nouveau genre: il le caractérise de la manière suivante: coquille bivalve équilatérale inéquivalve; l'une des valves est munie à'un bec recounbé le long duquel s'étend un sinus angulaire:la charnière est droite avec deux élévations dans le milieu. Ce genre que Defrance a examiné avec soin offre dans le milieu delà valve inférieure une demi-cloison qui dans cette partie devait partager l'Aniinal en deux. Ces caractères d'organisation intérieure si variables dans les Térébratules doivent-ils suffire pour la distinction des genres? Nous ne le pensons pas; aussi suivrons-nous à cet égard l'opinion de Blainville qui a fait des Magas une petite sous-division de ce grand genre. Sowerby a donné le nom de Magas pumilus à l'espèce qu'il décrit; Lamarck lui avait donné celui de Térébratule concave Terebratula concave. (Lamk. Anim. sans vert. T. VI 1re partie p. 251 n° 26.) V. TÉRÉBRATULE. (D..H.)

MAGASTACHYE. BOT. PHAN. Pour Mégastachye. V. ce mot. (A.R.)

* MAGDALIS. INS. Genre de Charanson mentionné par Latreille (Fam. Nat. du Règu. Anim.) et dont il ne donne pas le caractères. Il avoisine le genre Hypère de Germar. (G.)

MAGELLANA. BOT. PHAN. (poi-ret.)PourMagallana. V.cemot. (G..N.)

MAGGAI. BOT. PHAN. Ce nom de pays cité par C. Bauhin paraît convenir au Gayac. (B.)

MAGILE Magilus. MOLL.? ANNEL.? Ce fut sous le nom de Compulotte que Guettard (Mém. T. III pl. 71 fig. 6) réunit les Magiles aux Ver-mets en un seul genre ce qui d'a-F rès les connaissances acquises par ouvrage d'Adanson devait porter ce genre parmi les Mollusques. Cepen-dant on ne tint pas depuis compte de cette opiniou; car les Magiles lurent confondues avec les Serpules. Mont-fort dans sa Conchyliologie systémar tique revint à l'opinion de Guettard. reporta la Magile parmi les Mollus-ques la sépara des Vermets et lui

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donna le uom générique qu'elle porte aujourd'hui et qui est généralement adopté. Lamarck ne mentionna pas ce genre dans l'Extrait du Cours; il ne l'adopta définitivement que dans son dernier ouvrage où il le plaça a la fin de la famille des Serpulées.Cuvier (Règne Animal) ne mentionna ce genre ni parmi les Mollusques ni parmi les Annelides; Blainville leur trouva assez de rapports avec les Yermets pour les admettre ainsi que les Siliquaires parmi les Mollusques; cette opinion n'a point été adoptée par Latreille qui a conservé celle de Lamarck. On voit par ce aui précède combien il existe encore de aoutes à l'égard des Magiles. Les deux opinions peuvent être également soutenues avec avantage; car les zoologistes qui pensent que ce corps doit rester parmiles Annelides ont unefigure de Pallas qu'ils rapportent à ce genre et qui pourrait bien être une Serpule. Les personnes qui croient que les Magiles sont des Mollusques s'appuient sur des analogies assez bien fondées de la forme de la coquille. Nous sommes donc forcés jusqu'à ce que l'on connaisse bien l'Animnl des Magiles de flotter pour ainsi dire entre deux opinions différentes. Les Magiles ont une singulière manière de vivre; elles sont engagées dans des masses madréporiques dans lesquelles elles se creusent une cavité pour y être contenues assez juste etsans y avoir la moindre adhérence; elles commencent par former une coquille spirale héliciforme qui se continue par un tube assez droit onduleux à une seule carène. A mesure que l'Animal grandit il abandonne la partie de la coquille et de son tube qui ne peut plus le contenir; mais au lieu d y laisserdes cloisons comme le font les Serpules iï remplit entièrement qet espace par une matière calcaire compacte diaphane dure pesante semblable en quelque sorte dans sa cassure à de la Calcédoine blonde. Lamarck caractérise le genre Magile de la manière suivante: test ayant la base contournée en une seule spirale courte ovale hélieiforme; à quatre tours contigus convexes dont le dernier est le plus grand et se prolonge en tube dirigé en ligne droite ondée; le tube convéxe en dessus caréné en dessous un peu déprimé etplissésur les côtés; à plis lamelleux serrés ondés verticaux plus épais d'un côté que de l'autre. Animal inconnu.

Il n'y a encore qu'une seule espèce de Magile qui soit connue; car celle rapportée par Pérou ne nous semble pas distincte; c'est un jeune individu ae l'espèce que Lamarck nomme MAGLLE ANITIQUE Magilus antiques Anim. sans vert. T. v pag. 364 Montfort Conchyl. Syst. T. 11 pag. 43. Cette Coquille rare dans les collections semble assez commune dans les mers de l'Ile-de-France où au rapport de Mathieu elle acquiert une longueur de trois pieds. (D..H.)

MAGJON. BOT. PHAN. L'un des noms vulgaires des tubercules de la Gesse tubéreuse. (B.)

MAGNAS BOT. PHAN. Nom du Manguier chez les anciens voyageurs qui en parlèrent les premiers. (B.)

MAGNELITHE. MIN. (Hœpner.) Syn. de Jade tenace. V. Jade. (G.DEL.)

* MAGNESIAN LIMESTONE. GéOL. Dénomination sous laquelle les géologues anglais désignent une formation particulière.V. Magnésien (Calcaire) et TERRAINS. (C. P.)

MAGNÉSIE. MIN. Genre de la classe des substances métalliques hé-téropsides composé de cinq espèces: la Magnésie boratée la Magnésie car-honatée la Magnésie hydratée la Magnésie sulfatée et la Magnésie hydro-silicatée. Ces espèces ont pour caractère commun de donner un précipité pulvérulent par l'Ammoniaque lorsqu'elles sont en solution dans l'Acide nitrique ou dans l'eau. Ce précipité est presqn'entièrement formé d'un Oxide métallique dont il est fait mention à l'article MAGNESIUM. V. cemot. Examinons successivement leurs principales propriétés.

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MAGNÉSIE BORATÉE Boracite Werner. Substance indissoluble dans l'eau soluble dans l'Acide nitrique et précipitant alors par l'Ammonia-que. Sa forme primitive est le cube; elle est électrique par la chaleur el l'on observe une différence de configuration dans les parties qui répondent sur les formes secondaires aux angles solides diamétralement oppo-sésdu noyau: sa pesanteur spécifique est 2 56. Elle raye le verre; au chalumeau elle fond avec bouillonne-meut en émail jaunâtre. Ses Cristaux out huit pôles électriques dont quatre sont à l'état d'électricité vitrée et les quatre autres manifestent l'électricité résineuse; ils correspondept aux huit angles solides du cube. La Magnésie boratée est souvent mélangée de borate de Chaux; lorsqu'elle est pure elle est composée de 68 parties d'Acide borique et de 32 parties de Magnésie. Haüy distingue cinq va-riétés de formes cristallines dont les plus simples et les plus communes sont: la quadriduodécimale présentant l'aspect du dodécaèdre rhombox-dal dont quatre seulement des angles solides trièdres sont remplacés par des facettes; la défective cube tronqué sur toutes ses arêtes et sur auatre seulement de ses angles solides; la surabondante contenant outre les faces de la variété précédente celles du solide trapézoïdal. La Magnésie boratee est ordinairement incolore quelquefois blanchâtre grise oui violâtre. On la trouve en Cristaux disséminés dans le gypse granulaire du mont Kalkberg près de Lune-bourg et du Segeberg dans le Hols-tein. Ces Cristaux sont ordinairement d'un petit volume; leur épaisseur est au plus de quatre à cinq lignes: ils sont remarquables par la netteté et la perfection de leurs formes. On les connaît depuis long-temps sous le nom de Pierres cubiques à Lune-bouj-g ou ils sont recherchés comme objets de curiosité.

MAGNÉSIE CARBONATÉE Giobertite Brongu. Magnésie native de plusieurs minéralogistes ï substance blanche àtexture ordinairement terreuse soluble avec une vive effervescence dans l'Acide nitrique infusible par l'action du chalumeau; pesant spécifiquement 2 45; se ramollissant dans l'eau. Cette substance à l'état compacte est souvent mélangée de Magnésie et de Calcaire. Sa composition calculée d'après les lois des proportions définies est en poids de 52 parties d'Acide carbonique et de 48 de Magncsite. Les Cristaux de ce sel sont extrêmement rares: ils se rapportent à un rhomboèdre de 107 d. 25m. On trouve la Magnésie carbonatéedans la Serpentine à Hrubschitz en Moravie et près de Cas tel la monte et de Baldissero en Piémont. Celle-ci a été employée pendant long-temps au lieu de Kaolin dans plusieurs manufactures de Porcelaine. On lavait regardée comme une Argile jusqu'au moment où les expériences de Giobert ont prouvé que c'était la Magnésie qui eu formait la base.

MAGNÉSIE HYDRATÉE Brucite Brong. Cette substance qui se trouve comme la précédente en veine dans des roches serpentineuses dans le New-Jersey aux Etats-Unis ne s'est encore présentée qua l'état laminaire; elle est blancne nacrée translucide tendre et douce au toucher; elle donne de l'eau par la calciuation; elle se dissout sans effervescence dans l'Acide nitrique et la solution précipite en blanc par l'Ammoniaque. Sa pesanteur spécifique est de 2 6. Elle a été analysée par Bruce qui en a retiré 70 parties de Magnésie el 30 d'Eau.

MAGNÉSIE SULFATÉE Epsomite Brong.; Bittersalz Werner. Vulgairement Sel d'Epsom et Sel de Sedlitz. Substance blanche soluble dans l'eau d'une saveur très-amère; fusible à un léger degré de chaleur pesant spécifiquement 1 66. On ne la trouve dans la nature que sous la forme granulaire aciculaire ou fibreuse; mais dans les laboratoires elle oristallise en prismes droits à bases oarrées ordinairement modifiés sur les arêtes des bases. D'après Haüy

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la longueur des arêtes est à la hauteur du prisme fondamental comme 5 est à 4. Ce sel se rencontre tantôt en solution dans les eaux comme à Sed-litz en Bohême au village d'Epsom en Angleterre; tantôt en masses granulaires avec l'Anhydrile dans les terrains aalifères comme à Bergtols-gaden en Bavière; le plus souvent en efflorescence à la surface de certains Schistes. On en distingue deux variétés de mélanges: la Magnésie sulfatée ferrifère en fibres capillaires le Sel lialotriquede Scopoli; et la Magnésie sulfatée cobaltifère en concrétions rosâtres dans les mines de Cuivre de Herrengrund en Hongrie.

MAGNÉSIE HYDRO-SILICATÉE Magnésite de Brongniart. Composée d'un atome de trisilicate de Magnésie et de cinq atomes d'Eau ou en poids de Silice 52 Magnésie 23 Eau 25. Substance blanche à cassure terreuse ayant souvent une teinte rosâtre solide teudre et sèche au toucher infusible; se ramollissant dans l'eau: pesanteur spécifique de 2 6 à 3 4. Brongniart en distingue quatre variétés principales: la Magné ite écume de mer compacte à cassure terreuse qui nous vient de l'Asic-Mineure où elle a pour g;«ngue un Caleaire compacte accompagné de Silex; la Magnésite de Madrid connue sous le nom deTerrede Vallecas qui a son gisement dans les terrains secondaires au-dessus des Argiles sali-fères; la Magnésite de Salinelle près Sommières dans le département du Gard; et la Magnésite pai isieune des en virons de Saint-Oucn el de Coulom-ntiers. Ces deux dernières appartiennent au sol tertiaire et se trouvent dans le Calcaire ou dans l'Argile à Liinnées inférieurs au Gypse. La première variété dite Ecume de mer est employée en Crimée et en Anatoile à la fabrication des pipes turques dont il se fait un grand commerce à Constantinople. (G. DEL.)

* MAGNÉSIEN (CALCAIRE) GéOL. La présence de la Magnésie soit combinée soit associée avec la Chaux carbonatée se manifeste dans un grand nombre de terrains différens depuis les primitifs jusqu'aux plus nouveaux. V. DOLOMIE et CHAUX CARRONATéE MAGNéSIFéRE. Mais á I'imitation des géologues anglais on désigne assez généralement aujourd'hui sous le nom de Calcaire Magnésien les dépôts sédimenteux magnésifères qui par leur position sont intermédiaires entre les deux grandes séries du Terrain houiller et du Calcaire oolithique et qui en Angleterre principalement ont pris un grand développement que jusqu'à présent on est porté à regarder comme local; c'est le Magnesian limestone des Anglais. V. TERRAINS. (C. P.)

MAGNÉSITE. MIN. (Brongniart.) Syu. de Magnésie hydro-silicaléV. MAGNESIE. (G. DEL.)

* MAGNESIUM CHIM. MIN. Nom donné à la substance métallique qui par sa combinaison avec l'Oxigène constitue la Magnésie.Ce corps n'existe pas isolément dans la naluie. On le retire de la Magnésie en soumettant à l'action de la pile un mélange de trois parties de celle-ci après l'avoir humectée et d'une partie de peroxide de Mercure. On l'obtient en plus grande quantité par un autre procédé qui consiste à faire passer du Potassium en vapeur sur de la Magnésie chauffée au rouge blanc dans un tube de porcelaine. L'Oxigène de la Magnésie lui est enlevé par le Potassium. On introduit alors dans le tube du Mercure qui forme un amalgame avec le Magnésium et on élimine le Mercure par la distillation de l'amalgarae dans une petite cornue et à l'abri du contact de l'air. Le Magnésium a plus de densité que l'eau. Lorsqu'on le projette dans ce liquide il se décompose et se convertit en Magnésie. On obtient un semblable produit quand on fait chauffer le Magnésium qui brille alors avec une flamme rouge.

La Magnésie est la seule combinaion connue du Magnésium avec l'Oxi-gène. Elle est composée selon Ber-zelius d'Oxigènc 38 71 et de Ma-

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guésium 61 ag; total 100. On la pré-pare en formant un précipité de sous-arbonatc de Magnésie par l'action du sous-carbonate de Potasse ou de Sonde sur une solution de Sel d'Epson ou sulfate de Magnésie; en lavant à plusieurs reprises ce précipité; et en le faisant chauffer au rouge dans an creuset. La Magnésie calcinée et à l'état de pureté est une base Sàlifiable blanche presaue insipide dont la densité est selon Kirwac de 2 3. Elle neutralise parfaitement taff les Acides; elle est fort peu sohèledans l'Eau mais plus à froid fa'ichaud. Elle forme avec ce fluide ta hydrate composé d'après Ber-Kfîos de Magnésie 69 68 et d'Eau 30 32 dans lesquels corps la quantité d'Oxigène est la même. Cet hydrate est légèrement soluble dans I Eau et sa solution verdit le sirop de violette.

On fait un grand usage en médecine de la Maguésie pour absorber les Acides contenus dans les premières roies digestives. Les chimistes lânploient avec avantage daos l'analyse végétale pour séparer les Alcalis végétaux des Acides avec lesquels ils sont en combinaison. (G..N.)

* MAGNET ?EISENSTEIN. MIN. V. FER.

* MAGNÉTISME. Ce mot sert à désigner la collection des phénomènesue présentent non-seulement la va-nété de Fer oxidé vulgairement nommée pierre d'Aimant mais encore les substances qui en ont acquis accidentellement les propriétés. La plus saillante de ces propriétés n'avait pas échappé aux anciens et sans chercher à agrandir le champ des découvertes ils s'étaient contentés d'admirer la singulière attraction delà pierre d'Aimant pour le Fer. Cependant ils ne paraissent pas avoir ignoré que celte attraction pouvait être transmise au Fer lui-même puisqu'ils font mention d'une chaîne d'anneaux de Fer retenus l'un par l'autre quoique le premier fut le seul qui touchât à l'Aimant. Mais ce fut à une époque assez récente que ce phénomène a été bien observé. On reconnut que les extrémités des aiguilles d'Acier auxquelles on avait communiqué la propriété magnétique et suspendues par leur milieu de manière à pouvoir tourner librement ou placées sur des morceaux de Liège pour les faire flotter sur l'eau étaient attirées ou repoussées par l'Aimant suivant qu'on présentait successivement à l'une d'elles le même côté de celui-ci. Les forces magnétiques s'accumulent donc dans les aiguilles aimantées vers deux points opposés que l'on a désignés sous le nom de Pôles. Lorsque les aiguilles ne sont influencées par l'action d'aucun Aimant elles affectent une constante direction c'est-à-dire que l'une des extrémités se dirige vers le nord et l'autre vers le sud. Celle qui regarde le nord était autrefois nommée Pôle boréal et l'extrémité opposée Pôle austral; mais les physiciens modernes ont donné un sens contraire à ces deux désignations afin d'assimiler les circonstances de ce phénomène à celles de l'action réciproque des Aimans qui s'attirent par les pôles de dénominations contraires et se repoussent par ceux de même dénomination. Ainsi le pôle de l'aiguille aimantée qui regarde le pôle nord du globe terrçstre est actuellement appelé Pôle austral et l'on nomme Pôle boréal celui qui est dirigé vers le sud. L'observation de cette constante direction a été la source d'où est dérivée l'invention de la boussole. Cet instrument si précieux pour la navigation ne fut connu en Europe que vers le douzième siècle de l'ère vulgaire. On ne sait pas positivement a qui l'on doit attribuer l'honneur de sa découverte et lors même que nous saurions le nom du premier Européen qui fit connaître la boussole nous serions forcé d'accorder la priorité aux Chinois qui l'employaient long-temps avant l'arrivée des premiers voyageurs. L'usage journalier et le perfectionnement de la boussole

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firent reconnaître plus tard que l'aiguille aimantée ne prenait pas toujours exactement la direction nord et sud que cette direction variait avec le temps et le lieu et qu'elle s'écartait du méridien terrestre. C'est cette variation qu'on a désignée sous le nom de déclinaison de t aiguille aimantée. Nous venons de dire que la déclinaison est dépendante du lieu et du temps. En effet le méridien magnétique varie inégalement dans les différons points ou il a été obseié. Depuis cent quarante ans la déclinai son n'a point varié sensiblement à la Nouvelle-Hollande tandis qu'à Paris elle s'est élevée dans un espace de temps à peu près semblable jusqu'à vingt-deux degrés du côté de l'ouest. Depuis 1802 elle paraît presque stationnaire vers ce dernier point et semble prête à diminuer par le retour de l'aiguille vers la méridienne. L'aiguille éprouve en outre des variations diurnes sensibles seulement dans les boussoles perfectionnées et dont les plus grandes ont été observées à Paris peodant les mois d'avril mai juin et juillet.

Lorsqu'on suspend un barreau aimanté par son centre de gravité il prend une situation inclinée à l'horizon. L'angle qu'il forme avec celui-ci varie dans les différenteslégions; il devient nul en quelques points du globe et l'aiguille prend alors une situation horizontale. La courbe fort irrégulière qui joint les points où l'aiguille prend une direction horizontale se nomme équateur magnétique. L'inclinaison change de même que la déclinaison suivant les temps et les lieux mais ses variations sont beaucoup moins sensibles. Les plus grandes inclinaisons observées jusqu'à ce jour ont été trouvées par les navigateurs anglais dans les mers arctiques. Près du Spitzberg par 79° 50′ de latitude Phipps observa en 1773 une inclinaison de 82°; en 1818 le capitaine Parry la vit s'élever jusqu'à 84° 25′ dans la baie de Baffin à 75° 5′ de latitude. Ce dernier navigateur paraît avoir même dépassé le pôle magnétique boréal; car étant parvenu en 1819 à une latitude de 74° 45′ et à une longitude très-nvancée vers l'ouest la pointe de l'aiguille qüi regarde le nord se tourna vers le sud ce qui prouvait que le navire était alors au nord du pôle magnétique boréal.

Nous n'avons fait qu'indiquer au commencement de cet article le corps naturel qui communique aux autres la propriété maguétique et parmi ceux-ci nous n'avons parlé que du Fer ou de l'Acier. Le Nickel et le Cobalt à l'état de pureté sont aussi susceptibles d'aimantation mais à un degré beaucoup plus faible. On aimante tous ces Métaux par deux procédés principaux qu'il n'est pas nécessaire d'exposer ici et que l'on nomme la simple touche el la double touche.

Il est encore d'autres moyens d'aimantation fournis par quelques causes naturelles ou par l'action de certains phénomènes accidentels. Ainsi l'exposition prolongée des verges ou barreaux de Fer dans une situation verticale ou mieux dans une direction inclinée semblable à celle que prendrait un barreau aimanté suspendu par son centre de gravité eur fait acquérir un Magnétisme sensible. Il se développe encore dans les outils d'Acier qui servent à couper ou percer le Fer surtout lorsqu'ils s'éenauffent; dans les instrumens avec lesquels on attise le feu; par la percussion réitérée; par la rotation; et enfin par la simple torsion des fils minces. Coulomb a reconnu que l'écrouissement donné au Fer par la torsion le rend susceptible de retenir la force magnétique pres-que aussi bien que r Acier. En ces erniers temps Arago a aimanté des aiguilles d'Acier en les plaçant dans un fil métallique roulé en spi-rale 'par lequel il faisait passer un courant d'étincelles électriques.

La mesure des forces magnétiques d'un Aimant soit naturel soit artificiel s'obtient par l'évaluation

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du poids dont il peut rester chargé sans qoe son adhérence aux corps qu'il attire soit rompue. Quant aux aiguilles et autres corps mobiles faiblement aimantés elle se déduit de la comparaison des forces nécessaires pour les retenir hors du méridien magnétique. Coulomb qui s'est heaucoup occupé de recherches sur la mesure des forces magnétiques a inventé une balance de torsion au moyen de laquelle on apprécie les Ao petites de ces forces. Il a ensuite montré qu'on pouvait employer pour cette détermination les oscillations que les aiguilles ou barreaux minces suspendus librement effectuent de chaque côté du méridien magnétique comme on fait usage des oscillations du pendule pour mesurer la gravité. En se servant de ce procédé on est parvenu à reconnaître que l'intepsité des forces magnétiques n'était pas la même dans tous les lienx de la terre. D'après les expériences de Humboldt elle est moindre au Pérou qu'à Paris puisqu'une aiguille faisait dans Us contrées équinoxiales deux cent onze oscillations en dix minutes tandis que le nombre de ses oscillations s'élevait à deux cent quarante-cinq avant et après le voyage. Lors de sa fameuse ascension aérostatique Gay-Lussac chercha aussi à déterminer si l'intensité des forces magnétiques variait dans les hautes régions de l'atmosphère mais ses résultats furent négatifs c'est-à-dire qu'il n'observa aucun changement sensible dans les oscillations de l'aiguille aimantée. On a voulu également savoir si les aiguilles aimantées conservaient indéfiniment l'intensité de leur force directrice. Le voyage autour du monde de l'Uranie commandée par le capitaine Freyci-net a donné à cet égard un résultat très-satisfaisant. Deux aiguilles aimantées observées avec soin lors du départ et du retour de l'expédition n'ont éprouvé qu'un faible affaiblissement dans les forces directrices qui leur avaient été d'abord communiquées.

D'après les expériences de Kupfer professeur à Casan (Annales de Chimie et de Physique octobre 1825 p. 113) l'intensité de la force magnétique d'une aiguille diminue à mesure que la température s'élève et suivant une loi telle que les dé-croissemens de la force magnétique sont en raison simple des accroisse-mens de la chaleur. Ce physicien a aussi annoncé qu'un barreau aimanté à la température de 13° R. étant chauffé jusqu'à 80° et ensuite refroidi ne revient pas à la même force raagnétiquequ'ilpossédaitavantd'étre chauffé: cela ne peut tenir qu'à uneerte de Magnétisme occasionée par a chaleur et indépendante des varia-tions de l'intensité de la force magné-tique à diverses températures. Des résultats analogues avaient été obte-nus antérieurement par S. Hunter-Christie auteur d'un beau Mémoire sur les effets de la température sur l'intensité des forces magnétiques inséré dans les Transact. Phil. pour 1825. Ce savant a conclu de scs nom-breuses observations qu'entre cer-taines limites de chaleur le décroisse-ment de l'intensité magnétique n'est pas constant à toutes les tempéra-tures mais que ce décroissement aug-mente suivant raccroissement de la chaleur; qu'à la température de 80° Fahrenheit l'intensité décroît plus rapidement que la température n'aug-mente; et qu'au-delà a'une température de 100° une portion de la force magnétique est perdue sans retour.

Les phénomènes magnétiques dont nous venons de faire l'exposition d'une manière fort abrégée avaient excité vivement l'attention des physiciens modernes mais on n'était arrivé à aucune donnée sur la nature de la cause qui les produit. Il était réservé à la période actuelle du dix-neuvième siècle de pénétrer dans ce. mystère. Jusqu'à ces derniers temps on ne connaissait que le globe terrestre d'une part le Fer le Nickel et le Cobalt ae l'autre qui exerçassent une influence sur l'aiguille aimontée et cette action ainsi bornéc

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à des corps spéciaux ne permettait pas d'assimiler le fluide magnétique a d'autres agens tels que le fluide électrique dont les effets étaient mieux connus et qui manifestaient leur action presque indistinctement sur tous les corps de la nature. En 1820 le professeur OErstedt de Copenhague observa le premier que le fil qui unit les deux pôles d'une pile voltaïque agissait sur l'aiguille aimantée en la déviant de sa direction. Ayant placé horizontalement ce fil au-dessus et parallèlement à une aiguille de boussole librement suspendue celle-ci pris un mouvement tel que sous la partie du fil la plus rapprochée du pôle négatif de l'appareil voltaïque elle a décliné vers l'ouest. Cette déviation était d autant plus marquée que la pile était plus énergique et le fil conjonctif plus rapproché de l'aiguille. Un effet inverse a eu lieu c'est-à-dire cue le pôle de l'aiguille a décliné vers lest lorsque le fil conjonctif a été placé au-dessous du plan horizontal dans lequel l'aiguille était située. Lors-que l'aiguilleet le fil conjonctifétaient ans le même plan horizontal la pre-mière ne déclinait pas maiss'iucünait dans une position verticale. OErs-tedt a encore variédeplusieurs maniè-res la position du ni conjonctif par rapporta l'aiguille et de ses expérien-ces il a conclu que du fil conjonctif émane une force dont la sphère d'ac-tivité est assez étendue ef qui agit en tournoyant comme le ferait un cou-rant circulaire situé dans un plan perpendiculaire à la direction du fil. A peine cette découverte fut-elle an-noncée que plusieurs savans parmi lesquels nous citerons particulière-ment Ampère Arago Davy et De-larive y appliquèrent tous les efforts de leur génie et la fécondèrent si merveilleusement qu'ils n'ont pas laissé beaucoup de choses positives à découvrir par la suite sur un su jet na-guère entièrement inconnu. Dans le nombre des faits constatés par ces physiciens nous citerons seulement les suivans qui peuvent être considérés comme fondamentaux de la théorie électro-magnétique. L'influence du fil conjonctif sur l'aiguille aimantée est réciproque en sorte que si on fixe cette dernière et qu'au contraire on rendemobile le fil conjonctif celui-ci s'éloignera ou se rapprochera de l'aiguille. Le globe terrestre produit seul et sans le concours d'un barreau aimanté une action sur le fil lorsque celui-ci est suffisamment libre et convenablement disposé. Enfin si l'on substitue à l'aiguille aimantée un second fil conjonctif et qu'on le place dans une direction parallèle à celle du premier fil ils se repoussent ou s'attirent selon que les courans électriques les parcourent dans le même sens ou en sens contraire. Cette analogie d'action entre deux courans d'un même fluide et les courans de deux fluides que vu la spécialité ainsi que la permanence de l'un et l'universalité ainsi que la fugacité de l'autre on avait regardés comme d'une nature extrêmement différente est une probabilité puissante en faveur de la grande analogie nous dirons même de la similitude des agens électrique et magnétique. Elle est en outre fortifiée par l'expérience d'A-rago que nous avons eu occasion de citer et qui consiste à aimanter des aiguilles d'Acier renfermées dans un fil tnétalliaue roulé en spirale et par lequel on fait passer un courant a'é-lincelles électriques.

Des expériences d'une toute autre nature que celles qui avaient été tentées jusqu'à ces derniers temps ont déjà fourni des résultats assez nombreux pour mériter d'intéresser vivement les physiciens. C'est encore à Arago que la science est redevable de la découverte de cette nouvelle mine de recherches: ce savant a présenté à l'Académie des Sciences de Paris dans sa séance du 7 mars 1825 un appareil qui sous une forme nouvelle montre l'action que les corps aimantés et ceux qui ne le sont pas exercent les uns sur les autres. Il avait déjà prouvé par des expériences antérieures qu'une plaque ae cuivre

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on de toute autre substance solide ou liquide placée au-dessous d'une ai-quille aimantée exerce une action qui apoureüet immédiat d'altérer l'amplitude des oscillations sans changer sensiblement leur durée. Le phénomène nouveau est pour ainsi dire l'inverse du précédent. Puisqu'une aiguille;en mouvement et arrêtée par une plaque eu repos Arago a pensé que réciproquement une aiguille en repos serait entraînée par une plaque en mouvement; en effet si l'on fait tourner une plaque de cuivre par exemple avee une vitesse déterminée sous une aigulle aimantée renfermée dans un rase fermé de toutes parts l'aiguille à se place plus dans sa position ordinaire elle s'arrête hors du méri-dien magnétique et d'autant plus loin de ce plan que le mouvement de rotation ife la plaque est plus rapide; si ce mouvement de rotation est tsisamment prompt l'aiguille à toute distance de la plaque tourne elle-même d'une manière continue autour du fil auquel elle est suspendue. Partant de ces premières données plusieurs personnes tant sur le continent qu'en Angleterre ont répété et multiplié les expériences sur ce sujet; elles ont cherché surtout à varier la nature des corps auxquels ils faisaient subir le mouvement de rotation et elles ont observé des différences assez marquées pour leur permettre d'en tirer des inductions sur la manière dont se produisent ces nouveaux phénomènes. Quelques physiciens ont pensé que ces effets sont dus très-probablement à une aimantation passagère des disques produite par l'influence de l'Aimant.

Nous avons vu que certains Métaux jouissaient spécialement des facultés magnétiques; leur présence dans les Minéraux composés peut donc être décelée par l'action qu'ils exercent sur l'aiguille aimantée et con-sequemment le Magnétisme peut être mis au nombre des caractères miné-ralogiques. Dans les substances qui contiennent en plus ou moins grande quantité des molécules ferrugineuses celles-ci sont quelquefois tellement oxidées ou disséminées dans la niasse que leur effet magnétique est à peu près nul; ainsi les pierres précieuses dont la coloration est due au Fer ainsi que le prouve l'analyse chimique ne donnent le plus souvent aucun signe de Magnétisme. Haüy cependant est parvenu à rendre sensible a l'aiguille aimantée ces particules ferrugineuses au moyen d'un procédé particulier qu'il a nommé Méthode du double Magnétisme. Il consiste à faire dévier l'aiguille à l'aide d'un barreau aimanté de manière à ce qu'elle effectue à peu près uue demi-révolution c'est-à-dire que son extrémité nord regarde l'ouest et son extrémité sud regarde l'est. L'appareil étant ainsi disposé si l'on vient à approcher un Minéral très -peu chargé de Fer de l'extrémité de l aiguille qui tend à se porter vers le barreau la présence de cette substance toute faible que soit son énergie suffira pour achever ce qui est commencé; l'aiguille décrira une nouvelle portion de sa révolution et son extrémité nord pourra même être amenée au point ou elle regardera le sud. C'est de cette mauière qu'on éprouve quelques variétés de Grenats de Pé-ridots et l'Essonite; mais il est bon d'avertir que ces expériences exigent une granae habitude et des instrumens très-délicats.

Parmi les Minci aux qui agissent directement et par attraction simple sur les aiguilles aimantées il en est qui ne sont point assez vigoureux pour contraindre celles-ci à les suivre au- ielà de certaines limites. Un grand nombre de roches sont au rang de ces corps dont la force magnétique n'a pour ainsi dire qu'un succès passager. D'autres et c'est le cas des Minerais de Fer naturels ou grillés font opérer aux aiguilles aimantées des révolu-tions complètes. C'est par la distance à laquelle ils commencent à agir par la portion plus ou moins grande de l'arc de cercle que l'aiguille décrit qu'on juge de l'intensité de leur Ma-guetisme. Plusieurs variétés de Fer

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oligiste celles de l'île d'Elbe du Dauphiné de la Corse n'offrent que des attractions simples lorsqu'on les éprouvé avec des barreaux puissans tandis qu'elles exercent des attractions et des répulsions alternatives sur les aiguilles faiblement aimantées; elles paraissent avoir deux pôles distincts. Quelques Minéraux attirent ou repoussent constamment le même pôle d'un barreau vigoureusement aimanté c'est-à-dire qu'en certaines parties ils attirent ou repoussent le pôle nord tandis que les points opposés attirent ou repoussent le pôle sud. Ces Minéraux ont reçu particulièrement le surnom de Magnétiques et se distinguent du Fer oxidé aimantaire en ce qu'ils ne communiquent aucune propriété au Fer non aimanté. C'est donc la faculté de transmettre au Fer et surtout à l'Acier les propriétés magnétiques qui caractérise éminemment le Minerai de Fer que l'on nomme Aimant par excellence: ce corps attire les parcelles de Fer et les retient attachées à sa surface principalement vers les points qui répondent à ses pôles; adhésion qu'on peut doubler ou tripler en taillant le morceau d'Aimant d'une manière convenable en l'entourant d'une armure de Fer et en augmentant progressivement le poids au Fer qu'il pouvait d'abord retenir.

Vers la fin du siècle dernier on s'est beaucoup occupé et l'on s'occupe encore en ce moment de recherches sur un agent que l'on croit exister entre les corps vivans et particulièrement entre les individus du genre humain agent que l'on désigne sous le nom de Magnétisme animal. Si les faits que l'on a rassemblés en faveur de l'existence de ce fluide n'étaient pas tellement empreints de ce merveilleux qui nous autorise à en suspecter la vérité tout attestés qu'ils sont par des personnes recommandables; s'ils n'étaient pas si peu en rapport avec ce que nous savons des autres phénomènes physiologiques; s'ils n'avaient pas été niés par des hommes du plus grand mérite nous essaierions de les reproduire ici parce qu'étant un attribut spécial des êtres vivans et sentans un état particulier de leur système nerveux ils seraient conséquemment très-dignes d'exciter les méditations du naturaliste. Nous n'entreprendrons donc point leur histoire et nous nous contenterons d'indiquer aux amateurs du Magnétisme les écrits de l'honorable Deleuze et surtout l'art. Magnétisme du nouveau Dictionaire de Médecine où le docteur Rostan partisan zélé et éclairé de l'existence de cet agent a traité la question en littérateur distingué aussi bien qu'en profond philosophe. (G..N.)

* MAGNETKIES. MIN. Syn. de Fer sulfuré magnétique. V. FER SULFURÉ. (G. DEL.)

MAGNIFIQUE OIS. Espèce du genre Paradis. V. ce mot. On a aussi nommé Magnifique un Colibri et un Pigeon de la Nouvelle-Hollande. (DR..Z.)

MAGNOLIA BOT. PHAN. V. MAGNOLIE.

MAGNOLIACÉES. Magnoliaceæ. BOT. PHAN. Famille naturelle de Plantes dicotylédones polypétales à étamines hypogynes ayant pour type le genre Magnolier (Magnolia) dont elle a tiré son nom. Cette famille se compose d'Arbres ou d'Arbrisseaux d'un port élégant tous exotiques mais dont un assez grand nombre sont cultivés en pleine terre dans nos jardins comme Arbres d'agrément. Leurs feuilles sont alternes simples d'abord enveloppées par deux grandes stipules foliacées et caduques. Les fleurs sont généralement très-grandes et répandent une odeur très-agréable; elles sont ou solitaires et terminales ou plus rarement réunies plusieurs ensemble. Leur calice quelquefois entièrement clos dans le bouton et se rompant lors de l'épanouissement de la fleur est le plus souvent formé de trois grands sépales arrondis concaves; très-rarement on en compte six. Le nombre des pétales est de trois six neuf ou d'un nombre multiple de trois disposés sur

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plusieurs rangées; ils sont caducs ainsi que le calice. Les étamines sont fort nombreuses disposées sur plusieurs rangs et attachées sur un gynophore cylindrique et plus ou moins allongé. Les filets sont généralement planes les anthères terminales adnées immobiles à deux loges écartées l'une de l'autre par la partie supérieure du filet et s'ouvrant par un sillon longitudinal. Le nombre et la disposition des pistils sont fort variables. Dans le genre Tasmannia de Rob. Brown ou n'en trouve qu'un seul; dans tous les autres genres de la famille il en existe plusieurs. Tantôt ils sont rangés circulairement et forment un anneau simple; tantôt et le plus souvent ils sont réunis sur on gynophore ovoïde ou allongé et constituent une sorte de capitule ou d'éps. Ces pistils sont généralement distincts les uns des autres; ils sont soudés entre eux dans le genre Talauma de Jussieu. Chacun d'eux est comprimé à une seule loge contenant deux ou un plus grand nombre d'ovules insérés à leur angle interne et le plus souvent disposés sur deux rangs. Le style qui manque quelquefois est à peine distinct du sommet de l'ovaire avec lequel il se confond insensiblement. Le stigmate est simple et règne sur un des côtés du style. Les fruits sont des carpelles en même nombre que les pistils et offrent la même disposition; ils forment tantôt une sorte d'épi tantôt une espèce de cône où ils sont disposés circulairement et légèrement soudés entre eux par leurs parties latérales. Ces carpelles sont quelquefois charnus et indéhiscens mais plus souvent secs tantôt s'ouvrant complètement ou incomplètement en deux valves ou restant indéhiscens: ils renferment une deux ou plusieurs graines. Dans le genre Talauma tous les carpelles sont soudés entre eux et forment un fruit ovoïde dont la partie externe se rompt incomplétement et d'une manière irrégulière en trois quatre ou cinq portions tandis que la partie interne à laquelle les graines sont adhérentes constitue un axe central en forme de massue. Chaque graine se compose d'un tégument propre recouvrant un endosperme charnu dans la partie inférieure duquel est placé un petit embryon.

Les Plantes qui forment ce groupe naturel sont originaires de l'Amérique septentrionale de l'Asie australe et quelques-unes de l'Amérique méridionale ou de la Nouvelle-Hollande. Leur écorce leurs feuilles et leurs fruits sont souvent amers et aromatiques et employés comme toniques et fébrifuges.

La famille des Magnoliacées a beaucoup de rapports d'une part avec les Dilléniacées dont elle diffère surtout par le nombre ternaire des parties do sa fleur; d'autre part avec les Anonacées dont elle se distingue par son endosperme continu et surtout par ses stipules.

Les genres qui appartiennent à cette famille peuvent être partagés en deux tribus caractérisées de la manière suivante:

§ I.—ILLICIÉES.

Carpelles disposés circulairement rarement solitaires; feuilles parsemées de points translucides.

Illicium L.; Temus Mol. Chil.; Drimys Forst.; Tasmannia R. Brow.

§ II.—MAONOLIÉES.

Carpelles disposés en épi; feuilles non parsemées de points translucides.

Mayna Aubl.; Michelia L.; Magnolia L.; Talauma Juss.; Liriodendron L. (A. R.)

MAGNOLIE OU MAGNOLIER. Magnolia. BOT. PHAN. Ce genre l'un des plus beaux du règne végétal par l'élégance et souvent la majesté du port des espèces qui le composent la grandeur et l'odeur suave de ses fleurs se compose aujourd'hui d'environ dix-sept à dix-huit espèces. Environ la moitié de ces espèces croissent dans l'Amérique septentrionale; ce sont les mieux

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connues soit parce qu'il est plus aisé de les observer dans leur patrie soit que la plupart sont aujourd'hui introduites et cultivées dans nos jardins où elles fleurissent et fructifient; l'autre moitié croît à la Chine au Japon; elles sont beaucoup moins connues et la structure de leur fruit n'a pas encore été décrite. Les espèces de Magnoliers sont en général de grands et beaux Arbres qui dans leur patrie acquièrent quelquefois une hauteur de soixante-dix à quatre-vingts pieds; leurs feuilles très-grandes dans quelques espèces sont alternes pétiolées entières accompagnées à la base de leur pétiole de deux stipules opposées foliacées très-caduques. Les fleurs sont très-grandes dans toutes les espèces et terminent les jeunes rameaux; elles sont généralement blanches quelquefois un peu purpurines accompagnées chacune d'une ou de deux bractées caduques. Le calice est formé de trois sépales quelquefois colorées et pétaloïdes tombant de bonne heure. La corolle se compose de six à douze pétales disposés sur deux ou quatre rangs plus rarement de trois pétales seulement (Magnol tripetala). Ces pétales sont caducs de même que les étamines qui sont en très-grand nombre et insérées sur plusieuis rangs à un gynophore ou réceptacle cylindrique. Les pistils sont très-nombreux formant une sorte de capitule o oïoide au centre de la fleur où ils sont imbriqués. L'ovaire est comprimé latéralement à une seule loge contenant deux ovules attachés à la suture interne; le style est à peine distinct du sommet de l'ovaire. Le fruit se compose d'un très-grand nombre de capsules appliquées les unes contre les autres et formant une espèce de cône. Ces capsules sont comprimées terminées en pointe recourbée à leur sommet s'ouvrant en deux valves ordinairement par leur côté inférieur et contenant une ou deux graines charnues extérieurement souvent suspendues et pendantes hors de la capsule après sa déhiscence au moyen d'un fil plus ou moins allongé qui est le faisceau de vaisseaux nourriciers de la graine.

Nous avons dit que les espèces de ce genre appartenaient soit au nouveau continent soit à la Chine et au Japon. De Candolle et plusieurs botanistes ont proposé de former de ces espèces deux sections que Rottler a considérées comme deux genres distincts. Nous allons décrire ici les espèces les plus intéressantes de ce genre surtout parmi celles qui sont cultivées dans nos jardins.

Sect. 1. — Magnolia.

Espèces américaines; une seule bractée recouvrant le bouton; ovaires rapprochés; anthères extrorses.

MAGNOLIER A GRANDES FLEURS Magnolia grandiflora L.; Lamk. III. t. 490. C'est sans contredit l'espèce la plus belle de ce genre qui en compte cependant un si grand nombre de remarquables dans l'Amérique septentrionale où il croît depuis la Caroline septentrionale jusqu'à la Louisiane. Ce Magnolier forme un Arbre de soixante-dix à quatre-vingts pieds de hauteur ayant son tronc droit et cylindrique terminé par une belle pyramide de verdure. Ses rameaux sont verticillés; ses feuilles alternes courtement pétiolées longues de huit à dix ponces larges d'environ trois pouces elliptiques entières acuminées au sommet coriaces glabres vertes et luisantes à leur face supérieure tomenteuses et d'une teinte ferrugineuse en dessous. Les stipules qui sont très-caduques sont également tomenteuses et d'une couleur rousse ferrugineuse. Les fleurs sout terminales blanches ayant souvent sept à huit pouces de diamètre. Les pétales au nombre de neuf à douze sont rarement étalés; plus souvent ils sont dressés ovales allongés rétrécis à leur base. Le capitule de fruits est ovoïde allongé d'environ trois à quatre pouces de longueur; les capsules sont ligneuses épaisses et un peu tomenteuses; ses fleurs répandent l'odeur la plus

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suave. Ce bel Arbre est depuis long-temps introduit dans nos jardins. On le cultive en pleine terre sous le climat de Paris; mais il demande à être empaillé pendant les grands froids. Il fleurit et fructifie très-bien dans nos climats. Ou le multiplie soit de graines que l'on sème dans des terrines pleines de terre de bruyère soit de marcottes. Ce Magnolier que l'on désigne aussi sous le nom de Laurier tulipier doit être placé à une exposition du sud-ouest dans une terre profonde et substantielle.

MAGNOLIER GLAUQUE Magnolia glance L. Michx. Arbr. Am. 3 t. 2. Celle espèce est une des plus communes dans nos jardins. Dans l'Amérique septentrionale où on la connaît sous les noms vulgaires de Magnolier bleu Magnolier des Marais ou Arbre de Castor elle forme un petit Arbre d'un aspect agréable et d'un port élégant qui s'élève à une hauteur de quinze à vingt pieds. Ses feuilles alternes sont pétiolées elliptiques entières glabres et d'un vert clair en dessus entièrement glauques à leur face inférieure. Les fleurs sont blanches beaucoup moins grandes que dans l'espèce précédente mais généralement plus nombreuses. Elles exhalent une odeur extrêmement suave qui a beaucoup d'analogie avec celle de la fleur d'Oranger. Les fruits n'ont guère plus d'un pouce à un pouce et demi de longueur. Le Magnolier glauque croît dans les lieux humides de la Caroline de la Virginie etc. Il a été apporté en Europe vers la fin du siècle dernier. Aujourd'hui il est fort commun dans les jardins où il forme un Arbrisseau buissonneux de six à dix pieds de hauteur. Il se multiplie de graines et doit être placé dans un lieu un peu abrité du soleil. L'écorce de cette espèce est amère et aromatique. En Amérique on en fait usage comme tonique et fébrifuge. Pendant assez long-temps on a cru que l'écorce d'Angusture était celle du Magnolia glauca; mais on sait positivement aujourd'hui que c'est celle du Cusparia febrifuga de Humboldt qui croît dans l'Amérique méridionale et qui appartient à la famille des Rutacées.

MAGNOLIER PARASOL Magnolia Umbrella Lamk.; M. tripetala L. Michx. Arbr. Am. 3 p. 90 t. 5. Cette espèce est un Arbre de moyenne grandeur s'élevant quelquefois jusqu'à vingt-cinq et trente pieds de hauteur; ses feuilles alternes courtement pétiolées obovales allongées acuminées minces entières ont quelquefois surtout dans les jeunes individus jusqu'à dix-huit et vingt pouces de longueur sur une largeur de sept à huit pouces. Ces feuilles réunies et rapprochées au sommet des jeunes rameaux forment des espèces d'ombrelies ou de parasols; de-là le nom spécifique qui a été donné à cet Arbre. Les fleurs sont grandes blanches; la corolle est rarement formée de trois pétales ce qui infirme le nom tripetala donné par Linné à cette espèce; le plus souvent on en compte neuf. Les cônes ou réunion de capsules sont ovoïdes et roses. Cette espèce est depuis long-temps introduite dans les jardins de France et d'Angleterre; elle peut supporter un assez grand degré de froid.

MAGNOLIER ACUMINÉ Magnolia acuminate L. Michx. Arb. Am. 3 p. 82 t. 3. C'est avec le Magnolia grandiflora l'espèce qui dans l'Amérique septentrionale acquiert les plus grandes dimensions. Elle abonde dans toute la région montagneuse des Aliéghanys; elle est également très-commune dans les montagnes du Cumberland. Ses feuilles longues de six à sept pouces et larges de trois à quatre sont minces ovales acuminées au sommet et pétiolées à leur base. Les fleurs sont blanches grandes à peu près comme celles du Magnolia glauca; quelquefois elles offrent une teinte bleuâtre; les cônes sont allongés. Selon Michaux la plupar t des habitans qui vivent dans le voisinage des monts Alléghanys cueillent les cônes de cette espèce vers le milieu de l'été. lorsqu'ils

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sont à la moitié de leur maturité et les mettent infuser dans de l'eau-devie de grains à laquelle ils communiquent une grande amertume. Ils sont dans l'habitude de prendre tous les matins un ou plusieurs petits verres de cette liqueur amère qu'ils regardent comme un bon préservatif contre les fièvres automuales. En France en Angleterre et en Allemagne on peut cultiver cette belle espèce en pleine terre.

MAGNOLIER AURICULÉ Magnolia auriculata Lamk. Michx. Arbr. Am. 3 p. 94 t. 6. Cette belle espèce ne se trouve que fort avant dans l'intérieur des terres de l'Amérique septentrionale. Selon Michaux elle est particulièrement confinée dans cette partie des monts Alléghanys qui traverse les Etats méridionaux et se trouve éloignée de la mer d'environ cent lieues. C'est un Arbre de quarante à quarante-cinq pieds de hauteur dont le tronc est droit et bien filé. Ses feuilles d'un vert tendre et d'une texture fine ont de huit à neuf pouces de longueur sur quatre à six de largeur. Elles sont obovales aiguës rétrécies vers leur partie inférieure et fortement échancrées en cœur. Les fleurs sont blanches très-suaves ayant trois à quatre pouces de diamètre et naissant aux extrémités des jeunes rameaux qui sont d'un rouge violet et ponctuées de blanc. Les cônes sont ovoïdes longs de trois à quatre pouces et d'une belle couleur rose. Son bois tendre spongieux et fort léger n'est propre à aucun usage. Cette espèce est cultivée en pleine terre sous le climat de Paris.

A cette première section appartiennent encore les Magnolia pyramidata M. macrophylla et M. cordata que nous cultivons également dans les jardins.

Sect. 2. — Gwillimia.

Les espèces de cette section sont asiatiques; les fleurs sont accompagnées de deux bractées opposées qui recouvrent entièrement le bouton; les anthères sont introrses et les pistils éloignés les uns des autres.

MAGNOLIER YULAN Magnolia Yulan Desf. Arb. 2 p. 6; Bonpl. Pl. Nav. p. 53 t. 20. Cette magnifique espèce originaire de la Chine est cultivée dans nos jardins. C'est dans sa patrie un Arbre de trente à quarante pieds de hauteur; ses rameaux sont pubescens; ses feuilles qui ne se développent qu'après l'épanouissement des fleurs sont presque cunéiformes à leur base acuminées et aiguës au sommet longues de trois à quatre pouces larges de deux pouces à deux pouces et demi. Les fleurs sont grandes blanches très-odorantes terminales; les pétales au nombre de six à neuf obovales arrondis.

Dans cette section on trouve encore les espèces suivantes: Magnolia Kobus D. C. M. obovata Thunb. M. fuscata Andr. M. pumila D. C. M. parviflora D. C. M. inodora D. C. M. Coco D. C. M. Figo D. C.

Le Magnolia Plumieri forme aujourd'hui le genre Talauma de Jussieu. V. ce mot. (A. R.)

MAGNOLIÉES. BOT. PHAN. L'une des deux tribus de la famille des Magnoliacées. V. ce mot. (A. R.)

MAGOSTAM. BOT. PHAN. (Adanson.) Syn. de Mangoustan. V. ce mot. (B.)

MAGOT. MAM. Simia Inuus L. Espèce du genre Macaque devenue type du troisième sous-genre. V. MACAQUE. (B.)

MAGOUA. OIS. Espèce du genre Tinamou. V. ce mot. (DR..Z.)

MAGUARI. OIS. Espèce du genre Cigogne. V. ce mot. (DR..Z.)

MAGUEY. BOT. PHAN. Nom mexicain de l'Agave Cubensis Jacq. Amer. p. 100. Cette Plante très-précieuse au rapport des voyageurs fournit aux naturels une boisson agréable appelée pulque du bois par la hampe des clous par les épines qui arment les feuilles des couvertures de toits par celles-ci et d'excellentes cordes ou du fil propre à tisser

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de la toile par ses fibres. V. AGAVE. (B.)

* MAHABOTHYA. BOT. PHAN. Même chose que Bothya. V. ce mot. (B.)

MAHAGONI ET MAHOGONI. BOT. PHAH. Dont par corruption quelques ébénistes de Paris font Mahoni. Nom de pays du Swietenia qui fournit l'Acajou des meubles. V. SWIÉTÉNIE. (B.)

MAHALEB. BOT. PHAN. Espèce du genre Cerisier qui était un Prunus pour Linné et qui est vulgairement nommée bois de Sainte-Lucie. (B.)

MAHERNIE. Mahernia. BOT. PHAN. Genre de la famille des Buttnériacées section des Hermanniées établi par Linné dans la Pentandrie Pentagynie (Mant. 59) et composé d'une vingtaine d'espèces environ qui toutes sont de petits Arbustes originaires du cap de Bonne-Espérance. Leurs feuilles sont alternes munies à leur base de deux bractées. Les fleurs sont généralement jaunes quelquefois rouges. Le calice est simple nu campanulé quinquéfide égal; la corolle se compose de cinq pétales dressés onguiculés incombans par leurs parties latérales et un peu tordus en spirale; les cinq étamines sont dressées tout-à-fait libres ou à peine monadelphes par la partie inférieure de leurs filets; ceux-ci présentent vers leur partie supérieure et externe un appendice renflé cordiforme ou obtus glanduleux et velu. L'anthère est extrorse sagittée à deux loges terminées chacune par une pointe à leur sommet. L'ovaire est ovoïde à cinq côtes obtuses et à cinq loges contenant chacune un assez grand nombre d'ovules insérés sur deux rangs à l'angle interne de chaque loge; les styles au nombre de cinq sont quelquefois cohérens entre eux et terminés chacun par un stigmate fort petit et à peine distinct. Le fruit est une eapsule à cinq loges polyspermes s'ouvrant en cinq valves. Quelques espèces de ce genre sont cultivées dans les jardins d'agrément; telles sont surtout les Mahernia odorata Andr. Bot. Repos. t. 85; Mahernia glabra Cavan. Diss. 6 t. 200; Mahernia incisa Curt. Bot. Mag. t. 353. Toutes ces espèces se cultivent en serre tempérée et dans une terre franche et légère. (A. R.)

MAHOGON OU MAHOGONI. BOT. PHAN. V. MAHAGONI.

MAHON. BOT. PHAN. Syn. de Melampyrum arvense et de Coquelicot. V. MÉLAMPYRE et PAVOT. (B.)

* MAHONIE. Mahonia. BOT. PHAN. Genre de la famille des Berbéridées et de l'Hexandrie Monogynie L. établi par Nuttall (Genera of North Americ. Plant. 1 p. 211) et adopté par De Candolle (System. Veg. Nat. T. II p. 18) qui l'a ainsi caractérisé: calice à six sépales disposés sur deux rangs les extérieurs plus petits munis en dehors de trois écailles; six pétales dépourvus à l'intérieur de glandes apparentes mais cependant nectarifères à la base selon Nuttall; six étamines dont les filets sont munis d'une dent de chaque côté et au sommet; ovaire ovoïde globuleux; stigmate sessile orbiculaire; baie ovoïde globuleuse renfermant de trois à neuf graines. A ces caractères on pourrait ajouter celui d'avoir des baies triloculaires observé sur la Plante vivante par Pursh et Léon Dufour; mais comme Nuttall n'en a point parlé et que d'ailleurs il est anomal dans la famille des Beribéridées ce caractère n'a pas été admis par De Candolle. Le genre Mahonia a été proposé plus tard par Rafinesque-Smaltz sous le nouveau nom d'Odostemon. Il est tellement voisin du Berberis que toutes ses espèces avaient été rapportées à ce dernier par les auteurs et les collecteurs; cependant il s'en distingue suffisamment par ses filets dentés ses pétales dépourvus de glandes et surtout par son port. Cinq espèces ont été décrites avec soin par Nuttall Pursh Lagasca et De Candolle. Quatre croissent dans les contrées tempérées de

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l'Amérique et une en Asie dans le Napaul. Ce sont des Arbrisseaux élégans à feuilles alternes persistantes qui ne dégénèrent aucunement en épines comme celles des véritables Berberis mais qui sont composées imparipinnées portées sur un pétiole cylindrique dilaté à la base et articulé au point où s'insère chaque paire de folioles; celles-ci sont légèrement coriaces glabres pinnées et épineuses sur les bords. Les fleurs sont jaunes disposées en corymbes plus ou moins fournis pédicellées et accompagnées de petites bractées persistantes. On cultive en pleine terre dans le jardin de Valence en Espagne le Mahonia fascicularis D. C. et Delessert (Icon. Select. 2 t. 3) bel Arbrisseau originaire de la côte occidentale de l'Amérique du nord et du Mexique. Il est permis de croire que cette Plante pourrait également être cultivée dans les départemens méridionaux de la France où elle serait très-utile soit pour former d'excellentes haies vives soit à cause de la bonté de son fruit légèrement acidule et propre à faire des confitures. (G..N.)

MAHOT. BOT. PHAN. Ce nom de pays paraît avoir originairement désigné les Arbres du genre Bombax Fromager. On l'a étendu à plusieurs autres. Ainsi on a appelé:

* MAHOT BLANC à Mascareigne la Monimia de Du Petit-Thouars.

MAHOT A COCHON à la Guiane un Sterculier.

MAHOT PIMENT aux Antilles un Daphné etc. (B.)

MAHURÉE OU MAHURI. Mahurea. BOT. PHAN. Aublet (Plantes de la Guiane 1 p. 558) est l'auteur de ce genre qui appartient à la Polyandrie Monogynie et que l'on avait placé mal à propos parmi les Tiliacées. Dans son travail sur les Guttifères (Mém. de la Société d'Hist. Nat. de Paris T. 1 p. 220) Choisy l'a rapporté à cette dernière famille en exprimant toutefois son incertitude sur ce rapprochement et il l'a distingué par ces caractères: calice à cinq sépales imbriqués; corolle à cinq pétales dont l'estivation est tordue; étamines libres à anthères oblongues; un seul style surmonté d'un stigmate simple; capsule conique à trois valves qui par leur introflexion atteignent les placentas; graines très-petites très-nombreuses comprimées et presque pendantes. Ce genre dont le nom a été inutilement changé eu celui de Bonnetia par Schreber et Vahl fait partie selon Choisy de la première section qu'il a établie parmi les Guttifères et qu'il a nommée Clusiées. Swartz l'avait confondu avec le Marila autre genre du même groupe et qui comme lui paraît former un passage entre les Guttifères et les Hypéricinées. Le Mahurea a en effet le port des Bixinées le fruit et les graines des Hypéricinées le style et les étamines des Guttifères. Il se compose de deux espèces savoir: Mahurea palustris Aubl. qui croît dans la Guiane; et Mahurea speciosa espèce nouvelle recueillie par le docteur Bertero dans l'île Sainte-Marthe et que Choisy a rapportée avec doute au genre dont il s'agit. Ce sont des Arbres à feuilles alternes et à fleurs en grappes portées sur des pédoncules qui dans la première espèce sont pourvus à leur base de deux écailles. (G..N.)

MAI OU BOIS ET ÉPINE DE MAI. BOT. PHAN. Nom vulgaire de l'Aubépin dans le ndi de la France. (B.)

MAIA. OIS. Espèce du genre Gros-Bec. V. ce mot. (B.)

MAIA. Maia. CRUST. Et non Maja. Genre de l'ordre des Décapodes famille des Brachyures tribu des Triangulaires établi par Lamarck qui a réuni sous ce nom les genres Parthenope et Inachus de Fabricius. Latreille a ensuite retiré de ces Maïas les espèces dont il a formé les genres Lithode et Macrope ou Macropodie. Plus tard Leach a divisé le genre Maïa en vingt-deux genres qui n'ont pas tous été adoptés par Latreille dans ses Familles Natu-

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relles; le genre Maïa tel qu'il est conservé parce savant peut être ainsi caractérisé: antennes extérieures assez longues avec leurs deux premiers articles gros cylindriques à peu près égaux entre eux insérés dans les fossettes oculaires. Troisième article des pieds-mâchoires extérieurs pas plus long que large en forme de carré irrégulier avec son bord intérieur échancré profondément; test triangulaire ou ovoïde téréci en devant et pointu ou tronqué; espace compris entre l'origine des antennes et l'extrémité supérieure de la cavité buccale transversal ou n'étant pas plus long que large; yeux logés dans des fossettes latérales ou inférieures; serres de grandeur moyenne ou petites. Les Maïas se plaisent dans les lieux pierreux et vaseux de la mer et se dérobent à la recherche de leurs ennemis par l'aspect rocailleux la dureté et la couleur de leur test. Menacées de quelque danger elles se blottissent contre un rocher et attendent qu'il soit passé ou qu'il les atteigne dans une immobilité parfaite; dans le dernier cas leurs pinces sont leurs moyens de défense; l'Océan et surtout les côtes de la Méditerranée nourrissent les Maïas: suivant Risso lorsque les Maïas sont prêtes à changer de test elles se retirent dans les moyennes profondeurs se cachent sous les Ulves les Algues ou les Fucus et restent plusieurs jours dans un état de torpeur. C'est ordinairement après cette espèce de métamorphose que le mâle court à la recherche de la femelle pour s'accoupler. Plusieurs espèces portent au-delà de six à dix mille œufs; d'autres n'en font qu'un très-petit nombre et ne frayent qu'une fois dans l'année. Dans le prélude de leurs amours les grandes espèces s'approchent du rivage et parcourant la mer en tous sens se jetteut plus facilement dans les filets que pendant les autres époques de leur vie. Aussitôt que la femelle veut se débarrasser ae ses œufs elle choisit les endroits tapissés de Plantes marines et les dépose parmi ces Végétaux. La plupart des Maïas vivent plusieurs années; elles ne vont ordinairement à la recherche de leur nourriture que pendant la nuit. Ces Crustacés dont quelques espèces acquièrent une taille assez considérable sont connus dans les provinces méridionales sous les noms d'Araignées de mer et en provençal d'Esquignado; on mange ces grandes espèces parmi lesquelles nous citerons la suivante comme la plus connue:

MAIA SQUINADO M. Squinado Lamk. Bosc. Latr. Risso Leach (Mal. Brit. tab. 18); Cancer Squinado Herbst; (tab. 56 et tab. 14 fig. 84 et 85): Cancer Maïa Scopoli; Cancer spinosus Olivier. Long de quatre pouces; large de trois. Carapace toute couverte de tubercules velus dont les plus forts se trouvent au centre des régions qui sont assez nettement distinguées; deux longues épines un peu déprimées divergentes en avant du front; une grande pointe au-dessus de chaque orbite; cinq pointes fortes de chaque côté de la carapace et une sixième au-dessous de l'orbite. Il est très-commun dans l'Océan et la Méditerranée. Les anciens en avaient fait un attribut de Diane d'Ephèse; il était considéré par eux comme doué d'une grande sagesse et comme sensible aux charmes de la musique. V. pour les autres espèces Leach Herbst Risso Latreille etc. (G.)

MAIAN MAJAN. OIS. Espèce du genre Gros-Bec. V. ce mot. (DR..Z.)

MAIANTHÈME. Maianthemum. BOT. PHAN. Desfontaines dans le neuvième volume des Annales du Muséum a établi ce genre pour quelques espèces du genre Convallaria de Linné qui offrent les caractères suivans: le calice est pétaloïde monosépale étoilé à quatre divisions profondes et étalées; les quatre étamines ont les filamens grêles. Le fruit est une baie globuleuse à deux loges monospermes. Ce genre diffère des Convallaria par la forme de son calice et le nombre de ses étamines. Il a pour

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type le Convallaria bifolia de Linné. V. MUGUET. (A. R.)

* MAIBA. MAM. Nom de pays du Tapir indien. V. TAPIR. (B.)

MAIETA. BOT. PHAN. Dans un Mémoire inséré parmi ceux de l'Institut pour 1807 Ventenat rétablit ce genre constitué autrefois par Aublet (Guian. 1 p. 443 t. 176) aux dépens des Melastoma dont il ne diffère que par le seul caractère d'avoir le calice adhérent à l'ovaire puis en partie ou en totalité au fruit qui est bacciforme. La faiblesse de ce caractère n'est pas compensée par une différence sensible dans le port car les quatre espèces dont se compose le Maieta ressemblent en tous points aux autres Mélastomes. Ces espèces ont été publiées et figurées par l'auteur du genre loc. cit. et par Ventenat (Choix de Plantes t. 32 et 33) sous les noms de Maieta Guianensis annulata Scalpta et argentea. La dernière est seulement décrite sans figure. V. MÉLASTOME. (G..N.)

MAIEUZE. OIS. L'un des syn. vulgaires de la grosse Charbonnière. V. MÉSANGE. (DR..Z.)

MAIGRE. POIS. Sciæna Aquila Cuv. Même chose que Fégaro espèce du genre Sciène. V. ce mot. (B.)

* MAILLÉ POIS. Espèce du genre Labre. V. ce mot. (B.)

* MAILLET. POIS. (Valenciennes.) Syn. de Pantouflier. V. ce mot et SQUALE. (B.)

MAILLOT. Pupa. MOLL. Avant les travaux de Draparnaud aucun auteur n'avait bien saisi les caractères de ce genre puisque les Coquilles qui le composent étaient disséminées dans des genres différens presque toutes parmi les Hélices et plusieurs parmi les Turbos dans le système de Linné; parmi les Hélices et les Bulimes dans celui de Bruguière etc. Dès que ce genre fut bien circonscrit par Draparnaud dans son Prodrome Lamarck l'adopta immédiatement après dans le Système des Animaux sans vertèbres; quoique terrestre il le classa dans sa méthode loin des Hélices entre les Scalaires et les Turritelles; mais il ne tarda pas à modifier son opinion et à remettre les Maillots dans leurs rapports naturels en suivant l'exemple de Draparnaud. La famille des Colimacées de la Philosophie Zoologique contient en effet ce genre avec les Hélices Bulimes Agathines etc.; mais il paraît qu'alors Lamarck n'avait point encore considéré le genre Clausilie comme nécessaire puisqu'il ne le mentionne pas. Roissy dans le Buffon de Sonnini suivit l'exemple de Lamarck. Montfort adopta les Maillots et il n'admit pas non plus le genre Clausilie ce qui doit étonner de la part de cet auteur qui établissait des genres sur de très-petits caractères. Cette omission ne fut point encore réparée par Lamarck dans l'Extrait du Cours mais seulement dans les Animaux sans vertèbres après que Cuvier lui-même eut proposé son genre des Nompareilles qui répond aux Clausilies de Draparnaud. Les Maillots furent alors associés aux Clausilies dans la famille des Colimacées augmentée de plusieurs autres genres. Férussac dans son Système de classification du genre Hélice adopta à bien dire le genre Maillot en le réduisant au titre de sous-genre et en lui donnant le nom de Cochlodonte V. ce mot et HÉLICE et sans changer rien de bien important dans l'énoncé des caractères. Blainville a adopté ce genre et l'a plaçé comme Lamarck en rapport avec les Clausilies les Agathines et les autres genres des Colimacées. V. ce mot. Latreille dans son dernier ouvrage a conservé l'opinion la plus généralement reçue c'est-à-dire qu'en adoptant le genre Maillot il l'a mis dans les mêmes rapports que Lamarck et Blainville. (V. GÉOCOCHLIDES au Supplément.) L'Animal des Maillots paraît être absolument semblable à celui des Hélices; cependant la première paire de tentacules est beaucoup plus courte. Les diffé-

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rences les plus essentielles sont dans les formes de la coquille la position de l'ouverture et le plus souvent les plis lamelleux qui garnissent l'ouverture. Les Maillots sont des Coquilles cylindroïdes ovales obtuses au sommet à tours serrés et nombreux lisses et plissées longitudinalement jamais striées ou plissées en travers; du moins nous n'en connaissons aucun exemple. L'ouverture est arrondie bordée aussi haute que large; ce qui la distingue éminemment de celle des Hélices c'est qu'elle est dans une position parallèle à l'axe au lieu de lui être diversement ou plus ou moins inclinée. Les Maillots vivent dans les forêts sous les buissons dans les lieux ombragés où ils se tiennent cachés pendant l'ardeur du soleil. Ils sortent de leur retraite pendant les pluies douces du printemps ou de l'été: alors on les trouve assez abondamment quelquefois le long des Arbres des rochers ou des vieilles murailles. Il est à présumer qu'ils passent l'hiver comme les Hélices dans un état d'engourdissement. Les caractères suivans sont ceux que Lamarck donne à ce genre: coquille cylindracée en général épaisse; ouverture irrégulière demi-ovale arrondie et subanguleuse inférieurement; à bords presque égaux réfléchis en dehors disjoints dans leur partie supérieure; une lame columellaire tout-à-fait appliquée s'interposant entre eux. A l'article MAILLOT du Dictionnaire des Sciences Naturelles Blainville les a divisés d'une manière facile à saisir d'après le nombre et la position des dents de l'ouverture; mais dans son article MOLLUSQUE du même Dictionnaire ce zoologiste a proposé de nouvelles divisions d'après la forme générale et d'après des coupes déjà proposées par d'autres auteurs. C'est ainsi qu'il y fait rentrer les genres Grenaille Cuv.; Gibbe Montfort; Vertigo Müll.; et Partule Férussac. Ces différens genres réunis aux Maillots augmentent le nombre des espèces et malgré ces divisions on pourrait encore admettre au besoin celles qui reposent sur le nombre et la position des plis de l'ouverture. La plupart des espèces connues sont petites ou de taille médiocre: elles sont d'Europe et d'Amérique. On en trouve aussi en Asie et plusieurs espèces aux îles de France et de Madagascar. On en a également trouvé de fossiles particulièrement dans une brèche osseuse de Cette ainsi qu'à Antibes et à Nice.

MAILLOT MOMIE Pupa Mumia Lamk. Anim. sans vert. T. VI 2e partie p. 105 n. 1; Bulimus Mumia Brug. Encycl. n. 87; Lister Conchyl. tab. 588 fig. 48. On le trouve aux Antilles.

MAILLOT OBTUS Pupa obtusa Draparn. Moll. terrest. et fluviat. de France pl. 2 fig. 44; Pupa germanica Lamk. Anim. sans vert. loc. cit. n. 14. Espèce assez rare que Draparnaud paraît avoir trouvée en France mais qui est plus communément répandue en Allemagne sur les montagnes.

MAILLOT CENDRÉ Pupa cinerea l'Anti-Nompareille Geoff. Coq. p. 54 n. 18; Lamk. Anim. sans vert. loc. Cit. n. 15; Bulimus similis Brug. Encyclop. n. 96; Pupa cinerea Draparn. Mollusq. terrestr. et d'eau douce de France pl. 3 fig. 53 54. Coquille de cinq lignes de longueur environ que l'on trouve communément en France sur les rochers les vieilles murailles. Elle a cinq plis à l'ouverture.

MAILLOT POLYODONTE Pupa Polyodon Lamk. loc. cit. n. 18; Helix Polyodon Féruss. Prodrome des Mollusq. terrestr. et fluviat. n. 490; Pupa Polyodon Draparn. loc. cit. pl. 4 fig. 1 2. Espèce fort remarquable par les quinze ou dix-huit lames qui garnissent son ouverture et la rétrécissent beaucoup. Elle est du midi de la France. (D..H.)

MAIMON. MAM. Espèce de Macaque. V. ce mot. On a aussi étendu ce nom à d'autres Singes. V. CYNOCÉPHALE. (B.)

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MAIN. BOT. ZOOL. On a vu de quelle importance étaient les Mains au mot HOMME et au mot BIMANE et que cette importance avait été exagérée par certains philosophes. Une ressemblance plus ou moins éloignée avec la forme de la Main de l'Homme a fait nommer:

MAIN DÉCOUPÉE (Bot.) le Platane.

MAIN DE DIABLE (Polyp.) un Alcyon.

MAIN DE GLOIRE (Bot.) la Mandragore.

MAIN DE JUDAS ou DE LADRE (Polyp.) l'Alcyon Main de Diable.

MAIN DE JÉSUS (Bot. phan.) la plumule dans l'amande du Pinus Pinea.

MAIN DE L'HOMME (Bot. crypt.) la Clavaire digitée.

MAIN DE MARS (Bot.) la Potentille quintefeuille.

MAIN DE MER (Polyp.) des Alcyons lobés et les Laminaires palmées parmi les Hydrophytes.

MAIN DE LA PASSION (Bot.) la feuille de certaines Passiflores. (B.)

MAINATE. Gracula. OIS. (Linné.) Genre de l'ordre des Omnivores. Caractères: bec médiocre dur comprimé convexe en dessus courbé vers la pointe qui a quelquefois une échancrure plus ou moins forte; mandibule inférieure robuste égalant en hauteur la supérieure; narines placées de chaque côté du bec et vers le milieu ouvertes cachées en partie par les plumes très-avancées du front; pieds robustes; quatre doigts trois en avant l'intermédiaire de la longueur du tarse et réuni à l'externe par la base; l'interne divisé; un derrière très-fort; ailes médiocres; première rémige presque nulle la deuxième un peu plus courte que la troisième.

Ce genre tel qu'il se trouve établi dans la treizième édition du Systema Naturæ renferme un assez grand nombre d'espèces mais l'anomalie que l'on observait dans quelques-uns des caractères principaux a fait rejeter la plupart de ces espèces dans beaucoup d'autres genres dififérens de manière qu'il n'est resté que l'unique qui constitue réellement le genre Mainate que Cuvier réservant le synonyme latin Gracula pour son genre Martin a appelé Eulabes. Le Mainate se fait distinguer et rechercher même des Chinois et des Malais par la douceur de son caractère la facilité avec laquelle il se fait à la domesticité l'aptitude qu'il montre pour retenir les airs les mots et les phrases qu'on veut lui apprendre et la complaisance avec laquelle il les répète au moindre désir du maître; il paraît même qu'il possède ces talens à un degré supérieur à celui que l'on observe dans les Perroquets qui généralement nous captivent davantage par l'éclat de leurs couleurs que par leurs grâces et leur amabilité. Du reste c'est encore un fort bel Oiseau dont le plumage d'un noir brillant reflète toutes les couleurs primitives de la lumière qui vient se décomposer sur les prismes nombreux de sa robe légère. Dans les îles de Java et de Sumatra où ces Oiseaux sont communs on les voit réunis en troupes se répandre dans les plaines visiter tour à tour les jardins et les forêts pour y chercher la nourriture qu'il trouve soit dans les Vers et les Insectes soit dans les fruits et les graines; il fait entendre naturellement un chant fort agréable; il construit conjointement avec sa femelle à laquelle il témoigne un grand attachement un nid qu'il tapisse intérieurement d'un tapis très-abondant; ce nid est ordinairement placé fort près du sol entre les tiges accumulées d'une souche épaisse. La ponte est ordinairement de trois œufs grisâtres tachetés de vert olive. Le vol des Mainates est assez rapide quoique peu soutenu; il a beaucoup d'analogie avec celui du Merle.

MAINATE MAYNOU Gracula religiosa L. Buff. pl. enl. 268. Plumage noir lustré et irisé en bleu vert ou violet; plumes de la tête courtes épaisses et veloutées; une bande de plumes longues et effilées

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partant du front et retombant sur la nuque entre deux membranes charnues d'un jaune rougeâtre qui prennent naissance dessous l'angle postérieur de l'œil et s'étendent vers l'occiput; une grande tache blanche sur le milieu des rémiges; bec rouge à la base et jaune dans le reste; pieds d'un jaune orangé. Taille dix à onze pouces. Il varie un peu pour la taille et l'étendue de la tache blanche ce qui a induit en erreur quelques ornithologistes qui ont considéré ces variétés comme des espèces. (DR..Z.)

MAINE. BOT. PHAN. Pour Mayna. V. ce mot. (B.)

MAIPOURI MAM. Nom de pays du Tapir américain. (B.)

MAIPOURI. OIS. Espèce du genre Perroquet. V. ce mot. (DR..Z.)

MAIRANIA. BOT. PHAN. Nom substitué par Necker et Desvaux à celui d'Arctostaphylos employé par Adanson pour un genre formé aux dépens des Arbousiers. V. ce mot et ARCTOSTAPHYLOS. (G..N.)

MAIRERIA. BOT. PHAN. (Scopoli.) Syn de Mouroucoa d'Aublet. V. ce mot. (B.)

MAIS. Zea. BOT. PHAN. Genre de la famille des Graminées rapproché de la section des Saccharinées et appartenant à la Monœcie Triandrie L. Ce genre ne se compose que d'un très-petit nombre d'espèces dont la plus intéressante est le Maïs cultivé Zea Mais L. Blackw. t. 547 plus généralement connu sous les noms de Blé de Turquie ou Blé d'Inde. C'est une des plus belles et des plus grandes Graminées que l'on cultive en Europe; elle est annuelle; son chaume qui s'élève quelquefois à une hauteur de cinq à six pieds est cylindrique légèrement comprimé et noueux; assez souvent il naît de les nœuds inférieurs des radicules cylindriques et blanches qui prennent un accroissement plus ou moins considérable en se dirigeant vers la terre. Les feuilles engaînantes à leur base sont très-longues larges d'environ un pouce un peu rudes sur les bords; les fleurs sont monoïques; les mâles forment au sommet de la tige une panicule rameuse et pyramidale; les épillets sont géminés l'un est sessile et l'autre est pédicellé chaque épillet est biflore; la lépicène est formée de deux valves égales lancéolées aiguës concaves mutiques striées longitudinalement et un peu velues; les fleurs sont sessiles à peu près de la même longueur que la lépicène; les deux valves de leurs glumes sont égales lancéolées aiguës mutiques striées longitudinalement; la glumelle se compose de deux paléoles unies entre elles par leur bord interne tronquées et un peu sinueuses à leur bord supérieur; les trois étamines ont les filets capillaires et les anthères très-allongées; les fleurs femelles forment à l'aisselle des feuilles de gros épis irrégulièrement polygones recouverts par un grand nombre d'écailles spathiformes qui semblent être des feuilles avortées; les épis sont solitaires; ils se composent d'un axe cellulaire très-épais polygone offrant de quatre à treize faces longitudinales et portant chacune une double rangée d'épillets sessiles et géminés; chaque épillet est biflore mais d'une manière incomplète; la lépicène se compose de deux valves arrondies concaves persistantes obtuses et ciliées; la fleur intérieure est femelle; les deux valves de sa glume sont concaves obtuses légèrement échancrées; l'ovaire est environné de trois rudimens d'étamines et quelquefois d'une glumelle formée de deux paléoles qui manquent assez souvent: cet ovaire qui est globuleux porte à son sommet un style qui se confond avec un stigmate filiforme velu ayant cinq à six pouces de longueur. La fleurette extérieure est neutre très-rarement elle est femelle comme l'interne et offrant la même organisation; le fruit est une caryopse irrégulièrement globuleuse un peu déprimée enveloppée à sa base par les écailles florales qui sont persistantes.

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La culture du Maïs est introduite en Europe depuis le seizième siècle. Cette belle Graminée est originaire du Nouveau-Monde; en effet il n'en est fait aucune mention dans les ouvrages d'agriculture ou d'économie rurale antérieurs à la découverte de Christophe Colomb; néanmoins les noms vulgaires de Blé de Turquie Blé d'Inde sous lesquels le Maïs est généralement désigné semblent venir à l'appui de l'opinion de quelques auteurs qui pensent qu'il a été transporté de l'ancien dans le nouveau continent; quoi qu'il en soit de l'origine de cette Céréale elle est aujourd'hui abondamment cultivée dans toutes les parties du monde. Elle produit en résultat beaucoup plus de matières alimentaires qu'aucune autre Plante de la famille des Graminées.

On distingue un assez grand nombre de variétés de Maïs obtenues par suite de sa longue culture; les unes sont relatives à la durée plus ou moins hâtive de sa végétation les autres à la couleur de son grain. Ainsi on nomme Maïs précoce Maïs de deux mois Maïs quarantain une variété très-hâtive à laquelle il ne faut guère plus de deux mois pour arriver à une maturité parfaite. La couleur du grain est aussi très-variable; le plus généralement ces grains sont d'une teinte blonde dorée mais ily en a de blancs de bruns de violets de rouges et de panachés; les deux variétés les plus répandues sont le jaune et ensuite le blanc. Selon la plupart des agronomes la farine du Maïs jaune est beaucoup plus savoureuse que celle du blanc. En France on cultive très-abondamment le Maïs dans un grand nombre de provinces; telles sont les Laudes aquitaniques et le reste de la Gascogne la Bourgogne l'Alsace etc. En général cette Plante a besoin d'un terrain profond plutôt léger que substantiel et plutôt un peu humide que trop sec; dans une terre trop substantielle le Maïs pousse beaucoup en herbe mais ses grains sont moins abondans et moins bien nourris. Le terrain doit avoir été bien préparé par deux labours profonds et convenablement fumé; le plus généralement on fait de distance en distance des trous de quelques pouces de profondeur dans lesquels on met cinq à six grains de Maïs que l'on recouvre ensuite de fumier et de terre; dans les pays chauds en se servant des variétés hâtives on peut facilement dans la même saison faire deux récoltes dans un même champ. Ces récoltes sont en général très-productives mais cette Céréale épuise considérablement le sol en sorte qu'il est plus convenable de ne la planter que tous les quatre à ciuq ans au plus dans un même terrain; on doit aussi pour cette raison ne jamais faire précéder ni suivre la récolte du Maïs de celle des autres Céréales. C'est surtout après le défrichement d'une prairie artificielle que le Blé de Turquie réussit le mieux.

La farine du Maïs est d'une couleur jaune pâle elle diffère de celle des autres Céréales en général par l'absence du gluten; elle se compose de fécule de matière sucrée et animalisée de matière mucilagineuse et d'albumine. Cette farine de Maïs dans les parties de la France où cette Graminée est cultivée forme la base de l'alimentation des habitans en même temps qu'elle sert à la nourriture des bestiaux et de la volaille. Dans le département des Landes les Pyrénées une partie de la Bourgogne le Maïs tient la place du Froment et du Seigle pour la classe peu aisée du peuple et on lui fait subir un grand nombre de préparations; ainsi on en fait quelquefois une bouillie plus ou moins épaisse en délayant sa farine dans de l'eau et en y ajoutant un peu de sel: cette pâte à laquelle on donne différens degrés de consistance est la préparation la plus simple et la plus usitée non-seulement en France mais encore dans quelques parties de l'Angleterre de l'Italie et de l'Allemague. On fait aussi du pain avec la farine de Maïs

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mais il est lourd et compacte parce que la farine privée de gluten ne leve pas; cependant les habitans des Landes en font une très-grande consommation.

On peut en mélangeant un quart ou moitié de farine de Froment à celle de Blé de Turquie obtenir un pain parfaitement levé et qui a tous les avantages du pain de Froment en même temps qu'il est beaucoup moins cher. On prépare aussi avec la pâte de Maïs des galettes plus ou moins minces que l'on fait cuire sur des plaques de tôle ou même simplement sur des planches de bois que l'on approche convenablement du feu. Cette préparation est préférable au pain fait sans addition de farine de Froment parce qu'elle est mieux cuite et par conséquent moins indigeste. Enfin selon Parmentier on peut faire avec le Maïs du gruau de la semouille et même des pâtisseries qui pour la délicatesse et la légèreté ne cèdent en rien à celles que l'on fait avec la meilleure farine de Froment. Ce n'est pas seulement à son état de maturité complète que l'on fait usage du Maïs comme aliment; on mange aussi ses épis lorsqu'ils sont encore verts el très-jeunes après les avoir fait bouillir dans l'eau ou bien on les confit dans le vinaigre comme des cornichons. Les grains de Maïs entrent également dans la préparation de plusieurs boissons; ainsi on faisant fermenter ces grains concassés et légèrement bouillis on en fait une boisson spiritueuse et enivrante que les Américains désignent sous le nom d'Atole. Parmentier assure que cette Céréale peut remplacer l'Orge dans la préparation de la bière et que ses graines torréfiées fournissent une liqueur analogue au Café. Ainsi que cela a lieu dans plusieurs autres Graminées les tiges de Blé de Turquie contiennent une quantité notable de matière sucrée. Au rapport de Humboldt les habitans du Mexique en retirent du sucre avec avantage; aussi a-t-on cherché à en extraire ce principe à une époque encore peu éloignée où la guerre avait interrompu les communications commerciales de la France avec les colonies Pictet de Genève a publié en 1811 le résultat d'essais tentés à cet égard: il a obtenu des jeunes tiges de Maïs récoltées au moment où la graine commence à se former un sirop d'un goût très-agréable propre selon lui à remplacer le sucre de canne pour le Thé le Café et plusieurs autres préparations économiques et culinaires.

On a généralement remarqué que les personnes qui font habituellement usage du Maïs comme aliment sont fortes et vigoureuses. Le docteur Lespez qui a présenté en 1825 à la Faculté de médecine de Paris une dissertation sur le Maïs assure qu'à mesure que la culture et l'emploi de cette Graminée s'introduisent dans quelque canton du département des Landes on voit les habitans perdre le teint blaffard qui leur était naturel pour se revêtir des formes et du coloris de la santé. Selon quelques observateurs les paysans qui se nourrissent de Maïs ne sont point sujets à la pierre ni à la gravelle maladies qui se déclarent si fréquemment chez les individus qui se nourrissent plus particulièrement de matières animales et azotées; la bouillie de farine de Maïs étant d'une digestion extrêmement facile plusieurs praticiens en recommandent l'usage aux convalescens aux personnes épuisées par de longues maladies comme les phthisiques par exemple; on l'a vue aussi très-bien réussir chez plusieurs personnes affectées de maladies chroniques de l'estomac et du tube digestil chez lesquelles les fonctions assimilatrices ne se faisaient qu'incomplétement et avec difficulté. S'il fallait en croire le témoignage de quelques auteurs le Maïs serait un remède efficace contre l'épilepsie dont il éloignerait et ferait même cesser entièrement les accès; mais cette assertion a besoin de nouveau d'être soumise à l'expé-

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rience avant qu'on puisse l'admettre. Cet exposé succinct et incomplet des usages et des avantages du Maïs est néanmoins suffisant pour faire voir combien il est important d'introduire la culture de cette Céréale dans les parties de la France qui en sont privées et où la nature du terrain semble être favorable à son développement. (A. R.)

MAIT-SOU. OIS. Espèce du genre Pigeon. V. ce mot. (DR..Z.)

MAJA. CRUST. (Linné.) Pour Maïa. V. ce mot.

* MAJANIL. MAM. V. ELÉPHANT.

MAJANTHÈME. BOT. PHAN. Pour Maianthème. V. ce mot. (A. R.)

MAJAT. MOLL. Nom donné par Adanson (Voy. au Sénég. pl. 5 fig. 1) à une espèce très-commune de Porcelaine Cypræa stercoraria Lamarck. (D..H.)

MAJAUFES MAJAUFLES OU MAJUFLFS. BOT. PHAN. Variété de Fraisier. V. ce mot. (B.)

MAJORANA. BOT. PHAN. Syn. de Marjolaine. (B.)

MAKAIRA. POIS. V. MACARIA et XIPHIAS.

MAKAKOUAN. MAM. On a indiqué sous ce nom un Carnassier encore indéterminé qui habite la Guiane. (1S. G ST. H.)

* MAKAVOUANA. OIS. V. ARA.

MAKI. Lemur. MAM. Genre de Quadrumanes appartenant à la famille des Lémuriens ou Strepsirrhinins de Geoffroy Saint-Hilaire et qui conservant encore plusieurs des caractères de celle des Singes s'en distingue néanmoins très-bien à plusieurs égards et particulièrement sous le rapport de son système dentaire. Les dents sont il est vrai en même nombre chez les Makis et chez la plupart des Singes américains; et les uns et les autres ont de même à la mâchoire supérieure quatre incisives deux canines et douze molaires; mais on compte à l'inférieure chez tous les Makis six incisives et seulement dix molaires. Les incisives inférieures diffèrent donc par leur nombre de celles des Singes: elles en diffèrent également et d'une manière non moins remarquable par leur forme et leur position. Elles sont extrêmement allongées très-minces et dirigées non pas de bas en haut comme à l'ordinaire mais presque horizontalement d'arrière en avant. Il est à observer que l'externe a une forme différente de celle des internes et qu'elle est aussi plus grande; fait qu'il est d'autant plus important de remarquer que l'on pourrait suivant quelques auteurs regarder cette derniere incisive comme la véritable canine et alors dans la dent suivante ou celle que l'on a considé ée comme la canine ne voir que la première des mâchelières. Suivant cette manière de voir s'il était possible de l'adopter les Makis (et il en est de même de plusieurs autres genres de Lémuriens) auraient exactement le même nombre d'incisives de canines et de molaires que les Singes américains. Elle fournirait aussi l'explication d'une anomalie que présente le système dentaire de Makis et de plusieurs genres voisins chez lesquels la canine supérieure est placée plus antérieurement que l'inféricure disposition contraire à celle qui a lieu dans le plus grand nombre des cas. Quoi qu'il en soit la canine inférieure ou suivant les auteurs dont nous venons de rapporter l'opinion la première molaire est petite triangulaire et semblable à une fausse molaire comme l'a remarqué Frédéric Cuvier lui-même quoique d'ailleurs ce zoologiste ne regarde comme des fausses molaires que les deuxdents suivantes. Les vraies molaires sont toutes trois de même forme et présentent en devant deux pointes l'une interne l'autre externe et en arrière une dépression et un tubercule placé extéricurement. On trouve de même à la mâchoire supérieure trois vraies molaires parmi lesquelles la première est la plus grande et la der-

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nière la plus petite; disposition qui a également lieu à la mâchoire inférieure. La première piésentc deux tubercules assez développé sur son bord externe deux assez petits sur son bord interne et enfin à sa partie moyenne deux autres de grandeur fort inégale; à la seconde le tubercule postérieur et interne a disparu et le gros tubercule médian est devenu une crête longitudinale. La dernière n'a plus que trois tubercules externes et une crête placée à son bord interne. Les fausses molaires au nombre de trois se ressemblent généralement et sont séparées par un intervalle vide de la canine; celle-ci est mince large tranchante en avant et en arrière et cache presque entièrement l'incisive externe de son côté; l'incisive interne droite et la gauche sont séparées par un intervalle vide l'intermaxillaire étant en avant d'une extrême min eur sur la ligne médiane. Du reste ces incisives ne présentent rien de bien remarquable sous le rapport de leur forme et de leur direction.

Les membres des Makis et surtout les postérieurs sont longs et leurs pouces bien séparés des autres doigts et bien opposables font de de leurs mains des instrumens assez parfaits de préhension. Tous leurs doigts sont terminés par des ongles plats ou du moins aplatis à l'exception d'un seul le second des pieds de derrière qui est assez court et remarquable par sa phalange onguéale fort amincie et que termine un ongle subulé long et relevé. La queue est plus longue que le corps et contribue à donner à l'Animal beaucoup de grâce: mais elle ne paraît pas être pour lui un organe d'uue grande importance. Les formes générales des Makis sont sveltes et leur tête longue triangulaire à museau effilé a été souvent comparée à celle du Renard. Leur pelage est généralement laineux très-touffu et abondant; leurs oreilles sont courtes et velues; leurs narines terminales et sinueuses; et leurs yeux sont placés non pas antérieurement comme chez l'Homme non pas latéralement comme chez les Quadrupèdes mais dans une position intermédiaire. Les mamelles sont pectorales et au nombre de deux. Le gland est conique et sa surface est couverte de papilles cornées dirigées en arrière.

Les Makis dont l'organisation est sous presque tous les rapports analogue à celle des Singes ont aussi à peu près les mêmes habitudes. Ils vivent sur les Aibres et peuvent sauter d'une branche à l'autre avec beaucoup d'agdité. Ils se nourrissent essentiellement de fruits comme les Singes et sont comme eux foit ardens en amour fort impétueux et fort vifs; mais on ne voit pas chez eux cette lubricité cette indocilité et nous ne saurions mieux exprimer notre pensée que par ces mots cet empressement de naire et cette impudence qui caractérisent un si grand nombre de Singes et particulièrement la plupart de ceux de l'Ancien Monde Doux à l'égard des personnes qui lui sont connues timide à l'égard des étrangers on voit souvent le Miki té luit en domesticité fuir à l'approche du spectateur; mais on ne le voit jamais s'avancer vers lui pour le repousser par des grimaces et des gestes menaçans ou chercher à le saisir et à le blesser comme le fait un Cynocéphale ou un Macaque. Les Makis sont d'ailleurs comme les Singes très-attachés à leurs petits ce qu'on a eu occasion de constater à la Ménagerie du Muséum ou l'on a vu produire une espèce du genre. Ces Animaux qui tous habitent Madagascar et quelques îles voisines ont été souvent transportés dans nos climats et plusieurs y ont même vécu fort long-temps. Tel est particulièrement le Mococo dont Geoffroy Srint-Hilaire (Ménagerie du Muséum) a donné l'histoire et la description. Cet individu se portait encore très-bien au bout de dix-neuf ans de domesticité quoique depuis son arrivée en France il eût toujours paru fort incom-

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modé du froid. Il cherchait à s'en garantir en se ramassant en boule les jambes rapprochées du ventre et en se couvrant le dos avec sa queue. Il s'asseyait l'hiver à portée d'un foyer et tenait ses mains et même son visage aussi près du feu qu'il le pouvait: il lui arrivait quelquefois de se laisser ainsi brûler les moustaches et alors même il se contentait de tourner la tête au lieu de s'éloigner du feu.

Linné et les auteurs systématiques avaient réuni dans le genre Lemur non-seulement tous les véritables Makis mais aussi tous les Lémuriens et même plusieurs espèces d'organisation toute différente; mais depuis Geoffroy Saint-Hilaire a par la formation successive des genres Indri Loris Nycticèbe Galago et Tarsier isolé enfin les véritables Makis et le genre a été définitivement constitué. Il est encore formé d'un grand nombre d'espèces qui toutes comme nous l'avons déjà remarqué habitent exclusivement Madagascar et les îles voisines où tout au contraire ou ne trouve aucun véritable Singe. Nous décrirons les diverses espèces du genre dans l'ordre où elles ont été placées par Geoffroy Saint-Hilaire.

Le VABI Lemur Macaco L. le Vari et le Vari à ceinture Geoff. Magaz. Encycl. T. VII a un pied huit pouces de long et est très-remarquable par son pelage varié de grandes taches blanches et noires. Le mâle a les côtés du nez les coins de la bouche les oreilles le dessus du cou le dos les flancs de couleur blanche avec le dessus de la tête le ventre la queue et la face externe des avant-bras et des cuisses de couleur noire. La femelle diffère du mâle en ce qu'elle a beaucoup moins de blanc et particulièrement en ce que son dos est tout noir à l'exception d'une bande blanche placée transversalement à son milieu. Suivant Geoffroy Saint-Hilaire les jeunes soit mâles soit femelles ont le dos blanc comme le mâle adulte en sorte que les jeunes femelles ressemblent d'abord aux mâles; fait très-remarquable puisque ordinairement ce sont au contraire les jeunes mâles qui ressemblent aux femelles. Desmarest (article Maki du Dictionn. des Scienc. Natur.) a décrit comme variété de cette espèce un individu qui avait tout le noir du pelage des Varis ordinaires remplacé par du gris-brun.

Le MAKI NOIR Lemur niger Geoff. Saint-Hil. Ann. du Mus.; le Mancanco noir d'Edwards est une espèce fort peu connue. Son pelage est généralement noir.

Le MAKI ROUGE Lemur ruber Geoff. Saint-Hil. Ann. du Mus. généralement d'un roux marron très-vif avec la tête la queue les mains la face interne des membres et le ventre noirs et un demi-collier blanc sur le haut du col.

Le MAKI ROUX Lemur rufus Geoff. St.-Hil. ne doit pas être confondu avec le Maki roux de Fr. Cuvier qui est un Maki rouge. Son pelage est d'un roux doré en dessus d'un blanc jaunâtre en dessous avec le tour de la tête blanc excepté au front et une bande noire s'étendant de la face à l'occiput.

Le MAKI A FRONT BLANC Lemur albifròns Geoff. St.-Hil. Mag. Encyclop. et Ann. du Mus. Roux brunâtre en dessus gris à l'occiput et sur les épaules gris roussâtre en dessous; la face est noire depuis les yeux; mais le mâle a sur le dessus de la tête et sur le front un bandeau blanc qui n'existe pas chez la femelle. Aussi celle-ci avait-elle été d'abord considérée comme une espèce distincte et décrite par Geoffroy Saint-Hilaire sous le nom de Maki d'Anjouan. La ménagerie du Muséum ayant réuni à la fois les deux sexes on est parvenu à les faire accoupler; la femelle a mis bas au bout de quatre mois de gestation. Les petits qui n'avaient en naissant que la grosseur d'un Rat pouvaient déjà manger seuls au bout de six semaines. Fr. Cuvier qui a donné (Mamm lithog. par Geoff. St.-Hil. et Fr. Cuvier) l'histoire de ces

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jeunes Animaux a fait connaître les principales circonstances de l'accouplement et de la gestation et montré que le Maki d'Anjouan et le Maki à front blanc ne forment pas comme on l'avait cru jusqu'alors deux espèces distinctes. Il serait fort possible que d'autres observations fissent de même dans la suite diminuer le nombre des espèces de ce genre en montrant à l'égard de quelques-unes de celles admises aujourd'hui qu'elles ne sont pareillement que de simples variétés d'âge ou de sexe. Le Maki à front blanc a été trouvé à Madagascar et à Anjcuan.

Le MAKI A FRONT NOIR Lemur nigrifrons Geoff. St.-Hil. est supérieurement gris roux sur les parties postérieures du corps et cendré en avant avec le ventre et les parties internes des cuisses roux et le dessus de la tête et le front noirs. Ce Maki paraît être le Simia Sciurus de Petiver.

Le MAKI AUXPIEDS BLANCS Briss. Lemur albimanus Geoff. St.-Hil. est une espèce fort peu connue; son pelage est gris brun en dessus roux cannelle sur les côtés du col blanc sur la poitrine roussâtre sur le ventre. Les mains sont blanches comme l'indique le nom donné à l'espèce par Brisson.

Le MONGOUS Buff. XIII Lemur Mongoz L. paraît être le Mongous de Geoffroy mais non pas celui d'Audebert qui est un Maki aux pieds blancs. Geoffroy caractérise ainsi cette espèce: pelage gris en dessus blanc en dessous; le tour des yeux et le chanfrein noirs.

Le MAKI BRUN Lemur fulvus Geoff. St.-Hil. Ménagerie du Mus. et Ann. du Mus. est le Grand Mongous de Buffon. II a le pelage brun en dessus gris en dessous; la tête noirâtre; le chanfrein élevé et busqué.

Le MAKI A FRAISE Lemur collaris Geoff. St.-Hil. Ann. du Mus. Pelage brun roux en dessus fauve en dessous; une sorte de collerette de poils roux; la face plombée; les poils de la queue dirigés latéralement. La femelle est plus petite que le mâle et elle a le sommet de la tête gris et le pelage généralement plus jaunâtre.

Le Mococo Buff XIII Lemur Catta L. L'une des plus belles espèces du genre et en même temps l'une des plus distinctes. Son pelage est cendré roussâtre en dessus cendré sur les membres et les flancs et blanc en dessous; la queue est colorée dans toute sa longueur d'anneaux alternativement blancs et noirs dont le nombre s'élève à trente environ. L'élégance des formes l'harmonie des couleurs et la grâce de cette espèce ont dès long-temps fixé sur elle l'attention des naturalistes et l'ont fait transporter un grand nombre de fois en Europe.

Le GRISET Buff Supplém. VII Lemur griseus Geoff. St.-Hil. Mag. Encycl. n'a que dix pouces de long environ et se trouve ainsi d'une taille inférieure à celle des autres espèces du genre qui toutes ont de quinze à vingt pouces; il a aussi la tête un peu moins allongée caractères qui l'ont fait considérer pendant long-temps comme un jeune âge. Mais il n'y a plus à douter aujour-d'hui de la réalité de sa distinction spécifique. Son pelage est généralement gris en dessus et blanc grisâtre en dessous.

Telles sont les espèces du genre Maki admises par Geoffroy Saint-Hilaire et d'après lui par les autres zoologistes modernes; mais nous le répétons lorsque les observations à leur égard se seront multipliées il est très-probable qu'on reconnaîtra dans quelques-unes d'entre elles de simples variétés d'âge ou de sexe et qu'ainsi le nombre des véritables espèces du genre viendra à diminuer. Il est également probable que d'autres Makis restent encore à découvrir dans l'île de Madagascar si imparfaitement connue jusqu'à ce jour. On devrait même suivant Fr. Cuvier et Desmoulins réunir à ce genre le petit Quadrumane connu sous le nom de Galago de Madagascar et Fr.

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Cuvier lui a même donné le nom de Maki nain quoique comme il le dit lui-même des caractères particuliers l'éloiguent des autres Makis: il a le museau court la tête ronde les yeux très-grands et est généralement beaucoup plus trapu que ceux-ci dont il diffère encore par sa vie nocturne. Ses oreilles sont très-arrondies mais avec un tragus et un antitragus; ses narines sont entourées d'un mufle et son corps est couvert d'un pelage épais composé tout entier de poils soyeux en apparence et dont la couleur générale est le gris fauve uniforme en dessus le blanc en dessous Mais il est fort douteux que ce Quadrumane qui paraît être le Rat de Madagascar de Buffon et le Lemur murinus des auteurs systématiques puisse être définitivement placé dans le genre des Makis quoique d'ailleurs il leur ressemble à quelques égards et qu'il ait la même patrie. Au reste cette dernière circonstance n'est pas même une présomption en faveur de l'opinion de Fr. Cuvier et de Desmoulins puisq e nous connaissons déjà plusieurs Lémuriens et particulièrement les Indris qui forment un petit genre voisin niais certainement différent de celui des Makis et qui néanmoins habitent comme eux l'île de Madagascar. D'ailleurs le Galago de Madagascar ou le Maki nain ne peut guère plus être considéré comme un véritable Galago que comme un véritable Maki. (IS. G. ST.-H.)

* MALABAILA. BOT. PHAN. Ce genre de la famille des Ombellifères établi par Hoffmann sur les Pastirnaca graveolens et pimpinellifolia de Marchall - Bieberstein n'offre que des différences trop légères d'avec le genre Pastinaca pour mériter d'être adopté. V. PANAIS. (G..N.)

MALABATHRUM. BOT. PHAN. Espèce du genre Laurier. V. ce mot. (B.)

* MALACAGA. MAM. (Barrère) Syn. d'Ocelot. V. CHAT. (B.)

MALACCA PELA. BOT. PHAN. (Rhéed. Malab. 3 tab. 35.) Syn. de Pisdium pomiferum. V. GOUYAVIER. (B.)

MALACENTOZOAIRES. Malacentozoaria. MOLL. Nom que Blainville avait proposé pour remplacer celui de Cirrhopodes des auteurs; l'auteur a abrégé ce mot. V. MALENTOZOIRES MOLLUSQUE ARTICULÉ et CIRRHOPODES. (D..H.)

MALACHE. BOT. PHAN. (Trew.) De l'un des mots qui dans quelques anciens signifiaient la Mauve. Syn. de Pavonia racemosa Willd. (B.)

MALACHIE. Malachius. INS. Genre de l'ordre des Coléoptères section des Pentamères famille des Serricornes division des Malacodermes tribu des Mélyrides établi par Fabricius et ayant pour caractères: mandibules échancrées ou bidentées à leur pointe étroites et allongées; palpes filiformes; des vésicules intérieures mais exsertiles sur les côtés du corselet et de la base du ventre. Ce genre a été confondu par Linné et Geoffroy avec les Téléphores; le premier lui a donné le nom de Cantharis et le second celui de Cicindela. Ce genre tel qu'il est adopté actuellement diffère de celui des Téléphores par les mandibules qui dans ceux-ci sont simples et par les palpes qui sont sécuriformes; il s'en éloigue encore ainsi que de tous les autres genres de la même famille par la présence des corps vésiculaires rétractiles dont nous avons parlé plus haut. Ces Insectes ont le corps un peu allongé; la tête est à peu près de la largeur du corselet. Les yeux sont arrondis saillans; le corselet est presque aussi large que les élytres déprimé rebordé ordinairement arrondi; l'écusson est petit et arrondi postérieurement et les élytres sont flexibles et de la longueur de l'abdomen; les pates sont de longueur moyenne. Lorsque ces Insectes sont effrayés ils font sortir de dessous les angles antérieurs du corselet et de la base du ventre les quatre vésicules

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dont nous avons déjà parlé: on ignore encore leur usage; elles sont composées de trois lobes et se désenflent et rentrent dans le corps de Insecte dès qu'on cesse de le tourmenter; ces vésicules ont recu de quelques auteurs le nom de Cocardes. Les larves de ces Insectes sont encore inconnues; il est pourtant présumable qu'elles vivent dans le bois car on trouve souvent l'Insecte parfait nouvellement sorti de sa nymphe dans les chantiers. Ce genre se compose d'un assez grand nombre d'espèces Dejean (Catal. des Col. p. 38) en mentionne quarante-neuf dont trois seulement sont étrangères à l'Europe; une vingtaine d'espèces trouvent aux environs de Paris et nous citerons comme la plus comune:

Le MALACHIE BRONZÉ M. Œneus; Cantharis Œnea L. Panz. Faun. Ins. Germ. X II. Long de trois lignes d'un vert luisant avec les étuis rouges au bord et le devant de la tête jaune. V. pour les autres espèces Fabricius Olivier Gyllenhall Geoffroy etc. (G.)

MALACHITE MIN. Nom d'une variété de Cuivre carbonaté vert en concrétions mamelonnées à structure compacte ou fibreuse qui est employé maintenant comme nom spécifique par la plupart des minéralogistes. V. CUIVRE CARBONATÉ (G. DEL.)

MALACHODENDRON. Malachodendrum. BOT. PHAN. Ce genre de la Monadelphie Polyandrie L. établi d'abord par Mischell (in Catesb. Carot. 3 p. 12) fut réuni par Linné et l'Héritier au Stewartia Cavanilles (Dissert. 6 p. 302) l'ayant rétabli. cette distinction fut admise d'abord par Jussieu qui le plaça parmi les Malvacées et récemment par De Candolle qui le fit entrer dans la tribu des Gordoniées de la famille des Ternstroemiacées. Voici ses principaux caractères; calice accompagné d'une seule bractée; corolle à cinq ou six pétales dont le limbe est crénolé; étamines nombreuses monadelphes; ovaire marqué de cinq sillons et surmonté de cinq styles libres à la base; stigmates capités; carpelles capsulaires au nombre de cinq soudés entre eux et monospermes; graines inconnues. Le Malachodendrum ovatum Cav. loc. Cit. Stuartia pentagyna l'Hérit. 9 Stirp. Nov. 1 p. 155 t. 74 est une Plante arborescente à feuilles ovales aiguës à fleurs solitaires presque sessiles. Cette espèce croît en Virginie. (G..N.)

* MALACHODRE. BOT. PHAN. (Poiret.) Syn. de Malachodendron. (B.)

MALACHRA. BOT. PHAN. Genre de la famille des Malvacées et de la Monadelphie Polyandrie L. offrant pour caractères essentiels: un involucre général à trois ou cinq feuilles qui enveloppent totalement les capitules de fleurs; le calice est entouré d'un involucelle particulier formé de huit à douze folioles linéaires ou sétiformes; cinq carpelles capsulaires disposés orbiculairement et monospermes. Linné (Syst. 518) ne connaissait que deux espèces de ce genre savoir: Malachra capitala et Malachra radiata Plantes indigènes des Antilles et de Cayenne. Ce nombre s'est accru de douze autres espèces qui ont été décrite par Jacquin Cavanilles Poiret etc.; ces Plantes dont quelques-unes ont été confondues avec les Sida sont toutes originaires de l'Amérique méridionale. Cependant le Malachra capitata croît aussi selon R. Brown au Congo en Afrique et le professeur De Candolle a réuni à ce genre d'après l'indication de Willdenow l'Urena polyflora de Loureiro qui se trouve en Chine près de Canton. Les Malachra sont des Plantes herbacées dont les fleurs en tête et souvent cachées par l'involucre n'ont rien d'élégant et n'inspirent aucun intérêt. (G..N.)

MALACOCISSUS. BOT. PHAN. La Plante désignée sous ce nom par les anciens fut selon les modernes le

TOME X. 4

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Glécome le Calthe des marais la Ficaire le Tamnier commun ou le Liseron des haies. (B.)

MALACODERMES. Malacodermi. INS. Latreille avait formé sous ce nom une famille de l'ordre des Coléoptères section des Pentamères; il l'a convertie depuis (Règne Anim. et Fam. Nat. du Règne Anim.) en une division renfermant les six dernières tribus de sa famille des Serricornes. V. SERRICORNES et INSECTES. (G.)

MALACOIDES. BOT. PHAN. (Tournefort et Adanson.) Syu. de Malope. (Plumier.) Syn de Malachra. (B.)

MALACOLITHE. MIN. Nom donné par Abildgaurd à une variété de Pyroxène d'un vert jaunâtre ou d'un vert clair. V. PYROXÈNE. (G. DEL.)

MALACOPTÉRYGIENS. POIS. Artedi appliqua le premier cette dénomination aux Poissons à squelettes osseux dont tous les rayons des nageoires étaient mous appelant Acanthoptérygiens ceux au contraire dont les rayons ou partie de ces rayons étaient épineux. Cuvier adopte l'ordre des Malacoptérygiens mais il le divise en trois ordres nouveaux différens par la position des ventrales ou leur abscence: les ABDOMINAUX les SUBBRACHIENS et les APODES.

Les ABDOMINAUX qui sont les plus nombreux el presque tous d'eau douce sont répartis dans les cinq familles suivantes: Salmones Clupes Ésoces Cyprins et Siluroïdes.

Les SUBBRACHIENS sont répartis dans presque autant de familles que de genres; ce sont les Gadoïdes les Pleuronectes ou Poissons plats et les Discoboles.

Les APODES dépourvus de ventrale ne forment qu'une seule famille tant le sous-ordre est naturel. Cette famille est celle des Anguiformes. (B.)

MALACOSTRACÉS. Malacostracea. CRUST. Latreille désignait ainsi dans ses ouvrages antérieurs au Règne Animal par Cuvier et formait sous ce nom un ordre ae Crustacés correspondant au genre Cancer de Linné et il donnait le nom d'Entomostracés (V. ce mot) aux Crustacés qui forment aujourd'hui les ordres des Lophyropodes et des Phyllopodes (V. ces mots). Dans le Règne Animal et dans ses Familles Naturelles du Règne Animal cet illustre entomologiste n'a plus partagé les Crustacés en Entomostracés et Malacostracés et ceux qui formaient (Gen. Crust. et Ins.) ce dernier ordre ou cette légion ont été divisés en cinq ordres. V. les mots: DÉCAPODES STOMMAPODES LŒMODIPODES AMPHIPODES et ISOPODES. V. encore le mot CRUSTACES. (G.)

MALACOXYLON. BOT. PHAN. Sous le nom de Malacoxylon pinnatum Jacquin (Fragment. botan. p. 31 t. 35 f. A) a décrit un Arbre de l'Ile-de-France ou on le nomme Mapou ou bois de Mapou dénomination collective employée dans les colonies pour désigner les Arbres dont le bois est trop mou pour qu'on en fasse usage. Du Petit-Thouars parle de cette Plante dans ses Observations sur les Plantes des îles australes d'Afrique et indique ses rapports avec le genre Cissus; il y a lieu de croire que c'est l'espèce décrite par Lamarck dans ses Illustrations sous le nom de Cissus Mappia. (G..N.)

MALACOZOAIRES Malacozoaria MOLL. Dénomination proposée par Blainville pour remplacer dans son Système le mot Mollusque. Cependant c'est à ce dernier mot que Blainville a fait son article général sur les Mollusques. V. ce mot. (D..H.)

MALADOA. CONCH. C'est probablement par erreur que l'on a ainsi écrit ce mot dans les Dictionnaires antérieurs car c'est Matadoa qui n'est point une Arche comme on l'a dit. (D..H.)

MALAGH ET MALAGNÉ. BOT. PHAN. Noms vulgaires du Cerisier sauvage et du Mahaleb dans le midi de la France. (B.)

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MALAGO-CODI. BOT. PHAN. (Rhéede: Hort. Malab. 7 p. 25 t. 12.) Syn. de Piper nigrum L. (G..N.)

MALAGO-MARAM. BOT. PHAN. On a rapporté cette Plante décrite et figurée par Rhéede (Hort. Malab. 5 p. 49 t. 25) au Rhus Cominia L. (G..N.)

* MALAGOS. OIS. (Kolbe Descr. du cap de Bonne-Espérance t. 3 p. 173.) Probablement le Cormoran. V. et mot. (B.)

MALAGUETTE. BOT. PHAN. Lois-qu'au temps des premières navigations lointaines les Portugais introduisirent les épiceries dans le commerce ils en rapportaient en Europe qui n'y sont plus guère usitées de nos jours; de ce nombre était la graine de Malaguette qui donna même son nom à un petit canton de la côte de Guinée d'ou ou la tirait. Cette Malaguette africaine était la graine de l'Amomum Granum-paradisiaca. On étendit ce nom dans le Nouveau-Monde au Myrtus Pimenta et on nomma Malaguette du Brésil diverses espèces au genre Capsicum. V. PIMENT. (B.)

* MALAISE. MAM. Race humaine de l'espèce Neptunienne. V. HOMME. (B.)

MALAKENTOZOAIRES. MOLL. Même chose que Malacentozoaires. V. ce mot. (B.)

MALAMIRIS. BOT. PHAN. Espèce du genre Poivre. V. ce mot. (B.)

MALANÉE OU MÉLANI. Malanea. BOT. PHAN. Genre de la famille des Rubiacées et de la Tétrandrie Monogynie L. établi par Aublet Guian. 1 p. 106 t. 41) et ainsi caractérisé: calice très-petit à quatre dents; corolle petite rotacée a quatre lobes étalés; filets des étamines saillans et égaux au limbe de la corolle; anthères presque arrondies; drupe ressemblant au fruit des Berberis mais sèche mince ovée couronnée par le calice contenant un noyau biloculaire et disperme. Le nom de ce genre a été inutilement changé par Schreber en celui de Cunninghamia. Le Malanea sarmentosa Aubl. loc. Cit. est un Arbrisseau grimpant à rameaux pendans garnis de feuilles roulées sur les bords. Les fleurs sont axillaires et disposées en épis ou en tête au sommet des rameaux. Cette Plante croît à la Guiane. Lamarck a réuni à ce genre sous le nom de Malanea verticillata l'Antirrhœa de Jussieu Arbre des îles de France et de Mascareigne où il est vulgairement appelé bois de Losteau et dont on emploie l'écorce pour arrêter les diarrhées et les dyssenteries. (G..N.)

* MALANEH. BOT. PHAN. (Camerarius et Delile.) Syn. arabe de Cicer Arietinum. V. CHICHE. (B.)

MALAN-KUA. BOT. PHAN.(Rhéede Hort. Malab. p. 17 t. 19.) Syn. de Kœmpferia rotunda L. (G..N.)

MALAPARI. BOT. PHAN. C'est un des noms vulgaires aux Moluques d'un Arbre décrit et figuré par Rumph (Herb. Amb. vol. 3 p. 183 t. 117) sous le nom de Malaparius. Loureiro (Flor. Cochinch. 2 p. 625) en a fait une espèce de Pterocarpus et la nommé P. flavus. Ce nom spécifique a été inutilement changé par Poiret en celui de P. luteus. V. PTÉROCARPE. (G..N.)

MALAPERTURE. POIS. Pour Malaptérure. V. ce mot. (B.)

MALAPOENNA. BOT. PHAN. La Plante décrite et figurée sous ce nom par Rhéede (Hort. Malab. 5 t. 9) et adoptée par Adanson comme type d'un genre distinct est trop imparfaitement connue pour qu'on puisse lui faire occuper une place dans aucune des classifications actuelles des Végétaux. (G..N.)

MALAPTÈRE POIS. Espèce de Labre du sous-genre Girelle. (B.)

MALAPTÈRENOTE. POIS. Espèce de Labre du sous-genre Girelle. (B.)

MALAPTÉRURE. Malapterurus. POIS. Genre formé par Lacépède (Pois.

4

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T. V P. 90) aux dépens des Silures de Linné et qu'il caractérisait: tête déprimée et couverte de lames grandes et dures ou d'une peau visqueuse; la bouche à l'extrémité du museau; deux barbillons aux mâchoires; le corps gros la peau de ce corps et de la queue enduite d'une mucosité abondante; une seule nageoire dorsale adipeuse et placée fort en arrière et près de la caudale: Cuvier adopta ce genre en le plaçant dans l'ordre des Malacoptérygiens abdominaux et le comprit dans la famille des Siluroïdes en indiquant que les Malaptérures manquent de dorsale rayonnée et que nulle épine n'arme leurs pectorales. Leurs dents sont en velours et disposées tant en haut qu'en bas sur une langue en croissant; ou leur compte sept rayons branchiaux. La seule espèce connue de ce gepre fut d'abord décrite mais superficiellement par Forskahl et par Broussonnet. C'est a notre illustre confrère Geoffroy de Saint-Hilaire qu'on en doit l'histoire approfondie. C'est le Malapterurus electricus Lacép. loc. cit.; Siturus electricus Gmel. Syst. Nat. XIII T. 1 p. 1354; le Trembleur Encyclop. Pois. pl. 62 fig. 245 si bien représenté par Geoffroy Saint-Hilaire parmi les Poissons d'Egypte pl. 11 fig. 1. Cet Animal appelé Roasch c'est-à-dire Tonnerre par les Arabes se trouve dans le Nil et même au Sénégal. Il y parvient à un pied et demi ou deux pieds de long Son corps se renfle en avant en s'aplatissant ainsi que la tête dans cette direction; ses yeux peu gros sont recouverts par la membrane la plus extérieure de son tégument général laquelle s'étend comme un voile transparent au-dessus de chacun; les narines ont leur orifice double; deux barbillons se voient auprès à la mâchoire supérieure d'inférieure en supporte quatre. La couleur du Poisson est grisâtre et sombre relevée par quelques taches noires. La propriété électrique du Mulaptérure le rend très-remarquable; elle paraît résider dans un tissu particulier situé entre la peau et les muscles et qui présente l'apparence d'un tissu graisseux abondamment pourvu de nerfs. (B.)

MALARD OU MALART. OIS. L'un des noms vulgaires du Canard domestique et du métis de ce même Canard avec celui de Barbarie. (B.)

MALARMAT POIS. Espèce de Trigle type d'un sous-genre. V. TRIGLE. (B.)

MALAXIDE. Malaxis. BOT. PHAN. Genre de la famille des Orchidées et de la Gynandrie Monandrie L. offrant les caractères suivans: les trois divisions externes du calice sont étalées; le labelle est supérieur sessile plane ou concave entier rarement tridenté au sommet échancré en cœur à sa base ou il embrasse le gynostème; celui-ci est très-court creusé à son sommet d'une fossette profonde qui renferme l'anthère: cette anthère est operculiforme à deux loges contenant chacune une masse pollinique solide formée de deux massettes agglutinées ensemble. Ce genre se compose d'un petit nombre d'espèces qui croissent dans l'Amérique méridionale et septentrionale et une en Europe (Malaxis palustris Swartz). Ce sont en général de petites Plantes herbacées terrestres venant dans les lieux humides ou ombragés leur tige est généralement renflée et bulbiforme à sa base ou elle porte un petit nombre de feuilles; les fleurs sont petites d'un jaune verdâtre souvent incompletement uhisexuées disposées en épis allongés ou en cymes. Le professeur Richard a séparé de ce genre plusieurs espèces et entre autres le Malaxis Loeselii de Swartz pour en faire un genre nouveau sous le nom de LIPARIS. V. ce mot. (A. R.)

* MALBRANCIA. BOT. PHAN. (Necker.) Syn. de Rourea d'Aublet. V. ce mot. (B.)

MALBROUK. MAM. Espèce du genre Guenon. V. ce mot. (B.)

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* MALCHUS. POIS. (Molina.) V. CYPRIN sous-genre GONORHYNQUE. (B.)

MALCOMIE. Malcomia. BOT. PHAN. Ce genre de la famille des Crucifères et de la Tétradynamie siliqueuse L. a été établi par R. Brown (in Hort. Kew. 2e éd. vol. 4 p. 121) et adopté par De Candolle (Syst. Veget. Nat. 2 p. 438) qui l'a ainsi caractérisé: calice dont tes sépales sont counivens à deux renflemens à la base quelquefois presque égaux et sans bosses; pétales dont le limbe est obovale ou échancré; étamines tétradynames libres sans dentelures; sibque cylindracée biloculaire bivalve terminée par un stigmate simple et très-aigu; graines ovées non bordées et disposées en une seule série; cotylédons planes incombans. Ce genre a été fondé sur des Plantes dont plusieurs étaient placées parmi les Cheiranthus et les Hesperis des auteurs; il offre en effet quelques affinités avec ces genres cependant il s'en distingue facilement par le port et par quelques caractères dont le principal réside dans le stigmate subulé très-aigu et comme simple cest-à-dire formé par l'intime réunion de deux. En raison de ses cotylédons incombans De Candolle a placé le Malcomia à la tête de la tribu des Sisymbrées immédiatement avant l'Hesperis. Les espèces dont il se compose sont au nombre de quinze toutes indigènes du bassin de la Méditerranèes. Ce sont des Plantes herbacées annuelles ou vivaces scabres ou le plus souvent veloutées de poils étoilés à feuilles oblongues ou ovales entières dentées ou sinuées pinnatifides; les fleurs sont disposées en grappes de couleur blanche ou purpurine quelquefois très-petites et susceptibles de doubler par la culture. C'est à ce genre qu'appartiennent plusieurs petites Plantes cultivées dans les jardins et qui font un effet assez agréable comme bordures des parterres. Nous ne mentionnerons que la suivante:

La MALCOMIE MARITIME Malcomia maritime Br. et D. C. loc. cit.; Cheiranthus maritimus L.; Hesperis maritima Lamarck; a une tige dressée et rameuse garnie de feuilles elliptiques obtuses entières atténuées à la base couvertes d'un duvet très-court. Cette petite espèce que l'on connaît sous le nom de Giroflée de Mahon croît dans les localités sablonneuses des contrées de l'Europe et de l'Afrique que baigne la Méditerranée; elle se sème en place dans une terre légère et une situation exposée au soleil: quand le terrain lui convient elle se resème d'elle-même et ne demande aucun soin. (G..N.)

MALCOT. POIS. L'un des noms vulgaires du Gadus barbatus. V. GADE. (B.)

* MALDANIES. Maldaniœ. ANNEL. Famille de l'ordre des Serpulées établie par Savigny (Système des Annelides p. 70 et 92) qui lui a donné pour caractère propre d'être privée de branchies. Les Maldanies se distinguent des Amphitrites et des Téléthuses par cette absence des branchies extérieures; elles ont en outre une bouche sans tentacules formée par deux lèvres extérieures; leurs pieds sont dissemblables ceux du premier segment nuls ou anomaux ceux des segmens suivans ambulatoires de Plusieurs sortes; la première paire et les deux paires suivantes sont constamment dépourvues de rames ventrales et de soies à crochets. L'anatomie a fait voir que ces Annelides avaient l'intestin grêle sans boursouflures sensibles dépourvu de cœcum et tout droit. Cette famille ne comprend que le seul genre Clymène. V. ce mot.

Savigny rapporte à cette famille quelques Annelides peu ou mal connues: 1° le Lumbricus tubicola de Müller (Zool. Dan. pl. 75) qui sembe incomplet par la perte de quelques-uns de ses anneaux postérieurs; Lamarck le décrit sous le nom de Tubifex marinus; 2° le Lumbricus sabellaris de Müller (loc. cit. pl. 104 fig. 5) qui paraît man-

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quer de quelques anneaux antérieurs; 3° enfin le Lumbricus aquaticus d'Othon Fabricius (Fauna Groenl. n° 263). (AUD.)

MALEFOU. BOT. PHAN. L'un des noms vulgaires de l'Orchis mascula. V. ORCHIDE. (B.)

* MALENTOZOAIRES. Malentozoaria. MOLL. Sous-type établi par Blainville dans les Mollusques avec des changemens assez notables pour les Animaux que les auteurs désignent sous le nom de Cirrhipèdes ou Cirrhopodes. V. ces mots et MOLLUSQUES. (D..H.)

MALESHERBIA. BOT. PHAN. Ce genre appartient à la Pentandrre Monogynie L. et à la famille des Passiflorées desquelles cependant son port ne le ferait pas rapprocher à la première vue. Son calice forme un tube plus ou moins long divisé à son sommet en cinq lanières au dedans et dans l'intervalle desquelles s'insèrent cinq pétales plus courts; au-dessous d'eux est une couronne composée de dix écailles dentées au sommet et de consistance membraneuse; du fond du calice s'élève an support inférieurement cylindrique puis dilaté et chargé sur son contour de cinq étamines et à son milieu d'un pistil libre. Lés filets des étamines minces et aplatis dépassent un peu le calice et portent à lèur sommet des anthères biloculaires et introrses. L'ovaire est de forme ovoïde et uniloculaire; au-dessous de son sommet partent de sa surface trois styles filiformes plus longs que les étamines et terminés par des stigmates en tête. Le fruit est ordinairement caché dans le calice persistant qu'il dépasse à peine; c'est une capsule qui s'ouvre en trois valves depuis son sommet jusqu'à la hauteur où s'insèrent les styles avec lesquels ces valves alternent. Elle est indéhiscente dans le reste de son étendue que parcourent trois placentas longitudinaux également alternes avec les styles et chargés d'un grand nombre de graines le plus ordinairement ascendantes. Ce genre dédié au vertueux Malesherbes par les auteurs de la Flore péruvienne a été d'une autre part établi par Cavanilles sous le nom de Gynoplevra tiré de l'insertion latérale des styles. Cet auteur en a décrit et figuré deux espèces (Icon. 4 p. 51 tab. 375 et 376) originaires l'une du Pérou l'autre des Andes du Chili. Les tiges sent annuelles hautes de deux à trois pieds; les feuilles éparses ciliées ou dentées velues ou tomenteuses quelquefois couvertes d'un enduit accompagnées à leur base de deux folioles stipuliformes visqueuses. Les fleurs de couleur jaune sont grandes et belles et situées vers le sommet des rameaux à l'aisselle des feuilles qu'elles surpassent en longueur; elles semblent y former (notamment dans le Malesherbia thyrsiflora Ruiz Pav.) des épis longs et touffus. (A.D.J.)

MALFAISANTE INS. On a donné ce nom au Scolopendra morsitans. V. SCOLOPENDRE. (G.)

MAL-FAMÉE. BOT. PHAN. V. CAACICA.

MALFINI. OIS. Espèce du genre Faucon sous-genre Autour. V. FAUCON. (B.)

MALHERBE. BOT. PHAN. L'un des noms vulgaire du Plumbago europea du Globularia Turbith et du Daphne Mezereum. (B.)

MALICORIUM. BOT. PHAN. On appelle ainsi l'écorce du fruit du Grenadier qui est employée en médecine comme astringente et touique. V. GRENADIER. (A. R.)

* MALIGNE. REPT. OPH. Espèce du genre Couleuvre. V. ce mot. (B.)

MALIMBE. OIS. Espèce du genre Tisserin de laquelle Vieillot avait emprunté autrefois le nom qu'il donnait à ce genre. V. TISSERIN. (DR..Z.)

MALINATHALLA. BOT. PHAN. (L'Ecluse dans Belon p. 112.) Syn. de Cyperus esculentus L. V. SOUCHET. (B.)

MALINGA-TENGA. BOT. PHAN.

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Nom de pays du Cocos fruit du Cocos nucifera L. V. COCOTIER. (B.)

MALION. BOT. PHAN. Les anciens donnaient ce nom à l'Anthemis nobilis L. à laquelle ils trouvaient une odeur de pomme. (B.)

* MALIQUE. MIN. V. ACIDE.

* MALKALA-KOURLA. OIS. Espèce du genre Gobe-Mouche. V. ce mot. (DR..Z.)

MALKOHA Phœnicophaus. OIS. Genre de l'ordre des Zygodactyles. Caractères: bec plus long que la têt robuste épais arrondi arqué; ses nasales très-petites; narines placées de chaque côté du bec mais loin de sa base et près du bord de la mandibule linéaire; yeux entourés d'une membrane mamelonnée; quatre doigts deux devant et deux derrière; ongles courts peu courbés; ailes très-courtes; les trois premières rémiges étagées la quatrième ou la cinquième plus longue; dix rectrices étagées. La seule espèce de ce genre qui eût été bien connue avant que Levaillant ait donné la description de son Rouverdin avait été placée par Gmelin dans le genre Coucou; mais en observant bien les caractères particuliers de ces Oiseaux en tenant compte surtout de quelques-unes de leurs habitudes que des voyageurs ont récemment été à même de remarquer on ne peut s'empêcher de reconnaître que la réunion des Malkohas avec les Coucous n'était ni naturelle ni méthodique et que Vieillot agi très conséquemment en établissant un genre nouveau. Les Malkohas habitent les régions les plus chaudes l'Inde et la plupart des îles de son immense archipel; leur vol est irrégulier lent et de peu d'étendue ce que l'on peut attribuer à la gêne qui doit résulter d'ailes fort courtes avec une queue très-longue; néanmoins ils placent leur nids à la plus haute extrémité des Arbres élevés comme pour en défendre l'accès aux Singes; ils se nourrissent exclusivement de baies de fruits et paraissent ainsi que quelques Colombes très-friands du brou pulpeux de la Muscade.

MALKOHA ROUVERDIN Phœnicophaus viridis Levaill. Parties supérieures d'un vert foncé irisé; sommet de la tête joues et portion de la nuque d'un brun cendré avec quelques reflets verdâtres; rémiges d'un noir bleuâtre; rectrices d'un vert sombre brillant largement terminées de brun roux les latérales sont presque entièrement de cette nuance; menton d'un gris ardoisé; gorge et côtés du cou d'un roux qui perd de son éclat à mesure qu'il s'étend vers les parties inférieures qui tirent au brun; mandibule supérieure verte l'inférieure noire avec l'arête d'un rouge vif; orbite oculaire d'un rouge orangé beaucoup plus vif vers l'angle du bec; pieds d'un gris noirâtre. Taille seize à dix-huit pouces. De Java.

MALKOHA A SOURCILS ROUGES Phœnicophaus superciliosus Cuv. Parties supérieures noires à reflets violets; extrémité des rectrices blanche et arrondie; parties inférieures d'un blanc sale; bec cendré; orbite des yeux rouge avec deux rangées en forme de sourcils de plumes effilées d'un rouge vif; pieds gris. Taille dix à onze pouces. Des Philippines.

MALKOHA A VENTRE BLANC Phœniphaus leucogaster D.; Cuculus pyrroccphalus Gmel. Parties supérieures d'un noir nuancé de verdâtre; tête et cou d'un noir verdâtre avec une strie blanche sur chaque plume; extrémité des rectrices blanche; gorge et devant du cou d'un vert sombre; poitrine parties inférieures et tectrices caudales blanches; bec d'un vert olive jaunâtre à la pointe et à la base en dessous; orbite des yeux d'un rouge orangé; pieds d'un gris bleuâtre. Taille quinze à seize pouces. De Ceylan. (DR..Z.)

MALLA. BOT. PHAN. (Feuillée.) Nom de pays de l'espèce de Capucine appelée par Linné Tropeolum peregrinum. (B.)

MALLAM-TODDALI. BOT. PHAN. (Rhéede Malab. 4 tab. 40.)Syn. de

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Celtis micranthus selon Jussieu et non du Celtis orientalis comme le pensait Richard. (B.)

* MALLEACÉES. CONCH. Famille de Mollusques Acéphalés établie par Lamarck pour une partie des genres faits aux dépens des Huîtres de Linné. Plusieurs des genres oui composent aujourd'hui la famille des Malléacées étaient compris dans celle des Byssifères du même auteur dans ses premières familles de la Philosophie Zoologique et de l'Extrait du Cours. Depuis les Byssifères furent partagés en deux parties l'une qui forme la famille des Pectinides V. ce mot et l'autre celle qui nous occupe. Elle est composée des genres suivans: Crénatule Perne Marteau Avicule et Pintadine auxquels nous renvoyons. Blainville sans adopter le nom de Malléacées a pourtant admis la famille en y adaptant quelques changemens et en y ajoutant quelques genres. C'est à l'ârticle MARGARITACÉS que nous les ferons connaître. Latreille a fait de même que Blainville c'est-à-dire qu'en conservant les mêmes genres dans un même groupe et en y faisant de très-petits changemens il a cru nécessaire de changer la dénomination de Malléacées pour celle d'Oxigones. V. ce mot. (D..H.)

* MALLETTE BOT. PHAN. L'un des noms vulgaires du Thlaspi Bursapastoris L. (B.)

MALLEUS. CONCH. V. MARTEAU.

MALLINGTONIA. BOT. PHAN. Schreber Willdenow et Steudel ont ainsi altéré l'orthographe du mot Millingtonia nom d'un genre établi par Linné fils et adopté par Jussieu. V. MILLINGTONIE.

(G..N.)

MALLOCOCA. BOT. PHAN. L'Arbuste des îles de la mer du Sud dont Forster fit un genre sous ce nom appartient au genre Grewia. V. GREVIER. (G..N.)

* MALLOOR. BOT. PHAN. L'un des noms de pays du Mogorium Sambac. (B.)

MALLORA. BOT. PHAN. Cest la nom sous lequel Cossigny dans sou Voyage à Canton désigne un Arbra qu'il dit être une variété d'un Palmies de Madagascar nommé Vouakoa. Si ce mot est une corruption de celui de Vacoua ou Vaquois (Pandanus) il signifie un Arbre appartenant à une famille différente de celle des Palmiers. Cependant d'après les renseignemens fournis par l'auteur sur les usages économiques de son fruit et de ses feuilles on a pensé que le Mallora pourrait bien être le Sagoutier. V. ce mot. (G..N.)

* MALLOTE. INS. Genre de Diptères de la famille des Authéricères tribu des Syrphies mentionné par Latreille (Famil. Natur. du Règn. Anim.) et dont nous ne connaissons pas les caractères; il avoisine celui des Hélophiles de Meigen. (G.)

* MALLOTIUM. BOT. CRYPT. (Lichens.) V. COLLÉMA.

MALLOTUS. BOT. PHAN. Loureiro a décrit sous ce nom un Arbre de la Chine dont il représente les feuilles comme tricuspidées et tomenteuses les fleurs disposées en grappes et dioïques. Leur seule enveloppe est un calice composé de trois folioles étalées et velues; dans les mâles on trouve de nombreuses étamines insérées sur le réceptacle; dans les femelles trois styles longs réfléchis velus colorés; un fruit capsulaire revêtu de villosités nombreuses longues et molles à trois lobes et autant de loges monospermes. Willdenow regardait le Mallotus comme devant être rapporté au Trewia: tous ces caractères nous portent à penser qu'il faut plutôt le rapprocher du Rottlera (genre de la famille des Euphorbiacées) tel que nous l'avons défini dans notre travail sur cette famille. (A. D. J.)

MALMAISON. BOT. PHAN. L'un des synonymes vulgaires d'Astragale des champs. (B.)

MAL-NAREGAM. BOT. PHAN. Ce nom a été emprunté de la langue

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malabare dans Rhéede par Adanson pour désigner le Limonia monophylla L. qui est le type du genre Atalantia de Correa. V. ce mot au Supplément. (B.)

MAL-NOMMÉE BOT. PHAN. Même chose que Mal-Famée. V. ce mot et CAA-CICA. (B.)

MALOPE. Malope. BOT. PHAN. Genre de la famille des Malvacées et de la Monadelphie Polyandrie L. ainsi caractérisé: calice quinquéfide ceint d'un involucre à trois folioles cordiformes; corolle à cinq pétales étalés plus grands que le calice réunis par leur base et adnés au tube des etamines; celles-ci très-nombreuses monoadelphes à anthères réniformes; ovaire surmonté d'un style divisé supérieurement en plusieurs branches terminées par des stigmates sétacés; plusieurs carpelles monospermes réunis en tête. Ce genre ne contient que quatre espèces indigènes du bassin de la Méditerranée. Celle qui doit être considérée comme type est le Malope malacoides L. et Cavan. (Dissert. tab. 37 fig. 1). Elle a des feuilles ovales crénelées accompagnées de stipules oblongues linéaires des pédoncules axillaires ne portant chacun qu'une seule fleur purpurine ou violette. Cette Plante croît en Italie en Espagne ainsi que dans nos départemens méridionaux et riverains de la Méditerranée.

Pline donnait le nom de Malope à la Rose trémière Alcea rosea L. V. GUIMAUVE. (G..N.)

MALORA. BOT. PHAN. Pour Mallora. V. ce mot. (B.)

MALOT. INS. L'un des noms vulgaires des Taons. (B.)

MALOUASSE. OIS. (Salerné.) Syn. vulgaire du Gros-Bec. V. ce mot. (DR..Z.)

* MALOXA. BOT. PHAN. L'Arbre des îles Nicobar que Cossigny désigne sous ce nom paraît devoir être la même chose que ce voyageur désigne ailleurs sous le nom de Mallora. V. ce mot. (B.)

MALPALXOCHITL. BOT. PHAN. (Hernandez.) Nom de pays de l'Helicteres apetala. (B.)

MALPIGHIACÉES. Malpighiaceœ. BOT. PHAN. Famille naturelle de Plantes dicotylédones polypétales à étamines hypogynes ayant pour type le genre Malpighia de Linné qui ainsi que nous le dirons dans l'article suivant a été divisé en plusieurs genres assez distincts les uns des autres. On reconnaît les Plantes de la famille des Malpighiacées à leur calice monosépale souvent persistant à quatre ou cinq divisions profondes offrant le plus généralement deux grosses glandes sur chaque division; à leur corolle qui manque fort rarement et se compose de cinq pétales longuement onguiculés alternes avec les lobes du calice et étalés. Les étamines au nombre de dix rarement moins nombreuses sont monadelphes tout-à-fait par la base de leurs filets quelquefois elles sont entièrement libres; les anthères sont arrondies extrorses à deux loges s'ouvrant par une fente longitudinale. Le pistil est tantôt simple et trilobé tantôt formé de trois carpelles réunis plus ou moins entre eux; dans le premier cas il est à trois loges dans le second cas chaque carpelle est uniloculaire et contient un seul ovule suspendu à l'angle interne un peu au-dessous du sommet. Les styles au nombre de trois sont parfois réunis en un seul et terminés chacun par un stigmate simple et très-petit. Le fruit qui est sec ou charnu se compose de trois carpelles distincts ou forme une capsule ou un nuculaine à trois loges rarement à deux ou à une seule loge par suite d'avortement. La capsule est ordinairement relevée d'ailes membraneuses très-saillantes dont le nombre varie de deux à quatre. Le nuculaine renferme tantôt trois nucules uniloculaires tantôt un seul noyau à deux ou trois loges toujours monospermes. Chaque graine se compose d'un tégument propre peu épais recouvrant

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immédiatement un embryon qui à lui seul forme la masse de la graine. Cet embryon a la même direction que la graine c'est-à-dire que sa radicule correspond au hile; elle est en général courte et conique; les deux cotylédons qui sont épais charnus et souvent inégaux sont recourbés sur eux-mêmes.

Les Plantes qui forment ce groupe naturel sont des Arbustes ou des Arbrisseaux quelquefois sarmenteux et grimpans; très-rarement des Arbres. Leurs feuilles opposées à très-peu d'exceptions près sont simples non ponctuées entières ou quelquefois lobées accompagnées ordinairement à leur base de deux stipules. Les fleurs généralement jaunes ou blanches forment des grappes des corymbes ou des sertules axillaires ou terminaux. Les pédicelles qui supportent les fleurs sont souvent articulés vers leur partie moyenne où ils offrent deux petites écailles.

Dans le Genera Plantarum la famille qui nous occupe se compose des seuls genres Banisteria Triopteris et Malpighia à la suite desquels sont placés comme ayant quelque affinité avec eux le genre Trigonia aujourd'hui rangé dans la famille des Hippocratéacées et le genre Erythroxylum devenu le type d'un ordre naturel nouveau sous le nom d'Erythroxylées. Cavanilles dans ses Dissertations a établi les genres Galphimia et Tetrapteris Du Petit-Thouars le Tristellateia. Dans le Mémoire de Jussieu sur les Malpighiacées (Ann. Mus. 18 p. 479) le professeur Richard a formé les genres Byrsonima et Bunchosia adoptés depuis par Kunth et De Candolle et qui sont des démembremens du genre Malpighia de Linné; Kunth (in Humb. Nov. Gener. 5 p. 145) a proposé les deux genres Gaudichaudia et Heteropteris. Enfin Auguste Saint-Hilaire (Bull. Societ. Philom an. 1823; a établi un nouveau genre qu'il nomme Camarea. De Candolle dans le premier volume de son Prodromus Systematis divise ainsi cette famille.

1re Tribu: MALPIGHIÉES.

Trois styles distincts ou rarement réunis en un seul; fruit charnu et indéhiscent; feuilles opposées.

Malpighia Rich. in Juss.; Byrsonima Rich. in Juss.; Bunchosia Rich. in Juss.; Galphimia Cavan.; Caucanthus Forsk.

2e Tribu: HIPTAGÉES.

Un seul style; carpelles secs indéhiscens monospermes ordinairement munis d'ailes membraneuses; feuilles opposées ou verticillées.

Hiptage Gaert.; Tristellateia Du Petit-Thouars; Thryallis L.; Aspicarpa Rich.; Gaudichaudia Kunth; Camarea Aug. St.-Hil.

3e Tribu: BANISTÉRIÉES.

Trois styles distincts; carpelles secs monospermes indéhiscens munis d'ailes; feuilles opposées ou verticillées.

Hirœa Jacq.; Triopteris L.; Tetrapteris Cavan.; Banisteria L.; Heteropteris Kunth.

De Candolle rapproche des Malpighiacées le genre Niota de Lamarck.

La famille des Malpighiacées est voisine des Acérinées des Hippocratéacées et des Hypéricinées. Elle se distingue des Acérinées par ses pétales longuement onguiculés et ses étamines monadelphes; par son fruit dont les loges ne contiennent qu'une seule graine renversée. Quant à la famille des Hippocratéacées ses étamines dont le nombre ne dépasse pas cinq son ovaire dont les loges contiennent chacune quatre ovules son embryon qui a la radicule inférieure la distinguent facilement des Malpighiacées. Les Hypéricinées par leurs étamines indéfinies et polyadelphes leur ovaire simple et leurs loges polyspermes s'éloignent de la famille qui nous occupe ici. (A.R.)

MALPIGHIE. Malpighia. BOT. PHAN. En parlant dans l'article précédent du genre Malpighia que quelques auteurs désignent sous le nom

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vulgaire de Moureillier nous avons dit que le professeur Richard en avait modifié les caractères et qu'il ne considérait comme appartenant à ce genre que les espèces qui offraient les caractères suivans: un calice hémispherique à cinq divisions peu profondes généralement munies en debors de glandes; une corolle de cinq pétales onguiculés réniformes arrondis étalés; dix étamines hypogynes ayant les filets réunis et monadelphes seulement par leur base; un ovaire à trois loges contenant chacune un seul ovule suspendu; trois styles terminés chacun par un stigmate tronqué; et pour fruit un auculaine ovoide cérasiforme contenant trois et très-rarement quatre aucules osseux et monospermes. Ainsi à caractérisé ce genre est très-distinct. On a retiré du genre Malpighia de Linné les espèces qui ont pour fruit une drupe contenant un noyau à trois loges. Elles forment le genre Byrsonima du professeur Richard; et celles qui ont un seul style et deux ou trois nucules monospermes pour établir le genre Bunchosia du même botaniste.

Les Malpighies sont des Arbustes ou rarement des Arbres portant des feuilles opposées quelquefois verticillées par trois entières ou dentées et épineuses accompagnées à leur base de deux stipules. Les fleurs sont en général disposées en sertules ou ombelles simples et axillaires environnées de bractées; très-rarement elles sont solitaires. Ces fleurs sont constamment roses ou purpurines. Toutes appartiennent à l'Amérique méridionale.

Parmi les espèces de ce genre nous citerons ici les suivantes:

MALPIGHIE BRULANTE Malpighia ureus L. Cavan. Dissert. 8 tab. 233 fig. 1. C'est un petit Arbrisseau ayant ses feuilles opposées presque sessiles ovales oblongues aiguës glabres supérieurement couvertes inférieurement de poils en forme de navette et attachés par le milieu de leur longueur; caractère qui appartient à un grand nombre d'autres espèces de ce genre; ces feuilles offrent à leur base deux petites stipules courtes et aiguës. Les fleurs sont pédonculées réunies plusieurs ensemble à l'aisselle des feuilles. Les fruits sont de petites drupes globuleuses rouges de la grosseur d'une Cerise. On les mange dans les Antilles après les avoir fait confire au sucre. Les poils des feuilles couchés et à peine visibles au premier coup-d'œil sont très-aigus roides et très-piquans.

MALPIGHIE GLABRE Malpighia glabra L. Cette espèce que l'on appelle aussi Cerisier des Antilles est un Arbrisseau de quinze à dix-huit pieds de hauteur. Ses feuilles courtement pétiolées sont ovales aiguës entières glabres coriaces et luisantes. Les fleurs sont disposées en ombelles à l'aisselle des feuilles. Les fruits sont charnus rouges et cérasiformes; ils ont une saveur aigrelette et on les mange dans plusieurs parties de l'Amérique méridionale. (A. R.)

*MALPIGHIÉES. BOT. PHAN. (De Candolle.) V. MALPIGHIACÉES.

MALPOLE. REPT. OPH. Espèce du genre Couleuvre. V. ce mot. (B.)

*MALPOLON. REPT. OPH. Nom vulgaire de plusieurs petits Serpens de Ceylan particulièrement de l'Asiatique espèce du genre Couleuvre. V. ce mot. (B.)

*MALSTROEM. GÉOL. V. COURANT.

MALTHA. POIS. L'un des noms vulgaires du Milandre. V. SQUALE. (B.)

MALTHE. MIN. (Brongniart.) Nom d'une variété noire du Pétrole ou de Poix minérale. V. BITUME. (G. DEL.)

MALTHÉE. POIS. Sous-genre de Lophie. V. ce mot. (B.)

MALTHINE. Malthinus. INS. Genre de l'ordre des Coléoptères section des Pentamères famille des Serricornes tribu des Lampyrides établi

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par Latreille aux dépens des Téléphores de Schœffer (Cantharis Linn.) et n'en différant que par les palpes qui sont termines par un article ovoïde par la tête qui est amincie en arrière et par les étuis qui sont plus courts que l'abdomen. Ces Insectes ont les mêmes habitudes que les Téléphores leur organisation est aussi la même; ce sont de petites espèces qui vivent sur les Plantes et plus particulièrement sur les Arbres; ils se trouvent presque tous aux environs de Paris et la principale espèce est:

Le MALTHINE BORDÉ M. marginatus Latr.; Cantharis bisagittata Panz. (Faun. Ins. etc. fasc. 11 f. 15); la Nécydale à points jaunes Geoff. (Ins. de Paris); Cantharis minima? Fab. V. pour les autres espèces Latreille (Gen. Crust. et Ins.) Olivier Geoffroy etc. (G.)

MALURUS. OIS. (Vieillot.) Syn. de Mérion. V. ce mot. (DR..Z.)

MALUS. BOT. PHAN. V. POMMIER.

MALVA. BOT. PHAN. V. MAUVE.

MALVACÉES. Malvaceæ. BOT. PHAN. Famille de Plantes dicotylédones polypétalées à étamines hypogynes ayant pour type le genre Malva. Cette famille telle qu'elle a été circonscrite par les botanistes modernes et particulièrement par R. Brown et Kunth diffère beaucoup de la famille des Malvacées telle qu'elle avait été établie par Jussieu dans son Généra Plantarum. Ce savant botaniste avait divisé les genres nombreux qui la composent en sept sections. Les trois premières de ces sections forment seules aujourd'hui la famille des Malvacées à laquelle on a réuni quelques-uns des genres épars dans les autres sections. Ventenat (Plant. du jard. Malm.) a d'abord établi une famille des Sterculiacées qui tient le milieu entre les Malvacées et les Tiliacées et qui avait pour principal caractère: des étamines monadelphes et des graines munies d'un endosperme. Robert Brown dans ses General Remarks considère les Malvacées non comme une simple famille mais comme une classe qui comprend les Malvacées de Jussieu les Sterculiacées de Ventenat les Chlénacées de Du Petit-Thouars les Tiliacées de Jussieu et une famille nouvelle qu'il nomme Buttnériacées. Plus récemment le professeur Kunth dans un travail spécial et dans le cinquième volume des Nova Genera de Humboldt a autrement circonscrit les Malvacées. Il y place seulement les trois premières sections des Malvacées de l'auteur du Genera Plantarum adopte les Buttnériacées de Robert Brown auxquelles il réunit les Sterculiacées de Ventenat et le groupe des Hermanniées de Jussieu et forme une nouvelle famille qu'il nomme Bombacées des genres Bombax Cheirostemon Pachira Helicteres Cavanillesia Matisia et Chorisia. Ces changemens ont été adoptés par De Candolle dans le premier volume de son Prodromus Systematis. Nous suivrons également ici la nouvelle coordination du groupe des Malvacées tel qu'il a été défini par Kunth; et nous commencerons d'abord par donner les caractères généraux de la famille des Malvacées. Le calice est monosépale persistant à cinq divisions plus ou moins profondes à préfloraison valvaire assez souvent accompagné en dehors d'un second calice ou calicule externe. La corolle est formée de cinq pétales réguliers et hypogynes quelquefois réunis entre eux par la base au moyen d'une prolongation de la substance des filets staminaux de manière à représenter une corolle monopétale. Les étamines sont fort nombreuses toujours monadelphes; les filets sont libres dans leur partie supérieure où ils se terminent chacun par une anthère courte arrondie réniforme uniloculaire mais s'ouvrant en deux valves. Le pistil est libre sessile ou stipité composé de trois de cinq ou d'un grand nombre de coques uniloculaires contenant un ou plusieurs ovules attachés à l'angle interne. Les styles sont en

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même nombre que les coques ou loges de l'ovaire; ils sont quelquefois reunis entre eux. Les stigmates sont petits simples et capitulés. Le fruit est tantôt simples charnu ou plus souvent sec à trois cinq ou un plus grand nombre de loges s'ouvrant par leur partie moyenne en autant de valves ou quelquefois restant indéhiscentes; tantôt c'est un fruit composé de cinq ou d'un plus grand nombre de coques attachées à un axe central persistant et s'ouvrant le plus souvent en deux valves. Les graines sont généralement réniformes dépourvues d'endosperme; l'embryon a sa radicale dingée vers le hile et les cotylédons pliés. Les Malvacées sont des Plantes herbacées annuelles ou viraces Arbustes ou même des Arbres extrêmement élevés; leurs poils lorsqu'elles en sont pourvues sont en étoile. Les feuilles sont alaernes simples entières ou diversement lobées et incisées; chaque feuille est accompagnée de deux stipules. Les fleurs qui sont quelquefois très-grandes et ornées des plus vives couleurs offrent différens modes d'inflorescence.

Les genres qui forment la famille des Malvacées sont assez nombreux; on peut les disposer de la manière suivante:

§ I. Calice accompagné d'un calicule.

Malope L.; Malva L.; Kitaibelia Willd.; Althœa Cav.; Lavatera L.; Malachra L.; Urena L.; Pavonia Cavan.; Malvaviscus Dillen.; Lebretonia Sehrank.; Hibiscus L.; Thespezia Cavan.; Gossypium L.; Redoutea Vent.; 'Fugosia Juss.; Senra Cavan.; Lopimia Mart.

§ II. Calice nu sans calicule.

Palava Cavan.; Cristaria Cavan.; Anoda Cavan.; Periptera D. C.; Suda Cavan.; Lagunea Cavan.; Insenhousia D. C. (A.R.)

MALVAVISCUS. BOT. PHAN. Vulgairement Mauvisque. Genre de la famille des Malvacées et de la Monadelphie Polyandrie L. établi par Dillen (Hort. Eltham. 210) adopté par Cavanilles Jussieu Kunth et De Candolle. Il est ainsi caractérisé: calice quinquéfide entouré d'un involucre polyphylle; cinq pétales dressés égaux entre eux et enroulés; étamines nombreuses et monadelphes dont le tube est adné aux onglets des pétales; anthères réniformes uniloculaires; ovaire à cinq loges monospermes surmonté d'un style à dix divisions terminées par des stigmates capités; cinq carpelles bacciformes monospermes quelque-fois légèrement distincts le plus souvent réunis en une baie globuleuse et à cinq loges. Ce genre a été décrit par Swartz sous le nom d'Achania. Linné qui n'en connaissait qu'une seule espèce le réunissait aux Hibiscus. Dans le premier volume de son Prodromus le professeur De Candolle a donné les caractères de quinze espèces distribuées en deux sections. La première qu'il a désignée par le nom à d'Achania est caractérisée par ses pétales auriculés d'un côté. Les onze Plantés qui la composent sont indigènes de l'Amérique méridionale et surtout du Mexique et du Pérou; toutes sont nouvelles et on en doit la description à Kunth et à De Candolle excepté pour celle qui a servi à établir le genre. Cette belle Plante qui est cultivée depuis long-temps dans les jardins d'Europe mérite une courte description.

Le MALVAVISCUS ARBORESCENT Malvaviscus arboreus Cav. (Diss. 3 t. 48 f. 1); Hibiscus Malvaviscus L.; Achania Malvaviscus Swartz a des rameaux pubescens des feuilles cordiformes à trois ou cinq lobes acuminées un peu scabres. Les fleurs sont d'un beau rouge solitaires et leur involucelle court à huit ou onze folioles dressées. Elle croît naturelle ment dans les lieux pierreux et calcaires des Antilles du Mexique et de la république de Colombie.

La seconde section se distingue par ses pétales non auriculés d'un côté. Elle a reçu le nom d'Anotea

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et elle renferme quatre espèces indigènes du Brésil et du Mexique. (G..N.)

MALVEOLA. BOT. PHAN. (Heilter.) Syn. de Sida Abutilon L. (B.)

MALVINDA. BOT. PHAN. Dillen avait donné ce nom à une espèce du cenre Sida de Linné et Burmann l'avait appliqué à un Waltheria et à un Urena. Enfin il a été employé par Médikus pour désigner un genre formé aux dépens du Sida et qui aurait été caractérisé par ses carpelles au nombre de cinq à douze monospermes et non renflés. Ce genre n'a été considéré par De Candolle (Prodrom. Syst. Veg. t p. 459) que comme une simple section du genre Sida. V. ce mot. (G..N.)

*MAMANDRITE. POLYP. FOSS. On a donné ce nom à quelques espèces d'Alcyons fossiles dont la forme approche de celle de l'Alcyonium Ficus. (E.D..L.)

MAMAT. OIS. Syn. d'Emberiza byemalis Lath. (DR..Z.)

MAMBRINE. MAM. V. CHÉVRE.

MAMBU. BOT. PHAN. On trouve dans l'Ecluse (Exotic. p. 259) à l'article du Tabaxir V. ce mot que cette concrétion provient des roseaux arborescens appelés Mambu ce qui donne ce mot pour synonyme de Bambou. (B.)

MAMEI. BOT. PHAN. Pour Mamméa. V. ce mot. (B.)

MAMEKA. BOT. PHAN. Divers voyageurs nous apprennent que les Hottentots désignent sous ce nom diverses espèces de Mésembrianthèmes et autres Ficoïdes qu'ils mâchent pour apaiser leur soif dans les déserts du sud de l'Afrique. (B.)

MAMELLE PLUCHÉE ET TIGRÉE. BOT. CRYPT. Paulet nomme ainsi divers Agarics. Ce fongologue a aussi ses MAMELLE CHAIR MAMELLE A L'ENCRE MAMELLE DORÉE BRUNE RAYÉE etc. tous noms d'une trivialité qui les rend inadmissibles. (A. F.)

MAMELLES. ZOOL. On appelle ainsi les organes destinés à la sécrétion du lait et essentiellement formés par la glande mammaire. La présence de ces organes forme le caractère essentiel de toute une classe d'Animaux qu'on a pour cette raison nommés Mammifères. V. ce mot pour les détails sur la structure et les modifications de ces organes dans les diverses familles de Mammifères. (A.R.)

MAMELON MOLL. On désigne ainsi en conchyliologie les premiers tours de la spire d'une Coquille lors-qu'ils sont enflés et arrondis comme dans plusieurs Fuseaux et la plupart des Volutes. (D..H.)

MAMELON. BOT. CRYPT. Paulet appelle Mamelon à l'œil ardoise souris etc. des Agarics à qui les botanistes ne conservent pas ces dénominations baroques. (B.)

MAMELONNÉS BOT. CRYPT. (Champignons.) Famille de Paulet qui contient le crottin de Cheval le petit bouton lilas l'éteignoir doré etc. du même auteur mais que les cryptogamistes ne sauraient adopter. (B.)

*MAMILLARIA. BOT. PHAN. (Haworth.) V. CLERGE.

MAMINA. BOT. PHAN. Nom donné dans l'île d'Amboine à un Arbre décrit et figuré par Rumph (Herb. Amboin. 2 t. 83) mais si imparfaitement qu'on ne peut rien statuer à sou égard. Cet Arbre a un suc visqueux que les peintres du pays emploient en guise de vernis; on fait usage de ses jeunes feuilles pour purger les enfans. Le nom de Mamina qui signifie Arbre gras (Arbor pinguis) a été donné à ce Végétal en raison de ses feuilles charnues. (G..N.)

*MAMMA. MOLL. Genre formé par Klein (Meth. Ostrac. p. 23) pour les Coquilles du genre Natice surtout et des Tonnes ou autres qui ont une forme globuleuse et dont l'extrémité se termine en mamelon ou en s'arrondissant. (D..H.)

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MAMMAIRE. Mammaria. ACAL. Genre encore peu connu ayant pour caractères: corps libre nu ovale ou subglobuleux terminé au sommet par une seule ouverture; point de tentacules à l'oscule. On ne sut sar les Animaux autre chose que ce qui est énoncé dans leurs caractères génériques. Müller auquel on doit l'établissement de ce genre Fabricius qui a fait connaître une espèce de Mammaire se sont bornés à des descriptions trop succinctes pour que l'on puisse fixer positivement leur place dans un cadre zoologique. Müller et Gmelin les rapprochent des Actinies; Lamarck les place à la fin de son second ordre des Tuniciers Arbres ou Ascidiens; Schweigger les classe parmi les Mollusques dans le voisinage des Ascidies. Ce genre renferme trois espèces qui vivent dans les mers du Nord: les M. Mamilla varia et Globulus. (E. D..L.)

MAMMALOGIE. Mammalogia. ZOOL. Nous nous conformerons à l'usage en adoptant ce nom pour désigner la branche de la Zoologie qui traite de l'histoire naturelle des Mammifères; quoique ce mot dont une partie est d'origine latine et l'autre d'origine grecque soit tout-à-fait barbare et formé contre toutes les règles. Aussi est-il à regretter que le nom de Mastologie ou mâme malgré sa longueur celui de Mastozoogie proposés successivement par divers naturalistes pour remplacer celui de Mammalogie n'aient point reçu la sanction de l'usage.

La Mammalogie est certainement la branche de l'Histoire Naturelle dont l'étude est la plus intéressante la plus utile et la plus féconde en résultats dignes de la haute attention du philosophe comme en applications journalières. Dans le temps même où l'étude des rapports était tout-à-fait négligée ou a dit on a prétendu démontier qu'il est parmi les Animaux des espèces si voisines de l'Homme que c'est presque un préjugé de leur refuser ce nom; et personne n'ignore que plusieurs auteurs et même le grand naturaliste qui a posé les premières bases de la Zoologie ont encore été plus loin en plaçant quelques Singes dans le genre Homo. Aujourd'hui que la théorie de l'unité de composition en nous montrant tous les Animaux formés sur le même plan a fait voir également le véritable point de vue sous lequel il faut apercevoir l'analogie que présentent tous les êtres; aujourd'hui surtout que ces espèces qu'on disait liées avec l'Homme par des rapports si intimes ne sont plus connues par les seules relations de voyageurs souvent crédules et ignorans et presque toujours amis du merveilleux; les naturalistes ont apprécié à leur juste valeur des opinions en partie admises parce qu'on avait exagéré et quelquefois même supposé des ressemblances en même temps qu'ou omettait d'importantes et réelles dissemblances. Néanmoins l'étude zoologique des caractères extérieurs et mieux encore l'étude anatomique l'étude approfondie de toute l'organisation de l'Homme ont dès long-temps également moutré que cet être que ses facultés morales distinguent si éminemment de la brute n'est cependant qu'un Mammifère aux yeux du naturaliste c'est-à-dire aux yeux de celui qui ne considère que son or?ganisation et ses qualités physiques. V. HOMME.

Si l'organisation des Mammifères se rapproche ainsi réellement de l'organisation humaine; s'il y a entre toutes les parties de leur corps et celles du corps humain non pas seulement de l'analogie mais même de la ressemblance quel jour l'étude de ces Animaux ne jettera-t-elle pas sur l'histoire de l'Homme? Ne sera-t-elle pas utile nécessaire même au philosophe qui cherchera à concevoir où est la source de cette intelligence humaine tellement supérieure et peu comparable à celle des Animaux dans un être qui n'a que la même organisation physique? L'anatomiste le physiologiste ne devront:

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ils pas chercher une instruction plus approfondie sur la disposition ou la structure et sur les fonctions des organes de l'Homme dans l'étude des organes analogues des Mammifères? Et la série de leur dégradation successive chez les Animaux ne fournit-elle pas comme on l'a dit une série de dissections et d'expériences toutes faites? Le physiologiste qui cherche par des expériences sur les Animaux vivans à prendre pour ainsi dire la nature sur le fait doit surtout porter son attention sur les espèces les plus voisines de l'Homme sur les Mammifères et même sur les premiers d'entre eux si du moins il a pour but principal l'avancement de la Physiologie humaine; car la fonction étant comme la forme dont elle dépend fugitive presque d'une espèce à l'autre les expériences faites sur les Reptiles ou les Oiseaux ne fournissent que rarement des conséquences immédiatement applicables à l'Homme.

Les Mammifères ne doivent pas moins intéresser sous d'autres rapports: combien d'espèces sans parler même de celles que l'Homme a réduites en domesticité combien lui sont utiles par leur chair leur pelleterie leur graisse leurs os leur sang même? Combien au contraire il compte parmi eux d'ennemis les uns redoutables par leur fonce et les autres quoique faibles plus à craindre peut-être ou du moins plus incommodes par leur petitesse même qui les dérobe à son action au milieu même de sa demeure et dans ses champs qu'ils dévastent? Or s'il est vrai que tous les êtres de la nature sont dignes de l'attention et de l'étude du naturaliste on peut dire même de tout homme instruit; on doit également convenir que l'Homme a surtout besoin de connaître ceux avee lesquels il se trouve le plus fréquemment en rapport; ceux qui lui sont utiles pour les rechercher ceux qui lui sont dangereux pour les éviter ceux qui lui sont nuisibles pour les détruire.

On ne doit donc pas s'étonner que l'on se soit empressé dans tous les temps et dans tous les lieux de recueillir des notions plus ou moins imparfaites sur l'histoire naturelle des Mammifères. Il n'est presque aucun voyageur qui n'ait publié quelques remarques sur les formes et les habitudes des espèces propres aux contrées qu'il a parcourues; et parmi les anciens diverses observations sont également répandues dans les écrits d'Hérodote de Columelle de Varron de Sénèque d'Athénée et surtout d'Oppien qui dans son Traité de la chasse evait nécessairement s'occuper d'un grand nombre d'espèces. Mais Aristote Pline et Elien sont réellement les seuls qu'on puisse regarder comme de véritables naturalistes à cause du but qu'ils se sont proposé dans leurs ouvrages et de la manière dont ils les ont composés. Aristote surtout peut à juste titre être considéré comme le père de l'Histoire Naturelle; ses descriptions quelquefois incomplètes mais toujours exactes ses observations pleines d'intérêt sur les mœurs des Animaux et surtout la sagesse avec laquelle il fait connaître discute et explique même toutes les farbles répandues de son temps rendent véritablement ses ouvrages d'Histoire Naturelle dignes d'être lus et médités par les naturalistes de tous les temps.

Après la renaissance des lettres Gesner Aldrovande Jonsion publièrent successivement divers ouvrages sur les Mammifères: ils cherchèrent et réussirent souvent à retrouver les Animaux décrits ou indiqués dans les ouvrages des anciens et ils firent eux-mêmes connaître un grand nombre d'espèces nouvelles. Malheureusement le peu de précision des caractères qu'ils employaient a de beaucoup diminué nous ne dirons pas le mérite mais du moins l'utilité de leurs travaux. Ils n'avaient point d'ailleurs senti la nécessité d'une méthode fondée sur les caractères des êtres; et c'est ainsi que Gesner avait adopté tout simplement l'ordre alphabétique. Toutefois il est juste de

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remarquer que ce dernier auteur qu'on a appelé à juste titre le restaurateur de l'Histoire Naturelle avait &jà céjà réuni ou rapproché toutes les espèces qui lui paraissaient se resembler et formé ainsi des groupes qui représentaient en quelque sorte des familles ou des genres naturels.

En 1693 l'un des naturalistes les plus féconds et les plus savans du dixseptième siècle Jean Ray (qu'il ne faut pas confondre avec un autre autent du même nom Augustin Ray auquel on doit une Zoologie universelle et portative publiée en 1788) fin enfin paraître son Synopsis Medi Anim. Quadrupedum et Serpentei generis. Cet ouvrage forme véritablement une époque importante pour la science; et nous devons faire conaître la classification qu'on y adoptait avec plus de détail que nous ne pourrons le faire pour toutes les méthodes proposées dans la suite par d'autres naturalistes. Ray divise d'abord les Mammifères en deux grandes classes: ceux qui ont des sabots et ceux qui ont des ongles; les premiers se subdivisent ensuite en trois sections: les Solipèdes comme les Chevaux; les espèces dont le pied est divisé en plus de deux parties comme les Eléphans; et celles qui ont le pied fourchu parmi lesquelles il distingue ceux qui ruminent comme les Bœufs les Moutons etc. et ceux qui ne ruminent pas comme les Cochons. Ceux qui ont des ongles les ont ou bien larges et plats comme les Singes ou bien étroits et pointus. Parmi les deniers les uns ont le pied fourchu comme les Chameaux et les autres et Fissipèdes. Ceux-ci étant encore en très-grand nombre il était nécessaire de les subdiviser de nouveau et c'est ce que l'auteur a essayé d'après la considération de leur système dentaire. Il les partage on analogues et en anomaux; ceux-ci forment deux classes les uns privés de dents comme les Fourmiliers et les Pangolins et les autres ayant des dents différentes Par leur nombre leur forme ou leur position de celles des espèces normales. Ces dernières sont celles qui ont plus de deux incisives comme les Carnassiers ou deux seulement comme les Rongeurs. Telle est la méthode mammalogique de Ray méthode véritablement très-remarquable pour le temps où elle a été faite. Elle a été pendant long-temps en usage chez les Anglais et plusieurs des divisions établies par l'auteur ont même été conservées par la plupart des naturalistes modernes.

Après la publication du Synopsis de Ray la science resta assez long-temps stationnaire: le temps ou fécondée par le génie de Linné et de Buffon elle devait faire de si rapides progrès n'était point encore venu. Ce ne fut qu'en 1735 que parut la première édition du Systema Naturæ ouvrage qui donna à la Mammalogie de nouvelles formes une nouvelle langue une nouvelle méthode l'établit sur ses véritables bases et mit enfin l'ordre la précision l'exactitude où il n'avait trouvé que le désordre le vague et l'incertitude et qui créa on peut le dire une science qui n'existait pas. Cette science a depuis Linné fait d'immenses progrès; et c'est avec juste raisou qu'on a dit les quarante années qui viennent de s'écouler plus fructueuses pour elle que tous les siècles qui les out précédées; néan-moins elle est restée à peu près telle que le génie de Linné l'a faite et les travaux des modernes n'ont pour ainsi dire fait qu'étendre et perfectionner l'admirable édifice élevé par le naturaliste suédois. Il est donc indispensable de faire connaître avec détail la méthode mammalogique exposée dans le Systema Naturæ ce que nous croyons ne pouvoir faire avec plus de clarté que par le tableau synoptique ci-joint.

On y voit que Linné rapporte tous les Mammifères à quarante genres qu'il répartit dans sept ordres désignés sous les noms de Primates de Bruta de Feræ de Glires de Pecora de Belluæ et de Cetæ et qu'il forme principalement sur la considération des dents. Cette classification

TOME X.

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extrêmement simple est infiniment supérieure à celle de Ray parce que le génie de Linné avait senti les véritables rapports des êtres et parce qu'il avait enfin créé une méthode naturelle. Aussi toutes ses coupes ont-elles été généralement adoptées. Tous ses ordres sont encore admis aujourd'hui par la plupart des naturalistes modernes et particulièrement par Cuvier qui seulement a substitué aux noms de Linné pres que tous peu susceptibles d'être traduits en français ceux de Quadrumanes d'Edentés de Carnassiers de Rougeurs de Ruminans de Pachydermes et de Cétacés. Enfin parmi ses genres ceux même qu'on a été obligé de subdiviser se retrouvent encore conservés dans les classifications les plus récentes où elles forment des familles naturelles. C'est ainsi par exemple que l'ordre des Quadrumanes comprend deux grandes familles les Singes et les Lémuriens qui correspondent exactement au genre Simia et au genre Lemur de l'illustre législateur de la Zoologie.

La méthode du Systema Naturæ n'est pas moins remarquable à d'autres égards. Avant Linné les Cétacés avaient toujours été séparés des Quadrupèdes vivipares et la classe des Mammifères n'avait point été établie. Déjà il est vrai l'illustre Bernard de Jussieu avait senti les véritables rapports des Cétacés que tous les naturalistes et Linné lui-même (dans ses premières éditions) avaient jusqu'alors rangés parmi les Poissons; déjà Brisson en les séparant de ceux-ci pour en former la seconde classe de son règne animal les avait placés à la suite des Quadrupèdes vivipares; mais Linné fit plus encore: on les avait rapproches il les réunit; et c'est ainsi qu'embrassant sous le nom commun de Mammalia tous les Animaux à mamelles pour n'en former qu'une seule grande classe il partagea avec Bernard de Jussieu et Brisson la gloire de la découverte.

Nous passerons plus rapidement sur la classification purement artificielle de Klein et sur celle de Brisson publiées l'une en 1751 sous le titre ae Quadrupedum disquisitio brevisque historia naturalis et l'autre en 1756 dans un ouvragé intitulé: Distribution du règne animal en neuf classes. Le premier dans sa méthode presque uniquement basée sur la considération du nombre des doigts établissait parmi les Mammifères deux ordres dont l'un renfermait tous les Ongulés répartis en cinq familles nommées Monochiles Dichiles Trichiles Têtrachiles et Pentachiles. Les Unguiculés formaient quatre familles également caractérisées par le nombre de leurs doigts les Didactyles les Tridactyles les Tétradactyles et les Pentadactyles. Enfin une dixième famille comprenait sous le nom d'Acromalopèdes toutes les espèces à pieds palmés.

Dans son système mammalogique Brisson s'attachant au contraire principalement à la considération du système dentaire et n'accordant avec juste raison qu'une importance secondaire aux caractères tirés du nombre des doigts divise les Mammifères en dix-huit ordres qu'il caractérise de la manière suivante: le premier n'a point de dents; le second n'a que des molaires; le troisième a de plus des canines; le quatrième et le cinquième ont des incisives à la mâchoire inférieure; mais l'un six seulement et l'autre huit. Tous les ordres suivans ont des incisives aux deux mâchoires; mais ils se distinguent soit par le nombre de ces dents soit par celui des doigts. Ainsi le sixième a la corne du pied formée d'une seule pièce; le septième a le pied fourchu; le huitième a trois doigts ongulés à chaque pied; le neuvième et le dixième ont également quatre doigts ongulés devant trois derrière; mais l'un a deux incisives et l'autre dix à chaque mâchoire. Le onzième se distingue par quatre doigts ongulés à chaque pied. Les sept ordres suivans sont tous unguiculés;

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mais le nombre des incisives varie: il y en a a à chaque mâchoire deux dans le douzième et quatre dans le treizième. Le quatorzième en a quatre en haut six en bas; le quinzième six en haut quatre en bas; le seizième six à chaque mâchoire; le dix-septième. six en haut et huit en bas et le dernier dix en haut et huit en bas.

On voit que ces deux méthodes quoique publiées après les premières éditions du Systema Naturæ sont tout-à-fait différentes de celle qui se trouve exposée dans cet ouvrage. Presque tous les auteurs systématiques dont il nous reste à faire connaître les travaux peuvent au contraire être considérés comme appartenant à l'école de Linné. Tel est particulièrement Erxleben qui en publiant en 1777 son Systema regni animalis ne l'annonça en quelque sorte lui-même que comme une nouvelle édition plus complète du Systema Naturæ. L'auteur fit en effet connaître beaucoup d'espèces nouvelles établit plusieurs genres qui tous ont été adoptés et rendit surtout son ouvrage très-recommandab le par le soin avec lequel il compléta la synonymie en citant pour chaque Animal tous les auteurs qui en ont fait mention dans leurs écrits depuis Aristote jusqu'aux contemporains: travail immense et qui ne pouvait être véritablement utile qu'autant qu'il était exécuté par un naturaliste aussi laborieux et un critique aussi éclairé que le fut Erxleben. Le Systema regni animalis diffère d'ailleurs à quelques égards du Systema Naturæ: remarquant qu'on a beaucoup de peine à former et à caractériser des divisions secondaires vraiment naturelles l'auteur s'est affranchi de la difficulté à laquelle s'étaient soumis ses devanciers en partageant la classe en un certain nombre d'ordres sous lesquels se trouvaient ensuite compris les genres. Il les place tous dans une seule série continue et paraît s'attacher presque uniquement à conserver exactement à chacun d'eux le rang que lui assignent ses rapports naturels.

Dans les années qui suivirent la publication du Systema d'Erxleben plusieurs méthodes parurent successivement dans d'autres ouvrages tels que le Prodromus methodi Animalium de Storr qui fut publié en 1780; l'Elenchus Animalium de Boddaert en 1787; une nouvelle édition du Systema Naturæ revue par Gmelin en 1789; le Manuel d'Histoire Naturelle de Blumenbach et le Système anatomique des Quadrupèdes (1792) où Vicq-d'Azyr présenta une nouvelle classification faite par Daubentoh. A l'exception de cette dernière où les Mammifères forment quinze classes et sur laquelle nous ne nous arrêterons pas parce qu'elle est peu digne du nom de son illustre auteur; toutes n'étaient au fond que celle de Linné avec des modifications plus ou moins importantes et plus ou moins heureuses.

Storr divisait tous les Animaux en trois phalanges: 1° ceux qui sont pourvus de pieds propres à la marche; ils forment deux cohortes les Unguiculés et les Ongulés; 2° ceux qui ont les pieds en forme de nageoires mais à doigts distincts comme les Phoques et les Lamantins; 3° ceux qui ont de véritables nageoires: ce sont les Cétacés. La première cohorte de la première phalange comprend trois ordres: 1° les Primates qui se subdivisent en deux tribus ceux qui ont des mains (Manuati) et ceux qui n'en ont pas (Emanuati); cette dernière comprend les Chauve-Souris et les Carnassiers; 2° les Rosores ce sont les Rongeurs; et 3° les Mutici ou les espèces qui manquent de dents ou du moins qui n'ont pas d'incisives. La seconde cohorte comprend également trois ordres: 1° les Jumenta qui n'ont qu'un seul sabot; 2° les Pecora qui en ont deux; 3° les Belluæ qui en ont plus de deux.

La méthode de Boddaert se rapproche davantage de celle de Linné; mais elle a beaucoup moins de précision et d'exactitude que celle de Storr

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à laquelle elle ressemble d'ailleurs en ce que tous les Mammifères sont d'abord divisés en deux grandes sections les Terrestres et les Aquatiques. La seconde comprend en outre de véritables Aquatiques l'Hippopotame le Castor et la Loutre. Boddaert admet d'ailleurs parmi les Terrestres presque tous les ordres établis par Linné; seulement il réunit en un seul les Primates et les Bruta qu'il embrasse sous le nom d'Unguiculés.

Blumenbach s'est encore plus rapproché de Linné; seulement aux sept ordres admis dans le Systema Naturæ il en ajoute trois autres (V. cinquième édition) qu'il désigne sous les noms de Bimanes de Cheiroptères et de Solipèdes (Solidungula). Le genre Homme jusqu'alors ordinairement placé à la tête des Primats compose le premier; les Chauve-Souris et le genre Cheval forment les deux autres. Quant à Gmelin il s'est seulement proposé en publiant une nouvelle édition du Systema Naturæ quelques années après la mort de son auteur de mettre cet ouvrage au niveau de la science en employant les travaux de Buffon de Pallas de Schreber de Blumenbach et des autres savans ses contemporains. Malheureusement l'esprit de critique si nécessaire pour les travaux de cette nature n'a point présidé à ceux de Gmelin; et il serait dangereux de consulter sans défiance la compilation de cet auteur.

Dans la même année où parut la cinquième édition du Manuel d'Histoire Naturelle de Blumenbach (1797) Cuvier et Geoffroy publièrent aussi en France (dans un des journaux du temps le Magasin Encyclopédique) une nouvelle classification des Mammifères surlaquellenous devons nous arrêter avec quelque détail parce que modifiée dans la suite à plusieurs égards elle fut généralement adoptée. Ils divisèrent d'abord la classe en trois embranchemens; les espèces à ongles les espèces à sabots et les espèces marines; et c'est de la subdivision de chacun de ces embranchemens que résultèrent leurs ordres au nombre de quatorze. Nous indiquerons successivement les caractères de chacun d'eux.

I. QUADRUMANES. Doigts unguiculés; trois sortes de dents; pouces séparés aux quatre pieds.

II. CHEIROPTÈRES. Doigts unguiculés; trois sortes de dents; mains allongées palmées; membrane s'étendant du cou entre les pieds à l'anus.

III. PLANTIGRADES. Doigts unguiculés; trois sortes de dents; point de pouces séparés; plante entière appuyée.

IV. PÉDIMANES. Doigts unguiculés; trois sortes de dents; pouces séparés aux pieds de derrière seulement.

V. VERMIFORMES. Doigts unguiculés; trois sortes de dents; point de pouces séparés; corps allongé; pieds n'appuyant que les doigts; métatarses inclinés; membres courts.

VI. BÊTES FÈROCES. Doigts unguiculés; trois sortes de dents; point de pouces séparés; pieds n'appuyant que les doigts; membres redressés.

VII RONGEURS. Doigts unguiculés; dents incisives et molaires seulement sans canines.

VIII. EDENTÉS. Doigts unguiculés; point d'incisives ni de canines (les Fourmiliers les Pangolins les Tatous.)

IX. TARDIGRADES. Doigts unguiculés; point d'incisives; des canines et des molaires (le genre Bradype).

X. PACHYDERMES. Pieds à sabots; plus de deux doigts aux pieds.

XI. RUMINANS. Pieds à sabots; deux doigts à chacun.

XII. SOLIPÈDES. Pieds à sabots; un seul doigt.

XIII. AMPHIBIES. Pieds en nageoires ceux de derrière distincts.

XIV. CÉTACÉS. Pieds en nageoires; point d'extrémités postérieures distinctes.

Cette méthode était sans doute très-naturelle et toutes les coupes faites par Cuvier et Geoffroy ont toujours été conservées depuis; mais quelques-unes des divisions ainsi établies paraissaient devoir plutôt constituer de

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simples familles que de véritable ordres. C'est ce que reconnurent bientôt ses auteurs eux-mêmes; et elle subit successivement diverses modifications dont la science fut presque toujours redevable à Cuvier: car donnant dès-lors à l'étude des rapports des êtres une attention toute spéciale et porté par cette étude elle-même à admettre qu'il est pour l'Histoire Naturelle quelque chose de plus important que ses classifications et reconnaître qu'il entre nécessairement de l'arbitraire dans la distribution et l'enchaînement des familles Geoffroy se borna à ce premier essai d'une methode et se livra dès-lors plus particulièrement aux travaux monographiques.

Dès l'année 1798 Cuvier avait déjà dans son Tableau de l'Histoire Naturelle réuni l'ordre des Tardigrades à celui des Edentés supprimé tout-à-fait celui des Vermiformes; et il ne considérait plus les Cheiroptères les Plantigrades les Carnivores et les Pédimanes que comme des divisions d'un seul ordre celui des Carnassiers. D'autres perfectionnemens furent encore faits par le même naturaliste quelques années après dans son Anatomie comparée et plus tard (en 1817) dans son Règne Animal. Dans ce dernier ouvrage l'auteur réunit les Solipèdes aux Pachydermes comme l'avait fait Linné supprime la tribu des Pédimanes et établit une nouvelle division des Carnassiers qu'il partage en Cheiroptères Insectivores Carnivores et Marsupiaux; comprenant ainsi dans cette dernière famille tous les Animaux à bourse qui avaient jusqu'alors fait partie de l'ordre des Pédimanes qu'ils composaient presque en entier et decelui des Rongeurs. La classe des Mammifères est ainsi composée dans cette méthode de huit ordres celui des Bimanes où se trouve placé seul le genre Homme et les sept admis dans le Systema Naturæ. Ainsi après un siècle de travaux on en revint à la classification de Linné; et la science fat replacée sur les mêmes bases où l'avait créée le génie de ce grand homme.

Néanmoins quelques auteurs modernes avaient aussi publié peu de temps avant quelques méthodes fort différentes de celles du Systema Naturæ. Ce fut en 1811 que parut le Prodromus Systematis Mammalium d'Illiger. Ce naturaliste auquel on doit reprocher d'avoir fort inutilement changé presque tous les noms proposés par ses prédécesseurs et ses contemporains et d'avoir inventé beaucoup plus de mots qu'il n'a fait de travaux utiles n'était cependant pas sans mérite et son ouvrage est remarquable à plusieurs égards. Il divise tous les Mammifères en cent vingt-cinq genres qu'il répartit en trente-neuf familles et en quatorze ordres qu'il désigne sous les noms suivans: I. Erecta (l'Homme); — II. Pollicata qui comprennent cinq familles Quadrumana (les Singes); Prosimii et Macrotarsi(les Lémuriens); Leptodaclyla (le Cheiromys); et Marsupialia; cette dernière famille comprend tous les Animaux à bourse excepté les Kanguroos qui sous le nom de Salientia forment l'ordre III; — IV. Prensiculata qui divisés en huit familles comprennent tous les Rougeurs; — V. et VI. Multungula et Solidungula (les Pachydermes);—VII. Bisulca(les Ruminans); — VIII. Tardigrada (les Bradypes);—IX. Effodientia (les autres Edentés);—X. Reptantia (les Monotrêmes);—XI. Volitantia (les Chéiroptères);—XII. Falculata qui comprennent la plupart des Carnassiers;—XIII. Pinnipedia (les Phoques et les Lamantins);—XIV. Natantia (les Cétacés).

Quelques années après le Prodromus d'Illiger en 1816 le savant naturaliste Blainville fit aussi paraître (V. Bullet. de la Sociét. Philomat.) une autre classification également assez différente de celle de Linné et qu'il reproduisit plus tard avec quelques modifications dans son Traité de l'organisation des Animaux. Dans ce dernier ouvrage l'auteur divise

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d'abord tous les Mammifères en deux sous-classes: les Monodelphes et les Didelphes; donnant à ce mot une acception beaucoup plus étendue qu'on ne l'avait généralement fait jusqu'alors. La première sous-classe renferme sept ordres que potis ferons connaître successivement avec leurs subdivions: I. l'Homme; — II. les Quadrumanes distingués en normaux ce sont les véritables Quadrumanes et en anomaux; parmi ces derniers les uns sont modifiés pour voler (les Galéopithèques) les autres pour grimper (les Tardigrades; — III. les Carnassiers distingués en normaux non claviculés (les Plantigrades et les Digitigrades); normaux claviculés (les insectivores); auomaux claviculés (les Taupes modifiées pour fouir et les Chéiroptères modifiés pour voler); enfin les anomaux non claviculés (les Phoques modifiés pour nager);—IV. les Edentés distingués en normaux (les véritables Edentés); et en anomaux (les Cétacés modifiés pour nager); — V. les Rongeurs ou Célérigrades distingués en claviculés sub-claviculés et non-claviculés: — VI. les Gravigrades ou les Bidentés distingués en normaux (les Eléphans) et en anomaux (les Lamantins modifiés pour nager); — VII. les Ongulogrades distingués en ceux qui ont un système de doigts impair et qui sont ou triongulés ou monongulés et ceux qui ont un système de doigts pair ou les bisulques et les tétrasulques; — VIII. Cet ordre qui compose à lui seul la sous-classe des Didelphes comprend deux sections: les normaux les Sarigues et les Phalangers qui se subdivisent en Carnassiers et en Rongeurs; et les anomaux modifiés les uns pour fouir (le genre Echidné) les autres pour nager (le genre Ornithorhynque).

La méthode de Blainville et celle de Cuvier sont comme on le voit fort différentes à tous égards Cependant il ne serait peut-être pas impossible en les conciliant d'améliorer l'une par l'autre; c'est du moins ce qu'on paraît s'être proposé de faire dans une classification publiée tout récemment en France: nous voulons parler de celle de Desmoulins exposée dans deux tableaux annexés à la Physiologie de Magendie (2e édition 1825). Tous les Unguiculés sont dans ce système classés comme dans le Règne Animal à l'exception des Animaux à bourse des Monotrêmes qui sont comme dans le Prodrome de Blainville réunis sous le nom commun de Marsupiaux ou d'Embryopares: cet ordre est ensuite subdivisé en Marsupiaux carnivores frugivores herbivores rongeurs et édentés; ces derniers n'étant autres que les Monotrêmes. L'auteur se rapproche encore sous ce rapport de Blainville qui avait déjà distingué parmi les Marsupiaux une famille de Rongeurs et une de Carnassiers. Enfin il admet aussi comme ce dernier l'ordre des Gravigrades et celui des Ongulogrades auxquels il conserve même ces noms; mais il reporte les Lamantins parmi les Cétacés à l'exemple de Cuvier et forme deux ordres distincts des Ruminans et des Solipèdes; s'écartant à l'égard de ces derniers autant de la classification du Règne Animal que de celle du Traité de l'Organisation.

Enfin parmi les autres auteurs systématiques modernes nous devons encore citer Lacépède Desmarest (Dictionnaire d'Histoire Naturelle de Déterville et Maramalogie); Duméril (Tableau Elémentaire d'Histoire Naturelle et Elémens des Sc: Naturelles); Fr. Cuvier (Dents des Mammifères); Ranzani (Elémens de Zoologie); et Latreille (Familles Naturelles du Règne Animal) qui tous ont adopté les méthodes exposées par Cuvier soit dans son Anatomie comparée soit dans son Règne Animal. Cependant quelques uns d'eutre eux et particulièrement Lacépède Fr. Cuvier et Latreille ont proposé diverses modifications. La classification de Lacépède déjà assez ancienne se rapprochait à plusieurs égards de celle qu'Illiger publia quelques

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années après et que nous avons déjà fait connaître. Fr. Cuvier divise les Marsopiaux en deux sections: les Marsupiaux insectivores qu'il met à cause de leur système dentaire à la suite des Hérissons et des Tenrecs; et en Frugivores qu'il place comme on le fait ordinairement entre les Carnassiers et les Rongeurs. Enfin Latreille élève au rang d'ordres la tribu des Chéiroptères qu'il considère comme intermédiaires aux Quadrumanes et aux Carnassiers et celle des Marsupiaux considérées toutes deux par Cuvier comme la première et la dernière famille de Carnassiers. En outre cet illustre naturaliste sépare des Edentés les Monotrêmes qu'il considère avec Geoffroy Saint-Hilaire et Van der Hoeven comme devant former une classe à part.

Enfin nous termineronsen présentant un aperçu de la classification exposée par Oken dans son Esquisse du Système d'Anatomie de Physiologie et d'Histoire Naturelle (1821). Le célèbre anatomiste allemand cherche à établir dans cet ouvrage a «que le Règne Animal s'est développé dans le même ordre que les organes dans le corps animal et que ce sont ces organes qui forment caractérisent et représentent les classes; qu'il y a autant de classes d'Animaux qu'il y a d'organes; et que dans un système scientifique ces classes doivent recevoir leurs dénominations des organes.ff Il applique ensuite les mêmes idées à la formation des ordres et des familles et divise les Mammifères qu'il nomme Animaux à Sensiers en cinq ordres: I. Les Germiers divisés en Spermiers Oviers et Fétiers (ce sont les Rongeurs); — II les Sexiers (les Insectivores et les Marsupiaux); — III. les Entrallliers (les Monotrêmes et les Edentés); — VI. les Carniers (les Cétacés les Ruminans les Pachydermes); — V. les Sensiers(les Carnassiers amphibies plantigrades digitigrades et Chéiroptères; les Quadrumanes et l'Homme). Nous regrettons que l'étendue de cet article ne nous permette pas de développer davantage le Système d'Oken et d'indiquer les bases sur lesquelles l'auteur l'a fondé; ce que nous ne pourrions faire sans de très-longs développemens. Nous reuvoyons donc à son Esquisse (imprimée en français à Paris) à l'Isis et à la Philosophie de la Nature.

Telles sont les principales méthodes publiées successivement par les mammalogistes; mais celle de Cuvier a généralement été considérée comme la meilleure. Néanmoins on pourrait sans doute encore la perfectionner en adoptant quelques-unes des modifications proposées depuis sa publication par d'autres zoologistes. Ainsi les Monotrêmes paraissent devoir être séparés des Edentés et constituer sinon une classe du moins un ordre bien distinct; et les Chéiroptères les Marsupiaux les Gravigrades et les Solipèdes doivent peut-être pareillement être considérés comme formant des degrés d'organisation particuliers. Enfin peut-être en est-il aussi de même des Cétacés herbivores dont l'organisation est si différente à tous égards de celle des vrais Cétacés. Quoi qu'il en soit la méthode mammalogique de Cuvier étant celle qui a été suivie dans ce Dictionnaire il nous suffira d'avoir fait cette remarque; et dans le tableau synoptique ci-joint nous la ferons connaître telle qu'elle a été exposée dans le Règne Animal.

II nous resterait maintenant pour compléter l'histoire de la Mammalogie à donner une idée des travaux des auteurs qui ont le plus contribué à ses progrès par l'établissement de nouveaux genres par la distinction et la description d'espèces nouvelles et par des observations su les mœurs sur les caractères et principalement sur l'organisation des Animaux déjà connus; en un mot de ceux qui se sont plutôt occupés de découvrir les faits que de les classer. Ce genre de recherches forme véritablement la plus belle partie de l'Histoire Naturelle; ou plutôt il constitue véritablement la science s'il est juste

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de dire que les faits sont les matériaux qui composent cet admirable édifice tandis que les méthodes seraient plutôt comparables aux échafaudages dressés pour sa construction. Nous n'entreprendrons pas ici néanmoins d'analyser les utiles travaux de ces naturalistes à cause de l'immensité des détails où nous serions entraînés et parce que nous ne pourrions d'ailleurs que répéter ce qui a été dit ou ce qui le sera dans l'histoire particulière de chaque genre. Au reste ceux qui ont le plus enrichi la science de faits et d'observations sont aussi pour la plupart ceux qui ont le plus contribué au perfectionnement de ses méthodes. Qu'il nous suffise donc de rappeler ici tous les savans que nous avons déjà cités dans cet article et de nommer en outre Pallas Pennant Daubenton Camper Schreber Edwards Allamand Azzara Péron Lesueur Bonnaterre Sonnerat Kuhl Leisler Bechstein Shaw Barrow Humboldt Everard Home Quoy Gaimard Leach le prince Maximilien de Neuwied Otto Temminck Horsfield Harlan Rafinesque Savi etc. et surtout notre immortel Buffon.

L'époque où parurent les premiers volumes de son Histoire Naturelle (1749-1753) n'est pas moins mémorable dans les fastes de la science que dans ceux de la littérature. On lui a reproché il est vrai de n'avoir pas senti la nécessité d'un plan méthodique et d'une nomenclature rigoureuse; d'avoir introduit dans la science de graves erreurs quoiqu'on retrouve dans ces erreurs même comme la dit son éloquent panégyriste l'empreinte de son génie; enfin d'avoir peint les mœurs des Animaux avec des couleurs plus brillantes qu'exactes et d'avoir fait ainsi plutôt le roman que l'histoire de la Nature. Quoi qu'il en soit et malgré ces taches dont plusieurs même doivent être imputées plutôt à son siècle et à sa position sociale qu'à lui-même il restera toujours comme l'a dit un des hommes qui peuvent le mieux le juger parce qu'il est un de ceux qui surent le mieux l'imiter «il restera toujours l'auteur fondamental pour l'histoire des Quadrupèdes.ff Il n'a pas eu en effet sur ses progrès une moindre influence que Linné lui-même et les noms de ces deux grands hommes ont des droits égaux à la reconnaissance et à l'admiration de la postérité. Linné avait élevé la Zoologie au rang des sciences par l'exactitude de la méthode et la perfection de la langue qu'il lui donna; elle devint l'une des plus fécondes et l'une des plus dignes d'intérêt par le nombre des faits dont l'enrichit Buffon et par les grandes idées que créa son génie; et l'un ne fut pas moins utile par la richesse et la magnificence de ses descriptions que l'autre par la précision et l'exactitude de ses divisions systématiques. Disons-le même: si le nom de Linné est si généralement connu ses ouvrages si généralement admirés c'est parce qu'en rendant la science si intéressante Buffon sut la rendre populaire; ou pour nous servir des expressions de l'orateur que nous avons déjà cité c'est parce que peignant ce que les autres ont décrit substituant des tableaux ornés à des détails arides des théories brillantes à de vaines suppositions il força tous les esprits à méditer sur les objets de ses études et à partager ses travaux et ses plaisirs.

Les ouvrages de Buffon furent en effet lus avec empressement dans tous les pays et ils firent naître partout le goût de l'Histoire Naturelle en sorte que ce grand homme prépara véritablement les temps ou cette science devait être si généralement cultivée sur tous les points du globe qu'il serait possible de compter dans une seule ville de l'Amérique plus de naturalistes instruits qu'il n'en existait dans toute l'Europe il y a moins de deux siècles. Mais ce fut surtout en France qu'une impulsion plus rapide fut donnée à l'Histoire Naturelle parce que chacun y put lire Buffon dans sa propre langue

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sans perdre tout ce qu'il y a dans son style de beautés inaccessibles aux efforts du traducteur. Aussi lorsque plus tard la découverte de la véritable anatomie comparée vint placer la Zoologie dans une voie si éminemment scientifique; quand on reconnut que l'étude approfondie des caractères des êtres mène nécessairement sur le champ de l'anatomie et que la science fut enfin établie sur ses véritables bases; c'est à des Français qu'on dut cette grande révolution qui devait faire du commencement du dix-neuvième siècle une époque non moins mémorable que celles marquées par les utiles tentatites de Ray ou même par les travaux à jamais admirables de Linné. Ainsi Buffon fut peut-être le premier auteur de ce mouvement qui devait vingt ans après sa mort entraîner la science dans une direction si différente de celle ou il l'avait lui-même placée: remarque que nous pouvons faire sans porter atteinte à la gloire des naturalistes modernes puisqu'il sera toujours constant que l'Histoire Naturelle a fait plus de progrès dans les quarante années qui viennent de s'écouler qu'elle n'en avait fait jusqu'alors en plusieurs siècles; ni à celle de la France puisqu'en rendant justice à Buffon nous pourrons toujours dire suivant l'expression d'un savant distingué que la Zoologie est une science toute française. (IS. G. ST.-H.)

MAMMEA. BOT. PHAN. Genre de la famille des Guttifères qui présente: un calice de deux folioles colorées et coriaces; quatre pétales ovales de même consistance; des étamines nombreuses à filets courts terminés par des anthères minces et oblongues; un style cylindrique persistant que surmonte un stigmate en tête; une baie charnue à l'intérieur et renfermant dans une loge unique quatre graines dont il n'est pas rare de voir plusieurs avorter. Les espèces de ce genre dont trois ont été décrites sont des Arbres originaires de l'Amérique qu'on a observés soit au Mexique soit dans les îles de son golfe. Leurs feuilles opposées et grandes présentent ces veines transversales droites et parallèles qui caractérisent la plupart des Végétaux de cette famille. Les fleurs naissent solitaires ou géminées à leurs aisselles; les unes sont hermaphrodites les autres mâles seulement. (A. D. J.)

MAMMIFÈRES. Mammalia. ZOOL. La première classe du règne animal celle qui comprend les Animaux les plus semblables à l'Homme et les plus rapprochés de lui par la perfection de leur organisation et par le haut degré de leur intelligence.

Linné dont les travaux mammalogiques sont encore comme tous ceux dont il a illustré les diverses branches de l'Histoire Naturelle la règle et la base de nos classifications et qui devina par la force de son génie ce que des travaux sans nombre et quarante ans de profondes recherches ont démontré depuis a le premier établi cette classe en réunissant aux Quadrupèdes vivipares les Animaux marins connus sous le nom de Cétacés. Ces êtres semblables aux Poissons par leurs formes générales vivant comme eux au sein des mers ne pouvant non plus quitter le milieu aquatique sans perdre promptement la vie respirent cependant l'air en nature et se rapprochent par l'ensemble de leurs caractères et par l'essentiel de leur organisation de ces Animaux terrestres dont ils paraissent si différens. Bernard de Jusieu avait le premier senti ce rapport; Brisson en formant des Cétacés la seconde classe du règne animal les avait déjà placés d'après les idées de l'illustre auteur de la Méthode naturelle des Végétaux près des Quadrupèdes vivipares: Linné fit plus encore en embrassant sous le nom commun de Mammalia toutes les espèces à mamelles.

Les Mammifères a dit en effet l'illustre naturaliste suédois sont tous les Animaux qui ont le cœur à deux

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ventricules et à deux oreillettes; le sang chaud et rouge; des poumons; les mâchoires horizontales et cachées soit par des muscles soit par des tégumens; ordinairement des dents enchâssées; un pénis susceptible d'intromission les femelles étant d'ailleurs vivipares et allaitant leurs petits; une langue des yeux des oreilles des papilles pour organes des sens. Les tégumens sont des poils peu abondans chez les espèces des pays chauds en très-petit nombre chez les aquatiques; les membres sont des pieds généralement au nombre de quatre; mais dans les espèces tout-à-fait aquatiques la paire postérieure manque complètement; enfin il y a ordinairement une queue.

Tels sont les caractères généraux assignés par Linné à la classe ries Mammifères; mais on voit que si l'on fait abstraction de tous ceux qui ne lui appartenant pas en propre ne peuvent servir à sa distinction le nombre de ceux qui s'appliquent à tous les individus est fort restreint. Et en effet ceux même qui ont le plus de généralité et qu'on serait tenté de regarder comme véritablement classiques viennent cependant à manquer dans quelques espèces. C'est ce que Linné avait bien reconnu lui-même. Le caractère de l'existence des mamelles caractère qu'il regardait ou comme le plus important ou comme le moins variable puisqu'il en a tiré le nom de la classe n'était pas même suivant les idées de son temps généralement applicable à tous les individus: on croyait que le Cheval mâle manquait de ces organes. Cependant les anomalies qu'on observe chez un petit nombre d'espèces comme l'absence des dents cnez les Fourmiliers; celle des poils et des membres postérieurs chez les Dauphins; même celle des poils des membres postérieurs et des dents chez les Baleines prouvent seulement que les Mammifères ne forment pas une classe bien naturelle et n'empêchent pas qu'on ne doive réunir tous ces êtres d'ailleurs semblables par l'essentiel de leur Organisation. Ainsi et cette comparaison rend bien notre pensée on voit assez fréquemment des Chiens qui ont cinq doigts aux pieds de derrière comme à ceux de devant et d'autres qui ont sept molaires au lieu de six à la mâchoire supérieure; quelques individus réunissent même quelquefois ces deux anomalies; personne ne balancera cependant à reconnaître en eux des Chiens parce que leur organisation est toujours néanmoins dans sou essentiel celle de ces Animaux. Au contraire il peut arriver que des êtres constitués à quelques égards comme les Mammifères et conservant même une portion de leurs caractères extérieurs soient cependant modifiés plus profondément et tellement même qu'on ne puisse plus les considérer comme appartenant à cette classe. Tel paraît être le cas de ces Quadrupèdes de la Nouvelle-Hollande connus sous le nom de Monotrêmes qui nous offrent la réunion singulière 'une portion des caractères des Mammifères des Oiseaux et des Reptiles et qui doivent former une classe à part s'ils sont réellement Ovipares comme sembleraient le prouver les recherches plusieurs fois inutilement répétées de ceux qui ont voulu trouver les mamelles (1) et les témoignages des naturels de la Nouvelle-Hollande qui assurent avoir connaissance de leurs œufs. Au reste nous examinerons dans un autre article (V. MONOTRÊMES) ce qu'il faut penser de tous ces témoignages et nous rechercherons quelle place doivent occuper dans la série animale ces êtres extraordinaires; nous renvoyons également au même article tout ce qui concerne l'histoire de leur organisation.

Quoi qu'il en soit au reste des variations de quelques caractères plus ou moins importans chez les Mammifères la nécessité de leur réunion telle qu'elle a été proposée par Linné

(1) Les mamelles assure-t-on auraient cependant été enfin trouvées chez l'Ornithorhynque par Meckel.

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est bien certaine et a été sanctionnée par les recherches approfondies auxquelles on s'est livré avec tant de saccès dans ces derniers temps sur l'ensemble de l'organisation et particulièrement sur le squelette et sur le système nerveux. Aussi notre collaborateur Isidore Bourdon ayant en récemment à définir la classe des Mammifères a-t-il donné (V. ANIMAL.) une définition beaucoup plus complète que celle de Linné; definition que nous reproduirons ici. MAMMIFÈRES petits vivans mamelles allaitement; cœur à deux ventricules; poumon; sang chaud; cerveau volumineux à corps calleux; sens complets; diaphragme musculaire entre la poitrine et l'abdomen; sept vertèbres cervicales excepté une espèce qui en a neuf.

Nous n'insisterons pas ici sur cette définition dont la suite de notre article fournira le développement: nous nous proposons en effet d'étudier sous un point de vue général l'organisation des Mammifères et de présenter quelques remarques sur les mutations naturelles et accidentelles de leur pelage; sur tars moyens de locomotion et de prébeusion; sur leurs rapports sexuels; sur les accouplemens hybrides et les croisemens des races; sur la place qu'ils doivent occuper dans la série animale et sur leur distribution géographique.

DE L'ORGANISATION DES MAMMIFÈRES.

De leurs formes générales.

Il n'est aucune classe où l'on rencontre sous le rapport du volume des variations aussi grandes entre les différens êtres qui la composent. On sait que le plus grand des Animaux la Baleine est un Mammifère; il en est au contraire d'autres comme quelques espèces de Rats et surtout de Musaraignes dont la taille excède à peine celle du plus petit des Oiseaux de l'Oiseau-Mouche et dont la longueur ne forme ainsi que la huit-centième partie de celle de l'immense Cétacé que nous venons de nommer. Les plus grandes espèces se trouvent parmi les Aquatiques: on conçoit bien en effet que des Animaux qui vivent et se meuvent dans un milieu dont la densité égale presque celle de leur corps peuvent acquérir un volume et un poids plus considérables que ceux qui vivent sur le sol et à plus forte raison que ceux qui s'élèvent dans les airs. Parmi les espèces terrestres les Herbivores sont celles dont les dimensions sont les plus considérables les plus petites étant généralement celles qui ont reçu les noms de Rongeurs et d'Insectivores; enfin les Quadrumanes et les Carnassiers ont une taille moyenne. Est-il juste de dire à l'égard de ces derniers que l'équilibre de la nature ne pourrait subsister sans cette proportion les Carnassiers devant avoir assez de force pour vaincre les autres Animaux sans avoir une taille qui puisse entraîner la destruction des espèces herbivores?

On a trouvé en plusieurs lieux des ossemens fossiles indiquant des espèces de taille considérable et qu'on a reconnu appartenir le plus souvent à des familles où se trouvent encore aujourd'hui de très-grandes espèces et par exemple les Mastodontes les Elephans les Rhinocéros les Hippopotames; mais quelquefois aussi à d'autres où ne se trouvent plus aujourd'hui que des Animaux de très-petite taille. Tel est le genre Mégathérium voisin de celui des Bradypes et qui se trouve formé de deux espèces dont l'une est de la taille du Rhinocéros.

Les proportions du corps varient aussi beaucoup. Très-court et trapu chez certains Ruminans chez quelques Rongeurs et quelques Marsupiaux il est au contraire quelquefois très-grêle et très-allongé comme chez la plupart des Carnassiers et particulièrement chez tous ceux qui se nourrissent essentiellement d'une proie vivante: disposition dont on se rend très-bien compte par l'agilité:

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dont ils ont besoin. Mais les espèces les plus allongées sont comme cela a lieu également dans toutes les classes suivant la remarque de Blainville les espèces aquatiques comme les Cétacés les Lamantins les Phoques et les Loutres; les premiers c'est-à-dire ceux qui vivent toujours dans l'eau et que Linné nomme Species merè aquaticæ étant même tout-à-fait ichthyoïdes et ayant même été long temps pour cette raison confondus avec les Poissons.

Une autre observation applicable suivant Geoffroy Saint-Hilaire à l'universalité des étres et expliquée parfaitement par sa loi du balancement des organes est celle du développement de la colonne vertébrale qui se fait toujours en raison inverse de celui des membres. Ainsi les espèces chez lesquelles les membres postérieurs manquent tout-à-fait les Cétacés sont précisément comme nous venons de le dire celles dont le corps est le plus allongé; les deux paires sont presque rudimentaires chez les Phoques très-courtes chez les Loutres et courtes chez tous les Carnassiers dont le corps a beaucoup de longueur chez tous les Vermiformes par exemple. Il faut toutefois remarquer que plusieurs genres étant plantigrades leurs membres se trouvent raccourcis pour eux de toute la longueur du carpe et du métacarpe et peuvent ainsi avoir plus de brièveté que chez les Digitigrades sans être réellement moins developpés. Les deux paires de membres sont d'ailleurs souvent d'une longueur fort inégale: les antérieurs sont d'une longueur considérable chez les Gibbons; et ils sont fort courts chez les Kanguroos et les Gerboises où les postérieurs acquièrent au contraire un développement considérable. Les espèces dont les membres postérieurs ont beaucoup de longueur sautent avec une grande facilité comme les Lièvres les Kanguroos et les Gerboises. Chez celles qui ont au contraire les antérieurs plus allongés comme la Girafe les Hyènes le Protèle les Bradypes la marche et surtout la course sont difficiles et gênées: aussi a-t-ou dit également et de la Girafe et des Hyènes que ces Animaux boitent en marchant.

On distingue généralement dans les Mammifères la tête le col le tronc la queue et les membres: beaucoup d'espèces manquent cependant de queue et chez quelques-unes comme chez les Cétacés le col est confondu avec le tronc. Mais ainsi que Geoffroy Saint-Hilaire l'a remarqué c'est un caractère classique des Mammifères d'avoir le tronc ou du moins les principaux viscères sous le milieu de la colonne vertébrale et non pas comme les Oiseaux sous l'extrémité de la colonne et sous le coccyx ou comme les Poissons sous les premières vertèbres et sous la tête. Cette disposition nous donne l'explication de plusieurs faits organiques: ainsi nous voyons par exemple pourquoi le nombre des vertèbres cervicales est constamment le même chez tous les Mammifères tandis qu'il varie d'une espèce à l'autre dans les autres classes comme chez les Oiseaux où celui des vertèbres coccygiennes devient au contraire plus constant.

Enfin tous les Mammifères sont à l'extérieur parfaitement symétriques et on ne trouve parmi eux aucune de ces anomalies qui rendent si remarquables les Bec-Croisés parmi les Oiseaux et surtout les Pleuronectes parmi les Poissons. Le Narwhal seul paraît faire exception à cause de sa longue défense non placée sur sa ligne médiane. Mais cette exception même est plus apparente que réelle: tous les jeunes sujets ont d'abord deux dents placées symétriquement de chaque côté et quelques individus les conservent même pendant toute la durée de leur vie. Cette considération avait porté Storr à substituer au nom de Monodon donné ordinairement au Narwhal par les auteurs systématiques celui de Diodon qui lui paraissait plus exact mais qui ne pou-

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vait être adopté parce qu'an genre de Poisson l'avait déjà reçu.

Du squelette.

La portion du squelette qu'on peut regarder comme la plus essentielle parce qu'elle existe le plus constamment est celle que Blainville embrasse sous le nom de Portion centrale supérieure au canal alimentaire; c'est-à-dire la colonne vertébrale et la tête ou si l'on veut l'axe vertebral: car suivant Oken Dumérd et la plupart des anatomistes modernes la tête doit elle-même être considérée comme une portion de la colonne vertébrale ou plutôt comme une réunion de vertèbles ne différant de celles qui composent la colonne vertébrale que par leur immobilité et par le développement considérable de leurs élémens; développement qui tient à celui de la partie correspondante de l'axe central du système nerveux ou le cerveau. D'après cette manière de voir le squelette se trouverait seulement divisé en deux portions l'axe vertébral et les appendices; l'une toujours existant et toujours formée du même nombre d'élémens chez tous les Vertébrés et même chez une portion des Articulés; l'autre sujette à d'importantes variations.

La colonne vertébrale est généralement formée de vertèbres de deux sortes les unes mobiles les autres immobiles c'est-à-dire qui étant articulées par des moyens divers mais toujours d'une manière fixe ou même étant tout-à-fait soudées avec les vertèbres voisines ne peuvent se mouvoir sans elles et sont toujours à leur égard dans les mêmes rapports et dans la même position. Les vertèbres mobiles sont au contraire simplement unies à leurs voisines par des fibro-cartilages interposés entre leurs corps par des ligamens et par des muscles.

C'est de cette seconde sorte de vertèbres que se trouve composé dans sa plus grande partie l'axe vertébral des Mammifères: il est d'ailleurs susceptible de mouvemens plus ou moins variés et plus ou moins étendus suivant les espèces et dans la même espèce suivant les régions où on l'observe. Quelques segmens sont cependant formés de vertèbres immobiles: telles sont chez l'Homme et chez la plus grande partie des Mammifères les crâniennes et les sacrées ou celles qui servent à l'articulation des membres pelviens. Les crâniennes ont d'ailleurs un caractère qui leur est propre en ce que chacune d'elles n'est pas seulement en contact avec celle qui la suit et avec celle qui la précède immédiatement: disposition qui explique pourquoi les anatomistes ne s'accordent pas entre eux sur le nombre des vertèbres de la tête ni sur les pièces qui doivent entrer dans la composition de chacune d'elles.

On trouve généralement chez les Cétacés quelques-unes et quelquefois la totalité des vertèbres cervicales soudées ensemble et souvent même tellement confondues qu'on hésite sur leur nombre réel. Au contraire dans tout cet ordre le membre postérieur ne consistant plus que dans quelques osselets ou même manquant tout entier il n'y a plus de sacrum c'est-à-dire que les vertèbres sacrées sont mobiles comme les lombaires et les caudales. Il résulte de cette disposition qu'on ne peut plus distinguer alors en lombaires sacrées et caudales celles qui suiveut les dorsales.

Au contraire à l'exception des Cétacés et aussi d'un très-petit nombre d'espèces qui manquent entièrement de coccyx on peut chez tous les Mammifères diviser l'axe vertébral en portions crânienne cervicale dorsale lombaire sacrée et coccy gienne ou caudale. Nous présenterons quelques considérations sur le nombre et la forme des vertèbies dans chacune d'elles.

Portion crânienne ou crâne. Les os qui composent le crâne sont très-nombreux mais beaucoup moins cependant que chez la plupart des au-

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très Vertébrés et surtout que chez les Poissons. D'après les derniers travaux de Geoffroy Saint-Hilaire le crâne (non comprise la mâchoire inférieure) est composé de sept vertèbres formées chacune d'une pièce centrale avec quatre pièces latérales de chaque côté; ce qui donne le nombre total de soixante-trois os ou plutôt de soixante-trois élémèns vertébraux: car il s'en faut bien que les os crâniens dans le sens qu'on attache ordinairement à ce mot soient aussi nombreux chez les Mammifères adultes et surtout chez l'Homme. Chaque élément vertébral forme bien une pièce à part chez les Vertébrés inférieurs comme chez les Poissons pendant toute la durée de leur vie; mais il n'en est ainsi chez les supérieurs et surtout chez les Mammifères que dans leur état fœtal. Plus l'être est avancé en âge plus le nombre de ses os diminue parce que chacun d'eux tend à se réunir et à se confondre avec ceux qui l'avoisinent. Ce n'est même qu'à une époque très-reculée de la gestation que chaque élément vertébral est un os à part chez les Mammifères et chez l'Homme; et un grand nombre de pièces se soudent presque au moment de leur formation tandis que d'autres restent isolées jusque dans un âge très-avancé. Aussi le nombre des os lorsqu'on donne à ce mot un sens diffèrent de celui d'élément vertébral n'est-il qu'une chose tout-à-fait arbitraire. Et par exemple la plupart des anthropotomistes disent avec Bichat que le crâne de l'Homme est formé de vingt os le coronal l'occipital les deux pariétaux les deux temporaux l'ethmoïde le sphénoïde les deux maxillaires supérieurs les deux malaires l'os du nez les deux unguis le vomer les deux cornets inférieurs et les deux palatins. Mais on pourrait également admettre un nombre de pièces plus considérable. Le coronal est jusque dans un âge assez avancé formé de deux pièces et beaucoup d'individus ont pendant toute leur vie deux frontaux. Il en est à peu près de même de l'os du nez. D'un autre côté on pourrait aussi admettre un moindre nombre de pièces. Le malaire se soude fréquemment au maxillaire; les deux pariétaux ne forment également qu'un os chez beaucoup d'individus; enfin chez beaucoup d'autres même on pourrait dire chez tous ceux dont la vie est assez prolongée le coronal les deux pariétaux l'occipital et le sphénoïde se soudent tous ensemble et ne forment plus véritablement qu'une seule pièce. Sœmmering a même déjà proposé de ne considérer l'occipital et le sphénoïde que comme formant un seul os qu'il nomme sphénoccipital.

Au reste ce qu'on reconnaît en comparant ensemble des individus de la même espèce est encore rendu bien plus évident par des comparaisons faites entre des espèces voisines. Comparons par exemple un Singe de l'Ancien-Monde avec un Singe d'Amérique. Le premier n'a qu'un seul os du nez; la réunion de ses deux moitiés estopérée avant même la chute des dents de lait. Le second conserve au contraire deux nasaux bien distincts à peu près pendant toute la durée de sa vie: ce n'est que dans un âge très-avancé qu'ils viennent à se souder. Pour cette différence et pour quelques autres aussi légères doit-on dire que l'un a un nombre d'os plus considérable que l'autre? Oui sans aucun doute dans le sens qu'on attache ordinairement à ce mot; et cependant nous sommes bien certainement sûr des organisations identiques; il y a bien le même nombre d'élémens vertébraux; il y a bien unité de composition organique.

Ce que nous montre évidemment la comparaison de deux Animaux de la même famille est précisément ce qui se trouve établi par les recherches de Geoffroy Saint-Hilaire non-seulement pourr tous les Mammifères mais pour l'ensemble des Vertébrés. Tous ont le même nombre de pièces crâniennes d'élémens vertébraux; mais ces pièces sont tantôt isolées tantôt réunies avec d'autres et leurs proportions leurs formes et leurs

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combinaisons de soudure sont variables à l'infini. Toutefois au milieu de ces transformations elles conservent toujours les mêmes connexions et les mêmes rapports.

Indiquer toutes les différences que présentent dans la série des Mammifères toutes les pièces crâniennes serait une chose impossible dans un article général tel que l'est celui-ci. Nous devons cependant faire connaître les modifications principales. Les Mammifères se distinguent généralement par levolume de leur encéphale; aussi toutes les pièces qui correspondens à cette partie de l'axe cérébrospinal ou celles qui composent le crâne proprement dit sont-elles beaucoup plus développées que chez les Oiseaux et surtout que chez les Reptiles. Par suite les os de la face dont l'étendue est toujours en raison inverse de celle du crâne sont peu considérables. Ces caractères sont surtout exagérés chez l'Homme celui de tous les êtres qui a le crâne le plus grand et la face la plus petite à cause du volume considérable de son cerveau. Ceux des Mammifères qui se rapprochent le plus de l'Homme sous ce rapport comme les Quadrumanes sont aussi généralement ceux chez lesquels ces proportions sont les plus frappantes. Quelques espèces font cependant exception: tel est l'Eléphant dont le cerveau n'est pas très-volumineux et dont le crâne est cependant très-étendu à cause de la grande épaisseur du diploé de ses os au front. C'est un des faits qui prouvent le mieux que la grandeur de l'angle facial (V. CRANE) n'est pas toujours rigoureusement en rapport avec le volume du cerveau quoique d'ailleurs on ne puisse nier que les Animaux qui ont cet angle le plus grand ne soient ordinairement ceux ont le développement cérébral le plus considérable et généralement aussi le plus d'intelligence. Les anciens avaient même parfaitement saisi ce genre de relations; et ils représentaient toujours avec l'angle facial très-ouvert ceux à qui ils voulaient imprimer le caractère d'une majesté et d'une intelligence plus qu'humaines. Ainsi tandis que celui d'un Européen ne surpasse pas 80° environ ils donnaient 90° aux héros et aux demi-dieux et beaucoup plus encore aux dieux.

Vertèbres cervicales. Elles sont toujours au nombre de sept chez les Mammifères; le Bradype Aï qui en a neuf fait néanmoins exception à cette loi. Cependant malgré la constance du nombre de ces os comme leurs dimensions sont très-variables le col présente aussi relativement à sa longueur une multitude de variations. Chacun sait qu'il est considérable chez la Girafe les Chameaux les Lamas où les Vertèbres sout beaucoup plus longues que larges. Il est au contraire d'une extrême brièveté chez tous les Cétacés qui les ont soudées et très-minces: c'est à peine si elles ont chez quelques Dauphins l'épaisseur d'une feuille de papier. Les apophyses épineuses manquent dans quelques genres d'Insectivores. Elles sont au contraire très-développées dans beaucoup d'autres espèces où elles donnent ainsi que celles des vertèbres du dos insertion au ligament cervical. Ce ligament qui va s'attacher à l'occipital et soutient la tête qui tendrait par son propre poids à tomber en avant est d'autant plus nécessaire et aussi d'autant plus considérable que la tête est plus pesante et que le trou occipital se trouve plus reculé en arrère. Il est très-considérable chez les Carnivores plus encore chez le Cheval et surtout chez l'Eléphant.

On a nié l'existence de ce ligament chez l'Homme: il y existe cependant mais rudimentaire. Sa station habituellement verticale et la position très-antérieure de son grand trou occipital font que la tête est soutenue en équilibre sur la colonne vertébrale par son propre poids et sans avoir besoin du secours du ligament cervical.

Vertèbres dorsales. Quoique leur nombre ne soit pas aussi constant celui des cervicales on doit

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dant lui donner une grande attention. En effet ces vertèbres étant celles qui portent les côtes elles se trouvent ainsi en rapport avec l'étendue de l'organe respiratoire L'Homme en a comme chacun sait douze et tous les Quadrumanes en ont généralement de douze à quatorze à l'exception du Loris grêle qui en a quinze. On retrouve aussi à peu près ces nombres chez tous les Carnassiers tous les Rongeurs les Ruminans les Cétacés eux-mêmes et la plupart des Edentés. Au contraire les Pachydermes en ont généralement un beaucoup plus grand nombre; par exemple le Cheval en a dix huit le Rhinocéros dix-neuf l'Eléphant et lo Tapir vingt et le Daman vingt-un. Il est cependant encore un Quadrupède qui en a un plus grand nombre l'Unau: quoique tous les autres Edentés et même ses congénères en aient seulement quatorze quinze ou seize ce Bradype en a en effet jusqu'à vingt-trois.

Les apophyses épineuses dorsales manquent chez les Chauve-Souris de sorte que les vertèbres ne présentent en arrière aucune aspérité. Elles sont très-grandes chez tous les Quadrupèdes dont la tête est très-pesante comme chez le Rhinocéros et l'Eléphant et aussi chez ceux où elle est portée sur un cou très-allongé comme chez la Girafe. On croit communément qu'elles soutiennent la bosse chez le Chameau le Dromadaire et le Zébu et on est d'autant plus porté à le croire que les apophyses épineuses des premières dorsales sont très-allongées. C'est néanmoins une erreur: la bosse de ces Animaux est entièrement formée de graisse et les apophyses épineuses ne sont pas moins allongées dans les autres espèces des mêmes genres où il n'y a pas de bosse. Cette longueur n'a en effet pour objet comme nous l'avons déjà indiqué que de donner attache au ligament cervical nécessairement très-développé dans tous ces genres à cause du poids de la tête.

Un fait bien remarquable serait la disposition de ces mêmes apophyses chez le Gaour et si la Notice envoyée de l'Inde à Geoffroy Saint-Hilaire et publiée en France par ce naturaliste (Jouru. Complém Sc. Médic. août 1822) ne contient que des faits bien exacts il existerait en effet dans les montagnes de Mine Pout dans l'Inde un Bœuf sauvage connu des Anglais sous le nom de Gour ou Gaour et des naturels du pays sous ceux de Purozah de Parecoch ou de Gourier (suivant l'âge ou le sexe des individus) et qui aurait dit la Notice que nous venons de citer «une série d'épines répandue sur son dos qui prend à la dernière vertèbre du cou et qui finit en s'abaissant vers la moitié du corps. Ces pièces sont élevées d'au moins six pouces au-delà de la véritable échine et semblent un prolongement des apophyses épineuses des vertèbres dorsales.ff

Vertèbres lombaires. Leur nombre est variable comme celui des dorsales: l'Homme en a cinq; mais beaucoup d'espèces en ont un plus grand nombre; beaucoup d'autres au contraire quatre trois ou même deux seulement sans que tous ces nombres paraissent en rapport avec les affinités des diverses familles naturelles. Celuide tous les Mammifères qui en a le plus est le Loris grêle; et c'est même principalement à ce grand nombre de vertèbres qu'il doit sa gracilité.

Vertèbres sacrées. Leur nombre varie comme celui des lombaires; mais aucun Mammifère n'en a plus de sept. Les apophyses épineuses sont très-courtes chez l'Homme et les Singes; elles se rapprochent et forment une crête continue chez le Rhinocéros et chez la plupart des Ruminans. Le sacrum ou l'os formé de la réunion des vertèbres sacrées est d'ailleurs généralement beaucoup plus étroit que chez l'Homme et forme avec l'épine une ligne droite: il est plus allongé chez les espèces qui se tiennent souvent dans la situation verticale comme chez les Singes les Bradypes et même les Ours.

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Nous avons déjà dit qu'il n'y a pas de sacrum chez les Cétacés: les vertèbres post-dorsales qu'on ne peut pins ainsi distinguer en lombaires sacrées et caudales sont assez nombreuse. Les apophyses épineuses des premières de ces vertèbres sont très-fortes parce qu'elles donnent attache aux muscles coccygiens qui deviennent à cause de l'absence des membres postérieurs et comme ils le sont également chez les Poissons les prinpauragens de la locomotion. Ainsi sous ce rapport les Cétacés se trouvent réaliser par leurs organes de locomotion les conditions ichthyologiques. Et en effet vivant comme les Paissons dans le milieu aquatique se trouvant placés dans les mêmes conditions physiques et astreints au même de progression la nature toujours amie de l'unité leur a donné les mêmes formes les mêmes proportions et a imprimé de semblables modifications a leurs organes. Nous verrons cependant que ces organes de locomotion et surtout les membres antérieurs véritables organes ichthyologiques par leur fonction ont cependant les principaux caractères classiques des Mammifères et sont restés mammalogiques par leur organisation intérieure.

Quant à l'absence de leur sacrum les Cétacés sont au reste à quelques égards dans les conditions de tous les jeunes Animaux chez lesquels toutes vertèbres sacrées sont d'abord libres tout-à-fait distinctes.

Vertèbres caudales. Le nombre de ces vertèbres est extrêmement variable comme chacun le sait: personne à ignore en effet quelle diversité les Mammifères présentent quant à la longueur de leur queue. Très-courte dans beaucoup d'espèces elle man-que même entièrement chez plusieurs. Souvent en effet il n'y a qu'un nombre de vertèbres caudales qui se trouvent alors cachées sous les tégumens et c'est ce qui a lieu chez l'Homme et chez les Orangs le Magot l'Indri le Loris les Lagomys et beaucoup d'autres; mais chez les Roussettes sans queue il n'y a plus même aucune trace de coccyx aucune vertèbre caudale. (Cuv. Anat. comp. 1.). Cependant (preuve bien réelle du peu a importance physiologique du prolongement caudal chez les Chauve-Souris où il ne sert pas de soutien à la membrane interfémorale) il n'y a d'ailleurs aucune différence organique de quelque importance entre ces Roussettes et celles qui en sont pourvues.

Au reste le célèbre anatomiste Serres a trouvé dans la série des développemens de la moelle épinière la cause de l'absence de la queue soit chez l'Homme soit chez tous les Animaux qui en manquent et chez les Roussettes elles - mêmes. Les embryons de tous ces êtres ont d'abord un prolongement caudal assez long et alors la moelle épinière descend jusqu'à la terminaison du coccyx comme chez les Oiseaux avec cette différence qu'elle n'y est pas fixée comme chez ceux-ci; mais plus tard à mesure que les membres antérieurs et postérieurs et les renflemens de la moelle épinière qui leur correspondent viennent à se développer la moelle remonte dans le canal vertébral; en même temps la queue diminue peu à peu et vient enfin à disparaître. Chez l'embryon humain par exemple pendant le deuxième mois la moelle epinière se prolonge jusqu'à l'extrémité du coccyx et le prolongement caudal est encore dans toute sa force; aux troisième et quatrième mois il diminue la moelle épinière étant remontée successivement jusqu'au milieu du coccyx et à la fin du sacrum: au quatrième mois elle est arrêtée au haut du canal sacré; au cinquième elle correspond au niveau de la cinquième vertèbre lombaire et l'embryon a perdu sa queue en totalité. La méme succession de phénomènes a pareillement lieu chez les Roussettes avec cette différence seulement que c'est à une époque plus avancée de la gestation. Enfin selon la remarque de Serres la métamorphose du têtard des Batraciens n'est encore qu'un

TOME X.

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phénomène du même ordre; le têtard a comme l'embryon du Mammifère unequeue et point de membres; mais quand l'ascension de la moelle épinière vient à s'opérer les membres se développent et la queue disparaît. Ainsi le Mammifère se métamorphose comme le Batracien; et tous ces changemens qui nous surprennent si vivement chez ce dernier qui nous semblent des merveilles ne sont pas même des anomalies: ilsont également lieu chez les Mammifères chez l'Homme lui-même et sont des phénomènes généraux d'embryogénie.

Dans les espèces dont la queue conserve beaucoup de longueur on concoit d'après ce que nous venons de dire que la moelle épinière doit remonter beaucoup moins haut dans le canal vertébral; c'est ce qui a lieu; et alors la queue se trouve formée de vertèbres de deux sortes les unes conservant un canal pour la moelle les autres n'en ayant plus. Celles-ci vont eu diminuant de grosseur vers l'extrémité de la queue et les dernières sont souvent d'une extrême petitesse.

Le nombre des vertèbres caudales est très-variable: nous venons de dire que plusieurs Roussettes n'en ont aucune; au contraire les Atèles en ont plus de trente; le Fourmilier en a même quarante et le Phatagin (nommé pour cette raison même Manislongicaudata Geoff. St.-Hil.) quarante-cinq. Au reste il s'en faut bien qu'on puisse d'après la longueur de la queuc d'un Mammifère juger avec précision du nombre des vertèbres qui la composent parce qu'elles varient beaucoup pour leur longueur propre. Ainsi le Loris et l'Aï qui manquent de queue c'est-à-dire dont la queue n'est point apparente à l'extérieur ont l'un neuf et l'autre treize vertèbres caudales; tandis que d'autres espèces dout la queue est quelque-fois même assez allongée n'en ont également que treize douze et même moins.

La queue est généralement chez les Mammifères de peu d'usage: cependant sans parler des Cétacés où elle constitue le principal organe de la locomotion elle acquiert dans quelques Quadrupèdes des fonctions importantes comme chez les Sapajous le Kinkajou plusieurs Marsupiaux et quelques autres genres chez lesquels elle devient un organe de préhension et fait l'office d'une véritable main; ou bien comme chez les Kanguroos et les Gerboises qui se tenant habituellement dans la position verticale l'emploient comme une troisième jambe.

Chez les Kanguroos et en général chez tous les Mammifères qui l'ont mobile allongée et qui en font fréquemment usage on trouve à la face inférieure une rangée de petits os correspondant à l'union des vertèbres; ces os destinés à donner attache aux muscles de la queue ont été nommés os en V ou furcéaux. Chaque furcéal est formé de quatre pièces distinctes encore dans les espèces où il est le plus développé et qui sont suivant Geoffroy Saint-Hilaire les deux paraaux et les deux cataaux (Mém. sur la Vert. Mém. Mus. T. IX p. 89). Ces pièces existent très-développées chez les Cétacés: elles le sont peu chezles Chats où on ne les a guère considérées que comme des épiphyses.

Ainsi nous voyons le prolongement caudal varier presqu'à l'infini chez les Mammifères dans ses formes dans ses proportions dans ses usages dans le degré de son importance: toutes variations qui dépendent de ce qu'il n'est chez eux qu'un organe secondaire qu'un organe tout-à-fait accessoire. Chez les Poissons au contraire véritable organe classique il se reproduit toujours le même et conserve toujours la même forme et la même fonction comme il a toujours le même degré d'importance.

Membres. Ils sont toujours formés de quatre parties l'épaule le bras l'avant-bras et la main pour l'antérieur; le bassin la cuisse la jambe le pied pour le postérieur.

L'épaule est élémentairement formée de quatre os le scapulum ou

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l'omoplate la clavicule l'acromial et l'os coracoïde; mais ces quatre pièces séparées dans le jeune âge se soudent chez les Mammifères et il n'en reste plus que deux de distinctes l'omoplate et la clavicule et souvent même qu'une seule. L'omoplaté est toujours la principale pièce chez les Mammifères; et il est surtout considérable chez les espèces qui font avec leurs bras des efforts plus violens: ainsi chez les Chauve-Souris aussi large que dans l'Homme il est d'aillers plus long que tout le thorax. Il a aussi beaucoup de longueur chez la Taupe. L'omoplate est ordinairement uni au sternum par la clavicule comme chez l'Homme les Singes les Chauve-Souris et en général chez tous les Mammifères qui portent fréquemment leurs bras en avant; soit pour la préhension soit pour le ou pour tout autre mouvement. Au contraire la plupart des Carnaserves et beaucoup de Rongeurs n'ont qu'une clavicule rudimentaire et suspendue seulement dans les chairs ns conserver de Rapport ni avec le sternum ni avec l'omoplate; de sorte que le membré antérieur se trouve tout-à-fait séparé du reste du squelette. Enfin dans tous les Animaux à sabots chez tous ceux dont le membre antérieur n'à plus d'autre fonction que celle de la marche la clavicule suivant les observations de Geoffroy Saint-Hilaire n'est plus qu'un petit osselet qui se soude à l'omoplate comme l'os coracoïde et l'acromial. On a même long-temps cru qu'elle manquait complétement; et c'est en eftet ce qui se trouve dit dans tous les ouvrages d'anatomie comparée.

L'analogie ou (suivant l'expression reçue pour désigner cette sorte d'anologie) l'homologie du membre postérieur avec l'antérieur est bien démontrée aujourd'hui: on ne peut surtout la méconnaître lorsqu'on étudie le squelette des Animaux chez lesquels les membres antérieurs remplissent les mêmes fonctions que les postérieurs comme chez les Ruminans où les uns et les autres servent uniquement à la marche. On retrouve sans la moindre peine dans l'un et dans l'autre les mêmes os presque avec les mêmes formes et la même disposition du moins lorsqu'on étudie l'une des trois dernières parties du membre: car la comparaison du bassin avec l'épaule présente toujours beaucoup plus de difficulté comme nous allons le voir.

Serres a découvert il y a quelques années (Anal. des travaux de l'Acad. des Sc. 1819) que chez l'Homme et chez la plupart des Mammifères la cavué cotyloïde n'est pas comme on l'avait cru jusqu'à lui seulement formée de l'union des trois grands os pelviens connus de tous les anatomistes sous les noms d'ilénm d'ischium et de pubis; mais qu'il en existe en outre un quatrième fort petit placé entre les trois autres. Cet os est même assez développé et se soude assez tard dans diverses familles comme chez les Lièvres; il est au contraire très-petit et soudé de très-bonne heure chez l'Homme. C'est sans doute à cause de cette circonstance et aussi parce que placé dans la cavité cotyloïde il se trouve caché par la tête du fémur qu'il a échappé long-temps à tous les anatomistes. Quoi qu'il en soit cette découverte est d'autant plus intéressante que cet os est précisément l'analogue du quatrième os du bassin des Marsupiaux ou l'os marsupial: en effet l'os découvert par Serres manque comme il l'a constaté chez fous les Animaux à bourse; en sorte qu'il manque chez tous ceux qui ont l'os marsupial et se trouve chez tous ceux qui ne l'ont pas.

Ainsi la découverte de Serres nous montre que tous les Mammifères ont élémentairement quatre os pelviens I'iléum l'ischium le pubis et le marsupial de même qu'ils ont tous quatre os huméraux l'omoplate l'acromial le coracoïde et la clavicule. Quant à lá question de déterminer lesquels de ces os sont homologues entre eux plusieurs anatomis-

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tes en ont tenté la solution; mais ignorant le nombre véritable des élémens constitutifs du bassin et de l'épaule ils n'ont pu arriver à des résultats certains. Nous rapporterons seulement ici la détermination donnée par Blainville: ce célèbre naturaliste qui considérait l'épaule comme formée de deux os seulement et le bassin de trois pensait que l'iléum était l'homologue de l'omoplate et le pubis celui de la clavicule dont comme il le remarque lui-même il diffère cependant en ce qu'il entre dans la composition de la cavité cotyloïde. Quant à l'ischium son homologue n'existerait pas.

Le bassin est chez les Oiseaux ouvert en devant et par conséquent son diamètre est susceptible de devenir plus considérable lors du passage de l'œuf: c'est ce qui explique comment plusieurs Oiseaux poudent des œufs d'une grosseur qui semble véritablement disproportionnéé. Le caractère classique chez les Mammifères est au contraire d'étre fermé en devant les deux pubis étant unis l'un à l'autre sur la ligne médiane par un cartilage et par des ligamens qui les rendent immobiles. De cette manière les os des îles réunis aussi postérieurement par le sacrum forment une ceinture complète dont la forme et les dimensions sont d'ailleurs variables.

L'Homme se distingue par la largeur de son bassin très-considérable surtout chez la Femme et par l'obliquité de son sacrum sur la colonne vertébrale: l'effet de cette disposition est de lui fournir une base plus solide pour la station verticale. La largeur du bassin était d'ailleurs rendue nécessaire pour l'accouchement à cause de la grosseur de la tête du fœtus.

La Taupe est au contraire celui de tous les Mammifères dont le bassin est le plus étroit: les os coxaux sont presque cylindriques et si serrés contre la colonne vertébrale que le passage du fœtus dans le bassin est rendu tout-à-fait impossible. Aussi observe-t-on chez elle une anomalie très-remarquable: l'orifice de la génération s'ouvre au-dessus du pubis et le fœtus en naissant ne traverse pas le bassin.

C'est dans une cavité formée ordinairement comme nous l'avons dit chez les Mammifères par l'union des quatre os pelviens et nommée cotyloïde que s'articule l'os de la cuisse ou le fémur Cet os de même que l'os du bras ou l'humérus est toujours de forme allongée et susceptible de peu de variations. A la partie inférieure du fémur se trouve placée la rotule qui donne attache aux principaux muscles extenseurs de la jambe le triceps crural et le droit antérieur. Son homologue au membre supérieur est suivant la plupart des anatomistes l'apophyse olécrâne du cubitus qui en effet donne de même attache à l'extenseur de lavant-bras le triceps brachial.

L'avant-bras est au contraire formé de deux os le radius et le cubitus auxquels correspondent les deux os de la jambe le tibia et le péroné. Ces os présentent une multitude de variations. Ainsi les deux os de l'avant-bras sont très-distincts chez presque tous les Unguiculés et susceptibles même de pronation et de supination chez les Quadrumanes et généralement chez tous les Mammifères qui emploient leur main pour la préhension; mais ils se confondent chez les Ruminans le cubitus se fixant au radius et devenant tout-à-fait immobile. Chez beaucoup d'entre eux comme chez les Chameaux un simple sillon est même dans l'âge adulte tout ce qui indique l'existence primitive de deux os dans l'os unique de l'avant-bras. Les deux os de la jambe sont soudés même chez une grande partie des Unguiculés; et à cet égard ou trouve des variations remarquables même dans des genres de familles voisines. Ainsi tandis que les deux os ne se réunissent chez les Chats et même chez les Civettes qu'à leurs extrémités et sont toujours écartés l'un de l'autre dans tout

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le reste de leur longueur le péroné est au contraire chez les Chiens le Protèle et les Hyènes contigu et même soudé au tibia dans sa moitié inférieure. On voit même souvent chez les Chiens les deux os réunis dans la portion de leur longueur où ils sont écartés au moyen d'une lame osseuse qui va d'un os à l'autre comme ferait un ligament interosseux. Dans le Cheval le péroué n'est même plus qu'une petite piece de forme allongée soudée au tibia. Enfin il reste à peine quelques traces de cet os chez les Ruminans.

La dernière partie du membre antérieur est subdivisée en trois portions: le carpe le métacarpe et les phalanges digitales. Le carpe est chez l'Homme composé de huit petits os formant deux rangées. Ceux de la première rangée ou de la rangée anti-brachiale sont le scaphoïde le semilunaire le pyramidal et le pisiforme; ceux de la seconde sont le trapèze le trapézoïde le grand os et l'unciforme. Le nombre de ces os est chez les Mammifères susceptible de quelques variations; il est tantôt moindre quelques-uns venant à se souder ensemble et tantôt plus grand à causé de la division de l'un d'eux en deux pièces ou de la présence de quelques osselets sésamoïdes placés près du carpe et paraissant en faire partie. Ainsi chez les Gibbons on trouve ordinairement deux de ces osselets dont l'un est placé près du pisiforme et l'autre près du scaphoïde; et chez la plupart des Rongeurs le pyramidal est divisé en deux. Au contraire le semi - lunaire est soudé au scaphoïde chez le Cabiai.

Les os du métacarpe ne sont véritablement que les premières phalanges de chaque doigt: ainsi chez les Chauve-Souris chez les Cétacés et dans plusieurs autres familles les os du métacarpe ne diffèrent pas plus des premières phalanges que celles-ci des secondes; et leurs fonctions sont exactement identiques. Il n'en est pas de même dans beaucoup d'autres ces os ayant été plus ou moins profondément modifié comme par exemple chez l'Homme et surtout chez les Solipè-des et les Ruminans. Chez l'Homme ils diffèrent des phalanges surtout en ce qu'ils ne font pas partie des doigts mais qu'ils se trouvent au contraire enveloppés sous la peau et sont à l'exception de celui du pouce fort peu mobiles: en outre on trouve entre eux des muscles nommés interosseux et dont les analogues ne peuvent comme on le pensa bien exister entre les phalanges des doigts.

Le métacarpe présente peu de différences chez la plupart des Unguiculés; seulement chez beaucoup d'entre eux comme chez les Chiens et les autres Carnassiers nommés pour cette raison digitigrades il s'allonge se redresse et devient véritablement une portion de la jambe; l'Animal pose alors uniquement sur les doigts.

Chez les Ruminans le métacarpe est si profondément modifié si différent de celui de l'Homme qu'il a été méconnu d'abord par les anatomistes vétérinaires qui lui ont donné le nom d'os du canon le considérant comme une nouvelle et troisième partie ajoutée à la jambe chez ces Animaux. Mais la composition du canon est aujourd'hui bien connue. Fougeroux et Geoffroy Saint-Hilaire ont montré qu'il est formé de deux métacarpiens excessivement développés et qui se soudent ensemble de très - bonne heure: un sillon indique cependant toujours la ligne de réunion. Le développement considérable des deux métacarpiens du canon a fait tomber les autres dans des conditions rudimentaires mais ne les a pas entièrement détruits. Deux autres fort grêle et souvent même ossifiés seulement à leurs extrémités maissuivis tout aussi bien que les grands métacarpiens de trois phalanges se voient ordinairement l'unàdroite l'autre à gauche du canon (Geoffroy Saint-Hilaire Mém. Mus. T. X pl. 2).

Le pied ou la dernière partie du membre postérieur est comme la

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main divisé en trois portions l'analogue du carpe ou le tarse celui du métacarpe ou le métatarse et les phalanges. Le tarse varie beaucoup moins que le carpe: une grande partie des Unguiculés n'a comme l'Homme que sept os le calcanéum l'astragale le scaphoïde les trios cunéiformes et le cuboïde: mais chez les Ongulés et même chez beaucoup d'Unguiculés le nombre de ces os est différent. Leur forme est d'ailleurs variable comme celle du carpe.

Le calcanéum est ordinairement le plus développé; il a surtout un volume considérable chez le Tarsier et le Galago où il est si excessivement allongé que le pied de ces Animaux est d'une longueur véritablement disproportionnée. Le Tarsier avait même été pour cette raison placé par quelques auteurs parmi les Gerboises; mais comme l'ont remarqué Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire dans un Mémoire écrit en commun sur ce Quadrumane il n'y a même rien de réel dans le seul rapprochement qu'on avait cru saisir entre ces deux Animaux; car l'allongement du pied dépend chez les Gerboises non pas de la longueur du tarse mais de celle du métatarse.

Ce segment de la jambe présente les mêmes modifications que le métacarpe auquel il ressemble le plus souvent. Il forme de même chez les Ruminans un os du canon semblable à celui du membre antérieur; et les Quadrumanes ont même un de ces os mobile et opposable aux autres. Enfin de semblables rapports s'observent généralement dans toutes les espèces où le membre postérieur remplit les mêmes fonctions que l'antérieur. Le métatarse diffère seulement du métacarpe chez ces Animaux en ce qu'il a plus de longueur. Cette proportion est constant chez tous à l'exception do deux genres les Hyènes et le Protèle chez lesquels les métacarpiens ne le cèdent en rien aux métatarsiens.

Aucontraire cette ressemblance ne se retrove plus chez ceux où les fonctions des membres antérieurs diffèrent de celles des postérieurs parce qu'alors la diversité de fonction est liée à une diversité de forme. La plus remarquable de ces variations est celle qui s'observe chez les Gerboises. Tandis que leur métacarpe ne présente rien de particulier leurs trois métatarsiens médians se réunissent eu un seul os qui porte les trois uniques doigts chez les espèces tridactyles et les trois principaux chez les autres et forment ainsi un véritable os du canon chez ces Rongeurs.

Les doigts sont toujours chez les Mammifères quadrupèdes soit au membre de devant soit à celui de derrière formés de trois phalanges à l'exception du pouce qui n'en a que deux. Le pouce est toujours véritablement le doigt interne quoique chez l'Homme et les Singes il puisse par l'effet de la supination être porté en dehors au membre supérieur et que tous les ouvrages d'Anatomie humaine désignent constamment par le nom de côté externe le côté du pouce. Chez les Cétacés le nombre des phalanges est plus considérable. Ainsi le grand doigt des Baleines en a chez les unes sept et chez les autres jusqu'à neuf. Les espèces de cet ordre se rapprochent un peu à cet égard des Poissons: du reste toutes leurs phalanges sont comme le métacarpe enveloppées sous la peau. Les doigts sont néanmoins encore indiqués à l'extérieur dans plusieurs espèces comme chez les Lamantins par la présence de quelques ongles.

Ainsi nous voyons chez les Cétacés le bras et l'avant-bras se raccourcir la main s'allonger et les phalanges s'envelopper entièrement et se cacher sous la peau. Telles sont les principales modifications que subit chez ces Mammifères anomaux le membre antérieur appelé chez eux à une fonction si différente de celle qu'il remplit ordinairement. Nous le voyons prendre la forme d'une véritable nageoire comme il en prend la fonction. La fonction dépend toujours en effet de la forme et la ressemblance de l'une

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entraîne nécessairement celle de l'autre. Mais l'anatomiste retrouve toupours en lui tous les élémens qui le composent chez les Mammifères normaux et il les trouve tous non-seulement avec les mêmes connexions mais aussi avec la même disposition et la même forme générale. C'est ainsi qu'au milieu de toutes ces anomalies le Cétacé reste toujours Mammifère dans l'essentiel de l'organisation et que les caractères du type classique sont tous conservés.

Aureste tous les Quadrupèdes aquatiques se rapprochent des Cétacés sous ce peint de vue qu'ils ont comme eux les membres raccourcis et que leurs doigts ne sont plus libres mais palmés c'est-à-dire unis dans toute leur étendue les uns aux autres par une continuation de la peau: c'est ce qui a lieu chez les Loutres les Rats d'eau les Desmans et surtout chez les Phoques dont les membres offrent véritablement surtout dans certaines espèces une grande ressemblance avec ceux des Cétacés dont ils ont même été long-temps pour cette raison considérés comme voisins.

Le membre antérieur de la Chauve-Souris modifié pour devenir un organe de vol leur aile suivant l'expression reçue est comme la nageoire du Cétacé un organe anomal à quelques égards mais dont les anomalies n'excèdent pas cependant les variations que comporte la constance des caractères classiques. Ses doigts ne diffèrent de ceux des Mammifères normaux que par leur extrême allongement leur extrême ténuité et par l'existence de la membrane alaire. Cette membrane n'est réellement qu'une palmature immense étendue non-seulement entre ces doigts si allongés mais aussi entre le bras et l'avant-bras la main et le corps le membre postérieur et la queue et dont les phalanges digitales et métacarpiennes amincies et prolongées à l'excès deviennent les baguettes tutricés. Du reste le membre postérieur (modifié lui-même d'ailleurs à d'autres égards d'une manière non moins remarquable. V. CHAUVE-SOURIS) et même un doigt de l'antérieur le pouce sont dans les conditions ordinaires de développement et il en est à peu près de même du bras et de l'avant-bras. Ainsi l'aile de la Chauve-Souris présente tous les caractères classiques d'un membre antérieur de Mammifère et ses anomalies elles-mêmes suffiraient à l'anatomiste pour reconnaître la classe à laquelle elle doit appartenir.

On voit que ces modifications éloiguent beaucoup moins les Chauve-Souris du type des Mammifères normaux que ne le sont les Cétacés; elles n'empêchent pas même que ces Animaux ne se trouvent fort voisins par leur organisation de divers Quadrumanes. La raison en est facile à concevoir: elle est dans la gracilité de leurs doigts eux-mêmes; l'allongement s'étant fait aux dépens de leur épaisseur il n'a entraîné l'atrophie d'aucun autre organe. séjour habituel du Cétacé dans un milieu où il ne peut respirer rendait d'ailleurs nécessaires pour lui des modifications dont la Chauve-Souris a naturellement dû se trouver exempte.

Le nombre des doigts est assez variable chez les Mammifères; les Quadrumanes les Cheiroptères et les Carnassiers en ont toujours cinq à chaque extrémité comme la plupart des Quadrumanes les Ours les Civettes et les Chats; ou cinq à l'une et quatre seulement à l'autre comme les Atèles et les Chiens; ou enfin quatre à l'une et à l'autre comme les. Hyènes etle Suricate; mais ce dernier cas est très-rare. Au reste le cinquième doigt existe généralement eu rudiment chez ces derniers Animaux quoiqu'il ne paraisse pas à l'extéirieur.

Le nombre des doigts est très-variable dans l'ordre peu naturel des Pachydermes; l'Hippopotame en a quatre et le Rhinocéros trois. Les Ruminans n'ont que deux grands doigts et les Chevaux qu'un seul mats chez les uns et le autres ou trouve latéralement deux autres doigts forts petits. Ainsi le nombre des

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doigts est toujours de cinq de quatre ou de trois ce dernier nombre ne se trouvant même que très-rarement.

Le pouce est généralement plus court que les autres doigts et il est très-souvent sans usage. Il a au contraire d'importantes fonctions à l'extrémité antérieure chez l'Homme à la postérieure chez la plupart des Marsupiaux et à l'une et à l'autre chez les Quadrumanes parce que devenant chez ces Animaux très-mobile et opposable aux autres doigts il fait de leur main un excellent organe de préhension. Au reste il n'est chez aucun Animal aussi long que chez l'Homme et par suite il n'est jamais d'une aussi grande utilité.

Il ne faut d'ailleurs en aucun cas attacher trop d'importance à l'existence de ce doigt; car il y a parmi les Quadrumanes même des genres où se trouvent à la fois des espèces tétradactyles et d'autres pentadactyles. Tel est le genre Àtèle formé d'abord uniquement d'espèces privées de pouce aux mains antérieures et au quel on a été obligé de réunir l'Hypoxanthe qui ayant tous les caractères du genre a cependant un petit pouce unguiculé. On peut remarquer ainsi que les Atèles ne mériteraient véritablement pas tous le nom de Quadrumanes.

Sternum et Côtes. Le sternum est chez les Mammifères un os allongé composé élémentairement de neuf pièces rangées à la suite les unes des autres et toutes bien distinctes chez ceux dont la poitrine est allongée et surtout chez le Phoque; mais dans beaucoup d'espèces la moindre étendue du coffre pectoral ne permet pas à toutes les pièces de se développer assez pour avoir une existence indépendante et oblige l'une d'elles (c'est ordinairement l'avant-dernière) à tomber dans les conditions rudimentaires; elle s'unit alors et se confond avec la dernière et le nombre des pièces sternales est ainsi réduit à huit. Enfin leur nombre diminue encore chez les Animaux à sabots qui n'en ont souvent que sept ou même seulement six de distinctes.

Les Mammifères n'ont jamais cette lame verticale qui chez les Oiseaux forme une saillie considérable au-devant du sternum et qui est connue sous le nom de bréchet. Les Chauve-Souris sont les seules où se trouve quelque chose de semblable mais leur sternum n'en garde pas moins le caractère classique; il est toujours composé de pièces en série et le bréchet n'est pas formé comme chez les Oiseaux d'une seule pièce (l'os enlosternal de Geoffroy Saint-Hilaire) mais d'une crête produite sur chacune des pièces élémentaires. C'est ainsi que nous voyons s'établir chez les Chauve-Souris le bréchet destiné comme chez les Oiseaux à fournir une surface plus considérable à l'insertion des muscles pectoraux nécessairement très-développés chez tous les êtres organisés pour le vol. Au contraire il n'y a plus de bréchet parmi les Oiseaux eux-mêmes dans quelques espèces telles que l'Autruche et le Casoar dont le membre antérieur est rudimentaire et tout-à-fait impropre au vol.

Nous avons vu en traitant des vertèbres dorsales que le nombre des côtes est variable dans les différentes familles; nous devons ajouter que dans la plupart le nombre des vraies côtes ou des côtes sternales est plus considérable que celui des fausses côtes; ainsi des douze côtes de l'Homme cinq seulement ne vont pas au sternum; et les mêmes nombres se retrouvent chez plusieurs espèces de Quadrumanes de Chauve-Souris de Rongeurs et de Ruminans; mais quelquesUnguiculés beaucoup de Pachydermes et les Cétacés ont au contraire plus de fausses côtes que de vraies. On voit que toutes ces modifications se rencontrent dans les mêmes familles naturelles et l'on ne doit pas par conséquent y attacher beaucoup d'importance.

Les côtes du sternum ou celles que l'Anatomie humaine désigne sous le nom de cartilages costaux à

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cause de leur état cartilagineux chez l'Homme sont cependant de véritables os; elles s'ossifient très-fréquement chez l'Homme lui-même et sont constamment osseuses chez plusieurs Mammifères de même que chez les Oiseaux. C'est pour cette raison qu'elles ont reçu quelque-fois le nom de côtes sternales par opposition aux côtes proprement dits ou côtes vertébrales: dénominations très-justes mais qu'il est cependant difficile d'adopter à cause de l'usage où l'on est de nommer côtes sternales les appendices costaux qui sent la colonne vertébrale au sternum c'est-à-dire à la fois et la sternale et la côte vertébrale.

Appareil hyoïdien. L'appareil hyoïdien est très rudimentaire chez l'Homme: toutes les espèces qui le composent sont petites et réunies ensemble: aussi ne l'a-t-on considéré que comme un os unique qui a reçu le nom d'hyoïde de sa forme à peu près semblable à celle de la lettre grecque. au contraire on étudie l'hyoïde du Cheval et du Bœuf on trouve les pièces hyoïdiennes très-grandes et très-distinctes mais formant néanmoins un seul appareil dont toutes les parties se tiennent.

L'hyoïde est élémentairement composé de onze pièces que Geoffroy Saint-Hilaire a le premier distinguées et qui sont suivant la nomenclature de cet anatomiste le basihyal ou le corps de l'os; l'urohyal ou sa queue; l'entohyal os intermédiaire; les deux glossohyaux ou les cornes postérieures; les deux apohyaux ou les premières pièces des cornes antérieures; les deux cératohyaux ou les secondes pièces de ces mêmes cornes et les deux stylhyaux ou les os styloïdes ordinairement fixés au crâne. Ces onze pièces ne sont généralement pas toutes distinctes chez les Mammifères classe où l'hyoïde existe dans un état moyen de développement. Il diffère d'ailleurs à plusieurs égards de celui des Ovipares. Chez ces derniers il ne se divise pas en quatre branches les cornes postérieures et les cornes antérieures; celles-ci étant ramenées sur la ligne médiane ou même soudées l'une à l'autre. Ces mêmes cornes chez les Ovipares sont spécialement et exclusivement consacrées à la langue; tandis que chez les Mammifères elles soutiennent également et le larynx et la langue.

En outre de ces caractères généraux l'hyoïde présente chez les Mammifères un grand nombre de modifications remarquables dont nous nous contenterons de faire connaître une des principales celle qu'il offre chez les Alouates. Ces Singes que la force extrême de leur voix a rendus célèbres sous le nom de Singes hur-leurs ont le corps de l'hyoïde d'une grosseur considérable et formant une caisse osseuse très-large et très-bombée dont les parois sont minces et élastiques et qui présente en arrière une large ouverture. Les petites cornes consistant dans deux petites apophyses sont placées près de cette ouverture; et les grandes cornes sont articulées plus haut.

Des Muscles.

Les recherches de H. M. Edwards sur la structure des muscles lui ont montré la fibre élémentaire identique chez tous les Animaux et toujours formée d'une série de globules de même diamètre; aussi la structure des muscles chez les Mammifères ne varie-t-elle pas généralement dans les différentes familles et ne présente-t-elle même aucune différence générale avec ce qu'on observe dans d'autres classes ou du moins dans celle des Oiseaux. Au contraire relativement à leurs formes à leur volume à leurs usages les muscles présentent une infinité devariations. Ils diffèrent même sous le rapport du nombre proportionnel des fibres musculaires et des parties tendineuses qui entrent dans leur composition en sorte que certains muscles presque entièrement charnus dans une famille sont dans une autre presque seulement tendineux ou aponévrotiques. Enfin plusieurs muscles viennent même à man-

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quer dans certaines familles comme par exemple le carré pronateur chez les Chauve-Souris qui n'ont qu'un rudiment du cubitus. Au reste toutes ces variations des muscles sont toujours nécessairement liées à celles des os dont elles dépendent; en sorte qu'on peut souvent par la forme d'un os juger de la forme du volume et de la direction des muscles qui doivent s'y attacher.

Nous n'essaierons pas d'indiquer ici toutes ces variations dont il serait difficile de donner une idée sans entrer dans de longs développemens; nous présenterons seulement quelques remarques sur le diaphragme qui nous fournira l'un des caractères classiques les plus importans des Mammifères. On a dit que les êtres de cette classe ont seuls un diaphragme et que les Ovipares n'en ont pas. Il n'y a point en effet chez ceux-ci de distinction entre la cavité thorachique et la cavité abdominale; mais le diaphragme n'en existe pas moins en rudiment. D'après les idées du professeur Serres et sa théorie du développement excentrique tout organe se forme de la circonférence au centre de dehors en dedans; tout organe impair et médian est formé de deux parties paires et latérales primitivement distinctes mais qui s'étendant toujours de dehors en dedans out fini par se réunir et se confondre sur la ligne médiane.

Le développement du diaphragme se fait en effet exactement suivant cette loi et commence de même chez tous les Vertébrés. Sa partie externe sà circonférence se forme d'abord chez tous et ou peut dire alors que le diaphragme existe semblable chez les Mammifères et chez les Ovipares: mais ce premier degré de développement est le seul où parviennent ces dernier tandis que chez les Mammifères les deux demi-diaphragmes ne tardent pas à se réunir sur la ligne médiane en laissant seulement des ouvertures pour le passage des vaisseaux. Telle est sous le rapport du diaphragme la différence des Vertébrés supérieurs et inférieurs; différence considérable sous le rapport physiologique le diaphragme devenant inutile et sans fonctions en même temps que rudimentaire; et au contraire différence presque nulle pour la théorie des analogues.

L'idée que les organes des Animaux inférieurs réalisent les conditions de ceux des Animaux supérieurs dans leur état embryonnaire ou fœtal; et celle que les monstruosités proviennent d'un retardement de développement et par suite doivent aussi tomber dans les conditions organiques des classes inférieures reçoivent toutes deux ici une application fort remarquable. D'une part nous avons vu qu'il en était sous le rapport de l'absence du diaphragme des fœtus de Mammifères comme des Animaux ovipares adultes; et de l'autre le même fait organique se reproduit assez fréquemment chez les monstres. Ainsi on en voit chez lesquels le diaphragme est aussi rudimentaire que chez les Oiseaux; plus souvent on trouve au centre une large ouverture par laquelle une partie des viscères abdo-minaux remonte dans le thorax.

Ainsi nous voyons chez le Marmmifère adulte et normal un diaphragme complet percé seulement de fort petites ouvertures; chez les Ovipares chez le jeune embryon et chez quelques monstres on peut au contraire le considérer comme percé d'une ouverture dont le diamètre égale presque celui du corps tout entier; et chez d'autres monstres ainsi que chez les embryons d'une époque de développement plus avancée on trouve une ouverture d'une étendue moyenne.

Du Cœur et des Vaisseaux.

En définissant le Mammifère nous avons déjà indiqué les principaux caractères que présente le cœur dans cette classe; nous avons vu qu'il était constamment divisé en deux ventricules et deux oreillettes. Il n'y a point à cet égard d'exception et ce caractère est fondamental. Cependant il ne

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l'est pas tellement que le jeune Mammfèere ne réalise jusqu'à un certain point les conditions de certains Reptiles (les Batraciens) par l'ouverture du trou de botal qui met en communication l'oreillette droite et la gauche; mais ce trou ne tarde pas à se fermer entièrement; et l'on peut dire que la circulation est constamment double chez les Mammifères.

Les vaisseaux présentent au contraire une foule de variations non-seulement dans les familles d'un même ordre mais mêe dans les individus d'une même espèce. Ainsi chez l'Homme seul on a rencontré presque toutes les vara qui forment l'état à peu près constant d'autres Mammifères. Souvent même les vaisseaux d'un côté du carps diffèrent considérablement de ceux de l'autre côté. Ainsi par exemple nous avons vu plusieurs fois les artéres radialeet cubitale de l'Homme qui ne présentaient d'un côté rien de particulier et naissaient comme à l'ordinaire un peu au-dessous du pli du bras commencer au contraire de l'autre presque vers la partie supérieure de l'humérus. Cette anomalie est remarquable parce qu'elle réalise précisément les conditions normales des artères du bras de la plupart des Marsupiaux.

Cependant au milieu de toutes ces variations les trois systèmes vasculaires le lymphatique le veineux et l'artériel et surtout ce dernier offrent toujours quelques caractères qu'on peut nommer classiques dans ce sens qu'ils se retrouvent presque toujours chez les Mammifères et ne s'observent jamais chez les Ovipares. Au contraire la division du cœur en deux oreillettes et deux ventricules toute constante et invariable qu'elle reste dans toutes les familles ne peut nullement servir à distinguer les Mammifères des Ovipares; car les Oiseaux ont comme eux la circulation double.

Cœur. Le cœur a chez tous les Mammifères la même structure que chez l'Homme. Toujours les parois des ventricules sont charnues el fort épaisses; toujours les oreillettes ont des appendices qui sont comme sur-ajoutés à la masse. En outre toujours aussi le cœur et l'origine des gros vaisseaux se trouvent enveloppés par le péricarde de même que chez l'Homme: cette membrane séreuse véritable sac sans ouverture ne contient pas l'organe dans sa cavité; mais tandis qu'une de ses parties adhère au cœur l'autre forme un repli qui l'entoure de nouveau en sorte que ce viscère se trouve doublement enveloppé par le péricarde et que cette membrane est de toute part en rapport avec elle-même par sa face interne. Le péricarde a pour principal usage d'assujettir le cœur dans sa position comme l'ont prouvé des expériences directes sur les Animaux vivans. Ainsi il se fixe tantôt comme chez les Singes et l'Homme au diaphragme tantôt aux prolongemens du médiastin.

Le cœur lui-même présente sous le rapport de sa forme quelques modifications; la plus remarquable est celle qui a lieu chez le Lamantin dont les deux ventricules sont en arrière tout-à-fait séparés d'où il résulte que sa pointe est remplacée par une échancrure assez considérable. La capacité proportionnelle des ventricules et des oreillettes varie peu. On sait que chez l'Homme le ventricule droit est plus étendu que le gauche; et il paraît qu'il en est de même de tous les Mammifères. La différence est d'ailleurs chez tous peu considérable et la capacité de l'un est presque toujours à peu près égale à celle de l'autre comme on peut le voir par les observations de Cuvier (Anat. Comp.) et de Legallois (article Cœur du Dictionnaire des Sciences médicales).

Le ventricule gauche est généralement celui dout les parois sont les plus épaisses; et ses muscles sont aussi plus nombreux et plus variés; c'est en effet sa contraction qui doit chasser le sang dans toutes les parties du corps par l'aorte.

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* Système artériel.

Aorte. Cette première artère d'où naissent toutes les autres naît elle-même du ventricule gauche. Elle remonte d'abord un peu puis se recourbe et redescend le long de la colonne vertébrale placée à sa partie antérieure mais un peu à gauche l'œsophage d'abord et ensuite la veine cave inférieure occupant la partie droite. Quelquefois au contraire par anomalie on trouve la veine cave à gauche et l'aorte à droite; mais cette transposition est très-rare.

L'aorte est ainsi formée de deux parties l'une courbe nommée la crosse de l'aorte et l'autre droite nommée l'aorte descendante par opposition avec les artères qui naissent de la crosse artères destinées à la tête et au bras et qui ont reçu collectivement le nom d'aorte ascendante de leur direction de même que leur usage leur a valu celui d'artères brachio-céphaliques. L'aorte descendante ou l'aorte proprement dite se divise elle-même naturellement en deux portions l'une placée au-dessus du diaphragme l'aorte pectorale ou thorachique; l'autre placée au-dessous l'aorte ventrale ou abdominale. Nous ferons connaître successivement les principales artères provenant de ces trois parties de l'aorte ainsi que celles qui naissent de sa terminaison.

Aorte ascendante. Les artères de l'aorte ascendante sont essentiellement au nombre de quatre savoir les deux sous-clavières appartenant aux deux membres supérieurs et les deux carotides appartenant aux deux côtés de la tête. Mais il est très-rare que ces quatre artères aient toutes une origine distincte. C'est cependant ce qui se voit dans quelques espèces (et quelquefois par anomalie chez l'Homme lui-même); mais le plus souvent la carotide et la sous-clavière droites naissent d'un tronc commun nommé tronc innominé ou tronc brachio - céphalique. L'Éléphant a de même trois artères; mais ces trois artères sont les deux sous-clavières et un tronc commun aux deux carotides. Chez plusieurs Mammifères la crosse de l'aorte ne fournit que deux artères savoir la sous-clavière gauche et un tronc commun d'où naissent la droite et les deux carotides; c'est ce qui a lieu chez la Marmotte et le Cabiai chez lesquels la carotide gauche se sépare bientôt des deux autres; et aussi chez les Chats les Ours et plusieurs autres Carnassiers chez lesquels c'est au contraire la sous-clavière qui se sépare d'abord le tronc innominé se continuant alors en un autre tronc artériel dont les deux carotides sont des divisions. Enfin chez les Ruminans et chez plusieurs Pachydermes il y a une véritable aorte ascendante ou plutôt à cause de la position horizontale du corps de ces Animaux une aorte antérieure l'aorte se divisant dès sa naissance en deux gros troncs dont l'un descend et dont l'autre remonte le long de la coloune vertébrale. Ainsi nous voyons l'aorte ascendante formée à son origine tantôt d'une seule branche tantôt de deux de trois et de quatre.

Quoiqu'il en soit de ces premières branches naissent les artères suivantes: 1° de la carotide qu'on nomme primitive pour la distinguer des suivantes la carotide externe qui nourrit toute la face toutes les parties externes de la tête la langue et donne même des rameaux à diverses parties cervicales; et la carotide interne qui se distribue dans le cerveau pénétrant dans le crâne par un conduit creusé dans le rocher et connu sous le nom de canal ou de conduit carotidien. Elle donne en outre des branches cérébrales l'artère ophthalmique qui se distribue aux diverses parties du globe de l'œil à ses muscles et fournit même aussi quelques rameaux à la face. 2° De la sous-clavière l'artère vertébrale qui après de nombreuses inflexions s'introduit dans le crâne par le grand trou occipital et nourrit le cervelet et la moelle épinière. Cette artère d'un calibre assez fort s'unit sur l'os

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basilaire à sa congénère et donne aussi un exemple d'une anastomose de l'espèce la plus remarquable. L'artère sous-clavière se continue d'ailleurs avec l'axillaire la brachiale et enfin la radiale et la cubitale divisions de la brachiale; et c'est de ces diverses artères que naissent toutes les blanches nutricières des diverses parties du bras. Ces deux dernières qu'on voit commencer tantôt plus haut tantôt plus bas sont constantes et se retrouvent même chez les Mammifères qui n'ont qu'un seul os de l'avant-bras. Les Loris et les Nycticèbes sont suivant Carlisle remarquables par un lacis vasculaire qui entoure la brachiale et qui résulte de l'anastomose d'un grand nombre de rameaux fournis par l'axillaire.

Aorte pectorale. Elle fournit un grand nombre de branches connues sans les noms de brorchiques d'œsophagiennes de médiastines dont les noms indiquent suffisamment l'usage et les intercostales dont le nombre varie avec celui des côtes et qui appartiennent principalement à ces os et aux muscles intercostaux.

Aorte abdominale. Elle donne ordinairement: 1° le tronc cœliaque qui se divise en trois artères qui se rendent l'une à l'estomac l'autreau foie la troisième à la rate; 2° la mésentérique supérieure qui nourrit tout l'intestin grêle et une portion du gros; 5° la mésentérique inférieure qui nourit le reste de ce dernier intestin c'est-à-dire une portion du colon et le rectum. Toutes ces artères naissent à peu près de la partie antérieure de l'aorte. Parmi celles qui naissent sa partie latérale nous remarquerons 4° les rénales qui nourrissent les reins; 5° les spermatiques qui appartiennent aux testicules chez l'Homme et aux ovaires chez la Femme; 6° enfin les lombaires qui sont les analogues des intercostales. 7° Enfin on peut y joindre les capsulaires petites branches qui nourrissent les capsules surrénales et qui sont tantôt des branches de l'aorte tantôt seulement des rameaux des artères rénales. Les Ruminans n'ont point le tronc cœliaque disposé tout-à-fait comme les autres Mammifères; les artères hépatique splénique et coronaire stomachique naissent successivement de la cœliaque.

Branches terminales de l'corte. Elles varient pour leur origine comme celles qui naissent de la courbure aortique. Chez l'Homme et la plupart des Mammifères l'aorte se divise à sa terminaison en trois branches les deux iliaques primitives et la sacrée moyenne; chez d'autres comme chez les Ruminans et beaucoup de Carnassiers elle se divise en quatre branches les deux iliaques externes la sacrée moyenne et un tronc d'où naissent presque aussitôt les deux iliaques internes.

L'artère nommée sacrée moyenne a été nommée ainsi par opposition avec les sacrées latérales petites artères qui naissent ou de l'iliaque interne ou de ses branches. Chez l'Homme elle n'a pas en effet un calibre plus considérable et on n'a pas attaché plus d'importance à l'une qu'à l'autre. Cependant cette petite artère cette petite branche de l'aorte comme dit l'anatomie humaine est véritablement une portion de l'aorte elle-même portion qu'on pourrait nommer aorte caudale. Elle a en effet la direction de l'aorte et se continue avec elle; elle en a les rapports l'os sacrum devant lequel elle est placée n'étant comme nous l'avons remarqué qu'une réunion de vertèbres bien distinctes et séparées dans le jeune âgé; elle en a même le volume et l'importance chez plusieurs Mammifères comme les Cétacés et les Kanguroos et chez l'embryon humain lui-même chez lequel elle est considérable.

L'iliaque interne ou l'hypogastrique nourrit presque tous les viscères contenus dans le bassin. Ses principales branches sont: 1° l'iléo-lombaire qui se distribue aux muscles des lombes et de la fosse iliaque; 2° la sacrée latérale dont nous avons déjà parlé et qui est quelquefois double;

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ses rameaux se distribuent aux muscles de l'épine; plusieurs pénètrent dans le canal sacré; 3° la fessière qui se distribue dans les muscles fessiers; 4° l'ombilicale artère considérable chez le fœtus mais presque oblitérée chez l'adulte; elle donne quelques petits rameaux à la vessié; 5° les vésicales qui se rendent aussi à la vessie: leur nombre Varie; 6° l'obturatrice qui se distribue aux muscles de la partie supérieure de la cuisse; 7° l'utérine qui se rend à la matrice; 8° l'ischiatique qui se distribue aux muscles de la partie supérieure de la cuisse; 9° la honteuse interne qui se rend aux organes à génitaux externes et quelques autres. L'origine de toutes ces artères varie fréquemment et plusieurs manquent même quelquefois.

L'artère iliaque externe change bientôt de nom et prend celui de crurale ou de fémorale; elle fournit l'artère épigastrique artère peu importante chez les Animaux à mamelles pectorales; mais qui le devient beaucoup dans les espèces à mamelles ventrales chez lesquelles l'épigastrique est l'artère mammaire. Les mamelles sont au contraire nourries chez les espèces à mamelles pectorales par l'artère thorachique interne ou la sous-sternale blanche de la sous-clavière. Mais un fait fort remarquable c'est que ces deux artères dont les fonctions sont comme on le voit analogues et qui se suppléent l'une l'autre s'anastomosent constamment ensemble par plusieurs branches.

L'artère crurale ou plutôt la poplitée (car elle prend ce nom vers le bas de la cuisse) se divise vers la partie superieure de la jambe en deux branches la tibiale antérieure et la tibiale postérieure qui ne tarde pas à fournir une grosse branche nommée péronière. Ce sont ces trois artères ainsi que la crurale et la poplitée qui nom rissent tout le membre inférieur. Suivant Carlisle on retrouve également au membre inférieur un lacis vasculaire semblable à celui du membre supérieur chez les Loris les Nycticèbes et les Bradypes. Ce fait remarquable et qui a long-temps passé pour faux a été vérifié par Quoy et Gaimard pour les Bradypes; mais les petites artères qui le forment ne se réunissent pas ensuite en un seul tronc comme l'avaient supposé quelques personnes.

Chez les Cétacés l'artère iliaque externe manque avec tout le membre postérieur; l'aorte donne seulement deux branches qui sont les deux iliaques internes. Dans ce cas l'aorte se continue bien évidemment avec l'artère sacrée moyenne qui ne diffère plus du reste de l'aorte de même que les vertèbres auxquelles elle correspond ne diffèrent plus de celles du reste de la colonne vertébrale.

Chez les Marsupiaux les artères abdominales présentent des variations non moins remarquables. La principale consiste dans l'absence de la mésentérique inférieure; en outre l'aorte se termine beaucoup plus haut et les iliaques font en descendant un angle beaucoup plus aigu que chez les autres Mammifères. Par suite la sacrée moyenne la crurale les branches de cette artère et particulièrement l'épigastrique ont un calibre plus considérable. Ces faits découverts par Geoffroy Saint-Hilaire (V. l'article Marsupiaux du Dict. des Sc. Nat. T. XXXIX et celui de ce Dictionnaire) lui ont révélé les causes du mode particulier de génération et des principales modifications organiques que présente la tribu si remarquable des Animaux à bourse. Le même naturaliste a plus récemment découvert que la principale de ces modifications l'absence de l'artère mésentérique que les Marsupiaux présentent seuls parmi les Mammifères se retrouve également chez les Oiseaux. (V. INTDSTIN.) Ainsi se trouve expliquée la grande analogie qu'il avait lui-même signalée autrefois entre les Oiseaux et le Animaux à bourse dont les anomalies comme il l'a démontré réalisent à beaucoup d'égards les conditions normales ornithologiques.

Les artères pulmonaires dont il nous reste à parler ne diffèrent chez

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les Mammifères de celles de l'Homme que par le nombre de leurs subdivisons qui varie avec celui des lobes du poumon. Cuvier a cependant remarqué (Anat. comp. T. IV) que les Cétacés ont les parois du tronc pulmonaire presque aussi épaisses que celles de l'aorte; il pense que peut-être la circulation pulmonaire est plus difficile chez eux que chez les autres Mammifères.

**Système veineux.

Les reines sont généralement plus nombreuses que les artères et on trouie presque partout plusieurs vaisseaux veineux pour un seul artériel. Du reste elles se distribuent comme les artères les accompagnent généralement et ont presque partout reçu les mômes noms. On touve cependant plusieurs différences que nous indiquerons.

1°. Il n'y a point pour les vaisseaux veineux un seul tronc central comme pour les vaisseaux artériels mais deux connus sous le nom de veines caves supérieure et inférieure. La première qui s'ouvre à la partie supérieure de l'oreillette droite ramène tout le sang des membres supérieurs et de toutes les parties céphaliques cervicales et thorachiques; la seconde qui s'ouvre à la partie inférieure ramène celui des membres inférieurs des viscères abdominaux et de toutes les parties abdominales.

2°. On nomme veine azygos une reine du coté droit qui met en communication la veine cave supérieure et l'inférieure s'ouvrant en bas dans celle-ci et de même près de sa terminaison dans la première.

3°. Les membres supérieurs outre les veines qui sont analogues aux artères brachiale cubitale et radiale ont d'autres veines superficielles nommées basilique et céphalique.

4°. Les membres inférieurs ont de même que les supérieurs des veines superficieiles qui n'ont pas d'analogues parmi les artères et qu'on nomme saphènes interne et externe.

5°. Enfin il existe encore quelques autres différences dont nous indiquerons les principales en traitant du cerveau et du foie.

Les variations que présentent les veines sont d'ailleurs fort nombreuses; ainsi quelques espèces ont une veine azygos à gauche tout aussi bien qu'à droite disposition qui se rencontre fréquemment chez l'Homme lui-même. Une autre modification plus remarquable a été observée par Cuvier chez le Porc-Épic et l'Eléphant. Ces deux Animaux ont deux veines caves antérieures une pour chaque côté.

*** Système lymphatique.

Telle est la distribution des principales artères et des principales veines chez les Mammifères. Quant aux vaisseaux lymphatiques on a cru long-temps qu'ils n'existaient que chez les Mammifères tous les Ovipares en étant généralement privés ou du moins n'en ayant quelques-uns que dans la région cervicale. Aujourd'hui l'existence du système lymphatique chez les Oiseaux est un fait qui ne peut plus être révoqué en doute. Les anatomistes allemands Tiedemann et Fohmann et tout récemment en France le docteur Lauth fils l'ont en effet démontrée de la manière la plus évidente. Ainsi les lymphatiques ne sont nullement propres aux Mammifères et de même que nous l'avons vu pour les systèmes artériel et veineux ne diffèrent chez les Ovipares que sous le rapport de leur distribution et de leur disposition.

De l'organe et des voies respiratoires.

La respiration est toujours simple chez les Mammifères et non pas double comme chez les Oiseaux où l'air pénètre dans toutes les parties du corps et agit sur le sang des vaisseaux aortiques comme sur celui des vaisseaux pulmonaires. D'un autre côté le poumon des Mammifères diffère beaucoup par sa structure de celui des Reptiles chez lesquels la respiration est beaucoup moins complète. Les Mammifères sont donc

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généralement sous le rapport de la quantité de leur respiration dans un degré qui leur est propre et qui se trouve intermédiaire entre celui des Oiseaux et celui des autres Ovipares.

Le conduit aérien par lequel l'air pénètre dans le poumon présente aussi des caractères particuliers chez les Mammifères dans l'absence des parties trachéales inférieures connues chez les Oiseaux sous le nom de larynx inférieur; en sorte qu'il n'est formé que de trois parties principales le larynx la tracnée - artère et les bronches.

Larynx. Les principales parties qu'on a distinguées dans le larynx sont: 1° le cartilage thyroïde le plus grand de tous et placé à sa partie supérieure et antérieure; il est formé de deux lames obliques s'unissant sur la ligne médiane; 2° le cartilage cricoïde dont la forme est celle d'un auneau; il est placé au-dessous et en arrière du thyroïde; 3° les cartilages arythénoïdes qui s'articulent sur la partie postérieure du cricoïde; c'est à leur base que s'attachent les ligamens de la glotte ou les cordes vocales; 4° d'autres cartilages nommés tubercules de Santorini et placés entre les arythénoïdes et l'épiglotte; 5° l'épiglotte cartilage mol impair placé au-dessus du bord supérieur du thyroïde. Tous ces cartilages sont unis les uns aux autres par des membranes des ligamens et par des muscles au moyen desquels les diverses pièces laryngiennes sont mobiles les unes sur les autres; mais le larynx est en outre mobile dans sa totalité soit au moyen des muscles thyro-hyoïdiens et sterno-thyroïdiens soit aussi au moyen des muscles de l'hyoïde parce que le larynx se trouvant suspendu à cet os est obligé ainsi de participer à ses mouvemens.

Telle est la disposition générale du larynx chez les Mammifères; mais il présente en outre un grand nombre de modifications tenant aux variations de forme et de volume des divers cartilages; leur structure elle-même est sujette à varier et quoique ordinairement cartilagineux ils viennent quelquefois cependant o seux. C'est ce qui se voit chez beaucoup d'Animaux herbivores à peint adultes et chez l'Homme lui-même dans sa vieillesse. L'ossification même fréquemment lieu beaucou plus tôt chez cedernier à la suite d'u développement extraordinaire de tou l'organe vocal et quelquefois elle s fait plus promptement d'un côté qu de l'autre comme l'a vu Geoffroy Saint-Hilaire (Phil. Anat. T. 1 p. 244.) chez un Homme que sa profession obligeait de crier dans les rues.

Le larynx varie aussi chez l'Homme suivant l'âge et le sexe: on sai en effet combien le larynx d'une Femme d'un enfant ou d'un castrat diffère de celui d'un Homme adulte et l'on sait aussi combien leur voix diffère. De pareilles variations mais beaucoup plus considérables et surtout beaucoup plus nombreuses ont lieu chez les Mammifères. On fera connaître les principales dans d'autres articles (V. Voix Larynx et TRACHÉE-ARTÈRE); l'étendue de celui-ci ne nous permettant pas d'entrer dans tous les détails nécessaires. Nous devons seulement dire ici quelques mots des sacs thyro-hyoïdiens es Singes. Ce sont de grands sacs membraneux situés sous la gorge et qui s'ouvrent dans le larynx entre l hyoïde et le thyroïde. Ces sacs se trouvent chez beaucoup de Singes mais plus ou moins développés. Camper a quelquefois trouvé celui d'un côté beaucoup plus considérable que celui de l'autre.

Trachèe-artère et bronches. La trachée-artère qui fait suite au larynx et dans laquelle se continue la même membrane muqueuse est toujours un canal de forme arrondie et dont la longueur est proportionnelle à celle du col. Elle est formée en devant et sur les côtés de cartilages unis ensemble par un tissu fibreux et en arrière par une membrane musculeuse. Ces cartilages dont le nombre varie ont été nommés an-

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seaux de la trachée-artère à cause de leur forme qui est en effet celle d'anneaux quelquefois complets comme chez les Makis mais le plus seuvent incomplets comme chez l'Homme où ils oe ceignent que les deux tiers antérieurs du canal.

La trachée-artère est placée au devant de l'œsophage qui la sépare de la colonne vertébrale et occupe li ligne médiane: arrivée au niveau des premières vertèbres dorsales elle se divise en deux parties; qui se dirigent l'une à droite l'autre à gauche et pénètrent dans les poumons oûeües se divisent et se subdivisent à l'infini. Ces divisions ou les bronches out généralement la même forme et la même structure que la trachée-artère; seulement à mesure qu'elles se divisent et que leur diaaètre devient moins considérable les anneaux cartilagineux deviennent et moins larges et moins nombreux et ils finissent même par disparaître entièrement en sorte que les dernières divisions des bronches sont seulement musculo-membraneuses.

Poumons. Ce sont toutes ces divisions des bronches et celles non moins nombreuses des vaisseaux pulmonaires qui composent dans son essentiel le poumon chez les Mammiferes. Les cellules pulmonaires ne sont en effet autre chose suivant la plupart des anatomistes que la terminaison en cul-de-sac des ramifications bronchiques réduites à un diamètre infiniment petit.

Les poumons de l'Homme sont divisés par des scissures profondes en plusieurs parties ou lobes qui sont au nombre de deux pour le gauche de trois pour le droit: chez tous les Mammifères ce dernier est aussi généralement celui qui a un nombre de lobes plus considérable; ainsi il en a presque toujours trois ou quatre et le gauche deux ou trois seulement: mais il y a exception pour les Cétacés la plupart des Pachydermes et quelques genres de Cheiroptères de Marsupiaux et de Ruminans qui n'ont aueun lobe distinct; et pour le Porc-Epic qui en a au contraire jusqu'à cinq à gauche et six à droite. Au reste tous ces nombres sont sujets à quelques variations dans les mêmes espèces.

Le poumon est toujours enveloppé par la plèvre membrane séreuse dont une partie adhère au poumon et l'autre aux parois de la poitrine: cette membrane forme ainsi chez les Mammifères un sac sans ouverture et dont la cavité est vide; elle se comporte à l'égard du poumon comme nous avons vu le péricarde se comporter à l'égard du cœur.

Tels sont les principaux caractères du poumon et des voies pulmonaires dans cette classe: presque tous lui appartiennent exclusivement. Toutes les autres et celle des Oiseaux ellemême présentent une foule de différences dont nous devons indiquer les principales.

1°. La trachée-artère n'est pas toujours proportionnée àla longueur du col; mais elle présente quelquefois un repli qui se loge sous le sternum ou dans une cavité de cet os comme chez diverses espèces de Hérons et dans le Cygne à bec jaune (Anas Cygnus).

2°. Elle n'est pas non plus toujours cylindrique et présente dans quelques espèces comme chez les Harles et plusieurs Canards des dilatations plus ou moins considérables.

3°. Les anneaux cartilagineux sont ordinairement complets dans la trachée-artère.

4°. Les bronches arrivées dans le poumon se subdivisent tout d'un coup en une infinité de rameaux.

5°. Par suite de cette différence il n'y a point de lobes pulmonaires distincts.

6°. Les poumons sont encastrés dans les côtes enfoncés dans leurs intervalles; et ils sont ainsi divisés par des sillons parallèles entre eux et de même forme que les côtes.

7°. Les bronches ne se terminent pas toutes en cellules aériennes; au contraire plusieurs rameaux considérables aboutissent à la surface des

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poumons en sorte que l'air peut s'échapper et se répandre dans toutes les parties du corps.

8°. La plèvre ne forme plus un sac sans ouverture.

9°. Enfin on trouve chez les Oiseaux à la bifurcation de la trachée-artère un appareil remarquable formé de pièces cartilagineuses et de muscles et auquel on a donné le nom de larynx inférieur parce qu'il est véritablement l'organe de la voix chez les Oiseaux et qu'il remplit ainsi à leur égard les mêmes fonctions que le véritable larynx chez les Mammifères. Geoffroy Saint-Hilaire a montré (Phil. Anat. T. 1) que ces pièces cartilagineuses ne sont autres que qruelques anneaux de la trachée-artère plus ou moins modifiés; et quant à leurs muscles il est parvenu à retrouver de même leurs analogues chez les Mammifères où ils existent en effet à la partie postérieure de la bifurcation de la trachée-artère. Ces muscles avaient même déjà été assez anciennement vus et aécrits chez l'Homme par Wohlfahrt et Heister.

Des organes digestifs.

La grandeur de l'ouverture buccale est très-variable dans les diverses familles de Mammifères; mais toutes ses variations sont presque constamment en rapport avec celles de l'os intermaxillaire comme l'a le premier remarqué Geoffroy Saint-Hilaire: la commissure des lèvres s'étend toujours en effet jusqu'au niveau postérieur de cet os. Ainsi les Fourmiliers qui l'ont très-petit ont aussi l'ouverture buccale extrêmement étroite quoique leurs mâchoires soient plus allongées que dans aucun autre Mammifère. Les Chauve-Souris insectivores font cependant exception à cet égard et leur gueule est fendue jusqu'au niveau des dernières motaires. Elles offrent ainsi parmi les Mammifères une anomalie qui forme également le caractère de plusieurs Oiseaux qui se nourrissent également d'Insectes. On sait en effet que les Hirondelles et les Engoulevens ont le bec fendu jusqu'audelà des yeux.

Langue. La langue occupe une grande partie de la cavité orale: elle est ordinairement charnue épaisse très-mobile mais peu extensible comme chez l'Homme: quelques espèces font cependant exception: tels sont d'un côté les Cétacés chez les-quels elle est adhérente au palais; et e l'autre les Fourmiliers et les Pan-golins chez lesquels elle est extrêmement grêle et amincie et en même temps tellement extensible qu'elle peut acquérir une longueur rouble ae celle de leur tête déjà extrêmement allongée. Au reste sans cet amincissement et cettc longueur considérables ces Animaux dont l'ouverture buccale est si petite n'eussent pu se procurer leur nour-riture.

Les anomalies de la langue du Cétacé et de celle du Fourmilier ou du Pangolin quoique précisément inverses l'une de l'autre produisent cependant à certains égards les mêmes effets physiologiques. Chez les uns et les autres la langue se trouve soustraite à l'une des fonctions qu'elle remplit généralement celle de favoriser la mastication. Or n'est-il pas bien remarquable que ces Animaux les Cétacés les Fourmiliers et les Pangolins soient aussi les seuls Mammifères qui manquent de dents ou qui n'aient que des dents impropres à la mastication? Et y aurait-il donc un rapport entre la forme et la structure de la langue et celles des dents de manière que dans toutes les espèces où la langue n'existe plus comme auxiliaire de la mastication les directs et principaux agens de cette fonction vinssent à manquer pareillement les dents ou ne s'y rencontrant plus ou s'y rencontrant sous d'autres formes et avec d'autres usages? C'est aussi ce qui paraît avoir lieu chez les Monotremes les Oiseaux les Reptiles et les Poissons qui manauent en général ou tout-à-fait de dents ou du moins de dents

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propres à la mastication; et c'est cependant ce qui ne serait pas d'une amière absolument générale s'il est nai selon l'observation de l'illustre Humboldt que les Lamantins qui cet un système dentaire très-parfait et très-propre à la mastication et dont les dents ressemblent même à s'y méprendre à celles de plusieurs Quadrupèdes herbivores aient comme les autres Cétacés la langue adipeuse et firée au palais.

Dents. Sous le rapport de e dentaire les Mammifères de commun qu'ils n'ont de dents sur d'autres os que les maxillaires ou les intermaxils leurs dents varient d'ailleurs beaucoup soit pour leur insertion t pour leur nombre soit pour lear forme. La forme est ici beaucoup plus importante que le nombre parce que c est elle et non pas le nombre qui détermine la fonction et que les dents ont surtout frange importance physiologique. C'est en effet parce qu'il est toujours en rapport de fonctions avec « rotres organes du système digestif que le système dentaire indice constamment leurs modifications par les siennes propres.

Les dents des Mammifères ont été distinguées particulièrement d'après leur insertion en trois classes les incisives les canines les molaires: mais il s'en faut bien que les trois sortes de dents existent dans toutes les espèces. Nous avons déjà que les Fourmiliers et les Pantins n'en ont aucune: le Narwhal n'a que deux canines quoique d'ail-lears les dents qui se trouvent le plus constamment soient cependant la molaires. Celles qui manquent le îfôs souvent sont au contraire les «ctsives: car Geoffroy Saint-Hilaire montré il y a quelques années (V. RONGEURS) que les prétendues incisives des Rongeurs sont de vériables canines.

Le molaires se rapportent eu égard à leur forme à quatre types principaux.

1°. Les unes sont larges et aplaties: elles sont propres a broyer et appartiennent aux Herbivores.

2°. D'autres sout hérissées de pointes coniques: elles sont propres à briser les élytres et les parties dures des Insectes et appartiennent aux Insectivores.

3°. D'autres sont tranchantes: elles sont propres à déchirer la chair et appartiennent aux Carnivores.

4°. Enfin d'autres sont toutes coniques allongées simples ne se correspondant plus entre elles: elles ne sont propres qu'à retenir une proie et appartiennent aux Cétacés qui n'ont pas de mastication.

Les Baleines n'ont même plus de dents; mais les lames cornées qui garnissent les deux côtés de leurs mâchoires ou leurs fanons en tiennent véritablement lieu: ils remplissent en effet les fonctions des dents chez les autres Cétacés et servent aussi à retenir la proie. Ils leur sont d'ailleurs analogues aux yeux de l'anatomiste; et c'est ainsi que le système dentaire d'un Mammifère vient à nous reproduire presque à tous égards celui des Oiseaux et particulièrement comme l'a montré Geoffroy Saint-Hilaire (Système dentaire des Mamm. et des Oiseaux) celui du Canard Souchet.

Glandes salivaires. En outre des dents et de la langue on trouve dans la bouche plusieurs glandes salivaires nommées d'après leur position parotides sublinguales et maxillaires. Ces glandes sont surtout développées dans les espèces chez lesquelles les alimens séjournent le plus long-temps dans la cavité orale comme sont les Herbivores: elles sont atrophiées par la raison contraire chez les Cétacés qui avalent leur nourriture sans l'avoir préparée dans leur bouche par la mastication.

Voile du palais. Enfin le voile du palais est une sorte de rideau suspendu à la voûte du palais et qui se porte vers la base de la langue: il est formé de plusieurs muscles enveloppés dans un repli de la membrane

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muqueuse orale. Son bord inférieur libre offre dans son milieu une petite languette plus ou moius prononcée qu'on a nommée luette. Le voile du palais présente des modifications très-remarquables chez les Cétacés où sa disposition est toule autre (V. CÉTACÉS et EVENTS); et la luette manque même chez la plupart de Animaux; ou plutôt comme l'a dit le docteur Lisfranc ils n'ont qu'un rudiment de cet organe qui se trouve d'ailleurs remplacé par la disposition du voile du palais plus prolongé en arrière. Cette disposition très-prononcée chez les Singes l'est d ailleurs beaucoup moins chez les Ruminans et les Rongeurs: ces Quadrupèdes qui marchent la tête inclinée vers le sol n'en avaient pas en effet le même besoin comme l'a aussi remarqué ce savant professeur; les narines antérieures donnant chez eux aux mucosités nasales un écoulement trop facile pour qu'elles se portent dans le pharynx.

Canal alimentaire. La cavité orale se continue avec le canal alimentaire dont la première partie est le pharynx cavité en forme de sac entourée de muscles disposés les uns de manière à diminuer son diamètre par leur contraction; ce sont les constricteurs et les autres à l'élever; ce sont les releveurs ou les stylo-pharyngiens. Ces inuscles se retrouvent chez les Mammifères comme chez l'Homme et sont même chez eux généralement plus prononcés. Le pharynx présente inférieurement deux ouvertures l'une formant l'entrée des voies respiratoires; et l'autre celle du canal alimentaire avec lequel il se continue principalement.

Nous nous bornerons ici à indiquer succinctement les principales modifications que présentent ses diverses parties parce que nous les avons déjà fait connaître adleurs. (V. INTESTIN.)

1°. Œsophage. Sa longueur est toujours proportionnelle à celle du col et de la poitrine; il est membraneux et ne se trouve jamais ni renflé en divers points comme chez les Oiseaux ni dilaté dans toute son étendue comme chez plusieurs Reptiles et chez beaucoup de Poissons.

2°. Estomac. On le trouve d'autaut plus compliqué qu'on l'observe dans des espèces plus essentiellement herbivores; ainsi très-simple chez les Carnassiers il se complique de plus en plus chez les Rongeurs les Pachydermes les Cétacés et les Ruminuis.

3°. Intestin. Il est comme l'estomac d'autant plus compliqué et en même temps plus long qu'on l'observe daus des espèces plus essentiellement herbivores. Les Carnassiers diffèrent encore des Herbivores par la structure de leurs intestins: la tunique péritonéale est très-épaisse chez eux et la muqueuse très-mince; tandis que chez les Herbivores celle-ci a une épaisseur considérable la péritonéale étant au contraire d'une extrême ténuité. Le cœcum varie beaucoup; les Orangs et le Phascolome ont seuls comme l'Homme un cœcum avec un appendice verrai forme; mais le plus souvent le cœcum existe seul. Enfin il n'y a ni cœcum ni appendice chez beaucoup d'entre eux. Chez beaucoup aussi soit parmi ceux qui ont un cœcum soit surtout parmi ceux qui en manquent le volume de l'intestin est le même dans toute son étendue en sorte qu'il n'est plus possible de le diviser comme a l'ordinaire en intestin grêle et en gros intestin.

L'ouverture inférieure du canal intestinal ou l'anus est chez tous les Mammifères comme chez l'Homme placée à l'extrémité inférieure ou postérieure du corps et immédiatement sous l'origine de la queue lorsqu'elle existe: elle ne donne issue qu'aux excrémens solides. On nomme muscles de l'anus plusieurs muscles par lesquels l'extrémité anale du rectum est mise en mouvement. Les plus constans sont le sphincter placé immédiatement sous la peau et dont les fibres elliptiques entourent l'orifice anal; et les releveurs. Leurs noms indiquent assez leurs fonctions. Les

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muscles de l'anus sont sujets à de nombreuses variations dans les diverses familles et plusieurs d'entre au diffèrent même chez les divers iidividus de la même espèce suivant leur sexe parce qu'appartenant aussi aux organes sexuels ils sont tenus de partager leurs modifications.

Annexes du canal alimentaire. Le foie est la plus grosse de toutes les glandes et même le plus volumineux tous les organes de l'abdomen; il et toujours situé dans l'hypochondre droit mais il s'étend le plus souvent iosqae dans le gauche. Toujours chez le Mammifères d'une structure et d'un volume semblables à ceux qu'il présente chez l'Homme il ne diffère guère que par le nombre des lobes qui le composent. Au reste ces variations s observent même quelquefois chez l'Homme et n'offrent rien de constant pour chaque genre. Ainsi le Jaguar a quatre lobes et le Lynx en a huit; le Sulgan et le Pika en ont cinq et l'Ogoton sept.

D'autres variations aussi nombreuses et aussi remarquables sont celles que présentent leff canaux cyslique hépatique et cholédoque et la vésicule biliaire elle-même qui tantôt existe et tantôt manque dans la même famille. Ainsi elle existe chez le Porc-Epic et manque chez l'Urson; on la trouve chez beaucoup de Rats el beaucoup d'autres n'en ont pas; et l'on ne sait point encore à quoi tient son existence.

En outre des vaisseaux hépatiques le foie possède encore un autre ordre de vaisseaux qui lui est propre dans la veine-porte et ses ramifictions. Cette veine dont le calibre est considérable après avoir reçu par les veines splénique et mesentérique supérieure le sang dé presque tous les viscères abdominaux se ramifie dans le foie à la manière des artères. La veine-porte est donc formée de deux portions l'une abdominale qui fait l'office d'une veine l'autre hépatique qui se distribueàla manière d'une artère. Ce sont toutes ces ramifications de la veine-porte celles des canaux biliaires celles de l'artère hépatique et de la veine hépatique qui composent essentiellement la substance au foie dont la structure est comme on le voit extrêmement remarquable.

Outre la bile que le canal cholédoque verse dans le duodénum cet intestin reçoit aussi un liquide connu sous le nom de suc pancréatique parce qu'il est sécrété par le pancréas. Cette glande la plus grosse des glandes analogues aux salivaires a chez tous les Mammifères une structure semblable à celle qu'elle a chez l'Homme mais elle varie par sa consistance sa couleur sa forme et aussi en ce qu'elle est souvent divisée en plusieurs lobes. Son canal excréteur formé quelquefois de plusieurs branches s'ouvre toujours très-près du canal cholédoque et souvent même ces deux canaux se réunissent l'un à l'autre et leur orifice est commun.

La rate organe placé dans l'hypochondre droit est d'un volume très-variable mais toujours de beaucoup inférieur à celui du foie. Elle est généralement plus grosse chez les Mammifères que chez les Ovipares. Les usages de ce viscère que Blain-ville considère comme une sorte de ganglion vasculaire analogue aux ganglions lymphatiques ne sont point encore connus.

Péritoine. Il est au canal alimentaire et aux divers viscères abdominaux ce que le péricarde est au cœur et la plèvre aux poumons; mais la forme irrégulière et le nombre des organes qu'il enveloppe rendent très-compliquées sa formeet sa disposition et ont produit divers replis connus sous les noms de mésentère et d'épiploon. Ces replis existent en général chez les Mammifères comme chez l'Homme; mais et il en est de même du péritoine dans son ensemble ils doivent nécessairement varier et varient en effet comme les viscères abdominaux auxquels ils sont fixés.

Des organes urinaires.

L'appareil de la dépuration urinaire se compost généralement d'une

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glande qui sécrète l'urine ou le rein; d'une poche membraneuse qui forme pour l'urine une sorte de réservoir ou la vessie; du canal par où elley arrive ou l'uretère et de celui par lequel elle en sort et est rejetée à l'extérieur ou l'urèthre.

Reins. Les reins ne sont pas chez l'embryon humain comme chez l'adulte partagés seulement par une scissure médiaue; mais ils sont au contraire divisés en un grand nombre de lobes. Cette disposition se voit également dans beaucoup d'espèces d une manière permanente comme chez l'Eléphant le Bœuf et surtout les Ours les Loutres les Phoques et les Cétacés où leur division est telle qu'on peut remarque Cuvier les comparer a des grappes de raisin. Du reste la structure des reins est la même chez tous les Mammifères et on trouve chez tous aussi (excepté chez l'Elé-phant?) une limite bien tranchée entre les deux substances qui les composent. La division des reins en plusieurs lobes donne cependant lieu à une autre anomalie: l'artère rénale n'entre plus toute entière dans le sinus; mais plusieurs branches se détachent et vont directement aux lobes qu'ils doivent nourrir. Au reste quelque chose d'analogue se voit également suivant les observations de Serres chez l'embryon humain lui-même pendant qu'il a encore les reins partagés en plusieurs lobes.

Uretère. C'est toujours un canal membraneux qui descend le long de la colonne vertébrale se dirige sur la vessie se continue d'abord entre les fibres de sa tunique musculeuse et s'ouvre enfiu par un orifice plus étroit que son diamètre. Il présente seulement quelque différence dans Son origine chez les Dauphins et chez plusieurs Quadrupèdes.

La vessie est une grande poche musculo-membraneuse qu'on pourrait considérer avec Meckel et Blainville comme une dilatation considérable des uretères dont elle diflere cependant par les fibres musculaires qui entrent dans sa structure. On a dit quelle était beaucoup plus considérable chez les Herbivores que chez les Carnivores; mais suivant Cuvier cette différence de volume n'est pas bien réelle; seulement comme ses parois sont beaucoup plus masculeuses chez ceux-ci leur vessie se contracte plus fortement à l'instant de la mort. Elle paraît en effet de même plus petite chez quelques Her bivores qui ont la tunique mu seule use plus développée comme le Cheval.

Le canal de l'urèthre qui est composé dans son essentiel d'une membrane muqueuse mais dont la structure est d'ailleurs très-compliquée est toujours situé à la partie inférieure du pénis chez les mâles. Chez les femelles il traverse de mêmequelquefois le clitoris comme chez les Loris ou cet organe ne présente plus un simple sillon comme dans beaucoup d'espèces mais bien un canal complet.

Capsules surrénales. On nomme ainsi des corps glanduleux situés audessus des reins et dont l'usage est encore inconnu: trèsdéveloppës chez le fœtus humain ils s'atrophient chez l'adulte. On avait dit les capsulessurrénales plus développées chez les Nèg res que chez les Hommes de la race Caucasique; mais il n'y a point réellement de différence constante comme l'a constaté Serres. Chez les Mammifères leur volume et leur forme varient beaucoup et leurs modifications sont souvent en rapport avea celles des reins dont ils paraissent quelquefois aussi se rapprocher par leur structure. Ces ressemblances ont fait penser à Cuvier que leurs fonctions pourraient bien avoir de l'analogie avec celles de ces glandes.

Des organes génitaux.

L'unité de composition des organes génitaux mâles et des organes femelles aperçue par la plupart des anatomistes anciens et modernes et déjà soupçonnée par Aristote et par Galieu est un fait aujourd'hui bien certain. Home Autenrieth Ackermann (sur la différence des deux

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sexes Archives de Phys.) et surtout Meckel en montrant la parfaite similitude de l'appareil mâle et de l'appareil femelle chez l'embryon humain; Geoffroy Saint-Hilaire en retrouvant la même similitude chez l'adulte même dans certaines espèces; ont particulièrement mis hors de doute une vérité que les travaux de Blainville et de plusieurs autres savans eussent suffi d'ailleurs pour faire regarder comme démontrée. Nous avons dû faire remarquer cette analogie dens tous les temps bien curieuse et been digne d'attention mais auj'hui surtout d'une extrême implance parce qu'elle est la vérité base de la théorie de l'unité de composition. Si l'appareil mâle et l'appareil femelle ne sont pas dans lear essence et dans leurs élémens des modification d'un seul et même appareil; si l'organisation du mâle celle de la femelle si celle de tous les individus d'une même espèce ne peut se ramener à un même type; comment en effet pourraiton concevoir l'analogie l'unité de composition pour l'universalité des êtres?

Nous ne parlerons dans cet article de l'organe femelle; tout ce qui concerne l'organe mâle ayant déjà été dit ou devant l'être dans d'autres articles. Il sera pareillement traité ailleurs de la génération des Animaux à bourse. V. ACCOUPLEMENT COPULATION GÉNÉRATION et MARSUPIAUX

Les ovaires généralement doubles les Mammiferes ne présentent chez eux aucune modification importante et ressemblent généraient à ceux de la Femme; ils sont toujours nourris par les mêmes artèrés oui nourrissent les testicules chez femâle les spermatiques. Il en est des trompes utérines comme de l'ovaire «Iles sont toujours doubles et présentât la même structure et la même position que chez la Femme. Dans les espèces où l'adutérum est développé elles s'insèrent à son extrémité; dans celles où il est rudimentaire elles aboutissent jusque dans l'utérus.

L'organe connu sous le nom de matrice est en effet formé de deux parties qui doivent être distinguées et considérées comme des organes particuliers. Des artères différentes nourrissent séparément le corps de la matrice et ses cornes ou suivant le nom que leur a donné Geoffroy Saint-Hilaire l' adutérum; tous deux ont des fonctions différentes et leur développement est le plus souvent inverse. Chez la Femme l'adutérum est très-rudimentaire et vient presque à disparaître tandis que le corps de la matrice ou l'utérus proprement dit est très-développé. Aussi l'anatomie humaine n'a-t-elle pas même soupçonné l'existence de l'adutérurn comme organe distinct quoiqu'il le soit réellement dans le jeune âge et qu'on l'ait plusieurs fois par anomalie trouvé tel chez l'adulte lui-même. Chez les Singes et la plupart des Edentés l'adutérum est de même très-rudimentaire et l'utérus très-volumineux. Chez les Carnassiers les Rongeurs et les Herbivores le développement de ces deux organes s'est au contraire fait dans un rapport inverse l'adutérum étant extrêmement allongé; et enfin chez quellques-uns comme chez les Cavia de Gmelin et surtout chez les Lièvres l'utérus devient à son tour trèsrudi-mentaire ou plutôt même presque nul; de sorte que les deux adutérums ont chacun leur orifice distinct dans le vagin. Les deux moitiés de la matrice suivant l'ancienne nomenclature sont ainsi tout-à-fait indépen-dantes l'une de l'autre et la superfétation devient alors un phénomène qui se produit aussi facilement qu'il s'explique. Il existe au contraire quelques genres où l'utérus et l'adulérum se trouvent également développés et tels sont particulièrement les Makis parmi les Quadrumanes.

Le vagin présente peu de modifications remarquables et il a chez tons les Mammifères èpeu près les mêmes caractères qu'il offre chea la Femma

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La membrane hymen qu'on avait prétendu n'exister que chez elle seule se retrouve généralement chez tous comme l'a constaté Cuvier et est même très-prononcée chez plusieurs. Les diverses parties externes de la génération varient au contraire beaucoup; mais nous n'insisterons pas sur toutes ces variations pour la plupart peu importantes; et nous nous bornerons à indiquer les principaux rapports du clitoris avec le pénis du mâle.

Cet organe peu développé chez la Femme ressemble d'ailleurs tellement au pénis par sa structure et ses connexions que la plupart des anatomistes n'ont pas balancé à reconnaître en lui son analogue même en se bornant à comparer ensemble les organes génitaux de l'Homme et ceux de la Femrae adultes. Le clitoris a en effet comme le pénis un gland un petit prépuce et un corps caverneux attaché de même aux branches de l'ischion par une double racine; il reçoit la même artère la même veiné et le même nerf et leur distribution estentièrement analogue. La ressemblance est encore bien plus grande soit chez l'embryon humain soit chez divers Animaux. On voit Aez l'embryon humain soit mâle soit femelle dit Meckel (Manuel d'anatomie humaine traduction de Jourdan et de Breschet): «un corps considérable triangulaire un peu renflé à son extrémité antérieure collé d'abord à la partie inférieure de la partie antérieure du bas-ventre et qui plus tard pend librement en avant. Le corps est formé de deux moitiés séparées l'une de l'autre par un sillon qui marche le long de la face inférieure. Avec le temps il produit soit la verge soit le clitoris.ff On trouve presque la même similitude chez plusieurs Animaux adultes. Le volume du clitoris égale celui du pénis dans plusieurs espèces même parmi les Singes; et la ressemblance est telle que les femelles sont prises la plupart du temps pour des mâles. Quelques espèces ont le gland du pénis bifurqué; celui du clitoris i'est alors pareillement. Celles qui ont un os pénial ont ordinairement de même un os dans le clitoris. Enfin cet organe se trouve souvent creusé profondément d'un sillon qui fait suite à l'urèthre; et dans quelques espèces ce sillon se change même en un canal complet. Ainsi nous voyons dans beaucoup d'espèces le clitoris s'élever au degré de développement qui caractérise le pénis et en acquérir toutes les conditions et tous les caractères. Il serait tout aussi facile de montrer ce dernier organe venant au contraire à s'atrophier à tomber dans les conditions rudimentaires et ne plus représenter chez le mâle comme chez la femelle (si l'on peut s'exprimer ainsi) qu'un simple clitoris. C'est ce qui a lieu d'une manière évidente daus plusieurs Animaux et quelquefois par anomalie chez les Mammiferes et chez l'Homme lui-même.

Les mamelles varient beaucoup chez les Mammifères pour leur nombre et leur situation. Lorsqu'elles sont inguinales ou abdominales elles sont nourries par les artères épigastriques et lorsqu'elles sont pectorales par les thorachiques internes. Leur nombre est ordinairement en rapport avec celui des petits. Chez presque toutes les espèces qui n'en ont que deux elles sont pectorales comme chez l'Homme; c'est ce qui a lieu chez les Singes les Chauve-Souris la plupart des espèces du genre Tatou les Bradypes les Eléphans et les Lamantins. Du reste leur nombre est extrêmement variable.

Les mamelles existent chez tous les mâles de Mammifères; et c'est une erreur de croire qu'elles manquent chez ceux du genre Chevil comme on l'a cru long-temps et comme l'avait dit Buflon lui-même; seulement elles sont chez eux très-petites et très-peu apparentes. Leur existence chez les mâles où elles ne sont destinées à aucunes fonctions comme chez les femelles où elles en remplissent d'aussi importantes est

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a fait bien remarquable et oh se montre bien la tendance de la nature à l'uniformité. Leur organisation chez les premiers est même si parfaite que la sécrétion du lait peut très-bien loféier chez eux; et qu'on ne manque pas d'exemples d'enfans allaités par des Hommes. Humboldt (Voyage aux régions équinoxiales du nouveau continent) parle d'un Homme qui avait nourri son fils de son propre lait pendant cinq mois entiers; et e'est sans doute pour avoir eu connaissance de quelque fait semblable que des voyageurs amis du merveilleux ont affirmé qu'au Brésil ce sont le Hommes et non pas les Femmes qui allaitent leurs enfans; coute absurde sans doute mais qui pourrait bien être fondé comme on le veit sur quelque chose de réel.

Des organes des sens.

Ils sont chez presque tous les Mammifères au nombre de cinq comme chez l'Homme; ils ont tous le sens général ou le toucher et selon l'opinion unanime de tous les physiologistes deux des sens spéciaux le goût et l'ouie: quant aux deux autres l'odorat et la vue ils paraissent manquer dans quelques espèces.

Les sens spéciaux reçoivent ordinairement deux ordres de nerfs que l'on peut désigner avec Serres d'une manière générale l'un sous le nom de nerf propre ou principal et l'autre sous celui de nerf accessoire: le premier met l'appareil sensitif en communication directe avec l'encéphale le second est toujours une branche du nerf trijumeau. Ainsi la vue a pour nerf sensitif propre l'optioue; l'ouie l'acoustique et l'odorai l'olfactif; et chacun de ces sens reçoit en outre une branche de la cinquième paire. Cette disposition fort remarquable n'est cependant pas tont-à-fait constante: le nerf propre manque fréquemment et dans ce cas le rameau de la cinquième paire de nerf accessoire qu'il est ordinairement devient le principal. C'est ce qui a lieu constamment pour le sens du goût dont le nerf n'est autre que le rameau de la cinquième paire connu sous le nom de lingual. C'est ce qui a également lieu suivant la remarque de Serres pour tous les sens chez les Mollusques les Insectes et les Crustacés Enfin suivant le même anatomiste c'est aussi ce qui a lieu chez divers Mammifères pour l'odorat et pour la vue.

Cuvier a découvert le premier que le nerf olfactif n'existe pas chez les Cétacés (Anat. comp. T. II p. 196); et dans ce cas il n'existe pas non plus de trous ethmoïdaux. Suivant Serres le nerf optique manque de même chez la Taupe la Chrysochlore les Rats-Taupes les Musaraignes et la plupart des Mammiferes qui vivent profondément sous terre et dans les lieux où la lumière ne pénètre pas. Son absence a cependant été contestée par Bailly qui a cru l'avoir rencontré chez la Taupe: mais le filet extrêmement ténu que cet habile anatomiste considère comme le nerf optique paraît exister généralement chez tous les Animaux où l'existence de ce nerf est évidente de même que chez ceux qui en sont privés.

Au reste il n'est pas bien certain que ceux qui sont privés du nerf olfactif ne jouissent pas ae l'odorat et il s'en faut bien que tous ceux qui sont privés de l'optique soient aveugles: c'est cependant ce qui a certainement lieu pour quelques espèces où l'œil est en tièrement caché sous une peau aussi épaisse que celle du corps pareillement revêtue de poils et même doublée par le peauier: tel est le Zemni (Mus typhlus). Il est bien certain au contraire que la vision s'exerce très-bien chez les Musaraignes; et d'après les observations faites au Cap par Delalande sur le Rat-Taupe il en est de même de ce Rongeur. Enfin Geoffroy Saint-Hilaire et Durondeau ont fait sur la Taupe diverses expériences qui donnent les mêmes résultats que pour le Rat-Taupe. Quelques personnes ont dit il est vrai qu'il existe en Europe deux espèces

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de Taupes dont l'une serait aveugle; et celle assertion à laquelle jusqu'à ce jour on n'avait attaché que très-peu d'importance pourrait bien être plus fondée qu'on ne l'avait cru. Le docteur Savi de Pise vient en effet d'envoyer il Geoffroy Saint-Hilaire deux Taupes qui paraissent former une espèce différente de la Taupe commune (Talpa europœa). Le zoologiste italien a môme donné à cet Animal le nom de Talpa cæca; mais nous ignorons sil s'est assuré par des expériences directes qu'elle est réellement aveugle. Nous avons raêmâ au contraire reconnu qu'elle a comme la Taupe commune un petit œil rudimeu taire.

Il était tout naturel de penser que la sensation s'opère au moyen de la cinquième paire pour tous les appareils sensitifs dont les nerfs ne sont que des branches de celle-ci et qu'ainsi sa destruction entraînerait nécessairement celle de ces sens. Mais Magendie a découvert un fait que les théories physiologiques jusqu'alors admises étaient bieu loin de pouvoir faire soupçonner: c'est que chez les Mammifères normaux comme chez ceux qui n'ont pour nerfs sensitifs que des branches de la cinquième paire la section de ce neif est suivie immédiatement de la perte non pas seulement du goût mais aussi de la vue de l'oute et de l'odorat malgré la présence des nerfs optiques acoustiques et olfactifs. D'un autre côté le même physiologiste ayant également réussi à couper e nerf optique il a vu aussi que sa destruction (le nerf de la cinquième paire étant laissé intact) entraîne pareillement celle de la vue. Ainsice dernier sens et il en est probablement de même de l'ouie et de l'odorat a besoin du concours des deux nerfs qu'il reçoit; et la section de l'un des deux rend la sensation impossible.

L'anatomie pathologique a fourni des résultats non moins remarquables et qui s'accordent très-bien avec les expériences de Magendie. Ainsi Serres a vu l'altération pathologique du tronc de la cinquième paire produire exactement tous les mêmes phénomènes causés par sa destruction artificielle ou sa section; et l'analogie est même si complète que le célèbre anatomiste avait pu prévoir et annoncer d'avance tout ce que l'autopsie cadavérique a montré.

Du système nerveux.

L'encéphale des Mammifères a d'abord un caractère qui lui est propre dans son volume considérable; mais il ne faut pas croire que ses différentes parties contribuent toutes à cet accroissement de la masse. Serres a parfaitement démontré (Anatomie du cerveau T. I 1824) que parmi les différens organes dout se compose l'encéphale il en est qui se développent en raison directe l'un de l'autre; mais qu'il en est aussi qui se développent en raison inverse. Il suit de ces rapports que certaines parties de l'encéphale arrivant chez les Mammifères au maximum de leur développement d'autres doivent en même temps et pour cette raison tomber au minimum. L'état rudimentaire de certaines parties encéphaliques fournira donc tout aussi bien aue le volume considérable de quelques autres des indices et des preuves du haut degré de développement de l'organe daus son ensemble.

C'est exactement ce qui a lieu chez les Mammifères. Les hémisphères cérébraux sont très-développés plus développés que dans aucune autre classe; au contraire les tubercules quadrijumeaux sont très-petits et très-rudimentaiies. Leur nom de tubercules quadrijumeaux qui leur convient tres-bien chez tous les Mammifères leur a même été donné à cause de leur petitesse qui u'a permis de les considérer que comme de petits tubercules de petites émineu ces faisant partie d'autres organes. Au coutraire dans les autres classes et surtout chez les Poissons de dominés qu'ils étaient ils devienneot à leur tour les organes dominateurs de l'encéphale et tellement qu'ils

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out été généralement jusqu'aux derniers travaux de Serres et sont mème encore par quelques anatomistes regardés comme les hémisphères cérébraux. Le nom de tubercules quadrijumeaux est alors bien loin de leur convenir d'autant mieux qu'ils ne se trouvent plus formés de quatre petites éminences mais de deux lobes considérables et bien distincts. Aussi Serres embrassant tous ces rapports leur a-t-il donné le nom beaucoup plus généralement convenable de lobes optiques.

Les variations de ces lobes nous représentent exactement ce que nous avoss déjà vu pour diverses parties du système osseux pour l'os coraeoïde par exemple. Faible petit sans importance réuni à l'omoplate tout-à-fait rudimentaire dans une classe et considéré comme une simple éminence une simple apophyse; il devient dans une autre un os bien distinct d'une grande importance d'un volume considérable et qui égale et surpasse même cette autre pièce dont des observations trop circonscrites et trop peu nombreuses ne l'eussent fait considérer que comme une petite éminence.

Au reste il en est des lobes optiques comme de tous les organes rudimentaires des Mammifères et de l'Homme: ils se trouvent dans les premiers âges du fœtus de l'Homme non moins important et non moins développés que chez les plus inférieurs des Vertébrés chez les Poissons. D'abord d'une grandeur considérable et creusés comme le sont les hémisphères cérébraux dans l'adulte de ventricules très-étendus leur volu ne proportionnel diminue pea à peu; bientôt ils n'ont plus que le degré de développement de ceux des Reptiles puis de ceux des Oiseaux et ils finissent enfin par présenter les caractères et les conditions annales du Mammifère c'est-à-dire çae leur volume devient très-peu considérable que leurs ventricules s'oblitèrent et qu'un sillon séparant chaque lobe en deux parties les change en véritables tubercules qua dri jumeaux.

Un autre caractère propre à l'encéphale des Mammifères adultes est l'existence du corps calleux ou mésolobe qui réunit sur la ligne médiane les deux hémisphères cérébraux. La théorie du développement excentrique des organes explique parfaitement son abseuce chez les Ovipares et chez les fœtus des Mammifères.

L'existence des circonvolutions ne doit pas être mise au nombre des caractères classiques des hémisphères cérébraux des Mammifères; elles man quent chez les Rongeurs qui se trouvent en général les plus inférieurs des Mammifères sous le rapport du développement de l'encéphale. Aucun Mammifère n'en a d'ailleurs ni d'aussi nombreuses ni d'aussi profondes que l'Homme.

L'Homme paraît aussi avoir les hémisphères cérébraux les plus volumineux; mais ce serait une erreur de croire qu'il l'emporte également sur tous par le volume de la masse encéphalique.

Les hémisphères sont aussi très-développés chez les Singes ou ils recouvrent comme chez l'Homme le cervelet par leurs circonvolutions postérieures: ces Quadrumanes seuls et quelques Cétacés présentent ce caractère. Leur volume décroît ensuite de plus en plus des Cétacés et des Carnassiers amphibies aux Carnassiers terrestres aux Ruminans et aux Rongeurs. On ne trouve de cavité digitale que chez l'Homme et les Singes; et le petit pied d'Hippocampe n'existe que chez l'Homme.

Les tubercules quadrijumeaux sont toujours développés en raison inverse des hémisphères cérébraux: ainsi ils décroissent des Rongeurs et des Ruminans aux Carnassiea aux Singes et à l'Homme. Quant à leur proportion entre eux elle est variable; le sillon qui divise chaque lobe optique en deux tubercules se plaçant tantôt au milieu tantôt plus en devant tantôt plus en arriècev Ainsi il y a égalité des antérieurs et

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des postérieùrs chez l'Horome; prédominance des postérieurs chez les Carnassiers; des antérieurs chez les Ruminans el les Rongeurs.

Le volume des tubercules quadrijumeaux est généralement proportionnel à celui des yeux et à celui des nerfs optiques chez le Mammifères comme aussi chez les Vertébrés inférieurs. Quelques espèces fout cependant à ce rapport une exception très-remarquable. Tous ces Mammifères anomaux dont nous avons déjà parlé et qui se trouvent manquer de nerfs optiques el n'avoir que des yeux très-rudimentaires comme la Taupe la Chrysochlore et divers Rongeurs ont cependant des tubercules quadrijumeaux très-volumineux. Quel peut être leur usage chez des Animaux où manque le nerf qui les met en communication avec l'œil et où ils deviennent ainsi inutiles à la vision?

Le cervelet est généralement volumineux chez les Mammifères; et il est chez tous partagé en lames parallèles par des sillons transversaux plus ou moins prononcés. En outre il existe chez l'Homme et chez une grande partie d'entre eux des scissures pareillement transversales qui le divisent beaucoup plus profoudément et le partagent en lobules: leur nombre aiminue des Singes et des Carnassiers aux Pachydermes aux Ruminans et aux Rongeurs. En outre le cervelet présente dans sa composition d'autres caractères que nous ferons également connaître d'après Serres.

Le cervelet est élémentairement composé de deux parties qui se trouvent isolées chez les Poissons; savoir: un lobule médian et des feuillets latéraux. C'est de leur réunion qu'est formé le cervelet des Mammifères où lon doit ainsi distinguer le processus vermiculaire supérieur ou son lobe médian et les hémisphères. Ces deux élémens quoique réunis n'en demeurent pas moins indépendans l'un de l'autre: et tellement que l'un est toujours développé en raison inverse 4e l'autre. En outre ils sont tous deux en rapport avec d'autres parties de l'encéphale. Ainsi le lobe médian est toujours développé: 1° en raison directe des tubercules quadrijumeaux; 2° en raison directe de la moelle épinière; 3° en raison inverse de la protubérance annulaire.

L'existence de ce dernier organe doit encore être mise au nombre des caractères classiques de l'encéphale des Mammifères; et nous pouvons faire à son égard la même remarque que nous avons déjà faite au sujet du corps calleux. Sa forme est d'ailleurs variable suivant les différentes espèces chez lesquelles on l'éludie: conique chez les Kanguroos chez la plupart des Pachydermes et chez plusieurs Ruminans il devient quadrilatère dans beaucoup d'autres genres et particulièrement dans ceux dont le cerveau est le plus développé comme chez les Quadrumanes les Cétacés et les Carnassiers amphibies.

Moelle épinière. La moelle épinière présente généralement chez les Mammifères deux renflemens dont l'un correspond aux membres antérieurs l'autre aux postérieurs. Les Cétacés qui n'ont qu'une paire de membres font aussi exception sous ce rapport et n'ont qu'un seul renflement.

Nous avons déjà dit comment à mesure que les renflemens épiniers se forment la moelle épinière remonte dans le canal vertébral et comment alors la queue vient à disparaître. C'est par cette ascension qu'est produite la queue de Cheval qui ne peut exister tant que la moelle épinière occupe encore le canal sacré.

Méninges. L'encéphale des Mammifères est enveloppé par trois membranes connues sous les noms de pie-mère dârachnoïde et de duremère et auxquelles on donne aussi collectivement le nom de méninges du cerveau.

La pie-mère est la plus interne elle se trouve en contact avec la substance cérébrale: elle pénètre avec les nombreux vaisseaux ramifiés sur elle et qui paraissent la composer dans toutes les anfractuosités du cerveau

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et forme dans les ventricules des replis connus sous le nom de plexus choroïdiens.

La dure-mère est la plus externe: c'est une membrane fibreuse très-épaisse très-résistante qui tapisse tout l'intérieur de la cavité du crâne et du canal vertébral. Sa lame interne forme entre les principaux organes encéphaliques des replis qui les séparent l'un de l'autre. Les trois plus remarquables sont la faux du cerveau placée au-dessus du corps calleux enireles deux hémisphères cérébraux; 1a faux du cervelet qui fixe les hémisphères cérébelleux; et la tente du cervelet qui sépare le cerveau du cervelet. La tente du cervelet est en partie formée par une lame osseuse chez plusieurs Carnassiers: sa faux est moins constante et disparaît chez les espèces dont le lobe médian est très-déVeloppé c'est-à-dire chez les Mammifères inférieurs.

C'est dans des conduits particuliers formés par la duplicature de la duremère et connus sous le nom de Sinus de la dure-mère que se rendent toutes les veinules du cerveau. Ces sinus dont le nombre varie communiquent les uns dans les autres et versent ainsi tout le sang veineux du cerveau dans les veines jugulaires internes.

La troisième membrane du cerveau ou l'arachnoïde est intermédiaire aux deux autres. C'est une membrane séreuse dont la disposition est tout-à-fait analogue à celle des membranes séreuses de la poitrine et de l'abdomen. Elle forme comme elles un sac sans ouverture qui adhère par sa portion externe à la face interne de la dure-mère par sa portion interne à la face externe de la pie-mère; mais elle ne pénètre pas comme celle-ci dans les anfractuosités du cerveau et passe seulement audessus en formant une sorte de pont. Elle enveloppe l'origine de chaque neif à sa sortie de la cavité cérébrale par un repli de ses deux feuillets qui forme un cul-de-sac. C'est par une disposition analogue qu'elle se prolonge dans le canal vertébral sans être percée d'aucune ouverture.

Nerfs. Les nerfs qui naissent de l'axe cérébro-spinal ou plus exactement suivant la théorie de Serres qui y aboutissent sont au nombre de quarante paires environ chez l'Hoinme; mais leur nombre varie chez les Mammifères avec celui des vertèbres nombre auquel il correspond généralement. Celui des nerfs crâniens est au contraire le plus généralement le même.

L'olfactif ou le nerf de la première paire est chez les Singes semblable pour sa forme et sa disposition à celui de l'Homme; mais chez les autres Mammifères il est généralement remplacé par uu corps de couleur cendrée qui remplit la fosse elhmoïdale et constitue un véritable lobe encéphalique. Ce lobe est connu sous le nom de lobule olfactif: il est généralement développé en raison directe des tubercules quadrijumeaux ce qui explique son état rudimentaire chez l'Homme et le volume considérable qu'il vient au contraire à acquérir chez les Animaux inférieurs. La grandeur de l'angle facial donne aussi assez exactement le degré de développement du lobule olfactif.

Nerfs de la vision. La deuxième paire ou le nerf optique est le nerf propre du sens de la vue: elle entre dans le globe de l'œil par sa partie postérieure et c'est de son épanouissement que résulte la rétine ou la membrane nerveuse qui perçoit l'impression de la lumière. En outre l'œil reçoit encore la troisième la quatrième et la sixième paires qui se distribuent à ses muscles moteurs et la branche ophlhalmique de la cinquième paire. Mais ce dernier nerf est le seul qui existe chez la Taupe les Musaraignes la Chrysochlore divers Rongeurs et généralement toutes les espèces qui vivent dans des lieux où la lumière ne pénètre pas. Ces Mammifères ont le globe de l'œil très-rudimentaire soit sous le rapport de son volume soit sous celui de sa

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composition et privé même de ses muscles moteurs. Pur suite de cette absence les troisième quatrième et sixième paires viennent aussi à manquer en sorte que la première paire (l'olfactif) et la cinquième (le trijumeau) sont les seules des six premières qui se retrouvent chez ces Mammifères anomaux.

Nerf trifacial ou nerf de la cinquième paire. Ce nerf connu aussi sous le nom de trijumeau a reçu ce nom parce qu'il se divise bientôt en trois branches considérables le nerf ophthalmique le maxillaire supérieur et le maxillaire inférieur. Nous avons dit comment la section du tronc de ce nerf entraîne la perte de tous les sens et nous ne reviendrons pas ici sur les conséquences remarquables des belles expériences de Magendie.

Le nerf facial et l'auditif connus autrefois sous les noms de portion dure et de portion molle de la septième paire et aujourd'hui sous ceux de septième et de huitième paire varient beaucoup pour leur volume proportionnel: ainsi le facial est très-volumineux chez les Singes (et particulièrement chez les Cynocéphales) et chez les Chats les Chevaux et les Chameaux. L'auditif est très-développé chez les Singes et fait digne d'aitention chez les Amphibies et les Cétacés tandis qu'il est grêle chez les Chauve-Souris. On voit que son développement est bien loin d'être en rapport avec celui des organes de l'audition et notamment avec celui des parties externes de l'oreille. Au contraire les espèces qui ont l'oreille externe très-développée ont aussi les branches auriculaires du facial très-grosses suivant les observations faites par Serres.

Nerfs glossopharyngien et pneumogastrique. Ces nerfs connus autrefois collectivement sous le nom de huitième paire sont regardés aujourd'hui comme formant la neuvième et la dixième. Le glossopharyngien qui peut suivant Serres être considéré comme le nerfrespirateur de la langue appartient comme son nom l'indique à cet organe et au pharynx particulièrement à leurs muscles. Le pneumogastrique a une distribution beaucoup plus compliquée et qui même lui a valu le nom de nerf vague. Il descend le long de l'artère carotide et ensuite le long de l'œsophage et se termine dans le foie le pancréas le commencement du canal intestinal et l'estomac où il forme un plexus considérable. Il donne en outre dans son trajet divers rameaux au pharynx au larynx à l'œsophage à la trachée-artère au cœur et aux poumons. Ainsi naissant dans le crâne il fournit des branches qui se distribuent jusque dans la poitrine et l'abdomen.

Le nerf hypoglosse considéré autrefois comme la neuvième paire et maintenant comme la onzième et même comme la douzième par plusieurs anatomistes se distribue comme son nom l'indique aux muscles de la langue et en outre aux muscles du col.

Enfin le nerf spinal dont le mode d'origine est extrêmement remarquable se distribue principalement dans les muscles du col.

Les autres nerfs correspondent toujours pour leur nombre à celui des vertèbres; leur distribution est le plus souvent analogue à celle des vaisseaux; en sorte qu'on trouve ordinairement ensemble une artère une ou plusieurs veines et uu nerf. Nous ne nous arrêterons que sur le nerf diaphragmatiqtie parce qu'il est en quelque sorte classique pour les Mammifères. Bien différent de la plupart des nerfs qui naissent des paires les plus voisines des organes auxquels ils doivent se distribuer il est formé de filets appartenant aux cervicales et n'arrive ainsi au diaphragme qu'après avoir traversé toute la poitrine. Nous devons remarquer en outre que les paires cervicales qui lui donnent naissance sont précisément celles qui concourent à la formation du plexus brachial d'où naissent tous les nerfs du bras: disposition qui peut servir à expliquer le rap-

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port physiologique qui existe entre les mouvemens des membres supérieurs et ceux du diaphragme.

La distribution du grand sympathique est chez tous les Mammifères analogue à celle du même nerf chez l'Homme; il se rend constamment aux mêmes organes et forme les mêmes plexus.

DES TÉGUMENS ET DES VARIATIONS NATURELLES ET ACCIDENTELLES DU PELAGE.

Liné cherchant toujours à faire ressortir par des oppositions les caractères qu'il assignait à chacune de ses classes a dit: Les Mammifères «rdes poils les Oiseaux des plumes les Poissons des écailles. Ces proportions sont vraies d'une manière générale; cependant plusieurs Mammifères manquent de poils ou n'en ont qu'un très-petit nombre comme Lin-Belui-même en a fait la remarque dans un autre passage de son Systema Naturœ. Quelques espèces comme les Pangolins sont en effet couvertes de véritables écailles; et d'aulres comme les Cétacés ont la peau nue; mais ce sont de véritables exceptions au caractère classique; exceptions plus apparentes même que réelles à l'égard des Pangolins dont les écailles sont de véritables poils composés; et mème aussi suivant Blainville à l'égarh des Cétacés chez lesquels les poils formeraient une sorte de croûte ou enveloppe générale. Ce célèbre naturaliste pense même que le nom de Pilifères pourrait peut-être remplacer avec avantage celui de Mammifères. Remarquons cependant qu'on trouve aussi de véritables poils chez quelques Oiseaux et qu'ainsi à la rigueur le nom de Piliferes leur conviendrait également.

Les Mammifères ont généralement deux sortes de poils les soyeux plus ou moinsroides et extérieurs; et les laineux très-fins très-doux au toucher et ordinairement cachés sous les soyeux. Les races domestiques de Moulons font à cet égard une exception (font remarquable à cause de l'abondancé et de la longueur de la laine et en même temps de la disparution presque totale des poils soyeux. Les Animaux des pays froids se rapprochent d'elles sous ce rapport: chez ceux des pays chauds les poils soyeux sont au contraire très-développés et les laineux manquent presque entièrement. La quantité c'est-à-dire l'abondance proportionnelle de ceux-ci est généralement en rabon inverse et celle des soyeux en raison directe de la température.

Les poils soyeux ont une longueur fort considérable chez plusieurs espèces dans certaines régions (surtout chez les mâles) comme à la région cervicale chez le Lion et le Cheval où ils forment ce que Ion nomme une crinière; et à la queue dans beaucoup d'espèces. D'autres sont couvertes en entier de poils très-longs: tel est particulièrement l'Ours des Grandes-Indes (Ursus labiatus) dont les poils ont presque partout de sept à neuf pouces et même en quelques endroits près d'un pied de long.

Chez quelques espèces le pelage est mêlé et quelquefois composé dans sa totalité d'épines plus ou moins abondantes et de structure assez variable; tels sont les Hérissons les Tanrecs les Echimys les Porcs-Epics et plusieurs autres. Ces épines ou piquans sont ordinairement pointues comme l'indiquent les noms mêmes qu'on leura donnés et ont généralement la forme d'un poil. Cependant le Porc-Epic ordinaire (Hystrix cristata) a la queue garnie de tuyaux cylindriques et ouverts transversalement par leur extrémité comme serait un tuyau de plume coupé à l'origine de la lame. On remarque en général chez toutes les espèces épineuses un grand développement des muscles peaussiers; et ce développement est surtout considérable chez le Hérisson. On remarque également chez ces espèces que les épines sont divisées en petits groupes réguliers dont la disposition est d'ailleurs spéciale pour chacune d'elles.

Sous le rapport de sa couleur

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le pelage est tantôt piqueté ou pour parler plus correctement tiqueté c'est-à-dire formé de poils annelés ou peints de plusieurs couleurs disposées en anneaux comme chez les Écureuils et les Lièvres; tanlôt uniforme comme dans le plus grand nombre des genres; tantôt varié c'est-à-dire présentant des couleurs disposées par grandes plaques comme chez quelques Makis.

Les couleurs des Mammifères n'ont point cet éclat métallique qui caractérise un si grand nombre de genres parmi les Oiseaux: une espèce la Chrysochlore fait seule exception sous ce rapport. Elles n'ont jamais non plus l'éclat et la vivacité de celles des Coqs-de-Roche des Perroquets des Tangaras et des Phénicoptères; et on trouve même rarement chez les Mammifères quelque chose d'aualogue à ces parures qui ornent le plumage de beaucoup d'Oiseaux et que présentent même dans cette classe plusieurs espèces nocturnes telles que certains Engoulevens.

un autre caractère général du pelage des Mammifères consiste daus la disposition de ses couleurs beaucoup plus claires en dessous qu'à la partie supérieure et sur les flancs. C'est ce qui s'observe non-seulement à l'égard des véritables Quadrupèdes mais également pour les espèces qui conservent plus ou moins constamment la position verticalo comme les Kanguroos. Cependant sans compter même plusieurs espèces entièrement unicolores comme le Coaïta (Ateles paniscus) et l'Ours polaire (Ursus maritimus) nous trouvons quelques exceptions parmi les Rongeurs et surtout dans l'ordre des Carnassiers comme par exemple chez le Hamster les Gloutons le Ratel le Blaireau et quelques autres espèces: plusieurs ont même le ventre absolument noir. Tel est particulièrement un Carnassier tout récemment connu en France et décrit par Fr. Cuvier sous le nom spécifique de Panda.

Le pelage est ordinairement le même chez le mâle et chez la femelle qui ne diffère guère que par des nuances un peu moins yives et n'a pas comme chez la plupart des Oiseaux des couleurs entièrement différentes de celles du mâle et qui ne les rappellent que par leur disposition. Au contraire toutes les autres causes de variations qui agissent sur les couleurs des Oiseaux agissent également sur celles des Mammifères quoique dans certains cas d'une maniéré différente. L'âge par exemple ne fait varier les couleurs du pelage que dans un petit nombre d'espèces comme chez les Cerfs les Tapirs et le Lion qui ont à leur naissance ce qu'on nomine une livrée c'est-à-dire une disposition particulière de coloration. Leur pelage au lieu d'étre uniforme comme chez l'adulte est d'abord parsemé de taches régulièrement disposées et analogues à celles que présentent dans l'âge adulte d'autres espèces du genre. Ainsi elles sont blanches chez les jeunes Faons comme chez l'adulte de l'Axis et noires chez les Lionceaux comme chez la plupart des Chats. Ce rapport remarquable entre le système de coloration des jeunes individus d'une espèce et celui des autres espèces du genre dans l'âge adulte se retrouve chezquelques Oiseaux: mais au lieu que leur premier plumage ordinairement semblable à celui des femelles adultes est toujours beaucoup plus triste que celui de lage adulte; la livrée des jeunes Mammifères variée de taches agréablement disposées est au contraire un ornement qu'ils perdent avec l'âge pour prendre des couleurs plus simples et plus uniformes.

L'influence de la maladie albine agit également et de la même manière sur les Mammifères et sur les Oiseaux. Tout le monde a vu des Lapins albinos et il n'est pas trèsrare non plus de voir des Lièvres blancs; la même altération a été observée pareillement dans presque toutes les familles des Mammifères; et nous avonsmêmevu un exemple de cette altération dans une Chauve-Souris dont la peau tous les poils et toutes les membranes

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étaient blanches à l'exceptfon du tiers inférieur de la membrane interfémorale et de la queue qui était au contraire noir. Nous insistons sur cette observation parce que la famille des Chéiroptères étaitla seule dans laquelle on n'eût point encore jusqu à ce jour trouvé d individus albinos.

La maladie albine est plus fréquente dans les pays froids; une autre altération qui lui est précisément opposée dans ses causes comme dans ses effets est le mélanisme. On l'observe particulièrement dans les pays chauds; maisil y est d'ailleurs beaucoup moins fréqnent que ne l'est l'albinisme dans les pays froids. On n'a guère vu deinéLanos quant aux espèces sauvages que parmi les Chats les Daims «Cles Rats.

En outre de l'influence de la maladie al bine mais par des causes analogues les espèces qui vivent dans les dunats froids blanchissent l'hiver: c'est ce qui a lieu pour plusieurs espèces de Lièvres de Renards de Martes et pour quelques autres Mammifères. Le noir est ordinairement la seule couleur qui se canserve dans toutes les saisons; ainsi l'Hermine a toujours le bout de la queue noir; et l'extrémité des oreilles garde également cette couleur chez de Lièvre variable. C'est aussi ce qu'on observe chez plusieurs Oiseaux parmi ceux qui blanchissent en hiver comme le Tétras Lagopède et le Tétras des Saules. Quelques espèces qui ne vivent pas dans des climats aussi froids que les précédentes et même pour quelques unes d'entre elles les individus qui se trouvent moins avancés vers le Nord ne blanchissent qu'incomplètement l'hiver. On sait au contraire que l'Ours polaire est entièrement blanc en toute saison.

On voit donc comment les mutations hibernales d'un Mammifère dépendent de lois fixes et se peuvent en quelque sorte calculer d'après la connaissance de la température du lieu qu'il habite. Il s'en faut bien qa'il soit également possible d'apprécser ainsi les changera ens qu'éprouve le pelage par l'influence de la domesticité: nous essaierons cependant de saisir à cet égard quelques rapports.

II est d'abord certain que les modifications sont d'autant plus prononcées que les espèces sont réduites en domesticité depuis un temps plus considérable et qu'elles sont plus entièrement domestiques; le Chien le Cheval le Bœuf la Brebis la Chèvre le Porc sont en effet les espèces les plus profondément modifiées. Ainsi (et nous ne prenons pas pour exemple les Chiens à cause de l'opinion aujourd'hui très-répandue en histoire naturelle qu'ils ne forment pas une seule espèce) les variétés dans l'espèce du Cheval sont pour ainsi dire innombrables; et leur taille leurs formes la nature de leurs poils et à plus forte raison leurs couleurs présentent les différences les plus prononcées. On a distingué environ trente races différentes et la plupart de ces races sont elles-mêmes formées de plusieurs variétés. Les unes telles que celle qu'on désigne sous le nom de race anglaise commune ont plus de cinq pieds de hauteur au garrot tandis que d'antres n'ont pas plus de trois pieds; nous avons même eu l'occasion de voir deux Chevaux lapons dont la taille n'excédait pas trente-cinq pouces pour l'un et trente-trois pour l'autre. La plupart des races de Chevaux ont les poils lisses el assez courts: chez le Cheval de Norwège ils sont de même lisses et courts pendant l'été mais ils deviennent pendant l'hiver entièrement frisés. Le Cheral baskir les a de même frisés et très-longs. On trouve aussi des Chevaux entièrement privés de poils. Enfin les formes et les couleurs ne sont pas moins variables comme chacun le sait.

Ainsi plus une espèce est réduite en domesticité depuis long-temps et plus cette domesticité est entière et complète: ou si l'on veut plus l'influence de l'Homme a duré longtemps et plus elle a été puîssante;

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plus l'espèce a été modifiée profondément plus les diverses variétés sont nombreuses et différentes entre elles. C'est donc de la durée et du degré de l'influence de la domesticité que dépendent le nombre et l'étendue des modifications. Leur nature tient à une autre cause et cette cause réside dans l'organisation elle-même de l'Animal.

C'est ainsi et cette comparaison fera mieuvx comprendre ce que nous venons do dire c'est ainsi qu'on peut distinguer dans une monstruosité deux effets la nature de l'anomalie et son étendue ou son importance. L'intensité des causes perturbatrices détermine celle-ci; sa uature est déterminée par l'organisation normale de l'espèce même. Et par exemple lorsque des organes deviennent monstrueux comme l'œil et le nez chez un C clope ils le deviennent en prenant des caractères qui ne sont pas les caractères normaux (car alors il n'y aurait pas demonstruosité) mais qui du moins s'y rapportent et en dépendent parce qu'ils en dérivent. L'œil et le nez doivent donc différer et difierent en efTet chez le Yeau et chez le Chicn cyelopes par exemple parce que l'altération d'organes différeus dans l'état normal produit nécessairement des organes diiférens de même dans l'état anomal. Ainsi deux lignes géométriques partant de points différens et suivant une direction analogue peuvent bien être parallèles mais non pas se confondre.

Ce qui a lieu pour les monstruosités a lieu pour les variations qui nous occupent ici: variations qui sont véritablement à beaucoup dégards des monstruosités permanentes. Les causes perturbatrices sont ici dans l'influence de la domesticité.

Appliquons maintenant aux variations qui nous occupent ici spécialement à celles de la coloration ces idées plus générales. Les couleurs des différentes variétés d'une espèce ou comme nous pouvons les nommer scs couleurs secondaires dépendent de sa couleur primitive. II ne faut pas croire en effet qu'elles la remplacent au hasard et comme arbitrairement: et en effet si cela était après un certain nombre de générations il n'est pas de couleurs qui ne vinssent à se produire dans une espèce.

Quant au nombre des variétés et quant à l'importance des différences qu'elles présentent avec le type primitif le degré de l'influence delà domesticité les produit et les détermine. Ainsi une espèce nouvellement réduite en domesticité ou une espèce qui ne l'est qu'imparfaitement ne présente qu'un petit nombre de variétés; et encore ces variétés sont-elles peu différentes entre elles. Dans ce cas si elle redevient sauvage elle aura repris dès les premières générations ses caractères primitifs. Si au contraire une espèce a été depuis long-temps réduite à une domesticité complète ses variétés seront très-nombreuses et très-différentes entre elles; et redevenue sauvage elle ne reprendra sa couleur propre qu'après un temps très-considérable ou même ne la reprendra jamais complètement. C'est ce qui a lieu pour les Chevaux redevenus sauvages dans les pampa de Buénos-Ayics et les steppes de l'Asie centrale. On trouve en effet parmi lux des individus de toutes coureurs.

Nous devons remarquer néanmoins que les effets produits ne sont pas toujours exactement proportionnels aux causes que nous indiquons ici: c'est ainsi que la couleur primitive de l'espèce se trouve encore assez bien conservée dans toutes les variétés de l'Ane quoique ce Quadrupède soit depuis long-temps soumis à la domination de l'IIomme. C'est que l'organisation n'est pas au même degré chez tous les Animaux susceptible d'être modifiée par la domesticité et qu'elle se trouve ainsi avoir une influence notable sur l'étendue des variations eu même temps que sur leur nature. Une autre cause pareillement très digne d'attention mais dont on a souvent encore exagéréles effets c'est

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l'action du climat. Ce que nous avons dit sur les variations hibernales du pelage de certaines espèces et sur l'albinisme suffit pour en faire apprécier l'importance pour la coloration.

II resterait maintenant la couleur primitive d'une espèce étant donnée à déterminer quelles seront les couleurs secondaires ou celle des variétés: question importante et dont la solution complète montrerait enfin pour beaucoup d'Animaux s'ils doivent réellement être considérés comme de simples variétés d'autres espèces ou comme des espèces distinctes. Malheureusement nous n'avons encore de données que pour un tiès-petit nombre de cas. Il est deux varationsque présentent presque toutes les espèces quelle que soit d'ailleurs leur couleur primitive l'albinisme et le mélanisme. Tout le monde sait en effet qu'il existe des individus blancs et d'autres noirs chez tous les Animaux domestiques comme chez le Bœuf le Mouton la Chèvre le Chat le Lapin et même le Chameau. Ces couleurs se retrouvent même assez fréquemment comme nous l'avons remarqué dans les espèces sauvages et se transmettent flans quelques-unes avec assez de fiïité pour qu'on y ait distingué une race blanche el uue race noire: c'est ce qui a lieu pour le Daim.

On sait d'une manière générale que l'albinisme est produit par un ensemble de causes débilitantes et tient à l'absence de la matière colorante de la peau: s'il est démontré que le mélanisme est au contraire l'effet de causes fortifiantes et tient à l'excès de la matière colorante on verra pourquoi foutes les espèces sont susceptibles de présenter la couleur blanche et la noire quelle que soit d'ailleurs leur coloration primitive.

Relativement aux autres couleurs secondaires on conçoit qu'elles doifeat se retrouver d'autant plus fréquemment parmi les variétés domestiques qu'elles dérivent de couleurs appartenant primitivement à un plus grand nombre d'espèces: tel csl le gris roussâtre que présente le pelage du Lapin du Cochon-d'Inde et même du Chat. à l'état sauvage et d'où dérive le roux vif: on rencontre en effet très-fréquemment cette dernière couleur chez tous ces Animaux.

Au reste et par une raison qu'il est facile d'indiquer la même colora lioit n'est ordinairement pas commuue à plusieurs espèces domestiques. Leur petit nombre a fait que très-peu d'entre elles se ressemblaient primitivement: par suite et d'après ce que nous avons dit on voit qu'elles ne doivent pas se ressembler non plus dans leurs variétés.

DE LA LOCOMOTION CHEZ LES MAMMIFÈRES.

Nous avons suffisamment indiqué quels étaient les organes de la locomotion chez les espèces auxquelles des modifications particulières commandent le séjour habituel des eaux ou permettent de s'élever dans les airs. Nous parlerons seulement ici des véritables Animaux terrestres.

La plupart de ces derniers sont de vrais Quadrupèdes et posent sur le sol par leurs quatre extrémités. Tels sont es Herbivores et la plupart des Carnassiers parmi lesquels les uns sont plantigrades tandis qued'autres n'appuient que sur leurs doiets ou même seulement sur leurs ongles; modifications d'une haute importance et qui ont en partie servi de base aux classifications aujourd'hui adoptées. V. MAMMALOGIE. Chez d'autres Mammifères I a locomotion s'exerce principa lement et quelquefois même exclusivement au moyen des membres postérieurs. Tels sont plusieurs Singes et particulièrement les Orangs et quelques genres de Rongeurs et de Marsupiaux comme les Gerboises et les Kanguroos. Chez ceux-ci le mode de progression le plus habituel est le saut exécuté au moyen des membres postérieurs seuls et de la queue qui fait véritablempnt l'office d'une troisième jambe. Mais ces Animaux ou du moins les Kanguroos suivant les observations de plusieurs voyageurs

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lorsqu'ils sont vivement pressés emploient aussi leurs membres antérieurs non pas il est vrai pour une marche analogue à celle des véritables Quadrupèdes mais pour une manière particulière de saut. Les Orangs ont une marche extrêmement remarquable; posant sur leurs membres postérieurs et se tenant presque dans la situation verticale ils s'aident néanmoins des antérieurs et profitant ainsi de l'extrême longueur de leurs bras s'appuient sur le sol au moyen de leurs mains. On voit donc que les Orangs ont un mode de progression fort singulier et que ces Animaux auxquels on ne peut certainement donner le nom de Quadrupèdes ne sont pas non plus de véritables Bipèdes. L'Homme seul méiite ce dernier nom; lui seul repose uniquement dans la marche sur la plante des pieds de derrière parce que la position verticale de son corps suffit pour établir son équilibre sans qu'il ait besoin d'autre soutien ou d'autre appui. Cette position verticale du corps qui lui est propre est d'ail leurs la seule qui soit possible chez lui (V. HOMME) a ca use de la foi me de son calcanéum et de tout sou pied de celle de son bassin de la disposition et de la direction de sa Colonne vertébrale et de ses muscles sacro-spinaux de la forme de sa tête de la position de son trou occipital des proportions de son crâne et de sa face et de la direction de son orbite. On voit donc combien ont peu de fondement les idées de plusieurs philosophes jui ont soutenu que l'Homme dans l'état de nature est un véritable Quadrupède et que la station verticale n'est chez lui que l'effet de l'habitude et de l'éducation. Quoique présentée quelquefois d'une runière spécieuse cette opinion n'en est pas moins une supposition entièrement fausse et dans laquelle on ne serait pas tombé si l'on eût fait la réflexion que le mode de station d'un être est un résnltat nécessaire de son organisation et que l'anatomie peut seule donner la clef d'une question de physiologie. Ovide qui n'avait à soutenir aucun système et qui n'était que poëte avait au contraire dit avec beaucoup de justesse:

Pronaque cum npeclent animalia calera terrain Os homini sublime dedit cœlümque lueri Jussit et erectos ad aidera tollere vultus.

DE LA PRÉHENSION.

Elle s'exécute principalement chez les Carnassiers et chez les Rongeurs au moyen de leurs doigts ordinairement bien distincts et terminés par des ongles plus ou moins pointus. Quelques espèces comme les Ecureuils parmi les Rongeurs les Ratons parmi les Garnassiers saisissent leur nourriture entre leurs deux pales antérieures et la portent ainsi à leur bouche. La main est beaucoup plus parfaite chez l'Homme les Quadrumanes et les Pédimanes à cause de la mobilité du pouce qui peut s'écarter des autres doigts et s'y op-Soser. Tous les Singes (à l'exception de ceux du genre Atèle) et généralement tous les Quadrumanes ont comme ce nom l'indique quatre véritables mains c'est-à-dire que le pouce est opposable aux quatre membres. Ils peuvent ainsi saisir également avec les membres postérieurs et avec les antérieurff; mais leur main beaucoup moins parfaite que celle de l'Homme comme organe du toucher l'est aussi moins comme organe de préhension à cause de la brièveté de leur pouce. Chez les Didelphes et quelques autres Marsupiaux qui ont aussi de véritables mains mais seulement aux membres postérieurs le pouce est généralement dépourvu d'ongle et se trouve à cause de sa brièveté le plus souvent susceptible de peu d'usage.

Plusieurs Mammifères ont en Outre dans leur queue un véritable organe de préhension quoique sa fonction la plus ordinaire soit d'assurer leurs mouvemens: nous voulons parler des espèces qui l'ont prenante oest-àdire susceptible de s'enrouler autour des corps et de les saisir. Ches plu-

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licars d'entre elle elle est entièrement garnie de poils; mais d'autres et ce sont celles où elle agit avec le plus de force l'ont nue et calleuse ou dessous vers son extrémité c'est-à-dire dans la partie qui est le plus sujette aux frottemens. Elle remplit mirent l'office d'une véritable main et peut attirér vers l'Animal des objets dont le poids est considérable. On dit-aussi que le Kinkajou la fait otrer dans les trous où il a aperçu des Crustacés afin que ceux-ci la saisissant avec leurs pinces il puisse on la ramenant à lui les tirer hors de leur retraite pour en faire sa proie. Beaucoup de Singes d'Amérique ont la queue prenante; le même caractère se retrouve également chez plusenrs Carnassiers chez plusieurs Marsupiaux et chez quelques Ronceors.

Enfin un autre instrument de préhension beaucoup plus remarquable encore est la trompe des Eléphans. Cet organe connu de tout le monde est un prolongement du nez pourvu de muscles nombreux qui lui permettent des mouvemens dans tous les seas et qui peuvent aussi soit l'allooger soit le raccourcir. (V. ELÉPHANT.) C'est simplement en en repliant l'extrémité autour d'une branche d'Arbre que l'Animal l'arrache: et e'est aussi de cette manière qu'il cueille l'herbe dont il veut faire sa nourriture. Mais ce qui lait de la trompe un instrument de préhension très-parfait ce qui la rend capable le saisir des corps extrêmement menas tels que des pièces de monnaie c'est surtout la saillie qui la termine en dessus et dont on ne peut mieux donner l'idée qu'en la comparant à on pouce très-fortement opposable. Elle s'appuie en effet contre la partie inférieure de la trompe de même eue le pouce s'appuie sur les autres doigte: aussi beaucoup de langues n'ont-elles qu'un même root pour désigner la main de l'Homme et la trompe de l'Eléphant.

Plusieurs autres Mammifères ont aussi le nez assez prolongé pour qu'on l'ait désigné sous le nom de trompe comme les Tapirs et les Desmans; mais cette trompe n'a jamais un développement assez considérable pour être employée a la manière de celle de l'Eléphant.

C'est aussi au moyen de sa trompe que l'Eléphant boit: chacun sait comment il l'emploie pour verser l'eau dans sa boucue quoique d'ailleurs le mécanisme de la projection de ce liquide soit encore peu connu. Les autres Mammifères boivent généralement soit en lapant comme la plupart des Carnassiers soit en humant l'eau comme les Herbivores.

Les organes de la préhension sont donc chez les Mammifères les membres de devant et ceux de derrière la queue le nez les lèvres et la langue auxquels on doit ajouter aussi les dents.

DE LA GÉNéRATION.

Un grand nombre de Mammifères ont ainsi que l'Homme les mamelles pectorales et le pénis et les testicules pendans à l'extérieur: tels sont les Quadrumanes et les Chéiroptères. Nous trouvons également dans ces deux ordres plusieurs espèces dont les femelles sont comme la Femme sujettes à un écoulement menstruel plus ou moins régulier. Ce fait remarquable très-bien et dès loup temps connu à l'égard de plusieurs Singes et des Makis vient d'être vérifié à l'égard des Roussettes par les voyageurs Garnot et Lesson. L'écoulement menstruel chez la femelle dans ces espèces ou du moins l'afflux du sang à ses parties génitales revient d'une manière périodique et détermine l'époque du rut; c'est seulement alors que la femelle est disposée à recevoir le mâle. Il n'y a point au contraire d'époque périodique de rut pour celui-ci; l'accouplement est possible chez lui en toute saison et à toute époque à cause de la disposition de ses organes génitaux et surtout de son pénis toujours libre. Le sut se manifeste par des signes variables chez les autres Animaux et souvent

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une seule fois dans l'année. Il s'annonce quelquefois chez les femelles de Carnassiers par une sorte de menstruation comme l'a observé Fr. Cuvier pour la Genette: il se manifeste chez les Boucs par l'odeur extrêmement forte et fétide qu'on t alors ces Ruminans; chez bcaucoup d'Herbivores par l'accroissement de volume des testicules et chez d'autres où la verge est habituellement dirigée en arrière par son renversement en avant; chez les Chameaux mâles par des démangeaisons par un grand amaigrissement par des écoulemens à l'occiput d'un liquide noir visqueux et fétide; chez les Dromadaires par deux vessies qu'on voit sortir à chaque instant de leur bouche; eufin chez tous les Animaux par une sécrétion plus abondante dans toutes les glandes souscutanées et par un grand changement dans leur instinct et leur naturel. Les plus doux deviennent à cette époque comme furieux et l'on doit se défier même des mieux apprivoisés. L'ignorance de ce fait remarquable a souvent été la cause de funestes accidens; et l'on a vu quelquefois des Animaux dans le temps de leur rut blesser leurs gardiens qui rassurés par leur douceur et leur docilité habituelles n'avaient aucune défiance.

On a exposé ailleurs les principales différences que présente chaque espèce pour son mode d'accouplement; on conçoit que ces variations sont aussi nombreuses que celles de la forme et de la position des organes génitaux dans les cifférentes familles.

Les petites espèces de Maminilères sont généralement beaucoup plus fécondes que les grandes parce que leur gestation durant moius longtemps elles mettent bas plus souvent et aussi parce qu'elles font à la fois un nombre plus cousidérable de petits. On a calculé qu'avec un seul couple de Cochous-d Inde on pourrait en avoir uu millier dans une seule année; mais cette extrême fécondité est un effet de la domesticité où ils sont réduits et n'existe nullement dans l'ètat de nature.

Le degré de développement dans lequel naissent les petits des Mammifères est bien loin d'être le même dans toutes les familles. Ainsi taudis que le jeune Ruminant peut dès le jour même de sa naissance se tenir sur ses jambes et marcher les jeunes Caruassiers et les jeunes Singes restent pendant un certain temps faibles et débiles; et les jeuues Marsupiaux ne sont pas même arrivés à l'époque de leur naissance au degré de développement qui caractérise le fœtus. V. LACTIVORES.

Buffou a calculé que la durée de l'époque de croissance et de développement complet du corps f forme la septieme partie de la durée totale de la vie chez les Mammifères. C'est en effet à peu près ce qu'on observe dans cette classe; et il est bieu certain à quelques exceptions près que les espèces qui croissent le plus lentement sont aussi celles qui vivent le plus longtemps.

DES MÉTIS ET DU CROISEMENT DES ESPÈCES ET DES RACES CUEZ LES MAMMIFÈRES.

On a réussi souvent à faire accoupler des individus appartenant à des espèces différentes; c'est ce qu'on voit journellement à l'égard de l'Ane et du Cheval qui produisent très-facilement ensemble et qui s'accouplent sans répugnance comme chacun le sait; c'est aussi ce dont on a des exemples pour l'Ane et le Zèbre le Zèbre et le Cheval le Bison et la Vache le Bélier et la Chèvre le Loup et le Chien etc. Les accouplemens hybrides sont donc assez fréquens chez les Mammifères; cepeuaut ils ne s'opèrent pas ordiuanement sans qu'il y ait réunion d'un certain nombre de circonstance Ainsi par exemple il faut que les deux espèces ou du moins l'une d'eiles soit réduite en domesticité. On ne connaît qu'uu très-petit nombre d'exceptions; la puissance de l'Homme peut en effet seule produire ces phénomèues contraires aux lois générales de la nature. Il faut que les

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deux espèces soient de même taille ou du moins de taille peu différente; et il est facile en effet de concevoir que l'accouplement ne peut avoir hen sans qu'il y ait proportion entre les dimensions des organes génitaux mâles et des organes femelles. Toutefois si l'on adoptait l'opinion de ceux qui considèrent comme des espèces différentes les principales races Chiens (opinion qui n'est pas aujourd'hui sans quelque probabilité) on pourrait citer une exception fort remarquable à cette loi; ainsi on vait quelquefois un Chien de très-rpetitonce s'accoupler avec une Chienne ét très-grande taille. On a même des exemples de l'accouplement du Lama avec la Chèvre; fait qui parit aussi exceptionnel mais qui s'explique cependant très-bien par la petitesse proportionnelle du pénis chez le Lama. Cet accouplement a d'ailleurs toujours été stérile. Enfin et nous ne connaissons aucun fait authentique véritablement contraire à cette dernière loi il n'y a d'accouplement hybride qu'entre des espèces voisines et appartenant au même genre naturel. Ainsi le Cheval le Zèbre et l'Ane le Bison et la Vache le Loup et le Chien sont bien des espèces de même genre; et quant au Bélier et à la Chèvre tous les zoologistes convienment qu'aucun caractère bien réel et bien positif ne les distingue génériquement et que plusieurs races de Chèvres pourraient tout aussi bien être placées parmi les Moutons; ces derniers font même partie du genre Capra dans plusieurs systèmes et particulièrement suivant ceux qui sont le plus généralement adoptès en Allemagne. Ainsi l'accouplement du Bélier et de la Chèvre ne nous empêche pas de dire qu'il n'y a aucune exception à cette dernière loi; mais il n'en serait pas de même si quelques faits rapportés par Rafinesque étaient bien avérés. «Une Chatte dit ce zoologiste (Annales générales des Sciences Physiques par Bory Saint-Vincent Drapiez et Van-Mons T. vii p. 85) fut laissée dans une cabane dans les bois du Kentuky laquelle fut abandonnée pendant plusieurs mois. Cette canane était parfaitement isolée et éloignée de plusieurs lieues de toute autre et il n'y avait pas de Chats dans le voisinage à la distance de quinze à dix-huit milles. Le propriétaire de la cabane trouva à son retour sa Chatte encore dans la cabane et allaitant une portée de cinq petits monstres semblables aux Chats par le corps et le poil mais ayant la têie les pates et la queue semblables à celles du Didelphe commun des Etats-Unis nommé ici Opossum (le Didclphis Virginiana des naturalistes). Ces Animaux vécurent et furent montres comme curiosité dans tous les environs; mais ils sont morts jeunes et sans s'être propagés. On a conjecturé avec fondement que cette Chatte ainsi isolée abandonnée et qui a vécu d'Oiseaux do Souris et de Taupes dans l'intervalle aura agaçé un Didelphe mâle durant la période ordinaire de chaleur à déiaut de mâle de l'espèce analogue; car il n'y a même pas de Chats sauvages dans le Kentukv (ceux qu'on nomme ainsi sont des Lynx) el aura été fécondée par lui. ff

On doit bien se garder d'admettre sans un examen attentif ce fait et quelques autres semblables rapportés par le même auteur. Il est en effet bien difficile d'admettre la possibilité d'un accouplement fécond entre deux espèces appartenant à des genres aussi éloignés à tous égards et particulièrement par leur mode de génération que le sont les Chats et les Didelphes. Nous avons déjà remarqué d'ailleurs que la puissance de l'Homme peut seule ordinairement produire ces unions contraires aux lois do la nature et pour lesquelles toutes les espèces sauvages montrent constamment de la répugnance. Enfin et cette remarque n'est pas ici sans importance on sait que parmi les Chats es femelles résistent long-temps même à leurs propres mâles dans la crainte de la douleur qui accompagne toujours pour elles l'acte de l'accou-

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plement à cause des pointes dont se trouve armé le pénis de ces Animaux.

L'accouplement hybride du Raton et d'une espèce de Renard auquel les chasseurs de l'Amérique septentrionale croient généralement ainsi que nous l'apprend également Rafinesque nous paraît aussi un fait fort douteux. Il en est de même de celui du Cerf et de la Vache de celui du Chat et du Chien et encore bien mieux de celui du Chat et du Loir dont Locke dit avoir vu un exemple. Enfin tout ce qu'on a dit de l'existence du Jumar ou du prétendu métis du Taureau et de la Jument nous semble de même dénué de fondement. L'organisation de ces espèces est en effet trop différente à tous égards pour que leur union ou du moins leur union féconde puisse être regardée comme possible dans l'état actuel de la science.

Les jeunes Mulets et surtout ceux qui proviennent d'une espèce domestique et d'une espèce sauvage et non pas de deux espèces domestiques s'élèvent souvent avec peine ou même meurent dès le bas âge comme si la nature répugnait à l'existence de ces êtres que l'Homme a pour ainsi dire créés. Quelquefois néanmoins ils s'élèvent très-bien. Un des exemples les plus remarquables est le métis né eu 1807 d'un Zèbre femelle et d'un Ane à la ménagerie du Muséum où il vit encore aujourd'hui. Geoffroy Saint-Hilaire l'a décrit (Ann. Mus. T. IX) et a fait connaître (Ann. Mus. T. VII) les circonstances de l'accouplement qui lui a donné naissance. Il sest fait sans aucune difficulté; et l'on n'a eu nul besoin de recourir à quelque ruse analogue à celle qu'Allamand nous dit avoir été employée dans un cas semblable par un seigneur anglais; ruse de l'efficacité de laquelle nous croyons d'ailleurs qu'il est fort permis de douter. On avait rapporte cet auteur fait d'inutiles tentatives pour produire l'accouplement lorsqu'on s'avisa de peindre l'Ane des couleurs du Zèbre; œlui-ci se laissa tromper par cette similitude et l'accouplement eut lieu. Tout récemment on a cherché au Muséum à faire accoupler le Bison mâle avec une Vache; phénomène qu'on est déjà parvenu à produire en quelques lieux. L'accouplement a en effet eu lieu plusieurs fois et l'on espère qu'il ne restera pas stérile; maison n'a encore à cet égard aucune certitude.

La question de la fécondité des Mulets a été long-temps débattue et n'est point encore résolue d'une manière génerale. Quelquesuns comme les métis du Chien et du Loup ne sont certainement pas stériles et Buffon l'a prouvé par plusieurs exemples; mais ils ne produisent ordinairement que des Animaux faibles et qui s'élèvent difficilement. Cependant Buffon (Supplém. T. VII) a fait connaître jusqu à la quatrième génération de ces métis. D'autres métis semblent presque entièrement stériles; tel est le Mulet proprement dit ou le Mulet né du Cheval et de l'Ane. Ce métis s'accouple très-facilement avec le Cheval mais presque toujours infructueusement On a néanmoins prouvé par plusieurs exemples qu'il n'est pas absolument infécond; mais ces exemples sont en petit nombre et n'ont guère été recueillis pour la plupart que dans les pays ohauds. Il paraît même presque entièrement stérile dans nos climats; c'est ce qui résulte du nombre considérable d'essais tentés inutilement; et c'est ce qu'indiquent aussi les observalions faites sur Pappareil générateur du Mulet d'après Gleichen par notre collaborateur Dumas et par Prévost. Ces sa vans n'ont trouvé dans le sperme que des globules analogues à ceux qui se trouvent dans celui des Animaux encore impubères ou des Animaux devenus stériles par l'effet de la vieillesse et point d'Animalcules spermatiaues. Bory de Saint-Vincent a fait également en Espagne de semblables observations et ses résultats analogues à ceux des savans physiologistes que nous venons de citer les confirment entièrement. Cependant on a aussi quelques exemples de l'ac-

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complement fécond du Mulet et du Cheval dans nos climats comme celai que Buffon rapporte dans ses Supplémens (T. VII) d'une Mule qui fat six fois féconde dans la ville de Valence en Espagne.

Les Mulets présentent généralement des caractères assez fixes et qui sont en partie ceux du père en partie ceux de la mère. Ainsi le métis de l'Ane et du Cheval ressemble à l'un et à l'autre et il forme véritablement un être intermédiaire entre ces deux espèces sans jamais présster tous les caractères de l'une d'elles à l'exclusion de ceux de l'autre Jamais un Ane jamais un Cheval ne saitra de l'accouplement du Cheval et de l'Ane; le produit pourra bien ressembler à l'un plus qu'à l'autre mais non pas exclusivement à l'un d'eux; on reconnaîtra toujours en lai un métis.

II n'en est pas toujours ainsi du croisement de deux variétés d'une même espèce: le produit tient le plus souvent de l'une et de l'autre (et l'on n'igaore pas combien l'économie rurale a sa profiter de la connaissance de ce fait pour améliorer les races domestiques); mais très-fréquemment aasi il ressemble entièrement à l'an des Animaux dont il est provenu. Souvent parmi les espèces qui font plusieurs petits à la fois on trouve dans la même portée des individus semblables au père d'autres semblables à la mère d'autres enfin qui tiennent de l'un et de l'autre; et c'est ce que chacun sait d'après l'expérience journalière. Le croisement entre les deux mêmes individus opéré dans des circonstances qui sont ou du moins qui nous paraissent semblables peut proauire des petits semblables au mâle et à une autre portée d'autres qui se trouvent ressmbler à la mère. Par exemple le croisement d'une Daine blanche et d'un Daim noir a d'abord produit un nâle varié de blanc et de noir cette dernière couleur étant d'ailleurs celle qui dominait généralement. Le même croisement a donné à la portée suivante un autre mâle noir comme le père dont il ne différait que par une très petite tache au-dessus du sabot; et ainsi presque entièrementsem-blable au produit de l'accouplement de deux individus de la race noire.

Quelle loi peut embrasser toutes ces variations? Et quelles causes déterminent ces ressemblances que nousî présente tour à tour le produit avec le père avec la mère avec tous deux et quelquefois même avec le grand-père comme plusieurs agriculteurs l'ont reconnu à l'égard des Moutons? C'est ce qu'on ignore presque complètement; et il en est à peu près de même de la cause qui détermine le sexe du produit quoique de nombreux travaux entrepris récemment dans différentes directions aient commencé à jeter quelque jour sur cette importante et difficile matière.

Nous rapporterons ici en peu de mots un fait qui nous paraît sous ces deux rapports et aussi à d'autres égards digne d'attention: nous l'avons observé dans la Ménagerie du Muséum. Une Chienne de très-grande race et venant du mont Saint-Bernard avait été couverte successivement parun Chien de chasse ordinaire et par un Chien de la race de Terre-Neuve. Elle mit bas en mai 1824 jusqu'à onze petits qui présentaient les caractères suivans: six d'entre eut se trouvaient semblables au Chien de chasse; cinq ressemblaient au contraire au Chien de Terre-Neuve. Ces Animaux différaient ainsi tellement entre eux qu'on aurait cru difficilement qu'ils fussent nés de la même mère et dans la même portée: les jeunes Chiens de Terre-Neuve étaient en effet d'une couleur toute différente des premiers et d'une taille presque douule de la leur. Aucun d'eux n'avait d'ailleurs de rapports de coloration avec la mère; et il n'y avait point à cet égard à s'y méprendre celle-ci étant très-remarquable par de belles taches jaunes répandues sur un fond blanc. Enfin et ce fait ne nous a pas paru moins digne d'attention les einq jeunes Chiens de Terre-Neuve se

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trouvaient tous du sexe mâle et les six autres au contraire du sexe femelle. La même mère a fait depuis d'autres portées qui n'ont rien présenté de remarquable: nous dirons seulement qu'elles étaient moins nombreuses.

DE LA PLACE QUE DOIVENT OCCUPER LES MAMMIFÈRES DANS LA SÉRIE ANIMALE.

Avant d'avoir étudié l'organisation des Mammifères de l'avoir considérée dans ses rapports avec celle des autres classes tous les naturalistes étaient tombés d'accord sur la nécessité de les placer à la tète du règne animal. L'extrême intelligence de ces Animaux leur mode de génération et toutes leurs fonctions en tout point analogues à celles de l'Homme; la grande ressemblance extérieure de quelques-uns d'entre eux avec cet etre le plus parfait de tous avaient en effet frappé les premiers observteurs. Aujourd'hui ce qu'on avait reconnu d'après un petit nombre de rapports ce qu'on avait en quelque sorte deviné instinctivement est une vérité pleinement et rigoureusement démontrée. Les nombreuses recherches auxquelles on s'est livré dans ces derniers temps ont en effet fourni ce beau résultat que les Mammifères sont des êtres dont le développement est généralement plus parfait que celui des autres classes; que les Ovipares réalisent pendant toute la durée de leur vie les caractères propres aux Mammifères dans l'âge fœtal et qu'ils ne sont suivant l'expression reçue que des embryons permanens de cette classe. Nous ne chercherons pas à accumuler ici les nombreux faits qui viennent à l'appui et qui donnent la démonstration de cette idée; nous en avons d'ailleuis fait remarquer quel-ques-uns dans le cours de cet article: c'est ainsi que nous avons vu chez les fœtus des Mammifèrcs uu diaphragme rudimentaire comme celui des Oiseaux; des tubercules quadrijumeaux semblables d'abord à ceux des Poissons puis à ceux des Reptiles puis à ceux des Oiseaux; enfin le même nombre de pièces crâniennes qui entrent dans la composition de la tête osseuse des Vertébrés inférieurs. C'est ainsi que se trouvant toujours en rapport avec eux primitivement ils ne s'en éloignent que par la série de leurs développemens successifs.

Ces idées sont aujourd'hui généralement adoptées en France et en Allemagne. Emises en 1807 par Geoffroy Saint-Hilaire qui fonda sur elles sa détermination au crâne des Poissons elles ont en effet été depuis développées avec succès en France par ce même anatomiste et par Serres et en Allemagne par Meckel et Î par Tiedemann qui en ont on peut e dire donné la démonstration pour tous les principaux systèmes organiques. Toutefois quelques naturalistes français les repoussent encore au-jourd'hui même comme hypothétiques et comme fondées sur une apparence qui n'a rien de réel; mais ils semblent véritablement les avoir confondues avec celles de Demaillet qui cherchant à prouver l'origine aquatique de l'espèce humaine a voulu établir l'identité primitive de l'Homme avec le Poisson. Ces théories aussi bizarres que ridicules ne sont nullement celles des anatomistes que nous venons de citer: ils ont établi qu'il y a analogie et ressemblance primitives des élémens des organes; mais non comme on la dit que l'échelle animale représente un seul être depuis son premier degré de développement jusqu'au dernier et encore oien moins que l'Homme a été à une époque de son développement un véritable Poisson ou un véritable Reptile. On peut dire même que tou-tes ces singulières hypothèses si elles ne sont pas tout-à-fait incom-patibles avec les théories générales de ces anatomistes et particulièrement avec la doctrinede l'unité décomposition de Geoffroy Saint-Hilaire ne peuvent du moins se concilier avec elles que fort difficilement. V. MATIÈRE.

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IIétait important d'insister sur cette théorie de la ressemblance primitive de organes; car sa démonstration est aussi la démonstration la plus évidente et la plus certaine de l'unité de composition organique comme l'entend Geoffroy Saint-Hilaire de l'unité de composition dans les clémess de l'organisation. Si eu effet les variations de ces élémens dans la série animale sont les mêmes que celles qu'ils présentent dans la série des développemens du fœtus; à moins de qu'il y ait analogie entre les élémens des organes du fœtus et ceux de l'adulte on ne peut se refuser à admettre pour l'ensemble des Animaux le même genre d'analogie; nous volons toujours dire l'analogie élémentaire.

Ainsi on peut regarder comme bien démontré que les Mammifères doivent être considérés comme la êtres dont l'organisation est la plus parfaite et qui par conséquent Je placent d'après l'ensemble de leurs rapports à la tête du règne animal. La plupart de leurs organes ont en effet atteint le maximum de composition tandis que quelques autres sont an contraire arrivés au minimum; et à cet égard il n'en pouvait être autrement puisque certaines parties de l'organisation sont toujours développées en raison inverse l'une de l'autre ainsi que nous l'avons déjà remarqué. L état tout-à-fait rudimentaire de quelques organes est donc précisément la cause de l'extrême richesse de développement de quelques autres et peut ainsi lui-même ètre regardé comme une preuve du développement plus parfait de l'enttmble de l'organisation.

L'étendue plus considérable de la respiration chez les Oiseaux où elle est selon l'expression reçue double paraît cependant modifier un peu ces rapports; mais nous pourrions rematquer qu'elle tient à quelques égards elle-même à l'imperfection de la plèvre et du péritoine et à l'état tout-à-fait rudimentaire du diaphragme.

DE LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES MAMMIFÈRES.

Buffon dans les ouvrages duquel il ne faudrait chercher que le mérite du style et le talent du grand écrivain suivant plusieuis naturalistes modernes est cependant celui qui a posé à l'égard de la Mammalogie les premiers principes de cette importante partie de la science connue sous le nom de Géographie physique. Privé des connaissances de l'anatomiste; porté d'après certaines théories qui lui étaient propres à regarder l'influence du climat sur le développement et les caractères des Animaux comme plus grande encore qu'elle ne l'est réellement et d'ailleurs ses proS ositions générales n'étant pas la déuction d'un nombre assez considérable de faits il a été entrainé dans quelques erreurs plus ou moins importantes dont au reste il a luimêine reconnu et corrigé plusieurs. C'est ce qu'on peut remarquer particulièiement au sujet de son bel article sur la distribution géographique des Mammifères (T. IX p. 56-128) qui n'eu doit pas moins cependant être regardé comme un des morceaux les plus importans de l'Histoire Naturelle. Ce qui a été fait dans ces derniers temps par divers naturalis-tes et principalement par Geoffroy Saint-Hilaire n'a en effet été que le développement et la démonstration des idées que Buffon a exposées dans ce passage.

La question de la distribution géographique des Mammifères doit etre traitée sous deux points de vue c'est-à-dire à l'égard des genres et à l'égard des espèces.

Buffon a remarqué le premier qu'aucune des espèces de la Zôue-Torride trouvéedans l'imdes continens nes'est trouvée dans l'autre et que même la plupart de celles desclimats tempérés de l'Europe manquent également dans le Nouveau-Monde. Cette grande loi regardée comme inexacte et combattue par la plupart des contemporains de Buffon est aujourd'hui généra-

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lement admise depuis que Geoffroy Saint-Hilaire a démontré la différence spécifique du Jaguar et de la Panthère que diverses erreurs de Buffon lui-même avaient long-temps fait confondre quoiqu'il eût déjà reconnu et annoncé que le Tigre d'Amérique et la Panthère étaient deux Animaux différens.

Au contraire quelques-unes des espèces qui vivent dans les climats les plus froids et qui se trouvent les plus rapprochées du Nord se trouvent également dans la partie la plus septentrionale des deux continens comme l'a remarqué Buffon: mais il faut bien se garder de croire que ces Animaux communs aux deux mondes soient à beaucoup près aussi nombreux qu'il le dit. Ainsi après avoir cité plusieurs espèces qu'il suppose se trouver également dans le nord des deux continens il ajoute «que les Lièvres les Eoureuils les Hérissons les Rats musaués les Loutres les Musaraignes les Chauve-Souris les Taupes sont aussi des espèces qu'on pourrait regarder comme communes aux deux continens quoique d'ailleurs (comme il le remarque ensuite lui-même) il n'y aitdans tous ces genres aucune espèce qui soit parfaitement semblable en Amérique à celles de l'Europe.ff Et en effet relativement à tous ces Animaux ceux del'Aucien-Monde et ceux de l'Amérique entre lesquels Buffon n'apercevait aucune différence bien notable sont aujourd'hui considérés comme des espèces bien distinctes et plusieurs même comme des genres particuliers. Une étude plus approfondie des caractères des êtres a donc montré que le nombre des espèces qui n'appartiennent pas exclusivement à l'un ou à l'autre des deux mondes est fort restreint; encore a-t-on reconnu à l'égard de ces espèces que plusieurs sont formées de deux variétés l'une américaine l'autre appartenant principalement à notre continent. Tel est le cas du Glouton (Ursus Gulo Lin.) qui existe à la fois dans le nord de l'Europe de l'Asie et de l'Amérique t mais qui dans cette dernière région a des couleurs beaucoup plus imles et diffère assez pour avoir été d'abord considéré comme une espèce distincte sous le nom de Volverenne (Ursus luscus).

Buffon avait comparé les Animaux du Nouveau-Monde à ceux de l'ancien sous un autre rapport et cherché à établir d'une manière générale que les premiers sont d'une taille moins considérable la différence étant même dans le rapport d'un à quatre six huit et dix. «Une autre observatioo qui vient encore à l'appui de ce fait général ajoute-t-il c'est que tous les Animaux qui ont été transportés d'Europe en Amérique comme les Chevaux les Anes les Bœufs les Brebis les Chèvres les Cochons etc. tous ces Animaux dis-je y sont devenus plus petits; et que ceux jui n'y ont pas été transportés et qui y sont all d'eux-mêmes ceux en un mot qui sont communs aux deux mondes tels que les Loups les Renards les Cerfs les Chevreuils les Élans sont aussi considérablement plus petits en Amérique qu'en Europe et cela sans aucune exception.—Il y a donc dans la combinaison des élémens et des autres causes physiques quelque chose de contraire à Agrandissement de la nature vi-vante dans le Nouveau-Monde.ff Buffon cherche ensuite les causes de ces faits et il les trouve dans la chaleur beaucoup moindre et l'humidité beaucoup plus grande de cette région en même temps que dans je petit nombre et les mœurs dep Américains qui menant dit-il la vieder Animaux laissaient la nature brute et négligeaient la terre.

Ces hypothèses qui peuvent être très-fondées pour une localité et pour un cas particulier ne peuvent être adoptées d'une manière générale; et on ne peut les considérer comme applicables aux diverses régions du Nouveau-Monde tout entier. Au reste ne pourrait-on pas dire que Buffon cherchait en vain à expl-

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quer d'une manière générale un fait qui lui-même n'est pas général? S'il est certain en effet que les plus grands Quadrupèdes les Eléphans leff Rhinocéros l'Hippopotame la Girafe les Chameaux le Lion le Tigre appartiennent tous à l'Anôen-Monide nous pouvons remarquer aussi que beaucoup de familles ont leurs plus grandes espèces parmycelles du Nouveau-Monde. Le Fourmilier Tamanoir l'emporte de beaucoup sar les Fourmiliers de l'Ancien-Monde eu les Pangolins; le Jaguar sur la Panthère; le Cabiai les Pacas le Cabiai sur les autres Rongeurs; le Lanantin d'Amérique sur celui du Sénégal?

Buffon n'aurait donc'pis dû poser d'une manière générale sa loi de l'infériorité des espèces du Nouveau-Monde et affirmer qu'elle ne souffre aucune exception. Mais nous devons aussi le aire nous aurions également tort de soutenir que son opinion n'est fondée sur rien de reel; et si nous ne devons pas voir dans le fait signalé par Buffon une loi générale de Géographie physique nous devons convenir que da moins il a véritablement lieu pour le plus grand nombre des cas. Les exceptions que nous venons de citer celles que nous pourrions ajouter encore sont en fort petit nombre; et presque tous les grands Anibkiux sont réellement nabi tans de Ancien-Monde: ce qui peut bien teair aussi en partie à ce que l'Amérique ne nourrit qu'un très-petit nombre d'Herbivores et surtout de Phydermes et que ces derniers sont précisément comme nous l'a vons remarqué ceux qui sont susceptibles de parvenir à la plus grande taille.

Tolles sont les principales lois de la distribution géographique des espèces de Mammifères lois que l'observation a révélées. Mais la puissance de l'Homme créant pour ainsi dire de ouve ll es espèces daus les races qu'il a fait naître en détruisant d'autres peuplant l'Amérique des Animaux de l'Eorope et par une sorte de l'Échange l'Europe de ceux de l'Amériqne a change la face de la terre et renversé les lois qu'avait posées la nature.

Dans tous les articles de ce Dictionnaire qui ont été donnés soit par nou s so it par d'autres collaborateurs on a fait connaître avec le plus de soins et le plus d'exactitude possible la patrie de chaque espèce. Nous croyons donc inutile de donner ici pour cha que contrée du globe l'énumération des Mammifères quil'habitent; et nous ne poumons d'ailleurs en le faisant que reproduire un travail déjà fait avec un grand soin par le savant professeur Desmarest (dans sou article Mammifères du Dictionnaire de Déterville). On trouvera également d'intéressantes observations dans l'ouvrage déjà cité de Humboldt daus plusieurs Mémoires insérés par Quoy et Gaimard dans les Annales des Sciences Naturelles dans le Mémoire de Desmoulins sur la distribution géographique des Vertébrés (Journal de Physique février 1822 p. 19) dans la Faune Américain de Harlan et dans plusieurs autres ouvrages.

La distribution géographique des genres a également beaucoup occupé les naturalistes; et quoiqu'on n'ait encore à leur égard trouvé aucune loi générale les résultats auxquels on est parvenu n'en sont pas moins dignes de remarque: nous exposerons les principaux.

C'est encore à Buffon que nous de vons les premières observations à ce sujet: ce grand homme reconnut que chaque sorte d'Animaux ou comme nous le dirions aujourd'hui chaque genre naturel a le plus souvent sa patrie particulière; en sorte que chaque région a ses genres comme ses espèces de Mammifères. Il est même surtout vrai de dire pour la plupart des genres comme nous l'avons dit d'une manière générale pour toutes les espèces que ceux de la Zâneff Tonide de l'un des deux continens ne se retrouvent pas dans l'autre.

Ainsi tous les Singes de l'ancien continent diffèrent génériquement dê ceux du nou veau et les Makis et plu-

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sieurs autres Lémuriens non-seulement sont propres à l'ancien mais môme se trouvent exclusivement sur un seul point dans l'île de Madagascar. Il n'y a ainsi pour tous les Quadrumanes aucune exception; et s'il en était de mêinc pour tous les autres ordres de Mammifères on pourrait établir des lois générales pour leur distribution générique comme pour leur distribution spécifique.

C'est ce qu'on serait d'autant plus porté à croire que la plupart des faits présentés comme des objections contre ces théories n'avaient rien de réel et que l'examen a même souvent montré en eux des preuves du contraire. Ainsi Buffon ayant établi que les Di-delphes habitaient exclusivement l'Amérique la plupart des naturalistes contemporains de ce grand Homme annoncèrent et soutinrent qu'il en existait également dans les Indes-Orientales. Les preuves apportées à l'appui de cette assertion parurent inème dans ces temps où l'on avait encore si peu Mée des rapports naturels si certaines et si concluantes oue Buffon lui-même crut devoir «ans les dernières année de sa vie renoncer à sa théorie favorite et déclarer qu'il s'était trompé. Aujourd'hui tous les naturalistes modernes s'accordent à admirer la sagacité de Buffon; le prétendu Didelphe le fameux Didelphe oriental s'est trouvé non pas un véritable Didelphe mais un Phalanger.

On voit donc que tandis que plusieurs genres sont véritablement (suivant l'expression reçue) cosmopolites comme les Chats les Renards les Ours les Ecureuils les Tapirs les Cerfs il en est beaucoup aussi qui se trouvent confinés dans certaines parties du monde. Le nombre de ces derniers est même beaucoup plus considérable qu'un examen superficiel pourrait d'abord le faire imaginer. Nous avons remarqué ailleurs (Ann. des Sc. Nat. T. 1 avril 1824) que plus on remonte dans l'échelle des êtres plus l'existence d'Animaux semblables habitant lesdeux mondes rare. Ainsi de tons les genres naturels de Siuges de Lémuriens de Chéiroptères d'insectivores jusqu'à ce jour décrits on n'en a pendant long-temps connu aucun dont l'existence dans l'un et dans l'autre continent fût bien constatée; et il paraissait prouvé pourtsutes ces familles que leur distribution géographique correspondait exactement aux divisions établies parmi eux d'après leurs caractères zoologiques. C'est cependant ce qu'on ne peut aujourd'hui admettre d'une manière générale pour tous les Chéiroptères. Nous avons en effet démontré qu'un des genres de cette famille celui que Geoffroy Saint-Hilaire a établi sous le nom de Nyctinome existe à la fois dans l'Amérique méridionale et dans plusieurs partieside l'Ancien-Monde. Sans donner ici toutes les preuves de ce fait important sans établir rigoureusement comme nous le ferons ailleurs par l'énumération de ses caractères que l'espèce nouvelle décrite par nous sous le nom de Nyclinomns brasiliensis est bien réellement un Nyctinome; nous nous contenterons de dire ici que non-seulemènt l'espèce américaine ne peut d'après scs rapports naturels être séparée des Nyetmomes de l'Ancien-Monde; mais qu'elle ressemble même presque entièrement à l'un d'eux le Nyctinome du Bengale. La similitude déformés de taille de couleur même est si parfaite que l'image de l'une peut être prise pour l'image de l'autre et que si ces deu Animaux habitaient la même région on serait tenté de les réunir en une seule espèce.

Cette remarque suffit pour faire juger de l'analogie qui existe entre les deux espèces et pour mettre-hors de doute l'existence simultanée d'un genre de Chauve-Souris dans le s de l'Amérique et dans le centre de l'Asie.

On na donc point encore réussi et disons-le même on ne réuîsira sans doute jamais à embrasser uuc loi générale la distribution geo-

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paphique des genres de Mammifères. Iout ce qu'on a pu remarquer jusfià ce jour c'est que les Chéiroptères les Insectivores et surtout les Quadrumanes sont les familles ou ce différences de caractères correspondent le plus fréquemment à des différences de patrie et que c'est au oootraire parmi les véritables Carnassiers que se trouvent les genres les pics véritablement cosmopolites. Ce rapport se trouverait-il expliqué par le régime même de ces Animaux? pourrait-on dire que destinés à se nourrir de proie vivante ils ont pu trouver dans les deux mondes le meme genre de nourriture?

Nous terminerons par une autre remarque. Toutes ces idées sur la distribution géographique des êtres out plus d'importance qu'elles ne le paraissent d'abord et n'ont pas seulement l'intérêt de la curiosité. C'est véritablement d'elles qu'il faut at'endre la solution du grand proberne posé dans ces derniers temps par quelques naturalistes: les diverses espèces d'un même genre et les divers genres d'une même famille De seraient-ils que des races d'une même espèce primitive modifiées par le temps le climat et les circonstances exiérieures? Plusieurs philosophes n'ont pas hésité à répondre affirmalivement; mais leur opinion baée presque seulement sur des hypothèses esteu contradiction avec un graud nombre de faits. (IS.G. ST. -H.)

MAMMIFÈRES FOSSILES. Les ossemros de Mammifères sont trop abondamment répandus sur un grand combre de points du globe au milieu des dépôts qui constituent certains sols et la plupart d'entre eux sont trop reconnaissables par leur forme pour qne depuis long-temps les observateurs n'aient pas reconnu leur existence à l'étal fossile clans le sein de la terre; mais quelque nombreux fussent les faits recueillis par les gt'ologues ceux-ci étaient loin de s'attendre aux résultats que devaient procurer les recherches spéciales entreprises sur ce sujet important par l'un de nos plus célèbres naturalistes; c'est après avoir étudié d'une manière non moins exacte que rationnelle le squelette de tous les Mammifères de l'époque actuelle qu'il a pu réunir dans une immense collection et après avoir examiné comparativement pour ainsi dire chacun des os dont ils se composent avec ceux que l'on rencontre fossiles que Cuvier est parvenu à distinguer et à décrire beaucoup d'espèces anciennes et même des genresentiersqui n'existent plus maintenant taudis que d'un autre càié il a pu faire voir que la plupart des espèces de notre époque diffèrent soit eu partie soit entièrement de celles qui habitaient la terre dans des temps plus ou moins reculés. Le savant anatomiste que nous venons de citer ne s'est pas seulement attaché à établir les ressemblances ou les différences que présentaient les êtres de l'Ancien-Monde avec ceux qui vivent aujourd'hui à sa surface mais il a cherché encore dans quels rapports la somme de ces ressemblances ou différences des diverses espèces fossiles pouvait être avec l'âçe des assises qui recèlent leurs débris. Ces recherches positives si importantes pour l'histoire physique de la surfàce de la terre et pour celle des révolutions dont elle a été le théâtre ne sont pas d'un moins grand intérêt pour le philosophe qui essaie de soulever le voile dont les œuvres du Créateur sont enveloppées; elles lui donnent la preuve que s'il est encore quelques-uns des mystères de la nature qui ne soient pas impénétrables pour l'Homme c'est par l'observation qu'il triomphera des obstacles; c'est en interrogeant avec pérsévérance et sang froid les archives du globe que peut-être il parviendra après avoir réuni tous les anneaux de la chaîne compliquée des êtres à remonter jusquà l'origine de chaque type et à suivre pas à pas les progrès de l'organisasion depuis la création de l'être le plus simple jusqu'à celle de l'Homme lui-même.

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Les travaux de Cnvier paraissent démontrer que depuis long-temps de espèces d'Animaux appartenaut à toutes les autres classes du règne animal et en particulier aux Animaux vertébrés tels que les Poissons les Reptiles avaient laissé leurs dépouilles dans les couches dont la terre se revêtissait successivement lorsque des Mammifères ont pour la première fois été enveloppés par les dépôts oui continuaient à se former; il semble naturel de concluré de cette observation que les êtres les plus parfaits ou ceux dont l'organisation est le plus rapprochée de celle de l'Homme ont été créés les derniers et cette conséquence devient encore plus probable si l'on étudie le gisement des divers Mammifères fossiles eux-mêmes; en effet on voit que plus les espèces enfouies différaient des espèces vivantes et plus elles appartiennent À des couches anciennes; de sorte que ce n'est que dans les couches meubles les plus superficielles que l'on rencontre des ossemens semblables à ceux des Mammifères dont les races subsistent encore et même les espèces les plus rapprochées de l'Homme tels que les Makis les Singes n'ont pas jusqu'à présent d'analogues fossiles observation qui semble coïncider avec l'absence d'ossemens humains daps les dépôts antérieurs aux temps historiques. V. ANTHROPOLITE.

Voici les derniers résultats généraux publiés par Cuvier qui dans le même tableau comprend les Quadrupèdes vivipares (Mammifères) et les Quadrupèdes ovipares (les Reptiles). Sur cent cinquante espèces fossiles décrites les trois quarts appartiennent aux Mammifères et plus de la moitié parmi celles-ci sont des Animaux à sabot non ruminans; les races de plus de quatre-vingt-dix de ces Quadrupèdes sont perdues et sur ce nombre près de soixante se rapportent à des genres nouveaux; les autres entrent dans des genres ou sous-genres connus.

L'Homme avons-nous dit n'a point été trouvé à l'état fossile il en est de même pour tous les Quadrumanes; mais si l'on fouille le soi le plus superficiel composé de terres de sables de limon qui recouvre nos grandes plaines remplit les vallées comble les cavernes obstrue les fentes de plusieurs rochers et semble être le dernier dépôt formé sur nos continens par une action que l'on oroit avoir été rapide et violente dépôt qui présente les mêmes caractères généraux sur presque tous les points connus du globe et que les Anglais désigoent par l'expression de Diluvium on trouve presque partout de nombreuses dépouilles de Mammifères qui étaient plus ou moins semblables à ceux qui nous entourent tels que des Renards des Loups des Tigres des Hyènes des Ours qui quelquefois comme on le voit en France et en Angleterre se rencoutrent dans les memes lieux avec des os d'éléphans de Rhinocéros d'Hip-popotames de Chevaux de fiŒuls de Cerfs et de plusieurs Rongeurs. Ce n'est que dans des dépôts inférieurs au Diluvium dans des couches régulières de Calcaire de Marne de Gypse d'Argile que paraissent les especes dont les genres sont perdus tels aue les Palœotheriums les Lophiodons les Anoplotheriums les Anthracotheriums les Cheropotames les Adepis (V. ces mots soit dans le Dictionnaire soit au Supplément); mais si l'on pénètre plus avant dans les couches de la terre si l'on parvient jusque dans les couches de l'âge du Calcaire grossier parisien on ne trouve plus que quelques Mammifères aquatiques comme des Lamantins des Morses ou des Cétacés comme des Dauphins. Deux seuls exemples viennent faire jusqu'à présent exception à cet aperçu général l'un cité par Boué qui dit avoir trouvé en Autriche des os de Ruminans dans la Craie et l'autre admis par presque tous les géologues anglais qui classent parmi les terrains oolithiques les Schistes calcaires de Stonesfield près

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Oxfort dans lesquels on a découvert plasieurs fragmens de mâchoires avec de dents qui ressemblent à celles don petit Carnassier insectivore analogue à quelque Didelphe. Nous somae loin de contester l'authenticité de ces faits jusqu'à présent exceptionnels mais nous pensons que dans l'état actuel des connaissances fournies par le gisement des divers Mammifères fossiles il importe da ne les admettre qu'après l'examen le plus rigoureux el c'est dans ce but que dans un travail spécial nous avoas réuni toutes les objections qu'il nous a paru possible de faire contre l'admission de l'un de ces deux faits.

Le nombre des Mammifères fossiles est réparti à peu près de la manière suivante: Genres: Ours 4 espèces;—Marte 2;—Chien 4;—Hyène 1;—Chat 2;—Phoque 2;—Sarigne 2;—Castor 1;—Campapol 2;—Lagomys 2;—Lièvre 1;—* Megalonix 1 (1);—Mégatherium 1;—Eléphant 2;— Masrtodonte 6;—Hippopotame 4;—Cochon 1;—Anoplbtherium 2;—* Xiphodon 1;—* Dichobune 3;—* Anthracotherium 2;—* Adapis 1;—* Chœropotame 1;—Rhinocéros 4;—* Palœotherium 8;— Lophiodon 5 —Tapir 1;—* Elasmotherium 1;—Cheval 1;—Rat 1;—Cerf 5;—Bœuf 4;—Loir 2;—Lamantin 1;—Dauphin 4;—Baleine 3. (C. P.)

MAMMOLE. BOT. PHAN. L'un des noms vulgaires des fruits du Cactus Tuna dans les pays où ils se mangent. (B.)

MAMMONT OU MAMMOUTH. MAM. FOSS. Les Russes avaient donné ce nom au grand Eléphant fossile dont les ossemens se trouvent en grande abondance en Sibérie. Les Américains croyant reconnaître le méfie Animal dans celui que depuis on a appelé Mastodonte et dont les

premiers squelettes furent découverts sur les bords de l'Ohio l'avaient désigné sous le même nom de Mammouth. V. ELÉPHANT FOSSILE et MASTODONTE. (C. P.)

MAMOIERA. BOT. PHAN. L'écluse a fort bien décrit et figuré sous ce nom portugais le Carica Papaya mâle et femelle. (B.)

MAMONET. MAM. Syn. de Maimon. (B.)

* MAMOUT. POIS. Syn. de Halé espèce de Silure du sous-genre Hétérobranche. V. SILURE. (B.)

MAMPATA. BOT. PHAN. Nom donné suivant Adanson par les habitans du Sénégal à une Plante que Jussieu a le premier jugée congénère des Parinarium et que De Candolle (Prodrom. Syst. 2 p. 527) a rapportée avec doute au Parinarium excelsum de Sabine (in Trans. Hort. Soc. 5 p. 451). Celte Plante a un fruit gris farineux qui quoique sans saveur est mangé avec plaisir par les Nègres. Elle se rapproche beaucoup d'une autre espèce que De Candolle (loc. cit.) a nommée P. Senegalense et dont nous avons reçu des échantillons de Le Prieur jeune botaniste extrêmement zélé qui parcourt en ce moment l'intérieur de l'Afrique. Il y a même lieu de croire que le Mampata des indigènes du Sénégal est cette dernière Plante puisqu Adanson n'a visité que cette contrée tandis que l'Arbre décrit par Sabine croît dans les montagnes de Sierra-Leone. (G..N.)

MAMULARIA. BOT. PHAN. Et non Mamolaria. Même chose qu'Harpacantha ou Herpacantha. V. ces mots. (B.)

MANABEA. BOT. PHAN. Selon Jussieu le genre ainsi nommé par Aublet doit être réuni à l' Ægiphila dont il ne diffère que par son fruit à deux loges dispermes et non à quatre loges monospermes comme dans ce dernier. (A. R.)

MANACA.BOT.PHAN. (Marcgraaff.) Un Myrte ou un Eugenia du Brésil.

(1) Les genres maintenant perdue sont marqueés d'un astérisque.

TOME X. 9

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(Humboldt.) Un Palmier indéterminé des rives du Rionegro dans l'Amérique du sud. (B.)

MANACUS. OIS. (Brisson.) V.MANAKIN.

MANAGUIER. Managa. BOT. PHAN. Aublet a décrit sous le nom de Managa Guianensis (Pl. Guian. 2 Suppl. p. 2 tab. 369) un Arbre dont il a observé les feuilles et les fruits; mais dont il n'a pas vu les fleurs qui n'ont clé décrites par aucun botaniste jusqu'à ce jour. Aussi ce geure n'a-t-il pu être classé et dans son Genera Plantarum Jus-sieu n'eu a-t-il fait aucune mention. Nous pouvons douner sur ce genre des reuseignemens plus précis et faire connaître d'une manière assez complète son organisation. Nous possédons dans notre herbier de la Guiane un échantillon en fruit de cette Plante avec un petit dessin de sa (leur fait par le professeur L.-C. Richard ainsi qu'une description assez détaillée qui nous servirontà fa ire connaître les caractères de ce genre.

Le Managa est un Arbre de moyenne grandeur dont le bois selon Aublet est blanc et léger. Ses feuilles sont alternes obovales entières fortement acuminées au sommet glabres sur leurs deux faces longues d'environ quatre pouces larges seulement de deux minces membraneuses portées sur un pétiole de deux à trois lignes de longueur.Les fleurs sont terminales ou axillaires tantôt solitaires tantôt géminées portées sur un pédoncule court recourbé articulé vers son sommet rt offrant généralemcnt deux bradées. Le calice est monosépale campaniforme et comme turbiné à sa base à cinq divisions égales profondes et aiguës plus larc que le tube de la corolle qu'il embrasse. La corolle est monopétale hvpocratériforine à tube très-long et cylindrique à limbe plane à cinq divisions un peu inégales. Les étamines au nombre de quatre sont inégales didynames incluses ayant les filamens très-courts. L'ovaire est libre très-petit ovoïde à deux loges. Le fruit est globuleux bacciforme jaune de la grosseur d'une prune de reine-claude accompagné à sa base par le calice qui a acquis quelque développement. Il offre extérieurement deux sillons longitudinaux; le péricarpe assez épais est plutôtcelluleux que charnu; il présente deux loges contenant chacune deux trois ou quelquefois un plus grand nombre de graines enveloppées dans une substance pulpeuse d'une saveur douce; elles sont ascendantes attachées à la partie inférieure de la cloison. Chaque graine est brunâtre allongée formée d'un tégument propre mince; d'un endosperme extrêmement dur et comme corné contenant dans son intérieur un embryon dressé ayant la radicule très-longue cylindrique les deux cotylédons courts et arrondis.

D'après les caractères que nous venons d'exposer le çenre Managa nous paraît avoir de tres-grands rapports avec la famille des Solanees dont il s'éloigne néanmoins par quelques caractères tels que l'inégalité des étamines la position des graines la nature de l'endospermc et la position intraire de l'embryon. Nous regrettons beaucoup de ne pas posséder la fleur de ce genre en herbier et de n'avoir pu en faire l'analyse: la description incomplète que nous en avons donnée est faite d'après une simple esquisse crayonnée au milieu des forêts de la Guiane où se trouve le Managa Guianensis (A.R.)

MANAGURELL. MAM. (Sonnini.) L'un des noms de pays du Coendou. (B.)

MANAKIN. Pipra. OIS. Genre de l'ordre des Insectivores. Caractères: bec court trigone à sa base qui est un peu élargie comprimé dans le reste et surtout vers la pointe tou-vexe en dessus; mandibule supérieure courbée et échancrée versl'extréinitt l'inférieure pointne; narines placées sur les côtés du bec et vers la base recouvertes en partie par une mem-

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brase garnie de petites plumes; pieds édiocres; quatre doigts; trois en mot dont l'intermédiaire moins iaç oue le tarse est uni à l'externe jaaquà la seconde articulation et a i interne seulement à la base; ailes et çaeoe courtes; les deux premières rendes moins longues que les troisiè-mt et quatrième qui dépassent toutes les antres.

Les Manakins sont de très-jolis petits Oiseaux que l'on n'a jusqu'à ce jour rtacootrés que dans l'Amérique méridionale; il est assez appareut que leon moeurs n'ont offert aucune par-tobrité remarquable puisqu'au-cbb auteur ne s'est occupé de leur farire. Tranquilles habitans des feite ils quittent bien rarement ces faix de retraite pour venir étaler les plaines et les jardins le luxe d'un plumage ordinairement varié de couleurs aussi pures qu'éclata nies. A l'exception de la première partie do jour pendant laquelle on les trouve assez souvent réunis ils virent isolés séparés même de leurs femelles; quelque jeunes qu'on les prenne ils se font difficilement au joug et meurent bientôt de chagrin et aennui; ils se nourrissent indifféremment d'insectes et de petits fruits succulens que dans l'état de captivité on les voit préférer aux Premiers; ils ont le vol rapide mais ms et peu soutenu; ils établissent leurs nids dans les broussailles et les baissons fourrés et leur ponte comme chez presque tous les Oiseaux de petite taille est fort nombreuse.

MANAKIN BLEU Pipra cœrulea Lath. Parties supérieures noires avec le milieu du dos bleuâtre; les inférieures d'un blanc jaunâtre; bec et pieds bruns. Taille trois pouces. Effpèce douteuse qui pourrait bien n'etre qu'une variété d'âge de l'une des suivantes.

MANAKIN BLEU A POITRINE ROUGE. V. COTINGA CORDON-BLEU.

MANAKIN DU BRÉSIL Buff. pl. enl. 502 fig. 1. Variété du Manakin goîtreux.

MANAKIN CASSE-NOISETTE Buff. pl. enl. 303 fig. 1. V. MANALIN GOÎTREUX.

MANAKÎN CENDRé Pipra cinerea Lath. Parties supérieures cendrées; les inférieures grisâtres avec l'abdomen blanchâtre; bec et pieds bruns. Taille trois pouces et demi. Espèce douteuse.

MANAKIN CHAPERONNÉ Pipra pileata P. Max. Temm. pl. 172 fig. 1. Parties supérieures d'un châtain vif; sommet de la tête occiput nuque et rémiges d'un noir pur; tectrices alaires terminées par une tache d'un châtain cendré; les rémiges sont bordées de verdâtre; joues et sourcils d'un roux vif; queue faiblement étagée; les six reptrices intermédiaires noires terminées de brun; les latérales brunes jaunâtres à leur base; parois inférieures roussâtres; bec et pieds jaunes. Taille quatre pouces et demi. Les plumes de la tête se relèvent en une espèce de chaperon qui reparaît aussi chez la femelle; mais il est verdâtre ainsi que les parties supérieures; celle-ci a en outre les ailes cendrées tachetées de grisâtre avec le bord des plumes verdâtre.Du Brésil.

MANAKIN CHAPERONNÉ DE NOIR. Vieill. V. MANAKIN GOÎTREUX.

MANAKIN A COLLIER.

MANAKIN DESMAREST Pipra Desmanesti Leach. Parties supérieures d'un bleu-noir éclatant; gorge et poitrine rouges; ventre blanc; anus rouge; espèce qui paraît appartenir à un autre genre.

MANAKIN A DEUX BRINS Pipra militaris Shaw. Parties supérieures brunes; les inférieures d'un blanc grisâtre; front rouge; tête d'un bleu ardoisé; bec et pieds bruns; rectrices intermédiaires dépassant de beaucoup les autres. Taille trois pouces et demi. Paraît ê!re une variété du Manakin à front rouge.

MANAKIN A FRONT BLANC. V. MANAKIN VARIÉ.

MANAKIN A FRONT ROUGE Pipra rubrifrons Vieill. Parties supérieures noires; rémiges brunes bordées de verdâtre; rectrices intermédiaires longues et étroites dépassant les au-

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tres; front et croupion rouges; joues et menton grisâtres; parties inférieures blanches; bec et pieds jaunes. Taille trois pouces deux tiers. De l'Amérique méridionale.

MANAKIN GOÎTREUX Pipra guturosa Desm. fig. 10. Parties supérieures noires; les inférieures blanches; plumes de la gorge touffues longues effilées et présentant une sorte de renflement de cet organe; bec noir; pieds jaunes. Taille trois pouces et demi. La femelle a les parties supérieures rousses les intérieures d'un blanc roussâtre. De Cayenne.

MANAKIN A GORGE BLANCHE Pipra gutturalis Lath. Buff. pl. enl. 324 fig. 1. Tout le plumage d'un noir luisant à l'exception de la gorge qui se prolonge en pointe sur la poitrine et qui est d'un blanc pur ainsi que le bord interne de quelques rémiges et la mandibule inférieure; la supérieure est noire; les pieds rouges. Taille trois pouces deux tiers. La femelle a les parties supérieures d'un vert olive; les rémiges et les rectrices d'un brun noirâtre; une tache noire autour de l'œil; les parties inférieures blanches. De Cayenne.

MANAKIN A GORGE ROUGE Pipra nigricollis Lath. Parties supérieures d'un noir bleuâtre; gorge et abdomen rouges; ventre blane; bec et pieds noirs. Espèce douteuse.

GRAND MANAKIN. V. MANAKIN TIJÉ.

MANAKIN A LONGUE QUEUE Pipra caudata Lath. Parties supérieures bleues; sommet de la tête rouge; rémiges et rectrices dont les intermédiaires dépassent les autres noires; bec brun; pieds fauves. Taille quatre pouces et demi. De l'Amérique méridionale.

MANAKIN MANIKUP Pipra nœvia Lath. V. FOURMILIER.

MANAKIN NOIR ET BLANC. V. MANAKIN GOÎTREAUX.

MANAKIN NOIR ET JAUNE. V. MANAKIN ROUGE.

MANAKIN NOIR HUPPÉ. V. MANAKIN TIJÉ.

MANAKIN ORANGÉ. V. MANAKIN ROUGE.

MANAKIN A OREILLES BLANCHES Pipra leucotis L. V. FOURMILIER.

MANAKIN ORGANISE Pipra musica Lath. V. TANGARA.

MANAKIN PLOMBÉ Pipra plumbea Vieil. Parties supérieures d'un roux cendré; les inférieures roussâtres; rémiges et rectrices noirâtres bordées de cendré bleuâtre; bec noir; pieds bleuâtres. Taille quatre pouces deux tiers. De l'Amérique méridionale.

MANAKIN POINTILLÉ. V. PARDALOTE.

MANAKIN A POITRINE DORÉE Pipra pecloralis Lath. Parties supérieures d'un noir bleuâtre de même que la tête le cou et la poitrine; un large hausse-col d'un jaune brillant; parties inférieures d'un brun roux; bec brunâtre; pieds cendrés. Taille trois pouces et demi. Du Brésil.

MANAKIN A QUEUE EN PELLE Pipra longicauda Vieil. Parties supérieures noires; sommet de la tête a un rouge vif avec la base des plumes orangée; rémiges et rectrices bordées de bleu pâle; les deux rectrices intermédiaires de cette couleur plus longues que les autres et terminées en forme de palette; menton et gorge noirs; le reste des parties inférieures d'un bleu pâle; bec brun; tarse rougeâtre. Taille cinq pouces et demi. La femelle est d'un tert sombre varié de brunâtre sur les teetrices a laires; le dessous des ailes est blanchâtre. De l'Amérique méridionale.

MANAKIN RAYÉ. V. PANDALOTE A TÊTE RAYÉE.

MANAKIN ROUGE Pipra aureolta Lath. Buff. pl. enl. 34 fig. 3. Parties supérieures noires; sommet de la tête gorge et poitrine d'un rouge éclatant; front et côtés de la gorge d'un jaune orangé; rémiges à à exception de la première marquée d'une tache blanche vers le milieu; tectrices alaires inférieures jaunâtre; abdomen varié de noir de rouge et'd'o rangé; bec et pieds noirâtres. Taille

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trois pouces un quart. La femelle est olivâtre en dessus et d'un vert jaunitre en dessous; elle diffère encore du mâle en ce qu'elle a le sommet de la tête entouré d'un cercle rouge. Les jeunes sont entièrement olivâtres avec le front le cou la gorge la poitrine et le ventre tachetés de rouge; ils ne prennent du noir qu'à mesure qu'ils approchent de l'état adulte. De la Guiane.

MANAKIN ROUGEATRE Pipra superciliosa. V. PARDALOTE.

MANAKIN RUBIS Pipra strigillata P. Max. Temm. pl. color. 54 fig. 1 et 2. Parties supérieures d'un beau vert; sommet de la tète orné d'une Me huppe d'un rouge éclataut; rémiges brunes avec les bords internes lisérés de blanc; rectrices courtes d'un cendré verdâtre; parties inférieures d'un blanc jaunatre strié de brun; bec brun; pieds jaunâtres. Taille trois pouces un quart. La femelle a les parties supérieures entièrement vertes sans huppe rouge; les inférieures d'un brun jaunâtre. Du Brésil.

MANAKIN SUPERBE Pipra superba Lath. Pall. Parties supérieures noires; sommet de la téte couvert d'une huppe d'un rouge de feu; une tache bleue en croissant sur le dos; rémiges brunes et pointues; queue courte; bec brun; pieds jaunâtres. Taille quatre pouces et demi. Patrie inconnue.

MANAKIN A TÊTE BLANCHE Pipra leucocilla Lath.; Pipra leucocephala Desm. Buff. pl. enl. 34 fig. 2. Tout le plumaçe d'un noir irisé avec le sommet de la téte blanc; quelquefois des petites plumes blanches mélangées de jaune et de rouge au bas de la jambe; bec brunâtre; pieds noirs. Taille trois pouces deux tiers. De la Gniane.

MANAKIN A TÉTE BLEUE Pipra cyanocephala Vieill. Parties supérieures d'un vert olive; sommet de la téte et nuque d'un bleu pâle; croupion jaunâtre; rémiges et rectrices noires bordées de verdâtre; parties inférieures d'un jaune foncé nuancé de vert sur les lianes; bec et pieds noirs. Taille trois pouces un quart. De l'Amérique méridionale.

MANAKIN A TÈTE D'OR Pipra erythrocephala Buff. pl. enl. 34 fig. 3. Plumage noir irisé empourpré; sommet de la téte joues et nuque d'un jaune doré brillant; un anneau jaune au bas de la jambe; bec blanchâtre; pieds rougeâtres. Taille trois pouces un quart. De la Guiane.

MANAKIN A TÊTE BAYÉE Pipra striata. V. PARDALOTE.

MANAKIN A TÉTE ROUGE Pipra erythrocephala Var. Lath.; Pipra rubrocapilla Briss. Temm. Ois. color. pl. 54 fig. 3. Plumage d'un noir à reflets chatoyans avec le sommet de la téte d'un rouge orangé très-éclatant; jambes jaunâtres avec une tache rouge à l'extérieur des plumes; bec et pieds jaunâtres. Taille trois pouces un quart. De la Guiane.

MANAKIN TIJÉ Pipraparcola Lath. Buff. pl. enl. 687 fig. 2. Plumage d'un noir velouté avec le dos et les tectrices alaires d'un bleu céleste; sommet de la téte couvert de plumes d'un rouge brillant susceptibles de se relever en huppe; bec noir; pieds rouges. Taille quatre pouces et demi. On trouve une variété dont la huppe est d'un rouge orangé; une autre dfont les parties supérieures sont entièrement vertes. La femelle est en dessus d'une teinte uniforme olivâtre qui tire sur le jaune en dessous; elle n'a point de huppe non plus que le jeune mâle qui est partout d'un cendré olivâtre. Des Antilles et du continent de l'Amérique méridionale.

MANAKIN VARIÉ Pipra serena Lath. Tout le plumage noir à l'exception du front qui est blanc du sommet de la téte qui est d'un bleu verdâtre et du croupion qui est bleu; l'abdomen et quelquefois lo milieu de la poitrine sont d'un rouge orangé brillant; bec et pieds noirs. Taille trois pouces et demi. Du Brésil.

MANAKIN A VENTRE ORANGÉ Pipra capensis Lath. Parties supérieures noirâtres; les inférieures d'un orangé pâle; bec et pieds noirs.

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Taille quatre pouces. Du eap de Bonne-Espérance; espèce douteuse.

MANAKIN A VENTRE ROUGE Pipra hamorrhoa Lath. Parties supérieures noires; les inférieures blanches avec une tache rouge sur l'abdomen; tectrices caudales inférieures aussi longues que les rectrices; bec et pieds bruns. Taille trois pouces trois quarts; patrie inconnue.

MANAKIN VERDIN Pipra chloris Natter Temm. pl. color. 172 fig. 2. Pallies supérieures d'un beau vert; un petit bandeau d'un brun roux; rémiges noires ainsi que les tectrices qui sont marquées d'une double rangée de taches blanchâtres les unes et les autres frangées de vert; rectrices noirâtres lisérées de vert et terminées de blanchâtre; parties inférieures d'un vert jaunâtre avec la gorge et le milieu au ventre jaunes; bec et pieds bleuâtres. Taille cinq pouces. Du Brésil.

MANAKIN VERT A HUPPE ROUGE Buff. pl. enl. 303 fig. 2. V. MANAKIN TIJÉ dont il est une variété presque adulte.

MANAKIN AU VISAGE BLANC. V. FOURMILIER MANIKUP. (DR..Z.)

MANAM-PADAM. BOT. PHAN. (Rhéede Malab. t. 10 pl. 65.) Syn. d'Elsholizia paniculata Willd. V. ELSHOLTZIE. (B.)

* MANANGHAMETTE. BOT. PHAN.(Flacourt.) Arbre de Madagascar qui paraît être un Plaqueininier. V. ce mot. (B.)

* MANASSI. BOT. THAN. (Flacourt.) L'Ananas à Madagascar. (B.)

MANATE ET MANATI. MAM. D'où le nom scientifique Manatus dérivé de Main (qui a des mains). Nom vulgaire des Lamantins. (B.)

* MANATIA. POIS. Espèce cl e Raie du sous-genre Céphaloptère. V. RAIE. (B.)

MANATUS. MAM. V. LAMANTIN et MANATE.

MANAVIRI MAM. (Humboldt.) Nom de pays du Kinkajou Pottot. V. ce mot. (B.)

MANCANDRITE. POLYP. FOSS. L'Alcyon-Figue chez quelques oryctographes. (E.D..L.)

MAICANILLA ET MANCINELLA BOT. PHAN. (Plumier.) Mots qui dérivés de l'espagnol signifient petite Pomme. Syn. d'Hippomane. V. ce mot et MANCENILLIER. (B.)

MANCENILLIER. Hippomane. BOT. PHAN. Genre de la famille des Euphorbiacées: ses fleurs sont monoïques les mâles sont disposées sur des épis terminaux en petits pelotons alternes dont chacun est accompagné d'une bractée munie de deux glandes à sa base et les femelles solitaires; un calice turbiné bifide et un filet chargé de deux anthères à son sommet constituent la fleur mâle; la femelle présente un calice triparti un style court et épais couronné par plusieurs stigmates (le plus ordinairement sept) rayonnés; un ovaire à autant de loges uniovulées; il devient un fruit de la forme d'une pomme d'api qui renferme sous une chair gonflée d'un suc laiteux un noyau ligneux inégal et âpre à sa surface creusé à l'intérieur de plusieurs loges monospermes. Les feuilles sont stipulées portées sur de longs pétioles munis à leur sommet dune double glande alternes légèrement dentées en scie glabres luisantes veinées. La seule espèce connue qui appartient bien véritablement à ce genre est originaire de l'Amérique équinoxiale.

L'influence funeste attribuée au Mancenillier lui a donné une réputation populaire: on a dit que son exhalaison suffisait pour causer la mort à l'imprudent qui s'arrêterait sous son ombre ou qui recevrait les gouttes de la pluie distillant à travers son feuillage. Jacquin qui osa en faire l'expérience n'en éprouva aucun accident; mais il est clair cependant que la sienne n'est pas encore décisive puisque le danger s'il existe. résulte d'un principe éminemment volatil et peut varier suivaut des

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circonstances locales et momentanées telles que la direction du vent le dept de la température etc. etc. Quoi qu'il eu soit il est indubitable que le suc laiteux qu'on trouve dans les diverses parties du Mancenillier de même que dans la chair de son fruit est un poison actif qui irrite violemment les tissus vivans sur lesquels on l'applique. On n'est pas bien d'accord sur sou degré d'énergie exagéré par quelques auteurs et en ce moment même on s'occupe à déterminer plus exactement son intensité et son mode d'action. La crainte qu'inspirent ses vertasvraies ou supposées a contribué à le rendre de plus en plus rare; car on a cherché à l'extirper de tous les lieux habités. De Tussac qui l'a vu Antilles a donné dans le Journal de Botanique (1813 vol. 1 p. 112) des détails sur ce Végétal et sur ao action irritante qu'il avait éprouvée personnellement. (A. D. J.)

MANCHE DE COUTEAU CONCH. Syn. vulgaire de Solen. V. ce mot. (B.)

MANCHE DE VELOURS OIS. Nom trivial que quelques voyageurs ont donné au rou de Bassan. V. FOU. (DH..Z.)

MANCHETTE GRISE BOT. CRYPT. Un Agaric de Paulet. (B.)

MANCHETTE DE NEPTUNE. POLYP. On a donné ce nom au Retepora cellulosa Lamk. ainsi qu'à des Polypiers fossiles d'un genre indéterminé. (E. D..L.)

MANCHETTE DE LA VIERGE. BOT. PHAN. L'un des noms vulgaires du Convolvulus sepium L. V. LISERON. (B.)

MANCHIBOCÉE OU MANCHIBOUL BOT. PHAN. Nom de pays des fruits du Mammea Americana. (B.)

* MANCHONS DE NEPTUNE. POLYP. Ce nom a été donné à des Polypiers de la famille des Eponges par les anciens naturalistes. (E. D..L.)

MANCHOT. Aptenodytes. OIS. Genre de l'ordre des Palmipèdes. Caractères: bec plus long que la tête grêle droit fléchi vers l'extrémité; les deux mandibules à pointes égales un peu obtuses; la supérieure sillonnée dans toute sa longueur l'inférieure plus large à sa base et couverte d'une peau nue et lisse; fosse nasale très-longue couverte de plumes; narines à peine visibles placées à la partie supérieure du bec et près de arête; pieds très-courts gros entièrement retirés dans l'abdomen; quatre doigts trois en avant réunis par une membrane un en arrière très-court articulé sur le doigt interne; ailes dépourvues de rémiges impropres au vol.

Nous voici occupés d'un groupe qui n'offre que des Oiseaux dont l'organisation pour ainsi dire incertaine peut être considérée plutôt comme une ébauche que comme une production parfaite. Il semble que la nature ordinairement si prévoyante dans tous les détails de la création se soit fait une étude de multiplier les difficultés dans l'existence du Manchot ou qu'elle ait eu l'intention de le faire servir par une gradation moins sensible de point de rapprochement dans les distances que l'on observe entre les Oiseaux et les habilans de l'eau. En effet loin de retrouver chez les Manchots cette vivacité que l'on aime à contempler dans les êtres qui animent nos bosquets et y font entendre mille chants variés on ne doit en quelque sorte les considérer que comme des Poissons dont ils partagent presque toutes les habitudes: leurs bras au lieu de s'allonger en rames légères destinées à frapper l'air et à y trouver immédiatement des points d'appui qui permettent à l'Oiseau de s'élancer rapidement et de se soutenir à de grandes hauteurs ne présentent que des nageoires pendantes informes courtes épaisses revêtues d'espèces d'écailles plutôt que de véritables plumes; elles ne peuvent servir qu à diriger l'Oiseau-Poisson dans un fluide d'une grande densité où les particularités de son organisation interne lui font trouver le moyen de demeurer assez long-temp

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sans éprouver le besoin de respirer. Leur cri rauque et désagréable ne se fait entendre que pendant la saison des amours et tout le temps que dure l'incubation seule époque périodique et annuelle qu'ils passent régulièrement sur le rivage et à l'abri des marées. Ils habitent régulièrement des trous creusés par le battement des flots les jones les roseaux et autres plantes aquatiques au milieu desquels ils se tiennent cachés et qu'au moindre danger ils quittent en plongeant. Ils nagent sur et sous l'eau avec une vitesse extraordinaire au point que souvent ils échappent ainsi à la voracité des gros Poissons qui les poursuivent. Les Manchots parviennent au rivage en troupes assez nombreuses et rien n'égale la stupidité qu'ils expriment lorsqu'ils y sont surpris. Privés de la facilité de regagner leurs retraites humides avec assez de vitesse pour se dérober aux attaques de l'Homme ils semblent attendre avec courage et résignation le sort oui leur est réservé; non qu'ils ne fassent tous leurs efforts pour vendre chèrement un reste de vie car à mesure qu'ils s'aperçoivent que le danger devient plus pressant ils ont l'instinct de se serrer davantage les uns contre les autres afin de présenter de tous côtés un front à l'attaque. Là dans une position presque verticale agitant constamment la téte et le cou ils élancent le bec pour en porter aux jambes des assaillans des coups souvent assez forts pour y faire des blessures profondes et enlever des lambeaux de peau et de muscles. Presque toujours ils succombent sous le bâtou avec lequel on les poursuit.

Les Manchots quittent rarement les mers du Sud ou les pointes de rochers qui en rendent la navigation si dangereuse. Us se construisent au milieu des grandes herbes dont les bords des îlots sont garnis des trous assez profonds où ils se retirent et où ils nichent. La ponte consiste en deux ou trois œufs gros et d'un blanc jaunâtre. Ils se nourrissent de Poissons qu'ils pèchent le matin et le soir et dont ils se gorgent souvent outre mesure. Leur chair noire et huileuse n'est recherchée des matelots que dans les cas de disette absolue de toute autre viande fraîche.

Le genre Manchot tel qu'il est établi par Temminck se compose de deux espèces que Vieillot a laissées confondues avec ses Gorfous qui constituent nos Sphénisques et probablement d'une troisième qui est en core très-peu connue et dont Vieillot fait isolément son genre Apténodyte.

MANCHOT ANTARCTIQUE. V. SPHÉNISQUE ANTARCTIQUE.

MANCHOT A BEC TRONQUÉ. V. SPHÉNISQUE DE BRISSON.

MANCHOT DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE. V. SPHÉNISQUE TACHETÉ.

MANCHOT DU CHILI Aptenodytes Chilensis Gmel.; Aptenodytes Molina Lath. Espèce peu connue et dont la description qui n'a encore été donnée que par Molina semble faire un Pingouin plutôt qu'un Manchot ou un Sphénisque.

MANCHOT DE CHILOÉ Aplenodytes Chiloensis Lath.; Eudyptes Chiloensis Vieill. Toute la robe composée de plumes longues touffues faiblement crépues et de eouleur cendrée aux parties supérieures les inférieures blanchâtres. On assure que dans cette espèce la finesse et la solidité des plumes les rend susceptibles d'être filées puis converties en tissus que les habitans de l'île Chiloé emploient à divers usages.

MANCHOT A COLLIER DE LA NOUVELLE-GUINÉE. V. SPHÉNISQUE A COLLIER.

MANCHOT (GRAND) Aptenodytes patachonica Lath.; Eudyptes patachonica Vieill. Buff. pl. enl. 975. Parties supérieures d'un cendré obscur avec l'extrémité de chaque plume bleuâtre; tête gorge et cou d'aun brun foncé; une moustache jaune bordée de noir; parties inférieures blanches; mandibule supérieure avec la pointe jaunâtre; l'inférieure d'un jaune orangé avec l'extrémité noire; iris d'un brun foncé; pieds noirs. Taille qua-

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tre pieds. Les femelles ont en général les teintes du plumage plus pâles. Des îles Malouines et de la mer du Sud.

MANCHOT DES HOTTENTOS. V. SPHÉNISQUE TACHETÉ.

MANCHOT HUPPÉ DE SIBÉRIE. V. SPHÉNISQUE SAUTEUR.

MANCHOT DES ILES MALOUINES. V. MANCHOT (GRAND).

MANCHOT MAGELLANIQUE. V. SPHÉNISQUE MAGELLANIQUE.

MANCHOT DE LA NOUVELLE-GUIXÉE. V. MANCHOT (GRAND).

MANCHOT PAPOU Aptenodytes Papus Lath. Parties supérieures d'un noir bleuâtre; téte et cou d'une teinte plus foncée; un large sourcil blanc qui s'étend sur l'occiput et le ceint; rectrices ou soies qui en tiennent lieu disposées en étage les plus longues an centre? parties inférieures blanches; bec assez long; mandibule inférieure un peu plus courte que la supérieure toutes deux rouges; iris jaune ou rouge ainsi que les pieds; membrane des doigts et ongles noirâtres. Taille vingt-huit pouces. Des fles de la Nouvelle-Guinée.

MANCHOT (PETIT). V. SPHÉNISQUE. MANCHOT QUÉCHU. V. MANCHOT DE CHILOÉ.

MANCHOT SAUTEUR. V. SPHENISQUE SAUTEUR. (DR..Z.)

MANCHOT POIS. Espèce du genre Pleuronecte. V. ce mot. (B.)

MANCHOTTE. BOT. PHAN. Nom rulgaire du Tordylium nodosum L. (B.)

MANCIENNE. BOT. PHAN. L'un des noms vulgaires du Viburnum Lantana L. V. VIORNE. (B.)

* MANCINELLA. BOT. PHAN. V. MANCANILLA.

* MANCIVIENNE OIS. Syn. vulgaire de Corlieu. V. COURLIS. (DR..Z.)

MANDAR. MAM. (Boddaërt et Vicq d'Azyr.) Syn. d'Oryctérope. V. cemot. (B.)

MANDARA. BOT. PHAN. Et non Mandaru V. CHANCENA-POU.

MANDELINé. BOT. PHAN. Nom vulgaire de l'Erinus alpinus L. (B.)

MANDELSTEIN OU PIERRE D'AMANDES. MIN. Nom donné par les Allemandsàdes roches caverneuses dont les cavités ont été remplies après coup par des infiltrations le plus ordinairement calcaires siliceuses ou zéolitiques qui figurent des espèces de noyaux ou d'amandes au milieu d'une 'pâted' apparence terreuse. Telles sont celles d'Oberstein du Derbyïhire etc. V. AMTGDALOIDE. (G. DEL.)

* MANDGEL SITOU. OIS. C'est suivant le voyageur Leschenault de la Tour le nom malais d'une espèce du genre Loriot. (IS. G. ST.-H.)

MANDIBULES ZOOL. Nom que les ornithologistes ont appliqué aux deux parties du bec qu'ils distinguent encore en supérieure et en inférieure. Quant aux Mandibules des Insectes V. BOUCHE. (DR..Z.)

MANDIBULÉS. Mandibulata. INS. Famille d'insectes aptères de l'ordre des Parasites établi par Latreille et ayant pour caractères: des mandibules des mâchoires et deux lèvres. Ces Insectes n'ont point d'ailes; leurs pieds sont au nombre de six: les mandibules sont plus ou moins extérieures en forme de crochets; les mâchoires sont cachées elles portent quelquefois des palpes peu apparens. Chaque côté de la tête offre des yeux lisses quelquefois peu distincts; leurs antennes sont tantôt plus grosses à leur extrémité tantôt filiformes; l'abdomen n'a ni latéralement ni postérieurement d'appendices mobiles et l'œsophage occupe une grande partie du dessous de la tête. Ces Insectes passent leur vie sur les Mammifères et sur les Oiseaux dont ils sucent le sang et rongent les parties. Latreille divise cette famille en quatre genres. V. RICIN GYROPE NIRME et TRICHODOCTE. (G.)

MANDIBULITES. POIS. FOSS. Syn. de Bufonites. V. ce mot. (B.)

* MANDOUAVATTE. BOT. PHAN. L'Arbre désigné sous ce nom par Flacourt n'est pas reconnu; on sait

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seulement que les Malegaches se servent de son bois pour faire des sagayes. (B.)

MANDRAGORE. Mandragora. BOT. PHAN. Ce genre constitué par Tournefort a été réuni par Linné aux Belladones (Atropa) puis rétabli par Jussieu et Gaertner. Ayant adopté à cet égard les idées de Linné nous renvoyons au mot BELLADONE où se trouve la description de Tunique espèce dont ce genre est composé. (G..N.)

MANDRILL MAM. Espèce du genre Cynocéphale. V. ce mot. (B.)

MANDURRIA. OIS. Espèce du genre Ibis. V. ce mot. (B.)

*MANÉ. POLYP. Genre formé par Guettard aux dépens des Eponges et qu'il caractérise ainsi: corps marins composés de fibres longitudinales simples ou ramifiées séparées les unes des autres sans ordre ni symétrie qui n'ont point de cavités ou de trous ou qui sont imperceptibles (Guett. Mem. T. IV p. 139). Ce genre n'a pas été adopté. (E. D..L.)

* MANÈBI OIS. Nom de pays du Colomba coronata L. (B.)

MANETOU. MOLL. Pour Manilou. V. ce mot. (B.)

* MANETTIA. BOT. PHAN. Ce genre de la famille des Rubiacées et de la Tétrandrie Monogynie L. fut établi par Mutis et Linné et adopté par Ruiz et Pavon Swartz et Kuntb. Jussieu dans son Genera Plantarum avait cependant indiqué sa réunion avec le Nacibea antérieurement établi par Aublet et qui par conséquent doit être maintenu. V. NACIRÉE.

Adanson donnait le nom de Manetia au Mesembry anthemum de Dillen et Linné. V. FICOIDE. (G..N.)

MANGA ET MANGOS. BOT. PHAN. Nom de pays devenu la racine du uom scientifique de Mangifera par lequel on désigne les fruits de cet Arbre aux Indes-Orientalcs. V. MANCUIER. (B.)

MANGABEY ET MANGABEY A COLLIER MAM. Espèces du genre Guenon. V. ce mot. (B.)

MANGA-BRAVA. BOT. PHAN. Même chose que Caju-Sussu. V. ce mot. (B.)

* MANGADILAO. BOT. phan. Même chose que Calamansay. V. ce mot. (A. R.)

* MANGA-NARI. BOT. PHAN. V. AMBULIE.

MANGANÈSE. MIN. Braunstein W.; Mangan Karst. Métal oui forme la base d'un genre minéralogique dans la classe des substances métalliques autopsides. Ce genre est composé de cinq espèces qui toutes ont pour caractère commun de donner après la fusion avec le carbonate de Soude une fritte verte qui devient vert bleuâtre par le refroidissement. Le Manganèse à l'état métallique est d'un blanc tirant sur le gris et très-cassant; à l'état d'oxide il colore eu violet le verre de Borax. Les cinq espèces du genre Manganèse sont: le Mangauèse oxidé le Manganèse sulfuré le Manganèse hydraté le Manganèse phosphaté et le Manganèse carbonaté.

MANGANÈSE CARBONATÉ Roth Braunsteinerz Werner; Rhodochrosit Hausmann. Substance d'un blanc rosâtre ou d'un rouge de rose; soluble avec effervescence à chaud cristallisant en un rhomboïde obtus de 106° 51′. Elle est composée d'un atome de bi-oxide de Manganèse et de deux atomes d'Acide carbonique ou en poids de 38 parties d'Aciae et de 62 de bi-oxide de Manganèse. Sa pesanteur spécifique est de 3 25; sa dureté est moyenne entre celles du Fluoré et de l'Apatite. On ne connaît que trois variétés de Manganèse carbonaté: la variété rhomboédrique en cristaux déformés et groupés irrégulièrement; la variété lamellaire et la variété compacte. Cette substauce se mélanee souvent de carbonate de Chaux et de Silice; il paraît même qu'il existe une combinaison particulière de Silice et d'oxide de Manganèse que l'on doit

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regarder comme un bisilicate de Manganèse: c'est celle que Léonhard a décile sous le nom de Kieselmangan. Le Manganèse carbonaté est peu comaun dans la nature; on le trouve dans les filons à Nagyag en Transylvanie où il accompagne le Tellare et le Manganèse sulfuré; et à Kapnick où il s'associe à l' Antimoine sulfuré au Cuivre gris et à la Blende.

MANGANÈSE HYDRATÉ Schwarz; Braunsteinerz W.; Manganèse terne Broog. Substanceordinairement noire on d'un gris de fer en masse à poussière brune donnant beaucoup d'Eau par la calcination infusible au chalaceau; colorant en violet le verre de Borax: sa dureté est moyenne entre celle du Fluore et du Quartz; sa pesanteur spécifique est de 3 84. On cité des Cristaux de cette substance en prisme à base carrée et en octaèdres. Une analyse du Manganèse hydraté terreux de la mine de Dorothée au Harz par Klaproth a donné: oxide brun de Manganèse 68; Eau 17 5; oxide de Fer 6 5; Silice 8; Carbone et Baryte 2; total 102 o. Ce Minerai est souvent mélangé de peroxide de Manganèse et d'hydroxide de Fer.

Le Manganèse hydraté se présente quelquefois en petites masses légères très-tendres qui tachent les doigts au moindre frottement et qui ont l'apparence de prismes à quatre à cinq et à six pans ce qui est probablement l'effet du retrait que le Manganèse hydraté souvent argilifère a éprouvé en se desséchant. Cette variété a été observée à Saint-Jean de Gardonenque dans les Cévennes; plus fréquemment on trouve lá même substance en enduit à la surface du Fer hématite du Fer carbonaté et de la Chaux carbonatée. Ces incrustations sont tantôt compactes avec un éclat métalloïde argentin tantôt elles ont le tissu fibreux comme les Hématites; enfin le Manganèse hydraté se rencontre encore sous la forme stalactitique et il produit souvent des Dendrites noires à la surface ou dans I'intérieur de différentes Pierres tel les que le Calcaire compacte l'Agathe etc. Ce Minerai existe dans la nature en grande masse dans les terrains anciens et on le retrouve dans les terrains de toutes les époques jusque dans ceux de sédiment supérieur: à Montmartre il se présente en petites masses mamelonnées au milieu des Marnes du Gypse; il accompagne fréquemment le Manganèse oxidé le Fer hydroxidé et le Fer spathique. Suivant Beudant les Cristaux noirs décrits par Haüy comme type de son espèce Manganèse hydraté appartiendraient à une autre substance qu'il considère comme un silicate tri-manganésien. Il existe à Romanèche près de Mâcon une variété de Manganèse hydroxidé mélangé de Baryte dont la composition n'est pas encore bien connue et qui peutêtre formera quelque jour une espèce à part. Elle est d'un noir métalloïde à tissu fibreux et souvent entremêlée de Chaux fluatée violette.

MAXOANÈSE OXIDÈ Grauer Braunstein W.; Manganèse métalloïde Brongn. Substance d'un gris de fer métalloïde à poussière noire ne donnant pas sensiblement de l'Eau par la calcination; tendre et même friable; ayant pour forme primitive un prismerhomboïdal droit de 100°: c'est e peroxide de Manganèse contenant en poids 36 parties d'oxigène et 64 de Manganèse. Ses formes cristallines les plus ordinaires sont le prisme primitif et le même modifié sur deux arêtes latérales avec des sommets dièdres ou tétraèdres. Ses variétés de structure sont: l'aciculaires en aiguilles divergentes ou entrelacées la fibreuse la compacte et la mamelonnée ou stalactitique; cette dernière est presque toujours mélangée d'hydroxide. Le Manganèse oxidé se trouve fréquemment dans les terrains primitifs et intermédiaires et dans divers dépôts des terrains secondaires; on le rencontre en outre dans ceux d'hydroxide de Fer et de carbonate de Fer tantôt en masses compactes tantôt en stalactites. On emploie le Manganèse oxidé dans les verreries pour faire disparaître les

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fausses teintes qui altèrent la trans parence du verre; on s'en sert en chimie pour la préparation de l'Oxigène et du Chlore.

MANGANÈSE PHOSPHATé Phosphate de Manganèse et de Fer; Triplite Beudant. Substance brune offrant quelques indices de clivage soluble sans effervescence dans l' Acide nitrique; fragile d'une dureté médiocre; aisément fusible au chalumeau pesant spécifiquement 3 9; d'après une analyse de Vauquelin elle contient sur 100 parties 42 de deutotide de Manganèse 31 d'oxide de Fer et 27 d'Acide phosphorique. Cette substance a été trouvée par Alluau au milieu du Granité aux environs de Limoges dans le même filon de Quarts qui renferme les Emeraudes.

MANGANÈSE SULFURé Manganglanz W. Substance d'un gris métalloïde passant au noir par l'exposition à l'air; non cristallisée; facile à entamer avec le couteau; soluble avec effervescence dans l'Acide nitrique; pesant spécifiquement 3 9. Sa composition est encore mal connue; il est probable que c'est un bisulfure de Manganèse. Elle ne se trouve qu'en petites masses ou en veines noirâtres dans le carbonate de Manganèse de Nagyag en Transylvanie ou elle est associée au Tellure. (G.DEL.)

* MANGARA. BOT. PHAN. (Pison.) Les Gouets au Brésil. (B.)

MANGARASAHAC. MAM. Et non Mangarsahoe. Il serait fort intéressant de reconnaître quel est le grand Mammifère de Madagascar auquel Flacourt dit que les naturels donnent ce nom. Il est de la taille d'un Ane et ses oreilles beaucoup plus considérables encore pendent sur les yeux. (B.)

MANGARATIA. BOT. PHAN. (Pison.) Le Gingembre au Brésil (B.)

MANGE-BOUILLON OU SOUFFRETEUSES. INS. Les diverses larves qui se nourrissent du Bouillon-Blanc Verbascum Thapsua L. dont celle du Curculio verbasci est du nombre ont été fort mal figurées et décrites sous ce nom par Goëdart.

D'après la nourriture habituelle que prennent divers Animaux on a appelé:

MANGE-FOURMI (Mam.) le Tamanoir.

MANGE-FROMENT(Ins.) la larve de la Coccinelle à sept points.

MANGE-SERPENS (Ois.) les Pélicans et le Secrétaire.

MANGE-ABEILLE ou MANGEUR D'A-BEILLES (Ois.) les Mérops ou Guêpiers.

MANGEUR D'APPAT (Pois.) diverses Balistes.

MANGEUR DE CHÈVRES OU DE CHIENS ou DE RATS(Rept. Oph.) la plupart des Boas.

MANGEUR DE CERISES (Ois.) le Loriot commun.

MANGEUR DE CRAPAUDS (Ois.) une Buse à Cayenne.

MANGEUR D'HUITRZS (Ois.) l'Hut-trier.

MANGEUR DE NOYAUX (Ois.) le Loxia Coccauthraustes.

MANOEUR DE PIERRE (Ins. et Conch.) même Chose que Lithophage. V. ce mot.

MANGEUR DE PLOMB (Ois.) les Plongeons.

MANGEUR DE POMMES (Ins.) la larve du Pyralis Pomana Fabr.

MANGEUR DE POIVRE (Ois.) le Koulik espèce de Toucan.

MANGEUR DE POULES (Ois.) le Milan.

MANGEUR DE RIZ (Ois.) le joli Emberiza orizivora à l'Ile-de-France.

MANGEUR DE VERS (Ois.) le Motocilla vermivora L. etc.

On appelle encore MANGE-TOUT une variété de Pois cultivés dont la cosse est aussi bonne que les grains. (B.)

MANGHAS. BOT. PHAN. Espèce du genre Cerbera. V. ce mot. (B.)

MANGIER. BOT. PHAN. Pour Mauguier. V. ce mot. (B.)

MANGIFERA. BOT. PHAN. V. MANGUIER.

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MANGIUM. BOT. PHAN.(Rumph.) Syn. de Manglier. (B.)

MANGLE. BOT. PHAN. Fruit du Manglier et quelquefois le Manglier ou Palétnvier lui-même; on a aussi appelé:

MANGLB BLANC le Fromager.

MAXOLB GRIS l'Avicennia tomennesa et le Conocarpus erectus.

MANGLLER ROUGE le Cocoloba vinifera.

MANGLE VENIMEUX le Cerbera Manghas etc. (B.)

MANGLIER. BOT. PHAN. On désigne sous ce nom différens Arbres exotiques qui croissent sur le bord de la mer et plus particulièrement le Paletuvier. V. ce mot. (A.R.)

*MANGLIEPIA. BOT. PHAN. Genre de la famille des Magnoliacées et de la Polyandrie Polygynie L. récemment établi par Blume (Mémoires pour servir à la Flore de l'Inde Hollandaise publiés à Batavia en 1825) et auquel il assigne pour caractèresessentiels: un calice spatbacé caduc; une corolle dont le nombre des pétales est ordinairement de neuf; des étamines nombreuses subulées à anthères introrses; plusieurs capsules imbriquées disposées en cône persistantes et polyspermes. Ce genre dont l'auteur n'indique pas les affinités est si voisin du Michelia qu'on a déjà proposé de l'y réunir. La Plante qui le constitue est un Arbre indigène de Java que l'on trouve particulièrement sur les monts Salak et Gède. Les habitans le nomment Mangliet; d'ou le nom générique. (G..N.)

MANGLILLA. BOT. PHAN. Jussieu (Genera Plantarum p. 151) a établi sons ce nom un genre qu'il a placé dans la famille des Sapotées et auquel il a attribué les caractères suivans: calice très-petit à cinq divisions; cinq étamines à anthères sessiles; style nul; stigmate un peu gros; drupe globuleuse uniloculaire et monosperme. Les auteurs de la Flore du Pérou et du Chili ont plus tard établi le même genre sous le nouveau nom de Caballeria et ils en ont décrit sept espèces. Les espèces du genre Sclerôxylon constitué par Willdenow (Enumer. Hort. Berol. 1 p. 249) ont été fondues dans le Manglilia par Rœmer et Schultes. Selon Kuntn le genre Manglilia doit faire partie des Myrsine; cet auteur pense même que son M. ardisioides est è peine distinct du Manglilia Jussieui de Persoon espèce qui doit être considérée comme type du genre et qui est indigène du Pérou. (G..N.)

MANGO. BOT. PHAN. V. MANGUE.

MANGONARA. BOT. PHAN. (Gaertner.) V. GUTTIER-GOMMIER.

MANGONE. OIS. Syn. vulgaire de Flammant. V. ce mot. (DR..Z.)

*MANGÒSE. BOT. PHAN. V. COLLIER-FAUX.

MANGOSTANA. BOT. PHAN. Sous ce nom Garcin et Rumph avaient décrit la Plante qui produit le délicieux fruit nommé Mangoustan et dont Linné fit une espèce ue son genre Garcinia. Dans son Mémoire sur la famille des Guttifères (Mém. de la Société d'Hist. Nat. de Paris T. I p. 226) Choisy en a fait une section de ce dernier genre caractérisée par ses fleurs monoïques ou hermaphrodites et ses étamines libres. Elle renferme quatre espèces indigènes des Indes Orientales. V. GARCINIE. (G..N.)

MANGOUSTAN BOT. PHAN. On désigne vulgairement sous ce nom le Garcinia Mangostana L. Arbre indigène des îles de l'archipel Indien et qui porte des fruits d'une saveur et d'un parfum exquis. Ces fruits sont doux et légèrement laxatifs après la maturité; ils sont au contraire acidules avant cette époque et leur écorce passe pour astringente; on en fait usage pour arrêter les dyssenteries. V. GARCINIE. (G..N.)

MANGOUSTE. MAM. Sous genre de Civettes. V. ce mot. (B.)

*MANGUE. Crossarchus. MAM. Genre de Carnassiers voisin par l'ensemble de ses caractères des Man-

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goustes et du Suricate entre lesquels il se trouve intermédiaire. Les pieds sont pentadactyles comme chez les Mangoustes; mais il n'y a aucune trace de la petite membrane iuterdigitale qui existe chez celles-ci. Parmi les doigts c'est celui du milieu qui est le plus long de tous et c'est au contraire le pouce qui est le plus court; proportions qui se retrouvent chez le plus grand nombre des Mammifères. La plante du pied qui pose tout entière sur le sol dans la marche présente cinq tubercules dont trois sont placés à la commissure des quatre grands doigts et les deux autres plus en arrière. On retrouve aussi à la paume le même nombre de tubercules et leur disposition est aussi à peu près la même: seulement les deux postérieurs sont situés sur la même ligne au lieu d'être placés en série comme ils le sont à la plante. La queue est comprimée et d'un tiers moins longue que le corps. Les dents sont en même nombre que chez le Suricate mais elles ressemblent par leurs formes générales à celles des Mangoustes. ffes oreilles sont assez petites arrondies et la conque présente dans son milieu deux lobes trèssaillans situés l'un audessus de l'autre. La pupille est ronde; et la langue couverte dans son milieu de papilles cornées est douce sur scs bords. Mais ce qui rend le Mangue très-remarquattle et ce qui le distingue des Mangoustes c'est la forme de son musean qui se prolonge de beaucoup au-delà des mâchoires et jouit d'une extrême mobilité; il est d'ailleurs terminé par un mufle sur le bord duquel s'ouvrentles narines. La forme et la mobilité de cette petite trompe rapproche à quelques égards le Mangue des Coatis auxquels il ressemble aussi par plusieurs autres caractères et particulièrement par sa marche plantigrade et par la forme de ses ongles. Les testicules ne se voient point à l'extérieur et la verge est dirigée en avant: le gland terminé eu cône est aplati sur les côtés. Enfin «l'anus est dit Fr. Cuvier situé la partie inférieure de la poche anale c'est-à-dire que celle-ci se rapproche de la base de la queue. Elle se ferme par une sorte de sphincter de sorte que dans cet état elle semble n'être que l'orifice de l' anus; mais dès qu'on l'ouvre et qu'on la développe elle présente une sorte de fraise qui en se déplissant finit par présenter une surface très-considérable. Cette poche sécrète une matière onctueuse extrêmement puante dont l'Animal se débarrasse en se frottant contre les corps durs qu'il rencontre. ff

Ce genre a été établi récemment par Fr. Cuvier d'après un individu que possédait la ménagerie du Muséum et qui venait des côtes occidentales de l'Afrique. On ne connaît encore que cette seule espèce décrite par le même auteur sous le nom de Crossarchus obscurus(Mam. lith. liv. 47e). Elle est d'un brun uniforme sur tout le corps seulement avec une teinte un peu plus pâle sur la têle chaque poil étant brun avec la pointe jaune. Elle a un peu moins d'un pied de longueur depuis le bout du museau jusqu'à longine de la queue qui a sept pouces. L'individu qui a servi de type à cette description était d'une extrême propreté; il déposait toujours ses excrémens dans le même coin de sa cage et avait au contraire bien soin de ne jamais salir celui où il avait coutume de coucher. Il était très-doux et très-apprivoisè et paraissait rechercher et goûter vivement les caresses selon les observations de Fr. Cuvier auquel nous avons emprunté presque tout ce qui précède. Nous avons aussi eu l'occasion d'étudier pendant sa vie ce joli Animal qui attirait l'attention soit par sa douceur soit par l'intérêt qui s'attache naturellement à une espèce nouvelle; nous rapporterons ici quelques-unes des observations que nous avons faites à son sujet. Quana on s'approchait de sa cage il venait présenter sa gorge ou son dos noür qu'on le caressai; et lorsqu'on le faisait il

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restait immobile ouvrant seulement et fermant continuellement la bouche. Quand on s'éloignait 4e lui il faisait entendre dé petits siftlemeus ou cris aigus semblables à ceux d'un petit Oiseau ou d'un Sajou. ll avait l'habitude d'élever de temps en temps son corps sur ses pâtes antérieures et d'appliquer son anus contre la partie supérieure des barreaux de sa cage. Il buvait en lapant et faisait alors un bruit semblable à celui que produit le frottement du doigt sur un marbre mouillé. Enfin quoiqu'il se nourrît habituellement de viande il mangeait aussi volontiers du pain des carottes des fruits desséchés quand on venait à lui en préseuter comme nous l'avons fait plusieurs fois. (IS. O. ST.-H.)

MANGUE OU MANGO. BOT. PHAN. Fruit du Manguier. V. ce mot. Les Mangues dont il existe beaucoup de variétés sont de la grosseur d'un Abricot à celle des plus fortes poires; elles sont à peu prèsoblongues réniformes un peu plus grosses vers l'insertion du pédoncule; un sillon léger règne tout le long. La peau est très-glabre et même luisante ordinairement verte même dans la maturité mais d'un rouge souvent fort vif ou jaune sur la partie exposée à la lumière. Cette peau s'enlève assez aisément et de petites goultes résineuses suintent à travers parles moindres piqûres. La chair est d'un jaune orangé brillant absolument comme de la carotte; le noyau est grand aplati revêtud'une enveloppe très-fibreuse qui s'introduit jusque dansla chair du fruit et le rend souvent désagréable à manger en se prenant entre les dents. La Mangue cependant quand elle est bien mûre el de bonne qualité est un manger exquis; elle conserve néanmoins un léger goût de térébenthine et les Européens qui finissent par les aimer beaucoup out de la peine à s'y accoutumer d'abord. (B.)

MANGUIER. Mangifera. BOT. PHAN. Genre de la famille des Térébiuthacées et de la Pentandric Monogynic L. Ses fleurs polygames of frent un calice divisé profondément en cinq parties régulières et caduques avec lesquelles alternent autant de pétales insérés à sa base oblongs sessiles étalés; cinq étamines insérées de même dont trois ou quatre plus courtes né portent pas d'anthères et se soudent quelquefois entre elles; un ovaire libre sessile portant un style latéral terminé par un stigmate obtus et renfermant un ovule unique fixé près du fond de la loge. ll devient une drupe où dans un noyau filamenteux à l'extérieur et de consistance coriace est contenue une graine allongée et un peu comprimée dépourvue de périsperme. Son enveloppe est simple mince chartacée; ses cotylédons charnus sont convexes en dehors et sa radicule infère se recourbe en se dirigeant de bas en haut vers le point d'attache. C'est ainsi que Kunth a caractérisé ce genre dans son Mémoire sur les Térébinthacées. ll ajoute que daus les fleurs mâles par avortement c'est l' étamine fertile qui occupe la place centrale du pistil qui n'existe plus dans les fleurs de l'espèce cultivée au Jardin des Plantes; nous avons observé de plus cinq glandes quadrifides aduées à la base des pétales et cinq autres glandes alternant avec les premières arrondies et formant par leur réunion un disque qui soutieut l'ovaire. Le genre Mangifera ainsi défini comprend plusieurs Arbres à feuilles dépourvues de stipules éparses simples entières et coriaces; leurs fleurs petites blanches ou rougeâtres pédicellées forment des panicules terminales très-rameuses et accompagnées de bractées. Leurs fruits se mangent. L'espèce la plus connue est le Manguier domestique originaire de l'Iude et cullivédans les Antilles ainsi qu'al'Ile-de-France. Une autre le Mangifera laxiflora croît dans celte dernière et une troisième le M. fœtida se trouve à la Cochiuchine et aux Mo-luques. On y rapporte encore mais avec doute une espèce à feuilles

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opposées observée dans le Pégu. Plusieurs autres simplement indiquées par Roxburgh ainsi que le nombre des variétés qu'offrent les espèces connues prouvent que ce genre aurait besoin d'une révision. Enfin plusieurs Plantes qui étaient autrefois considérées comme en faisant partie en sont maintenant séparées; telles sont: le Mangifera pinnata de Lamarck qui forme le genre Sorindeia; le M.axillaris du même auteur dont Kunth a formé son genre Combessedea et que De Candolle réunit au Buchanania de Spreugel. V. ces différens mois soit dans les volumes suivans soit au Supplément de ce Dictionnaire. (A.D.J.)

MANI. BOT. PHAN. Résine que produit & la Guiane le Moronobea d'Aublet ou Symphonia de Linnéfils. On l'a aussi proposé pour désigner ce genre. V. MORONOBEA. (B.)

MANICAIRE. Manicaria. BOT. PHAN. Ce genre de la famille des Palmiers et de la Monœcie Polyandrie L. établi par Gaertner (de Fruct et Sem. 2 p. 468 t. 176) offre les caractères suivans: fructification monoïque sur le même régime; spathe simple fibreuse réticulée se fendant irrégulièrement; fleurs enfoncées dans des alvéoles. Les mâles ont un calice à trois folioles; une corolle à trois pétales coriaces des étamines nombreuses à filets libres. Les fleurs femelles ont un calice et une corolle comme les fleurs mâles; un ovaire triloculaire avec des stigmates sessiles. Le fruit est une drupe à trois coques recouverte d'une écorce tubéreuse anguleuse et hérissée de piquans contenant un noyau crustacé avec un seul pore à la base un embryon basi-faire dans un embryon égal et creux. Ce genre a été nomtné Pilophora par Jacquin (Fragm. Bot. p. 32 t. 35 à 36) et Willdenow a adopté cette nouvelle dénomination. Le Manicaria saccifera Gaertner loc. cit. en est la seule espèce connue. Ce Palmier croît dans les Indes-Orientales. Son stipe est gros marqué de cicatrices à frondes terminales très-grandes entières oblongues et qui se fendent irrégulièrement. Les fleurs sont jaunes formant un régime situé parmi les frondes divisé en rameaux simples et tomenteux. (G..N.)

MANICOU. MAM. Espèce de Didelphe. V. ce mot. (B.)

MANIER OIS. Syn. vulgaire d'E-corcheur. V. PIE-GRIÈCHE. (DR..Z.)

MANIGUETTE. BOT. PHAN. Qu'il ne faut pas confondre avec Malaguette. On a désigné sous ce nom les graines de l' Uvaria aromatica. (B.)

MANIHOT. BOT. PHAN. (De Candolle.) V. KETMIE.

MANIKOR. OIS. Pipra papuensis Lath. Buff. pl. enl. 707. Espèce que l'on a placée parmi les Manakins contre le sentiment de Buffon et que Temminck a rejetée dans le genre Gobe-Mouche. Cet Oiseau que Sonnerat a rapporté de la Nouvelle-Guinée a les parties supérieures d'un noir verdâtre ainsi que les rémiges et les rectrices; les parties inférieures blanchâtres avec une tache oblongue orangée sur la poitrine; le bec et les pieds noirs. Sa taille n'excèdc guère trois pouces. (DR..Z.)

MANIKUP. OIS. Espèce du genre Fourmilier. V. ce mot. (B.)

MANILLE REPT. OPH. La Vipère qui passe pour fort dangereuse dans l' Inde sous ce nom n'est pas encore bien déterminée. (B.)

MANIMBé OIS. Espèce du genre Gros-Bec. V. ce mot. (B.)

MANINA. BOT. CRYPT. Dénomination employée par les anciens botanistes et reproduite par Adanson pour la Clavaria coralloides L. dont il avait formé inutilement un genre. V. CLAVAIRE. (G..N.)

MANIOC OU MANIOT. BOT. PHAN. Espèce du genre Médicinier. V. ce mot. (B.)

MANIPI. OIS. V. PIGEON GOURA.

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MANIPOURI. MAM. L'un des noms de pays du Tapir V. ce mot (B.)

MANEPURITE. MAM. V. MAPURITA.

MANIS. MAM. V. PANGOLIN.

MANISURIS. BOT. PHAN. Genre de la famille des Graminées et que l'on a placé dans la Triandrie Digynie L. quoique ses fleurs soient polygames. Il est ainsi caractérisé: fleurs hermaphrodites; lépicène à deux valves dont l'extérieure est hémisphérique tuberculée; la glume plus petite que la lépicène et à deux valves membraneuses; trois étamines; style bifide. Fleurs mâles et neutres mélangées avec les hermaphrodites et ayant la lépicène à valves presqu'égales et lancéolées. Ce genre était confondu par Linné avec les Cenchrus. Il a pour type le Manisuris granularis Swartz (Flor Ind. Occid. 1 p. 186) et Palisot-Beauvois (Agrostographie t. 21 p. 10) Plante qui croît aux Antilles à l'Ile-de-France et dans l'Inde. Dans sa Flore d'Oware et de Benin T. I p. 24 t.14 Palisot-Beau vois a décrit et figuré une autre espèce qui se distingue seulement de la précédente par ses épis deux ou trois fois plus nombreux et qu'il a nommée Manisuris polystachyra. Cet auteur a admis le genre Peltophorus de Desvaux fondé sur le Manisuris Myurus de Linné fils qui n'a pas d'autres caractères que la valve extérieure et la lépicène membraneuse sur ses bords plane et non tuberrculée. (G..N.)

MANITAMBOU. BOT. PHAN. Le Sapotilier à la Guiane. (B.)

MANITOU. MAM. Quelques auteurs ont employé ce nom comme synonyme de Manicou. IS. G. ST. H.)

MANITOU DES SAUVAGES. MOLL. L'un des noms vulgaires et marchands de l' Ampularia rugosa. V. AMPULAIRE. (B.)

*MANKIRIO. OIS. Nom de pays du Mégapode Freycinet. V. MEGAPODE. (DR..Z.)

MANKS. OIS. Espèce du genre Pétrel. V. ce mot. (DR..Z.)

*MANNA. BOT. PHAN. D. Don qui considère le genre Hedysarum des auteurs comme peu naturel en sépare génériquement deux espèces connues auxquelles il en ajoute une troisième inédite: et il nomme ce nouveau genre Manna parce que l'un des Arbrisseaux qui le composent fournit une résine de consistance mielleuse que les Arabes du Sinaï appellent Manne. C'est Hedysarum Alhagi de Linné. Une autre espèce l' H. pseudo-Alhagi de Marschall croît sur les bords de la iner Caspienne; une troisième a été reff cueillie dans le Napaul. Ce sout des Arbrisseaux bas très-rameux à feuilles simples et très-entières accompagnées de petites supules persistantes. De leurs aisselles partent des épines solitaires qui ne sont autre chose que des rameaux avortés et sur celles de ces épines qui se rapprochent le plus du sommet naisseut comme sur un épi plusieurs fleurs de couleur rouge. Leur calice campanule se termine par cinq dents égales. Dans leur corolle papilionacée l'étendard large recouvre les autres pétales plus courts que lui et la carène égale aux ailes s'arrondit au sommet. Les étamines sont diadel-phes. Le légume uniloculaire bosselé ne contient que peu de graines. De Candolle qui a divisé le genre Hedysarum en plusieurs admet aussi celui-ci mais sous le nom d'Alhagi qu'il avait recu antérieurement de Tournefort. (A. D.J.)

MANNE. BOT. PHAN. On appelle ainsi une matière concrète et sucrée qui découle de plusieurs espèces de Frêne et en particulier du Fraxinus rotundifolia et du Fraxinus Ornus. C'est spécialement en Calabre que l'on recueille la Manne. On pratique à la partie supérieure du tronc des Frênes des incisions longitudinales dans lesquelles on introduit de petits brins de paille pôur faciliter l'écoulement et le dessèchement du suc

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propre qui doit former la Manne. Dans le commerce on en distingue trois espèces savoir: 1° la Manne en larmes ou en canon. C'est la plus pure. On la recueille pendant les mois de juillet et d'août c'est-à-dire pendant les plus grandes chaleurs de l'été. Le suc propre se dessèche alors très-rapidement. La Manne en larmes est en morceaux irréguliers ou allongés en forme de stalactites d'une couleur blanche légèrement jau-nâtre d'une saveur douce et sucrée. Lorsqu'elle est très-récente sa saveur est très-agréable et les habitans du pays l'emploient aux mêmes usages que le sucre; dans cet état elle n est pas purgative. Mais par suite elle acquiert une odeur et une saveur particulières qui paraissent dues à une sorte de fermentation èt elle devient laxative. 2°. La Manne en sorte qui est celle que l'on emploie le plus généralement est recueillie pendant les mois de septembre et d'octobre. Elle se dessèche moins rapidement que la première et se compose de morceaux blancs assez gros irréguliers réunis en masse au moyen d'une matière syrupeuse. Sa saveur et son odeur sont légèrement nauséabondes. 3°. La Manne grasse est la plus commune des trois et on ne l'emploie guère intérieurement si ce n'est en lavement. On la recueille en automne. Les fragmens de matière blanche sont plus petits et la matière non cristallisée plus abondante. Sa saveur et son odeur sont encore moins agréables. La Manne a été analysée par plusieurs chimis!es et en particulier par Thénard qui y a trouvé du sucre une matière sucrée et cri tallisable qu'il a nommée Mannite et une matière nauséeuse incristallisable. Le sucre forme environ un dixième de la Manne en larmes;la Mannite au contraire la forme presqu'en totalité. Ce principe n'est nullement purgatif. C'est la matière nauséeuse qui possède cette propriété: aussi remarque-t-on qu'elle est plus aboudante dans la Manne en sorte etsurtout dans lu Manne grasse.La Manne est un purgatif minoratif très-doux qui s'emploie à la dose de deux onces. Plusieurs autres Végétaux fournissent une matière sucrée que l'on a nommée Manne. Ainsi le Mélèze donne la Manne de Briancon l'Hedysarum Alhagi la Manne Alhagi; quelques espèces de Rhododendron fournissent également une sorte de Manne.

On a encore appelé MANNE DU LIBAN le Mastic en larmes et MANNE AQUATIQUE OU DE POLONGNE le menu grain que donne le Festuca fluitans dont on fait à Varsovie un gruau fort délicat. (A. R.)

*MANNET. MAM. Syn. de Lièvre sauteur du Cap. V. GERBOISE sousgenre HÉLAMYS. (B.)

*MANNITE. BOT. PHAN. Substance cristallisable de la Manne. V. ce mot. (G..N.)

MANOA. BOT. PHAN. (Rumph Amb. 1 tab. 45.)Syn. d'Anona mulcosa Jacq. (B.)

*MANON POLYP. Oken établit ce genre aux dépens des Eponges. Le Spongia dichotoma L que l'auteur nomme Manon cervicornis en est le type. V. EPONGE. (B.)

MANOOROA. OIS. V. PAILLE-EN-QUEUE

MANORINE. Manorina. OIS. Genre créé par Vieillot pour y placer un Sylvain de la famille des Chanteurs. Cet ornithologiste assigne pour caractères génériques à son Manorina: bec court un peu grêle à base garnie sur les côtés de petites plumes dirigées en avant et couvrant l'origine des narines anguleux en dessous très-comprimé latéralement entier pointu; mandibule supérieure un peu arquée du milieu à la pointe et couvrant les bords de l'inférieure; celle-ci un peu plus courte et droite; narines amples occupant la moitié en longueur de la mandibule supérieure s'étendant de l'arête jusqu'aux bords du bec élargies à la base et finissant un peu en pomte couvertes d'une membrane à

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converture linéaire et située en dessous; tour de l'œil nu; premièrema ge plus courte que la sixième; les deuxième et quatrième égales la troinéme la plus longue de toutes; quatre doigts trois devant un derrière les antérieurs grêles; l'intermediaire soudé avec l'extérieur à la base et totalement séparé de l'interne; le ponce très-épais et plus long que les doigts latéraux; ongles crochus étroits et aigus le postérieur le plus fort et le plus long de tous. On ne contàt encore qu'une espèce de ce genre.

MORALINE VEBTE Manorina viridis Viedl. Parties supérieures d'un vert olive; sommet de la tète olive; front d'am noir velouté les plumes s'avancaat et recouvrant les uarines; joues jaunes; moustaches longues noires; parties infériéures d'un jauneolivâtre; bec et pieds jaunes; taille cinq pouced dix ligues. La femelle ressemble beaucoup au mâle mais elle n'a point de moustaches ni les joues jaunes; son plumage est en général plus terne. Cet Oiseau a été découvert à la Nouvelle-Hollande. (DR..Z.)

MANOTE. BOT. CHYPT. L'un des noms vulgaires de la Clavaire coral-loïde. (B.)

MANS. INS. L'un des noms vulgaires de la larve du Hanneton. (B.)

MANSAD MANSEAU. OIS. Syn. vulgaires de Ramier. V. PIGEON. (DR..Z.)

MANSANA. BOT. PHAN. V. MANSANAS.

MANSANAS. BOT. PHAN. Sonnerat qui ne savait pas l'espagnol avait donné ce nom à un genre adopté sous le nom de Mansana par Gmelin qui ne le savait pas davantage et dont le Ziziphus Jujuba Willd. était le type. Ces noms qui doivent être rejetés de la science 'ne sont que le Manzana des Espagnols qui signifie la Pomme. (B.)

MANSANILLA d'où MANSANILLE. BOT. PHAN. Pour Mancenille et Mancenillier. V. ce mot. (B.)

MANSUETTE. BOT. PHAN. Variété de Poires. (B.)

MANTE. Mantis. INS. Genre de l'ordre des Orthoptères section des Coureurs famille des Mantides établi par Linné restreint par Illiger et tous les entomologistes etayant pour caractères: corps étroit et allongé; téte découverte n'ayant pas le fiont prolongé en forme de corne: antennes simples dans les deux sexes; les deux pieds antérieurs plus grands que les autres; cinq articles à tous les tarses; élytres et ailes couchées horizontalement sur le corps.

Ce genre se distingue de celui qu'Illiger nomme Empuse par les antennes qui dans les mâles de ce dernier sont pectinées et par leur tête qui est prolongée antérieurement en forme de corne; il s'éloigne des Blattes par la forme du corps et des Spectres que Linné y réunissait par les pieds qui dans ceux-ci sont de forme identique. La téte des Mantes est triangulaire verticale avec les yeux grands et trois petits yeux lisses distincts. Leurs antennes sont simples sétacées composées d'un grand nombre d'articles et insérées entre les yeux; leur labre est entier; les mandibules sont incisives; les palpes filiformes pointus au bout non comprimés et la languette a quatre divisions presque également longues. Le corselet est allongé formé en majeure partiedu premier segment dont l'extrémité antérieure est souvent dilatée et arrondie sur les côtés. Les pâtes antérieures sont avancées avec les hanches fort grandes les cuisses comprimées dentelées; les jambes également dentelées terminées par un fort crochet el s'appliquant sous la cuisse; les autres pâtes sont simples et menues. Les élytres sont horizontales couchées l'une sur l'autre le long du côté interne. étroites allongées peu épaisses demi-transparentes; les ailes sont plissées en éventail dans leur longueur. L'abdomen est oblong; il a à son extrémité deux appendices articulés et coniques et

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une pièce en forme de lame écailleuse comprimée arquée sur le dos formc'e elle-même de plusieurs pièces eourtes recues entre deux valves de lanus.

Les Mantessont plus répandues dans les pays chauds; l'Europe n'en offre que quatre à cinq espèces; celle que l' on rencontre le plus fréquemment dans les provinces méridionales de la France porte le nom de Prega-Diou(Prie-Dieu) parce qu'elle élève continuellement ses pates de devant et les joint ensemble de sorte que le peuple la regarde comme un Insecte sacré dans certains cantons tandis qu'en d'autres on l'appelle Sorcière; les Turcs ont même pour elle un respect religieux et une autre espèce est encore plus vénérée chez les Hottentots. Le nom latin de Mantis(Devin) qu'on a donné à ces Insectes vient de ce que l'on s'est imaginé qu'ils devinent et indiquent les choses en étendant leurs pâtes. Dans l'état de nymphes les Mantes ont sur le dos quatre pièces aplaties qui sont les fourreaux renfermant les ailes et les élytres. Elles marchent et agissent comme l'insecte parfait vivant de rapine et mangeant tous les Insectes qu'elles peuvent saisir avec leurs pates antérieures qui font l'office de pinces. Roësel a conservé des Mantes en les nourrissant avec des Mouches ou autres Insectes; quand on les met ensemble elles se évorent. Un mâle et une femelle de ces Insectes ayant été enfermés dans un vase de verre le premier tut saisi par la femelle que lui coupa la tête. Comme ces Insectes sont extrêment vivaces le mâle vécut encore assez long-temps et ne fut dévoré par la femelle que quand celle-ci en eut été fécondée. Les œufs que pondent les femelles sont rassemblés en un paquet allongé couvert d'une espèce d'enveloppe de la consistance d'un parchemin. A mesure qu'ils sortent de l'ovaire il s'échappe avec eux une espèce de bouillie qui en se déta-chant forme l'enveloppe coriace quiles couvre. Ces œufs sont allongés de couleur jaune et placés sur deux rangées dans le paquet; la femellff attache ordinairement cette masse à la tige de quelque Piante.

Ce genre se compose d'un assez grand nombre d'espèces; celle quiest la plus commune en France et qui sert de type au genre est:

La MANTE RELIGIEUSE Mantis religiosa Linn.; la Mante Geoff. Ins. de Paris T. I p. 399 pl. 8 fig.4.; Gryllus religiosus Scop. Entora. Carn. p. 103.; Mantis oratorta var.. Fabr. Longue de près de deux pouces verte; corselet ayant une petite carène dorsale; ses bords latéraux étant d'une jaune roussâtre un peu dentelés; élytres bordées légèrement de jaunâtre; pâtes antérieures ayant une tache d'un noir bleuâtre au coté interne des hanches et jambes ayant une teinte d'un roussâtre clair. Cette espèce commune dans le midi de la France commence à se trouver non loin de Paris. Linné lavait bien distinguée de la Mante prêcheuse Mantis oratoria. Les auteurs qui ont écrit après lui ont confondu l'une avec l'autre et ont embrouillé la synonymie. Il sera facile d'éclaircir cette difficulté si l'on sépare ces deux espèces et si l'on rapporte tous les synonymes cités à la Mante religieuse; l'espèce nommée prêcheuse n'a été connue jusqu'à nos jours que de Linné. Draparnaud l'a tirée ae l'oubli où elle était et en a donné une bonne figure dans le N. 69 du Bulletin de la Société Philomatique. V. pour les autres espèces la Monographie qu'en a publié eLichtenstein dans le T. VI des Transactions de la Société Linnéenne de Londres.

On a improprement donné le nom de MANTES DE MER motivé sur une grossière ressemblance à des Crustacés du genre Squille. V. ce mot. (G.)

MANTEAU ZOOL. Les Animaux Mollusques bivalves ou plutôt les Conchitères ont tous leur coquille revêtue àl'intérienr d'une peau plus ou moins mince qui se partage en

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deux lobes égaux Ou inégaux selom que la coquille est elle-même équi-valve ou inéquivalve. Cette partie charnue semble revêtir l'Animal à peu près de la même manière que les manteaux dont nous'nous couvrous d'ou est venu par comparaison le nom que l'on donne à cette partie des Conchifères; depuis on a également donné le même nom aux enveloppes cutanées des autres Mollusques quoiqu'elles aient des formes bien diffètentes. V. MOLLUSQUE.

Latreille ayant adopté la forme du Manteau et le nombre de ses ouvertares pour lui servir de moyens de division dans les Acéphales en plusieurs ordres a donné le nom de Manteaux-Biforés Bifori-Rolla au second ordre de cette classe. Il l'a sous-divisé en deux familles les MYTILACÈS et les NAÏADES après lui avoir donné les caractèies suivans: outre l'ouverture ordinaire servant de passage au pied le Manteau en offre enoore une antre qui est propre aux déjections; la coquille est toujours plagymione; tantôt l'impression antérieure ou celle du muscle censtricteur est petite et l'autre est air longée; tantôt les deux sont bien apparentes et l'antérieure est composée on divisée. Le ligament cardinal est extérieur marginal linéaire et sétendi souvent beaucoup plus sur le corselet ou la partie postérieure que sur l'antérieure. La coquille est souvent triangulaire avec le côté postérieur long et l'autre très court

MANTEAUX-OUVERTS Patuli-Palla. Latreille dans les Familles du Règne Animal a nommé ainsi le premier ordre des Acéphales qu'il caractérise par l'ouverture du Manteau entièrement fendue; l'Animal se trouvant par conséquent dépourvu ée tubes pour l'anus et la respiration; il les divisés en deux sections les Mésomiones et les Plagymionea qui eux-mêmes sont partagés en plusieurs familles comme ou le verra en conn sultant ces mots.

MANTREAUX-TRIFORéS Trifori-Pella. Troisième ordre établi par Latreille loc. cit. parmi les Acéphales ou Conchifères pour ceux qui ont au Manteau trois ouvertures sans tubes l'une pqur le passage du pied l'autre pour les branchies et la troisième pour l'anus. Cet ordre ne se compose que d'une seule famille les Tridacnites (V. ce mot) et ne renferme que les deux genres Hippope et Tridacne quoique cependant on puisse y rapporter les Cames dont le Gatàrob d'Adanson fait partie essentielle; par suite et par analogie devraient aussi y rentrer les autres genres de la famille des Camaeées c'est-à-dire les Ethéries et les Dicérates que Latreille place à tort suivant notre opinion dans son quatrième ordre les Manteaux-Tubuleux.

MANTEAUX -TUBULEUX Tubuli-Palla. Latreille a rassemblé dans le quatrième ordre des Acéphales auquel il a imposé ce nom tous les Conchifères dont le Manteau est terminé postérieurement par deux tubes plus ou moins prolongés tantôt séparés tantôt conjoints quelquefois même n'en formant qu'un mais à deux conduits intérieurs. Cet ordre est divisé en deux sections les Uniconques et les Tubicoles qui elles-mêmes sont sous-divisées en plusieurs familles. V. ces mots. (D..H.)

Le nom de MANTEAU est encore devenu spécifique avec l'addition de quelque épithète; ainsi l'on a appelé:

MANTEAU-BLEU ou BLXU-MANTEAU (Ois.) une espèce de Mouette.

MANTEAU-DUCAL (Conch.) une espèce du genre Peigne.

MANTEAU ou TROMPETTEDU CHRIST (Bot. Phan.) le Datura fastuosa L.

MANTEAU-GRIS ou GRIS-MANTEAU (Ois.) la Corneille mantelée.

MANTEAU DE GUSUX (Bot. Phan.) la Pulmonaire dont la feuille est tachée ou de grands Rumex aquatiaues dont les feuilles se trouent et se déchirent assez naturellement.

MANTEAU-NOIR OU NOIR MANTEAU

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(Ois.) une espèce de Mouette ou Goêland;

MANTEAU-POURPHE (Conch.) une grande espèce du genre Peigné.

MANTEAU-ROYAL (Ins. et Bot. Phan..) une Chenille et l'Ancolic.

MANTEAU DE SAINTE-MARIE (Bot. Phan.) la Colocase etc. (B.)

* MANTÉES. BOT. PHAN. V.COMEGOMMI.

* MARTELÉE. OIS. Espèce du genre Corbeau V. CORBEAU. C'est aussi le nom d' une Buse du Brésil V. FAUCON. et d'une Colombe des Indes. V. PlGHON. (DR..Z.)

MANTELET. MOLL. Adanson (Voy. au Sénég.) trompe par quelques différences que présentent les Animaux et lès coquilles des Porcelaines jeunes avec les vieilles avait formé un genre pour les premières auquel il avait donné ce nom; quelques auteurs sans l'avoir examiné assez attentivement l'ont a'dopté à tort. V.PORCELAINE. (D..H.)

* MANTELLE. OIS. L'un des noms vulgaires de la Corneille mantelée. V. CORBEAU. (DR..Z.)

MANTICHORE. MAM. Animal fabuleux sur lequel les anciens opt rapporté beaucoup de contes ridicules et que sur leurs folles descriptions quelques naturalistes tels que Jons-ton et Ruysch ont figuré. (B.)

MANTICORE. Manticora. INS.. Genre de l'ordre des Coléoptères Section des l'entameres famille des Carnassièrs terrestres tribu des Ci-cindelètes établi par Fabricius et adopté par tous les entomologistes; ses caractères sont: tous les tarses semblables à articles cylindriques dans les deux sexes; dos du corselet formant une espèce de lobe demi-circulaire horizontal prolongé jusqu'au-dessus du bord postérieur et. tombant brusquement dans son pourtour avec les bords presque aigus et sinués; abdomen pédiculé presque eu forme de cœur plus large que la partie antérieure du corps presque entièrement enveloppé par les élyres qui sont carénées latéralement. Fabricius n'ayant vu que quatre anteunules aux Manticores et trompé d'ailleurs par la forme des élytres crut que ce genre avait beaucoup de rapports avec celui des Pimélies.Mais l'ensemble de tous ses caractères le rapproche tellement des Cicindèles que Clairville pense même qu'il n'en est pas distinct. Outre les caractères tirés de la forme des clytres et de l'abdomen qui éloignent ces Insectes des Cicindèles ils en sont encore séparés ainsi que des Insectes de la même tribu par la longueur du pénultième article de leurs palpes maxillaires extérieurs qui surpasse celle du dernier article des mêmes palpes. La tête des Manticores est très-grande aplatie sur le front presque cylindrique postérieurement. Les Mandibules sont trèst-grandès arquées et armées intérieurement de quatre dents dout la troisième est beaucoup plus petite que les aûtres la lèvre supérieure est plus avancée presque transversale elle à six dentelures à sa partie antéiîieure.Les palpes sont grands et leur dernier article est un peu sécuriforme. Les antennes sont minces et filiformes leur troisième article est allongé et anguleux. Les yeux sont arrondis petits et peu saillans; le corselet est presque de la longueur de la tête; il parnîu divisé en deux partiés par un sillon transversal peu éloigné du bérd antérieur parallèle à celui-ci et prolôngé'sur les côtés et en dessous jusqu'à l'origine des pates antérieures. II n'y a pas d'écusson visible l' abdomen paraît pédiculé et il est presque entièrement enveloppé par les élytres qui sont soudées larges planes en dessus presque en fortne ac coeur fortement chagrinées surtout postérieurement. Les bords latéraux sont en carène et légèrement deutélés et la partie qui envdoppe l'abdomen est presque lisse à l'exception de quelques points élevés vers l'extrémité; les pâtes sont grandes et couvertes de poils roides et assez serres. Le Manticore a la démarche vive

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des Carabes; il court sur les sables de la partie la plus méridionale de l'Afrique et se cache souvent sous les pierres. Il se nourrit d'Insectes et sa larve est inconnue. Fabricius n'en mentionne que deux espèces propres à la colonie du cap de Bonne-Espé-rance; celle qui sert de type au genre est:

Le MANTICORE MAXILLAIRE Manticora maxillosa. Fabr. Oliv. Latr. Dej.; Carabe à tubercules Degéer; Cicindela gigantea Thunb. Herbst. etc. Cet Insecte est long de plus d'un pouce et demi il est entièrement d'une couleur noire peu luisante et l'on apercoit sur tout le corps des poüs assez longs roides et peu rapprochés les uns des autres. (G.)

MANTIDES. Mantides. INS. Famille de l'ordre des Orthoptères section des Coureurs établie par Latreille et renfermant line portion du grand genre Mantis de Linné. Les caractères de cette famille sont: corps allongé et étroit; tête découverte; palpes courts filiformes finissant en pointe; languette quadrifide; antennes simples dans les deux sexes ou pectinées dans les mâles; corselet grand étroit quelquefois dilaté sur les côtés; ailes simplement pliées dans leur longueur; les deux pieds antérieurs beaucoup plus grands que les autres avec les hanchçs longues les caisses fortes comprimées et épineuses et leà jambes terminées par un fort crochet susceptible de se replier sous ces cuisses afin de pouvoir saisir leur proie: les autres pieds sont grêles peu garnis d'épines et ont souvent au bout des cuisses appendice foliacé plus ou moins développé.. L'abdomen est un peu plus large que le thorax et festonné sur les bords dans plusieurs.

Ces Insectes se trouvent dans les pays tempérés et méridionaux; ils se tiennent sur les Arbres et sur les Plantes ressemblent même quelquefois à des feuilles par la forme et la couleur de leur corps et de leurs ailes. Ils recherchent la lumière du jour vivent d'autres Insectes qu'ils saisisseut avec leurs pieds antérieurs qu'ils relèvent ou portent en avant et dont ils replient avec promptitude la jambe contre le dessous de la cuisse. Leurs œufs très-nombreux sont renfermés dans autant de petites cellules composées d'une matière gommeuse se durcissant à l'air et disposés par séries régulières et réunies en une masse ovoïde; la femelle les colle sur des Plantes ou sur d'autres corps élevés à la surface de la terre. Le jabot de ces Insectes est longitudinal; leur gésier a en dedans de fortes dents crochues; on leur compte huit à dix cœcums autour du pylore. Ces Animaux ont été désignés par Stoll sous les noms de FEUILLES AMBULANTES; cette famille forme deux genres. V. EMPUSE et MANTE. (G.)

* MANTIS. INS. V. MANTE.

* MANTISALCA. BOT. PHAN. Cassini (Bulletin de la Société Philoma-tique septembre 1818) a formé sous ce nom un genre aux dépens du Centaurea de Linné. Entre autres caractères il lui attribue les suivans: invoîucreovoïde formé d'écailles régulièrement imbriquées appliquées ovales-oblongues. coriaces surmontées d'un appendice tubuleux spiniforme et réfléchi; réceptaqle plane épais garni de paillettes; calathide dont les fleurs centrales sont nombreuses et hermaphrodites celles de la circonférence sur un seul rang neutres et à corolles agrandies; ovaires dès fleurs centrales munis de côtes longitudinales et de stiies transversales surmontés d'une double aigrette; l'extérieure semblable à celle des autres Centaurées; l'intérieure irrégulière unilatérale composée de trois ou quatre paillettes soudées entre elles et formant une large làme membraneuse. Ce genre quel'auteur lui-même consent à ne regarder que comme un simple sous-genre ou subdivision des Centaurées secompose uniquement du Centaurea Salmantica espèce & laquelle Linné a donné

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pour nom spécifique celui d'une ville d'Espegne où elle ne se trouve pas plus abondamment que dans le reste e l'Europe méridionale. C'est pourtant avec l'anagramme de cet adjectif insignifiant que Cassini a formé le nom générique de Mantisalca quoique cette manière de forger des mots soit aujourd'hui proscrite par la plupart des botanistes; mais d'après les idées particulières de Cassini les règles ne doivent être respectées qu'autant qu'elles sont fondées sur des motifs raisonnables et l'on ne doit voir dans les noms génériaaes que des lettres et des syllabes arbitrairement assemblées et fixées par convention. C'était le même raisonnement que faisait Adanson il y a soixante ans pour justifier ses innovations et ses singularités. (G..N.)

MANTISIE. Mantisia. BOT. PHAN. Genre de la famille des Amomées et de la Monandrie Monogynie L. établi par Sims (Bot. Magazine p. et t. 1320) qui l'a ainsi caractérisé: anthère doubles filament linéaire très-long bilobé au sommet et muni d'un appendice à la base et de chaque câté. A ce caractère abrégé l'auteur a ajouté celui de l'inflorescence radicale en quoi le genre proposé diffère surtout du Globba. don't il est d'ailleurs très-rapprocné. L'espèce sur laquelle il est fondé et que Sims a nommée Mantisia saltaioria a même été décrite par Roxburgh (Asiatic Researches vol. 11 p. 559) sous le nom de Globba radicalis. Cette Plante croît dans les Indes-Orientaies. Ses fleurs dont les couleurs offrent un mélange de jaune et de violet ont un aspect fort agréable. (G..N.)

MANTLSPE. Mantispa. INS. Genre de l'ordre des Névroptères famille des Planipennes tribu des Raphidines(Latr. Fam. Nam.du Règn. Anim.) établi par Illiger et ayant pour caractères: antennes sétacées; prothorax en forme de corselet allongé cylindracé; ailes en toit; pâtes antérieures ravissetuses. Les espaces qui forment ce genre ont été long-temps placées pami les Orthoptères et confondues avec les Mantes; la forme de leurs pates antérieures et leurs mœurs pouvaient en effet autoriser cette réunion; cependant Poda et après lui Linné et Scopoli n'avaient point commis cette faute et noa-seulement ils plaçaient la Mantispe alors connue Mantispa pagana parmi les Névroptères mais ils en faisaient même une espèce du genre Raphidia. Les autres caractères fixent définitivement la place des Mantispes auprès des Raphidies et Lepelletier de Saint-Fargeau et Serville ont reconnu que la disposition des nervures des ailes est ici d'aooord avee la méthode. Ce genre se distingue de tous ceux de sà mille par un caractère bien tranché par la forme des pâtes antérieures qui sont propres ainsi qufe celles des Maniides à saisir les petits Insectes dont ces Animaux se nourrissent.

Ces Insectes ont le corps long; leur corselet a son segment antérieur fort allongé évasé à la partie antérieure; le Second segment est court et transversal; la tête est triangulaire verticale; les yeux sont grands saillans; on voit entre eux trois petits yeux lisses peu apparens; les antenens sont sétacées seulement un peu plus longues que la tête composées d'articles nombreux moniliformes; les deux de la base presque égaux entre eux. Le labre est avancé presque carré attaché au chaperon arrondi et entier à sa partie antérieure; les mandibules sont fortes cornées; les palpes sont au nombre de quatre filiformes presqu'égaux en longueur le dernier article des maxillaires étant ovale et fort allongé. Les ailes sont de grandeur égale un peu réticulées élevées en toit dans le repos. La plupart des nervures qui se dirigent vers les bords postérieur et intérieur se bifurquent en manière d'Y. L'abdomen est en forme de massue rétréoi vers sa base Les pates antérieures ont leurs hànches très-longues; leurs cuisses sont dilatées carenées en dessous; cette carène est garnie de dents.

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Les jambes sont arauées comprimées et tranchantes en dessous et s'appliquent sur la cuisse entre la série de dentelures et une épine qui est placée près de la carène; les tarses ne paraissent consister qu'en un fort onglet. Les quatre autres pâtes sont petites; leurs tardes sont composés de cinq articles et terminés par deux crochets s'élargissant un peu vers leur extrémité qui est tridentée et par une pelote grosse et bilobée.

Ce genre se compose de cinq ou six espèces dont uue seule est propre à l'Europe; c'est:

La MANTISPX PAYZNNE Mantispa pagana Illig. Latr.; Raphidia Manrispa Scop. Linn.; Mantis persa Pall. Spicil. Zool. fasc. 9 pl. 14 tab. 1 fig. 8); Mantis pagana Fabr. Elle est petite d'une couleur ferrugineuse avec les yeux noirs. Ses ailes sont transparentes et réticulées et ont à la côte une tache ferrugineuse. Elle se trouve dans le midi de la France. (G.)

MANTODDA-VADDI. BOT. PHAN. Rhéede (Hort Malab. t. 23) a décrit et figuré sous ce nom de pays qui a été employé comme génériaue par Adanson un Arbrisseau du Malabar qui ne diffère pas du Tamarindus indica L. V. TAMARINIER. (G..N.)

MANUCODE. OIS. Espèce du genre Paradis dont Vieillot a fait le type du genre Cicinnurus. V. PARADIS. (DR..Z.)

MANUCODE A DOUZE FILETS OIS. Pour Promerops à douze filets V. ce mot. (DR..Z.)

MANUCODIATES. Paradisœi. OIS. Vieillot a formé sous ce nom dans la tribu des Anisodactyles de l'ordre des Sylvains une famille dont les caractères sont: pieds médiocres; tarses annelés; quatre doigts dont trois devant et un derrière les extérieurs réunis à la base; les plumes hypocondrïales ou cervicales sont de diverses formes; le bec est emplumé à la; la queue composée de douze rectrices. Quatre genres (Sifilet Lophorine Manucode et Samalie) composent la famille des Manucodiates. (B.)

MANUL. MAM. Espèce du genre Chat. V. ce mot. (B.)

MANULéE. Manulea. BOT. PHAN. Geure de la famille des Rhinanthacées et de la Didynamie Angiospermie établi par Linné et ainsi caractérisé: cafice à cinq divisions profondes; corolle tubuleuse dont le limbe est découpé en cinq segmens subulés l'inférieur éloigne des autres; étamines didynames à anthères inégales; un style; capsuleovée biloculaire bivalve et polysperme.

Bergius (Descript. Plan. Cap. 6 sp. 160) a décrit une espèce de ce genre sous le nouveau nom générique de Nemia. Linné lui-même a placé parmi les Selago une Plante qui appartient réellement à son Manulea et que Thunberg Lamarck et Jacquin ont fait connaître sous le nom de Manulea tomentosa. C'est sur cette espèce que Mœnch a établi son genre Lychnidea qui n'a pas été adopté. Enfin quelques espèces nouvelles ont été rapportées aux Buchnera par Andrews; et Roth a formé de l'une d'elles son genre Sutera qui n'a pas été adopté.

Les Manulées sont des Plantes herbacées ou frutescentes à feuilles opposées ou alternes à fleurs en grappes terminales ou latérales et accompagnées de bractées. Linné n'en connaissait qu'un petit nombre d'espèces; mais Thunberg (Prodr. Fl. Cap. p. 100) en a décrit plus de vingt nouvelles; ses descriptions il est vrai sont fort incomplètes et laissent quelques doutes sur la validité de plusieurs d'entre elles. A l'exceptiou d'une seule espèce (M. alternifoliua Desf.) qui croît & la Nouvelle-Hollande toutes les autres sont indigènes du cap de Bonne-Espérance. On en cultive dans les jardins de botanique quelques-unes qui pourraient être considérées comme Plantes d'ornement. On les sème sur cou-

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che dans des pots remplis de terre de bruyère; on repique en pleine terre les espèces annuelles et l'on rentre les ligneuses dans l'orangerie aux approches de l'hiver. De toutes ces espèces la plus remarquable est la suivante:

MANULEE A FEUILLES OPPOSéES Manulea oppositifolia Veuten. Jard. de Malmaison 1 t. 15. C'est un Arbuste d'environ neuf décimètres de hauteur à feuilles opposées pé-tiolées en ovale renversé pubes-centes dentées en scie. Les fleurs sont blanches solitaires axillaires soutenues par des pédoncules umüo-res de la longueur des feuilles. (G..N.)

* MANURE OIS. Espèce du genre Engoulevent. V. ce mot. (DR..Z.)

MAOKA. BOT. PHAN. Variété de Cotonnier. (B.)

MAOS.OIS. Syn. vulgaire de Goêland Bourguemestre. V. MOUETTE. (DR..Z.)

MAOU MAO ET MAUO. BOT. PHAN. II n'est pas aisé de savoir si ces mots sont passés des colonies d'un monde à l'autre; mais ils n'en sont pas moins employés à la Guiane à 'Ile-de-France à Mascareigne et ailleurs pour désigner l' Hibiscus tiliaceus et par extension plusieurs autres Arbres et Arbustes plus ou moins voisins par la forme de leurs grandes feuilles entières. On peut faire dériver tous ces mots de Mahot qui dans l'idiôme malegacbe signifie Plantes textiles. (B.)

MAOURELO. BOT.PHAN.(Gouan.) Qui n'est évidemment que la corruption du nom de Morelle dont on a déplacé la signification. Le Croton tinctorium dans le Languedoc. (B.)

MAPACH. MAM. (Charleton et Niéremberg.) Nom de pays du Raton Ursus lotor L. (B.)

MAPANIE. Mapania. BOT. PHAN. Genre de la famille des Cypéracées et de la Triandrie Monogynie L. établi par Aublet (Guian. 1 p. 47 t. 17) pour une Plante qu'il nomme Mapania sylvatica et dont voici les caractères: sa racine est vivace; le chaumes sont dressés simples triangulaires hauts d'un à trois pieds épourvus de feuilles radicales et caulinaires excepté à leur sommet qui se termine par trois feuilles elliptiaues oblongucs aiguës entières glabres très-rapprochées les unes des autrès comme verticillées et canalicu lées à leur base où elles embrassent un ou deux épilletssessi les brunâtres. Chacun de ces épillets est ovoïde presque cylindrique obtus au sommet composé d un granc nombre d'écailles imbriquées en tous sens minces membraneuses étroites diaphanes canaltculées marquées d'une nervure moyenne à peine saillante et velue et contenant chacune à l'exception des inférieures qui sont vides une fleur sessile un peu plus longue et plus étroite. Cette fleur est hermaphrodite composée d'un involucre de six écailles dont deux extérieures carénées et en gouttière forment une sorte de glume deux valves carenées et hispides sur leur nervure moyenne; échau-crées et mucronées à leur sommet; les quatre autres sont plus intérieures et plus minces mais de même forme. Les étamines sont au nombre de trois à filamens un peu élargis vers leur milieu. L'ovaire est stipité comprimé et triangulaire surmonté d'un style qui paraît formé de la réunion de trois styles distincts terminés chacun par un stigirtate li-néaire recourbé glanduleux seulement sur sa face interoe. Le fruit est un akène triangulaire terminé en pointe à son sommet et recouvert par les valves de l'involucre. Cette Plante croît dans les forêts de la Guiane. Quelquefois elle est stérile et proliféré c'est-à-dire qu'au lieu d'épillets on trouve au centre des trois feuilles terminales des rameaux ou rejets également stériles et terminés par trois feuilles verticillées. (A.R.)

MAPIRA. BOT. PHAN. (Adanson.) Syn. d'Olyra. V. ce mot. (B.)

MAPOU. BOT. PHAN. A la Guinue

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les Fromagers et autres grands Arbres à bois mou; aux îles de France et de Mascarcigne le Malacoxylon de Jacquin et notre Ambora tomentosa qui est le Monimia de Du Petit Thouars outre d'autres Arbres également à bois mou. (B.)

* MAPOURIA. BOT. PHAN. Le genre de Rubiacées décrit sous ce nom par Aublet paraît devoir être réuni au Psychotria. V. ce mot. (A. B.)

* MAPPA. BOT. PHAN. On avait accunalé dans le genre Ricin plusieurs espèces qui n'avaient ensemble que des rapports éloignés et qui rendaient cegenre vague et peu naturel. Aussi axons-nous cru devoir le réduire à celles qui se rapprochaient évidemment de son type le Ricinus communis et alors le R. Mappa de Linné a dn devenir celui d'un genre nouveau assez distant du premier et que nous avons ainsi caractérisé: fleurs monoïques ou dioïques; dans les mâles un calice triparti de trois à dix étamines dont les filets libres ou bien soudés entre eux à leur base portent des anthères à deux tiges globuleuses; dans les femelles un calice bi ou trifide deux ou trois styles oblongs réfléchis en dehors plumeux le long de leur face interne on bien un seul style bi ou triparti; un ovaire hérissé à l'extérieur de pointes roides divisé intérieurement en deux ou trois loges dont chacune contient un seul ovule et devenant plus tard une capsule à autant de coques armée de pointes peu nombreuses mais assez longues. Les espèces de ce genre sont des Arbres ou des Arbrisseaux à feuilles alternes peltées entières veinées portées sur de longs pétioles qu'accompagnent à leur base deux stipules grandes et caduques. Les épis axillaires et plusieurs fois ramifiés sont garnis de bractées assez grandes qui enveloppent les unes une fleur femelle solitaire les autres un paquet de fleurs mâles extrêmement petites. On doit rapporter à ce genre outre le Ricinus Mappa de Linné lequel crott aux Indes et dans les Moluques le Ricinus tanarius observé dans les mêmes pays et dans la Cochinchine et peut-être aussi le R. dioicus de Forster d'après sa description. De deux espèces inédites l'une rapportée de Timor devra vraisemblablement être réunie à l'une des précédentes; l'autre originaire de l'îledeCeylan est bien distincte par plusieurs caractères et notamment par ses fleurs mâles où on ne trouve que trois étamines. V. notre Dissertation sur les Euphorbiacées p. 44 tab. 14 no 44. (A. D. J.)

* MAPPEMONDE MOLL. Coquille du genre Porcelaine Cyprœa Mappa à laquelle on donne aussi le nom de Carte de géographie. V. PORCELAINE. (D..H.)

MAPPIA. BOT. PHAN. Schreber (Gener. Plant. n. 1775) a donné ce nom au Soramia d'Aublet qui a été réüni par De Candolle au Doliocarpus. V. ce mot. (G..N.)

MAPROUNIER. Maprounea. BOT. PHAN. Genre de la famille des Euphorbiacées établi sous ce nom par Aublet mais décrit par Linné fils ét Smith sous celui d'Ægopricon. Ses fleurs sont monoïques: Tes mâles se composent d'un petit calice bi ou guadrihde du fond duquel part un filet saillant terminé par deux authères biloculaires accolées; les femelles offrent un calice à trois lobes un style court épais trifide trois stigmates réfléchis un ovaire globuleux à tiois loges uniovulées devenant une capsule à trois coques. Les graines osseuses sont creusées sur une partie de leur surface d'une foule de petites fossettes. La seule espèce connue de ce genre est un Arbre de la Guiane: peut-être en rencontre -t -on une seconde au Congo où Robert firown cite une Plante voisine de l'Ægopricon mais en différant notamment par son fruit capsulaire et non bacciforme (tel que Linné fils avait décrit celui du genre qui nous occupe). Or cette différence disparaît d'après les descriptions; de

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Smith et de Gaertner qui s'accordent à le regarder comme capsulaire et d'après nos propres observations. Quoi qu'il en soit l'espèce de la Guinne figurée par Aublet (tab. 342) et par Smith (Icon. Exot. tab. 42) est un Arbre à feuilles alternes entières glabres veinées luisant sur leur surface supérieure. Ses fleurs mâles très-petites et qu'accompagnent de petites écailles se réunissent en tètes ou chatons dout chacun a sa base ceinte d'un court involucre biparti et dont l'ensemble est disposé au sommet des branches en courtes panicules. Au-dessous de chaque chaton mâle s'observe une seule fleur femelle portée sur un pédoncule muni de deux bractées. (A.D.J.)

MAPURITA MAPURITEOU MANIPURITE ET MAPURITO. MAM. Carnassiers plantigrades qu'on avait rapportés aux Gloutons aux Martes et aux Mouffettes mais qui ne sont point encore déterminés avec certitude. V. GLOUTON et MOUFFETTE. (IS. G. ST. H)

MAQUEREAU POIS. Espèce du genre Scombre. V. ce mot. On a étendu ce nom à deux ou trois outres Animaux du même genre dans les pays où ils se rencontrent. (B.)

MAQUI. BOT. PHAN. V. ARISTOTéLIE.

MAQUIRA. BOT. PITAN. Aublet a nommé Maquira Guianensis(Pl. Guian. Suppl. 36 t. 38o) un Arbre dont il n'a pu observer la fleur ni le fruit. La figure qu'il en donne est trop incomplète pour pouvoir déterminer à quelle famille appartient ce genre qu'on doit considérer comme non avenu. (A.R.)

* MAR. OIS. Espèce de genre Pic. V. ce mot. (DR..Z)

MARABOU. OIS. Les plumés auxquelles on donne ce nom et qui sont recherchées dans la parure des dames proviennent de l'Argala espèce du genre Cigogne oui se trouve en Afrique et dans l'Inde où on le réduit en domesticité pour lui ôter à mesurequ'elles repoussent ces plumes précieuses. (B.)

MARACA. BOT. PHAN. Pour Maraka.V. ce mot. (B.)

MARACANA. OIS. Nom de pays adopté par Azzara pour désigner diverses espèces d'Aras et de Perroquets. (B.)

MARACAYA. MAM. Nom de pays du Margay au Brésil V. CHAT. Selon d'autres dialectes de l'Amérique méridionale quelques voyageur sont écrit MARAGNA MARAGAIA MARAGNAO etc. (B.)

MARACOANI. CRUST. Pison et Marcgraaff nomment ainsi une espèce du genre Gélasime de Latreille; c'est le Cancer vocans de Linné. V. GéLASIME et OCCIPODE. (G.)

MARACOC OU MARACOT. BOT. PHAN. L'un des noms vulgaires du Passiflora incarnata. (B.)

MARA-COUJA. BOT. PHAN. Même chose que Murucuja. V. ce mot. (B.)

* MARAIAIBA OU MARAJAIBU. BOT. PHAN. Pison citesous ce nom Un Palmier brésilien fort épineux produisant des fruits bons a manger de la grosseur d'un œuf et disposés en grappes. On ne sait à quel genre le rapporter. (B.)

MARAIGNON. POIS. La très-jeune Anguille dans certains cantons. (B.)

MARAIL. OIS. Espèce du genre Pénélope. V. ce mot. (DR.>Z.)

MARAIS. GéOL. On nomme ainsi tout espace de terrain comme délayé par des eaux stagnantes Une végétation particulière caractériseles Marais; il est dans toutes les classés du règne végétal des espèces qui leur sont propres depuis lès Arbres les plus élevés jusqu'aux Mousses les plus humbles. Les Champignons y sont cependant extrêmement rares. Cette végétation des Marais est en général pompeuse et d'un aspect frais et verdoyant.Elle frappe surtout par son éclat et sa richesse lorsque les Maraisis étendent le long d'un sol que pare une végéta-

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tion telle que celle de noi Landes quitanioues courte rigide luisante fermée a'Arbustes ou -de Pins. Les Marais étendus sur de vastes surfaces de pays indiquent le fond de quel qu'ancien lac ou d'une mer intérieure dont les eaux nourrirent des Plantes inondées jusqu'à l'époque où la détritus de ces Plantes ayant for-né une vase substantielle élevée jusqu'au voisinage de la surface produisit des Scirpes des Roseaux des Méayantes des Nénuphars dont les racines ajoutèrent par leur destruction à la consistance du sol. A ces Plantes succèdent quelques Ombelliferes des Lysimaques desSalicaires plusieurs Fougères des Laiches des Massettes qui veulent un peu moins d'inondation et enfin quand les débris de ces Plantes mortes ont porté le terrain au niveau de la surface des eaux absorbées des Arbustes dont la plupart sont foit élégaps tels que les Mirica des Andromèdes des Airelles des Lédum des Kalmies viennent ajouter par l'entrecroisement de leurs racines prodigieusement divisées un élément de plus au terrain qui bientôt supportera de profondes forêts. Les Marais ont aussi une zoologie aui leur est propre; des Vers y sillonnant la vase attirent des Oiseaux dont les for-oies sont appropriées à la nature des lieux où ils se peuvent substanter. Ainsi la plupart(Echassiers)sont perchés sur de longues pâtes que terminent des doigts considérables et ouverts de façon à couvrir une telle surface du terrain amolli que l'Animal ne puisse s'y enfoncer. Le bec au contraire sera propre à pénétrer dans la boue; pointu et généralement grêle il n'a pas besoin d'être fort dur; aussi beaucoup d'Oiseaux de Marais ont le bec flexible comme du cuir; plusieurs n'introduisen t passeulement cet organe dans la vase où se cache leur proie; ils y enfoncent encore tout le cou pour parvenir à de plus grandes profondeurs et alors cette partie finît par se dépouiller de plumes.

L'entrelacement des racines de la Végétation marécagecse produit souvent comme des îles flottantes sur la surface d'étangs prêts à s'effacer pour devenir des terrains humides; d'autres fois elle compose sur des espaces considérables un sol mouvant.On trouve des Marais partout; mais lorsqu'ils sont peu étendus et qu'ils ne doivent leur existence qu'à la présence de quelques ruisseaux dont le cours se ralentit on les appelle simplement des marécages. Un des Marais les plus curieux de ce genre est celui de quatre à cinq lieues d'étendue au'on trouve au milieu de la Manche l'une des provinces centrales de l'Espagne tres-élevée audessus du niveau de la mer. Il est formé parla disparition d'un coursd'eau considérable sorti d'un chapelet de lagunes dites de Ruidéra et qu'on regarde comme l'orique du Guadiana. A l'autre extrémité du marécage jaillissent tout-à-coup plusieurs grosses fontaines bouillonnantes appelées Yeux dans le pays et par où le fleuve renaît et déjà considérable parcourra désormais un pays assaini. Une lisière de marécages d'un quart de lieue à une lieue de largeur borde les rives orientales des étangs formés à la base des dunes mobiles de nos Landes aquitaniques dans une longueur de près de vingt-cinq lieues du nord au sud. Tantôt herbeuse tantôt ombragée de petits bois d'Aunes et de Saules tantôt couverte de forêts de divers Chênes elle donne une idée fort exacte des vastes Marais dont se couvrent des contrées immenses du reste de l'univers. Elle mérite d'être étudiée et visitée par un naturaliste; on y trouvera encore bien des objets nouveaux pour la Flore et pour la Faune européenne.

Les régions riveraines du nord de l'Europe depuis Calais Jusqu'au golfe de Finlande dans la Baltique doivent être considérées Comme un seul et vaste Marais qui s'étend dans la direction du sud-ouest au nord-est dans l'espace de près de trente degrés en longitude; les hauteurs calcaires de la Belgique du cap Gri-

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nés à Maëstricht sur la gauche de la Meuse; celles qui de la rive opposée par Fauquemont Roldhuc Stolberg Duren et Bonn s'étendent jusqu'à la droite du Rhin pour se ramifier un peu vers la Westphalie septentrionale en se liant ensuite au Hartz et aux monts de la Saxe fixent les côtes primitives de l'ancienne mer du Nord qui plus récemment qu'on ne le croit couvrait encore ce qu'on nomme à juste titre les Pays-Bas la totalité du pays d'Oldenbourg du Hanovre et du Danemarck le Mecklembourg la totalité des Marches brandebourgeoises les Poméranies tout le bassin delà Vistule et du Niémen la Livonie et l'Esthonie. Il suffit d'avoir visité ces lieux pour être convaincu de cette vérité; et l'on retrouve aisément jusqu à la série non interrompue des dunes de sable qui bordaient le rivage d'alors. La totalité de ces contrées est basse et marécageuse; ce n'est qu'à force de canaux et de saig nées que les hommes sont parvenus les vendre cultivables. Ils n'y ont pas réussi partout et à de grandes distances des rivages artificiels construits à grands frais ils ne sont pas toujours à l'abri des retours d'un élé-ment qui semble vouloir reprendre l'espace dont il se laissa déposséder. Des lacs sans nombre y demeurent comme monument de l'ancien règne de Neptune et comme ils se touchent presque les uns les au très et s'anasto-mosent par de petits cours d eau depuis la Prusse ducale au sud de la Baltique jusqu'à la mer Blanche on reconnaît que ces deux mers furent naguère unies. La Scandinavie était alors une île et les changemens récens qui ont eu lieu dans toutes ces régions expliquent des points de géographie historique qui sont demeurés très-obscurs jusqu'à ce jour où des savans totalement étrangers à la géographie physique ont cherché à retrouver le berceau des peuplades germaines connues par les Romains dans un temps où l' Allemagne était de moitié plus étroite qu'aujourd'hui sur l'Allemagne actuelle qui ne ressemble plus du tout à l'antiqueGermanie. Peu avant cette époque cette même mer du Nord qui environnait la Suède et la Norwège communiquait à l'Euxin et à la Caspienne. En effet de Pétersbourg à l'Euxin et à Astracan On voyage toujours par un pays tellement plat qu'excepté dans les lieux défrichés et en divers points légèrement accidentés on ne sort pas d'un Marais quon est obligé la plupart du temps afin de ne pas s'y perdre de couvrir de gros troncs d'arbres qui font comme une route pontée. Il en est de même des sources de la Narew et du Bug afiluens de la Vistule et de celles du Boristhène qui tombe dans la mer Noire; elles se confondent dans des Marais sans fin pour couler cependant dans deux mers opposées. Les troupes de Charles XII et de Napoléon firent la triste expérience des difficultés que présente encore un tel pays demeuré en litige entre la terre et les eaux. Des Marais semblables se prolongent jusqu'en Sibérie où Patrin nous apprend qu'ils sont infects et impénétrables. On trouve bien dans l'étendue de ces Marais quelques monts dont les racines sont plus marécageuses encore parce que les cours d' eau descendus des rochers les viennent délayer; mais ces monts furent des îles quand les Marais appartenaient à la mer.

Le Nouveau-Monde présente également des Marais immenses; ceux de l'embouchure du Mississipi de l'Oré noque et du fleuve des Amazones sont les plus vastes. On doit à Hum-boldt des détails fort intéressaus et instructifs sur ces derniers peuplés de Reptilesextraordinaires d'Insectcs variés et la plupart du temps ombra gés d 'Arbres pressés dont au temps des inondations des familles humaines disputent les cimes aux tribus de Singes pour en faire leur habitation. Ici la yie et la végétation se montrent dans tout le luxe de développement qui peut résulter de la chaleur et de l'humidité c'est-à-dire de l'eau fécondée par les flots de

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lamière émanés d'un soleil ardent.

Partout les Marais desséchés et défrichés deviennent des terres fertiles; nais la culture n'en est pas d'abord sans danger. Les exhalaisons qui s'en élèvent causent des maladies graves auxquelles des populations entières finissent cependant par s'habituer. Ainsi les habitans de la Zélande et de ses bords fangeux vivent avec des fièvres endémiques qui abrègent à peine leurs jours; tandis que comme à Batavia autre possession hollandaise des Indes les étrangers y meurent assez promptement presque tous de ce qui n'est qu'une simple incommodité pour les indigènes.

Les Tourbières pénétrées d'eau et devenues boueuses peuvent présenter une apparence de Marais mais cependant ne sont pas la même chose: elles offrent leur nature et leur végétation particulière; peu d'Animaux les habitent et jamais elles ne deviennent fertiles par le défrichementV. DUMES LANDES TOURBIéRES.

On a appelé MARAIS SALANS des marais du bord de la mer où le flot monte et qu'il imprègne d'un sel qu'on y vient recueillir au moyen de travaux particuliers cpii appartiennent à l'art du saulnier. On y pratique des digues pour retenir les eaux dans divers bassins d'évaporation et de graduation. Le sol de ces digues fortement imprégné de chlorure de Sodium présente une végétation sensiblement distincte de celle des rivages ordinaires et encore qu'il s y trouve beaucoup de Plantes communes il eu est aussi de particulières; les autres prennent un aspect plus rigide Ou plus succulent selon chaque famille. Aussi quand les Graminées y sont plus dures les Soudes et les Chénopodiées y sont épaisses et charnues. L' Aster Tripolium est chez nous une Plante commie essentielle des Marais salans; aux environs de Cadiz c'est un Mésembrianthème africain desStatices charnus el le Cressa de Ciète. V. SALINES. (B.)

MARAKA ET TAMARA BOT.PHAN. Lefruit comparé à üneCourge dont les Brésiliens font un instrument de musique en le remplissant de cailloux après l'avoir vidé paraît provenir d'un Arbre du genre Créscentia. (B.)

MARALIA. BOT. PHAN. Du Petit-Thouars (Nova Genera Madagasc.) a formé sous ce nom un genre de la famille des Araliacées et de la Pentan-drie Trigynie L. auquel il a impose les caractères suivans: calice très-petit; corolle à cinq pétales; cinq étamines; ovaire inférieur cylindrique surmonté de trois styles; baie noirâtre contenant trois graines. Ce genre est tellement voisin de l'Aralia que Kunth n'a pas hésité à indiquer leur réuuion. La Plante sur laquelle il est constitué croît à Madagascar. C'est un petit Arbrisseau à feuilles alternes ailées à fleurs en grappes pendantes et composées de petites ombelles longuement pédonculées. (G..N.)

MARANTA. BOT. PHAN. Ce genre de la famille des Amomées et de la Monandrie Monogynic L. présente les caractères suivans: calice extérieur à trois folioles lancéolées; calice intérieur (corolle) tubuleux oblique à limbe double savoir: à trois divisions extérieures et deux intérieures égales entre elles outre le labelle qui est difforme et convexe; une étamine formée d'une authère simple adnée à un filet membraneux pétaloïde bipartite et enveloppant le style: celui-ci attaché au tube de la corolle et terminé par un stigmate trigone et couvexe; fruit capsulaire triloculaire à trois valves et contenant une seule semence fertile. Roscoë (Transact. of Linn. Societ. T. VIII) a exclu de ce genre le Maranta Galanga L. et l'a rapporté aux Alpinia. Dans sa Flore d'Essequebo Meyer a constitué un genre nouveau sous le n om de Calathea qu'il a composé de plusieurs espèces de la Guiane et des Antilles décrites par Aublet et Jacquin comme appartenant aux Maranta. Sil'on admet ces retranchemeus le genre Maranta est un de ceux parm

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les Amomées dont les espèces sont le moins bien déterminées. On doit considérer comme type le Maranta arundinacea Willd. et Roscoë loc. cit. p. 339 qui croit dans l'Amérique que l'on cultive dans quelques jardins d'Europe et sur lequel Fischer (in Act. Mosq. 3 p. 49 t. 8) a observé les caractères que nous avons exposés plus haut. Les autres espèces sont indigènes des contrées les plus chaudes du globe. (G..N.)

MARAPUTE. MAM. Espèce de Chat indéterminée de la côte de Malabar qu'on a prise à tort pour le Serval. Elle a la queue courte comme le Lynx et vit sur les Arbres où elle se fait une bauge. (B.)

MARASCA. BOT. PHAN. La variété de Cerises dont se fait le Marasquin. (B.)

* MARASSUS. REPT. OPH. Le Serpent d'Arabie représenté sous ce nom par Séba T. II t. 55 n. 2 n'est pas déterminé. (B.)

MARATHRUM. BOT. PHAN. Humboldt et Bonpland ont décrit et figuré (Planteséquinoxiales vol. 1 p. 40 t. II) sous le nom générique de Marathrum une Plante très-singulière qui appartientàlaPentandrieDigynie L. et que ces auteurs avaien t placée parmi les Naïades; mais cette petite famille composée d'élémens hétérogènes amassés par les divers auteurs qui y rejetaient tous les genres dont ils méconnaissaient les affinités n'existe plus. Dans les Nova Genera et Species Plant œquin. rédigé par notre collaborateur Kunth le Marathrum a été ajouté à la famille des Podosté-mées de Richard. II est ainsi caractérisé: calice & cinq ou huit folioles en forme d'écailles; cinq ou huit étamines à anthères linéaires sagittées à la base; ovaire elliptique surmonté de deux stigmates sessiles; capsule elliptique striée biloculaire bivalve et polysperme.

Le Marathrum fœniculaceum Humb. et Bonpl. loc. cit. a une souche tubéreuse qui émet de nombreuses racines et des feuilles très-découpées à pinnules dichotomes multindes linéaires sétacées analogues à celles du Fenouil. Les fleurs sont solitaires sur des pédoncules radicaux enveloppés d'une graine à la base. Cette Plante croît dans la Nouvelle-Grenade sur les rochers auxquels elle adhère par les racines.

Malgré l'existence du genre que nous venons de faire connaître Rafinesque Schmaltz(Journ. Sc. Phys. vol. 89 p. 10) a constitué plus tard sous le même nom de Marathrum un genre parmi les Ombellifères et qui a pour type le Seseli divaricatum de Pursh; il n'a pas été adopté. V. SESELI. (G..N.)

MARATTIA. BOT. CRYPT. (Fougères.) Une des Plantes qui composent ce genre fut d'abord indiquée par Commerson et par DeJussieu sous le nom de Myriotheca; mais le nom de Marattia donné à ce genre par Smilh quoiqu'il soit postérieur de plusieurs années a généralement prévalu parce que cet auteur a donné son caractère avec plus de précision et y a joint la description et la figure de plusieurs des espèces qui lui appartiennent. fructification de ces Plantes consiste en des capsules beaucoup plus grosses que celles de la plupart des Fougères oblongues s'ouvrant par une fente qui parcourt toute la longueur de leur bord supérieur; ses capsules sont divisées intérieurement par des cloisons transversales en deux rangs de loges étroites dont les orifices correspondent à la fentede la capsule et ne sont visibles qu'après la déhiscence. Cescap-sules sont sessiles et solitaires & l'extrémité de la plupart des nervures près du bord de la fronde; elles ne sont recouvertes par aucun tégument. Ce genre se rapproche beaucoup du Danaea dont il différé essentiellement par ses capsules plus petites plus espacées qui ne couvrent pas toute la surface de la fronde et par l'absence de toute espèce de tégument. Toutes les Plantes qui le composent

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ont une fronde deux fois pinnée dont les folioles et les pétioles communs sont articulés et caducs; les pétioles secondaires sont souvent régulièrement opposés; mais les folioles sont ordinairement alternes dentelées ré trêcies à la base en un court pétiole; leurs nervures sont pinnées et les nervules simples ou une seule fois bifurquées. Les pétioles communs secondaires sont ailés dans quelques espèces.

On ne connaît que quatre espèces de ce genre; deux habitent les Antilles et deux croissent à l'île de Mascareigne; il en existe en outre qodnues espèces dans les herbiers qui diffêrent peut-être de celles-ci; cse de la Nouvelle-Hollande se rapproche beaucoup du Marattia sorbifolia ainsi que le Marattia attenuala décrit par Labillardière comme de la Nouvelle-Calédonie; une autre de l'Inde est très-voisine du M. Fraxinea. On voit que toutes les Plantes de ce genre sont propres aux régions équatoriales. (AD. B.)

* M ARATTIÊES. BOT. CRYPT. V. FOUGÈRES.

* MARAVARA. BOT. PHAN. Ce mot est dans les langues malaises synonxme d'Angrec pour tant de Boms de Plantes dans la composition duquel il entre. (B.)

MARAYE. OIS. (Bajon.) Syn. du Marail à Cayenne. V. PÉNÉLOPE. (DR..Z.)

* MARAYE. POIS. Le monstre marin plus grand que le Tuburon mentionné sous ce nom par Rondelet est peut-être le Squale très-graud. (B.)

MARBRE. Marmor. GÉOL. MIN. Nom vulgairement donné depuis les temps les plus reculés à presque toutes les Pierres qui prennent un poli brillant et sont employées par les sculpteurs elles architectes soit à la confection de monumens des torts soit à l'embellissement et l'ornement des palais des maisons et des meubles; dans un langage plus rigoureux on n'appelle assez généralement Marbres que les variétés de Chaut carbonatée(V ce mot) à tissu compacte ou cristallin qui peuvent recevoir un beau poli.On en distingue les Granits et les Porphyres que les anciens comprenaient aussi sous la dénomination de Marmor et dont la dureté bien supérieure à celle des véritables Marbres a sans doute donné lieu à l'adage bien connu: dur comme du Marbre. Il conviendrait aussi de séparer des Marbres les Pierres polissables employées aux mêmes usa ses qu'eux et qui sont évidemment formées de fragmens réunis par une pâte ou ciment lesquelles sont ou des Brèches ou des Pouddings suivant que les fragmens sont anguleux ou arrondis (V. ces mots).

Les Marbres ainsi limités devront faire effervescence avec l'Acide nitrique se laisser rayer par une pointe de Fer et se' réduire en chaux vive par la calciuation caractères au moyen desquels ils ne peuvent être confondus qu'avec l'Albâtre calcaire (V. ce mot et CHAUX CARBONATÉE CONCRÉTIONNÉE) qui en diffère par sa texture intérieure presque toujours fibreuse par sa translucidité etc.

Les Marbres sont blancs ou noirs ou le plus souvent mélangés de diverses couleurs quelquefois très-opposées et distribuées d'une manière particulière que l'on désigne par les expressions marbrure marbré. Ils appartiennent parla position géologique qu'ils occupent à des terrains différens. Les Marbres blancs employés principalement par les statuaires et nommés Marbres statuaires Marbres salins Calcaires saccaroïdes se rencontrent exclusivement dans les formations les plus anciennes tandis que les Marbres veinés de plusieurs couleurs occupent des étages supérieurs sans toutefois se montrer audessus des terrains secondaires dans les derniers desquels ils sont très-rares. On trouve bien dans les formations jurassiques et même jusque dans les dépôts tertiaires (Liquart de Luzarches Pierre de Saillancourt Calcaire d'Eau douce de Château-Landon) des lits plus ou moins épais de roclie calcaire qui

TOME X. 11

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sont employés dans la marbrerie commune mais rarement pour des objets d'ornement; letirs couleurs ternes et même sales n'ont lien de comparable à celles des Marbres plus anciens. Le nombre de variétés de Marbres qui ont rescu daus le commerce des noms particuliers est immense. Ces noms s'appliquent non-seulement aux Pierres tirées des divers pays et des diverses exploitations mais souvent ils distinguent certains lits d'une même carrière. On est aussi dans l'habitude de désigner comme Marbres antiques ceux qui ont été employés phr les anciens et dont ou ne connaît plus les carrières; il arrive aussi très-souvent que pour leur donner plus de valeur on range dans cette classe des Marbres encore exploités qui ressemblent à ceux employés par les anciens. Presque tous les pays et surtout la France possèdent des Marbres d'un grand nombre de variétés qui sont ou pourraient être exploités avec avantage pour la décoration des bâthnens et même pour la sculpture. Parmi les Marbres blancs employés par les artistes de l'antiquité on peut citer comme les plus célèbres celui de Paros dont les carrières existaient daus l'île de ce nom et dans celles deNaxos et Ténos (Vénus de Médicis Vénus du Capitale); celui extrait du mont Penteles près d'Athènes et nommé Marbre pentehque (téte d'Alexandre Bacchus indien torse statue d'Esculape tête d'Hippocrate etc) celui de Luni et de Carrare (Antinoüsdu Capitole et à ce qu'assure Dolomieu l'Apollon du Belvédère etc.). La vallée de Carrare dont les deux côtés sont formés de couches de Marbre blanc d'une belle qualité fournit maintenant à presque tous les tiavaux des sculpteurs quoique dans la Savoie et pour la France dans les Pyrénées on pourrait trouver des Pierres de même qualité; mais leur exploitation en grand serait trop dispendieuse pour qu'ils puissent entrer en concurrence pour les prix avec ceux de la côte de Toscane.

Ne pouvant ici entrer pour la partie technique de cet article dans les détails qu il exigerait noua renverrons à l'intéressant ouvrage publié par Brard sur la Minéralogie appliquée aux arts et nous nous bornerons à citer quelques-uns des Marbres les plus connus en indiquant leurs couleurs el les lieux d'où on les tire.

MARBRE ROUGE ANTIQUE rouge foncé sablé de petits points noirs et de très-petites veines; d'Egypte entre le Nil et la mer Rouge.

MARBRE GRIOTTE D'ITALIE rouge de feu avec des taches ovales plus claires coquilles à peine reconnaissables mais formant des lignes spirales noires; de Caunes près de Nar-bonne.

MARBREDE LANGUEDOC rouge mêlé de blanc et gris en zônes contournées; des cairièrcs de Caunes comme le précédent.

MARBRE JAUNE DE SIENNE jaune clair; de Sienne en Italie.

MARBRE CIPOLIN tout Marbre blanc avec des veines ou zônes verdâtres dues à du talc.

MARBRE DE CAMPAN (α) vert vert d'eau très-pâle avec linéamens d'un vert plus foucé; (β) Isabelle fond rose et veiné de talc vert; (γ) rouge rouge sombre veiné de rouge encore plus foncé. Ces trois variétés se voient réunies ensemble. On les exploite au bourg de Campan près Bagnères dans les Pyrénées.

MARBRE BLEU TURQUIN gris clair tirant sur le bleuâtre avec zônes blanches ou grises. Le véritable vient dit-on de la Mauritanie; mais le plus commun vient des carrières de Carrare.

MARBRE PORTOR fond noir veiné d'un jaune d'or; des Apennins au cap de Porto-Venere et dans les il es Voisines.

MARBRE SAINTE-ANNE fond noirâtre veiné de blanc et de gris; des environs de Maubeuge Belgique très-employé à Paris.

MARBRES LUMACHELLES ceux qui renferment beaucoup de Coquilles

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de Madrépores d'Encrines tels que le Drap-Mortuaire noir foncé avec Coquilles coniques blanches éparses; le petit Granité foud noir avec une immense quantité d'Encrines; des Ecaussines près Mons; il est très communément employé maintenant à Paris etc. etc.

Parmi les Marbres les uns ne renferment point de corps organisés apparens et ils sont en général cristallins et à texture laminaire tels que les Marbres statuaires blancs; les autres an contraire à tissu compacte serré paraissent comme pétris de Polypiers et de Coquilles. Ces corps sont quelquefois liés d'une manière si intime avec la pâte qui les enveloppe que poli seul peut démontrer leur présence qui ne se manifeste au premier aspect que par des taches diversement colorées. Dans certains Marbres les couleurs différentes qui les caractérisent semblent entremêlées et îoancées entre elles comme le sont celles que prennent dans nos laboratoires les Savons marbrés et I'on dirait qu'au moment de leur formation des sédimens de diverses couleurs se sont réunis dans un même point sans se mêler intimement ou bien qu'une pâte sédimenteuse a été inégalement pénétrée par des solutions colorées. Cependant dans un grand nombre de cas les veines et principalement les veines blanches paraissent être des fientes qui après coup ont été remplies par des infiltrations de Spath calcaire. On peut surtout remarquer cette disposition dans les Martres Sainte-Anne et voir que quelquefois après que les premières tentes produites soit par retrait soit par brisement ont été remplies de nouvelles fentes se sont faites qui ont coupé les premières et ont été également remplies; c'est en petit ce que présentent tes filons. Tous les Marbres ne résistent pas également aux influences atmosphériques; ceux qui contiennent de l' Argile s'exfolient promptement; mais certaines variétés telles que les Marbres blancs antiques qui sont presque uniquement formés de carbonate de Chaux pure sont à peine altérés par les injures du temps ainsi que le prouvent les statues les vases les colonnes et autres monumens cjue les anciens ont laissés à notre admiration. (C. P.)

MARBRé. Polychrus. REPT. SAUR. Genre détaché par Cuvier des Agames de Daudin dans la méthode auquel il formait la section appelée les Lézardets. Le seul Animal qui le constitue est l'intermédiaire des Iguanes et des Anolis. Il diffère des premiers parce qu'il n'a pas de crête dorsale et des seconds parce que ses doigts ne sont pas dilatés; du reste il se rapproche des Agames mais surtout des Caméléons avec lesquels il a de commun la faculté de changer de couleur au plus haut degré un poumqn très-volumineux remplissant la presque totalité du corps et se divisant en plusieurs branenes enfin les fausses côtes entourant l'abdomen et se réunissant pour foi mer des cercles entiers. Il peut dilater sa gorge et lui donner l'apparence d'un goitre; ses cuisses présentent une série de pores. Le MARBRé Lacerta marmorata L. Encycl. Rept. pl. 9 fig. 4 d'après Lacépèae; Agama marmorata Daud. est un joli Lézard qu'on a cru mal à propos habiter l'ancien continent jusqu'en Espagne mais qui paraît propre à l'Amérique méridionale et fort commun à Surinam. Sa queue est trois fois environ aussi longue que sou corps; ses couleurs brunâtres cendrées ou de vert-de-gris sont tellement variées qu'on les a comparées aux nuances que présente le Marbre.

On a étendu le nom de Marbré à un Poisson du genre Achire à un Oiseau-Mouche ainsi qu'à des Coquilles du genre Turbinelle. V. tous ces mots. (B.)

MARBRé BOT. CRYPT. L'une des familles de Champignons de Paulet aussi appelée les MOUSSEUX MARBRéS. Elle contient les Marbré-bistre MarbréCouleuvre etc. etc.

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Ce sont tout simplement des Bolets. (B.)

MARBREE POIS. L'un des noms vulgaires de la Lamproie. (B.)

* MARCANTHUS. BOT. PHAN. (Loureiro édit. Willdenow.) Pour Macranthus. V. ce mot. (G..N.)

MARCASSIN MAM. Le Sanglier dans la grande jeunesse. V. COCHON. (B.)

MARCASSITE. MIN. On désignait autrefois sous ce nom lescristaux cubiques de Fer sulfuré d'un jaune d'or et d'une assez grande pureté pour être laillés polis et employés comme objets d'ornement. V. FER SULPHURéJAUNE. (G. DEL.)

MARCEAU. BOT. PHAN. L'une des espèces du genre Saule les plus communes en France. (B.)

MARCESCENT. Marcescens. BOT. PHAN. Cette épitbète s'emploie pour exprimer les organes foliacés qui se dessèchent sur la Plante avant de s'en détacher; telles sont par exemple les feuilles du Chêne; tandis que es feuilles persistantes sont celles qui demeurent attachées à l'Arbre plusieurs années de suite sans se des-sécher comme dans les Lauriers les Pins les Sapins etc. (A. R.)

MARCGRAVIA. BOT. PHAN. Ce genre d'abord placé dans la famille des Capparidées et dans la Polyandrie Monogynie L. est devenu le type d'une famille nouvelle que Jussieu nomme Marcgraviacées. V. ce mot. Les Marcgràvia sont des Arbrisseaux parasites el surmenteux croissant comme le Lierre sur le tronc des autres Arbres où ils s'accrochent au moyen de sucoirs. Leurs rameaux stériles sont étalés et adhérens ceux qui portent les fleurs sont libres et pendans. Leurs feuilles sont alternes très-enlières coriaces persistantes dépourvues de stipules; celles des rameaux stériles sont souvent de figure différente. Les fleurs longuement pédonculées sont disposées en sertules ou ombelles simples ou quelquefois en grappes; les pédoncules portent un appendice on bractée d'une forme particulière dans les diverses espèces; le plus généralement il est concave en forme de capuchon quelquefois pédicellé. Dans les espèces a fleurs en sertule les fleurs centrales avortent généralement et les pédoncules ne portent què l'appendice dont nous venons de parler. Le calice est cupuliforme peisistant formé de cinq à sept sépales obtus et imbriqués latéralement. La corolle est monopétale coriace entièrement close s'ouvrant circulairement par sa base en forme de coiffe glandiforme. Les étamines varient de dix-huit à quarante; elles sont hypogynes ainsi que la corolle dressées dans le bouton mais étalées et un peu recourbées quand la corolle est tombée. Les mets sont libres distincts subulés; les anthères allongées à deux loges introrsess'ouvrant par un sillon longitudinal et attachées An peu au-dessus de leur base; l'ovaire est sessile ovoïde ou presque globuleux à une seule loge Son organisation singulière n'a été bien connue et bien décrite que par le professeur Richard qui en a communiqué une description et un dessin manuscrit à Jussieu lors de la rédaction de son Mémoire sur le genre Marcgravia. De la paroi interne de l'ovaire naissent de quatre à neuf placentas ou trophospermes pariétaux lamelliformes se réunissant avec ceux du côté opposé dans la partie supérieure et inférieure de l'ovaire libres dans leur partie moyenne qui s'avance jusqu'à environ le quart de la largeur de la cavité et s'y divise en trois branches; l'une moyenne plus courte se dirige vers le centre du fruit les deux latérales se recourbent brusquement vers les parois de l'ovaire et se bifurquent à leur sommet. La surface entière de ces lames placentaires est couverte d'ovules fort petits et excessivement nombreux. Cet ovaire a été décrit par tous les botanistes même les plus modernes comme étant à plusieurs loges distinctes et comme ayant des placentas

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on trophospermes axillaires Il est évideut qu'ils ont pris les tropbospermes pariétaux et lamelliformes pour des cloisons. L'ovaire s'amincit légèrement à son sommet où il se termine par un stigmate sessile divisé superficiellement en quatre ou neuf lobes par des sillons disposés en étoile. Le fruit est globuleux coriace extérieurement pulpeux à son intérieur qui offre la même organisation que celle de l'ovaire restant indéhiscent ou s'ouvrant d'une manière irrégulière de la base au sommet. Les graines sont petites très-nom-breuses pulpeuses extérieurement contenant un embryon dressé dépourvu d'endosperme.

Les espèces au genre Marcgravia sont peu nombreuses puisqu'on n'en compte que quatre dans le premier volume du Prodrome de De Candolle savoir: Marcgravia umbellata L.; M. coriacea Vahl.; M. spiciflora Juss.; M.picta Willd. auxquelles il faut ajouter une espèce encore incertaine mentionnée par Kunth sous le nom de Marcgravia dubia; mais en étudiant avec soin ces espèces nous avons reconnu que plusieurs Plantes différentes avaient été réunies et confondues sous le nom de Marcgravia umbellata. Ainsi la Plante décrite et figurée sous ce iiom par Jacquin (Am. p. 156 tab. 96) est certainement différente de celle de Plumier publiée antérieurement et que nous considérons comme le type véritable du M. umbellata. Dans l'espèce de Plumier en effet les feuilles sont elliptiques aiguës éloignées les unes des autres; dans celles de Jacquin elles sont lancéolées étroites et très-rapprochées; dans la première les fleurs sont très-obliquement placées à la partie supérieure du pédoncule tandis que dans la seconde elles sont tout-à-fait terminales. Nous pensons même que l'on peut établir deux sections parmi les espèces de ce genre suivant que leurs fleurs offrent l'une où l'autre de ces deux positions. Ainsi dans la section des espèces à Heurs obliques nous placerons:1°Marcgravia umbellate L. Plum. Ic. 173 fig. 1; 2° M. coriacea Vahl. Eclog. 2 p. 36; 3° M. parviflora N. espèce nouvelle et inédite. originaire de la Guiane. Dans la seconde section nous placerons: 1° Marcgravia Jacquini N. ou M. umbellata Jacq.; 2° M. spiciflora Juss. Ann. Mus. 14 tab. 25; 3° M. grandiflora N. espèce nouvelle et inédite originaire des Antilles et de la Guiane; A la suite de ces espèces nous reporterions comme trop imparfaitement connues les M. dubia Kunth et M. picta Willd. Nous comptons publier prochainement un travail sur ce genre dont toutes les espèoes sont originaires de l'Amerique méridionale. (A. R.)

MARCGRAVlACÉES. Marcgraviaseœ. BOT. PHAN. Nous avons dit dans l'article précédent au'on appelait ainsi une petite famille naturelle ayant pour.type et genre principal le Marcgravia Ce genre avait été placépar Adanson et Jussieu daus la famille des Capparidées Mais-plustard ce dernier botaniste adoptant l'opinion du professeur Richard qui raprprochait le genre Marcgravia du Clusia en a fait une section à part dans la famille des Guttifôres qui plus tard a été considérée comme une famille distincte par Choisy De Candolle et Kunth. Voici les caractères généraux que nous avons observes dans ce groupe naturel. Les fleuirs sont constamment hermaphrodites le calice est formé de quatre à six ou sept sépales courts imbriqués et persistans dans tous les genres è exception de l'Anthloma de Labillardière où ils sont longs et car ducs; la corolle est monopétale en forme de dé à coudre ouverte ou fermée à son sommet s'enlevant comme une sorte de coiffe ou formée de cinq pétales sessiles; les étamines sont généralement en grand nombre quelquefois cinq seulement (Sourousbea Aublet) ayanl leurs filets distincts et hypogynes et leurs enthères terminales dressées à deux loges introrses s'ouvrant par un sillon lon-

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gitudinal ou seulement par leur partie supérieure (Antholoma.) L'ovaire est libre et généralement globuleux surmonté d'un stigmate sessile et lobé en étoile et d'un style dans le seul genre Antholoma. Coupé transversalement cet ovaire est uniloculaire et offre de quatre à douze trophospermes pariétaux saillans en forme de demi-cloisons divisés par leur bord libre en deux ou trois lames diversement contournées et toutes couvertes d'ovules fort petits. Le fruit est généralement globuleux accompagné à sa base par le calice jui est persistant. Il est coriace extérieurement pulpeux à son intérieur qui présente l'organisation que nous venons de décrire pour l'ovaire. Les placentas lamelliformes se détachent quelquefois de la paroi interne du péricarpe et forment avec les graines et la pulpe qui les environne une masse globuleuse libre au milieu du péricarpe. Celui-ci reste en général indéhiscent ou bien se rompt régulièrement ou irrégulièrement en un certain nombre départies ou valves dont la déhiscence se fait de la base vers le sommet. Les trophosperrnes correspondent au milieu de la face interne de chaque valve. Les graines sont très-petites et nombreuses. Leur tégument propre qui est généralement chagrine recouvre immédiatement un embryon dressé à radicule courte.

Les Marcgraviacées sont des Arbres ou plus souvent des Arbustes sarmenteux grirapans et parasites à la manière du Lierre. Leurs rameaux sont souvent pendans; leurs feuilles sont alternes simples très-entières presque sessiles et coriaces. Leurs fleurs sont généralement disposées en un épî très-court et en forme de cyme quelquefois en un épi plus ou moins allongé. Ces fleurs sont longuement péaonculées tantôt terminales tantôt obliques au sommet de leur pédoncule; celui-ci porte souvent une bractée d'une forme bicarré creuse et cuculliforme ou eu cornet. Dans les espèces à fleurs encymes les fleurs du oentre avortent t assez souvent et la bractée prend plus d accroissement.

C'est le professeur Richard qui a le premier Bien fait connaître l'organisatiou du fruit des Marcgraviacées et indiqué ses véritables rapports avec la famille des Guttiférées comme le rapporte Jussieu dans son Mémoire sur le genre Marcgravia. Cette petite famille se compose outre le genre dont elle a emprunté son nom de l' Antholoma de Labillardière et des Norantea et Souroubea d'Aublet. Mais si l'on réfléchit que le Souroubea ou Ruyschia de Jacquin ne diffère du Norantea ou Ascyum de Vahl que parce qu'il n'a que cinq étamines ou verra que ces deux genres devraient être réunis et que par conséquent la famille des Marcgraviacées ne se composerait plus que e trois genres mais ayant entre eux la plus grande affinité et par leur port et par l'organisation des diverses parties de leur fleur.

On est aussi asses généralement d'accord de placer les Marcgraviacées auprès des Guttifères dont elles se rapprochent beaucoup par plusieurs caractères. Néanmoins cette famille nousparaît s'en écarter sensiblement par l'organisation de son fruit et selon nous ce fruit rapprocherait un peu les Marcgraviacées des Flacourtianées ou des Bixinées qui ont également avec une corolle polypé-tale des étamines indéfinies et hym pogynes un ovaire globuleux um-loculaire contenant un grand nombre d'ovules attachés à des trophos-permes pariétaux. Mais dans ces deux ramilles l'embryon est pourvu d'un endosperme charnu et dans les Bixinées il y a des stipules organes qui manquent dans les Marcgraviacées. (A.R.)

MARCHAIS POIS. Variété du Maquereau qui n'a pas de taches. On appelle aussi de même le Hareng qui n a plus ni laite ni œufs. (B.)

MARCHAND OIS. Espèce du genre Canard. V. ce mot. (DR..Z)

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MARCHANTE. Marchantia. BOT. CRYPT. (Hépatiques.) Ce genre est l'un des plus curieux la famille des Hépatiques et Il paraîtrait que ce sont les Plantes qui le composent qui ont porté plus particulièrement le nom a'Hé-patiqnes qu'on a donné depuis à tonte cette famille. Dillen le dési-gnait sous le nom de Lichen Micheli sous celui de Marchantia et d'Hepatica. Marchant dans les Mêmoires de l' Académie des Sciences le déécrivit le premier avec soin et le dèdia à son père.

Toutes les Plantes qui composent genre offrent une fronde membrane verte plus ou moins distinctement réticulée étalée en rosette sur la terre divisée en lobes diebotoraes donnant naissance de sa face inférieure à une infinité de fibrilles qui la fixent au sol; de la surface supérieure de cette fronde ou des échancrures de son bord s'élèvent des organes de deux sortes tantôt réunis sur le même individu tantôt portés sur des individus différtns.

La MARCHANTE ÉTOILÉE Marchantia polymorpha L. qui a servi de type à ce geave ayant été mieux «tùaiée que les autres va nous fouroir les principaux caractères des Marchantes. Dans cette Plante les organes des deux sortes sont portés tur des individus différens. Les uns ont la forme d'une ombrelle et sont portés sur un pédicellequi sort d'une fpine membraneuse produite par la fronde; ce réceptacle en forme d'ombréile est divisé en lobes ou rayons oui varient pour lq nombre protondeur suivant les espèces; chique lobe ou rayon porte intérieurement un involucre membraneux divisant ta deux valves et renfermant dans son iniérieur depuis unejusqu'à six capsules. Chaque capsule est penfermée dans une enveloppé membraneuse propre analogue à ce qu'om a nommé calice dans les Jun-germannes; cette enveloppe propre plus ou moins grande formant une saillie plus ou moins marquée hors de l'involucre commun est percée au sommet; dans son intérieur on trouve une capsule recouverte par une membrane particulière se prolongeant en un appendice tubuleux analogue à la coiffe des Mousses.'La capsule augmente déchire cette coiffe se dégage de l'enveloppe propre extérieure et bientôt elle s ouvre ellemême en quatre ou huit valves; son intérieur est rempli de sétninules mêlés d'Elaters ou fils en double spirale élastiques qui les projettent au dehors; ces séminules mis dans des circonstances convenables ont germé et reproduit la mértie Plante. Les autres organes ont également la forme d'une ombrelle niais leur contour n'est que légèrement sinueux; leur sfirîace supérieure est un peu concave; intérieurement ils renferment dans des loges particulières des petits corps ovales fixés par une de leurs extrémités et qui paraissent analoguesàce qu'on a regardé comme des organes mâles dans les Mousses.

Outre ces deux organes on observe encore sur la fronde des sortes de copules sessiles qui renferment plusieurs corps lenticulaires qui sont susceptibles de se développer et de produire une Nouvelle Plante. Tels sont les organes de la fructification dans le Marchanda polymorpha l'espèce la plus commune et la mieux observée; Schneider et ensuite Hedwig qui l'ont parfaitement décrite s'accordent à regarder les premiers comme des orgaues femelles les seconds coiuniu des organes mâles dont I'influénce est nécessaire au développement des graines; enfin lesderhiers dommede simples bulbilles qui se développent sans fécondation. Hedwig rapporte à l'appui de cette opinion une observation qui si elle avait été répétée plusieurs fois serait décisive: il dit qu'ayant trouvé le Marchantia polymorpha en grande quantité sur le bord d'un bassin il remarqua aue tous les individus de cette localité étaient des individus femelles è-

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ceptacle étoile sans aucun mélange d'individus mâles; qu'ayant examiné les capsules d'un grand nombre de ces Plantes il les trouva toutes avortées et ne renfermant que des filamens sans graines ce qu'il attribue à l'absence de fécondation.

Les autres espèces de Marchantes n'ont pas été aussi bien observées que celle-ci et on a été porté peutêtre un peu légèrement à en faire des genres particuliers; ainsi Raddi a divisé les Marchantes eu cinq genres: Marchantia Grimaldia Rebouillia Fegatella Lunularia; de ces genres le Grimaldia avait déjà été établi par Nées d'Esenbeck sous le nom de Fimbraria; le Rebouillia fondé sur le Marchantia hemispherica ne paraît pas différer essentiellement des Marchantia; le Fegatella qui a pour type le Marchantia conioa avait été depuis long-temps désigné par Hill sous le nom de Conocephalum. Il ne diffère réellement du Marchantia qu'en ce que chaque lobe de l'ombrelle ne renferme qu'une seule capsule presque entièrement renfermée dans le réceptacle et parles organes mâles qui au lieu d'êtrecontenus dans un réceptacle pédicellé sont renfermés dans un réceptacle en forme de disque sessile. Enfin le Lunularia ou Lunaria de Micheli qui ne renferme que le Marchantia cruciata de Linne est encore très-imparfaitement connu mais ses formes extérieures peuvent faire présumer que ce genre méritera d'être adopté.

Le genre Fimbraria seul paraîtrait jusqu'ici mériter d'être séparé des Marchantas; il en diffère par des caractères assez importans et par un port particulier. La coiffe qui enveloppe chaque capsulé fait une saillie considerable au dehors; elle reste fermée au sommet et s'ouvre latéralement par une infinité de fentes qui lui donnent un aspect fibreux; la capsule qu'elle contient au lieu die s'ouvrir en plusieurs valves se divise transversalement en deux comme les capsules qu'on a nommées pyxides ou comme l'urne des Mousses. Toutes les espèces de ce dernier genere sont beaucoup plus petites à fronde à peine divisée coriace; la plupart croissent dans les parties méridionales del'Europe ou dans les zônes plus chaudes du globe.

Les espèces exotiques de Marchantes sont encore très-imparfaitement connues; on en a indiqué plusieurs dans les Antilles au Brésil au cap de Bonne-Espérance etc.; mais leurs caractères n'ont pas été bien comparés: le Marchantia polymorpha si commun en Europe par raît se retrouver sans différences appréciables sur presque tous les points du globe. (AD. B.)

* MARCHE. C'est l'action par laquelle les Animaux pourvus de pieds se meuvent et ont la faculté de se porter d'un lieu Vers un autre.Nous renvoyons au mot PROGRESSION où nous parlerons des divers modes de Marches tels que course saut etc. V. PROGRESSION. (A. R.)

MARCKEA. BOT. PHAN. Genre établi par le professeur Richard (Act. Soc. Hist. Nat.de Paris p. 107) et dédié à Lamarck l'un des naturslistes les plus profonds de ce siècle et à qui la botanique et'la zoologie doivent également d'importans ouvrages. Ce genre de là famille des Solanées' et de la Pentandrie Monogynie offre pour caractères: un calice monosépale tubuleux persistant presque pentagone à cuiq lanières peu profondes: étroites aiguës et dressées; unée corolle monopétale infundibuliforme eegrave;gulière a tube plus long que le calice à limbe étalé à cinq divisions obtnses; cinq étamines incluses attechées vers la partie inférienre du tube de la corolle ayant les anthères allongées àdeux loges s'on vrant chacune par un sillon longi tudinal; l'ovaire est libre conoïde allongé; le style filiforme de là longueur des étamines terminé par un stigmate allongé et glanduleux. Le fruit est une capsule oblongue cylindrique à deux loges contenant

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chacune un grand nombre de graines attachées à un trophosperme central et ouvrant en deux valves. Ce genre se compose d'une seule espèce Marckea coccinea Rich. loc. cit (V. planches de ce Dictionnaire). Cest une Liane grimpante ligueuse et volubile ayant ses rameaux dressés ou plus souvent pendans en forme de festons portant des feuilles alternes pétiolées elliptiques acuminées très-entières glabres luisantes et presque sans nervures. Les fleurs sout grandes comme celles du Nicotiena Tabacum mais d'un beau rouge écarlate; elles forment une sorte de grappe pendante au sommet l'un pédoncule axillaire plus long que les feuilles. Cette jolie Plante qui n'avait pas encore été figurée croit dans les forêts humides de la Guiane. (A. H.)

MARCOTTE BOT. On nomme ainsi une branche tenant encore à la Plante -mère et qui placée dans un milieu humide comme de la terre ou de la mousse y pousse des racines. Le marcottage est un des moyens le plus fréquemment employés pour la multiplication de certains Végétaux. C'est une imitation de celui dont la nature se sert pour reproduire plusieurs Végétaux tels que ceux qui sont dits siolonifères; car les stolons ne sont que des branches couchées qui en quelquesunes de leurs parties ont émis des racines par l'action de l'humidité du sol sur lequel elles sont étendues. II suffit quelquefois de laisser intacte la branche d'un Végétal et de la mettre dans des circonstances favorables pour eu faire une Marcotte; c'est le cas des Plantes succulentes; mais souvent on est obligé d'entailler l'écorceetde lui faire une ligature ou une section qui détermine la formation d'un-bourrelet propre à faciliter l'émission des racines. Ces opérations sont connues sous les noms de marcottage de couchage de provignage lorsqu'il s'agit des Œillets et de la Vigne dont en détache les branches après leur avoirfait prendre racine en les courbant et en couvrant de terre quelques-unes de leurs parties. (G..N.)

MARE. GÉOL. Dépression peu profonde et de peu d'étendue à la surface du sol dans laquelle s'écoule et séjourné l'eau fournie par l'atmosphère aux terres environnantes. Les Mares naturelles ne se rencontrent pas seulement dans les lieux bas et humides; il en existe également dans les montagnes et sur les plateaux secs et élevés. Les environs de Paris offrent un exemple remarquable à l'appui de cette observation dans les plaines hautes qui de Versailles s'étendent au Midi vers la Beauce. Au milieu des champs cultivés on rencontre cà et là beaucoup de Mares séparées entièrement les unes des autres et qui dans plusieurs endroits ;paraissent être disposées sur des lignes presque continues de manière à faire présumer qu'elles ont pu être anciennement réunies lors que la culture n'avait pas encore modifié et nivelé le terrain qui les entoure et les sépare. Ces petits amas d'eau isolés nourrissent des Mollus ques d'eau douce (des Lymnées des Planorbes etc.) et sont favorables à la végétation de Plantes particulières. Chaque année le nombre de ces Mares diminue; l'intérêt des cultivateurs les porte à en dessé cher et combler quelques-unes pour rendre le sol à l'agriculture après avoir employé le fond vaseux à l'amendement des terres voisines. Dans presque toutes les fouilles entreprises dans ce dernier but on rencontre sur plusieurs pieds d'épaisseur des couches de Marne très-fines d'un blanc jaunâtre ou bléuâtre avec des lits minces de matière charbonneuse provenant de la décomposition de feuilles et de bois d'Arbres et même on trouve souvent des troncs entiers et Couchés de grands Chênes ou de Châtaigniers dont le bois est devenu très-dur et d'un noir d'Ebène. Les fruits du Noisetier sont très-com-muns dans ces dépôts. En général

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ces débfis du règne végétal sont enveloppés par des sédimens vaseux qui contiennent des tests de Coquilles analogues à celles dont les Animaux vivent actuellement dans les mêmes lieux. Les dépôts isolés formés par des eaux douces stagnantes que nous venons de signaler ont sûrement beaucoup d'analogie avec les dépôts anciens de Marne blanche remplie de Gyrogonites de Planorbes el de Lymnées qui se trouve à quelque profondeur dans le sol des mêmes plaines hautes où elle est exploitée pour le marnage des terres notamment dans les plaines de Trape de Gometz des Mollières près Chevreuse etc.; ces dépôts anciens ne sont pas non plus continus car toutes les recherches ne sont pas fructueuses et de deux puits creusés à très-peu de distance dans la même pièce de terre l'un atteint une couche de Marne de plusieurs pieds d'épaisseur avant d'arriver au sable qui est le sol sur lequel elle repose tandis que l'autre puits pénètre dans le sable sans rencontrer aucun vestige de Marne. Il ne faut pas confondre les Marcs avec les Marais. V. ce mot. On remarque que les Batraciens qui sont si communs daus les Mares sont moins fréquens dans les grands Marais.

Ou donne également le nom de Mare à des cavités artificielles que l'on fait dans les campagnes pour y recueillir les eaux des pluies. (C.P.)

MAREC. OIS. Espèce du genre Canard. V. ce mot. (DR.Z.)

MARÉCA. OIS. Espèce du genre Canard. V. ce mot. (DR..Z.)

* MARÉCAGINE. BOT. CRYPT. Bridel propose ce nom pour désigner en francais son genre Paludella. V. ce mot. (B.)

MARÉCHAL. INS. L'un des noms vulgaires dos Taupins. (B.)

MARÉCHAUX. OIS. Svn. vulgaire du Rossignol de muraille. V. SYLVIE. (DR..Z.)

MARÉES. GÉOL. Mouvement périodique et alternatif d'élévation et d'abaissement des eaux de la Mer qui se fait remarquer d'une manière plus ou moins sensible sur ses rivages. Dans presque tous les points des continens et des îles qui sont baignés par les eaux de l'Océan on voit le niveau de celles-ci s'élever pendant l'espace de six heures environ pour redescendre dans le même espace de temps au point de départ ou à peuprès. L'instant du flux ou flot est celui ou la Marée monte; lorsque le mouvement d'ascension s'arrête la Mer est pleine haute elle étale; puis lorsque les eaux s'abaisseut on a le reflux ou Jusan la Marée descend; et enfin pendant le moment très-court qui précède une nouvelle élévation graduelle on dit que la Merest basse. Les effets de ce grand phénomène général ne sont cependant pas chaque jour les mêmes dans un même lieu et ils varient d'une manière très-sensible dans le même moment d'un lieu à un autre soit pour l'instant de la haute ou de la basse Mer soit pour la quantité d'élévation et d'abaissement des eaux. Cette quantité varie aussi dans un port déterminé selon les saisons et les jours; toutes ces différences et ces irrégularités tiennent d'une part immédiatement aux causes qui produisent les Marées et d'une autre à des circonstances secondaires et locales qui modifient les effets des premières causes telles que la forme et le plus ou moins d'étendue des bassins des différentes Mers la masse et la profondeur des eaux mises en monvement la disposition particulière des rives des plages des falaises des golfes des détroits l'action irrégulière des courans et des vents etc. Ainsi bien que la cause qui détermine le mouvement des eaux de la Mer soit la même dans un même point du globe on remarque par exemple que sur les côtes de notre Océan et plus spécialement sur celles de la Manche la différence de niveau des eaux varie depuis quelques pieds

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jusqu'à quarante et quarante-cinq pieds entre la haute el la basse Mer tandis que ce niveau change à peine dans la Baltique la Méditerranée la Mer Noire et encore moins dans la Caspienne. On observe que dans tel port la Mer est haute plusieurs heures plus tôt ou plus tard que dans an autre port voisin: lorsque la Mer est pleine à 3 h. à Amsterdam elle l'est à 6 h. 45' à Anvers; à 11 h. 45' à Calais; à 10 h. 40' à Boulogne; à 7h. 45' à Cherbourg; à 6 h. à SaintMalo; à 3 h. 33' à Brest etc. Ici la Mer s'avance lentement sur une plage qu'elle abandonne de même; la elle s'álance avec unerapidité telle qu'elle peul atteindre le cheval le plus agile ce quion voit surtout au Mont-Saint-Michel dans la baie de Cancale.

Malgré le nombre infini de modifications de ce genre qui doivent résulier du grand nombre de causes secondaires et perturbatrices que nous avons signalées le calcul et l' observation se sont réunis pour rendre compte de presque toutes les anomalies et pour dévoiler la véritable cause productrice des Marées. Ce phénomène si imposant et que les anciens connaissaient à peine tant qu'ils ne quittèrent pas les côtes de la Méditerranée fixa cependant leur attention lorsqu'ils eurent l'occasion de l'observer dans les Mers des Indes et tories bords del'Océan. Les rapports qu'ils remarquèrent exister entre les époques des hautes et basses eaux avec la position de la lune dans le ciel firent soupconner à plusieurs que les Marées étaient le résultat de l'action de cet astre. Pline les attribue aéme à l'influence du soleil et delà lune; mais cette vérité n'a été démontrée incontestable que depuis la découverte et l'analyse des lois de la gravitation universelle et depuis que l'immortel Newton a fait voir que les phénomènes compliqués du mouvement périodique des eaux delà Mer n'étaient qu'une conséquence rigoureuse de ces lois. En effet l'une d'elles est que les molécules des corps célestes comme celles de la matière en général tendent l'une vers l'autre en raison inverse du carré de la distance qui les sépare et d'après cela chacune des molécules dont se compose le globe terrestre est attirée différemment par celles du soleil et par celles de la lune. Pour ne parler dans ce moment que de l'action exercée par ce dernier astre sur la terre on concoit que les parties de celle-ci qui sont le plus rapprochées de la lune sont dans le même moment plus fortement attirées que celles qui sont au centre et bien plus encore que celles qui sont à la surface de l'hémisphère opposé cependant malgré cette intensité différente d'attraction leé molécules qui composent la masse solide du globe ne pouvant se séparer pour se mouvoir isolément et obéir a la force qui sollicite chacune d'elles l'effet définitif de la lune sur la terre solide est le résultat de toutes les actions exercées sur chaque molécule en particulier; mais il n'en est pas de même pour la masse liquide diseaux dont toutes les parties mobiles séparément sout attirées en. raison de l'intensité de l'action qui les solicite; il en résulte que lorsque la lune est au-dessus d'un point quelconque de la surface des Mers l'eau s'élève vers cet astre et comme par suite des mouvemens de la lune et de la terre le même lieu se retrouve sous la même influence lunaire toutes les 24 h. 49' ou à peu près (24h. 48' 44" 1'" 48'"') l'élévation des ieaux a lieu par suite. de cette influence une fois par jour; mais par une conséquence de la loi d'attraction dans le moment ou la Mer se gonfle en un point donné d'un hémisphère les eaux qui occupent la portion diamétralement opposée daus l'autre hémisphère étant plus éloignées de la puissance attractive que ne l'est la masse solide de la teire elles restent pour ainsi dire en arrière de celle-ci et elles forment en sens inverse une élévation analogue à celle produite par soulè-

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vement. De-là vient qu'au lieu d'une seule Marée montante dans les 24 h. il y en a réellement deux l'une étant produite par le plus grand rapprochement de la lune el l'autre au contraire l'étant par son plus grand éloignement; de cette manière la masse générale des eaux de la Mer a la forme d'un sphéroïde allongé dont le grand diamètre devrait être dirigé vers la lune si le mouvement de Ja terre celui imprimé aux molécules aqueuses et l'action variable du soleil suivant sa position respective par rapport à la lune et à la terre ne s'opposaient pas à ce que l'effet suivît instantanément l'action qui le produit. Nous u'avons parlé dans l'explication précédente que de l'action exercée par la lune sur les eaux du globe; mais nous devons dire que celle du soleil la modifie soit en s'y ajoutant soit en s'y opposant; ce dernier astre malgré sa masse n'exerce à cause de son éloignement qu'une action évaluée au quart de celle de la lune. Dans les syzygies c'est-à-dire au moment de la nouvelle et de la pleine lune lorsque le soleil et.la lune agissent concurremment les Marées sont lès plus fortes tandip que dans les quadratures (premier et dernier quartier) elles sont plus faibles. Il y a donc une variation dans le gonflement de la Mer pendant une lunaison; le plus grand se nomme grande Mer ou Maline et le plus petit morte Eau. Lorsque la lune est le plus près de la terre c'est-à-dice à son périgée toutes choses étant égales d'ailleurs les Marées sont plus grandes; de même aux équinoxes les Marées des syzygies sont les plus grandes et les mortes eaux sont les plus basses; dans les solstices les variations entre l'élévation et l'abaissement des eaux sont moindres; en général l'abaissement dans la même Marée est en raison inverse de l'élévation c'est-à-dire que la Mer se retire d'autant plus qu'elle s'est élevée davautage précédemment. De même que l'effet produit par la lune n'a pas lieu immédiate ment au moment du passage de cet astre au méridien de même la grande Mer et la morte eau n'arrivent que trois ou quatre Marées après les syzygies et les quadratures. Les Marées du soir ne sont pas égales à celles du matin; elles sont plus grandes le soir dans l'hémisphère où se trouve le soleil; ainsi en Europe les Marées du matin sont plus grandes pendant l'hiver et en été elles sont plus petites. On voit par tout ce qui précède de combien de données se compose le problème du mouvement des eaux de la Mer mouvement dont la connaissance est d'une importance première pour les navigateurs qui chaque jour dans leurs voyages ont besoin desavoir d'une manière exacte la quantité d'élévatiou ou d'abaissement des eaux dans un lieu donné et à une époque déterminëè afin de pouvoir diriger la marche de leur vaisseau en conséquence. Pour obtenir ces résultats les calculs théoriques ne suffisent pas; il est nécessaire qu'ils soient établis sur des observations préliminaires. Pour arriver par exemple à déterminer à quelle heure la Mer sera haute tel jour dans tel port et savoir en même temps quelle sera la différence de hauteur d'eau entre la haute et la basse Mer il faut que des observations précédentes aient indiqué à quelle heure ordinairement la Merest haute les jours de pleine et de nouvelle lune dans ce port: c'est ce que l'on nomme l'éstablissement du port ou de la Marée point de départ des. calculs. On peut cependant comme on le pense nésoudre les mêmes problèmes en sachant quelle est l'heure de la haute Mer pour un jour dounné les marins possèdent des tàbles toutes faitès dressaées d'après l'observation et qui leur indiquent l'établissement des Marées dans les principaux ports counus. C'est à ces tables que nous emprunterons quel ques exemples qui donneront une idée des irrégularités locales qui peuvent exister si l'on compare les différences des heures avec la position

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relative et géographique des ports cités.

Heures de la pleine mer les jours de la nouvelle et de la pleine lune dans les ports ci-après:

Haabourg 6h 1"
Amsterdam 3 0
Groningue 11 15
Aavers 6 45
Ehonchure de laTamise 11 15
Laedres 2 45
Dvares 10 50
Calsis 11 45
Deppe 10 50
Pouth 11 40
Hiwre de Grâce. 9 00
Reves 1 15
Deves 8 20
Cherbourg 7 45
Pouth 6 5
Morlaix 5 15
Cap Lés ard (Anpleterre) 7 30
Brest 3h 33"
Rochefort 4 15
Embouchure de la Giroude: Tour de Cordouan 3 40
Bordeaux. 7 47
Bayonne 3 30
Lisbonne. 2 15
Cadix 4 30
Fayal (îles Açores) 2 30
Funchal (Madère) 12 4
Ste-Hélène(île). 10 30
Cap de Bonne-Espérance. 3 00
Foulepointe (Madagascar). 1 20

Avec ces tables les marins en consultent encore d'autres qui leur apprennent de combien l'effet calculé d'après le passage de la lune au méridien d'un lieu retarde ou avance selon que cet astre est à son plus grand rapprochement son plus grand éloignement ou bien à des distances moyennes de la terre; mais nous ne saurions entrer ici dans plus de détails sur ce sujet.

Les vagues qui viennent se briser continuellement contre les rivages qu'elles couvrent de leur écume sont donc en grande partie dues au mouvement sidérique des eaux delà Mer; aussi existent-elles lorsque l'atmosphère est le plus calme bien que dans les tempêtes les vents augmentent quelquefois d'une manière considérable mais momentanée cette agitation constante; celle-ci donne lieu à un bruit monotone particulier et imposant que l'Homme ne peut entendre pour la première fois sans une profonde émotion. Lorsque la Marée monte de même que lorsqu'elle descend les caux ne s'élèvent pas et ne s'abaissent pas d'une manière continue il se lait une suite d'oscillations répétées àchacune desquelles la Mer semble se retirer et s'avancer; on appelle aussi cé mouvement oscillatoire flux et reflux. C'est au choc de la vague contre le sol résistant qu'est dû en partie le bruit dont nous venons de parler; car il s'y joint celui que font les pierres amassées sur la plage et que les eaux soulèvent continuellement les frottant les unes contre les autres et finissant par les arrondir. On appelle cailloux roulés ou mieux galets les pierres ainsi usées par l'action des eaux de la Mer et l'on observe que leur grosseur varie sur chaque plage et pour ainsi dire de pied en pied de manière qu'ils paraissent comme réunis d'après leur dimension ce qui tient sans doute aux différentes intensités d'action des vagues sùreux selon la forme des rives. On peutvoir un exemple remarquable de cette distribution par grosseur des galets en suivant l'espèce d'isthme qui réunit l'île de Portland au sol de l'Angleterre; sur une longueur de plusieurs lieues on voit de pas en pas les galets croître pour ainsi dire en progression géométrique depuis la dimension d'une noisette jusqu'à celle de la tête d'un enfant sans qu'il y ait mélange. On remarque encore si l'on suit une plage en étudiant la nature des roches qui forment les côtes que les galets existent là où les roches peuvent être dégradées par les vagues et que si la nature des roches change ta nature des galets change de même; de sorte que la formation de ces derniers paraît locale et subordonnée à la nature des côtes. Il arrive cependant que par des circonstances particulières et exceptionnelles que par des causes ordinairement violentes et passagères les galets après avoir été arrondis sur un point de la côte sont transportés sur un autre peu éloigné; mais alors ils ne sont plus aussi bien assortis; ils sont mélangés avec du sable ou de la vase caractère qui indique qu'ils ne sont pas à la place on ils ont été formés. Ces observations et un grand nombre d'autres du me-

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me genre présentent un grand intérêt aux géologues pour l' étude des couches de la terre qui renferment ou sont entièrement composées de galets et surtout pour la recherche des circonstances particulières sous lesquelles ces couches se sont formées.

Lorsque les côtes sont à pic les vagues viennent en miner et saper périodiquement le pied et les parties supérieures restant en surplomb ne tardent pas à s'ébouler; c'est ce que l'on indique en appelant ces côtes des falaises. Les matières molles fines délayables sont entraînées par les flots à différentes distances et elles forment sous les eaux de nouvelles couches sédimenteuses tandis que les fragmens durs et pesanssont transformés en galets qui s'éloignent beaucoup moins de la rive.

La Marée montante coïncide presque toujours avec certains vents et un état hygrométrique particulier de l'atmosphère.

Le flux ou flot se fait sentir d'une manière remarquable jusqu'à une distance plus ou moins grande de l'embouchure de certains fleuves; une ou plusieurs vagues qui se succèdent remontent avec bruit contre le cours des eaux fluviatiles dont la marche est arrêtée. On connaît ce phénomène sous le nom de Barre à embouchure du Gange du Séné-gal de la Seine de l'Orne etc.; sous celui de Mascaret dans la Gironde la Dordogne la Garonne; et de Pororoca sur les rives du fleuve des Amazones. Dans ce dernier lieu comme dans la Garonne et même la Dordogne les lames d'eau qui remontent le fleuve ont douze à quinze pieds de haut et même plus; elles renversent tous les obstacles sur leur passage et le bruit effrayant qu'elles produisent surtout dans les grandes Marées s'entend à plusieurs lieues.

Des géologues ont essayé de rendre compte de la formation de nos continens actuels de la présence des débris de corps marins de galets etc. dans des lieux qni se trouvent maintenant de plusieurs centaines de toises au-dessus du niveau des Mers par des Marées gigantesques qui auraient existé à un âge moins avancé du globe. Dolomieu l'un des partisans de ce système pensait que les matériaux de toutes les couches coquillières avaient été tran portés du fond des Mers par des Marées de huit cents toises; que les vallées secondaires étaient dues à l'action de ces immenses Marées et aux courans puissans qui résultaieutde la retraite des eaux après leur gonflement. Chaque flux disait-il déposait des couches qui étaient ensuite morcelées et dégradées par le reflux; dans d'autres circonstances les Marées sub-séquentes comblaient les valléescreu-sées par celles qui les avaient précédées et elles rassemblaient dans les couches qu'elles y déposaient les produits de tous les règnes et de tous les climats. Par le développement exagéré d'un phénomène de la nature actuelle Dolomieu cherchait à expliquer les faits que l'observation lui avait fait connaître sans avoir besoin de supposer des retraites des séjours et des retours de la Mer plusieurs fois répétés sur le même point du globe comme on ne se fait pas scrupule de l'admettre aujourd'hui dans des ouvrages célèbres. Mais est-il plus facile de concilier l'opinion de Dolomieu que celte dernière supposition avec les connaissances astronomiques qui nous ont dévoilé l'ordre établi dans l'univers et les lois immuables qui les régissent? Par quelles causes les Marées de huit cents toises auraient-elles été produites à moins de supposer que la masse des eaux les rapports de la terre avec le soleil et la lune ses raouvemens mêmes étaient différens de ce qu'ils sont aujourd'hui à une époque où cependant végétaient et vivaient déjà sur cette même terre des Plantes et des Animaux analogues sous le rapport de leur organisation avec les êtres de la terre actuelle? V. TERRE. (C.P.)

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MARÉKANITE. MIN. Nom d'une variété globuliforme d'Obsidienne hyaline. V. OBSIDIENNE. (G. DEL.)

MAREL. OIS. (Sepp.) Syn. de Barge à queue noire V. BARGE. (DR..Z.)

MARÈNE. POIS. Espèce du sous-genre Corégone. V.SAUMON. (B)

MARENGE. OIS. Syn. vulgaire de Charbonnière V. MéSANGE. (DR..Z.)

MARENTERIA. BOT. PHAN. Ce genre établi d'après Noronha par DuPetit-Thouars (Nov. Gen. Madagasc. p.18 n. 60) a été réuni par Dunal (Monographie des Anouacées p. 43) aux Unona et l'espèce unique dont il était composé a été nommée par De Candolle Unona Marenteria. Celai-ci a employé le mot Marenteria pour désigner une sous-section des Unona. V. UNONE. (G..N.)

MARETON. OIS. Syn. vulgaire de Millouin. V.CANARD. (DR..Z.)

* MARFOURÉ. BOT. PHAN. (Gouan.) L'un des noms vulgaires de l'Helleborus fœtidus L. dans le Languedoc. (B.)

* MARGADON. MOLL. La Seiche commune sur quelques côtes de la France septentrionale. (B.)

MARGAGNON. POIS. Nom vulgaire de l'Anguille mâle dans certains cantons de la France. (B.)

MARGAL ET MARGAN. BOT. PHAN. L'Ivraie dans certains cantons de la France méridionale. (B.)

MARGARITA. MIN. V. NACRITE.

* MARGARITACÉS. Margaritacea. CONCH. Famille nouvellement proposée par Blainville pour remplacer celle des Malleacées de Lamarck. Ce sont à peu près les mêmes genres qui cul servi aux deux zoologistes pour la formation de ce groupe; seulement les Margaritacés contiennent plus de genres que les Malleacées parce que depuis la publication de l'ouvrage de Lamarck ils ont été établis et adoptés et sont venus naturellement se ranger dans leurs rapports naturels avec les anciens. Un changement heureux que Blainville a fait c'est de rapprocher les Vulselles des Marteaux dont elles sont fort voisines bien plus que des Huîtres ou Lamarck les avait laissées. La famille des Margaritacés est composée des genres Vulselle Marteau Perne Crénatule Inocéraroe Catille Pulvmite Gervilie et Avicule auxquels nous renvoyons. (D..H.)

MARGARITARIA BOT. PHAN. Dans le supplément donné par Liuné fils aux genres de son père on en trouve un ainsi nommé et caractérisé de la manière suivante: fleurs dioïques; calice à quatre dents; quatre pétales attachés au calice: dans les mâles huit étamines insérées au réceptacle à filets longs et sétacés à anthères arrondies et petites; un rudiment d'ovaire surmonté dun style unique: dans les femelles quatre ou cinq styles filiformes des stigmates simples; un fruit globuleux renfermant sous une enveloppe légèremeut charnue quatre ou cinq coques luisantes qui s'ouvrent en deux valves. Une seule espèce originaire de Surinam se rapporte à ce genre jusqu'ici très-obscur et qui peut-être n'existe pas dans la nature comme fauteur lui-même paraît le soupconner. Il est possible en effet que les rameaux mâles qui offrent des feuilles opposées et semblables à celles du Fusain de nombreuses fleurs disposées en panicules rappelant celles du Spirœa Aruncus n'appartiennent pas à la même Plante que les rameaux à feuilles alternes et à fleurs solitaires axillaires d'après lesquels les femelles ont été décrites. On rencontre assez fréquemment dans les herbiers sous le nom de Margaritaria une espèce d'Euphorbiacée que nous avons fait connaître sous le nom de Cicca Antillana dont les fruits offrent quelque analogie avec ceux que Linné fils a décrits mais dont les fleurs mâles sont tout-à-fait différentes de celles qu'il attribue au genre en question. (A. D. J.)

MARGARITE. Margarita. CONCH.

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Leach avait proposé ce genre pour une partie des A vicules de Bruguière; Lamarck lui a donné depuis le nom de Pintadine; Megerle l'avait aussi formé dés 1811 sous le nom de Margaritiphore et Klein enfin l'avait bien avant tout cela assez bien indiqué sous le nom de Mater perlarum. V. PINTADINE. (D..H.)

MARGARITIPHORE. CONCH. V. MARGARITE.

* MARGARITITES. MOLL. FOSS. Les anciens ont donné ce nom à des corps arrondis pétrifiés qu'ils ont cru être des pérles. On n'a point de certitude à cet égard. II n'en est pas de même d'une perle véritable que nous avons trouvée en vidant une Avicule fossile de Bordeaux Avicula phalenacea Bast. dont les deux valves étaient encore réunies. Ce corps parfaitement rond d'une ligne de diamètre environ avait conservé une partie de l'éclat de la Nacre. (D..H.)

MARGAY. MAM. Espèce du genre Chat. V. ce mot. (B.)

MARGE BOT. CRYPT; (Lichens.) On donne le nom de Marge Margo à cette bordure qui entoure le disque des Lichens; elle n'est jamais formée par le thallus quelquefois elle est concolore c'est-a-dire de la mémo couleur que l'apothécion comme cela a lieu dans le Lecidea ou formée d'une substance propre comme on peut l'observer dans les Lecanora; dans le premier cas elle se dit propre et dans le second elle est accessoire. On nomme Marge vraie celle qui fait partie de l'apothécion et fausse le bourrelet formé par le thallus qui ceint quelquefois l'apothécion tresétroitement mais sans faire pourtant corps avec lui. On tire de cette partie des organes carpomorphes d'excellens caractères spécifiques. (A. F.)

* MARGENAS. OIS. Syn. de Perroquets chez les sauvages de l'Amérique méridionale. (DR..Z.)

* MARGINAlRE. Marginaria. BOT. CRYPT. (Fougères.) Nous avons proposé la création de ce genre qui rentrera dans la famille de nos Polypodiacées proprement dites c'est-à-dire parmi les vraies Fougères où les sores sout dépourvus d'induse. La position complètement marginale et avons-nous dit (T.VI p. 587 de ce Dict.) comme à cheval sur le bord des frondes de paquets arrondis et distincts de fructification caractérise les Marginaires qui sont aux Polypodes ce que les Vittaires sont aux Ptérides; ce genre est sans doute un peu artificiel mais ne l'est pas plus que tant d'autres dont les différences ne sont empruntées que de la situation des organes fructificateurs; les positions des sores dans les sinus sur la page aux marges le long de telle ou telle nervure sont des caractères vagues il en faut convenir et propres tout au plus pour l'etablissement de sous-genres ailleurs que chez les Fougères; mais dans la multitude des espèces dont plusieurs genres sont composés on s'est vu réduit pour éviter la confusion à emprunter des caractères de cette sorte pour pouvoir isoler quelques espaces du reste des masses. Les Marginaires offrent d'ailleurs quelques autres traits de connexion; indépendamment de la position de leurs paquets de capsules leur consistance est épaisse leur surface est plus ou moins écailleuse. Nous n'en connaissons que de simples ou tout au plus de pinnatifides et leur racine tracante serpente sur l'humus végétal des Arbres pourris dans les forêts; nous en possédons six espèces toutes des pays chauds entre lesquelles nous citerons: 1° la MARGINAIRE SCOLOPENDRINE Polypodium marginatum N. in Willd. Sp. T. IX p. 149 que nous avons découverte dans les bois de Mascareigne; 2° la MARGINAIRE CETE áRACINE;Polypodium ceteracinum Mich. Amer. t. 2 p. 271; Polypodium incanum Willd. Sp. T. IX p. 174; Acrostichum Polypodioides L.; Sp. 1525. Nous avons dû préférer le nom imposé à celte espèce par Michaux qui rappelle la ressemblance de cette Plante qui n'est pas blanchàtre avec le Cétérach dont elle offre la

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couleur: elle se trouve dans les partie chaudes des Etats-Unis d'Amérique dans la Floride à la Jamaïque à la Martinique à Cumana et jusque dans les Guianes; 3° la MARGINAIRE MINIME Marginaria minime N. semblable par ses formes et l'aspect à la précédente mais trois ou quatre fois plus petite et plus roussâtre: confondue dans les herbiers avec elle; on la trouve dans les parties tempérées du Brésil; 4° la MARGINAIRE ARGENTéE Polypodium argyratum N. in Willd. Sp. T. X p.175 assez semblable au n° a mais plus longue et plus étroite dans toutaxs parties à pinnules plus aiguës et route revêtue d'une poussière blanche argentée qui fait ressortir la leunte blonde des sores qui sont grosses et forment comme des globules or les bords de la fronde. Nous avous découvert cette espèce dans les hantes montagnes de Mascareigne particulièrement en arrivant à la plaine des Chicots vers mille toises l'eacute;lévation au-dessus du niveau de In mer. (B.)

MARGINELLE.Marginella. MOLL. Gare de la famille desColumellaires de Lamarck qui se place dans les Pectinibranches buccinoïdes de Cuvier. C'est à Adanson que l'on doit sa création; il le nomma Porcelaine eu conservant le nom vulgaire de Pucelage aux Coquilles qui portent aujourd'hui celui de Porcelaine; il;confondit les Olives ce qui prouve que les Animaux qu'il avait vus sont bien voisins. Malgré rétablissement de ce genre Linné n'en rangea pas moins les Marginelles au nombre de ses Volutes ce que Bruguière imita. Lamarck en démembrant le genre Volute de Linné et par suite le genre Porcelaine d'Adanson donna à celuici le nom de Marginelle qui lui est resté: depuis lors ce genre a été adopté par la plupart des zoologistes quoique ses Animaux ne diffèrent de ceux des Porcelaines que par un peu moins d'ampleur dans les jolies du manteau. Les coquilles offrent assez de différences pour être distinguées facilement; elles servent même de point intermédiaire entre les Volutes et les Enroulés auxquels elles touchent par les espèces dont la spire n'est pas saillante; elles s'en rapprochent par le bourrelet marginal du bord droit et souvent par les plis columellaires qui accompagnent tout le bord gauche. Voici les caractères de ce genre: coquille ovale oblongue lisse à spire courte et à bord droit garni d'un bourrelet en dehors; base de l'ouvertureà peine échancrée; des plis à la columelle presque égaux.

Les Marginelles sont des coquilles lisses de taille médiocre agréablement colorées qui viennent toutes des mers équatoriales des deux mondes; elles peuvent se diviser en deux groupes comme l'a proposé Lamarck. Blainville avait adopté cette sous-division dans son article MARGINELLE du Dictionnaire des Sciences Naturelles; mais à l'article MOLLUSQUE il propose un troisième groupe pour le genre Volvaire (V. ce mot) ce qui détruit une partie des caractères imposés aux Marginelles. Nous ne suivrons pas cet exemple; ce même zoologiste ait que Klein avait établi ce genre depuis long-temps sous le nom de Cucumis; nous trouvons bien effectivement un genre de ce nom dans Klein; mais en vérifiant les citations nous le trouvons composé d'un plus grapd nombre de Mitres et de Volutes que de véritables Marginelles.

† Espèces dont la spire est saillante.

MARGINELLE NEIGEUSE Marginella glabella Lamarck Anim. sans vert. T. VII p. 355 n. 1; Voluta glabella Linn. Gmel. p. 3445 n. 32; la Porcelaine Adanson Voy. au Sénég. pl. 4 fig. 1; Encyclop. pl. 377 fig. 6 a b. Coquille ovale oblongue rougeâtre marquée de deux zânes transversales d'un rouge plus foncé tonte parsemée de taches blanches irrégulièrement disposées; spire courte obtuse conique; sutures peu profondes marquées par une zône rouge plus marquée interrompue

TOME X 12

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par des taches blanches plus grandes; bord droit épais formant une légère échancrure à sa réunion avec le bord gauche; quatre plis saillans à la columelle.

MARGINELLK BLEUATRE Marginella cœrulescens Lamk. loc. cit. n. 4; Voluta prunum Linn. Gmel. pag. 3446 n. 33; l'Egouen Adanson Voy. au Sénég. pl. 4 fig. 3; Encyclopédie pl. 376 fig. 8 a b.

MARGINELLE ÉBURNÉE Marginella eburnea Lamk. Annales du Mus. T. 11 p. 61 n. 1 et T. VI pl. 44 fig. 9 a b; ibid. Anim. sans vert. loc. cit. n. 15. Petite espèce fossile des environs de Paris fort commune à Grignon et qui a beaucoup de rapport avec la Marginella muscaria Lamk. loc. cit. n. 13 qui vient de la Nou-velle-Hollande.

†† Espèces dont la spire n'est pasaillante.

MARGINELLE RAYÉE Marginella lineata Lamk. Anim. sans vert.; loc. cit. n. 23; Voluta persicula(Var. b.) Linn. Gmel. p. 3444 n. 29; le Bobi Adans. Voy. au Sénég. pl. 4 fig. 4; Martini. Conch. T. 11 tab. 42 fig. 419 et 420; Encyclopédie pl. 377 fig 4 a b. Elle est assez commune dans les mers du Sénégal. (D..H.)

MARGOUSIER. BOT. PHAN. Nom vulgaire du Melia Azaderach. (B.)

MARGRAVE. Margravia. BOT. PHAN. Pour Marcgravia. V. ce mot. (A. R.)

MARGUERITE. BOT. PHAN. Nom vulgaire de la Pâquerette Bellis pèrennis étendu à d'autres Composées. Ainsi l'on a appelé:

GRANDE MABGUERITE ou MARGUERITE DES CHAMPS le Chrysanthème Leucanthème.

MARGUERITE JAUNE le Chrysanthemum coronarium L.

REINE MARGUERITE l'Aster chinensis.

MARGUERITE DE SAINT-MICHEL l'Astère annuelle etc. (B.)

MARGYRICARPE. Margyricarpus. BOT. PHAN. Et non Margyncarpus. Genre de la famille des Ro sacées et de la Diandrie Digynic L. établi par Ruiz et Pavon (F Peruv. Prodr. 7 t. 33) et adopté par Kunth (Nov. Gener. et SpecPlant. œquin 6 p. 299) qui e a ainsi aéterminé les caractères calice persistant dont le tube est corr primé tétragone la gorge resserrée le limbe à quatre ou cinq division profondes munies chacune extérieu rement et à la base d'une petite épin dentiforme; corolle nulle; deux éta mines insérées sur l'orifice du tub calicinal à anthères biloculaires di dymes; ovaire étroitement renferm dans le calice surmonté d'un style terminal court terminé par un stigmate pluitieuz et multifide; akènt adhérent au tube du calice converti en une sorte de baie à quatre épines couronné par le limbe calicinal; graine pendante ayant son poinl d'attache près du sommet. Ce genre a été place par De Candolle (Prodr Syst. Veg. 2 p. 591) dans la tribu des Sanguisorbées; il ne renferme qu'une seule espèce Margy ricarpus setosus de Ruiz et Pavon (Flor. Peruv. 1 p. 38 t. 8 f. d). Cette Plante a été décrite par Lamarck sous le nom d'Empetrum pinnatum dans le Dic-tionnaire Encyclopédique puis réunie aux Ancistrum dans les Illustrations des genres. C'est un Arbrisseau très-rameux à feuilles alternes imparipin nées composées de folioles très-étroites subulées à fleurs axillaires solitaires et sessiles: ses baies globuleuses blanchâtres ont une saveur agréable; l'infusion de cette Plante sert à arrêter les hémorrhagies. Elle croît sur les collines arides de l'Amérique méridionale au Pérou au Chili au Brésil àSanta-Fé de Bogota Popayan Quito etc. (G..N.)

MARIALVA. BOT. PHAN. Ce genre établi par Vandelli (in Rœmer Script. Brasil. p. 118) est le même que le Beauhamoisia de Ruiz et Pavon déjà décrit dans ce Dictionnaire T. 11 p. 239. Choisy (Mémoires de

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la Soc. d'Hist. Natur. T. I p. 225) adoptant le nom de Marialva comme séaerique sans égard à l'antériorité la placé parmi les Garciniées seconde action de la famille des Guttifères et lui a définitivement réuni le Tovomatad'Aublet; il l'a composé de trois spèces savoir: 1° Marialva guianensis Choisy ou Tovomita guianensis Aublet Plante indigène de la Guiane; 2° M. fructipendula Choisy ou Beauharnoisia fructipendula de Ruiz et Pavon; et 3° M. uniflora Choisy; espéce nouvelle très-voisine de la seconde et qui habite la Guiane. (G..N.)

MARIARMO. BOT. PHAN. (Garidel.) L'Hysope en Provence. (B.)

MARIBOUSES. INS. (Mademoiseile S. Mérian.) Une Guêpe de Surinam dont la piqûre est fort douloureuse. Ce mot est peut-être une corruption de Mariposa espagnol qui si-gnifie Papillon. (B.)

MARICA. BOT. PHAN. (Willdenow.) V. CIPURE.

* MARICOCA. OIS. Syn. vulgaire de Traîne-Buisson. V. SYLVIE. (DR..Z.)

* MARIE OIS. Syn. de Canard de Bahama. V.CANARD. (B.)

* MARIÉE. INS. Noctua Sponsa L. Espèce de Noctuelle. (B.)

MARIE-GALANTE BOT. PHAN. Le Quinquina corymbifère à la Martinique selon Bosc. (B.)

* MARIETTE BOT. PHAN. L'un des noms vulgaires du Campanula Medium L. (B.)

MARIGNAN. POIS. L'un des noms vulgaires du Sogo espèce d'Holocentre aux Antilles. (B.)

MARIGNIA. BOT. PHAN. Commerson avait établi dans ses manuscrits et dans son herbier ce genre que La-marck et Jussieu ont réuni depuis au Bursera. Dans sa Révision de la famille des Térébinthacées p. 19 Kunth l'a rétabli et en a ainsi fixé les caractères: calice persistant divisé en cinq segmens peu profonds ovales aigus et dont la préfleuraison est valvaire; cinq pétales larges à la base du double plus longs que les divisions calicinales ovales aigus ouverts et réfléchis à préfleuraison valvaire; dix étamines hypogynes et libres à anthères ovées-oblongues échancrées à la base biloculaires et déhiscentes longitudinalement; ovaire supère sessile presque globuleux à cinq loges contenant chacune deux ovules fixés à l'axe et collatéraux; disque annulaire entier n'embrassent pas étroitement l'ovaire; stigmate sessile orbiculé à cinq lobes peu distincts; fruit drupacé ombi-liquépar le style persistant recouvert drune écorce épaisse et coriace renfermant un à cinq noyaux monospermes entourés selon Lamarck d'une pulpe gélatineuse; graines ovoïdes dépourvues d'albumen contenant un embryon droit et renversé à radicule supérieure et à cotylédons planes d'après Kunth qui les a observés sur une graine non mûre chiffonnés et ridés d'après Gaertner. Ce genre a été placé par Kunth dans la nouvelle famille pour laquelle il a proposé le nom de Burséracées. II est le même que le Dammara de Gaertner genre qu'il ne faut point confondre avec un autre du même nom adopté par Richard. V. DAMMARA. L'espèce que l'on doit considérer comme type du Marignia a été décrite dans l'Encyclopédie sous le nom de Bursera obtusifolia. C'est un Arbre balsamifère indigène de rile-de-France où on le nomme vulgairement Colophane bâtard. Ses feuüles sont alternes imparipinnées à folioles opposées coriaces très-entières sans stipules. Les fleurs sont blanchâtres et disposées en panicules axillaires au sommet des rameaux et accompagnées de bractées. C'est surtout dans les fruits que réside le suc résineux balsamique. De Candolle (Prodrom. Syst. Veg. 2 p. 79) a fait du Dammara nigra ue Rumph (Herb. Amboin. 2 p. 160 52) une espèce nouvelle sous le nom de Marignia

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acutifolia Cette Plante croît dans les Moluques. (G..N.)

MARIKANITE. MIN. V. MARéKANITE.

MARIKINA. MAM. Ce nom diminutif espagnol de Marie a été appliqué à une espèce d'Ouistiti qu'on se plaisait sans doute à appeler d'un nom de femme car c'est aussi la Rosalie. V. ce mot. (B.)

MARILA. BOT. PHAN. Ce genre de la Polyandrie Monogynie L. établi par Swartz (Prodrom. p. 84) est ainsi caractérisé: calice à quatre sépales disposés en croix les deux extérieurs enveloppant la fleur; corolle à quatre pétales; étaïuines très-nombreuses légèrement soudées par la base à authères aduées; un style surmouté d'un stigmate capité; fruit couronué par le calice persistant à trois ou quatre loges et à autant de valves qui par leur introflexion viennent se fixer à un placenta central et après la déhiscence s'enroulent par leurs bords membraneux; graines très-nombreuses ceintes d'une membrane jaune et frangée. Jussieu avait marqué la place de ce genre entre les Hypéricinées et les Guttifères; il a du rapport avec la première de ces familles par la structure du fruit et par ses graines mais il se rapproche davantage de la seconde par son inflorescence semblable à celle des Calophylum par son style et son stigmate simples et par ses anthères. Ces considérations ont décidé Choisy (Mém. de la Société d'Hist. Nat. de Paris T. 1 p. 221) à le ranger parmi les Clusiées première section de la famille des Gutlifères. On n' en connaît qu'une seule espèce Marila racermosa Swartz Arbre indigèue des Antilles. (G..N.)

* MARIMARI. BOT. PHAN. (Aublet.) Nom de pays du Cassia biflora. (B.)

MARIMONDA. MAM. Humboldt donne ce nom comme une désignation de pays de l'Atèle Belzebuth. Nous avons des raisons de croire qu'il y a une faute d'orthographe espagnole et qu'il faut écrire Marimoua. (B.)

MARINGOUIN. OIS. Espèce du genre Bécasseau. V. ce mot. (DR..Z.)

MARINGOUINS. INS. On donne ce nom dans diverses contrées de l'Amérique et surtout dans les Antilles aux Cousins qui sont très-nombreux dans les pays chauds où leurs piqûres sont encore plus douloureuses que dans nos climats. (B.)

* MARION-LAREUCHE. OIS. Syn. vulgaire de Rouge-Gorge. V. SYLVIE. (DR..Z.)

MARIPA. BOT. PHAN. Genre delà famille des Convolvulacées et de la Pentandrie Digynie L. établi par Aublet (Plantes de la Guiane p. 230 t. 91) qui l'a ainsi caractérise: calice à cinq divisions obtuses aui se recouvrent mutuellement; corolle tubuleuse dilatée à sa base et dont le limbe est divisé eu cinq lobes; cinq étamines insérées à la base du tube (opposées aux lobes d'après la figure donnée par Aublet); anthères longues sagittées; stigmate pellé; fruit biloculaire et disperme. Le Maripa scandens Aublet et Lamarck Illustr. t. 110 est un Arbrisseau grimpant dont les branches trèslongues retombent vers la terre et sont garnies de feuilles pétiolées alternes ovales aiguës entières trèsgrandes vertes el lisses. Les ileurs de couleur blanche forment des pauicules terminales ou axillaires; elles sont soutenues par des pédoncules accompagnés de bractées. Cette Plante croît sur les bords de la rivière de Sinainary dans la Guiane.

Le nom de Maripa encore donné par Aublet (Observations sur les Palmiers p. 100) à un Palmier de la Guiane dont il n'a pas fait connaître avec assez de détails les caractères de la fleur pour gu'on puisse déterminer à quel genre il appartient. Barrère a aussi parlé de ce Maripa qu'il nomme Chou-Maripa parce qu'on mange les jeunes pousses qui

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occupent le centre de la touffe de ses feuilles. (G..N.)

MARIPOSA. OIS. Espèce du genre Gems-Bec. Ce nom dérive du mot qui en espagnol signifie Papillon. V. GROS-BEC. (DR..Z.)

MARIPOU ET MARIRAOU. BOT. PHAN. Nom de pays del' Eugenia sinemariensis Aublet. (B.)

MARIQUE. BOT. PHAN. Pour Marica V. ce mot. (B.)

MARISQUE. Mariscus BOT. PHAN. Quiques auteurs ont formé sous ce nom employé par Linné pour une espece de Schœnus des genres très differens dans la famille des Cypéracées. Ainsi le Mariscus de Haller et de Mœnch se compose des Scirpus acicularis et setaceus qui rentrent dans l'Isolepis de Brown. Celui de Gaertner a pour type le Schœnus Marisus L. auquel sontréunis le Scirpes retrofractus et le Killingia panicea de Rottboll. Enfin Vahl (Enumerat. Plant. 2 p. 37a)a mieux défini ce genre Mariscus qui a été adopté par Rob. Brown et Kunth. Voici ses caractères essentiels: épillets formés d'un nombre de fleurs (deux à trois selon R. Brown); écailles imbriquées et distiques les inférieures vides; trois étamines ou quelquefois deux seulement; style trifide; point de soies hypogynes; akène triquètre recu dans l'excavation du rachis. Les espèces qui se rapportent à ce genre ootété confondues avec les Killingia par les auteurs. R. Brown en a publié quatre nouvelles indigènes de la Nouvelle -Hollande; et Kunth (Nov. Gener et Spec. Plant œquinoct. 1 p. 212) en a décrit neuf qui croissent dans l'Amérique méridionale. Ce sont des Plantes herbacées à chaumes garnis de feuilles seulement à la base. Leurs épis sont composés d'épillets nombreux involucrés terminaux rarement solitaires disposés en ombelles ou agglomérés en capitules. Selon R. Brown le genre Mariscus a le port des Cyperus et n'en diffère que par le petit nombre des épillets. (G..N.)

MARITACACA. MAM. Et non Maricata. V. BIARATACA.

MARITAMBOUR. BOT. PHAN. L'un des noms de pays de la Passionnaire bleue. (B.)

MARJOLAINE. Majorana. BOT. PHAN. Ce nom vulgaire d'une espèce d'Origan avait été employé par Touruefort pour distinguer génétiquement cette Plante; mais Linné n'a pas trouvé que les caractères assignés à ce genre fussent suffisans pour motiver son admission. V. ORIGAN. (G..N.)

MARL. BOT. PHAN. L'un des syn. vulgaires d'Agrostis Spica-Venti. (B.)

* MARLITE. GÉOL. Nom proposé par Kirwau pour réunir plusieurs roches calcaires mélangées d'Argile et de Sable et qui par leur dureté et la résistance qu elles opposent à l'action de l'air atmosphérique diffèrent des Marnes proprement dites. Les Molasses de Genève et Lausanne le Schiste marno bitumineux à empreintes de Poissons du Mansfeld seraient des Marlites pour Kirwan; mais ces distinctions nombreuses établies sur quelques caractères particuliers entre les mélanges variables presqu'à l'infini aue présentent les substances minérales et surtout la création de nouveaux noms pour désigner de pareilles variétés sont peut-être plus nuisibles qu'utiles pour l'avancement de l'histoire naturelle de la terre. (C. P.)

* MARMELADE NATURELLE. BOT. PHAN. Nom vulgaire aux Antilles del' Achras Sapota L. qui est un.Arbre du genre Lucuma. V. ce mot. (B.)

MARMELOS. BOT. PHAN. V. EGLé.

MARMITE DE SINGE BOT. PHAN. V. AMANDE D'ANDOS et LÉCYTHIS.

MARMOLIER. BOT. PHAN. Syn. de Duroia. V. ce mot. (B.)

* MARMOLITE. MIN. (Nuttall.) Substance opaque d'un vert pâle

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avec un éclat légèrement perlé facile à entamer avec le couteau; pesant spécif. 2 5 et se présentant en masses clivables dans deux directions obliques l'une à l'autre. Elle est composée d'après une analyse de Nuttall de Magnésie 46; Silice 36; Eau 15; Chaux 2; oxide de Fer et de Chrome o 50. On la regarde comme étant une variété cristallisée de Serpentine. On la trouve dans ce dernier Minéral à Hoboken près de Baltimore aux Etats-Unis. (G.DEL.)

* MARMON. OIS. Syn. de Macareux. V. ce mot. (DR..Z.)

MARMONTAIN ET MARMONTAINE. MAM. Vieux noms francais de la Marmotte. (B.)

MARMOR. GÉOL. V. MARBRE.

* MARMORARIA. BOT. PHAN. L'un des noms antiques de l'Acanthe. (B.)

MARMOSE. MAM. Espèce du genre Didelphe. V. ce mot. (B.)

MARMOT POIS. L'un des syn. vulgaires du Denté commun. (B.)

MARMOTTE. Arctomys. MAM. Genre de Rongeurs claviculés que l'on considère ordinairement comme appartenant à la famille des Rats mais qui a aussi des rapports très-intimes avec celle des Ecureuils. Les dents sont en même nombre que chez ces derniers c'est-à-dire que la mâchoire supérieure a cinq molaires de chaque côté et l'inférieure quatre seulement. Parmi les supérieures la première beaucoup plus petite que les autres ne présente qu un seul tubercule et n'a qu'une seule racine; les quatre dernières qui sont toutes à peu près de même forme ont au contraire trois racines dont deux sont externes et l'autre interne et sont divisées transversalement en trois collines par deux sillons profonds dont le premier traverse entièrement la dent tandis que les deux collines postérieures se réunissent par leur extrémité interne et forment ainsi un petittalon. Les quatre molaires inférieures ont toutes la même grandeur et la même forme générale; elles sont échancrées sur leur côté externe et présentent en dedans de l'échancrure Un enfoncement dont la largeur est presque égale à celle de la dent tout entière. Les incisives sont comme chez presque tous les Rongeurs au nombre de deux à l'une et à l'autre mâchoires; elles sont très-fortes très-longues et taillées en biseau à leur face interne. Le système de dentition des Marmottes est donc très-peu différent de celui des Ecureuils; et ces deux genres forment véritablement sous ce rapport une seule et même famille comme on l'a remarqué; mais les premières ont aussi plusieurs caractères qui leur sont exclusivement propres et qui permettent de les distinguer même au premier coup-d'œil de tous les autres Rongeurs. Les quatre membres et surtout les postérieurs sont très-courts; et ils le paraissent même dans l'état naturel plus encore qu'ils ne le sont réellement parce que l'Animal les tient habituellement un peu fléchis: aussi les Marmottes sont-elles dans le cas de toutes les espèces qui présentent les mêmes modifications des organes de la locomotion: leur démarche est lourde et embarrassée surtout lorsqu'elles veulent courir. Elles ont au contraire beaucoup de facilité pour fouir à cause de la forme et de la force de leurs ongles et aussi à cause de la disposition de leurs membres de devant qui se trouvent un peu tournés en dedans. Les doigts réunis jusqu'à la seconde phalange par une membrane sont au nombre de cinq à l'extrémité postérieure et de quatre seulement à l'antérieure le pouce ne consistant (du moins chez toutes les espèces bien connues) que dans un petit tubercule placé vers le haut du métacarpe et fort peu apparent. La queue très-courte ne présente rien de remarquable. Le col est court; le corps est gros et trapu et ses formes sont généralement lourdes. Il est d'ailleurs couvert en en-

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tier d'une épaisse fourrure composée ét poils laineux et de poils soyeux généralement longs el très-abondans. Les yeux sont latéraux et la pupille est ronde. Le mufle peu étendu est compris entre les deux narines; et la lèvre supérieure est fendue en partie et divisée comme chez beaucoup de Rongeurs par un sillon longitudinal. Les oreilles sont très-simples et très-courtes et se trouvent même presque entièrement cachées èns le poil. II y a de chaque côté (du moins chez la Marmotte des Alpes) cinq mamelles dont trois sont ventrales et deux pectorales.

Les Marmottes sont au nombre des Rongeurs omnivores de quelques naturalistes. Elles mangent en effet à peu prés tout ce qu'on leur donne desirnits des feuilles des racines du pain dela viande et même des Insectes; néanmoins c'est de matières végétales S'elles se nourrissent de préférence la se creusent de profondes et spacieuses retraites qui consistent ordinairement en deux galeties aboutissant à une sorte de cul-de-sac; c'est là qu'elles se renferment dans la saison roide pour se livrer à leur léthargie hibernale qui commence dès que la température n'est plus que de 8ou 9°. Elles sont alors très-grasses et leur épiploon est chargé d'une grande abondance de feuillets adipeux; elles sont au contraire assez maigres à l'époque de leur réveil et leur poids total est même alors sensiblement diminué. « Cette différence de poids nous prouve évidemment dit Mangili (Mémoire sur la léthargie des Marmottes Ann. Mus. T. IX) que la graisse dont elles sont pourvues leur est infiniment utile; non-seulement il s'en consomme une partie pendant le sommeil léthargique; mais elles en sont encore nourries pendant les intervalles de veille auxquels elles peuvent être exposées par l'élévation ou l'abaissement de la température. ff On sait en effet que les Marmottes do même que tous les autres Animaux hibernans se réveillent dès que le froid vient à augmenter qu'elles souffrent alors beaucoup et que s'il est prolongé elles ne tardent même pas à périr. C'est au r'este à quoi elles ne sont que très-rarement exposées parce que l'extrême profondeur de leurs terriers et le soin qu'elles ont de fermer les galeries qui y conduisent font que la température s'y maintient presque constamment mime pendant les plus grands froids à plusieurs degrà au-dessus de o.

Ce genre composé dans l'état présent de là science d'un grand nombre d'espèces si l'on admet toutes celles qui se trouvent indiquées dans les auteurs mais qui est encore très-imparfaitement connu habite également l'Amérique et l'Ancien-Monde. On est redevable de sa formation à Gmelin qui dans la treizième édition du Systema Naturœ sépara pour la première fois les Marmottes des Rats avec lesquels Linné les avait confondues. Nous décrirons d'abord l'espèce type du genre.

La MARMOTTE DES ALPES Arctomys Marmotta Gm.; Mus Arctomys Pall. a plus a un pied du bout du museau a l'origine de la queue; elle est généralement d'un gris foncé avec le bout de la queue noir les pieds blanchâtres le tour du museau blanc-grisâtre et les parties inférieures du corps d'un roux clair. Cette espèce qui habite les montagnes alpines de l'Europe est connue de tout le monde; et personne n'ignore que malgré son apparence stupide elle est un des Animaux les plus susceptibles d'éducation. Elle est d'ailleurs assez intelligente et ses mœurs dans l'état de nature sont tout-à-fait dignes d'attention. Elle creuse ordinairement sa retraite sur le penchant de la montagne en sorte que les deux galeries ne se trouvent pas dirigées horizontalement; c'est dans l'inférieure qu'elle va faire ses excrémens; c'est par la supérieure qu'elle entre dans son domicile et qu'elle en sort. La partie centrale celle où elle se tient habituellement est de niveau; on y trouve toujours une grande quantité de foin et de mousse

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qu'elle prend le soin d'y transporter pendant l'été. Chaque terrier est l'ouvrage et la propriété d'un assez grand nombre d'individus qui forment ce qu'on pourrait nommer une société. C'est ce qu'on a particulièrement l'occasion d'observer lorsque l'époqne est venue de récolter le foin qui doit former pendant l'hiver le lit de toute la troupe; tous ceux qui font partiè de la même société travaillent ensemble; et lorsqu'ils ont préparé ce qui leur est nécessaire l'un di eux se couche sur le dos et les autres le tirant par la queue s'en servent comme d'un chariot pour transporter leurs provisions au domicile commun. On dit encore que quand la troupe vient à sortir pour brouter ou pour jouer sur le gazon comme il arrive souvent dans les beaux jours de l'été une sentinelle est toujours placée sur le sommet d'un rocher pourveiller à la sûreté générale. Enfin (et ce fait non moins remarquable que les précédens est beaucoup plus certain) quand l'époque de la léthargie hibernale est venue l'Animal se compose avec les provisions qu'il a faites pendant la belle saison un petit tas de fourrage de forme ordinairement sphérique et au centre duquel il va se placer; il y entre toujours à reculons tenant dans sa boucheune poignée de foin qu'il emploie à boucher l'ouverture par laquelle son corps a pénétré. La Marmotte des Alpes ne paraît pas être à beaucoup près aussi féconde que la plupart des Rongeurs; elle ne fait dit-on dans l'année qu'une seule portée de cinq petits environ.

Le BOBAK Buff. T. XIII pl. 18; Arctomys Bobac Gm. La Marmotte de Pologne de quelques auteurs habite également l'Europe mais plus particulièrement sa partis la plus septentrionale et elle se trouve également dans le nord de l'Asie. Elle est généralement d'un gris jaunâtre mêlé de brun noirâtre avec les parties inférieures du corps d'un fauve roussâtre clair la queue et la gorge roussâtres le tour des yeux brun et le bout du museau gris argenté. Elle vit comme nous l'avons indiqué dans des contrées plus froides que la Marmotte des Alpes; mais elle n'habite pas comme elle sur les hautes montagnes et préfère les collines peu élevées et dont l'exposition est au midi.

La MARMOTTE DE QUéBEC Penn. Quad. p. 270; Arctomys empetra Gm.; Mus empetra Pall. est la Marmotte du Canada de l'Encyclopédie méthodique mais non pas celle de Buffon; elle paraît également différer de la Marmotte de Québec de Forster espèce que nous décrirons d'après Harlan sous le nom de Marmotte de Parry. Elle est généralement d'un brun noirâtre varié de blanc avec le sommet delà tête d'un brun uniforme passant au brun rougeâtre sur l'occiput les joues et le menton d'un blanc grisâtre sale et la poitrine et les pâtes de devant d'un roux vif; la queue assez comte est couverte de poils noirs assez abondans. La Marmotte de Québec habite particulièrement le Canada et les environs de la baie d'Hudson; elle est plus anciennement et beaucoup mieux connue que toutes les autres Marmottes de l'Amérique. Celles-ci considérées par divers auteurs les unes comme de simples variétés de l' Arctomys empetra et par d'autres comme devant au contraire former des genres nouveaux paraissent être assez nombreuses. Ainsi l'auteur de la Faune américaine que nous avons déjà plusieurs fois citée Richard Harlan établit qu'il existe dans l'Amérique du nord 'jusqu'à onze espèces distinctes et il les décrit toutes en détail et avec beaucoup de soin dans son ouvrage. Nous croyons donc devoir suivre à cet égard ce naturaliste tout en remarquant que la plupart des espèces qu'il admet étant encore inconnues en France son travail doit encore laisser quelque doute sur la réalité de leur existence.

Le MONAX- Edwards Av. II; Buff. Suppl. III; Arctomys Monax

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Gen. Harl. Esp. I p. 158; Cuniculus béhamensis Catesby a les oreilles arremedies les ongles longs et aigus; le pelage d'un brun ferrugineux un peu meins foncé sur les flancs et les parties afcrieures du corps que sur le dos avec le museau gris bleuâtre et la quene noirâtre. Cette espèce queHarlan a observée vivante habite particulièrement la partie centrale des Etats-Unis.

La MARMOTTE DU MISSOURI Arctomys Missouriensis Warden; A. Ladeviciani Ord Geog. de Guthrie; Harl. Esp. III p. 160 est généralement d'un rouge brun. Elle a la tête large et déprimée en dessus; les yeux grades; i'iris brun obscur; les oreilIes courtes et comme tronquées; les moustaches de moyenne longueur et de couleur noire; en outre de leagues soies naissent au -dessus de l'ceil et sur la joue. Tous les pieds sont pentadactyles couverts de poils très-courts et armés d'ongies noirs assez longs. La queue assez courte présente vers son extrémité une bande brune. Cet intéressant Rongeur dont le Muséum de Philadelphie possède un très-bel individu a recu dit Harlan le nom impropre de Chien de prairie à cause dune ressemblance qu'on a cru trouver entre son cri et l'aboiement du Chien. On imite assez bien ce cri ajoute le même auteur par la syllabetcheh lorsqu'on la prononce avec une sorte de sifflement. Cette espèce surtout abondante dans la province du Missouri où l'on connaît sous le nom de Villages des Chiens prairie certains lieux où se trouvent réunis en grande quantité les terriers de ces Animaux. Quelquesuns de ces villages des Chiens de prairie n'ont qu'une petite étendue mais d'autres ont jusqu'à plusieurs milles de circonférence.

La quatrième espèce admise par Harlan est celle qu'il nomme Arctomys tridccemlineata; c'est le Rondeur décrit par Mitchill sous le nom de Sciurus tridecemlineatus ou l'Ecureuil de la Fédération de plusieurs ouvrages et particulièrement de ce Dictionnaire. Mais (suivant Harlan) c'est à tort qu'il a été placé parmi les Ecureuils dont il s'éloigne à beaucoup d'égards; la forme générale du corps de la tête et des oreilles la longueur la direction et la forme de la queue enfin la forme et la proportion des jambes et des ongles le rapprochent en effet des Marmottes dont il a aussi les mœurs. Au reste Desmarast avait déjà en France soupconné les véritables rapports de cette espèce ou'on pourra nommer Marmotte de la Fédération si (comme nous le pensons aussi) elle doit réellement être placée dans le genre Arctomys. Quoi qu'il en soit Harlan nous apprend qu'elle se creuse des terriers et ne monte pas volontiers dans les Arbres. Elle est répandue dans une grande partie de l'Amérique du nord et se trouve depuis les lacs les plus septentrionaux jusqu'à la rivièred'Arkansa et très-probablement jusque dans le Mexique. (V. pour sa description l'article ECUREUIL T. VI).

La MARMOTTE DE FRANKLIN Arctomys Franklinii Sabine Trans. Lin. T. XIII; Harl. Esp. v. p. 167; connue aussi sous le nom de Marmotte grise d'Amérique a la gorge d'un blanc sale; les poils du dessus du corps sont courts et annelés de noirâtre de blanc sale de noir de blanc jaunâtre et de noirâtre (en sorte que le pelage est d'un gris jaunâtre varié); ceux du ventre sont noirâtres à leur origine d'un blanc sale à leur extrémité; enfin la queue est couverte de poils annelés de blanc et de noir et paraît elle-même dans son ensemble annelée des mêmes couleurs. Les incisives supérieures sont rougeâtres les inférieures plus pâles. On remarque en outre des moustaches (qui sont de couleur noire) de longs poils qui naissent au-dessus et au-dessous de l'œil.

La MARMOTTE DE RICHARDSON Arctomys Richardsonii Sabine loc. cit.; Harl. Esp. VI p. 168 est aussi connue sous le nom de Tawny American Marmot(Marmotte d'Amérique

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couleur de tan). Elle a le sommet de la téte couvert de poils courts noirâtres à la base plus clairs au sommet; le museau couvert de poils brunâtres se joiguant à ceux du sommet de la tête; les joues de même couleur; la gorge d'un blanc sale la partie supérieure du corps couverte de poils courts et doux au toucher qui sont noirâtres à leur base fauves à leur extrémité; le dos à peu près de même couleur que le sommet de la téte; les flance d'un gris brunâtre; les parties inférieures d'un brun roussâtre; enfin la queue couverte de poils annelés longs mais peu abondans. Les oreilles sont ovales et courtes; les ongles de couleur cornée sont arqués et aigus; seulement le doigt interne des pieds de devant très-petit et très-reculé en arrière est terminé par un petit ongle obtus. Harlan n'indique pas d'une manière précise la patrie de cette espèce non plus que celle de la précédente; il ne donne non plus aucuns détails sur leurs mœurs et leurs habitudes.

La MARMOTTE POUDRÉE Arctomys pruinosa Gm. Harl. Esp. VII p. 159 est de la taille d'un Lapin; elle a le bout du nez noir les oreilles courtes et ovales les joues blanchâtres. Le pelage formé de poils cendrés à leur racine noirs dans leur milieu blanchâtres à leur extrémité est dans son ensemble d'un gris blanchâtre. La queue est d'un noir mélangé de roux et les jambes sont noires. La description ae Harlan a été faite d'après un individu que l'on croyait venir du nord de l'Amérique septentrionale.

La MARMOTTE DE PARRY Arctomys Parryii Richardson exp. Franklin: Harl. Esp. VII p. 170; l'Ecureuil de terre Hearne Journ. a les mains antérieures pentadactyles; le museau très-obtus; les oreilles très petites; la queue allongée noire à I'extrémité; le corps marbré de noir et de blanc en dessus d'un roux ferrugiueux en dessous. Cette espèce a des abajoues; elle habite comme la précédente le nord de l'Amériqu septentrionale.

La MARMOTTE BRACHYURE Arcto mys brachyura Harl. Esp. I Supp. p. 304; Anisonyx brachyura Ratin. Burrowing Squirrel(l'Ecureuil fouis seur) Lewis et Clarke exp. Miss avait servi de type à l'éstablissemen du genre Anisonyx de Rafinesque genre qui ne doit pas être conservé suivant Harlan les espèces qui I composaient u'étant que de véritables Marmottes. La Marmotte brachyure est généralement d'un bruitirant sur le gris roussâtre avec ledes sous du corps rougeâtre; la queue forme le septième de la longueur totale d'un brun rougeâtre en dessus et elle est d'un gris de fer en dessous blanche sur les bords. Cette espèce qui vit en société à la manière de l' Arctomys Ludoviciam habite les plaines de la Colombie.

La MARMOTTE ROUSSE Arctomys rufa Harl. Esp. ni Suppl. p. 308; Anisonyx rufa Rafin. est généralement d'un brun rougeâtre; les oreilles courtes et minces sont couvertes de poils courts d'un rouge brun uniforme. Elle habite les plaines boisées de la Colombie où elle ne paraÎt pas être très-commune; car nous apprenons de Harlan que le capitaine Lewis a offert des sommes considérables aux Indiens sans pouvoir se procurer un seul individu vivant.

Enfin la dernière espèce admise par Harlan est celle qu'il nomme Arctomys latrans Esp. II Supp. p 300; c'estlc Barring Squirrel(Ecureuil aboyant) de Lewis et de Clarke (loc. cit.);elleest généralement d'un rouge de brique uniforme avec le dessous du col et le ventre plus clairs que les autres parties du corps. En outre des moustaches on remarque aussi de longs poils qui naissent au-dessus des yeux. Chaque pied a cinq doigts parmi lesquels les deux externes sont les plus courts. Cette espèce qui habite les plaines du Missouri a comme on le voit les plus grands rapports avec l'Arctomys Ludoviciani dont elle pourrait bien ne pas différer. Le Cy-

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nomys social de Rafinesque type du nouvea genre Cynomys de ce naturaliste paraît également se rapporter mêine Animal.

Teles sont les espèces admises dans le genre Arctomys par Richard Harlra; mais il n'est pas impossible que quelques-unes d'entre elles dovient quand elles seront mieux connues en être séparées. C'est ainsi qu'une espèce d'Europe te Souslik long-temps considérée comme une vériuble Marmotte est devenue lorsqu'on l'a étudiée d'une manière plus approfondie le type du nouveau genre Spermophile. V. ce mot. Quant à quelques autres espèces rapportées cosme lui au genre Arctomys on ne possède encore à leur égard que des descriptions fort incomplètes ou méme des indications fort vagues; et en chercherait vainement à établir une manière certaine à quel genre la doivent réellement appartenir. Tels sont: le Maulin Mus Maulinus Molina Arctomys Maulina Sh. qui aurait tous les pieds pentadactrles et les dents semblables pour leur nombre et leur disposition à celles de la Souris: la Marmotte de Circassie de Pennant Mus Tscherkessicus Exxl. qui a les jambes antérieures courtes les yeux rouges et brilles etc. et qui se creuse des terriers aux environs du fleuve Terek; et surtout le Gundi de l'Atlas Mus Gundi Rothmann Arctomys Gundi Gm. qui n'aurait que quatre doigts à tous les pieds. Le Hamster a également recu les noms de Marmotte de Strasbourg et de Marmotte d'Allemagne (V.HAMSTER) et le Damau celui de Marmotte bâtarde d'Afrique (Vosmaer) et de Marmotte du Cap. (V. DAMAN.) (IS. G. ST. H.)

MARMOUTON. MAM. L'un des noms vulgaires des Béliers réservés pour étalons. (B.)

MARNAT. MOLL. Adanson nomme ainsi(Voy. au Sénég. pl. 12 fig. 1) une Coquille du genre Turbo dont Linné a fait une espèce particulière à laquelle il a donné le nom de Turbo punctatus(Syst. Nat. 13e édit. T. I pag-3597 no 37). (D..H.)

MARNE GÉOL. Mélange naturel et dans des proportions très-variables des particules calcaires argileuses et sablonneuses d'une ténuité telle que leur réunion présente à l'œil une substance homogène dont les caractères minéralogiques principaux sont d'être très-peu dure souvent même très-tendre et friable d'avoir l'aspect terne et pulvérulent de se délayer plus ou moins facilement dans l'eau en ne faisant avec celle-ci qu'une pâte courte qui soumise à l' action du feu acquiert peu de dureté et se fond facilement. Ces derniers traits joints à celui de donner lieu à une très-vive effervescence avec l'Acide nitrique distinguent les Marnes des Argiles proprement dites tandis que le résidu considérable qui reste au fond de la dissolution par l'Acide nitrique établit une différence entre elles et les Calcaires sans mélange.

Malgré ces distinctions qui paraissent bien tranchées cependant à l'exception de quelques substances particulières que les usages auxquels elles sont propres font désigner par tout le monde sous le même nom il est difficile de savoir si beaucoup de dépôts dont les couches nombreuses et souvent très-puissantes entrent essentiellement dans la composition des divers terrains secondaires et tertiaires doivent être considérés comme appartenant à des variétés de Calcaire ou d'Argile ou bien comme étant de véritables Marnes. La difficulté qui est ici la même que pour toutes les substances minérales mélangées est d'autant plus grande que dans la même coucue les quantités relatives de Calcaire d'Argile et de Sable varient d'un point à un autre. De-là viennent les expressions journellement employées dans les descriptions géologiques d'Argile marneuse de Calcaire marneux de Marne calcaire oa Marne argileuse Marne sablonneuse etc.; expres-

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sions que loin de bannir il est bon d'employer puisqu'elles expriment vaguement les modifications sans nombre qui existent dans la nature mais dont il faut à ce qu'il me semble se garder de limiter te sens d'une manière trop étroite et trop systématique dans 1a crainte de donner en les employant des idées inexactes.

Les auteurs allemands désignent la Marne sous le nom de Mergel dont Werner ne distinguait que deux variétés: la Marne terreuse Mergel Erde et la Marne endurcie Verhœrteter Mergel qu'il regardait comme des espèces de Calcaires. Haüv ne considérant pas avec raison la Marne comme une substance minérale particulière mais comme un mélange d'Argile et de Calcaire l'appelait Argile calcarifère. Brongniart (Traité de Minéralogie) fait des Marnes une espèce de sou ordre des Pierres argiloïdes sorte d'appendice aux véritables Minéraux et que depuis il comprend dans la classification des Roches d'apparence homogène et tendre.

L'auteur célèbre que nous venons de citer reconnaît parmi les Marnes deux variétés principales: 1° les Marnes argileuses se délayant et faisant une pâte courte avec l'eau variant pour les couleurs du gris au jaune au vert et brun quelquefois marbrées de gris de jaune de rouge. C'est à cette variété qu'il faut rapporter la Terre ou Argile à potier (Marne argileuse figuline) qui ressemble beaucoup a l'Argile plastique par sa texture fine et serrée mais qui a moins de ténacité et se casse plus facilement qu'elle en présentant des surfaces raboteuses dans la cassure. Quoique toujours elle fasse effervescence avec l'Acide nitrique elle ne contient quelquefois que cinq pour cent de Chaux carbonatée et rarement plus de quinze ce qui suffît cependant pour la rendre fusible au feu. La couche puissante de Marne verte qui dans les terrains des en-yirous de Paris et notamment à Montmartre recouvre la formation gypseuse est un exemple de Marne argileuse; c'est elle qui est employée à la fabrication des tuiles des briques des carreaux autour de la ville et qui alimente un grand nombre d'établissemens dans la vallée de Montmorency. Les Marnes argileuses schistoïdes et compactes diffèrent entre elles par leur texture et par leur gisement. La première dont la couleur est assez généralement foncée est quelquefois confondue avec les Schistes et l'Argile schisteuse des terra ins houillers (Schiefersthon) avec lesquels elle se trouve. A la seconde sous-variété se rapportent des Marnes verdâtres et d'un gris marbré qui séparent les bancs de la seconde masse de Plâtre à Montmartre et qui sont employées comme pierre à détacher: on peut en rapprocher aussi quelques Terres à foulon employées en Angleterre et dans d'autres pavs. 2°. Les Marnes calcaires diffèrent des précédentes par la difficulté avec laquelle elle font pâte avec l'eau; on ne parvient à lier les parties humectées que si prélirainanement on les a réduites par le broyement à une très-grande ténuité. Quoique souvent assez dures pour êtres employées dans les constructions les Marnes calcaires n'ont point de ténacité; elles se brisent facilement et souvent elles se réduisent d'elles-mêmes sous l'influence atmosphérique en une poussière fine; leurs couleurs dominantes sont le blanc le jaunâtre; elles offrent beaucoup plus rarement des teintes foncées que les Marnes argileuses. La plupart des couches de Marne qui précèdent et surmontent la formation gypseuse des environs de Paris et celles qui alternent avec les lits de Plâtre appartiennent à la sous-variété de Marne calcaire compacte. Une autre sous-variété offre une structure fissile schistoïde; c'est â elle qu'il faut rapporter les célèbres Schistes calcaires d'OEningen près du lac de Constance du Locle près de Neufchâtcl d'Aix en Provence qui renferment entre leurs feuillets des débris nombreux de Végétaux de

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puissons de Reptiles et de Coquilles l'eau douce. On regarde assez généralement aussi comme des Marnes calcaires schistoïdes celles qui au mont Bolca près Vérone renferment une si prodigieuse quantité d'Ichthyo-lithes; mais la dénomination qu'on leur applique souvent de Calcaire arneux ou de Schiste calcaire les désigne tout aussi bien que ceux des environs d'Eichtedt et de Pappen-heim non moins célèbres par les Fossiles nombreux qu'ils contiennent.

On a donné le nom de Marne silicense feuilletée à une couche particaliere de la formation gypseuse de Montmartre qui au milieu de ses follets contient des rognons ou des les de l'espèce de Silex connu sous le nom de Menilite. Cette Marne qui est brune et se délite en feuillets très-noces est remarquable par la petite quantité d'Alumine et de Chaux qu'elle contient son analyse ayant donné sur cent parties environ seiyante de Silice huit de Magnésie me à quatre d'Alumine une de Chaux etc. Quelques auteurs regardent comme une variété bitumineuse de Marne feuilletée le Minéral qui se trouve auprès de Syracuse en Sicile et auquel Cordier'a donné le nom ée Dusodyle. V. ce mot.

Comme on vient de le voir les Marnes ne contiennent pas seulement de l'Argile du Calcaire et du Sable; la Magnésie les oxides de Fer entrent dans le mélange qui les constitue mais accessoirement. C'est par la présence de la Magnésie que l'emploi de certaines Marnes en agriculture est plus nuisible qu'utile; c'est aux oxides de Fer de Mangtoèse qu'elles doivent leurs couleurs variées. Les paillettes de Mica caractérisent par leur existence presque constante les dépôts puissans et continus qui dans le sud de la France dans les collines sub -apennines la Dalmatie la Hongrie les environs de Vienne en Autriche etc. appartiennent à une même formation moderne riche en Coquilles fossiles.

Bien que l'on trouve quelquefois les Marnés en amas au milieu d'autres substances elles se présentent plus généralement en couches qui alternent avec des Calcaires et des Argiles; elles offrent alors tous les ca ractères de dépôts sédimenteux opérés sous des eaux tranquilles qui tenaient en suspension les particules dont elles se composent et qui dans beaucoup de cas ont été comme plus fines séparées mécaniquement d'un mélangé plus grossier et transportées en raison de leur pesanteur spécifique loin du lieu où s'est fait le premier délayement. Beaucoup de Marnes paraissent avoir été portées par des courans continentaux qui les ont laissé déposer soit daus des lacs soit dans la mer.

En perdant l'eau qui les tenait délayées et en se desséchant les Marnes ont affecté différentes formes; les unes se sont fendillées dans tous les sens d'autres se sont divisées par le retrait en parallélipipèdes et même en colonnes prismatiques analogues à celles des Basaltes. On voit un exemple de cette dernière disposition dans une Marne calcaire blanche et compacte de la formation gypseuse sur les bords de la Seine près d'Argenteuil. Le premier avec notre ami Desmarets nous avons fait connaître il y a plus de seize années une sorte de retrait encore plus remarquable. (Journal des Mines mars 1809.) Nous l'avions observé d'abord dans une couche de Marne calcaire jaunâtre remplie en même temps de cristaux de Sélénite et de nombreuses empreintes de Coquilles marines qui fait partie de la troisième masse de Plâtre visible alors dans une carrière dite de la Hutte-aux-Gardes r au pied de Montmartre du côté de la route de Saint-Ouen mais actuellement comblée. Depuis lors cette même couche a été suivie dans toute la ceinture nord de Paris à partir de Passy jusqu'au faubourg du Temple et elle a présenté les indices d'un semblable retrait. Dernièrement encore y nous venons d'en retrouver des exemples remarquables par certaines

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modifications particulières dont nous parlerons ci-après dans des Marnes calcaires très-dures qui accompagnent les deux bancs d'Huîlres fossiles supérieurs au Gypse à Montmorency Moulignon Saint-Prix. Voici ce que l'on observe dans les premières Marnes que nous avons citées c'est-à-dire dans celles de Montmartre: si l'on frappe un bloc de Marne pour le briser il s'en détache souvent une pyramide à quatre faces striées assez profondément et parallèlement aux côtés de sa base qui sont à peu près égaux entre eux et ont d'un à cinq et six pouces la hauteur de la pyramide est environ égale à la longueur de chacun de ces côtés et son sommet est obtus (V. les planches de ce Dict. fig. 1). La cavité pyramidale laissée dans le bloc de Marne (fig. 2 A) paraît au Premier aspect n'être que le moule ou l'empreinte de la pyramide qui vient de se détacher; mais en examinant et séparant avec précaution le bloc on s'apercoit bientôt que la cavité a pour parois quatre faces d'autant de pyramides semblables à la première et dont les sommets se réunissent en un point central. Enfin le système se complète par une sixième pyramide dont le sommet est directement opcosé à celui de la première pyramide.pour se faire une idée exacte de cette disposition qu'il est difficile d'expliquer sans une figure il faut se représenter un solide cubique (fig. 3) imaginer des plans qui de chacune des arêtes du cube passent à l'arête qui lui est diamétralement opposée et se figurer quelle sera la division opérée dans la masse solide par l'intersection de ces différens plans. Il est évident quil en résultera six pyramides semblables dont tous les sommets seront réunis au centre du cube et qui auront chacune pour base l'une des faces de celui-ci (fig 4). On voit encore que chaque face des pyramides sera en contact immédiat avec l'une des faces d'une autre pyramide. Toutes ces circonstances sont offertes par le mode de retrait que nous cherchons à décrire à l' exception qu'on ne peut pas supposer dans la Marne.la préexistence de solides cubiques à la formation des pyramides; car la base de chacune de celles-ci qui serait l'une des faces du cube n'est jamais libre et apparente; elle se confond toujours avec la masse de la Marne. Avant que d'avoir bien concu cet assemblage des six pyramides et lorsqu'on en trouva isolément quelques-unes on a été tenté de regarder chacune d'elles comme des moitiés d'octaèdre. Aussi malgré l'explication que nous avons donnée dans le temps nous les avons souvent entendu citer sous le nom d'ocfftaèdres de Montmartre. Serait-ce ainsi qu'il faudrait entendre ce que dit de Boru des Marnes présentant des octaèdres? et Emmerline qui dit que l'on a trouvé dans des Marnes des pseudo-cristaux ayant la forme d'une pyramide à quatre faces doubles a-t-il voulu indiquer autre chose que ce mode de retrait? Il nous a toujours paru évident que l'on ne saurait attribuer cette division si singulièrement régulière à une cristallisation et qu'elle ne pouvait avoir été que le produit d'un retrait par dessèchement mais il fa ut avouer que nous croyons difficile de rendre compte d'une manière satisfaisante d'un semblable effet par cette cause. La solution de cette question a excité l'attention de plusieurs savans; Girard a recherché si la division observée n'avait pas pu être occasionée par une pression comparable à celle exercée sur l'une des deux faces parallèles d'un solide prismatique et particulièrement d'un cube dont l'autre face serait appuyée sur un plau résistant. Ce savant ingénieur étayait sa supposition par des calculs rigoureux et par les observations entreprises par Coulomb et Rondelet pour connaître la force avec laquelle les différentes pierres employées dans les constructions résistent au poids des masses dont elles sont chargées. Eu effet Rondelet avait vu que des cubes de matièrl homogéue de pierre calcaire par exemple étant fortement

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comprimés sur deux faces parallèles a partageaient en six pyramides arables. Mais par cette explication ingénieuse on ne peut rendre mun des stries que présentent les faces des pyramides qui devraient ère lisses; et au surplus on rencontre ces pyramides dans la même cou-àe placées suivant des directions qui se croisent;de plus les sommets des x pyramides qui sont obtus ainsi que nous l'avons dit laissent entre eux un vide qui au lieu de faire prétæmer une pression indique au contraire un écartement ou retrait. Cest cette dernièrc observation qui lie le les précédent à celui qui nous reste à rapporter et que voici: dans la calcaire très-compacte des commets de Montmorency Moulicron Saint-Prix on observe un grand membre de cavités cubiques dont les plus petites ne sont visibles qu'à la pe et dont les plus grandes n'ont use quelques lignes de diamètre. les remarquâmes long-temps sans pouvoir nous rendre compte d'une telle régularité; nous vîmes que plus ces cavités étaient grandes et moins les parois en étaient planes; celles-ci devenaient de plus en plus convexes de sorte que les angies de reunion étaient plus aigus. Il nous fnt facile de concevoir qu'en exaîerant par la pensée cet effet croissant la masse solide au centre de la quelle était la cavité cubique serait divisée en six pyramides qui auraient chacune pour sommet la paroi convexe de la cavité et nous vîmes alors dans chacune de celles-ci lorigine d'unedivision pyramidale analogue à cellesdes Marnes de Montmartre V.les planches de ce Dict. fig. 5). Notre conjecture ne tarda pas à devenir aue vérité démontrée; car nous sûmes fie dans les mêmes couches on avait trouvédes pyramides isolées et nous en rencontrâmes nous-même quelques fragmeos. L'identité d'origine ne peut à donc plus être contestée pas plus à ce qu'il nous semble que la cause qu'il faut regarder comme un mode derstrait particulier dont le caractère serait d'avoir commencé dans plusieurs points isolés au milieu d'une masse plus ou moins molle. Mais qui a déterminé le retrait à commencer ainsi? c'est ce que nous ne saurions expliquer. Nous nous contenterons do faire remarquer que si dans une pâte humide une cause quelconque vient faire qu'un point central se dessèche plus tôt que ceux qui l'environnent (la disparition par exemple d'une ou plusieurs mo-écules d'eau qui se combineraient chimiquement avec d'autres molécules accessoires dans la pâte) les molécules s'écarteront de ce point dans des directions opposées; et la pâte diminuant de volume en raison inverse de son éloignement du point central où a commencé le dessèchement il se fera nécessairement des solutions de continuité des fentes qui auront lieu suivant les diagonales différentes des forces les plus rapprochées. Si le retrait s'opère dans six directions principales opposées les unes aux autres douze fentes seront produites chacune sur la ligne intermédiaire entre deux forces perpendiculaires l'une à l'autre à partir du point central; et le résultat sera la division de la pâte en six pyra-mides dont la hauteur et la largeur croîtront avec le desséchement et dont par conséquent les bases ne sauraient exister réellement. Le phénomène n'aura-t-il pas quant aux effets beaucoup d'analogie avec ceux de la pression extérieure quoique produit par une cause agissant du dedans au dehors?

Les Marnes en général jouent dans la nature un rôle dont l'importance est bien supérieure à celui de la plupart des substances minérales simples dont l'existence n'est presque toujours qu'accessoire dans les couches dont se compose l'écorce terrestre tandis que celle-ci est dans beaucoup de lieux essentiellement formée ne Marnes; elles entrent pour près des deux tiers dans la composition de certains terrains comme ceux qui constituent les collines sub-

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apennînes el on les retrouve dans presque toutes les formations. Plusieurs variétés alternent avec les lits de Schiste de Grès et de Charbon de terre dans les terrains houillers. Des Marnes diversement colorées en vert et surtout en rouge abondent tellement dans les terrains gypseux et muriatifères que les Anglais ont désigné spécialement celui de ces terrains qui sépare la formation houillère des Calcaires oolithiques sous le nom particulier de Marne rouge (red Marl). Les grands dépôts de Calcaire jurassique sont entrecoupés par des séries puissantes de couches marneuses dont la couleur dominante est le gris et le verdâtre. Quelquefois les couches de Marne qui alternent avec des dépôts très-coquilliers ne renferment pas de Fossiles ou bien ceux qu'elles renferment sont dans un état de conservation différent de celui des couches inférieures ou supérieures; ils sont en général plus entiers; elles renferment des sque lettes d'Animaux qui sont entiers et des débris de Végétaux bien conservés. Sous le rapport de la nature des Fossiles qu'elles renferment on peut distinguer des Manies «narines et des Marnes d'eau douce; mais il faut remarquer que dans les premières des débris d'êtres terrestres ou fluviatiles sont associés aux dépouilles généralement entières de productions marines.

Les Marnes ne sont pas seulement d'un grand intérêt pour le géologue; les usages auxquels elles sont propres invitent les fabricans et surtout les agriculteurs à les rechercher et à étudier leur variable composition; elles sont employées comme nous l'avons déjà dit pour la fabrication des poteries des tuiles carreaux etc. pour le dégraissage des draps etc.; mais leur emploi sur les terres cultivées pour en modifier la nature et les renore plus fertiles est de la plus haute importance. Le marnage des terres est une pratique suivie de temps immémorial en certaines contrées et que la routine n'a pas jusqu'à présent laissé s'établir dans d'autres qui en possèden t tous les moyens et en retireraient les plus grands avantages. Pour le succès de l'opération non-seulement il n'est pas indifférent d'employer toute espèce de Marne mais il faut encore que les qualités de celle employée soient en rapport avec là nature de la terre que l'on veut amender par ce moyen. Les Marnes argileuses par exemple conviennent aux terres sablonneuses qu'elles rendent plus tenaces et plus propres à retenir l'humidité; les Marnes calcaires au contraire serviront à ameublir les terres argileuses trop grasses; les Argiles ou les Sables purs pourraient à la rigueur opérer ces deux actions mécaniques; mais il paraît que la quantité de carbonate de chaux qui entre dans la composition des Marnes exerce une action chimique favorable à la végétation soit que ce sel absorbe l'oxigène de l'air soit qu'il fournisse aux Plantes de l'Acide carbonique et rende soluble l'humus qui doit les nourrir. Quoi qu'il en soit il est certain que l'effet des Marnes sur les terres n'est pas rapide; il n'est le plus souvent sensible que la seconde la troisième ou même la quatrième année mais il dure jusqu'à quinze années et plus. Il faut que l'expérience apprenne au cultivateur quelle est la quantité de Marne qu'il doit répandre sur sa terre car une trop forte dose peut produire une stérilité complète. Pour les employer les Marnes doivent être réduites en poudre; et beaucoup d'entre elles qui paraissent fort dures s'y réduisent d'elles-mêmes en se délitant par leur exposition à l'air. Aussi est-on dans l'habitude dé les laisser réunies pendant quelque temps en tas auprès des marnières avant que de les employer. A defaut de Marne proprement dite on emploie atux mêmes usages dans quelques contrées la Craie des amas de Coquilles fossiles (Faluns) des Vases e mer et même la Chaux éteinte à l'air. Il faut éviter de se servir des Calcaires ou Marnes qui contiennent

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temp de Magnésie parce qu'il paraît que cette substance frappe les terres de stérilité. (C. P.)

* MARO. BOT. PHAN. (Garcia é par l'Ecluse.) Syn. de Cocotier. (B.)

* MAROC OU MOROC. OIS. Espèce du genre Coucou. (B.)

MAROCHOS. OIS. (Albert -le-Grand.) Le Guêpier commun. (B.)

MAROLY. OIS. Valmont de Bouare croit reconnaître l'Orfraie dans I'Oiseau imaginaire si bizarrement déent sous ce nom par La Chesnayedes-Bois. (B.)

* MARON ROTI. MOLL. Pour MERRON ROTI. V. ce mot. (B.)

* MARONITE MIN. (Link.) Syn. De Macle. V. ce mot. (G..N.)

MAROTOU. OIS. et BOT. L'un des noms vulgaires du Milan dans cercoins cantons de la France océanique. On l'etend aussi aux Souchets Cyperns: (B.)

MAROTTI. BOT. PHAN. L'Arbre du Malabar décrit et figuré sous ce nom par Rhéede ne peut être rapporté avec quelques probabilités a aucun des genres connus. Les caractères que cet auteur en a donnés ne suffisent même pas pour déterminer fans quelle famille on doit le placer; car Jussieu indique mais avec beaucoup de réserve les Sapindacées ou plutôt les Berbéridées. (G.. N.)

MAROUETTE. OIS. Espèce du genre Gallinule. V. ce mot. (DR..Z.)

MAROUTE. BOT. PHAN. Nom vulgaire d'une espèce de Camomille devenue le type du genre Maruta de Casini. V. MARUTA. (G..N.)

MARQUETTE MOLL. Les pêcheurs donnent ce nom à de jeunes Sèches qu'ils emploient comme appât. (B.)

MARQUISE BOT. PHAN. Variété de Poires. (B.)

MARRACHÉMIN. BOT. PHAN. L'un des noms vulgaires du Marrube commun dans certains cantons de la France. (B.)

MARRON OU CIMARRON. ZOOL. Nous saisissons l'occasion que nous fournit ce mot qui se rattache si douloureusement à l'histoire du genre hu main pour citer un passage de Virey aussi bien écrit que bien pensé. « Ce mot supplique pareillement dit-il à tous les Animaux échappés au joug de l'Homme. Le MARRON est surtout le Nègre qui s'est enfui de l'habitation de èon maître et qui se cache dans les bois les cavernes et les montagnes pour échapper aux châtimcns rigoureux dont on l'accable. Le misérable végète tristement dans les lieux déserts cherchant quelques racines agrestes quelques mauvais fruits rebut des Animaux pour soutenir sa vie. Loin de son pays de sa. famille de ses amis il demeure toujours en crainte d'être découvert et tuépar les blancs. Dans les colonies les blancs vont en effet à la chasse des Nègres Marrons ou fuyards et les tuent a coups de fusil comme des bêtes. Si de tels malheureux accablés de misère reviennent demander leur grâce on les punit cruellement on les attache à une grande chaîne pour les empêcher de fuir désormais; ils y sont pour le reste de leurs jours à la merci d'un Homme qui ayant tout pouvoir sur eux est intéressé à ' multiplier leurs travaux sans qu'il leur en revienne le moindre profit:ils se trouvent encore heureux lorsqu'on ne les accable pas de coups.ff

Nous avonscounu personnellement des créoles et des blancs qui n'avaient d'autre état que celui de chasseurs d'Hommes.Ils battaient les bois elles montagnes chargés de cordes pour atfacher les malheureux qu'ils venaient à surprendre; et lorsque ne pouvant les saisir pour les revendre ils les tiraient comme on tire le gibier leur habitude était de couper la main du mort afin de la porter au gouvernement qui payait une prime pour ces sortes d'offrandes. Dès que de tels chasseurs savent qu'il s'est échappé un es-

TOME X. 13

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clave de quelque habitation ils vont chez le propriétaire et s'arrangeât avec lui à bas prix pour la 'propriété du fuyard. Nous avons encore vu un de ces Marrons reconduit chez son maître auquel celui-ci fit couper la jambe droite pour le mettre dans l'impossibilité de retourner au bois; ainsi mutilé le malheureux était employé à épouvanter par des cris les Oiseaux et les Singes le long des champs de Maïs ou de Riz. De tels exemples sont fort rares à Mascareigne;plus fréquens à l'Ile-de-France assez communs à la Guiane très-nombreux à la Martinique et furent si multipliés à Saint-Domingue que les plaintes des victimes parvinrent enfin jusqu'au Dieu veugeur.

On a encore étendu le nom de MARRON à d'autres créatures moins à plaindre sans doute que les nègres et appelé ainsi une espèce de Poisson du genre Spare.

MARRON ÉPINEUX un Conchifère du genre Came.

MARRON ROTI le Murex Ricinus etc. etc. (B.)

MARRON BOT. Ce nom désignait premièrement les plus belles Châtaignes choisies pour les tables recherchées. On l'étendit à d'autres Végétaux; ainsi l'on appela:

MARRON D'INDE les fruits de l'Hippocastane.

MARRON DE COCHONS les racines du Cyclame commun.

MARRON D'EAU les fruits de la Macre.

MARRON NOIR un Agaric dans Paulet. (B.)

MARRONNIER BOT. PHAN. L'un des noms du Châtaignier quon a étendu à l'Hippocastane appelé vul-gairemeut MARONNIER D'INDE et au Pavia appelé MARONNIER A FLEURS ROUGES. V. HIPPOCASTANE et PAVIA. (B.)

MARRUBE. Marrubium. BOT. PHAN. Genre de la famille des Labiées et de la Didynamie Gymnospermie L. ainsi caractérisé: calice tubuleux cylindrique à dix stries et à cinq ou dix dents; corolle hilabiée dont le tube est un peu plus lonç que le calice légèrement arqué; la lèvre supérieure dressée plane étroite et ifide; l'inférieure a trois lobes inégaux deux latéraux plus petits ovales et obtus celui du milieu plus grand et échancré; étamines didynames très-courtes renfermées dans l'intérieur de la corolle; style très-court terminé par un stigmate à deux lobes inégaux. Ce genre se compose d'une vingtaine d'espèces dont la plupart sont indigènes de l'Europe méridionale et orientale. On en cultive plusieurs dans les jardins de botanique; et quelques -unes par exemple le Marrubium peregrinum si ce n'était la petitesse de leurs fleurs mériteraient de fixer l'attention des amateurs comme Plantes d'ornement. Les deux espèces suivantes offrent assez d'inlérét pour que nous en donnons une courte description.

Le MARRUBE COMMUN Marru-bium vulgare L. et Rich. Bot.Méd. p. 261 a une racine vivace qui donne naissance à des tiges dressées longues de trois à six décimètres rameuses velues et blanchâtres; les feuilles sont pétiolées ovales aiguës crénelées crépues et cotonneuses; les fleurs sont blanches petites formant aux aisselles des feuilles des verticillcs compactes accompagnés en dehors de nractées subu ées et courtes. Cette Plante est fort commune dans les lieux incultes sur le bord des routes et des fossés de presque toute l'Europe. Elle disparaît cependant en certaines contrées comme par exemple dans la ré-gion Alpine. Le Marrube est d'une odeur aromatique comme musquée et d'une saveur âcre qui dénotent en lui des propriétés assez actives. C'est un bon stimulant dont l'usage peut convenir dans certains cas d'a-ménorrhée et dans les catarrhes chroniques.

Le MARRUBE FAUX-DICTAMNE Marrubium Pseudo-Dictamnus L. est originaire de l'île de Crète et on le cultive dans les jardins de botanique.

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Ses tiges sont sous-frutescentes hautes de cinq à six décimètres coumtes ainsi aqe toutes les parties delà Plante d'un duvet blanchâtre et très-abondant; les feuilles sont cordiformes presque arrondies cré-bdées et très-ridées; les fleurs de couleur rosée sont disposées par verticilles rapprochés et accompagnés de bractées spatulées et velues. On a cru que cette Plante représentait le fameux Dictamne de Crète des poeies de l'antiquité; mais il est plus pobeble que ce spécifique était une epice d'Origan. (G..N.)

MARRUBIASTRUM. BOT. PHAN. les espèces dont se composait le gener constitué sous ce nom par Tournefort ont été réparties dans les genres Sideritis Stachys et Leounis de Linné. V. ces mots. (G..N.)

MARRUBIUM. BOT. PHAN. V. MARRUBE.

MARS. INS. Geoffroy appelle «nsi le Papilio Ilia de Fabricius. Ce nom a servi depuis à désigner une petite famille du genre Nymphalis de Latreille. V. NYMPHALE. (G.)

MARS. MIN. Syn. de Fer chez les alchimistes d'où il était passé dans la chimie ancienne. (B.)

MARSAN A. BOT. PHAN. (Sonnerat.) Syn. de Murraya. (B.)

MARSCHALLIA OU MARSHALLIA. BOT. PHAN. Ce nom énérique a eu deux emplois. Scopoli la substitué à celui de Racoubea genre d'Aublet qui a été réuni à l' Homalium de Jacquin. Dans son édition du Systema Vegetabilium de Linné Gmelin tout en adoptant cette substitution a également admis la même dénomination dont s'était servi Schreber pour un genre de Synanthérées qui a reçu depuis d'autres noms tels que ceux de Persoonia Trattenichia et Phyteumopsis proposés par Michaux Persoon et Poiret. C'est donc à ce dernier genre que le nom de Marschallia doit être appliqué principalement à cause de son antériorité.

Le Marscàallia appartient aux Corymbifères de Jussieu et à la Syngé-nésie égale de Linné. Il offre pour caractères essentiels: involucre composé d'écailles lancéolées disposées presque sur deux rangs; réceptacle garni de paillettes de la longueur de l'involucre; calathide de fleurs toutes hermaphrodites et fertiles dont la corolle est régulière à cinq divisions linéaires; ovaire allongé surmonté d'un style à deux stigmates réfléchis; akène ovale strié surmonté de cinq paillettes membra-neuses. Ce genre se compose de trois espèces M. lanceolata latifolia et angustifolia qui habitent la Caroline et les contrées voisines de l'Amérique du nord. (G..N.)

MARSDÉNIE. Marsdenia. BOT. PHAN. Genre de la famille des Asclépiadées et de la Pentandrie Digynie L. établiparR. Brown (in Wern. Transact. 1 p. 28) qui l'a ainsi caractérisé: corolle urcéolée quin-quéfide quelquefois rotaéée; couronne staminale à cinq folioles comprimées indivises et simples intérieurement; anthères terminées par une membrane; masses polliniques dressées fixées par la base; follicules lisses; graines aigrettées. Ce genre est extrêmement rapproché du Pergularia duquel selon R. Brown lui-même il ne diffère que par les folioles simples de la couronne staminale tandis qu'elles sont augmentées d'une laciniure dans les Pergu-laires. Les cinq espèces qui composent ce genre croissent dans la Nouvelle-Hollande entre les tropiques. Ce sont des sous -Arbrisseaux le plus souvent volubiles à feuilles opposées assez larges et planes; à fleurs tantôt en cymes tantôt en thyrses situés entre les pétioles. Brown (loc. cit. et Prodr. Nov.-Hol. p. 461) les a distribués en deux sections. La première caractérisée par son stigmate mu tique renferme les Marsdenia velutina viridiflora cinerascens et suaveolens. Cette dernière espèce a été décrite avec plus de détails et figurée par Rudge. (Transact.

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of Linn. Society X p. 299 tab. 21.) La secopde section ne contient qu'uno seule espèce M. rostrata. Elle se distingue des vraies Marsdénies par son stigmate rostré; les masses polliniques sont réniformes presque transversales fixées par leur extrémité qui est éloignée du corpuscule du stigmate. Cette section est désignée par R. Brown sous le nom de Nephrandra. (G..N.)

MARSEA. BOT. PHAN. (Adanson.) Syn. de Baccharis. (B.)

MARSEAU ou MARSAULT. BOT. PHAN. Même chose que Marceau. V. ce mot. Ces orthographes devraient être préférées vu l'étymologic qui vient de ce que le Saule ainsi nommé fleurit dans le mois de mais. (B.)

MARSETTE. BOT. PHAN. L'un des noms vulgaires du Phleum pratense. (B.)

MARSHALLIA BOT. PHAN. V. MARSCHALLIA.

MARSILÉACÉES. Marsiieaceœ. BOT. CRYPT. Cette petite famille désignée successivemeut sous les noms de Rhizospermes de Salvinièes et de Marsiléacées paraît avoir été plus généralement adoptée sous ce dernier nom. Quoique ne renfermant que quatre genres elle se divise en deux groupes très-naturels et assez différons pour qu'il soit très-difficile de donner un caractère commun et exact à toute la famille.

Dans les MARSILÉACÉES PROPREMENT DITES renfermant les deux genres Marsilea et Pilularia on observe à la base des feuilles des involucres coriaces épais indéhiscensou s'ouvrant en plusieurs valves divisés intérieurement par des cloisons membraneuses en plusieurs loges; chacune de ces loges renferme des organes de deux sôrtes qui sont insérés à une partie de ses parois; les uns en moins grand nombre sont des ovaires ou plutôt des graines composées d'une membrane extérieure transparente se gonflant par l'humidité et devenant une couche épaisse de substance gélatineuse et d'une membrane interne dure et coriace jaune qui présente à sa surface un point particulier par lequel doit sortir l'embryon lors de son développement; mais qui du reste n'offre aucune continuité vasculaire avec la Plante mère; la graine est tout-à-fait libre au milieu de la substance gélatineuse; les autres organes plus nombreux sont des sacs. membraneux se gonflant légèrement par l'humidité s'ouvrant alors au sommet et renfermant au milieu d'un mucus gélatineux des globules sphériques assez nombreux beaucoup plus petits que les graines. Les Plantes qui composent cette section rampent au fond des eaux stagnantes peu profondes et sont complètement submergées. Leurs feuilles sont enroulées en crosse avant leur développement comme daus les Fougères.Dans la Pilulaire ces feuilles ne doivent être regardées que comme des pétioles dont les folioles sont avortées; dans le Marsilea les folioles ont une structure tout-à-fait semblable à cette des pin-nules de certaines Fougères; mais ce n'est que par leurs organes végétatifs que ces deux familles se ressemblent; leur fructification est tout-à-fait différente.

Dans la secondé section de cette famille à laquelle on peut conserver la nom de SALVININIÉES et qui renferme les genres Salvinia et Azolla on trouve à la base des feuilles des involucres membraneux de deux sortes et renfermant des organes diffé-rens; les uns contiennent une grappe de graines qui sont ovoïdes et ne renferment qu'un seul embryon dans le Salvinia tandis qu'elles sont sphériques et contiennent six à neuf embryons daus l'Azolla; le tégument de ces graines est mince réticulé brunâtre et ne se gonfle pas dans l'eau comme celui des vraies Marsiléacées; le pedicelle assez long qui les supporte parait renfermer un vaisseau qui dans le Salvinia vient s'insérer latéralement sur la graine. Les autrès involucres regardés com-

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me des organes mâles ont une structure assez compliquée dans l'Azolla ou ils ont été bien observés par R. Brown. V. AZOLLA. Dans le Salvins (V. fig. 2 c d de l'Atlas de ce Dictionnaire) ils renferment un grand nombre de grains sphériques attachés par de longs pédicelles à une colonne centrale; ces globules sont beaucoup plus petits que les graines; leur surface est également réticulée et ils ne se rompent pas par l'action de l'eau. Toutes les Plantes de cette scction flottent sur l'eau; leurs feuilles opposées dans le Salvinia alternes dans l'Azolla ne sont pas enroulées en ensse dans leur jeunesse et n'ont pas du tout la structure de celles des Fougères. L'ensemble de ces caractères établit des différences bien notables entre ces Plantes et les vraies Marsiléacées et sous plusieurs rapports elles forment le passage entre cette famille et celle des Lycopodiacées.

Les expériences de germination faites sur le Salvinia et sur le Pilularia avaient prouvé depuis long-temps que dans ces Plantes les globules les plus gros étaient de vraies graines: l'analogie nous permettait de l'admettre pour les organes analogues des Marsilea et des Azolla; mais il restait encore à prouver que les autres organes étaient de vrais organes mâles dont le concours était nécessaire au développement des graines; c'est ce que Savi professeur à Pise nous paraissait avoir établi d'une manière claire. Le Salvinia croît abondamment aux environs de cette ville et les expériences ont pu être faites sur des Plantes fraîches et en bon état. Il a mis dans des vases différens: 1° des graines seules; 2° des globules mâles seuls; 3° les uns et les autres mêlés. Dans les deux premiers vases rien n'a germé; dans le second les graines sont venues à la surface de l'eau et se sont parfaitement développées. Cependant G.-L. Duvernoy vient de publier une Dissertation sur cette Plante dans laquelle il annonce qu'ayant répété les expériences de Savi il n'a pas obtenu les mêmes résultats que lui et que les'graines mêmes séparées des globules sphériques se sont parfaitement dére loppées; ce sujet est donc encore loin d'être parfaitement éclairci et exige de pouvelles recherches tant sur cette Plante que sur les vraies Marsiléacées. On a beaucoup discuté pour savoir si dans ces Plantes l'embryon est visible avant la germination. aucun auteur n'a pu le voir clairement et il faut avouer aue la petitesse de ces graines rena une semblable recherche très-difficile. D'ailleurs si comme ces auteurs le prétendent il ne peut exister d'embryon sans fécondation et que dans ces Plantes la fécondation n'ait lieu qu'après la dissémination des graines par le séjour dans le même milieu des organes mâles et femelles il est évident qu'on ne devra chercher l'embryon que lorsque cette fécondation aura eu lieu c'est-à-dire peu de temps avant le commencement de la germination ou plutôt au moment même ou la germination commence; car il nous paraît impossible de concevoir que dans ces Plantes la fécondation puisse s'opérer pendant que les grai-nes sont encore renfermées dans les involucres puisqu'à cette époque les organes mâles sont renfermés dans des organes parfaitement clos et que d'ailleurs les involucres femelles n offrent aucun organe propre à transmettre le fluide fécondant du dehors en contact avec les graines dans les espèces à involucres mâles et femelles distincts. Il nous paraît donc certain ou qu'il n'y a pas de fécondation ou qu'elle a lieu après que les graines sont sorties des involucres qui les renfermaient.

Le genre que nous avons établi parmi les Plantes fossiles sous le nom de SPHÉNOPHYLLITES nous parait devoir se rapporter à la famille des Marsiléacées quoique bien distinct de tous les genres qu'lle renferme actuellement. V. SPHéNOPHYLLITES. (AD. B.)

MARSILEE. Marsilea BOT. CRYPT.

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(Marsiléacées.) Micheli créa d'abord sous ce nom un genre qui depuis fut réuni aux Jungermannes; il renfermait toutes les espèces dont la fronde est continue lobée et appliquée sur la terre. Depuis Linné transporta le nom de Marsilea au genre que Jussieu avait désigné sous celui de Lemma. La nomenclature de Linné ayant été généralement adoptée c'est ce genre dont nous allons tracer les caractères.

Les Marsilées sont des Plantes aquatiques dont la tige rampe dans les eaux peu profondes; de ces tiges naissent des feuilles portées sur un long pétiole et composées de quatre folioles cunéiformes opposées en croix; à la base de ces feuilles ou sur leurs pétioles même sont insérés un deux ou trois involucres coriaces in-déhiscens ovoïdes aplatis; ces involucres sont divisés par des cloisons verticales membraneuses en deux ou quatre grandes loges qui sont elles-mêmes subdivisées par d'autres cloisons horizontales en loges linéaires transversales; chacune de ces loges renferme des organes de deux sortes insérés aux membranes qui forment les cloisons; les uns sont des vésicules membraneuses se gonflant légèrement par l'immerSion dans l'eau; de forme ovoïde parfaitement transparentes renfermant dans leur centre une graine elliptique lisse d'un jaune pale paraissant tronquée ou perforee vers la base. Ces organes sont insérés sur la partie des cloisons qui est la plus procne de la circonférence ou de l'involucre: on n'apercoit rien à leur surface qui puisse être comparé à un style quoique quelques auteurs aient prétendu qu'il en existe un au sommet de chaque vésicule; elle est au contraire parfaitement lisse et formée par une membrane uniforme. Les autres organes sont insérés vers le milieu des cloisons; ce sont des vésicules membraneuses plus petites que les précédentes moins régulières ovales ou oblongues parfaitement transparentes et renfermantun assez grand nombre de grains sphériques libres très serrés d'un jaune clair dont la surface parait elle-même chagrinée ou granuleuse.

Il est difficile de ne pas reconnaître dans les premiers de ces organes des graines analogues à celles qu'on a vu germer dans la Pilulaire et dans les seconds des anthères à une seule loge renfermant des grains de pollen. La germination de ces Plantes n'a pas encore été observée; mais il est extrêmement probable que chaque graine ne donne naissance qu'à une seule Plante et que les globules renfermés dans ces graines qu'Hedwig a indiquées comme des graines ne sont qu un périsperme granuleux analogue à celui des Chara et de la Pilulaire avec laquelle ce genre a tant d'affinité.

Le genre Marsilea est le type de îa famille des Marsiléacées et réuni à la Pilulaire avec laquelle il a les rapports les plus intimes il forme une section remarquable par ses involucres qui renferment les deux sexes réunis par l'analogie de structure de ses organes sexuels enfin par l'enroulement des feuilles en crosse et par la structure de ces feuilles caractères qui lient cette famille à celle des Fougères

Linné avait d'abord réuni à ce genre sous le nom de Marsilea natons la Plante dont Micheli avait formé son genre Salvinia genre parfaitement distinct et qui a été rétabli depuis et adopté généralement.

Les vraies Marsilées forment un genre extrêmement naturel tant par les caractères de leur fructification que par ceux de leur végétation. On connaît huit espèces de ce genre. L'une le Marsilea quadrifolia paraît se retrouver sans différences appréciables dans les lieux les plus éloignés du globe; elle est abondante dans l'Europe tempérée et méridionale; elle croît dans l'Amérique méridionale dans le Népaul àla Nouvelle-Hollande et à l'île Maurice. Les autres espèces croissent la plupart dans les régions les plus chaudes du globe dans l'Inde au cap de Bonne-Espé-

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rance à la Nouvelle-Hollande en Egypte. Le Marsilea Ægyptiaca est figureé dans les planches de ce Dictionnaire (fig. 3 a). C'est une des plus petites espèces de ce genre; les pétioles longs de quatre à cinq centimètres portent quatre folioles étroites cunéiformes irrégulièrement lobées à leur extrémité (b); les involucres sont solitaires (c) portés sur un pédoncule distinct et non pas insérés sur le pétiole comme cela a lieu pour la plupart des autres espèces; ils sont légèrement velus presque quadrilatères et divisés en quatre loges par des cloisons verticales (d e); ils renferment un assez grand nombre de graines et d'anthères entremêlées.

Úne nouvelle espèce de ce genre vient d?ecirc;tre découverte au Sénégal par Le Prieur jeune et ardent botaniste que l'amour de la seience a déterminé à aller affronter ces climats dangereux; sa taille de beaucoup intérieure à celle de toutes les espèces connues l'a engagé à donner à cette Plante le nom de Marsilea pygmea. Comme le M. Ægyptiaca ses involucres sont solitaires et partent de la tige elle-même et non des pétioles des feuilles; ils sont comprimés presque triangulaires insérés latéralement au sommet des pédoncules; leur surface externe est lisse et brillante d'un brun rouge; leur cavité est simple et n'est pas partagée par des cloisons. Elle renferme des graines elliptiques et des anthères entremêlées insérées aux parois; les feuilles sont portées sur des pétioles beaucoup plus longs que les pédoncules mais qui n'ont cependant pas plus de cinq à six lignes; les folioles sont cunéiformes arrondies au sommet et trèsentières; leur tissu est épais et coriace. (AD. B.)

* MARSIO ET MARSIONE. POIS. Noms vulgaires de l'Aphye espèce de Gobie. V. ce mot. (B.)

MARSIPPOSPERMUM. BOT. PHAN. (Desvaux.) V. JONC.

* MARSOLEAU. OIS. Syn. vulgaire de la Linotte. V. GROS-BEC. (DR..Z.)

MARSOUIN. MAM. Espèce du genre Dauphin. V. ce mot ainsi que pour les autres Mammifères auxquels ce nom fut étendu comme type d'un sous-genre. (B.)

MARSUPIAUX. Marsupialia. MAM. L'une des divisions les plus remarquables de la grande classe des Mammifères et l'une des familles du règne animal dont l?eacute;tude est la plus propre à éclairer la théorie physiologique de la génération à cause des phénomènes singuliers que présente cette fonction dans les espèces qui la composent. Les petits ne se développent pas comme chez tous les autres Mammifères dans la matrice mais dans une poche ou selon l'expression usitée dans une bourse extérieure formée par un repli de la peau de l'abdomen et soutenue par un os particulier. De-là le nom de Marsupiaux ou d'Animaux à bourse donné ces êtres singuliers qu'on appelle souvent aussi Didelphes c'est-à-dire Animaux à deux matrices parce que la bourse a été comparée à un second utérus; mais on désigne plus ordinairement de cette dernière manière le genre de Marsupiaux le plus anciennement connu.

Ces Quadrupèdes offrent tous les mêmes modifications de l'appareil sexuel; mais les autres organes et particulièrement ceux de la mastication de la digestion et du mouvement se rapportent pour ainsi dire à autant de types différens qu'il existe de genres parmi eux. Aussi parmi tous les caractères que nous pourrions indiquer comme appartenant aux Animaux à bourse n'en est-il pas un seul qu'on puisse dire commun à toute la tribu et qui ne soit au contraire propre seulement à quelques-unes ou même à une seule des subdivisions qu'elle comprend. Ces subdivisions qu'il est donc important de faire connaître sont suivant la méthode de Cuvier au nombre de six (T. I Règne Animal).

La première a de longues canines et de petites incisives aux deux má-

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choires des arrière-molaires hérissées de pointes et en général tous les caractères des Carnassiers insectivores. Le pouce des pieds de derrière est opposable et manque d'ongle. Elle correspond à la famille des Entomophages de Latreille et comprend le genre Didelphis de Linné le genre Chironectes d'Illiger et les genres Dasyurus et Perameles de Geoffroy Saint-Hilaire.

La seconde subdivision porte à la mâchoire inférieure deux longues et larges incisives pointues et tranchantes par leur bord couchées en avant et auxquelles il en répond six à la mâchoire supérieure. Les canines supérieures sont encore longues et pointues; mais il n'y a plus pour canines inférieures que des dents si petites qu'elles sont souvent cachées par la gencive; quelques espèces n'en ont même pas du tout. Elle comprend le genre Phalangista de Geoffroy et le genre Petaurus de Shaw.

La troisième subdivision a beaucoup de rapports avec la seconde; mais elle manque de pouces postérieurs et de canines inférieures. Elle ne comprend que le genre Hipsyprymnus d'Illiger.

La quatrième ne diffère de la précédente que parce qu'elle n'a point du tout de canines; elle comprend le genre Kangurus de Geoffroy.

La cinquième que forme le genre Phascolarctos de Blainville a deux longues incisives sans canines à la mâchoire inférieure et à la supérieure deux longues incisives au milieu quelques petites sur les côtés et deux petites canines.

Enfin la sixième ne différe de l'ordre des Rongeurs que par le mode d'articulation de la mâchoire inférieure; elle ne comprend que le genre Phascolomys de Geoffroy.

Les genres qui appartiennent à ces six subdivisions ont été considérés par Cuvier comme constituant la quatrième famille des Carnassiers; mais Geoffroy Saint-Hilaire et Latreille en ont formé un ordre distinct; et Blainville les regarde même comme composant une sous-classe particulière. Si en effet les Didelphes et les Pasyures sont de véritables Carnassiers et les Phascolomes de véritables Rongeurs comme tous les mammalogistes en conviennent on doit convenir également que dans un système rigoureux ils ne peuvent être réunis dans le même ordre: car n'est-il pas évident que le Rongeur didelphe est aussi éloigné par ses rapports naturels du Carnassier didelphe qu'un Rongeur ordinaire l'est d'un Carnassier ordinaire ou monodelphe? Au reste Cuvier qui comme nous l'avons dit ne formait de tous les Animaux à bourse qu'une seule famille avait lui-même eu cette pensée. «Ondirait remarque l'illustre zoologiste que les Marsupiaux forment une classe distincte parallèle à celle des Quadrupèdes ordinaires et divisible en ordres semblables; en sorte que si l'on plaçait ces deux classes sur deux colonnes les Sarigues (ou Didelphes) Dasyures et Péramèles seraient vis-àvis des Carnassiers insectivores à longues canines tels que les Tanrecs et les Taupes; les Phalangers et Kanguroos-Rats vis-à-vis des Hérissons et des Musaraignes. Les Kanguroos proprement dits ne se laisseraient guère comparer à rien; mais les Phascolomes devraient aller vis-à-vis des Rongeurs.ff

C'est d'après de semblables idées que Blainville a divisé la classe en deux sous-classes formées l'une de tous les Mammifères ordinaires on Monodelphes l'autre des Marsupiaux ou Didelphes auxquels il joint les Mouotrêmes qui sont en effet liés des rapports assez intimes avec es véritables Animaux à bourse V. Monotoêmes. Desmoulins a même tout récemment subdivisé la sousclassc des Didelphes en plusieurs sections auxquelles il donne généralement des noms oorrespondans à ceux des familles ou des ordres établis parmiles Monodelphes.

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Dr LA GÉNÉRATION ET DES MODIFICATIONS DE L'APPAREIL SEXUEL CHEZ LES MARSUPIAUX.

Geoffroy Saint-Hilaire dans plusieurs Mémoires publiés à diverses époques et particulièrement dans l'article Marsupiaux du Dictionnaire des Sciences Naturelles a traité avec détail cette importante et difficile question; et il a émis à ce sujet plusieurs idées qui nouvelles encore paraissent néanmoins assez généralement goûtées des zootomisles pour que nous croyions ne pouvoir mieux faire que de donner ici pour ainsi dire un simple extrait de son travail.

L'opinion que les Animaux à bourse naissent aux tetines de leur mère remonte presque à la même époque où les naturalistes européens puisèrent dans les vagues indications des voyageurs quelques notions sur ces êtres singuliers. Il est dans les deux Indes attestaient unanimement ceux qui avaient visité ces contrées des Mammifères dont le mode de génération est tout différent de celui des Quadrupèdes ordinaires: les petits ne se forment et ne se développent pas dans la matrice de leurs mères mais bien dans une poche ou bourse particulière située extérieurement. «La bourse est proprement l'utérus du Çarigueya; la semence y est élaborée et les petits y sont formés ff écrivait Marcgraaff il y a près de deux siècles au sujet d'une espèce du genre Didelphe qu'il avait observée en Amérique. «La poche des Filandres est une matrice dans laquelle sont concus les petits ff écrivait également Valentin dans son Histoire des Moluques: «Les jeunes Sarigues existent dans le faux-ventre sans jamais entrer dans le véritable et ils se développent aux tetines de leur mère ff disait enfin Béverley dans son ouvrage sur la Virginie; et tous les voyageurs s'exprimaient à peu près dans les mêmes termes. Néanmoins l'accord parfait des nombreux témoignages venus presque à la fois des deux mondes n'empêcha pas qu'un fait qui paraissait tellement contraire à l'analogie ne fût rejeté comme fabuleux d'abord par la plupart des naturalistes et même ensuite par tous quand on se fut procureé des Didelphes et qu'on eut reconnu qu'il n'existait pas de communication intérieure et directe entre la bourse et la matrice. On ne pouvait s'expliquer par la théorie physiologique de la génération ce qui était si généralement attesté: on le regarda comme impossible et on se contenta de considérer les Marsupiaux comme des êtres dont la naissance prématurée était compensée par une sorte d'incubation dans la bourse.

Cette idée qui en effet pouvait paraître véritablement spécieuse était en core généralement adoptée lorsque le sénateur d'Aboville (alors officier d'artillerie) fit de nouvelles observations qui ramenaient à l'ancienne manière de voir. On les trouve rapportées dans le Voyage en Amérique au marquis de Chastellux: «Deux Opossums (Didelphis Virginiana) mâle et femelle et apprivoisés allaient dit Chastellux et venaient librement dans une maison que M. d'Aboville occupait aux États-Unis en 1783. Ces Animaux qu'il retirait le soir dans sa propre chambre s'y accouplèrent: M. d'Aboville en suivit attentivement les effets ce qui donna lieu aux observations ci-après: le bord de l'orifice de la poche fut trouvé dix jours après un peu épaissi et cela parut de plus en plus sensible les jours suivans. Comme la poche s'agrandissait en même temps l'ouverture en devenait bien plus évasée. Le treizième jour la femelle ne quitte sa retraite que pour boire manger et se vider; le quatorzième elle ne sort point. M. d'Aboville se décide enfin à la saisir et à l'observer. La poche dont précédemment l'ouverture s?eacute;vasait était presque fermée: une sécrétion glaireuse humectait les poils du pourtour. Le quinzième jour un doigt est introduit dans la bourse et un corps rond de la grosseur d'un pois y est au fond sensible au toucher:

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l'exploration en est faite difficilement à raison de l'impatience de cette mère douce au contraire et tranquille précédemment. Le seizième jour elle sort un moment de sa boîte pour manger. Le dix-septième elle se laisse visiter: M. d'Aboville sent deux corps gros comme un pois et conformés comme serait une figue dont la queue occuperait le centre d'un segment de sphère: il est toutefois un plus grand nombre de ces petits naissans. Le vingt-cinquième jour ils cèdent et remuent sous le doigt. Au quarantième la bourse est assez entrouverte pour qu'on puisse les distinguer; et au soixantième quand la mère est couchée on les voit suspendus aux tetines les uns en dehors de la bourse les autres en dedans. Quant au mamelon il est après le sévrage long de deux lignes; mais il se dessèche bientôt et il finit par tomber comme ferait un cordon ombilical. ff

Les observations du docteur Barton faites quelque temps après celles de d'Aboville ne sont pas moins importantes. Il vit que « les Didelphesmettent bas non des fœtus mais des corps gélatineux des ébauches informes des embryons sans yeux ni oreilles. Nés de parens gros comme des Chats ils pèsent à leur première apparition un grain environ; mais quinze jours de aéveloppement suffisent pour les amener à la taille d'une Souris. Lorsqu'ils ont atteint celle d'un Rat ils cessent d'adhérer aux mamelles; mais ils les reprennent à volonté et sont alors nourris du lait de leur mère et en même temps de ce qu'ils trouvent. ff Barton conclut qu'on peut distinguer deux sortes de gestation l'une qu'il appelle utérine et qu'il estime être de vingt-rdeux à vingt-six jours et l'autre qu'il nomme marsupiale. Quant à la manière dont il est possible de Concevoir le transport de l'embryon de la cavité utérine dans la bourse il remarque que la femelle du Didelphe se couche fréquemment sur le dos et principalement lorsqu'elle a des petits. « Dans cette position elle touche quand il lui plaît tous les points des parois intérieures de sa bourse avec l'extrémité de son vagin; et elle peut ainsi au moment de la mise bas y verser ses petits sans recourir à un ongle ou à l'un de ses doigts. ff

C'est principalement d'après les observations de d'Aboville et dé Barton et d'après les faits qu'ont pu lui procurer ses recherches anatomiques et les secours de l'analogie que Geoffroy Saint - Hilaire a établi sa théorie de la génération des Animaux à bourse; théorie que nous allons exposer en commençant par l'examen anatomique de l'appareil sexuel.

* Des modifications de l'appareil sexuel chez les Marsupiaux.

L'appareil sexuel des Marsupiaux s?eacute;carte presaue à tous égards du type classique des Mammifères; néanmoins les nombreuses et importantes anomalies qu'il présente peuvent toutes être rapportées à deux modifications du système artériel qu'on peut nommer fondamentales.

1°. On sait que chez l'Homme etles Mammifères ordinaires l'aorte abdominale donne successivement deux grosses branches connues sous le nom de mésentériques supérieure et inférieure et qui toutes deux appartiennent au canal intestinal. Chez les Marsupiaux une seule existe; c'est la mésentérique supérieure. La portion terminale de l'aorte ne donne ainsi chez eux aucune branche aux organes de la nutrition; elle appartient exclusivement soit à ceux de la génération soit au membre postérieur et à la queue.

2°. L'aorte se termine chez les Marsupiaux commechez les Mammifères monodelphes à peu près à la hauteur de la crête des os des îles; mais comme le bassin a beaucoup de longueur chez les premiers les iliaques primitives naissent véritablement plus haut et l'angle de bifurcation est sensiblement plus aigu. Cette disposition fort simple est de la plus haute

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importance; car tandis que chez l'Homme et chez presque tous les Mammifères l'iliaque externe ou la première portion de la crurale et l'iliaqueinterne oul'hypogastrique sont des artères d'un calibre presque égal l'artère iliaque externe forme chez les Marsupiaux une mère - branche dont l'hypogastrique n'est plus qu'un simple rameau; etla sacrée moyenne est également d'un diamètre assez considérable. La conséquence évidente d'une pareille combinaison est le grand développement du prolongement caudal et du membre postérieur qui chez les Animaux à bouse sont en effet presque constamment l'un et l'autre d'importans organes de locomotion ou de préhension. De plus comme l'artère utérine et l'artère vaginale sont des branches de l'hypogastrique et comme l'artère épigastrique vient au contraire de l'iliaque externe on conçoit que le cahbre des premières doit être diminué et que toutau contraire celui de l?eacute;pigastrique doit être de beaucoup augmenté. Aussi l'utérine et la vaginale suffisent seulement à nourrir l'appareil sexuel; et les fluides nourriciers ne se portent plus dans la saison de l'amour aux organes que ces artères nourrissent à l'utérus et au vagin mais à ceux auxquels appartient l'épigastrique les mamelles et les téguroens qui les environnent.

Ces considérations peuvent déjà donner une idée des modifications fondamentales de l'appareil de la génération: quelques remarques sur chacun des organes qui le composent sont maintenant nécessaires.

1 De l'utérus et des autres organes génitaux internes.

La détermination des organes génitaux internes a long-temps embarrassé les zootomistes; ils trouvaient entre le premier et le troisième segment du canal sexuel ou comme ils le disaient entre le vagin et l'utérus deux tubes placés l'un à droite l'autre à gauche et dont ils cherchaient en vain les analogues chez l'Homme et les Mammifères normaux. A la vérité Tyson avait supposé que ces tubes pourraient bien n'être que les cornes de la matrice; mais cette hypothèse était évidemment inadmissible puisque ces appendices sont toujours placés au-dela et non pas en-deçà de l'utérus. C'est ce que sentit l'illustre Daubenton qui ne trouvant d'ailleurs aucune détermination plus exacte qu'il pût substituer à l'ancienne se borna à désigner les deux tubes latéraux sous le nom de canaux communiquant du vagin à l'utérus.

La difficulté naissait d'une erreur le prétendu vagin n?eacute;tant selon Geoffroy Saint-Hilaire que le canal urétro-sexuel. Ce naturaliste dans un Mémoire sur les Oiseaux a ainsi nomraé la seconde portion de leur appareil génital ou le segment qui résulte de la réunion des oviductus et des uretères chez la femelle des canaux déférens et des uretères chez le mâle. Ce canal existe également chez les Mammifères; mais il est généralement assez petit dans cette classe et il est même si rudimentaire chez la Femme que les anthropotomistes l'ont à peine remarqué: au contraire il a une étendue considérable chez les Marsupiaux qui sous ce rapport se rapprochent ainsi des Oiseaux.

Ce premier point établi il est assez facile de saisir les véritables rapports de tous les autres organes sexuels: les deux tubes latéraux placés entre le canal urétro-sexuel et l'utérus ne peuvent être que deux vagins l'un droit l'autre gauche. « Leur duplicité comme le remarque Geoffroy ne doit pas plus nous surprendre que celle du clitoris et que celle d'une partie du pénis chez les mâles; chaque vagin reiçoit dans l'accouplement sa portion correspondante du pénis; ajoutez à ces considérations que les Oiseaux ont également un vagin à droite et un à gauche. ff

L'utérus est également très-différent de celui des Mammifères: e'est un simple canal d'une structure très-peu compliquée et où l'on ne voit point

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de ces rétrécissemens qui forment chez les autres Mammifères ce qu'on a coutume de nommer les cols de la matrice. Il résulte de la réunion des deux vagins qui partant l'un et l'autre au canal urétro-sexuel aboutissent également tous deux dans une même cavité celle de l'utérus. Mais cette disposition remarquable ne s'observe que chez les femelles qui ont dejà mis bas; car chez les vierges les deux moitiés de la matrice sont séparées par un diaphragme en sorte qu'elles forment véritablement alors eux organes distincts.

Quant aux cornes de la matrice et aux tubes de fallope ces segmens ont été parfaitement déterminés par Daubenton; les cornes ont en effet chez les Marsupiaux la même position et les mêmes rapports que chez les autres Mammifères et on ne voit pas ce qui a pu causer l'erreur de Tyson.

« Ainsi dit Geoffioy Saint-Hilaire après avoir exposé les faits que nous venons d'indiquer; ainsi les appareils sexuels des Didelphes forment deux longs intestins entièrement semblables aux oviductus des Oiseaux à ces différences près 1° qu'ils sont réunis et greffés sur uu point de leur longueur à la région utérine et 2° que partagés en compartimens antérieurs et postérieurs ceux-là sont plus courts que ceuxci. Enfin une dernière conséquence c'est que les poches utérines sont seulement des canaux et ne sont pas établies sur le modèle d'un utérus de Mammifère: il leur manque pour cela d?ecirc;tre concentrées ramassées et en partie plissées. L'organe n'existe que pour satisfaire à la théoric des analogues; il manque sous le rapport d'une partie de ses fonctions. Point d'obstacle à la sortie du produit ovarien; celui-ci échappe s?eacute;coule nécessairement. On explioue ce fait chez les Mammifères en le déclarant un fait d'avortement; l'ovule est expulsé avant que le phénomène de sa transformation en embryon ait commencé; mais chez les Oiseaux on se contente de dire un œuf est pondu. ff

β De la bourse et des os marsupiaux.

La bourse n'existe pas chez tous les Marsupiaux; elle est remplacée chez beaucoup de Didelphcs par de simples replis de la peau qui entourent les mamelles; au contraire les os marsupiaux se retrouvent constamment chez tous. Ce sont deux pièces de forme allongée mais un peu aplaties qui s'articulent par leur extré mité postérieure avec le pubis et qui s'avancent de-là dans les parois antérieures de l'abdonien en s?eacute;cartant l'une de l'autre; elles sont d'ailleurs mobiles à peu près à la manière d'un pivot et susceptibles de se rapprocher et de s?eacute;loigner l'une de l'autre.

Ces mouvemens peuvent résulter de la contraction de plusieurs muscles parmi lesquels on remarque surtout les triangulaires ainsi nommés par Tyson à cause de leur forme et qui sont les analogues des pyramidaux: leurs fibres naissent d'une ligne aponévrotique médiane et se terminent au bord interne des deux os dont ils remplissent l'intervalle. Ils ont donc pour usage de les amener vers la ligne médiane et d'opérer ainsi leur rapprochement.

Un autre muscle dont la disposition chez les femelles des Animaux à bourse n'est pas moins remarquable c'est l'iléo-marsupial du savant anatomiste Duvernoy ou l'analogue du crémaster. Il s'insère sur le ligament rond qui se trouve ainsi couvert de fibres musculaires comme le cordon spermatique chez le mâle et va se terminer par plusieurs digitations sur la glande mammaire.

Les os de la bourse ou les os marsupiaux avaient été nommés par Tyson marsupii janitores; mais ils paraissent avoir des fonctions beaucoup plus importantes que ne l'avait supposé cet anatomiste: « Ils secondent merveilleusement la misebas en se rapprochant dit Geoffroy Saint-Hilaire; car alors toutes les masses musculaires de l'abdomen entrant eu jeu et serrant fortement

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le bas-ventre les organes génitaux et principalement le canal urétro-semel sont contraints de descendre vers le fond du bassin; cette pression persévérant de plus en plus le canal urétro-sexuel sort en se retournant comme un doigt de gant et s'en vient porter au dehors l'entrée même des ragins. L'effet de ces contractions générales et en particulier de celles du muscle pyramidal est d'obliger les os marsupiaux à se rapprocher; la glande mammaire est au milieu d'eux; elle ressent leurs efforts et ny échappe qu'en se portant en devant. C'est aussi au même moment qu'agissent les muscles crémasters; tirant la bourse chacun vers son annean inguinal ils l'entraînent dans la diagonale de leurs efforts; c'est-àdire qu'ils l'abaissent et qu'ils la portent sur le vagin. Ainsi s'exécute ce que Barton a raconté d'après ses propres observations. Le vagin qui a la faculté de toucher toutes les surfaces internes de la bourse a par conséquent et à plus forte raison celie d'y déposer les produits accumulés dans l'oviductus. C'est une chose dont j'aurais pu douter malgré l'assertion formelle de ce médecin si je ne savais pertinemment aujourd'hui que c'est la fonction de tout canal urétro-sexuel de s'employer à mener au dehors tantôt le méat vaginal et tantôt le méat urinaire. Le rectum des Oiseaux bien plus reculé dans l'abdomen agit de même et réussit également à porter au dehors son extrémité. ff

De l?eacute;volution du germe et du développement de l'embryon chez les Marsupiaux.

« Les Didelphes mettent bas non des fœtus mais des corps gélatineux des ébauches informes ff avait dit Barton; c'est-à-dire suivant Geoffroy Saint-Hilaire qu'ils mettent bas non des fœtus mais des ovules. Ce zootomiste établit en effet que les produits de l'ovaire ou ces corps transparens qu'on a désignés sous le nom de corpora lutea et qu'il nomme ovules sont promptement rejetés à l'extérieur sans avoir subi ces transformations qui les amènent successivement à l?eacute;tat d'embryon et de fœtus chez les Mammiféres normaux à celui d?oelig;uf d'embryon et de fœtus chez les Oiseaux. Les organes qui dans cette dernière classe produisent les couches albumineuses par l'addition desquelles l'ovule est changé en œuf sont encore moins développés chez les Marsupiaux que chez les Mammifères ordinaires les portions fallopiennes de leur oviductus étant très-courtes commechez les Didelphes et même quelquefois presque nulles comme chez les Kanguroos. L'ovule arrive donc promptement dans la matrice et il y arrivetel qu'il a été produit par l'ovaire. Mais le canal utéro-vaginal n?eacute;tant point ramassé sur lui-même n?eacute;tant point pourvu de cols il n'y est point retenu et ne s'y arrête pas comme cela a lieu chez les Mammifères normaux: il est au contraire promptement rejeté au dehors et la mère le dépose au moyen du mécanisme que nous avons indiqué dans sa bourse abdominale.

Suivant cette manière de voir on peut donc comprendre comment le produit ovarien traverse si rapidement le canal sexuel sans s?ecirc;tre développé et comment il n'est encore qu'un simple ovule tout au plus baigné de fluides albumineux lorsqu'il arrive dans la bourse; on peut de même concevoir les nouveaux rapports qui à ce moment s'établissent entre ce même produit et le mamelon. Les nombreux cas de grossesses extrautérines observés chez la Femme elle-même suffisent pour démontrer qu'un ovule détourné de sa route peut se greffer sur une artére quelconque soit dans les trompes soit sur d'autres organes. Or ces faits qu'on n'observe que par anomalie chez la plupart des Mammifères sont précisément analogues aux phénomènes qui ont lieu dans l?eacute;tat normal chez les Marsupiaux: leur ovule parvenu dans la bourse se greffe sur

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le point de cette cavité où les vaisseaux sanguins sont répandusle plus abondamment sur le mamelon; et c'est là qu'il se développe. L'artère épigastrique remplit à l'égard des jeunes Dideiphes les fonctions de l'utérine de même que la matrice est remplacée pour lui par la bourse.

Cest donc dans cette poche que l'ovule atteint successivement l'âge embryonnaire et l'âge fœtal et qu il parvient enfin au même degré de développement où se trouve le Mammifère monodelphe à l'époque de sa naissance. Le fœtus didelphe naît aussi à ce moment: la tetine qui jusqu?agrave; cette époque n'avait cessé de croître dans la même raison que l'embryon est rompue; et ses vaisseaux qui se prolongeaient dans le fœtus s'arrêtent et ne se terminent plus que dans la glande mammaire.

L'artère épigastrique reprend alors les mêmes fonctions qu'elle a chez les Quadrupèdes normaux; elle n'est plus que l'artère nutricière de laglande mammaire c'est-à-dire de l'organe sécréteur du lait. Le jeune Animal à bourse est alors allaité par sa mère dont il peut à volonté prendre et quitter la mamelle et il rentre à ce moment dans les conditions communes de tous les autres Mammifères.

Telle est la manière dont on peut concevoir et expliquer les phénomènes et les anomalies de la génération des Marsupiaux: on voit qu'ils atteignent successivement tous les mêmes degrés de développement que les autres Mammifères; lmais ils naissent à l?eacute;tat d'ovule dans la bourse tandis que ceux-ci s'arrêtent dans la matrice lorsqu'ils sont dans cetâge de formation.

Il nous resterait à rechercher quel est le mode de nutrition de l'ovule de l'embryon et du fœtus du Didelphe; mais cette question non moins difficile qu'importante nous entraînerait dans une discussion trop longue pour que nous puissions l'entreprendre dans cet article: nous nous bornerons donc à renvoyer au travail déjà cité de Geoffroy Saint-Hilaire (on à l'excellente analyse qu'en a donnée dans les Annales des Sciences Naturelles notre savant collaborateur Dumas) et à une note publiée depuis ou le même auteur annonce l'existence de quelques vestiges d'organisation placentaire et d'ombilic chez les très-jeunes embryons des Animaux à bourse. (Ann. Sc. Nat. T. II.) (IS. G. ST.-H.)

* MARSUPITE. Marsupites. ÉCHIN. FOSS. Genre de l'ordre des Échinodermes pédicellés ayant pour caractères: un corps subglobuleux libre formé de plaques calcaires contiguës par leurs bords; celle du centre ou la base supportant cinq plaques (costales); celles-ci cinq autres (intercostales) qui donnent à leur tour insertion à une troisième série de plaques encore au nombre de cinq (les scapulaires) desquelles naissent cinq bras. L'espace circonscrit en dessus par les plaques scapulaires est couvert par une sorte de tégument protégé par des plaques calcaires petites et nombreuses; la bouche se trouve au centre de ce tégument La seule espèce qui constitue ce genre a la forme d'un ovoïde tronqué; on l'a comparée à une bourse (Marsupium) d'où lui vient son nom. On ne l'a point encore trouvée complète on n'en connaît que le corps sur lequel on a remarqué l'origine des bras; mais on n'a point encore découvert ceux-ci; il paraît également que les échantillons avec le tégument supérieur recouvrant la cavité limitée par les plaques sont fort rares et que ce Fossile intéressant est presque toujours mutilé ou incomplet. La plaque qui occupe le centre du corps a cinq côtés à peu près égaux; sa surface extérieure est un peu convexe elle est couverte de stries rayonnantes subcrénelées elle n'est point percée dans son centre on n'y remarque aucune dépression qui puisse indiquer qu'elle fut articulée à une tige ou colonne. Cinq plaques (costales) également à cinq côtés viennent s'appliquer par l'un

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de leurs bords sur la plaque centrale et s'articulent entre elles par deux de lears bords correspondans; elles sont striées à l'extérieur comme la plaque centrale. Cinq autres plaques (intercostales) viennent s'articuler sur les bords de celles-là et entre ells; elles ont six côtés et sont striées comme les précédentes; de plus elles offrent quelques gros cordous rayonnans du centre à la circonférence. (Miller en indique quatre dans son texte; mais sa plancne en indique distinctement six.) Viennent enfin les cinq plaques scapulaires à cinq côtés; elles s'articulent sur les intercostales et entre elles et sont marquées à l'extérieur de deux gros cordons saillans en fer à cheval qui s'embranchent avec ceux des plaques intercostales. Le bord supérieur de chaque plaque scapulaire estmarqué d'une dépression ou échantrure destinée à recevoir l'implantation des bras. Les débris de ceux-ci remarqués sur quelques échantillons étant de forme anguleuse ont porté Miller à penser qu'ils étaient divisés dès leur origine et par analogie qu'ils continuaient de se bifurquer comme les bras des Euryales. La présence des rugosités extérieures des plaques du Marsupite fait également présumer à Miller que cet Animal était couvert d'un tégument membraneux susceptible de contraction et de dilatation. L'intervalle que circonscrivent supérieurement les plaques scapulaires est occupé par de petites plaques polygonales et nombreuses analogues à celles que l'on remarque dans le genre Actinocrinite; elles indiquent suivant Miller qu'il existait un tégument protégé par ces plaques dans le centre duquel était la bouche et qu'il recouvrait la cavité abdominale contenant les viscères.

Le Marsupite n'a encore été trouvé que dans les couches de Craie à Lewes à Hurlspoint (Sussex) à Brighton dans le comté de Kent et à Warminster. Les plaques d?eacute;paisseur médiocre sont changées en Spath calcaire à cassure oblique et particulière aux Échinodermes pétrifiés; l'intérieur de la poche formée par l'union des plaques est rempli de Craie.

D'après Miller le Marsupite se rapproche des Actinocrinites et des Cyatocrinites par ses formes et l'arrangement de ses plaques mais il en diffère par l'absence de colonne; il le regarde également comme voisin des Euryales par la forme de ses bras et pense qu'il forme un passage des Crinoïdes inarticulées aux Stellérides; de même que les Comatules par la présence de leurs rayons dorsaux semblent faire le passage des Stellérides aux Crinoïdes articulées. Miller nomme cette espèce Marsupites ornatus. (E. D..L.)

MARSYAS. MOLL. Nom que Oken dans son Système de zoologie a donné à un genre de Mollusques que Lamarck a établi sous le nom d'Auricule qui a été généralement adopté. V. AURICULE. (D..H.)

MARSYPOCARPUS. BOT. PHAN. Le Thlaspi Bursa-pastoris L. a été distingué génériquement sous ce nom par Necker (Elem. Bot. n. 1416); mais De Candolle d'après Médikus et Mœnch a adopté le nom de Capsella jadis employé par Césalpin. V. CAPSELLE. (G..N.)

MARTAGON. BOT. PHAN. Espèce du genre Lis. V. ce mot. (B).

MARTE. Mustela. MAM. (On écrit également Martre.) Genre de Carnassiers digitigrades comprenant presque toutes les espèces qui appartiennent à la famille des Vermiformes; ou ce qui revient à peu près au même presque toutes celles que Linné avait placées dans son grand genre Mustela. Toutes les Martes ont à l'une et à l'autre mâchoire six incisives deux canines et parmi les mâchelières deux carnassières et deux tuberculeuses: mais le nombre des fausses molaires est sujet à quelques variations: plusieurs espèces en ont six supérieures

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et huit inférieures et d'autres quatre supérieures et six inférieures seulemeut eu sorte que le nombre total des dents varie de trente-huit à trente-quatre. Mais ces différences sont de peu de valeur: comme nous l'avons déjà remarqué dans un autre article la fonction étant déterminée par la forme et non par le nombre la forme est toujours beaucoup plus importante que le nombre lorsqu'on étudie l'appareil dentaire: c'est en effet parce qu'il est physiologiquement en rapport avec toutes les autres parties de l'appareil digestif qu'il indique si constamment leurs diverses modifications par les siennes propres et qu'il fournit ainsi aux zoologistes des caractères qu'on peut nommer de premier ordre. D'ailleurs les dents surnuméraires s'il nous est permis d'employer cette expression sont toujours très-peu développées très-rudimentaires même et par conséquent de très-peu d'usage: ainsi elles n'ont qu'une seule racine et se terminent par une pointe très-mousse. Les autres fausses molaires qùi ont au contraire plusieurs racines sont minces de dehors en dedans larges d'arrière en avant et très pointues. Les carnassières qui viennent ensuite sont assez semblables à celles des Chats: les supérieures ont cependant le tubercule interne plus distinct et les inférieures sont remarquables par un talon assez étendu que présente leur partie postérieure. Les tuberculeuses inférieures sont petites arrondies et leur couronne se termine par trois petites pointes; les supérieures assez grandes ont le diamètre transversal plus grand que l'antéro-postérieur et sont divisées par un sillon assez profond en deux parties de grandeur un peu inégale et qui se composent l'une et l'autre de trois petits tubercules.

Les pieds sont courts et terminés par cinq doigts réunis par une membrane dans une grande partie de leur longueur: ce caractère est même assez prononcé dans quelques espèces pour que divers auteurs aient cru devoir les placer parmi les Loutres. Le pouce est le plus court de tous les doigts; le médian et le quatrième sont ordinairement les deux plus longs; les deux autres égaux entre eux tiennent le milieu pour la grandeur. On voit à la base des doigts des tubercules nus et de forme allongée: un autre se remarque également vers le milieu de la plante du pied; il présente en devant trois prolongemens qui se dirigent vers les doigts.Enfin il en existe également un à la paume. Les ongles sont arqués et très-pointus (excepté chez le Zorille); aussi les Martes ont - elles comme plusieurs autres genres de Carnassiers la faculté de grimper sur les Arbres. La queue présente quelques variations: elle est tantôt aussi longue que le corps et tantôt beaucoup plus courte. Le corps est au contraire toujours très-long très-grêle ou comme on a coutume de le dire vermiforme: il est couvert de poils de deux sortes les uns soyeux les autres laineux ceux-ci étant les plus abondans. Le pelage est doux et moelleux dans toutes les espèces; mais quelques-unes et particulièrement celles qui vivent dans les régions les plus septentrionales sont particulièrement remarquables à cet égard; et il n'est personne en effet qui ne sache combien les founrures de Zibeline d'Hermine et de Marte sont recherchées et estimées dans le commerce. Les moustaches sont assez longues et les narines sont entourées d'un mufle. L'oreille est courte arrondie et assez simple. La pupille est allongée transversalement. L'os pénial existe assez développé chez toutes les Martes; mais sa forme n'est pas exactement la même chez toutes. Ainsi il differe chez la Marte et chez le Putois chez la Fouine et chez la Belette; et il présente aussi chez l'Hermine quelques caractères particuliers. Les mamelles très-peu apparentes sicen'est au temps de l'allaitement et vers la fin de la gestation sont ventrales:

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leur nombre varie suivant les espèces: ainsi il est de huit dans quelques-unes tandis que d'autres telles que la Fouine en ont quatre seulement. On ne trouve point près de l'anus des poches profoudes comme chez les Civettes mais seulement de petites glandes qui sécrètent une substance dont l'odeur ordinairement désagréable est souvent même excessivement fétide comme chez plusieurs Putois.

Les Martes quoique généralement d'une fort petite taille sont au nombre des plus carnassiers et surtout des plus sanguinaires de tous les Animaux qui se nourrissent d'une proie vivante: personne n'ignore quel ravage la Fouine fait dans les basse-cours lorsqu'elle vient à bout de s'y introduire; et toutes les autres espèces du genre ont à peu près le même instinct et les mêmes penchans. Elles sont cependant assez susceptibles d'être apprivoisées; et chacun sait que le Furet depuis long-temps réduit en domesticité est même au nombre des Animaux qui rendent aux chasseurs les services les plus importans. Ce genre est un de ceux qu'on a coutume de dire cosmopolites; et la Nouvelle-Hollande est en effet presque la seule contrée où l'on n'ait encore trouvé aucune espèce qui lui appartienne: il habite d'ailleurs plus particulièrement les pays froids ou tempérés que les pays chauds.

Nous comprendrons sous le nom de Mustela comme l'ont fait Geoffroy Saint-Hilaire Desmarest Frédéric Cuvier Ranzani et quelaues autres mammalogistes non-seulement les Martes proprement dites mais aussi les Putois les Belettes et le Zorille; mais à l'exemple de Desmarest nous les diviserons en trois sous-genres les Martes proprement dites les Putois et les Zorilles qui correspondront le premier au genre Marte Mustela de G. Cuvier; les deux autres à son genre Putois Putorius.

* Les MARTES PROPREMENT DITES Mustela Lin. Ce sont toutes les espèces qui ont six fausses molaires à la mâchoire supérieure et huit à l'inférieure: elles habitent particulièrement l'Europe l'Asie et l'Amérique septentrionale.

La MARTE Mustela Mortes Lin. La Marte Buff. T. VII pl. 22 a été appelée aussi Marte sauvage et Marte des Sapins Martes Abietum paropposition avec la Fouine à laquelle on avait donné les noms fort impropres de Marte domestique et de Marte des Hêtres Martes Fagorum. Enfin la Marte commune de quelques auteurs français se rapporte encore à la même espèce quoiqu'elle soit beaucoup plus rare en France que la Fouine. Elle est généralement d'un brun lustré avec une tache d'un jaune clair sous la gorge: l'extrémité du museau la dernière portion de la queue et les membres sont d'un brun plus foncé et la partie postérieure au ventre d'un brun plus roussâtre que le reste du corps. Elle a environ un pied et demi depuis le bout du museau jusqu?agrave; l'origine de la queue; et celleci a un peu moins de dix pouces. La Marte vit au fond des forêts fuyant également et les pays habités et les lieux découverts: elle détruit une grande quantité de petits Quadrupèdes et surtout d'Oiseaux s'emparant de leurs œufs qu'elle va dénicher jusque sur les branches élevées des arbres. Elle fait au printemps une portée de deux ou de trois petits qu'elle dépose ou dans le trou d'un vieil arbre ou même dans le nid d'un Ecureuil qu'elle chasse ou dont elle fait sa proie. Les petits naissent les yeux fermés mais ils grandissent rapidement. L'espèce est répandue dans une grande partie de l'Europe; mais elle est rare en France: elle paraît exister également dans le nord de l'Amérique.

La FOUINE Buff. T. VII pl. 18; Mustela Foina Lin. est un peu moindre que la Marte; sou pelage est généralement brun avec une tache blanche sous la gorge et les jambes et la queue noirâtres; et ses proportions sont presque exactement celles de la Marte. Buffon et Daubenton indi-

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quent cependant quelques différences; mais elles sont pour la plupart si peu importantes qu'on peut en trouver d'aussi prononcées entre deux individus de la même espèce. La Fouine qui est répandue dans toute l'Europe ou elle est généralement assez commune et qui se trouve également dans une partie de l'Asie diffère autant de la précedente par ses habitudes qu'elle lui ressemble par ses caractères extérieurs et par son organisation. Elle se tient à portée des habitations où elle pénètre fréquemment la nuit et où elle fait de grands ravages: on sait en effet que lorsqu'elle vient à s'introduire dans un poulailler ou dans une faisanderie elle commence ordinairement par mettre à mort tout ce qu'elle peut atteindre et qu'elle n'est pas moins redoutée dans les campagnes que le Renard lui-même avec lequel elle a quelques ressemblances de mœurs. Il paraît qu'elle fait chaque année deux ou même plusieurs portées: car on trouve également à plusieurs époques de l'année de jeunes individus. Elle dépose ses petits dans les trous des vieux arbres et des murailles où elle leur prépare un lit de mousse: il lui arrive quelquefois de mettre bas dans les granges et les greniers à foin. Sa fourrure est beaucoup moins estimée que celle de la Marte parce qu'elle a moins de douceur de moelleux et d'éclat; elle serait cependant assez recherchée si l'Animal était plus rare. La Marte et la Fouine sont comme on le voit liées par les rapports les plus intimes; et la couleur de la gorge jaune chez l'une et blanche chez l'autre forme presque la seule différence sensible qui existe entre elles. On ne doit donc pas s'étonner que plusieurs auteurs les aient regardées comme de simples variétés d'une seule espèce; et cette opinion paraîtrait même trêsvraisemblable si elles étaient moins complètement connues et surtout si l'on ne savait combien leurs mœurs sont différentes. On avait même affirmé qu'elles s'accouplent ensemble: mais Buffon et Daubenton ont révoqué ce fait en doute; et tous les zoologistes modernes pensent maintenant avec ces illustres naturalistes que la Fouine forme bien réellement une espèce particulière.

La ZIBELINE Buff. T. XIII Mustela Zibellina Lin. est encore une espèce fort voisine de la Marte dont elle diffère cependant en ce qu'elle a du poil jusque sous les doigts: elle est généralement d'un brun lustré noirâtre en hiver mais d'une nuance moins foncée en été avec le dessous de la gorge grisâtre et la partie antéricure de la tête et les oreilles blanchâtres. Elle vit dans la région la plus septentrionale de l'Asie et se trouve jusqu'au Kamtschatka où elle est assez abondante. « Les fourrures des Zibelines de Sibérie dit Sonnini passent pour les plus précieuses et l'on estime surtout celles de Witinski et de Nerskinsk. Les bords ds la Witima (rivière qui sort d'un lac situé à l'est du Baïkal et va se jeter dans la Léna) sont fameux par les Zibelines que l'on y chasse. Ces Martes abondent dans la partie des monts Altaïs que le froid rend inhabitable ainsi que dans les montagnes de Saïan au - delà du Jénisseï et surtout aux environs de l'Oby et des ruisseaux qui tombent dans la Touba. ff Les Zibelines noires c'est-à-dire les Zibelines en pelage d'hiver sont les plus estimées; leur fourrure a dans cette saison autant d'éclat que de douceur et de moelleux; et elle est à juste titre l'une de celles que le luxe européen recherche comme les plus magnifiques et les plus précieuses. La chasse de cette Marte au milieu des solitudes glacées de la Sibérie et du Kamischatka est peutêtre la plus pénible et la plus périlleuse où l'appât du gain ait jamais entraîné l'Homme; et l'on a plusieurs exemples de chasseurs qui succombaut à la fatigue au froid et à la faim ont péri au milien des déserts. Au reste il paraît que les Russes

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importent annuellement soit en Europe soit en Chine et vendent pour de la véritable Zibeline d'hiver un grand nombre de pelleteries de Zibeline d'été qu'ils savent préparer avec une telle perfection qu'il est très-difficile de s'apercevoir de la fraude et que les personnes habituées au commerce des fourrures sont quelquefois exposées à se laisser tromper elles-mêmes.

Le PÉKAN Buff. T. XIII pl. 13 Mustela Canadensis L. est d'une taille un peu supérieure à celle des espèces précédentes. Elle a les pates la queue le dessous du corps et le museau d'un brun-marron trés-foncé et les oreilles blanchâtres; le reste du pelage est d'un gris-brun varié de noiràtre et dont la nuance est d'ailleurs trés-différente suivaut les divers individus; quelques-uns sont même presque entièrement noirs. Cette espèce qui habite le Canada et les Etats-Unis du nord a selon Harlan les mêmes habitudes que le Vison.

La MARTE DES HURONS Mustela Huro Fr. Cuv. Dict. Sc. Nat. est généralement d'un blond clair avec les pates et l'extrémité de la queue plus foncées et même brunes chez quelques individus. Du reste les couleurs de cette espéce varient suivant les individus. Un de ceux que possède le Muséum a les parties inférieures du corps d'une nuance plus foncée que les supérieures tandis que la disposition inverse s'observe chez les autres. La tête ordinairement d'un blond clair comme le corps est quelquefois blanchâtre et quelquefois même entièrement blanche. La Marte des Hurons ne seraitelle comme on l'avait peusé qu'une variété en pelage d'hiver de quelque espèce encore inconnue?

Quant aux Carnassiers désignés par Buffon sous les noms de petite Fouine de Madagascar de petite Fouine de la Guiane et de grande Marte de la Guiane ils n'appartiennent pas à ce genre. Le second paraît n'être qu'un jeune Coati et les deux autres se rapportent l'un à une Mangouste celui-ci au Glouton Taïra; enfin la Fouine de la Guiane est également une autre espèce du même genre le Grison. (V. GLOUTON et MANGOUSTE au mot CIVETTE.)

** Les PUTOIS Putorius Cuv. Ils n'ont que quatre fausses molaires à la mâchoire supérieure et six à l'inférieure; leur tête est un peu moins allongée que celle des Martes proprement dites auxquelles ils resemblent d'ailleurs généralement par tous leurs caractéres extérieurs. Les espèces de ce sous-genre sont trésnombreuses: plusieurs d'entre elles habitent la France.

Le PUTOIS Mustela Putorius Lin. Le Putois Buff. T. VII pl. 23 est presque de la taille de la Marte: il a plus d'un pied depuis le bout du museau jusqu'à l'origine de la queue et celle-ci a environ six pouces. Il est d'un brun noirâtre assezfoncésur les membres mais plus clair et prenant une teinte fauve sur les flancs: le bout du museau est blanc et les oreilles et une tache placée derrière l'œil sont aussi de cette couleur. Les poils laineux sont blanchâtres. Le Putois habite les climats tempérés de l'Europe où il est assez abondant: son nom lui est venu de l'odeur infecte qu'il répand. Ses mœurs sont peu différentes de celles de la Fouine: comme elle il vit près des lieux habités et s'introduit la nuit dans les bassecours et dans les colombiers où il fait de grands ravages. « Les Putois dit Buffon vivent de proie à la ville et de chasse à la campagne: ils s'établissent pour passer l'été dans des terriers de Lapins dans des fentes de rochers dans des troncs d'arbres creux d'où ils ne sortent guère que la nuit pour se répandre dans les champs dans les bois: ils cherchent les nids des Perdrix des Alouettes et des Cailles; ils grimpent sur les arbres pour prendre ceux des autres Oiseaux: ils épient les Rats les Taupes les Mulots et font une guerre continuelle aux Lapins qui ne peuvent leur échapper parce qu'ils entrentaisément dans leurs trous: une

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seule famille de Putois suffit pour détruire une garenne. Ce serait le moyen le plus simple pour diminuer le nombre des Lapins dans les endroits où ils deviennent trop abondans.ff

Le FURET Mustela Furo Linn. Buff. T. VII pl. 25 et 26 varie comme tous les Animaux domestiques pour la couleur de son pelage. Cependant la plupart des individus sont d'un jaune que Daubenton a compareé à celui du buis. On appelle Furets-Putois ceux qui ont comme le Putois du blanc du noir et du fauve plus ou moins foncé et qui se trouvent ainsi avoir plus de ressemblance avec lui. Au reste les Furets ont généralement des rapports si intimes avec l'espèce précédente que plusieurs zoologistes ont pensé qu'ils n'en constituent réellement qu'une simple variété; et cette opinion est même aujourd'hui celle du plus grand nombre des naturalistes malgré l'autorité de Linné et de Buffon.—Le Furet est originaire des pays chauds et particulièrement de la Barbarie oè il porte suivant le docteur Shaw le nom de Nimse. Son instinct en fait l'ennemi mortel du Lapin suivant l'expression de Buffon; et dès qu'il aperçoit un de ces Animaux il s'élance sur lui le saisit à la gorge et lui suce le sang: aussi l'emploie-t-on principalement pour la chassede ce gibier comme chacun le sait. On l?eacute;lève dans des tonneaux où on lui fait un lit d'étoupes: il dort presque continuellement et ne s'éveille guère que pour manger. Il est néanmoins très-ardent en amour; et les chasseurs prétendent même (V. Gesner Hist. An. Quadr.) que la femelle meurt lorsqu'elle est séparée de son mâle à l'époque du rut.

La MARTE DE SIBéRIE Mustela Sibirica Pall Spic. Zool.; le: Chorok? Sonnini éd. de Buff. T. XXXV est généralement d'un beau fauve doré: seulement le tour du inufle est blanc et la partie du museau comprise entre les yeux et cette partie blanche est brune. Elle est à peu près de la taille du Furet auquel elle ressemble aussi par ses proportions; mais son poil est beaucoup plus long. Certains individus ont le dessous de la mâchoire inférieure blanc et d'autres d'un roux seulement un peu plus clair que celui de tout le corps. Cette espèce qui habite la Sibérie se tient ordinairement dans les forêts les plus épaisses: elle se rapproche cependant l'hiver des habitations et s'introduit souvent même dans les basse-cours comme la Fouine et le Putois.

Le PÉROUASCA Mustela Sarmatica Pall. Spic. Zool. Cette espèce est un peu plus petite que la précédente et elle a les poils plus courts. Les membres le dessous du corps et le bout de la queue sont d'un brun foncé; la tête est brune avec une liçne blanche qui naissant sous l'oreille passe sur les yeux et le front et va se terminer sous l'autre oreille en dessinant sur le front une sorte de fer-àcheval. L'oreille le bout du museau et le dessous de la mâchoire inférieure sont blancs; enfin le dessus du corps est d'un beau fauve clair parsemé d'un très-grand nombre de taches brunes; et la queue est dans sa première moitié variée de brun clair et de gris blanchâtre. Les mœurs de cet Animal diffèrent peu de celles des autres Martes: comme le Putois il répand une odeur désagréable surtout lorsqu'il est irrité. Au reste nous devons remarquer que notre description faite d'après l'individu que possède le Muséum différé à quelques égards de celle de Pallas: il est donc à penser comme on l'a déjà remarqué que la distribution du pelage n'est pas identique ches toutes les Martes Pérouascas.

L'HERMINE ou le ROSELET Buff. T. VII pl. 29 et 31 Mustela Erminea Lin. Cette espèce est particulièrement connue sous le nom d'Hermine dans son pelage d'hiver et sous celui de Roselet dans son pelage dété; elle a neuf pouces six ligues du bout du museau à l'origine de la queue et celle-ci a un peu plus de trois pouces

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et demi. L'Hermine d?eacute;té ou le Roselet a le pelage généralement hun avec le dessous du corps d'un june soufré clair la mâchoire inferieure blanche et la queue brune nec son extrémité noire. L'Hermine d'hiver ou l'Hermine proprement dite est toute blanche: seulement la queue est noire à son extrémité. On voit que cette dernière couleur se conserve seule pendant toute l'année chez cette espèce; remarque qu'on peut faire également à l'égard de la plupart des Mammifères et des Oiseaux qui blanchissent en hiver comme sont parmi les premiers les Lièvres variables qui ont en tout temps le bout de l'oreille noir et parmi les Oiseaux plusieurs Lagopèdes.—Cette espèce qui est assez abondante dans les parties septentrionales de l'ancien continent se trouve anssi dans l'Europe tempérée et dans le nord de l'Amérique. Ses mœurs sont peu différentes de celles de la Belette: elle se tient cependant moins constamment dans le voisinage des habitations; et l'on assure qu'elle est encore plus carnassière que celle ci; elle est d'ailleurs susceptible d?ecirc;tre élevée en domesticité et se laisse même très-bien apprivoiser. Sa fourrure d'hiver est comme chacun sait l'objet d'un commerce très-important: mais l'Hermine des climats les plus septentrionaux est la plus estimée parce qu'elle n'a pas comme celle des pays tempérés une légère teinte jaunâtre et qu'elle est au contraire d'une blancheur éclatante.

La BELETTE Buff. T. VII pl. 29 Mustela vulgaris Lin. a un demipied du bout du museau à l'origine de la queue et celle-ci a deux pouces environ: son pelage ne diffère guère de celui de l'Hermine d?eacute;té ou du Roselet que par la couleur de sa queue entièrement brune en dessus et blanche en dessous: nous pouvons cependant ajouter que les parties inférieures du corps sont blanchâtres ou d'un jaune lavé de roussâtre mais non pas d'un jaune soufré. Cette espèce est aussi commune dans les climats tempérés de l'Ancieu-Monde que la précédente dans les climats septentrionaux; elle est au contraire plus rare dans les pays où celle-ci se trouve le plus abondamment répandue. Elle vit dans le voisinage des habitations comme la Fouine et elle est peut-être encore plus à craindre pour les basse-cours et les poulaillers que cette dernière elle-même parce que sa petite taille lui permet de s'y introduire par les plus étroites ouvertures. Elle n'attaque que rarement les Coqs qui la repoussent à coups de bec et parviennent souvent ainsi à la mettre en fuite; mais elle choisit les poussins et les jeunes Poules. Elle craint le froid et va se réfugier l'hiver dans les greniers et dans les granges et rend alors de véritables services en détruisant un grand nombie de Rats et de Souris. Elle fait au printemps une portée de plusieurs petits qu'elle dépose dans un tronc d'arbre creux ou dans toute autre cavité: elle s?eacute;tablit même quelquefois au milieu des débris des Animaux morts dans les bois et Buffon rapporte l'exemple de trois individus trouvés dans le thorax d'uu Loup qu'on avait suspendu à un arbre par les pieds de derrière et qui déjà entièrement putréfié répandait une odeur infecte.

La BELETTE DES NEIGES Mustela nivalis Lin. Faun. Suec.; Mustela vulgaris Var. Gm.; Mustela erminea Var. Bodd. est à peu près de la taille de la Belette et a le pelage entièrement blanc avec quelques poils noirs au bout de la queue. Elle est encore fort peu connue et on ne sait si on doit la regarder comme une véritable espèce ou comme une simple variété soit de l'Hermine soit de la Belette: quelques auteurs modernes et particulièrement Desmarest se prononcent néanmoins pour cette dernière opinion.

La BELETTE D'AFRIQUE Mustela Africana Desm. a dix pouces du bout du museau à l'origine de la queue et celle-ci a six pouces environ. Son

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pelage est généralement d'un brun roussâtre eu dessus et d'un jaune blanchâtre en dessous avec une ligne brune longitudinale sur le milieu du ventre. Cette espèce qui ressemble beaucoup à la Belette a été établie par Desmarest d'après un individu que possède le Muséum et que l'on croit venir d'Afrique. Ses habitudes ne sont pas connues.

La MARTERAYéE Mustela striata Geoff. S.-H. est à peu près de la taille de la Belette: son pelage est généralement d'un brun foncé avec cinq raies blanches longitudinales en dessus la queue blanche et le dessous du corps d'un blanc grisâtre. Cette espèce dont les mœurs ne sont pas connues a été établie par Geoffroy Saint-Hilaire d'après un individu donné au Muséum par Sonnerat. Elle habite Madagascar.

Le NUDIPèDE ou le FURET DE JAVA Mustela nudipes Fr. Cuv. Mam. lith. est d'une taille un peu inférieure à celle du Putois; son pelage est généralement d'un beau roux doré très-brillant avec la tète et l'extrémité de la queue blanches. Cette espèce remarquable par la nudité du dessous de ses pieds a été décôuverte à Java par Diard et Duvaucel; et c'est d'après un individu envoyé au Muséum par ces voyageurs que Fr. Cuvier l'a décrite.

La BELETTE DE JAVA Geoff. S.-H. Mustela Javanica Séba. Geoffroy Saint-Hilaire a décrit ainsi cette espèce d'après l'individu même qui a servi de type à la figure de Séba: longueur ds six pouces environ; forme plus effilée que celle de l'Hermine et plus rapprochée de celle de la Belette; les joues sont blanchâtres; on remarque un demi-cercle de cette couleur au devant de chaque œil; le reste du pelage a les couleurs de l'Hermine dété ou du Roselet; la queue est terminée de même par une touffe de longs poils noirâtres; les pieds sont garnis de poils assez longs. Ainsi quoique la Belette de Java soit encore très-imparfaitement connue il est facile de voir qu'elle diffère du Füret de Java. Il est donc important de ne pas confondre ces deux espèces; et c;est pour éviter la confusion qui résulteraltnécessairement de la ressemblance de leurs noms que nous proposons celui de Nudipède pour la dernière connue.

Le VISON Buff. T. XIII pl. 43 Mustela Vison Lin. doit être placé dan le sous-genre des Putois et non pas parmi les Martes proprement dites comme on le fait ordinairement. Il est à peu près de la taille de la Fouine: son pelage est généralement d'on brun marron avec le bout de la queue plus foncé que le corps et la pointe de la mâchoire inférieure blanche en dessous. Cette espèce à laquelle on assigne pour patrie le Canada et les Etats-Unis vit sur le bord des eaux et se nourrit en partie de Poissons et de Reptiles. Sa fourrure est assez estimée.

La MARTE MARRON Mustela rufa de Geoffroy est ainsi caractérisée par ce zoologiste: pelage d'un roux marron; la queue de même couleur; les quatre extrémités plus foncées; longueur totale un pied septpouoes. Il est impossible d'après cette phrase indicative et même d'après la description plus détaillée que le même auteur donne ensuite de cet Animal de décider dans l?eacute;tat présent de la science s'il forme réellement une espèce distincte ou si comme il paraît plus vraisemblable il doit être rapporté au Vison ou au Mink.

Le MINK Mustela Lutreola Pall. Spic. Zool. Cette Marte qui ressemble presque entièrement au Vison et qui paraît avoir aussi les mêmes habitudes est ainsi caractérisée par les auteurs les plus modernes: une taille inférieure à celle du Vison; le pelage d'un marron presque noir avec le dernier tiers de la queue tout-à-fait noir et la pointe de la mâchoire inférieure blanche. Le Mink habite particulièrement le nord da l'Europe et de l'Asie; mais on trouve dit-on jusque sur les bords de la mer Noire.

Le MINK DES AMéRICAINS War-

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den Etats-Unis T. v p. 613; Mustels lutreocephala Harlan ne doit pes suivant ces auteurs être coulædu avec le Mink ou avec le Vison. Il ressemble beaucoup dit ce dernier au Mink mais il en différé cependant par sa couleur par ses formes générales et par sa taille. Il est généralement d'un blanc brunâtre plus clair en dessous avec la queue d'un brun ferrugineux: sa taille est double de celle du Mink; du reste il ressemble à la Loutre par la forme de sa tête et de ses oreilles mais il se rapproche davantage de la Belette par son pelage par sa queue et par les proportions générales de son corps: ses pieds sont légèrement palmés. Cette courte description et les indications données par Warden dans son ouvrage ne permettent pas de décider si le Mink des Américains différé réellement du Vison et du Mink d'Europe et s'il existe deux espèces dans les Etats-Uuis sans compter le Pékan et les autres Martes bien caractérisées que nous avons dit appartenir à la même contrée. L'examen des diverses pelleteries que possède le Muséum laisse dans le même doute: nous avons trouvé en effet parmi les Animaux de l'Amérique du Nord des individus d'un bran foncé d'autres d'un marron clair d'autres enfin d'une nuance intermédiaire. Chez quelaues-uus la tache blanche de la mâcboire inférieure se prolonge en une ligne étroite sur le milieu de la gorge tandis que chez la plupart on ne voit rien de semblable: mais d'autres n'ont qu'une ligne blanche très-petite ou très-peu prononcée et tiennent ainsi le milieu entre ceux où elle existe entière et ceux où elle n'existe pas. Enfin leur taille n'est pas moins variable en sorte qu'ils ne sont ni assez différens pour qu'on puisse les considérer comme types de deux espèces distinctes ni assez semblables pour qu'on soit certain de leur identité spécifique.

Quant à l'Animal désigné par Buffou sous le nom de Putois rayé de l'Inde ce n'est point un véritable Putois mais'une Civette (V. ce mot).

Putois fossiles.

Deux espèces fossiles appartenant à ce sous-genre ont été indiquées par Cuvier (Oss. Fos. T. IV). L'une d'elles n'est connue que par deux dents découvertes par Buckland dans la caverne de Kirkdale et qui sont la carnassière et la tuberculeuse supérieures d'un Animal très-semblable à la Belette. La seconde a quelques rapports avec le Zorille; mais elle est surtout voisine du Putois comme l'a reconnu Cuvier par l'examen de quelques phalanges digitales et métatarsiennes de quelques vertèbres dorsales et caudales et surtout d'un fragment de bassin trouvés à Gaylenreuth.

*** Les ZORILLES Zorilla. Ils ont avec le système dentaire des Putois des ongles longs robustes et assez semblables à ceux des Mouffettes auxquelles ils ressemblent aussi par leur système de coloration. Par suite de cette modification ils ne peuvent plus grimper sur les arbres comme le font les autres Martes; mais ils peuvent fouir avec beaucoup de facilité et se creusent des terriers comme les Mouffettes. On n'a encore distingué dans ce sous-genre qu'une seule espèce.

Le ZORILLE Buff. T. XIII pl. 41; Mustela Zorilla et Viverra Zorilla des auteurs systématiques a plus d'un pied du bout du museau à l'origine de la queue; celle-ci a huit pouces environ. Il est généralement noir avec plusieurs taches blanches sur la tête et plusieurs lignes longitudinales de même couleur à la partie supérieure du corps. Ces bandes et ces taches ont assez constamment la môme disposition mais leur étendue proportionnelle varie beaucoup. Cette espèce n'habite pas seulement les environs du cap de Bonne-Espérance; mais elle existe aussi au Sénégal et sur les bords de la Gambie où elle a été trouvée par le malheureux voyageur Bodwich. Le Zorille du Sénégal et de

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la Gambie diffère d'ailleurs de celui du Cap à quelques égards: ainsi on retrouve bien chez l'un et chez l'autre les mêmes taches et les mêmes lignes; mais chez le premier les parties blanches ont beaucoup plus d?eacute;tendue que les noires en sorte que le pelage est presque entièrement blanc sur le dessus et les côtés du corps taudis que la disposition inverse s'observe dans la variété du Cap. Nous ne pensons pas néanmoins qu'on doive considérer ces deux Animaux comme des espèces distinctes: car l?eacute;tendue proportionnelle des taches blanches varie même tellement entre les individus d'un même pays qu'il est assez difficile d'en trouver deux exactement semblables.

Enfin le genre Mustela comprend encore quelques autres espèces qu'il nous suffira d'indiquer en peu de mots parce qu'elles sont encore très-imparfaitement connues. Telles sont les suivantes:

La MARTE ZORRA Mustela Sinuensis Humbodt. Elle est généralement d'un gris noirâtie avec l'intérieur des oreilles et le ventre blancs: son corps est moins vermiforme que celui des autres Martes. Elle habite la Nouvelle-Grenade où comme dans l'Espagne européenne Zorra signifie un Renard.

Le CUJA Mustela Cuja et le QUIQUI Mustela Quiqui Molina habitent le Chili. Le premier est généralement noir et son pelage est trèstouffu et très-doux: le second est brun avec une tache blanche au milieu du nez. Si la description de Molina est exacte le Quiqui n'est point une Marte quoiqu'il le rapporte à ce genre; car il n'aurait que douze incisives douze molaires et quatre canines en tout vingt-huit dents.

La MARTE A GORGE DORéE Mustela flavigula Bodd. est noire avec la gorge le ventre et le dos jaunes et les joues blanches. Sa patrie est inconnue.

La MARTE PÉCHEUSE Mustela Pennantii Erxl.; Mustela melanorhyncha Bodd. habite l'Amérique du Nord: elle est généralement noire avec les côtés du col et la face d'un cendré brunâtre. Elle pourrait bien n?ecirc;tre selon la remarque de Harlan qu'un double emploi du Pékan.

La MARTE A TÉTE GRISE Viverra poliocephala Traill. Mem. Wern. Soc. paraît également appartenir an genre Mustela quoique l'auteur l'ait rapportée au genre Viverra et elle est ainsi caractérisée: corps noir; téte et col gris avec une tache jaunâtre bordée de noir. Cette espèce habite la Guiane.

Le PUTOIS DES ALPES Mustela Alpina Gebler Soc. Imp. Nat. de Moscou ressemble beaucoup au Putois commun: il est généralement jaune avec le dessus du corps brunâtre et le menton blanc. Cette espèce est très-bien connue des habitans des mines de Riddersk: elle se nourrit particulièrement de Souris d'Oiseaux et de Lagomys. Sa fourrure est peu estimée parce que ses poils sont généralement assez courts. (IS. G. ST.-H.)

MARTEAU. Zygæna. POIS. Espèce de Squale type d'un sous-genre trèsremarquable. (B.)

MARTEAU. Malleus. CONCH. Linné confondait les Coquilles de ce genre parmi les Huîtres comme beaucoup d'autres qui en diffèrent cependant d'une manière essentielle. Bruguière dans les planches de l'Encyclopédie sépara des Huîtres de Linné son genre Avicule dans lequel il plaça les Marteaux; enfin Lamarck en fit un genre particulier auquel il donna le nom de Marteau à cause de la forme des coquilles qui a quelque ressemblance avec cet instrument des couvreurs. Ce fut dans l'ouvrage sur les Animaux sans vertèbres publié en 1801 que ce genre fut établi pour la première fois. Depuis cette époque il fut admis par le plus grand nombre des conchyliologu es qui ne varièrent pas sur la nécessité de l'admettre mais sur la place qu'il devait occuper dans la séné. C'est ainsi que son auteur lui-même après l'avoir

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placé près des Vulselles et des Avicales dans le Système des Animaux saas vertèbres les en sépara quelques ansées après pour les porter dans la famille des Byssifères tandis que les Vulselles restèrent dans la famille des Ostracées. Le savant auteur de l'Extrait du Cours et des Animaux sans vertèbres conserva ces rapports dans ces deux ouvrages; cependant dans le dernier il sépara de ses Byssifères la famille des Malléacées (V. ce mot) dont il crut devoir exclure encore les Vulselles; les Marteaux se trouvèrent voisins des Pernes des Crénatules etc. Cuvier (Règne Animal) n'a point imité Lamarck; il a laissé les Marteaux près des Vulselles. Férussac en conservant la famille des Malléacées y a apporté quelques changemens; c'est ainsi qu'il en a óté les Crénatules pour y placer les Vulselles qui sont mises en contact avec les Marteaux. Blainville a conservé le genre Marteau l'a mis près des Vulselles et a donné le nom de Margaritacés (V. ce mot) à la famille des Malléacées en y faisant des changemens nécessaires. On ne connaît pas encore l'Animal du Marteau; on sait seulement qu'il s'attache par un byssus. Voici les caractères de ce genre: coquille subéquivalve raboteuse difforme le plus souvent allongée sublobée à la base à crochets petits divergens; charnière sans dents une fossette allongée conique située sous les crochets traversant obliquement la facette du ligament; celui-ci presque extérieur s'insérant sur la facette courte et en talus de chaque valve.

Les espèces de ce genre sont peu nombreuses et on n'en connaîit point de fossiles; elles peuvent se diviser assez naturellement en deux groupes.

† Coquilles lobées ou ariculées à la base.

MARTEAU COMMUN Malleus vulgaris Lamk. Anim. sans vert. T. VII 1re part. pag. 144 n° 2; Oslrea Malleus Lin. pag. 3333 n° 99; Knorr 3 tab. 4. fig. 1 Chemnitz; Conch. T. VII pl. 70 fig. 655; Encyclop. pl. 177 fig. 12. Coquille recherchée à cause de sa forme singulière; elle présente une variété blanche dont les oreilles sont plus courtes; on la trouve dans l'Océan des grandes Indes. Bougainville découvrit dans cette mer une petite île déserte dont les rivages après une tempête s'en trouvèrent couverts; il lui avait donné à cause de cela le nom d?icirc;le aux Marteaux.

†† Coquilles non auriculées à la base.

MARTEAU VULSELLÉ Malleus vulsellatus Lamk. Anim. sans vert. loc. cit. n° 4; Ostreavulsella Lin. Gmel. pag. 3333 n° 100; Chemnitz Conch. T. VIII pl. 70 fig. 657; Encyclop. pl. 177 fig. 15. Coquille de taille médiocre allongée aplatie droite ou courbée sur elle-raême d'une couleur violet foncéou noirâtre avec une tache blanche nacrée à l'intérieur. Cette Coquille se trouve dans la mer Rouge et à Timor. (D..H.)

MARTEAU OU NIVEAU D'EAU DOUCE. INS. Quelques auteurs anciens ont donné ce nom aux larves des Agrions qui offrent une sorte de ressemblance avec un T. (G.)

MARTEAU. BOT. PHAN. L'un des noms vulgaires du Narcisse Faux-Narcisse. (B.)

MARTELA. BOT. CRYPT. Genre établi par Adanson et adopté par Scopoli mais qui ne doit être considéré que comme une division du genre Hydnum. V. ce mot. (G..N.)

MARTELET. OIS. Syn. vulgaire de Martinet noir. V. MARTINET. (DR..Z.)

MARTELOT. OIS. Syn. vulgaire de Traquet Pâtre L. V. TRAQUET. (DR..Z.)

* MARTIA. BOT. PHAN. (Leandro.) Pour Martiusia. V. ce mot. (G..N.)

MARTIN. Acridotheres. OIS. Genre de l'ordre des Omnivores. Caractères: bec conique allongé; mandibules très – comprimées à bords tranchans avec la base nue; la supé-

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rieure faiblement échancrée à la pointe qui est un peu fléchie; narines ovoides placées de chaque côté du bec et près de la base en partie recouvertes par une membrane emplumée; quatre doigts trois devant dont l'intermédiaire moins long que le tarse est soudé à sa naissance avec l'extérieur; première rémige presque nulle la deuxième et la troisième plus longues.

Les Martins ont avec les Etourneaux la plus grande analogie de mœurs; comme eux on les voit presque toujours en troupes plus ou moins nombreuses voler assez bruyamment d'un champ à l'autre et y faire une recherche exacte des Insectes cachés sous la feuille ou réfugiés entre les mottes de terre. Ils paraissent se nourrir de préférence de Sauterelles et de Criquets dont ils font une telle consommation que dans les régions où ces Orthoptères apparaissent en masses innombrables on élève des Martins expressément pour les opposer au fléau destructeur. C'est le seul moyen que l'on ait pu employer avec succès pour purger certaines îles de la désolante multiplication de ces Insectes. D'un naturel très-familier les Martins ne témoignent qu'une faible appréhension à la vue de l'Homme; ils se mêlent parmi les troupeaux et rendent même de grands services aux Animaux sur lesquels ils s'accroupissent en les débarrassant de la vermine qui les ronge. Ce sont sans doute ces soins et la fréquentation habituelle des paisibles habitans des prairies qui ont déterminé Temminck a choisir pour dénomination latine du genre le mot Pastor.

Les Martins sont très-dociles aux leçons qu'on leur donne et retiennent avec facilité les sons qu'ils entendent fréquemment. On assure même que quoique à l?eacute;tat de liberté on les a entendus contrefaire le chant des Oiseaux domestiques et même imiter le bêlement des Agneaux. Les habitans civilisés de l'Inde et de l'Afrique se plaisent à élever ces Oiseaux qui en revanche les amusent par la gentillesse de leurs manières et la vivacité de leurs mouvemens. Il paraît probable que ces Oiseaux ont deux couvées par an du moins les jeunes que l'on a observés à deux époques éloignées d'une même saison tendent à le faire croire; les voyageurs se taisent sur leur nidification de même que sur la durée de l'incubation. Levaillant qui a cherché à observer l'une et l'autre est porté à croire qu'ils nichent dans des trous creusés en terre. La seule espèce qui paraisse passagèrement en Europe place queluefois son nid dans des trous d'arbre ou des crevasses de ruines. Outre les Insectes et dans les temps de disette de cette nourriture on voit les Martius attaquer les petits Quadrupèdes tels que Souris et Mulots les dépecer et se repaître de leur chair; ils se jettent quelquefois sur les fruits qu'ils gâtent outre mesure sans en faire une grande consommation.

MARTIN BRAME Turdus pagodarum Lin.; Gracula pagodarum Daudin; Acridotheres pagodarum Vieill. Levail. Oiseaux d'Afrique pl. 95. Parties supérieures d'un cendré bleuâtre nuancé de fauve à l'extrémité des tectrices alaires; front sommet de la tête et nuque garnis de longues plumes soyeuses et effilées d'un noir bronzé; des plumes presque semblables mais d une couleur isabelle variées de blanchâtre ornent le derrière et les côtés du cou; rémiges noirâtres terminées de cendré bronzé; rectrices d'un gris noirâtre bronzé terminées de blanc mais de manière que celles des oôtés soient presque entièrement blanches; parties inférieures d'un fauve isabelle avec l'extrémité de chaque plume striée d'une teinte plus pâle; tectrices caudales et alaires inférieures d'un blanc nuancé de cendré; bec noir à la base et jaune dans l'autre partie; pieds jaunes. Taille sept pouces et demi. Des diverses parties de l'Inde où il se perche sur les tours des temples; de passage en Afrique dont

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il habite vraisemblablement quelques contrées.

MARTIN COMMUN Gracula tristis Lat.; Paradisæa tristis Gmel. Buff. pl. enl. 219. Parties supérieures d'un brun – marron; sommet de la tête garni de plumes noires longues et effilèes; un espace triangulaire nu derrière l'œil; grandes rémises noires à l'extrémité blanches à la base; rectrices brunes avec l'extrémité des latérales blanche; gorge cou et haut de la poitrine d'un gris foncé; abdomen et tectrices caudales intérieures d'un blanc mat; bec et pieds jaunes. Taille neuf pouces et demi. De toutes les parties de l'Inde où il construit assez souvent son nid dans l'enfourchennent des grosses branches. « Le Martin dit notre collègue Bory de Saiut-Vincent(Voy. au quatre îles d'Afrique t. 1 p. 224) est un Oiseau précieux à l'Ile-de-France; il préserve le pays de la multiplication prodigieuse entre les Tropiques de tous les Insectes dévastateurs. Avant qu'il l'habitât les Chenilles les Sauterelles les Réduves et les Blattes infestaient la campagne et dévoraient ses productions. On imagina de faire venir des Martins des Philippines; on les lâcha: en peu de temps ils se multiplièrent au point d'inquiéter les habitans qui les détruisirent mais qui par la suite furent obligés de les rappeler à leur secours. Ils ont maintenant ruiné l'entomologie de l'île qui ne fournit plus que quelques beaux Insectes. ff

Le MARTIN AUX ALLES NOTRES Grocula melanoptera Daud. paraît n?ecirc;tre qu'une variété du Martin commun dont les parties inférieures seraient beaucoup plus blanches et les rémiges et rectrices noires; du reste les deux espèces sont tout-à-fait semblables.

MARTIN DE GINGI Turdus Ginginianus Lath. Parties supérieures d'an gris cendré avec les tectrioes alaires verdâtres; rémiges en partie moines et en partie rousses; tectrices brunes roussâtres vers l'extrémité nuque ornée de plumes noires longues et étroites; un espace longitudinal nu depuis l'anele de la bouche jusqu'à celui de l'œil; parties inférieures grises; bec et pieds jaunes. Taille neuf pouces. De l'Inde.

MARTIN GOULIN Gracula calva Buff. pl. enl. 200. Parties supérieures d'un gris blanchâtre qui prend une teinte plus sombre sur les ailes et la queue; un grand espace nu autour le l'œil de couleur de chair ou jaunâtre; une seule ligne de plumes sur le sommet de la téte; parties inférieures d'un beau brun qui prend une teinte plus claire vers l'abdomen; bec et pieds jaunes. Taille huit pouces. Des Philippines.

MARTIN GRIS-DE-FER Gracula grisea Daud.; Cossyphus grieeus Dum. Levail. Ois. d'Afrique pl. 95 f. 2. Parties supérieures grises; tête garnie de plumes noires et effilées; une peau nue orangée derrière l'œil; tectrices alaires d'un fauve blanchâtre; rémiges et rectrices noirâtres les quatre latérales de celles-ci terminées de fauve blanchâtre; parties inférieures d'un brun ferrugineux avec une bande fauve sur la poitrine; bec orangé; pieds jaunes. Taille sept pouces et demi. De l'Inde où il se trouve mêlé avec le Martin de Gingi dont il n'est peut-être qu'une varieté.

MARTIN HUPPÉ DE LA CHINE Gracula cristatella Lath. Buff. pl. enl. 507. Tout le plumage d'un noir bleuâtre sombre à l'exception des rémiges et des tectrices qui sont blanches les premières à leur origine les autres à l'extrémité; front sommet de la tête et nuque garnis de plumes noires longues et étroites; bec et pieds jaunes. Taille huit pouces et demi. De l'Inde.

MARTIN A LONGUE QUEUE Cossyphus caudatus Dum. Parties supérieures brunes variées de roussâtre les inférieures d'un cendré foncé avec quelques stries blanchâtres; gorge blanche; bec et pieds jaunes. Taille huit pouces. De l'Inde.

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MARTIN OCHROCÉPHALE. V. MERLE OCHROCÉPHALE.

MARTIN OLIVE Cossyphus olivaceus Dum. V. MANORINE.

MARTIN AUX OREILLES BLANCHES Pastor oricularis. Parties supérieures d'un brun noirâtre bronzé; tête cou gorge haut de la poitrine et tectrices d'un noir brillant; sommet de la tête garni de plumes noires longues et étroites; espace nu au milieu duquel se trouve l?oelig;il de couleur de chair; méat auditif couvert d'une plaque de petites plumes soyeuses blanches; petites tectrices alaires croupion et parties inférieures d'un blanc pur; bec et pieds jaunes. Taille huit pouces. Nous avons recu cette espèce de Java et du continent de l'Inde.

MARTIN A PLUMES SOYEUSES Sturnus sericeus Lath. Parties supérieures ceudrées; rémiges et rectrices noires avec l'origine blanche; tête d'un blanc jaunâtre presque jaune sur le sommet; dessus du cou jaune; parties inférieures d'un gris blanchâtre; bec d'un rouge pourpré; pieds d'un jaune tirant sur le rouge. Taille sept pouces et demi. La femelle a les rémiges et les rectrices brunes le sommet de la tête noir et le front mélangé de brun et de blanchâtre; cette dernière couleur se montre encore sur le croupion et sur les flancs; elle a le bec et les pieds bruns. De la Chine.

MARTIN PORTE-LAMBEAUX Sturnus gallinaceus Lath.; Gracula carunculata Gmel.; Cossyphus carunculatus Dum.; Gracula curvata Shaw Levaill. Ois. d'Afriq. pl. 93 et 94. Parties supérieures d'un gris roussâtre; rémiges et rectrices d'un noir bronzé; parties inférieures et cou d'un blanc roussâtre; mandibule inférieure garnie d'un double lambeau qui embrasse toute la gorge fendu en pointe et se sépare en deux vers l'extrémité; front relevé par une espèce de crête ovulaire transversale qui couronne une seconde crête cordiforme partant du sommet de la tête; un espace nu sur la joue; cet espace de même que les lambeaux sont d'un brun noirâtre; bec et pieds bruns. Taille neuf pouces. La femelle est un peu plus petite; les couleurs de son plumage sont beaucoup plus ternes et les lambeaux quoique assez semblables à ceux du mâle sont beaucoup moins grands. Les jeunes ont la tête totalement emplumée conséquemment dépourvue de lambeaux; leur plumage est d'un gris cendré avec les rémiges et les rectrices d'un brun terne; les tectrices alaires et les parties inférieures sont blanchâtres. De l'Afrique.

MARTIN PYGMÉE Cossyphus minutus Dum. Parties supérieures brunes; tête rayée longitudinalement de roux et de brun; parties inférieures d'un gris fauve avec la gorge blanche. Taille quatre pouccs et demi. De l'Inde.

MARTIN A QUEUE STRIÉE Cossyphus striatus Dum. Parties supérieures d'un gris roussâtre les inférieures d'une teinte plus pâle rayées de brun. Taille neuf pouces. De l'Inde. Ces deux espèces sont encore douteuses.

MARTIN ROSELIN Pastor roseus Tem.; Turdus roseus Gmel.; Turdus selentis Gmel.; Merle couleur de rose Buff. pl. enl. 251. Parties supérieures ventre et abdomen couleur de rose; téte cou et haut de la poitrine noirs à reflets violets; nuque garnie de plumes longues et étroites noires; rémiges et rectrices d'un brun irisé; tectrices alaires noirâtres lisérées de rose; tectrices caudales inférieures et cuisses noires rayées de blanchâtre; bec d'un jaune rougeâtre avec la base de la mandibule inférieure noire; pieds jaunes; iris brun. Taille huit pouces. La femelle a les couleurs moins vives; et le rose est lavé de brunâtre les plumes de la nuque sont moins longues. Les jeunes ont les parties supérieures d'une seule nuance fauve isabelle; les rémiges et les rectrices brunes frangées de blanc et de cendré; les parties inférieures d'un brun cendré

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à l'exception de la gorge et du milieu de l'abdomen qui sont d'un blanc pur. Point de longues plumes sur la tête. Des parties chaudes de l'ancien continent. De passage dans le midi de l'Europe.

MARTIN TIROUCH Upupa Capensis; Coracia cristata Vieill. Parties supérieures d'un gris foncé; rémiges noirâtres avec une tache blanche vers le milieu; tête garnie d'une belle huppe blanche composée de plumes longues flexibles à barbes désunies et susceptibles de se recourber eu avant quand l'Oiseau les redresse; dessus du cou grisâtre; parlies inférieures blanches; bec et pieds jaunes. Taille dix pouces. Du cap de Bonne-Espérance.

MARTIN VIEILLARD Turdus Malabaricus Lin.; Acridotheres Malabaricus Vieill. Parties supérieures d'un gris cendré; rémiges et rectrices noires; tête et cou cendrés avec une ligne blanche au centre; les plumes de ces parties sont longues et déliées; parties inférieures rousses; bec noir avec l'extrémité jaune; pieds jaunes. Taille huit pouces. De l'Inde. (DR..Z.)

MARTIN – CHASSEUR. Dacelo. OIS. Genre de l'ordre des Alcyons. Caractères: bec gros fort tranchant dilaté sur les côtés convexe en dessus sans arête vive déprimé a sa base subitement compriméet courbé à la pointe qui est très-évasée; mandibule inférieure large concave plus courte que la supérieure terminée en pointe; narines percées obliquement de chaque côté de la base du bec à moitié fermées par une membrane couverte deplumes; pieds assez robustes; tarse plus court que le doigt intermédiaire auquel sont unis l'externe jusqu?agrave; la troisième articulation et l'interne jusqu?agrave; la seconde le pouce larpe à sa base; ailes médiocres; premiere rémige plus courte que la seconde qui est un peu moins longue que la troisième; plumage non lustré à barbes faibles et décomposées.

Des considérations contestées long temps par différens ornithologistes et admises par quelques autres ont porté Leach à réaliser une idée produite par Levaillant et qui consiste à enlever du genre Martin-Pêcheur l'espèce connue sous le nom de Géant pour en former le type d'un genre nouveau auquel il a donné un nom que l'on a traduit en français par le mot composé Martin-Chasseur dénomination admise d'abord spécifiquement par Levaillant. Quoique nous reconnaissions la justesse des motifs qui rendent les méthodistes extrêmement sévères dans les nouvelles formations de genres nous pensons cependant que la différence de mœurs si tranchée entre les Martins-Pêcheurs et les Martins-Chasseurs paraît suffisante pour ne point confondre les uns et les autres dans une simple division d'un même genre. Du reste la différence de mœurs et d'habiludes n'est point la seule qui puisse justifier l?eacute;tablissement du genre; on en retrouve d'autres dans la nature du plumage qui suffisent pour faire reconnaître même à la simple vue un Martin-Chasseur d'avec un Martin-Pêcheur: dans les premiers une souplesse soyeuse dans es barbules remplace le tissu serré roide et lustré qui constitue les plumes des autres et qui convient admirablement à leur manière de chercher leur nourriture. La forme de la queue et même celle des ailes aident encore à reconnaître les espèces de l'un et de l'autre genres. Les Martius-Chasseurs habitent les forêts touffues et ne se trouvent qu'accidentellement comme les autres Sylvains sur les bords des ruisseaux; non moins sauvages que les Martins-Pêcheurs ils n?eacute;vitent cependant pas ainsi que l'a avancé Sonnerat la société des autres Oiseaux car plusieurs observateurs les ont vus disputant aux Merles et aux Moucherolles les Insectes dont ils font presque leur unique nourriture. Ils construisent leur nid qu'ils placent dans un creux ou une bifurcation des arbres élevés. Leur

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ponte consiste en quatre ou cinq œufs d'un blanc bleuâtre également tiqueté de brun. La composition de ce genre formée d'abord de deux ou trois espèces paraît devoir s'accroître à mesure que les richesses zoologiques des Moluques et de l'Australasie nous serout mieux connues.

MARTIN-CHASSEUR DE GAUDICHAUD Dacelo Guadichaudii Gaim. Voyage de Freyc. p. 25. Parties supérieures noires; côtés et derrière du col blancs nuancés de roussâtre; trait oculaire blanc; croupion et tectrices alaires supérieures d'un bleu très-vif; rémiges et rectrices d'un bleu foncé terminées de noir; gorge blanche; poitrine et parties inférieures d'un roux foncé; flancs fauves avec une grande tache noire cachée par l'aile lorsque l'Oiseau est en repos; bec grisâtre avec le bord des mandibules verdâtres; pieds bruns. Taille onze pouces et demi. Rapporté de la Nouvelle-Hollande par Quoy et Gaimard naturalistes de l'expédition du capitaine Freycinet.

MARTIN-CHASSEUR GÉANT Alcedo fusca Lin.; Alcedo gigantea Lath.; Martin-Pêcheur de la Nouvelle-Guinée Buff. pl. enl. 663. Parties supérieures d'un brun olivâtre; sommet de la tête brun strié de gris; nuque garnie de plumes longues et effilées brunes formant une espèce de huppe; occiput et côté de la tête variés de blanchâtre et de noirâtre; côtés du cou d'un brun foncé; rémiges brunes blanchâtres à leur base noires à l'extrémité et bordées de bleu; sur les tectrices alaires une tache d'un bleu verdâtre pâle et brillant; cette couleur est aussi celle du croupion; rectrices fauves ondées de noir et terminées de bleu; parties inférieures d'un faux brunâtre striées de noir; un collier blanc également strié de brun foncé; mandibule supérieure noire l'inférieure orangée; pieds gris; ongles noirs. Taille quatorze pouces. De la Nouvelle-Hollande.

MARTIN-CHASSEUR MIGNON Dacelo pulchella Temm. Ois. color. pl. 277. Parties supérieures bleues rayées de noir la plus grande étendue de chaque plume rayée de noir et de blanc alternativement; rémiges noires rayées de blanc; front joues côtés du cou et nuque d'un roux marron; sommet de la tête et occiput garnis de plumes longues et touffues brunes à la base bleues à l'extrémité et tachetées de blanc; rectrices étagées à barbes extérieures rayées de noir et de bleu avec quelques taches blanches; les barbes intérieures sont rayées de noir et de blanc; ce qui ne fait paraître que ces deux nuances en dessous de la queue; devant du cou et milieu du ventre blancs; poitrine flancs et abdomen roussâtres; bec rouge; pieds bruns. Taille sept pouces. De Java.

MARTIN ?CHASSEUR OREILLON BLEU Dacelo Cyanotis Temm. Ois. color. pl. 262. Parties supérieures d'un brun olivâtre; sommet de la tête d'un roux vif garni de plumes longues et effilées formant une sorte de panache; bande oculaire qui se dilate sur la nuque et y forme un large demi-collier bleu: cette bande est noirâtre sur les joues; côtes du cou mélangés ou nuancés de roussâtre et de rosé; tectrices alaires bleues; bord des scapulaires blanc; rémiges brunes bordées et terminées de noir; rectrices étagées longues d'un roux foncé en dessus fauves roussâtres en dessous; gorge blanche; parties inférieures blanchâtres nuancées de fauve et de rosé; bec rouge; pieds bruns. Taille neuf pouces. De Sumatra.

MARTIN-CHASSEUR A TÊTE GRISE Alcedo Senegalensis Lath. Buff. pl. enl. 594. Parties supérieures d'un bleu azuré brillant; sommet de la tête d'un gris-brun; sourcils et dessus des narines d'un gris blanchâtre; joues noires; dessus et côtés du cou d'un gris bleuâtre finement striés ainsi que la poitrine et les flancs d'un gris foncé; scapulaires noirs; rémiges blanches à la base et à l'intérieur noires à l'extrémité de même

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qu'extérieurement; rectrices bleues en dessus noires en dessous; gorge et parties inférieures blanchâtres; mandibule supérieure rouge; l'inférieure noire; pieds d'un brun foncé. Taille huit pouces et demi. D'Afrique.

MARTIN-CHASSEUR A TÊTE ET POITRINE STRIÉE Dacelo striata. Parties supérieures d'un brun noirâtre; sommet de la téte et occiput bruns; striés de noirâtre; dessus côtés et devant du cou poitrine et flancs d'un gris brunâtre clair strié tacheté et finement rayé de brun; croupion et barbes extérieures des grandes tectrices alaires bleus; rémiges noires extérieurement et à l'extrémité brunâtres à la base et intérieurement; rectrices bleues en dessus bordées de noirâtre qui est la nuance du dessous; gorge et milieu du ventre blanchâtres; tectrices caudales inférieures roussâtres; bec rouge varié de noirâtre et d'un blanc rougeâtre à la pointe; pieds noirâtres en dessus blanchâtres en dessous. Taille huit pouces. De la Cafrerie. Nous ne pensons pas que cette espèce puisse être confondue avec celle que Levaillant présume être le mâle de la précédente.

MARTIN-CHASSEUR TRAPU Dacelo concreta Temm. Ois. color. p. 346. Parties supérieures d'un noir mat frangées de bleu foncé; front vert bordé de jaune roussâtre; sommet de la tête d'un vert foncé varié de vert brillant; bande oculaire et nuque noires; sourcils. joues et cou d'un roux vif; une large moustache d'un bleu vif foncé; croupion d'un bleu verdâtre brillant; rémiges et rectrices noires bordées de bleu foncé; gorge roussâtre; poitrine et flancs roux; le reste des parties inférieures blanc; bec noirâtre à l'exception des bords des mandibules qui sont jaunes ainsi que les pieds. Taille sept pouces et demi. De Sumatra. (DR..Z.)

MARTIN-PÉCHEUR. Alcedo. OIS. Genre de l'ordre des Alcyons. Caractères: bec long droit anguleux tranchant gros à sa base pointu rarement déprimé; narines placées de chaque côté du bec et près de sa base percées obliquement presque entièrement fermées par une membrane nue; pieds courts placés fort en arrière du corps; jambe découverte; tarse assez gros et arrondi; quatre doigts trois en devant dont l'externe soudé à l'intermédiaire jusqu'à la seconde articulation; l'interne ne l'est que jusqu'à la première; un en arrière fort large à son origine; ongles épais celui du pouce plus petit; première et seconde rémiges moins longues que la troisième qui dépasse toutes les autres.

Si la nature a prodigué tout le luxe de sa palette sur la robe lustrée des Martins-Pêcheurs il semble qu'elle n'ait voulu rien faire de plus pour ces tristes Oiseaux; tout l'éclat de leur plumage ne peut effacer l'impression désagréable que fait sur nos sens ou que laisse dans notre imagination une conformation trapue et pour ainsi dire grotesque des mœurs âpres et solitaires. En effet si l'on met en opposition leur cri perçant avec le chant mélodieux du Rossignol leur vol brusque et rapide avec l'agréable légèreté de la Bergeronnette leurs habitudes défiantes avec l'agaçante familiarité du Pinçon leur sombre maintien avec l'aimable pétulance du Chardonneret enfin leurs accouplemens passagers avec les constantes amours de la Colombe on sera obligé d'avouer que malgré l'infériorité de leur parure les hôtes enjoués des booages l'emportent de beaucoup sur les fastueux mais tristes Martins-Pêcheurs.

Quoique ce genre soit assez nombreux en espèces on n'en trouve qu'une seule en Europe et comme elle est également répandue dans les deux autres parties de l'ancien continent il ne serait point étonnant qu'elle fût originaire d'un climat où les Oiseaux se distinguent par la vivacité des couleurs qu'une circonstance particulière ait déterminé son expatriation et qu'ensuite cette es-

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pèce ayant vainement cherché à regagner les lieux de naissauce où l'instinct ramène soit habituellement soit périodiquement la plupart des Oiseaux elle ait laissé des colonies égarées dans toutes les régions qu'elle a successivement parcourues. Ces colonies étant parvenues insensiblement à se faire un climat où elles étaient demeurées il en est résulté que l'espèce du Martin-Pêcheur Alcyon est devenue propre à toutes les températures.

Outre la séparation des Martins-Chasseurs d'avec les Martins-Pêcheurs on a encore sous-divisé le dernier de ces genres en plusieurs sections. Vieillot établit d'abord sa coupe principale sur le nombre des doigts: il place d'un côté tous ceux qui ont quatre doigts visibles et de l'autre ceux dont le doigt interne représenté seulement par un rudiment donne au pied une apparence tridactyle. Cuvier et Lacépède ont même fait de ces Martins-Pécheurs prétendus tridactyles un genre qu'ils ont appelé Ceix. Malgré tout le respect que nous portons à deux naturalistes si célèbres et dont l'opinion est du plus grand poids dans l?eacute;tude des sciences naturelles nous n'avons pas cru devoir adopter le genre Ceix par la raison que le caractère sur lequel il est fondé (celui qui est pris de l'existence de trois doigts seulement) n'est point d'une rigoureuse exactitude. De l'aveu de plusieurs ornithologistes qui avant nous en ont fait l'observation les Ceix ne sont point privés du doigt interne; ce doigt existe véritablement mais il n'est pas entièrement développé; et dans les deux espèces qui constituent le genre l'Alcedo tribrachys Shaw présente un moignon bien distinct; à la vérité il est dépourvu d'ongle mais l'autre espèce Alcedotridactylus présente un ongle parfaitement formé et implanté sur un rudiment de doigt. Il ne resterait donc que ces subdivisions prises de la conformation du bec qui serait tétragone dans le plus grand nombre des espèces et trigone avec la mandibule inférieure renflée dans les autres; cette subdivision offre cependant chez certains individus des transitions ou passages qui en rendent les caractères difficiles à établir.

Les Martins-Pêcheurs ne fréquentent que les bords ombragés des fleuves et des ruisseaux: rarement on les trouve sur les dunes sur les rivages arides; il est vrai que l'embarras qu'ils éprouvent dans la marche leur interdit en quelque sorte l'accès de ces côtes. Doués d'une patience extrême ils sont constamment occupés à guetter les petits Poissons dont ils font leur principale nourriture; immobiles sur l'une des branches qui garnissent la rive ou sur la pointe du rocher que baigne une eau tranquille ils attendent les regards fixément tournés vers la surface de l'onde que l'objet de leur persévérance s'y montre. Dès qu'ils l'ont aperçu aussi prompts que l?eacute;clair ils s?eacute;lancent perpendiculairement et la proie se trouve saisie avant même qu'elle ait eu le temps de songer à la fuite. Il arrive assez souvent que ces Oiseaux pêchent en volant; on les voit alors dans leur course rapide décrire brusquement un angle parfait plonger la tête dans l'eau et se relever tout aussitôt avec le Poisson dans le bec. Quelquefois celui-ci est trop gros pour être avalé en entier; dans ce cas l'Oiseau le dépose sur une pierre et à coups de bec il le dépèce avec l'adresse que procure l'habitude de l'exercice. Lorsqu'il y a pénurie de Poissons ils se jettent sur les larves d'Insectes aquatiques. Les Martins-Pécheurs vivent isolés jamais on ne les rencontre en troupes et quand le besoin de se reproduire leur fait rechercher une compagne la sociabilité n'existe entre eux que durant le temps nécessaire pour termiuer la couvée et voir la jeune famille en état de pourvoir elle-même à sa nourriture. Ils nichent dans les terriers que pratiquent le long du rivage les petits Amphibies; ils en consolident la galerie avec de la terre gâchée de manière

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à pouvoir y déposer avec sécurité la ponte qui est de quatre à huit œufe ordinairement tout blancs. Le mâle et la femelle les couvent alternativement et viennent après apporter la pâtée aux jeunes.

On a prétendu que les Martins-Pêcheurs que l'on voit plus fréquemment en hiver qu'en été se retiraient pendant la belle saison dans les parties les plus obscures des forêts. Ce fait n'a point été constaté et il paraît qu'il a été avancé trop légèrement; si ces Oiseaux apparaistent en plus grand nombre en hiver c'est qu'alors les feuilles ne les dérobent point à la vue que la recherche de la nourriture leur cause plus d'exercice et que lorsque la gelée vient glacer la surface des rivières ils sont forcésàde longues excursions avant de trouver des endroits propres à la pêche.

Les Martins-Pêcheurs n'ont qu'une mue annuelle; les femelles diffèrent peu des mâles et les jeunes leur ressemblent entièrement; on distingue néanmoins ceux-ci à la couleur du bec et des pieds qui n'acquièrent leur véritable couleur qu'après la première roue.

MARTIN-PÊCHEUR ALATLI Alcedo torquata Lath. Buff. pl. enl. 284. Parties supérieures d'un gris bleuâtre; rémiges noirâtres dentelées de blanc à l'intérieur; rectrices noires largement rayées de blanc; parties inférieures d'un roux marron à l'exception de la poitrine qui est couverte de plumes d'un gris bleuâtre et de la gorge qui est blanche ainsi que les côtés du cou dont les extrémités se joignent sur le derrière et dessinent un large collier; bec noirâtre; pieds gris. Taille seize pouces. Des Antilles.

MARTIN-PÊCHEUR ALCYON Alcedo Ispida L.; Gracula Athis Gmel.; Ispida Senegalensis Briss. Buff. pl. enl. 77. Parties supérieures d'un vert bleuâtre obscur tacheté de bleu d'azur sur la tête et les tèctrices alaires milieu du dos et croupion bleus; gorge et côtés du cou d'un bleu roussâtre; trait oāulaire roux une large moustache d'un vert noirâtre tachetée de vert brillant ou de bleu d'azur; rémiges noires blan-châtres intérieurement avec une partie du bord extérieur verte; rectrices d'un bleu d'aigue-marine en dessus noirâtres en dessous; parties inférieures d'un roux vif; bec noirâtre avec la base de la mandibule inférieure rougeâtre; pieds rouges. Taille sept pouces. Les femelles ont les teintes du plumage plus ternes et la couleur bleue passant presque entièrement au vert. Les jeunes ressemblent assez aux femelles; ils ont de plus le bec tout noir et les pieds d'un roux pâle. En Europe en Asie et eu Afrique.

MARTIN-PÊCHEUR DE L'AMAZONE Alcedo Amazona Lath. Parties supérieures d'un vert brillant; une espèce de collier blanc sur la nuque; tectrices alaires et rémiges vertes tachetées de blanc; rectrices vertes les intermédiaires plus pâles et brillantes les autres tachetées de blanc; parties inférieures blanches avec la poitrine et les flancs verts; bec noir avec la base de la mandibule inférieure jaune. Taille douze pouces. De la Guiane.

MARTIN-PÊCHEUR D'APYE Alcedo venerata Lath. Parties supérieures d'un brun clair varié de verdâtre Elus ou moins brillant; sourcils d'un lanc verdâtre; tectrices alaires rémiges et rectrices vertes avec la tige rousse; parties inférieures blanchâtres; bec noir avec la base de la mandibule inférieure blanche; pieds bruns. Taille neuf pouces. Des îles des Amis où cette espèce est pour les naturels un objet de vénération.

MARTIN-PÊCHEUR AZURé Alcedo azurea Lath. Parties supérieures d'un bleu foncé brilliant; rémiges et rectrices brunes; un trail fauve sur les joues; une longue bande blanche sur es côtés du cou; gorge côtés du cou et parties inférieures d'un ronx fauve; bec noir; pieds rouges. Taille six pouces trois lignes. De l'Australasie île de Norfolk.

MARTIN-PÊCHEUR BABOUCARD. Alcedo

TOME X 15

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Senegalensis Briss. Variété du MARTIN-PÊCHEUR ALCYON.

MARTIN-PÊCHEUR A BEC BLANC Alcedo leucorkyncha Lath. Parties supérieures d'un vert brillant; tête et cou d'un brun pourpre; rémiges et rectrices vertes en dessus cendrées en dessous; parties inférieures jaunâtres; bec blanc; pieds rougeâtres. Taille quatre pouces six lignes. De l'Amérique.

MARTIN-PÈCHEUR DU BENGALE Alcedo Bengalensis Var. Lath. Edwards pl. 11. Parties supérieures d'un vert bleuâtre brillant; rémiges et rectrices brunes bordées de vert; trait oculaire roussâtre; sommet de la tête rayé de bleu foncé; parties inférieures d'un fauve roussâtre avec la gorge blanche; bec noir rougeâtre à la base de la mandibule inférieure; pieds rouges. Taille quatre pouces six lignes. On en distingue une variété de plus petite taille dont la trait oculaire se divise en deux et qui a les plumes de la tête et de la queue tout-à-fait brunes: ce n'est peut-être qu'une variété de sexe.

MARTIN-PÊCHEUR BIRU Alcedo Biru Horst. Temm. Ois color. pl. 239 fig. 1. Parties supérieures d'un bleu daigue-marine; plumes du sommet de la tête et des petites tectrices alaires terminées de bleu plus foncé; extrémité des rémiges et dessous des rectrices noirâtres; trait oculaire taché sur les côtés du cou; gorge et parties inférieures blanches; poitrine bleue; bec noir; pieds bruns. Taille cinq pouces. Des Moluques.

MARTIN-PÊCHEUR BLANC ET NOIR. V. MARTIN-PÊCHEUR PIE.

MARTIN-PÊCHEUR BLEU D'AMERIQUE. V. MARTIN-PÈCHEUR A BEC BLANC.

MARTIN-PÈCHEUR BLEU ET BLANC Alcedo cyanoleuca Vieille Parties supérieures d'un bleu d'aigue-marine; trait oculaire et petites tectrices alaires d'un noir profond; côlés du cou et parlies inférieures d'un blanc rayé et tacheté de bleu; bec rouge avec l'extrémité noire; pieds noirs. Taille neuf pouces D'Afrique.

MARTIN-PÊCHEUR BLEU DE CIES Alcedo cærulea Vieill. Parties supérieures d'un beau bleu pâle strié de noirâtre; tectrices alaires supérieures tachetées de noir; rémiges noires extérieurement et marquées de blanc qui est aussi la nuance de leur extrémité; les barbules intérieures blanchâtres rayées de noir; petites tectrices alaires inférieures dun brun rougeâtre; joues blanches de même que la gorge et une espèce de demicollier; parties inférieures d'un roux vif; bec noir; pieds bruns. Taille seise pouces De l'Amérique méridionale.

MARTIN-PÊCHEUR BLEU DE MADAGASCAR V. MARTIN-PÊCHEUR BLEU ET ROUX.

MARTIN-PÊCHEUR BLEU ET NOIR DU SÉNÉGAL Alcedo Senegalensis Var: Lath. Buff. pl. enl. 356. Parties supérieures d'un bleu foncé; rémiges et tectrices alaires noirâtres: gorge blanche; parties inférieures rousses; bec brun; pieds rougeâtres. Taille sept pouces.

MARTIN-PÊCHEUR BLEU ER ROUX Alcedo Smyrnensis Var. Lath. Buff. pl. enl. 232. Parties supérieures d'un bleu verdâtre brillante épaules tectrices alaires intermédiaires et bout des rémiges noirs; tête cou et parties inférieures d'un roux marron vif; bec rouge trigone avec la mandibule inférieure renflée; pieds rouges. Taille neuf pouces. D'Asie et d'Afrique.

MARTIN-PÊCHEUR BLEUATRE Alcedo cærulescens Lath. Parties supérieures variées de bleu pâle et de blanc; moustache bleue descendant sur la poitrine qui est de la même teinte et avec laquelle elle se confond; joues gorge devant du cou et abdomen blancs; bec noir; pieds onglés. Taille quatre pouces six lignes. Des Moluques.

MARTIN-PÊCHEUR DU BRÉSIL Alcedo Brasiliensis Lath. Parties supérieures fauves variées de roux de brun et de blanc; rémiges et rectrices roussâtres rayées de blanc; trait oculaire brun; parties inférieures

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blanches; bec et pieds noirs. Taille sept pouces.

MARTIN-PÊCHEUR DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE Alcedo Capensis Lath. Buff. pl. enl. 590. Parties supérieuresd'un bleu verdâtre; tectrices alaires d'un bleu d'aigue-marine; sommet de la téte d'un gris clair; dessous des rectrices gris; parties inférieures d'un fauve terne; bec rouge fortement renflé; pieds rougeâtres. Taille quatorze pouces.

MARTIN - PÊCHEUR DE CAYENNE Alcedo Cayenensis Lath. Parties supérieures d'un bleu pâle tirant au verdâtre vers le croupion; rémiges noires avec les barbules externes bleues en dessus; rectrices intermédiaires entièrement bleues en dessus; un demi-collier noir: parties inférieures blanches; bec noir avec la mandibule inférieure rouge de même que les pieds. Taille huit pouces.

MARTIN - PÊCHEUR DE LA CHINE Alcedo atricapilla Lath. Buff. pl. enl. 673. Parties supérieures d'un bleu violet luisant; tâte et cou noirs ainsi qu'une partie des tectrices alaires; un demi-collier blanc; gorge et poitrine blanches le reste des parties inférieures d'un roux clair; bec et pieds rouges. Taille dix pouces.

MARTIN-PÊCHEUR A COIFFE NOIRE. V. MARTIN-PÊCHEUR DE LA CHHINE.

MARTIN-PÊCHEUR A COLLIER DU BENGALE Alcedo Erithaca Lath. Parties supérieures d'un bleu foncé avec les ailes grises; sommet de la téte croupion et tectrices caudales rouges; côtés de la téte jaunes ornés de deux bandes l'une noire et l'autre bleue; front et parties inférieures jaunes; gorge et collier blancs; dessous de la queue gris; bec et pieds rouges. Taille sept pouces. Espèce douteuse.

MARTIN-PÊHEUR A COLLIER BLANC Alcedo collaris Lath. Parties supérieures d'un bleu nuancé de verdâtre; un petit collier blanc ainsi que les parties inférieures; bec noir avec la mandibule inférieure jaunâtre; pieds noirâtres. Taille huit pouces. Des Philippines.

MARTIN-PÊCHEUR A COLLIER DES INDES Alcedo cærulea Lath. Parties supérieures d'un beau bleu; sourcils blancs qui s?eacute;tendent vers l'occiput; une tache roussâtre aú-dessous de l?oelig;il de chaque côté; un collier blanc; tectrices alaires croupion et tectrices caudales supérieures d'un vert brillant; rémiges et rectrices bleues en dessus noires en dessous; gorge roussâtre; parties inférieures rousses; bec noir grisâtre è sa baset pieds gris. Taille sept pouces.

MARTIN - PÊCHEUR DE LA COTE DE MALABAR. V. MARTIN - PÊCHEUR (GRAND) DU BENGALE.

MARTIN - PÊCHEUR A COU ROUGE. V. MARTIN-PÊCHEUR MORDORÊ.

MARTIN-PÊCHEUR CRABIER Alcedo cancrophaga Lath. Buff. pl. enl. 334. Parties supérieures d'un bleu verdâtre brillant; sommet de la téte d'un cendré bleuâtre tirant sur le blanc au-dessus des yeux; trait oculaire tectrices alaires et extrémité des rémiges noirs; parties inférieures d'un fauve pâlo; bec et pieds rouges; mandibule inférieure renflée. Taille douze pouces. D'Afrique.

MARTIN - PÊCHEUR A DOS BLEU Alcedo tribrachys Shaw. Parties supérieures et joues d'un bleu foncé qut forme aussi une bande de chaque côté sur la gorge la poitrine et le cou; parties inférieures d'un roux ferrugineux; bec noir; tarse orangé; doigt interne presque nul. Taille cinq pouces. De Timor.

MARTIN - PÊCHEUR DOUBLE OEIL Alcedo Diops Temm. Ois; color. pl. 272. Parties supérieures d'un bleu nuancé de vert d'aigue-marine; sommet de la téte dessus et côtés du cou bande pectorale cuisses rémiges et rectrices d'un bleu vif; une grande tache blanche de chaque côté du front; trait oculaire varié de noirâtre; extrémité des rémiges et dessous de la queue noirs; menton gorge et abdomen blancs; bec et pieds noirs. Taille sept pouces six lignes. Des Moluques et des Célèbes.

MARTIN - PÊCHEUR ÉGYPTIEN Alcedo Ægyptia Lath. Espèce placée

15*

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mal à propos dans ce genre et qui paraît selon Savigny devoir être rangée parmi les Bihoreaux. V. HÉRON.

MARTIN-PÊCHEUR EROORO Alcedo tuta Lath. Parties supérieures d'un vert olive; sourcils blancs; collier noirâtre; parties inférieures blanches; bec noir avec la mandibule inférieure blanche; pieds noirs. Taille huit pouces. De l'Océanique.

MARTIN-PÊCHEUR A FRONT GRIS Aceldo cinereifrons Vieill. Parties supérieures d'un bleu d'aigue-mariue; front gris; trait oculaire noir ainsi que les tectrices alaires; rémiges brunes avec le bord extérieur d'un bleu verdâtre brillant; poitrine d'un bleu d'aigue-marine; le reste des parties inférieures blanchâtre; bec noir tacheté en dessus de jaune et de rougeâtre; pieds bruns. Taille neuf pouces six lignes. La femelle a les parties supérieures et la poitrine d'un gris bleuâtré et les tectrices alaires brunes. De l'Ethiopie.

MARTIN-PÊCHEUR A FRONT JAUNE. V. MARTIN-PÊCHEUR A COLLIER DU BENGALE.

MARTIN-PÊCHEUR GARGANTA. V. MARTIN-PÊCHEUR MORDORÉ.

MARTIN-PÊCHEUR GAUDICHAUD. V. MARTIN-CHASSEUR GAUDICHAUD.

MARTIN-PÊCHEUR GÉANT. V. MARTIN-CHASSEUR GÉANT.

MARTIN - PÊCHEUR GIP - GIP. V. MARTIN-PÊCHEUR DU BRÉSIL.

MARTIN-PÊCHEUR GHOTARRÉ Alcedo sacra Var. Lath. Parties supérieures bleues; nuque noire; collier blanc; sourcils jaunâtres ainsi que les parties inférieures à l'exception de la gorge qui est blanche; tectrices alaires inférieures noires; bec et pieds bruns. Taille huit pouces. De la Nouvelle-Zélande: on présume que cette espèce n'est qu'une variété du Martin-Pêcheur des mers du Sud.

MARTIN-PÊCHEUR (GRAND) DU BENGALE Alcedo Smyrnensis Var. Lath. Buff. pl. enl. 894. Parties supérieures d'un bleu verdâtre brillant; tête et dessus du cou d'un brun marron; tectrices alaires supérieures brunes les intermédiaires noirâtres de même que l'extrémité des rémiges et le dessous des rectrices; gorge devant du cou et haut de la poitrine blancs avec quelques taches sur les flancs d'un roux marron qui est la couleur des autres parties inférieures; bec rouge avec la mandibule inférieure renflée; pieds orangés. Taille dix pouces six lignes.

MARTIN-PÊCHEUR (GRAND) DE L'ILB DE LUÇON Alcedo atricapilla Var. Parties supérieures d'un bleu clair brillant; sommet de la tête et haut du cou bruns; sourcils et collier blanchâtres; petites tectrices alaires brunes; rémiges bleues terminées de noirâtre; parties inférieures blanches avec chaque plume marquée d'un trait longitudinal brun dans le milieu; bec noirâtre avec la mandibule inférieure renflée; pieds bruns. Taille neuf pouces.

MARTIN-PÊCHEUR (GRAND) DE MADAGASCAR. V. MARTIN-PÊCHEUR BLEU ET ROUX.

MARTIN-PÊCHEUR (GRAND) DE LA NOUVELLE - GUINÉE. V. MARTIN-CHASSEUR GÉANT.

MARTIN-PÊCHEUR (GRAND) DU SÉNÉGAL. V. MARTIN-CHASSEUR A TÊTE GRISE.

MARTIN-PÊCHEUR A GROS BEC. V. MARTIN-PÊCHEUR DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE.

MARTIN-PÊCHEUR HUPPÉ Alcedo maxima Var. Lath. Buff. pl. enl. 679. Parties supérieures d'un gris noirâtre varié de lignes blanches; sommet de la tête d'un gris noirâtre parsemé de taches d'un gris ardoisé; sourcils blancs; rémiges et rectrices noirâtres régulièrement tachetées et terminées de blanc; gorge blanche striée de noirâtre et de roussâtre; poitrine mêlée de ces deux couleurs; le reste des parties inférieures blanc avec les flancs d'un rouge orangé; bec et pieds noirs. Taille seize pouces. La femelle a la gorge et le devant du cou d'un brun ferrugineux pâle des lignes étroites et noirâtres sur les parties inférieures. De l'Afrique.

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MARTIN-PÊCHEUR HUPPÉ DU BRÉSIL Alcedo Guacu Vieill. Parties supérieures d'un brun ferrugineux; collier blanc; rémiges et rectrices tachetées transversalement de blanc; parties inférieures blanches; bec et pieds noirs. Taille dix pouces.

MARTIN-PÊCHEUR HUPPÉ DU CAP DE BONNE - ESPÉRANCE. V. MARTIN-PÊCHEUR PIE.

MARTIN-PÊCHEUR HUPPÉ DE LA CAROLINE Alcedo Alcyon Lath. Buff. pl. enl. 715. Parties supérieures d'un gris ardoisé varié de nuances plus claires; téte d'un bleu ardoisé munie de plumes assez longues et effilées susceptibles de se relever en huppe; cou blanc; tectrices alaires tachetées de blanc; rémiges noires bordées de blanc; gorge blanche; poitrine ardoisée; parties inférieures blanches avec le bas de la poitrine et les flancs roux; tectrices caudales inférieures blanches; bec et pieds noirs. Taille onze pouces. La femelle n'a point de roux à la poitrine et aux flancs.

MARTIN - PÊCHEUR HUPPÉ DE LA LOUISIANE. V. MARTIN - PÊCHEUR HUPPÉ DE LA CAROLINE.

MARTIN-PÊCHEUR HUPPÉ DU MEXIQUE. V. MARTIN-PÊCHEUR ALATLI.

MARTIN-PÊCHEUR DE L'ILE DE LUÇON Alcedo tridactyla Lath. Parties supérieures d'un rouge de lilas; tectrices alaires d'un bleu sombre foncé bordées de bleu vif éclatant; rémiges et rectrices noirâtres; parties inférieures blanches; bec et pieds rouges; doigt interne presque nul. Taille quatre pouces.

MARTIN-PÊCHEUR DES ILES DE LA SOCIÉTÉ Alcedo sacra Var. Lath. Parties supérieures d'un bleu verdâtre brillant; sourcils d'un blanc sale; rémiges et rectrices d'un brun noirâtre bordées extérieurement de bleu; parties inférieures blanches; bec et pieds noirâtres. Taille neuf pouces. De l'Australasie.

MARTIN-PÊCHEUR DES INDES Alcedo orientalis Lath. Parties supérieures d'un vert brillant; sommet de la téte trait oculaire et gorge d'un bleu éclatant; sourcils blancs; une tache rousse sur la joue; rémiges noirâtres bordées extérieurement de bleu verdâtre; rectrices semblables à l'exception des deux intermédiaires qui sont vertes; parties inférieures rousses; bec et pieds rouges Taille quatre pouces six lignes.

MARTIN-PÊCHEUR SAGUACATI. V. MARTIN-PÊCHEUR HUPPÉ DE LA CAROLINE.

MARTIN-PÊCHEUR SAGUACATI GUACA. V. MARTIN-PÊCHEUR HUPPÉ DU BRÉSIL.

MARTIN-PÊCHEUR DE JAVA Alcedo leucocephala Lath. Buff. pl. enl. 757. Parties supérieures d'un bleu verdâtre pâle brillant; sommet de la téte jaunâtre ainsi que le cou mais strié de petits traits noirs ce qui lui donne une teinte plus sombre; tectrices alaires et dessus des rectrices d'un vert sombre; rémiges noirâtres bordées extérieurement de vert; parties inférieures jaunâtres; dessous des rectrices noirâtre; bec rouge; mandibule inférieure renflée; pieds bruns. Taille douze pouces.

MARTIN - PÉCHEUR KOATOO. Cetle espèce que l'on considère comme une variété du Martin-Pêcheur des mers du Sud a les parties supérieures d'un vert sombre; les sourcils d'un blanc sale verdâtre; un collier blanc; les tectrices alaires vertes bordées de jaunâtre; les rémiges et les rectritces noirâtres bordées de bleu; les parties inférieures d'un blanc jaunâtre; bec et pieds noirâtres. Taille huit pouces. De la Nouvelle-Zélande.

MARTIN-PÊCHEUR A LONGS BRINS Alcedo Dea Lath. Parties supérieures noirâtres bordées de bleu foncé; sommet de la tête cou et tectrices alaires d'un bleu foncé; rémiges bleues bordées de noir; les deux rectrices intermédiaires dépassant de beaucoup les autres et dénuées de barbules dans le milieu de leur longueur; elles sont de même que les autres d'un rouge de rose à l'extérieur bordées intérieurement de brun mais la partie intermédiaire est bleue; parties inférieures et crou-

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pion d'un blanc rosé; bec et pieds rougeâtres; mandibule inférieure renflée. Taille neuf à dix pouces. Des Moluques.

MARTIN - PÊCHEUR DE LA LOUISIANE. V. MARTIN-PÊCHEUR HUPPÉ DE LA CAROLINE.

MARTIN-PÊCHEUR DE MADAGASCAR Alcedo Madagascariensis Lath. Buff. pl. enl. 778 fig. 1. Parties supérieures d'un roux éclatant; rémiges noires; tectrices alaires et rectrices noirâtres bordées de roax; bec et pieds rouges. Taille cinq pouces.

MARTIN - PÊCHEUR DE MALIMBE. V. MARTIN-PÊCHEUR A FRONT GRIS.

MARTIN - PÊCHEUR A MANTEAU Alcedo vestita Dumont. Parties supérieures d'un vert foncé avec les rémiges et les rectrices tachetées de blanc; demi-collier blanc; parties inférieures blanches à l'exception des côtés de la poitrine qui sont verts; bec et pieds noirs. Taille dix pouces. Du Brésil.

MARTIN-PÈCHEUR MATUITI Alcedo maculata Lath. Parties supérieures brunes tachetées de jaunâtre; rémiges et rectrices traversées de bandes de la même couleur; gorge jaune; parties inférieures blanches pointillées de brun; bec rouge avec la mandibule supérieure cournée à la pointe; pieds gris. Taille huit pouces. Du Brésil. Cette espèce que nous n'avons point vue devra probablement être rangée parmi les Martins-Chasseurs.

MARTIN-PÈCHEUR MéLANOPTÈRE Alcedo Melanoptera Horsf. V. MARTIN-PÈCHEUR OMNICOLORE.

MARTIN-PÊCHEUR MENINTING Alcedo Meninting Horsf. Temm. Ois. color. pl. 239 f. 2. V. MARTIN-PÊCHEUR DU BENGALE variete première dont il ne diffère point assez pour constituer une espèce.

MARTIN-PÊCHEUR DE MER AUX AILES LONGUES. Nom donné fort improprement à la Frégate. V. ce mot.

MARTIN - PÊCHEUR DES MERS DU SUD Alcedo sacra Lath. Parties supérieures d'un vert pâle; de larges sourcils roux qui se réunissent sur la nuque; trait auriculaire d'un vert foncé; une petite ligne orangée bordée de bleu sur la joue; rémiges et rectrices noirâtres bordées de bien extérieurement; parties supérieures blanches; un collier roussâtre; bec grisâtre avec la base de la mandibule inférieure blanche; pieds noirs. Taille neuf pouces.

MARTIN-PÈCHEUR MORDORÉ Alcedo rubescens Vieill. Parties supérieures d'un brun mordoré avec des reflets verts et des petites tâches blanohâtres; sourcils trait oculaire gorge et demi-collier blancs; rémiges et rectrices noirâtres tachetées de blanc latéralement; parties inférieures blanches tachetées de rouge et de noir sur les flancs; bec et pieds noirâtres. Taille douze pouces trois lignes. De l'Amérique méridionale.

MARTIN-PÊCHEUR DE LA NOUVELLE-GUINÉE Alcedo Novæ-Guineæ Lath. Parties supérieures noires tachetées de blanc; rémiges et rectrices mouchetées de blanc; deux larges taches blanches de chaque côté du cou; parties inférieures noirâtres striées de blanc; bec et pieds noirs. Taille seize pouces. Il est probable que cette espèce fera partie des Martins-Chasseurs.

MARTIN - PÊCHEUR OMNICOLONE Alcedo omnicolor Reinw. Temm. Ois. color. pl. 135. Parties supérieures d'un bleu azuré foncé; sommet de la tête noir; une large moustache brune; collier d'un brun marron varié d'un bleu foncé qui est la couleur de la nuque; petites tectrices alaires et extrémité des rémîges d'un noir profond; graudes tectrices et rémiges d'un bleu verdâtre brillant à l'extériear d'un blanc pur intérieurement; rectrices d'un bleu verdâtre en dessus noires en dessous; gorge et devant du cou d'un brun marron foncé; le reste des parties inférieures bleu; bec et pieds rouges. Taille dix pouces. De Java.

PETIT MARTIN-PÊCHEUR HUPPÊ DES PHILIPPINES Alcedo cristata Lath. Buff. pl. enl. 756 f. 1. Parties supérieures d'un bleu brilliant; sommet

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de la tête rayé et pointillé de noir; joues d'un roux marron traversées par une brade d'un bleu violat qui descend de chaq ne côté du cou; scapulaire de la même nuance; tectrices alaires oreilles couvertes de plumes blanchâtres; petites tectrices alaires d'un bleu violet foncé terminées par un point vert; rémiges brunes avec un reflet violet; rectrices d'une teinte semblable mais plus foncée; parties inférieures rousses avec la gorge blanchâtre; bec et pieds rouges. Taille quatre pouces six lignes.

PETIT MARTIN-PECHEUR?DU SÉNÉGAL. V. MARTIN-PECHEUR A TÊTE ELEVE.

MARTIN-PÊCHEUR PIE Alcedo rudis Lath. Buff. pl. enl. 62. Plumage varié de noir et de blanc; cette dernière nuance borde les plumes de la téte et du cou et forme une bande sur leurs côtés et des taches irrégulières sur les parties supérieures; elle couvre presque entièrement les parties inférieures à l'exception d'une large bande interrompue sur la poitrine; bec et pieds noirs. Taille onze pouces. De l'Afrique et de la Chine.

MARTIN-PÈCHEUR DE PONDICHÉRY Alcedo purpurea Lath. Buff. pl. enl. 778. Parties supérieures d'un roux pourpré à reflets violets; joues d'un roux orangé; oreilles couvertes de plumes bleues bordant une tache blanche; rectrices alaires variées de roux et de noirâtre; rémiges noirâtres roussâtres intérieurement; gorge blanche; le reste des parties inférieures mêlées de roux et de jaune d'or sur un fond blanc; bec et pieds d'un jaune rougeâtre. Taille quatre pouces.

MARTIN - PÊCHEUR POURPRÉ. V. MARTIN-PÊCHEUR DE PONDICHÉRY.

MARTIN-PÊCHEUR ROUX. V. MARTIN-PÊCHEUR DE MADAGASCAR.

MARTIN - PÊCHEUR SACRÉ. V. MARTIN-PÊCHEUR DES MERS DU SUD.

MARTIN-PÊCHEUR DE SAINT-DO-MINGUE. V. MARTIN-PÊCHEUR HUPPE DE LA CAROLINE.

MARTIN-PÊCHEUR DU SÉNÉGAL. V. MARTIN - PÊCHEUR BLEU ET NOIR DU SÉNÉGAL.

MARTIN - PÊCHEUR DE SMYRNE Alcedo Smyrnensis Lath. Parties supérieures d'un vert sombre; tête cou et parties inférieures d'un brun marron; rémiges et rectrices latérales noirâtres bordées de vert obscur; gorge et bande transversale sur la poitrine blanches; bec et pieds rouges. Taille huit pouces six lignes.

MARTIN-PÊCHEUR DE SURINAM Alcedo Surinamensis Lath. Parties supérieures d'un bleu clair brillant; tête d'un vert noirâtre tachetée de bleu; rectrices d'un bleu foncé; gorge et milieu du ventre d'un blanc rougeâtre; poitrine rousse; bec et pieds noirs. Taille huit pouces.

MARTIN - PÊCHEUR TAAOU - YUTEHIN. V. MARTIN - PÊCHEUR DU BENGALE.

MARTIN-PÊCHEUR TACHETÉ Alcedo Indica Lath. Parties supérieures d'un vert obscur; bande oculaire noire bordée de jaune orangé; côtés du couverts; collier noir bordé de blanchâtre; rémiges et rectrices tachetées de blanc; parties inférieures d'un roux orangé; bec noirâtre avec la mandibule inférieure d'un jaune rougeâtre; pieds rougeâtres. Taille sept pouces. De Cayenne.

MARTIN - PÊCHEUR TACHETÉ DU BRÉSIL. V. MARTIN-PÈCHEUR MATUITI.

MARTIN - PÊCHEUR TUPURARA. V. MARTIN-PÊCHEUR DU BENGALE.

MARTIN - PÊCHEUR DE TERNATE. V. MARTIN-PÊCHEUR A LONGS BRINS.

MARTIN-PÊCHEUR A TÊTE BLANCHE Alcedo Albicilla Cuv. Parties supérieures bleues; tête et parties inférieures blanches à l'exception de la gorge et de la poitrine qui sont roussâtres. Souvent la téte est mélangée de bleu; quelquefois même elle est entièrement de cette couleur ce qui jette comme l'a fort judicieusement fait remarquer un savant ornithologiste beaucoup d'incertitude sur lé nombre réel des espèces que l'on a jusqu'ici établies dans le genre Mar-

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tin-Pêcheur. Taille sept à huit pouces. Des îles Marianes.

MARTIN-PÈCHEUR. A TÊTE BLEUE Alcedo cæruleocephala Lath. Buff. pl. enl. 356. Parties supérieures d'un bleu verdâtre brillant varié de bleu vif sur la tête; rémiges noirâtres bordées de bleu; joues et parties inférieures d'un rouge orangé; gorge blanche; bec et pieds rouges. Taille quatre pouces. De l'Afrique.

MARTIN-PÈCHEUR A TÊTE COULEUR. DE PAILLE. V. MARTIN-PÈCHEUR DE JAVA.

MARTIN-PÈCHEUR A TÊTE GRISE. V. MARTIN-CHASSEUR A TÊTE GRISE.

MARTIN-PÈCHEUR A TÊTE ROUSSE Alcedo ruficeps Cuv. Parties supérieures d'un vert foncé avec la tête et le dessous du cou roux; parties inférieures roussâtres variées de blanc; bec et pieds rouges. Taille huit pouces. Des îles Marianes.

MARTIN-PÈCHEUR A TÊTE VERTE Alcedo chlorocephala Lath. Buff. pl. enl. 783. Parties supérieures d'un vert clair; sommet de la tête d'un vert foncé entouré d'une ligne noire qui entoure aussi les yeux et s?eacute;tend jusqu'aux angles du bec; tectrices alaires d'un vert d'aigue-marine; rémiges et rectrices noirâtres; parties inférieures blanches; bec et pieds noirs; mandibule inférieure renflée. Taille neuf pouces. Des Moluques.

MARTIN-PÈCHEUR TEU-ROU-JOU-LON. Parties supérieures vertes; rectrices bleues; parties inférieures jaunes; bec et pieds rouges. Taille sept pouces. Des Célèbes. Espèce peu caractérisée.

MARTIN-PÈCHEUR TOUNZI Alcedo nutans Vieill. Parties supérieures bleues; sommet de la tête bleu avec l'extrémité de chaque plume rayée de bleu clair; une ligne rousse sur les joues qui sont d'un violet pourpré; une tache blanche bordée d'un rouge vif sur les oreilles; collier roux; gorge blanche; parties inférieures rousses; bec noir blanchâtre à sa base orangé vers la pointe. Taille quatre pouces. D'Afrique.

MARTIN-PÈCHEUR D'ULCITÉA. Variété du Martin-Pècheur de la mer du Sud.

MARTIN-PÈCHEUR A VENTRE BLEU Alcedo cyanoventris Vieill. Parties supérieures d'un bleu d'outre-mer brillant; sommet de la tête d'un brun noirâtre à reflets bleus; collier bleu; occiput bordé de brun; petites teotrices alaires noires les grandes bleues bordées de vert; rémiges blanches à leur base vertes extérieurement et terminées de noir; rectrices bleues en dessus noires en dessous; gorçe et devant du cou d'un brun marron à reflets violets sur la poitrine; abdomen bleu à reflets verdâtres; bec et pieds rouges. Taille huit pouces six lignes. De Java. Cette espèce paraît être la même que celle que Temminck a figurée pl. 155 des Oiseaux coloriés sous le nom d'Omnicolore que lui a donné le professeur Reinwardt.

MARTIN-PÈCHEUR VERT Alcedo viridis Vieill. Parties supérieures d'un vert obscur avec quelques points blancs sur les tectrices alaires; rémiges et rectrices noires tachetées de blanc intérieurement; gorge et collier d'un blanc pur; parties inférieures blanches tachetées de vert; devant du cou marron; bec et pieds noirs. Taille huit pouces. De l'Amérique méridionale.

MARTIN-PÈCHEUR VERT D'AMéRIQUE. V. MARTIN-PÈCHEUR VERT ET ORANGÉ.

MARTIN-PÈCHEUR VERT DE L'AUSTRALASLE Alcedo Australasiæ Vieill. Parties supérieures vertes; plumes du cou bordées de roux; sourcils côtés de la tête et dessus du cou d'un brun ferrugineux; joues traversées par une bande d'un bleu foncé dégénérant en verdâtre; rémiges et rectrices bleues; tectrices alaires terminées de roux; menton blanc; parties inférieures jaunes variées de jaunâtre; bec noir avec la mandibule inférieure blanche la supérieure inolinée vers la pointe. Taille sept pouces. Cette espèce serait peut-être mieux placée parmi les Martins-Chasseurs.

MARTIN-PÈCHEUR VERT ET BLANC

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Alcedo Americana Lath. Buff. pl. enl. 591. Parties supérieures d'un vert nombre à reflets d'un vert plus clair; un trait blanc sur les côtés de la tête et du cou; d'autres trails ou taches semblables sur les ailes; gorge blanche; poitrine d'un roux orangé; le reste des parties inférieures mélangé de blanc et de vert; bec noir; pieds rougeâtres. Taille sept pouces. La femelle n'a point de roux sur la poitrine. De l'Amérique méridionale.

MARTIN-PÈCHEUR VERT DE CAYENNE. V. MARTIN-PÈCHEUR VERT ET ORANGÉ.

MARTIN-PÈCHEUR VERT DE MER Alcedo Beryllina Vieill. Parties supérieures et poitrine vertes; joues et taches sur les côtés du cou blanches ainsi que la gorge et les parties inférieures; bec noir; pieds jaunâtres. Taille cinq pouces six lignes. De Java.

MARTIN-PÈCHEUR VERT ET ORANGÉ Alcedo superciliosa Lath. Buff. pl. enl. 756 fig. 2 et 3. Parties supérieres d'un vert obscur avec quelques petites taches roussâtres sur les ailes; rémiges brunes; collier poitrine flancs et abdomen d'un roux orangé gorge et poitrine blanches; une bande verte entourée de roux vers le haut de cette dernière partie; bec et pieds noirs; base de la mandibule inférieure d'un jaune rougeâtre. Taille cinq pouces. De l'Amérique méridionale. La femelle n'a point de bande verte sur la poitrine.

MARTIN-PÈCHEUR VERT ET ROUX Alcedo bicolor Lath. Buff. pl. enl. 592 fig. 1 et 2. Parties supérieures vertes tachetées de roussâtre sur les ailes et la queue; un trait roux entre la narine et l?oelig;il; collier roux; parties inférieures d'un roux marron à l'exception d'une bande blanche tachetée de vert sur la poitrine du mâle seulement; bec noirâtre; pieds rougeâtres. Taille neuf pouces six lignes. De l'Amérique méridionale.

MARTIN-PÈCHEUR VINTZI. V. MARTIN-PÈCHEUR HUPPÉ DES PHILIPPINES.

MARTIN-PÈCHEUR VIOLET DE LA CÔTE DE COROMANDEL Alcedo Coromandeliæ Lath. Parties supérieures roussâtres avec des reflets violets; croupion d'un blanc bleuâtre; parties inférieures d'un jaune roussâtre plus pâle vers le menton; bec rouge; mandibule inférieure renflée; pieds d'un rouge jaunâtre. Taille huit à neuf pouces. (DR..Z.)

MARTIN-SEC ET MARTIN-SIRE. BOT. PHAN. Variétés de Poires. (B.)

* MARTIN ET VACHE AU BON DIEU. INS. Noms vulgaires des Coccinelles. (B.)

MARTINET. Cypselus. OIS. Genre de l'ordre des Chélidons. Caractères; bec très-court peu apparent en partie caché par les plumes du front triangulaire déprimé large à sa base; angle des mandibules s?eacute;tendant jusqu'au-dessous des yeux: la supérieure courbée à la pointe; narines larges placées longitudinalement vers le haut du bec près de l'arête couvertes en arrière par une membrane élevée dont les bords sont garnis de petites plumes semblables à celles du Capistrum; tarse extrêmement court; quatre doigts entièrement divisés et tous dirigés en avant; ils sont courts et gros de même que les ongles; ailes très-longues; première rémige un peu plus courte que la seconde; queue composée de dix rectrices.

Comme les Hirondelles avec lesquelles ils ont été long-temps confondus les Martinets semblent être exclusivement du domaine de l'air. C'est le matin ainsi que vers le soir et même pendant une partie de la nuit qu'ils aiment à donner un libre essor à leur étonnante mobilité et parcourir en un instant des distances que l'imagination admettrait avec peine si le phénomène ne se reproduisait constamment à nos yeux; dans le milieu de la journée lorsque la chaleur solaire se développe avec le plus d'intensité les Martinets fuient son trop ardent contact; ils se retirent dans les trous de murailles ou de masures dans les crevasses de rochers dont ils font leur retraite journalière et où

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l'on assure qu'ils se livrent au sommeil. Il faut à ces Oiseaux une température presque absolument uniforme; c'est pour cela que ne pouvant séjourner long-temps dans les mêmes lieux ils sont assujettis à des voyages pour ainsi dire continuels et pour lesquels la nature semble les avoir doués d'organes très-favorables. Les points culminans des lieux qu'ils habitent les tours les monumens élevés les pics de rochers sont ordinairement choisis par ces Oiseaux de mœurs un peu farouches comme points centraux de leurs voyages aériens; souvent ils se poursuivent dans la même direction par bandes de huit à dix mais jamais ils ne se mêlent avec d'autres espèces et lorsque de la plus haule portée à laquelle la vue peut atteindre on aperçoit des Oiseaux fendre l'air avec rapidité et en laissant échapper des sifflemens aigus on peut être certain que ce sont des Martinets.

C'est toujours en volant que les Martinets pourvoient à leur nourriture et pour exécuter leur chasse ils n'ont qu?agrave; tenir leur beo ouvert: la cavité de la bouche extrêmement étendue et constamment humectée par une humeur visqueuse retient contre ses parois les Insectes répandus sur la route sinueuse des Martinets et qui sont en quelque sorte engouffrés dans cette énorme bouche. L'Oiseau paraît ne les avaler que lorsqu'il éprouve le besoin de nourriture ou lorsqu'il en juge le nombre assez considérable. Quand la soif se fait sentir il effleure la surface d'un ruisseau ou d'une rivière y plonge habilement la tête et se relève avec la plus grande vivacité après s?ecirc;tre gorgé de liquide. Sa vue doit être extrêmement perçante car on a souvent observé que des Martinets se dirigeaient de très-loin vers un petit Insecte voltigeant autour d'une fleur ou au-dessus des eaux. Son courage est beaucoup au-dessus de sa taille et il le déploie surtout quand il s'agit de défendre sa couvée contre l'attaque des petits Oiseaux de proie; alors il n'hésite pas à lutter contre des forces huit ou dix fois supérieures et quand il est obligé de succomber ce qui arrive assez ordinairement dans des combats aussi inégaux ce n'est qu'après avoir épuisé toute sa vigueur et quand il est prêt à périr. Les Martinets ne s'abattent jamais volontairement dans les plaines ils y éprouveraient trop de difficultés pour reprendre le vol: l'extrême longueur de leurs ailes y jointe à l'exiguité du tarse rend leur marche très-pénible sur un terrain parfaitement uni et ce n'est que lorsqu?agrave; l'aide d'un balancement favorable ils ont pu atteindre une pierre ou une motte de terre plus élevée qu'ils s?eacute;lancent dans leurs régions favorites où des Oiseaux de même taille se trouvent en possession de leur disputer la supériorité du vol. De même que les Hirondelles les Martinets vont chaque année déposer dans les mêmes lieux les fruits de leurs amours ce qui pent faire penser qu'il existe beaucoup de constance dans leurs unions; ils y retrouvent le nid qu'ils ont primitivement construit et qui consiste en débris de fenilles de tiges et en couches de duvet appliquées et collées les unes sur les autres au moyen de l'humeur glutineuse qu'ils sécrètent par le bec. Ils n'ont chaque année qu'une légère réparation à faire à ce nid qui reçoit ensuite trois ou quatre œufs d'un blanc pur. Dès que ces œufs sont éclos les père et mère apportent simultanément la bocquée aux jeunes et lorsque ceux-ci sons en état de quitter le nid déjà la famille songe aux préparatifs de départ pour aller sans doute se séparer dans d'autres climats.

Les jeunes Martinets diffèrent peu des vieux dont les couleurs sont les mêmes dans les deux sexes chet la plupart des espèces. D'après la concordance des observations faites pa plusieurs voyageurs la mue annuelle s'opère de très-bonne heure au mois de février: conséquemment sous les zônes qui à celle époque donnent

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aux régions africaines et asiatiques une température de vingt-cinq à trente degrés.

MARTINET BLANC-COL Cypselus collaris prince Maxim. Temm. Ois color. pl. 195. Tout le plumage d'un noir brunâtre moins prononcé encore sur la tête et les ailes; un collier blanc assez étroit sur les côtés du cou; dix rectrices assez courtes élastiques terminées en pointe roide: las latérales progressivement plus loagues que les intermédiaires ce qui rend la queue un peu fourchue; rémiges dépassant les rectrices de deux pouces et demi; bec noir; pieds d'un brun noirâtre; tarses lisses et plus élevés que dans les autres espèces. Taille de l'extrémité du bec à celle de la queue six pouces sir lignes. Du Brésil.

MARTINET COIFFÉ Cypselus comatus Temm. Ois. color. pl. 268. Parties supérieures eou poitrine et ventre d'un vert cuivré et bronzé; côtés de la tête garnis de plumes longues étroites et blanches formant une bande qui de la base du bec passe au-dessus des yeux et se rabat ea huppe tour la nuque: une autre bande semblable prend naissance du menton se dirige au-dessous des yeux et va se terminer sur la nuque; les autre plumes de la tête également longues et effilées sont d'un vert bronzé; une tache d'un brun marron couvre l'orifice des oreilles; tectrices alaires rémiges et rèctrices d'un vert foncé avec des reflets métalliques; extrémité des tectrices alaires partie de l'abdomen et tectrices anales blanches; queue très-fourchue; bec et pieds noirâtres. Taille cinq pouces huit lignes. De Sumatra.

MARTINET DE LA CAROLINE. V. HIRONDELLE BLEUE DE LA LOUISIANE.

MARTINET A CROUPE BLANCHE. V. HIRONDELLE NOIRE D'AFRIQUE.

MARTINET A CROUPION BLANC. V. HIRONDELLE NOIRE D'AFRIQUE.

MARTINET A CUL BLANC. V. HIRONDELLE DE PENÊTRE.

MARTINET GÉANT Cypselus giganteus Van Hasselt Temm. Ois. color. pl. 364. Parties supérieures d'un brun noirâtre; sommet de la tête nuque partie des tectrices alaires tectrices uropugiales et côtés de l'abdomen d'un vert foncé à reflets brillans; scapulaires et milieu du dos d'un brun cendré mat; rémigés et rectrices d'un noir irisé: celles-ci terminées par une longue pointe nue formée du prolongement de la baguette; une bande blanche au-dessus des cuisses qui se confond avec les tectrices anales qui sont également blanches; bec et pieds bruns. Táille sept pouces six lignes. De Java.

MARTINET A GORGE BLANCHE D'AFRIQUE Levaill. Ois. d'Afr. pl. 243. On le considère comme une variété du Martinet à ventre blanc dont le brun de la poitrine s?eacute;tendrait davantage sur le ba du cou et en restreindrait conséquemment la nuance blanche. V. MARTINET A VENTRE BLANC

MARTINET (GRAND). V. MARTINET DE MURAILLE.

MARTINET (GRAND) DE LA CHINE Hirundo Sinensis Lath: Parties supérieures brunes; sommet de la tête d'un roux clair; bande oculaire brune; yeux entourés de petites plumes blanches; gorge blanche; parties inférieures roussâtres; bec et pieds gris bleuâtres. Taille onze pouces six lignes.

MARTINET (GRAND) NOIR A VENTRE BLANC. V. MARTINET A VENTRE BLANC.

MARTINET (GRAND) A VENTRE BLANC. V. MARTINET A VENTRE BLANC.

MARTINET LONGIPENNE Cypselus longipennis Temm. Ois. color. pl. 85 fig. 1. Parties supérieures d'un vert foncé brillant; ailes et queue d'un vert bleuâtre avec les rémiges les plus voisnes du corps blanches; une tache d'un brun marron sur l'orifice des oreilles; parties inférieures cendrées; milieu du ventre et tectrices anales blanches; croupion d'un cendre verdâtre; bec noir; pieds rougeâtres. Taille huit pouces six li-

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gnes. La femelle n'a point de tache rousse aux oreilles. De Java.

MARTINET DE MURAILLE Hirundo Apus Gmel.; Cypselus murarius Temm.; Micropus murarius Meyer Buff. pl. enlum. 542 fig. 2. Tout le plumage d'un noir brunâtre à l'exception de la gorge qui est d'un blanc sale; bec et pieds noirs; tarses emplumés. Taille sept pouces dix lignes. Les jeunes ont la gorge et le tour du bec blancs les rémiges et les tectrices alaires les rectrices frangées de blanc. En Europe en Asie et en Afrique.

MARTINET NOIR. V. MARTINET DE MURAILLE.

MARTINET (PETIT). V. HIRONDELLE DE FENÊTRE.

MARTINET (PETIT) NOIR. V. PETITE HIRONDELLE NOIRE.

MARTINET DE SAINT-DOMINGUE. V. PETITE HIRONDELLE NOIRE.

MARTINET VÉLOCIFÈRE. V. HIRONDELLE VÉLOCIFÈRE

MARTINET A VENTRE BLANC Cypselus alpinus Temm.; Hirundo melba Gmel.; Micropus alpinus Meyer. Parties supérieures d'un brun cendré qui prend une nuance plus foncée et irisée sur les ailes et la queue; gorge poitrine et ventre blancs; un large collier d'un noir brunâtre; le reste des parties inférieures et flancs d'un cendré brunâtre; bec noir; pieds rougeâtres. Taille neuf pouces. Du midi de l'Europe. (DR..Z.)

MARTINÉZIE. Martinezia. BOT. PHAN. Ce genre de la famille des Palmiers et de la Monœcie Hexandrie L. fut établi par Ruiz et Pavon (Prodrom. Flor. Peruv. et Chil. p. 138 tab. 32) et composé d'espèces qui pour la plupart ne peuvent être groupées ensemble. Dans son Genera Palmarum p. 22 Martius assure en effet qu'elles doivent être distribuées dans les genres Chamædorea Bactris Geonoma et Euterpe. En conséquence il est nécessaire de regarder comme type du Martinezia le M. caryotæefolia de Kunth et d'admettre pour caractères génériques ceux qui ont été donnés par ce dernier auteur sauf quelques modifications proposées par Martius. Les fleurs sont monoïques sur le même régime et enfoncées dans des alvéoles. La spathe qui les entoure est simple d'une structure fibreuse réticulée et se rompt irrégulièrement. Les fleurs mâles ont un calice double l'un et l'autre à trois folioles mais l'extérieur plus petit; six étamines à filets libres; un pistil rudimentaire. Les fleurs femelles sont pourvues d'enveloppes florale semblables à celles des mâles d'une membrane cylindrique à six dents peu marquées et entourant l'ovaire. Cet organe représente les étamines avortées. L'ovaire est triloculaire surmonté de trois styles. Le fruit est une drupe globuleuse monosperme. Kunth indique avec doute comme congénère du Martinezia le Nunnezharia de Ruiz et Pavon.

Le Martinezia caryotæfolia Kunth (Nova Genera et Species Plant. æquin. 1 p. 305) atteint une hauteur de plus de quinze mèlres. Des racines épineuses élèvent son tronc à près d'un mètre au-dessus du sol. Ses frondes sont pinnées à folioles cunéiformes tronquées et rongées au sommet comme celles du Caryotc urens; elles sont portées sur des pétioles garnis en dessus d?eacute;pines géminées. Ce Palmier croît dans l'Amérique méridionale près des fleuves de l'Orénoque du Cassiquiare et de l'Atabapo. On le cultive dans les jardins de la province de Popayan. Les habitans lui donnent le nom de Palma Corozo. (G..N.)

MARTINOLLE. REPT. BATR. L'un des noms vulgaires de la Rainette verte. (B.)

* MARTISIA. MOLL. Genre établi par Leach pour des Pholades raccourcies cunéiformes bâillantes avec plusieurs pièces accessoires l'une dorsale et moyenne et deux marginales inférieures. Blainville à l'article Mollusque du Dictionnaire des Scient ces Naturelles a admis ce genre com-

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me sous-division des Pholades. V. œmot. (D..H.)

* MARTIUSIA. BOT. PHAN. Dans les Mémoires de l'Acad. de Munich t. 7 p. 123 t. 12 le père Léandro botaniste brésilien a établi sous le nom de Martia un genre qui appartient à la famille des Légumineuses mais que le nombre ambigu de ses étamines empêche de classer convenablement dans le système sexuel. Schultes (Mantiss. 1 p. 69) a changé le nom de Martia en celui de Martiusia qui en effet paraît plus convenable puisque le genre en question est dédié au savant bavarois Martius. De Candolle (Prodrom. Syst. Veget. 2 p. 256) admet la dénomination rectifiée par Schultes et asssigne au Martiusia les caractères suivans: calice tubuleux persistant presque bilahié à cinq dents aiguës l'inférieure plus longue; corolle nulle; quatre étamines dont deux anthériffères et deux stériles ayant toutes leurs filets distincts et de la moitié plus courts que l'ovaire; anthères légèrement ciliées; légume ceint à la base par le calice stipité comprimé presque tétragone dont les valves sont marquées à leur milieu d'une nervure longitudinale. Ce genre a le calice et le fruit du Neurocarpum mais il s'en éloigne par son défaut de corolles et par ses étamines dont le nombre est tellement anomal pour un genre de Légumineuses que le professeur De Candolle présume qu'il résulte d'un avortement et conséquemment que le nouveau genre pourrait bien ne pas différer du Neurocarpum. Quoi qu'il en soit ce genre se compose d'une espèce Martiusia physalodes qui croit dans les champs près de Rio-Janeiro. Cette Plante y porte le nom vulgaire de Timbo et elle passe pour mortelle aux bestiaux qur la broutent. Sa tige est sous-frutescente volubile velue; ses feuilles sont pinnées à trois folioles ovales-oblongues mucronées glabres en dessus et pubescentes en dessous; les pédoncules sont biflores. (G..N.)

* MARTRASIA. Ce nom a été substitué sans motifs plausibles par Lagasca à celui de Dumerilia qu'il avait lui-même proposé pour un genre de la famille de Synanthérées. Le nom de Dumerilia ayant été adopté par De Candolle et Kunth c'est au mot DUMERILIA que nous avons dû décrire le genre en question. Cassini s'est servi de nouveau dans le Dictionnaire des Sciences Naturelles du nom de Martrasia pour désigner un genre fondé sur le Martrasia pubescens de Lagasca et qui se distingue des autres espèces par l'aigrette stipitée ou en d'autres termes par le fruit aminci et prolongé supérieurement en col. (G..N.)

* MARTRE. MAM. V. MARTE.

* MARTRE. INS. La chenille du Bombix Caja L. vulgairement Ecaille-Martre. (B.)

MARTYNIE. Martynia. BOT. PHAN. Ce genre que l'on désigne aussi en français sous le nom de Cornaret à cause des deux cornes qui terminent son fruit appartient à la famille des Bignoniacées et à la Didynamie Angiospermie L. Voici quels sont ses caractères: le calice est à cinq divisions profondes et inégales; la corolle est monopétale tubuleuse évasée à cinq lobes inégaux. Les étamines au nombre de quatre sont didynames; deux avortent quelquefois et il y a constamment le rudiment d'une cinquième étamine également avortée. Le style est allongé terminé par un stigmate formé de deux lamelles. Le fruit est une sorte de drupe terminée à son sommet par deux cornes recourbées; il contient un noyau cartilagineux de même forme à une seule loge offrant deux trophospermes pariétaux saillans en forme de cloisons vers le centre de la fleur et divisés en deux lames divariquées qui parfois rejoignent les parois du fruit en sorte que celui-ci paraît à quatre loges. Les graines sont placées au bord libre de ces deux lames; elles sont ovoïdes un peu comprimées à surface chagri-

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née pendantes et ayant la radicule tournée vers le hile.

Nous croyons être le premier qui précédemment à l'article BIGNONIACÉES de ce Dictionnaire ayons fait connaître la véritable structure de l'ovaire et du fruit dans le genre Martynia. En effet tous les botanistes t même les plus modernes décrivent le fruit ne ce genre comme offrant quatre ou cinq loges. Mais nous pensons que telle n'est pas sa véritable organisation et que si en effet il en était ainsi ce genre s'éloignerait beaucoup des autres Biguoniacées. Il est vrai qu'au premier aspect cette structure paraît être celle de la Noix dans les Martynia annua L. ou M. diandra Willd. et M. proboscidea Willd. Si l'on coupe en travers le fruit de la première espèce il paraît à quatre loges. Mais d'abord si l'on examine l'intérieur de l'ovaire au moment de la fécondation on voit qu'll est évidemment à une seule loge offrant deux placentas ou trophospermes pariétaux saillans en forme de demicloisons se divisant en deux branches ou lames qui portent les ovules à leur extrémité. Ces deux lames sont dirigées du centre vers la paroi interne de l'ovaire mais elles eu sont distinctes et n'y adhérent nullement. Peu à peu elles s'en rapprochent cependant et finissent par la toucher; c'est alors que le fruit paraît être à quatre loges parce que les deux lames produites par chacun des trophospermes deviennent contiguës avec celles du côté opposé. Mais même dans cet état il est encore facile de reconnaître la véritable organisation du fruit au milieu des changemens importans qu'elle a subis. En effet on voit que la cloison perpendiculaire est formée de deux lames rapprochées contiguës mais nullement soudées et si ou examine avec soin le point de jonction du bord de ces lames avec la paroi de l'ovaire on reconnaît facilement qu'il y est seulement contigu. Celle organisation est eucore plus aisée à distinguer daus le Martynia proboscidea dont le fruit est décrit même par Gaertner comme ayant cinq loges. La cinquième loge qui est centrale provient de ce que les deux lames émises par les trophospermes ne se touchent pas et laissent entre elles un espace vide. A la planche 110 de Gaertner on voit dans la figure au trait qu'il donne de la coupe transversale du fruit que telle est en effet son organisation. Les espèces de Martynia au nombre de quatre à cinq sont toutes annuelles; une seule est originaire du cap de Bonne-Espérance (M. longiflora Willd.). Les autres croissent dans l'Amérique méridionale. On a retiré de ce genre le Martynia perennis pour en former le genre Gloxinia qui a été transporté dans la famille des Gesnériées. (A. R.)

MARTYROLE. OIS. L'un des noms vulgaires du Martinet noir. V. MARTINET. (DR..Z.)

MARUM. BOT. PHAN. V.GERMANDRÉE.

MARURANG. BOT. PHAN. Rumph (Herb. Amboin. 4 t. 49) a décrit et figuré sous ce nom vulgaire à Amboine une Plante dont Adanson a fait un genre qu'il a placé dans sa famille des Jasmins. Cette Plante paraît être une espèce de Clerodendron. V. ce mot. (G..N.)

* MARUTA. BOT. PHAN. Cassini (Bull. de la Soc. Phil. novembre 1818) a proposé sous ce nom la formation d'un sous-genre dans les Anthemis de Linné. Il se distingue essentiellement par ses fleurs marginales qui sont neutres par ses ovaires hérissés de points tuberculeux par son réceptacle cylindracé dépourvu d'appendices dans sa partieinférieure mais garni supérieurement de paillettes courtes très-grêles et tabulées. Cette subdivision générique a pour type l'Anthemis cotula L. espèce commune dans toute l'Europe et à laquelle Cassini donne le nom de Maruta fætida. On l'a nommée vulgairement Maroute ou Camomille puante et elle était autrefois employée

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en médecine comme antihyatérique. (G..N.)

* MASA. BOT. PHAN. Nom péruvien du Monnina poly stachia de Ruiz et Pavon Arbrisseau dont toutes les parties et surtout la racine sont extrêaement amères et d'un usage analogue à celui du Quassia amara. (G..N.)

MASARIDES. Masarides. INS. Latreille désignait ainsi uue famille d'Hyménoptères Diploptères qu'il a convertie depuis en tribu et à laquelle il a donné pour caractères: un aiguillon dans les femelles; ailes supérieures doublées longitudinalement dans le repos; yeux en croisant; antennes terminées en bouton arrondi au bout et n'offrant distinctement que huit ou dix articles; languette terminée par deux filets se retirant dans un tube formé par sa base; les quatre palpes très-courts; ailes ayant deux cellules cubitales compiètes dont la seconde recoit les deux nervures récurrentes; abdomen tronqué transversalement à sa base et paraissant comme sessile en demiovale ou presque demi-cylindrique. Quoique ces Insectes aient de grands rapports avec les Guêpes ils s'en distinguent par leurs antennes leur lèvre inférieure et leur abdomen dont la forme est presque semblable à celle du Chrysis. La plupart des espèces ont l'habitude de contracter leur corps en boule; la tête est de la largeur du corselet et appliquée contre lui; les yeux sont écnancrés au côté interne; le corselet est tronqué aux deux bouts et se termine de chaque côté par deux angles fort saillans; le segment antérieur se courbe et s'élargit de chaque côté en manière d?eacute;paulette de même que dans les Guâpiaires; les pates sont courtes. Ces Hyménoptères sont propres aux contrées méridionales de l'Europe et de l'Afrique; leurs habitudes nous sont inconnues. Cette tribu se compose de deux genres. V. MASARIS et CÉLONITE. (G.)

MASARIS. Masaris. INS. Ce genre a été établi par Fabricius sur une espèce d'Hyménoptères de la famille des Diploptères tribu des Masarides rapportée de Barbarie par le célèbre Desfontaines. Ses caractères sont: yeux échancrés; ailes supérieures doublées longitudinalement dans le repos; abdomen paraissant sessile allongé; antennes aussi longues que la tête et le corselet n'ayant gue huit articles dont le dernier eu forme de massue; un aiguillon dans les femelles.

Fabricius en formant ce genre y a ajouté une espèce que Rossi avait nommée dans sa Faune Etrusque Chrysis douteux; mais Latreille en a fait le type de son genre Célonite. Jurine désigne sous le nom de Masaris les Célonites de Latreille. La seuleespèce qui existe dans ce genre est:

Le MASARIS VESPIFORME Masaris vespiformis Fabr. figuré par Cocquebert (Illust. Icon. Insect. déc. 2 tab. 15 mas); ses antennes (du mâle) sont plus longues que celles des Célonites; elles n'ont que huit articles: le premier beaucoup plus long que le suivant est cylindrique; le dernier est en forme de massue obconique et obtus; le labre est triangulaire et plus long que large; les mandibules ont quatre dents très-distinctes; les palpes maxillaires ont quatre articles ou un de plus que ceux des Célonites; les angles postérieurs du corselet ne se prolongent pas en une espèce de lame comprimée comme ceux du conselet des Célonites; la cellule radiale des ailes supéricures est plus allongée et appendicée; l'abdomen est presque cylindrique et beaucoup plus long que celui des Célonites. La couleur générale de cet Hyménoptère est noire variée de jaune d'après Fabricius. (G.)

* MASCAGNIA. BOT. PHAN. V. HIRÉE.

MASCAGNIN. MIN. Syn. d'Ammoniaque sulfatée. (G. DEL.)

MASCARET. GÉOL. Nom que l'on donne dans le golfe de Gascogne à la vague qui s'avance avec bruit et

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rapidité à chaque marée montante dans le lit de la Gironde et jusqu'à Bordeaux en s'opposant pour quelques instans au cours des eaux du fleuve. V. MARÉES. (C. P.)

MASCARILLE. BOT. CRYPT. L'un des noms vulgaires des Champignons de couche. Paulet le donne à l'un de ses Calotins V. ce mot et dit que cette espèce a la forme d'une borne et qu'il est délicieux comme le Tripam ou Boudin noir de l'Inde; or le Tripam est une Holoturie? (B.)

MASCARIN. OIS. Espèce du genre Perroquet. V. ce mot. (DR..Z.)

MASCARONE. CRUST. Nom vulgaire de diverses espèces du genre Dorippe. (B.)

* MASCHALANTHUS. BOT. CRYPT. (Mousses.) Schutz a distingué sous ce nom le Pterigynandrum filiforme d'Hedwig: Sprengel a changé ce nom en Maschalocarpus; mais ces genres n'ont été adoptés par personne et le Pterigynandrum filiforme peut même être regardé comme une des espèces qui servent de type à ce genre. V. PTERIGYNANDRUM. (AD. B.)

* MASCHALOCARPUS. V. MASCHALANTHUS.

* MASCHIO. OIS. L'un des noms vulgaires de l'Ecorcheur. V. PIE-GRIÈCHE. (DR..Z.)

MASDEVALLIE. Masdevallia. BOT. PHAN. Genre de la famille des Orchidées et de la Gynandrie Monandrie L. établi par Ruiz et Pavon (Prodrom. Flor Peruv. tab. 26) et ayant beaucoup de rapport avec le Dendrobium. Il présente les caractères suivaus: les folioles du calice sont étalées; les trois extérieures sont soudées ensemble jusqu?agrave; leur partie moyenne; le labelle est onguiculé à sa base dépourvu d?eacute;peron; l'onglet du labelle est soudé avec les folioles extérieures du calice. Le gynostème est semi-cylindrique; l'anthère est terminale operculiforme à deux loges contenant deux masses polliniques solides.

Une seule espèce compose ce genre:Masdevallia uniflora Ruiz et Pavon (loc. cit.); Kunth in Humb. Nov. Gener. 1 p. 361 tab. 89. C'est une Plante parasite ayant une racine fibreuse; des feuilles radicales longuement pétiolées ovales obtuses et presque spatulées; les hampes sont dressées hautes de huit pouces glabres accompagnées de gaînes terminées par une seule fleur penchée assez grande. Elle croît au Pérou. (A. R.)

MASIER. MOLL. Nom donné par Adanson à un tube calcaire enroulé en spirale et qui appartient sans doute au genre Vermet. V. ce mot. (D..H.)

* MASINETTA. CRUST. (Scopoli.) Syn. de Cancer depurator L. sur les bords de l'Adriatique. (B.)

* MASORÉE. Masoreus. INS. Genre de l'ordre des Coléoptères section des Pentamères famille des Carnassiers tribu des Carabiques thoraciques établi par Ziégler et adopté par Latreille (Fam. Natur. du Règn. Anim.) Ce genre se rapproche beaucoup de celui des Harpales et les quatre tarses antérieurs des mâle sont dilatés comme dans ceux-ci. Nous ne connaissons pas les caractères qui distinguent ce genre de ceux d'Acinope Harpale Ophone etc. La seule espèce qu'il renferme est le Masorée luxé de Creutzer. Il se trouve à Paris. (G.)

MASQUE. ZOOL. Réaumur et Geoffroy ont donné ce nom à la lèvre inférieure des larves et des nymphes des Libellulines. V. LIBELLULE ÆSHNS et AGRION. (G.)

MASQUE. Persona. MOLL. Genre proposé par Montfort dans sa Conchyliologie Systématique pour quelques Coquilles démembrées des Murex de Linné et que Lamarck range avec raison dans son genre Triton. V. ce mot. (D..H.)

MASSE DE BEDEAU. BOT. PHAN. Syn. de Bunias Erucago L. V. BUNIADE. (B.)

MASSE D'EAU. BOT. PHAN. Syn. vulgaire de Massette. V. ce mot. (M.)

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* MASSENA. POIS. Espèce de Raie du sous-genre Céphaloptère. V. ce mot. (B.)

MASSES. BOT. CRYPT. Paulet forme sous ce nom une petite famille de Clavaires qui contîent la Masse à guerner avec les gros et petits Pisons. (B.)

MASSETTE. INT. Quelques zoologistes français ont donné ce nom aux Scolex. V. ce mot. (E. D..L.)

MASSETTE. Typha. BOT. PHAN. Geore de Plantes monocotylédonées formant le type de la famille des Typhacées et de la Monœcie Polyandrie L. et offrant pour caractères: des fleurs monoïques disposées en chatons cylindriques superposés les mâles occupant la partie supérieure de la tige et les femelles placées au-dessous. Les unes et les autes forment un axe cylindrique et trais; dans les mâles il est tout couvert d'étamines dont les filets se terminent ileur sommet par une deux ou quaueanthères allongées presque linéaires à deux loges s'ouvrant par leur partie supérieure; cet axe porte aussi des poils plus courts que les étamines; les chatons femelles sont composes de fleurs très-serrées les unes contre les autres ordinairement stipitées à leur base et environnées de poils nombreux qui naissent sur différens points de l'étendue de leurs stipes; l'ovaire est fusiforme aminci en pointe à ses deux extrémités marqué d'un sillon longitudinal sur un de ses côtés à une seule loge contenant un seul ovule renversé; le style se continue avec le sommet de l'ovairc et s?eacute;vase supérieurement en un stigmate onguiforme concave aiguë à bord inégal. Le fruit est fusiforme membraneux s'ouvrant par le sillon longitudinal qui règne sur l'une de ses faces. La graine qu'il contient se compose d'un tégument propre mince chagriné d'un endosperme farineux contenant dans son centre un embryon cylindrique et monocolylédon. Les espèces de ce genre sont peu nombreuses. Ce sont des Plantes herbacées vivaces croissant sur le bord des étangs et des rivières. Leurs feuilles sont radicales étroites rubanées assez fermes; leur tige est cylindrique terminée par les chatons de fleurs auxquels elle sert d'axe. En France on trouve trois espèces de ce genre Typha latifolia L.; T. angustifolia et T. minima. La seconde espèce a été retrouvée identiquement la même à l?icirc;le de Mascareigne notamment à l?eacute;tang de Saint-Paul par notre collaborateur Bory de Saint-Vincent. (A. R.)

* MASSETTES BOT. PHAN. Syn. de Typhacées. V. ce mot. (B.)

MASSETTES A RESSORT. BOT. CRYPT. Le genre Trichia des botanistes et quelques autres petits Champignons sont réunis par Paulet sous ce nom ridicule. (B.)

MASSICOT. MIN. V. PLOMB.

MASSON. BOT. PHAN. Syn. de Zyziphus ænoplia au Bengale. (B.)

MASSONIE. Massonia. BOT. PHAN. Ce genre de la famille des Asphodélées de Jussieu et de l'Hexandrie Monogynie L. établi par Thunberg est ainsi caractérisé: périanthe tubuleux à la base dont le limbe est divisé en six segmens et muni à l'entrée du tube de six appendices dentiformes (nectaires de Tnunberg) sur lesquels sont insérées les six étamines qui ont leurs filets subulés et les anthères ovales oblongues; ovaire libre trigone surmonté d'un style filiforme et d'un stigmate simple; capsule à trois angles saillans triloculaire trivalve et polysperme. Le Mauhlia ensifolia de Thunberg a été réuni à ce genre sous le nom de Massonia violacea par Audrews (Reposit. tab. 46); mais cette Plante en diffère par plusieurs caractères et doit rester dans le genre Mauhlia ou Agapanthus de l'Héritier et Willdenow. Le genre Massonia se compose de plusieurs Plantes indigènes du cap de Bonne-Espérance remarquables par leurs feuilles toutes radicales plus ou moins larges par leurs fleurs fasciculées ou formant une sorte d'ombelle dont la

TOME X. 16

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hampe est presque nulle. Plusieurs espèces par la singularité de leur port ont attiré l'attention des curieux. On les cultive en serre chaude dans un mélange de terre de bruyère et de terre franche que l'on renouvelle tous les deux ans. Cette culture n'est pas facile parce que les Massonies produisent rarement des cayeux et que leurs graines ne mûrissent pas dans nos climats. Jacquin dans son Hortus Schænbrunnensis a donné les descriptions et les figures de plusieurs espèces dont plusieurs ne doivent être regardées que comme des variétés produites par la culture. Parmi ces Plantes nous mentionnerons seulement les suivantes comme les plus remarquables.

MASSONIE A LARGES FEUILLES Massonia latifolia L. fils Suppl.; Lamk. Illustr. tab. 233 fig. 1. Ses racines bulbeuses produisent deux larges feuilles ovales presque arrondies étalées tachetées de rouge en dessus et d'un vert pâle en dessous. Les fleurs sont blanches disposées entre les feuilles en une sorte d'ombelle serrée portée sur une hampe très-courte.

MASSONIE PUSTULEUSE Massonia pustulata Jacq. loc. cit. 4 tab. 454. Ses bulbes sont bruns arrondis et gros comme une noix; ils émettent deux feuilles opposées canaliculées à la base ovales un peu arrondies légèrement mucronées d'un vert foncé couvertes en dessous d'un grand nombre de pustules. Les fleurs sont réunies en tête et entremêlées de bractées lancéolées.

MASSONIE A FEUILLES EN COEUR Massonia cordata Jacq. loc. cit. p. 50 tab. 449. Ses feuilles légèrement arrondies sont échancrées en cœur à leur base aiguës luisantes sur leurs deux faces. Les fleurs formant une téte serrée soutenues par une hampe très-courte sont blanches rouges à l'orifice du tube; les filets des étamines sont jaunâtres et teints de rouge à leur base. (G..N.)

MASSOT. POIS. (Delaroche.) Syn. de Labrus Turdus L. aux fies Baléares. V. LABRE. (B.)

* MASSOY. BOT. PHAN. Rumph (Herb. Amboin. vol. 11 p. 6a) a le premier fait connaître avec beaucoup de détails l'écorce de ce nom qu'il a aussi nommée Cortex Oninius et qui provient d'un grand Arbre commun dans la partie occidentale de la Nouvelle-Guinée et dont on n'a pu déterminer les affinités naturelles. Murray (Apparat. Medicam. vol. VI p. 183)cite aussi cette écorce qui est mince presque plane d'une saveur douce agréable analogue à celle de la Cannelle et d'une couleur grise. Les Indiens la réduisent en poudre et l'emploient comme un sti-mulant énergique. (G..N.)

* MASSUE. INF. (Joblot.) V. ENCHÈLIDE.

MASSUE D'HERCULE (PETITE) MOLL. Syn. de Murex Brandaris L. V. MUREX. On appelle aussi vulgairement MASSUE ÈPINEUSE Ou GRANDE MASSUE le Murex cornutus. V. ROCHER. (B.)

* MASSUE OU TROMPETTE. BOT. PHAN. Variété de la Calebasse espèce du genre Courge. V. ce mot. (B.)

MASTACEMBLE. POIS. Sousgenre de Ryuchobdelle. V. ce mot. (B.)

MASTIC OU MASTIX. BOT. CHIM. Substance résineuse que l'on obtient principalement dans PÎle de Chio en pratiquant des incisions transversales sur l'écorce du Pistacia Lentiscus L. De fluide très-visqueuse qu'elle est d'abord elle finit par se concréter à l'air et c'est dans cet état qu'elle est connue sous le nom de Mastic. On en distingue deux va-riétés dans le commerce: l'une est le Mastic commun en masses ir-régulières; l'autre ou le Mastic en larmes se présente sous forme de larmes plus ou moins grosses souvent aplaties d'une couleur jaune clair pulvérulentes extérieurement d'une odeur suave d'une saveur piquante

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et aromatique; sa cassure est vitreuse et il se ramollit sous la dent. Le nom de Mastic a été donné à cette substance à cause de son emploi comme masticatoire. C'est en effet un usage trèsrépnndu dans l'Orient d'en mâcher continuellement soit pour se fortifier les gencives et se blanchir les dents soit pour se parfumer l'haleine. Le Mastic n'est pas une résine pure; il contient en outre une huile volatile et une substance qui ne se dissout pas dans l'Alcohol. Néanmoins la majeure partie de ses principes étant résineux solubles dans l'Alcohol ainsi que dans l'huile volatile de Térébenthine il forme avec ces véhicules des vernis très-brillans. Le Mastic faisait autrefois partie de plusieurs préparations pharmaceutiques. Administré à l'intérieur il est tonique et stimulant; mais son emploi médical est aujourd'hui entièrement négligé. (G.. N.)

MASTICHINA. BOT. PHAN. Espèce du genre Thym qui était le Marum de quelques anciens botanistes mais non de l'antiquité. (B.)

MASTIGES. Mastigus. INS. Genre de l'oidre des Coléoptères section des Pentamères famille des Clavicornes tribu des Palpeurs établi par Hoffmansegg et adopté par Latreille qui lui donne pour caraclètes: tête ovoïde dégagée ou séparée du corselet par un étranglement; palpes maxillaires renflés vers leur extrémité très-saillans et de la longueur au moins de la tête; antennes coudées à articles allongés; extrémité antérieure du corselet iétrécie et plus étroite que la tête; abdomen ovalaire ou subovoïde et embrassé intérieurement par les élytres. Ces Insectes différent des Ptines avec lesquels ils ont beaucoup de rapports de formes par des caractères tirés des antennes des palpes et des élytres qui ne sont point soudées dans ces derniers; ils s'éloignent des Scyd-mènes par les antennes qui dans ceux-ei sont droites. Les antennes des Masliges sont filiformes longues tiès-condées; Mes deux premiers articles et surtout le radical sont très-allongés les autres sont courts et ónt la forme d'uu cône renversé et le. terminal ou onzième a une forme ovale-oblongue; les mandibules sont robustes terminées par une dent forte aiquée très aiguë avec quelque. dentelures au côté interne; les palpes maxillaires sont très-grands avancés et finissent en une masque ovale composée des deux derniers articles; les palpes labiaux sont courts de trois articles dont le second le plus grand de tous est presque globuleux et dont le troisième est petit conique et pointu. Les mâchoires sont divisées à leur extrémité en deux lobes dont l'ex-té–rieur presque coriace semble être formé de deux articles et dont l'interne est membraneux; la languette est membraneuse presque carrée avec l'extrémité supérieure un peu plus large prolongée en forme de dent à chaque angle et offrant encore dans l'intervalle l'apparence de deux petites dents; le menton est coriace court et transversal; les arti-cles des tarses sont cylindriques le dernier est terminé par deux petits crochets; la tête et le corselet sont plus étroits que les élytres; le corselet a presque la figure d'un cœur tronqué postérieurement; l'abdomen est ovalaue et enveloppé par les élytres qui sont soudées; les pieds sont longs et grêles. L'espèce qui sert de type à ce genre et qui est la seule bien connue est:

Le MASTIGE PALPEUR Mastigus palpalis Hoffm. Latr. Dej. Il est tout noir et uu peu soyeux; les ély très sont fortement pointillées. Cet Insecte vit à terre sous les pierres ou les débris de Végétaux. Il a été trouvé en Portugal par Hoffmansegg et en Espagne par Dejean. Le Ptinus spinicornis de Fabricius qui se trouve aux îles Sandwich paraît aussi appartenir à ce genre; il est figuré par Olivier (Entom. tab. 2 n. 17 pl. 1 fig. 5 A B). (G.)

* MASTIGOCÈRE. Mastigocera.

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INS. Nom donné par Klüg à un genre d'Hyménoptères que Dalman a nommé Xièle et qui est adopté sous ce nom par Latreille. V. XIÉLE. (G.)

MASTIGODES. INT. Zeder a donné ce nom à un genre admis par la plupart des auteurs sous le nom de Trichocéphale. V. ce mot. (E. D..L.)

MASTODIES. ZOOL. (Rafinesque.) Syn. de Mammifères. (B.)

MASTODOLOGIE. ZOOL. Ce mot venu trop tard et créé par Latreille pour remplacer le nom vicieux de Mammalogie déjà admis n'a pu être adopté. V. MAMMALOGIE. (B.)

MASTODONTE. MAM. FOSS. Genre d'Animaux mammifères qui ne paraissent plus exister sur la terre et dont Cuvier qui a créé ce nom pour indiquer la forme particulière de leurs dents molaires a jusqu'à présent admis six espèces fossiles. Les Mastodontes par la forme générale de leur corps par leur nez prolongé en trompe les grandes défenses de la nature de l'ivoire qui armaient leur mâchoire supérieure l'absence de toutes canines et d'incisives inférieures les cinq doigts de chacun de leurs pieds etc. avaient les plus grands rapports avec les Eléphans dont ils différaient essentiellemen t par la structure particulière de leurs dents molaires; la couroune de celles-ci présentait de gros mamelons ou tubercules saillans disposés par paires et offrant par l'usure des figures différentes dans les diverses espèces. Ces dents étaient au nombre de deux à chaque mâchoire et comme dans les Eléphans elles poussaient d'arrière en avant en usant obliquement leur couronne et se remplaçant de sorte que comme dans ces derniers Animaux le nombre des molaires pouvait varier de deux à trois selon que les deux étaient entières ou que l'antérieureétaità moitié usée une nouvelle dent paraissait derrière la seconde dans le fond de la mâchoire.

Le grand Mastodonte ou Géant celui que l'on a désigné sous les noms d'Animal de l'Ohio d'Eléphant carnivore de Mammouth V. ce mot de Père aux Bœufs chez les Indiens est le seul dont les squelettes aient été trouvés assez complets pour qu'ils puissent servir à caractériser le genre; les autres espèces n'en sont rapprochées et en même temps distinguées que sur de fortes inductions fournies par des dents molaires seules parties qui avec quelques os isolés aient été examinées par Cuvier. Malgré quelques assertions coutraires ce savant est porté à penser que le grand Mastodonte était propre à l'Amérique septentrionale. Ses ossemens n'ont encore été rencoutrés d'une manière incontestable que dans des terrains meubles et très-superficiels entre le Mississipi et le lacErié et principalement dans la grande vallée de l'Ohio. C'est auprès de Williambourg en Virginie que l'on a trouvé avec un squelette presque entier une masse comme à moitié broyée de diverses substances végétales enveloppées dans une sorte de sac que l'on a considéré comme l'estomac de l'Animal. Ce fait et quelques autres out porté à croire que la destruction de la race du grand Mastodonte pouvait n'être pas réelle; mais comme on n'a encore observé aucun individu vivant on peut seulement en inférer que la disparition de ces Animaux le la surface du sol qu'ils habitaient autrefois est des plus récentes. La forme des dents des Mastodoutes n'indique pas ainsi qu'on l'a dit qu'ils se nourrissaient de chair: tout porte à croire au contraire que comme les Hippopotames les Cochons les Tapirs ils préféraient les racines et les parties charnues des Végétaux. Les espèces sont:

Le MASTODONTE GÉANT Mastodon Giganteum. Taille de neuf pieds de haut environ; molaires à couronne à peu près rectangulaire garnie de six huit ou dix gros tubercules en forme de pyramides quadrangulaires et disposées par paires dont l'usure

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produit de doubles losanges ou disques bordés d'émail: c'est celui de l'Amérique septentrionale dont nous venons de parler.

MASTODONTE A DENTS ÉTROITES Mastodon angustidens. Molaires d'un tiers plus petites que celles de l'espèce précédente mais comparativement plus longues et plus étroites; mamelons coniques divisés en pointes secondaires par des sillons plus ou moins profonds; au lieu de losanges l'usure de ces dents fait paraître d'abord de petits cercles isolés et plus tard des espèces de trèfles. On a trouvé de ces dents dans l'Amérique méridionale et dans plusieurs points de l'Europe particulièrement en France en Allemagne et en Italie toujours dans les terrains meubles; les pierres connues dans le commerce sous le nom de Turquoises de Simorre et de TurJuoises orientales qui viennent du iépartement du Gers dans la montagne Noire sont des portions de dents de ce Mastodonte teintes naturellement en vert bleuâtre par le fer.

MASTODONTE DES CORDILIÉRES. Molaires à six pointes et semblables pour les proportions et les dimensions à celles du Mastodonte Géant mais offrant par l'usure des figures à trois lobes comme celles du Mastodonte à dents étroites. De l'Amérique méridionale dans lès Cordilières à douze cents toises de hauteur.

MASTODONTE HUMBOLDTIEN. Une seule dent rapportée du Chili par Humboldt a servi à l'établissement de cette espèce. Cette dent molaire diffère des dents intermédiaires du Mastodonte Géant en ce qu'elle est d'un tiers plus petite.

MASTODONTE (PETIT) Mastodon minor. D'après une seule dent trouvée en Saxe et offrant les formes et les proportions de celles du Mastodonte a dents étroites mais plus petites;

MASTODONTE TAPIROÏDE. Dents du même volume que celles du petit Mastodonte formées de collines transverses crénelées et divisées en quatre ou cinq lobes principaux; disposition qui rappelle celle des dents des Tapirs. Trouvée à Montabusard près d'Orléans dans un calcaire d'eau douce avec des ossemens de Palæotherium des Limnées et des Planorbes gisement différent de celui des autres espèces et qui reporte son existence a une époque plus reculée. (C. P.)

MASTQZOAIRES. ZOOL. Nom donné par Blainville à ce qu'il appelle aussi le second sous-type du premier sous-règue et qui ne contient qu'une classe formée d'Animaux vivipares qu'il appelle celle des Pilifèrés. (B.)

MASTOZOOLOGIE. ZOOL. Blainville propose ce nom À la place de celui de Mammalogie. V. ce mot. (B.)

* MASTRÈME. Mastrema. POLYP. FOSS. Genre de l'ordre des Tubiporées dans la division des Polypiers entièrement pierreux dont les caractères sont: corps pierreux composé de plusieurs tubes articulés libres ou réunis; articulations imbriquées; bouche terminale campanulée centre mamelliforme. C'est à Rafinesque (Journ. de Phys. 1819 T. LXXXVIII p. 428) que l'on doit rétablissement du genre Mastrème ou cet auteur fait mention de plusieurs espèces qu'il nomme Mas tréma striata crenulata polypodia etc. Ne connaissant aucuu de ces Polypiers nous sommes réduit à copier la phrase générique de Rafinesque sans pouvoir rien ajouter sur les espèces que ce naturaliste a trouvées daus l'Améîrique du Nord. (E.D..L.)

* MATADOA. CONCH. Adanson (Voy.au Sénég. p. 239 et 259 pl. 18 fig. 5) nommeaiusi une Coquille qu'il rapporte à son genre Telline lequel répond aux Donaces des auteurs modernes. Il est fort difficile de décider du genre de cette Coquille d'après la description et la seule figure d'Adanson; it dit page 239 que le Matadoa a de la ressemblance avec la Calcinelle dont il a.le ligament intérieur

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placé un peu plus au-dessous des sommets; ce n'est donc point une véritable Donace; ce n'est pas non plus une Vénus comme l'a pensé Linné ce serait plutôt ime Mactre. Comme on levoit on est dans l'impossibilité de décider la question avant de revoir en nature la Coquille d'Adanson. (D..H.)

MATAGASSE. OIS. Syn. vulgaire de Pie-Griècbe rousse. V. ce mot. (DR..Z.)

MATAYBA. BOT. PHAN. Genre de la famille des Sapindacées et de l'Octaudrie Monogynie L. établi par Aublet (Plantes de la Guiane 1 p. 331 t. 128). Schreber et Necker ont inutilement substitué à cette dénomination qui n'a rien de contraire nux principes de la glossologie celles d' Ephielis et d'Ernistingia. Ce genre offre les caractères suivans: calice à cinq divisions profondes; cinq pétales munis à leur base de deux glandes; huit étamines à filets velus; un stigmate sessile; capsule oblongue uniloculaire à deux valves dont l'une est nue l'autre portant sur son milieu deux graines réniformes et munies d'un arille. Le Matayba Guianensis Aubl.; Ephielis fraxinea Willd. est un Arbre à feuilles pinnées sans impaire glabres à pétiole nu et à fleurs grappes paniculées. Il croît dans les forêts de la Guiane et d'llaïti. De Candolle (Prodrom. Syst. V eget. 1 p. 609) a décrit deux nouvelles espèces de Matayba savoir: 1 ° M. Patrisiana qui diffère de la précédente espèce par ses folioles plus nombreuses velues en dessous son pétiole légèrement ailé et ses grappes sim-ples; 2° M. Voua-Rana établie sur a Plante qn'Atiblet (Guian. 2 suppl. p. 12 t. 374) avait nommée Voua-Rana Guianensis. (G..N.)

MATELÈE. Matelea. BOT. PHAN. Genre de la famille des Apocynées et de la Peutandrie Digynie L. établi parAublet(Guian. 1 p. 278 t.109) et offrant pour caractères: un calice à cinq divisions profondes; une corolle mono pétale régulière rotacée è cinq lobes obtus; cinq ètamines dent les anthères sont rapprochées et unies nu stigmate; celui-ci est orbiculaire déprimé porté sur un style trèscourt; l'ovaire est ovoïde allongé marqué de deux sillons opposés; le fruit est un follicole quelquefois simple contenant un grand nombre de graines imbriquées dépourvues d'ai-grette. Ce genre ne se compose que d'une seule espèce Matelea palustris Aubl. loc. cit. C'est un petit sons-Arbrisseau de deux à trois pieds d'élévation ayant une tige simple des feuilles opposées pétiolées lancéo-lées très-aiguës entières glabres ou ovales acuminées dans une variété qu'Aublet appelle Matelea lotifolia. Les fleurs sont petites d'un blanc verdâtre pédonculées disposées en un épi court axillaire et pédonculé. Cette Plante croît dans les forêts humides de la Guiane. (A. R.)

MATELOT. OIS. L'un des noms vulgaires de l'Hirondelle de fenêtre. V. HIRONDELLE. (DR..Z.)

MATELOT. MOLL. Nom vulgaire etmareband duCanus classiarius. (B.)

MATERAT. OIS. V. MÉSANGE A LONGUE QUEUE.

* MATER PERL ARUM. CONCH. C'est-à-dire Mère des Perles. Klein (Méth. Ostrac. p. 125) a nommé ainsi un genre qui répond assez bien au genre Perne des modernes. V. ce mot. (D..H.)

MATHIOLE. Mathiola. BOT. PHAN. R. Brown (Hort. Kew. 2° édit. vol. 4 p. 1119) a formé sous ce nom un genre aux dépens des Cheiranthus de Linné. Il appartient à la famille des Crucifères et à la Tétradynamie siliqueuse L. et il est caractérisé de la inanièrè suivante par De Candolle (System. V eget. Nat. T. 11 p. 169): calice dressé ayant deux de ses divisiotâ renflées en forme de sac à la base; pétales onguiculés dont le litnbe est étalé obovale ou oblong; étamines à filets libres sans dentelures longs et légèrement dilatés; silique cylindrique ou comprimée

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allongée biloculaire bivalve terminée par le stigmate à deux lobes trèsépais ou portant sur le dos des protubérances en forme de cornes; graines comprimées sur un seul rang le plus souvent bordées; cotylédons planes et accombans. Ce genre est placé en tÊte de la première tribu établie par De Candolle sous le nom d'Arabidées ou Pleurorhizées siliqueuses. La structure de son stigmate le distingue suffisamment du Cheiranthus et d'autres genres voisins; sous ce rapport il est meÊme essentiellement différent du Notoceras qui a aussi des gibbosités au sommet du fruit; mais dans ce dernier genre les cornes de la silique sont placées sur le sommet des valves tandis que dans le Mathiola les valves sont mutiques et les gibbosités ou cornes procèdent du sommet des placentas ou du dos des stigmates. Le genre en question s?eacute;loigne en outre de l'Hesperis et du Malcomia par ses cotylédons accombans. Les Mathioles sont des Plantes herbacées ou rarement sous-frutescentes dressées ou diffuses rameuses presque toutes couvertes d'un duvet blanchâtre et composé de poils étoilés; quelquesunes sont munies de glandes légèrement pédicellées; leurs feuilles sont alternes oblongues entières ou sinuées et dentées; les fleurs sont disposées en grappes terminales blanches purpurines ou d'une couleur vineuse triste et douées d'une odeur agréable. Toutes les espèces sont indigènes de la région méditerranéenne et surtout de l'Orient à l'exception de quelques-unes qui croissent dans la Sibérie et dans la Haute-Ethiopie. De Candolle en a décrit vingt-huit qu'il a distribuées en quatre sections.

§ 1. PACHYNOTUM. Limbe des pétales obovale obtus ou échancré plane blanc ou d'un pourpre pur mais jamais d'une couleur sale; stigmates épaissis ou gibbeux sur le dos mais non cornigères. Cette section se compose de neuf espèces parmi lesquelles les deux suivantes nous paraissent dignes d?Ecirc;tre mentionnées.

La MATHIOLE BLANCHATRE Mathiola incana Br. et D. C.; Cheiranthus incanus Linn.; Hesperis violaria Lamk.; vulgairement Violier ou Giroflée des jardins. Cette Plante ainsi que son nom spécifique l'exprime est blanchâtre sur toutes ses parties; elle est connue de tout le monde par la beauté et l'odeur agréable de ses fleurs. Sa tige nue et épaisse inférieurement atteint environ la hauteur d'un demi-mètre; ellese divise dans sa partie moyenne en plusieurs rameaux blanchâtres couverts de feuilles éparses oblongues ou lancéolées obtuses entières molles et un peu ondulées. Les fleurs sont purpurines ou violettes quelquefois blanches ou panachées; elles doublent facilement par la culture et forment de grosses grappes trèsodorantes d'une couleur vive et d'un aspect fort agréable. Cette espèce cultivée depuis un temps immémorial dans tous les jardins de l'Europe est originaire des bords de la Méditerranée et de la mer Noire depuis l'Espague jusqu en Crimée et en Tauride.

La MATHIOLE ANNUELLE Mathiola annua D. C.; Cheiranthus annuus L. n'est considérée par plusieuis auteurs que comme une variété de la précédente; cependant elle en diffère par sa racine annuelle; sa tige est herbacée ses feuilles quelquefois légèrement sinueuses ses pétales un peu plus échancrés; au reste elle offre les mÊmes variations de couleur depuis le pourpre vif jusqu'au blanc pur mais elle n'est pas sujette à doubler comme la Mathiole blanchâtre. Ces différences sont sans doute trèslégères; si l'on réfléchit cependant qu'elle se perpétue malgré la culture on pensera qu'il est assez rationnel d'admettre la Plante en question comme une espèce distincte. Les jardiniers lui dounent le nom de Quarantain parce que dit-on sa végétation est si prompte que quarante jours après avoir été semée elle montre des boutons assez avancés pour qu'on puisse juger si les fleurs seront simples ou doubles. La culture des deux espèces que nous venons de men-

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tionner n'exige pas d'autres soins que celle des Giroflées et des Juliennes. V. ces mots.

§ II. LUPERIA. Limbe des pétales ondulé ou oblique d'une couleur sale d'un jaune rougeâtre; stigmates épais ou gibbeux mais non pas prolongés véritablement en cornes. Six espèces constituent cette section parmi lesquelles les Mathiola odoratissima M. tristis Br. et D. C. sont les plus remarquables.

§ III. PINARIA. Limbe des pétales oblong d'un jaune rougeâtre sale; stigmates portant des protubérances cornues sur le dos. Cette section renferme quatre espèces dont les Mathiola oxyceras et M. livid a D. C. et Deless. (Icon. Select. 2 t. 11 et 12) font partie. La dernière de ces Plantes était le Cheiranthus tristis de Forskahl et Delile qu'il ne faut pas confondre avec l'espèce ainsi nommée par Linné et qui fait partie de la section précédente.

§ IV. ACINOTUM. Pétales obovales obtus ou échancrés; silique munie au sommet de trois longues pointes situées sur le dos des stigmates; graines non bordées selon Andreiowski aux yeux duquel cette section doit former un genre particulier. On y compte cinq espèces dont la principale est le Mathiola tricuspidata Br. et D. C. ou Cheiranthus tricuspidatus L. Cette jolie espèce qui a des stigmates beaucoup plus cornus que les autres espèces croît sur les côtes de la Méditerranée et on la cultive avec facilité dans les jardins de botanique.

Linné avait formé sous le nom de Mathiola un genre qui a été réuni au Guettarda. V. ce mot. (G..N.)

MATHOEN. OIS. L'un des noms vulgaires de l'Echasse. V. ce mot.(DR..Z.)

MATIÈRE. On ne doit pas s'attendre à nous voir traiter de la Matière dans cet article sous le point de vue métaphysique ni comme on l'envisagea loug-temps dans un esprit de système qui n'est pas celui de la véritable philosophie; nous l'examinerons en naturaliste c'est-à-dire que laissant au physicien le soin de déterminer ses propriétés générales nous nous attacherons à caractériser quelques-unes de ses diverses modifications qu'on peut considérer comme primitives dans le mécanisme de l'organisation et comme des essais générateurs dans toute création. V. ce mot.

Pour les anciens la Matière était inerte la base moléculaire de toute chose et comme une capacité modifiable par la forme; il était difficile de ne pas la concevoir éternelle; aussi nulle théogonie ne dit positivement qu'elle ait été tirée du néant à l?eacute;poque d'une création que chacun raconte selon les traditions ou les idées qui régnaient de son temps.

La Genèse établit ainsi qu'il a été dit (T. v p. 4o) «qu'au commencement la terre était informe et nue et que l'esprit de Dieu était porté sur les eauxff: or les eaux or la terre nue et informe étaient composées de Matières et il est bien évident que le livre sacré n'entend exprimer par ce qu'il rapporte de la création que le réveil du Seigneur «réveil qui selon que nous l'avons déjà prouvé introduisant au milieu de l'inertie d'une Matière préexistante un mouvement jusqu'alors incounu et imprimant des lois organisatrices à ce que l'absence de ces lois et du mouvement avait tenu dans un véritable état de mort vint enfin féconder l'univers (1).ff

Plus tard on adopta le système des

(l) Dans un premier Essai sur la Matière considérée sous les rapport de l'Histoire Naturelle et dans notre article CRÉATION de ce Dictionnaire nous avions dit: Reveil qui introduisant de nouveaur élémens etc. et celle phrase fut amèrement censurée par le rédacteur d'une feuille décréditée qui voudrait contraindre tous les écrivains à se plier aux. vieilleries quil est payé pour defendre. Le mot élément comme nous l'avions employé étant effectivement amphibologique le folliculaire encore qu'il eût tort dans les formes délatrices de sa remarque avait complètement raison quant au fond. Or comme nous recevons les bone avis de quelque part qu'ils nous viennent et quelles que sotent les paroles acerbe qui les pourraient faire paraître injurieux nous avons rectifié notre phrase de manière à ce que le sens n'impliquât plus contradiction avec le reste de nos vues et nous saisissons cette occation pour témoigner notre reconnaissance à l'anobli De G.... dont l'observation critique sur l'un de nos ouvrages constate l'excellence du précepte contenu dans le 50° vers du IV° chaut de l'Art poétique de Boileau.

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quatre élémens qui depuis une trentaine d'années seulement est si loin de nous. La Genèse n'avait parlé que de l'aride ou terre des eaux et de la lumière dont la séparation fut le premier effet de la volonté du Dieu vivant; on y ajouta l'air. On suppossait ces corps composés de molécules homogènes diverses selon l'espèce et dont le mélange dans certaines proportions suffisait pour constituer l'univers. On appela ces molécules des Atomes afin de désigner leur petitesse qu'on imaginait Être telle qu'elles en demeuraient insécables.

L'existence des atomes est aujourd'hui au moins problématique; il est encore hasardé de leur supposer sans preuves une forme quelconque; la divisibilité de la Matière se peut concevoir à l'infini; l'on connaît plus de quatre substances regardées comme primitives ou élémentaires: en un mot toutes les idées qu'on avait de la Matière etcelles qu'on prétend en donner d'après de vaines spéculations sont maintenant excepté son éternité et son inertie regardées par les bons esprits comme douteuses. L'inertie complète qu'on lui supposait même a dans le siècle deruier été révoquée en doute du moins quant à certaines de ses modifications: en vain on l'a considérée comme éminemment brute; plusieurs observations prouvent que si elle n'est pas toute agissante par sa nature mÊme il est de la Matière qui l'est essentiellement et dont la présence peut déterminer la vie dans l'agglomération d'autres molécules opérée selon certaines lois; et de ce que la plupart de ces lois nous seront probablement toujours imparfaitement connues il serait au moins téméraire d'avancer qu'une intelligence infinie ne les imposa pas puisqu'elles sont manifestées par leurs résultats.

La Matière ne saurait penser a-t-on dit. Il est probable en effet que des molécules de Matière quelconque isolées ne produiraient pas un résultat qui ne peut Être que la conséquence d'un certain ordre d'organisation; mais la pensée étant un effet nécessaire d'un certain ordre d'organisation dès que cet ordre se trouve établi la pensée en dérive nécessairement et il n'est pas plus possible à des molécules de Matière coordonnées de certaine façon de ne pas produire la pensée qu'il n'est donné à l'Airain de ne pas retentir quand il est frappé qu'il n'est donné aux Etres que cette Matière sert à constituer d'après telle ou telle loi de ne pas grandir de ne pas respirer de ne pas se reproduire en un mot de ne pas exercer les facultés qui résultent du mécanisme d'organisation qui leur est propre.

Ce n'est pas avons-nous dit sous le point de vue métaphysique que nous devons examiner la Matière. Le naturaliste en ne s'occupant que de réalités démontrées ne la considère qu'à partir du point où ses particules lui deviennent visibles et le microscope lui prÊte un puissant secours pour indiquer les premières merveilles de sa tendance vers l'organisation. Cet instrument peut à l'aide d'un grossissement de mille fois nous rapprocher des limites de l'incertain et de la réalité c'est-à-dire du point où les particules de la Matière encore voisines d'un grand ėtat de simplicité commencent en s'agglomérant à produire les phénomènes de l'organisation.

On sent bien que parmi les principes des corps sur lesquels nous avons interrogé la Nature à l'aide du microscope ce n'est pas des fluides impondérables de la lumière des gaz ni même de l'eau que nous avons cherché à saisir la composition moléculaire; mais ces fluides les Gaz l'Eau et la Lumière joueront un grand

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rôle dans les faits qui vont Être exposes.

Nous devons déclarer avant tout qu'un grossissement au-dessus de mille fois expose à de graves erreurs. La portée des moyens de l'Homme du moins de ceux que nous avons acquis une grande habitude d'employer a des bornes au-delà desquelles notre faiblesse court risque de s?eacute;garer parce que le fil d'Ariane nous échappe. Ce ne sont donc pas des atomes ou des particules qui constituent les fluides et qu'on peut concevoir comme de nature éminemment subtile que l'on doit chercher à découvrir au moyen de verres multiplicateurs mais des rudimens d'existence qui pour Être à peine perceptibles quand on les distingue à l'aide d'une lentille d'un quart de ligne n'en remplissent pas moins un rôledécisifdans le vaste ensemble de la Nature et paraissent les rudimens de toute création c'est-à-dire les matériaux que régissent comme dans le but de produire les lois promulguées par une intelligence suprÊme dont il est toujours imprudent de s'occuper plus qu'elle ne permit qu'on le pût faire.

Dans cet invisible et nouvel univers duquel Leuwenhoeck fut le Colomb et que nous avons exploré sur les traces de ce grand homme la Matière s'est toujours présentée à nous après une multitude d'expériences dans six états parfaitement distincts (1) états que nous sommes loin de donner comme exclusivement primordiaux ou élémentaires audelà desauels existent sans doute une multituae d'autres états qu'il nenous est pas donné d'apercevoir mais qui sont pour nous les causes déterminantes des formes et qui constitués une fois peuvent produire par leur combinaison les Etres existans qu'il nous est donné d'analyser et de connaître le moins imparfaitement.

(1) Nous n'en avions d'abord entrevu que cinq; mais de nouvelles expériences et de plus profondes réflexions nous en ont démontréun sixième.

Les six états primitifs de la Matière tendant à s'organiser et qui nous ont été jusqu ici perceptibles considérés seulement sous le rapport de leurs caractères visibles sont:

1°. L?Eacute;TAT MUQUEUX sans molécule apparente étendu continu imparfaitement liquide enduisaut enveloppant et plus ou moins épaissi transparent dans lequel se manisfeste par le desséchement une confusion de molécules amorphes dont la plus grande partie des limites n'est pas terminée et qui paraît légèrement jaunâtre.

2°. L'ÉTAT VÉSICULAIRE composé de molécules globuleuses le plus léger en raison des gaz qui déterminent son apparition conséquemment ascendant extensible ou contractile par l'effet alternatif de la dilatation et de la raréfaction qui s'exerce dans l'intérieur de ses globules qui sont hyalins et qui disparaissent par le desséchement en ne laissant nulle trace de leur existence sur le porte-objet.

3°. L?Eacute;TAT AGISSANT composé de molécules sphériques évidemment contractiles mais non extensibles audelà des limites qu'on leur reconnaît dès leur apparition complétement diaphanes peut-Être bleuâtres nageant et s'agitant individuellement avec une grande vélocité se déformant par le desséchement de manière à présenter quand elles se sèchent le mÊme aspect que l?eacute;tat muqueux.

4°. L'ÉTAT VÉGÉTATIF composé de molécules à peine perceptibles subconfuses et comme diffluentes pénétrantes translucides mais d'un beau vert plus ou moins intense et conservant leur couleur dans le desséchement où la forme s'altère et s'étendant souvent en une teinte homogène dans laquelle on ne reconnaît plus la forme de chaque molécule.

5°. L'ÉTAT CRISTALLIN dur excitant pesant translucide laminaire anguleux qui par le desséchement adopte une multitude de formes déterminables mais jamais rien de globuleux.

6°. L?Eacute;TAT TERREUX dur inerte

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loard opaque grossièrement arrondi on obtusément anguleux et ne changeral ni de forme ni de couleur soit que l'eau en tienne les parcelles en suspension soit que par leur desséchent celles-ci se rapprochent en uses amorphes et irrégulières ou guent tdans l'atmosphère comme si elles y nageaient.

Que l'on place sous le microscope tout corps inorganisé ou organisé dont on réduira les parties à la ténuité nécessaire pour y Être observées; qu'on en opère la décomposition par des moyens artificiels ou que dans des vases contenant une quantité de liquide suffisant pour dissoudre ces particules on facilite au contraire des moyens d'organisation nouvelle on ne tardera point à retrouver l'une des six formes primitives qui viennent d'ètre indiquées: ou si quelqu'une d'entre elles se faitattendre on finira nécessairement par l'y voir se développer. Ou doit toujours se souvenir que nous n'avons pas l'audace d'employer le mot PRIMITIF dans un sens absolu.

Pour observer ces six états de la Matière on fera donc infuser des substances animales ou végétales en suivant avec le microscope les phėnomenes qui se développeront pendant que ces substances seront tenues en infusion; il suffit mÊme de placer de l'eau dans des vas es de verre exposés à la lumière et à l'air atmosphérique. Dans le liquide mis en expérience on apercevra tous les jours de nouvelles productions merveilles de plus eu plus composées; mais le développement de celles-ci sera nécessairement précédé ou terminé par l'un ou par plusieurs des six états rudimentaires. On retrouvera ces états jusque dans les fluides émanés des corps vivans ou qui en sont des produits indispensables.

Nous ne prétendons assigner ni l'ordre ni les rapports dans lesquels les six états primitifs que nous avons reconnus peuvent et doivent se combiner pour produire des ètres organisés végétans et vivans; mais nous pourrons indiquer divers exemples de la formation de ces six états; formation qui a lieu sous les yeux de tout naturaliste patient qui sait provoquer attendre ou saisir l'occasion de les observer.

Une partie des idées que nous venons d?eacute;mettre fruit de recherches assidues a été exposée dans un essai qui fut publié en 1823 mais dont il ne fut tiré que treute exemplaires distribués à des savans dans les lumières desquels nous sommes habitués à placer la plus haute confiance. Les observations que nous a values cette communication nous ont procuré les moyens de rectifier plus d'une erreur où nous étions tombé en nous forçant à revoir notre travail sous toutes les faces; mais c'est à tort qu'on nous a généralement reproché de considérer comme espèces de simples modifications; nous ferons remarquer qu'en spécifiant divers modes préparatoires d'organisation dans la Matière nous ne les avons cependant jamais qualifiés de la sorte mais simplement d'états de forms ou de modifications primitives et nous continuerons à nous servir de telles expressions en répétant que nous n'employons pas ici le mot PRIMITIF dans le sens absolu.

On nous a plus à propos fait remarquer combien le nom de Matière vivante que d'après d'éloquentes autorités nous avions cru pouvoir appliquer à l'une de nos modifications était vicieux. Nous y avons conséquemment substitué celui de MATIÈRE AGISSANTE dont on concevra aisément la portée sans qu'il soit nécessaire de s'étendre sur la signification du mot agir. En effet qui pourrait concevoir une Matière vivante par elle-mÊme? L'idée de Matière et l'idée de vie impliquant contradiction; la sagesse de notre langue ne permot pas d'unir ainsi sur les traces d?eacute;crivains habitués à confondre la témérité des expressions avec les hardiesses du style des mots qui deviennent vides de sens dès qu ou les rapproche. Nous sentons d'ailleurs la nécessité d'en revenir presque tou-

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jours aux axiomes du profond Lamarck qui dit avec pleine raison (Animaux sans vert. T. 1 p. 12): « Tout mouvement ou changement toute force agissante et tout effet quelconque observé dans les corps tient nécessairement à des causes mécaniques régies par des lois.... Il n'y a dans la nature aucune Matière qui ait en propre la faculté de vivre.... Il n'y a dans la nature aucune Matière qui ait en propre la faculté d'avoir ou le se former des idées d'exécuter des opérations entre des idées en un mot de penser.ff Nous n'avons jamais prétendu proclamer d'absurdités. On peut s'êtrc mépris au sens de quelques–unes de nos phrases qui n'avaient pu recevoir un développement suffisant pour être bien comprises. Après ces explications qui nous ont paru indispensables nous passerons à l'examen de chacune de nos six modifications ou Formes primitives de la Matière.

§ I. MATIÈRE MUQUEUSE.

Partout où séjourne de l'eau exposée au contact del'air et de la lumière sa limpidité ne tarde pas à s'altérer et si l'on y fait suffisamment attention on voit les parois du'vase qui la contient ou les corps plongés dans cette eau quand on fait l'observation dans un élang ou dans un marais se revêtir bientôt d'un enduit muqueux; cet enduit devient tellement sensible sur les pierres polies des torrens et des fontaines qu'illes rend trèsglissantes et souvent dangereuses à parcourir: il se présente fréquemment la surface des rochers humides le loug des sources et des infiltrations. On peut dans nos villes le discerner au tact contre les dalles sur lesquelles coule l'eau des fontaines publiques ou qui contiennent cette eau. C'est là notre Matière muqueuse sans couleur d'abord apparente sans consistance tant qu'elle ne se modifie point par l'admission de quelque autreprincipe; elle ne se distingue guère que comme le ferait un enduit d'Albumine ou de Gomme délayée étendus sur les corps qui en sont recouverts mais elle est sensiblement onctueus au toucher et s?eacute;paissit dans certa nes circonstances favorables à son développement et surtout par la cha leur au point de devenir visible l?oelig;il comme une véritable gelée. C'es principalement à la surface de certains Animaux ou Végétaux aquati ques qu'elle semble se complaire L'enduit muqueux des Oscilîaires des Batrachospermes d'une quantit d'Animaux marins et de beaucoup de Poissons même n'est que notre Matière muqueuse qui se trouve dans les eaux salées comme dans les eaux douces et qui donne à celles de la mer cette qualité presque gluante dont l'existence n?eacute;chappe pas même aux personnes les moins attentives. Nous avons examiné soigneusement cette Matière muqueuse recueillie sur des Marsouins sur des Eponges et sur des Carpes; le microscope nous la présenta toujours identique souvent pénétrée de molécules appartenant aux cinq autres états mais par elle–même un peu jauuâtre ou incolore insipide et même inodore lorsque pardes lavages réitérés nous l'avions rendue à sa condition naturelle. La gelée souvent fétide dont se couvrent dans nos mares les Ephydaties et dans la mer les Spongiaires et les Gorgoniées seule composition animale que l'ou puisse reconnaître dans ces êtres Psychodiaires n'est encore que de la matière muqueuse pénétiée de notre troisième modification qui vient y déterminer la vie. Soit qu'elle transsude excrétoiremeut des êtres qui en sont enduits soit qu'elle ne fasse que s'accumuler à leur surface on peut considérer la Matière muqueuse comme un milieu des plus simples offert par l'un des effets d'enchaînement si fréquens dans la nature aux cinq autres modifications primitives de la Matière afin que celles–ci puissent s'organiser en s'y agglomérant; et si l'on considère qu'elle peut naître et résister daàs l'eau graduellement chauffée ou sur les corps immergés dans les sources thermales on est tenté de la regarder

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comme une gélatine élémentaire et comme la base de la mucosité des membranes animales ou de plusieurs des sécrétions de notre propre corps.

On sent bien que par ce qui vient d?ecirc;tre dit nous ne prétendons point donner le mucus animal comme identique avec notre Matière muqueuse; mais celle–ci modifiée par le mécanisme de l'animalité et l'addition de principes échappant à nos sens n'en pourrait-elle être la base comme elle l'est de l'animalité même? et le mucus ne seraitil pas l?eacute;tat muqueux retournant par l'effet des sécrétions vers son état primitif? Selon l'analyse de Fourcroy et de Vauqueliu (Ann. Mus. T. XII p. 61) « c est une humeur qui ressemble à une dissolution chargée le gomme qui s'épaissit à l'air et s'y dessèche en lames ou filets transparus sans élasticité ff etc. Berzëlius reconnaît avec une trèspetite quantité d'autres principes qui sont les causes évidentes de son altération 53 de matière muqueuse sur 933 d'eau. Ainsi l'un des chimistes les plus instruits de notre époque retrouve la modification matérielle qui nous occupe à l?eacute;tat de pureté dans I'une de ses principales transformations: son existence n'est-elle pas constatée par un si puissant témoignage?

Mais un témoignage non moins respectable vient donner à nos idées sur la Matière muqueuse toute l'importance de la certitude la mieux établie c'est ce que le savant Geoffroy de Saint-Hilaire en dit dans le sinème paragraphe (p. 294 et suiv.) de son classique Traité des monstruosités humaines. Après avoir retrouvé le mucus abondamment distribué dans le tube intestinal non-seulement de l'ébauche normale niais encore dans celui de petits individus bizarrement développés sans bouche; après avoir examiné quel rôle ce mucus y doit remplir ce grand naturaliste ajoute: « Le mucus est un des principes immédiats des êtres organisés. Son principal caractère est d?ecirc;tre le premier degré des corps organiques. Les Végétaux le donnent de même que les Animaux après une première révolution des fluides circulatoires. Il est plus abondant chez les plus jeunes et par conséquent chez le fœtus; et ce sera tout aussi bien en physiologie qu'en chimie qu'on ne tardera pas a le considérer comme le fond commun où puisent les membranes et généralement tous les tissus employés comme contenans. Il est dans le cas de toutes les Matières premières dont on forme nos étoffes. Les alimens deviennent lui et lui les organes solides; il est l'objet final de la digestion la substance animalisable par excellence. On dit eu physiologie que le fœtus étant beancoup trop faible pour assimiler à sa propre substance des substances étrangères reçoit de sa mère ses alimens tout préparés: c'est voir de trop haut les choses et s'exposer à les voir confusément; c'est d'ailleurs généraliser un fait qu'une seule espèce qu'une seule considération aurait donné. Pour peu qu'on ait observé les Animaux dans les premiers momens de leur existence on sait qu'il n'est point d?ecirc;tres si frêles qu'on les suppose qui ne produisent du mucus ou plutôt l'abondance de ce produit augmente en raison directe de leur plus grande débilité; et il n'est pas d?ecirc;tres non plus qui n'absorbent du mucus qui ne s'en nourrissent et qui ne jouissent par conséquent des facultés assimilatrices. Voyez le frai des Batraciens; c'est par la production du mucus que s'annonce en lui le mouvement vital et le mucus formé devient aussitôt la source où le nouvel être va puiser sa nourriture. ff Ce passage précieux ne nous était pas connu lorsqu'à peu près vers l?eacute;poque où nous publiâmes nos premières idées sur la Matière l'illustre professeur dont nous venons d'emprunter les paroles livrait ces paroles à l'impression; nous n'eussions pas manqué de nous appuyer de l'autorité d'un savant duquel nous sommes tout énor-

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gueilli d'avoir partagé simultanément les idées. Non-seulement le fœtus vit dans la Matière muqueuse et de la Matière muqueuse; mais n'en futil pas lui-même nu simple composé aux premiers instans de la conception qui détermine son développement ? Qu?eacute;tait-il au moment où deux sexes s'unirent pour en mélanger les rudimens en imprimant à ceux-ci l'action nécessaire pour se constituer et croître? Le fluide répandu dans cette circonstance par le mâle est-il autre chose que de la Matière muqueuse pénétrée de gaz de Matière agissante et de Matière cristallisable ? Les Zoospermes (Animalcules spermatioues) qu'on a supposé remplir un ròle d'intromission nerveuse dans la génération n'y font peut-être par la multiplicité de leurs mouvemens agiles que mêler deux ou trois de nos modifications primitives de la Matière afin de développer au moyen de leur combinaison la propriété fécondante.

Vaucher savant et excellent observateur genevois très-habitué à se servir du microscope célèbre par un fort bon ouvrage sur les Conferves d'eau douce Vauclier considérant la Matière muqueuse dans ses rapports avec l'organisation végétale trouve dans les observations qu'il nous a adressées à ce sujet que nous l'avions fort bien caractérisée et parfaitement reconnue. Son témoignage est encore d'un grand poids: il a remarqué ajoute-t-il que la Matière muqueuse ne se développait cependant pas dans les eaux du lac de Genève sur les pierres qui ne sont point ochreuses ce qui tient sans doute à quelque cause locale qui mérite d?ecirc;tre étudiée. Il pense aussi qu'elle serait plus commune dans les marais parce qu'elle y proviendrait de la décomposition des Animalcules. Nul doute que la composition des Animalcules ne rende beaucoup de Matière muqueuse dans son tat naturel à la masse de l'eau marécageuse; mais elle ne l'y crée pas davantage que du précipité rouge ne crée du mercure dans un canon de fusil quand on fait rougir ce canon après l'avoir rempli de précipité.

C'est précisément cette Matière muqueuse considérée comme corps développé dans les eaux de nos fontaines et sources ou bien épaissi à la surface des rochers humides dont nous avons formé le genre Chaos en proposant de placer ce genre en tête du règne végétal et en attendant que le règne intermédiaire dont nous avons proposé l'établissement sous le nom de Psychodiaire soit adopté (V. Diet. class. d'Hist. nat. T. VIII au tableau adjoint à l'article HISTOIRE NATURELLE).

Le genre Chaos n'appartient proprement ni à la Plante ni à l'Animal; il est un intermédiaire une sorte de gangue propre à protéger le développement des autres combinaisons matérielles appelées à s'introduire dans son épaisseur et à l'augmenter. Aussi verrons-nous cette Matière primordiale notre Chaos devenir le Byssus ou Lepra botryoides des botanistes loisque pénétré par les globules verts de la matière végétative il passe à l?eacute;tat de Plante si l'on peut qualifier du nom de Plante les derniers êtres dont se composaitla Cryptogamie de Linné; le Chaos est encore le milieu dans lequel sont réunis les corpuscules épars par lesquels se caractérisent les Palmelles et les Tremelles ou les globules qui se juxtaposant en figures de chapelets forment les Nostocs les Téléphores les Collémas les Batrachospermes etc. etc.

Il arrive d'autres fois que ce sont des Navicules des Bacillaires des Lunulines ou des Styllaires qui pénètrent le Chaos. Celui-ci prend alors une teinte ochrarée ou verdâtre avec une consistance qui l'a fait regaider par Lyngbye tiès-savant algologue comme un Végétal voisin des Nostocs. Dans cet état les êtres vivans qui s'y sont aggloméiés en masse ont perdu leur mouvement individuel et forment par leur confusion pressée une sorte d'Animal commun qui offre déjà la trace d'une

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organisation analogue à celle des Polypiers pulpeux que Lamarck appelle Empâtés.

Si l'on considère qu'outre les êtres appelés Infusoires par les naturalistes (nos Microscopiques) ceux qui n'ont ni cirres ni queue ni organe rotatoire en un mot qui étant les plus simples ressemblent à des amas de globules (nos Gymnodés) n'ont souvent aucune forme déterminée on serait tenté de supposer que de tels Animaux ne sont que des gouttes de Matière muqueuse pénétrées par des globules de la seconde et de la troisième modification de la Matière lesquels essaieraient dans l?eacute;paisseur de ces gouttes I'exercice d'une vie commune qui plus développée par l'addition de quelques organes rudimentaires ofirirait une grande analogie avec celle des Médusaires et de plusieurs sortes de Polypiers molasses. Ainsi les Microscopiques depuis leur état de plus grande simplicité jusqu'à ceux où des complications se sont opérées de même que plusieurs Animaux plus avancés tels particulièrement que les Biphores (Salpa) pourraient être considérés comme autant d'espèces de fœtus où les combinaisons organiques sont devenues propres à se reproduire sans être parvenues néanmoins au point où toutes les conséquences de l'organisation rudimentaire se pouvaient étendre si le moindre principe d'un organe de plus s'y fût trouvé contenu. Celle dernière vue présentée par un grand naturaliste de nos jours mérite surtout qu'on s'y arrête; elle conduira l'observateur qui voudra se donner la peine d?eacute;tudier de bonne foi la marche de l'organisation dans ses essais mêmes au lieu d'en rechercher les lois fondamentales dans les êtres compliqués où la nature n'a plus rien à ajouter vers la féconde idée de l'unité d'organisation; vérité comme instinctive entrevue dès l'antiquité mais mal démêlée par des philosophes ingénieux du dernier siècle qui en discouraient par supposition au lieu d'en chercher les pi euves dans la nature même; vérité que plusieurs s'obstinent à méconnaître aujourd'hui et qu'ilsattaquent en lui prètant un ridicule énoncé qu'on ne trouverait nulle part dans les écrits de ceux qui en établissent la démonstration par l'exposé de faits irrécusables.

Lorsque pour mettre d'accord la marche naturelle de la création et des croyances qu'il n'était permis d'examiner qu'avec une circonspection superstitieuse des écrivains plus théologiens que naturalistes descendaient de la PUISSANCE CRÉATRICE à ce qu'ils qualifiaient d?ecirc;tres méprisables et qu'ils prétendaient établir une chaîne uon interrompue d'existences décroissantes sans cascades ni lacunes un esprit judicieux pouvait combattre les suppositions gratuites par Iesquelles on étayait de telles spéculations; et lorsqu'un certain Robinet pénétré de conviction les présentait dans toute sa crédulité en donnant pour titre à son ouvrage: Essai de la nature qui apprend à faire l'Homme il eût été permis de s?eacute;gayer sur la théorie de Robinet ou des autres défenseurs de la Chaîne des êtres. Ce qui était bon alors ce qui pouvait I?ecirc;tre encore il y a vingt-cinq ans dans l'examen de telles questions ne l'est plus maintenant; (a plaisanterie sur de telles choses prouverait que l?eacute;crivain tenté de l'employer aurait fait halte dans la science. Mais lequel des observateurs scrupuleux qui proclament aujourd'hui l'unité de composition dans l'organisation animale et même végétale a jamais soutenu l'existence d'un enchaînement matériel qu'eût établi la Puissauce par Excellence pour se rattacher aux dernières individualités de sa Création ? Est-il deux idées plus disparates que celles de la merveilleuse harmonie de cette création résultante delois tracées parla Justice Suprême et des anneaux de fer assemblés par un vulgaire forgeron ? Les naturalistes profondément investigateurs qui croient à l'unité d'organisation n'ont point donné un nouvel habit aux idées de quelques rêveurs pour en

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déguiser les formes grossières; consacrant la totalité de leur existence à la recherche de la vérité ils ne se sont pas forgé de système sur des choses qu'ils n'avaient pas vues et n'ont pas imaginé des chimères pour les combattre; l'autorité ne les a point emprisonnés dans des vues étroites; ils ne se sont point arrêtés à des différences partielles entre les êtres; mais ils ont tenu compte de tous les caractères de ceux-ci et s'ils n'ont pas trouvé que les classes naquissent les unes des autres parce qu'il n'existe point à proprement parler de classes ils ont positivement constaté « qu'en prenant les êtres les plus compliqués a l'état d'embryon on y pouvait retrouver les parties des êtres inférieurs parce que la composition devait se montrer la même chez tous sauf plus ou moins de développement dans certaines parties. ff Reconnaissant néanmoins des hiatus entre les divisions systématiques introduites par l'Homme ils n'ont pas renoncé à chercher les points de rapprochement qui pouvaient combler les lacunes ou du moins en diminuer l'espace et ils out souvent trouvé ces rapprochemeus dans certaines de ces métamorphoses organiques si fréquentes dans la nature laquelle semble préférer ce mode de procéder à tout autre; métamorphoses commandées par des lois sans cesse les mêmes auxquelles obéit le développement de tout ce qui existe comme y obéissent toutes les destructions. Ces lois immuables dont les effets ne se compliquent que graduellement peuvent arrêter leur action après le développement de tel ou tel organe dans telle ou telle des productions qu'elles déterminent tandis qu'elles peuvent commander un plus grand nombre d'organes dans telle ou telle autre. Cette manière de voir est confirmée par l'assentimentde l'illustre Cuvier qui voulant nous initier au jeu des organes d'où résulte selon lui la vie nous dit dans son excellente Histoire du Règne Animal (T. 1 p. 7):

« Le procédé le plus fécond pour obtenir la connaissance des lois qui résultent de l'observation consiste à comparer successivement les mêmes corps dans les différentes positions où la nature les place ou a comparer entre eux les différens corps jusqu?agrave; ce que l'on ait reconnu des rapports constans entre leur structure et les phénomènes qu'ils manifestent. Ces corps divers sont des espèces d'expèriences toutes préparées par la nature qui ajoute ou retrancha à chacun d'eux différentes parties comme nous pourrions désirer le faire dans nos laboratoires et nous montrer elle-même les résultats de ces additions ou de ces retranchemens. ff Or la nature qui ajoute ou qui retranche dans les divers êtres comme pour nous initier à sa manière de procéder astreinte conséquemment à l'unité de composition n?eacute;lève-t-elle pas par des additions d'organes et de modifications en modifications un fœtus de la condition d'Animalcule microscopique à la dignité humaine ? Sans la nécessité d'aucune soustraction fort importante cette même nature ramène notre orgueilleuse espèce à la Chauve - Souris ou vers le dernier des Singes et le tout dans le même plan selon la marche progressive ou descendante que lui imposent les lois par lesquelles le Créateur la rendit féconde.

§ II. MATIÈRE VÉSICULAIRE.

A peu près vers le temps où la Matière muqueuse se manifeste dans l'eau exposée à la lumière ainsi qu'au contact de l'air et plus la température est élevée ou le soleil brillant on voit se former graduellement au fond et sur les parois des vases dans lesquels cette eau se trouve contenue des globules d'abord presque imperceptibles mais qui ne tardant pas à grossir se détachent pour s?eacute;lever avec rapidité à la surface du liquide où plusieurs persistent durant quelques instans mais où beaucoup d'autres grossissant davantage sans obstacle se rompent et disparaissent. Ces globules sont occasionés par

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commencement de dilatation pro-à des molécules gazeuses qui lois l'ètre soumises à la cohésion sont au traire commechacun sait douées lime force répulsive qui tend à les farter les unes des autres tant pone compression suffisante ne les approche point pour neus les rendre perceptibles sous la forme liquide. C'est ordinairement de l'air atmospérique ou l'un des gaz qui entre dans sa composition et tenu en solution dans l'eau qui se dégageant de celle-ci remplit les globules dont il est question lesquels sont limités par une légère couche de Matière muqueuse dont la résistance modère la dilatation intérieure surtout tant que la pression du fluide environnant seconde cette résistance et qu'une top grande augmentation de l'agent uporaateur n'en rend pas l'effort irrésistible. Dans cet état de choses la molécule gazeuse captive dans le mucus ne peut détacher de la masse de celui-ci la couche qui la tient renfermée que la dilatation graduellement augmentée n'ait donné au globale dont elle est la première cause assez de légèreté pour que la force d'ascension qui en résulte l'emporte dans la partie supérieure du liquide toujours captive dans de la Matière muqueuse. La paroi de sa petite prison se brise quand la dilatation continuant plus librement à la surface de l'eau n'est plus suffisamment maîtrisée par la pression du milieu dans lequel on la vit commencer. Mais si la couche de Matière muqueuse s'est épaissie si elle domine au-oessus des vases si les parois de ceux-ci s'en sont abondammant garnies les globules gazeux y demeurent enchâssés et n'y peuvent plus 'augmenter la résistance du mucus étant trop forte; celui-ci devient alors nne pellicule bulleuse où de véritables vésicules persistent encore que la plupart demeurent à peine visibles. C'est par un tel mécanisme que se forment ces masses ou couches glaireuses au tact et comme criblées de bulles d'air qu'on voit surnager dans les marécages en tapisser la vase et les bords ou se mêler aux Plantes aquatiques flottantes; et dans l?eacute;bullition qu'on peut considérer comme un moyen des plus actifs de dilatation dans les liquides où sont dissous des gaz c'est encore la Matière muqueuse qui tendant à se dureir par l'effet de lachaleur résiste d'abord à l'effort expansif des molécules vaporisées et produit comme en luttant avec elles ces milliers de bulles qui viennent en crevant à la surface rendre les particules gazeuses à la liberté.

Cependant les particules gazeuzes dilatées par L'effort d'un agent quelconque environnéesde la Matière muqueuse qui les renferme de manière à ce qu'elles ne puissentplus s'en dégager doivent selon l'augmentation ou l'amoindrissument de la cause expansive croître ou diminuer de volume et conséquent ment agir au milieu de la Matière muqueuse en lui imprimant un mouvement interne. L'effet de ce mouvement ne aerait-il pas cet Orgasme que le profond Lamarck regard comme une des premières causes de l'organisation animale quand il dit (Anim. sans vert. T. 1 P. 104 et suiv): « Un Orgasme vital esL essentiel à tout être vivant; il fait partie de l'état des choses que j'ai dit devoir exister dans un cérps pour qu'il puisse posséder la vie et pour que ses mouvemens vitaux se pirissent exécuter..... L'Orgasme dont il s'agit n'est dans les Végétaux què son plus grand degré de simplicité; il y est effectivement si faible qu'un coup de vent d'un air très-sec ou certain brouillard ou une gelée suffisent souvent pour le détruire. « En effet les divers météores causant l'augmentation ou la diminution trop considérable des vésicules gazeuses qui déterminent l'Orgasme peuvent les faire crever ou disparaître et de ces deux effets résultant de trop de dilatation ou de raréfaction provient un état de mort. Aussi les fluides élastiques que l'on peut concevoir formés de particules tour à tour dilatables etcoërcibles méritent une sérieuse attention; car ce sont

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cux qui produisent le phénomène le plus étonnant celui de communiquer à la Matière muqueuse cette ālasticité qui lui devient nécessaire pour que les principes moléculaires de toute organisation qui s'y viennent surajouter puissent y agir les uns sur les autres en raison de la souplesse que lui donnent les globules élastiques dont elle se trouve pénétrée.

Tant que la Matière muqueuse d'où résultent au moyen de la dilatation d'un gaz les corpuscules que nous appelons Matière vésiculeuse est assez peu épaissie pour n?ecirc;tre pas fortement résistante l'existence de cette Matière vésiculeuse demeure précaire; ses corpuscules sont trop exposés aux petites explosions qui détiuisent l'harmonie nécessaire dans une existeuce commune; il faut que le milieu qui les limite acquière une certaine solidité pour qu'ils y persistent; mais dès qu'ils sont définitivement constitués ils concourent puissamment au développement des corps dont leur présence prépare le complément. Ces corpuscules développés et suffisamment retenus dans la masse muqueuse dont se composent la plupart des Microscopiques par exemple y demeurent très-visibles par leur transparence souvent parfaite; devenus parties nécessaires de ces petits Auimaux et ne pouvant plus s'en échapper ils ne s'y opposent à nul mouvement de contraction ou d'extension puisqu'ils demeurent par leur nature même susceptibles d'augmentation de diminution et même de changement de forme en agissant les uns sur les autres. Selon qu'ils se dilatent ils rendent l'Animal plus léger. On dirait chez certains Microscopiques où l'on en distingue souvent de fort considérables le modèle de la vessie natatoire des Poissons. Et quelle que soit leur quantité dans le petit corps de la plupart de tels Animalcules ils ne s'y opposeront point à l'introduction d'organes compliqués qui les trouvant compressibles peuvent au contraire occuper une place aux dépens de leur volume réduit. Ces corpuscules que nous avons appelés Hyalins n'en demeurent pas moins comme indépendans de l'être dans la composition duquel le verre grossissant nous les montre; aussi les voit - on par exemple se mouvoir à l'intérieur d'un Volvoce dans un sens différent de celui où s'agite la masse du petit Animal et comme sans la participation de sa volonté. Les élémens primitifs de la vie ne sont donc pas encore dans le Volvoce complètement équilibrés ? C'est ce que Müller a fort hien remarqué et qu'il nota soigneusement en décrivant plusieurs de ses Animalcules tels que l'Enchelis nebulosa l'Enckelis similis et le Leucophra conflictor qu'il caractérise par ces mots interaneis mobilibus.

Tant oue les Animaux peu compliqués demeurent transparens ces oorps hyalins y sont manifestement visibles. On les distingue dans nos Stomoblépharés où des cirres garnissent déjà un rudiment d'ouverture buccale; ils se trouvent toujours dans les Rotifères persistent dans les Crustodés déjà munis de test et nous les avons reconnus jusque dans les Polypes et même chez des Radiaire bien plus avancés dans l?eacute;chelle animale tels que les Béroés et les Méduses même. Si les naturalistes qui se sont tant occupés de ces Méduses et qui en ont donné des monographies où la multitude de noms génériques inutiles rebute la meillcure mémoire eussent descendu dans l'organisation intime de ces Animaux aidés du microscope ils y eussent reconnu tout comme nous l'existence des corpuscules hyalins; ils eussent admiré comment dans les mouvemens de flexion de contraction ou d'allongement chez ces merveilleuses créatures les globules constituant notre Matière vésiculeuse se déplacent en glissant les uns sur les autres s'aplatissent en se comprimant pour céder à l'effort qui les presse et reprennent ensuite comme par une sorte de réaction leur forme première afin de contribuer soit qu'ils cèdent soit qu'ils

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réagissent au mouvement général. Ces corpuscules sont peut-être les moteurs de tout mouvement avant 'on puisse distinguer ou même concevoir l'introduction d'une fibre quelcouque d'un système nerveux ou l'un appareil locomotif dans la frêle aaehine. On retrouvera certainement un élément si essentiel d'action dans le reste des Animaux en remontant des plus simples aux compliqués et sa présence expliquera à quoi tient la souplesse saus laquelle bulle créature ne pourrait agir.

Les corpuscules hyalins considérés comme les individualités de la Matière vésiculeuse ne sont pas seulement propres aux véritables Animaux; nos Psychodiaires êtres qui lient les Animaux aux Plantes et dont tour à tour ils possèdent les deux natures en sont encore remplis. C'est eux qui se montrent dans nos Vorticellaires dans nos Bacillariées et dans nos Arthrodiées en si grande quantité; chez ces dernières ils remplissent les tubes filamenteux de l?eacute;tat végétant concurremment avec la Matière verte qui les colore. Ils y sont parfois dispersés sans ordre mais en d'autres circonstances ils s'y disposent sous des formes élégantes. Dans les Salmacis par exemple ils constituent des séries qui se contournent en spirales et l'on dirait le laiton dont se compose l'élastique d'une bretelle. Ces spirales d'abordcomprimées qu'on u'en reconnaît p la figure se détendent à mesure que la lament s'allonge ce qui vient ire de ce que les corpuscules hyalins grossissent à mesure que la Salmacis avance vers le lerme de son existence par la dilatation du gaz dont elle est remplie; par ce mécanisme des diaphragmes traversés par les séries contournées de corpuscules hyalins et qui forment dans l'intérieur des tubes comme de petites cloisons dèterminant ce que les botanistes on appelé articles s?eacute;loignent de plus on plus les uns des autres. Il est évident par le simple exposé de ce fait combien mal à propos on donna pour caractère d'espèces l?eacute;tendue des articles; étendue nécessairement subordonnée à la distension des spirales de corpuscules hyalins résultat de l?acirc;ge. Cest encore plus mal à propos qu'en voyant les séries constituées par les corps hyalins se développer ces corps grossir ou diminuer en vertu des changemens de température qui doivent agir jusque dans l'intérieur des tubes d'Arthrodiées et s?eacute;chapper enfin désunis des tubes rompus pour se disperser sur le champ du microscope en y obéissant aux courans; c'est plus mal à propos disons-nous qu'on les a dit être doués de vie. En poussant plus avant l'observation on eût vu ces globules s?eacute;vanouir dès que les gaz dont ils étaient remplis n?eacute;taient plus suffisamment contenus et comme les bulles qui se formant dans tout liquide où se dissout du gaz acide carbonique font mousserceliquide. Dans celle faculté de mousser qui rend certains vins si célèbres la Matière muqueuse doit nécessairement jouer encore un rôle malgré qu'elle y ait été méconnue jusqu?à ce jour; aussi de tels vins deviennentils gluans à la longue et des élémens d'organisation s'y trouvant contenus les algologues y ont découvert des Plantes qui certainement n'y ont poiut été semées. V. HYDROCROCIS.

C'est par son évanescence que nous verrons surtout combien la Matière vésiculeuse toujours disposée à rompre ses parois diffère des deux modifications suivantes dont l'une se dessèche confusément sur place en y laissant une impression perceptible par des ébauches de contours et dont l'autre laisse toujours après elle une teinte verte fort sensible.

Les tubes de ces Conferves qu'il ne faut pas confondre avec les Arthrodiées sont également remplis de corpuscules hyalins; on les voit persévérer dans les Ectospermes qui se lient selon nous à ces Characées dans lesquelles nous sommes surpris qu'un savant auquel on doit d'excellentes observations sur leur

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circulation interne ne les ait pas mentionńés. Les Céramiaires en présentent encore de pareils à ceux dent il vient d?ecirc;tre question mais soit que les tissus se roidissent dans les Fucacées et les Ulvaées les corpuscules hyalins se trouvent contraints à subir i dans l?eacute;paisseur de tels Hydrophytes une autre forme soit qu'ils y obéissent à d'autres lois; ils s y dénaturent quand le Végétal qui s'en était pénétré dans sa jeunesse où il était presque totalement muqueux acquiert plus de consistance et que diverses pressions s'exerçant en tous sens sur les globules leur impriment les figures sous lesquelles nous les voyons persévérer à mesure que leurs parois ont acquis une solidité constitutrice pour se perpétuer dans le reste de cette végétation fixée laquelle rend à l'atmosphère les torrens de gaz qu'avait absorbés la Matière vésiculeuse en se formant originairement par le concours de la Matière muqueuse.

§ III. MATIÈRE AGISSANTE.

Quelque substance animale que l'on mette en infusion dans l'eaupure on ne tarde pas à voir se former à la surface de cette eau une pellicule presque impalpable qui ne présentait d'abord aucune organisation est encore de la. Matière muqueuse; en même temps le fluide deviendra légèrement trouble surtout en dessus et cette altération de teinte est due à la présence de notre troisième forme matérielle. Celle-ci est composée de globules d'une petitesse telle que leur volume n?eacute;quivaut pas après un grossissement; de mille fois à celui du trou que l'on ferait dans une feuille de. papier avec l'aiguille la plus déliée. Chaque globule parfaitement rond s'agite monte descend nage en tout sens et comme par un mouvement de bouillonnement. Ces globules si petits que Müller en figurant les Infùsoires à l'aide des plus fortes lentilles les a représentés par un simple pointillé sont le Monas Termo de ce grand naturaliste.

Entre le Monas Termo et les créatures que le savant Danois avait classées dans le même genre il existe une distance incalculable soit pour les dimensions soit dans le développement des facultés vitales. Il est difficile de concevoir que chacun de ces petits corps dont on ne peut mieux comparer les monvemens qu?agrave; celui des bulles d'air qui se heurtent à la surface de l'eau fortement poussée au degré d'ébullition; il est difficile de concevoir dilsons-nous que chacun de ces petits corps soit un être doué de volonté et conséquemment d'une vie complète il lui manque sans doute des organes capables de régulariser le genre de perceptions dont il pourrait être susceptible. De-là cette agitation que rien de rationuel ne paraît déterminer qui semble commune à la masse des globules roulant irrégulièrement en tout sens sur eux-mêmes; souvent avec une vélocité qui fatigue l?oelig;il mais cependant en manifestant des indices frappans d'animalité.

La quantité des globules agités devient d'antant plus considérable que ces globules se développent sur les bords du vase ou plutôt vers les limites de l'eau qui les tient en suspension. Soit que l?eacute;vaporation soit qu'une attraction particulière à chaque petite sphère et proportionnée à sa masse porte ces globules actifs vers un lieu plutôt que vers un autre on dirait qu'un instinct irrésistible les conduit. Ainsi dans une goutté d'eau remplie de notre Matière agissante miseisur un porte-object on voil chacune des individualités de cette Matière fuir le centre et nager avec un empressement extraordinaire veis les bords d'un petit océan dont le dessèchement doit déterminer la cessation de toute vie: on diraitqu'ils disputent à qui mourra le plutôt. Cet instinct ou cette force est probablement ce qui détermine l'affluence des globules de Matière agissante vers les pellicules ou vers les glomérules de

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Matière muqueuse déjà développée; c'est autour de cette Matière muqueuse qu'on les voit surtout se heurter se pousser combattre en quelque sorte empressés pour y pénétrer. Bientôt par la pressiou continuelle que leur agitation produit les uns sur les autres ces globules animés s'incorporeut à la Matière muqueuse et lui donnent une certaine consistance en perdant dans son épaisseur le mouvement individuel. Alors des pellicules d'abord presque imperceptibles deviennent sensiblement jaunâtres épaisses au point d'offrir une certaine résistance et dans cet état soumises au microscope tout globule agissant semble y avoir disparu; mais la confusion de ces globules ainsi confondus altérant la simplicité de l?eacute;tat muqueux on découvre comme une membrane à laquelle il ne paraît manquer pour constituer un corps organisé complet qu'un réseau nerveux dont la faiblesse humaine ne saisira jamais probablement l'introduction rudimentaire encore qu'on le puisse concevoir en supposant l'opération qu'on a sous les yeux déterminée dans les corps vivans par des circonstances qu'il ne nous est pas encore donné de provoquer.

Ce n'est qu'après avoir donné durant un temps quelcouque et probablement subordonné aux principes qu'elle renferme de la Matière muqueuse et de la Matière agissante et lorsque la Matière vésiculeuse étant produite par le concours des gaz vient ajouter l?eacute;lasticité à la formation des membranes rudimentaires qu'une infusion produit de véritables Animaux microscopiques. Jamais aucun être organisé ne précède ces trois existences primitives. On peut s'en convaincre surtout en examinant l'eau contenue dans les Huîtres. Si l'on remplit un verre avec cette eau elle deviendra trouble d'autant plus promptement que l'atmosphère sera plus chaude. Avant même que cette eau ait acquis l'odeur insupportable qui dénote la putréfaction ou verra la surface du vase couverte parla pellicule muqueuse et le Monas Termo ou Matière agissante s'y agiter en si énorme quautité que son mouvement serait capable de fatiguer à travers le microscope l?oelig;il qui l'exapminerait trop long-temps. A ces globules simples et agissans succéderont bieutôt avec I odeur de pourriture qui s'exhale de l'eau mise en expérience et qui provient du dégagement des gaz dont quelques-uns ne demeurent pas emprisonnés dans la modification vésiculeuse; à ces globules disons-nous succéderont des Animaux divers et compliqués déjà par trois termes multiplicateurs. En même temps que la Matière agissante globuleuse semble comme s'effacer en s'identifiant avec la muqueuse elle en devient la molécule motrice. car elle y exeice son action sur les glos bules compressibles de Matière vésiculeuse d'ou résulte la souplesse de la muqueuse; celle-ci ne tarde pas à s'oblitérer; c'est alors qu'elle se remplit de corpuscules appartenant à notre quatrième modification avec des globules opaques de Matière terreuse; et lorsque l'évaporation produit le desséchement de la croûte qui résulte du mélange successif de toutes ces choses cette croûte devenue friable offre l'aspect et tous les caractères des substances minérales; mais hi les principes des Matières ainsi concrétées ni la faculté de repasser par les mêmes phases ne sont perdus. Qu'on verse de l'eau sur le magma ou terre saline résultant de l'eau d'Huître mise en expérience et desséchée les mêmes phénomènes y auront successivement lieu de nouveau: la même pellicule muqueuse les mêmes globules de Matière vésiculeuse et de Matière agissante les mêmes espèces d'Animaux les mêmes sels et la même terre y reparaîtront tour à tour autant de fois qu'on réitérera l'expérience sans rien ajouter au liquide d'où puisse résulter de perturbation c'est-à-dire tant qu'on organisera et qu'on désorganisera par la voie humide.

Non-seulement la Matière agis-

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sante se développe promptement dans lffeau dffHuître et dans celle oùlffon met infuser des substances animales; mais plusieurs infusions végétales lffoffrent en grande quantité avec les mêmes phénomènes et ce fait explique aisément par lffanalogie chimique les rapports quffon a découverts entre certaines Plantes et les Animaux; mais si la Matière animale entre dans lffensemble de plusieurs Végétaux comme élément constitutif on sent quffelle y devient un motif de plus pour proscrire lffétablissement absolu des limites quffon suppose exister entre les deux anciens règnes organiques.

Il arriverait donc que cette Matière agissante dont les particules individualisées jouissent dffune sorte de vie propre perd cette vie de détail pour contribuer à une vie commune lorsque ces mêmes particules se coordonnent de telle ou telle façon avec la matière vésiculeuse; lffune et lffautre peuvent être contraintes à une existence purement végétative encore que lffune des deux essentiellement mobile dans lffétat dffindividualisation semble cependant être appelée par sa nature même à ne produire que des êtres doués de volonté et de mouvement spontané.

On sent que ce ne sont ni les substances animales ni les substances végétales mises en expérience qui produisent les trois modifications de la Matière dont il vient dffêtre question; ces substances au contraire sont formées de ces modifications même qui sffy trouvent prédisposées comme les bases de lfforganisation avec dffautres principes qui régissant celle-ci et la fixant demeurent néanmoins inappréciables pour nos sens. Réunie dans un tout destiné à exercer une vie plus ou moins développée chaque molécule agissante perd sou degré de vie individuelle qui tourne au profit de la vie collective. Lffopération quffon fait subir au corps organisé dont on veut observer les bases ne fait conséquemment que rompre les liens qui unirent ceux des elémens qui tenaient les molécules de Matière vésiculeuse et de Matière agissante subordonnées les unes au x au tres dans la Matière muqueuse et les rend à leur liberté originelle. Ce nffest donc point dans la putréfaction que sffengendre la vie et que sffopèrent des générations spontanées comme lffavaient pensé les anciens ou des philosophes qui nffayant jamais observé la nature en raisonnaient sur des apparences trompeuses; cette putréfaction concourt seulement daus les expériences à relâcher les nœuds secrets qui tiennent assemblées les parties constitutives des corps; elle se borne à détruire les forces qui subordonnaient de premières modifications de la Matière; elle individualise enfin les molécules base de toute existence et de-là ce passage alternatif de la molécule agissante à lffétat de torpeur où nous la trouvons dans la Matière muqueuse quffelle a pénétrée ou à lffétat dffagilité quffelle reprend par disjonction selon quffon renouvelle ou quffon fait disparaître lffhumidité autour des substances mises en expérience qui la contenaient asservie.

Comme des gaz tels que lffhydrogène et lffoxigéne nous paraissent être les corps dont les particules emprisonnées par une pellicule de Matière muqueuse contribuent avec celle-ci à former notre second état Primitif il se pourrait que ce fût lffazote qui jouât dans le troisième état un rôle analogue. En admettant cette hypothèse on se rendrait compte de la cause qui fait de lffazote comme le principe dominant dans les substances animales. Outre les corpuscules hyalins individus de la Matière vésiculeuse les Microscopiques où nous commençons à distinguer des molécules constitutives empâtées dans la Matière muqueuse devenue les Microscopiques renferment dffautres corpuscules beaucoup plus petits bien plus nombreux et déjà moins transparens qui ne sont que des globules de Matière agissante agglomérés ayant perdu leur vie individuelle par leur introduction dans la mu-

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queuse qui les rassemble. Ces monades enfermées y ajoutent probablement la faculté de percevoir par le tact tandis que la Matière vésiculeuse donne à la masse devenue ternaire les élémens de flexibilité nécessaires pour lffexercice des mouvemens compliqués auxquels se devra déterminer lffAnimal quand il aura touché et senti.

§ IV. MATIÈRE VÉGÉTATIVE.

Ala Matière muqueuse ne tarde point à succéder ou à se joindre encore dans lffeau exposée à lffair et à la lumière ce que nous appellerons la Matière végétative. Celle-ci se développe dans lffeau distillée ainsi que dans celle des puits des fontaines des rivières ou de la pluie et jusque dans lffeau salée de lamer. Elle se forme sur les parois des vases dans la masse du liquide mise en expérience sur les pierres et autres corps inondés en y produisant une teinte agréable à lffœil; teinte que Priestley remarqua le premier quffil appela MATIÈRE VERTE et qui méconnue depuis cet illustre physicien a donné lieu à de grandes controverses en physique. Cette matière verte de Priestley est si facile à confondre avec une multitude de corpuscules micros-copiques également colorés en vert que beaucoup dffobservateurs sffy sont mépris; nous-même qui lffavons dès long-temps reconnue et constamment observée nous avons à tort regardé dffabord comme lui appartenant de véritables corps organisés qui en sont à la vérité pénétrés mais qui ne sont déjà plus cette Matière dans son état de plus grande simplicité. Trompé par les proportions appréciables et les formes diverses de plusieurs choses que nous supposions nffen être que des états divers nous disions (Dict. de Levrault T. XXIX): « On serait tenté de croire quffil en existe de plusieurs espèces. ff Une observation communiquée par Gaillon de Dieppe micrographe et naturaliste scrupuleux nous a éclairé et comme nous nffavons jamais tenu à nos opinions dès quffon nous a démontré quffelles étaient mal fondées nous saisirons lffoccasion qui nous est offerte pour rectifier à cet égard nos propres idées et pour témoigner notre reconnaissance au savant qui voulut bien nous signaler lffune de nos fautes.

Cffest la Matière verte ou végétative qui se développant dans la nature entière partout où la lumière agit sur lffeau pénètre les Marais de toute espèce les bassins où lffon fait parquer les Huîtres les fossés des grandes routes ou des fortification; encolorant les pierres taillées et le bas des murs humides.

La lumière paraît cependant être moins nécessaire à son développement que dffautres principes auxquels il faut nécessairement attribuer la couleur verte persistante dans certaines Plantes lors même que ces Plantes croissent soustraites au pouvoir bienfaisant des rayons du jour. En effet si la privation de lumière produit en général lffétiolement et la pâleur dans les êtres organisés on a ce pendant vu des Végétaux transportés dans les ténèbres de certaines galeries de mines verdir dès que lffair ambiant contenait de lffhydrogène et de lffazote en suffisante quantité pour y déterminer la coloration. Dans les plus grandes profondeurs de la mer ou la sonde pût atteindre à deux cents pieds sous lffeau dffoù lffou est parvenu à déraciner quelques Hydrophytes la plus belle teinte verte resplendissait sur ces Plantes qui avaient cependant végété dans une obscurité complète ou à peu près. Serait-ce que des la ons verts eussent seuls pénétré jusque dans les abîmes ou que ce ne fût pas nécessairement par lffinfluence de tels rayons que du carbone et de lffhydrogène se pussent combiner pour décorer la végétation marine de sa plus aimable nuance? Quoi quffil en soit partout où nous avons vu la Matière verte ou végétative se développer elle a paru dffabord comme une simple teinte où le plus fort grossissement (dffun quart de ligne) ne nous permit de distinguer quffun pointillé dont la figure du Monas Termo de Müller donnerait

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encore une idée exacte si la planche eût été tirée en vert tendre. Mais les molécules que nous crûmes obovalaires dont se composait ce pointillé étaient inertes; tout corps voisin qui sffy trouvait plongé ne tardait pas à sffen pénétrer au point dffen prendre la teinte; car les Animaux microscopiques comme nous le verrons tout à lffheure la peuvent absorber non moins que toute modification organique par laquelle la création sffélève de la Matière verte élémentaire à la végétation la plus arrêtée.

Partout ou la matière muqueuse se développe elle est bientôt suivie par la quatrième modification dont elle se sature pour former lffun des plus simples Végétaux; celui par lequel nous avons proposé de commencer le catalogue des Plantes sous le nom de Chaos primordialis première complication végétale opérée par la Matière verte introduite dans la Matière muqueuse simple nuance étendue sur les corps humides essai de la nature quffon a pris mal à propos pour des sédimens dffUlvacées dissoutes quand des Ulvacées ne pouvaieu texisteravant que la Matière vésiculeuse se fût introduite dans la réuniou de la muqueuse et de la végétative pour en former des mailles. Du mélange des quatre modifications primitives qui viennent de nous occuper ne tardent guère à résulter de ces corpuscules faciles à distinguer au grossissement dffune demi-ligne de foyer que nous avions long-temps confondus à tort avec la Matière végétative et qui variant de forme et de nuance fournissent les caractères des cinq ou six espèces jusquffici reconnues dans ce genre Chaos qui doit être inscrit en tête de la méthode naturelle. Lffhumidité venant à disparaîlre quand la Matière muqueuse sffévanouit la végétation persiste et comme une poussière de la plus belle couleur ne cesse de teindre les corps sur lesquels on la vitse développer. Dans cet état de dessèchement les corpuscules spécifiques demeurant plus sensibles les botanistes décrivent diverses espèces du genre Chaos comme des Bysses pulvérulens de la plupart desquels on vit les lichénographes faire leur genre Lepra et que lffalgologue Agardh sans trop tenir compte do ce quffobservèrent ses prédécesseurs nous paraît avoir appelé indifféremment Protococcus et Palmella quand le premier de ces noms était inutile et que le second était consacré par le savant Lyngbye dont il dût été convenable de noter au moins quffon lffavait emprunté.

Nous avous dit tout à lffheure que des Microscopiques absorbaient la Matière végétative; peut-être sffen nourrissent-ils. Ils seraient alors par lffeffet des combinaisons les plus simples quffon puisse imaginer les premiers des Herbivores précédant ainsi tout Carnivore possible dans la nature; fait très-digne dffêtre consigné puisquffil est évident que dans lffordre de la création (V. ce mot) les Plantes durent à la face de la terre précéder les Auimaux qui sffen nouarissent et que les bêtes féroces ne pouvaient y apparaître quffaprès celles qui leur servent de proie; ainsiles merveilles de la nature microscopique sont en toutes choses les essais de ce qui frappe les regards dans lffensemble admirable des merveilles plus grandes?

Peut-être même de la Matière verte se peut-elle aussi développer dans le corps humide des Microscopiques pénétrables à la lumière déjà gonflés de lffazote contenu par la molécule agissante et des gaz dont la distension détermine la Matière vésiculeuse. Il arriverait alors dans la transparence de ces Animaux rudimentaires ce qui a lieu dans lffeau même et de-là cette organisation qui résulte dans certains Euchelides Cratérines Raphanelles Plagiotriques Stentorines Vorticellaires Navicules Lunulines etc. de la confusion des molécules hyalines élastiques propres à lffétat vésiculaire et de molécules de Matière agissante répandues dans une teinte dffun vert plus ou moins foncé. Nos Zoocarpes surtout propagules vivans qui sont

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vests offrent une composition de ce genre où lffon reconnaît conséquement déjà le concours des quatre presides modifications visibles de la Matière.

Les êtres microscopiques dont il vient dffêtre question ces ébauches invissibles de lffanimalité ne sont pas les seuls Animaux qui se pénètrent de Matière colorante végétative; de plus compliqués sffen teignent aussi soit quffils lffabsorbent soit qu'elle se forme encore dans leur translueide masse. Ainsi nous avoos produit sur ces Hydres que lffon appelle Polypes dffeau douce ce qui arrive tous les jours aux Huîtres que lffon fait parquer. En élevant de ces Animaux dans des vases ou la Matière verte sffétait développée abondamment ils sont devenus du plus beau vert ce qui nous porte à soupçonner que lffHydra viridis des helminthologues pourrait nffêtre pas une espèce mais simplement une modification des espèces voisines que le hasard plaça dans des circonstances pareilles a celles où nous en avons mis nous-mêtne pour les colorer.

La Viriditè des Huîtres pour nous servir de lffexpression très-significalive employée par Gaillon nffa dffautre cause que lffabsorption de la Madère verte par ces Conchifères. Lffépo que où cette viridité a lieu est celle ou lffeau introduite dans les bassins se trouve dans les confiions nécessaires pour que la Matière verte sffy développe en suffisante quantité. Tout ce qui existe alors dans les mêmes lieux sffen pénètre; la vue les Plantes les Entomostracés autres Animalcules les Coquilles sffen trouvent colorés également. On a rapporté ainsi quffil a été dit lus haut ce phénomène à la décomposition des Ulves ou autres Hydrophytes et cffest précisément le contraire qui a lieu; cffest au développement du principe primitif de ces mêmes Ulves quffest aû ce que l'on croyait un effet de leur dépérissement de leur dissolution.

Gaillon qui le premier acquit par le microscope des idées justes sur un si important phénomène fut cependant induit en erreur sur un point ce qui ne prouve pas que cet excellent observateur ait mal vu; mais seulement que dans les choses délicates de la nature de celles qui nous occupent il est impossible de voir complètement juste du premier regard. It observa oans Peau verdie des parcs dans les Huîtres colorées et dans les couches de Matière verte étendue sur le test de celles-ci un Aminal dont il a dit dffexcellentes choses (Annales générales des Sciences physiques T. VII p. 93) et quffil compara au Vibrio tripunctatus de Müller; il nffy vit guère de différence que dans la couleur; la figure quffil nous en adressa est parfaitement exacte. Cet Animal que Gaillon proposait de nommer Vibrio ostrearius nffest cependant lui-même quffun être coloré accidentellement comme lffHuîre: fort transparent il absorbe ou sert ali développement des corpuscules de la Matière végétative; et dans cet état pénétrant dans la Matière muqueuse des parties de lffHuître où sa forme aiguë et naviculaire lui donne la faculté de sffintroduire il ne colore que parce que lui-même fut coloré précédemment et il est fort commun de trouver des Huîtres colorées sans la participation des Navicules de Gaillon ainsi que létaient les Hydres colorées dans nos expériences sans aucun indice de pareils Animaux. Un magistrat de Marenne qui paraît nffavoir pas la moindre teinture des sciences naturelles mais qui croit pouvoir raisonner en maître sur les Huîtres parce quffil est du pays où lffon en trouve le plus a durement attaqué les observations précieuses de Gaillon. Celui-ci savant laborieux et modeste au lieu de perdre son temps à répondre à de mauvaises plaisanteries a continué ses recherches à la grande satisfaction des naturalistes qui veulent sincèrement sffinstruire.

Nous avons dit que Priestley remarqua le premier la Matière végéta

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tivequffilappela VERTE(T. IV sect. 33 pag. 335). Ainsi que nous il la trouva souvent confondue avec la muqueuse dont elle est indépendante et distincte mais quffelle pénètre communément. Il s occupa beaucoup plus des propriétés de l air quffil supposait sffen dégager que de sa nature; cependant il affirma avec raison quffelle nffétait ni un Animal ni un Végétal; et nffy découvrant aucune organisation au microscope il la regarda comme une substance particulière « sui generis véritable sédiment muqueux et coloré de lffeau. ff

Sénebier (Journal de physique 1781 T. XXVII pag. 209 et suiv.) sffétant proposé de réitérer les expériences de Priestley sur la Matière verte la méconnut totalement: « Cette Matière dit-il est une Plante ff aquatique du genre des Conferves ff gélatineuses. ff ll est facile de voir par tout ce quffajoute ce savant à cette premièreerreur que nffayant pas tenu compte des teintes formées parles molécules de la véritable Matière verte il a pris pour celle-ci la Trémelle dffAdanson (espèce du genre Oscillaire) qui ne tarde pas effectivement à se développer et à croître dans les vases où lffon met en expérience de lffeau pure exposée à la lumière et à lffair; ces vases offrant au développement de cette Arthrodiée les mêmes facilités que lui présentent les baquets où on laisse séjourner lffeau dans nos cours ou dans nos jardins.

Baker (Employ. for the Microsc. part. 11 p. 253 plat. 10 fig. 1-6) avait déjà observé la même Oscillaire développée dans des vases de verre remplis dffeau et lffavait considérée comme un être vivant et non comme une Conferve gélatineuse.

De Candolle (Flor. Fr. T. 11 pag. 65) a été entraîné dans lfferreur par son illustre compatriote au sujet de la Matière verte de Priestley; et de-là cette création du Vauchèria infusionum Plante qui nffexisterait pas dans la nature si lffexpérience ne nous avait appris quffil était question sous ce nom de lff Oscillaria Adansonii N. imparfaitemont observée avec une lentille trop faible pour quffon y eût découvert les articulations caractéristiques. Cette Oscillaire ou la prétendue Vaucherie des infusions n a nul rapport avec les êtres auxquels le savant Genevois ôta sans motifs suffisans lffexcellent nom dffEctosperme que leur avait donné Vaucher et que nous avons proposé de leur rendre. V. CONFERVéES et ECTOSPERME.

Ingen-Housz (Journ. Phys. 1784 T. XXIV pag. 356 et suiv.) avait après Sénebier examiné la Matière verte de Priestley; mais en observant des faits très - intéressans dont il nffapprécia pas toute lffimportance et lorsque le hasard lui avait évidemment découvert avant nous ces Zoocarpes que nous avons fait connaître il prononça que la Matière verte était composée de petits Animaux quffil appelait improprement Insectes. Le Mémoire dffIngen-Housz est trop curieux et trop riche de faits pour que nous puissions ne pas nous arrêter à son examen.

Lffauteur sffétait proposé principalement de publier ses observations sur lffair qui résulte de la Matière verte. «Priestley dit-il avait remarqué le premier que lorsquffon expose au soleil de lffeau surtout de l'eau de source il sffy engendre après quelques jours une substance verte gélatineuse au toucher et que quand cette Matière est produite on trouve dans le vase une grande quantité dffair pur qui se développe au soleil. ff Ce nffétait point à des Plantes placées dans des bouteilles quffoo devait attribuer un phénomène qui continua quand on les en eut retirées il était conséquemment dû à la Matière verte dont le fond était tapissé.

Priestley ayant décrit la Matière verte comme un sédimeut muqueux de lffeau dans son quatrième volume sur les airs (imprimé en 1779) lfféleva au rang des Végétaux daus le cinquième (imprimé en 1781)) sur le témoignage de son ami Belvy et il la classa parmi les Con

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serves sans vouloir déterminer si c'était le Conferva fontinalis ou quelque autre espèce. Forster l'avait prise pour le Byssus botryoides de Linné. Sénebier dans un sevrage également intéressant et curieux sur la lumière solaire (imprimé en 1782) a cru que ni Priestley ni Forster n'avaient connu la véritable nature de cet être. Le premier dit qu'en examinant de plus près cette Plante il l'a reconnue pour être la Conferva cespitosa filis rectis undique divergentibusde Haller n° 214. Si c'est la Conferva fontinalis il faudrait qu'elle eût des fibres au moins de la longueur d'un demi-pouce; si c'est la Plante de Haller il faudrait que les filamens fussent encore plus longs. Suivant le second ces filamens paraissent déjà après deux jours lorsqu'on expose l'eau commune à l'action immédiate du soleil. Il dit qu'on voit ces filamens s'élever graduellement et tapisser les parois sur tout le fond du verre. Cette Plante poursuit Sénebier devient frot serrée en bas et parvient à une grandeur si considérable qu'il l'a vue s?eacute;lever pendant deux mois à la hauteur de deux pouces et demi au-dessus du fond. Ingen-Housz ne veut pas nier l'exactitude des observations de Sénebier; mais il doúte avec raison que la Plante de ce savant soit la véritable Matière verte que Priestley décrivit dans son quatrième volume « En effet dit-il lorsqu'on compare une masse informe muqueuse sans aucune organisation apparente ainsi que l'a décrite Priestley avec une Plante qui selon Sénebier tapisse comme un tissu fort serré tout le fond d'un vase qui s'allonge jusqu?agrave; deux pouces et demi en hauteur et par conséquent qui est très-visible à plusieurs pas de distance on ne saurait guère soupçonner l'identité. ff Priestley a montré lui-même à Ingen-Housz cette Matière à Londres; une cloche pleine d'eau en était tapissée; et cet observateur exact y eût certainement vu des fibres si ces fibres y cassent existé. L'auteur a examiné journellement la Matière verte durant plus de trois ans et l'a suivie dans tous ses états depuis son origine jusqu?agrave; son dépérissement. Il croit pouvoir prononcer à cet égard et en ayant fait faire des dessins exacts gravés pour orner le second volume de ses Expériences sur les Végétaux il se contente d'en donner une description abrégée. Pour éviter toute confusion il commence par produire la Matière verte sous les yeux de ses lecteurs comme le faisait Priestley c'est-à-dire en mettant dans des vases bien transparens exposés au soleil de l'eau de source et en plaçant au fond de ces vases de petites lames de verre afin de pouvoir ensuite examiner ces lames au microscope.

Lorsqu'après quelques jours. on aura observé une bonne quantité de bulles d'air montant continuellement dans l'eau c'est-à-dire notre Matière vésiculeuse à son premier degré de formation gazeuse on trouvera les parois du vase intérieurement parsemées de corpuscules ronds ou ovales ou approchant de ces figures et d'une couleur verdâtre (on voit qu'ici Ingen-Housz ne s?eacute;tait pas d'abord rendu plus que nous compte de la forme propre à la Matière végétative). Le nombre des corpuscules augmentant chaque jour ceux-ci deviennent au bout de quelques semaines une croûte dont la verdure est plus ou!moins foncée en raison du temps que l'eau a été exposée au soleil et du nombre des corpuscules qui se sont accumulés dans cette eau. Ces corpuscules sont extrêmement petits et enveloppés dans une Matière muqueuse. On les reconnaît bientôt pour de véritables Insectes qui cessent de se mouvoir lorsqu'ils se trouvent embarrassés dans la couche glaireuse. On en voit nager tout autour: on y aperçoit aussi des corps angulaires plus volumineux que les Insectes (l'auteur désigne évidemment ici des Enchélides des Raphanelles ainsi que des amas de nos Matières cristallisables et terreuses). Ces Insectes finissent par obstruer et remplir la couche muqueuse quipar

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elle même était sans couleur de sorte que celle-ci ne paraôt bientôt plus être qu'une masse glaireuse verte sans aucune apparence manifeste d'organisation; elle ressemble alors parfaitement à ce que PriestLey l'a trouvée: une disposition glaireuse de l'eau devenue verte au soleil. Plus tard l'incorporation des Insectes dans la masse muqueuse est complète; mais si l'on en éparpille les lambeaux on remarquera que ses bords déchirés soul tout hérissés de fibres transparentes sans aucune couleur et ressemblent à des tubes de verre. On observera aussi que ces fibres sont douées d'un mouvement sensible (il est clairement question ici d'une Oscillaire déjà introduite dans une masse formée de choses désormais différentes): elles se plient en tout sens s'approchent s'entrelacent et se tortillent de nouveau. Ce mouvement qui ressemble à celui de certains Animalcules aquatiques qui ont la forme d'Anguilles se fait par intervalles très-réguliers. L'abbé Fontana a montré plusieurs années auparavant à l'auteur des fibres semblables mais vertes douées d'un pareil mouvement; il les prit pour des Auimaux-Plantes et les crut des êtres intermédiaires entre ceux des Règnes Animal et Végétal. Il fallait trois quatre ou cinq mois pour produire ces fibres.

Si l'on s'obstine à abandonner la croûte muqueuse à elle-même la métamorphose va plus loin la croûte muqueuse se couvre de bosses et d'aspérité. En édix ou douze mois ces bosses s'élèvent en pyramides d'un à deux pouces qui devenant perpendiculaires sont d'un vert plus foncé vers leur partie supérieure qu'au milieu et au bas et ressemblent à une gelée assez ferme pour se soutenir dans l'eau. Si la croûte muqueuse mérite réellement le nom de Plante elle doit être classée parmiles Trémelles. Il faut pour obtenit ces résultats laisser la Matière verte dans le même vase sans la déranger. La Trémelle ne se forme pas pour peu qu'il y ait de mouvement.

« La Matière verte est généralement commune dans les bassins des jardins et entremêlée au Conferva rivularis (probablement plutôt l'une de nos Vaucheries). On en voit aussi dans les cuves en bois qui servent aux arrosemens du jardin de botanique de Vienne et plus tard cette Matière verte est remplacée par le Conferva rivularis dont les filamens observés au microscope paraissent être des tubes transparens ayant des intersections plus ou moins distantes les unes des autres. Ces fibres tubulaires semblent devoir leur couleur aux petits corpuscules verts dont ellessont comme farcies et qu'on serait tenté de prendre pour les restes des Insectes dont la Matière verte est composée ou pour ces Insectes même qui y sont enfermés comme ils le seraient dans un tube de verre c'est-à-dire sans être attachés au tube dont on les voit sortir librement et assez souvent lorsqu'on observe au microscope les extrémités des fibres coupées. On placera peut-être les Conferves parmi les Zoophytes lorsqu'on sera convaincu que ces corpuscules verts dont les fibres de la Conferve sont même farcies sont des Insecte morts ou vivans. ff

Ce dernier passage que nous avons cité textuellement est fort précieux; il prouve que nous ne sommes pas les seuls comme on a prétendu l'insinuer qui ayons vu aes tubes confervoïdes se rompre pour produire des Zoocarpes œufs vivans de véritables Plantes que l'un des meilleurs observateurs du siècle dernier avait vus comme nous.

« La Matière verte de Priestley ajoute Ingen-Housz toute composée d'Insectes véritables dans le premier temps de son existence se change-telle d'elle-même tantôt eu Trémelle et tantôt en Conferve? Je me contenterai dans cet abregé de la relation du fait tel qu'il est. J'invite continue le même savant en terminant sou intéressant Mémoire les physiciens à suivre en été les progrès de cette substance vraiment curieux et

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entièrement négligée avant Priestley au moins dans l'état où il l a observée. Mais si l'on désire abréger le temps et obtenir bientôt une quantité considérable de la Matière verte de Priestley on peut suivre la méthode simple de la produire qu'il a indiquée dans son cinquième volune; elle consiste à mettre dans l'eau exposée au soleil un morceau de viande de poisson de pomme-deterre ou quelque autre substance putrescible. On verra bientôt (quoique pas infailliblement) toute l'eau devenir verte. En examinant cette eau au foyer d'un bon microscope on trouvera que sa couleur est due à un nombre infini de petits Insectes verts très-manifestemeut vivans. Ces Insectes sont communément ronds et ovales.ff

Il est évident d'après cet extrait du travail d'Ingen-Housz que ce physicien a d'abord connu et fort bien observé notre Matière végétative qui est bien la Matière verte de Priestley; mais que l'ayant ensuite perdue de vue il a pris comme les savans dont il avait essayé de réfuter les erreurs des organisations tontes différentes et des êtres d'une autre nature pour les conséquences de sa Matière verte. Les idées d'Ingeo-Housz ont été reproduites sous d'autres formes par Agardh et l'on peut reconnaître en partie les bases du Mémoire qu'a publié le professeur suédois sous le titre de Métamorphoses des Algues dans le Ménoire heaucoupmeilleur auquel nous avons dû nous arrêter. Plusieurs idées de Girod-Chantrans ont aussi de l'analogie avec les métamorphoses prétendues d'Agardh; mais on nepeut supposer que Girod - Chantrans les eût puisées à Ja même source car se dernier observateur paraît n'avoir connu d'autre livre que le Systema Naturæ de Gmelin et semble avoir ignoré qu'Ingen-Housz et Müller eusent existé.

Ingen-Housz a vu encore comme Priestley et comme nous la Matiére végétative pénétrant une Matière muqueuse. Les Oscillaires n'ayant pas tardé à se développer dans les mêmes vases et autour des amas de Matière muqueuse pénétrée de Matière verte il a soupçonné que ces substances s'étaient organisées n Végétaux; enfin sont venus les Microscopiques plus compliqués ayant absorbé de la Matière verte et il a cru que la Matière verte s?eacute;tait métamorphosée en Animaux. Nous avons déjà indiqué la cause de telles erreurs qui ne prouvent rien coutre la véracité de l'excellent observateur qui s'y est trouvé entraîné puisque d'ailleurs il a parfaitement décrit une série de phénomènes qu'on reconnaît constamment dans les Infusoires.

Quant aux Animalcules verts qui se développent dans les infusions remplies de Matière animale ou végétative ou bien à ceux qui sontent des tubes des Conferves ou de prétendues Conferves ni les uns ni les autres ne sont de la Matière végétative; nous devons pour éviter tout malentendu nous étendre un peu sur ce point.

Les tubes les Conferves et surtout des êtres ambigus dont nous avons formé la famille des Arthrodiées dans le règne psychodiaére sont généralement verts; vus au microscope leur couleur paraît d'abord due à des glomérules de même teinte dont serait rempli le tube intérieur qui se reconnaît aisément dans la plupart d'entre eux. Ces glomérules sont probablement de la Matière végétative ou verte ainsi que l'a pensé. Ingen-Housz; mais il ne faut pas confondre avec cette Matière des corpuscules parfaitement globuleux un peu plus gros que ces corpuscules ovoïdes ét que nous appellerons Corpuscules hyalins pour indiquer leur parfaite translucidité; ceux-ci mêlés à la Matière végétative intérieure se groupent ou se disposent avec elle sous diverses figures dont plusieurs peuvent fournir des caractères génériques et spécifiques excellens. Ce sont eux qui par exemple sent comme enfilés en spirale dans nos Salmacis de la

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tribu des Conjuguées. Ces corpuscules hyalins ne sont que les globules de gaz constituant notre modification vésiculaire pareils à ceux qui montent à la surface des eaux où l'ou tient des Conferves ou des Arthrodiées en expérience. Les physiciens de la fin au dernier siècle attribuaient le développement de cet air qu'ils appelaient Vital à la présence de la Matière verte qui n'en produit cependant pas mais qui au contraire semble en être un effet.

Ce qui nous a fail naître cette idée c'est que lorsqu'on observe au microscope des Arthrodiées des Conferves ou toute autre Hydrophyte filamenteuse tubuleuse et transparente qui contient de la Matière verte et des corpuscules hyalins si quelque filament vient à se rompre sous l?oelig;il de l'observateur les globules ovoïdes de Matière verte qui doivent avoir un certain poids se répandent au fond de l'eau comme le ferait un sédiment tandis que les corpuscules hyalins s?eacute;lèvent à la surface de cette eau comme le font partout ailleurs les bulles d'air. Le plus grand nombre de ces corpuscules hyalins ou bulles ne tarde pas à diminuer et même à disparaître peu d'instaus après avoir été mis en liberté; la Matière verte au contraire persiste et présente les mêmes phénomènes dans son dessèchement que celle qui s'est formée en liberté sans avoir jamais été captive dans aucun tube.

Nos Zoocarpes végétativement formés dans les articles des Arthrodiées agglomération de Matière verte et de corpuscules hyalins probablement aussi de Matière agissante développée dans l'intérieur de l'Arthrodiée où nos faibles moyens ne nous permettront pas de la distinguec; nos Zoocarpes tant qu'ils sont captifs et sans mouvement se préparent à la vie comme le Papillon s'y prépare dans l'immobile chrysalide. Que manque-t-il donc à ces Zoocarpes dans la capsule articulaire qui les renferme pour agir et manifester une vie complète?.... Est-ce le contact immédiat de l'eau ou l'influence d'un agent vaporisateur ou condensateur propre par des dilatations et des raréfactions alternatives à lui imprimer le mouvement?.... Il ne nous est pas permis de l?eacute;tablir; mais siles corpuscules hyalins sont comme nous l'avons précédemment rapporté dus à la modification vésiculaire de l?eacute;tat gazeux on s'explique comment les gaz peuvent entrer sous forme de globules dans la composition des corps organisés vivans. C'est à leur présence sous cette forme globuleuse que sera due l?eacute;lasticité des tissus; et indépendamment de leurs propriétés chimiques ils auraient encore conséquemment comme nous l'avons dit l'usage de petites vessies compressibles interposées dans la réunion de la Matière agissante végétative et muqueuse pour compléter l'organisation. Ici nous arrivons de rechef aux limites des connaissances que nos yeux nous purent révéler et nous devons nous y arrêter dans la crainte de nous perdre hors du domaine des réalités.

Ceux qui voudraient connaître exactement la matière verte de Priestley et qui craindraient de confondre celle qu'ils peuvent faire développer sous leurs yeux avec les Oscrllaires et les Conferves promptes à lui succéder ou à s'y confondre la retrouveront souvent contre les vitres humides des serres chaudes: celles du Jardin des Plantes de Paris particulièrement en sont souvent colorées vers l'automne surtout aux lieux où ces vitres passemt l'une sur l'autre par leurs bords. Il faut noter dans cette circonstance qu'il arrive à la Matière verte une Chose fort remarquable prise encore pour une métamorphose par les Ovides de l'algologie et qui eut lieu quelquefois sons nos yeux dans des carafes: pressées les unes coutre les autres dans une légère couche de Matière muqueuse qui s'est également développée sur les parois des vases ou coutre les vitres humides les par-

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ticules de la Matière végétative se déforment légèrement et devenant polygones par l'effet de leur pression réciproque finissent par composer une petite membrane mince qu'on peut préparer sur le papier comme une véritable Ulve. La Matière prend dans ce cas tellement l'aspect d'un Hydrophyte parfait qu'au microscope même il devient impossible à l'observateur le plus exercé d'en saisir les différences.

Il est peu de personnes qui n'aient remarqué dans certains fossés du pourtour d'une ferme dans plusieurs ornières des boues d'un faubourg dans des coins de fosses à fumier enfin dans l'eau stagnante et superficielle des lieux voisins des habitations mal tenues du campaguard de l'eau d'un vert sombre souvent très-foncée en couleur qui s?eacute;paissit quelquefois au point de perdre toute fluidité et d'acquérir la propriété de teindre les doigts le papier ou le linge qu'on y plonge ainsi que le ferait une dissolution de Vert de vessie. Danscet état l'eau a contracté une légère odeur de poisson qui rappelle celle des parcs où l'on met verdir les Huîtres. Ce n'est point la matière verte dans son état primitif et naturel qui produit un tel phénomène. Si l'on soumet au microscope une goutte de cette eau colorée on la trouve remplie par des Animalcules que nous appelons Raphanella urbica (un Furcocerca de Lamarck et un Cercaria de Müller Inf. p. 126 t. 19 f. 6 13; Encycl. vers. pl. 9 f. 6 13). Ils nagent avec rapidité; leur figure trèsvariable est dans l?eacute;tat normal celle d'une poire allongée et leur taille est déjà des milliers de fois plus considérable que celle des molécules de toutes les modifications primitives de la Matière dont il a été question dans cet article. Ce sont de pareils Animaux qui absorbant ou produisaul dans leur épaisseur de la Matière végétative en se formant des Matières muqueuse vésiculeuse et agissante se retrouvent souvent dans les infusions artificielles; ce sont eux qui s?eacute;tant développés dans les expériences d'Ingen-Housz ont porté ce physicien à regarder sa Matière verte comme formée d?ecirc;tres vivans qu'il appelait improprement des Insectes.

On doit remarquer que les Animalcules verts sont déjà d'un ordre fort avancé relativement à ceux oui sont entièrement incolores et translucides. Il n'entre dans ces derniers que de la Matière muqueuse pénétrée de Matière agissante et de corpuscules hyalins ou gazeux appartenant à la Matière vésiculeuse; la Matière végétative soit qu'elle se développe ensuite intérieurement en vertu au mécanisme de la décomposition de l'eau par la lumière soit qu'elle ait été absorbée pour la substantationde l'Animal apportant une molécule élémentaire de plus dans l'organisation de celui-ci doit augmenter les combinaisons instinctives qui en peuvent être les conséquences. L'influence de l'introduction de la Matière végétative est telle dans certains Microscopiques qu'elle suffit pour chan ger leur condition en embarrassant les ressorts d'où résultait leur vie animalè rudimentaire au point de les réduire à l?eacute;tat purement végétatif. C'est ce qu'aperçut fort bien Goeze et qu'annota Müller en décrivant le Monas pulvisculus (Inf. p. 7 t. 1 f. b 6; Encycl. Vers. pl. 1 fig. 9 a c). Cet Animal est un infiniment petit hyalin sphérique et verdâtre par les bords qui se développe avecla Matière végétative dont il s'imprégne dans les vases où celle-ci se développe en abondance; il nage d'abord avec rapidité en se donnant un mouvement d'oscillation et tant qu'il n'est pointsaturé dévert; dès que cette couleur épaissie domine en lui il devient lant dans ses allures se juxtapose en se déformant à d'autres individus de son. espèce comme lui devenus verts et auxquels il finit par s'unir intimement pour former sur les corps inondés ou sur les parois du verre des plaques qui venant à se détacher flottent enfin à la surface du liquide en pellieules inertes. Ces pellicules

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soumises au microscope ne présentent plus que l'aspect d'une petite Ulvacée où tout mouvement a cessé et qui peut se préparer sur le papier d'où elle ne saurait plus se déooller. La réunion de la Matière végétative en Ulve a donc lieu également ici pour la Matière agissante. Ce fait nous paraît d'une grande importance et nous ne concevons pas comment les inventeurs où défeuseurs dn système des métamorphoses ne l'ont pas invoqué au seeours de leur opinion qui après tout pouvait bien n?ecirc;tre établie que sur un simple abus de mots.

Nous avons de fortes raisons pour croire que tout Animalcule qui se colore en vert a des rapports plus ou moins directs avec quelque état végétatif et doit devenir confervoïde ulvoïde ou trémelliforme; mais dès que le Microscopique se colore en jaunâtre son état animalisé est définitivement arrêté; un tel être n'aura désormais plus rien de commun avec la Plante et bientôt la teinte ferrugineuse devenant plus foncée l'organisation se développera davantage; pour peu que cette teinte passe au rougeâtre par quelque cause qui nous demeure inconnue le sang ou du moins un fluide analogue y apparaît avec ses globules. Ici cesse l'état rudimentaire: l'Animal s?eacute;tant complété selon son espèce comme il esldit dans un livre sacré il faut lui reconnaître plusieurs sens et nécessairement un jugement pour régulariser les opérations de ceux-ci.

§ V. MATIÉRE CRISTALLISABLE.

Il ne sera point ici question des Cristaux dans le sens qu'on attache communément à ce mot ni des lois en vertu desquelles les molécules de ces Cristaux se disposent selon telles ou telles lois pour devenir visibles sous des formes déterminées; nous n'examinerons pas si pour concevoir le mode d'existence qui résulte de certaines dispositions moléculaires it ne faudrait pas d'abord remonter au système des Atomes corps insécables en tout semblables dans leur petitesse infinie aux figures imposées à chaque espèce de cristallisation. Ce n'est pas avons-nous dit la nature de la Matière que nous avons promis d'examiner mais seulement les dispositions primitives qu'elle affecte dès que certaines circonstances viennentdéterminer l'organisation en vertu des règles invariables auxquelles toute organisation doit obéir.

En continuant sur des infusions quelconques les expériences qui nous ont donné successivement la Matière muqueuse la Matière vésiculeuse la Matière agissante et la Matière végétative on ne tardera pas à remarquer vers l?eacute;poque où l?eacute;vaporation rapproche les substances tenues en suspension dans l'eau des particules éminemment translucides consistantes immobiles et aplaties en lames que terminent au pourtour diver's angles; dès que la forme de ces particules devient perceptible elles prennent une apparence laminaire et se recherchent non par un mouvement d'ascension comme dans la Matière vésiculeuse non par un mouvement voloutaire comme dans la Matière agissante mais par une sorte d'attraction quon peut comparer à ee que nous voyons s'opérer entre ces gouttes contiguës de certains fluides qui semblent se jeter l'une sur l'autre pour n'en former plus qu'une. A mesure que les infusions ont vieilli ies particules qui nous occupent deviennent plus nombreuses ét lorsqu'on abandonne enfin ces infusions au repos elles s'y juxtaposent selon des élections particulières pour former une multitude de petits Cristaux de plus en plus distincts lesquels pour échapper à la vue n'en ont pas moins des formes constantes et que divers observateurs se sont appliqués à faire connaître par de bonnes figures. Baker et Gleichen surtout ont fait graver une multitude de tels corps trouvés dans toutes sortes dinfusiohs et nous n'exagérons point en assurant qu'il nous est passe sous les yeux des centaines de formes analogues qui échappèrent à ces auteurs

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ou qu'ils n'ont pas jugé être assez saillantes pour mériter les honneurs de la publication.

Dans ces formes si variées il en est sans doute de primitives et qui sont spécifiquement propres à certains modes de cristallisation; c'est encore probablement du mélange de celles-ci dans diverses proportions que résulte la multitude de ces autres figures presque innombrables dont une histoire complète pourrait fournir le fond d'un ouvrage trèscurieux.

Nous n'avons pas saisi la combinaison directe de la Matière cristallisable avec la Matière agissante ou avec la végétative; mais cette Matière cristallisable s?eacute;tant développée nonseulement dans toutes les infusions animales ou végétales mais enéore dans l'eau pure mise par nous en expérience pour en obtenir de la Matière végétative ou de la Matière agissante nous avons dû conclure que les élémens en étaient partout aussi bien que ceux des précédentes modifications primitives Cependant la combinaison de la Matière muqueuse et de la Matière cristallisable est fréquente et se manifeste à chaque instant; elle devient intime et de ce mélange résulte une multitude de formes solides d'autant plus compliquées qu'un nombre plus considérable de molécules cristallisables s'est confondu dans l'épaisseur de la Matière muqueuse. Ce fait est rendu très sensible par le dessèchement. La Matière muqueuse paraissant douée de la propriété détendre l'autre d'en défigurer les molécules et de les comoioer même an point de paraître en arrondir les angles il en résulte cette multitude d'arborisations de dispositions extraordinaires et de figures dendritiques qui se dessinent sur le porte-objet du microscope où on laisse se dessécher de la matière muqueuse pénétrée par la Matière cristallisable. Nous avons vu que la Matière agissante et la Matière végétative pénétrant les premières avec la vésiculeuse dans la Matière muqueuse l?eacute;paississent en la colorant et lui impriment déji des rudimens d'organisation et de souplesse; auand la Matière cristallisable s'y mêie ensuite l'organisation se complique encore; on peut en juger par les figures qu'a données Gleichen de divers spermes desséchés. Dans le sperme où la Matière muqueuse est remplie d'Animalcules encore trèssimples et dans leouel se manifeste aussi beaucoup de Matière agissante dès le premier degré de décomposition de l'Urée des Phosphates ou autres substances cristallisables se groupent fréquemment sous les figures les plus bizarres; et comme tout corps muqueux compliqué d'autres substances élémentaires produit de semblables figures et des arrangemens de parcelles qui rappellent souvent la disposition des flocons arborisés.que l'on voit en hiver contre les vitres on serait tenté de croire que la Matière muqueuse si évidemment tenue en suspension dans l'eau contribue aux dispositions elegamment variées qu'affectent les congélations sur des surfaces planes ou dans la formation de la neige; et de l'influence de cotte Matière muqueuse sur la cristallisation de l'eau résulte peut-être dans presque toutes les circonstances l'irrégularité' de celle-ei dont on n'a pas; encore déterminé les formes d'une manière parfaitement satisfaisante.

Nous recommandons aux minéralogistes et aux chimistes' l'examen microscopique des formes cristallisables de la Matière et des singulières figures qui résultent du mélange de cette Matière avec la muqueuse animalisée par l'introduction de la Matière agissante végétalisée par la présence de la Matière verte et devenant enfin si compliquée lorsque lesquatre états vésiculaire agissant végétatif et cristallisable s'y trouvent réunis; ce dernier y entre peut-être alors comme excitant c'est-à-direqu?agrave; l'aide de petites aspérités occasioned par les angles pointus de ses molé

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cules il causerait incessamment une irritation dans les agglomérations de Matière muqueuse vésieuleuse et agissante pour provoquer les efforts de cette dernière sur les deux autres afin de déterminer des mouvemens collectifs dans toute masse tendant à l'organisation animale.

§ VI. MATIÉRE TERREUSE.

Ce nom pourra paraître impropre et rappeler celui de l'un des quatre prétendus éléntens qu'adopta l'aocienne philosophie; mais nous n'en pouvions guère employerd'autres pour désigner des corpuscules inertes opaques sans organisation apparente et qui dans les observations microscopiques finissent par remplir toutes les substances mises en infusion pour peu que les expériences se prolongent.

Dans ces molécules irrégulières se cachent sans doute beaucoup de principes élémentaires; mais l'opacité ne permet pas de les y distinguer: on dirait une impalpable poussière s'introduisant dans tous les interstices laissées par les formes précédentes; et c'est peut-être elle qui réduite au dernier état de ténuité qu'il nous soit permis d'apprécier donne à la Matière muqueuse encore pure en apparence la teinte ferrugineuse qui s'y développe sensiblement par la dessiccation. Cette teinte ferrugineuse résultant des corpuscules opaques les plus petits qu'on puisse concevoir s'observe particulièrement sur un;grand nombre d'Animalcules et entre autres ohet nos Bacillariées dont la substance et la couleur out tant d'analogie avec certaines papts des Polypiers flexibles qu'on serait tenté de les croire l?eacute;tat rudimentaire de ces Psychodiaires. Ces corpuscules son t-ils absorbés par l'Animalcule microscopique ou se développent-ils en lui? Nous sommes à cet égard dans la même ignorance que sur la cause de l 'introduction de la Matière végétative dans les Animalcules colorés en vert. Cependant on pourrait supposer qu'ils sont l'état rudimentaire de toute partie solide dans les Animaux et qu'ils lurent employés par la puissance organisatrice comme une sorte d'essai de l'action en grand de la Matière terreuse dans ies hautes créations dont cette Matière forme la charpente solide. La matière vésiculeuse en s'introduisant daus la muqueuse lut donna donc des moyens de souplesse la Matière agissante la capacité nécessaire pour devenir sensible la végétative une couleur la cristallisable des stimurlans; la Matière terreuse déterminant enfin la consistance y devint propre à fournir les matériaux du test des Crustacés ou dn squelette des autres Animaux et toujours selon l'expression même des 'livres sacrés Dieu vit que cela était bon et il fut ainsi.

La forme de Matière qui nous occupe opaque et peut-être essentiellement calcaire se développant dans toutes les infusions; c'est elle qui finit par donner une consistance véritablement terreuse dans l'acception vulgaire du mot aux couches qui se forment au fond des vases où pendant très long-temps on a tenu des liquides en expérience. Quand les modifications précédentes de la Matière se sont successivement développées dans ces liquides la terreuse constitue par la confusion de ses molécules un magma onctueux noirâtre ou grisâtre pénétré de bulles d'air appartenant à la forme vésiculaire véritable Limon dont nous concevons difficilement l?eacute;tonnant volume quoique sa formation eût lieu mille fois sous nos yeux dans des vases disposés de facon à ce que l'air et la lumière seuls y pénétrassent f sans que la poussière atmosphérique s'y pût introduire. Ce Limon devient un sol sur lequel ne tardent pas à croître des Végétaux aquatiques et sa présence se manifeste abondamment au fond des mares et des eaux stagnantes; les bulles gazeuses qui s'y développent en y demeurant incorporées rendent quelquefois ses masses si légères que celles-ci viennent flotter à la surface

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des eaux; les Oscillaires alors s'y fiient en rayonnant tou tau tour et de li vient qu au centre des rosettes nageantes composées par ces Arthro est un noyau limoneux et gras à toucher amas de Matière terse confondue avec les modificajbns précédentes dans la Matière muquese primordiale.

En se desséchant le Limon onctueux devient friable et brunâtre; des glomérules opaques amorphes en composent la masse légère; cette masse n'est déjà plus la matière terreuse telle que le microscope nous l'offrait sans aélange dans l'état d'individualité de ses molécules c'est-à-dire pénétrant en molécules colorantes infiniment petites dans le résultat des infusions où ces molécules semblent ne se développer qu'après les autres comme pour les teindre et les durcir. Telle est cependant la ténuité du résultat lerreux et privé de toute humidité qu'on obtient des infusions ou les six modifications primitives de la Matière se sont successivement développées et confondues que le moindre souffle en peut dissiper les parcelles dans les airs où celles-ci ne semblent pas mème avoir le poids de la poussière qu'on voit tourbillonner dans les appartemens obscurs quand l'introduction de quelque rayon lumipeux y rend visible ce qu'on nomme communément Poussière volante ou atmosphérique.

Cette Matière terreuse dont on plus difficilement l'apparition exposée à la lumière ainsi contact de l'air s'y trouve suspendue à l?eacute;tat de si ténues que ces molé même n'en pas troubler parence et qu'elle n'ont encore le degré de pesanteur pour tomoer en sédiment. pour que le dépôt eu puisse que la Matière muqueuse d'abord dégagée du liquide les enduits glaireux des de milieu à toute sybséquente. Cet élément distrait de masse et dont la substance s'est agglomérée en vertu des affinités qui appellent les unes vers les a utres toutes particules homogènes les gaz s?eacute;tant échappés sous la forme vésiculaire la Matière agissante cessant d?ecirc;tre enchaînée ayant pris son volontaire essor le poids de la Matière cristallisable et des molécules de la Matière terreuse qui ne sont plus contraintes à flotter dans l'état de suspension ou les tenait l?eacute;paisseur du mélange doivent nécessairement tomber. Le liquide rendu è son plus grand état de simplicité par la soustraction des principes qui s'y trouvaient confondus ne saurait plus tenir aucune molécule à l?eacute;tat flottant et des effets d'attraction que rien ne saurait désormais entraver agissent alors directement sur les parties inertes en leur imposant la nécessité de s'agglomérer selon les affinités respectives de leurs'particules élémentaires pour se précipiter en vertu de leur pesanteur devenue suffisante.

Parmi les observations qui nous ont été faites sur la manière dont nous avions essayé précédemment de classer les modifications primitives de la Matière tendant vers l'organisation il en est une surtout qui nécessite qu'on entre ici en explication. a Il existe nous a-t-on objecté une Matière qui semble être partout où l'air peut avoir accès. Le trou d'une serrure les fentes d'une porte suffisent pour son introduction dans les appartemens qu'on suppose être le plus hermétiquement fermés. Comment n'auraitelle pas pénétré dans les vases où vous mettiez de l'eau en expérience! Son analyse a donné des produits animaux de laSilice de la Chaux etc.; cette Manière volait dans l'espace et y était tenue suspensivement en particules tellement ténues qu?eacute;chappant à nos regards on peut supposer qu'en s'introduisant dans vos infusions et dans l'eau soumise è vos recherches elle y déposa les ger-mes de tout ce que votre microscope vous rendit perceptible. ff Mais ceci n'est point en contradiction avec le résultat de nos expériences. La pous-

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sièrc atmosphérique n'est elle pas ce même Limon à l'état de siccité formé comme un dépôt au fond de nos vases et composé de glomérules où tous les élémens de nos six modifications demeurent concrétés; Limon que nous avons volatilisé nousméme dans les airs? Par un enchaînement d'où résulte l'harmonie perpétuelle des créations ce résidu de nos expériences ramené dans les eaux superficielles par les pluies ou par toute autre cause y aura recommencé le cercle de ses reproductions. Ainsi cette poussière qu'on nous oppose parce qu'un journal d'Edimbourg raconte qu'on en avait après plus d'un siècle de repos trouvé quelques lignes d'épaisseur sur les archives poudreuses de l'Ecosse est au contraire une preuve en faveur de tout ce qui vient d'étre établi: Pour nous en mieux convaicre nous avons mis infuser dans de l'eau soigneusement distillée et que nous avions fait houillir avant de l'employer un peu de cette poussière atmosphérique et après l'y avoir dissoute par des secousses violentes au point que la quantité mêlée ne troublait même pas la transparence du liquide tous les phénomènes décrits ci-dessus se sont manifestés dans notre infusion et ils l'ont fait avec beaucoup plus de rapidité que dans les vases où nous n'avions pas emprunté le secours de la poussière atmosphérique. En voyant combien cette poudre était féconde confondu en admiration nous avons reconnu par quelle profonde connaissance de la nature l'auteur de la Genèse était arrivé à nous représenter Dieu créateur tirant l'Homme de la poudre même de la tei re ainsi qu'il est écrit au septième verset du deuxième chapitre de ce livre où les plus incrédules ne sauraient disconvenir que tout ce qui tient à la création est rapporté avec la plus minutieuse exactitude et conformément à ce que nous enseigne l?eacute;tude bien en tendue de l'Histoire Naturelle. V. CRÉATION.

CONCLUSION ET FAITS GÉNÉRAUX.

Nous n'avons point ainsi qu'on l'a établi au commencement de cet article prétendu pénétrer dans l'essence de la Matière déterminer ses espèces ou nous occuper de ses molécules soit que l'on en conçoive la division à l'infini soit qu'on s'arrête au système des atômes ou corpuscules insécables. Notre but n?eacute;tait que d'indiquer les dispositions de formes les plus simples sous lesquelles nous avons vu la Matière se présenter constamment vers ces limites de l'organisation dont le microscope nous facilite l'abord et qu'il est permis à l'observateur d'atteindre.

Nous avons reconnu six formes ou dispositions premières au-delà desquelles tout ce qu'on croirait entrevoir pourrait n'être plus que supposition. Il en doit exister d'autres cependant mais il faut être en garde contre le désir qu'on aurait d'en multiplier les espèces; car entre ces six dispositions et ce qu'il ne nous est pas donné de mieux voir ce qu'on prendrait pour des dispositions primitives échappées à nos recherches serait peut-être des combinaisons des six formes qui viennent d?ecirc;tre décrites compliquées les unes par les autres et par l'introduction d'autres corps dont on ne distinguera jamais la base moléculaire.

Ainsi après notre Matière muqueuse nous avions cru pouvoir spécifier une Matière gélatineuse qu'une sorte de viscosité nous paraissait distinguer et caractériser et qui dans le dessèchement jaunissant d'une manière peu sensible se fendille s'il est permis d'employer cette expression ou quelquefois semble présenter des rudimens fibreuk. Nous avons reconnu depuis que cette gélatine primitive n'est qu'une complication de la Matière muqueuse par l'addition de Matière agissante sans le secours de la vésiculeuse. Ainsi cette Matière muqueuse qui n'est par elle-même ni animale ni végétale ne seraittoujours qu'uu

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moyen rudimentaire d'organisation destiné à fournir un milieu aux premières opérations de l'organisation même.

Nous avions cru ensuite découvrir une Matière fibrillaire analogue à ce qu'on appelle communément Fibrine dans certains réseaux capillaires qui se forment également à travers l'épaisseur de la Matière muqueuse par l'introduction de la Malière agissante ou même de la végétative. Nous avous senti plus tard qu'une telle disposition ne pouvait être que le résultat d'une organisation déjà trèscompliquée organisation dont l'admirable effet passe les limites de ce qu'il nous est permis de connaître en vertu de laquelle la vie se régularise soit qu'elle se développe avec toute son énergie dans les Animaux à mesure que les organes de ceux-ci se multiplient soit qu'elle se borne dans les Végétaux aux effets résultans de plus simples modifications. En effet les globules de la Matière agissante et les corpuscules de la végétative ont une singulière tendance à la cohésion moniliforme quand ils approchent du dessèchement dans leur état de liberté ou d'individualité parfaite c'est-à-dire lorsque nulle matière muqueuse ne les englobe ou que la cristallisable ne les agite pas. Cette tendance à se réunir en séries imitant des colliers de perles se retrouve dans toute disposition globuleuse et semble s'accroître à mesure que les globules s'élèvent dans l'échelle de l'organisation. Müller l'avait fort bien reconnue dans la figure qu'il donne de son Monas Lens (Inf. pl. 1 fig. 11 A) et qui se trouve reproduite dans l'Encyclopédie Méthodique (Vers pl. 1 fig. 5 c). Gleichen l'avait observée daus l'Animalculc qu'il appelle Jeu de la nature (pl. 17 D. M. et G. 1); nous l'avons remarquée chez tous les Animalcules ronds qu'ou voit souvent dans les observations microscopiques se disposer avant de mourir par évaporation les uns à la suite des autres. Les globules dont se composent nos Pectoralins que Müller plaçait si mal à propos dans son genre Gonium affectent souvent la même disposition avant de former l'étiange figure laminaire sous laquelle ils exercent une vie commune. On dirait en voyant de pareils Animaux dans leur disposition moniliforme les filamens en chapelet dont les Nostocs sont remplis et dont se forment nos Anabaines. La ressemblance est telle que daus les infusions des Nostocs où ces filamens s'étaient en partie détruits ou disjoints en même temps que le Monas Lens s'y était développé il nous eût été impossible de distinguer les débris des Nostocs des Monas si ces derniers venant de temps en temps à se séparer en s'agitant n'eussent recouvré ces mouvemens volontaires qui sont les preuves de leur animalité. De pareils faits imparfaitement observés par quelques naturalistes avant nous ont sans doute donné lieu à l'idée de la vitalité animale des Nostocs et même des Trémelles qui ne sont néanmoins que de simples Végétaux. Ces faits justifient en quelque sorte certains onservateurs d'avoir imaginé que des Animalcules se réunissant pour former des Plantes redevenaient ensuite Animalcules libres et vice versâV. NÉMAZOAIRES.

Sans oser assigner de bornes à la puissance créatrice nous croyons que de telles transmutatious ne sauraient être possibles dans un ensemble régulièrement soumis à l'unité decomposition. La nature ne devint féconde qu'en vertu des lois qui contraignaient la Matière à s'organiser sous telles ou telles formes primitives nécessairement très-simples et par leur simplicité même aptes à devenir les bases de corps de plus en plus composés au moyen des additions d'organes calculés d'après les mêmes règles de possibilité. Si cette unité de plan dans toutes les additions n'eût pas été commandée par des antécédens c'esta lors seulement qu'on eût pu concevoir de ces métamorphoses du tout au tout et par lesquelles des corps existant en

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vertu des complications indicatrices d'une organisation déjà complète se fussent amalgamés pour former des êtres nouveaux et différens: autant vaudrait croire en trouvant un Coléoptère chargé d'Uropodes ou quelque autre Animal couvert d'Insectes qui en sont les parasites que le Coléoptère et l'Animal tourmenté par ces hôtes incommodes ne sont qu'une agrégation d'Animaux plus petits. On a d'abord comme nous et comme tout le monde peut le faire rendu à la molécule agissante son individualité et ensuite dans chaque individu l'on a imaginé un Animal complet; dès-lors tout Animalcule infusoire globuleux ou ovale quelles que fussent sa taille et ses habitudes a été légèrement regardé comme une molécule émanée des Trémelles des amas de Bacillariées des Arthrodiées ou des Conferves mises en expérience et l'on a supposé des transmutations auxquelles il a fallu donner un nom nouveau. Il valait mieux s'arrêter au point où l'on avait perdu la trace de la vérité que de hasarder légèrement des conjectures qui ne se réaliseront pas. Nous insistons sur ce point parce qu'on a dit lorsque nous donnâmes lecture à l'Académie des sciences du résultat de nos observations sur les Arthrodiées que ces observations n'étaient que celles de Girod-Chantrans. Il faut que les personnes qui ont émis cette opinion n'aient pas pris la peine de lire l'ouvrage où Girod-Chantrans exposa des idées singulières qui n'ont de rapport qu'avec celles d'Anaxagore et les homéoméries de l'antiquité. Nous n'avons découvert nulle part d'Animaux se groupant pour former des Plantes de Plantes se divisant pour devenir des Animaux et surtout nous n'avons jamais parlé d'Animaux qui en se divisant produisissent des Animaux d'une autre espèce que la leur.

Les rosaces de globules animés que nous avons vues sortir de nos Antophyses et que Müller avait reconnues avant nous sur son Volvox vegetans (Inf. p. 22 tab. III fig. 22 25); plusieurs Microscopiques qui composés de globules doués d'une vie collective dès qu'ils se sont agglomérés (nos Uvelles nos Pandorines et nos Pectoralins) s'éparpillent quelquefois en molécules simples qui continuent d'agir; le Volvox globator qui s'évanouit en émettant tous les globules vivans dont il semble n'être qu'un amas sont conséquemment composés de corpuscules qui peuvent jouir d'une vie individuelle quand leur disjonction est opérée; mais il ne résulte pas des Animaux nouveaux et différens de leurs parcelles dispersées. Ces parcelles seraient à l'être dont elles se séparèrent ce que l'œuf est aux Animaux plus avancés dans l'échelle de l'organisation ou ce que la graine est à la Plante si l'œuf et la graine n'étaient inertes; les causes déterminantes d'une nouvelle collection de molécules vivantes qui s'y devront développer existent dans leur petitesse. La moindre particule d'un Volvox globator échappée de l'épaisseur de cet Animal n'est pas un Monas malgré l'analogie d'aspect; il n'est pas à la vérité encore un Volvox globator mais il en est la forme rudimentaire ou fœtale comme l'œuf n'est pas un Oiseau ni le gland un Chêne quoique n'étant pas d'une autre espèce que le Chêne ou l'Oiscau.

Il arrive dans nos Arthrodiées bornées à la condition végétale durant la plus grande partie de leur existence que les propagules intérieurement développés véritables semences tant qu'ils demeurent contenus dans les tubes qui leur servent comme de capsules jouissent d'une vie aussi complète que celle des Microscopiques tes plus agissans dès-qu'ils sont émis; cependant il n'y a pas dans leur changement d'existence de métamorphose de Plante en Animal il n'y a tout au plus qu'un Végétal dont la Semence est vivante; ce qui après tout n'est pas plus singulier que de voir entre la mère et les petits d'Ovipares bien caractérisés tels que l'Autruche ou

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la Tortue l'œuf inerte et non virant selon le sens qu'on attache au mot vivre préparer deux modes de vies des mieux développées. C'est là le seul passage réel et conséquemment possible d'un règne à l'autre A le bien considérer le fait n'est peut-être pas encore si extraordinaire que ce qui arrive au Chêne quand cet arbre passe par l'état de gland pour se reproduire ou que ce qui se passe dans la Chenille qui pour devenir Papillon a végété sous l'enveloppe léthargique d'une Chrysalide inerte sans jamais avoir cessé d'être un Insecte.

Quoi qu'il en soit cette tendance à la disposition en chapelet qu'affectent les globules dont se compose la Matière agissante et qui pousse les Animalcules globuleux à se coordonner en séries moniliformes se perpétue jusque dans les globules dont plusieurs fluides animaux sont remplis; ainsi ceux du sang par exemple éprouvent souvent cette tendance; et lorsque ce sang se dessèche sur le porte-objet du microscope ses globules d'abord flottans dans un fluide lymphatique muqueux affectent pour la plupart une disposition sériale: de-là sans doute l'origine des vaisseaux et cette fibrine qu'il est bien difficile de regarder comme une forme primitive puisqu'elle n'aprparaît qu'où des globules déjà d'organisation compliquée se sont groupés sérialement les uns aux autres.

Les corpuscules de la Matière végétative qui paraissent être ovalaires dès qu'ils deviennent perceptibles se disposent aussi en séries: de-là ces apparences de fragmens filamenteux qui se produisent dans les observations qu'on fait sur la Matière verte. Ces fragmens filamenteux composés de trois six ou dix articles plus ou moins sont tellement semblables à des Anabaines ou bien à des filamens de la Conferve improprement appelée par les algologues Oscillatoria muralis que soumis ensemble et comparativement au microscope ils ne sauraient être que difficilement distingués les uns des autres même par l'observateur le plus exercé.

La tendance à la disposition moniliforme nous n'en disconvenons pas peut être le premier effet de l'une des lois qui lorsque la Matière agissante ou la végétative viennent à se manifester contribuent le plus à développer et à compléter l'organisation; mais ces premiers résultats fibrillaires ne doivent pas être plus considérés comme une forme primitive que les agrégats de la Matière cristallisable ou de la terreuse; il est possible qu'en se disposant à la suite les uns des autres les globules vivans ou végétatifs obéissant a des lois inconnues de polarité soient: contraints à devenir captifs suivant une subordination irresistible pour former les vaisseaux destinés à faciliter la circulation des fluides nécessaires dans toute l'existence perfectionnée; mais comme il nous a été impossible d'approfondir ce fait nous nous arrêtons selon notre coutume au point où les moyens de certitude nous ont manqué.

Dans le cas où l'on n'admettrait point que la vie doive résulter de la complication les unes par les autres des formes primitives de la Matière telles que nous les concevons nous nous bornerons à donner d'après le savant Cuvier la définition de œ qu'est la vie. « Si pour nous faire une juste idée de son essence nous dit ce naturaliste philosophe nous la considérons danslesêtres où les effets sont les plus simples nous nous apercevronspromptemenl qu'elle consiste dans la faculté qu'ont certaines combinaisons corporelles de durer pendant un temps et sous une forme déterminée en attirant sans cesse dans leur composition une partie des substances environnantes et en rendantaux élémens des portions de leur substance. La vie est donc un tourbillon plus ou moins rapide plus ou moins compliqué dont la direction est constante et qui entraîne toujours les molécules de mêmes sortes mais où les molécules individuelles entrent et d'où elles sortent continuellement

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de manière que la forme du corps vivant lui est plus essentielle que sa matière. Tant que le mouvement subsiste le corps ou il s'exerce est vivant; il vit. Lorsque le mouvement s'arrête sans retour le corps meurt. Après la mort les élémeus qui le composent livrésaux affinités chimiques ordinailes ne tardent point à se séparer d'où résulte plus ou moins promptement la dissolution du corps qui a été vivant. C'était donc par le mouvement vital que la dissolution était arrêtée et que les élémens du corps étaient momentanément réunis. Tous les corps vivans meurent après un temps dont la limite extrême se trouve déterminée par des conditions spécifiques et la mort paraît être un effet nécessaire de la vie qui par son action même altère insensiblement la structure du corps où elle s'exerce de manière à y rendre sa continuation impossible. ff On voit que le profond physiologiste dont nous empruntons ce passage ne place pas le principe de ce qu'il a si bien défini hors de la nature. Cuvier le trouve dans la nature même des combinaisons corporelles qui attirent sans cesse une partie des substances environnantes c'est-à-dire les diverses espèces de Matière qui lorsque le corps meurt retournent à leur état primitif élémentaire en se séparant pour se réunir de nouveau en d'autres combinaisons selon qu'elles sont livrées aux affinités chimiques lois imposées à la Matière et de l'impérieuse force desquelles résulte dans l'existence des êtres soit qu'ils se forment et se développent soit qu'ils dépérisent qu'ils meurent et qu'ils se dissolvent ce tourbillon dans lequel Cuvier reconnaît la vie avec ses causes et ses conséquences nécessaires.

Mais sous ce point de vue pris de si haut qu'on y embrasse à la fois la cause et l'effet il faut bien reconnaître que les principes matériels n'augmentent ni ne diminuent. Ils ne sauraient quelle que soit la puissance de ce qu on pourrait appeler leur métempsycose éprouver la moindre déperdition ou le plus léger accroissement sans que l'ordre de la nature éprouvât une perturbation notoire. L'admission d'une molécule de Matière ou sa soustraction dans cet ordre général ne se peut concevoir sans qu'aussitôt l'idée contradictoire de désordre ne se présente à l'esprit; car la Matière ajoutée ou soustraite serait comme un son de plus ou de moins dans l'harmonie comme une valeur de plus ou de moins dans le calcul termes qui changeraient nécessairement les rapports du calcul et de l'harmonie. Il est donc évident que dès le commencement la quantité de Matière qui servit de base à la création était la même qu'aujourd'hui; les molécules de chacune des espèces de Matière élémentaire mises en mouvement selou les lois qui les régissent purent en se mêlant les unes aux autres selon leurs affinités spécifiques prendre diverses apparences et s'unir sous une multitude de formes qui déguisaient quelques-unes de leurs propriétés; mais elles n'en demeurèrent pas moins sui generis et peuvent encore maintenant selon qu'elles s'agglomèrent dans les corps ou s'en délivrent contribuer à une multitude d'existences diverses à travers lesquelles ces molécules demeurent inaltérables quant à la nature et à la quantité.

La Matière considérée de la sorte cesse d'appartenir au domaine du naturaliste qui ne s'en doit occulter que sous le rapport des modifications qu'y produisent les formes. La chimie avait déjà entrevu par ses propriétés la première de celles que nous regardons comme l'une des primitives; quelques physiciens avaient distingué la seconde sans s'occuper des conséquences qu'on pouvait tirer de son développement; Buffon avait deviné la troisième; Priestley découvert la quatrième; Linné Romé de Lille et Haüy indiqué ou saisi les lois en vertu desquelles se juxtaposent les molécules de la cinquième; l'antiquité enfin avait supposé l'existence de la dernière. On

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en conclura probablement que rien n'est nouveau dans ce qui vient d'être dit; ce n'est pas du nouveau non plus que nous avons prétendu exposer; mais simplement ce que nous avons constaté sans prétendre en tirer aucun argument pour attaquer ou fortifier certaines idées ni pour nous ériger en novateur. Nous avons exposé des faits dont tout le monde peut avec un peu d'habitude vérifier l'exactitude: aucun de ces faits ne tend à détruire le respect dû à la puissance incompréhensible qui dut présider à la création. Ce que nous avons rapporté peut à la vérité paraître en opposition avec des systèmes qu'on aurait pu se former d'après le texte mal compris de traditions adoptées sans examen; mais si l'on veut y réfléchir de bonne foi sans passions et sans préjugés on se convaincra aisément qu'on y pourrait trouver au contraire des argumens solides en faveur de ce que les ennemis de tout ce qui s'écarte de la routine des siècles d'ignorance ne manqueront pas de nous accuser d'avoir témérairement attaqué.

Quelques personnes auraient désiré que pour ajouter à nos expériences un degré de certitude irréfragable nous en eussions fait quelques - uues dans le vide et que nous eussions chaque fois acquis préalablement la certitude que l'eau dans laquelle se produisaient nos six formes primitives ne contenait rigoureusement rien que de l'eau. Nous répondrons à ceci que nous n'avons pas entendu prouver par ce qui vient d'être exposé qu'on pût faire quoi que ce soit de rien. Convaincu comme nous le sommes que la sagesse admirable par qui furent établies les lois organisatrices de la création n'employa pas le Néant comme base de ses innombrables œuvres; nous n'avons pas prétendu trouver plus que cette sagesse même le Néant fécond. Nous a vous soumis à nos recherches seulement des corps trèssimples parce que nous avious la conscience qu'au fond de leur simplicité même existaient d'inépuisables sources de merveilles mais rien qui fût impossible. (B.)

MATIN. MAM. Race de Chien domestique. (B.)

MATISIE. Malisia. BOT. PHAN. Humboldt et Bonpland (Plantes équinoxiales vol. 1 p. 10 t. 2 et 3) ont donné ce nom à un genre de la Monadelphie Polyandrie L. qui a été placé par Kunth daus sa nouvelle famille des Bombacées. Voici ses caractères: calice urcéolé campanulé persistant dont le limbe offre de deux a cinq découpures; cinq pétales inégaux; étamines nombreuses dont les filets sont réunis en un tube qui se divise supérieurement en cinq faisceaux les extérieures anthérifères; anthères au nombre de douze environ dans chaque faisceau sessiles à peu près réniformes uniloculaires: ovaire supère sessile à cinq loges qui contiennent chacune deux ovules fixées à un axe central; un seul style surmonté d'un stigmate marqué de cinq sillons; drupe ovée à cinq loges monospermes; graines convexes d'un côté anguleuses de l'autre ayant des cotylédous chiffonnés. Bonpland assigne en outre à ces graines un endosperme farineux; mais ce caractère est douteux et Kunth présume que peut-être Bonpland aura pris pour l'endosperme la lame du tégument interne qui probablement est farineuse dans ce genre comme dans le Ceiba de Gaertner.

Le Matisia cordata Humb. et Bonpl. loc. cit. unique espèce du genre croît dans les parties chaudes de la Nouvelle-Grenade et du Pérou où les habitans donnent quelques soins à sa culture. C'est un Arbre de cinq à six mètres de haut dont le tronc est divisé au sommet en un grand nombre de rameaux étalés horizontalement garnis de feuilles alternes pétiolées cordiformes entières et à sept nervures saillantes. Les fleurs d'une couleur blanche légèrement rose sont soyeuses extérieurement pédonculées réunies en

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trois ou six faisceaux et naissent sur les branches. Les fruits ont une saveur analogue à celle des Abricots. (G..N.)

* MATOOK. OIS. Espèce du genre Héron. V. ce mot. (DR..Z.)

MATOURÉE OU MATOURI. Matourea. BOT. PHAN. Aublet nomme ainsi un genre de la famille des Scrophulariées et de la Didynamie Angiospermie L. que Vahl a réuni au genre Vandellia mais qui néanmoins paraît en être distinct. Son calice est à quatre divisions profondes un peu inégales et persistantes; sa corolle est tubuleuse hilabiée; le tube est long et arqué; la lèvre supérieure est bifide et l'inférieure à trois lobes inégaux. Les quatre étamines sont didynames; le style de la même longueur que les étamines est terminé par un stigmate bilamellé. Le fruit est une capsule presque conique à deux loges contenant en grand nombre de graines attachées à un trophosperme axile.

Ce genre est composé d'une seule espèce Matourea Guianensis Aublet Guian. 2 p. 642 t. 259. C'est une Plante herbacée vulgairement connue à la Guiane sous le nom de Basilic sauvage. Ses tiges tétragones rameuses et pubescentes s?eacute;lèvent à une hauteur d'environ deux pieds; ses feuilles sont petites opposées ovales aiguës dentées vers leur sommet rétrécies à leur base en un pétiole court. Les fleurs sont axillaires et presque sessiles. Cette Plante croît aux environs de la ville de Cayenne. (A. R.)

MATRELLA. BOT. PHAN. Ce nom a été employé par Persoon pour désigner le genre plus connu sous le nom de Zoysia qui lui a été imposé par Willdenow. V. ce mot. (G..N.)

MATRICAIRE. Matricaria. BOT. PHAN. Genre de la famille des Synanthérées Corymbifères de Jussieu et de la Syngénésie superflue L. ainsi caractérisé: involucre hémisphérique composé d?eacute;cailles imbriquées; réceptacle conique dépourvu de paillettes; calathide dont les fleurs au centre sont hermaphrodites nombreuses régulières fertiles; celles de la circonférence en languettes oblongues et femelles; akènes oblongs et sans aigrettes. Ce genre a beaucoup d'affinité avec le Chrysanthemum et l'Anthemis. Il ne diffère essentiellement du premier que par la forme de sou réceptacle ainsi que pur les folioles de son involucre plus foliacées et moins scarieuses sur les bords; il se rapproche encore davantage des Anthemis puisque ce dernier genre s'en distingue uniquement par le réceptacle muni de paillettes. Ces légères différences n'ayant pas toujours été appréciées parles auteurs quelques espèces ont fait successivement partie des genres que nous venons de citer. Gaertner a même créé un genre Pyrethrum adopté par Smith Willdenow De Candolle etc. dans lequel ou a placé uue des principales espèces rapportées par Linné à son genre Matricaria. En effet la structure des fleurs du M. Parthenium L. surtout en ce qui concerne l'involucre et le fruit diffère trop des caractères assignés au genre qui fait le sujet de cet article pour laisser cette Plante parmi les Matricaires quoique le nom générique lui ait été primitivement appliqué en raison des propriétés médicales qu'on lui attribuait. V. PYRÈTHRE. Par l'exclusion de cette espèce et de celles qu'on a dû placer parmiles Chrysanthèmes et les Anthémides le nombre des Matricaires est restreint à un très-petit nombre qui croissent en Europe et dont nous mentionnerons seulement la plus remarquable.

La MATRICAIRE CAMOMILLE Matricaria Chamomilla L. vulgairement nommée Camomille ordinaire croît dans les champs et au milieu des moissons. Sa tige dressée glabre rameuse et comme paniculée dès sa base porte des feuilles sessiles épaisses profondément pinnatifides à segmens linéaires. Ses fleurs sont assez petites solitaires à l'extrémité des rameaux;

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les fleuron du centre sont jaunes et les rayons blancs et réfléchis. Cette Plante jouit des mêmes propriétés mais & un moindre degré que la Camomille romaine Anthémis nobilis L. Son arôme est moins suave et son amertume moins intense; c'est ce qui fait qu'on l'emploie beaucoup moins aujourd'hui et qu'elle ne peut être qu'un succédané de la vraie Camomille. (G..N.)

MATRICE. Uterus. ZOOL. V. GÉNéRATION et SEXES.

MATTHIOLA. BOT. PHAN. Pour Mathiola. V. ce mot. (B.)

* MATTIA. BOT. PHAN. (Rœmer et Schultes.) V. CYNOGLOSSE.

* MATTOLINA. OIS. L'un des noms vulgaires du Cujelier. V. ALOUETTE. (DR..Z.)

MATTUSCHKEA. BOT. PHAN Schreber ayant cru devoir changer tous les noms génériques imposés par Aublet sous piétexte qu'ils étaient trop barbares a substitué le nom de Mattuschkea à celui de Perama et quelques auteurs d'une grande autorité ont sanctionné cette inutile innovation. Nous croyons néanmoins que le nom d'Aublet doit être préféré. V. PÉRAME. (G..N.)

* MATTUSCHKIA. BOT. PHAN. Le genre formé sous ce nom par Gmelin (Syst. Veget. p. 589) n'est selon Michaux qu'un double emploi du Saururus. V. ce mot. (G..N.)

MATUITI. OIS. Espèce du genre Ibis. V. ce mot. (DR..Z.)

* MATURAQUE. POIS. (Marcgraaff.) Syn. de Synodus palustris de Schneider; espèce brésilienne du genre Erythrin. V. ce mot. (B.)

MATUTE. Matuta. CRUST. Genre de l'ordre des Décapodes famille des Brachyures tribu des Orbiculaires étable par Fabricius et ayant pour caractères: troisième article des piedsmâchoires extérieurs en forme de triangle long étroit et souvent pointu; tous les pieds aplatis en nageoire excepté les serres. Ce genre diffère de celui d'Orihye pat les pieds dont la dernière paire seulement est en nageoire dans ce dernier; il est distingué des Corestes Leucosies Hépates et Mursies parce que ceux-ci n'ont aucun de leurs pieds terminés en nageoires. Le test des Matutes est déprimé prèsque en forme de cœur tronqué en devant avec les côtés arrondis antérieurement dilatés eu forme d?eacute;pine forte saillans vers leur milieu resserrés et convergens ensuite ou vers leur extrémité postérieure. Les yeux sont portés sur des pédicules assez longs et logés dans des fossettes transverses; les antennes extérieures ou latérales sont beaucoup plus petites que les intermédiaires et insérées près de leur base extérieure; le second article des pieds-màchoires extérieurs est triangulaire allongé pointu prolongé jusqu'aux antennes ou jusque sur le chaperon; les derniers articles des mêmes pieds mâchoires sont entièrement cachés par leurs articles précédens. La cavité buccale est terminée en pointe. Les pinces des serres sont épaisses tuoerculées dentelées et presque en crête; l'espace pectoral compris entre les pates est ovale; la queue des mâles est composée de cinq tablettes dont celle du milieu plus longue; celle de la femelle en a sept

Ce genre se compose de quatre ou cinq espèces; elles sont toutes propres aux mers des Indes-Orientales et de la Nouvelle - Hollande. Fabricius en mentionne deux dont la plus remarquable est la suivante:

Le MATUTE VAINQUEUR Matuta victor Fabr. Bosc Herbst (Cane. tab. 6 fig. 44) long de près d'un Eouce et demi; milieu du chaperon identé; corps blanchâtre parsemé vaguement d'un très-grand nombre de points rouges; pinces des serres ayant une épine très-forte sur le côté exterieur et près de la base; second segment de la queue terminé par un bord aigu très-dentelé. Il se trouve dans la mer Rouge et aux Indes-Orientales. (G.)

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* MATUTI. OIS. Espèce du genre Martin-Pêcheur. V. ce mot. (B.)

MAUBÈCHE. OIS. Espèce du genre Bécasseau. V. ce mot. On a aussi appelé:

MAUBÈCHE GRISE. (Gérardin.) Le jeune Sanderling variable. V. SANDERLING.

MAUBÈCHE TACHETÉE. (Buffon.) Le jeune Bécasseau Canut. V. BÉCASSEAU. (DR..Z.)

* MAUDUYTIA. BOT. PHAN. Commerson dans ses manuscrits et dans son Herbier donnait ce nom à un geure qui appartint à la famille des Simaroubées de De Candolle et qui a reçu plusieurs autres dénominations telles que Samadera W itmannia et Niota. Cette dernière imposée par Lamarck a prévalu. V. NIOTA. (G..N.)

MAUGHANIA. BOT. PHAN. Pour Moghania. V. ce mot.

MAUHLIA. BOT. PHAN. Dahl et Thunberg ont publié sous ce nom un genre déjà constitué par Adanson qui l'appelait Abumon. Le Crinum africanum L. différent des autres Crinum par son ovaire libre en était le type. Ce fenre a encore été reproduit par l'Héntier et Willdenow sous la nouvelle dénomination d?Agapanthus qui a prévalu. V. AGAPANTHE. (G..N.)

MAULIN. MAM. Molina (dans son Histoire Naturelle du Chili) décrit ainsi ce Rongeur nommé aussi par lui grande Souris des bois: son poil ressemble à celui de la Marmotte; mais il a les oreilles plus pointues le niuseau plus allongé; cinq doigts à chaque pate et la queue plus longue et mieux fournie de poils; il a les dents semblables pour le nombre et la disposition à celles de la Souris et il est du double plus gros que la Marmotte. Celle description incomplète ne suffit pas pour qu'on puisse déterminer à quel genre le Maulin appartient réellement; quelques auteurs ont cru pouvoir cependant le placer parmi tes Marmottes: tel est particulièrement Shaw qui lui a donné le nom d'Arctomys Maulina. (IS. G. ST.-H.)

MAUNEIA. BOT. PHAN. Ce genre établi par Du Petit-Thouars (Nov. Gen. Madag. p. 6 n. 19) appartient à l'Icosandrie Monogynie L.; inaisses rapports naturels ne sont pas déterminés quoiqu'on ait dit qu'il offre quelque affinité avec les Flacourtia. Les fleurs sont solitaires et axillaires; leur calice est plane divisé dans sa partie supérieure en cinq lobes; la corolle manque; les étamines sont en nombre indéfini insérées sur le calice; l'ovaire est supère surmonté d'un style plus long que les étamines et terminé par trois stigmates. Le fruit consiste en une baie ovale acuminée par le style persistant contenant trois graines dont quelquefois deux avortent ombiliquées à leur base munies d'un endosperme charnu d'un embryon plane verdâtre renversé ayant la radicule épaisse et courte. L'espèce qui forme le type de ce genre n'a pas été décrite: c est un Arbrisseau indigène de Madagascar. (G..N.)

MAURANDIE. Maurandia. BOT. PHAN. Genre de la famille des Scrophularinées et de la Didynamie Angiospermie L. offrant pour caractère essentiel: calice à cinq divisions profondes presque égales; corolle ringente dont le tube est renflé et agrandi à sa partie supérieure le limbe à deux lèvres la supérieure droite à deux lobes l'inférieure beaucoup plus grande à trois lobes presque égaux; quatre étamines didynames non saillantes ayant leurs filets calleux à la base et leurs anthères à deux loges écartées; ovaire supérieur surmonté d'un style et d'un stigmate en massue; capsule ovale buoculaire s'ouvrant à son sommet en dix dents. Ce genre a reçu d autres dénominations: Cavanilles (Icon. rar. 2 t. 116) l'a nommé Usteria et Roth (Catalect. Bot. 2 p. 64) Reichardia; mais la plupart des auteurs ont adopté le nom de Maurandia proposé par Jacquin.

Le Maurandia semperflorens Jacq.

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(Hort. Schænbrun. 3 t. 288); Usteria scandens Cavan. loc. cit. est une Plaite dont les tiges presque ligneuses sont grimpantes glabres cylindriques divisées en rameaux tres - étalés les inférieurs opposés les supérieurs alternes garnis de feuilles bastées glabres d'un vert clair à pétioles filiformes et s'accrochant aux Plantes qui les avoisinent. Les fleurs sont axillaires pendantes solitaires d'un pourpre violet et portées sur des pédoncules flexueux. Cette Plante est originaire du Mexique; elle fleurit en Europe dans les serres tempérées pendant la plus grande partie de l?eacute;té.

Une seconde espèce très-voisine de la précédente a été d'abord décrite et figurée par Willdenow (Hort. Berol. 2 p. 8 t. 83) et ensuite par Kunth (Nov. Gen. et Sp. Plant æquin. 2 p. 362) sous le nom de Maurandia antirrhiniflora. Elle croît dans le Mexique près de la vallée de Saint-Jacques. (G..N.)

MAURE MAM. Espèce du genre Guenon découverte par Leschenault et qu'il ne (aut pas confoudre avec le Simia Maura des nomenclateurs. V. GUENON et HOMME espèce arabique. (B.)

MAURE. REPT. OPH. Espèce du genre Couleuvre. V. ce mot. (B.)

MAURELLE OU MORELLE. BOT. PHAN. Nom vulgaire du Croton tinctorium dans le midi de la France et presque partout du Solanum nigrum L. (B.)

* MAURES. INS. Les amateurs donnent ce nom aux Papillons du genre Satyre qui ont les couleurs obscures et même noires. Ils habitent en général les lieux agrestes. V. SATYRE. (G.)

* MAURESQUE. MOLL. Nom vulgaire et marchand de l'Oliva Maura L. V. Olive. (B.)

MAURET OU MAURETTE. BOT. PHAN. Le Cruit du Vactinium Myrtillus. V. AIRELLE. (B.)

* MAURIA. BOT. PHAN. Genre appurtenant aux Térébintbacées établi par Kunth dans son Mémoire sur cette famille: ses fleurs hermaphrodites ou quelquefois peut-être polygames présentent un calice petit urcéolé divisė en quatre ou cinq lobes et au-dessus d'eux tapissé en dedans par un disque orbiculaire; quatre ou cinq pétales insérés au calice sur le contour du disque élargis à la base égaux entre eux; des étamines en nombre double insérées de même et beaucoup plus courtes que les pétales; un ovaire libre sessile uniloculaire contenant un seul ovule pendu un peu latéralement vers le sommet de la loge; un stigmate sessile épais à trois ou cinq angles saillans. Le fruit comprimé et accompagné à la base du calice persistant a la forme d'un ovoïde légèrement oblique; son péricarpe se compose d'une chair peu épaisse et d'un endocarpe mince: la graine oblongue et comprimée offre sous une tunique simple et membraneuse un embryon dépourvu de périsperme dont les cotylédons sont planes et dont la radicule recourbée se dirige un peu de haut en bas vers le point d'attache. Ce genre renferme deux espèces: ce sont des Arbres du Pérou à feuilles éparses simples ou composées d'une ou deux paires de folioles terminées par une impaire coriaces dépourvues de points glanduleux ainsi que de stipules. Les fleurs d'une couleur blanche rosée sont disposées vers le sommet des rameaux en panicules axillaires ou terminales et accompagnées de bractées (V. Humb. et éonpl. Kunth Nov. Gener. et Spec. vol. 7 pl. 11 tab. 603-605). (A. D. J.)

MAURITIE. Mauritia. BOT. PHAN. Genre de la famille des Palmiers et de la Diœcie Hexandrie L. établi par Linné fils (Supplem. 454) et ainsi caractérisé: fleurs dioïques formant un régime rameux et couvert d?eacute;cailles; les fleurs mâles pourvues d'un double calice l'extérieur à trois dents l'intérieur à trois divisions profondes; six étamines: les fleurs fe-

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melles avant un ovaire à trois loges qui devient une drupe mouosperme couverte d?eacute;cailles imbriquées. Le Mauritia flexuosa L. fils loc. cit. croît sur le continent de l'Amérique méridionale à la Guiane aux bouches de l'Orénoque et dans les provinces de Cumana et de Caracas. Il a été cité sous le nom de Palmier Bâche par Barrère ainsi que par Aublet. Dans ses Tableaux de la nature Humboldt adonné la description et l'histoire de ses qualités bienfaisantes. Le tronc de ce bel Arbre s'élève jusqu à en viron huit mètres de hauteur et il est garni au sommet de frondes en éventail; il forme dans les lieux humides de superbes groupes d'un vert frais et brillant; et son ombre conserve aux autres Arbres un sol humide ce qui fait dire aux Indiens que ce Végétal attire et retient l'eau autour de ses racines. L'existence d'une peuplade entière est pour ainsi dire fondée sur celle de ce Palmier. Aux bouches de l'Orénoque dans la saison ou ce fleuve inonde le pays les Guaranis tendent dui tronc d'un Arbre à l'autre des nattes tissues avec les nervures fibreuses des feuilles de Mauritia sur lesquelles ils construisent leurs habitations. La moelle du troue de l'individu mâle renferme à une certaine époque de la fécule analogue à celle du Sagou; la sève de cet Arbre fournit par la fermentation une liqueur douce et enivrante; enfin ses fruits encore frais recouverts d?eacute;cailles comme les cônes de Pin fournissent une nourriture variée selon qu'on en fait usage après l'entier développement de leur principe sucré ou lorsqu'ils ne contiennent encore qu'une pulpe abondante.

Une seconde espèce de ce geure a été mentionnée par Humboldt sous le nom de Mauritia aculeate; elle se distiugue de la précédente par son stipe épineux et elle croît sur les rives du fleuve Atabapo. (G..N.)

MAUROCENIA. BOT. PHAN. Ce nom générique a été d'abord imposé par Linné da ns l'Hortus Cliffortianus à une Plante d'Ethiopie qu'il a depuis réunie au genre Cassine. V. ce mot. (G..N.)

MAUSSANE. BOT. PHAN. L'un des noms vulgaires du Viburnum Opulus dans certains cantons de la France. (B.)

MAUVE. OIS. Nom vulgaire de plusieurs des espèces du genre Larus en français Mouettes. V. ce mot. (B.)

MAUVE. Malva. BOT. PHAN. Ce genre qui a donné son nom à la famille des Malvacées et qui appartient à la Monadelphie Polyandrie L. offre les caractères suivans: calice double; l'extérieur ou involucre à rois ou rarement à cinq ou six folioles é troites; l'intérieur à cinq divisions soudées par la base; cinq pétales échangées au sommet et subcordiformes; étamines nombreuses monadelpbes; carpelles capsulaires nombreux indéhiscens réunis circulairement à la base du style. Le nombre des espèces de ce genre excède quatre-vingts. Elles ont été distribuées par De Candolle (Prodrom. Syst. Veget. 1 p. 430) en quatre sections dont nous allons tracer les caractères et la composition.

Sect. 1. MALVASTRUM. Carpelles unitoculaires monospermes. Cette section se compose d'un si grand nombre d'espèces que pour arriver facilement à leur diagnostic le prof. De Candolle l'a subdivisée en sept petits groupes savoir: 1°. Chrysanthæe; fleurs jaunes presque sessiles dans les aisselles supérieures et quelquefois formant une sorte d?eacute;pi par la chute des feuilles; celles-ci sont indivises. Les espèces de ce groupe habitent les contrées équinoxiales principalemént celles de l'Amérique. 2°. Cymbaldriæ fleurs roses ou blauches soutenues par des pédicelles axillaires; calice externe a trois folioles: feuilles presque rondes; tiges herbacées. Deux espèces croissent dans l?icirc;le de Crète et en Orient une autre dans l?icirc;le de Cubu. 3°. Bibracteolatæ ce groupe dont les six espèces croissent dans la pé-

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ninsule niusule Ibérique ne diffère essentiellement du précédent que par son calice extérieur à deux folioles. 4°. Bismalvæ fleurs roses ou blanches; pédicelles solitaires axillaires et uniflores; involucre à trois folioles; feuil les profondément divisées en plusieurs lobes; tige herbacée. Les cinq espèces de cette petite section croissent dans l'Europe méridionale. Deux (Malva Alcea et moschata L.) se retrouvent assez loin dans le Nord. 5°. Fasciculatæ fleurs roses ou blanches; pédicelles uniflores et nombreux dans les aisselles des feuilles; involucre à trois folioles; feuilles cordiformes à cinq nervures; tige herbacée. Ce groupe renferme quinze espèces qui croissent dans les contrées tempérées des deux continens. 6°. Capenses; fleurs roses ou blanches; pédicelles solitaires uniflores rarement géminés on ternés et à deux ou trois fleurs; calice extérieur à trois folioles; feuillesanguleuseset lobées; tige ligneuse. Toutes les espèces qui constituent ce groupe croissent au cap de BonneEspérance. Elles sont au nombre de quinze: mais il est probable que plusieurs d'entre elles sont des hybrides on des variétés produites par la culture. 7°. Multifloræ fleurs roses ou blanches; pédoncules axillaires multiflores; involucre à trois folioles; feuilles anguleuses. Les sept espèces de ce groupe croissent au Pérou et au Mexique.

Sect. 2. MALUCHIA. Involncelle à cinq ou six folioles linéaires; cinq carpelles monospermes distincts et indéhiscens. On nffy compte que deux espèces (Malva hibiscoides et M. Boryana) qui croissent à Mascareigne.

Sect. 3. SPHEROMA. Carpelles uniloculaires à deux on plsieurs graines et formant par leur réunion un fruit globuleux; pédoncules axillaires le plus souvent muliflores. Cette section susceptible d'être erigée en un genre distinct se compose de cinq espèces dont trois indigènes de lffAmérique et une du cap de Bonne-Espérance.

Sect. 4. MODIOLA. Carpelles bivalves à deux graines les valves surmontées de deux barbes rentrant intérieurement et partageant pour ainsi dire les carpelles en deux demi loges; pédicelles axillaires uniflores; tige herbacée couchée ou diffuse. Cette section formée de cinq espèces américaines avait été considérée par Mœnch comme un genre distinet.

Toutes les Mauves possèdent au plus haut degré les qualités mucilagineuses et adoucissantes de la grande famille dont ce genre est le type. Nous ne ferons connaître ici que les deux espèces les plus répandues dans nos climats et dont lffusage est le plus vulgaire. Elles appartiennent au groupe des Fasciculatæ que nous avons mentionné plus haut.

La MAUVE SAUVAGE Malva sylvestris L. a une racine pivotante de laquelle sffélèvent des tiges dressées rameuses hispides hautes de trois décimètres et plus; ses feuilles sont alternes très-longuement pétiolées réniformes à cinq ou sept lobes peu profonds très-obtus et crénelés. Les fleurs sont purpurines au nombre de trois à cinq dans les aisselles des feuilles portées chacune Sur un pédoncule long et grêle. Cette espèce que lffon nomme vulgairement grande Mauve se trouve le long aies haies et dans les bois où elle fleurit aux mois de juin et juillet.

La MAUVE A FEUILLES RONDES Malva rotundifolia L. a une tige un peu pubescente divisée en rameaux étalés ascendans et longs de deux à trois décimètres. Les feuilles sont alternes arrondies presque réniformes à cinq ou sept lobes obtus et dentés pubescentes munies à leur base de deux stipules velues aiguës entières ou denticulées. Les fleurs sont petites blanchâtres ou purpurines portées sur des pédoncule au nombre de trois ou quatre situées à lffaisselle des feuilles. Cette Plante est très-commune sur le bord des chemins et dans les champs; elle fleurit pendant presque tout lété.

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Les fleurs de ces deux espèces sont fréquemment employées en infusion théiforme comme adoucissantes dans les inflammations des bronches de la trachée-artère etc. Leurs feuilles et leurs tiges jouissent des mêmes propriétés mais on en fait principalement usage pour les fomentations les lotions les clystères et autres médicamens externes. (G..N.)

MAUVETTE OU MAUVIN. BOT. PHAN. Divers Géraniers particulièrement les Geranium malacoides et rotundifolium dans le midi de la France. (B.)

MAUVIARD. OIS. Syn. vulgaire de Mauvis. V. MERLE. (DR..Z.)

MAUVIETTE. OIS. Nom vulgaire de la Grive et de 1ffAlouette des champs. V. MERLE et ALOUETTE. (DR..Z.)

MAUVIS OIS. Espèce du genre Meric. V. ce mot. (DR..Z.)

MAUVISQUE. BOT. PHAN. Pour Malvaviscus. V. ce mot. (G..N.)

* MAUZ. BOT. PHAN. Syn. égyptien de Bananier V. ce mot. (B.)

* MAVACURÉ. BOT. PHAN. Liane indéterminée que Humboldt en Bonpland soupconnent être une Rubiacée et Jussieu appartenir au genre Coriaria; elle ale port dffun Phyllanthus croît dans les montagnes de Quanaya aux sources de lffun des bras de lffOrénoque et fournit lffun des plus violens poisons végétaux dont les Indiens se servant pour render les piqûres faites par les flèches à coup sûr mortelles. Ceux-ci distinguent dans ce poison aussi appelé Curaré deux sortes celle quiffon obtient des raciness. Lffune et lffautre conserveées dans des fruits de Crescentia se paient dans les missions de Saint-François la valeur de buit à dix jours de travail. Des milliers dffIndiens en consomment tous les jours pour lffattaque ou la défense sans savoir quell Végétal produit le Curaré dont quelques vieillards au fait de sa préparation ont le monopole. Ce Curaré nffest dangereux que dans les blessures et on lffemploie à la Guiane comme un remède stomachique V. CURARé. (B.)

MAXILLARIA. BOT. PHAN. Le genre dffOrchidées établi sous ce nom par Ruiz et Pavon (Prodrom. Flor. Peruv.) paraît devoir être réuni au genre Dendrobium. V. ce mot. (A.R.)

* MAXIMILIANA. BOT. PHAN. Nouveau genre de la famille des Palmiers et de la Monœcie Hexandrie établi par Martius (Gen. et Spec. Plant. Brasil. t. 91-93) qui lffa ainsi caractérisé: Palmier monoïque; spa-the simple; fleurs sessiles. Les fleurs mâles offrent un calice à trois folioles une corolle à trois pétales six étamines et un rudiment de pistil: les fleuis femelles sont composées dffun calice aussi à trois folioles dffune corolle à trois pétales dffun ovaire triloculaire surmonté dffun style court et de trois stigmates réfléchis. Le fruit est une drupe monosperme dont le noyau a trois pores à sa base; lffembryon est placé dans un des pores à la base de la graine qui est munie dffun albumen homogène. Ce genre se compose de Palmiers élégans indigènes du Brésil dontles slipes sont lisses anneléset les frondes pinnées; les fleurs sont jaunes formant des régimes très-rameux. (G..N.)

MAYACA. BOT. PHAN. Ce genre établi par Aublet fait partie de La famille aes Commelinées et de la Triandrie Monogynie L. et se distingue par les caractères suivans: son calice est à six divisions profondes trois extérieures étroites lancéolées aiguës trois intérieures larges minces pétaloïdes et obtuses; les étamines au nombre de trois sont hypogynes. Lffovaire est libre surmonté dffun style terminé par un stigmate trifide. Le fruit est une capsule environnée par le calice sffouvrant en trois valves qui portent chacune deux graines.

Ce genre se compose dffune seule

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espèce Mayaca fluviatilis Aublet Guian. 1 p. 25 tab. 15; M. Aubleti Michx. Flor. Bor. Am.; Syena fluviailis Vahl Enum. C'est une petite Plante qui croît dans les mares et les lieux inondés. Ses tiges sont crêles rameuses toutes couvertes de petites feuilles sétacées courtes très-rapprochées les unes des autres. Les fleurs sont ordinairement solitaires et pédonculées au sommet des ramifications de la tige. Cette Plante est commune à lffAmérique méridionale et à l'Amérique septentrionale.

Le genre Biaslia de Vandelli est le même que le Mayaca dffAublet. (A.R.)

MAYEPA. BOT. PHAN. Le genre ainsi nommé par Aublet a été réuni au Chionanthus par Vahl bien qu'il ait quatre étamines. V. CHIONANTHE. (A.R.)

MAYETA. BOT. PHAN. Pour Maieta. V. ce mot.

MAYNA. BOT. PHAN. Aublet (Plantes de la Guiane 2 p. 922 tab. 352) a établi ce genre que De Candolle (Syst. Veget. 1 p. 446) dffaprès les caractères incomplets donnés par son auteur a rapporté à la famille des Magnoliacées. Ses fruits ne sont pas bien connus ce qui jette beaucoup dffincertitude sur lffexactitude de sa classification. On l'a placé parmi les Magnoliacées à cause de ses feuilles stipulacéees mais ses anthères tétragones et son inflorescence doivent peut-être le faire reporter dans les Anonacrées. De Candolle (Prodr. Syst. Veget. 1 p. 79) en énumère trois espèces savoir: May na odorata Aublet (loc. cit.) qui croît à Cayenne; M. sericea Spreng.; et M. Brasiliensis Raddi. Ces deux dernières espèces sont indigènes du Brésil. (G..N.)

* MAYNOU. OIS. Espèce du genre Mainate. V. ce mot. (B.)

MAYTENUS. BOT. PHAN. Les auteurs qui out écrit sur les Plantes du Chili et entre autres Feuillée et Molina ont mentionné sous ce nom un genre de Plantes que Jussieu a adopté dans son Genera Plantarum mais sans en pouvoir déterminer avec certitude les affinités. Lamarck le réunit au genre Senacia et Willdenow au Celastrus. Kunth (Nov. Gen. et Spec. Plant. æquinoct. 7 p. 64) lffa placé parmi les Célastrinées de R. Brown et en a ainsi développé les caractères: fleurs polygames; calice quinquéfide régulier persistant à préfleuraison imbriquée; cinq pétales également imbriqués pendant la préfleuraison elliptiques un peu concaves égaux et très-ouverts; cinq étamines ayant la même insertion que les pétales alternes avec eux et plus courts à anthères ovées-cordiformes et biloculaires; disque orbiculaire dans lequel est à moitié immergé un ovaire à deux ou trois loges surmonté dffun stigmate sessile à deux ou trois lobes; capsule coriace à une deux ou trois loges monospermes; graines dressées enveloppées dffun arille membraneux enduit de pulpe composées dffun tégument crustacé dffun endosperme charnu au milieu duquel est un embryon droit dont les cotylédons sont planes foliacés et la radicule supérieure. Ce genre ne se compose que de quatre espèces dont la principale est le Maytenus Chilensis de De Candolle (Prodrom. Syst. Veget. 1 p. 9) décrite et figurée sous le nom de Maiten par Feuillée (Observ. 3 p. 39 tab 27). Ce sont des Arbrisseaux ou Arbustes indigènes du Pérou et du Chili. Ils sont dépourvus dffépines; lenrs feuilles sont alternes simples coriaces dentées; leurs fleurs axillaires très-petites et dffun vert blanchátre. (G..N.)

MAZAME. MAM. Buffon dffaprès Hernandez Réchi et Fernandez désigne collectivement sous ce nom les espèces du genre Cerf qui habitent le Mexique. Fr. Cuvier lffa au contraire appliqué spécifiquement à lffune dffelles celle quffil appelle Cervus campestris. (IS.G. ST.-H.)

MAZARD. INS. Dans la ci-devant Bourgogne on désigne sous ce nom les Insectes qui rongent les bourgeons. V. EUMOLPE COUPE-BOUR-

TOME X. 19

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GEON BOICHE PIQUE-BROT et LISETTE. (Q.)

MAZéDIATES. BOT. CRYPT. (Lichens.) Ordre deuxième de la Méthode lichénographique proposée par Fries (Act. de Stockh. 1821). Il comprend les Liehens qui renferment une poussière dans lffintérieur de lffapothécion. La première section de cet ordre répond au groupe des Calycioïdes de notre Méthode; la deuxième à nos Sphærophores à l'exception pourtant du Rhizomorpha que nous plaçons parmi les Hypoxvlées et du Roccella classé avec les Ramalinées parce que lffapothécion est sousscutellé. Les Lichens Mazédiates de Fries comprennent les genres Pyrenotea Fr.; Calycium Strigula Fr.; Coniocybe Rhizomorpha Thamnomyces Ehr.; Sphærophoron Pers.; Roccella Delise. (A. F.)

MAZEUTOXERON. BOT. PHAN. (Labillardière.) Syn.de Correa. V. ce mot. (B.)

MAZUS. BOT. PHAN. Dans sa Flore de la Cochinchine vol. II p. 468 Loureiro a constitué ce genre qui appartient à la Didynamie Angiospermie et que R. Brown (Proarom. Flor. Nov.-Holl. p. 439) a adopté en le plaçant dans la famille des Scrophularinées et le caractérisant ainsi: Calice campanulé à cinq petites divisions égales; corolle oblique la lèvre supérieure bilobée les latérales réfléchies lffinférieure trifide à lobes entiers et présentant deux gibbosités à la base; capsule renfermée dans le calice à deux loges et à deux valves entières septifères sur leur milieu. Ce genre est voisin du Mimulus. Il se compose de deux espèces savoir: 1° Mazus rugusus qui croît à la Cochinchine et dont le Lindernia japonica Thunb. nffest peutêtre pas distinct; 2° M. pumilio R. Brown qui habite la terre de Diémen. Ce sont de petites Plantes herbacées à feuilles ramassées eu touffes près de la racine quelques-unes seulement opposées sur la hampe. Les fleurs forment au sommet de celle-ci une grappe en épi lâche dans la Plaatede la Cochinchine; elles sont solitaires dans une variété de lffespèce décrite par R. Brown. Elles sont soutenues par des pédicelles alternes et accompagnées d'une bractée. (G..N.)

* MAZZA. MOLL. Ce genre dont Klein est lffauteur (Méthod. Ostrac. p. 62) comprend des Coquilles qui ontassez de rapports avecles Turbinelles et les Pyrules. Cffest une des meilleures coupes que cet auteur ait établies. (D..H.)

MEAAREL. POIS. Lffun des noms de pays du Trichiurus Lepturus. V. TRICHIURE. (B.)

MéADAILLE. BOT. PHAN. (Lémery.) Probablement pour Médaille. Syn. de Lunaria rediviva. V. LUNAIRE. (B.)

MEADIA. BOT. PHAN. (Catesby.) Syn. de Dodécathée. V. ce mot. (B.)

MÉANDRINE. Meandrina. POLYP. Genre de lffordre des Méandrinées dans la division des Polypiers entièrement pierreux ayant pour caractères: Polypier pierreux fixé formant une musse simple convexe hémisphérique ou ramassée en boule; surface convexe partout occupée par des ambulacres plus ou moins creux sinueux garnis de chaque côté de lamelles transverses parallèles qui adhèrent à des crêtes collinaires. La plupart des zoologues modernes ont adopté ce genre établi aux dépens des Madrépores par Lamarck; en effet les Méandrines se distinguent de tous les autres Polypiers lamellifères par la présence de sillons allongés sinueux ou presque droits plus ou moins creux et irréguliers séparés par des crêtes collinaires plus ou moins saillantes qui se remarquent à la surface supérieure de ces Polypiers; les sillons ou vallons présentent dans leur centre ou partie la plus profonde une sorte de lame très-poreuse ou plutôt caverneuse qui suit les contours du sillon et qui sffenfonce dans l'épaisseur du Polypier: il part des deux côtés de cette

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lame une infiaité de lamelles qui viennent se repdre perpendiculairement sur la crête ou lame collinaire toujours taillante non poreuse comme celle du centre du vallon et sffenfoncant comme elle dans épaisseur de lasubstance du Polypier. Les lamelles souvent inégales ont leurs surfaces lisses ou couvertes dffaspérités; leur base est oblique tantôt entière tantôt denticulée. II résulte de cette dis position que les vallons des Méanarines sont de véritables étoiles souvent fort allongées droites ou tortueuses. Ces Polypiers se présentent en masses presque toujours simples convexes hémisphériques ou en boule; quelques-uns acquièrent de fort grandes dimensions. Dans leur jeune âge ils ressemblent à un corps turbiné calyciforme fixé par un pédicule central très-court; leur surface supérieure est seule alors couverte de sillons lamellifères lffinférieure est lisse ou simplement striée.

On doit à Lesueur la connaissance des Animaux de plusieurs espèces de Méandriues: les Meandrina sinuosa (Madrepora sinuosa Sol. et Ell.) dont il admet quatre variétés; Meandrina dædaleaLamk.; labyrinthica Lamk. et arcolata Lamk. Les Animaux sont situés dans les vallons rarement isolés presque toujours réunis latéralement et en nombre d'autant plus grand que les vallons sont plus étendus en longueur; ils sont mous gélatineux subactiniformes: ils présentent en dessus un disque charnu au centre duquel est une ouverture ronde ou ovale à bords plissés entourée ou non dffun cercle diversement coloré: les côtés de ce disque sffallongent en une sorte de manteau ou expansion gélatineuse recouvrant la base des lamelles du Polypier et s'étendant jusqu'au sommet des collines sans les dépasser; en dessous cette expansion gélatineuse se divise en autant de petites membranes verticales quffil y a dffintervalles de lamelles quffelle recouvre et s'y insinue jusquffà une certaine profondeur. Lorsque lffAnimal est inquiété il se resserre sur lui-même et se colle pour ainsi dire au fond du vallon. Dans les trois premières espèces observées par Lesueur la bouche se trouve au centre dffun petit plateau couvert de stries rayonnantes de la circonférence duquel naissent une vingtaine de tentacule gros ou déliés longs ou courts lisses ou tur berculés suivant les espèces; quand les Animaux sont isolés ils sont munis de tentacules dans tout leur pourtour; et lorsquffil y en a plusieurs dans le même vallon les tentacules manquent au point de contact des Animaux entre eux et paraissent rejetés sur les côtés. Dans ces trois espèces le manteau naît en dehors à la base des tentacules. LffAnimal du Meandrina arcolata a son disque uni sans tubercules ni tentacules.

Les différentes parties de ces Animaux sont diversement teintes des couleurs les plus belles et souvent nuancées et combinées d'une manière fort élégante: les couleurs varient suivant les espèces et même sur chaque individu (V. le Mémoire sur les Polypiers lamellifères par Lesueur inséré dans le T. III des Mémoires du Muséum p. 171). Les Méandrines se trouvent abondamment dans les mers intertropicales.

Ce genre renferme les Meandrina labyriuthica cerebriformis dædalea pectinata arcolata crispa gyrosa phrygia filigrana. (E.D..L.)

* MÉANDRINÉES. POLYP. Ordre établi par Lamouroux dans la section des Polypiers pierreux lamellifères; il lui attribue pour caractères: étoiles ou cellules latérales ou répandues à la surface non circonscrites comme ébauchées imparfaites ou confluentes; il y rapporte les genres Pavone Apseudésie Agarice Méandrine et Monticulaire. V. tous ces mots. (E.D..L.)

MÉANDRITE. POLYP FOSS. On nomme quelquefois ainsi les Méandrines fossiles. (E.D..L.)

* MEAR. FOIS. On ne sauraittrop re-

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commander aux naturalistes qui visiteront les côtes d'Afrique depuis le cap Vert jusqu'au fond du gol fe de Guinée la recherche de ce Poisson qui paraît devoir appartenir au genre Gade et dont l'ancien voyageur Roberts avait déjà fait mention: on le dit excessivement commun et capable de remplacer par son abondance la Morue de Terre-Neuve. En effet nous avions remarqué il y a plus de vingt ans que les pauvres habitans des Îles Canaries faisaient leur principale nourriture d'un Poisson que les pêcheurs de cet archipel vont recueillir en énorme quantité aux lieux où Roberts avait dit qu'on prend le Méar et que ce Poisson défiguré par sa préparation semblait appartenir au genre Gade. Ainsi sans affronter les tempêtes et les régions des mers du Nord on trouverait d'abondantes pêcheries sur les côtes voisines de l'Afrique: ce trafic ne vaudrait-il pas mieux que la traite des nègres? (B.)

MEBBIA. MAM. L'espèce de Chien sauvage du Congo désignée sous ce nom par d'anciens missionnaires pourrait bien être le Chacal. (B.)

MEBOREA. BOT. PHAN. Aublet (Plantes de la Guiane 2 p. 825 tab. 323) a décrit et figuré sous le nom de Meborea Guianensis un Arbrisscau de la Guiane qui appartient à la Gynandrie Triandrie L. mais dont les affinités naturelles ne sont pas déterminées. Cette Plante que Willdenow a nommée Rhopium citrifolium s'élève à environ un mètre: elle est rameuse garnie de feuilles alternes presque sessiles ovales acuminées très-entières accompagnées à la base de deux stipules caduques; les fleurs sont très-petites disposées par petits bouquets axillaires ou terminaux et sont portées chacune sur un pédoncule partiel grêle et assez long; elles offrent un calice à cinq divisions profondes lancéolées aiguës creusées d'une fossette à leur base; point de corolle; trois étamines attachées sur se tyles au-dessous des stigmates filets larges bifides au sommet et portant chacun deux anthères à deux loges; trois styles; capsule trigone à trois loges à trois valves qui se divisent ensuite en six partagées par une cloison; deux graines ovales et noires dans chaque loge. (G..N.)

MEBORIER. BOT. PHAN. Pour Meborea. V. ce mot. (B.)

* MEBUTANA. BOT. PHAN. On nomme ainsi à Amboine et dans les autres îles de l'archipel Indien la Plante désignée par Rumph sous le nom de Radix vesicatoria et qui doit être rapportée au Plumbago rosea L. (G..N.)

MECARDONIA. BOT. PHAN. Genre établipar Ruiz et Pavon (Syst. Veget. Fl. Peruv. p. 164) qui l'ont placé dans la Didynamie Angiospermie L. avec les caractères suivans: calice à sept folioles; corolle irrégulière dont le tube est ventru; le limbe a deux lèvres la supérieure bifide l'inférieure à trois divisions; quatre étamines didynames; ovaire supère surmonté d'un style comprimé et courbé à son sommet; capsule bivalve uniloculaire renfermant un placenta cylindrique. Le Mecardonia ovata Plante dont les feuilles sont ovales dentées en scie est l'unique espèce de ce genre. Elle croît au Pérou. (G..N.)

MÉCHANITIS. INS. Genre de l'ordre des Lépidoptères établi par Fabricius. Latreille ne l'a pas adopté; il le réunit au genre Heliconia. V. HéLICONIE. (G.)

* MÉCHIDIE. INS. Genre de l'ordre des Coléoptères établi par Latreille (Fam. Nat. du Règne Anim.) et intermédiaire entre les Lethrus Géotrupes et Trox. Les caractères de ce genre n'étant pas encore publiés nous sont inconnus. (G.)

MÉCHOACAN. BOT. PHAN. Ce nom d'une province du Mexique est donné dans les pharmacies à une racine résineuse employée autrefois comme purgative. Elle est produite par le Convolvulus Mechoacana L. V. LISERON. On a aussi nommé le Jalap

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Méchnoacan et le Phytolacca decandra Méchoacan du Canada. (G..N.)

MÉCHON. BOT. PHAN. L'un des noms vulgaires de l'OEnanthe pimpinelloïde. (B.)

* MÈCINE. Mecinus. INS. Genre de l'ordre des Coléoptères établi par Germar dans la tribu des Charansonites et adopté par Latreille qui ne donne pas ses caractères. (G.)

MÉCONIQUE. MIN. V. ACIDE.

MÉCONITES. GÉOL. V. AMITES.

MÉCONIUM. ZOOL. Matière particulière qui se trouve dans les intestins du fœtus quand celui-ci n'a pas encore respiré; il est d'un jaune olivâtre; son odeur est légèrement musquée; il a une saveur faiblement amère; il est en partie soluble dans l'eau. On l'a trouvé composé de o 28 de matière particulière qui n'a pas encore reçu de dénomination; de o o 2 de matière muqueuse et de o 70 d'Eau. (DR..Z.)

MĖCONOPSIDE. Meconopsis. BOT. PHAN. Ce genre de la famille des Papavéracées et de la Polyandrie Monogynie L. a été établi par Viguier dans une dissertation sur les Papavéracées présentée à la Faculté de Médecine de Montpellier. Le professeur De Candolle l'a adopté dans le supplément à la deuxième édit. de la Flore Française et dans le second volume de son Systema Vegetabilium p. 86. Voici les caractères qu'il lui a assignés: calice formé de deux sépales velus; corolle à quatre pétales; étamines en nombre indéfini; ovaire ovoïde surmonté d'un style court persistant et qui se tord après l'anthèse; stigmates au nombre de quatre à six disposés en rayons persistans convexes libres et jamais sessiles; capsule ovée uniloculaire à quatre ou six valves déhiscente par le sommet renfermant à l'intérieur des placentas minces qui forment à peine des membranes étroites. Ce genre forme le passage des Pavots aux Argemones; il se compose d'un petit nombre d'espèces dont De Candolle a formé deux sections. La première caractérisée par ses capsules à cinq à six valves lisses ne renferme que le type du genre Meconopsis cambrica Viguier ou Papaver cambricum Linn. Cette Plante a une tige dressée haute à peu près de trois décimètres munie inférieurement de feuilles à lohes dentés incisés légèrement décurrens glauques en dessous: ses fleurs au nombre de deux ou trois sont terminales longuement pédonculées de la grandeur de celles du Coquelicot d'un jaune de soufre très-fugace par la dessiccation. Cette espèce croît dans les localités ombragées et humides des montagnes de l'Europe méridionale: on la trouve aussi dans la Russie asiatique.

La deuxième section qui se distingue par ses capsules à valves couvertes de pointes a été considérée comme un genre distinct par Nuttall qui lui a donné le nom de Stylophorum. Elle se compose de deux espèces: Meconopsis petiolata et M. dyphylla D. E. ou Chelidonium diphyllum Michx. qui sont des Plantes indigènes de l'Amérique septentrionale. (G..N.)

MÉDATA. BOT. PHAN. (Apulée.) Syn. de Ballole. (B.)

MÉDAILLE BOT. PHAN. V. MÉADAILLE.

MÉDEA. MIN. Pline mentionne sous ce nom dérivé de celui de la magicienue Médée qui la découvrit une Pierre merveilleuse qui avait selon ce compilateur crédule le goût du vin. (B.)

MÉDÉE. INS. Espèce du genre Sphynx dans Fabricius. (B.)

MÉDÉOLE. Medeola. BOT. PHAN. Genre de la famille des Asparaginées et de l'Hexandrie Monogynie L. ayant pour caractères: un calice coloré pétaloïde à six divisions profondes régulières et étalées; six étamines; un ovaire globuleux marqué de trois sillons et terminé par trois styles et trois stigmates. Le fruit est une baie globuleuse déprimée ac-

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compagnée à sa base par le calice à trois loges monospermes dont une ou deux avortent quelquefois; la graine est suspendue son tégument est noirâtre recouvrant un endosperme charnu qui contient un embryon cylindrique ayant sa radicule opposée au hile.

Ce genre quoique composé seulement de trois espèces présente cependant assez d obscurité. Ces trois espèces sont: Medeola virginica asparagoides et angustifolia. La première est originaire de l'Amérique septentrionale les deux autres du cap de Bonne-Espérance. Willdenow dans le Magasin des curieux de la nature de Berlin pour 1818 a fait un genre Myrsiphyllum pour les Medeola asparagoides et M. angustifolia qui en effet diffèrent du Medeola virginica par leurs trois styles et leur fruit à trois loges monospermés. Ces différences avaient déjà été signalées par le professeur Richard (dans la Flore de l'Amérique septentrionale de Michaux) où il dit que le Med. asparagoides appartient à un autre genre que le Med. virginica; d'un autre côté le professeur Nuttall (Gen. of north Amer. Plants) a fait un genre particulier sous le nom de Gyromia pour le Medeola virginica; d'ou il résulterait que dans ce moment-ci il n'y aurait plus de genre Medeola puisque des trois espèces qui le composaient antérieurement deux forment le genre Myrsiphyllum de Willdenow et la troisième le genre Gyromia de Nuttall. Mais il faut remarquer que les caractères assignés par Linné au genre Medeola et qui sont ceux que nous avons exposés au commencement de cet article se retouvent dans les Medeola du Cap tandis que le Medeola de la Virginie s'en éloigne par ses trois sligmates sessiles et par son fruit dont les loges contiennent plusieurs graines. Il suit de là évidemment qu'il faut conserver le genre Medeola pour les Medeola asparagoides et Med. angustifolia; rejeter par cohséquent le genre Myrsiphyllum de Willdenow et adopter également le genre Gyromia de Nuttall. Les deux espèces at Medeola sont des Plantes herbacées vivaces ayant leur tige dressée ou sarmenteuse leurs feuilles alternes sessiles et leurs fleurs pédonculées et placées à l'aisselle des feuilles. (A. R.)

MÉDIASTIN. ZOOL. BOT. On nomme ainsi en anatomie une cloison membraneuse résultant de l'adossement des deux plèvres qui dans l'Homme s?eacute;tend de la face postérieure du sternum à la partie antérieure du rachis et qui divise la cavité du thorax en deux parties l'une droite et l'autre gauche. V. PLÈVRE. On donne le méme nom en botanique à une cloison transversale fort mince qui dans les Crucifères sépare la silique ou la silicule en deux parties et sur les deux faces de laquelle demeurent alternativement attachées les semences quand les deux valves se sont ouvertes. (B.)

* MEDICA. BOT. PHAN. La Luzerne chez les anciens d'où le Medicago de Linné d'après Morison qui l'employa le premier. V. LUZERNE. (B.)

MÉDICÉE. BOT. PHAN. L'un des premiers noms qu'on donna au Nicotiana Tabacum lors de son introduction en Europe. (B.)

MÉDICINIER. Jatropha. BOT. PHAN. Genre de la famille des Euphorbiacées et de la Monœcie Décandrie L.; ses fleurs monoïques offrent un calice à oinq divisions plus ou moins profondes; une corolle quinquépartie qui manque dans plusieurs espèces; au dedans cinq glandes ou écailles tantôt distinctes tantôt réunies en un anneau ou en un disque sinué quelquefois nulles. On trouve dans les fleurs mâles buit ou dix étamines dont les filets sont soudés ensemble plus ou moins haut et dont les trois ou cinq les plus centrales sont aussi plus longues que les autres; dans les femelles trois styles tantôt simplement bilobés ou bifides tantôt divisés plusieurs fois par dichotomie et un ovaire à trois loges uniovulées qui devient une capsule

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à trois coques. Les espèces de ce genre sont des Arbres des Arbrisseaux ou plus rarement des Herbes remplis d'un suc lactescent. Leurs feuilles alternes quelquefois munies vers leur base de deux glandes sont simples ou plus souvent lobées ou palmées glabres ou hérissées de poils glanduleux; leurs fleurs disposées en corymbes axillaires ou terminaux offrent en général des couleurs assezàbrillantes. On en compte environ vingt espèces dont cinq originaires d'Asie les autres d'Amérique: on peut les diviser en deux sections que quelques botanistes considèrent même comme des genres distincts. L'une (qu Houstoun nomme Jussievia) renferme les espèces dépourvues de corolle; l'autre celles qui en sont munies; et il est à remarquer qu'en outre le style est plusieurs fois rameux dans ces dernières et simplement bilobé dans les premières qui formeraient le genre Curcas d'Adanson le Bromfeldia de Necker et le Castiglionia de Ruiz et Pavon. Dans celui-ci les auteurs ont décrit les fleurs comme hermaphrodites et il arrive en effet quelquefois que dans des fleurs d'un sexe on rencontre les organes de l'autre à l?eacute;tat rudimentaire. La Plante que Swartz a fait connaître sous le nom de Jatropha divaricata et qui présente trois styles courts et simples avec une capsule à deux ou trois loges dispermes ne paraît pas congénère des vrais Médiciniers: on en a aussi éloigné plusieurs espèces pour en former le genre Janipha V. ce mot.

Ce nom de Médicinier paraît dû auk propriétés purgatives très-actives des graines assez énergiques même pour qu'on les considère comme du domaine de la toxicologie plutôt que de la matière médicale. Les graines les plus remarquables sous ce rapport sont celles du Jatropha Curcas connues sous les noms vulgaires de Pignon d'Inde et de Noix des Barbades ainsi que celles du Jatropha multifida appelées aux Antilles Noisettes purgatives. Dans les espèces herbacées la piqûre des poils roides dont la Plante est hérissée cause une démangeaison brûlante qui persiste long-temps. (A. D. J.)

MÉDICUSIE. Medicusia. BOT. PHAN. Genre de la famille des Synanthérées et de la Syngénésie égale L. établi par Mœnch (Meth. Plant. p. 537). et adopté par Cassini qui l'a placé dans la tribu des Lactucées. Ses caractères sonts involucre ovoïde formé de folioles sur un seul rang égales appliquées lancéolées linéaires toruleuses et carenées muni à la base d?eacute;cailles inégales linéaires infléchies au sommet; réceptacle nu; calathide composée de fleurs en languettes nombreuses et hermaphrodites; akènes arqués en dedans sillonnés longitudinalement et transversalement surmontés d'une aigrette plumeuse. Ce genre a été réuni par De Candolle (Flore Franç. vol3 p. 38) au Zacintha malgré le caractère de l'aigrette plumeuse qui lui est attribué par Mœnch; mais ce caractère est douteux puisque le véritable Crepis rhagadiolodes L. sur lequel le Medicusia a été établi n'a pas l'aigrette ainsi conformée s'il faut s'en rapporter sur ce point à Jacquin et à Willdenow. Cassini pense qu'on pourra le réunir au Picris; ce qui d'ailleurs a déjà été opéré par Persoon. Le Medicusia aspera Mœnch unique espèce du genre est une Plante herbacée hérissée sur toutes ses parties de petits aiguillons fourchus. Sa tige est rameuse haute environ d'un mètre garnie intérieurement de feuilles oblonçues sinueuses dentées et supérieurement de feuilles sessiles lancéolées. Ses fleurs sont jaunes rougeâtres extérieurement. Elle croît près de Malaga eu Espagne. (G..N.)

MÉDION. BOT. PHAN. La Plante ainsi désignée daus Dioscoride est le Campanula Medium L. V. CAMPANULE. (B.)

MÉDUSA ACAL. V. MéDUSE.

MÉDUSA BOT. PHAN. (Loureiro.) V. MÉDUSULA.

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* MÉDUSAIRES. ACAL. Famille d'Animaux invertébrés de la classe des Radiaires établie par Lamarck et désignée par la plupart des auteurs sous le nom de Méduses (V. ce mot). Les Médusaires sont tous des Animaux marins entièrement gélatineux ou plutôt semblables à de la gelée transparens; ils ont des formes très-régulières élégantes; des couleurs variées et brillantes et tendres à la fois; leur corps que l'on nomme Ombrelle est circulaire plus ou moins convexe en dessus plat ou concave en dessous; la bouche toujours placée à la surface inférieure est simple ou multiple quelquefois sessile ou portée sur un appendice central nommé pédoncule. Celui-ci plus ou moins long plus ou moins volumineux offrant des formes excessivement variées est tantôt simpje tantôt divisé plus ou moins profondément et ces divisions dont le nombre varie ont reçu le nom de bras; enfin le pourtour du corps des Médusaires ou la circonférence de l'ombrelle est tantôt entier tantôt divisé en filets plus ou moins longs que l'on a nommés tentacules. On trouve les Médusaires dans toutes les mers dans tous les climats; ils habitent en général les hautes mers cependant ils ne sont pas rares près des côtes. Leurs espèces sont trèsvariées très-nombreuses et la plupart semblent confinées dans certains parages dont elles ne s?eacute;cartent que fort peu; dans les climats chauds on les rencontre en toute saison; dans les climats froids ou tempérés elles ne paraissent que vers la fin du printemps et pendant l?eacute;té. Il est des Médusaires que l'on ne peut bien distinguer qu'à l'aide du microscope et 'autres qui parviennent à plusieurs pieds de diamètre et pèsent cinquante à soixante livres. L'anatomie des Médusaires est presque bornée à la connaissance de leurs formes extérieures. A peine sortis de l'eau ces Animaux ne tardent pas à se fondre pour ainsi dire en un liquide transparent analogue à de l'eau de mer; ils ne paraissent constitués que par une enveloppe membraneuse et un tissu celluleux rempli d'eau et d'après les observations microscopiques de Bory de Saiut-Vincent (V.MATIÈRE) de corpuscules hyalins. Dans quelques espėces pourtant on a distingué un ou plusieurs estomacs des vaisseaux ramifiés des cavité contenant de l'air et des ovaires. Les Médusaires exécutent des mouvemens assez rapides et long-temps soutenus; ils nagent avec grâce en contractant et relâchant alternativement la circonférence de leur ombrelle. La plupart répandent une lueur phosphorescente dans l'obscurité; plusieurs produisent sur la main qui les touche une douleur brûlante occasionée sans doute par une sécrétion particulière. On ignore leur mode de respiration et de génération. Les Médusaires se nourrissent de toutes sortes d'Animaux marins et même de Poissons; ceux qui sont munis de bras s'en servent pour attraper leur proie; leur digestion est très-rapide et leur reproduction prodigieuse. Les variétés de formes des Médusaires le grand nombre d'espèces qui s'y rapportent ont nécessité plusieurs divisions et l?eacute;tablissement de plusieurs genres dans cette famille intéressante d'Animaux. Péron et Lesueur auxquels on doit sur les Méduses un excellent travail inséré dans le 14e volume des Annales du Muséum d'Histoire Naturelle prenant pour base de leurs coupes principales l'absence ou la présence de l'estomac ont établi deux grandes divisions: les Méduses agastriques et les Méduses gastriques. Les Méduses agastriques sont subdivisées d'après l'absence ou la présence d'un pédoncule l'absence où la présence de tentacules; les genres Eudore Bérénice Orythie Favonie Lymnorée et Géryonie sont compris dans cette division et se rattachent aux subdivisions d'après leurs caractères. Les Méduses gastriques sont subdivisées d'après la présence d'une ou de plusieurs bouches l'absence ou

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la présence d'un pédoncule l'absence ou la présence de bras l'absente ou la présence de tentacules; à chaque subdivision se rattache un ou plusieurs des genres Carybdée Phorcynie Eulimène Equorée Fovéolée Pégasie Callirhoé Mélitée Evagore Océanie Pélagie Aglaure Mélicerte Euryale Ephyre Obélie Ocyrbé Cassiopée Aurellie Céphée Rhizostome Cyanée Chrysaore.

Lamarck forme également deux divisions dans les Médusaires; la première renferme les Médusaires à bouche unique la seconde ceux qui en présentent plusieurs. Il restreint à plus de la moitié les genres établis par Péron; ses subdivisions sont fondées à peu près sur les mêmes caractères c'est-à-dire d'après l'absence ou la présence du pédoncule des bras et des tentacules. On trouve dans la première division les genres Eudore Phorcynde Carybdée Equorée Callirhoé Orythie Dianée; et dans la seconde les genres Ephyre Obélie Cassiopée Aurellie Céphée. Cuvier établit trois genres dans cette famille qui fait partie de ses Acalèphes libres: 1° les Méduses propres qui ont une vraie bouche sous le milieu de la surface inférieure soit simplement ouverte à la surface soit prolongée en pédicule; 2° les Cyanées toutes les Méduses à bouche centrale et à quatre cavités latérales; 3° les Rhizostomes qui ont quatre ovaires dans des cavités ouvertes comme les Cyanées et au milieu un pédicule plus ou moins ramifié suivant les espèces. Cuvier admet comme sous-genres une partie des genres de Péron soit avec les caractères indiqués par Péron luimême soit avec les modifications admises par Lamarck soit enfin en les considérant sous une autre acception. (E.D..L.)

MÉDUSE. Medusa. ACAL. Linné créa sous ce nom un genre qui réunissait les Animaux rayonnés à corps libre et gélatineux; plusieurs auteurs ont adopté ce genre tel qu'il avait été institué. Péron qui a établi aux dépens des Méduses un grand nombre de genres conserve la dénomination linnéenne seulement comme nom de famille et y comprend encore les Béroés les Porpites et les Physalies. Cuvier se sert également du nom de Méduse comme nom de famille ou de section; il y rattache de plus les Béroés les Cestes et les Diphies. Lamarck réunit sous le nom de Radiaires molasses tous les Animaux qui pouvaient se rapporter au genre Méduse de Linné et il les divise en Radiaires anomales et Radiaires Médusaires ou simplement Médusaires. Cette dernière section comprend les Méduses proprement dites c'est-à-dire les Animaux réguliers orbiculaires gélatineux transparens lisses plus ou moins convexes en dessus aplatis ou concaves en dessous avec ou sans appendice en saillie'; munis d'une bouche inférieure simple ou multiple. Il nous semble que l'on doit préférer comme nom de famille la dénomination employée par Lamarck; celle de Méduse entraînant quelque indécision par l'usage plus ou moins étendu que les auteurs en ont fait. V. MÉDUSAIRES. (E. D..L.)

* MÉDUSEA. BOT. PHAN. C'est l'un des genres établis par Haworth aux dépens des Euphorbes. Il a pour type l'Euphorbia Caput Medusæ dont le port est assez particulier; mais dont les différences ont trop peu d'importance pour que le genre mérite d?ecirc;tre adopté. V. EUPHORBE. (G..N.)

MÉDUSULA. BOT. PHAN. Loureiro (Flor. Cochinchin. 2 p. 493) a établi ce genre sous le nom deMedusa dont Persoon a légèrement changé la terminaison pour que la même dénomination ne fût pas appliquée à des êtres qui appartiennent à des règnes différens. Voici les caractères essentiels du Medusula qui a été placé dans la Monadelphie Pentandrie L.: calice persistant à cinq folioles; cinq pétales; cinq étamines dont les filets sont réunis au tube par la base et

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dont les anthères sont pendantes; ovaire supérieur surmonté d'un style et d'un stigmate simple; capsule hérissée uniloculaire à trois valves et renfermant six graines. Le Medusula anguifera est un Arbre de la Cochinchine d'une grandeur médiocre dont les rameaux sont dressés garnis de feuilles alternes ovales acuminées glabres et dentées en scie. Les fleurs sont rouges et disposées en grappe. (G..N.)

* MEDUSULA. BOT. CRYPT. (Lichens.) Ce genre créé par Eschweiler dans son Syst. Lichen. p. 16 f. 22 fait partie de sa cohorte des Trypéthéliacées. Il est établi sur les caractères suivans: thalle crustacé attaché uniforme; verrues déprimées pulvérulentes blanches; apothécies linéaires allongées immergées noires voilées de blanc dans la jeunesse; périthécie latérale plane. Le genre Medusula ne doit point suivant nous figurer dans les Trypetheliummais bien dans les Graphidées dont il a le port et la structure intérieure. Ses fructifications sont linéaires à disque dilaté pourvues d'un nucléum charnu en tout semblable à celui des Graphis. Persoon avait décrit la Plante qui a servi de base à ce genre sous le nom d'Opegrapha Medusula (Act. Soc. Wéterav.). Acharius regardait comme douteux que ce fût une Opégraphe. Nous examinerons au mot SARCOGRAPHE la validité du genre Medusula; nous nous bornerons maintenant à annoncer que Tode aussi a un genre Medusula (V. Fung. Meckl. Sel. 1 p. 17 t. 5 f. 28) qui est adopté. Nous ajouterons que Persoon avait également un genre Medusula fondé sur une Plante phanérogame; que c'est ce dernier nom qui a prévalu (V. ce mot); en sorte qu'il deviendra nécessaire afin d?eacute;viter la confusion nominale de changer le nom donné par Eschweiler si son genre venait a être adopté (A. F.)

MEÉRÉDYCK. BOT. PHAN. L'un des noms vulgaires du Cochlearia Armoracia L. V. COCHLEARIA. (B.)

MÉERSCHAUM. MIN. (Werner.) V. ECUME DE MER et MAGNÉSITE.

MEESIA. BOT. PHAN. (Gaertner.) V. WALKERA.

MEESIA. BOT. CRYPT. (Mousses.) Ce genre établi par Hedwig ne diffère des Brys qu'en ce que les dents de son péristome externe sont beaucoup plus courtes que celles du péristome interne et très-robtuses. Ce genre a été depuis réuni par plusieurs muscologistes aux Brys; mais il forme néanmoins dans ce genre un groupe assez naturel par son port. II renfermait les quatre espèces suivantes: Bryumtrichodes Hook. ou Meesia uliginosa Hedw.; Bryum hexastichum Bryum triquetrum Hook. ou Meesia longiseta Hedw.; Bryum dealbatum Smith ou Meesia dealbata Hedw. V. BRY. (AD. B.)

MÉGACARPÆA. BOT. PHAN. Ce genre établi par De Candolle (Syst. univ. Veget. 2 p. 417) appartient à la famille des Crucifères et à la Tétradynamie siliculeuse L. Il est ainsi caractérisé: calice sans gibbosités à la base; pétales entiers; filets des étamines libres et sans dents; silicule sessile à deux écus ou disques échancrée aux deux extrémités à loges très-comprimées ceintes d'un rebord ailé adnées à l'axe par tout leur côté interne; style nul; stigmate en forme de disque presque à deux lobes; graines solitaires dans chaque loge orbiculées comprimées; embryon dont la radicule est ascendante et les cotylédons accombsns. Ce genre ne se distingue du Biscutella que par son stigmate sessile sa silicule munie d'un large bord et surtout par son embryon qui au lieu d?ecirc;tre inverse comme dans les autres genres de la famille se compose d'une radicule et de cotylédons ascendans. Les deux espèces qui le constituent Megacarpæa laciniata et M. angulata D. G. croissent en Sibérie. Ce sont des Plantes herbacées vivaces à feuilles multifides à fleurs

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paniculées très-petites et à fruits d'une grandeur très-considérable pour des fruits de Crucifères; ce qui a déterminé la formation du nom générique. (G..N.)

* MÉGACÉPHALE. OIS. Espèce du genre Engoulevent. V. ce mot. (DR..Z.)

MÉGACÉPHALE. Megacèphala. INS. Genre de l'ordre des Coléoptères section des Pentamères famille des Carnassiers terrestres tribu des Cicindelètes établi par Latreille et ayant pour caractères: deux palpes à chaque mâchoire dont les extérieurs sont notablement plus courts que ceux de la lèvre; mandibules très-fortes; les trois premiers articles des tarses antérieurs des mâles dilatés presque en forme de triangle renversé placés bout à bout; corps épais simplement oblong avec le corselet plus large que long ou à diamètres presque égaux légèrement plus élevé dans son milieu; abdomen ovalaire comme coupé transversalement à sa base. Ce genre se distingue des Cicindèles avec lesquelles il a le plus de rapports par les palpes maxillaires qui dans celles-ci sont plus longs que les labiaux; les pates des Cicindèles sont aussi plus grêles et plus allongées. Les Manticores en sont éloignés par des caractères tirés de la forme générale dü corps; enfin les Thérates en sont séparées parce que leurs palpes maxillaires internes sont remplaces par uné petite épine. La tête des Mégacéphales est grosse avec le front large et plane ou légèrement convexe. Les yeux sont grands et assez peu saillans; la lèvre supérieure est courte transversale ou arrondie et peu avancée; elle laisse les mandibules bien à découvert. Cellesci sont larges fortement dentées et peu saillantes. Le dernier article des palpes maxillaires est légèrement sécuriforme. Les labiaux ont leur premier article allongé et dépassant l'extrémité supérieure de l'échancrure du menton le second est très-court le troisième très-long cylindrique et garni de poils roides et assez longs et le dernier est sécunforme. Le corselet est presque aussi large que la tête à sa partie antérieure: il se rétrécit un peu postérieurement; le milieu de son bord postérieur est un peu prolongé et il recouvre l?eacute;cusson dont la pointe n'atteint pas la base des élytres. Celles-ci sont à peu près de la largeur de la tête plus ou moins allongées; l'avant-dernier anneau de l'abdomen des mâles est très-fortement échancré. Les pates sont longues assez fortes; les tarses sont aussi assez forts et moins allongés que ceux des Cicindèles. Ces Insectes paraissent jusqu?agrave; présent plus répandus dans le Nouveau-Monde que dans l'Ancien où l'on n'en a encore trouvé que deux espèces aptères. Toutes celles de l'Amérique sont ailées. Parmi celles-ci nous citerons:

La MÉGACÉPHALE DE LA CAROLINE Megacephala Carolina Latr. Dej.; Cicindela Carolina Fabr. Oliv. (Col. 2 33 p. 29 n. 31 t. 2 fig 22) Sch. (Syn. Ins. 1. p. 238 n. 8). Elle est longue de cinq à sept lignes d'un beau vert métallique a reflets rouges; les yeux les antennes les organes de la manducation l'anus et les pates sont jaunes; les élytres ont à leur extrémité postérieure une tache jaune oblongue et n'atteignant pas la suture. Elle se trouve dans l'Amérique septentrionale et dans les Antilles; elle a été aussi apportée du Chili par D'Urville. (G.)

MÉGACHILE. Megachile. INS. Genre de l'ordre des Hyménoptères section des Porte-Aiguillons famille des Mellifères tribu dés Apiaires établi par Latreillé et nommé Anthophora par Fabricius qui réunissait à ce genre plusieurs espèces appartenant à des genres bien différens. Les Mégachiles appartiennent à la division des Dasygastres de Latreille (Fam. Naturelles) et les caractères que ce savant assigne à ce genre sont: palpes dissemblables les labiaux en forme de soies écailleuses

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allongées et comprimées; leurs deux premiers articles presque de la même longueur; dessous de l'abdomen des femelles garni d'une brosse soyeuse servant à récolter le pollen des fleurs; labre en forme de carré long et perpendiculaire; mandibules fortes en pince; palpes maxillaires très-petits de deux articles dont le second plus long ou de la longueur du premier presque cylindrique; abdomen triangulaire déprimé. La figure en parallélogramme de la lèvre supérieure des Mégachiles avait été remarquée par Réaumur et il avait observé que cette partie garantissait leur trompe et leur servait en quelque sorte de table lorsqu'elles coupaient des feuilles pour construire leurs nids. Il avait donc distingué les Abeilles solitaires et les avait désignées sous le nom de Coupeuses de feuilles. Cuvier (Tableau élém. etc.) fit de ces Insectes une division particulière. Latreille immédiatement après dans son Mémoire sur l'ordre naturel des Insectes composant le genre Apis de Linné sépara ces espèces et en forma avec quelques autres le genre Mégachile; il le partagea en six sections. Kirby dans sa Monographie des Abeilles avait établi en même temps que Latreille la même division en faisant une coupe du genre Apis. Enfin Latreille a encore travaillé ees coupes (Gen Crust. etc. et Fam. Nat. etc.) et il a conservé son genre Mégachile tel que nous Ta vous caractérisé plus haut. Les Mégachiles ont en général un peu de ressemblance pour leur port avec les Xylocopes et même les Bombus. Leur tête est épaisse; leurs antennes sont filiformes courtes et peu brisées; leurs yeux sont ovales et assez grands. Le corselet de ces Hyménoptères est court rond tronqué et très-obtus postérieurement; leur abdomen est triangulaire tronqué à la base avec le dessous plane soyeux dans les femelles. L'anus dans les mâles est souvent courbé échancré ou dentelé. Leur corps en général n'est pas si velu que celui des Bourdons; souvent une bonne partie de la surface est nue. Leurs pales n'ont pas la longueur de celles des autres Apiaires et servent très-peu au transport du pollen leurs jambes postérieures n'ayant point de palettes et le premier article de leurs tarses n?eacute;tant point dilaté ni en forme de brosse. Les Mégachiles se distinguent des Cératines Chélostomes Hériades et Stélides par la forme de leur corps qui n'est point étroit et allongé comme dans ces genres; elles s?eacute;loignent des Cælioxydes Ammobates et Philerèmes par des caractères tirés de la forme du labre qui est longitudinal ou triangulaire clans ceux-ci; enfin les Anthidies Osmies et Lithurges en sont distinguées par des caractères tirés de la forme de l'abdomen du corselet et des antennes. Ces Abeilles ont encore un caractère qui leur a été reconnu par Jurine et qui a forcé ce naturaliste de les réunir avec des Apiaires très-différentes par l'organisation de leur bouche et par leurs habitudes. Ce caractère est d'avoir une cellule radiale allongée et deux cellules cubitales presque égales dont la seconde reçoit près de chacune de ses extrémités une nervure récurrente. Ces Hyménoptères n'offrent que deux sortes d'individus des mâles et des femelles: ils vivent solitairement. Les mâles sont distingués des femelles par leurs antennes de treize articles quelquefois plus grosses vers le bout; par leurs mandibules plus étroites leurs pates antérieures aussi longues ou plus longues que les suivantes arquées avec les tarses frangés de poils le long de leur côté inférieur quelquefois même dilatés et comprimés. Les jambes des autres pâtes sont souvent épaisses et presque en massue. L'extrémité postérieure de l'abdomen est courbée arrondie ou uès-obtuse et offre souvent une échancrure ou des dentelures au bord postérieur de l'anneau sous lequel les organes sexuels sont situés. Les organes générateurs sont très-forts comparativement à la grosseur de l'insecte;

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ils sont composés de différentes pièces écailleuses dont quelques-unes sont en pince. Les femelles sont chargées seules de la conservation de leur postérité; les travaux qu'elles exécutent à ce sujet montrent qu'elles sont douées d'un instinct admirable. Latreille divise ce genre en deux coupes très-naturelles dont nous allons donner les caractères:

† MÈGACHILES PHYLLOCOPES OU COUPEUSES DE FEUILLES.

Cette division comprend les espèces qui ont les mandibules dentelées et dont les dentelures sont au nombre de quatre; ces espèces ont reçu de Réaumur le nom de Coupeuses de feuilles; elles emploient dans la construction de leurs nids des portions parfaitement ovales ou circulaires de feuilles qu'elles entaillent au moyen de leurs mandibules avec autant de promptitude que de dextérité. Elles les emportent dans des trons droits et cylindriques qu'elles ont creusés dans la terre et quelquefois dans les murs ou le tronc pourri des vieux Arbres; elles tapissent avec ces portions de feuilles le fond de la cavité eu formant une cellule qui a la forme d'un dé à coudre y mettent la provision mielleuse dont la larve doit-se nourrir y pondent un œuf et la ferment avec un couvercle plat ou un peu concave et pareillement de portions de feuilles. Elles font une nonvellé cellule de la même manière en dessus de la première puis une troisième une quatrième et ainsi de suite de manière à ce qu'elles aient rempli leur trou. Nous citerons dans cette division:

La MÈGACHILE DU ROSIER Megachile centuncularis Latr.; Apis centuncularis L.; Anthophora centuncularia Fabr. Réaum. (Ins. VI X). Longue d'environ six lignes noire avec un duvet d'un gris fauve de petites taches blanches et transverses sur les côtés supérieurs de l'abdomen et son dessous garni de poils fauves. Le mâle est décrit par Linné comme une autre espèce sous le nom de Lagopoda.

†† MÉGACHILES MAÇONNES.

Les mandibules des espèces de cette division n'ont qu'une petite échanerure sous leur extrémité; leur corps est seulement plus velu et ressemble un peu à celui des Bourdons ou des Xylo copes; leurs antennes paraissent être proportionnellement plus longues. Les femelles construisent leurs nids avec de la terre très-fine dont elles forment un mortier; elles l'appliquent sur les murs exposés au soleil contre des pierres ou bien elles en forment des boules qu'elles attachent à des branches de Végétaux. Ce nid devient très-solide et ressemble à une motte de terre; il contient dix à douze cellules dans chacune desquelles est déposé un œuf avec de la pâtée mielleuse pour la nourriture de a larve qui se file une coque pour se changer en nymphe et devient Insecte parfait au commencement du printemps: il s'ouvre un passage à travers les parois de sa prisou à l'aide de ses mandibules. Ces Mégachiles ont des ennemis dans les larves d'une espèce de Clairon (Apiarius) et dans celles du Leucospis dorsigera. Ces deux Insectes ont soin de déposer un œuf dans le nid un peu avant la Mégachile et il en sort une larve qui dévore bientôt celles de la propriétaire et se développe dans son habitation. A cette division appartient l'espèce suivante:

MÉGACHILE SICILIENNE Mègachile Sicula Latr.; Apis Sicula Rossi (Faun. Etrus. mantis. 2 tab. 4 fig. D d E). Noire velue avec le front le dessus du corselet et les pieds d'un fauve vif et les ailes d'un violet tirant sur le noir foncé. Cette espèce construit un nid de plus d'un pouce de diamètre sphérique et tres-dur; elle l'attache aux branches des Arbrisseaux tels que la bruyère. On le trouve en Egypte en Sicile et Payraudeau qui vient de faire un voyage en Corse pour y faire des observations de zoologie en a rapporté plusieurs indi-

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vidus et des nids comme ceux que nous venons de décrire. Le Megachile muraria figuré par Réaumur (t. 6 pl. 7 et 8) et par Schæffer appartient à cette division.

D'autres Hyménoptères appartenant à des genres différens ont été décrits sous le nom de Mégachile. Ainsi on a appelé.

MÉGACHILE CONIQUE un Cælioxide.

MÉGACHILE TRÈS-PONCTUÉE AUX AILES NOIRES des Stélides.

MÉGACHILE GRANDES DENTS DES CAMPANULES DES TRONCS des Chélostomes et des Hériades.

MÉGACHILE BICORNE DU PAVOT des Osmies.

MÉGACHILE CINQ CROCHETS une Anthidie. (G.)

* MÉGADÈRE. Megaderus. INS. Genre de l'ordre des Coléoptères section des Pentamères famille des Longicornes tribu des Cérambycins établi par Dejean et Latreille qui ne donnent pas ses caractères. Ce genre a pour type le Callidium stigma de Fabricius. (G.)

MÉGADERME. Megaderma. MAM. V. VESPERTILION.

* MÉGAGNATHE. Megagnathus. INS. Genre de de Coléoptère établi par Dejean et que Latreille nomme Prostomis. V. ce mot. (G.)

* MEGALOCARPÆA. BOT. PHAN. Pour Megacarpæa. V. ce mot. (G..N.)

MÉGALODONTE. Megalodontes. INS. Genre de l'ordre des Hyménoptères section des Térébrans famille des Porte-Scies tribu des Tenthredines établi par Latreille et nommé Tarpa par Fabricius Cephaleia par Jurine et Diaprion par Schrank. Les caractères de ce genre sont: tête arrondie grande; mandibules allongées étroites fortement bidentées à leur extrémité; fausse trompe allongée; antennes sétacées composées d'un grand nombre d'articles en scie ou presque pectinées.

Ces Hyménoptères ont beaucoup de repports avec les Cephaleias de Jurine; ils ont comme ces derniers deux cellules radiales et quatre cellules cubitales; ils ont aussi la tête grande les mandibules allongées I'abdomen aplati et les quatre jambes postérieures munies de deux épines dans leur milieu outre les deux de l'extrémité; mais ils s'en distinguent pourtant bien par les antennes qui sont pectinées tandis qu'elles sont simples dans les Cephaleia ou Pamphilies de Latreille (Lyda Fab.). Les Lophyres s'en éloignent par leurs antennes en panache; les Céphus ont les antennes plus grosses vers le bout; enfin les Tenthrèdes Hylotomes etc. s'en éloignent parce que ces genres n'ont pas plus de onze articles aux antennes tandis que les Mégalodontes en ont douze et audelà. Les larves de ce genre n'ont point de pates membraneuses et l'extrémité postérieure de leur corps se termine par deux cornes; elles vivent de feuilles qu'elles plient souvent pour s'y tenir cachées. Klüg daus sa Monographie de la famille des Tenthredines mentionne deux espèces de ce genre; nous citerons:

Le MÉGALODONTE CéPHALOTE Megalodontes cephalotes Latr.; Tarpa cephalotes Fabr. Klüg. De six à sept lignes de long; corps très-noir et luisant; tête grande avec trois points entre les yeux et deux petites taches postérieures en croissant et de couleur jaune; antennes roussâtres; corselet ayant une ligne verdâtre en devant; abdomen portant cinq raies transversales en forme d'anneaux dont l'extérieure plus grande jaunes; pates roussâtres. Cette espèce est rare en France. La seconde espèce est d'Allemagne; Klüg la nomme Plagiocephalus: c'est le Tenthredo cephalotes de Fabricius. (G.)

MÉGALONIX. MAM. FOSS. Le célèbre président des Etats-Unis Jefferson a le premier donné ce nom à l'Animal auquel avaient appartenu quelques ossemens trouvés en 1797 dans une caverne des montagnes calcaires du comté de Greenbriar en

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Virginie: l'inspection d'ongles trèslongs recourbés et acérés avait porté à croire que ces fragmens pouvaient être ceux d'un Carnassier voisin des Chats ou des Ours de la taille environ d'un Bœuf. Cuvier pensa au contraire que le Mégalonix se rapprochait plutôt des Paresseux ou Bradypes et des Fourmiliers présomption fondée non-seulement sur les formes et les rapports de position de divers os des membres mais encore sur la nature d'une dent qui lui a présenté une sorte de cylindre d?eacute;mail rempli par une substance osseuse mais dont la couronne était creuse dans son milieu. Le Mégalonix aurait été un Herbivore analogue principalement aux Bradypes par la lenteur de ses mouvemens mais dont la grande taille s'opposait probablement à ce que comme les espèces actuelles de ce genre il pût fréquemment monter aux Arbres. Cuvier regarde en définitive le Mégalonix comme une espèce de son genre Mégathérium. V. ce mot. (C.F.)

* MÉGALOPE. Megalopa. CRUST. Genre de l'ordre des Décapodes famille des Macroures tribu des Galathines établi par Latreille (Fam. Nat. du règne Anim.) qui ne donne pas ses caractères. Ce genre est placé entre les Janira de Risso et les Galathées et Porcellanes. (G.)

MÉGALOPE. Megalopus. INS. Genre de l'ordre des Coléoptères section des Tétramères famille des Eupades tribu des Sagrides établi par Fabricius et ayant pour caractères: languette profondément échancrée; pointe des mandibules entière; antennes courtes presque en scie; dernier article des palpes finissant eu pointe. Ce genre se distingue de ceux d'Orsodacne et de Sagre par le corselet qui dans ceux-ci est cylindrique et par les antennes qui sont simples dans ces derniers: il s?eacute;loigne des Mégascelis et des Donacies par des caractères tirés de la forme ou corps et des antennes. Les Mégalopes ont la tête inclinée dégagée du corselet et plus large qqe lui; leurs yeux sont grands fortement échancrés en devant et ayant par derrière un sinus large et peu profond. Leurs antennes sont presque en scie insérées vers le bord interne de la partie antérieure des yeux et composées de onze articles dont le premier est assez long en massue; le second plus court presque en cône renversé; les autres s'élargissent de plus en plus à leur partie antérieure et forment chacun une espèce de dent de scie. La bouche est avancée; les mandibules sont proéminentes étroites allongées aiguës avec leur extrémité entière: elles se croisent l'une sur l'autre. Les mâchoires sont cornées bifides; lelobe extérieur est grand très-velu à son extrémité et l'intérieur est court et fortement cilié au bord interne. Les palpes sont égaux filiformes; leur dernier article est allongé conique très-aigu; les maxillaires sont composés de quatre articles dont le premier très-court le second allongé et le troisième court et pointu. La lèvre est bifide ses divisions sont trèsallongées obtuses et ciliées. Le cors selet est un peu plus étroit que la tâte presque carré moins large que les élytres et rebordé à sa partie postérieure. L?eacute;cusson est triangulaire et très-distinct; les élytres sont longues presque coupées transversalement à leur partie antérieure et arrondies postérieurement; elles recouvrent entièrement l'abdomen. Les pâtes sont fortes avec les cuisses postérieures souvent renflées; les jambes intermédiaires et postérieures sont ordinairement arquées; les tarses sont assez courts garnis de pelotes en dessous; leur pénultième article est plus ou moins bilobé; le dernier est terminé par deux crochets' forts simples et aigus.

Ce genre qui ne se composait que de deux especes quand Fabricius l'a établi en renferme à présent une quinzaine au moins; ce sont des Insectes propres au nouveau continent et surtout au Brésil; leurs mœurs ne

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sont pas connues; mais il est probable qu'ils vivent sur les feuilles dès Végétaux. Nous citerons:

Le MÉGALOPE NIGRICORNE Megalopus nigricornis Fab. Latr. Hist. Nat. des Crust et des Ins. T. II p. 398; Oliv. Col. T. VI n° 96 bis pl. 1 fig. 2. Il est jaunâtre avec les antennes la majeure partie de la téte une tache sur le corselet deux autres à la base des cuisses des pieds postérieurs leurs jambes et leurs tarses noirs; les élytres sont d'un verdâtre gris pubescentes ponctuées avec les bords extérieurs et internes et une ligne près des épaules noirs. Cet Insecte a été rapporté de l?icirc;le de la Trinité par Maugé. (G.)

* MEGALOPE. POIS. Sous-genre de Clupe. V. ce mot. (B.)

MÉGALOPTÈRES. Megaloptera. INS. Tribu de l'ordre des Névroptères section des Filicornes famille des Planipennes établie par Latreille (Gen. Crust. et Ins.) et à laquelle il a donné le nom de Semblides. Ces Névroptères font le passage des Raphi dines aux Perlides; ils ont cinq articles à tous les tarses et le prothorax grand en forme de corselet plus ou moins allongé. Les ailes sont couchées horizontalement ou en toit; le côté interne des inférieures est courbé ou replié en dessous. Les antennes sont filiformes ou sétacées; quelquefois pectinées. Les palpes maxillaires sont avancés un peu plus grêles au bout et le dernier article est souvent plus court. Ces Insectes sont aquatiques et carnassiers dans leur premier âge et ils ne sont sujets qu?agrave; des métamorphoses incomplètes. Cette tribu est divisée en trois genres: Corydale Chauliode et Sialis. V. ces mots. (G.)

MÉGALOSAURE. Megalosaurus. REPT. FOSS. Très-grande espèce de Reptile fort voisine du Geosaurus (V. ce mot au Supplément) découverte dans les bancs d'Oolite de Stonesfield près d'Oxford et qui paraît avoir été intermédiaire aux Lacertiens et aux Crocodiliens. « Si l'on pouvait donner le nom de Lacerta gigantea dit Cuvier (Oss. Foss. T. v part. 2 p. 343) à un autre Animal que celui de Maëstricht (V. MOSOSAURUS) c'est l'espèce dont il est ici question qui le mériterait; son fémur long de trente-deux pouces anglais annoncerait en lui supposant les proportions d'un Monitor une longueur totale de plus de quarante cinq pieds-de-roi et même s'il y a de ces fémurs de quatre pieds et plus comme on l'a dit sa longueur serait encore plus étonnante; mais il est probable que sa queue n'est pas si longue à proportion; en le comparant seulement au Crocodile on lui donnerait toujours plus de trente pieds. ff C'est le professeur Buckland qui a fait depuis une douzaine d'années la découverte des débris de ce monstre do l'antique création etqui l'a fait connaître dans les Transactions de la Société géologique de Londres (T. 1 part. II pour 1824). Malheureusement ces débris n?eacute;tant pas bien nombreux il est douteux qu'ils aient appartenu à un même individu. Ils consistent en des fragmens de mâchoires en un fémur en une suite de cinq vertèbres en un grand os plat et en quelques autres os moins déterminables dont une partie paraît avoir été roulée et usée par le frottement. Le plus remarquable de ces os est celui que Cuvier (loc. cit.) figure pl. XXII 17 et qui est plat un peu concave à la face représentée un peu convexe à l'autre plus mince vers le bord arqué a b épais surtout à la grosse apophyse c. α Le seul os dit l'illustre professeur avec lequel je puisse trouver à ce Fossile quelque analogie c'est l'os caracoïdien d'un Saurien; a b serait le bord sternal qui s'insérerait dans la rainure du disque rhomboïdal du sternum; c le col qui s'articulerait à l'omoplate; d l'apophyse du bord antérieur; mais il faudrait supposer que la facette humérale est beaucoup plus profon-

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de le col beaucoup plus long le bord du sternum plus étendu etc. ff Nous ne suivrons pas l'auteur dont nous venons d'emprunter les propres paroles dans toutes les suppositions au moyen desquelles il reconstruit l'Animal gigantesque dont il est question; mais on reconnaît ici une preuve de plus de cette unité de composition au moyen de laquelle l'examen de la moindrepartie d'un Animal perdu suffit à Cuvier pour figurer un squelette aussi en détail aussi exactement que s'il eût été préparé par Valenciennes ou Laurillard dans les ateliers du Muséum d'Histoire Naturelle. Cependant d'après l'article NATURE que le Dictionnaire de Levrault doit au professeur Cuvier on croirait entrevoir que ce savant ne reconnaît pas le système de l'unité de composition; mais la contradiction n'est qu'apparente comme il en a déjà été touché quelque chose au mot MATIÈRE et comme il sera prouvé à l'article MOSOSAURE. Ce point est fort important à établir dans la recherche de la vérité; l'autorité d'un nom comme celui de Cuvier pouvant éloigner d'une opinion évidemment sienne des lecteurs superficiels qui ne devineraient pas que c'est en vertu de ces lois générales d'unité de composition qui font qu'un organe ou qu'une forme en commandent quelau'autre qu'une dent ou que le fémur d'un Animal suffisent pour en décrire non-seulement le squelette mais pour vous révéler quelles en furentles mœurs les allures et jusqu'au pelage etc. Quoi qu'il en soit le lieu del'Oxfordshire où l'on a découvertles restes du Mégalosaure est un banc de Schiste calcaire qui devient sablonneux en quelques endroits. Cette pierre que l'on exploite pour en couvrir les maisons est placée un peu au-dessous de la région moyenne des couches oolitiques et au-dessus du Lias qui contient les Ichthyosaures. Comme une telle disposition se retrouve en Bavière il y a lieu de eroire qu'on y retrouvera des restes de Mégalosaure car il n'est pas probable que la nature eût confiné cet Animal dans un recoin seulement de l'Angleterre. C?eacute;tait au reste toujours selon Cuvier un Animal marin grand comme une petite Baleine et très-vorace. On en trouve les os confondus avec des os d'Oiseaux qu'on a reconnus pour des Echassiers et des Didelphes selon le professeur Buckland; le tout est confondu avec des Ammonites des Trigonies des Bélemnites des Nautiles des dents de Squales ou autres Poissons et même avec des élytres de plus d'une espèce de Coléoptères. (B.)

MÉGALOTIS. Megalotis. MAM. Aucun Animal n'a plus que le Fennec occupé les naturalistes; aucun n'a été le sujet de plus de doutes de contestations et d'erreurs. On est étonné de le voir placé tantôt parmi les Carnassiers et regardé alors par les uns comme un Chien par d'autres comme une Marte tandis qu'une troisième opinion celle d'Illiger faisait du même Animal le type du nouveau genre Megalotis; au contraire considéré tantôt comme un Rongeur voisin des écureuils ou comme un Quadrumane du genre Galago; enfin recevant successivement les noms de Zerdo Zerda Fennec Mégalotis et la singulière dénomination d'Animal anonyme. Suivant l'un il habite les sables du désert de Sahara où il se creuse des terriers; et ajoute-t-on. la bienfaisante nature ne lui a pas donné de trous auditifs parce que le sable aurait pu l'incommoder en pénétrant dans ces ouvertures. Suivant un autre il habite les forêts de Palmiers se tenant habituellement sur la cime élevée de ces Arbres. Un troisième nous le dépeint encore comme vivant dans les herbes et le foin. Enfin frappés de toutes ces contradictions quelques zoologistes en venaient à supposer que l'Animal anonyme n'était qu'une espèce nominale quand d'autres ont annoncé que le Zerdo existait réellement et qu'il doit former un genre particu-

TOME X. 20

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lier où l'on peut même compter deux espèces.

Après une si grande et si extraordinaire diversité d'opinions on ne savait plus que penser du Zerdo quand deux savans zoologistes visitant presque à la même époque le Muséum zoologique de Francfort y virent un Mammifère envoyé de Dongola par le voyageur Ruppel et que tons deux reconnurent pour le véritable Zerdo. L'un de ces deux zoologistes est le savant Temminck qui dans le prospectus de ses Monographies de Mammalogie a annoncé qu'il ferait enfin connaître l'Animal anonyme en ajoutant qu'il appartient réellement au genre Canis; l'autre est le docteur Sigismond Leuckart de Heidelberg qui publia (Isis 1825 deuxième cahier) sur le Fennec un mémoire ex-professo auquel nous emprunterons les détails suivans.

Leuckart pense comme Temminck que ce Quadrupède appartient réellement au genre Canis et qu'ainsi le genre Megalotis d'Illiger ou Fennecus de Lacépède doit être supprimé. Il était surtout important dit Leuckart (nous traduisons à peu près littéralement) d'examiner les dents et c'est ce que nous pûmes faire quoique l'Animal fût déjà empaillé grâce à la complaisance du docteur Cretzschmar qui est l'administrateur et pour ainsi dire l'ame de cette collection. Nous fûmes à l'instant convaincus que cet Animal comme l'indiquaient tous ses caractères extérieurs appartient au genre Canis et même au sous-genre des Renards avec lequel il a les rapports les plus intimes. C'est au Canis Corsac qu'il ressemble davantage et on peut le placer à côté de ce dernier. La tête d'un Renard nous servait de terme de comparaison et nous reconnûmes que les dents sont exactement en même nombre et de même forme que chez ce Carnassier auquel il ressemble aussi par les pieds le nombre des doigts et la forme de la quene: les membres sont seulement plus hauts et plus grêles à proportion. La tête ne diffère sensiblement que par l?eacute;norme grandeur des oreilles: cependant le front est aussi proportionnellement plus large. La description qu'en donne Bruce rend très-mal la forme et la disposition des oreilles: les poils du bord interne sont longs et de coulear blanche et couvrent le trou auditif de manière que le sable ne peut y pénétrer; le bord exterue est également blanc et le reste est couvert de poils courts d'un rouge jaunâtre. On voit aussi entre l'angle interne de l?oelig;il et la bouche une tache d'un jaune brunâtre; mais lout le reste de la tête est blanc jusqu'aux oreilles et cette couleur passe insensiblement en arrière an jjaune de paille. Les moustaches sont de même blanches. Les parties supérieures du corps sont d'un jaune de paille; les inférieures d'un blanc légèrement jaunâtre. Cette dernière nuance est aussi celle des jambes antérieures et de la plus grande partie des postérieures. Les poils laineux assez longs et mols Sont blancs; les soyeux sont également très-doux; ils sont blancs à leur racine puis annelés de jaune de paille et de blanc et terminés enfin de jaune de paille: quelques-uns répandus çà et là ont cependant la pointe noire. La queue est généralement et surtout à sa partie supérieure d'un jaune brunâtre seulement plus noir à sa racine et à son extrémité: elle est d'ailleurs touffbe et couverte d'assez longs poils. ff Quant aux mœurs de cet Animal Leuckart paraît n'avoir pu obtenir aucun renseignement certain; mais comme il le dit il est probable qu'il vit dans des terriers et se nourrit de petits Quadrupèdes d'Oiseaux et d'Insectes. « C'est d'ailleurs certainement à tort ajoute-t-il qu'on a dit de cette espèce qu'elle peut vivre sur les Arbres et se nourrir de Végétaux et les personnes qui l'ont assuré à Bruce la confondaient sans doute avec une autre peut-être avec le Galago Senegalensis lui-même; ff remarque qui nous explique pourquoi quelques naturalistes

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français n'ont vu dans IffAnimal anonyme quffune espèce de ce genre de Quadrumanes. Leuckart propose de nommer le Zerdo Canis Zerda C. pygmæus C. Saharensis ou C. Megalotis; mais Desmarest ayant décrit sous ce dernier nom dans les supplémens de sa Mammalogie une nouvelle espèce de Renard apportée dffAfrique par Delalande (c'est le Renard Delalande de ce Dictionnaire) on sffexposerait en l'adoptant pour un autre Animal à jeter de la confusion dans la synonymie. (IS. G. ST.-H.)

* MÉGAPODE. Megapodius. OIS. Genre de l'ordre des Gallinacés. Caractères: bec faible droit un peu fléchi vers la pointe aussi large que haut à la base; mandibule inférieure droite dont les bords sont de niveau avec ceux de la supérieure; narines placées vers le milieu du bec et un peu plus près de la pointe que de la base ovoìdes ouvertes; fosses nasales longues couvertes dffune membrane entièrement garnie de petites plumes; région des yeux nue; pieds grands forts; tarse dffune longueur presque double de celle du doigt intermédiaire; quatre doigts longs trois en avant à peu près égaux lffinterne uni à sa base à lffintermédiaire lffexterne divisé un en arrière posant à terre dans toute sa longueur; ongles très-longs faiblement courbés trigones déprimés; ailes médiocres; deux premières rémiges plus courtes que la troisième et la quatrième qui sont les plus longues.

Lffexpédition de découvertes autour du monde commandée par le capitaine Freycinet nous a donnéles premiers indices de lffexistence de ce genre qui vient augmenter la tribu des Gallinacés. Plus récemment encore le professeur Reinwardt chargé par le gouvernement des Pays-Bas dffexplorer les productions naturelles de ses possessions dans lffInde a été assez heureux en pouvant ajouter aux deux espèces découvertes par les docteurs Quoy et Gaimard une troisième et taéme la certitude de lffexistence dffune quatrième espèce beaucoup plus forte et plut forte et plus grande que les autres. Reinwardt ainsi que Quoy et Gaimard ont rencontré ces espèces aux Moluqués. On peut attribuer à lffextrême timidité de ces Oiseaux lffignorance où lffon a été de leur existence depuis que tant de voyageurs ont visité les Moluques car il paraît que malgré les efforts des habitans des contrées presque sauvages où ces Oiseaux se trouvent très-multipliés on nffa pu encore parvenir à leur faire subir entièrement le joug de la domesticité; cependant sous plus dffun rapport ils présentent de grandes ressources pour lfféconomie générale comme gibier délicieux et en raison de leur excessivé fécondité. Lffhistoire de leurs mæurs est encore très-peu connue: ils se tiennent de préférence sur les limites des grandes forêts qui avoisinent les côtes et ils sffy réfugient à lffapproche de lffHomme dont ils paraissent redouter fortement la présence; sffils sont surpris en plaine ou sur les plages maritimes à lffapparence du moindre danger ils partent avec la vitesse dffun trait et vont se cacher dans les broussailles les plus impénétrables à travers lesquelles ils courent avec une rapidité incroyable. Leur cri est une espèce de gloussement dont lffintensité a paru assez faible à ceux qui ont pu lffentendre. Leur fécondité doit être très-grande si lffon en juge par lffétonnante quantité dffœufs que lffon trouve disséminés sur le sol dans les trous et recouverts de sable de feuilles et de débris de Végétaux; cffest dans ces trous creusés par les femelles que oelles-ci les déposent sans sffassujettir au besoin de lffincubation qui sffopère à la faveur des rayons du soleil habitude assez extraordinaire chez les Gallinacés qui pour la plupart montrent envers leur progéniture une vive tendresse. Ces æufs sont dffun volume considérable et hors de toute proportion avec la taille de lffOiseau; ils sont fort arrondis dffégale grosseur aux deux bouts et procurent un mets très-recherché des sauvages.

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Chez les espèces observées jusquffàce jour la différence entre les sexes est presque nulle.

MÉGAPODE DE FREYCINET Megapodius Freycinetii Gaim. Voy. autour du monde pl. 32; Temm. Ois. color. pl. 220. Parties supérieures dffun brun noirâtre les inférieures dffune nuance plus claire; tête garnie de plumes étroites et effilées susceptibles de se relever en huppe; cou presque nu recouvert çà et là de quelques faisceaux de plumes courtes et noires de même que la peau; bec et pieds bruns. Taille treize pouces. Cette espèce paraît être fort abondante sur les îles Vaigiou et Boni où on les a trouvés presque à lffétat de domesticité; leur démarche est lente et quelquefois ils font entendre un petit cri assez fréquemment répété qui a beaucoup dffaualogie avec le gloussement de la Poule.

MÉGAPODE DE LA PÉROUSE Megapodius Laperousii Gaimard Voy. autour du monde pl. 33. Parties supérieures brunes avec lffextrémité des plumes variée de roux; plumes du sommet de la tête et de la nuque effilées et susceptibles de se redresser en huppe dffun brun clair; peau nue du cou dffune teinte jaune tirant sur le rougeâtre; parties inférieures dffun roux clair; bec et pieds noirâtres. Taille neuf pouces six lignes. Des îles Marianes.

MÉGAPODE DE REINWARDT Megapodius Reinwardtii Temm. Parties supérieures dffun brun olivâtre; cou totalement couvert de plumes dffun brun ardoisé; parties inférieures dffun brun noirâtre; bec blanchâtre; pieds bruns; doigts noirâtres. Taille douze pouces. Des Moluques. (DR..Z.)

* MEGA-REKECLAPODÁ. REPT. OPH. (Russel.) Nom de pays de lffHélène espèce du genre Couleuvre. V. ce mot. (B.)

* MEGARIMA. CONCH. Rafinesque (Journ. de Physiq. T. LXXXVIII p. 427) a proposé sous ce nom un genre quffil sépare des Térébratules sur dos caractères de trop peu de valeur pour quffil puisse être adopté. V. TÉRÉBRATULE. (D..H.)

* MEGASCELIS. Megascelis. INS. Genre de lffordre des Coléoptères section des Tétramères famille des Eupodes tribu des Chrysoméliues établi par Dejean (Catal. des Coléopt.) et adopté par Latreille (Fam. Nat. du Règn. Anim.). Ce genre dont les caractères ne sont pas encore publiés était placé par Dejean près des Mégalopes Sagres et Donacies à cause des formes générales de son corps mais Latreille pense quffon doit le ranger près des Colaspis et surtout près du Colaspis ulema. (G.)

* MÉGASEA. BOT. PHAN. Le Saxifraga crassifolia L. forme le type dffun nouveau genre établi sous le nom de Megasea par Haworth (Saxifragearum Enumeratio p. 6) qui lui attribue pour caractères essentiels: un calice campanulé à cinq lobes mellifère dans sa partie inférieure; cinq pétales persistans; des étamines soudées avec le calice près de ses lobes; un ovaire supère; deux capsules réunies seulement par la base. Indépendamment du Saxifraga crassifolia lffauteur de ce genre y réunit trois autres Plantes sous les noms de M. cordifolia media et ciliata. Ces espèces croissent en Sibérie et dans les montagnes de Napaul. (G..N.)

MEGASTACHYA. BOT. PHAN. Genre de la famille des Graminées et de la Triandrie Digynie L. établi par Beauvois (Agrost. p. 74 tab. 15 fig. 5) pour les espèces du genre Poa et Briza qui offrent les caractères suivans: les fleurs sont disposées en une panicule rameuse et forment des épillets allongés composés de fleurs imbriquées et distiques; la lépicène est bivalve et contient de cinq à vingt fleurs; la paillette inférieure de la glume est émarginée et offre un petit mucrone dans son échancrure; la paillette supérieure est bifide; le style est biparti terminé par deux stigmates velus; le fruit est allongé dépourvu de sillon et dégagé des valves de la glume. Ce genre qui ne

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doit être considéré que comme une simple section des Poa a pour type le Poa megastachya ou Briza Eragrostis L. On y rapporte encore les Poa pilosa amabilis badensis ciliaris elongala hypnoides etc. V. PATURIN. (A. R.)

MÉGATHÈRE. Megatherium. MAM. FOSS. Grand Mammifère dont aucun iudividu nffa été vu vivant et qui nffest connu que par quelques squelettes trouvés presque entiers dans lffAmérique méridionale et notamment au Paraguay dffoù lui est venu le nom dffAnimal du Paraguay. Le seul cabinet de Madrid possède deux de ces squelettes dont lffun presque complet a été trouvé à près de cent pieds de profondeur dans des excavations faites au milieu du terrain dffalluvion des bords de la rivière de Luxan non loin de Buenos-Ayres. Cuvier qui a créé le nom de Megatherium en fait le type dffun genre nouveau de lffordre des Edentés voisin des Bradypes des Fourmiliers et des Tatous. Ce genre renferme jusquffà présent le Megatherium proprement dit et le Mégalonix. Ces deux Animaux perdus pouvaient avoir une taille supérieure à celle du Bœuf. On pense quffils avaient à chaque membre cinq doigts forts et armés dffongles arqués et crochus comme le sont ceux des divers Edentés connus. Dans le squelette du Megatherium on remarque une longue apophyse aplatie qui descend de la base antérieure de lffarcade zygomatique de môme que dans les Bradypes ou Paresseux et dffun autre côté il paraît que lffon a découvert dernièrement que comme dans les Tatous la peau du grand Animal fossile était fortifiée par des plaques polygones ossifiées dans son épaisseur; les mâchoires du Mégathère étaient seulement garnies de quatre dents molaires de chaque côté prismatiques carrées à couronne marquée de collines transversales séparées par un sillon. Cet Animal avait la tête peen proportion de son corps qui selon toute apparence était lourd et massif et porté par des membres très-robustes particulièrement les postérieurs qui bien que plus courts que les antérieurs (ainsi que cela se voit encore dans les Paresseux) ne lffétaient pas dffune manière aussi disproportionnée que dans ces derniers Animaux. Lffavant-bras était formé de deux os distincts qui rendaient le mouvement de torsion possible disposition qui avec lffexistence dffune très-forte clavicule et dffongles trèsforts a fait présumer que le Megatherium pouvait se servir de ses ex-trémités antérieures pour saisir et peut-être même pour grimper; la brièveté des os du nez a fait également présumer à Cuvier par analogie avec ce que présentent les mêmes parties dans lffEléphant et le Tapir que le Megatherium pouvait être pourvu dffune trompe courte à la vérité dffaprès ce quffindique la longueur moyenne du col. La forme des dents suffît pour distinguer le Mégalonix deuxième espèce du genre Megatherium et dont jusquffà présent on nffa vu que quelques os séparés dans les terrains meubles de lffAmérique méridionale. V. MÉGALONIX. (C. P.)

MÉGATOME. Megatoma. INS. Genre de lffordre des Coléoptères section des Pentamères famille des Clavicornes tribu des Dermestins établi par Herbst et dont les caractères sont: pré-sternum recouvrant une partie de la bouche; antennes pouvant se loger en grande partie dans des excavations ou fossettes longitudinales des côtés inférieurs du corselet une de chaque côté. Ces Insectes ont été confondus avec les Dermestes et les Attagènes mais ils en diffèrent par leur pré-sternum qui ne recouvre pas la bouche et par leurs antennes qui ne sont point logées dans des fossettes des côtés du corselet. La massue des antennes des Mégatomes est généralement plus longue et terminée par un article plus grand que le précédent souvent même

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très-allongé dans les mâles tabdis que dans les Dermestes les trois articles composant cette massue qui est dffailleurs plus grosse et de forme à peu près identique dans les deux sexes vont en diminuant de grandeur de manière que le second est plus petit que le premier mais plus grand que le troisième ou le dernier; celui-ci est presque en forme de bouton; il est plus ou moins conique ou triangulaire dans les Mégatomes; leur avant-sternum est plus saillant et plus convexe et sffavance même sous la bouche dans plusieurs; le corps est ordinairement plus court et plus large. Le type de ce genre est:

Le MÉGATOME SERRICORNE Megatoma serra Latr. (Gen. Crust. et Ins. T. II p. 35 pl. 8 fig. 10); Attagène cornes en scie (Ibid. Hist. Nat. des Crust. et des Ins. p. 244); Dermestes serra Fabr. Long dffà peu près deux lignes dffune couleur de poix noirâtre luisant avec les antennes et les pates légèrement colorées de brun jaunâtre. Il se trouve dans les environs de Paris sous les écorces des Ormes. (G.)

* MÉGÈRE. INS. Papillon du genre Satyre. (G.)

MÉGILLE. Megilla. INS. Fabricius a donné ce nom à un genre dffHyméooptères composé des Anthophores de Latreille et de quelques espèces de ses genres Nomie Halicte et Cératine. V. ces mots. (G.)

MEGISTANES. OIS. Nom donné par Vieillot dans sa Méthode ornithologique à l'une de ses familles qui comprend les genres Autruche Nandou Casoar et Emou. (DR..Z.)

* MÉGOPHRYS. REPT. BATR. Kuhl naturaliste hollandais qui voyage en ce moment par ordre du roi des Pays-Bas dans les îles de Java et de Sumatra établit sous ce nom un genre nouveau parmi les Batraciens qu'il dit différer des Grenouilles par sa tète anguleuse avec un prolongement de peau en forme de corne qui surmonte les paupières supérieures; il nffen décrit quffune espèce M. montana voisine du Bufo cornutus L. (B.)

MEHENBETÈNE. BOT. PHAN. (Bauhin.) Le fruit du Canarium. V. ce mot. (B.)

MEHLSPATH. MIN. Cffest le nom que lffon donne aux environs de Weimar et en Thuringe à un Calcaire compacte de couleur bleuâtre et jaunâtre. (G. DEL.)

* MEIBOMIA. BOT. PHAN Plusieurs espèces placées par Linné dans son genre trop vaste et mal circonscrit des Hedysarum en avaient été exclues par Heister Adanson et Scopoli. Mais ces botanistes nffayant pas mis assez de précision dans les caractères nouveaux du Meibomia on nffa pas cru devoir lffadopter. LffHedysarum Canadense L. regardé comme type de ce nouveau genre a été réuni au Desmodiumpar De Candolle (Prodrom. Syst. Veget. 2 p. 328). (G..N.)

MEILLAUQUE. BOT. PHAN. Vieux nom français du Sorgho dffoù les noms de MILLOC et MILLOQUE quffon donne encore dans certaines parties du midi de la France particulièrement dans les Landes à cette Graminée. V. HOUQUE. (B.)

* MEILLET. POIS. (Bonnaterre.) V. COESIO.

MÉIONITE MIN. Hyacinthe blanche de la Somma Romé de lffIsle. Substance blanche soluble en gelée dans les Acides fusible au chalumeau en verre spongieux avec bouillonnement et cristallisant en prismes droits à bases carrées terminées ordinairement par des sommets tétraèdres. La forme primitive adoptée par Haüy est le prisme symétrique dans lequel la hauteur est an côté de la base comme 4 est à 9. Ces cristaux sont souvent comme fendillés et serrés les uns contre les autres. Leur cassure transversale est ondulée et brillante. Leur pesanteur spécifique est de 2 612. Ils sont composés dffaprès une analyse de Stromeyer de 40 53 de Silice; 32 72 d'A--

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lamine; 24 24 de Chaux; 1 81 de Soude et Potasse; et par conséquent ils résultent de la combinaison dffun silicate dffAlumine avec un silicate de Chaux. Quelques minéralogistes prétendent que leur formule de composition est la même que celle du Wernérite ou Paranthine avec lequel ils les confondent en une même espèce; lffanalogie complète des formes dans les deux substances vient à lffappui de cette opinion. La Méionite ne sffest encore rencontrée quffen cristaux allongés ou en grains cristallins dans les roches de la Somma où elle est ordinairement accompagnée de Chaux carbonatée lamellaire. Arfwedson a analysé sous le nom de Méionite du Vésuve une substance qui paraît être dffune autre nature puisquffil en a retiré: Silice 58 70; Alumine 19 95; Potasse 21 40; Chaux 1 35; Oxide de Fer 0 40. (G. DEL.)

* MEISCE. BOT. PHAN. (Avicenne.) Le Phaseolus Max L. (B.)

MEISTERIA. BOT. PHAN. (Scopoli.) Syn. de Pacourina dffAublet. V. ce mot. (B.)

MÉJANE. POIS. Les pêcheurs donnent ce nom aux jeunes Dorades. (B.)

MÉLADOS. MAM. Selon Desmarest ce sont des Chevaux quffon peut considérer comme de véritables Albinos dans le genre Equus. Ils sont remarquables par leur couleur dffun blanc de neige et la faiblesse de leurs yeux qui sont bleuâtres. (B.)

MÈLAGASTRE. POIS. Espèce du genre Labre. (B.)

MELALEUCA. BOT. PHAN. Genre de la famille des Myrtinées et de la Polyadelphie Polyandrie L. composé dffun très-grand nombre dffespèces croissant pour la plupart dans lffAustralasie et quelques-unes dans l'Inde. Ce sont des Arbrisseaux ou quelquefois de très-grands Arbres ornés de feuilles persistantes opposées ou verticillés rarement alternes coriaces entières de forme variée suivant les espèces et de fleurs tantôt disposées en épis cylindriques et terminaux tantôt mais plus rarement solitaires; chacune dffelles offre un calice court adhérent par sa base avec lffovaire qui est infère; son limbe est à cinq divisions dressées; la corolle se compose de cinq pétales également dressés dans le plus grand nombre des espèces et se recouvrant en partie latéralement; les étamines sont fort nombreuses disposées en cinq faisceaux dont les androphores sont étroits plus longs que la corolle insérés ainsi que cette dernière à un bourrelet jaunâtre qui tapisse la partie inférieure du limbe calicinal. Lffovaire est infère à trois loges contenant chacune un très-grand nombre dffovules fort pelits cylindriques attachés à un trophosperme saillant qui natt de lffangle interne de chaque loge. Le style est simple cylindrique plus long que la corolle terminé par un stigmate très-petit simple et un peu oblique. Le fruit est une capsule globuleuse ou déprimée ombiliquee à son sommet qui est couronné par les dents du calice à trois loges polyspermes sffouvrant en trois valves par son sommet et son axe seulement; ces trois valves restant réunies à lffextérieur par le calice intimement adhérent avec elles et ne leur permettant pas de se séparer. Chacune de ces valves porte sur le milieu de sa face interne une des cloisons. Les graines sont fort nombreuses très-petites cylindracées et environnées dffune sorte de réseau.

Les espèces de ce genre sont comme la plupart des autres Plantes de la famille des Myrtinées munies dans leurs différentes parties de glandes nombreuses remplies dffune huile volatile très-odorante. Aussi les Melaleuca sont-ils généralement des Arbres aromatiques. Un grand nombre sont cultivés dans nos jardins. Mais comme ils craignent le froid il est nécessaire de les abriter dans lfforangerie pendant lffhiver. Néanmoins dans le midi de la France plusieurs peuvent être facilement cultivés en pleine terre. Nous allons décrire quelques

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ques-unes de ces espèces que l'on voit le plus souvent dans les jardins.

MELALEUCA A FEUILLES DE MILLEPERTUIS Melaleuca hypericifolia Smith. Cette espèce l'une des plus communes dans nos jardins et l'une de celles qui y acquièrentla plus grande hauteur est originaire de la Nouvelle-Hollande. Elle forme un Arbrisseau de douze à quinze pieds d?eacute;lévation. Ses rameaux sont allougés grêles rougeâtres et pendans à leur extrémité. Ses feuilles sont opposées sessiles elliptiques lancéolées aiguës entières glabres d'un vert glauque; celles qui terminent les jeunes rameaux sont rougeâtres et pubescentes. Les fleurs sont trèsgrandes et d'un beau rouge formant un épi ovoïde très-dense et pédonculé. Ses fruits sont gros et ouverts dans leur partie supérieure.

MELALEUCA A BOIS BLANC Melaleuca Leucadendron L. Lamk. Ill. tab. 641 fig. 4. Cette espèce croît dans les Indes-Orientales où elle forme un Arbre d'une hauteur assez considérable ayant une écorce noirâtre subéreuse; des feuilles alternes lancéolées très-aiguës entières marquées de nervures longitudinales glabres les terminales soyeuses et blanchâtres. Les fleurs sont blanches sessiles formant des épis très-allongés.

On retire par le moyen de la distillation des feuilles de cet Arbre une huile volatile fort rare en Europe mais usitée dans l'Inde et que l'on connaît sous le nom d'Huile de Cajeput. Elle est très-fluide transparente d'une belle teinte verte foncée plus légère que l'eau d'une odeur forte aromatique et non désagréable.

MELALEUCA A FEUILLES DE BRUYÈRE Melaleuca ericæfolia Smith. C'est un Arbrisseau d'au moins vingt pieds de hauteur ayant ses rameaux blanchâtres ses feuilles éparses trèsrapprochées linéaires subulées glabres ponctuées un peu recourbées; ses fleurs d'un blanc sale formant de petits épis ovoïdes au sommet des rameaux. Elle est originaire de la Nouvelle-Hollande.

MELALEUCA GENTIL Melaleuca pulchella Willd. Joli petit Arbrisseau de la Nouvelle-Hollande ayant ses rameaux grêles flexibles et pendans à leur extrémité; ses feuilles sont opposées très-petites sessiles lancéolées aiguës entières glabres ponctuées à leur face inférieure. Les fleurs sont d'un beau rouge carmin placées isolément à l'aisselle des feuiles ou réunies de manière à former des épis.

MELALEUCA A FEUILLES DE DIOSMA Melaleuca diosmæfolia Cavan. Arbrisseau de cinq à six pieds de hauteur ayant ses rameaux d'un brun mêlé de blanc; ses feuilles petites marquées d'un rang de points transparens; les fleurs sont pourpres.

On cultive encore dans nos jardins un grand nombre d'autres espèces de ce genre; telles sont les Melaleuca coronata armillaris styphelioides gnidiæfolia nodosa decussata myrtifolia angustifolia etc. Tous ces Arbrisseaux se cultivent de la même manière. Ils doivent être mis en terre de bruyère pure ou mélangée de terre franche. Pendant l'hiver on doit les abriter dans l'orangerie. On les multiplie soit de graines que l'on sème au printemps dans des terrines remplies de terre de bruyère soit par le moyen de boutures sous châssis ou de marcottes par strangulation. Ces Arbrisseaux demandent à être arrosés fréquemment pendant l'été; on doit les rempoter chaque année. (A. R.)

MELAMBO. BOT. PHAN. Ecorce amère et résineuse originaire de l'Amérique méridionale introduite récemment dans la pharmacie et que De Candolle suppose provenir d'une espèce du genre Drymis. (B.)

* MÉLAMÈRE. OIS. Espèce du genre Gros-Bec. V. ce mot. (B.)

MÉLAMPE. Melampus. MOLL. Montfort a formé sous ce nom dans sa Conchyliologie Systématique un

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genre qu'il a séparé des Auricules. Lamarck l'a adopté en lui donnant le nom de Conovule. Enfin ce savant a fini par réunir les Conovules aux Auricules dont elles ne diffèrent pas essentiellement. V. AURICULE. (D.. H.)

MÉLAMPÉLOS. BOT. PHAN. L'un des noms antiques de la Pariétaire. (B.)

MÉLAMPODE. Melampodium. BOT. PHAN. Linné établit ce genre qui appartient à la famille des Synanthérées Corymbifères de Jussieu et à la Syngénésie nécessaire; il le composa de deux Plantes dont on a fait des genres séparés. Ainsi le Melampodium americanum L. est resté le type de celui dont il est question dans cet article tandis que le M. australe L. et Lœfl. a formé le genre Centrospermum de Kunth. Le professeur Richard père constitua dans le Synopsis de Persoon un genre Dysodium qui a les plus grandes affinités avec le Melampodium et qui lui a été réuni par Brown et Kunth; il en a été de mème du genre Alcina de Cavanilles. Cependant Kunth quoique réunissant les trois genres en a formé trois sections mais sans assigner de caractères à chacune de celles-ci. Après ces réformes ou plutôt après ces réunions voici ceux qui distinguent essentiellement le Melampodium: involucres à cinq folioles égales; réceptacle convexe conique muni de paillettes; fleurs du disque tubuleuses mâles; celles de la circonférence en languettes et femelles; akènes sans aigrette striés enveloppés d'une foliole capsulaire. Ce genre ne comprend qu'un très-petit nombre d'espèces toutes indigènes des contrées équiuoxiales de l'Amérique. Ce sont des Herbes ou des Arbustes à feuilles opposées entières à fleurs axillaires et terminales jaunes et solitaires. On cultive avec assez de facilité dans les jardins de botanique les M. longifolium Wild. M. divaricatum Kunth ou Dysodium divaricatum Rich.; et M. perfoliatum Kth. ou Alcina perfoliata Cav. Ces Plantes y fleurissent sur la fin de l?eacute;té (G..N.)

MÉLAMPRASION. BOT. PHAN. (Dioscoride.) Syn. de Ballota nigra L. (B.)

MELAMPUS. OIS. (Gesner.) Syn. de Glaréole tachetée. V. GLARÉOLE. (DR..Z.)

MÉLAMPYRE. Melampyrum. BOT. PHAN. Ce genre de la famille des Rhinanthacées et de la Didynamie Angiospermie L. est ainsi caractérisé: calice tubuleux à quatre divisions peu profondes; corolle tubuleuse comprimée à deux lèvres dont la supérieure est en forme de casque repliée sur ses bords; l'inférieure en gouttière et trifide; quatre étamines didynames; capsule oblongue obliquement acuminée comprimée à deux loges séparées par une cloison opposée aux valves et contenant chacune deux graines. Ce genre présente par ses caractères beaucoup d'affinités avec les Bartsia et Rhinanthus mais il a un port particulier qui permet de le distinguer au premier coup - d?oelig;il. Il se compose d'une dixaine d'espèces presque toutes indigènes des contrées sylvatiques et montueuses de l'Europe. Ce sont des Herbes à feuilles simples opposées et à fleurs situées dans les aisselles des feuilles supérieures ou disposées en épis terminaux et accompagnées de bractées. Elles noircissent par la dessiccation encore davantage que les autres Plantes de la même famille qui toutes sont sujettes à cet inconvénient. Nous décrirons seulement les deux espèces suivantes qui sont trèscommunes par toute la France et surtout aux environs de la capitale.

Le MÉLAMPYRE DES CHAMPS Melampyrum arvense L. vulgairement Blé de Vache Cornette Rougeole etc. a une tige droite haute de deux à trois décimètres ordinairement rameuse garnie de feuilles lancéolées linéaires et pubescentes; ses fleurs sont rouges mêlées de jaune disposées en épis terminaux et accompagnées de bractées d'un rouge de sang découpées sur les bords

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en lanières sétacées. Cette Plante est commune parmi les Blés et les Seigles; ses graines donnent au pain une couleur noirâtre; suivant les uns elles lui communiquent des qualités nuisibles tandis que suivant les autres elles ne l'ahérent en rien. L'abbé Rozier concilie ces opinions opposées en observant que les graines récentes sont encore pourvues de leur eau de végétation d'où dépendent les mauvais effets qu'on leur reproche; elles n'ont au contraire plus rien de malfaisant lorsqu'une parfaite dessiccation a fait disparaître leur humidité. L'herbe du Melampyrum arvense est un trèsbon fourrage pour les Vaches; mais d'après les expériences de Teissier elle vient mal lorsqu'elle est semée seule; il est donc plus convenable pour la nourriture des bestiaux de l'arracher soigneusement d'en purger les Blés à la végétation desquels elle porte un tel préjudice que les cultivateurs italiens la comparent à un feu dévorant et la désignent sous le nom de Fiamma.

Le MÉLAMPYRE DES BOIS Melampyrum sylvaticum L. a une tige totalement glabre haute de trios à quatre décimètres très-rameuse garnie de feuilles très-entières; les fleurs sont blanchâtres ou jaunâtres solitaires dans les aisselles des feuilles. Cette espèce est une de ces Plantes sociales qui concourent à caractériser la végétation de certaines contrées: on la trouve en grande abondance dans les bois; c'est une bonne pâture pour les Vaches qui lorsqu'elles s'en nourrissent fournissent du lait et du beurre de la meilleure qualité. (G..N.)

MÉLANAÉTOS. OIS. (Gmelin.) Syn. de Pygargue. V. AIGLE. (DR..Z.)

MÉLANANTHÈRE. BOT. PHAN. pour Mélanthère. V. ce mot. (B.)

MÉLANCHLÈNES. Melonchlæni. INS. Ce nom qui signifie Habillé de noir avait été donné par Latreille à une division des Carabiques comprenant les genres Licine Harpale et Siagone. V. ces mots. (G.)

MÉLANCHRYSE. Melanchry aum BOT. PHAN. H. Cassini (Bulletin de la Société Philomatique janvier 1817) a établi ce genre qui appartient à la famille des Synanthérées tribu des Arctotidées et à la Syngénésie frustranée L. Voici ses principaux caractères: involucre cylindracé composé de folioles sur deux ou trois rangs un peu inégales imbriquées soudées entre elles par la base et surmontées d'un appendice étalé linéaire et foliacé; réceptacle épais charnu conique alvéolé creusé intérieurement d'une cavité où s'insère le pédoncule; calathide dont les fleurs centrales sont nombreuses régulières hermaphrodites; celles de la circonférence sur un seul rang à corolle tubuleuse en languette dentée au sommet et parfaitement neutres; ovaires couverts de longs poils capillaires dressés et plus longs que l'aigrette qui est composée de paillettes nombreuses inégales linéaires subulées finement denticulées en scie sur les bords. Ce genre a de tels rapports avec le Gazania que nous les croyons susceptibles d?ecirc;tre réunis. V. GAZANIE. Il a pour type une Plante que Cassini regarde comme le vrai Gorteria rigens L. lequel est essentiellement différent de celui qui a été ainsi nommé par Gaertner et qui forme le genre Gazania ou Mutsinia de Willdenow. A cette espèce l'auteur du genre Melanchrysum en a ajouté une seconde qu'il a nommée M. spinulosum mais qui pourrait bien n?ecirc;tre qu'une variété de la précédente. Ces deux Plantes croissent au cap de Bonne-Espérance; on les cultive dans les jardins d'Europe à cause de leurs fleurs les plus belles de toute la famille des Synanthérées surtout lorsqu'elles sont exposées à un soleil ardent. La calathide du M. spinulosum est très-large d'une belle couleur jaune orangée; chaque languette ayant sur sa partie inférieure une grande tache très-noire. Ces Plantes se multiplient au printemps par marcottes que l'on sépare en automne de la souche commune et que l'on

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met dans un pot rempli de bonné terre légère et placé au soleil: il faut les arroser fréquemment pendant l?eacute;té et les conserver dans l'orangerie durant l'hiver. (G..N.)

MELANCONIUM. BOT. CRYPT. (Urédinées.) Ce genre établi par Link est un des plus simples de cette famille; il ne consiste qu'en des sporidies libres non cloisonnées presque globuleuses qui sortent de dessous l'épiderme des Végétaux sous forme pulvérulente. Ce genre diffère donc des Nemaspora par l'absence de substance gélatineuse mêlée aux sporidies et des Cryptosporium de Kunze par ses sporidies presque globuleuses et non fustformes; et enfin des Stilbospora dont plusieurs espèces doivent rentrer dans le genre Melanconium par ses sporidies non cloisonnées. L'espèce qui a servi de type à ce genre est le Melanconium atrum qui croît sur les jeunes branches mortes de différens Arbres mais plus particulièrement du Hêtre. Kunze et Nées d'Esenbeck en ont depuis décrit quelques autres espèces. (AD. B.)

* MELANCORYPHUS. OIS. (Belon.) Syn. de Bouvreuil commun. V. BOUVERUIL. (DR..Z.)

MÉLANCRANIS. DOT. PHAN. Genre de la famille des Cypéracées et de la Triandrie Monogynie L. établi par Vahl (Enumer. Plant. p. 239) qui lui a imposé les caractères essentiels suivans: épis composés d?eacute;cailles imbriquées qui renferment chacune plusieurs fleurs disposées sur deux rangs; dans chaque fleur on trouve trois étamines un style à deux stigmates; akène dépourvu de soies. Ce genre comprend des Plantes indigènes du cap de Bonne - Espérance et placées par Thunberg parmi les Schænus. Le S. scariosus de cet auteur peut être considéré comme le type du genre Melancranis. Ce sont des Herbes dont le chaume est roide sans nœuds trigone vers le sommet; les fleurs sont réunies en une tête terminale composée d'épis très-serrés. (G..N)

MÉLANDRE. POIS. On ne sait encore quel est le petit Poisson tout noir auquel on donne ce nom sur certaines côtes de la Méditerranée. (B.)

MÉLANDRYON. BOT. PHAN. On a rapporté le Spiræa Aruncus le Lychnis dioica le Cucubalus Behen et le Melampyrum pratense à la Plante ainsi nommée par Pline. (B.)

MÉLANDRYE. Melandrya. INS. Genre de l'ordre des Coléoptères section des Hétéromères famille des Sténélytres tribu des Sécuripalpes établi par Fabricius et confondu par cet auteur avec un grand nombre d'autres genres de la même famille. Ce genre tel qu'il est restreint par Latreille a pour caractères: pénultième article de tous les tarses bilobé; antennes simples filiformes; palpes maxillaires terminés par un article très-grand en hache allongée; corps presque elliptique; corselet trapézoïdal plus étroit en devant. Ce genre a été le sujet de bien des erreurs et il a été embrouillé par Olivier Fabricius Illiger et beaucoup d'autres. Latreille (Nou v. Dict. d'Hist. Nat.) entre dans des détails à cet égard qui sont très-propres à éclaircir ce sujet; nous allons les reproduire ici: Hellénius dit ce savant dans les nouveaux Actes de l'Académiede Stockholm année 1786 forma avec deux espèces de Coléoptères Hétéromères un nouveau genre qu'il nomma Serropalpus à raison des palpes maxillaires dentés en scie. Olivier (Ent. des Col.) l'adopta et le composa aussi de deux espèces dont l'une le Serropalpe varié avait déjà été décrite et figurée par Bosc dans les Actes de la Société d'Histoire Naturelle de Paris et dont l'autre est la Chrysomela caraboides de Linné rangée alors par Fabricius avec les Hélops (H. serratus). Olivier rapporte par erreur à sou Melasis bupreatoides le Serropalpe poli (lævigatus) d'Hellénius et dit ne pas connaître l'autre espèce de cet auteur le Strié dont on a fait encore une Mordelle. Illiger dans sa Faune de Prusse et

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son Magasin Entomologique regarde cependant le Lymexylon barbu d'Olivier comme synonyme de cette dernière espèce. Les palpes maxillaires dans la figure du Lymexylon barbu donnée par le naturaliste français ont en effet de grands rapports avec ceux des Serropalpes; mais on n'y reconnaît point les antennes le port et la grandeur du Serropalpe strié. Le Lymexylon barbatum de Fabricius cité par Olivier comme identique est décrit d'une manière si incomplète qu'il est bien difficile de savoir quel est l'Insecte dont il avait parlé et le sentiment du professeur Helwigg qui soupçonnait que c?eacute;tait le mâle du Lymexy lon dermestoides me paraît le mieux fondé; mais nul doute que Fabricius ayant connu depuis le Serropalpus striatus d'Hellénius et recevant de confiance la synonymie d'Illiger et de Pay kull n'ait présenté quoique d'une manière inexacte les caractères génériques de cet Insecte lorsqu'il mentionne son Dircæc barbata. Le genre Serropalpe de Kugellan est composé du Lymexylon barbu et du Serropalpe strié d'Hellénius; quant à l'autre espèce de celui-ci Kugellan la range avec deux Coléoptères (Serropalpus quadrimaculctus et S. fuscus d'Illiger) dans un nouveau genre celui de Brontes très-différent de celui que Fabricius a depuis nommé de la sorte; ainsi que lui il fait un Hélops de la Chrysomèle caraboïde de Linné et d'une espèce très-voisine de la précédente et parfaitement congénère (canaliculatus). Deux Notoxes (dubius et bifasciatus) de Fabricius forment enfin pour Kugellan un genre propre Mystaxis. Nous avons dans nos premiers ouvrages sur l'Entomologie suivi Olivier; quant au genre Serropalpe Illiger comprend sous la même dénomination générique les Serropalpes d'Hellénius les Brontes et les Mystaxis de Kugellan et leur associe encore deux Hélops de Fabricius mentionnés plus haut. Paykull dans sa Faune Suédoise ne s?eacute;loigne pas à cet égard de son opinion; mais il fait un genre Xylita du Serropalpe poli d'Hellénius et un autre? celui d Hypulus avec le Serropalpe à quatre taches d'Illiger et un Notoxe (bifasciatus) de Fabricius. Fabricius plus tard (Syst. Eleu th.) distingue génériquement sous le nom de Mélandryes les Hélops que nous venons de citer et celui qu il avait appelé barbatus mais qui doit y rester ou former un autre genre: tous les autres Serropalpes d'Illiger et le genre Hallomenus d'Helwigg voisin du précédent deviennent des Dircées Dircæa pour l'entomologiste de Kell. Dufstchimid dans sa Faune d'Autriche conserve le genre Hallomène qu'il nomme avec Paykull Hallominus et se conforme pour le reste à Fabricius.

Les Mélandryes telles que Latreille les adopte diffèrent des Serropalpes parce que ceux-ci ont les articles des tarses postérieurs simples; le corps cylindrique est oblong tandis qu'il est aplati dans les Mélandryes; les Orchésies en diffèrent par leurs antennes qui sont en massues et par beaucoup d'autres caractères tirés des palpes de la forme du corps et des autres parties; les Conopalpes en sont séparés par la forme du corps et par le dernier article de leurs palpes maxillaires qui est conique et non en hache; la tête des Mélandryes est inclinée enfoncée jusqu'aux yeux dans le corselet; les yeux sont assez grands arrondis et sans échancrure; les antennes sont filiformes de la longueur de la tête et du corselet ou un peu plus courtes; elles ont onze articles la plupart obconiques et sont insérées près de l'extrémité antérieure des yeux; le labre est membraneux transversal entier ou légèrement échancré arrondi latéralement; les mandibules sont cornées épaisses courtes terminées on pointe aiguë et ordinairement unidentées en dessous; les palpes maxillaires sont très-grands et saillans de quatre articles dont le dernier plus grand comprimé cultriforme; les labiaux sont courts avec le dernier article un peu plus grand en forme de triangle ren-

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rersé ou presque ovoïde; les mâchoires sont terminées par deux lobes membraneux dont l'extérieur plus grand se courbe intérieurement sur l'autre; la languette est membraneuse presque carrée un peu plus large et plus ou moins échancrée au bord supérieur; le menton est coriace et presque carré et plus court que la languette; le corselet est en forme de trapèze ou presque demi-cylindriquo incliné sur les côtés antérieurs sans rebords et un peu rétréci aux augles postérieurs; l?eacute;cusson est petit les élytres sont étroites allongées et bordées; enfin les pates sont assez grÊles avec les jambes terminées par deux épines; les tarses sont filiformes leur pénultième article est bifide à son extrémité. Ces Insectes se trouvent dans les bois ils se cachent sous les écorces des Arbres dans les parties en décomposition. Nous citerons:

La MÉLANDRYE CARBOÏDE Melandrya caraboides Latr.; M. serrata Fabr.; Serropalpus caraboides Oliv. (Col. T. III n. 57 bis pl. 1 fig. 1). Elle est longue d'environ un dernipouce d'un noir luisant pointillée pubescente avec les élytres bleuâtres très - finement chagrinées et ayant des lignes élevées; son corselet est déprimé sur le milieu du dos avec une impression à chaque côté postérieur; l'extrémité des antennes et des tarses est roussâtre. Cette espèce se trouve aux environs de Paris: elle n'est pas commune. (G.)

MELANEA. BOT. PHAN. Lamarck et Persoon ont ainsi altéré le nom du genre Malanea proposé par Aublet. V. MALANÉE. (G..N.)

* MÉLANELLE. Melanella. MICR. Genre de la famille des Vibrionides de l'ordre des Gymnodés dont les caractères consistent dans un corps filiforme linéaire ou égal d'une extrémité à l'autre et complétement opaque. Les Mélanelles sont de trèspetits Animaux les plus simples des Microscopiques avec les Monades mais très-différentes de ces dernières en ce qu'elles ne sont pas globuleuses; elles semblent Être l?eacute;bauche de la fibre animée se rencontrant le plus souvent dans les infusions de muscles de glandes ou autres parties d?Ecirc;tres organisés dans lesquelles les parties atomaires de cette fibre s'individualisent. On les trouve aussi parfois éparses dans l'eau des marais et de la mer; mais ces eaux peuvent Être considérées comme des infusions en grand où les Mélanelles se répandraient comme égarées: leur opacité les particularise. Il en est d'encore informes de véritables chaos où le mouvement n'est pas bien prononcé et qui ne vibrent ou n'agissent que par accès. Celles dont la structure est parfaitement déterminée; et que nous avons ainsi que les micrographes nos prédécesseurs retrouvées constamment soit que nous eussions dessein d'en faire développer soit que le hasard les offrît à nos yeux sont au nombre de quatré: 1° Melanella Atoma N.; Vibrio Lineola Müll. Inf. tab. 6 fig. 1; Encycl. Vers. pl. 3 fig. 2: dans l'urine long-temps gardée et corrompue où elle se trouve par milliers; 2° Melanella Monadina N.; Monas Punctum Müll. tab. 1 fig. 4; Encycl. pl. 1 fig. 3: des infusions fétides de Mouches de Coléoptères de Poires et autres fruits; 3° Melanella flexuosa N.; Vibrio rugula Müll. tab. 6 fig. 2; Encycl. pl. 3 fig. 3; bien plus longue que les précédentes et semblable à une soie noire tantôt droite tantôt flexueuse: dans l'eau de pluie gardée ou dans celle où l'on met tremper des fleurs; 4° Melanella Spirillum N.; Vibrio Müll. tab. 6 fig. 9; Encycl. pl. 3 fig. 3. Cette dernière a l'air d'un petit morceau de ces spirales de laiton dont on forme l?eacute;lastique des bretelles s'agitant vivement en se contractant ou en s'allongeant. Elle causa la plus grande admiration à Müller la première fois qu'il la vit et nous ne pûmes nous défendre de la mÊme impression quand nous la découvrîmes dans l'eau où nous avions laissé macérer des testicules de grenouilles

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pour faire des expériences sur leurs Zoospermes; des testicules humains nous en ont également présenté ainsi que cette liqueur puante qui découle le la chair corrompue dans les amphithéâtres. (B.)

* MÉLANTDES. Melanides. MOLL. Famille que Latreille a proposée pour réunir plusieurs genres qui avoisinent assez les Mélanies et qu'il met en contact avec elles; ce sont les suivans: Phasianelle Mélanie Mélanopside Pyrène et Planaxe. Cette famille ne répond pas entièrement aux Mélaniens de Lamarck; on y trouve de plus les genres Phasianelle et Planaxe: peut-Être ce dernier n'est-il pas dans ses rapports naturels. Les Phasianelles sont très-voisines des Ampullaires près desquelles Cuvier et Blainville les ont constamment placées. Latreille donne les caractères suivans à la famille des Mélanides: les bords de l'ouverture de la coquille sont désunis; le droit s'élève au-dessus de la columelle et laisse entre elle et lui un vide formant un angle. Cette columelle n'offre ni plis ni dentelures. (D..H.)

MÉLANIE. Melania. MOLL. Genre de la famille des Mélaniens de Lamarck et des Conchylies de Cuvier. Lister avait placé depuis fort longtemps les Mélanies avec les Limuées dans les Buccins d'eau donce; mais il les avait séparées d'après leur analogie de forme sans pourtant changer leur dénomination. On voit par les planches 108 à 124 de son grand ouvrage qui ne présente que des Mélanies et quelques Mélanopsides qu'il avait fort bien saisi les caractères d'ensemble de ces Coquilles qu'il avait séparées des Coquilles terrestres avec lesquelles plus tard on les confondit. Müller fut exempt de cette faute dans laquelle tomba Linné qui plaça les Mélanies indistinctement parmi les Hélices. Bruguière commit une erreur non moins grave que celle de Linné et d'autant moins pardonnable au célèbre auteur de l'Encyclopédie qu'il avait étudié à Madagascar l'Animal d'une grande espèce de Mélanie ce qui ne l'empÊcha pas de les confondre dans son genre Bulime toujours entraîné par des caractères artificiels et trop peu restreints. Lamarck enfin dans ses premiers travaux créa le genre Mélanie qu'il plaça d'abord dans le Système près des Limnées et des Hélices et qa'il en éloigna ensuite à mesure que les genres en vironnans furent miéuxconnus et qu'on put mieux conséqnemment en établir les rapports. Cependant ces rapports n'avaient point été justement appréciés; car nous voyons que les deux zoologistes qui ont le plus étudié l'anatomie des Mollusaues Cuvier et Blainville s'accordent parfaitement sur la place de ce genre le premier en le considérant comme sous-genre de ses Conchylies (V. ce mot) dans lesquelles il ajoute les Ampullaires et les Phasianelles et le second en les rangeant dans sa famille des Ellipsostomes avec les genres que nous venons de citer. Férussac n'a point admis cette opinion. Nous voyons dans ses Tableaux systématiques le genre qui nous occupe former un des sousgenres des Paludines. Cette opinion nous semble susceptible de discussion. Latreille ne l'a point adopté: ce savant a plutôt admis celle de Cuvier en la modifiant (V. MÉLANIDES). Ce genre dont On ne connaît qu'imparfaitement l'anatomie d'après ce qu'en a dit Bruguière pent Être caractérisé ainsi: Animal trachélipode dioïque ayant le pied frangé dans sa circonférence; deux tentacules filiformes; les yeux à leur base externe; un mufle proboscidiforme; coquille turriculée à ouverture entière ovale ou oblongue évasée à sa base; columelle lisse arquée en dedans; un opercule corné. Les Mélanies sont toutes des Coquilles d'eau douce des pays chauds. On ne les trouve plus vivantes en France quoiqu'elles y aient vécu autrefois en très-grand nombre. Nos dépôts coquilliers soit lacustres soit marins en offrent un grand nombre d'espèces; quelqnes-

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unes d'après leur gissemeat leur abondance et leur constance dans les terrains marins semblent avoir vécu dans un fluide salé avec un grand nombre de genres essentiellement marins. Ce fait qui a porté quelaues personnes à établir des hypothèses sur la salure moins grande aela mer à une époque très-reculée celle où se déposaient les Fossiles des environs de Paris n'est pas suffisant pour prouver cette opinion. Nous trouvons en effet dans la Méditerranée une petite Coquille brillante dont l'analogue fossile existe en Italie (Helix subuta de Brocchi) qu'on ne peut d'après la coquille rapporter qu'au genre Mélanie et qui d'après l'Animal pourrait Être un autre genre. A cette espèce pourrait se rattacher un certain nombre de celles des terrains marins: il serait donc essentiel de pouvoir en étudier l'Animal. Le genre Rissoa qui est établi depuis peu de temps était placé parmi les Mélanies et comme il est marin il a pu contribuer à former l'opinion dont nous venons de parler. Ce genre Rissoa a été considéré par Férussac comme sous - genre des Paludines et il le place près des Mélanies. Blainville l'admet comme genre et le fait suivre les Mélanies. Si l'on convient de conserver ce genre qui de l'aveu de Blainaville lui-même est assez artificiel il serait assez convenable aussi d'en établir un pour la Melania costellata qui n'est point une véritable Mélanie ni un Rissoa et pour la Melania marginata qui se trouve dans la mÊme circonstance. Nous pensons qu'il faut faire de ce genre comme de celui des Nérites qui a des espèces lacustres et d'autres marines dont on avait essayé de faire des genres distincts et qu'on est forcé aujourd'hui de réunir. Nous avons proposé dans notre ouvrage sar les Fossiles des environs de Paris de diviser les Mélanies en quatre sections; nous en ajouterons une ciaquième pour des espèces dont le type ne s'est point encore trouvé fossile.

†Espèces ovales subturriculées.

MÉLANIE THIAHE Melania Amarula Lamk. Anim. sans vert. T. VI 2e part. pag. 166 n° 10; Helix Amarula Lin. Gmel. p. 3656 n° 126; Buccinum Amarula Müll. Verm. pag. 137 n° 330; Encycl. pl. 458 fig. 6 a b; Chemnitz Conchyl. T.IX tab. 134 fig. 1218 et 1219. Cette espèce est une des plus communes dans les collections; elle se trouve en abondance à l'Ile-de-France à Madagascar et dans l'Inde; elle est toute noire courte ovale; ses tours sont marqués par une rampe couronnée d?eacute;pines assez longues. Bory de Saint-Vincent qui l'a recueillie dans l?eacute;tang de Saint-Paul à Mascareigne observa qu'elle y avait constamment l'extrémité rongée souvent très-profondément dans la substance mÊme de la coquille qui était blanche intérieurement.

†† Espèces allongées turriculées.

MÉLANIE TRONQUEE Melania truncala Lamk. Anim. sans vert. loc. cit. n° 2; Bulimus ater Richard Act. de la Soc. d'Hist. Nat. de Paris pag. 126 n° 18; Encycl. pl. 458 fig. 3 a b. Grande et belle espèce de Mélanie peu rare dont le sommet est presque toujours tronqué comme celui du Bulimus decollatus; elle est toute noire fortement striée en travers; ces stries sont coupées perpendiculairement par des côtes longitudinales qui ne descendent que vers le milieu des tours. Elle se trouve à la Guiane.

MÉLANIE SOUILLÉE Melania inquinata Desf. Dict. des Sc. Nat. T. XXIX pag. 409; Cerithium melanoides Sow. Mineral. Conchol. pl. 147 fig. 6 7; Melania inquinata Nob. Descript des Coq. foss. des environs de Paris T. 11 pag. 105 pl. 12 fig. 7 8 13 à 16. Quoique cette espèce se soit d'abord trouvée fossile et qu'elle n'ait été figurée qn?agrave; cet état les figures qui en existent et surtout les nôtres peuvent donner une idée très-juste des individus vivans qui leur sont parfaitement ana-

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logues. C'est à Java que se trouvent ces Coquilles à l?eacute;tat frais et dans l'Inde l'analogue de notre variété c. Les fossiles se trouvent abondamment àux environs d'Epernay et dans les terrains à lignite du Soissonnais.

† † † Espèces dont l'angle inférieur est détaché.

MÉLANIE A PETITES CÔTES Melania costellata Lamk. Ann. du Mus. T. IV pag. 430 n° 1 et T. VIII pl. 60 fig. 2 a b Ibid.; Nob. Descript. des Coq. foss. des environs de Paris T. 11 pag. 113 n° 14; espèce que l'on ne connaît que fossile aux environs de Paris à Valognes et à Ronca dans le Vicentin; elle offre un assez erand nombre de variétés: c'est la seule espèce qui puisse entrer dans cette section.

† † † † Espèces qui ont l'ouverture bordée.

MÉLANIE BORDÉE Melania marginata Lamk. Ann. du Mus. T. 11 pag. 430 n° et T. VIII pl. 60 fig. 4 a b; Ibid. Anim. sans vert. T. VII pag. 544 n° 3; Bulimus turricula Bruguière; Encycl. méthod. pag. 324 n° 44. D'après Bruguière cette espèce se trouverait en Piémont; elle est fort abondante aux environs de Paris.

††††† Espèces qui ont le bord épaissi non bordé avancé au-dessus du plan de l'ouverture.

Celle section correspond au genre Rissoa des auteurs; elle contient des Coquilles marines vivantes et fossiles. Nous ayons une monographie de ce genre par Freminville.

MÉLANIE AIGUE Melania acuta Freminville Monog. insérée dans le Nouv. Bullet de la Soc. Philomat. T. IV n° 70 pl. 1 fig. 4. (D..H.)

* MÉLANIE. INS. Espèce du genre Agrion. (B.)

* MÉLANIENNE. MAM. Espèce du genre Homme. V. ce mot. (B.)

* MÉLANIENNE. MOLL. Cette famille créée par Lamarck d'abord sous le nom d'Auriculacées dans la Philosophie Zoologique parcè qu'il y avait joint les Auricules a été reproduite par lui dans l'Extrait du Cours et dans l'Histoire des Animaux sans vertèbres sous la dénomination de Mélaniens; il y réunit les trois genres Mélanie Mélanopside et Pyrène. Les auteurs qui depuis la formation de ce groupe écrivirent sur les Mollusques ne le conservèrent pas: on remarque dans leurs classifications méthodiques les genres qui y sont réunis placés dans des groupes différens comme nous le verrons en traitant chacun d'eux en particulier. Nous observerons que le genre Pyrène réuni aux Cérites par Blainville dans son article MOLLUSQUE l'avait été antérieurement aux Mélanopsides par Férussac dans sa Monographieaes Mélanopsides insérée dans le premier volume des Mémoires de la Société d'Hist. Nat. de Paris: de ces rapprocliemens le second est celui que nous adopterions de préférence. On voit en effet un très-grand nombre de points de contact entre eux non-seulement dans les circonstances d'habitation mais encore dans les formes dans lépiderme qui les couvre dans la position et la forme du canal de la base; la seule différence notable se trouve dans l'existence de l?eacute;chancrure de la lèvre. V. MÉLANIE MÉLANOPSIDE et PYRÈNE. (D..H.)

MÉLANIS. REPT. OPH. Espèce du genre Vipère. V. ce mot. (B.)

MÊLANITE. Melanitis. INS. Genre de l'ordre des Lépidoptères diurnes établi par Fabricius et réuni par Latreille au genre Biblis. V. ce mot. (G.)

MÉLANITE. MIN. Nom donné à une espèce de Grenat de couleur noire à base de fer et de chaux. V. GRENAT. (G. DEL.)

MELANIUM. BOT. PHAN. Sous ce nom Daléchamp désignait autrefois le Viola calcarata et De Gingins (in De Cand. Prodr. 1 p. 301)s'en est servi pour une section du genre Viola qui comprend les Violettes

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tricolores des anciens (V. VIOLETTE). Use Plante de la Jamaïque a aussi reçu le mÊme nom de Patrice Browne; mais Linné en a fait une espèce de Lythrum. Selon Jussieu elle doit plutôt ètre rapportée au genre Parsonsia. V. ce mot. (G..N.)

* MÉLANOCéPHALE. OKS. Syn. du Turdoïde Cap-Nègre. V. MERLE. C'est aussi le nom a une Fauvette qu'Aristote appelait Melanocoryphos nom que Belon a improprement rapporté au Bouvreuil. V. SYLVIE. (DR..Z.)

MÉLANOCÉRASON. BOT. PHAN. C'est-à-dire Cerise noire. L'un des noms antiques de la Belladone. (B.)

MÉLNOGRAPHITE. MIN. Ce nom a été quelquefois appliqué aux Pierres arborisées ou figurées qui présentent dans leur intérieur ou à leur surface des dendrites ou dessins quelconques de matière noirâtre. (G. DEL.)

MÉLANOIDE. MOLL. V. MÉLANOPSIDE.

* MELANOLOMA. BOT. PHAN. Cassini a proposé sous ce nom dans le Dictionnaire des Sciences Naturelles un genre qui appartient à la famille des Synanthérées tribu des Centaurées et à la Syngénésie frustranée L. Voici les principaux caractères qu'il lui a assignés: involucre ovoïde forme d?eacute;cailles imbriquées appliquées coriaces les intermédiaires oblongues munies sur chaque côté d'une bordure linéaire frangée scarieuse noire et surmontées d'un grand appendice étalé coriace à pinnules filiformes roides et ciliées; réceptacle plane épais charnu garni de paillettes calathide composée au centre de fleurs nombreuses hermaphrodites et à la circonférence d'un seul rang de fleurons neutres dont les corolles ont le limbe très-grand divisé en deux segmens l'intérieur quadrifide l'extérieur bifide ou indivis; dans les fleurons du centre l'ovaire est oblong comprimé surraonté d'une aigrette semblable à celle des autres genres de la tribu avec une petite aigrette intérieure. Ce genre est établi aux dépens du Certaurea de Linné dont à notre avis il ne doit former qu'une simple section; il est intermédiaire entre le Cyanus et le Lepteranthus qui on tégalement été constitués sur des espèces des Centaurées et n'en diffère mÊme essentiellement que par de légères nuances de formes dans la structure des folioles de l'involucre. Le Cenrtaurea pullata L. en est le type sous le nom de Melanoloma humilias. Cassini en décrit une seconde espèce sous le nom de M. excelsior dont la patrie est inconnue et que l'on cultive au Jardin des Plantes de Paris. (G..N.)

MÉLANOMPHALE. BOT. PHAN. (Renaulme.) Syn. d'Ornithogalum arabicum L. (B.)

MÉLANOPHORE. Melanophora. INS. Genre de l'ordre des Diptères famille des Athéricères tribu des Muscides établi par Meigen et ayant pour caractères: cuillerons grands couvrant la majeure partie des balanciers; ailes écartées; antennes guère plus longues que la moitié du devant de la tÊte contiguës à leur base et terminées par une palette presque lenticulaire. Ces Diptères different des Phasies qu'us avoisinent le plus par les antennes qui sont écartées à leur naissance et presque parallèles dans ces dernières. Ils séloignent des Mouches proprement dites parles antennes qui dans celles-ci sont beaucoup plus longues; les Lispes en sont distinguées parce que leurs ailes se croisent sur le corps. Enfin les Ochthères en sont séparées par leurs cuillerons trèspetits et laissant à découvert la plus grande portion des balanciers. Les antennes des Mélanophores sont contiguës à leur naissance divergentes guère plus longues que la moitié de la face antérieure de la tÊte et composées de trois articles dont le dernier en palette presque lenticulaire

TOME X. 21

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supporte vers la base une soie courte. Les ailes sont écartées. Le vertex présente trois yeux lisses trèspetits et peu apparens rapprochés en triangle. Ces Insectes voltigent sur les murs et les pierres exposées au soleil; leur vol s'exécute par sauts. On les rencontre aussi quelquefois sur les fleurs. Le nom de ce genre vient de deux mots grecs qui expriment que ces Diptères portent une livrée noire; on en connaît un petit nombre d'espèces dont la principale est la Musca carbonaria de Panzer (Faun. Ins. Germ. fasc. 54 tab. 54). On doit rapporter aussi à ce genre la Musca grossificationis Lin.; Musca n° 1 Geoffroy; Musca ruralis Fabr. (G.)

* MELANOPHTHALMUM. BOT. CRYPT. (Lichens.) Ce genre que nous avons établi est placé dans le groupe des Squammariées Epiphylles et renferme plusieurs petites Plantes fort curieuses très-distinctes du reste de la famille. Ses caractères sont d'avoir un thallus orbiculaire crustacé sans lobe et inégal; des apothécions tuberculés noirs brillans réunis au nombre de quatre à six vers le centre mais toujours distincts. Les Melanophthalmum forment sur les feuilles vivaces de divers Arbres exotiques des groupes nombreux. Les thallus naissent distincts les uns des autres mais avec l'âge ils se réunissent et sont confluens; leur dimension n'excède guère une demi-ligne de diamètre. Les apothécions ont la forme d'uue verrue; jamais on ne les trouve vers les bords de leur support mais bien au centre oú ils se pressent sans se réunir. Lorsque leur sommet est tombé ils ne sont plus distincts et ne présentent à l?oelig;il qu'une surface rugueuse de couleur noire. Nous avons figuré dans notre Essai sur les Cryptogames des Ecorces exotiques officinales tab. 11 f. 2 le Melanophthalmum Antillarum N. à thallus crustacé orbiculaire d'un vert jaunâtre à superficie rugueuse à apothécions réunis au centre un peu comprimés et très-noirs. Nous l'avons fréquemment trouvé sur les feuilles de plusieurs Arbres des Antilles et de Saint-Domingue. (A. F.)

MÉLANOPS. OIS. Espèce du genre Philédon. V. ce mot. Le même nom a aussi été donné à une espèce peu commune du genre Faucon ainsi qu?agrave; un Merle et à une Moucherolle. V. ces mots. (DR..Z.)

MÉLANOPSIDE. Melanopsis MOLL. Les Coquilles qui font aujourd'hui partie du genre Mélanopside étaient pour là plupart connues des anciens conchyliologues ou de ceux de l?eacute;poque vers laquelle Linné a donné les dernières éaitions du Systema Naturæ en joignant toutefois aux Mélanopsides les Pyrènes de Lamarck comme Férussac dans ces derniers temps a proposé de le faire encore. On en trouve quelques espèces figurées dans Lister parmi les Buccins d'eau douce avec un assez grand nombre de Mélanies. Linné les a confondues toutes à vec les Strombes les Buccins et même les Murex ce que Gmelin et Dilwyn ont également fait. Bruguière en a mis partie dans les Bulimes partie daus les Cérites. C'est à Férussac père que l'on doit l?eacute;tablissement de ce genre; cependant Blainville sans citer les sources dit dans le Dictionnaire des Sciences Naturelles que Lamarck l'avait proposé plusieurs années auparavant; néanmoins nous voyons que ce zoologiste n'a fait que l'adopter le premier; nous le trou vons faisant partie de la Philosophie zoologique dans la famille des Auriculacées entreles Auricules et les Mélanies. Nous le retrouvons également dans l'Extrait du Cours du même auteur mais dans la famille des Mélaniens entre les Mélanies et le genre Pyrène proposé pour la première fois. Cette association fut conservée la même parson auteur dans son dernier ouvrage sur les Animaux sans vertèbres. Montfort en adoptant ce genre en a changé on ne sait trop pourquoi le nom pour celui de Faune qui est maintenant presque oublié et on ne sait pas davantage

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pourquoi il l'a placé entre son genre Ruban qui est démembré des Agathines et le genre Terebra. Cuvier n'a point adopté le genre et il ne le mentionne pas dans le Règne Animal; il n'en est pas de même de Blainville qui en l'admettant tend à faire sentir la nécessité de le rapprocher des Cérites. Il propose même de placer les Pyrênes comme sous-genre des Cérites et de mettre les Mélanopides comme genre distinct immédiatement après celui-ci. Férussac avait eu une opinion à peu près semblable comme on peut le voir par les Tableaux systématiques; cepen-dant réunissant les deux genres Mélanopsis et Pyrène et plaçant ce groupe à la fin de la famille des Trochoïdes il diffère en cela de Blainville en ce qu'il les met moins immédiatement en rapport avec les Cérites. Férussac a publié en 1823 dans le premier volume des Mémoires de la Société d'Histoire Naturelle la monographie des Mélanopsides. Quoique nous ne partagions pas les conséquences que l'auteur a tirées des faits relatifs aux analogies nombreuses que présente ce genre entre les espèces vivantes et les fossiles on ne doit pas moins apprécier ses nombreuses observations pleines d'intérêt qui prouvent que c'est dans des régions plus méridionales qu'il faut aller chercher les analogues vivans des espèces que nous trouvons fossiles en France et en Angleterre. Autrefois très-abondamment répandues dans ces deux pays comme leur test fossile le prouve les Mélanopsides ne s'y rencontrent plus; c'est en Espagne en Asie en Grèce en Afrique et jusque dans l'Inde qu'ils vivent aujourd'hui; si l'on trouve encore quelques Mélanopsides dans le nord de l'Allemagne cela est dû à des circonstances particulières; c'est ainsi que C. Prévost en a recueilli une espèce dans certaines eaux thermales des environs de Vienne. Ce genre déjà assez nombreux en espèces peut être caractérisé de la manière suivante: Animal dioïque spiral trachélipode; le pied court arrondi pourvu d'un opercule corné: la tête munie de deux gros tentacules coniques assez peu allongés incomplètement contractiles portant les yeux sur un renflement assez saillant situé à leur base externe; la bouche à l'extrémité d'une sorte de mufle proboscidiforme; la cavité respiratrice aquatique contenant deux peignes branchiaux inégaux et se prolongeant en un tube incomplet à son angle antérieur et externe; coquille allongée fusiforme ou conico-cylindrique à sommet aigu; tours de spire plus ou moins nombreux le dernier ayant souvent les deux tiers de la longueur totale; ouverture ovale oblongue; columelle calleuse supérieurement tronquée séparée de la lèvre droite à la base par un sinus peu profond une calosité plus ou moins considérable ou un sinus à la réunion de la lèvre droite sur l'avant-dernier tour.

† Espèces turriculées; un sinus sur le bord droit. Les PYRÉNES.

MÉLANOPSIDE TÉRÉBRALE Melanopsis atra Fér. Monograph du genre Mélanop. Mém. de la Soc. d'Hist. Nat. de Paris T. 1 pag. 161 n. 12; Strombus ater Linn. Syst. Nat. p. 1213; Cerithium atrum Bruguière Encyclop. Méth. p. 485 n. 18; Pyrena terebralis Lamk. Anim. sans vert. T. VI deuxième partie p. 169; Lister Conch. tab. 115 fig. 10. Grande et belle Coquille turriculée assez rare dans les collections; elle est lisse toute noire; l'ouverture est d'un blanc roussâtre en dedans; elle vit aux Grandes-Indes et aux Moluques à l?icirc;le Waigiou où Lesson l'a trouvée avec d'autres Coquilles du genre Mélanie.

MÉLANOPSIDE ÉPINEUSE Melanopsis spinosa Fér. loc. cit. n. 13; Buccinum flumineum Gmel. pag. 3503; Pyrena spinosa Lamk. Anim. sans vert. T. VI deuxième partie p. 170 n. 2; Encycl pl. 458 fig. 2 a b. Espèce très-remarquable non moins grande que la précédente; elle est armée de tubercules épineux.

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On ne l'a encore rencontrée qu?agrave; Madagascar d'où Férussac l'a reçue.

Lorsqu'on pourra voir un individu entier de notre Melanopsis Dufresnii il est bien probable qu'il fera partie de la section des Pyrènes.

†† Espèces ovales; une callosité columellaire. Les MÉLANOPSIDES.

MÉLANOPSIDE BUCCINOIDE Melanopsis buccinoidea Fér. loc. cit. pag. 148 n. 1; Melania buccinoidea Olivier Voy. au Lev. pl. 17 fig. 8; Bulimus antidiluvianus Poiret Prod. Pag 37 n. 5; Bulimus prærosus Brug. Encycl. Mét. pag. 361; Lamk. Anim. sans vert. T. VI deuxième partie; Descript. des Coq. foss. des environs de Paris T. 11 pag. 120 n. 2 pl. 14 fig. 24 à 27 et pl. 15 fig. 3 4. Espèce très-commune et très-variable qui se trouve actuellement vivante en Espagne particulièrement dans l'aqueduc de Carmona à son entrée á Séville où l'ont recueillie Bory de Saint-Vincent et Férussac; en Grèce en Perse et fossile en France aux environs de Paris en Angleterre à l?icirc;le de Wight et en d'autres lieux. V. la Monographie de Férussac dans les Mémoires de la Société d'Histoire Natutelle T. 1.

MÉLANOPSIDE ANCILLARQIDE Melanopsis ancillaroides N. Descript. des Coq. foss. des environs de Paris T. 11 pag. 121 n. 3 pl 151 fig. 1 2. Cette Coquille est voisine de la précédente pour ses rapports; elle s'en distingue cependant par la manière dont les sutures sont couvertes par un dépôt calcaire poli semblable à celui des Ancillaires. Elle est fossile des environs de Meaux; elle est de même taille que le Melanopsis buccinoidea. (D..H.)

MÉLANOS. ZOOL. Desinarest propose ce nom par antiphonie à Albinos pour désigner les Animaux devenus noirs lorsque le noir ne forme pas la couleur de leur espèce. Les Chats les Chiens les Lapins les Moutons les Bœufs les Souris les Rats le Daim parmi les Mammifères la Poule le Canard le Pigeon le Faucon l'Alouette l'Ortolan le Moineau le Pinson le Chardonneret le Bouvreuil parmi les Oiseaux présentent des individus Mélanos. Nous avons eu occasion d'observer quelques Tanches et des Lézards gris qui présentaient le même phénomène ainsi que des Cyprins dorés de la Chine dans nos viviers. Il est une variété de Poule Mélanos qui a jusqu'aux os noirs. (B.)

* MELANOSELINUM. BOT. PHAN. Genre de la famille des Ombellifères et de la Pentandrie Digynie L. établi par Hoffmann (Umbellif. Gener. p. 156) qui lui a donné pour principaux caractères: iuvolucre général dont les folioles sont larges lancéolées cunéiformes et trifides; involucres partiels à folioles lancéolées; calice à cinq dents aiguës; pétales obcordés crénelés et onguiculés munis d'une laciniure courte acuminée et oblique; akènes comprimés ovales oblongs hérissés de poils à trois côtes saillantes et bordés d'une large aile membraneuse. Cegenre dont l'admission n'a pas été universellement consentie est fondé sur une Plante dont on ignore la patrie et qui a été décrite et figurée par Wendland (Sert. Hannov. p. 23 t. 13) sous le nom de Selinum decipiens. Sa tige est inférieurement ligneuse nue et de la grosseur du pouce. Ses feuilles analogues à celles de l'Angélique sont grandes bipinnées composées de folioles lancéolées dentées en scie la terminale incisée. Les rameaux et les pétioles engaînans de cette Plante sont couverts de poils roides et rares. (G..N.)

* MELANOSINAPIS. BOT. PHAN. De Candolle (Syst. Veget. Nat. 2 p. 607) nomme ainsi la première section du genre Sinapis qui est caractérisée par sa silique cylindrique ou légèrement tétragone son style court petit et non en forme de bec. Le Sinapis nigra ou la vraie Moutarde en est le type. V. MOUTARDE. (G..N.)

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* MELANOSTICTA. BOT. PHAN. Genre de la famille des Légumineuses et de la Décandrie Monogynie L. ment établi par de Candolle (Prodrom. Syst. Veget. T. 11 p. 485) qui lui a imposé les caractères suivans: calice composé de cinq pétales presque égaux glanduleux extérieux rement formant par leur réunion è la base un tube court et persistant libres et caducs par leur partie supérieure; cinq pétales presque égaux elliptiques rétrécis à la base et de la longueur du calice; dix étamines libres dont les filets sont garnis inféirieureraent de poils rameux; l'ovaire est comprimé ovale oblong hérissé et renferme quatre ovules. Ce genrè voisin du Pomaria de Cavanilles fait aussi partie de la tribu des Cassiées. Le Melanosticta Burchellii D. C. loc. cit. et Mémoires sur les Légumin. XII t. 69 est un petit sous-Arbrisseau qui a été découvert au cap de Bonne-Espérance par Burchell. Ses racines sont fasciculées les unes cylindriques les autres grosses et tuberculeuses. Les feuilles sont bipinnées; les pinnules à deux rangs composées de six à huit folioles plus une pinnule terminale allongée et à seize folioles. Elles sont accompagnées de stipules pinnatifides; et les fleurs forment des grappes allongées. Le nom générique de Melanosticta a été donné à cette Légumineuse à cause des points noirs glauduleux qui se trouvent à la surface du calice et des folioles. (G..N.)

* MÉLANOTE. OIS. Espèce du genre Gros-Bec. V. ce mot. (DR..Z.)

MÉLANSCHÉNE. BOT. PHAN. Mot sans doute dérivé de Melanoschenos employé par Micheli pour désigner une espèce du genre Schænus à fleurs noires ou noirâtres. V. CHOIN. (B.)

* MÉLANTHACéES Melanthaceæ. BOT. PHAN. La familes de Plates ainsi nommée par Robert Brown est la même que celle que De Candolle avait antèreieuremet appelèe Colchicacèes. V. ce mot. (A.R.)

* MÉLANTHE. Melanthium. BOT. PHAN. Genre de la famille des Colchicacées et de l'Hexandrie Trigynie L. ayant pour caractères: un calice coloré à six divisions profondes étalées et étroites à leur base où elles offrent fréquemment deux petites glandes à leur face interne; six étamines; trois ovaires réunis par leur côté interne terminés chacun par un style et un stigmate simples. Le fruit se compose de trois capsules uniloculaires distinctes seulement par leur sommet réunies ensemble par leur côté interne et contenant chacune plusieurs graines unies et membraneuses. Les espèces de ce genre croissent dans l'Amérique septentrionale et au cap de Bonne-Espérance; ce sont des Plantes herbacées vivaces ayant une racine fibreuse des feuilles étroites ou lancéolées entières; des fleurs blanches ou jaunes disposées en épis simples ou plus souvent en grappes rameuses et terminales. Parmi les espèces américaines on doit citer les Melanthium Virginicum L.; M. racemosum Michaux. Au nombre des espèces africaines se trouvent les Melanthium capense L.; M. junceum Jacq.; M. ciliatum L. Une espèce croît en Sibérie c'est le Melanthium Sibiricum L. (A. R.)

MÉLANTHÈRE. Melanthera. BOT. PHAN. Genre de la famille des Synanthérées Corymbifères de Jussieu et de la Syngénésie égale L. publié en 1792 par Von Rohr reproduit en 1803 par Richard et Michaux sous le nom de Melananthera et formé sur une Plante que Dillen Linné et P. Browne avaient placée successivement dans les genres Bidens Calea et Amellus. R. Brown Cassini et Kunth ayant examiné récemment avec soin la structure de cette Plante il résulte de leurs observations que le genre en question mérite d?ecirc;tre adopté et qu'il se distingue par les caractères suivans: involucre convexe ou turbiné formé de folioles à peu près sur deux rangs appliquées et

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ovales; réceptacle convexe garni de paillettes oblongues lancéolées et embrassantes; calathide composée de fleurs nombreuses régulières hermaphrodites dont les corolles sont blanches à tube court et à limbe divisé en cinq segmens hérissés de papilles sur leur face supérieure; anthères noirâtres surmontées d'un appendice blanc; nectaire tubulé; akènes plus ou moins comprimés des deux côtés élargis de bas en haut tronqués au sommet glabres couronnés par une petite urcéole orbiculaire occupant le centre de la troncature et par une aigrette composée d'environ cinq à dix paillettes inégales filiformes courtes légèrement plumeuses paraissant articulées sur un rebord très-court épais et dentelé. Ce genre a été placé par Cassini dans la tribu des Hélianthées prototypes; ce qui l?eacute;loigne un peu des Bidens et Calea avec lesquels on l'avait d'abord confondu. On en connaît trois espèces toutes indigènes de l'Amérique méridionale et septentrionale et que l'on cultive en Europe dans les jardins de botanique. Celle qui doit être considérée comme type du genre a été désignée par Kunth (Nov. Gen. et Sp. Plant. æq. T. IV p. 199) sous le nom de Melananthera Linnæi et par Cassini sous celui de Melanthera urticæfolia. C'était le Calea aspera de Jacquin le Bidens nivea de Swartz Willdenow De Candolle etc. Cette Plante est herbacée; elle a la tige haute à peu près d'un mètre dressée rameuse striée garnie de feuilles opposées pétiolées ovales acurainées dentées en scie scabres et d'un vert cendré. Les calathides de fleurs sont blanches solitaires au sommet de longs pédoncules ordinairement ternes à l'extrémité des rameaux.

La Plante qui était nommée Chatiakelle dans l'herbier de Surian et qui a été rapportée au Bidens niuea forme le type d'un nouveau genre établi par Cassini sous le nom de Chylodia. Cet auteur a encore proposé le genre Blainvillea constitué sur une Plante que l'on avait donnée comme synonyme du Bidens nivea. V. ces mots au Supplément. (G..N.)

* MÉLANTHéRIN. POIS. (Oppien.) Syn. de Thon. (B.)

MÉLANTHéRITE. MIN. Nom donné par de Lamétherie au Schiste noir à dessiner (Nigrica de Wallerius) qui est une variété d'Ampélite. (G. DEL.)

MELANTHIUM. BOT. PHAN. V. MÉLANTHE.

MÉLANTOUN. POIS. Le Squale long nez à Nice. (B.)

MÉLANURE. ZOOL. Ce nom qui signifie queue noire a été imposé comme spécifique à des Oiseaux à des Poissons ainsi qu?agrave; des Insectes. (B.)

MÉLANTZANA. BOT. PHAN. L'un des vieux noms de la Mélongène employé par Belon. V. MORELLE. (B.)

* MÉLAPHYRE. GÉOL. Dans sa classification des Roches Brongniart a proposé de donner ce nom au Porphyre noir (Trapporphyr de Werner) caractérisé par la couleur brune foncée de sa pâte et différant en cela des véritables Porphyres qui sont en général rouges ou rougeâtres. Cette différence devient plus importante si comme l'avance le savant géologue que nous venons de citer la pâte des Mélaphyres est de l'Amphibole pétrosiliceux tandis que celle des véritables Porphyres serait toujours du Pétrosilex coloré seulement par l'Amphibole qui y serait dissous. Quoi qu il en soit les Mélaphyres comme les Porphyres sont fusibles en émail noir ou gris et leur pâte qui n'est pas toujours d'un noir foncé mais quelquefois d'un brun rourgeâtre enveloppe de la même manière que les Porphyres des cristaux de Feldspath blancs rougeâtres et quelquefois verts. Nous nous bornerons pour en donner une idée à citer quelaues-uns des anciens Porphyres que Brongniart prend pour type de

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sa nouvelle espèce de Roche dont il distingue trois variétés principales.

MÉLAPHYRE DEMI-DEUIL noir foncé; cristaux de Feldspath blancs point de Quartz. De Venaison dans les Vosges; de Suède (la plupart des Porphyres de ce pays); de la Martinique (au Morne malheureux); du Calvados? la Roche dite Roche noire inférieure à la Houille dans la mine de Litry.

MÉLAPHYRE SANGUIN noirâtre; cristaux de Feldspath rougeâtres; granit de Quartz. En Corse (Niolo); Provence (Montagu de L'Estrel); Arabie Pétrée (au nord du mont Sinaï).

MÉLAPHYRE TACHES VERTES brun rougeâtre; cristaux de Feldspath verdâtres ou verts (le Porphyre noir antique). V. PORPHYRE et ROCHE. (C. P.)

MÉLAR. MOLL. (Adanson.) Syn. de Cône strié. V. CÔNE. (B.)

* MÉLARHINE. MAM. Espèce du genre Guenon. V. ce mot. (B.)

MELAS MAM. V. CHAT.

MÉLAS. Melas. MOLL. Nom que Montfort dans sa Conchyliologie systématique a donné aux Coquilles du genre Mélanie. Cet auteur a mis ce genre en rapport on ne sait trop pourquoi avec son genre Mélampe (Conovule Lamk.) et son genre Cliton démembré des Néritines. V. MÉLANIE. (D..H.)

MÉLASIS Melasis. INS. Genre de l'ordre des Coléoptères section des Pentamères famille des Serricornes tribu des Buprestides établi par Olivier et ayant pour caractères: palpes finissant par un article beaucoup plus gros que le précédent presque globuleux; antennes en peigne dans les mâles en scie dans les femelles; mâchoires simples ou sans division intérieure; tous les articles des tarses entiers corps cylindrique. Ces Insectes se distinguent des Cérophytes par les antennes qui sont branchues dans les mâles de ceux-ci: ils s'éloignent des Buprestes et des Aphanistiques par les tarses les antennes et la forme du corps. Ils ont les antennes courtes et filiformes; le côté interne de leur troisième article et des suivans est dilaté en forme de dents de peigne et ces dents augmentent progressivement; les mandibules sont courtes terminées en pointe simple; les quatre palpes sont courts menus terminés par un article un peu plus gros presque ovalaire et obtus; les mâchoires et les lèvres sont très-petites membraneuses. Le corps des Mélasis est presque cylindrique; la tête est enfoncée postérieurement dans le corselet qui est presque cubique un peu étroit en arrière avec les angles postérieurs prolongés en pointe; son avant-sternum est avancé sur l'origine de la bouche et terminé en pointe à son extrémité postérieure; es pieds sont courts avec les cuisses et les jambes très-comprimées. Ces Insectes vivent sur le bois et sur tous les troncs des vieux Arbres qu'ils paraissent perforer comme les Vrillettes. Ces Insectes s'accouplent à l'entrée des trous qu'ils ont faits et l'un des sexes est en dehors. La larve ne doit pas différer beaucoup de celle des Buprestes. La seule espèce bien constatée de ce genre est:

Le MÉLASIS ÉLATÉROÏDE Melasis elateroides Illig.; Melasis buprestoides Oliv.; Hispa flabellicornis Fabr.; Ptilinus flabellicornis Kugelan; Elater buprestoides L. Son corps est long d'environ quatre lignes noir légèrement pubescent finement chagriné avec les antennes les pieds t et souvent les élytres d'un brun foncé. Les élytres sont striées et se terminent en pointe; les stries sont faiblement pointillées; l?eacute;cusson est situé dans un enfoucement. On le trouve en France et aux environs de Paris.

Le Melasis mystacina Fabr. appartient au genre Rhipicère de Latreille (Ptyocère Thunb.)

Le Melasis picea de Palisot-Beauvois (Ins. d'Afr. et d'Amér. pl. 7 fig. 1) paraît former un nouveau

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genre entre les Cérophytes et les Taupins. (G.)

MELASMA. BOT. PHAN. Linné fils a réuni au Gerardia le genre ainsi nommé par Bergius et que Linné désignait sous le nom de Nigrina. V. GÉRARDIE. (G..N.)

MÉLASOMES. Melasoma. INS. Famille de l'ordre des Coléoptères section des Hétéromères établie par Latreille et renfermant des Insectes qui en général fuient la lumière se tiennent dans les sables sous les pierres dans les lieux obscurs des maisons et ne quittent leur retraite qu?agrave; la nuit. Ils sont ordinairement aptères ont les articles des tarses presque toujours entiers; les antennes toujours insérées sous les bords latéraux et avancés de la tête moniliformes avec le troisième article allongé. L'extrémité des mandibules est bifide et ils ont une dent cornée ou crochet au côté interne des mâchoires. Celles de leurs larves que l'on a observées sont longues cylidriques couvertes d'une peau presque écailleuse et lisse; elles sont munies de six pates courtes et se trouvent généralement dans les lieux qu'habite l'Insecte parfait. Cette famille embrasse une grande partie du genre Tenebrio de Linné; elle est composée de trois tribus. V. PIMÉLIAIRES BLAPSIDES et TÉNÉBRIONITES. (G.)

MELASPHOERULA. BOT. PHAN. (Gawler.) Syn. de Diasie. V. ce mot.

MELASTOMA. BOT. PHAN. V. MÉLASTOME. (B.)

MÉLASTOMACÉES. Melastomaceæ. BOT. PHAN. On appelle ainsi une famille très-naturelle de Végétaux dont le nom dérive du Melastoma qui en est le genre le plus nombreux en espèces. Cette famille est ainsi caractérisée: le calice est toujours monosépale persistant ovoïde ou tubuleux quelquefois adhérent à sa base avec l'ovaire qui dans ce cas est infère ou seulement semi-infère terminé supérieurement par un limbe plus ou moins évasé tantôt presque entier tantôt à quatre cinq ou six dents ou divisions plus profondes quelquefois réunies entre elles au moyen d'une membrane mince qui va de l'une à l'autre rarement formant une sorte de cône ou de coiffe qui se détache circulairement à sa base; la corolle se compose de pétales en même nombre que les lobes du calice généralement égaux et réguliers rarement inégaux entre eux imbriqués latéralement et tordus en spirale avant l?eacute;panouissement de la fleur insérés de même que les étamines à la partie supérieure du tube calicinal au pourtour d'un disque jaunâtre qui en tapisse la paroi interne et le sommet de l'ovaire. Les étamines sont en nombre double des pétales et leurs anthères offrent une organisation particulière qui forme un des caractères les plus saillans de la famille des Mélastomacées. Elles sont plus ou moins allongées composées de deux loges membraneuses réunies entre elles par un connectif placé à leur partie supérieure où il forme unesaillie longitudinale se terminant inférieurement par un prolongement recourbé quelquefois à peine sensible d'autres fois très-long et finissant par deux tubercules ou même deux appendices en forme de corne (Melast. villosa Aublet 1 pl. 428 tab. 168). Ces étamines ne sont pas constamment toutes de la même forme et de la même longueur quelquefois elles sont déclinées et unilatérales d'autres fois elles sont dressées et leurs anthères sont rapprochées en forme de cône. Ces anthères s'ouvrent généralement par un trou ou pore terminal qui est commun aux deux loses plus rarement la déhiscence a lieu par un sillon longitudinal. Ces étamines lorsqu'elles sont encore renfermées dans le bouton sont recourbées vers le centre de la fleur de manière que les anthères sont placées dans l'espace qui existe entre la base du calice et les parois de l'ovaire. L'ovaire ainsi que nous l'avons dit précédem-

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ment est tantôt libre tantôt plus ou moins adhérent avec le calice sans que ce caractère puisse en aucune manière servir à la distinction des genres; car ces diverses modifications se rencontrent souvent dans des espèces qu'on ne saurait éloigner. Il présente de trois à huit loges mais plus souvent quatre ou cinq; chacune d'elles contient un grand nombre d'ovules péritropes attachés à un trophosperme saillant qui naît de l'angle interne de la loge; à son sommet l'ovaire se termine par une sorte de rebord lobé embrassant la base du style et qui paraît formé par le disque qui tapisse la paroi du calice et le sommet de l'ovaire. Le style est simple généralement un peu recourbé terminé par un stigmate également simple un peu concave et bordé de poils. Le fruit est tantôt sec tantôt charnu couronné par le limbe du calice ou simplement recouvert par le calice lui-même suivant que l'ovaire était infère ou libre; il offre le même nombre de loges polyspermes que l'ovaire reste indéhiscent ou s'ouvre en autant de valves septifères sur le milieu de leur face interne. Les graines sont fréquemment réniformes; elles contiennent un embryon sans endosperme dressé et quelquefois recourbé sur lui-même et ayant les deux cotylédons égaux ou inégaux.

Les Plantes qui composent la famille des Mélastomacées offrent entre elles la plus grande ressemblance dans leur port et leurs caractères extérieurs. Ce sont de grands Arbres des Arbrisseaux des Arbustes ou même de simples Végétaux herbacés ayant des feuilles opposées simples munies généralement de trois à cinq et jusqu?agrave; onze nervures longitudinales d'où partent un très-grand nombre d'autres petites nervures transversales parallèles et très-rapprochées. Ce caractère est tellement constant dans tous les Mélastomes qu'il peut suffire pour distinguer et faire reconnaître une Plante appartenant à cette famille. Les fleurs qui quelquefois sont fort grandes surtout dans le genre Rhexia offrent en quelque sorte tous les modes d'inflorescence. Elles sont tantôt solitaires tantôt réunies et comme capitulées tantôt disposées en épi simple géminé ou dichotome tantôt enfin en grappe ou en panicule. Chaque fleur est nue ou accompagnée d'une ou de plusieurs bractées quelquefois étroitement imbriquées les unes sur les autres et recouvrant en grande partie le calice.

Les Plantes qui forment cette famille sont fort nombreuses et appartiennent toutes aux pays chauds et plus particulièrement à l'Amérique méridionale et aux Antilles. On en trouve un assez grand nombre dans l'Inde quelques-unes en Afrique plusieurs dans l'Amérique septentrionale aucune en Europe. Quelquesunes de ces espèces sont hérissées de poils très-longs et très-rudes mais simples; d'autres présentent des poils diversement étoilés. Cette différence peut servir à distinguer certaines espèces les unes des autres.

Les genres qui appartiennent à cette famille ont été disposés par Jussieu en deux sections de la manière suivante:

§ I. Ovaire adhérent.

Valdesia R. et P.; Melastoma L.; Miconia R. et P.; Axineia R. et P.; Tristemma Juss.

§ II. Ovaire libre.

Meriana Swartz; Topobæa Aublet; Tibouchina Aubl.; Maieta Aubl.; Tococa Aubl.; Osbeckia L.; Rhexia L.

Mais déjà en traçant le caractère de la famille nous avons fait voir combien les signes diagnostiques tirés de l'adhérence ou de la non adhérence de l'ovaire offraient peu d'importance puisque dans un même genre (Melastoma ou Rhexia) on trouvait dans des espèces extrêmement voisines les unes des autres des ovaires tout-à-fait adhérens et d'autres entièrement libres. Il est donc im-

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possible de tirer aucun parti de ce caractère ni dans la formation ni dans la coordination des genres de cette famille. Une division qui nous paraît plus naturelle quoique fondée sur un caractère qui nest pas lui-même d'une très-grande valeur consiste à former deux sections dans les Mélastomées suivant que leur fruit est sec capsulaire et déhiscent ou suivant qu'il est charnu et indéhiscent. Dans la section des fruits charnus se trouvent les genres Melastoma Tristemma Topobæa Maicta Tococa et Valdesia. La seconde section renferme les genres Rhexia Tibouchina Osbeckia Miconia et Axineia qui ont un fruit charnu. Ces différens genres examinés avec soin nous paraissent fondés sur des caractères si peu importans que nous ne sommes pas loin de croire que la famille des Mélostomacées ne comprend que deux grands genres: le Melastoma qui a le fruit charnu et le Rhexia dont le fruit est sec et déhiscent.

Vers ces derniers temps le docteur David Don a publié dans le quatrième volume des Mémoires de la Société Wernérienne d'Edimbourg un très-beau travail sur l'ordre naturel des Mélastomacées dans lequel passant en revue tous les genres de cette famille et les espèces qui y ont été rapportées il crée un assez grand nombre de nouveaux genres. Les caractères principaux de ces genres sont fondés sur la forme du calice sur la grandeur et la forme des anthères dont cet habile observateur ne nous paraît pas avoir bien connu la véritable organisation. Nous allons donner ici le tableau des genres adoptés par David Don comme formant la famille des Mélastomacées.

§ I. Graines recourbées marquées à leur sommet d'un grand ombilic concave; embryon arqué de même forme que la graine; cotylédons inégaux le supérieur deux fois plus grand que l'inférieur. Arbustes ou Plantes herbacées.

1. Melastoma auquel il faut réunir le Tibouchina d'Aublet le Tristemma de Jussieu; 2. Osbeckia L.; 3. Pleroma Don; 4. Diplostegium Don; 5. Rhexia; 6. Arthrostemma Pavon in Don; 7. Aciotis Don; 8. Microlicia Don.

§ II. Graines ovoïdes ou allongées marquées le plus souvent d'un gros ombilic latéral et convexe; embryon droit et de même forme que la graine; cotylédons presque égaux; Arbres ou Arbustes.

9. Tococa Aublet auquel il faut réunir le Mayeta du même auteur; 10. Clidemia Don; 11. Cremanium Don; 12. Centronia Don; 13. Miconia Ruiz et Pavon; 14. Conostegia Don; 15. Chitonia Don; 16. Axineia Ruiz et Pavon; 17. Meriana Swartz; 18. Blackæa L.

Ce travail du docteur Don dont il est impossible de donner une idée exacte dans cet article nous a paru fort remarquable quoique nous ne l'ayons connu qu'en extrait. Mais ayant analysé un grand nombre de Mélastomacées nous nous sommes de plus en plus confirmé dans notre première opinion que les genres établis dans cette famille sont tellement artificiels qu'il est plus rationnel de ne les considérer que comme de simples sections d'un même genre.

La famille des Mélastomacées tient en quelque sorte le milieu entre les Myrtacées et les Salicariées. Elle diffère de ces dernières par la structure de ses feuilles et celle de ses anthères; des Myrtacées par ces deux caractères également par ses étamines définies et par plusieurs autres signes très-apparens. (A. B.)

MÉLASTOME. Melastoma. BOT. PHAN. Ce genre offre les caractères suivans: le calice est monosépale persistant diversement adhérent avec l'ovaire ou tout-à-fait distinct terminé par un limbe à quatre cinq ou six divisions plus ou moins profondes quelquefois presque entier ou enfin s'ouvrant par une sorte d'opercule en forme de capuchon on de coiffe. Les pétales sont en même nom-

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bre que les lobes du calice étalés ou dressés incombans par leurs parties latérales et tordus en spirale avant leur épanouissement. Les étamines sont généralement en nombre double des pétales insérées ainsi qu'eux au haut du tube du calice à une sorte de bourrelet formé par un disque qui tapisse la paroi interne du calice; quelquefois la moitié de ces étamines est privée d'anthères ou bien les étamines sont alternativement plus petites et plus grandes. En exposant dans l'article précédent les caractères généraux des Mélastomacées nous avons indiqué les principales modifications de forme et de structure que présente l'anthère dans le genre Mélastome. C'est même en grande partie d'après ces modifications de l?eacute;tamine qu'on a cherché à diviser ce genre en plusieurs autres. L'ovaire présente de trois à six loges contenant chacune un grand nombre d'ovules attachés à un trophosperme saillant de l'angle interne de la loge. Le style est plus ou moins long terminé par un stigmate tronqué et un peu concave. Le fruit est charnu offrant autant de loges qu'en présentait l'ovaire tantôt simplement recouvert par le calice qui d'autres fois en fait partie. Les Mélastomes sont des Végétaux extrêmement élégans formant tantôt des Arbres ou des Arbrisseaux et tantôt des Arbustes ou de simples Plantes herbacées. Leurs feuilles constamment opposées et dépourvues de stipules sont marquées de trois jusqu?agrave; onze nervures longitudinales partant de leur base et d'où naissent un très-grand nombre de nervures transversales. Les fleurs dont le mode d'inflorescence est très-variable sont tantôt nues tantôt accompagnées de deux ou d'un plus grand nombre de bractées imbriquées recouvrant le calice et d'après lesquelles on avait fondé les caractères de plusieurs genres.

Dans son travail sur la famille des Mélastomacées David Don n'a laissé dans le genre Mélastome que les espèces dont le calice a son limbe à cinq ou six divisions caduques; cinq ou six pétales; dix ou douze étamines inégales ayant les anthères munies à leur base d'un appendice bicorne; un ovaire renfermé dans le tube du calice et adhérent; une capsule bacciforme à cinq ou six loges. Il réunit à ce genre le Tristemma de Jussieu le Tibouchina d'Aublet. Parmi les espèces oui appartiennent à ce genre il cite les suivantes: Melastoma malabathrica L.; M. aspera L.; M. sanguinea Bot. Mag. t. 2241; M. grandiflora Aublet; M. corymbosa Hort. Kew. et plusieurs espèces nouvelles. Les autres espèces ont été réparties dans un grand nombre des autres genres de la famille. Nous répéterons ici ce que nous avons déjà dit dans notre article MÉLASTOMACÉES c'est que nous croyons que le genre Melastoma doit être formé de toutes les espèces ayant le fruit charnu et indéhiscent et que les différens genres qui ont été formés dans cette famille extrêmement naturelle ne doivent en être considérés que comme de simples sections. (A. R.)

MÉLASTOMÉES. Melastomeæ. BOT. PHAN. Pour Mélastomacées. V. ce mot. (A. R.)

MÉLÉAGRE. Meleagris. MOLL. Genre que Montfort a proposé dans sa Conchyliologie systématique (T. 11 pag. 206) pour une sous-division des Turbos de Linné ceux dont la coquille est ombiliquée. Le Turbo Pica lui sert de type; personne comme on peut bien le penser n'a adopté un tel genre. (D..H.)

MÉLÉAGRIDE. BOT. PHAN. Espèce du genre Fritillaire. V. ce mot. (B.)

MÉLÉAGRINE. Meleagrina. MOLL. Blainville dit dans le Supplément à son Traité de Malacologie pag. 630 que Lamarck a donné pendant quelque temps ce nom au genre que depuis il a nommé Pintadine. Nous avons inutilement cherché cette dénomination dans les ouvrages imprimés de Lamarck. V. PINTADINE. (D..H.)

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MELEAGRIS. ZOOL. (Linn.) Syn. générique de Dindon. V. ce mot. Comme spécifique il désigne la Pintade un Serpent du genre Acontias divers Insectes particulièrement un Papillon Nymphale plusieurs Coquilles et un Microscopique du genre Kolpode. (DR..Z.)

MÉLECTE. Melecta. INS. Genre de l'ordre des Hyménoptères section des Porte-Aiguillons famille des Mellifères tribu des Apiaires division des Cuculines de Latreille établi par ce savant entomologiste et ayant pour caractères: écusson bidenté sans tubercules arrondis au milieu; quatre cellules cubitales aux ailes supérieures; point de brosses pour recueillir la poussière des étamines; antennes filiformes peu coudées; mandibules étroites arquées pointues ou simplement unidentées au côté interne; paraglosses ou divisions latérales de la languette en forme de soies presque aussi longues que les palpes labiaux; palpes maxillaires de cinq à six articles distincts. Ces Hyménoptères ressemblent beaucoup aux Nomades qui en different ainsi que les Pasites et les Épéoles parce que ces genres ont les paraglosses beaucoup plus courtes que les palpes labiaux. Les Crocises en diffèrent par les palpes maxillaires et par l?eacute;cusson qui dans ces derniers se prolonge en une espèce de lame échancrée ou bidentée au bout. Les antennes des Mélectes sont filiformes un peu brisées s?eacute;cartant l'une de l'autre de la base à l'extrémité et composées de douze articles dans les femelles et de treize dans les mâles; on voit sur le vertex trois petits yeux lisses disposés presque en ligne transversale; leur corps est noir mais couvert en grande partie d'un duvet assez épais ordinairement d'un gris jaunâtre ou blanc formant des taches sur les côtés de l'abdomen et sur les pates: c'est un caractère très-secondaire il est vrai mais qui fait distinguer au premier coup-d?oelig;il ces Insectes des genres Epéole Nomade et Pasite; le corselet est court convexe en dessus; les ailes supérieures ont une cellule radiale ovale avec son extrémité arrondie écartée de la côte et quatre cellules cubitales la première grande la seconde petite très-rétrécie vers la radiale recevant la première nervure récurrente la troisième rétrécie des deux côtés recevant la deuxième nervure récurrente la quatrième faiblement tracée. L'abdomen est court conique composé de cinq segmens outre l'anus dans les femelles en ayant un de plus dans les mâles; pates de longueur moyenne les quatre premières jambes terminées par une seule épine celle des intermédiaires forte pointue; jambes postérieures en ayant deux dont l'intérieure plus longue; premier article des tarses aussi grand que les quatre autres réunis; crochets bifides parallèles entre eux et renflés à leur base. Les Mélectes répondent à une des divisions du genre Apis de Kirby; ce sont des Insectes parasites qui étant obligés de vivre de miel dans leur état de larve et n'ayant pas les moyens d'en récolter pour leurs petits déposent leurs œufs dans le nid des espèces qui peuvent le récolter tels que les Anthophores les grosses espèces de Mégachiles etc. Leur larve éclot plus tôt que celle du légitime possesseur du nid dévore toute la nourriture destinée à celle-ci et la réduit à sa naissance au dénuement le plus complet de vivres et conséquemment à la mort. Ces Hyménoptères sont propres à l'ancien continent ils fréquentent les vieux murs et les bords des chemins où ils espèrent rencontrer des nids d'Abeilles dans lesquels ils pourront déposer leurs œufs; ils épient le moment où le propriétaire sort de son nid s'y précipitent et pondent un œuf dans la pâtée destinée à la postérité de la propriétaire; ils répètent ce manège dans divers nids jusqu?agrave; ce que leur ponte soit entièrement finie. Ce genre se compose d'une dixaine d'espèces parmi lesquelles nous citerons:

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La MÉLECTE PONCTUéE Melecta punctata Lat.; Apis punctata Linné; Centris punctata Fabr. Longue de six à sept lignes. Corps noir avec la tête et le corselet couverts d'un duvet çris cendré; écusson armé de deux petites épines; abdomen presque nu luisant avec un petit faisceau de poils grisâtres de chaque côté sur les deux premiers segmens et un point formé par des poils de la même couleur de chaque côté sur les anneaux suivans à l'exception du dernier; jambes ayant des anneaux cendrés. La eouleur du duvet varie du blanc au gris jaunâtre. Fabricius a placé ces variétés dans deux genres différens: celle à duvet jaune est son Centris punctata et l'autre son Melecta punctata (G.)

MÈLES. MAM. V. BLAIREAU.

MÈLET OU MÉLETTE. POIS. Espèce du genre Clupe. V. ce mot. On nomme aussi Mélet le Joèl espèce du genre Athérine. (B.)

MELETTE. BOT. PHAN. Variété de Figue. (B.)

* MELEUS. INS. Genre de Charancon établi par Megerle et ayant recu auparavant le nom de Plinthe. V. ce mot. (G.)

MÉLÉZE. Larix. BOT. PHAN. Genre appartenant à la famille des Conifères à la Monœcie Polyandrie L. et que l'on reconnaît aux caractères suivans: ses chatons mâles sont ovoïdes ou globuleux simples; chaque fleur se compose de deux anthères sessiles uniloculaires intimement soudées par leur côté interne et surmontées d'une petite écaille. Les chatous femelles se composent d?eacute;cailles imbriquées terminées par une longue pointe qui finit par disparaître. Du reste ce genre offre absolument la même organisation que les Sapins dans ses fleurs femelles ses fruits et ses graines. Nous pensons même qu'il doit y être réuni. ainsi que le genre Cèdre.

Le MÉLÉZE D'EUROPE Larix Europæa D. C. FI. Fr.; Abies Larix Rich. Conif. t. 13 est une des Conifères qui en Europe acquièrent les plus grandes dimensions. Son tronc extrêmement droit s?eacute;lève souvent à une hauteur qui dépasse cent pieds sur un diamètre de trois à quatre pieds à sa base. Ses branches sont horizontales et ses jeunes rameaux sont grêles et pendans. Les feuilles sont courtes subulées un peu roides naissant par petits faisceaux lesquels ne sont que des rameaux fort courts qui n'ont pas pris tout leur accroissement. Seul de tous les Arbres de la famille des Conifères le Mélèze perd ses feuilles et les renouvelle chaque année. Ses fleurs sont monoïques et en chatons qui naissent du centre d'un faisceau de feuilles c'est-à-dire qu'ils sont terminaux. Les chatons mâles sont plus nombreux que les femelles. Les cônes sont petits ovoïdes composés d'écailles imbriquées arrondies très-obtuses ligneuses non renflées ni appendiculées à leur sommet. Le Mélèze croît dans les montagnes élevées de la France de l'Italie de l'Allemagne de la Russie etc. Il n'existe ni en Angleterre ni dans la chaîne des Pyrénées. Généralement il fleurit vers le mois de mai. Le bois du Mélèze qui est rougeâtre intérieurement est fort estimé. Quoique léger il a beaucoup de solidité et dure surtout très-long-temps. Sa légèreté même est d'uu grand avantage dans les constructions en ce qu'il ne surcharge pas les murs sur lesquels on l'appuie. Le bois de Mélèze a aussi le grand avantage de se conserver parfaitement dans l'eau. Miller dit qu'on trouva dans les mers du nord un bâtiment formé de bois de Mélèze et de Cyprès submergé depuis plus de mille ans et qui était parfaitement conservé. On se sert de ce bois pour faire des conduits d'eau souterrains des futailles etc. Demême que les Pins et les Sapins le Mélèze est rempli de substance résineuse. Il suinte des fentes de son écorce une Térébenthine très-pure que l'on emploie dans les arts et dans

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la médecine. Ses feuilles se couvrent pendant les grandes chaleurs de lété d'une matière grasse visqueuse sucrée qui se condense sous la forme de petits grains et que l'on connaît sous le nom de Manne de Briançon. Elle jouit dit-on des mêmes propriétés que la Manne qui découle du Frêne; mais elle est fort rare parce qu'elle se résorbe et disparaît peu le temps après qu'elle s'est montrée. Le Mélèze est fréquemment cultivé dans les jardins paysagers où il forme un très-bel effet par son feuillage d'un vert tendre qui contraste avec la teinte sombre des autrès Conifères et au printemps par ses chatons de fleurs qui sont d'un rouge très-foncé. (A.R.)

MÉLHANIE. Melhania. BOT. PHAN. Genre de la famille des Byttnériacées et de la Monadelphio Polyandrie L. établi par Forskahl (Fl. Ægypt. Arab. 64) adopté par De Candolle (Prodrom. Syst. Veget. 1 p. 499) avec les caractères suivans: calice persistant à cinq divisions profondes et entouré d'un involucre triphylle; cinq pétales; dix étamines dont cinq stériles alternes avec les cinq autres qui sont fertiles et chargées d'une ou deux anthères; style divisé au sommet en cinq stigmates légèrement réfléchis; cinq carpelles bivalves étroitement réunis en une capsule; cotylédons chiffonnés bifides. Ce genre est extrêmement voisin du Dombeya dont il ne diffère que par le nombre de ses étamines; aussi plusieurs de ses espèces ont-elles été décrites sous le nom générique de Dombeya ou sous celui de Pentapetes par les auteurs. De Candolle (loc. cit.) en a fait connaître six qu'il a distribuées en deux sections d'après leurs étamines fertiles portant deux anthères ou une seule. Ce sont des Arbrisseaux qui croissent dans l'Arabie au cap de Bonne-Espérance et aux îles de Madagascar et de Sainte-Hélène. (G..N.)

MÉLIA. BOT. PHAN. V. AZéDA-RACH.

MËLIACéES. Meliaceæ. BOT. PHAN. Famille naturelle de Plantes dicotylédones polypétales et hypogynes ayant pour type le genre Melia appelé en francais Azédarach; de là le nom d'Azédarachs que l'on a aussi donné à cette famille. Les Plantes qui la composent sont des Arbres ou des Arbustes ayant des feuilles alternes sans stipules simples ou composées des fleurs tantôt solitaires et axillaires tantôt diversement groupées en épis en grappes etc. Ces fleurs offrent un calice monosépale à quatre ou cinq divisions plus ou moins profondes; une corolle polypétale dont les pétales en même nombre que les lobes du calice sont sessiles et se touchent souvent par leurs côtés. Les étamines sont généralement en nombre double des pétales rarement eu même nombre ou en nombre triple ou quadruple. Elles sont monadelphes et forment un tube qui porte les étamines tantôt à son bord supérieur tantôt à sa partie interne. Les anthères sont introrses et à deux loges s'ouvrant par un sillon longitudinal. L'ovaire est libre porté sur un disque hypogyne et annulaire au - dessous duquel sont insérées les étamines et la corolle. Cet ovaire offre quatre ou cinq loges contenant généralement deux ovules collatéraux et superposés attachés à l'angle interne rarement un grand nombre dans chaque loge. Le style est simple terminé par un stigmate plus ou moins profondément divisé en quatre ou cinq lobes. Le fruit est tantôt sec capsulaire s'ouvrant en quatre ou cinq valves septifères sur le milieu de leur face interne tantôt il.est charnu ou drupacé et parfois uniloculaire par suite d'avortement. Les graines se composent d'un tégument propre et d'un embryon qui quelquefois est enveloppé dansun endosperme charnu et peu épais. Plusieurs des genres placés dans cette famille en ont été distraits pour être portés ailleurs. Robert Brown dans ses Remarques générales a le premier indiqué les véritables rapports du genre Ticorea d'Aublet qu'il a pro-

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posé de transporter dans la famille des Rutacées. Le même auteur a également proposé d?eacute;tablir une famille distincte pour les genres Cedrela et Swietenia sous le nom de Cédrélées. Cette famille se distingue surtout des Méliacées par son fruit dont les loges sont polyspermes par ses graines souvent membraneuses par son endosperme charnu par son embryon dressé. Le professeur De Candolle (Prodr. Syst. 1 p. 619) a réuni aux Méliacées les Cédrélées de Robert Brown dont il a fait une simple section ou tribu. Voici le tableau des genres tels qu'ils ont été disposés par le célèbre professeur de Genève.

Tribu 1. MÉLIACÈES.

Loges du fruit contenant une ou deux graines non terminées en ailes et dépourvues d'endosperme; embryon renversé cotylédons planes et foliacés. Arbres ou Arbrisseaux à feuilles alternes simples excepté dans les deux derniers genres où elles sont composées: Geruma Forsk.; Humiria Aublet; Turræa L.; Quivisia Juss.; Strigilia Cav.; Sandoricum Cav.; Melia L.

Tribu 2. TRICHILIÉES.

Loges du fruit contenant une ou deux graines sans ailes ni endosperme; embryon renversé ayant les cotylédons très-épais: Trichilia L.; auquel il faut réunir l'Elcaja et le Portesia de Jussieu et Robergia Sparm.; Guarea L.; Heynea Roxburgh.

Tribu 3. CÉDRÉLÉES.

Loges du fruit polyspermes; graines généralement terminées par une aile membraneuse et pourvues d'un endosperme charnu peu épais. Embryon dressé cotylédons foliacés: Cedrela L.; Swietenia L.; Chloroxylon D. C.; Flindersia Brown; Carapa Aublet. La famille des Méliacées doit être placée près des Sapindacées et des Ampélidées; elle a aussi des rapports avec la famille des Théacées. (A. R.)

MÉLIANTHE. Melianthus. BOT. PHAN. La place de ce genre singulier n'a pu être assignée jusqu'ici avec certitude dans aucune des familles établies; néanmoins il semble se rapprocher des Zygophyllées plus que de toute autre. Son calice grand et coloré se divise profondément en cinq parties de grandeur inégale et de forme diverse; l'inférieure en effet écartée des autres et de l'axe de la fleur est aussi plus courte et forme une bosse dont la cavité revêtue en dedans d'une membrane propre libre supérieurement renferme une glande qui par le liquide mielleux qu'elle sécrète et épanche ensuite sur les diverses parties de la fleur a fourni l?eacute;tymologie de son nom générique Quatre languettes plus courtes que le calice libres à leur sommet et à leur base mais soudées entre elles au milieu par leurs bords velus semblent représenter autant de pétales; elles s'insèrent entre les divisions inférieures du calice et quelquefois entre les deux supérieures on trouve un filet qu'on a considéré comme un cinquième pétale. Cependant les étamines sont au nombre de quatre seulement opposées aux quatre divisions calicinales supérieures; elles entourent l'ovaire au-dessous duquel elles s'insèrent. Les filets des deux supérieures sont libres; ceux des deux autres soudés entre eux par leur base élargie qui séparée de la cavité glanduleuse l'ovaire. Celui-ci est partagé extérieurement en quatre lobes par quatre sillons et intérieurement en autant de loges incomplètes par des cloisons dont les bords internes ne se rejoignent qu'inférieurement mais plus haut s?eacute;cartent l'un de l'autre et là portent de deux à quatre ovules. Le style simple marqué de même de quatre sillons courbé légèrement à son sommet et terminé par un stigmate aigu et quadridenté forme à l'intérieur un tube creux parcouru par quatre cordons vasculaires qui suivent chacun le bord d'une cloison. Le fruit qu'entourent à sa base les enveloppes flétries de la fleur présente quatreailes

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membraneuses et aplaties qui distinctes supérieurement s'ouvrent par leur angle interne et qui plus bas répondent à autant de loges monospermes; les graines sont globuleuses et luisantes composées d'un test mince d'un périsperme blanc épais de consistance cartilagineuse et d'un embryon verdâtre dont la radicule cylindrique regarde le hile et égale prèsqu'en longueur les cotylédons minces linéaires ovales. On connaît trois espèces de ce genre toutes trois originaires du Cap et dont deux surtout sont assez fréquemment cultivées dans nos orangeries. Leurs tiges sont frutescentes; leurs feuilles alternes pennées avec une impaire à folioles dentées et décurrentes accompagnées de deux stipules tantôt distinctes tantôt soudées en une seule qui s'accole à la base du pétiole et acquiert alors une dimension remarquable. Les fleurs sont disposées en grappes axillaires ou terminales sur des pédicelles courts dont chacun est accompagné d'une bractée. V. Adr. de Juss. Rutac. tab. 28 n. 48. (A. D. J.)

MÉLIBÉE. INS. Espèce de Lépidoptère du genre Satyre. (G.)

MELICA. BOT. PHAN. V. MÉLIQUE.

* MELICERTA. INF. Le genre établi sous ce nom par Oken dans le voisinage des Vorticelles nous paraît avoir le plus grand rapport avec les Tubicoles de Lamarck encore que le savant professeur d'Iéna en donne pour type un Animal du genre Sabelle. V. ce motet TUBICOLE. (B.)

MÉLICERTE. INS. Espèce de Lépidoptère du genre Satyre. (B.)

MÉELICERTE. Melicerta. ACAL. Genre de Médusaires établi par Péron et Lesueur dans la division des Méduses gastriques monostomes pédonculces brachidées et tentaculées. Caractères: bras très-nombreux filiformes chevelus formant une espèce de houppe à l'extrémité du pédoncule. Ce genre a été réuni aux Dianées par Lamarck. V. DIANéE. (E. D..L.)

MÉLICERTE. Melicertus. CRUST. Nom donné par Rafinesque à un genre qu'il caractérise ainsi: tète rostrée; antennes intérieures trèscourtes bifides les extérieures trèslongues et simples; écailles lisses à la base des antennes. La première paire de jambes seule chélifère. L'unique espèce de ce genre vit dans les mers de Sicile; c'est le Melicertus Tigris. (G.)

MELICHLORON. MIN. Pline mentionne sous ce nom une Pierre qui est couleur de miel d'un côté et rousse de l'autre. Des commentateurs ont cherché à savoir ce que c?eacute;tait que le Mélichloron. (B.)

MELICHRUS. BOT. PHAN. Genre de la famille des Epacridées et de la Pentandrie Monogynie L. établi par R. Brown (Prodrom. Fl. Nov.-Holl. p. 439) qui l'a ainsi caractérisé; calice formé de plusieurs bractées; corolle rotacée ou urcéolée munie à sa base de cinq faisceaux de glandes et dont les découpures sont à moitié garnies de poils; disque hypogyne entier et cyathiforme; ovaire a cinq loges; drupe presque sèche dont le noyau est osseux. Ce genres été formé sur deux Plantes qui croisr sent à la Nouvelle-Hollande aux environs du Port-Jackson et que R.Brown a nommées Melichrus rotatus et M. urceolatus. La première a pour synonyme le Vintenatia procumbens de Cavanilles (Icon. 4 p. 28 t.349 f. 1). Ces espèces sont de petits Arbrisseaux couchés sur la terre ou légèrement dressés. Leurs feuilles sont lancéolées et leurs fleurs dressées. (G..N.)

MELICOCCA. BOT. PHAN. Genre de la femille des Sapindacées et de l'Octandrie Monogynie L. De Jussieu qui lui a consacré un Mémoire particulier (Mém. Mus. 3 p. 170 tab. 5-8) le définit ainsi: calice persistant à quatre ou cinq divisions profondes; corolle nulle ou composée d'autant de pétales insérés à un dis-

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que hypogynique entier ou lôbé; étamines insérées au même endroit au nombre de huit ou rarement de dix; ovaire libre le plus souvent triloculaire; style unique; stigmate en tête ou presque trilobé; baie sèche en général uniloculaire et monosperme par l'avortement de plusieurs loges et de plusieurs graines; embryon dépourvu de périsperme à radicule infléchie sur lesicotylédons à peine recourbés. Arbres ou Arbrisseaux. Feuilles alternes composées de deux trois ou plusieurs paires de folioles entières ou rarement dentées; fleurs axillaires ou terminales en épis en paquets ou en penicules polygames; les mâles sur des individus distincts. De Jussieu décrit ensuite cinq espèceś dont une seule était connue; deux sont origiuaires des Antilles deux de l'Ile-de–France et une de Ceylan. R. Brown a remarqué qu'ainsi circonscrit; ce genre réunit des Plantes différentes par un point important de leur structure le point d'attache de la graine. Kunth en en faisaut connaître une sixième espèce de la Nouvelle-Grenade pense qu'on doit en exclure quatre autres du Melicocca qui réduit ainsi à deux sern caractérisé par ses quatre pétales altenmant avec autant de divisions du calice et par son ovaire divisé incomplètement en deux loges du fond desqulles s?élèvent deux ovules. Enfin De Candolle a conservé le genre Melicocca de Jussieu dans son intégrité mais il le subdivise en trois sections: la première (Oococca) est le genre de Kunth et se distingue par la forme ovoïde de ses fruits; la seconde (Sphærococca) contient deux espèces à fleurs pentapétales et à fruits sphériques; la troisième enfin à laquelle il donne 1e nom de Schleichera sous lequel Willdenow avait distingué génériquement l'une de ses espèces en renferme trois (dont une douteuse originaire de l'lnde) et se caractérise par des fleurs apétales ainsi que par des fruits à deux ou trois graines; tandis qu'ils sont monospermes dans les autres sections. Quant au point d'insertion des graines ou des ovules dans ces différentes sections De Candolle n'en parle pas. (A. D. J.)

MÉLICOPE. BOT. PHAN. Forster nomme ainsi un Arbrisseau de l'Octandrie Monogynie L. qu'il avait rencontré à la Nouvelle - Zélande; Gaertner en a plus tard décrit le fruit sous un autre nom générique celui d'Entoganum (vol. 1 p. 331 tab. 68). Ses fleurs hermaphrodites présentent un calice quadriparti persistant; quatre pétales plus longs et étalés; huit étamines plus courtes que les pétales et dont les filets subulés portent des anthères cordiformes; quatre ovaires environnés à leur base par autant de grandes glandes didymes auxquelles Forster applique le nom de Nectaire; quatre styles qui ne tardent pas à se souder en un seul terminé par un stigmate épais quadrangulaire; un fruit composé de quatre capsules chacune renfermant une seule graine dont l'embryon est enveloppé d'un périsperme charnu. Les feuilles sont opposées ternées parsemées de points glanduleux transparens. Tous ces caractères assignent à ce genre sa place parmi les Diosmées dans le groupe naturel des RutaÇées. V. ce mot. (A. D. J.)

MELICYTUS. BOT. PHAN. Genre de la Diœcie Pentandrie L. établi par Forster (Charact. Gener. t. 62) et adopté par Gaertner Jussieu et Lamarck avec les caractères suivans: fleurs dioïques ayant un calice trèscourt à cinq dents. une corolle à cinq pétales et ovales. Les fleurs mâles se composent de cinq filets (nectaires selon Forster) alternes avec les pétales courts cyathiformes creux au sommet portant sur leur face antérieure cinq anthères ovoïdes plus larges et plus longues que les filets. Les fleurs femelles offrent un ovaire supère entouré par cinq petites écailles qui ne sont peut–être que des filets stériles; un stigmate presque sessile à quatre lobes en

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étoile. Le fruit selon Gaertner est une capsule bacciforme globuleuse glabre coriace uniloculaire renfermant dans une pulpe rare et peu succulente quelques graines convexes d'un côté anguleuses de l'autre. Deux espèces ont été citées sans description par Forster sous les noms de Melicytus umbellatus et M. ramiflorus. (G..N.)

* MÉLIE. Melia. CRUST. Genre de l'ordre des Décapodes famille des Brachyures tribu des Quadrilatères établi par Latreille et très-voisin des Rhombilles et des Thelphuses. L'espèce qui lui sert de type est le Grapsus testellatus Encycl. Méth. pl. 305 fig. 2. (G.)

MÉLIER. BOT. PHAN. Du Dict. de Déterville. Syn de Blakea. V. ce mot. Ce nom et Meslier désignaient le Néflier en vieux franÇais. (B.)

MÉLILITE MIN. (Fleuriau de Bellevue Jouru. de Phys. T. 11 p. 459.) Substance d'un jaube pâle ou d'un jaune orangé en petits parallélipipèdes rectangles ou en octaèdres rectangulaires souvent recouverts d'un enduit rouge brunâtre; assez dure pour étinceler par le choc du briquet; soluble en gelée dans l'Acide nitrique et fusible avec bonîllonnement en verre transparent. Selon Carpi (Taschenbuch für Miner. T. XIV p. 219) elle est composée de: Silice 38; Chaux 19 60; Magnésie 19 40; Alumine 2 90; Oxide de Fer 12 10; Oxide de Manganèse 2; Oxide de Titane 4; total 100. Cette substance a té découverte par Fleuriau de Bellevue aux environs de Rome à Capo di Bove dans la même lave qui renferme la Peudosommite; elle y est associée au Feldspath.

Les anciens minéralogistes ont aussi donné le nom de MÊLILITE à une espèce d'Argile compacte d'un jaune de miel qu'on employait et médecine comme soporifique. (G. DEL.)

MELILOBUS. BOT. PHAN. (Mitchell.) Syn. de Gleditsohia Triacanthos V. GLéDITSIE. (A. R.)

MÉLILOT. Melilotus. BOT. PHAN. Tournefort est l'auteur de ce geare qui appartient à la famille des Légumineuses et à la Diadelphie Décandrie L. Réuni par Linné au Trifolium il fut rétabli par Jussieu Lamarck et par tous les botanistes modernes qui l'ont ainsi caractérisé: calice tubuleux à cinq dents; corolle papilionacée dont la carène est simple petite les ailes ovales obtongues plus courtes que l?eacute;tendard; dix étamines dont neuf soudées par les filets enun seul faisceau; gousse de forme variée plus longue que le calice à peine déhiscente coriace et ne renfermant qu'une seule on un petit nombre de graines. Ce genre fait partie de la section des Trifoliées de Brown et de De Candolle; il se compose de Plantes herbacées qui pour la plupart croissent dans l'Europe tempérée et méridionale. Leurs feuilles sont accompagnées de stipules adnées au pétiole et composées de trois folioles ordinairement dentées. Les fleurs sont jaunes ou blanchâtres disposées en grappes plus ou moins allongées et plácées dans les aisselles des feuilles supérieures. Seringe(in De Candolle Prodrom. Syst. Veget. 2 p. 186) en a décrit vingt-sept espèces dont il a formé trois sections qui sont caractérisées par la forme ainsi que par la structure de leurs gousses et qui ont reçu les noms de Cælorutis Plagiorutis et Campy lorutis. Parmices Plantes nous décrirona seulement celle qui a servi de type générique.

Le MÉLILOT OFFICINAL Melilotus officinalis Lamarck; Trifolium Melilotus officinatis Liun. est une Plante annuelle dont la tige dressée et rameuse s?eacute;lève à environ six décimètres. Ses feuilles sont composées de folioles ovales obtuses mucronées dentées en scie et glabres. A la base du pétiole on trouve deux stipules sétacées. Les fleurs sont fort petites jaunes disposées en petites grappes unilatérales et très - nombreuses à l'extrémité des ramifications de la tige. Ces fleurs sont presque sessiles

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un pen pendants et munies chacune d'une petite bractée linéaire. Les gousses sont petites ovoïdes obtuses rugueuses et renferment une ou deux graines. Cette Plante est commune dans les prés les haies et les bois; elle fleurit pendant la plus grande partie de l?eacute;té. A l'étatfrais elle n'a qu'une légère odeur qui se développe par la dessiccation et qui parfume le Foin où le Méilot se trouve mélangé. On l'employait très–fréquemment autrefois en médecine mais son usage est restreint aujnurd'hui à des lotions ou à des lavemens émolliens. Son principe odorant ne paraît point influerser le mode d'action de cette Plantes

Le Melilotus cæruleus Lamk. conserve avec beaucoup de ténacité la forte odeur dont il est pénétré et on le nomme par cette raison Baume du Pérou Lotier odorant Trèfle musqué etc. Nous avons vu un herbier où un seul échantillon de cette espèce parfumait encore après plus de cinquante années le paquet qui le contenait. Bory de Saint-Vincent en possède un échantillon desséché en 1698 par Maurin adjoint de Tournefort au Jardin du Roi et dont l'odeur est encore parfaitement conservée. Les paysans suisses sen serrvent pour aromatiser la variété de fromage à laquelle ils donnent le nom de Chapsigre. (G..N.)

MÉLINE ET MELINUM. MIN. Ce nom a été donné par les anciens à deux substances différentes L'une qui est le Melinum de Pline paraît etre une Argile blanche de l'ile de Mélos qui servait dans la peinture; l'autre qui a été citée par Celse Vitruve et Dioscoride était une Ocre jaunâtre. (G. DEL.)

MÉLINET. BOT. PHAN. Nom vulgaire et qui doit être repoussé de lascience; du genre Cérinthe. V. ce mot. (B.)

MELINIS. BOT. PHAN. Ce genre de Graminées et dela Triandrie Digynie L. établi par Beauvois (Agrost.T. 11 f. 4) offre pour caractères: des fleurs disposées en une panicule composée ayant une lépicène biflore bivalve; la valve inférieure très-petite et mutique la supérieure de la grandeur des fleurs bifide à son sommet ouelle poite une pelite pointe naissant de la fente; la fleur externe composée d'une seule paillette herbacée bifide à son sommet et portant une longue soie qui part de sa bifurcation. La fleur interne est hermaphrodite à deux valves chartacées mutiques. Ce genre qui appartient à la tribu des Panicées est extrêmement rapproché des Panicum dont il diffère surtout par la longue soie de sa fleur neutre. Il a été formé sur une Plante du Brésil que P. Beauvois nomme Melinis multiflora. (A. R.)

MELINUM. BOT. PHAN. Ce nom que les anciens donnaient à l'huile de fleurs de Coings avait été donné par Césalpin au Salvia glutinosa ainsi qu'au Teucrium Scorodonia L. (B.)

MELINUM. MIN. V. MéLINE.

* MÉLIPHAGE. Meliphaga. OIS. Syn. de Philédon. V. cemot. (DR..Z.)

MELIPHYLLON. BOT. PHAN. (Dioscoride.) La Mélisse. (B.)

MÉLIPONE. Melipona. INS. Genre de l'ordre des Hyménoptères section des Porte-Aiguillons famille des Melifères tribu des Apiaires division des Sociales établi par Illiger et en même temps par Latreille et auquel Jurine a donné le nom de Trigona. Latreille a détaché quelques espèces des Mélipones et en a formé un genre sous eo dernier nom. Les caractères des Mélipones proprement dites sont: point d'épines à l'extrémité des jambes postérieures; premierarticle des tarses postérieurs plusétroit à sa base ou en triangle renversé et sans stries sur la brosse soyeuse de sa face interne.

Les Mélipones diffèrent des Trigones de Jurine et Latreille par les mandibules qui sont dentelées à leur bordinterne dans les dernières tandis qu'elles Sont simples dans les Méli-

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pones; elles different des Abeilles par leurs petits yeux lisses qui sont situés transversalement sur une même ligne. Les ailes supérieures n'ont que deux cellules cubitales; la première est carrée sépare de la seconde par une faible nervure: elle ne reçoit aucune nervure récurrente. La seconde en reçoit une et atteint l'extrémité de l'aile. L'abdomen est plus court que celuides Abeilles de la longueur à peu près du corselet; le premier article des tarses postérieurs a une forme triangulaire ou va en se rétrécissant de l'extrémité à la base et la brosse soyeuse qui revêt la face interne est continue ou sans stries transverses; les extrémités des crochets qui terminent les pates sont fendues en deux branches qui sont presque de longueur égale; les jambes postérieures sont proportionnellement plus larges que celles des Abeilles; le bout inférieur paraît concave ou échancré et offre à son anle interne un faisceau oblique de poils ou petits crins trèsnombreux et très-serrés; enfin la tranche intérieure a un sillon ou un enfoncement longitudinal qui reçoit une partie du côté inférieur de la cuisse ce qui donne à ces Hyménoptères plus de facilité pour contracter leurs pates postérieures.

Les Mélipones ont été observées par beaucoup de voyageurs et par peu de naturalistes; de sorte que tout ce que les premiers ont dit sur leurs mœurs et leurs habitudes est souvent trèsdifficile à appliquer aux espèces: quoique ces observations aient été flaites par des gens dignes de foi l'histoire de ces Hyménoptères est encore bien incomplète et ce que l'on connaît de plus à leur égard n'a pour objet que la nature de leur miel la forme des ruches et leur régime politique. Latreille dans sa Monographie des Abèilles proprement dites et des espèces propres au Nouveau-Monde publiée dans le Recueil de Zoologie du voyage de Humboldt et Bonpland a rassemblé tous les faits relatifs à ces Hyménoptères qu'il a extraits de divers auteurs; nous regrettons que le peu d?eacute;tendue de cet ouvrage ne nous permette pas de profiter de ses observations.

Le nombre des espèces que ce genre renferme est indéterminé et il est bien difficile et même impossible de le fixer. Celles qui sont perfaitement connues ont été apportées en Europe a vec leurs ruches et on a pu voir précisément à quel genre elles appartenaient; parmi les dernières nous citerons:

La MÉLIPONE RUCH AIRE Melipona favosa Illig. Latr.; Apis favosa Fabr. Coqueb. (Illust. Icon. Ins. dec. tab. 22 fig. 3). L'ouvrière est longue de quatre lignes et demie d'un noirâtre foncé avec un duvet roussâtre. Le chaperon est d'un jaunâtre pâle ou blanchâtre avec deux taches brunes longitudinales en triangle allongé dans son milieu. Les ailes et leurs tégules sont jaunâtres. Le bord postérieur des cinq premiers anneaux de l'abdomen est occupé par une bande jaune ou d'un jaunâtre roussâtre. Les jambes de derrière sont en tout ou en partie ainsi que les derniers articles des tarses d'un brun plus clair et un peu roussâtre. Cette espèce se trouve a Cayenne où elle a été recueillie par feu Richard. On peut encore rapporter à ce genre intéressantles Melipona scutellaris Latr.; M. interrupta Latr.; les Apis compressipes segmentaria et atra Fabr. (G.)

MELIQUE. Melica: BOT. PHAN. Genre de la famille des Graminées et de la Triandrie Digynie établi par Linné et adopté par tous les agrostographes et présentant les caractères suivans: les fleurs forment une panicule simple ou rameuse; chaque épillet se compose de deux à quatre fleurs dont une ou deux sont hermaphrodites et les autres neutres; la lépicène se compose de deux valves un peu iuégales; la glume des fleurs hermaphrodites est formée de deux paillettes presque égales coriaces mutiques; la glumelle consiste dans une seule paléole obtuse et unilatérale. Ce genre a beaucoup de rap-

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port avec le Poa; ou doit y réunir le Molinia genre qui a pour type le Melica cærulea et qui réellement ne diffère pas des autres Méliques. Ce sont en général des Graminées élégantes dont les panicules unt un aspect soyeux ou brillant. (A. R.)

MELIS. MAM. (Pline.) Le Blaireau. V. ce mot. (B.)

MÉLISSE. Melissa. BOT. PHAN. Ce genre de la famille des Labiées et de la Didynamie Gymnospermie L. offre pour caractères essentiels: un calice tubuleux nu intérieurement à deux lèvres la supérieure à trois dents l'inférieure à deux; une corolle à tube cylindrique évasé au sommet et partagé en deux lèvres; la supérieure en forme de voûte échancrée; l'inférieure à trois divisions inégales celle du milieu plus grande échancrée et cordiforme; quatre étamines didynames à anthères oblongues; ovaire à quatre lobes du milieu desquels s'élève un style de la longueur des étamines et terminé par un stigmate bifide. Ce genre est très-voisin de celui des Thyms dont il ne diffère essentiellement que par son calice nu à l'intérieur. Si ce n?eacute;tait le port qui distingue assez bien les deux genres un tel caractère n'aurait qu'une faible valeur car la section du genre Melissa à laquelle Persoon a donné le nom de Calamintha et qui était regardée comme un genre distinct par Tournefort offre aussi un calice dont l'entrée est velue après la floraison; aussi quelques auteurs ont-ils placé parmi les Thyms les espèces dont cette section est constituée. Il se distingue des Origans en ce que ses fleurs ne sont ni réunies en tête ni accompagnées de bractées.

On a décrit environ quinze espèces de Mélisses qui sont indigènes de l'Europe méridionale et des contrées tempérées de l'Amérique septentrionale. Ce sont des Plantes le plus souvent herbacées quelquefois sous-frutescentes odorantes à feuilles simples opposées et à fleurs axillaires portées sur des pédoncules rameux et disposées en grappes au sommet des tiges.

La MÉLISSE OFFICINALE Melissa officinalis L. a uue tige dressée rameuse haute de six à huit décimètres velue vers sa partie supérieure et près de ses nœeuds; ses feuilles sont ovales cordiformes dentées pubescentes portées sur de courts pétioles; ses fleurs sont blanches verticillées tournées du même côté et placées dans les aisselles supérieures des feuilles sur des pédoncules rameux. La Mélisse croit dans les contrées méridionales de l'Europe. On la cultive abondamment dans les jardins à cause de l'odeur suave analogue à celle du Citron que toutes ses parties exhalent odeur qui a fait donner à celte Plante les noms vulgaires de Citronelle Citronade et Herbe de Citron. Elle possède à un haut degré les propriétés communes aux Labiées c'est-à-dire qu'étant amère et aromatique elle agit comme excitant sur le système nerveux. Les médecins prescrivent son infusion théiforme ou plus fréquemment son eau distillée dans les potions toniques. Elle est un des principaux ingrédiens de l'Eau-des-Carmes liqueur alcoholique que l'on administre rarement à l'intérieur mais qui peut avoir comme l'Eau-de-Cologne des propriétés antispasmodiques si on la fait respirer aux personnes qui tombent en défaillance.

Parmi les espèces qui composent la section des Calamintha de Persoon nous citerons les deux suivantes dont les propriétés sont analogues à celles de la Mélisse officinale et qui étaient fort en usage dans l'ancienne médecine.

La MÉLISSE A GRANDES FLEURS Melissa grandiflora L.; Thymus grandifiorus Lamk. et D. C.; a des tiges légèrement pubescentes garnies de feuilles ovales-aiguës dentées en scie; les fleurs sont grandes purpurines disposées en grappe terminale au nombre de trois ou quatre

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sur des pédoncules assez longs. Cette jolie Plante croît naturellement dans les contrées montueuses et sèches du midi de l'Europe.

La MÉLISSE CALAMENT Melissa Calamintha L.; Thymus Calamintha Lamk. et D. C.; est pubescente à feuilles ovales presque cordiformes à la base bordées de dents égales et obtuses: elle a des fleurs purpurines ou blanchâtres tachetées de violet beaucoup plus petites que celles de l'espèce précédente disposées en grappes paniculées. On la rencontre fréquemment sur les collines et aux bords des champs dans la France méridionale. Elle est connue sous le nom vulgaire de Calament de montagne.

On a aussi vulgairement appelé MÉLISSE DES BOIS le Melittis Melissophyllum; MÉLISSE ÉPINEUSE le Molucella spinosa; MéLISSE DE MOLDAVIE le Dracocephalum Moldavica; MÉLISSE SAUVAGE le Leonurus cardiaca etc. etc. (G..N.)

MÉLISSIÈRE. BOT. PHAN. Syn. Vulgaire de Melittis Melissophyllum L. (B.)

MELISSITUS. BOT. PHAN. Le Melilotus cretica Desf. a été érigé par Medicus et Mœnch sous le nom de Melissitus en un genre distinct établi antérieurement par Heister qui le nommait Melilotoides. Ces deux dénominations n'ont p été reçues; la première pouvant être confondue avec celle de Melicytus employée par Forster pour un genre fort différent et la sëconde péchant contre les règles établies par Linné. Seringe (in D. C. Prodrom. Syst. Veget. 2 p. 185) s'est donc vu autorisé à leur substituer le nom de Pocockia. V. ce mot. (G..N.)

* MÉLISSODE. Melissoda. INS. Genre d'Apiaires Scobulipèdes de Latreille. établi par ce savant dans les Familles Naturelles du Règne Animal et dont il ne donne pas les caractères. Ce genre est très-voisin de celui d'Eucère et renferme quelques espèces analogues du Brésil. (G.)

MELISSOPHYLLUM. BOT. PHAN. V. MÉLITTE.

MELISTAURUM. BOT. PHAN. (Forster.) Syn. de Casearia. V. ce mot. (G..N.)

MÉLITE. Melita.. CRUST. Genre de l'ordre des Amphipodes famille des Crevettines établi par Leach et ayant pour caractères: seconde paire de pieds ayant son dernier article très-dilaté comprimé en forme de main avec la griffe ou le doigt qui vient après et qui termine repliée sous la paumette det l'article précédent; antennes supérieures aussi longues au moins que les inférieures. Ce genre nous est inconnu; nous citerons l'espèce qui lui sert de type et qui est le Cancer palmatus de Montagu décrit dans le tome septième des Transactions de la Société Linnéenne de Londres. (G.)

* MÉLITE. POLYP. Lamarck nomme ainsi le genre de Polypier appelé par Lamouroux Mélitée. V. ce mot. (E. D..L.)

MÉLITE. BOT. PHAN. Pour Mélitte. V. ce mot. (B.)

MÉLITéE. Melitea. ACAL. Genre de Médusaires établi par Péron et Lesueur dans la division des Méduses gastriques monostoines pédonculées brachidées et non tentaculées. Caractères: huit bras supportés par autant de pédicules et réunis eu une espèce de croix de Malte; point d'organes intérieurs apparens. Ce genre a été réuni aux Méduses propres par Cuvier et aux Orythies par Lamarck. V. ORYTHIE. (E. D..L.)

MÉLITÉE. Melitæa. INS. Nom donné par Fabricius à un genre de Lépidoptères réuni par Latreille aux Argynnes. V. ce mot. (G.)

MÉLITÉE. Melitea. POLYP. Genre de l'ordre des Isidées dans la division des Polypiers Corticifères ayant pour caractères: Polypier lisse dendroïde noueux à raineaux souvent anastomosés; articulations pierreuses striées à entre-nœuds spongieux et renflés; écorce crétacée très-mince

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friable dans l'état de dessiccation et couverte de cellules polypifères éparses quelquefois saillantes. Quoique formées comme les Isis de cylindres ou articulations calcaires joints par une substance de structure différente les Mélitées se distinguent facilement des Isis par leur port l'aspect la couleur et le tissu de leurs cylindres calcaires la structure et la forme du moyen d'union de leurs articulations la pessistance et le peu d'épaisseur de l'écorce sur le Polypier dans l'état de dessiccation.

Les Mélitées sont des Polypiers fort élégans et dont le port rappelle certaines Gorgones. Quelques espèces parviennent à plusieurs pieds de hauteur; leurs rameaux sont très-nombreux ascendans plus ou moins sinueux presque tous établis sur le même plan et souvent anastomosés entre eux; les internœuds ou moyens d'union des pièces calcaires sont renflés saillans d'un tissu spongieux et assez mous pour être coupés facilement; les articulations calcaires sont fermes solides cassantes souvent striées à l'extérieur; on voit même sur les jeunes rameaux des enfoncemens qui correspondent aux cellules de l'écorce; intérieurement elles Sont parcourues suivant leur longueur par quelques canaux capillaires remplis d'une matière semblable à celle des entre-nœuds; leur coupleur varie du blanc rosé au rouge de corail le plus vif.

L'écorce des Mélitée est très-mince et quoique friable elle persiste constamment sur les Polypiers desséchés; celle des Isis au contraire est fort épaisse et tellement friable que les échantillons que l'on voit dans les collections ne s'offrent presque jamais; la couleur de l'écorce des Mélitées varie suivant les espèces et même suivant les individus; elle passe du blanc jaunâtre au rouge ponceau; les cellules polypifères sont petites nombreuses; éparses quelquefois saillantes entourées d'un cercle rouge qu and l'écorce est ja une et d'un cercle jaune quand cell-ci est rouge. Les Mélitées habitent les mers de l'Inde et de l'Australasie.

Ce genre renferme les Melitea ochracea Rissoi retifera et textiformis. (E. D..L.)

MELITHREPTUS. OIS. (Vieillot.) V. HÉOROTAIRE et PHILÉDON.

* MÉLITOME. Melitoma. INS. Genre d'Hyménoptères très-voisin de celui de Centris de Fabricius établi par Latreille (Fam. Nat. du Règne Anim.) et dont nous ne connaissons pas les caractères. (G.)

MÉLITOPHIILE. Melitophilis. INS. Latreille donne ce nom à une division qu'il a formée dans La tribu des Scarabéides. Tous ces Insectes ont le labre presque membraneux caché sous le chaperon; les mâchoires sont terminées par un lobe en forme de pinceau; la languette n'est point saillante et le corps est le plus souvent ovale déprime avec le corselet en trapèze ou presque orbiculaire; les couleurs de ces Insectes sont ordinairement brillantes; ils vivent tous sur des fleurs et leus larves passent leurs premiers états dans le tronc des Arbres en décomposition ou dans la tige de diverses Plantes. Cette division renferme six genres savoir: Platygénie Crémastocheile Goliath Trichie Cétoine et Gymnétis. V. ces mots. (G.)

MÉLITTE. Melitta. INS. Kirby nomme ainsi dans sa Monographie des Abeilles d'Angleterre un genre correspondant aux Pro-Abeilles de Réaumur et à la tribu des Andrénètes de Latreille; il partage ce genre en cinq sections dont les quatre premières correspondent aux genres Collète Hylée Sphécode et Halicte et la dernière aux Andrènes et aux Dasypodes de Latreille. V. ces mots et ANDRÉNÉTES. (G.)

MÉLITTE. Melittis. BOT. PHAN. Genre de la famille des Labiées et de la Didynamie Gymnospermie L. offrant pour caractères essentiels: un calice très-grand campanulé bilabié à trois divisions inégales; une

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corolle du double plus longue que le calice dont le tube est dilaté vers l'entrée; le limbe a deux lèvres ouvertes la supérieure entière plane l'inférieure à trois grands lobes inégaux et obtus; akènes arrondis légèrement triquètres et velus. Le Melittis Melissophyllum L. est l'unique espèce de ce genre car le Melittis grandiflora de Smith (Flor. Britann. 2 p. 644) n'en est qu'une simple variété. Cette Labiée une des plus élégantes fleurs sauvages de nos climats croît dans les bois ombragés; sa tige carrée dressée s'élève quelquefois jusqu'à un demi-mètre; elle porte des feuilles opposées pétiolées ovales un peu aiguës velues crénelées à nervures saillantes sur la partie inférieure; les fleurs sont grandes blanches rassemblées au nombre de deux à quatre dans les aisselles des feuilles supérieures. Toutes les parties de cette Plante exhalent une odeur trèsforte qui lui a fait donner les noms de Mélisse puante ou de Mélisse Punaise. Elle était autrefois employée en médecine dans les mêmes circonstances que celles où l'on administre la Mélisse officinale. (G..N.)

MÉLITURGE. Meliturga. INS. Genre de l'ordre des Hyménoptères section des Porte-Aiguillons famille des Mellifères tribu des Apiaires division des Scobulipèdes établi par Latreille et ne différant des Eucères et des Macrocères que par les palpes labiaux qui ne ressemblent point aux maxillaires et sont sétiformes. Elles ont les deux divisions de la languette beaucoup plus courtes que les palpes labiaux; les antennes des mâles sont terminées en massue. Ce genre a pour type le Meliturga clavicornis Eucera clavicornis Latr. Gen. Crust. et Ins. T. 1 tab. 14 fig. 14. V. EUCÈRE. (G.)

MELLA. BOT. PHAN. Genre de la Didynamie Angiospermie L. établi par Vandelli (Flor. Chil. et Lusit. p. 43 t. 3 f. 23) qui lui a donné pour caractère essentiel: un calice à cinq divisions ovales lancéolées la supérieure plus longue que les autres; une corolle monopétale campanulée dont le tube est cylindrique un peu recourbé le limbe à cinq petits lobes obtus; quatre étamines didynames dont les filets sont plus courts que la corolle; ovaire supérieur globuleux surmonté d'un style filiforme terminé par un stigmate bifide. Le fruit est une capsule biloculaire quadrivalve et polysperme.

Ce genre dont l'adoption doit être ajournée jusqu'à ce qu'on ait obtenu d'autres renseignemens sur ses affinités ne se compose que d'une espèce dont les feuilles sont larges lancéolées dentées en scie. (G..N.)

* MELLAMTODDALI. BOT. PHAN. Syn. malabare de Celtis orientalis et non de Muntingia comme le croyait Linné. (B.)

MELLICHRYSOS. MIN. Pline mentionne sous ce nom une Gemme de l'Inde que l'on croit être une Hyacinthe couleur de miel. (B.)

MELLIFÈRES. INS. V. ANTHOPHILES.

MELLIFIGON. BOT. PHAN. (Averrhoës.) Syn. de Millepertuis. V. ce mot. (B.)

* MELLILITE. MIN. (Kirwan.) V. ARGILE et MELLITE.

MELLINE. Mellinus. INS. Genre de l'ordre des Hyménoptères section des Porte-Aiguillons famille des Fouisseurs tribu des Crabronites établi par Fabricius et ayant pour caractères: antennes insérées au-desus du milieu de la face antérieure de la tête filiformes écartées à leur base; chaperon ou épistome court et large; quatre cellules cubitales complètes; mandibules fortes tridentées. Ces Hyménoptères diffèrent des Pemphrédons parce que ceux-ci n'ont que deux cellules cubitales; ls sont distingués des Gorytes par les mandibules qui sont simplement unidentées côté interne dans ces derniers; enfin les en sont; séparés par la seconde qui est pé-

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tiolée. Ces Hyménoptères ont les antennes filiformes peu ou point condées insérées près de la bouche et composées de douze articles dans les femelles et de treize dans les mâles; les mandibules sont au moins tridentées dans les femelles; deux de ces dentelures sont placées au côté in-terne l'autre longue et forte est à l'extrémité; les palpes maxillaires sont au nombre de quatre ils sont beaucoup plus longs aue les labiaux composés de six articles les labiaux n'en ont que quatre; la languette est distinctement divisée en trois parties; la tête est grosse elle a trois petits yeux lisses disposés en triangle sur la partie antérieure du vertex; le premier segment du corselet est linéaire transversal distant en dessus de l'origine des ailes les supérieures ont une cellule radiale qui va en se rétrécissant après la seconde cellule cubitale; son extrémité aiguë ne s'écarte pas de la côte; les cellules cubitales sont au nombre de quatre: la première aussi longue que les deux suivantes réunies reçoit la première nervure récurrente près de la seconde cellule cubitale celle-ci est rétrécie auprès de la radiale; la troisième reçoit la seconde nervure récurrente la quatrième est presque complète; l'abdomen est composé de cinq segmens outre l'anus dans les femelles et de plus dans les mâles; son premier segment a la base rétrécie en pédicule; les pates sont de longueur moyenne; les quatre jambes postérieures sont munies à leur extrémité de deux épines et les antérieures d'une seule; le premier article des tarses est long les autres courts et le dernier terminé par deux crochets simples écartés munis d'une forte Pelote dans leur entre - deux. Les Mellines sont en général d'une taille plus forte que les Pemphrédons; leurs couleurs sont le jaune et le noir; les es cneusent des trous dans les et sablonneux pour y dé œufs: elles approvisionnent ces nids de Muscides dont leurs larves se nourrissent.

On ne connaît qu'un petit nombre d'espèces de ce genre entre lesquelles nous citerons:

Le MELLINE DES CHAMPS Mellinus arvensis Fab.; Vespa arvensis Linn.; long de quatre lignes; corps très noir et assez luisant; premier article des antennes bord antérieur de la tête au-dessus de la bouche bord interne des yeux premier segment du corselet et écusson jaunes avec une tache de cette couleur de chaque côté et sous l'origine des ailes; second et troisième articles de l'abdomen ayant en dessus une bande jaune celle du second quelquefois interrompue; le quatrième a de chaque côté un point et le cinquième une bande de la même couleur. C'est Ia Guêpe Ichneumone à filet bossu de Degéer; elle se trouve dans les environs de Paris. (G.)

MELLINIORES. Melliniores. INS. Latreille désignait ainsi une famille d'Hyménoptères qu'il a convertie depuis en une division de la tribu des Crabronites. Cette division renfermait les genres Pemphrédon (Cémonede Jurine) Melline Stigme et Alyson. Il l'a supprimée dans son dernier ouvrage. (G.)

MELLISUGA. OIS. V. COLIBRI.

* MELLITA. ÉCHIN. Genre d'Oursins établi par Klein. Il n'a point été adopté et rentre dans le genre Scutelle de Lamarck. V. ce mot. (E. D.. L.)

MELLITE. MIN. Honigstein Werner. Alumine mellatée. L'un des sels organiques admis comme espèce minérale et composé suivant Klaproth de 46 parties d'Acide mellique de 16 parties d'Alumine et de 38 parties d'Eau. Cette substance est d'un jaune de miel et d'un éclat résineux. Elle cristallise en octaèdre à base carrée dont les faces sont inclinées de part et d'autre de la base de 93° 22". Cet octaèdre est souvent modifié sur ses angles latéraux. Le Mellite est fragile a la réfraction double est soluble dans l'Acide nitrique: la solution précipite en gelée par l'Am-

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moniaque. Il donne de l'eau par la calcination se charbonne brûle sans flamme ni fumée en laissant un résidu. Sa pesanteur spécifique est de 1 58. Cette substance appartient aux dépôts de lignite des terrains tertiaires; elle se trouve à Artern en Thuringe en Suisse et même aux environs de Paris dans le lignite terreux d'Auteuil. (G. DEL.)

* MELLITES. INS. Syn. d'Apiaires. V. ce mot. (B.)

MELLITURGE. INS. V. MÉLITURGE.

MELLOPHAGE. Mellophagus. OIS. Syn. de Guêpier. V. ce mot. (DR..Z.)

MÉLO. BOT. PHAN. V. MELON.

MÉLOBÉSIE. Melobesia. POLYP. Genre de l'ordre des Milléporées dans la division des Polypiers entièrement pierreux. Ses caractères sont: Polypier pierreux en plaques minces plus ou moins grandes étendues sur la surface des Hydrophytes; cellules très-petites situées au sommet de petits tubercules épars sur les plaques. Lamouroux à qui l'on doit l'etablissement de ce genre l'avait placé dans son Histoire des Polypiers flexibles à la suite des Corallinées en avertissant néanmoins qu'il ne regardait point ce rapprochement comme naturel. Dans l'exposition méthodique des Polypiers le genre Mélobésie est placé parmi les Milléporées. Personne nous pensons autre que Lamouroux ne s'étant occupé de l'étude de ces êtres singuliers on ne sait sur leur compte que ce qu'il en a dit dans son Histoire des Polypiers flexibles et que nous allons transcrire ici. Les Mélobésies forment des plaques plus ou moins grandes quelquefois rondes et régulières d'autres fois irrégulières; il en est qui couvrent les Plantes marines d'une couche calcaire au point de ne laisser apercevoir ni la forme ni la couleur des feuilles tandis que d'autres rendent la surface de ces Plantes comme poudreuse ou furfuracée suivant la grendeur des plaques. semblables à de ptites écailles ou à des atomes de poussière. On observe ordinairement sur ces plaques quelques tubercules plus ou moins saillans; dans leur centre existe un trou ou cellule qui sert d'habitation au Polype constructeur de cette demeure pierreuse.

La substance des Mélobësies ressemble parfaitement à celle de l'écorce des Amphiroés et des Corallines; il ne leur manque qu'un exe membraneux ou corné pour être de véritables Corallinées. Ces Polypiers paraissent solides; les espèces ne présentent pas le même degré de dureté; il y en a de très-dures tandis que d'autres se réduisent en poussière parle moindre frottement. Tout nous porte à croire que ces dernières dans l'état de vie ne s'éloignent pas beaucoup des Alcyonnées. Quoi qu'il en soit il nous suffit d'avoir attiré sur ces êtres l'attention des naturalistes; le temps et l'observation pourront nous dévoiler le mystère de leur organisation et de leur véritable place dans l'échelle naturelle des êtres. Les Mėlobésies offrent les mêmes couleurs que les Corallines soit fraîches soit desséchées. On les trouve dans les différentes mers du globe ordinairement sur les mèmes espèces d'Hydrophytes; on dirait que ces Polypiers comme certains Insectes ne peuvent vivre que sur un seul genre de Plantes absolument nécessaire à leur existence.

Ce genre renferme les Melobesia membranacea pustulata farinosa et verrucata. (E. D..L.)

MÉLOCACTE. Melocactus. Espèce de Cacte. V. CIERGE. (B.)

MELOCHIA. BOT. PHAN. Ce genre de la Monadelphie Pentandrie L. avait été placé par Jussieu (Gener. Plant. 274) parmi les Malvacées. Cette famille ayant été subdivisée le Melochia a fait partie des Bytuériacées de R. Brown Kunth et De Candolle. Ventenat (Choix de Pl. n. 37) en tiré plusieurs espèces décrites par Cavamilles caractérisées par leur capsule qui se sépare en cinq coques

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distinctes et il en a fait son genre Riedleia qui correspond au Mougeotia de Kunth. Ainsiréformé le genre Melochia se distingue par les caractères suivans: calice persistant à cinq divisions peu profondes dont la préfloraison est valvaire nu ou entouré d'une à trois bractées: cinq pétales égaux ouverts et adnés au tube staminal par leurs onglets; cinq étamines opposées aux pétales ayant leurs filets soudés par leur partie inférieure; anthères biloculaires et déhiscentes longitudinalement et extérieurement; ovaire supère stipité à cinq loges dans chacune desquelles sont deux ovules superposés et fixés à un axe central; cinq styles réuuis par la base surmontés de stigmates en forme de petites massues; capsule membraneuse pentagone à cinq loges à cinq valves dont la déhiscence est loculicide et qui portent les cloisons sur leur milieu; axe central séparable en cinq filets auxquels les cloisons sont suspendues; une ou deux graines dans chaque loge ayant l'embryon droit placé au centre d'un endosperme charnu pourvu de cotylédons planes foliacés réniformes et d'une radicule infère. Ce genre dégagé des Plantes qui forment le Mougeotia de Kunth ou Riedleia de Ventenat ne se compose que de cinq espèces dont deux seulement avaient été décrites par Linné sons les noms de Melochia pyramidata et M. tomentosa. La première qui a pour synonyme le M. Domingensis Jacq. (Vind. 1 tab. 30) croît dans les Antilles et au Brésil. On la cultive dans les jardins de botanique. Trois nouvelles espèees ont été publiées par Kunth (Nov. Gener. et Species Plant. æquin. 5 p. 323 tab. 432) qui les a nommées M. Turpiniana macrophylla et parvifolia. Elles croissent dans la république de Colombie. Les Melochia sont des Arbrisseaux ou Arbustes couverts d'un duvet de poils étoilés à feuilles alternes entières dentées en scie munies de stipules pétiolaires et géminées. Leurs fleurs sont nombreuses pédicellées de couleur violacée ou blanche en ombelles portées sur des pédoncules terminaux axillaires et opposées aux feuilles. (G..N.)

MÉLOCHITE. MIN. Nom sous lequel lés anciens paraissent avoir connu une variété terreuse et globuliforme d'Azurite ou Carbonate bleu de Cuivre. (G. DEL.)

MELODINUS. BOT. PHAN. Genre de la Pentandrie Digynie L. établi par Forster (Charact. Gener. p. 37 tab. 19) adopté par Linné fils et par Jussieu; ce dernier l'a placé dans la troisième section de la famille des Apocynées. Il y est ainsi caractérisé: calice à cinq divisions profondes et persistantes; corolle hypocratériforme à tube cylindrique trois fois plus long que le calice; le limbe est à cinq divisions obliques et renferme une couronne composée de cinq appendices courts pétaloïdes ouverts en étoile alternes avec les divisions du limbe de la corolle et laciniées comme dans les Nerium; cinq étamines très-courtes; style bipartible et portant deux stigmates; baie globuleuse biloculaire pulpeuse intérieurement renfermant un grand nombre de graines ovales arrondies un peu comprimées. Ce genre paraît avoir des rapports avec le Rauvolfia et le Strychnos. Il ne renferme qu'une seule espèce Meiodinus scandens Linné fils et Lamarck Illust. Gen. tab. 179. C'est un Arbrisseau qui croît dans la Nouvelle-Ecosse); sa tige volubile grimpe sur les Arbres du voisinage; elle est garnie de feuilles opposées oblongues ovales veineuses et trèsentièies. (G..N.)

MELODORUM. BOT. PHAN. Sous ce nom Loureiro (Flor. Cochinch. éd. Willd. p. 430) a constitué un genre qui fut réuni par Jussieu à l'Asimina d'Adanson. Dunal et De Candolle l'ont considéré comme type d'une section du genre Unona et ils ont donné aux Melodorum arboreum et fruticosum les noms d'Unona sylvatica et d'Unona durmetorum. V. UNÒNE. (G..N.)

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MÉLOÉ. Meloe. INS. Genre de l'ordre des Coléoptères section des Hétéromères familledes Trachélides tribu des Cantharidies établi par Linné qui comprenait sous ce nom divers autres genres et adopté par tous les entomologistes avec ces caractères: tous les articles des tarses entiers; antennes grenues droites et sans coude remarquable de la longueur au moins de la tête et du corselet irrégulières dans plusieurs mâles; point d'ailes; étuis ne recouvrant qu'une partie de l'abdomen ovales ou triangulaires se croisant dans une partie de leur bord interne

Ces Insectes se distinguent à la première vue des genres voisins par leur port lourd leurs étuis plus courts que l'abdomen et par leur manque d'ailes; la tête des Méloés est large déprimée de devant en arrière et inclinée sous le corselet; les antennes sont moniliformes un peu plus longues que le corselet et la tête réunis; elles sont composées de onze articles dont le premier est grand et tronqué antérieurement le second petit et aplati et les autres arrondis. Les mâles dans plusieurs espèces ont les cinquième sixième et septième articles plus larges ce qui donne aux antennes une forme irrégulière; vu de profil leur milieu offre même par suite de la disposition de ces articles une forte échancrure ou une espèce de croissant. Sowerby a observé qu'ils se servent de cette échancrure pour saisir les antennes des femelles pendant l'accouplement. La lèvre supérieure est cornée échancrée antérieuremeut; les mandibules sont triangulaires arquées cornées aiguës et sans dents. Les mâchoires sont cornées bifides droites et comprimées; la division interne est tronquée l'externe est un peu plus grande arquée et aiguë. La lèvre inférieure est cornée rétrécie antérieurement pour l'insertion des palpes labiaux qui sont composés de trois articles dont le premier très-petit le second allongé et le troisième large et tronqué. Les palpes maxillaires sont plus longs composés de quatre articles dont le premier trèspetit les deux suivans grands et triangulaires et le dernier ovoïde. Le corselet est presque cubique rétréci postérieurement; les élytres sont molles se recouvrant vers la suture et plus courtes que l'abdomen qui est composé d'anneaux distincts et mous; les stigmates s'aperçoivent facilement. Les pates sont longues; les cuisses et les jambes sont comprimées ces dernières sont un peu arquées. Les tarses sont simples et terminés par deux crochets. Les organes de la digestion des Méloés d'après Léon Dufour qui a fait l'anatomie de ce genre (Ann. des Scienc. Natur. T. 111 p. 486) sont composés d'un œsophage qui se dilate est très-vaste et semble revêtir les caractères d'un véritable gésier car il est garni intérieurement de plissures calleuses comme anastomosées entre elles et séparé du ventricule chylifique par une valvule formée de quatre pièces principales résultant chacune de l'adossement de deux cylindres creux tridentés en arrière. Cet organe est moins prononcé dans les genres qui vivent du pollen des fleurs et qui ne sont point essentiellement herbivores. Le ventricule chylifique est droit conoïde ou cylindroïde et formé de rubans museulaires transversaux bien prononcés; l'intestin grêle est flexueux filiforme; il offre à son origine une portion conoïde dont l'intérieur a de légères plissures longitudinales et une valvule correspondant au ventricule chylifique composée de six tubercules ovales bilobés un peu calleux; le cœcum est ovale lisse et le rectum est assez marqué; les vaisseaux biliaires au nombre de six s'insèrent autour d'un bourrelet de la base du ventricule chylifique se réunissent trois à chaque côté et se terminent par deux branches qui vont s'insérer sur la partie antérieure du cœcum.

Ces Insectes font sortir de l'articulation de chaque genou de leurs

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pieds lorsqu'on les saisit une liqueur jaunâtre visqueuse semblable à de l'huile et qui a suivant Frisch une odeur de violette mais qui est inodore suivant Degéer; ils sont lourds se traînent à terre dans les champs les terres labourées ou sur les bords des chemins et paraissent préférer les lieux sablonneux et exposés au soleil. Ils se nourrissent de feuilles de Végétaux. Ces Coléoptères paraissent au printemps et en automne. On les mêle aux Cantharides dans quelques cantons de l'Espagne pour les faire servir aux mêmes usages. On les regardait autrefois comme un spécifique contre la rage et les maréchaux vétérinaires emploient pour quelques traitemens; de l'huile où ces Insectes ont macéré. On voit dans Mouflet que les anciens naturalistes se sont beaucoup. étendus sur leurs propriétés médicales. Latreille présume que les Méloés sont les Buprestes des anciens Insectes auxquels ils attribuaient des effets très-pernicieux et qui suivant eux faisaient périr les Bœufs lorsqu'ils les mangeaient avec l'Herbe. Ces Insectes ont aussi été nommés Proscarabeés par divers naturalistes.

Les femelles des Méloés ont l'abdomen rempli d'un si grand nombre d'œufs qu'elles acquièrent une grosseur considérable et que cet organe devient enflé et tendu d'une manière extraordinaire. Une femelle de Proscarabée que Goëdart nourrissait de feuilles d'Anémones et d'une Renoncule des champs pondit du 12 mai au 12 juin suivant deux mille deux cent douze œufs sans en compter au moins autant qui furent perdus. Elle effectua cette ponte à deux reprises en enfonçant chaque fois l'extrémité de son ventre dans un trou qu'elle avait fait en terre et déposant ses oeufs en un paquet. Ces œufs sont jaunes et semblables dit-il à de petits sablons pressés ensemble: il essaya en vain d'élever les larves qu'il en obtint. Ces larves ont le corps long cylindrique parsemé de poils composé de onze anneaux presquc égaux et d'une tête ovale pourvue de deux yeux et de deux antennes assez longues. Elles ont six pâtes qui paraissent grandes comparativement à l'étendue du corps dont l'extrémité postérieure est terminée par deux longs appendices en forme de soies. Degéer ayant remarqué une grande analogie entre ces larves et un petit Insecte presque semblable qui se trouve sur l'Eristalis intricarius et que Kirby nomme Pediculus Melittæ mit avec les larves de ce Méloé deux Mouches domestiques ainsi qu'une espèce de la même famille. En moins d'une demi-heure un très-grand nombre de ces larves avaient trouvé le moyen de se rendre sur le corps d'une de ces Mouches et de son fixer à sa poitrine et à une partie de son ventre. La Mouche fit de vains efforts pour s'en débarrasser elle périt le second on le troisième jour. Quoique ce fait soit très-merveilleux et qu'il soit rapporté par un observateur éclairé Latreille ainsi que Kirby combattent le sentiment émis par Degéer que la larve des Méloés est parasite et ils donnent des raisons très-bonnes pour prouver que cela ne peut pas être. Nous regrettons que l'étendue de ce Dictionnaire ne nous permette pas d'entrer dans de plus grands détailssur ce sujet intéressant. Au reste Walkenaer a réuni dans ses Mémoires pour servir à l'Histoire naturelle des Halictes tous les faits relatifs à ce sujet de controverse et nous y renvoyons.

Meyer avait publié une Monographie de ce genre; mais Leach en a donné une nouvelle dans le onzième volume des Transactions de la Société Linnéenne de Londres. Elle est complète et accompagnée de bonnes planches. L'auteur a rectifié la synonymie de quelques espèces et il partage ainsi ce genre qui se compose d'une vingtaine d'especes.

I. Antennes filiformes courtes et assez épaisses dans les deux sexes.

A. Extrémité des antennes entière.

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* Corselet carré.

Le MÉLOÉ VARIÉ Meloe variegatus Leach (tab. 6 fig. 1-2); M. majalis L. Oliv. Latr. Panz.; bronzé varié de vert et de cuivreux; téte et corselet ponctués; élytres raboteuses. Des environs de Paris.

** Corselet prolongÉ de chaque côté.

MÉLOÉ EXCAVÉ Meloe excavatus Leach (ibid. p. 243 tab. 18 fig. 3). Noir; tête triangulaire; corselet ayant un enfoncement de chaque côté; élytres couvertes de gros points enfoncés; abdomen lisse noir avec les côtés fauves. Patrie inconnue.

B. Extrémité des antenues échancrée.

MÉLOÉDE MAI Meloe majalis L. Leach (ibid: tab. 6 fig. 3-4). D'un noir trè-foncé uni avec les bords supérieurs des anneaux de l'abdomen rouges. Leach s'est assuré que cette espèce est celle que Linné nomme ainsi parce qu'il a va l'Insecte qui a servi à la description qu'en a faite le naturaliste suédois. Cet individu est conservé dans le cabinet de Smith. Cette espèce est d'Espagne.

II. Antennes filiformes allongées et grêles dans les deux sexes.

MÉLOÉ RIDÉ Melae rugosa Marsham Leach (ibid tab. 6 fig. 7-8) De France.

III. Antennes (dans les mâles principalement) plus épaisses à leur extrémité.

A. Corselet court transverse.

MÉLOÉ A CORSELET COURT Meloe brevicollis Pans. (Ibid. tab. 6 fig. 8.) De France.

B. Corselet allongé.

MÉLOÉ LISSE Meloe lævis Leach (ibid.). Il se trouve dans l'ile d'Haïti.

IV. Antennes (surtout dans les mâles) plus épaisses dans leur milieu souvent coudées.

MÉLOÉ PROSCARABÉE Meloe Proscarabæus L. Fabr. Oliv. Leach t. 7 fig. 6-7 loc. cit. Noir; corselet et tête ponctués; élytres ruguenses; côtés de la tête et du corselet pates et antennes d'un noir violet. Cette espèce est commune en France et dans toute l'Europe. (G.)

MELOLONTHA. INS. Geoffroy a d'abord employé Ce nom pour désigner le genre Clythre. Ensuite Fabricius s'en est servi pour le genre Hanneton auquel il est resté. V. CLYTHRE et HANNETON. (G.)

MELON. Melo. BOT. PHAN. Espèce du genre Concombre. V. ce mot. On a appelé MELON D'EAU une autre espèce du même genre; MELON ÉPINEUX le Cactus melocactus; MELON A TROIS FEUILLES le Cratæva Marmelos etc. (A.R.)

MELON DESYRIE ou DU MONTCARMEL. MIN. V. MÉLONITE.

MELONGÉNE OU MÉRINGÉNE. BOT. PHAN. Noms vulgaires et les plus usilés du Solanutn Melongena L. V. MORELLE. (B.)

* MÉLONTE. Melonia. MOLL. Genre différent des Mélonies de Montfort proposé par Lamarck et faisant conséquetnment double emploi du môme nom pout des corps qu'il est impossible de confondre. Depuis 1802 Fortis avait signalé par des descriptions exactes et de bonnes figures dans ses Mémoires pour servir à l'oryctologie de l'Italie plusieurs espèces de Mélonies de Lamarck. Cet àuteur les avait confondues à tort avec ce qu'il nommait des Discolites genre qui en renfermait plusieurs autres et entre autresdes Polypiers. Roissy dans le'Buffon de Sonnini ne confondit pas comme Fortis ces corps àvec les Nummulite: mais il n'en fit aucunement merition. Montfort loin de les rassembler fit autant de genres que d'espèces et sans citer Fortis il établit les genres Borélie Miliolite et Clausulie. Malgré ces travaux qui pouvaient donner quelques connaissances des Coquilles dont ils traitent Lamarck probablement sans les connaître institua son genre Mélonie dans l'Extrait du Cours. Comme les noms génériques

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de ce célèbre zoologiste prévalurent celui-ci fut adopté. Cuvier (Règne Animal) le fit le premier; il placa les Mélonies comme sous-genre de ses Camérines en y réunissant avec juste raison les trois genres de Montfort. Férussac dans ses Tableaux systématiques suivit entièrement l'opinion de Cuvier. Nous devons nous étonner d'après cela que Lamarck en publiant en 1822 le septième volume de l'Histoire des Animaux sans vertèbres ignorât entièrement tous ces antécédens et dît dans ses observations sur le genre: «Ces Coquilles ne me sont connues que par les figures qu'en a données Fichtel.ff Depuis la publication de l'ouvrage de Lamarck d'autres travauxont été donnés à la science; les articles de Blainville et de Défrance dans le Dictionnaire des Sciences Naturelles l'article MOLLUSQUE du même ouvrage et les Familles Naturelles du Règne Animal par Latreille. L'article MÉLONIE de Blainville dans le Dictionnaire des Sciences Naturelles ne mentionne absolument que les Méloniesde Montfort et nullement celles de Lamarck. Defrance en traitant ce mot dans le même ouvrage fait observer judicieusement que la figure du genre Mélonie de Montfort n'a aucun rapport avec celles données par Lamarck pour son genre du même nom; et Defrance semble oublier que ce genre Mélonie de Lamarck a été décrit par lui et figuré dans le dix-septième cahier de planches sous le nom d'Orizaire dont les caractères génériques sont donnés à l'article FABULAIRE du même auteur. Blainville à l'article MOLLUSQE précité ne mentionne plus la Mélonie de Montfort mais adopte le genre Mélonie de Lamarck auquel il rapporte les Borélies de Montfort seulement. Latreille dans ses Familles Naturelles a formé une famille sous le nom de Milléporite V. ce mot dans laquelle il réunit tous les Polythalames dont le test présente des pores plus ou moins nombreux; on y voit un groupe formé de genres Borélie Miliolite Clausuite de Montfort et Gyrogonite: De tout ce que nous venons de dire sur le genre Mélonie il suit que chaque auteur n'a pas connu ce qui était fait antérieurement à lui et a cru pouvoir donner un nom nouveau à un corps déjà nommé et figuré. Ainsi au résumé Fortis le confond aveé les Discolithes Fichtel avec les Nautiles; Montfort en fait trois genres; Lamarck sans faire attention que le nom de Mélonie a été déjà donné par Montfort à un corps tout différent l'emploie néanmoins pour le genre qui nous occupe; Defrance ne connaît pas en nature les Mélonies de Lamarck et cependant en décrit et figure une espèce sous le nom d'Orizaire; enfin Latrerlle ne le mentionne pas.

Les Mélonies sont de petits corps subsphériques quelquefois allongés et un peu pointus à leur extrémité ils sont formés de loges nombreuses qui s'enrouleut sur un axe droit et perpendiculaire le dernier tour enveloppant tous les autres; les cloisons sont imperforées mais l'intervalle qui les aépare est occupé par un ou plusieurs rangs de tubes extrêmement fins accollés par leurs parois qui s'ouvrent quelquefois à l'extérieur dans la dernière loge et qui d'autres fois sont constamment caehées. Comme ce caractère est constant dans les espèces qui l'ofrent il peut servir à diviser naturellement le geure en deux sections.

† Espèces dont les pores des cellules sont visibles en dehors.

MÉLONIE SPHÉRIQUE Motonia sphærica Lamk. Anim. sans vert. T. VII p. 615 n. 1; Nautilus Melo Fichtel tab. 24 fig. A B C D E F; Encyclop. Method. pl. 469 fig. 1 A B C D E F. Genre Clausulie: Clausulus indicator Montfort Conchyl. Syst. T. 1 p. 178 an Discolithes sphæricus? Fortis Mém. pour servir à l'oryctographie de l'Italie T. 11 p. 112 pl. 3 fig. 6. Cette espèce de Fortis semble être semblable à celle figurée par les autres au-

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teurs cités; comme elle est d'un diamètre plus grand nous l'avons indiquée avec doute dans notre synonymie; Fortis n'en connaissait pas la localité; Lamarck n'en indique pas non plus; Montfort dit que ce corps se trouve fossile en Hongrie en Transylvanie et à Duiaa sur les bords de l'Adriatique.

MÉLONIE DE FORTIS Melonia Fortisi N.;'Discolithes sphæroideus oblongus extremitatibus obtusis Fortis loc. cit. pl. 113 pl. 3 fig. 8 C D et fig. 9. Espèce remarquable par son allongement et sa forme ovale mais dont tous les caractères la placent essentiellement dans le genre; elle est longue de deux ligues à peu près. Fortis l'avait eue de Vandemier dans le ci-devant Roussillon. Nous l'avons retrouvée dans les sables coquilliers à Nummulites du Soissonnais et des environs de Laon.

†† Espèces dont les pores des cellules ne sont pas visibles.

MÉLONIE SPHÉROÏDE Melonia sphæroidea Lamk. Anim. sans vert. T. VII p. 615 n. 2; Nautilus Melonia Fichtel tab. 24 fig. G H; Encycl. pl. 469 fig. G H. Genre Borélie: Borelis Melonoides Montf. Conchyl. Syst. T. I p. 170. Cette espèce est sphérique marquée peu sensiblement par les cloisons à l'intérieur. Elle est composée comme les espèces précédentes.

MÉLONIE DE BOSC Melonia Boscii N.; Oryzaire de Bosc Defr.; Dict. des Scienc. Natur. T. XVI p. 104. Très-bien figurée parmi les Polypiers pierreux foraminés dans le dix-septième cahier de l'Atlas fig. 4 A B. Genre Miliolite Miliolites subulosus Montf. Conchyl. Syst. T. I p. 174; Discolithes sphæroideus gracilis apicibus acutis Fortis loc. cit. p. 114 pl. 3 fig. 10-11. Celleci est très-commune aux environs de Paris et il ne faut pas la confondre avec les véritables Milioles qui appartiennent à un genre bien différent; quoique plus allongée qu'aucune des autres espèces et quoique ses extrémités soient pointues; elle n'en doit pas moins rester dans le genre par ses caractères. Il paraît que l'individu figuré par Fortis n?eacute;tait point parfaitement bien conservé puisqu'il indique des stries transversales qui ne sont visibles que lorsque la première couche de la Coquille a été usée. (D..H.)

MÉLONIE. Melonis. MOLL. Genre établi par Montfort pour une Coquille microscopique qu'il place à tort près des Nautiles; elle doit se rapporter bien plutôt aux Nummulites. Ce genre n'est pas du tout le même que celui auquel Lamarck a donné le même nom et ce serait bien à tort que l'on y rapporterait celui de Montfort comme l'ont fait au reste quelques auteurs modernes qui pour n'avoir pas vérifié ont commis cette faute. Montfort (Conchyl. Systém. T. I p. 67) caractérise son genre Mélonie de la manière suivante: coquille libre univalve cloisonnée en disque et contournée en spirale aplatie ayant un ombilic; le dernier tour de spire renfermant tous les autres; bouche arrondie recevant dans son milieu le retour de la spire scellée et couverte par un diaphragme sans siphon mais laissant une ouverture semilunaire coutre le retour de la spire; cloisons unies. Si l'on compare ces caractères à ceux donnés par Lamarck à son genre Mélonie V. ce mot on s'apercevra bientôt que c'est un genre entièrement différent. Montfort donna le Nautilus pompiloides de Fichtel et Moll. pl. 2 fig. A B C comme type de son genre. Cette petite Coquille est d'une demi-ligne de diamètre vésiculaire mince irisée transparente. Elle se trouve vivante sur les Polypiers pierreux de la Méditerranée et fossile à la Coroncine en Toscane. (D..H.)

MÉLONITE OU MÉLOPONITES. MIN. Aussi Melon du Mont-Carmel et Mélopéponites. Noms donnés par les anciens lithologistes aux géodes de Calcédoine et aux nodules de Silex présentant une forme globu-

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leuse arrondie comme celle d'un Melon. (G. DEL.)

MELONNÉE. BOT. PHAN. Variété de Courge. (B.)

MELONS FOSSILES. GÉOL. On a improprement appelé ainsi des eéodes siliceuses creuses et tapissées de cristaux de Quartz dont la forme ovoïde rappelle celle des Melons mais qui bien certainement n'ont point une origine végétale. Les Melons du Mont-Carmel sont de pareilles Agathes impures. Dans la formation du calcaire magnésien et jusque dans les grès de Fontainebleau on rencontre des masses orbiculaires plus ou moins volumineuses que l'on a comparées aussi à différens fruits et quelquefois à des Melons. (C. P.)

MĖLOPE. Melops. POIS. Espèce de Labre du sous-genre Crénilabre. V. LABRE. (B.)

MELOPEPO. BOT. PHAN. Le genre établi sous ce nom par Tournefort fait partie du genre Cucurbita de Linné. V. COURGE. (G..N.)

MÉLOPÉPONITES. MIN. V. MÉLONITE.

MÉLOPHAGE. Melophagus. INS. Genre de l'ordre des Diptères famille des Pupipares tribu des Coriaces établi par Latreille qui lui donne pour caractères: ailes nulles ou trèsimparfaites; point de balancier; tête de grandeur ordinaire séparée du corselet par une suture apparente: suçoir renfermé entre deux valves coriaces. Ce genre se distingue des Hippobosques et des Ornithomyes par l'absence des ailes. Il est séparé des Nyctéribies aptères comme lui par la tête qui dans ceux-ci est trèspetite en forme de tubercule capsulaire et confondue avec le corselet. La tête des Mélophages est en forme d'un segment lunulé transversal qui n'est distingué du corselet que par une suture courbe. On n'y découvre point d'yeux lisses. Les antennes consistent en deux tubercules trés-apparens logés un de chaque côté dans une cavité près d'une pièce qui sert de support à l'espèce de bec que forme la bouche. Cette pièce ressemble à une lèvre supérieure; son bord antérieur est droit au lieu d'être échancré comme dans les Hippobosques; les valves du suçoir sont plus longues que la tête. Le corselet est presque carré les crochets des tarses sont contournés et unidentés en dessous. On peut voir pour plus de détails la Monographie qu'a publiée Leach des Insectes de la famille des Pupipares.

Nous ne connaissons que deux espèces de ce genre; l'une vit sur le Mouton et l'autre sur le Cerf. La première est:

Le MÉLOPHAGE COMMUN Melophagus ovinus Latr. (Hist. Nat. des Crust. et des Ins. t. 14 p. 403); Hippobosca ovina Linn. Fabr. Panzer (Faun. Ins. Germ. fasc. 51 t. 14). Le corps de cet Insecte est rougeâtre; il se tient caché dans la laine des Animaux et leur cause des démangeaisons très-vives. (G.)

* MELOSEIRA. BOT. CRYPT. Le genre formé sous ce nom par Agardh dans son Systema Algarum en 1824 est ainsi caractérisé: filamens articulés rétrécis aux articles très–-fragiles et se désunissant aisément. Le Fragillaria nummuloides de Lyngbye et le Conferva nummuloides de Dillwyn qui sont deux espèces distinctes y rentrent selon l'auteur à qui nous avions lors de son voyage à Paris en 1820 communiqué un dessin grossi de ces Plantes érigées dès-lors par nous en un genre consigné dès 1823 dans le T. VI du présent Dictionnaire p. 393 sous le nom de Gaillonelle. V. ce mot. Les caractères du genre dont il est question ayant d'ailleurs été fort imparfaitement établis par Agardh qui ne s'est probablement pas donné la peine de les examiner au microscope et le nom de Gaillonelle ayant évidemment l'autériorité nous croyons que le nom de Méloseira doit être banni de la science. (B.)

MELOSMON. BOT. PHAN. (Dios-

TOME X. 23

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coride.) L'un des noms du Teucrium Polium L. (B.)

MÉLOTHRIE. Melothria. BOT. PHAN. Genre de la famille des Cucurbitacées établi par Linné qui l'a placé dans la Triandrie Monogynie et offrant des fleurs hermaphrodites dont le calice adhérent avec l'ovaire infère se termine par un limbe à dix divisions aiguës et étroites; la corolle est monopétale rotacée à cinq lobes arrondis. Les cinq étamines sont disposées en trois faisceaux comme dans les autres Cucurbitacées; deux de ces faisceaux se composent chacun de deux étamines le troisième est formé par une seule. L'ovaire est surmonté d'un styecylindrique que terminent trois stigmates. Le fruit est une petite baie allongée polysperme.

Ce genre se compose de deux ou trois espèces. Ce sont des Plantes herbacées grimpantes ayant des feuilles Alternes et découpées des fleurs pédonculées et solitaires. Parmi ces fleurs qui sont hermaphrodites on en trouve quelques-unes qui sont simplement mâies. (A. R.)

MELOTHRON. BOT. PHAN. (Théophraste:) Ecrit quelquefois Melothrès. La Bryone selon les uns la Douce-Amère selon d'autres. (B.)

* MELOXIMA. OIS. Espèce du genre Merle. V. ce mot. (DR..Z.)

MELURSUS. MAM. V. OURS.

MÉLYRE. Melyris. INS. Genre de l'ordre des Coléoptères section des Pentamères famille des Serricornes tribu des Mélyrides établi par Fabricius qui n'en distinguait pas le genre Zygie. Tel qu'il est adopté aujourd'hui par tous les entomologistes il a pour caractères: corps ovoïde; corselet en trapèze plus étroit en devant; quatrième article des antennes et les suivans obconiques ou turbinés; crochets des tarses distinctement unidentés. Ces Insectes diffèrent des Zygies qui s'en rapprocheut le plus par les articles des antennes qui à partir du quatrième sont en scie; les Dasytes en sont séparés par la forme du corps qui est bien plus allongée dans ceuxci; enfin les Malachies en sont bien distinguées par la présence des vésicules exsertiles sur les côtés du corps. On trouve ces Insectes en Barbarie et dans les contrées méridionales de la France. Le type du genre est:

Le MÉLYRE VERT M. viridis Fabr. Oliv. Entom. T. 2 n° 21 pl. 1 fig. 1 a b c d; pl 2 fig. 1 a. Cet Insecte a cinq lignes de longueur; il est entièrement d'un vert bleuâtre; ses élytres sont raboteuses avec trois lignes longitudinales élevées. Cette espèce se trouve très-communément au cap de Bonne–Espérance sur les fleurs. (G.)

MÉLYRIDES. Melyrides. INS. Tribu de l'ordre des Coléoptères section des Pentamères famille des Serricornes. division des Malacodermes établie par Latreille qui lui donne pour caractères: corps généralement oblong avec le dos plan ou déprimé; mandibules toujours échancrées ou bidentées à leur pointe étroites et allongées; palpes du plus grand nombre filiformes et courts; tête simplement recouverte à sa base par un corselet plat ou peu convexe faiblement bombé et généralement en carré plus on moins long; articles des tarses entiers; les crochets du dernier unidentés ou bordés intérieurement à leur base par une membrane formant un appendice semblableàune dent.

Latreille divise ainsi cette tribu:

† Palpes filiformes.

* Des vésicules intérieures mais exsertiles sur les côtés du corseltt et de la base du ventre.

Genre: MALACHIE.

†† Point de vésicules exsertiles. Genres: ZYGIE MéLYRE DASYTE.

** Palpes maxillaires terminés par un article plus grand sécuriformes; antennes sensiblement plus grosses vers leur extrémité; premier article des tarses fort court.

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Genre: PÉLÉCOPHORE Dej. (Notoxus chinensis Schœnh.). Ce dernier genre fait le passage des Dasytes aux Nécrobies qui sont à la tête de la tribu des Clairones. (G.)

MEMBRAGE. Membracis. INS Genre de l'ordre des Hémiptères section des Homoptères famille des Cicadaires tribu des Membracides établi par Fabricius et ayant pour caractères: antennes insėrées entre les yeux de trois articles; écusson caché ou nul; corps comprimé; partie supérieure du corselet très-dilatée et comprimée en manière de feuille arquée et prolongée sur la tête. Les Insectes de ce genre firent d'abord partie du genre Cigale de Linné; cependant il en forma deux divisions les Foliacées et les Porte-Croix. Fabricius les réunit d'abord en un seul genre Membracis; mais dans son système des Rhyngotes il en a détaché plusieurs espèces dont il a formé ses genres Ledra Centrotus et Darnis. V. ces mots. Les Membraces se distinguent des véritables Cigales (Tettigonia Fabr.) par les antennes qui n'ont que trois articles tandis que les Cigales en ont six. Les Fulgoreset quelques genres voisins s'en distinguent parce que leurs antennes ne sont pas insérées au milieu du front màis bien sous les yeux. Enfin les Centrotes en sont séparés parce que leur écusson est découvert. Ces Insectes vivent sur les feuilles des Plantes et des Arbres; ils appartiennent aux pays chauds et surtout à l'Amérique. Le genre est assez nombreux en espèces parmi lesquelles nous citerons:

Le MEMBRACE FEUILLE Membracis foliata Fabr. Stoll (Cic. t. I fig. 1). Cet Insecte est d'un brun noirâtre; il a le front avancé aplati; le corselet est marqué d'une bande et d'un arc blancs; il est très-élevé aplati des deux côtés formant une arête saillante s'avançant sur la tête qu'il couvre presque entièrement et terminé postérieurement en une espèce de pointe qui se prolonge au-dela de l'abdomen: les élytres sont ovales plus longues que les ailes. Les pates sont allongées aplaties assez larges: les jambes antérieures sont plus courtes de forme ovale et aplatie. On trouve cette espèce à Cayenne. (G.)

* MEMBRACIDES. Membracides. INS. Tribu de l'ordre des Hémiptères section des Homoptères famille des Cicadaires établie par Latreille et renfermant des Insectes qui n'ont ainsi que les Fulgorelles que deux ocelles et trois articles aux antennes; mais ces antennes sont insérées entre les yeux. Le corselet est prolongé en arrière et recouvre une bonne partie du dos: dans plusieurs il se dilate encore du côté de la tête. Latreille divise ainsi cette tribu:

† Ecusson caché ou nul.

Genres: MEMBRACE DARNIDE.

†† Ecusson découvert.

Genre: CENTROTE. V. ces mots. (G.)

MEMBRANES. ZOOL. On appelle ainsi des organes larges minces mous d'une structure très diversifiée et dont l'usage est de revêtir et de contenir les diverses parties soit extérieures soit intérieures du corps des Animaux. Bichat est le premier anatomiste qui ait étudié d'une manière spéciale l'organisation des Membranes et qui en ait tracé une histoire générale et complète soit dans les Mémoires de la Société médicale d?eacute;mulation soit et plus particulièrement dans son Traité des Membranes. Ce célèbre anatomiste a distingué les Membranes en simples qui comprennent les Membranes séreuses les muqueuses et les fibreuses et en composées ce sont celles quise composent à la fois des élémens de deux des espèces précédentes; telles sont les Membi anes séro-fibreuses séro-muqueuses mucoso-fibreuses etc. Bichat n'a pas compris dans cette classification la peau qui forme l'enveloppe extérieure du corps de tous les Animaux. Nous allons décrire ici succinctement les trois ordres de Membranes simples.

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§I. Membranes séreuses.

Les Membranes séreuses ainsi nommées parce qu'elles fournissent par exhalation un liquide limpide qui lubréfie leur face interne et qu'on a com paré au sérum du sang composent un système d'organes ou de Membranes fermées de toutes parts une sorte de sac ou d'ampoule sans ouverture adhérentes par leur face externe avec les organes qu'elles revêtent libres et contiguës à elles-mêmes par l'autre face. Les Membranes séreuses que l'on a aussi nommées villeuses simples succingeutes etc. se rencontrent entre tous les organes qui doivent exécuter un mouvement l'un sur l'autre. Ainsi elles ta pissent toutes les articulations mobiles du corps les parois des cavités splanchniques et en grande partie les organes qu'elles renferment. Elles servent à la fois de frein de moyen d'union pour fixer ces derniers; et par le fluide qui lubréfie sans cesse leur surface elles facilitent le glissement de ces organes les uns sur les autres diminuent et même détruisent complètement les effets de leur frottemeut mutuel. Ainsi les Membranes synoviales celles qui tapissent la gaîne des tendons le péritoine le péricarde l'arachnoïde sont des Membranes séreuses. Elles forment ainsi que nous l'avons dit des espèces de vésicules sans ouvertures c'est-à-dire n'ayant aucune communication avec la surface externe du corps et par conséquent avec l'air ambiant. On doit néannoins excepter le péritoine dont la cavité interne communique à l'extérieur par le moyen de l'ouverture du pavillon de la trompe utérine ou oviducte dans les organes génitaux qui ont leur ouverture à la surface du corps. Les séreuses offrent très - souvent dans leur cavité des duplicatures plus ou moins étendues entre les deux lames desquelles existent des vaisseaux du tissu cellulaire souvent rempli de graisse; tels sont dans le péritoine le mésentère l?eacute;piploon les ligamens larges de l'utérus les ligamens du foie etc. et pour les Membranes synoviales les franges que l'on remarque dans un grand nombre d'articulations. La surface des Membranes séreuses est adhérente aux parties qu elle recouvre mais à un degré variable; elle est comme floconneuse. La surface interne qui est partout contiguë avec elle - même lorsqu'on l'observe à l?oelig;il nu paraît extrêmement lisse; mais vue au microscope. elle se montre toute couverte de villosités trèsfines qui paraissent être les extrémités des vaisseaux exhalans destinés à verser le fluide qui lubréfie sans cesse cette surface. Les Membranes séreuses sont généralement d'un blanc mat minces et paraissant demi-transparentes. d'une assez grande résistance malgré leur peu d'épaisseur. Quoique homogènes au premier aspect elles sont néanmoins composées de filamens entremêlés et croisés en tous sens. Elles sont formées par unesorte de tissu cellulaire très - condensé et par un nombre prodigieux de vaisseaux exhalans et absorbans. Dans l'état sain il n'y existe aucune trace de vaisseaux rouges; mais par suite de l'inflammation long - temps prolongée la partie colorante du sang pénètre jusque dansles vaisseaux blancs les colore et les rend visibles. On n'a pas encore observé les nerfs de ces Membranes.

Le liquide qui humecte la surface libre des séreuses est dans l'état de santé limpide et incolore. Dans les cavités splanchniques il est trèsténu et ressemble a de l'eau à peine visqueuse. Celui des Membranes synoviales qui a reçu le nom de synovie est au contraire épais filant et visqueux et très-analogue au blanc d?oelig;uf. Ce liquide se compose généralement d'Eau d'Albumine d'une matière incoagulable et gélatioiforme de Fibrine et de différens Sels à base de soude. La proportion et même la nature de ses élémens peuvent éprouver de grands changemens suivant l?eacute;tat sain ou pathologique des Membranes qui l'exhalent.

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§ II. Membranes muqueuses.

Le nom de ces Membranes indique la nature de l'humeur qu'elles sécrètent; car ici ce n'est plus une simple exhalation comme dans les Membranes séreuses: c'est une véritable sécrétion opérée par des glandes et des follicules muqueux. Les Membranes muqueuses tapissent toutes les cavités intérieures qui communiquent au dehors avec la surface externe du corps de manière qu'il y a une sorte de communication ou de passage insensible entre ces Membranes et la peau. Quoique le nombre des organes qui se trouvent revêtus de Membranes muqueuses soit très-considérable on peut néanmoins les rapporter à deux surfaces principales la gastro-intestinale et la génito-urinaire. La surface gastro-intestinale ou mieux nasalo intestinale commence d'un côté à l'ouverture de la bouche du nez et à la surface externe de l?oelig;il et finit à l'extrémité ou ouverture inférieure du gros intestin. La surface génitourinaire commence et finit dans l'Homme où elle est simple à l'orifice du canal de l'urètre et dans la Femme où elle est double à l'entrée du méat urinaire et du vagin. Si l'on considère ensuite que ces deux Membranes communiquent entre elles par le moyen de la peau qui leur sert d'intermédiaire on verra qu'elles forment avec elle une Membrane générale partout continue qui non-seulement enveloppe toutes les parties extérieures del'Animal mais pénètre et tapisse le plus grand nombre de ses organes intérieurs. De même que toutes les autres espèces de Membranes les muqueuses présentent deux surfaces l'une libre et humectée de mucosités l'autre adhérente aux parties sous-jacentes. Cette partie adhérente est partout appliquée sur des muscles auxquels elle est unie par une couche de tissu cellulaire extrêmement dense et serré que les anciens anatomistes désignaient sous le nom de tunique nerveuse. La surface libre présente constamment deux espèces de plis ou de rides. Les unes sont permanentes et formées à la fois par la couche fibreuse et la muqueuse; telles sont les valvules couniventes des intestins grêles le pylore la valvule de Bauhin etc. Les autres au contraire uniquement formées par la Membrane muqueuse ne sont qu'acciden-telles et produites par la contraction de la partie musculeuse de l'organe qui plisse la Membrane muqueuse en diminue l?eacute;tendue sans en diminuer la surface laquelle reste toujours la même.

Par leur organisation intérieure les Membranes muqueuses diffèrent beaucoup des deux autres espèces de Membranes simples. Celles-ci en effet ne sont jamais formées que d'une seule coucne ou feuillet; les muqueuses au contraire de même que la peau avec laquelle elles offrent la plus grande analogie de structure se composent de trois feuillets savoir l?eacute;piderme le corps papillaire et le chorion. L?eacute;piderme des Membranes muqueuses semble être la continuation de celui de la peau qui au voisinage des ouvertures naturelles s'y enfonce et s'y prolonge. Il est très-apparent sur les lèvres l'intérieur de la bouche la surface du gland et en général sur toutes les parties voisines des ouvertures naturelles. On peut le soulever et le détacher du corps papillaire au moyen de la pointe d'un instrument; l'eau bouillante le détache et l'isole aussi avec une grande facilité. Mais lorsque l'on s?eacute;loigne de ces orifices et qu'on pénètre plus profondément il s'amincit de plus en plus et sa présence devient de plus en plus difficile à constater. Néanmoins il est prouvé qu'il y existe encore et si dans l?eacute;tat sain il échappe à nos sens l'inflammation et d'autres affections pathologiques le mettent en évidence. Au-dessous de l?eacute;piderme on trouve le corps papillaire qui ici comme dans la peau paraît être le siège de la sensibilité de ces organes. Ces papilles sont très-apparentes au commencement des Membranes mu-

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queuses au dedans des joues sur la langue le gland etc. Quoique moins apparentes elles n'en existent pas moins sur tous les autres points de l?eacute;tendue de ces Membranes. Ces villosités que plusieurs anatomistes avaient considérées comme destiuées à l'exhalation ou à l'absorption du suc gastrique sont bien certainement étrangères à ces fonctions et ne servent qu?agrave; la sensibilité de ces Membranes. Les papilles nerveuses sont enveloppées dans les Membranes de l'estomac et des intestins d'un réseau vasculaire qui leur donne cette teinte rouge qu'elles n'ont pas à la peau. Le chorion est la couche la plus profonde des Membranes muqueuses; son épaisseur varie suivant les parties; ainsi il est épais au palais aux gencives plus mince à l'estomac et aux intestins à peine sensible à la vessie et dans les conduits excréteurs. C'est comme celui de la peau du tissu cellulaire très-condensé. Indépendamment des trois feuillets que nous venons d'indiquer les Membranes muqueuses se composent encore d'une énorme quantité de glandes très-petites placées soit au-dessous soit dans l?eacute;paisseur même de leur chorion et qui sécrètent le fluide muqueux qu'elles versent à la surface libre des Membranes par des orifices imperceptibles. Les glandes sont surtout très-abondantes dans les parties où doivent séjourner les matières étrangères qui traversent les voies muqueuses où le fluide qu'elles sécrètent sert à la fois et à les défendre du contact immédiat de ces matières et à en faciliter le glissement. Les Membranes muqueuses sont munies d'un très - grand nombre de vàisseaux sanguins et lymphatiques. Elles reçoivent aussi beaucoup de nerfs: aussi ces Membranes sont-elles fort sensibles.

§ III. Membranes fibreuses.

Parmi les Membranes fibreuses que le professeur Chaussier désignait sous le nom de Membranes albuginèes on range les aponévroses le périoste le périchondre les capsules articulaires la sclérotique la Membrane fibreuse des corps caverneux des reins etc. Ces Membranes qui au premier abord semblent être isolées les unes des autres sont néanmoins continues entre elles au moyen du périoste auquel elles viennent toutes aboutir ou dont elles tirent leur origine. On peut donc les considérer de même que les Membranes muqueuses comme formant un seul système mais offrant quelques différences suivant les régions où on l'observe. Bichat divisait les Membranes fibreuses en deux grandes classes; dans l'une il placait: 1° les aponévroses d'enveloppe c'est-à-dire celles qui revêtent les membres; les aponévroses d'insertion qui s'interposent entre les muscles et fournissent des points d'attache à leurs fibres; 2° les capsules fibreuses des articulations; 3° et les gaînes fibreuses qui forment les coulisses des tendons. Dans la seconde classe il rangeait les Membranes fibreuses proprement dites comme le périoste la duremère la sclérotique l'enveloppe des corps caverneux de la rate des reins en un mot toutes les Membranes fibreuses qui semblent faire partie essentielle des organes. Les Membranes fibreuses ont leurs deux faces adhérentes aux parties voisines c'est-à-dire qu'elles n'ont pas comme les séreuses et les muqueuses l'une de leurs surfaces libre et humectée d'un fluide. Ces Membranes représentent des espèces de gaînes ou de sacs recouvrant différens organes. Cette enveloppe est percée dans son étendue de trous destinés au passage des vaisseaux. Elles sont formées de fibres blanches trèsrésistantes souvent lisses et nâcrées ordinairement parallèles quelquefois entrecroisées. Ces fibres sont dures insensibles élastiques peu contractiles; elles sont aussi la base des ligamens et des tendons où elles sont rassemblées en faisceaux. Les Membranes qui nous occupent rcoivent une très-grande quantité de vaisseaux

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sanguins qui s'y ramifient souvent à l'infini avant de pénétrer dans l'organe qu'elles enveloppent. On ne connaît pas les nerfs qui s'y pendent aussi leur sensibilité est-elle généralement très - obtuse. Néanmoins Bichat a remarqué qu'elle n'y est pas tout-à-fait nulle comme plusieurs physiologistes et entre autres Haller l'avaient cru. Ces organes insensibles aux agens qui les coupent les déchirent et les désorganisent le sont beaucoup à ceux qui les distendent au-delà de leur degré naturel. Ils ont donc dit Bichat leur mode de sensibilité de relation. Les fonctions de ce genre de Membranes consistent à contenir les organes en leur fournissant une enveloppe résistante ou à offrir un point d'appui ou d'insertion aux parties qui les composent.

Pour terminer dans cet article tout ce qui a rapport aux Membranes il nous reste à grave; dire quelques mots des Membranes composées. Nous avons déjà dit que ce sont celles qui résultent de la réunion intime ou de la soudure de deux Membranes d'epèces différentes. Ainsi les séreuses et les fibreuses lorsqu'elles sont en contact tendent à se souder et à se confondre. C'est ce qu'on observe à la face interne de la dure-mère qui est unie avec la portion correspondante de l'arachnoïde aux capsules articulaires etc. etc. Ces deux Membranes ainsi soudées semblent n'en former qu'une seule qui par sa face interne a tous les caractères des Membranes séreuses tandis que par l'externe elle présente ceux aes Membranes fibreuses. C'est à cette sorte de Membrane composée qu'on a donné le nom de Membrane fibro-séreuse.

La même connexion peut s'observer quoique plus rarement entre les Membranes séreuses et les Membranes muqueuses et surtout entre les fibreuses et les inuqueuses ainsi qu'on le voit dans les uretères dans le conduit déférent dans la portion membraneuse de l'urètre etc. De-là les noms de Membranes séro-muqueuses et fibro-muqueuses qui ont été donnés à ces deux espèces de Membranes composées. (A. R.)

MEMBRANEUSES. INS. Tribu de l'ordre des Hémiptères section des Hétéroptères famille des Géocorises établie par Latreille (Fam. Nat. du Règne Anim.) et renfermant les genres dont la gaîne du sucoir n'offre à découvert que deux à trois articles. Le labre est court et sans stries. Tous les pieds sont insérés près de la ligne médiane du dessous du thorax terminés par deux crochets distincts prenant naissance du milieu de l'extrémité du dernier article et ne servent point à courir ou à ramer sur l'eau. Le rostre est droit engaîné à sa base ou dans toute sa longueur. La tête n'est pas rétrécie postérieurement en manière de col. Les yeux sont de grandeur ordinaire.

Latreille divise cette tribu ainsi qu'il suit:

† Pieds antérieurs ravisseurs ou terminés en pince (antennes en massue).

Genres: MACROCÉPHALE PHYMATE.

†† Tous les pieds semblables et simplement ambulatoires.

* Antennes filiformes ou plus grosses à leur extrémité.

Genres: TINGIS ARADE.

** Antennes sétacées.

Genre: PUNAISE (Acanthia Lectularia Fab.). V. tous ces mots. (G.)

MEMBRILLE. BOT. PHAN. Du mot espagnol Membrilla. L'un des noms vulgaires du Coing dans quelques cantons de la France méridionale. (B.)

MEMBRILLEJO. BOT. PHAN. Dérivé de l'espagnol Membrilla. Diverses espèces du genre Cordia au Pérou. (B.)

MÉMÉCYLE. Memecylon. BOT. PHAN. Ce genre de l'Octandrie Monogynie L. a été placé par Jussieu dans la quatrième section de la

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famille des Onagraires section dont la plupart des genres ont été transportés ailleurs ou sont devenus les types de familles nouvelles. Il offre pour caractères principaux: un calice supère turbiné dont le fond est strié et le bord très-entier; corolle à quatre pétales; huit étamines ayant leurs filets dilatés au sommet et leurs anthères adnées; baie couronnée par le calice. Ce genre se compose d'un petit nombre d'espèces indigènes des Indes-Orientales. Parmi elles on distingue le Memecylon capitellatum Willd. Lamk. Illustr. t. 284 f. 1; et le M. cordatum Lamk. loc. cit. f. 2. Cette deuxième espèce qui offre une variété à fruit globuleux croît aussi à l'Ile-de-France. (G..N.)

MÉMINA. MAM. Espèce du genre Chevrotain. V. ce mot. (IS. G. ST.-H.)

MÉMIRAM. BOT. PHAN. Même chose que Callidunion. V. ce mot. (B.)

* MEMNONITE. MOLL. Nom que les anciens conchyliologues donnaient à une Coquille qu'on appelait Volute Memnonite et qui appartient au genre Cône. C?eacute;tait le Conus Virgo ou une autre espèce que Bruguière a nommée Conus distans et pour laquelle Lamarck a conservé en francais la dénomination vulgaire de Câne Memnonite. (D..H.)

* MÉMOIRE. ZOOL. V. INTELLIGENCE.

MEMPHITE. MIN. Nom donné par Pline à une Agathe Onyx à deux couleurs dont on faisait des camées et que l'on trouvait sous la forme de cailloux roulés en Egypte et dans l'Arabie. Il ne faut pas confondre cette Pierre avec le MEMPHYTIS qui était un Marbre dont la poudre dans du vinaigre guérissait les coupures du moins à ce que dit la docte antiquité. (B.)

* MENA. POIS. Syn. de Lune Tetrodon Mola L. dans le golfe de Gênes. (B.)

* MÉNAC OU MÉNAK. MIN. (Werner.) Syn. de Titane. V. ce mot. (G. DEL.)

* MENADE. CRUST. Espèce du genre Crabe. V. ce mot. (B.)

* MENÆTIUS. INS. Genre de Charançon établi par Schonherr et dont nous ne connaissons pas les caractères: Latreille n'adopte pas ce geure qui a pour type le Curculio lateralis de Fabricius Curculio rutilans d'Olivier. (G.)

MENAIS. BOT. PHAN. Ce genre de la famille des Borraginées et de la Pentandrie Monogynie L. est ainsi caractérisé: calice persistant à trois divisions profondes; corolle hypocratériforme dont le tube est long le limbe plane à cinq divisions profondes; anthères subulées presque sessiles sur la gorge de la corolle; un style surmonté de deux stigmates oblongs; baie quadriloculaire et renfermant quatre graines c'est-à-dire une dans chaque loge. Le Menais topiaria L. Arbrisseau à feuilles ovales entières et qui croît dans l'Amérique méridionale est l'unique espèce de ce genre qui offre de si grands rapports avec l'Ehretia que Jussieu a indiqué avec doute leur réunion. (G..N.)

MENAKANITE. MIN. (Gregor Journal de Physique T. II p. 72.) Nom donné à une variété granuliforme de Titanate de fer (Titane oxidé ferrifère de Haüy) qui se trouve dans la vallée de Menakan au comté de Cornouailles. V. TITANE. (G. DEL.)

MENANDRA. BOT. PHAN. (Gronou.) Syn. de Lechea. V. ce mot. (B.)

MENANTHÉS. BOT. PHAN. (Théophraste.) Le Menyanthes trij'oliata L. (G..N.)

* MENARDA. BOT. PHAN. Dans les herbiers de Commerson et dans ses dessins manuscrits on trouve ainsi nommée une Plante voisine des Phyllanthus dont elle diffère cependant assez pour que nous ayons cru pouvoir en former un genre distinct ainsi caractérisé: fleurs monoïques; calice quinquéparti grand et persis-

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tant; pas de corolle: dans les mâles cinq glandes alternant avec les divisions du calice et cinq étamines libres; dans les femelles trois styles épais bipartis; un ovaire porté sur un disque glanduleux qui déborde sa base; une capsule à trois coques dispermes.

Le Menarda cryptophila de Commerson a été rencontré à Madagascar où croît aussi une espèce de Phyllanthus qui paraît congénère le Phyllanthus muliflora de Poiret. C'est un Arbuste à rameaux opposés ou plus rarement alternes de même que les feuilles qui sont entières glabres stipulées. Les fleurs sont axillaires portées sur de longs et grêles pédoncules munis de bractées à leur base solitaires ou réunies en petit nombre les femelles avec les mâles. V. Adr. de Juss. Euphorb. p. 23 tab. 6 n. 18. (A. D. J.)

MENDOCIA. BOT. PHAN. Vandelli a décrit sous ce nom un genre de la Didynamie Angiospermie L. qui offre pour caractère essentiel: un caliee à deux grandes folioles persistante; une corolle monopétale irrégulière dont le tube est renflé à son orifice le limbe à cinq divisions arrondies ouvertes; quatre étamines didynames; un ovaire supérieur surmonté d'un style et d'un stigmate bifide; une drupe monosperme. Ce genre ne se composait d'abord que d'une seule espèce dont les tiges sont grimpantes les feuilles velues ovales aiguës; le calice et les pédoncules velus. Ruiz et Pavon dans leur Systema Flor. Peruv. p. 158 ont enrichi ce genre (qu'ils ont écrit Mendozia) de deux espèces qui croissent dans les grandes forêts du Pérou savoir: Mendocia aspera et M. racemosa. (G..N.)

MENDOLE. POIS. Espèce du genre V. ce mot. (B.)

BOT. PHAN. (Adanson Malab. T. VII tab. V. MÉTHODIQUE. (G..N.)

BOT. PHAN. (Ruiz et Pavon.) Pour Mendocia. V. ce mot. (G..N.)

* MENDYA. BOT. PHAN. Cenom est celui que porte à Ceylan un Arbre que Burmann dans son Thesaurus Zeylanicus a décrit et figuré comme une espèce de Laurier. Un autre Arbre dont le bois dur et flexible sert à faire des arcs porte aussi à Ceylan le nom de Mændia ou de Waelmændia. Linné l'a decrit dans sa Flora Zeylanica sous le nom d' Apocyno-Nerium. C'est une Plante voisine du Nerium et qui appartient à la famille des Apocynées. (G..N.)

MÉNÉKOUI. BOT. PHAN. (Nicolson.) Le Capparis cynophollophora dans l'île d'Haïti. Le même nom se donne au Marcgravia umbellata à la Martinique. (B.)

MENELAS. INS. Nom spécifique d'une espèce de Lépidoptère du genre Papillon proprement dit. (G.)

MÉNÈS. Mene. POIS. Le genre formé sous ce nom par Lacépède n'a été adopté que comme sous-genre parmi ses Dorées ou Zées. V. ce dernier mot. (B.)

MÉNIANTHE. BOT. PHAN. Pour Ményanthe. V. ce mot. (B.)

MÉNICHEA. BOT. PHAN. (Sonnerat.) V. STRAVADIE.

MÈNIDIE. POIS. Espèce du genre Athérine. V. ce mot. (B.)

MÉNILITHE. MIN. Pechstein de Ménil-Montant; variété de Quartz-Résinite ou d'Opale commune que l'on trouve en masses turberculeuses dans le Schiste happant (Klebschiefer de Werner) que l'on a regardée comme une Marne argileuse feuilletée et que l'on considère aujourd'hui d'après son analyse comme une Magnésite opalifère. (G. DEL.)

MÉNIME. MAM. (Vicq-d'Azyr.) Pour Mémina. V. ce mot. (B.)

* MÉNINTING. OIS. Espèce du genre Martin-Pêcheur. V. ce mot. (DR..Z.)

MENIOCUS. BOT. PHAN. Genre de la famille des Crucifères et de la Té-

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tradynamie siliculeuse L. établi par Desvaux (Journ. de Botan. 3. p. 173) adopté par de Candolle (Syst. Veget. nat. 2 p. 325) qui l'a ainsi caractérisé: calice dont les sépales sont égaux à la base; pétales entiers; les deux plus grandes étamines munies d'une dent sur le milieu de leurs filets; silicule elliptique presque obovée comprimée plane sans rebord surmontée d'un style court filiforme à valves planes et à cloisons membraneuses; six à huit graines dans chaque loge disposées sur deux rangs comprimées non bordées à cotylédons accombans. Ce genre est formé aux dépens de l'Alyssum dont il ne se distingue que par un plus grand nombre de graines dans chaque loge par ses silicules glabres et par un port particulier. Le Meniocus linifolius D. C. et Deless. (Icon. Select. 2 tab. 42) Alyssum linifolium Steph. et Willd. A. linearifolium Lagasca est la seule espèce du genre. Cette Plante est herbacée annuelle quoique frutescente à la base totalement couverte d'un duvet court et composé de poils étalés très-rameuse à feuilles linéaires entières et à fleurs blanches très-petites disposées en grappes terminales. Elle croît dans la Russie européenne méridionale dans la chaîne du Caucase en Syrie et elle se représente dans quelques contrées de l'Europe orientale voisines de la Méditerranée telles que les provinces Illyriennes ainsi que dans le royaume de Valence eu Espagne. (G..N.)

MÉNIPÉE. Menipea. POLYP. Genre de l'ordre des Cellariées dans la division des Polypiers flexibles ayant pour caractères: Polypier phytoïde rameux articulé; cellules ayant leur ouverture du même côté et réunies plusieurs ensemble en masses concatcuces. Lamouroux a réuni dans ce genre un petit nombre de Polypiers cellulifères articulés et flexibles remarquables par la situation de leurs cellules. Les Ménipées naissent d'une multitude de petits filamens flexibles fixés aux corps sous-marins; les premières articulations paraissent bientôt sur ces petits filamens et le Polypier s?eacute;lève en se ramifiant par dichotomies très-nombreuses et très-rapprochées chaque articulation donnant constamment naissance de sa partie supérieure à deux autres articulations; celles-ci ont en général la forme d'un coin à sommet tronqué et dont la base est en haut; elles sont d'une substance presque entièrement calcaire luisante et se cassant facilement; elles sont réunies entre elles par des faisceaux fort courts de petits tubes capillaires flexibles et qui se rompent difficilement. Les articulations sont aplaties; une de leurs faces est légèrement convexe et striée longitudinalement l'autre est plane ou un peu concave et présente des ouvertures de cellules; celles-ci sont ovalaires quelquefois fermées par une membrane diaphane; dans les espèces où il y a plusieurs cellules sur une articulation elles sont placées sur deux ou trois rangs transversaux; elles se prolongent dans l?eacute;paisseur de l'articulation qui semble constituée par la réunion de leurs parois. Il est nécessaire de remar quer que les faces des articulations où se trouvent les ouvertures des cellules sont toutes tournées du même côté. Presque toutes les Ménipées ont leurs rameaux crépus ou recourbés en panache du côté de l'ouverture des cellules et loin de se redresser dans l'eau elles s'y courbent encore davantage. Elles vivent dans les mers équatoriales attachées sur des Fucus ou autres corps marins.

Ce genre renferme les Menipea cirrata flabellum flocosa et hyalea. (E. D..L.)

MENISCIUM. BOT. CBYPT. (Fougères.) Genre de la tribu des Polypodiacées caractérisé particulièrement par des capsules disposées en groupes lunulés le long des nervures secondaires transversales qui unissent les nervures principales.

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Ces groupes de capsules ne sont reconverts par aucun tégument; et par leur nombre et leur régularité ils donnent à la surface inférieure des frondes fertiles un aspect réticulé qui fait immédiatement reconnaître ce genre. On n'en connaît qu'un petit nombre d'espèces; elles ont les frondes très-granaes une seule fois pinnées à pinnules très-allongées. La plupart croissent dans l'Amérique équatoriale; une seule est arborescente; elle a été observée par Humboldt et Bonpland prés de Caripe dans la Nouvelle - Andalousie; sa tige s?eacute;lève à six pieds environ; les frondes sont pinnées à pinnules de plus d'un pied linéaires lancéolées presque sessiles crénelées parfaitement glabres. Ce genre se rapproche surtout par ses caractères aes Hémionites; mais il en est bien distinct par la disposition de ses nervures qui éterminentla disposition des capsules et par son port. (AD. B.)

* MENISCOTIA. BOT. PHAN. Genre nouvellement proposé par Blume dans les Mémoires pour server à la Flore de l'Inde hollandaise publiés à Batavia en 1825 et qu'il regarde comme voisin de la famille des Ménispermées. Il lui assigne les caractères suivans; fleurs polygames les mâles offrent un petit calice à quatre ou cinq dents; quatre ou cinq pétales sur deux rangs; cinq étamines opposées aux pétales et adhérentesà ceux-ci par la base; un rebord membraneux court à cinq dents entourant la base d'un ovaire didyme et stérile. Lesfleurs hermaphrodites sont composées d'un calice d'une corolle et d?eacute;tamines comme dans les fleurs mâles et d'un ovaire didyme à deux stigmates très-obtus. Le fruit est formé de deux baies drupacées (réduites quelquefois à une seule par avortement) réniformes comprimées et monospermes. Ce genre ne renferme qu'ne seule espèce Meniscotia javanica Arbuste grimpant qui croît à Java dans les montagnes de Salak Seribu etc. (G..N.)

MÉNISPERME. Menispermum. BOT. PHAN. Type de la famille des Ménispermées. Ce genre d'après la circonscription qui en a été faite par les auteurs modernes et en particulier par le professeur De Candolle (System. Veget. 1 p. 539) offre les caractères suivans: les fleurs sont dioïques le calice se compose de six à douze sépales disposés sur deux ou trois rangs; les pétales sont au nombre de sixàhuit formant deux rangées. Dans les fleurs mâles on trouve de douze à vingt-quatre étamines disposées sur deux trois quatre rangs; leurs filets sont longs terminés par des anthères quadrilobées; les fleurs femelles offrent de deux à quatre ovaires pédicellés surmontés d'un style bifide à son sommet. Le fruit se compose de deux à quatre drupes charnues extérieurement réniformes arrondies uniloculaires et mopospermes. Les espèces de ce genre sont aes Arbrisseaux grimpans et sarmentenx offrant des feuilles alternes pétiolées souvent peltées ou cordiformes et anguleuses ayant toutes leurs nervures partant en divergeant du sommet du pétiole. Les fleurs sont pédonculées axillaires ou placées en dehors de l'aisselle des feuilles. Ce genre auparavant fort nombreux en espèces ne se compose plus que d'un petit nombre qui croissent dans le nord de l'Amérique et de l'Asie. Parmi ces espèces on distingue surtout les Menispermum Canadense et M. Daouricum Cette dernière espèce confondue avec le M. Canadense en a été distinguée par le professeur De Candolle et figurée par le baron Delessert dans le premier volume de ses Icones Selectæ t. 100.

Les autres espèces placées antérieurement dans le genre Menispermum constituent le genre Cocculus. V. ce mot. (A. R.)

MÉNISPERMÉES. Menispermeæ. BOT. PHAN. Famille naturelle de Plantes dicotylédones polypétales à étamines hypognes établie par Jussieu adoptée par tous les botanistes mo-

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dernes et offrant les caractères suivans: les fleurs sont petites et de peu d'apparence unisexuées par avortement et souvent dioïques; le calice se compose d'un nombre variable de sépales caducs toujours disposés sur deux ou trois rangs de trois ou quatre sépales chacun; il en est de même de la corolle qui manque quelquefois. Les étamines monadelphes ou plus rarement libres sont tantôt en même nombre que les pétales auxquels elles sont opposées tantôt en nombre triple ou quadruple également disposées sur plusieurs rangs; les anthères sont extrorses et à deux loges. Dans les fleurs femelles on trouve tantôt plusieurs ovaires réunis un peu par leur base et terminés chacun par leur style; tantôt on en trouve un seul couronné par plusieurs stigmates; l'ovaire est à plusieurs loges et paraît formé de la réunion et de la soudure de plusieurs carpelles uniloculaires. Les fruits sont presque constamment des espèces de drupes monospermes obliques ou en croissant comprimées indéhiscentes contenant une seule graine ayant la même forme que le fruit formée d'un embryon recourbé accompagnée quelquefois d'un très-petit endosperme charnu qui manque dans un grand nombre de genres. Les deux cotylédons sont planes tantôt rapprochés tantôt écartés l'un de l'autre et paraissant en quelque sorte placés dans deux espèces de cellules. Cette famille se compose d'Arbrisseaux sarmenteux et volubiles ayant leurs feuilles alternes pétiolées le plus souvent entières peltées ou cordiformes depourvues de stipules. Les fleurs sont petites pédonculées axillaires ou placées au sommet des ramifications de la tige et souvent accompagnées de bractées cordiformes très-grandes. Dans le premier volume de son Syst. Veget. le professeur De Candolle décrit quatre-vingt-quatre espèces appartenant à cette famille. Parmi ces espèces six croissent dans l'Amérique septentrionale vingtdeux dans l'Amérique méridionale trente-cinq dans l'Inde; sept sont communes à la Chine au Japon et à la Cochinchine cinq en Afrique et une en Sibérie.

Les genres qui forment cette famille ont été disposés de la manière suivante par le professeur De Candolle:

† MÉ;NISPERMéES VRAIES.

α. Feuilles composées.

Lardizabala Ruiz et Pavou; Stauntonia D. C.; Burasaia Du Petit-Thouars.

β Feuilles simples.

Spirospermum Du Petit-Thouars; Cocculus D. C.; Pselium Lour.; Cissampelos L.; Menispermum D.C.; Abuta Aublet; Agdestis D. C.

†† MÉNISPERMéES FAUSSES.

Schizandra Rich. in Michaux. (A. R.)

MÉNISPERMOIDES. BOT. PHAN. Premier nom donné à la famille des Ménispermées. V. ce mot. (B.)

* MENISPORA. BOT. CRYPT. (Mucédinées.) Persoon dans sa Mycologie Européenne a donné ce nom au même genre qu'Ehrenberg avait nommé Campsotrichum. V. ce mot. (AD. B.)

* MENJANG-BAUJOE. MAM. Très-grande espèce de Cerf peu connue et qui habite les lieux marécageux à Bornéo. (B.)

MENNICHERSTEIN ET MENNIGERSTEIN. MIN. Sorte de Tuf volcanique (Trass) qu'on exploite à Mennich sur les bords du Rhin près d'Andernach et qui fait l'objet d'un commerce assez considérable avec la Hollande. (G. DEL.)

MÉNODORE. Menodora. BOT. PHAN. Genre de la famille des Acanthacées établi par Kunth (in Humb. et Bonpl. Pl. æquin. 2 p. 98 t. 110) pour un petit Arbuste très-rameux étalé à rameaux et à feuilles opposées. Celles-ci sont très-entières dépourvues de stipules. Le Monodora helianthemoides loc. cit. a ses fleurs

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pédonculées jaunes solitaires terminales sans bractées. Leur calice turbiné à sa base a sou limbe divisé en un grand nombre de lanières étroites aiguës presque égales moitié plus courtes que la corolle. Celle-ci est hypogyne monopétale infundibuliforme ayant son tube cylindrique sa gorge velue et son limbe à cinq ou six divisions oblongues obtuses et égales. Les étamines au nombre de deux insérées au tube de la corolle sont plus courtes que son limbe; les anthères allongées presque linéaires à deux loges s'ouvrant par un sillon longitudinal. L'ovaire est libre obcordiforme à deux loges contenant chacune deux ovules attachés à la cloison et superposés. Le style est dressé de la longueur de la corolle terminé par un stigmate renflé. Le fruit est une capsule biloculaire s'ouvrant en deux valves.

Cet Arbuste croît sur les collines arides à une hauteur de près de mille toises au-dessus du niveau de la mer aux environs du bourg de la Magdelcine dans le Mexique. (A. R.)

* MÉNONVILLÉE. Menonvillæa. BOT. PHAN. Grenre dédié à la mémoire de Thierry de Ménonville voyageur français qui entreprit une expédition aventureuse pour la recherche des Cactes sur lesquels existe l'Insecte de la Cochenille qui en décrivit avec soin la culture et les transporta du continent mexicain dans les Antilles. De Candolle (Syst. Regn. Veget. Nat. T. 11 p. 418) est l'auteur de ce genre qui appartient à la famille des Crucifères et à la Tétradynamie siliqueuse L.; il l'a placé dans la tribu des Thlaspidées ou Pleurorbizées angusüseptées et l'a ainsi caractérisé: calice ayant les sépales dressés et deux d'entre eux un peu bossus en forme de sac à la base; corolle à pétales linéaires entiers; six étamines presque égales entre elles ainsi qu'au calice à filets libres et sans dentelures; silicule portée sur un court gynophore terminée par un style sillonné et par un stigmate en téte et échancré à deux loges convexes sur le dos et munies chacune sur les bords d'une grande aile ce qui donne au fruit l'apparence de deux disques appliqués; une seule graine dans chaque loge ovée comprimée non bordée à radicule ascendante et à cotylédons accombans. Ce genre a quelques rapports éloignés avec les Biscutelles mais il s'en distingue au premier coup-d?oelig;il par les loges de sa silicule dilatées d'une manière toute différente que dans cet autre genre car elles ne sont fixées à l'axe central que suivant une ligne droite et l'expansion aliforme existe sur les côtés de chaque loge ainsi dilatée de manière à former deux disques parallèles.

Le Menonvillæa linearis De Cand. et Deless. (Icon. Select. 2 t. 56) est une Plante herbacée qui croît au Pérou et au Chili. De sa racine épaisse s?eacute;lèvent au milieu d'une touffe de feuilles linéaires dont quelques-unes sont grossièrement dentées au sommet plusieurs tiges hautes d'environ trois décimètres garnies de quelques feuilles linéaires entières terminées par des grappes de fleurs d'une couleur triste et portées sur de courts pédicelles. (G..N.)

MENOTTE BOT. CRYPT. L'un des noms vulgaires de la Clavaire coralloïde. (B.)

MENS. INS. L'un des noms vulgaires de la larve du Hanneton. (B.)

MENTHE. Mentha BOT. PHAN. Cegenre de la famille des Labiées et de a Didynamie Gymnospermie L. est un des plus anciennement connus et de ceux dont les caractères sont les mieux marqués au milieu d'un groupe naturel qui comprend une multitude de genres en général très difficiles à définir. En effet les Menthes ont leurs fleurs ainsi organisées: calice tubuleux presque cylindrique strié à cinq dents aiguës dont les deux supérieures sont un peu petites; corolle infundibuliforme un peu plus longue que le calice à quatre lo-

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bes obtus presque égaux; quatre étamines légèrement didynames écartées les unes des autres et dépassant à peine le tube de la corolle; style grêle filiforme saillant hors de la corolle et terminé par un stigmate bifide. On voit donc que le genre Mentha est parmi les Labiées remarquable par la régularité apparente de ses enveloppes florales; nous disons régularité apparente parce qu'il y a toujours deux lobes un peu inégaux ce qui entraîne l'inégalité des étamines et fait que ce genre ne présente point d'exception sous ce rapport aux caractères généraux de la famille. Les Menthes se reconnaissent encore facilement à leur inflorescence; elles ont des fleurs disposées en verticilles très-denses axillaires ou en épis. Toutes leurs parties exhalent une odeur pénétrante généralement trèsagréable et qui est due à la présence d'une grande quantité d'huile volatile. Les Mentha Pulegium et Cervina L. qui ont un port particulier avaient été érigées par Miller en un genre distinct sous le nom de Pulegium. On ne les considère maintenant que comme une simple section des Menthes caractérisée par l'orifice du calice fermée de poils et la lèvre supérieure de la corolle entière. Le nombre des espèces de Menthes a été porté à plus de soixante; mais comme plusieurs d'entre elles sout diffîciles à bien déterminer on a souvent donné comme espèces nouvelles dés Plantes qui ne sont que des variétés sans caractères fixes d'espèces anciennement connues. La plupart des Menthes croissent dans les localités humides et ombragées des pays méridionaux de l'Europe; quelques-unes cependant habitent le nord de l'Amérique et l'on en rencontre aussi en Egypte et darts les Indes-Orientales. Parmi les espèces qui se trouvent en Europe nous décrirons celle qui possède la plus grande quantité d'huile volatile et dont les usages sont par conséquent le plus multipliés.

La MENTHE POIVRÉE Mentha piperita Smith Pl. Brit. 2 p. 613 a une tige quadrangulaire dresée rameuse haute de trois à six décimètres légèrement velue à rameaux opposés et dressés. Ses feuilles sont ovales lancéolées aiguës dentées en scie portées sur des pétioles courts etcanaliculés. Les fleurs de couleur violacée forment à l'extrémité des rameaux un épi court ovoïde et très-serré. Cette espèce originaire d'Angleterre est cultivée abondamment dans les jardins. Son odeur est fort agréable et sa saveur laisse dans la bouche une vive impression de fraîcheur. On en retire par la distillation une grande quantité d'huile volatile; celle qui autrefois était la plus estimée venait d'Angleterre mais aujourd'hui on préfère avec juste raison l'huile qui se tire de la Menthe cultivée en Italie et dans les pays méridionaux de l'Europe lorsqu on a mis tous les soins convenables dans son extraction. La Menthe poivrée est éminemment excitante; on l'emploie sous forme d'infusion aqueuse et son eau distillée est le véhicule principal des potions toniques. L'huile volatile sert aux confia seurs et aux liquoristes pour aromatiser leurs pastilles et liqueurs de table. (G..N.)

MENTIANE. BOT. PHAN. L'un des noms vulgaires du Viburnum Lantana. (B.)

* MENTZÉLIACÉES. BOT. PHAN. Synonyme de Loasées. V. ce mot. (A. R.)

MENTZELIE. Mentzelia. BOT. PHAN. Genre de la famille des Loasées et de l'Icosandrie Monogynie établi par Linné et présentant: un calice tubuleux adhérent avec l'ovaire infère terminé par un limbe à cinq divisions profondes étalées èt égales; une corolle de cinq pétales étalés égaux un peu onguiculés; des étamines très-nombreuses insérées ainsi que les pétales à la basé du limbe du calice. De ces étamines dix sont plus longues que les autres et placées deux à deux en face de chacun des pétales. Les filets sont

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subulés les anthères à deux loges opposées s'ouvrant chacune par un sillon longitudinal. L'ovaire est infère à une seule loge présentant trois trophospermes pariétaux saillans en forme de cloisons donnant attache par leur côté libre à un petit nombre d'ovules renversés qui se recourbent et s'appliquent contre les faces du trophosperme. Le style paraît formé de la réunion de trois styles soudés et se termine par un stigmate à trois lobes obtus. Le fruit est une capsule ovoïde allongée couronnée par les lobes du calice et s'ouvrant seulement par son sommet au mojen de trois petites dents qui s'écartent les unes des autres. Les graines sont renversées; leur tégument est réticulé et recouvre un endosperme charnu mince contenant un embryon dont la radicule est tournée vers le hile.

Les espèces de ce genre qui toutes croissent dans les deux Amériques sont des Plantes herbacées rameuses souvent munies de poils rudes. Leurs feuilles sont alternes dentées sans stipules; leurs fleurs sont jaunes solitaires opposées aux feuilles ou géminées réunies plusieurs ensemble et terminales.

On connaît cinq espèces de ce genre dont deux croissent dans l'Amérique du Nord savoi: Mentzelia aurea et Mentz oligosperma de Nuttall; les quatre autres sont originaires de l'Amérique méridionale; ce; sont Mentzelia aspera L.; Mentz. hispida Cavan.; Mentz. strigosa Kunth et Mentz. scabra id. (A. R.)

MENU. POIS. Espèce du genre Cyeloptère. V. ce mot. (B.)

MENUCHON ET MENUETS. BOT. PHAN. Noms vulgaires de l'Anagallis arvensis L. (B.)

MENUISIÈRES. INS. V. XYLOCOPE.

MÉNURE. Menura. OIS. Genre de l'ordre des Insectivores ainsi caractérisé: bec plus large que haut à sa base droit dans presque toute sa longueur mais incliné vers sa pointe qui est échancrée; arête distincte; fosse nasale grande et prolongée; narines placées au milieu du bec ovales grandes et couvertes d'une membrane; pieds grêles; tarses du double plus longs que le doigt intermédiaire celui-ci et les latéraux étant tous à peu près égaux; l'externe uni jusqu'à la première articulation l'interne divisé; ongles aussi longs que les doigts larges convexes en dessus obtus; ailes lourdes concaves; les cinq premières rémiges étagées; les sixième septième huitième et neuvième égales entre elles et les plus longues de toutes; quene à pennes très-longues de diverses formes. Ce genre extrêmement remarquable n'est formé que d'une seule espèce qui habite la Nouvelle-Hollande et dont l'organisation et les mœurs sont jusqu?agrave; ce jour si imparfaitement connues que es ornithologistes sont encore partagés sur la place qu'on doit lui assigner dans les méthodes. Placé d'abord parmi les Gallinacés sous le nom de Faisan Lyre ou sous ceux de Faisan de montagne et de Faisan des bois qui lui sont ordinairement donnés à la Nouvelle-Hollande par les Anglais il fut ensuite reporté parmi les Passereaux par tous les auteurs systématiques. Ainsi suivant Cuvier et Temminck il doit être considéré comme voisin des Merles tandis que Vieillot le rapproche des Calaos; mais le bec est bien réellement échancré à sa pointe comme l'ont remarqué Cuvier et Temminck quoique d'autres ornithologistes qui n'ont point aperçu l?eacute;chancrure sans doute à cause de sa petitesse aient affirmé le contraire. Du reste le Ménure est tellement différent des Merles par d'autres caractères qu'il est encore bien permis de douter que ses rapports avec ce genre soient aussi intimes qu'on l'a pensé et de le regarder comme l'un de ces êtres iolés dans la nature qu'on a coutume de qualifier d'anomaux.

La LYRE Menura Novæ-Hollandiæ Latham désignée aussi par divers auteurs sous les noms de

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Mure Porte-Lyre de Ménure Park de Menura magnifica et de lyrala est de la taille d'un Faisan et son plumage est généralement d'un brun - grisâtre avec la gorge les couvertures supérieures et les pennes des ailes d'un brunroux. Mais ce qui distingue le mâle et le rend malgré la tristesse de ses couleurs l'un des plus beaux Oiseaux de la Nouvelle-Hollande c'est la forme de sa queue composée de seize pennes savoir: douze formées par une tige mince et garnie seulement d'un petit nombre de barbes effilées écartées les unes des autres et dirigées parallèlement; deux médianes garnies sur leur côté externe de barbes serrées et étroites l'interne n'en ayant que quelques-unes trèscourtes; et deux externes courbées en dehors à la manière des branches d'une lyre ayant les barbes internes grandes et serrées et représentant un large ruban et les externes trèscourtes dans toute leur longueur si ce n'est au bout où elles s?eacute;largissent tout-à-coup. Cette queue figure trèsbien dans son ensemble une lyre les deux pennes externes représentant les branches et les douze médianes les cordes de l'instrument; ce qui n'empêche pas que le nom de Lyre donné à l'Oiseau par plusieurs ornithologistes comme nom générique ne soit fot impropre puisqu'on peut concevoir des especes toutes différentes du Ménure par la forme de leur queue mais en même temps si voisines par tous les caractères essentiels qu'elles doivent être placées dans le même genre. Ces conditions d'existence spnt même pleinement réalisées chez la femelle qui diffère du mâle par sa queue composée de pennes simplement étagées et ne présentant dans leur structure rien de remarquable; elles sont d'ailleurs au nomre de seize comme chez le mâle et non pas de douze seulement ainsi qu'on l'a toujours dit. L'espèce habite comme nous l'avons déjà indiqué la Nouvelle-Hollande où elle vit dans les cantons rocailleux et les montagnes. «C'est dans des forêts d'Eucalyptus et de Casuarina qui couvrent la surface entière des Montagnes-Bleues et les ravins qui les divisent qu'habite principalement dit Lesson (Annales des Sciences naturelles) le Ménure dont la queue remarquable par sa rare beauté est l'image fidèle dans les solitudes australes de la lyre harmonieuse des Grecs. Cet Oiseau nommé Faisan des bois par les Anglais de Port-Jackson aime les cantons rocailleux et retirés; il sort le soir et le matin et reste tranquille pendant le jour sur les Arbres où il est perché. Il devient de plus en plus rare et je n'en vis que deux peaux pendant toute la durée de mon séjour à la NouvelleGalles du Sud. ff (IS. G. ST.-H.)

* MÉNYA. BOT. PHAN. Espèce de Paspale indéterminé du pays de Guzarate dont le grain cause des vertiges quand on le mange. Son nom vient de cette propriété qui en langage sanscrit s'exprime par le mot Mana. (B.)

MÉNYANTHE. Menyanthes. BOT. PHAN. Ce genre de la Pentandrie Monogynie L. fut établi et assez bien limité par Tournefort. Cependant Linné y réunit le Nymphoides de cet auteur que plus tard on rétablit sous le nom de Villarsia. Les caractères du genre Menyanthes tel qu'on l'ad-met aujourd'hui sont donc conformes à ceux que Tournefort a exposés. Le calice est partagé en cinq divisions profondes; la corolle est infundibuliforme son limbe divisé en cinq segmens ouverts hérissés de papilles sur leur face supérieure; elle porte cinq étamines saillantes; l'ovaire est globuleux surmonté d'un style et d'un stigmate en tête à deux ou trois lobes; la capsule est uniloculaire à deux valves qui portent les graines sur leur milieu. La place de ce genre dans l'ordre naturel n'est pas facile à déterminer. Jussieu l'avait relégué à la fin de ses Lysimachiées ou Primulacées mais il en fut retiré par Ventenat et De Can-

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dolle qui le firent entrer dans la famille des Gentianées. C'est aussi dans ce dernier ordre naturel mais seulement à la suite des autres genres que R. Brown a pensé qu'on devait le classer. Il s'éloigne néanmoins du reste des Gentianées par un caractère important tiré des organes de la végétation. En effet ses feuilles alternes trifoliées et dentelées sur leurs bords s'opposent puissamment à ce qu'on le place définitivement parmi des Plantes qui sont surtout remarquables par leurs feuilles opposées simples et entières. Ajoutons à cette anomalie celle non moins importante du mode de placentation des graines laquelle est dorsale dans le Ményanthe et suturale dans les Gentianées et on sera convaincu de la nécessité de créer pour le genre Menyanthes un ordre naturel fort voisin des Gentianées mais pourtant suffisamment distinct. Le Villarsia ne peut être confondu avec lui à cause de la structure de sa corolle et de son fruit; sous ce dernier rapport ainsi que par ses feuilles simples cet autre genre se rapproche davantage des vraies Gentianées.

Le MÉNYANTHE TRÉFLE D'EAU Menyanthes trifoliata L. a une souche nerbacée rameuse horizontale articulée cylindrique qui à differens points de sa face inférieure donne naissance à des fibres radicales blanchâtres. Les feuilles sont alternes amplexicaules membraneuses à leur base portées sur de longs pétioles et composées de trois folioles très-glabres ovales obtuses un peu dentelées sur les bords; les fleurs sont blanches ou teintes d'une légère couleur rosée; et elles forment un épi court au sommet d'une hampe allongée cylindrique et extra-axillaire. On trouve le Trèfle d'eau dans les étangs et autres lieux marécageux dei'Europe méridionale et tempérée. Ses tiges et ses feuilles sont douées d'une amertume intense qui est l'indice d?eacute;nergiques propriétés toniques. Aussi les emploie-t-on avec beaucoup de succès dans les fièvres intermittentes et dans toutes les maladies où il convient de donner une excitation à la fibre musculaire. (G..N.)

MENZIÉSIE. Menziesia. BOT. PHAN. Smith (Plantarum Icones hactenus ineditæ fasc. 3 n° 56) a fondéce genre qui appartient à la famille des Ericinées et à l'Octandrie Monogynie L. Il lui a donné pour caractères essentiels: un calice monophylle sinueux sur les bords; une corolle monopétale en grelot à quatre petites dents; huit étamines dont les mets sont insérés sur la base de la corolle; un ovaire libre supère surmonté d'un style et d'un stigmate; une capsule supère quadriloculaire dont les cloisons sont formées par les bords rentrans des valves. Cette structure de fruit avait fait placer le genre Menziesia parmi les Rhodoracées; mais il a été démontré depuis que plusieurs genres de la famille des Ericinées avaient aussi la capsule à cloisons formées par l'introflexion des valves et conséquemment qu'on ne pouvait à l'aide de celle seule différence distinguer les deux familles. V. ERICINéES. La Plante sur laquelle le genre en question a été constitué a reçu le nom de Menziesia ferruginea. C'est un Arbrisseau à feuilles terminales fasciculées lancéolées dentelées velues en dessus glabres en dessous excepté surles nervures; à fleurs disposées en faisceaux entre les feuilles et portées chacune sur un long pédoncule. Cette Plante croît dans les contrées occidentales de l'Amérique du Nord.

Jussieu (Ann. du Mus. T. I p. 55) a rapporté au genre Menziesia une espèce qui avait été placée par Linné d'abord dans les Erica puis parmi les Andromeda. Il l'a nommée Menziesia polifolia nom qui a été changé par De Candolle (Flore Française T. III p. 674) en celui de M. Dabeoci afin de rappeler le nom spécifique qui lui avait été imposé par Linné et celui que la Plante porte vulgairement en Irlande. Cette espèce figurée dans I'Atlas de ce Dietionnaire

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est un petit Arbrisseau dont les tiges sont grêles rameuses droites et hérissées de poils peu nombreux. Ses feuilles sont opposées ou ternées dans le bas de la Plante alternes dans le haut ovales entières un peu roulées en dessous sur les bords blanches et cotonneuses à la surface inférieure vertes supérieurement et munies de poils roux; les fleurs sont purpurines pédonculées pendantes alternes disposées en grappes simples entremêlées de feuilles. Le M. Dabeoci est commun en Irlande; il se trouve en France près de Bayonne et dans les Hautes-Pyrénées.

Deux autres Plantes indigènes des Etats-Unis d'Amérique ont été réunies à ce genre l'une sous le nom de M. globularis et l'autre sous celui de M. empetriformis. (G..N.)

MEON. BOT. PHAN. Pour Méum. V. ce mot. Ce nom grec de Méon a été étendu à diverses Plantes et l'on appelle:

MÉON AQUATIQUE l'Utriculaire commune;

MÉON BATARD le Séséli de montagne etc. (B.)

MEOSCHIUM. BOT. PHAN. Genre de la famille des Graminées et de la Triandrie Digynie L. établi par Palisot-Beauvois (Agrost. p. 111 t. 2 f. 6) mais qui nous paraît devoir être réuni à l'Andropogon. V. ce mot. (A. R.)

MEPHITIS. MAM. Syn. de Mouffette. V. ce mot. (IS. G. ST.-H.)

MER. Mare Pelagus. GéOL. On entend proprement par ce mot la totalité des eaux salées qui occupent la plus grande partie de la surface du globe soil que ces eaux salées circonscrivent les continens et les îles soit qu'elles se trouvent réunies en amas plus ou moins considérables dans l'intérieur de certaines régions terrestres. Le mot OCéAN donné comme synonyme de Mer dans les Dictionnaires d'histoire naturelle précédens ne l'est cependant pas; sa signification est beaucoup plus restreinte et s'applique seulement à celles des Mers qui environnent là terre sans jamais y pénétrer c'est-à-dire que le nom d'Océan ne saurait convenir à aucune Méditerranée ou Caspienne. La plupart des termes employés dans la géographie physique simple branche de la géologie ne sont pas mieux définis et nous ne voyons nulle part dans ces nombreuses descriptions du globe où tout ce qui nétait pas astronomique historique ou statistique fut trop légèrement traité qu'on ait songé à préciser la valeur des mots par lesquels on doit désigner chaque partie constituante de l'univers. Il n'est pas jusqu'au dictionnaire rédigé par l?Académie francaise et qu'il est convenu de regarder comme la base du bon langage où ce bon langage n'ait été faussé sous ce rapport ainsi que dans les deux tiers des noms par lesquels on y désigne les corps naturels. C'est ainsi que pour la définition du mot dont il est question dans le présent article on trouve: « l'amas des eaux qui environnent la terre et qui la couvrent en plusieurs endroits. ff L'Académie ayant oublié de spécifier que les eaux de la Mer sont essentiellement salées les Lacs seraient aussi des Mers selon sa décision ce qui pourrait être tout au plus vrai dans les langues d'origine teutonique où See s'applique indiffé remment aux amas d'eau douce de la Suisse de la Bavière et du Camergutt à de simples golfes ainsi qu'à la plupart des Mers véritables.

Pour les premiers géographes don les écrits nous ont été conservés la Mérditerranée que la contenue entre l'Afrlque l'Asie et l'Europe; l'Océan était au-delà des colonnes d'Hercule; il environnait la terre habitable à laquelle on supposait une forme entièrement différente de celle que lui ont reconnue les modernes. Et telles étaient les idées bizarres qu'on se faisait de cette forme dans ces temps d'ignorance où les crudits prétendent retrouver les traces d'un savoir fort avancé

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qu'on voit dans les livres hébreux la terre comparée à un livre qui se roule sur lui-même et chez les Grecs cette terre représentée sous la figure générale d'un carré long.

Dans la nécessité où l'on est de préciser les mots pour s'entendre définitivement dans toutes les branches de l'histoire naturelle nous caractériserons de la manière suivante les diverses parties de la Mer dont nous n'emploierons désormais le nom que dans l'acception la plus générale.

§ I. Distribution géographique de la Mer.

† OCÉAN Oceanus. Nous entendons par ce mot dans un sens défini cette immensité de Mers séparant les unes des autres en les entourant les diverses parties exondées du globe qui n'occupont guère que le quart de sa surface l'étendue des terres étant évalue'e à 1 400 000 myriametres carrés tandis que celle de l'Océan peut bien s?eacute;valuer à 3 700 000. Essentiellement mobile sans cesse agité par les conrans qui en sillonnent le sein ou par les vents qui sont des courans aériens on lui a supposé en outre un mouvement général subordonné à la rotation diurne du globe. Partout l'Océan obéit à d'autres mouvemens aussi réglés que manifestes dont l'effet est subordonné à la forme de côtes qu assiégent et abandouneut alternativement ses vagues. Ces mouvemens alternatifs dépendans de l'action qu'exercent les astres à sa surface sont appelés MARÉES (V. ce mot) et ont été soigneusement décrits par Constant Prévost dans ce même volume de notre Dictionnaire.

Jusqu'au temps de Fleurie l'Océan avait été fort arbitrairement divisé par les géographes et par les faiseurs de cartes; cet illustre marin essaya d'y établir des régions mieux circonscrites et dans les mappemondes vécentes on s'est généralement conformé à la nomenclature qu'il imposa: ainsi l'on a appelé Océan Glacial Arctique les Mers circompolaires du Nord par opposition à celles du Sud nommées Océan Glacial Antarctique; Océan Atlantique divisé en boréal équatoréal et austral l?eacute;tendue contenue entre les deux cercles polaires l'Ancien et le Nouveau-Monde; Grand-Océan Boréal la Mer qui du tropique du cancer s'étend entre l'Asie orientale et les côtes américaines du nord-ouest; Grand-Océan Pacifique la Mer entre les deux tropiques l'Amérique équatoréale et la Polynésie; enfin Grand-Océan Austral l'immensité des eaux comprises entre les pointes méridionales de l'Afrique de l'Australasie de l'Amérique et dont le pôle austral est à peu près le centre. La Mer particulièrement appelée des Indes n'est entrée dans aucune de ces six divisions. Quelles que soient les autorités d'après lesquelles on voudrait faire admettre une telle nomenclature la raison la repousse du moins en plusieurs points. Nous croyons important de le prouver avant que l'usage en soit définitivement consacré.

Il n'en est pas de la Mer comme de la terre où la domination des Hommes s?eacute;tant le plus souvent établie et perpétuée par la force et la tyrannie les limites naturelles de chaque contrée ont dès long-temps disparu pour faire place aux limites politiques où des citadelles s?eacute;levèrent comme nous plaçons des bornes autour de nos propriétés: de sorte que des peuples appartenant à des espèces fort différentes du genre Homme se sont trouvés confusément mêlés sous le même sceptre quand leurs caractères physiques semblaient commander entre eux une démarcation éternelle. Nulle limite stable ne put être tracée sur les flots. Tous les parages sont également le domaine des navigateurs; abusant de ses forces navales une nation usurpatrice peut encore aujourd'hui se réserver exclusivement le commerce de quelque plage déserte ainsi que Carthage de son temps ne permettait pas qu'ou visitât ses possessions de l'Atlantique; mais de tels excès ont leur terme et lorsque les

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côtes de la Nouvelle-Calédonie paŕ exemple seront aussi peuplées que l'étaient celles de l'Amérique du Nord nu temps de l'immortel Washington la Grande-Bretagne n'aura plus le droit léonin de dire aux mariniers du reste de la terre: Vous ne viendrez pas pêcher de Phoques dans les parages du détroit de Bass. D'après cette communauté de la Mer la géographie ne peut donc admettre sur son étendue de ces divisions que le caprice et la violence établissent à la face asservie de la terre. Les distinctions entre des régions où se balancent les flots inconstans ne pouvant être que géographiques il faut en poser les bornes rationnellement c'està-dire en consultant la figure et les relations naturelles des côtes voisines le rapport des masses d'eaux avec les terres qu'on peut considérer comme continens enfin l'influence qu'exerce la température sur les productions de tel ou tel espace inondé et c'est ici que la distribution géographique des Hydrophytes et des Animaux marins éclaire une science qui crut trop jusqu'ici pouvoir se passer de la Botanique et de la Zoologie.

Ce n'est en aucune partie du globe terraqué que les productions du règne animal ou du règne végétal s'arrêtent à tel ou tel cercle de la sphère. L?eacute;quateur les tropiques l'écliptique les cercles polaires les méridiens dont la connaissance est indispensable pour déterminer les climats horaires les positions respectives de chaque point du globe et la route d'un vaisseau n'ont aucun rapport exact et positif avec ses productions aquatiques ou terrestres. On ne citerait pas plus un Végétal ou un Animal dont l'apparition commencât rigoureusement à tel ou tel degré de longitude ou de latitude soit dans les profondeurs de l'Océan soit sur les continens ou les îles qu'on n'en pourrait citer qui se retrouvassent d'un pôle à l'autre sans la moindre solution de continuité dans sa ligne de propagation. Toutes les productions de la nature ont leurs zônes plus ou moins larges et sinueuses dans la largeur variable desquelles on les voit se propager soit comme en société soit isolément mais selon diverses inclinaisons sur tous les cercles de la sphère; de sorte qu'il est telle créature qu'on retrouve de Terre-Neuve aux îles Malouines ou de Botany-Bay au Japon tandis qued'autres existant au Chili se retrouvent dans notre Europe en passant par les îles de la Société les îles de la Sonde le Népaul les îles de France et de Mascareigne le cap de Bonne-Espérance les côtes de Guinée et la péninsule Ibérique; d'autres cependant fidèles à l?eacute;quateur font çà et là des pointes assez loin en dehors des lignes solsticiales; d'autres enfin se trouvent sur des points opposés du globe et sont comme antipodes les unes des autres sans avoir leurs pareilles sur aucun point de l'espace qui les sépare; mais nous n'en connaissons pas à qui les lois de la dissémination aient interdit la faculté de s?eacute;carter de quelques minutes de degré d'une parallèle ou d'un méridien quelconque. Les productions de l'Océan étant astreintes aux mêmes règles de sinuosité ou d?eacute;parpillement dans leur propagation nous trouverons dans la manière dont les principales sont répandues dans l'immensité des mers les motifs de la nouvellé division de la surface deces Mers; mais auparavant nous croyons devoir montrer par quelques exemples combien était vicieuse la nomenclature employée jusqú?agrave; ce jour. Ce qu'on appelait Grand-Océan d'où l'on avait appelé Océanie l'archipel qui s?eacute;tend à l'est de la Polynésie n'est pas plus grand ni même si grand que les autres Océans. Le Grand-Océan Boréal qui n'est pas non plus fort étendu méridional par rapport à de vastes parties de l'Asie et de l'Amérique n'était réellement Boréal que par rapport à une petite étendue du tropique du Cancer; tandis que l'Océan Atlantique que l'on ne nommait cependant pas grand était le plus grand de tous etc. etc.

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Nous admettrons seulement ici cinq grandes régions océaniques.

1°. L'Océan Arctique Boréal eu réalité par rapport à l'universalité du globe. Le pôle arctique en sera le centre les côtes d'Islande d'Ecosse de Norwège de Russie de l'Asie et de l'Amérique du nord en seront les rivages; les îles Féroë du Spitzberg de la Nouvelle-Zemble et Liakof en seront les archipels. Le Groënland serait sa plus grande terre s'il est décidément vrai que le détroit de Davis se prolonge au-delà de la baie de Baffin et le sépare entièrement du continent américain. Cet Océan communiquera avec les autres par le détroit de Béring peutêtre par la baie de Baffin comme il vient d?eacute;tre dit enfin par le canal plus large qui s?eacute;tend de la Mer des Esquimaux aux rivages écossais. Des amas éternels d'eau congelée paraissent en occuper le milieu comme une terre ferme désolée silencieuse mais éblouissante aux rayons sans fécondité de jours de plusieurs mois auxquels succèdent des nuits non moins longues dont le phénomène météorique connu sous le nom d'aurores boréales ne saurait diminuer l'horreur. Des montagnes de glace s'en détachent parfois et flottent jusque sur les confins des Mers limitrophes. Des brumes presque continuelles s?eacute;chappent de sa froide surface. Quelques grauds Cétacés entre lesquels se distingue le Narwal sont les Mammifères de ces austères parages avec ces Ours blancs et des Morses dont le froid semble être l'élément. On n'y voit point de ces Acalèphes libres de forte dimension si communs dans les zônes chaudes. Les Médusaires y sont presque microscopiques ct nombreuses au point d'y épaissir les flots où ces Animalcules deviennent avec les Clios la pâture des Baleines. Les Mollusques et les Conchitères n'y sont jamais diaprés de brillantes couleurs; les Poissons eux-mêmes s'y montrent ternes: ce sont des Gades des Clupes la Chimère et quelques espèces la plupai t sans beauté; mais jamais ou raicment on n'y rencontre de ces Balistes bizarrement conformées de ces Squammipennes élégans de ces Tétrodons cuirassés de ces Labres peints de mille couleurs et resplendissant de l?eacute;clat des métaux ou des pierres précieuses. Pour les Oiseaux ils sont tristes autant par les mœurs nue par le plumage; un grand nombre appartient à la famille disgracieuse des Canards. Presque tous sont obligés de fuir vers des climats moins durs pendant la longueur deś nuits et d'un hiver où le Mercure descend au degré nécessaire pour sa congélation. Les Hydrophytes portent aussi dans l'Océan Arctique uu caractère particulier; destinés à résister à de rudes tempêtes très-fréquentes où souffle en tous sens l'impétueux aquilon leur tissu y est des plus solides. Ce sont en général des Fucacées ou de ces puissantes Laminariées jamais rameuses et ressemblaut à des lanières de cuir; on doit remarquer combien à mesure qu'on s?eacute;loigne de l'Océan Arctique les Hydrophytes deviennent moins coriaces et moins résistans. Enfin les plages de tous ces lieux où la Mer obstruant les golfes de glaçons gèle chaque année présentent une végétation particuière avec des Animaux terrestres subordonnés à la nature de cette végétation misérable. Les Arbres y sont peu nombreux et presque tous rabougris ou nains; ils consistent dans quelques espèces de Pins et de Bouleaux. Des Lichens y revêtent les. landes dont se couronnent des monticules sauvages. Les Sphaignés et autres Mousses y préparent ces vastes tourbières par l?cacute;paississement desquelles s'encombrent des vallons peu profonds et durent huilou dix moissur douze ensevelis sous la neige. Les Végétaux ai omatiques ou parés de fleurs éclatantes n'y pourraient orner un sol ingrat dont la baie de l'Airelle est le fruit le moins acerbe. Les Rennes parmi les Ruminans l'Isatis divers Renards et autres races ou espèces

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du genre Chien des Martes quelques Rongeurs le Glouton qui fait la guerre aux Rennes encore tourmentés par des OEstres sont les Mammifères terrestres qu'y apprivoisèrent les Hommes ou ceux auxquels on voit les chasseurs faire une guerre active pour s'en procurer les fourrures; et les Hommes même de ces horribles bords appartiennent à l'une des espèces les moins favorisées de leur genre au physique comme au moral. Ce sont les Hyperboréens hideux attachés à leur affreuse patrie au point de ne se jamais éloigner des plages glacées où la pêche alimente leur monotone existence et l?eacute;corchement des bêtes leur pauvre commerce; où le vin n'égaie jamais les banquets de familles taciturnes; où l'ivresse causée par une bière grossière ou par du suc de Champignons fermentés succède seule au sale plaisir déboire de l'huile de poisson aans une fannière enfumée.

2°. Océan Atlantique. Celui-ci borné an nord par le précédent dans la direction d'une ligne qu'on peut tirer des côtes nord-est du Labrador jusque vers les Hébrides bien au-dessous du cercle polaire arctique est contenu entre l'Ancien-Monde l'Amérique septentrionale les Antilles et l'Amérique du sud. Il finit au midi obliquement dans une ligne qui s?eacute;tendrait de là pointe méridionale de l'Afrique au détroit de Magellan en passant par les Malouines. L?eacute;quateur le partage en deux parties à peu près égales de sorte qu'on peut admettre sa subdivision en Boréal au-dehors du tropique du cancer Equinoxial entre Jes deux lignes solsticiales et Méridional en dehors du tropique du capricorne. Les îles de la première subdivision sont Terre-Neuve les Bermudes les Açores Madère et les Canaries; celles de la partie équatoréale sont l'archipel du Cap-Vert l'Ascension Sainte-Hélène MartinVas avec quelques autres îles ou rochers épars dans le golfe de Guinée. Les îles de Tristan d'Acuna sont les seules qui méritent d?ecirc;tre citées dans la portion méridionale. Les vents y suivent le plus généralement la direction du nord - ouest et de l'ouest à l'est si ce n'est aux approches des régions équa toréales qui semblent condamnées à subir des calmes brûlans effroi du navigateur et capables d'enchaîner à la même place tout imprudent qui pense que pour se rendre d'Europe au cap de Bonne-Espérance la ligne la plus droite est la plus courte. C'est dans la partie septentrionale de l'Océan dont il est question que s'observe le Gulf-Stream qui dans sa révolution circulaire côtoye en trois ans environ et tour à tour les rives des deux mondes. V. COURANS.

Le nom d'Atlantique vient de la tradition fort ancienne conservée par des prêtres égyptiens et par l'un des sages de la Grèce d'un continent détruit duquel nous avons ailleurs essayé de prouver que les Açdres Madère Porto-Santo les Salvages les Canaries et les îles du Cap-Vert durent faire partie. Peut-être cette vaste contrée nommée l'Atlantide tenait - elle aussi à cette partie de l'Afrique sur laquelle se ramifie l'Atlas et qui fut bien évidemment une île considérable que baignait par le sud une Mer dont les déserts de Barca et de Sahara présentent aujourd'hui le fond desséché. Plusieurs écrivains ont élevé des doutes sur l'existence de cette Atlantide dit avoir été plus grande que l'Asie et la Lybie ensemble. (V. nos Essais sur les Iles Fortunées.) Patrin avecsa légèreté accoutumée n'y voit qu'un songe; et l'on a lieu d?ecirc;tre surpris que de véritables savans aient adopté sans examen cette boutade de Patrin lorsqu'au contraire Humboldt en admet non-seulement la probabilité mais trouve encore que nous avons eu raison d'en tracer dans l'un de nos premiers ouvrages la carte conjecturale (Voyage aux Rég. Equin. T. I p. 326). Quoi qu'il en soit on sent que dans une Mer immense qui s'étend de régions pres-

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que froides jusque sous des climats briûans on ne saurait trouver une conformité de physionomie et de productions aussi frappante que dans l'Océan Arctique. Cependant le voyageur qui parcourt l'Atlantique d'une extrémité à l'autre y reconnaît quel que soit le changement de temperature qu'il y éprouve une certaine ressemblance entre toutes choses; en touchant sur ses rives les plus éloignées il aperçoit dans l'aspect des côtes opposées quelle que soit la distance qui les sépare plus d'analogie qu'il n'en existe entre les côtes adossées des mêmes continens. La Sénégambie basse et sillonnée de cours d'eaux a certainement plus le rapports naturels avec la région de l'Orénoque et des Amazones qu'avec le bassin de la Mer Rouge; comme les régions du bas Orénoque et des Amazones ressemblent plus aux parties arrosées et occidentales de l'Afrique qu'elles ne rappellent les côtes abruptes qui s?eacute;tendent de Payta au Chili. Les régions littorales tempérées ou chaudes de notre Europe diffèrent de même fort peu des parties littorales des Etats-Unis placées en regard: ce sont les mêmes genres de Plantes et d'Animaux qui en habitent la surface à très-peu d'exceptions près et si l'on plonge dans les flots pour en examiner les productions l'identité devient presque complète. Le nombre des Laminariées et des Fucacées diminue pour faire place à des Cystoceires: ce sont les Sargasses inconnues vers les Mers Boréales qui arrachées à des profondeurs diverses commencent dès le quarantième degré de part d'autre à flotter en nappes impenses à la surface des flots. Les Hydrophytes de la plus belle couleur parent surtout les rochers où les grands Madrépores et les Spongiaires ne sont pas cependant aussi nombreux que nous le trouverons dans l'Océan Pacifique; les Algues filamenteuses c'est-à-dire les Confervées et les Céramiaires s'y marient à des Polypiers flexibles; mais ceux-ci sont encore moins variés que dans la plupart des Méditerranées ou que dans l'Océan semé d?eacute;cueils qui s?eacute;tend sur l'autre hémisphère. Les Poissons des hauts parages sont dans l'Atlantique de grands Squales des Scombres et des Coryphœnes occupés à poursuivre des Exocets; des Lophies y montrent déjà leurs formes bizarres avec le Glaucus entre les prairies flottantes de Sargasses. Mais sous l?eacute;quateur même on n'y observe pas encore de ces formes baroques de Poissons relevées par l?eacute;clat de l'arc-en-ciel des pierresprécieuses et des métaux qui provoquent l'admiration de l'ichthyologiste dans l'Océan Indien et dans la Polynésie. Le Marsouin et le Dauphin ordinaire sont les grands nageurs de l'Atlantique où l'on ne trouve fort communément que ces deux petites espèces de Cétacés: les grandes y paraissant comme dépaysées semblent n'y descendre que par circonstance. Les Lamantins en sont les herbivores aquatiques sur les deux rives aux parties très-chaudes à travers desquelles semblent se plaire à passer de l'un à l'autre continent l'Oiseau comparé par la témérité de son vol à Phaëton et ces autres grands-voiliersqui la plupart appartiennent aux genres linnéens des Pélicans des Mouettes et des Sternes. L'apparition des bandes de Canards vers le nord et des Albatros vers le sud avertit le nautonnier qu'il sort de l'Atlantique pour entrer dans l'Océan Arctique d'un côté ou dans l'Océan Antarctique de l'autre.

3°. Océan Antarctique. La plus vaste des Mers; celle-ci occupe une bien plus grande étendue dans les régions australes que l'Océan Arctique ne couvre d'espace autour du pôle boréal. On reconnaît davantage sur ses limites combien il est faux que les cercles de la sphère suffisent pour circonscrire des climats naturels; car entre les méridiens du cap de Bonne-Espérance et de la terre de Kergulen l'in fluence glaciale de l'Océan Antarctique se fait ressentirpresque jusqu'au

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quarante-six ou quarante-huitième degré de latitude sud où flottent des montagnes d'eau congelées semblables à celles qui dans notre hémisphère ne dépassent guère le soixantième degré de latitude nord tandis que d'un autre côté au sud des Terres de Feu les glaces éternelles s'arrêtent vers le Shetland méridional et la Terre de Sandwich par le soixantième degré sud. Nul continent n'est à proprement parler baigné par cet Océan dans la direction duquel s'avancent cependant toutes les pointes méridionales de la Terre habitable. Ainsi l'extrémité de l'Afrique les côtes de l'Australasie y compris celles de la Terre de Van-Diémen et de la Nouvelle-Zélande depuis la Terre de Leuwin jusque vers les antipodes de Paris et l'extrémité de l'Amérique méridionale sontexposées à son austère influence sans que ses flots en viennent baigner immédiatement les rivages. Les îles de la Désolation et quelques autres écueils en sont les seules terres où semblent végéter à regret de tristes Lichens ou des Mousses chétives. Quelques Cétacés égarés y pénètrent çà et là. Pou de points solides y fournissent des supports à la végétation marine qui serait nécessaire pour substanter un grand nombre des créatures vivantes. Un continent de glace et de neige étend au centre de cet Océan sa surface silencieuse et frappée de mort. Les bords d'un tel amas d'eaux durcies se brisant à la fin de l?eacute;té durant la débâcle occasionée par la présence d'un soleil de six mois deviennent des montagnes flottantes; cependant quelques grands Phoques y sont les analogues des Ours blancs et des Morses de l'Océan Arctique tandis que des Manchots et des Pingouins y représentent les nombreuses légious de Canards du Nord; mais comme il n'y existe pas de rivages distincts sur lesquels ces Oiseaux singuliers éprouvent la nécessité de se transporter alternativement que tout y demeure monotone et pareil autoùr d'une éteuduc sans Plantes et presque sans Poissons les Manchots demi-Poissons eux-mêmes n'ayant pas besoin d'ailes pour entreprendre de longues migrations la nature économe ne leur en a point donné.

Cook le premier et divers navigateurs hardis sur ses traces ont essayé de trouver quelques points abordables à travers les éternels frimas de ces parages où le ciel n'a guère qu'un jour et qu'une nuit où la surface du globe présente moins d'eau que de glaçons. Ces tentatives n'ont produit aucun résultat et lorsqu'on eut à travers mille périls dócouvert enfin des ports sur quelques terres antarctiques de quelle utilité eussent été de pareilles rencontres? Quelle colonie d'Esquimaux ou de Lapons eût-il été bon d'y transplanter? Quoi qu'il en soit si nulle côte ne borne à proprement parler l'Océan qui nous occupe si nulle ligne de basfonds ou autres accidens terrestres n'en indiquent géographiquement les marges qui ne s'arrêtent pas au cercle polaire quelques Hydrophytes et diverses cohortes vivantes établissent ses limites naturelles; ellesse plaisent toujours en suivant une ligne sinueuse dans son pourtour et ne s'en éloignent guère vers le nord pour chercher des climats plus doux. Nous avons déjà vu l'Albatros avertir les matelots qu'ils quittaient l'Océan Atlantique pour voguer sur les confins de l'Océau Antarctique; les Pingouins et toujours les Manchots se reproduisent sur la plupart des côtes qui regardent celui-ci. Une multitude de Phoques y viennent avec les Callorynaues paître des Macrocystes et le feuillage d'autres Arbres marins qui s?eacute;lèvent du fond à la surface des Mers au point d'arrêter les rames de l'esquif. Le Durvillæa utilis le Laminaria buccinalis sont encore propres à la ligne de démarcation qui vient d?ecirc;tre tracée; mais de telles productions s'avancent parfois le long des côtes occidentales des pointes du Nouveau et de l'Ancien-Monde; fait de géographie aquatique des plus remarquables que personne n annota

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et qu'on retrouve dans la botanique des continens où l'on voit diverses productions végétales s?eacute;garer le long de certaines côtes ou chaînes de montagnes hors de la zône où elles croissent habituellement.

4°. Océan Indien. Cette partie de l'Océan appelée simplement Merdes Indes sur ces mappemondes où les noms d'Océan grand et petit furent si prodigués confine vers le sud avec l'Océan qui vient de nous occuper en suivant la courbe qu'on tirerait du midi de l'Afrique à la Terre de Leuwin par les côtes septentrionales de la Terre de Kergulen; les côtes africaines de l'est le bordent à l'occident; les rives occidentales de l'Australasie au levant et les îles de la Sonde les côtes de l'Inde de la Perseavec celles de l'Arabie le contiennent au septentrion. Madagascar et Ceylan y sont comme des fragmens de continens detachés. Les îles Trials des Cocos de Nicobar d'Andaman de Chagos Maldives Laquedives Rodrigue de France Mascareigne des Séchelles de Comore et Socotora y forment des archipels ou des terres isolées sur lesquels la végétation et les Animaux présentent outre la physionomie commune aux climats chauds un aspect particulier qui tient à la fois de l'africaine de l'asiatique et de l'australasienne. Ici le calme est l?eacute;tat habituel des flots la plupart du temps si tranquilles que leur surface paresseuse unie comme un miroir mérita à l'Océan Indien le nom de Mer d'huile que lui donnèrent les matelots de tous les pays. Lorsque des ouragans épouvantables mais très-rares n'y viennent pas troubler la sérénité habituelle ce sont des vents réglés appelés Moussons qui y régnent. V. MÉTÉORES. Les côtes de ce vaste bassin prodiguent ou peuvent donner les plus précieuses productions qui soient au monde; car la Mer y nourrit jusqu?agrave; ces Pintadines génératrices de la perle. Si une civilisation bien entendue s?eacute;tablit jamais sur ses rivages l'Océan Indien baignera les plus belles et les plus heureuses contrées de l'univers.

5°. L'Océan Pacifique. Nous croyons devoir adopter ce nom qui a l'antériorité et qui désigne assez bien l?eacute;tat de repos où demeurent ordinairement les flots entre la Polynésie l'Asie orientale l'Amérique occidentale et l'Océan Antarctique; nous n'en appellerons pas la partie contenue entre la ligne le tropique du cancer la Nouvelle-Guinée et l'Archipel dangereux Grand-Océan parce que nous le répétons nulle partie de l'Océan n'est au contraire plus restreinte que cet espace semé d?eacute;cueils de peu de profondeur et d'une navigation très-dangereuse; nous n'en appellerons pas non plus Boréale la région située précisément au sud de l'immense courbe formée à son pourtour par l'Asie et l'Amérique rapprochées. Cet Océan très-ouvert vers le sud s'y termine à peu près dans la ligne sinueuse qu'on pourrait tracer de la terre de Van-Diémen à la Nouvelle-Zélande et de celle-ci vers les côtes du Chili. Les îles Aleutiennes au nord en séparent la Mer de Béring qu'il en faut soigneusement distinguer; des archipels nombreux dont la plupart sont peu connus et presque inextricables en remplissent la plus grande partie surtout entre les Tropiques à l'est de la Polynésie où la plupart semblent même n?ecirc;tre qu'une continuation de ce futur continent. Il arrive dans cet Océan ce que nous avons reconnu avoir lieu dans l'Atlantique où malgré la diversité des climats les productions des rivages et de l'eau présentent la plus grande analogie. L'humidité perpétuelle qu'entretient une abondante évaporation autour de mille points exondés contribue à parer la surface de ces points d'une végétation riche fraîche et brillante. Les Fougéres et autres tribus cryptogamiques y entrent dans une immense proportion en dépit des lois précipitamment établies par les arithméticiens de la botanique. Nulle part les Madrépores et autres

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Polypiers pierreux avec les Spongiaires et les Mollusques marins ne sont plus nombreux plus variés en figures plus grands en proportions ni enrichis de plus admirables couleurs. Le luxe des teintes la multiplicité infinie des formes n'y sont pas restreintes à ces seules légions animées; les Cétacés eux-mêmes les Poissons surtout y participent et la succession active jamais interrompue par de rigoureux hivers de toutes ces créations marines produit avec rapidité l'augmentation des rochers et l?eacute;lévation du sol partout où quelque écueil peut abriter d'innombrables habitaus architectes et préparateurs d'une terre à venir; terre qui doit nécessairement paraître par l'encombrement de mille détroits où les pirogues des hommes d'espèce Neptunienne et des vaisseaux anglais cinglent maintenant à pleines voiles. Aussi malgré la beauté d'un ciel où ne soufflent que des vents assez modérés la navigation de l'Océan Pacifique est-elle périlleuse pour les embarcations qui tirent beaucoup d'eau. C'est là qu'on voit en peu d'années changer la forme des rivages comme par enchantement et croître pour ainsi dire le sol: où naguère passait un grand navire une chaloupe courrait risque de se briser aujourd'hui.

On retrouve dans l'Océan Pacifique comme entre l'Ancien et le Nouveau-Monde au revers opposédu globe de ces bancs flottans de Sargasses genre de Fucacées totalement étranger aux deux Océans du nord et du sud qui de leur côte nourrissent les Laminariées simples autour du pôle arctique rameuses autour du pôle opposé. Un grand courant circulaire analogue au Gulf-Stream paraît également y régner. Ainsi l'analogie est complète; et par la division que nous proposons d?eacute;tablir à la surface de la grande Mer environnante on voit que quatre Océans s'y correspondent opposés deux à deux et qu'un seul impair et central y demeure isolé par une multitude de caractères naturels qui lui donnent quelques rapports avec les Méditerranéés dont il sera question tout à l'heure. En s'affranchissant de l'antique routine qui condamne les faiseurs de cartes et de traités de géographie à ne reconnaître que deux continens on pourrait égalementreconnaître cinq continens dont un impair et ne ressemblant à aucun autre par la nature de ses productions tandis que les quatre autres seraient analogues et opposés deux à deux à la surface du globe; l'Afrique correspondant à l'Amérique du sud l'Europe confondue avec l'Asie à l'Amérique septentrionale et l'Australasie demeurant à part. L'Ancien Moude se composerait comme le Nouveau de deux parties bien distinctes unies seulement par des isthmes et la nomenclature géographique se trouverait enfin sur la route du bon sens.

†† MÉDITERRANÉE Mediterranea. Se dit selon l'Académie dout cette fois la définition nous paraît entièrement exacte de ce qui est enfermé dans les terres. Ce nom de Méditerranée sera conséquemment réservé ici pour désigner toute Mer qui ne faisant pas partie immédiate d'un Océan communique par un ou même par plusieurs détroits avec quelqu'une des grandes divisions maritimes précédemment établies.

Les Méditerranées plus nombreuses sur le globe qu'on ne les y avait supposées ne sont pas sujettes aux marées ou le sont d'une façon moins régulière que les régions océanes. Selon qu'elles recoivent le tribut de fleuves plus ou moins considérables leur salure est plus ou moins sensible; mais cette salure n'est jamais aussi considérable que celle de l'Océan ou grandes Mers environnantes. Toutes sont moins profondes; tendent à se fermer comme pour former des Caspiennes; nourrissent des espèces moins considérables d'Hydrophytes de Polypiers et de Poissons mais ces espèces y sont proportionnellement beaucoup plus multipliées. On dirait que protégées par des côtes rapprochées et qui les mettent à l'abri des grandes

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tempêtes elles pullulent davantage. Les très-grands Cétacés y pénètrent rarement comme si leur masse s'y devait trouver moins à l'aise; les Oiseaux grands – voiliers semblent dédaigner leur surface assez paisible. Ce sont les espèces habituées aux émigrations qui ordinairement les traversent et des Échassiers semblent plus que toute autre tribu ailée se plaire sur leurs paisibles rivages souvent plats et marécageux. A des latitudes égales les bassins de ces Mers intérieures ou prêtes à le devenir présentent dans leur végétaition et par leurs Animaux une physionomie qui indique en elles une plus grande élévation de température proportions gardées avec les régions de l'Océau dans lesquelles on voit les Méditerranées se dégorger. Les vents ne suivent guère à leur surface de marche fixe; ils y sont toujours subordonnés à la direction plus ou moins resserrée des côtes; un courant général ordinairement parallèle à la principale direction des rivages semble en faire graduellement le tour comme si ce courant partait de l'Océan pour venir recueillir le tribut des fleuves et le lui rapporter après s?ecirc;tre grossi de ce tribut qui dessale le courant mais qui n'exerce point sur le vaste espace où il rentre la même influence adoucissante. Ce n'est point l?eacute;vaporation qui tend à diminuer la surface des Méditerranées ainsi qu?agrave; préparer leur séparation définitive du grand réservoir où communiquent ces Mers; mais c'est le charrot continuel des matières arrachées à la surface des continens par les eaux pluviales les rivières et les fleuves: les dépôts qui résultent de tels transports entraînés vers les issues par les courans se répandent en partie et confusément dans l'Océan tandis que les plus grandes portions de leur masse abandonnées en chemin partout où des promontoires peuvent protéger un dépôt préparent peu à peu la fermeture des détroits.

1°. Mer Méditerranée proprement dite. Celle-ci sur les rivages de laquelle se développa la civilisation de l'espèce Japétique du genre Homme (V. ce mot) sépare l'Europe de l'Afrique à peu près entre les trentième et quarante-cinquième degrés de latitude nord et s?eacute;tend de l'est à l'ouest depuis l'Asie jusqu'aux colonnés d'Hercule dans une longueur de plus de neuf cents lieues; sa largeur est beaucoup moins considérable. La Mer Noire dont celle d'Azof n'est qu'un appendice doit en être considérée comme une dépendance et la Mer Adriatique y est comme une Méditerranée secondaire qu'en distingue le canal d'Otrante. Beaucoup de ses parties présentent des traces de fracassement et des ruptures volcaniques qui mirent successivement en communication la Mer Noire avec celle de Marmara par le Bosphore celle-ci avec la Mer Égée par les Dardanelles cette même Ėgée avec le reste de la Méditerranée entre la Môrée et Cérigo Cérigo et l?icirc;le de Crète l?icirc;le de Crète et Carpathos Carpathos et Rhodes Rhodes enfin et l'Anatolie. Peut-être une autre interruption régnait-elle originairement entre la pointe Punique et les Calabres par Lampédouse Linose Malte Goze et la Sicile. Quoique toujours alimentée par de très-grands fleuves au nombre desquels le Nil le Tanaïs le Borysthène et le Danube sont du premier ordre et sans que l?eacute;vaporation puisse suffire pour absorber la plus grande partie de ses eaux il est certain que celles-ci furent originairement bien plus élevées qu'elles ne le sont aujourd'hui. Les preuves de la diminution en surface de la Méditerranée proprement dite sont visibles sur tous les points de ses ririvages; en mille lieux ceux-ci sont coupés à pic surtout dans les endroits où l'on peut supposer qug. de vastes courans ont fait irruption comme au Bosphore aux Dardanelles aux extrémités de toutes les pointes héléniques et surtout vers le detroit de Gibraltar dont nous croyons

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avoir démontré la très-récente formation. (Résumé géogr. de la Pén. Ibér. p. 116 et sniv.) La rupture de ce détroit avait été indiquée par divers écrivains mais sans preuves et comme tant d'idées hardies sont jetées en avant au hasard par des auteurs téméraires qui lorsqu'un observateur scrupuleux a prouvé la réalité des choses ne manquent pas de dire qu'ils les avaient devinées et proclamées avant tout autre. Nous ne reviendrons pas sur la révolution physique qui détermina la séparation de l'Afrique et de la Péninsule comme pour incorporer celle-ci à l'Europe à laquelle néanmoins elle semble demeurer toujours étrangère. Il nous suffira pour ajouter une preuve à ce grand fait en faveur duquel témoignent les montagnes littorales la nature des roches les Caméléons des Singes des Orchidées et le reste de la Flore ou de la Faune Atlantique de rappeler ce que disait Saussure qui observa entre Monaco et Vintimille de grands rochers coupés à pic vers le rivage et dont les flancs offraient jusqu?agrave; la hauteur de plus de deux cents pieds une multitude d'excavations profondes où l'on reconnaissait l'effet du balancement des vagues. Ces excavations depuis la cime des monts voisins et graduellement en descendant jusqu'aux lieux où se brisent aujourd'hui les flots offrent les mêmes caractères. Nous avons également vu comment à l?eacute;poque où le détroit de Gibraltar n'existait pas les bassins opposés de l'Hérault et de la Garonne à travers l'Occitanie et l'Aquitanique formaient le dégorgemeut de cette Mer dout les eaux baignaient d'un côté les racines de l'Atlas et de l'autre l'extrémité boréale du bassin du Rhône où leur voisinage alimentait les volcans éteints du centre de la France.

Le littoral de la Méditerranée tel qu'il est aujourd'hui forme un bassin naturel des mieux caractérisés et qui l'est tellement que les rivages de France de ce côté ressemblent par leur physionomie et leurs productions bien plus aux rives barbaresques ou même syriaques qu'elles n'offrent l'aspect et les productions des plages océaniques de la même contrée. Le naturaliste soit qu'il mesure la température soit qu'il interroge la Flore ou la Faune du golfe de Gascogne par exemple trouvera bieu moins d'analogie avec les mêmes choses sur les bords de la Provence qu'il n'en trouverait entre la température la Faune ou la Flore des bords provençaux et la Flore la Faune ou la température du Delta égyptieu. La plupart des Insectes de Barbarie et du Levant entre lesquels se font remarquer les Pimélies les Brachycères certains Coprides des Manthes des Truxales d?eacute;normes Myrmiléonset des Panorpes sont aussi occitaniques du moins quant au plus grand nombre des espèces. Les Ombellifères les Labiées aromatiques avec les Cistes sont les Plantes la plupart ligneuses le plus généralement répandues dans le pourtour de la Méditerranée dont les Juniperus Lycia Phænicæa et Oxycedrus le Cyprès avec les Pins d'Alep et Pinea sont les Arbres résineux; le Quercuscoccifera en est le Chêne; l'Olivier le Figuier le Caroubier le Laurier en sont les autres Arbres de prédilection; le Viburnum Tinus I'Agnus-castus léclatant Nérion le Philyrea angustifolia les Lentisques l'Anagyris fætida les Jujubiers en sont les Arbrisseaux. Le Dattier n'y gèie nulle part et le Chamérops représente en beaucoup de points de son enceinte les Palmiers de la Torride. Partout les Cactes et les Agavés s'y sont naturalisés et les vins sont plus ou moins liquoreux. On n'y voit plus de Laminariées parmi les Hydrophytes; mais déjà des Caulerpes et le Padina Tournefortii annoncent l?eacute;lévation de la température des eaux; les Spongiaires et les Polypiers flexibles entre lesquels les petites ombelles des Acétabulaircs se font remarquer tapissent les rochers prés

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de la surface des flots tandis que le Corail précieux descend dans leurs profondeurs. Les Oiseaux y passent presque indifféremment d'une rive à l'autre et parmi ces voyageurs il en est qui demeurent sur celle du nord après le départ de leurs troupes sans paraître trop souffrir de l'hiver par lequel ils se laissèrent surprendre. Les très-grands Cétacés n'y entrent guère non plus que le véritable Requin; mais parmi les espèces de Poissons de moyenne ou de petite taille y brillent de mille éclatantes couleurs un nombre de Labres proportionnellement plus considérable que partout ailleurs. La Murène célébré dans l'antiquité paraît ainsi que plusieurs autres espèces lui être exclusivement propre.

2° La Méditerranée Scandinave ou Mer Baltique. Entièrement curopéenne cette Méditerranée septentrionale suit une direction presque perpendiculaire à la précédente et large de trente à quatre-vingts lieues environ de l'est à l'ouest s?eacute;tend en longueur depuis le cinquante-quatrième parallèle jusqu'au soixantesixième environ; c'est-à-dire dans une région déjà froide. Les golfes de Bothnie dans sa partie boréale de Finlande vers l'est et de Livonie en sont les principaux enfoncemens riverains. Elle communique à la Mer du Nord par où l'Océan Arctique s'avance vers le sud au moyen de détroits que forment entre la presqu?icirc;le de Jutland et la Suède méridionale des îles dépendantes de la couronne de Danemarck. Rugen Bornholm Oland Gothland Oésel Dago et Aland en sont les autres îles principales; une multitnde de rochers formant l'archipel d'Abo entre Aland et la Finlande semblent préparer la réunion de cette ile à la partie du continent récemment envahie par les Russes; cette réunion sera d'autant plus Prompte que de toutes les Mers la Baltique paraît être celle dont l'abaissement continuel de niveau est le plus sensible. En 1743 Celsius de l'académie de Stockholm fit remarquer les traces évidentes de cet abaissement sur des rochers qu'on se rappelait fort bien avoir été couverts par la Mer et qui déjà s?eacute;levaient oe plusieurs pieds au-dessus de sa surface. Les côtes y présentent d'ailleurs vers le midi de grands étangs qui ne communiquent presque plus avec le reste de la Mer ou qui ne participent à sa salure trèsfaible que par des passes tellement étroites qu'on peut prévoir à quelle époque toute communication doit demeurer interceptée. La végétation de ces lieux soit au fond des eaux soit sur les rivages se ressent en quelque sorte de la petitesse d'un bassin où la nature est comme appauvrie. L?eacute;clat des couleurs n'y revêt guère aucune production et la Faune ainsi que la Flore marine y sont composées de peu d'espèces dont aucune n'est considérable par ses dimensions tandis que la Faune et la Flore sur les rives arctiques et adossées de Norwège ne laissent pas que d?ecirc;tre encore variées à travers une physionomie toujours austère.

5°. La Méditerranée Erythréenne ou Mer Rouge qui sépare l'Afrique ou ancien continent austral de l'Asie qui n'est pour nous qu'une partie de l'ancien continent boréal est l'une des Méditerranées les plus étroites. Elle n'a guère que soixante-dix lieues de l'est à l'ouest sous le tropique du cancer qui la traverse et quatre-vingts lieues daus sa largeur la plus considérable entre l'Yémen etlos conüns septentrionaux de l'Abyssinie. Sa longueur prise du nord-ouest et du fond de la Corne de Suez jusqu'au détroit de Babel-Mandel par le sud-est se trouve d'environ dix-huit degrés en latitude. La température de ses eaux est trèsélevée parce qu'elle s?eacute;tend entre des plages brûlantes que ne mettent à l'abri des vents de l'Afrique ni hautes montagnes ni forêts épaisses et que ne rafraîchissent les tributs d'aucun fleuve. Cette absencc de tout affluent d'eau douce

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pourrait faire présumer que la salure y doit être plus considérable qu'en toute autre Mer: ce fait cependant n'a point été établi. Son peu de profondeur est encore une cause de tiédeur; des récifs et des brisans nombreux y rendent la navigation fort dangereuse et quoique de temps immémorial on n'y ait pas observé une diminution visible elle doit s'obstruer néanmoins d'une manière assez prompte par la succession des tribus madréporiques qu'elle nourrit en très-grande abondance. Le nombre de productions hydrophytologiques qui nous en est connu et qui ne laisse pas que d'être considérable nous a prouvé que la Mer Rouge déjà remplie de Caulerpes de Sargasses et de Polypiers identiques avec des productions pareilles venues des Mers de Corée de Chine et de la Polynésie avait plus de rapport par ses productions naturelles avec la cinquième Méditerranée dont il sera parlé tout à l'heure et qui en est cependant séparée par toute la largeur de l'Asie qu'avec la Méditerranée proprement dite qui n'en est pas à vingt lieues en comptant de Suez au fond du lac Menzaleh; éloignement que semble encore diminuer la présence des lacs ainers de Temsali qu'on trouve aux deux tiers ou à moitié de la distance de l'un à l'autre de ces points. Ce que nous venons d?eacute;tablir ici nous paraît mériter la plus sérieuse attention et nous engageons les naturalistes géographes à y réfléchir. En effet la Méditerranée proprement dite ayant évidemment comme nous l'avons prouvé dans nos précédens ouvrages eu son niveau beaucoup plus élevé qu'il ne l'est aujourd'hui lorsque le détroit de Gibraltar n'existait pas devait originairement communiquer avec la Mer Rouge puisque l'isthme de Suez selon le nivellement des ingénieurs francais de l'immortelle et glorieuse expédition d'Egypte n'a que très-peu d?eacute;lévation par rapport aux deux Mers voisines. Ces deux Méditerranées communiquaient donc par la dépression dont l'antiquité profita pour établir un canal aue la barbarie laissa disparaître sous des monceaux de sables. Nous prouverons dans un ouvrage qui doit incessamment être livré à l'impression que le détroit de Babel-Mandel au contraire n'existait pas plus primitivement que le détroit de Gibraltar; c'est où se voient maintenant les rochers à pic qui encaissent cette brisure que se trouvait le point de jonction de la péninsule Arabique avec le continent africain; car l'Arabie faisait partie de ce continent africain comme nous avons vu la péninsule Ibérique en avoir fait originairement partie. Lors de cette jonction de deux Mers aujourd'hui séparées les productions de l'une et de l'autre devaient être à peu près identiques. Depuis leur disjonction quelques Hydrophytes quelques Polypiers quelques Poissons sont demeurés communs à l'une et à l'autre; mais des productions toutes différentes se sont développées en plus grande quantité dans celle qui demeurait nécessairement la plus chaude: ces productions ont imprimé à la Méditerranée Érythréenne une physionomie nouvelle. A ce sujet nous rappellerons un fait important que nous avons rapporté avec détails dans l'article CRÉATION de ce Dictionnaire (T. v p. 46). Ayant placé des corps organisés propres à divers points les plus éloignés du globe dans des vases en cristal remplis d'eau nous avons vu dans leurs infusionsse développer quelques Microscopiques communs à toutes outre un certain nombre d'espèces exclusivement propres à chacune. Ayant mêlé de ces infusions quelques espèces de Microscopiques y ont disparu plusieurs y ont persévéré et il s'en est formé de nouvelles très - différentes des premières. La nature ferait-elle quelquefois en grand ce que nous avons fait en petit dans nos expériences. et nos expériences seraient-elles en diminutif la répétition de œ qui eut lieu par le mélange de la

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Méditerranée Erythréenne avec l'Océan Indieu? O Jehova! quam ampla sunt tua opera!

On a beaucoup discouru sur l?eacute;tymologie du nom d'Erythrée ou Rouge donné à la Méditerranée dont li est question; on a cru récemment en trouver la raison dans l'abondance de petits Entomostracés vivement colorés qu'on dit s'y multiplier parfois en si grand nombre que les eaux en paraissent changées en sang comme au temps où Moïse et les magiciens de Pharaon étendaient leurs verges également puissantes sur ces calamiteuses contrées. Le fait n'est cependant pas complétement prouvé et il se pourrait que ce nom de Mer Rouge n'eût pas de raison plus raisonnable que ceux de Mer Noire de Mer Blanche ou de Mer Vermeille donnés à d'autres parties de la Mer.

4°. Méditerranée ou Golfe Persique. On peut encore considérer ce prétendu golfe comme une véritable er intérieure qu'un seul détroit unit à l'Océan. Cette Méditerranée dut être originairement plus grande de toutes les plaines mésopotamiques formées par les transports de deux immenses fleuves qui dépouillèrent les pentes méridionales des monts Taurus et du Kurdistan des sédimens dont ils ont encombré leur bassin. A cette diminution près qui semble continuer de nos jours la Méditerranée Persique présente de grands rapports avec la précédente; mais elle a encore été fort peu observée par les naturalistes. Les productions aux perles près en sont fort peu connues. On doit remarquer qu'on y trouve ainsi que dans la Mer Rouge des volcans brûlans ou éteints qui ont pu contribuer à la formation soit du détroit d'Ormutz soit de celui de Babel-Mandel.

5°. Méditerranée Sinique. Des personnes habituées à ne voir qu'une Méditerranée parce que jusqu'ici les géographes n?eacute;crivirent ce nom qu'en une seule partie de leurs cartes; mais qui par l'analogie qu'offre leur détroit unique consentiront à regarder comme des Méditerranées les Mers intérieures dont il vient d?ecirc;tre question sous les n° 1 2 3 et 4 répugneront peut-être à nous voir placer au meme rang des étendues d'eau que plus d'un détroit mettent en communication avec quelque Océan. Cependant s'il est prouve que fermées d'un côté par une suite de côtes continentales ces étendues ne tarderont point à l?ecirc;tre entièrement d'un autre côté par la réunion prochaine d;îties voisines il faudra bien admettre quelques Méditerranées de plus qu'on n?eacute;tait dans l'usage d'eu compter.

La Méditerranée qui va nous occuper s?eacute;tend assez exactement du nord-est au sud-ouest depuis la ligne équinoxiale à peu près jusque vers le cinquante-quatrième degré de latitude nord. Les côtes peuplées par notre espèce Sinique du genre humain (V. T. VIII p. 297 de ce Dict.) en habitent les bords sane interruption au couchant depuis l'extrémité boréale de la Manche de Tartarie où l?icirc;le Séghalien touche presque au continent non loin de l'embouchure du fleuve de ce nom jusqu?agrave; l'extrémité de la presqu'île de Malaca. Elle finit vers le nord en pointe aiguë comme les cornes de la Mer Rouge. La Corée et la péninsule Cochinchinoise s'avancent dans sa largeur ainsi que l'Italie et la Grèce le font dans la Méditerranée proprement dite. Sumatra Bornéo et les basses de Carémata qui ne tarderont pas à disparaître par l?eacute;lévation de leurs bancs madréporiques bornent la Méditerranée Sinique vers le sud; ses limites orientales sont tracées par les revers occidentaux de Palawan de Mindoro de Luçon appartenant à l'archipel des Philippines par ces îles nombreuses de Babouyanes et de Bashée entre Luçon et Formose par cette Formose par les archipels de Madjicosemah de Lieukieu et d'Oufou liés à l'empire du Japon; enfin par cet empire formé d'une chaîne de sommités que séparent des canaux marins et qui par Jesso

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se lie à l?icirc;le de Séghalien vers la pointe méridionale de cette dernière. Le détroit de Malaca établit une communication entre cette Méditerranée et l'Océan Indien; d'autres détroits très-nombreux que des Polypiers ne tarderont pas à faire disparaître la mettent en rapport avec la petite Mer de Mindanao qui n'en sera peut-être qu'un golfe. Parmi les communications nombreuses qui existent encore entre elle et l'Océan Pacifique celui de Diémen au sud de Kiusiu de Matsumai au nord de Niphon enfin celui de La Peyrouse entre Jesso et la longue île de Séghalien sout les plus profonds. Mer peu orageuse les vents et les courans y sont cependant fort variables; l'immensité des fleuves qui s'y jettent par le côté continental et la multitude des écueils dont elle est semée étant des causes perpétuelles de perturbation: pour peu que les gros temps y fussent fréquens cette Mer serait impraticable. Son étendue en latitude est cause que ses productions varient beaucoup du sud au nord mais en conservaut cependant d'une extrémité à l'autre cet air chinois qu'on nous passe le terme dont le caractère bizarre n?eacute;chappe à personne; caractère que nous rendent assez bien ces peintures des peuples siniques qu'on supposn long-temps n'avoir pas de modèle dans la nature parce qu'elles représentaient des objets fort différens de ce que nous voyons habituellement autour de nous.

Quoique prolongée vers le septentrion l'extrémité supérieure de la Méditerranée Sinique est loin d?ecirc;tre aussi froide que les Mers qui se trouvent sous les mêmes latitudes dans le reste du globe. Jamais on n'y voit d'amas de glaces menaçantes comme il arrive par le travers de l'embouchure du fleuve Saint-Laurent qui y correspond en Amérique ou dans la Mer du Nord et le sud de la Baltique qui y correspondent eu Europe. Nous ne possédons ni Laminariées ni même de grandes Fucacées provenues de cette Mer dont l'hydrophytologie est du reste fort peu connue malgré quelques espèces intéressantes rapportées au célèbre algologue Turner qui en fit graver de belles figures.

6° et 7°. La Mer d'Okhotsk et la Mer de Béring doivent encore être considérées comme deux Méditerranées boréales. La première quoique limitrophe de la Sinique dont elle n'est même pas encore complètement séparée puisqu'elle s'y unit par deux détroits est placée presque sous la même latitude si ce n'est vers le nord où elle s?eacute;lève jusqu'en dehors du soixante - quatrième degré c'est-à-dire par le travers d'Archangel. Cette Mer est déjà très-froide même aux limites de la précédente et si quelques géographes entraînés par l'habitude trouvent étrange que nous l'en veuillions distinguer au moins autant que nous distinguons la Méditerranée proprement dite de l?Eacute;rythréenne ou Mer Rouge nous répondrons qu'ayant vu et possédant même un assez grand nombre des productions hyarophythologiques de la Mer d'Okhotsk nous y avons reconnu bien plus de rapports avec celles de la Baltique et même des parages du Groënland qu'avec celles de la Méditerranée Sinique; en effet la langue de terre de Séghalien ou Karafthou établit une limite naturelle aussi tranchée que l'isthme de Suez; de sorte que sa rive occidentale sous une influence Sinique produit toujours des Floridées ou des Ulvacées de la plus belle couleur avec quelques Caulerpes et encore des Spongiaires: tandis que l'autre sous l'influence boréale n'a plus guère que de tristes et coriaces Fucacées mais pourtant pas encore autant de Laminariées que les Mers définitivement arctiques. Le Kamtschatka forme une rive de cette Méditerranée avec la chaîne des îles Kuriles qui la séparent de l'Océan Pacifique mais imparfaitement pour quelque temps encore.

Quant à la seconde la Mer de Béring circonscrite par la côte orientale

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du Kamtschatka et l'extrémité nordest de l'Asie per cette partie misérable du Nouveau - Monde qu'on appelle Amérique-Russe et par la longue courbe que formest les îles Aleutiennes; elle s?eacute;tend sous un climat tout-à-fait boréal. Si ce qu'on appelle Grande-Passe la met en rapport avec les régions tempérées de l'Océan Pacifique le détroit de Béring en séparant les deux mondes l'unit à l'Océan Arctique qui lui imprime sa physionomie glaciale en lui envoyant des montagnes flottantes d'ean congelée avec quelques - uns de ces grands Cétacés qu'on trouve sur les côtes d'Islande ou du Spitsberg ainsi que des Ours blancs et des Morses. Nous possédons de cette Mer de Réring des Hydrophytes en tout semblables à ceux de Terre-Neuve et des côtes de Norwège. Ce sont les mêmes Fucacées robustes des Laminariées non nameuses capables par leur'solidité de résister au courroux des flots et parmi lesquelles se fait remarquer l'Agare criblée de trous encore si rare dans les herbiers et que nous possédons des bords Koraïkes des iles Saint - Pierre et Miquelon et des côtes Scandinaves.

8°. La Méditerranée Colombienne. Nous comprendrons sous ce nom le golfe du Mexique et la Mer des Antilles dont l'ensemble forme l'une des Mers intérieures les mieux caractérisées qu'on puisse reconnaître à la surface du globe; ce que n'ont cependant point aperçu des compilateurs qui pour avoir visité un point de la Martinique ou de la Guadeloupe avec quelques autres rochers américains en écrivent des monographies sans nombre et semblent vouloir s'approprier le monopole de toute Publication géographique statistique volcanique pathologique végétale ou animale relative aux Antilles. Cette Méditerranée où l'immortel Colomb pénétra le premier est comme la Sinique de l'ancien continent bornée d'un côté par une suite non interrompue de oôtes continentales qui s?eacute;tendent depuis la pointe méridionale des Florides jusque dans la province de Cumana vis-à-vis l?icirc;le de la Trinité; de ce dernier lieu part une série d'autres îles petites ou grandes qui toutes visibles réciproquement de l'une à l'autre sous le nom d'Antilles du Vent et de Grandes - Antilles séparent la Méditerranée dont il est question de l'Océan Atlantique. Parmi ces Grandes - Antilles la magnanime Haïti la gémissante Cuba forment la circonscription septentrionale du bassin dont nous exclurons les Lucayes archipel extérieur qui doit commencer aux îles Turques à partir des Caïques jusqu?agrave; l'extrémité ouest de l?icirc;le de Bahama. Tous les écueils petits ou grands qui forment au nord des Grandes-Antilles cet archipel de Corail ou d'alluvions déposés par le Gulf-Stream et autres courans est du domaine de l'Océan; il en reçoit une physionomietant soit peu septentrionale bien que situé sons le tropique. L'arcnipel des Lucayes prépare en protégeant le grand banc de Bahama qui s?eacute;lève de jour en jour un atterrissement destiné à élargir la barrière qui fermera entièrement la Méditerranée Colombienne au moyen de la réunion de toutes les Antilles. Le canal de Bahama ou celui de Porto-Rico y demeureront l'un ou l'autre et peut-être long-temps ensemble les analogues des détroits de notre Baltique; il paraît du moins que ce sont les deux communications les plus profondes actuellement existantes. Pour la Jamaïque et les îles sous le vent elles sont dans cette Méditerranée comme Gothland et l'archipel d'Abo; ou bien comme la Sicile et l'archipel Egéen; le cap Catoche à l'extrémité orientale du Jucatan et celui de San-Antonio à l'extrémité occidentale de Cuba s'y avancent l'un vers l'autre comme Lilibée se rapproche du cap Bon à l'extrémité punique du royaume Tunis. De pareils rapprochemens de pointes en pointes sont fré-

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quens dans la Méditerranée proprement dite dans la Sinique et dans la Baltique; ils indiquent que ces Mers une fois totalement séparées des Océans voisins éprouveront par la diminution graduelle deleurs eaux des interceptations intérieures d'où résulteront successivement des Caspiennes qui deviendront ensuite des lacs et finalement des bassins de fleuves. Il en sera des Méditerranées actuelles et à venir comme de celles dont il n'existe plus que des traces. Le bassin du fleuve Saint - Laurent où ne restent que des lacs interceptés et celui du Danube où ne restent pas même de tels lacs mais où l'on trouve des plaines qui témoignent de leur ancienne existence sont en Europe et en Amérique comme pour servir de démonstration à cette vérité.

Le plus grand fleuve du monde le Mississipi se jette dans la Méditerranée Colombienne y forme un vaste delta et prépare par d'immenses dépôts le long de ses côtes septentrionales le rétrécissement du golfe mexicain. Située entre le neuvième degré environ et le trentième de latitude nord traversée d'orient en occident par un tropique presque tout entière dans la zône torride ses productions offrent le plus grand raport avec celles des Méditerranées Érythréenne et Sinique sans que I?eacute;loignement des unes et des autres ait pu altérer une ressemblance physique très-prononcée. Les Poissons de forme bizarre et parés de brillantes couleurs y vivent partout en grand nombre. Des Polypiers volumineux eu élèvent le fond et en étendent les rivages; ils contribuent avec une telle rapidité à l'accroissement du sol surtout du côté intérieur par rapport aux Antilles que des cadavres humains encroûtés le leurs débris calcaires y sont récemment sur un point de la Guadeloupe presque devenus des Anthropolites (V. ce mot). Si l'on y descend à l'examen des êtres moins compliqués dans l'organisation soit animale soit végétale les rapports se multiplient et l'on arrive jusqu'à l'identité; aussi parmi les Polypiers flexibles les Corallinées et les Flustrées parmi les Hydrophytes lesCaulerpes et les Floridées ou autres genres nous possédons une multitude d'espèces qu'on ne saurait distinguer de celles que le savant Delile nous a rapportées de la Mer Rouge et que Lesson ainsi que d'autres voyageurs ont recueillies dans la Polynésie. Cependant les parties de l'Océan interposées n'offrent rien ou du moins très-peu de chose qui soit pareil. De tels faits sembleront étranges sans doute à diverses personnes qui jusqu'ici ont fait de l'histoire naturelle seulement d'après des Palmiers ou des Éléphans; mais ces faits apprendront aux judicieux quelle est l'importance des petites choses dans l'hisioire de la nature; ils appuieront ce que nous voulons désormais proclamer dans tous nos travaux géographiques parce que nous en avons acquis la certitude dans le silence de l'observation avant d'en fatiguer le monde savant par d'incomplètes publications: savoir que le globe ayant été entièrement couvert par les eaux de la Mer; c'est par la végétation et la vie aquatiques que la vie et la végétation ont dû se préparer avant de paraître à la surface des îles et des continens; les productions de la Mer surtout les plus simples furent les premières; il doit conséquemment résulter de la découverte et de la comparaison des plus chétives de plus importantes vérités que de la découverte et de la comparaison d'objets volumineux sur lesquels on prétend concentrer l'attention des naturalistes et desquelles on voudrait déduire certaines règles générales de répartition entièrement inadmissibles. Un autre grand fait de géographie physique déjà indiqué dans cet article et au mot BASSIN de ce Dictionnaire ressort encore de l'examen de la Méditerranée Colombienne autant que de la comparaison des cornes de la Mer Rouge et du sinus

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qu'on pourrait appeler Pélusiaque au fond de notre vieille Méditerranée; nous l'établirons en ces termes: les productions de deux bassins naturels contigus sont plus différentes les unes des autres sur les pentes adossées des espaces qui en établissent le partage quel que soit le peu de largeur et d'élévation de ces espaces que ne le sont les productions des bords opposés les plus éloignés de chacun des deux bassins.

Nous n'avons point comme tant d'autres voyageurs qui en ont beaucoup écrit visité les Antilles l'Amérique du sud ou ce qu'on s'obstine encore à uommer la Nouvelle-Espagne mais nous avons soigneusement examiné dans les collections de Berlin de Vienne de Paris et surtout de Madrid les productions botaniques de tous ces lieux; voici ce que nous y avons reconnu et ce que nous affirmons devoir être confirmé par l'expérience en vertu de l'axiôme ci-dessus.

I. Il existe une différence sensible entre la physionomie de l'ensemble des productions enracinées au sols lur les rivages et les versans océaniques des Antilles et la physionomie générale des mêmes productions sur les rivages et les versans intérieurs on méditerranéens de ces mêmes Antilles.

II. Une différence de même genre parait être encore plus marquée entre les productions des rives continentales de la Méditerranée Colombienue et les productions des côtes adossées appartenant à l'Océan Pacifique.

III. Les productions naturelles des rives de ce qu'on appelle communément la Terre ferme si peu distantes de celles du golfe de Panama offrent cependant avec les productions de celles-ci moins d'analogie qu'elles n'en présentent avec celles des rives du sud d'Haïtiou de Porto-Rico rives qui sont cependant beaucoup plus éloignées mais qui appartiennent au même bassin.

IV. Enfin la Jamaïque comme jetée au milieu de la Méditerranée dont il est question sans connexion quelconque avec l'un ou l'autre Océan circonvoisin éprouvant dans l'intégrité de sa surface et de son pourtour une même influence méditerranée ne présente point dans sa Flore soit terrestre soit marine non plus que dans sa Faune aquatique de ces contrastes qu'on vient de signaler sur les versans adossés des Antilles ou du continent américain.

V. Ce qui vient d?ecirc;tre dit de la Jamaïque se confirme par l'examen de la Sicile de Malte de la Corse de la Sardaigne et des Baléares dont le pourtour et les pentes soit que leur exposition regarde le nord soit qu'elle regarde le sud n'en éprouvent pas davantage l'influence européenne ou africaine mais présentent la même physionomie méditerranéenne dans toutes leurs productions.

L?eacute;vidence de tels faits que nous n'aurons pas la témérité d?eacute;riger en grandes lois de la nature frappera cependant tout d'abord l'observateur sans préventions lorsqu'il examinera les productions rapportées de ces divers parages par des collecteurs intelligens quine croyant pas avoir indiqué suffisamment un habitat en inscrivant sur leurs étiquettes Saint-Domingue la Guadeloupe le Pérou ou la Nouvelle-Espagne auront eu soin d'annoter soigneusement que tels ou tels objets ont été recueillis soit au cap ci-devant Français ou dans les environs de Santo-Domingo soit au rivage occidental de la Basse-Terre ou vis-à-vis la Grande Mer à la Cabesterre soit sur les côtes de Darien ou sur celles de l'Océan Pacifique soit enfin à la Vera - Cruz ou de l'autre côté de Mexico.

Il est encore un autre point au sujet de la Méditerranée Colombienne sur lequel nous appellerons l'attention des voyageurs naturalistes et géologues parce que personne n'en a imprimé un mot quoiqu'on ait répété cent fois au moins depuis vingt cinq ans « a qu'on n'avait laissé qu'à glaner dans les régions équinoxiales

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du Nouveau-Monde.ff D'après l'habitude contractée par les géographes de tracer sur leurs cartes de longues chaînes montagneuses non interrompues d'une extrémité à l'autre des continens pour en établir la charpente c?eacute;tait le mot consacré on avait dû imaginer que le Mexique présentant des sommets altiers des volcans furieux des plateaux fort élevés et des mines abondantes se devait lier intimement aux Cordillières où se voient des choses pareilles. Conduisant en vertu du principe aveuglément adopté à travers l'isthme de Panama et de Darien une arête montueuse aussi fortement prononcée que la croupe du Mexique et que celle des Andes on lia sans hésiter l'Amérique du nord à celle du sud par un chaînon moins puissant que les plus hautes montagnes de l'univers. Cependant nous avons entendu dire plusieurs fois à feu notre savant ami Zéa né sur les lieux mâmes que des rives de Cartliagène dans la Méditerranée Colombienne àcelles de l'Océan Pacifique existait du nord-nord-est au sud-sud-ouest une région très-basse en comparaison des monts de l'isthme de Panama qui s'y venaient effacer tandis que ceux de la Nouvelle-Grenade ne commencaient qu'à une assez grande distance au côté opposé; de sorte que par la grande dépression qui s'observait en ce lieu les deux Mers avaient fort bien pu communiquer même assez récemment l'une avec l'autre comme la Méditerranée de nos climats et la Méditerranée érythréenne communiquèrent par l'isthme de Suez. Si le fait se confirme les cartes modernes adoptées comme parfaites sur la foi de ceux qui disent avoir soigneusement exploré les contrées visitées par Zéa ne tarderont pas à se trouver vieilles et fautives.

Les Hommes d'espèce Colombique (V. T. VIII p. 309 de ce Dictionnaire) occupaient lo pourtour de la Méditerranée dont nous venons d'entretenir le lecteur lorsque les Européens y pénétrèrent pour faire une épouvantable boucherie de ces infortunés.

9° La Baie d'Hudson dans le nord du continent américain sons un climat austère souvent fermée par des glaces qui s'amoncèlent contre ses eûtes désertes peut être encore considérée comme une Méditerranée; mais on en connaît à peine la véritable figure et très-peu les productions: aussi n'en sera-t-il fait ici que mention.

L?eacute;tendue des Mers diminuant sans cesse ainsi qu'on l'établira tout à l'heure c'est par la formation successive de Méditerranées futures que des portions plus ou moins considérables des Mers Océanes seront l'une après l'autre séparées de ces Mers. Ce qui est arrivé pour les Méditerranées dont une paroi est encore formée d'îles prêtes à se confondre aura lieu pour divers espaces que des îles nouvelles commencent à environner; il suffira pour compléter de telles métamorphoses qu'une centaine ds mètres d eau seulement ait été transformée sur le globe. On voit déjà les indices de Méditerranées naissantes en beaucoup d'endroits; nous nous contenterons de citer comme exemple deux de celles qui se formeront probablement les premières; elles sont l'une et l'autre parfaitement in diquées dans l'Océan Pacifique; la première confinant à la Sinique aura pour rives occidentales depuis Bornéo jusqu'an Japon les Philippines Formose et les innombrables petites îles et roches madréporiques ou volcaniques qui lient déjà mais imparfaitement ces lieux aux îles plus grandes; ses eûtes orientales commencent à apparaître dans l'arehipel de Magellan et dans les Marinés en se rattachant à Célèbes par Gilolo. La seconde que coupera la ligne équinoxiale aura les Carolines pour rives boréales les Mulgrsves pour eûtes à l'orient les îles Fidji pour rives du sud-est. Les archipels infinis qui vont lier par les Nou velles-Hébrides et les îles Salomon la Nouvelle-Calédonie à la NouvelleGuinée et celle-ci à Gilolo à travers

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la petite Mer des Moluques fermeront cette Mer dans le reste de son pourtour.

Outre les Méditerranées il existe sur les côtes du globe d'autres enfoncemens dont plusieurs seraient aussi des Méditerranées si leur ouverture n?eacute;tait pas trop considérable pour être réputées détroits. Ce sont les Golfes qui participent par leurs productions à l'influence climatérique des Océans et des Méditerranées dout ces enfoncemens font partie. La Mer Blanche au nord de l'empire de Russie est l'un des golfes les plus remarquables de l'Océan Arctique; le golfe de Gascogne ou de Biscaye qui doit être pris de la pointe de Penmarck vers l'une des extrémités de la Bretagne jusqu'au cap Ortegal en Galice appartient sur nos côtes à l'Océan Atlantique; celui de Guinée dépend du même Océan et s'enfonce sous la ligne vers le centre de l'Afrique. La presqu?icirc;le de l'Indostan forme d'un côté avec les côtes de Perse d'Arabie et d'Afrique un grand golfe appelé Mer d'Aman; de l'autre côté la même presqu?icirc;le forme avec celles de Pégu et de Malaca le golfe de Bengale; tous deux dépendans de l'Océan Indien. On peut encore considérer comme ungolleappartenant au même Océan l?eacute;tendue de Mer intertropicale qui se terminedans l'Australasie par la baie de Carpentaria et que bornent au sud la côte de Witt et au nord les îles de la Sonde ou autres îles adjacentes jusqu?agrave; la Nouvelle-Guinée. La Mer Vermeille s'enfoncant entre la Californie et la rive occidentale de l'Amérique du nord est le golfe le plus étroit et en même temps le plus allongé dans les terres qui nous soit connu. Ces exemples suffiront. La Baie de Baffin long-temps considérée comme un golfe un paraît plus être aujourd'hui qu'une large et vaste communication entre deux parties de l'Océan Arctique formant une île de ce Groënland qu'on croyait être une continuité du Nouveau-Monde.

Les Baies ne sont que de petits Golles; par l'usage tacite qui fait qu'on n'appelle Fleuve (V. ce mot) aucun cours d'eau quelque considerable qu'il soit quand il n'arrose qu'une île on n'appelle généralement que Baies les Golle des îles même les plus grandes.

††† CASPIENNES Caspii. Nous étendions ce nom restreint jusqu'ici à une seule Mer sans communication avec aucune autre à tout amas d'eau salée qu'emprisonne la terre dans la totalité de sa circonférence et que nul détroit ni même de cours d'eau un peu considérable ne met en communication soit avec un Océan soit avec une Méditerranée. Par quelqu'opération barométrique ou nivellement qu'on puisse établir l?eacute;lévation de pareilles Mers au-dessus des autres il est impossible de contester sérieusement qu'elles aient été primitivement unies aux Mers voisines. Elles sont demeurées dans le milieu des continens comme des monumens de la diminution des eauxàla surface du globe.

Comme les Méditerranées se forment aux dépens de l'Océan les Caspiennes se formèrent à leur tour aux dépens de Méditerranées dont les détroits s'étaient fermés. Elles diffèrent des Lacs (V. ce mot) dont l'eau est toujours douce par leur salure plutôt que par leur étendue qui n'y fait rien puisqu'il existe des Lacs plus grands que certaines Caspiennes; mais comme la salure de ces Caspiennes diminue en raison de l'importance des fleuves ou des rivières qui s'y jettent il est plus d'un Lac aujourd hui quidut être une Caspienne autrefois et plus d'uue Caspienne qui ne tardera pas à devenir un Lac. De telles Mers n?eacute;tant point alimentées par l'introduction de courans qu'y pourraient envoyer d'autres Mers tendent à disparaître avee assez de promptitude; aussi trouveton beaucoup plus de leurs traces qu'il n'en existe aujourd'hui. Les déserts stériles salés unis que ne sillonne aucun cours d'eau où ne se rencontrent tout au plus que des

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sources saumâtres de loin en loin et qu'environnent dans une étendue plus ou moins considérable des hauteurs dépouillées furent des Caspiennes dont ces hauteurs environnantes furent les antiques rivages. La plupart redeviendraient des Mers si dieux ou trois cents mètres d'eau se trouvaient seulement ajoutés à la masse des eaux actuellement existantes à l'état de fluidité. Nous avons retrouvé le lit de plusieurs de ces Caspiennes desséchées en Espagne (V. notre Guide du Voyageur et notre Résumé géographique de cette contrée) où très-souvent persistent vers le point où ces Mers intérieures furent le plus profondes de petits amas d'eau dans lesquels la plus grandepartie du sel s?eacute;tant comme accumulée on voit dans les grands étés se cristalliser ce sel qui ne redevient liquide qu'au temps où les eaux pluviales viennent en dissoudre de nouveau la masse éblouissante. Les environs de ces culots de Caspiennes comme eux imnrégnés d'un sel qui s'efileurit et brille à la surface du sol ne produisent même à de grandes distances des côtes que des Plantes maritimes et Léon Oufournous a assuré avoir vu jusqu?agrave; des Fucus vivans au centre de l'Aragon dans un reste de Caspienne non loin d'un lieu nommé Buralajos. Cette partie de la Pologne où se trouvent les mines de Willitska dut être également une Caspienne européenne. Le grand désert de Sahara au milieu de la partie boréale de l'Afrique compris entre l'Atlas les monts de la Guinée le Boumou inférieur et le Fezzan fut encore une vaste Caspienne ainsi que les parties centrales du même continent au midi des montagnes de la Lune ainsi que le milieu de la presqu'île Arabique ainsi que le centre de la Perse. tans ce dernier point du globe l'existence d'une partie de la Mer effâcée est démontrée par la présence d'un vaste désert salé à l'est de Téhéran et dans l'Afghanistan par le bassin de la rivière d'Helmend qui séparé de toute Mer voisine par de grandes hauteurs se dégorge dans un lac de Khanjeh demeuré sans issue. Dans l'Asie centrale le grand désert de Cobi nommé Shamo par les Chinois fut encore une Caspienne originairement aussi grande que notre Méditerranée proprement dite où ne se voient sur une aride et monotone étendue comme témoignages de l'ancien empire des flots amers que des rivières médiocres la plupart saumâtres et sans embouchure avec de petits lacs épars dacs les anfractuosités d'un sol infécond. La Songarie fut également une Caspienne dont les lacs Palkati Alaktugul Kurgha Urjunoju et Saisans sont les dernières reliques et qui se dégorgeait probablement dans l'Océan Arctique beaucoup plus grand alors qu'il ne l'est de nos jours par un détroit devenu ce large col de montagnes où coule maintenant I'Irtisch grand affluent de l'Obi.

Les voyageurs n'ont indiqué l'existence d'aucune Caspienne dans le Nouveau-Monde; il dut cependant y en exister. On n'en connaît plus qu'en Asie où quatre seulement sont assez importantes pour mériter une mention particuliè dans cet article.

1°. La Caspienne proprement dite plus longue que large et d'une forme un peu sinueuse; elle s?eacute;tend du 37° ou 38° degré au 47° degré de latitude nord; sa plus grande largeur sous le 45° parallèle peut être de cent trente et quelques lieues; le long du Mézendéran elle en a tout au plus quatre-vingt-dix. La région Caucasique la sépare de la Mer Noire. Le Volga fleuve considérable descendu de Russie y porte un grand tribut qui tempère de plus en plus sa salure en diminuant son étendue par les alluvions d'où résulte un grand delta qui compose le territoire a'Astrakan. L'Oural y tombe aussi du même côté. Le Kour dont la Géorgie forme le bassin grossi de l'Aras y vient également épancher de l'eau douce sur ses rives occidentales; par celles de l'orient vers le sud-ouest elle recoit l'Oxus le Sydéris et le

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Macéras de l'antiquité rivières encore peu connues des géographes modernes. Nul Cetacé n'a persisté dans la Caspienne proprement dite mais on assure que des Phoques y vivent toujours. Les Poissons n'en ont pas été suffisamment étudiés on n'en a décrit qu'un petit nombre d'espèces et nous ne bavons absolument rien de son hydropliytologie. Un seul Polypier flexible très-curieux nous est parvenu de ses côtes méridionales qui sont hautes et généralement escarpées. Tout le reste de son enceintes?eacute;tend dans de basses régions sablonneuses salées et désertes qui faisaient sans doute naguère encore partie de son lit. Ce n'est que depuis le règne du czar Pierre Ier quon a une idée de sa figure qui varie néanmoins encore sur nos cartes géographiques.

2°. La Mer d'Aral beaucoup plus petite que la précédente à l'orient de laquelle on la trouve est coupée en deux parties presque égales par le 45° parallèle nord. Le fleuve Sir qui s'y jette à l'est par trois grands bras et le Djihoun qu'elle recoit vers le sud en adoucissent les flots. La plus grande analogie règne entre les deux grands amas d'eau voisins qui firent sans doute primitivement un seul et même tout. On assure qu'il s'y rencontre aussi des Phoques. D'innombrables petites îles en remplissent les parties méridionales et préparent sa diminution fort prochaine sur le quart de son étendue.

3°.Le Lac Baikal est. encore moins connu que les deux Caspiennes qui viennent d?ecirc;tre mentionnées. Nous ne savons aucune particularité bien constatée sur son histoire naturelle et pas même si ses eaux sont douces ou salées. Quelques voyageurs les disent potables; mais d'un autre côté ils y admettent l'existence de Phoques qui ne sauraient vivre que dans l'eau de Mer. Situé entre les cinquante-unième et' ciuquante - cinquième degrés nord presque au centre d'un vaste continent et sur un plateau qu'on suppose assez élevé le lac Baikal éprouve l'influence d'un climat déjà rigoureux. Le bassin du Sélinga fleuve qui s'y jette dut originairement lui appartenir tout entier; il communique encore avec le Jéniséi par Irkutsk ou dut exister le détroit qui unissait la Caspienne dont il est question avec l'Océan Arctique quand celui-ci couvrait la Sibérie.

4°. La Mer Morte. Cette petite Caspienne est aussi appelée Lac Asphallique soit parce que des Bitumes flottent dans quelques parties de son étendue soit d'après l'idée imprimée par des croyances religieuses que les villes de la Pentapote brûlées par une pluie de matières combustibles envoyée du ciel y furent englouties après leur destruction. De forme ovale pointue aux deux extrémités elle a tout au plus vingt à vingtdeux lieues du nord au sud sur trois ou quatre de l'est à l'ouest. Elle absorbe le Jourdain auquel on ne saurait contester le nom de fleuve puisqu'il tombe dans une Mer qui serait une rivière si le Lac Asphaltique n?eacute;tait encore tant soit peu salé; mais qui n'est guère qu'un ruisseau sous le rapport de ses dimensions. Cependant ce ruisseau cependant la Caspienne presque imperceptible qui le recoit ont acquis une célébrité à laquelle n'atteignit aucun autre point du globe si ce n'est la triste capitale de la pierreuse et barbare Palestine ou bien la Mecque où se trouve le tombeau du prophète Mahomet. Cette célébrité encore récemment augmentée par ce qu'en raconta l'auteur d'un Itinéraire à Jérusalem ne nous fait pas mieux connaître les lieux sous les rapports de leur histoire physique. S'ils sont très-visités des pèlerins ils ne le sont guère par les savans. On en a rapporté de l'eau dans une bouteille pour d'autres usages que l'analyse chimique de sorte que les physiciens ne savent seulement pas quelle est la composition de ces eaux et leur degré de salure: on a même dit que la femme du patriarche

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Loth changée en statue de sel existait toujours sur ses bords ainsi que des Arbustes portant des pommes sans cesse remplies par les cendres provenues de Sodome et de Gomorrhe; mais les naturalistes ignorent absolument quels en sont les Poissons ou les Hydrophytes et s'il y existe même des Coquilles. Il serait cependant très-important de vérifier si c'est avec la Méditerranée proprement dite avec la Méditerranée Erythréenne ou avec toute autre Mer que la Caspieune sur laquelle nous appelons l'attention des voyageurs éclairés offre le plus de rapports; posséderait-elle des productions qui lui seraient exclusivement propres?

§ II. Nature des eaux de la Mer.

Analysées par Lavoisier Bergmann Vogel Bouillon-Lagrange John Murray A. Marcet et autres chimistes les eaux de la Mer ont été trouvées abondamment fournies de sels parmi lesquels la soude muriatée domine dans le rapport du quart ou même du tiers; de la Chaux muriatée sulfatée et carbonatée entrent dans cette composition et varient en quantité selon les lieux où l'eau soumise à l'expérience fut puisée. Faute d'avoir exactement tenu compte des localités des profondeurs des latitudes du voisinage des côtes de l'influence des courans ou du dégorgement de quelques fleuves les travaux chimiques dont la Mer fut l'objet ne présentent point de résultats parfaitement satisfaisans. On n'a sur une chose de cette importance que des observations peu liées souvent contradictoires dont on tira hâtivement des conséquences et dont on déduisit selon l'usage des lois positives qu'il serait imprudent de regarder comme réellement existantes surtout pour en faire les bases de quelque système. Il suffira afin de repousser d'avance l'accusation de pyrrhonisme outré qu'on pourrait nous faire d'après ce qui vient d?ecirc;tre dit de citer un exemple propre à justifier nos doutes. « Bergmann dit l'auteur de l'article Mer dans le Dictionnaire de Déterville ayant analysé de l'eau de l'Océan qui avait été prise près du pic de Téuérüfe à trois cents pieds de profondeur fut fort surpris de voir que le sel qu'elle contenait ne faisait que 1/18 de son poids; mais co fait particulier ne doit nullement servir de règle pour juger de la salure de la Mer à cette latitude attendu que le sel marin étant un des principaux ageus des phénomènes volcaniques ainsi que je l'ai établi dans ma Théorie des Volcans il n'est pas surprenant qu'au pied du pic de Ténériffe l'un des plus puissans volcans de la terre l'eau de la Mer se trouvât dépouillée d'une bonne partie du sel qu'elle aurait dû naturellement contenir. M. de Humboldt dans sa traversée en Amérique a trouvé tout-à-coup une diminution considérable dans la salure de l'Océan près des îles du Cap-Vert où sont plusieurs volcans en activité et l'on ne saurait douter que ce ne soient ces volcans eux-mêmes oui ont opéré cette diminution. ff Voilà donc la théorie de Patrin sur l'importance de la salure de la Mer dans l'action des volcans établie sur des faits donnés comme décisifs. Cependant si l'on approsondit ces faits on trouve qu'ils n'y ont nul rapport. Outre qu'il n'existe pas plusieurs volcans en activité aux îles du Cap-Vert mais qu'un seul peu considérable celui de Fuégo y brûle de mémoire d'homme et que dès long-temps avant le temps où Bergmann analysait de l'eau de Mer le pic de Ténériffe était assoupi; nous avons aussi examiné de l'eau prise à une très-grande profondeur dans la Mer des Canaries et l'avons trouvée plus salée que celle de la surface. Bien près sans doute du point où dans sa traversée en Amérique Humboldt remarqua tout-à-coup une diminution considérable dans la salure de l'Océan près des îles du Cap-Vert nous trouvâmes au contraire dans notre voyage aux îles d'Afrique une augmentation sensible de salure.

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On sait d'ailleurs que dans l'archipel au voisinage duquel l'eau de la Mer s'est montrée si différente pour nous et pour un voyageur digne de célébrité la salure est généralement si considérable qu'elle y est devenue parfois un objet de spéculation pour les saulniers et qu'il est notamment une de ces îles appelée de Sel à cause de la grande quantité de cette denrée qu'on y recueille par les plus grossiers procédés. Il ne s'ensuit cependant pas que Bergmann se soit trompé dans son analyse ni que Humboldt soit tombé dans l'erreur. Mais ne se pourrait-il que l'eau examinée par le premier ayant été long-temps gardée eût éprouvé des changemens dans sa composition ou qu'elle eût été puisée au voisiuage de quelque source d'eau douce jaillissant au fond de la Mer et que le savant Humboldt eût fait sa remarque en un point de l'Océan où quelque courant moins salé que la masse environnante causait une altération locale? Quoi qu'il en soit il ne demeure constant de tout ce qui a été dit jusqu'ici sur la nature des eaux de la Mer que les propriétés suivantes: 1° une salure plus ou moins intense 2° une amertume particulière due probablement à la présence d'un principe muqueux et 3° ce qu'on appelle Phosphorescence.

† SALURE DE LA MER. Nous avons déjà vu qu'elle était moins sensible dans les Caspiennes où l'influence adoucissante des fleuves se fait puisamment ressentir que dans les Méditerranées et dans celles-ci que dans les diverses régions de l'Océan où elle varie néanmoins beaucoup selon les latitudes diverses le voisinage de l'embouchure des grands cours d'eau douce l'action de certains courans les différentes profondeurs ou autres causes plus ou moins directes. Ingen-Houz rapporte que dans les Mers du Nord Ie sel entre seulement pour 1/64 du poids de l'eau; dans celles d'Allemagne pour 1/32; dans celle d'Espagne pour un 1/16; dans les régions équinoxiales de l'Océan pour 1/12 et même en certains lieux pour 1/8. « En examinant attentivement dit Humboldt (Voy. T 1 p. 146) le résultat des expériences de Bladh réduit par Kirwan à la température de 16° je trouve terme moyen la densité de la Mer

De o° à 14° de latitude de 1 0272.

De 15° à 25° de 1 0282.

De 30° à 44° de 1 0278.

De 50° à 60° de 1 0971.

Les proportions de sel correspondantes à ces quatre zônes seraient d'après Wastou 0 0374; 0 0394; 0 0386 et 0 0372. Ces nombres prouvent suffisamment que les expériences publiées jusqu'ici ne justifient aucunement l'opinion reçue que la Mer est plus salée sous l'équateur que sous es 30 et 44° de latitude. ff Baumé ayant analysé l'eau de Mer recueillie par Pages (Voy. autour du Monde T. 11 p. 6 et 273) l'a trouvée d'un demicentième moins salée à 18° 16′de latitude qu'entre les 25 et 40° degré.

C'est de la présence du sel que vient la différence de pesanteur si frappante entre l'eau de Mer et celle de rivière pesanteur dont les rapports varient en raison de l'augmentation de la salure qu'on croit être mais peut-être sans raisons suffisantes constamment plus considérable au fond qu?agrave; la surface. Des auteurs qui faisaient consister la philosophie à rendre raison de toute chose après en avoir établi le pourquoi ayant décidé qu'en salaut la Mer le Créateur avait voulu empêcher qu'elle ne se corrompît avec tout ce qu'elle enserre recherchèrent quels étaient les élémens du phénomène qui nous occupe. Ceux qui ne reconnaissaient pas que la Mer eût été créée toute salée assuraient qu'elle l?eacute;tait devenue en dissolvant des bancs de Sel-Gemme mis à nu dans le fond de son lit. Les sels dissous dans les eaux de la Mer sont aussi anciens dans la composition du globe que ces caux même; ils s'en séparent en cristallisant et se redissolyent selon diverses circonstances. Des espaces de Mer

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peuvent s'adoucir dans certains cas; des étendues et des courans d'eau douce peuvent devenir salés dans un terrain imprégné de sel: tous ces changemens sont subordonnés à l'influence des localités. Qu'un élans riverain que remplit la marée et dont on fit une saline se trouve par l'encombrement de son boucau à jamais séparé de l'Océan dont les flots y venaient entretenir la salure et que des ruisseaux d'eau douce y affluent eu grande quantité au point de le traverser et de n'en faire qu'un élargissement de leur lit toute salure y disparaîtra; que les vagues reconquièrent leur aomaine comme il arrive parfois dans les polders de la Hollande à travers les digues et des lacunes d'eau douce redeviendront salées. Quoi au'il en soit le sel paraît être un des étémens constitutifs de la Mer qui selon diverses causes particulières s'en dépouille ou s'en surcharge. Les grands dépôts de cette substance dont l'état naturel doit être celui de dissolution et qu'on rencontre concrétés dans l'intérieur des terres y sont partout des traces certaines de l'ancien séjour d'une Mer. La masse de sel demeure comme celle de tout autre corps élémentaire la même dans la nature quant à sa quantité; elle peut exister en plus ou en moins sur tel ou tel point du globe mais elle ne saurait s'accroître ou diminuer dans son ensemble. Néanmoins comme l'a pensé Cronstedt il se peut former journellement du sel marin; mais il ne peut s'en former qu'en vertu d'une combinaison chimique qui aurait lieu en grand dans la nature sans que les élémens qui concourent à sa composition augmentassent ou diminuassent.

†† MUCOSITÉ DE LA MER. Après la salure des eaux de la Mer qui détermine le goût dominant qu'où y trouve d'abord le principe le plus remarquable qui s'y manifeste au tact au goût à l'odorat et même à la vue est une sorte de mucosité. Cette mucosité est une des causes qui font que le linge par exemple qu'on plonge dans l'eau salée ne sèche jamais complètement tant qu'on ne l'a pas bien lavé dans de l'eau douce et que les Hydrophytes qu'on en retire demeurent hygrométriques et absorbent la moindre humidité atmosphérique tant qu'on n'a pas pris les mêmes précautions avant de les dessécher. Une saveur amère et nauséabonde en est le résultat ainsi que cette odeur dite de marée si remarquable sur les rivages que nous avons toujours sentie aux approches des grands bancs de Sargasses dans la haute Mer et qui ne présente aucun rapport avec l'odeur des marécages; l'une tient de celle de la Violette l'autre de celle du Camphre. Cette mucosité est souvent tellement abondante qu'elle devient sensible au point de poisser les doigts de l'algologue quand il manie et prépare des Hydrophytes sur place. Lorsqu'on plonge le pouce et l'index daus de l'eau de Mer bien fraîche et qu'ou écarte doucement l'extrémité de ces doigts on la voit s?eacute;tendre de l'une à l'autre jusqu'à la distance d'une ligne et même plus. C'est elle qui donne à la surface de la peau humaine quelque chose d'onctueux lorsqu'on s'est baigué dansla Mer et qui entretient cet enduit gluant dont se revêtent les Poissons. Patrin dans l'obsession de ses vues volcaniques en cherche la cause dans le Pétrole et dans les Bitumes parce que Fiacourt et le jésuite Bourzeis ont trouvé du Bitume dans la Mer de l'Inde et du Pétrole sur les eôtes de Madagascar. Nul doute que du Pétrole et des Bitumes ne se rencontrent non-seulement en diverses parties de l'Océan mais encore dans plusieurs lacs et dans certaines fontaioes d'eau douce. Mais on ne voit nulle part ces corps gras se mêler davantage au fluide où ils surnagent que ne le ferait de l'huile. La mucosité de la Mer est entièrement étrangère aux phénomènes volcaniques soit comme cause soit comme résultat. Nous la croyons dépendante de cette mucosité élementane l'une

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de nos six formes primitives de la Matière (V. ce mot) dont la Mer est un immense réservoir et dont on trouve le principe jusque dans l'eau douce mais en bien moindre quantité; et si cette Matière muqueuse ne donne ordinairement à celle-ci ni goût ni odeur c'est qu'elle n'y trouve point la modification cristallisable en suffisante quantité pour former par sa combinaison avec celle-ci une sorte de principe savonneux devenant promptement fétide par sa stagnation et dans lequel doit résider principalement la propriété purgative de l'eau de Mer analogue à celle du sulfate de Soude qui en rappelle assez le goût. Contenant beaucoup plus que l'ean douce de la matière muqueuse et de la matière cristallisable en suspension avec une prodigieuse quantité de matière agissante qui s'y développe pour peu qu'on la mette en infusion dans des vases en contact avec l'air atmosphérique et la lumière l'eau de la Mer est l'un des milieux existans sur le globe le plus propre au développement des corps organisés dont plusieurs par l'addition d'une matière terreuse abondante deviennent ces Polypiers et ces Animaux à coquilles par les dépouilles desquels certaines Mers s'encombrent avec une si étonnante promptitude. Dans l'article MATIÉRE de ce Dictionnaire nous avons rapporté des observations faites la plupart avec de l'eau de fontaine de rivière ou distillée propres à rendre plus intelligible ce qui vient d?ecirc;tre dit; les mêmes expériences faites avec de l'eau de Mer auront des résultats encore plus prompts parce que les principes élémentaires de nos six formes primitives y sont dissous en beaucoup plus grande quantité; et comme une agitation perpétuelle est imprimée à masse des Mers les chances de création qui sont les conséquences des lois propres à chaque espèce de molécules matérielles mises en mouvement s'y trouvent bien plus mutipliées qu'en toute autre partie du globe: d'où vient que l'antiquité soulevant un coin du voile sous lequel se cache l'origine des choses appelait l'Océan le vieux père du monde et qu'elle fit sortir des flots la mère des amours qui donnent propagent et perpétuent la vie.

††† PHOSPHORESCENCE DE LA. MER. Avant de nous occuper des causes qui nous paraissent produire ce brillant phénomène nous essaierons d'en donner une idée par le passage suivant extrait de l'un de nos précédens ouvrages: «Depuis Aristote et Pline dit Péron (Voy. aux Terres Aust. T. 1 p. 121) la phosphorescence de la Mer a été pour les voyageurs et pour les physiciens un égal objet d'intérêt et de méditations.ff L'auteur dont nous empruntons ces paroles peint à son tour la surface de l'Océan étincelante dans toute sou étendue comme une étoffe d'argent électrisée dans l'ombre ou déployant des vagues en nappes immenses de soufre et de bitume embrasé. «Ailleurs ajoute-t-il on dirait une Mer delaitaont on n'aperçoit pas les bornes.ff Péron donne eusuite une longue liste d'auteurs entre lesquels L'Escarbot ne lui échappe point et chez qui il emprunte les traits de feu dont il illumine ses images; il parle de boulets rouges de vingt pieds de diamètre de cônes de lumière pirouettans de guirlandes éclatantes de serpenteaux lumineux qu'il a vus comme tous les écrivains qu'il cite et conclut en s'étayant du témoignage de Bernardin de Saint-Pierre qui décrivant avec enthousiasme ces étoiles brillantes qui semblent jaillir par milliers du fond des eaux assure que celles de nos feux d'artifice n'en sont qu'unnebien faibleimitation. «Pour l'explication de ces prodiges s?eacute;crie Péron combien de théories n'ont pas été émises !ff Il passe ces théories en revue; une seule selon lui n'est pas absurde; il ne dit positivement pas laquelle en cet endroit mais il assure que dans ses journaux de météorologie il a eu occasion de résoudre le problème. Malheureusement la partie

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de ces journaux où le problème fut résolu n'a pas été publiée ou du moins ne nous est pas connue; nous savons seulement que l'observation suivante est l'une de celles que cite Péron comme lui étant propres:

« Le phénomène de la phosphorescence de la Mer est d'autant plus sensible que l'obscurité de la nuit est plus profonde.ff (5° p. 125. loc cit.) Ce que nous ne prétendons pas contester attendu que nous savons sans qu'on l'ait jamais imprimé que les étoiles ne sont pas visibles en plein midi quand le soleil brille. Péron dit ensuite (7° p. 125 loc. cit.): «Tous les phénomènes de la phos phorescence des eaux de la Mer quelque multipliés quelque singuliera au'ils puissent être peuvent cependant être rapportés tous à un principe unique la phosphorescence propre aux Animaux et plus particulierement aux Mollusques.ff

En attendant un travail sur la phosphorescence de la Mer que nous comptons incessamment soumettre à l'Académie des Sciences nous nions positivement ce fait quelle que soit I'autorité des témoignages qui l'appuieraient. Nous n'irons pas chercher nos raisons dans Stravorinus Bourgeils Béal Alder Rothges Dageler Morogue Yan-Neck ni dans L'Escarbot lui-même en convenant dût-on nous accuserd'ignorance n'avoir pas lu de telles autorités; nous conviendrons même n'avoir jamais vu au sein de ces mêmes Mers où nous voya-geâmes avec Péron d?eacute;toiles plus elles que celles de nos feux d'artifice de cônes pirouettans de boulets rouges de guirlandes ou de serpenteaux; mais armé d'un microscope nous avons soigneusement minutieusement et sans enthousiasme examiné les eaux de bien des parages dans l'espoir de nous initier parle secours de cet instrument au mystère de la phosphorescence que Péron suppose dans cinq ou six pages pittoresques et sonores mais sans alléguer un seul fait positif être occasionée uniquement par des Animalcules marins. Il se trouve précisément que dens la longue liste d'autorités appelées au secours de son éloquence les résultats exacts de nos observations sont demeurés seuls inconnus à Péron encore que nous les eussions publiées dès l'année 1804 c'est-à-dire avant le retour en Europe des restes de l'expédition Baudin et que l'ouvrage où elles furent consignées nous eût déjà valu le titre honorable de correspondant de l'institut.

Bien que le tableau que nous avons tracé d'une Mer phosphores cente ne soit pas aussi animé que celui qu'en Mer Péron nous croyons pouvoir le reproduire dans cet article. On trouvera peut-être dans sa simplicité des traits de ressemblance qui eussent disparu sous un coloris trop brillante; on y verra surtout qu'un amas de vaine érudition ne vaut pas mieux qu'un ramas de phrases vaines lors qu'il est question de rechercher la vérité et qu'il est plus efficace d'interroger la nature même quand on prétend surprendre ses secrets que certains livres à peu près inconnus et que ceux même du précepteur d'Alexandre-le-Grand ou d'un compilateur des premiers temps du vieil empire des Césars.

« Dans toutes les régions de l'Océau dès que le jour disparaît une nouvelle lumière semble jaillir du sein des eaux comme pour tempérer la lugubre tristesse dont se frappe l'immense étendue. Aux crêtes des vagues qui retombent sur elles-mêmes dans le remous continuel opéré autour du gouvernail des grandes comme des moindres embarcations dans les lames qu'entr'ouvre la proue du vaisseau; enfin dans les flots tumultueux qui se brisent sans interruption sur les rochers et les récifs ou se déroulent sur de longues plages les parties écumeuses ou agitées des eaux brillent d'une multitude de points scintillans. Ces points quoique éblouissans sont souvent presque imperceptibles; d'autres fois on dirait les éclairs pré curseurs de la foudre. Gependant un vaisseau poussé par les vents impé-

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tueux au sein des Mers et de la nuit laisse an loin derrière lui une trace éclatante qui s'efface avec lenteur. Des rivages sablonneux baignés par l'onde amère des Algues ou autres productions de l'Océan qu'on vient d'en retirer paraissent tout-à—coup lumineuses dans l'obscurité pour peu qu'on les touche ou qu'on les agite; de sorte que le pied ou la main de l'homme posés sur l'arêne y impriment des vestiges qui brillent d'une lueur semblable à celle des Lampyres. Il existe des parages et particulièrement ceux des pays chauds et de la ligne où de telles bluettes sans nombre produisent un éclat très-remarquable à l'extérieur même de l'Océan. Un baquet d'eau de Mer puisé pendant le jour et dans lequel on s'est assuré par le secours d'un verre grossissant qu'il n'existe aucun être animé produit de même dans l'obscurité quand on le remue des points lumineux et laisse jusque sur les corps qu'on y plonge des indices de phosphorescence. Si l'on garde cette eau si on la laisse se corrompre elle perd sa qualité étincelante. ff

Outre ces étincelles lumineuses dont il vient d?ecirc;tre parlé les grandes eaux sont remplies par une multitude d?ecirc;tres qui répandent des lueurs inhérentes à leur organisation. Nous avons le premier décrit un Animal chez lequel cette propriété est éminente (le Monophora noctiluca N. Pyrosoma de Péron). Ces êtres lucifères appartiennent tous à la classe des Vers diaphanes et gélatineux tels que les Méduses les Béroës et les Biphores flottans dans le vaste sein des Mers où ils sont comme le disait Linné semblables à des astres suspendus dans ses obscures profondeurs; ils paraissent maîtres d'une lueur dont à leur gré ils augmentent ou diminuent l'intensité et qu'ils font cesser totalement quand ils paraissent le vouloir. S'il n?eacute;tait pas démontré que de tels Animaux sont dépourvus de sexe on pourrait présumer qu'en leur donnant le pouvoir de manifester leur existence au moyen d'une lumière qui leur est propre la nature permit qu'ils pussent faire de cette lumière un signal d'amour et qu'un sexe se servît de ses feux pour allumer les feux de l'autre. Il semble d'abord que des êtres à peine organisés jetés sans défense et sans moyen d?échapper au sein d'un élément dont les chocs sont terribles d'un élément habité par des créatures voraces et monstrueuses auxquelles une immense quantité de nourriture sans choix est nécessaire pour alimenter leur masse bizarre; il semble disons-nous que ces êtres n'ont reçu de la nature une organisation diaphane qu'afin que confondus par leur transparence avec les fluides où ils vivent les ennemis qu'ils ont à redouter ne puissent profiter de leur inertie pour en détruire les races entières. Cependant par quelle vue en apparence contradictoire la nature leur a-t-elle donné une qualité opposée à celle qui leur permet de se confondre avec ce qui les environne? Pourquoi dans le silence et durant les ténèbres les voiton en quelque sorte s?eacute;lancer hors d'eux-mêmes et répandre au loin les indices de leur fragile existence? Il y a plus c'est à l'instant même où se présente un péril que les Animaux phosphoriques répandent leurs lumières humides; ils semblent avertir par leur émission qu'ils sont là; et loin que le timide sentiment de leur extrême faiblesse les porte à se tenir obscurément épars dans les flots qui les balancent confondus ils brillent au milieu des dangers. En effet ce n'est que lorsqu'on tourmente des Animaux pareils qu'ils lancent leurs feux dans l'obscurité et c'est seulement entre les vagues qui les froissent en se heurtant ou par le choc d'un corps résistant ou bien au sillage d'un vaisseau dont le remous les fatigue qu'on voit tout-à-coup scintiller leur masse incandescente.

« L'analogie des Vers mollusques qui forment une famille naturelle très-remarquable disions-nous il y a plus de vingt ans (Voyage aux

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quatre îles d'Afrique T. I p. 112) et des Microscopiques appelés provisoirement Infusoires est si marquée qu'on a cru pouvoir en conclure que comme les Mollusques gélatineux les myriades d'Animaux imperceptibles que contiennent les eaux de la Mer ont la faculté de briller également à volonté qu'ils déploient de même cette faculté dans les mêmes circonstances et que c'est à cette phosphorescence des Microscopiques marins qu'il faut attribuer celle de l'Océan. Le plus grand nombre d?eacute;tincelles phosphoriques dans les amas d'Algues qui servent de retraite à un plus grand nombre d'Infusoires serait une présomption en faveur de cette opinion à peu près reçue. Mais pourquoi les Paramœcies les Cyclides les Bursaires et les Vorticelles d'eau douce ne sont-elles pas aussi phosphoriques? Pourquoi dans les grands marais où le microscope nous montre unc aussi grande quantité d'Animalcules imperceptibles à l?oelig;il désarmé que d'eau marécageuse ne voyonsnous rien de semblable même en diminutif aux lueurs jaillissantes de la Mer immense cependant nou moins peuplée? Avouons-le franchement on n'a encore publié aucune observation microscopique dont on puisse appuyer l'opinion de ceux qui expliquent la phosphorescence de la Mer par les Microscopiques dont elle est remplie. Ce n'est que sur l'analogie souvent trompeuse qu'on a bâti ce système et brodé des canevas à déclamations. Personne n'a jamais dit avoir vu de ses yeux briller un Mollusque invisible à l?oelig;il nu pas plus qu'un Infusoire. Quant à nous qui durant notre voyage dans un autre hémisphère avons scruté toutes les eaux nous n'avons que par hasard trouvé quelques Microscopiques dans celles qui scintillaient et ils n'y scintillaient pas. Nous avons d'autres fois éteint la lampe astrale dont l?eacute;clat nous servait pendant des nuits entières à éclairer le porte-objet de notre microscope quand son champ embrassait des milliers de petits Animalcules dans une goutte d'eau de Mer et nous avons cessé alors de distinguer quoi que ce soit. Pour peu que les Microscopiques mis en expérience eussent été lumineux ils fussent demeurés visibles. Il nous est conséquemment démontré que les Animalcules marins sont pour rien ou pour peu de chose dans un phénomène qu'on leur attribue cependant aujourd'hui par analogie d'un commun accord et principalement sur l'autorité de Péron. Ce qui confirme cette maxime du grand Bacon: « Que l'analogie et le consentement unanime des hommes ne sont pas toujours des preuves suffisantes de la certitude des choses. ff

Le passage que nous venons de transcrire nous a valu quelques observations critiques de la part d'un naturaliste dont plusieurs découvertes portent un grand caractère d'exactitude à l'opinion duquel le bon usage qu'il fait habituellement du microscope sur les bords de la Mer qu'il habite donnerait un grand poids s'il restait le moindre doute au sujet de la non participation comme cause unique des Animaux marins dans la phosphorescence. Cet observateur qui paraît tenir fermement à ce que cette phosphorescence vienne sans exception d'Animalcules lumineux mais qui ne nous dit pas avoir trouvé de véritable Microscopique brillant dans les ténèbres sur son porte-objet nous allègue les observations d'un naturaliste qui découvrit naguère des Crustacés marins presque imperceptibles et phosphoriques sur les rivages de la Martinique. Nous n'avons garde de douter du fait. Personne n'ignore que Banks (Trans. Phil. 1810 part. 3) observa en pleine Mer le Cancer fulgens qui selon l'expression de ce savant répandait des flammes très-vives. Dès le milieu du siècle dernier on connaissait un autre petit Crustacé du Malabar appartenant au genre Lynceus qui s'agitant dans l'eau y brillait d'une teinte bleue et déjà Riville (Mém.

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des Sav. étr. T. III) pensait qu'une sorte d'huile lumineuse provenue de semblables Animaux causait la phosphorescence de l'Océan. Puisqu'il existe d'ailleurs tant de Médusaires grands ou infiniment petits doués de la faculté de briller il peut fort bien exister des Crustacés à qui cette faculté soit également départie en plus grand nombre encore que ne le suppose notre correspondant qui paraît n'en connaître qu'un; ces Crustacés qui se multiplient en tels ou tels parages comme les Daphnies et autres Entomostracés le font par myriades dans nos citernes ou dans certains marais produisent nous n'en saurions douter un effet resplendissant comme le font des Pyrosomes des Béroës et des Biphores. Les observations de Gaimard ne laissent d'ailleurs aucun doute à ce sujet et Lesson analysant dans le Bulletin des Sciences naturelles et géologiques (septembre 1825 n. 9 p. 130) les travaux de son jeune ami dit: « Nous-mêmes dans les Mers des régions chaudes nous vîmes souvent des points d'azur jouissant de l'éclat des pierres précieuses s'agiter avec une rapidité extrême et jamais nous n'eussions pu nous douter que cet effet était produit par une extrêmement petite Crevette bleue que nous saisîmes avec une étamine et que nous ne distinguâmes qu'avec une très-forte loupe. ff Quoy et Gaimard en s'occupant de la phosphorescence de la Mer rapportent à ce sujet des choses fort dignes d?ecirc;tre annotées. Ils racontent (Ann. des Sciences Nat. T. IV p. 12) qu?eacute;tant mouillés dans la petite île de Rawak directement placée sous l?eacute;quateur ils virent un soir sur l'eau des lignes d'une blancheur éclatante. Eu les traversant avec leur canot ils voulurent en enlever une partie; mais ils ne trouvèrent qu'un fluide dont la lueur disparut entre leurs doigts. Peu de temps après pendant la nuit et la Mer étant calme on vit près du navire beaucoup de ces zônes blanches et fixes; en les examinant on reconnut qu'elles étaient produites par des Zoophytes d'une petitesse extrême et qui renfermaient en eux un principe de phosphorescence si subtil et tellement susceptible d'expansion qu'en nageant avec vitesse et en ziggag ils laissaient sur la Mer des traînées éblouissantes d'abord larges d'un pouce qui allaient ensuite jusqu?agrave; deux ou trois par le movement des ondes. Leur longueur était quelquefois de plusieurs brasses. Générateurs de ce fluide ces Animaux l?eacute;mettaient à volonté. Un bocal qu'on mit à la surface de la Mer reçut deux de ces Animalcules qui rendirent immédiatement l'eau toute lumineuse. Les observateurs de qui nous venons d'emprunter ces faits conviennent qu'ils n'ont jamais pu distinguer suffisamment ces Animalcules générateurs d'un fluide si phosphorescent. Ils ajoutent que le calme la chaleur et surtout une surabondance d'électricité dans l'atmosphère accroissent l'intensité de la phosphorescence. Ils ont remarqué après avoir manié des masses d'Animaux lumineux et cette viscosité brillante qu'ils supposent en être formée mais où la transparence ne permet pas d'en apercevoir que leur odorat a toujours éprouvé la sensation que produit celle d'une grande quantité d'électricité accumulée sur le plateau d'une machine électrique. Telle est la funeste autorité de l'habitude et des déclamations de certains voyageurs amphigouriques que leurs admirateurs sont parvenus à ériger en oracles qu'après avoir exposé d'une manière élégante et lucide les faits si importans que nous venons de reproduire nos deux savans voyageurs repoussent toute idée de coopération électrique dans la phosphorescence ne veulent pas que la mucosité de la Mer y concoure proclament comme causes uniques de toute phosphorescence les Animalcules invisibles et déclarent enfin oiseux de rappeler des systèmes que la seule observation devrait renverser. Nous n'avons jamais entendu établir de système sur la

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phosphorescence de la Mer et loin que l'observation renverse ce que nous en avons imprimé il y a vingtcinq ans environ ce qui vient d?ecirc;tre rapporté confirme au contraire notre manière de voir cependant diamétralement opposée à celle de Quoy et de Gaimard. Ces voyageurs ne s'étant jamais servis de microscope comment peuvent-ils décider que la viscosité morine soit pénétrée d'Animalcules capables seuls de lui donner la faculté d?eacute;tinceler? Reconnaissant dans les corps phosphorescens une odeur particulière à l?eacute;lectricité comment prononcent-ils que l?eacute;lectricité ne peut entrer pour rien dans la phosphorescence? Enfin si de petits Zoophytes imperceptibles laissent des traînées lumineuses de plusieurs brasses de longueur et remplissent des vases considérables d'une lumière humide la Matière phosphorique émanée de leur corps presque sans dimension est-elle un composé d'autres Animalcules et les Microscopiques qui en élaborent et répandent une quantité tellement supérieure à leur masse sont-ils autre chose que les préparateurs d'une substance brillante par elle-même alors qu'elle est émise? Nous le répétons de ce que des Animaux marins grands ou petits sont phosphoriques il ne s'ensuit pas que toute phosphorescence marine doive être nécessairement attribuée à de tels Animaux. L'avancer le soutenir traiter d'absurde comme le fit Péron et comme le font ceux qui se sont égarés sur ses traces toute autre explication de la phosphorescence que celle qu'on peut emprunter des Polypes invisibles de Médusaires et de Crustacés ne nous semble pas admissible en bonne logique. S'il nous était donné d'apercevoir le globe terrestre d'un point de cet espace à travers lequel l'emporte sa rotation diurne et que dans l'obscurité de l'une de ses nuits nous pussions discerner volant à travers les campagnes les Lampyres les Fulgores et les Taupins dont l?eacute;clat est souvent si vif exphquerions-nous par la phosphorescence des Insectes les aurores boréales qui viendraient en même temps que ces Insectes embellir la nuit? N'est - il donc dans l?eacute;tendue des Mers d'autres corps lumineux que ceux dont il vient d?ecirc;tre parlé? Péron lui - même rapporte (loc. cit. T. IV p. 180) qu'ayant fait draguer par les parages du cap Leuwin par quatre-vingt-dix ou cent brasses non-seulement des Zoophytes divers « mais des Fucus et des Ulves en grand nombre étaient phosphoriques et ce spectacle était d'autant plus agréable que la pêche se faisait dans les ténèbres. ff Notre voyageur qui dans la suite de son Mémoire (p. 193) établit que la Mer diminuant de chaleur à mesure qu'on s'y enfonce doit enfin demeurer dans un état de congélation éternelle dans ses abîmcs note ici que par une assez grande profondeur les productions qu'on ramenait sans en excepter les Fucus et les Ulves n?eacute;taient pas seulement lumineuses mais qu'elles étaient plus chaudes de trois degrés au moins que la surface de l'Océan. Sans relever cette contradiction nous rappellerons les observations de Leroy professeur à l?eacute;cole de médecine de Montpellier et les conséquences qu'on peut tirer des expériences fort bien faites par ce physicien (Sav. Étrang. T. III p. 143); il remarqua tout comme nous « que l'eau de Mer n'était lumineuse que lorsqu'elle était agitée et qu'elle répandait d'autant plus de lumière que l'agitation était plus forte; que si l'on mettait de cette eau dans un vaisseau découvert elle cessait absolument d?ecirc;tre lumineuse après un certain temps quelque fortement qu'on l'agitât; que si au contraire elle était contenue dans un vase bien clos elle conservait plus long-temps sa propriété phosphorique ce qui eût été le contraire si la phosphorescence eût été produite par des Animalcules qui meurent ou ne se developpent pas dans les vases fermés. ff Leroy rendit au contraire de l'eau de Mer phosphorique sans l'intervention de nul être vivant. Il mit dans de l'eau

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qui était peu on point lumineuse diffèrens Poissons morts tels que des Harengs et des Merlans; dès que la substance de ces Poissons éprouva un commencement de putréfaction ce qui arriva au bout de vingt-quatre heures la surface de l'eau mise en expérience devint entièrement lumineuse et quand on la voyait le jour elle paraissait couverted'une Matière grasse: cette phosphorescence comme artificielle subsistait pendant six on sept jours. On a répété l'expérience avec de l'eau douce dans laquelle on avait fait dissoudre du sel marin dans la proportion d'une demi - once par pinte; l'effet fut le même: d'où l'on conclut comme l'avait fait il y a déjà bien long-temps Van-Hel-mont que la seule matière huileuse donnée par les Poissons corrompus modifiée par du sel marin suffisait pour produire le phénomène qui nous occupe. On observa encore que l'eau devenue phosphorescente le paraissait plus ou moins selon la nature du corps avec lequel on l'agitait; de sorte que le mouvement déterminé avec un instrument de fer y produisait plus de bluettes que celui qu'on y donnait avec la main et que celui qu'on y donnait avec la main en produisait eàcore plus que l'agitation causée par un morceau de bois. Ces derniers essais prouvèrent que l?eacute;lectricité pouvait entrer pour quelque chose dans la phosphorescence. Cependant Leroy ne proclama point qu'il avait surpris un secret de la nature et ne traita pas d'absurdes les naturalistes qui ne voyaient pas comme lui. Ses travaux passèrent presqu'inaperçus et l'on sèn tient encore généralement aux erreurs anciennes adoptées et pompeusement reproduites dans la Relation du Voyage aux Terres australes ainsi que dans la compilation qui commence le Tome XXI du Dictionnaire de Déterville.

L'illustre Forster avait déjà soupçonné que le Phosphore devait aussi entrer pour sa part dans une merveille que d'un commun accord tout le monde désignait sous le nom significatif et si pittoresque de phosphorescénce. Nous développâmes cette idée dans notre Voyage aux quatre îles des Mers d'Afrique en décrivant sans boursoufflure le spectacle que présente une Mer étincelante; et croyant que plusieurs autres causes pouvaient y joindre leur action nous disions (T. 1 p. 113) dès l'an XIII de la République: « Plusieurs naturalistes nient que ce soient les Animalcules qui produisent les scintillations de l'eau salée scintillations bien différentes des lueurs que répandent les Animaux lucifères visibles. Ces naturalistes croient que la Mer peuplée d?ecirc;tres innombrables qui de même que ceux de l'air et de la terre naissent pour mourir doit avoir vu se corrompre dans son sein des myriades d'Animaux huileux dont la plupart furent d'un volume considérable; et que cette corruption qui est continuelle depuis tant de milliers de siècles est la source d'un Phosphore maritime dont l'éclat jaillit au moindre choc. En effet il n en est pas de l'Océan toujours agité comme de la terre relativement immobile. A mesure que les êtres nourris par cette dernière cessent de vivre et se décomposent à sa surface l'eau du ciel pénétrant dans son sein par infiltration les pesanteurs spécifiques les attractions propres aux molécules dont se composaient les êtres dissous le temps et la stabilité ou d'autres causes inconnues suffisent pour que les élémens des corps détruits se mélangent tranquillement les uns aux autres selon certaines lois de la nature et reparaissent à la surface du sol en êtres nouveaux ou dans son intérieur en substances à la formation desquelles concourt la dissolution de toutes les autres. Dans la Mer au contraire l'impulsion permanente d'orieut en occident qu'on lui attribue capable de rouler au hasard toutes les molécules inertes qui s'y rencontrent l'action des marées

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celle d'impétueux courans qui se côtoient ou qui se contrarient le heurtement peipétuel des vagues poussées en tous sens par les vents déchaînés enfin mille autres causes de mobilité éternelle ne permettent guère ces juxta-positions nécessaires pour la prompte recomposition des corps. Les débris de tout ce qui s'y désorganise promenés par la force des courans battus et mêlés par les tourmentes se pénètrent se confondent et finissent par s'amalgamer à l'eau qui les tient en suspension au milieu de son agitation terrible. De-là ce principe onctueux et gras de l'eau de Mer de-là encore cette amertume affreuse et cette mucosité remarquable quand on écarte avec précaution l'extrémité des doigts qu on à mouillés pour la reconnaître. La salure de l'Océan n'a peut-être pas d'autre raison; et alors il est naturel de chercher dans le Phosphore qui a dû provenir de tant de putréfactions et de mélanges l'une des causes de la phosphorescence de la Mer. Au reste comme beaucoup d'autres causes tendent à décomposer les eaux en opérant la diminution de leur masse liquide et que ces causes n'agissent pas aussi directement sur les substances que ces eaux tiennent dissoutes dans leur état de fluidité il se pourrait très-bien que la Mer diminuant à mesure que le globe vieillit le sel le principe muqueux l'amertume et la phosphorescence augmentassent de jour en jour.ff De telles idées fondées sur l'observation émises avec réserve et déduites de ce qu'avaient dit avant nous d'habiles physiciens ne devaient pas être traitées avec un superbe dédain par qui n'avait observé la nature qu?agrave; travers le prisme romantique déjà introduit chez quelques écrivains qui traitaient des sciences physiques vers l'époque où les débris de l'expédition Baudm revirent l'Europe. Ce n?eacute;tait point une hérésie chimique que d'admettre dans l'eau de la Mer au milieu d'une mucosité qui le pouvait mettre à l'abri du

contact de l'air atmosphérique un Phosphore liquefié qui venant à se dégager de sa prison en se mettant en contact avec l'oxigène dont la Mer est aussi remplie répandait sa vive lumière au moment du dégagement. Ne connaît-on pas les belles expériences de Fourcroy et de Vauquelin (Ann. Mus. T. X p. 169) qui prouvent que les sels phosphoriques abondent dans toutes les humeurs des Poissons? ils sont surtout dans leur laite.

Qui n'a observé ces traînées glaireuses que les bancs de Harengs laissent fréquemment sur leur passage nommées grésins par les pécheurs et qui durant la nuit paraissent aussi toutes brillantes? S'est-on jamais imaginé que leur éclat vînt de ce qu'elles étaient pénétrées de Néréides noctiluques de Méduses étincelantes de Beroe et de Cancer fulgens ou autres Animaux lumineux? Qu'on cesse donc d'attribuer le phénomène qui vient de nous occuper a one cause unique. Fourcroy voyait dans la phosphorescence un effet de la lumière s'engageant dans les interstices des corps et Fourcroy avait certainement raison; une multitude d'autres causes la déterminent et l'augmentent; et si tant d'Animaux marins vivans ou morts en font jaillir en effet à nos yeux c'est plutôt qu'en ayant absorbé les élémens ils les rendent à la masse commune quand nous les voyons étinceler. V.PHOSPHORE.

§ III. Moyens de rendre l'eau de Mer potable.

Tenant en dissolution tant de principes divers qui lui donnent un goût desagréable ainsi qu'une propriété purgative très-prononcée l'eau de Mer n'est point potable et lorsque l'excès de la soif obligea quelque infortuné naufragé à en boire ellé augmenta son altération au lien de la calmer. Comme l'eau douce embarquée dans les vaisseaux pour subvenir aux besoins de longues navigations se corrompt ne tarde pas à devenir fétide occupe beaucoup de

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place áux dépens du chargement et peut finir par manquer si quelque accident imprévu vient allonger la traversée outre mesure on a essayé de dégager l'eau de Mer de tout ce qui la rend désagréable ou insalubre et la découverte du procédé qui lui donnerait les qualités del'eau de rivière serait un bienfait pour l'humanité. On ne l'a pas entièrement trouvé; cependant on est parvenu par la distillation à rendre l'eau de Mer moins mauvaise; mais alors le combustible devient un embarras pour les navires. On a surtout employé avantageusement la distillation sur des côtes desséchées à qui la nature refusa des rivières et des fontaines. Plusieurs navigateurs qui se sont arrêtés sur des côtes de ce genre y purent monter leurs alambics et par le secours des broussailles ou des Arbustes qui croissaient eà et là ils parvinrent à obtenir de l'eau potable aux dépens de l'eau de Mer soigneusement distillée. Un médecin nommé Poissonnier imagina même vers les deux tiers du siècle dernier un moyen de rendre œtte eau distillée préférable à l'eau douce trop souvent malfaisante de certaines plages en ajoutant de la Soude à l'eau de Mer dans la proportion de six onces par barrique. Cet Alcali formant une sorte de savon avec les matières muqueuses grasses que l'on croit la principale cause du mauvais goût en dénature l'effet. Poissonnier ajouta même un perfectionnement à l'alambic qui facilita son usage à bord où le roulis l'avait jusqu'alors rendu presque impossible et notre célèbre Bougain ville qui employa avec succès l'a lambic de Poissonnier reconnaissait lui avoir dû le salut de son équipage. Le physicien Hales se bornait à laisser l'eau de Mer se putréfier complétement dans des barriques et lorsqu'elle avait perdu l'horrible fétidité qui s'en était dégagée durant quelque temps il la décantait afin de la purger des sédimens qui s'y étaient formés en faisant distiller ensuite le liquide ainsi

clarifié. Il était arrivé en grand dans les barriques de Hales ce que nous avons produit dans les godets et autres vases de āristal où nous avons tant de fois mis de l'eau de Mer en expérience pour en obtenir la formation de nos six modifications primitives de la Matière. La muqueuse s'en était d'abord dégagée en se fixant aux parois ou à la surface des barriques; les Gaz sous la forme vésiculeuse avaient été rendus à la liberté; l'Azote en avait été extrait par l'individualisation de la matière agissante qui s'étant introduite dans la muqueuse avait formé l'écume superficielle tandis que les matières cristallisables et terreuses abandonnées aux lois d'homogénéité et de gravitation s'étaient précipitées sous la forme de limon V. MATIéRE;. Chacun peut en répétant les mêmes expériences; rendre potable jusqu?agrave; l'eau des huîtres cependant si chargée de tous les principes qui animalisent l'eau de la Mer qu'elle répand une puanteur encore plus grande que toute autre quand on la prend pour base des essais de décomposition et de recomposition dans les observations microscopiques.

§ IV. De la couleur de la Mer.

Les habitans de ces parties de l'intérieur des terres où ne coulent que des ruisseaux des rivières peu profondes de claires fontaines ou des fleuves surchargés de bourbe et qui voient la Mer pour la première fois admirent la nuance d'un vert plus ou moins pur et brillant qui lui paraôt propre le long du rivage. La surprise augmente lorsqu'ayant puisé de son eau dans quelque vase on n'y distingue plus aucune teinte particulière et qu'on la trouve d'une transparence parfaite. Cette transparence est telle que dans les lieux où nulle impureté ne s'y vient mêler on distingue sur le sable de son lit à une trèsgrande profondeur les moindres cailloux ou les plus petits coquillages qui paraissent alors comme resplendissans. Les Plantes marines les Polypiers

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surtout y brillent du plus grand éclat et parmi ces productions toutes si élégamment nuancées tant qu'elles sont sous l'eau il en est qui perdent leurs reflets irisés dès qu'elles en sont sorties; certains Cystoseires surtout et nos Iridées ainsi que beaucoup d'Alcyons qui dans leur élément nourricier se parent des couleurs de l'arc-en-ciel ou de belles teintes de pourpre et d'orange paraissent noirâtres jaunâtres ou simplement d'un brun et d'un violet sombres quand jetées au rivage elles y demeurent abandonnées au contact de l'air atmosphérique. Lorsque des flots de lumière pénètrent dans la masse de l'eau durant un jour sans nuagè et qu'on se promène en bateau les vagues paraissent tellement colorées autour de l'embarcation qu'on s'y croirait quelquefois en admirant l'intensité de la verdeur sur une prairie liquide ou sur un tapis de billard qui serait translucide. A mesure que la nef s?eacute;loigne du bord et qu'on gagne les hauts parages où la ?profondeur s'accroît de plus en plus la teinte verte se change en une teinte bleue et dans la grande Mer l'eau devient dès cinquante ou soixante brasses de la plus belle couleur d'azur. Le retour de la nuance verte annonce généralement quelque danger ou l'approche de côtes basses; car le long de celles qui sont coupées à pic et près desquelles la sonde descend beaucoup le bleu d'azur persiste et semble devenir d'autant plus vif que la profondeur est plus considérable. Mais ce bleu qu'on a coutume de regarder comme l'un des caractères de l'Océan et qu'on attribue communément à la façon dont se décomposent en y pénétrant les rayons solaires nelui est cependant pas exclusivement propre: tout grand amas d'eau en porte l'empreinte. Les lacs profonds qui ne sont pas salés surtout ceux des hautes montagnes se teignent également en bleu d'azur et l'on observe cette belle nuance jusque dans le lit des torrens au fond desquels si l'eau remplit quelque

cavité de rocher la sérénité du ciel produit en diminutif le plus brillant effet de coloration.

§V Température de la Mer.

Sur l'autorité d'Aristote ou a cru long-temps que la chaleur des vagues augmentait par leur frottement dans les tempêtes: ce préjugé eut de nos jours des défenseurs parmi les plus habiles physiciens. Péron le premier fit connaître l'erreur: à cet égard ses observations sont excellentes et doivent faire autorité. Il démontre fort bien comment on a pu s'y méprendre. Des recherches de ce voyageur peuvent se déduire les faits suivans qui cadrent parfaitement avec le résultat de nos propres expériences faites au large à la surface de la Mer. « 1°. La température de l'Océan est généralement plus froide à midi que celle de l'atmosphère observée à l'ombre; 2° elle est constamment plus forte à minuit; 3° le matin et le soir les deux températures sont ordinairement en équilibre; 4° le terme moyen d'un nombre donnéd'observations comparatives entre la température de la surface des flots et celle de l'atmosphère répétées quatre fois par jour à six heures du matin à midi à six heures du soir à minuit et dans les mêmes parages est constamment plus fort pour les eaux de la Mer par quelque latitude que les observations soient faites; 5° le terme moyen de la température des eaux de la Mer à leur surface et loin des continens est donc plus fort que celui de l'atmosphère avec lequel les eaux sont en contact.

Ces résultats que nous regardons comme inattaquables ne sont cependant pas absolument les mêmes que ceux qu'obtinrent d'autres observateurs cités pour leur exactitude; mais on doit remarquer que ces savans opéraient dans le voisinage des côtes ou bien à d'autres heures que Péron et généralement vers le milieu du jour où comme on vient de le voir la température de la Mer est plus basse que celle de l'atmosphère parce que l?eacute;vaporation

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y agit alors puissamment.

Il ne suffisait pas de mesurer la température de la surface des Mers on voulut connaître celle de leurs profondeurs; on imagina divers instrumens pour y parvenir: tels furent le thermomètre de Mallet et de Pictet celui de Micheli; ceux de Marsigli et de Cavendish qui tous ont été trouvés vicieux ou insuffisans. Saussure construisit un nouvel appareil qui consistait en un thermomètre inséré dans une enveloppe de cire de trois pouces d?eacute;paisseur et enfermée ensuite dans une boîte de bois dont les parois très-fortes nécessitaient la durée de plusieurs heures pour participer à la température des milieux environnans. Ce savant fit l'essai de son thermomètre ainsi disposé dans les lacs de la Suisse où il le plongea dans la soirée pour le retirer le lendemain matin sans que dans le trajet du retour la température des hautes couches d'eau eût eu le temps d'influer sur le thermomètre qu'une nuit d'immersion avait mis en rapport avec la température des plus grandes profondeurs. Il reconnutainsi que l'eau de ces profondeurs était constamment à trois ou quatre degrés seulement au-dessus de glace tandis que celle de la surface se trouvait à la température atmosphérique. C'est avec son appareil éprouvé de la sorte que Saussure fit ses observations sur la température inférieure de la Méditerranée en divers points du golfe de Gênes. Il trouva le 7 octobre à quelque distance du rivage et par 860 pieds de brassiage un peu plus de dix degrés tandis que l'eau de la surface était à un peu plus de seize et l'atmosphère à un peu plus de quinze. Le 17 du même mois à 1800 pieds non loin de Nice après une nuit entière d'immersion et vers les sept heures du matin il obtint de son thermomètre absolument les mêmes résultats pour le fond et pour la surface de la Mer; la température atmosphérique fut seulement trouvée plus haute d'un degré ou à peu près. Pérou ne croyant pas à la bonté de

l'instrument de Saussure èn a conçu un autre en le donnant comme excellent parfait infaillible. A la description minutieuse qu'il en fit il ajouta une figure; on la trouve gravée dans la dernière planche du magnifique atlas que le mońde savant doit au grand talent du modeste Lesueur. « Je résolus dit Péron (Voyage T. IV p. 174) d'employer tout à la fois l'air le verre le bois le charbou les graisses et les résines dans un ordre tel que leur faculté peu conductrice du calorique devînt encore plus faible. Cette idée si simple qu'il doit être étonnant qu'elle ne se soit pas encore offerte à ceux qui les premiers se sont occupés du même objet est cependant un sûr garant de la supériorité de mon appareil sur tous ceux dont l'on s'est servi jusqu?agrave; ce jour. ff Nous avouons que la composition du thermomètre de Péron ne nous paraît pas aussi simple qu'il le dit et son excellence est loin d'être démontrée par l'usage qu'il en a fait luimême; on pourrait ajouter que cet appareil n'a jamais été essayé tel qu'il fut conçu puisque Péron convient que vu la difficulté de faire conduire à bord le cylindre métallique dans lequel consistait le plus important perfectionnement il fallut se borner à placer l'instrument dans un étui de verre puis dans du charbon puis dans un étui en bois ce qui au charbon près à la place de la cire employée par Saussure n?eacute;tait jamais qu'une simple modification de l'appareil de ce dernier appareil que nous persistons à croire beaucoup meilleur et d'un usage bien plus commode. Quoi qu'il en soit les résultats qu'obtint l'inventeur de la machine nouvelle appelée précieuse par l'inventeur même consistent dans l?eacute;crasement de cette machine dès la première fois qu'elle fut mise en expérience; dans un second essai la pression de l'eau avait tout brisé; le thermomètre était en pièces ses fragrnens mêlés à la poussière du charbon et l'on crut obte-

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nir la température de la profondeur de trois cents pieds d'où revenaient d'informes débris en mesurant la température du charbon imbibé de l'eau qu'il avait traversée au moyen d'un autre thermomètre qu'il vint dans l'esprit d'y placer sur le pont même du navire ou se faisait l'observation. Il est question ensuite de deux autres expériences faites à douze ceuts et deux mille cent quarante-quatre pieds; mais l'appareil toujours imparfait puisque le cylindre de cuivre qui le devait compléter y manquait encore ne resta pas dans l'une deux heures sous l'eau et une heure dans l'autre; dix-sept et quarante-cinq minutes furent employées à le retire. Il est impossible d'admettre comme suffisans les résultats obtenus par de pareils essais et loisque l'auleur convenant que ce qu'il a observé présente une différence très-grande aveo ce qui a été observé par Marigli et Saussure réclame la préférence en faveur de ses prètentdues découvertes on ne saurait la lui accorder. Une note de notre confvère Freycinet insérée dans la réimpression in-8° de la Relation du voyage aux terres australes intitulée seconde édition nous apprend que Péron de retour en France fit exécuter par un des plus habiles artistes de Paris son appareil tel qu'il l'avait conçu avec le fameux étui en cuivre; « mais ayant voulu s'en servir pour faire à Nice de nouvelles expériences il éprouva une difficulté presque insurmontable à l'ouvrir et à le fermer. ff Il fallut faire des trous à la machine la dénaturer pôur pouvoir l'employer et l'eau environnante finissant toujours par s'y introduire il n'est guère resté d'uu thermomètre tant vanté que l?eacute;pithète d' ingénieux que lui ont donnée ceux qui conviennent tacitement qu'il ne fut jamais bon à rien. On connaissait avant ces essais dont nous n'eussions pas démontré l'inutilité complète si l'on n'eût tenté de leur imprimer le caractère d'une merveilleuse perfection les expériences de Forster faites vers le pôle austral dans le deuxième voyage de Cook et celles du docteur Irving qui eurent lieu dans l'Océan Arctique jusqu'au 80° degré nord. Si les quatre expériences de Péron méritaient la moindre confiance il est certain que faites vers l?eacute;qualeur et comparées à celles des deux savans anglais de vives lumières en pourraient jaillir sur un point encore très-obscur de la physique. Mais on ne doit pas se laisser entraîner par l'autorité des noms et les résultats obtenus par Forster et par Irving quoique moins vagues que to us autres ne nous paraissent pas encore décisifs. Sans tenir compte des expériences recueillies par Kirwan parce qu'on ne les appuie d'aucun témoignage de quelque poids nous trouvons: 1° six expériences du compagnon de Cook faites depuis le 52° degré de latitude nord jusqu'au 64° degré sud et depuis quatre-vingt-six à cent brasses de profondeur; 2° quatre expériences du compagnon de lord Mul grave fai tes de cent quinze à sept cent quatre-vingls brasses. Péron qui s'appuie de ces dernières dit expressément (note du tableau de la p. 205) qu'on ne peut compter sur le résultat de l'une d'elles; et quant à celles de Forster le thermomètre plongé dans la profondeur des Mers n'y ayant jamais séjourné que durant quinze seize dix-sept ou vingt minutes trente one fois seulement et ayant mis jusqu?agrave; vingt-sept minutes et demie pour remonter à la surface cet instrument avait-il eu le temps nécéssairè peur se mettre a la température du fod des eaux? a'avait-il d ailleurs pu se remettre à celles des couches intermédianes on supérieures en revenant si lentement à travers celles-ci? C'est d'après le nombre d'expériences imparfaites don il vientd etre question qui eu tout avec celles de Péron montènt à qusrtorze que ce dernier établissant ses tables et faisant des rapprochemens donne en ces ms ses conclusions. « On peut déduire de mes observations le refroidissement

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progressif de la température de la Mer à mesure qu'on s'enfonce dans ses abîmes; le terme est la congélation éternelle de ces abîmes. ff Voilà donc les continens et les mers la terre et les eaux liquides reposant sur un noyau de glaçons et l'opinion de tantde grands physiciens et de géologues qui admettaient une chaleur centrale renversée d'un trait de plume en vertu de dix-sept immersions d'appareils brisés ou qui n'atteignirent qu'à des profondeurs à peine appréciables par rapport au diamètre du globe! L'idée d'un noyau de glaçons paraît en opposition avec tout ce qui fut observé jusqu?agrave; ce jour. On n'avait pas encore imaginé que la congélation des fluides pût commencer du fond à la surface? Le docteur Keraudren dans son savant article Eau de Mer du Dictionnaire des Sciences médicales (Sect. II; 1814) tend à prouver le contraire. « Sans rechercher dit le docteur Keraudren en quoi l'influence atmosphérique peut être nécessaire on phénomène de la congélation toujours est-il vrai que les rivières les lacs et la Mer même en se congélant ne se prennent pas en totalité; il s?eacute;tablit à la superficie une croûte dé glace qui a plus ou moins d?eacute;paisseur et sous laquelle l'eau reste encore fluide. Les navigateurs rapportent avoir trouvé en approchant des pôles des îles flottantes de glaces de deux milles de circuit et de plus de cinquante pieds d?eacute;lévation ce qui suppose que la partie submergée n'avant pas moins de cinq cent cinquante Pieds d?eacute;paisseur. La glace d'après les expériences d'Irving ne s'élève que d'un douzième au-dessus de l'eau salée; cependant ces énormes glacons étaient mobiles et suivaient la direction des vents et des courans; donc l'eau qui les supportait était fluide au-dessous comme autour d'eux quoiqu'à une latitude et sous one température aussi basse l'eau fond de la mer dût être gelée s'il était vrai qu'elle y pût geler quelquefois. ff

De tout ce qui vient d'être dit il ne faut cependant pas conclure qu'on soit absolument dans l'impossibilité de se former quelques idées approximatives relativement à la température des profondeurs de la Mer; diverses expériences de Humboldt nous fournissent des notions plus exactes qu'on n'en avait avant le retour de ce voyageur. A peine Humboldt quittait l'ancien continent pour explorer le nouveau que dès sa première excursion dans l'Atlantique il vérifiait au moyen d'une sonde thermométrique à soupape que l'approche d'un bas - fond s'annonce toujours par un abaissement sensible de température à la surface des vagues. Il trouva déjà en se rendant de la Corogne au Ferrol près du signal-blanc indice d'un banc de sable que le thermomètre centigrade marquait 12° 5?et 13° 3? tandis qu'il se tenait à 15° ou 16° 3?partout ailleurs où la Mer était très-profonde; la température atmosphérique étant alors de 12° 8? « Le célèbre Franklin et M. Jonathan Williams auteurs d'un ouvrage qui a paru à Philadelphie sous le titre de Navigation atmosphérique ajoute Humboldt(Voy. aux Rég. etc. T. 1 p. 106) ont fixé les premiers l'attention des physiciens sur les phénomènes qu'offre la température de l'Océan au-dessus des bas-fonds et dans cette zône d'eaux chaudes et courantes qui depuis le golfe du Mexique se porte au banc de Terre-Neuve et vers les côtes septentrionales de l'Europe. L'observation que la proximité d'un banc de sable est indiquée par un rapide abaissement de la température de la Mer à sa surface n'intéresse pas seulement la physique elle peut aussi devenir très importante pour la sûreté de la navigation. L'usage du thermomètre ne doit certainement pas faîire négliger celui de la sonde mais des expériences citées dans le cours de cette relation prouveront suffisamment que des variations de température sensibles pour les instrumens les plus

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imparfaits annoncent le danger avant que le vaisseau s'y engage. ff Nous ne chercherons point à expliquer les raisons du phénomène dont il vientd?ecirc;tre question; il est trop dangereux d?eacute;tablir des théories sur un petit nombre de faits même bien observés et nous bornant à résumer ce qu'on peut entrevoir de moins douteux dans le résultat des expériences faites jusqu'ici; nous nous bornerons à dire: qu'on a des raisons de croire à une diminution de température en descendant de la surface au fond des Mers; et que cette diminution est plus sensible dans les hautes régions de l'Océan que vers ses rivages. Il existe une grande distance entre les conséquences qu'un esprit circonspect peut tirer de cette donnée et celles qu'en déduisit l?eacute;crivain trop hâté de se singulariser qui s?eacute;criait: « La source unique de la chaleur de notre globe c'est le grand astre qui l?eacute;claire; sans lui sans l'influènce salutaire de ses rayons bientôt la masse entière de la terre congelée sur tous ses points ne serait qu'une masse inerte de frimas et de glaçons. Alors l'histoire de l'hiver dés régions polaires serait celle de toutes les planètes. ff Dans cette hypothèse le monde ne serait donc plus menacé d?ecirc;tre consumé par un grand incendie universel comme le croyaient plusieurs philosophes de l'antiquité et comme le prédit l'Apocalypse; en attendant qu'il soit gelé nous formons des vœux pour qu'on réitère les expériences faites jusqu'à ce jour d'une manière vicieuse sur la température des profondeurs de l'Océan. Nous croyons que l'instrument le plus propre à de pareilles recherches est encore celui qu'imagina Saussure parce qu'il est simple facile à fabriquer en tous lieux et d'un emploi assez commode. Mais il faudra donner au thermomètre par une immersion d'autant plus longue que les profondeurs seront plus grandes le temps d?eacute;prouver l'influence complète de ces profondeurs. Il ne faudra pas le retirer avec une lenteur capable de permettre le moindre changement de tempérapture dans le trajet; il faudra prendre de grandes précautions pour saisir les résultats de chaque immersion avant que l'atmosphère où se trouvera l'investigateur ait en le temps d'influer sur le thermomètre placé dans l'intérieur de l'appareil au moment où s'en fera l'ouverture. Ce n'est pas sous voile surtout qu'on devra s'occuper d'observations thermométriques de ce genre. Il serait à désirer qu'on perfectionnât un appareil à soupape qui dans les profondeurs dont on voudrait connaître la température admettrait les eaux de ces profondeurs et qui isolant ensuite par le moyen du suif de la cire et du bois ces mêmes eaux ne permettrait pas aux couches supérieures de leur rien ôter ou ajouter pendant le retour. Un pareil mécanisme aurait encore cet avantage qu'on pourrait apprendre quelque chose de positif sur les différences de salure et dans quelles proportions la mucosité marine ainsi que la phosphorescence existent au fond de la Mer supposé que ces choses y existent ce qu'on n'a pas essayé de savoir et dont qui que ce soit n'a dit un mot.

§ VI. De la profondeur des Mers.

Considérée sous ce point de vue l'histoire de la Mer présente à notre sens l'une des plus grandes singularités qu'il soit possible de concevoir On n'a pas une seule donnée précise pour déterminer quelle peut etre la profondeur de la Men et cependant des autéurs graves l'ayant évaluée ont calculé à un pied cube à une demi-livre près pour combien la masse de ses eaux entrait soit sous le rapport de la quantité soit sous celui de la pesanteur dans l'ensemble du globe. Nous ne croyons pas devoir consacrer dans cet article déjà peul-être trop long la moindre place à des évaluations qui ne sont basées sur rien de solide et que l?eacute;noncé le mieux précisé accompagné des plus savantes formules

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algébriques ne suffirait pas pour élever au rang des vérités. On peut présumer tout au plus que la Mer n'a point une profondeur indéfinie et qu'elle forme simplement à la surface du noyau solide dont les continens et les îles sont quelques fragmens de la croûte oxydée une couche fluide comme y est l'atmosphère qui l'environne à son tour ainsi que la terre; au-delà de cette présomption il n'existe qu'incertitudes. On est à la vérité parvenu au moyen de la sonde à trouver le fond de la Mer en beaucoup de points de son étendue; mais la sonde elle-même ne produit pas toujours des données parfaitement exactes surtout au-dessous de quatre ou six cents mètres; des courans inférieurs la font dévier; la corde qui la retient peut finir par flotter en déplaçant une suffisante quantité de liquide pour faire obstacle à son enfoncement; et dans beaucoup de cas ce que l'on suppose le sol atteint par le plomb peut n?ecirc;tre encore qu'un point de la masse liquide où ce plomb quelque lourd qu'il puisse être flotte comme le ferait une bouée à la surface.

Dans un grand nombre de lieux où l'on a pris la peine de sonder c'est de 400 à 600 mètres qu'on a trouvé le fond véritable aux plus grandes profondeurs ce qu'a prouvé le suif en rapportant du sable du gravier de la vase ou quelques corps organisés appartenant aux dernières classes du règne animal ou bien à l'hydrophytologiè. C'est d'une profondeur de près de deux cents pieds en arrivant dans les parages des Canaries que Humboldt et Bonpland retirèrent cette précieuse Caulerpe à feuille de vigne dont nous eussions dû citer la belle côuleur verte dans notre article MATIÈre (p. 263 de ce volume) pour prouver que la coloration des Végétaux peut avoir lieu dans certains cas sans la participation d'une lumière intense. C'est de cinq cents pieds environ aux attérages de la Terre de Leuwin que Maugé et Péron rametièrent au moyen de la drague des Rétépores des Sertulaires des Isis des Gorgones des Eponges des Alcyons des Varecs et des Ulves brillans de phosphorescence et qui manifestaient une chaleur sensible. C'est de six cents pieds environ qu'entre les îles de France et de Mascareigne nous obtînmes une touffe enracinée de Sargassum turbinatum en tout semblable à celles que nous avions recueillies au rivage. C'est enfin à près de onze cents pieds par soixante-dix-neuf degrés de latitude nord à quatre-vingt milles des côtes du Groënland que fut déraciné par un baleinier ce Polype extraordinaire figuré par Ellis (Act. Angl. 48 p. 305 T. XII; et Corall. tab. 37) et devenu le Pennatula Encrinus du Systema Naturæ (XIII T. 1 p. 3867); Animal de six pieds de long gigantesque dans sa tribu Ombelle vivante formée d'hydres qui brillaient de la plus belle teinte jaune: autre preuve qu'un être organisé peut se colorer sans la participation du jour à moins qu'on n'admette que des rayons de lumière pénètrent jusque dans l'abîme. Si quelque physicien essayait jamais de vérifier ce qui en est nous l'engagerions à ne pas négliger l'examen de la coloration de certaines productions de la mer soumises à l'existenfcé végétale soit qu'elles y ajoutent l'animalité en se couvrant de-Polypes soit qu'elles demeurent toujours bornées à l'état de Plante. Vers la surface des eaux brillent de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel les tentacules de ces Actinies que leur beáuté changeante fit appeler Anémones de Mer nos Iridées la Padine en plume de Paon et des Cystoseires produisant l'effet du prisme; le cormin tendre le bleu de l'azur y parent des Méduses les appendices des Porpites des Thalies et des Glaucus tandis que les Béroés et les Amphinomes y agitent leurs cirres étincelantes. Au-dessous de cette zône presque superficielle où pénètre en se décomposant et pour colorer fortement les corps; chaque sorte de rayon lumineux apparaîl

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la multitude des Floridées oùle rouge avec le pourpre passent à toutes les nuances ainsi que le Corail semblable au sang qui commence avec cette zône. Le vert tendre qui pare les Ulves et les Confervées depuis la surface des marais règne indifféremment dans les deux couches pour persévérer jusqu?agrave; la grande profondeur où il a été retrouvé sur le Caulerpa vitifolia. Le brun jaunâtre qu'on remarque encore plus superficiellement par l'apparition des espèces du genre Lichina humectées contre les flancs des rochers riverains par l'écume seule des vagues durant la haute marée persiste encore au-dessous de la région de verdure puisque imprimant sa monotonie à la plupart des Fucacées des Spongiaires et des Sertulariées nous l'avons observe dans une Sargasse qui croissait vers six cents pieds d'enfoncement. Le jaune pur qu'on ne trouve pas dans les régions supérieures ne se montre que plus bas où il dore à deux cent trente-six brasses ce Pennalula Encrinus qui est devenu l'Umbellularia groenlandica de Lamarck.

Si l'on n'a pas de données précises sur la profondeur des Mers si l'on a même élevé des doutes au sujet de sondes qui auraient atteint jusqu?agrave; 4 916 pieds n'est-il pas encore prématuré d?eacute;tablir quels sont les formes et les accidens de leur lit? On ne pourrait pas donner de carte topographique passable de la millième partie des pays qu'habitent les Hommes civilisés et l'on a prétendu figurer le fond de l'Océan! On y a supposé des formes pareilles à celles de la surface des continens et des géographes abusant étrangement de la signification des mots en ont décrit les montagnes avec leurs vallons leurs plateaux et leurs anastomoses; on fit plus on traça sur une mappemonde la figure que doivent présenter les chaînes sousmarines. Des copies de cette malheureuse conception ont été reproduites récemment avec éloge dans des atlas mis pour l'enseignement aux mains de la jeunesse; on y trouve gravées à travers les régions océaniques des Alpes méridionales et des Alpes septentrionales qui font le tour du monde divisé selon la vieille routine en quatre parties. Nul doute que le fond de la Mer ne présente de grandes inégalités que ces inégalités n'influent sur les courans qu'en beaucoup d'endroits son lit ne s'encombre au point qu'on peut deviner à quelle époque quelques-uns des points élevés de ce lit deviendront des îles ou se rattacheront aux continens. Mais des accidens de ce genre ne sont pas la preuve de l'existence de chaînes de montagnes dans le sens qu'on doit attacher aux mots montagnes et chaînes; au contraire c'est précisément près des îles nouvelles soit madréporiques soit volcaniques où l'on prétend reconnaître les indices d'Alpes marines que tout-à-coup la sonde ne trouve plus de fond. Nous ferons remarquer en outre qu'au voisinage des côtes dites acores c'est-à-dire coupées à pic la Mer est toujours très-profonde tandis qu'une plage basse le long d'une contrée de plaines indique peu de profondeur juaqu?agrave; de grandes distances. Le long des côtes acores l'eau est le plus bleue; aux approches des terres basses elle devieut de plus en plus verdâtre.

§ VII. De la' diminution des Mers.

Sur quelque point du globe qu'on porte les regards on aperçoit des traces irréfragables de l'antique séjour des eaux. Aux cimes sourcilleuses des Pyrénées des Alpes et du Caucase dans l'Ancien-Monde vers celles des plus hautes Cordillières dans le Nouveau existent des bancs coquilliers ou d'autres débris d'Animaux marins. Frappés d?eacute;tonnement à la vue de telles reliques d'un Océan qui dut tout recouvrir les Hommes qui les premiers y devinrent attentifs imaginèrent de grands cataclysmes pour expliquer le transport des Coquilles sur les montagnes. L'usage d'appeler au secours de notre ignorance quelque intervention surnaturelle

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pour expliquer un pareil fait s'est perpétué depuis les âges primitifs jusqu?agrave; nos jours; il n'est pas un livre entre ceux même où la possibilité de changemens à vue dignes de l'Opéra se trouve justement vouée au ridioule où néanmoins les mots de déluge universel de grandes révolutions physiques et de cataclysmes ne soient parfois employés comme argumens. Il serait temps cependant de faire disparaître toutes suppositions gratuites du langage scrupuleux qui seul convient dans la science. Il est incontestablement arrivé à la surface du globe des fracassemens de terre des irruptions de mer des ruptures de lacs des débordemens de fleuves des écartemens de montagne des engloutissemens et des formations d?icirc;les volcaniques des écroulemens de rochers et jusqu?agrave; des bouleversemens qui purent changer les rapports qu'arvaient entre elles de vastes régions continentales; mais ces catastrophes toutes locales prodigieuses par rapport à notre petitesse microscopique dans l'immensité de l'univers n'y ont point opéré de subversion totale. La destruction de la grande Atlantide elle-même à laquelle nous croyons fermement ne fut pas sur le globe un événement proportionnellement plus important que ne le serait à la surface de l'Europe ou dans les forêts maréeageuses du Canada la destruction d'une fourmilière ou d'une cité de Castors. Lorsque le détroit de Gibraltar se forma quand l'Angleterre se sépara du continent si quelques cahanes d'Atlantes ou de Celtes's' élevaient sur les portions de terré qu'entrainèrent les flots les Celtes et les Atlantes riverains qui purent échapper au désastre ne manquèrent pas de croire à quelque perturbation totale survenue dans la nature; ils attribuèrent au courroux des dieux l?eacute;pouvantable destruction de leur patrie; ils se soumirent à des expiations dans l'espoir d'apaiser le ciel irrité au nom auquel leurs prêtres ne manquaient pas de promettre que de semblables malheurs ne se renouvelleraient pas tant que les peuples s'abandonneraient aveuglément aux volontés d'en haut qu'ils se réservaient de transmettre et d'interpréter. Cependant des brisemens pareils ou même plus dévastateurs encore ont eu lieu en mille autres points de l'univers mais selon que le théâtre de telles révolutions était ou non peuplé ces événemens demeuraient ignorés ou l'histoire en perpétua le souvenir. Il serait facile de remonter à la source de chaque tradition de déluge en examinant l?eacute;tat physique des lieux que ces prétendus cataclysmes durent noyer; nous avons déjà dit sur quel point de l'Afrique on reconnaît les traces de celui dont il est fait mention dans les anciens livres des Hommes d'espèce arabique (vol. VII p. 292). Les autres déluges dont parle l'histoire profane eurent probablement lien lors de l'irruption de la Mer Noire dans la Propontide et de celle-ci dans la Méditerranée proprement dite à travers la contrée qui s'entr'ouvrit pour devenir la Mer Egée.

L'usage d'expliquev par des déluges universels le séjour des flots au-dessus des plus hautes montagnes était bien digne de l'esprit grossier des temps primitifs où des hommes abrutis par la superstition s'en pouvaient seuls contenter; mais on à peine à concevoir comment on y revient encore aujourd hui. En admettant qu'une cause subite eût pu ajonter à la masse des Mers une quantité d'eau suffisante pour que les plus hautes montagnes en dussent être recouvertes et qu'une si grande inondation eût disparu assez promptement pour que Deucalion et Pyrrha par exemple échappés miraculeusement au désastre aient eu le temps de repeupler aussitôt la terre on serait toujours dans l'impossibilité de rendre raison d'une multitude de faits géologiques dont l'examen prouve que beaucoup de calme et des milliers de siècles furent nécessaires pour façonner sous les eaux la croûte du globe oà nous vivons et la rendre

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telle que nous la voyons aujourd'hui. Dans ces amas de pétrifications qui n'ont pu se former qu'au sein des Mers primitives et qui sont si élevés au-dessus des Mers actuelles on n'observe rien dont la répétition n'ait lieu dans les amas analogues que nous voyons se former maintenant sur nos rivages ou dans les profondeurs océaniques. Des Polypiers pierreux et des Coquilles se superposèrent alors une génération couvrant de ses débris les débris d'une génération précédente et ainsi de suite comme il arrive aujourd'hui en formant des couches régulières mêlées tout au plus avec d'autres couches de sédimens paisiblement déposées et généralement parallèles entre elles toutes les fois que des causes locales ne venaient pas déranger l'ordre naturel. Les bancs calcaires pénétrés de débris jadis animés aux plus grandes élévations où les naturalistes en aient observé présentent absolument la même physionomie que les falaises de nos bords et que les récifs qui dans les parties chaudes de l'Océan s'élèvent journellement et ne tarderont pas à fournir des supplémens à la terre en interceptant de futures Méditerranées (V. p. 388 de cet article). Réaumur observateur ingénieux autant que circonspect remarqua le premier dans certains faluns que si les Coquilles dont ces faluns se composaient y eussent été brusquement accumulées ou les trouverait entassées nécessairementet sans ordre; ce qui n'arrive pas toujours puisque plusieurs sont placées dans la position où elles durent vivre et mourir par le seul effet de l?acirc;ge. Cette découverte fut des plus fécondes et les naturalistes que n'enchaînait aucun préjugé commencérent à distinguer deslors dans les prétendus monumens de confusion qu'on disait dater d'un cataclysme récent l'effet des siècles et du repos. Ils y virent surtout les preuves de cet ordre inaltérable établi dans le vaste ensemble de la nature où le temps qui manque sans cesse à l'accomplissement de nos œuvres demeure éternellement à la disposition de la Puissance Créatrice qui n'éprouva jamais la triste nécessité de compter avec ce temps pour changer modifier ou consolider les siennes.

Ainsi nul cataclysme universel ne put de mémoire d'homme bouleverser la surface du globe et si les méticuleux trouvaient que cette assertion porte en soi quelque témérité nous leur répondrions par les argumens déjà employés dans un autre endroit de ce Dictionnaire (T. VI p. 330). Mais si l'histoire du déluge appelé universel dans les livres sacrés ne concerne qu'une petite partie de la terre celle qui s?eacute;tend de l'Abyssinie au détroit de Babel-Mandel; ce n'en serait pas moins daus ces livres même que nous trouverions les preuves irréfragables du séjour primitif des Mers au-dessus du globe entier. Les pères de l'Eglise l'y ont reconnu; et nous pourrions appeler à l'aide de cette opinion saint Jean Damascène saint Ambroise saint Basile et le grand saint Augustin particulièrement. L'ESPRIT DE DIEU abstraction sacrée qu'on peut ici traduire par SA VOLONTÉ CRéATRICE se mouvait alors à la surface des eaux. Et rien ne saurait être plus conforme à ce qui résulta de son mouvement dans la création que cètte Révélation précieuse. Mais que sont devenues les eaux environnantes ? ont demandé les incrédules. Quelques auteurs ont imaginé pour leur répondre qu'il s?eacute;tait tout-à-coup formé de profondes cavernes dans le sein de la terre afin d'en engloutir la surabondance; d'autres ont eu recours à l?eacute;vaporation. Van-Helmont que scs contemporains ne comprenaient pas et qu'ils regardèrent comme un extravagant parce que son génie le rendait déjà notre contemporain Van-Helmont entrevit le pourquoi de cette diminution des eaux qu'on Jexpliquait par des impossibilités. Il en trouva les causes dans une sorte de décomposition chimique et l'immortel Newton

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adopta les idées du savant Belge puisqu'il pensait « que les parties solides de la terre s'accroissent sans cesse tandis que ses parties fluides diminuent journellement et qu'elles disparaîtront enfin totalement du globe terrestre comme elles semblent avoir disparu du globe lunaire où n'existe plus même d'atmosphère dans le genre du nôtre qui se compose de fluides vaporisés. ff

D'où ces artisans à peine visibles des Madrépores et dont les parties muqueuses se dissolvent si aisement pourraient-ils tirer les matériaux des bancs énormes dont ils encombrent l'Océan par l'entrelacement de rameaux calcaires? d'où les Mollusques et les Conchifères parmi lesquels une valve de Tridacne peut contenir autant de phosphate calcaire que dix squelettes humains pourraient-ils tirer les élémens de leurs tests destinés à former des pierres de taille? enfin d'où tant d'autres créatures dont l'organisation repose sur un système osseux et solide tirent-elles les principes dont leurs os et leurs solides se composent? Ces créatures sont les causes de la diminution des eaux et nous le répéterons ici parce qu'il est des vérités qu'on doit reproduire jusqu?agrave; ce que personne ne les conteste plus. « Les êtres organisés ne semblent être doués de la faculté nutritive et organisatrice en vertu de laquelle ils croissent et se perpétuent que pour préparer durant leur vie des augmentations au règne minéral. Ainsi le fœtus de tout Animal que soutient une charpente osseuse ou le Mollusque et le Conchifère naissant n'offrant dans leur état rudimentaire aucune trace de phosphate calcaire doivent en se développant préparer une plus ou moins grande quantité de cette substance qu?agrave; l'heure de la mort les uns et les autres rendront au sol. Ainsi parmi les Plantes la Prêle avec ses aspérités rugueuses les Graminées avec leur enduit vitreux le Bambou avec son tabaxir auront également préparé de la silice. Tout

Végétal tout Animal devant laisser après lui et pour reliques de son existence une quantité quelconque de détritus appartenant au règne inorganique peut donc être comparé à ces appareils que l'Homme rival de la nature imagina pour changer eu apparence la substance des corps et par les secours desquels il fait du verre avec des métaux des huiles essentielles avec des plantes et du noir d'ivoire avec des os. ff Celsius que nous avons déjà cité au sujet de l'abaissement de la Méditerranée Baltique attribuait cet abaissement à la décomposition de l'eau opérée par la végétation qui la convertit en parties solides d'où résultent des parties terreuses par la putréfaction des Végétaux. « Cette opinion de Celsius dit Patrin qu'il est permis de citer quand il ne s?eacute;gare pas dans ses volcans est aujourd'hui prouvée par l'expérience et l'on peut y joindre comme preuve l'action vitale des Testacés et autres Animaux marins à enveloppe pierreuse qui suivant l'opinion de Buffon ont la propriété de convertir l'eau de la Mer en terre calcaire. ff En effet n'a-t-on pas vu dans ce qui a été dit au paragraphe de cet article où nous avons parlé de la nature des eaux de la Mer que tous les élémens de créations se trouvaient comme dissous dans ces eaux afin qu'ils y pussent servir de base à la spontanéité des premières créatures d'essai dans un milieu où tant dautres causes ajoutent aux chances nécessaires pour déterminer l'organisation rudimentaire.

En reconnaissant l'intervention de la vie et des siècles dans la diminution des eaux de la Mer on sent que cette diminution n'a pu être que graduelle et très - lente. Elle a eu lieu sans altérer cet équilibre l'une des premières nécessités résultantes des lois de la nature et en vertu duquel les fluides recherchent le niveau: aussi les Mers ne s'abaissent pas de la plus petite portion de leur masse que l'abaissement ne soit réparti proportionnellement à toute sa su-

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perficie. C'est en vertu de cette règle que d'immenses quartiers de rocs obéissant aux soulèvemens occasionés au fond d'un Océan primitif sans borne par des volcans sous-marins durent apparaître successivement au-dessus de cette superficie en raison de leur élévation qui avait eu lieu aux dépens de la substance même du noyau planétaire; ces vastes fragmens de la roche vierge n?eacute;taient point encore encroûtés de substances calcaires préparées par une antique animalité aussi sont-ils devenus chacun l'un après l'autre les sommets de ces montagnes que nous appelons Primitives parce qu'on ne reconnaît dans leur masse ou vers leur faîte rien qui ait vécu. Entre les fissures occasionées au fond des Mers par ces volcans dont la chaleur pouvait encore contribuer si loin de l'influence solaire au développement des premiers Hydrophytes des premiers Polypiers et des premiers Coquillages; ces premières créatures en quelque sorte préparatoires commencèrent à se propager abondamment protégées qu elles étaient contre la violence d'un courant général qui devait agir d'abord sans obstacle en sens inverse de la rotation du globe; les pentes des Alpes naissantes offraient à ces Animauxdes asiles où par l'accumulation de leurs restes se sont préparées ces plus anciennes formations calcaires que nous voyons aujourd'hui s'appuyer aux grands systèmes de montagnes; amas imposans de rochers qui furent éternellement bruts et de couches pierreuses où les moindres particules vécurent et dont les crêtes étaient dès lors tellement battues des vagues que nul être organisé ne s'y pouvant attacher ces crêtes chenues sont demeurées sans fossiles comme pour nous faire connaître de quelles roches se compose la croûte réelle du globe à laquelle la succession de ses habitans n'ajouta qu'une croûte factice et moderne en comparaison de la première formation des hautes montagnes.

Nons sortirions du cadre de ce Dictionnaire si nous entreprenions de suivre dans tous see effets une diminution dont rien n'interrompt le cours. D'après ce qui vient d?ecirc;tre établi il est pen de faits généraux en géologie qui ne s'expliquent aisément. Il ne nous reste qu'à faire voir que s'il existe en quelque point du globe des accidens d'où l'on ait pu inférer que les Mers changeaient de place diminuaient en divers lieux et s'accroissaient en d'autres de tels accidens sont eux-mêmes des preuves en faveur de la diminution graduelle et continue dont on vient d'établir la théorie. En vain l'on arguërait encore d'Aigues-Mortes qui n'est plus un port et des inondations si fréquentes en Hollande pour soutenir « que si la Mer perd d'un côté elle gagne de l'autre; ff cette vieille erreur comme tant d'autres n'est un article de foi que pour l'ignorance. La Hollande à l'embouchure du Rhin et de ses grands affluens l?icirc;le de Nogat à l'embouchure de la Vistule se composent d'alluvions formées aux dépens des montagnes d'où naissent la Vistule et le Rhin ou des plaines traversées par ces fleuves; successivement déposés vers la ligne de contact formée par les courans d'ean douce qui les chariaient et par les flots qui leur faisaient obstacle les matériaux de ces alluvions constituèrent d'abord des barres dans le genre de celles qu'on retrouve à l'embouchure des moindres ruisseaux qui se déchargent dans la Mer; ces barres s'étendirent; leur surface finit par demeurer à découvert dans les basses marées; les hommes pour les incorporer à leur domaine les environnèrent aussitôt de digues et les mirent ainsi à l'abri du flux; mais les terrains dus à ces usurpations n'en sont pas moins demeurés au-dessous du niveau réel des moyennes eaux. Quand soulevée par les tempêtes aux grandes marées des équinoxes la vague furieuse brise les faibles barrières élevées par l'indus-

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trie humaine et parvient à inonder les polders la Mer ne fait pas de conquête: elle rentre simplement dans le domaine dont elle s?eacute;tait laissé dépouiller. La Mer ne se retire pas davantage sur les côtes provençales qu'elle n'empiète sur les plages bataves. Le Rhône comme le Rhin entraîne en dépouillant la vallée qu'il déchira des cailloux du sable de la terre avec toute sorte de débris; ces matériaux sont déposés au point où le courant fluvial lutte avec les flots de la Méditerranée avant de s'y perdre; il se forme un delta en ce point delta qui ne cessant de s'accroître recule de plus en plus les rivages. La même chose a lieu à l'embouchure du Pô où se comblent annuellement quelques lagunes vénitiennes; à l'embouchure du Nil dont les nombreux canaux s'obstruent de jour en jour; en un mot dans tout l'univers en chaque endroit où de grands cours d'eau sont comme les moyens employés par la nature pour niveler les continens et pour hâter l'encombrement des Mers. Les deux cas dont nous venons de parler ne présentent d'ailleurs aucun rapport avec la question de la diminution générale et continuelle des eaux à la surface du globe; ils tiennent uniquement à des causes locales; d'une grande importance par rapport aux Hommes ils ne sont que de peu de considération dans l'immensité de l'univers.

On peut conclure de la diminution graduelle des eaux à la surface du globe que les continens ou les îles que nous habitons maintenant ne présentèrent pas tonjours les formes que nous leur voyons. Des fragment du noyau planétaire immenses par rapport à nous mais dont la hauteur est si peu considérable par rapport au diamètre de notre planète ayant comme nous l'avons vu tout à l'heure été soulevés par les plus anciens volcans formèrent dans la ligne d'action de ceux-ci soit des ceintures de murailles continues soit des pointes plus ou moins écartées les unes des autres et dont les intervalles usés pardes courans s?eacute;tant remplis de débris des générations marines superposées après leur mort sont devenus par leur apparition au-dessus des eaux ce que nous appelons des Alpes des Pyrénées ou des Cordillières. Le reste des accidens qu'on aperçoit dans la contexture de ces montagnes vient de causes plus récentes c'est-à-dire dont l'effet semble postérieur à l?eacute;mersion de chacune. Pour expliquer la plupart de ces accidens on doit tenir compte du dessèchement des couches qui s'y trouvèrent comme interposées et sur-ajoutées ou qui en appuyaient les bases; dessèchement qui n'ayant pas suivi une marche uniforme à cause de la nature diverse de ces couches causa postérieurement de nombreux affaissemens des écartemens des brisemens nouveaux et secondaires dont les eaux pluviales ont profité pour creuser le lit des torrens et les vallons pour arrondir les angles des cassures pour défigurer le produit des fracassemens primitifs pour déterminer des fracassemens nouveaux ou pour former des lacs en s'accumulant au fond de plusieurs cavités demeurées sans issue au sein des terrains soulevés. Ajoutons à ces causes de changemens récens qui ne permettent plus de reconnaître l?eacute;tat primitif des choses qu'il exista dans les couches de la terre nouvelle des bancs de substances facilement pénétrables par l'cau couches inférieures dont plusieurs ont été ramollies souterrainement par l'effet des infiltrations et qui ayant été dissoutes et entraînées ont laissé des vides immenses qui donnèrent lieu à des affaissemens dont plusieurs ont pu rendre à la Mer ou bien à l'eau douce de vastes espaces qu'avait long-temps ombragés la verdure et peuplés des Animaux de toute espèce. Des réservoirs et des canaux d'eau douce s?eacute;tant formés dès qu'il exista des montagnes l'addition de ces eaux douces résultées de l?eacute;vaporation opérée à la surface de la Mer fut un élément nouveau d'organisation végétale et ani-

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male sur le monde naissant et s'il était permis d'employer cette expression comme sortant des eaux de son amnios. On voit déjà par ceci comment les terrains d'eau douce se purent préparer de bonne heure et comment ce qui avait pu avoir lieu sur les croupes de moutagnes apparues les premières put se renouveler entre les anastomoses de leur base sur de plus grands espaces.

La terre habitable se composa donc primitivement d'archipels sans nombre et offrit partout la figure que présente maintenant la Polynésie et la plus grande partie de l'Océan Pacifique. Nous avons sur une suite de mappemondes qui ne tarderont point à voir le jour tracé de cinq cents toises en cinq cents toises de diminution les diverses figures que dut prendre successivement avant d?ecirc;tre ce qu'il est le théâtre de nos misères. Ces cartes nous paraissent devoir jeter une vive clarté sur l'histoire de la création: elles donneront des moyens certains de rendre compte de la propagation du mélange ou de l'isolement d'un grand nombre d'espèces végétales et animales à la surface du globe: elles feront voir combien sont peu fondées les opinions de ceux qui placent le berceau de plusieurs espèces du genre humain ou qui cherchent les contrées sur lesquelles se mêlèrent des races sorties de ces espèces vers des points de la terre qui appartenaient à la mer il n'y a peut-être pas trois mille ans (V. MARAIS). Quand on aura attentivement examiné nos cartes on résoudra sans difficulté plusieurs problèmes d'histoire naturelle et de géographie physique demeurés d'autant plus obscurs qu'on en avait raisonné davantage sans avoir essayé préalablement de remonter à ce qu'on pourrait appeler aussi les étymologies dans les sciences physiques.

Le fond de la Mer ne nous étant pas connu comme la surface de la terre nous n'ajouterons pas aux cartes que nous promettons celle du globe tel qu'il sera lorsque les Mers n'en humecteront plus aucun point et que gelé selon Péron ou incendié selon saint Jean l'Evangeliste il présentera l'aspect du globe lunaire. Nous connaissons trop le danger des publications hâtives pour nous engager de la sorte dans le domaine des conjectures et l'article Mer finira pour nous où cessent les données positives.

Dans cet article nous n'avons parlé ni des Trombes ou Siphons ni des Ouragans ni des Tempêtes; ces dernières surtout étant plus du domaine de la poésie que de celui de l'histoire naturelle nous en croyons la description déplacée dans la relation d'un voyage ou dans un ouvrage du genre de celui-ci. « Nous eussions pu comme tout autre disions-nous en citant un horrible coup de vent dont nous fûmes le jouet par le travers du canal de Mozambique représenter dans un jour douteux le ciel humide et menacé par des vagues que soulevait le souffle des autans; montrer notre navire tour à tour précipité jusqu'aux ténébreuses profondeurs voisines des derniers gouffres de l'Océan ou subitement élevé sur une lame mugissante dont la verdâtre épaisseur s?eacute;croulait bientôt en écume phosphorique ou blanche comme la neige. Mais une marine où Vernet représente l'atmosphère chargé de lourds nuages les flots et le ciel presque confondus daus une même teinte sombre où ne se distingue à la lueur de l?eacute;clair que l'Oiseau des tempêtes se jouant autour d'un navire prêt à périr donne une idée bien plus exacte du courroux de l'Océan que tout ce qu'on en peut jamais écrire. ff. (B.)

* MÉRA. BOT. PHAN. L'Arbre de Madagascar mentionné sous ce nom par Flacourt paraît être le Securinega de Commerson. V. ce mot. (B.)

* MÉRASPERMA. BOT. CRYPT. (Confervées?) Rafinesaue a établi ce genre parmi cc qu'il nomme des

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Conferves; mais il en dit les tubes inarticulés ce qui nous ferait croire que ce sont des Ectospermes qu'a voulu désigner ce naturaliste. Il en dit encore les tubes comprimés et en cite des espèces américaines entre lesquelles est le dichotoma. (B.)

* MÉRATIE. Meratia. BOT. PHAN. Loiseleur Deslongchamps avait établi sous ce nom un genre dont le type était le Calycanthus prœcox L.; mais ce même genre ayant été nommé Chimonanthus (V. ce mot) par Lindley le nom de Meratia était resté sans emploi. Cassini s'en est servi pour remplacer celui de Delilia proposé par C. Sprengel (Bullet. de la Soc. Philomat. avr. 1823) parce qu'il existe déjà un autre genre dédié par Humboldt et Bonpland au professeur Delile. V. LILÉE. Le Meratia de Cassini appartient à la famille des Synanthérées tribu des Hélianthées et à la Syngénésie superflue L. Voici les caractères qui lui sont attribués par ce botaniste: involucre double; l'extérieur beaucoup plus grand formé de trois folioles libres inégales à peu près orbiculaires échancrées à la base mucronées au sommet membraneuses réticulées et hispidules l'une d'elles plus grande les deux autres à peu près égales superposées et opposées à la première; involucre intérieur beaucoup plus petit que l'extérieur composé probablement de trois écailles oblongues coriaces glabres soudées entre elles formant par leur réunion un étui obovoïde oblong triquètre qui embrasse étroitement les ovaries des fleurs; réceptacle ponctiforme probablement nu; calathide composée de trios fleurs deux au centre ayant une corolle dont le tube est long et grêle le limbe à cinq divisions; cinq anthères à peine cohérentes; l'ovaire en partie avorté n'ayant qu'un style à deux branches écartées; la fleur du bord est unique sa corolle est à peu près aussi longue que celles du centre offrant un limbe en coruet uon étalé fendu sur la face intérieure; son ovaire est surmonté d'un style à deux stigmatophores très-longs et arqués en dehors. Ces caractères que nous avons abrégés pour ne présenter que les plus saillans n'ont pas été ainsi exposés par Sprengel. L'involucre intérieur est entièrement de la composition de Cassini qui refuse d'admeltre l'existence d'un seul ovaire supportant trois corolles de Synanthérées lesquelles contiendraient chacune des organes génitaux; il suppose avec raison quelque erreur d'observation de la part de Sprengel erreur qui aura donné lieu à des différences imaginaires. Ainsi ce que ce dernier botaniste a considéré comme le péricarpe de l'ovaire n'est qu'un second involucre tel que celui qui est imaginé par Cassini et dont nous avons développé la structure. Le Meratia. a de l'affinité avec le Milleria genre susceptible d'être partagé en deux; l'un qui aurait pour type le Milleria quinqueflora L. et qui conserverait le nom de Milleria; l'autre qui serait fondé sur le M. b�flora et qui recevrait celui d'Elvira. V. ce mot.

La MÉRATIE DE SPRENGEL Meratia Sprengelii Cass. Delilia Berterii Spreng. loc. Cit. est une Plante herbacée annuelle légèrement hispide et ayant quelque ressemblance extérieure avec un Melampodium. Elle a des feuilles opposées pétiolées oblongues lancéolées un peu crénelées et à trois nervures; les calathides de fleurs sont jaunes et rassemblées en faisceaux à l'extrémité des tiges ou portées sur des pédoncules courts et axillaires. Cette Plante est originaire de l'Amérique méridionale prèsdu fleuve de la Madeleine où elle a été découverte par Bertero. (G..N.)

MERCADONIA. BOT. PHAN. Pour Mecardonia. V. ce mot. (G..N.)

MERCANETTE. OIS. Syn. vulgaire de Sarcelle d?eacute;té. V. CANARD. (DR..Z.)

* MERCOLFUS. OIS. (Aldrovande.) Syn. de Rollier. V. ce mot. (DR..Z.)

MERCORET. BOT. PHAN. L'un des

TOME X. 27

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noms vulgaires de la Mercuriale commune. (B.)

MERCURE. INS. Papillon du genre Satyre. V. ce mot. (B.)

MERCURE. MIN. Genre de la classe des substances métalliques au topsides composé de quatre espèces dont l'une offre le Mercure à l'état natif et les autres le présentent combiné avec le Soufre le Chlore et l'Argent. Ces dernières sont connues sous les noms de Mercure Sulfuré Mercure muriatéet Mercure argental.

1. MERCURE NATIF. Métal blanc liquide à la température ordinaire; pesant spécifiquement 13 58; se congélant à la température de 40° centigrades au-dessous de zéro et se volatilisant par l'action d'une chaleur peu élevée. Le phénomène de la congélation du Mercure observé pour la première fois en Sibérie par Delisle et Gmelin dans les thermomètres dont ils faisaient usage a été reconnu depuis et étudié par Braun Æpinus Black et Cavendish. Ce Métal en se solidifiant cristallise en octaèdres. Ses usages dans les arts économiques et dans la médecine ainsi qué ceux de ses nombreuses préparations seront indiqués dans la suite de cet article où ce Métal sera considéré sous le point de vue chimique. Le Mercure natif existe tout formé dans la nature mais toujours en petite quantité; en sorte qu'il ne fait jamais seul l'objet d'aucune exploitation. Il accompagne fréquemment le Mercure sulfuré; se trouve en globules dans les fissures du Minerai et quelquefois disséminé dans toute Sa masse.

2. MERCURE ARGENTAL. Amalgame naturel d'Argent; hydrargirure d'Argent Beud.; substance d'un blanc d'Argent cristallisant en dodécaèdre rhomboïdal et composée de deux atomes de Mercure pour un atome d'Argent ou en poids de 65 paities de Mercure sur 35 parties d'Argent. Sa pesauteur spécifique est de 14 2. Elle donne du Mercure par la distillation et se décompose par l'action

du feu en laissant sur le charbon un globule d'Argent. On ne connaît de cette substance que deux variétés principales: le Mercure argental cristallisé toujours en dodécaèdre rhomboïdal ou simple ou modifié sur ses angles et sur ses arêtes et le Mercure argental lamelliforme en lames minces ou en dendriles superficielles étendues sur différentes gangues. L'un des Cristaut décrits par Haüy est la réunion de six formes différentes et possède 122 faces. Le Mercure argental ne se trouve qu'accidentellement çà et là dans quelques mines de Mercure surtout dans celle de Moschelandsberg dans l'ancien duché de Deux-Ponts. Sa gangue est tantôt un Grès tantôt une Argile lithomarge.

3. MERCURE MURIATÉ ou mieux Chlorure de Mercure. Quecksilber Hornerz Wern. Substance d'un gris de perle fragile et volatile par l'action du feu; déposant du Mercure lorsqu'on la passe avec frottement sur une lame de Cuivre humectée; cristallisant en prismes à base carrée teiminés par des pyramides; les dimensions du prisme fondamental ne sont pas encore bien connues. C'est un bi-chlorure de Mercure contenant 15 parties de Chlore et 85 parties de Mercure. Ce Minéral se rencontre quelquefois sous la forme de concrétions mamelonnées ou fibreuses dans les cavités d'un Grès secondaire à Almaden en Espagne et dans la mine du duché de Deux-Ponts.

4. MERCURE SULFURÉ. vulgairement Cinnabre. Bisulfure de Mercure composé de 14 parties de Soufre et 86 de Mercure; d'une couleur rouge foncé passant au rouge brun; offrant dans sa poussière une belle teinte de rouge écarlate; soluble seulement dans l'Acide nitro muriatique; se volatilisant complétement au chalumeau en donnant une flamme bleue et une odeur sulfureuse; laissant un enduit d'un blanc métallique lorsqu'on le passe avec frottement sur le Cuivre; ses cristaux se rapportent au système rhomboédri-

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que et Haüy a adopté pour forme fondamentale un rhomboïde aigu de 71° 48? qui n'offre point de joints très-sensibles parallèlement à ses faces mais qui se divise très-nettement par des coupes parallèles à l'axe en donnant les pans d'un prisme hexaèdre régulier; le Cinnabre pèse spécifiquement environ 7; il est facile à gratter avec le couteau; ses formes présentent ordinairement les pans du prisme hexaèdre régulier combinés avec les faces de trois rhomboïdes différens qui tous dérivent du rhom boïde primitif par des modifications simples sur les angles-plans des sommets. Les autres variétés dépendantes de la structure sont: le Mercure sulfuré lamellaire l?eacute;cailleux ou granuleux le fibreux le pulvérulent dit vermillon natif et le compacte. Quelquefois cette dernière variétéest feuilletée ou testacée; mais alors elle est mélangée de bitume; c'est le Mercure sulfuré bituminifère ou Mercure hépatique. Le Mercure sulfuré surtout celui qui est bitumineux est la principale mine de Mercure que l'on exploite pour fournir aux besoins des arts et des manufactures. Il se trouve presque uniquement dans les terrains secondaires et c'est particulièrement dans le Grès rouge dans le Grès houiller et les Argiles schisteuses et bitumineuses qui l'accompaguent qu'on le rencontre en abondance. Ces Argiles renferment des empreintes de Poissons dont les écailles sont conservées des Plantes de la famille des Fougères passées à l?eacute;tat charbonueux des coquilles fossiles etc. Tous les Minerais de Mercure sulfuré sont très-riches même celui qui est bitumineux qui renferme 81 parties de métal et qu'on peut regarder comme le plus important parce qu'il existe en couches très-puissanies. Les principales mines de Mercure sont celles d'Idria dans le Frioul; d'Almadeu dans la Manche en Espagne; et du Palatinat sur la rive gauche du Rhin. Il existe encore des exploitations de Mercure en Hongrie en Bohême dans plusieurs autres parties de l'Allemagne et dans les deux Amériques. (G. DEL.)

Il a été seulement question jusqu'ici du Mercure considéré mineralogiquement c'est-à-dire des divers états sous lesquels cet important Métal se présente dans la nature. Pour compléter son histoire nous exposerons les combinaisons chimiques qu'il est susceptible de contracter avec les autres corps et en même temps nous ferons conuaître les utiles applications qui en ont été faites aux sciences et aux arts.

Le Mercure métallique existe naturellement dans plusieurs mines (V. MERCURE NATIF) mais jamais en masses considérables; l'immense quantité de celui dont on fait usage dans les arts s'obtient artificiellement en décomposant par la chaleur le Mercure sulfuré après l'avoir mélangé avec de la Chaux vive ou de l'Argile. Les procédés distillatoires sont plus ou moins perfectionnés selon les différens pays où ce Métal est en exploitation. Dans le Palatinat on emploie des cornues de fonte que l'on place dans des fourneaux à galère et qui sont lutées à des récipiens extérieurs coutenant de l'eau. Dans les mines d'Almaden en Espagne et d'Idria en Istrie où l'on opère plus en grand la distillation du Minerai de Mercure se fait dans deux pavillons séparés par une terrasse inclinée vers le milieu en forme de toit renversé; l'un de ces pavillons fait l'office de cornue et l'autre celui de récipient. La distillation par ce procédé est très-im parfaite et l'on assure qu'il se perd une grande quantité de Mercure.

La liquidité de ce Métal sa pesanteur son éclat vif etargentin la pureté et l'homogénéité qu'on lui fait acquérir par plusieurs opérations chimiques la facilité avec laquelle il peut s'unir à d'autres Métaux et former ce que l'on nomme des Amalgames sont des qualités précieuses qui en rendent les usages aussi importans que variés. L'exploitation des mines d'Or et d'Argent en consomme d'immenses quan-

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tités puisque les mines de Mercure du Pérou et de l'Amérique méridionale dont le produit annuel est pourtant de 17 à 18 cents quintaux métriques sont tellement insuffisantes pour les besoins des mines d'Or et d'Argent de ces contrées que la plus grande partie du Mercure d'Europe passe en Amérique et qu'on a même eu recours en 1782 à celui qui s'exploite en Chine dans la province de l'Yun-Nan. Il est bon d'observer que par l'effet d'une politique imprévoyante et mesquine l'Espagne voulant tenir ses colonies d'Amérique dans une dépendance absolue avait interdit l'exploitation des mines de Mercure du Nouveau-Monde et qu'elle envoyait d'Europe tout le Mercure nécessaire aux mines d'Or du Pérou et du Mexique. D'un autre côté elle avait proscrit sur le Continent européen la culture des Végétaux utiles et dont l'acclimatation étaitpresque certaine. Mais les révolutions politiques ont annulé tous ces réglemens arbitraires. L'Amérique peut faire usage des ressources dont la nature s'est montrée prodigue envers elle tandis que l'Espagne doit se trouver très-heureuse aujourd'hui de lui emprunter quelques-unes de ses richesses naturelles telles que la Canne à sucre le Cacte de la Cochenille etc. qui sont maintenant en pleine culture sur la côte de Malaga.

Comme le Mercure ne devient solide qu?agrave; un froid très-vif (40° centigrades au-dessous de o) qu'il n'entre en ébullition qu?agrave; une chaleur fort élevée (360° centigrades audessus de o) et qu'ainsi il peut rester liquide entre des limites de température qui comprennent 400 degrés; comme d'un autre côté depuis o à 100 degrés il se dilate uniformément selon Dulong et Petit de 1 53/50 pour chaque degré centigrade ce Métal fluide est d'une grande utilité pour la confection des thermomètres et des baromètres. Leschimistes en forment leur bain ou cuve hydrargyro-pneuinatique instrument si nécessaire pour l'extraction d'un grand nombre de gaz. Les anatomistes en composent leurs injections délicates et le font pénétrer dans les tubes les plus déliés des systèmes vasculaire et nerveux. Sous forme métallique le Mercure est très-employé en médecine. Ce n'est pas dans un ouvrage de la nature de ce Dictionnaire qu'on doit exposer les effets thérapeutiques et l'action pernicieuse de ce Métal sur l?eacute;conomie animale; nous devons nous borner à citer les principales préparations qu'on lui fait subir. On divise le Mercure dans les corps gras résineux on gommeux de manière à atténuer ses globules et à un tel point qu'ils deviennent imperceptibles même à la loupe; on obtient par ce moyen des préparations externes et internes fort usitées dans les maladies syphilitiques et cutanées préparations que l'on connaît sous les noms d'onguent mercuriel Mercure gommeux pilules mercurielles etc. Les opinions sont partagées sur l?eacute;tat du Mercure dans ces préparations; selon les uns il reste à l?eacute;tat metallique selon les autres il a déjà subi un premier degré d'oxidation. Quoique le Mercure n'ait pas de saveur et d'odeur nuisibles il communique néanmoins à l'eau dans laquelle on le fait bouillir un goût très désagréable et qui lui fait acquérir des propriétés vermifuges.

Le nombre des combinaisons que le Mercure produit avec les autres corps est très-grand car souvent avec tel corps simple il en forme deux ou trois d'ou naissent ensuite à l'infini des combinaisons multiples. Nous ne mentionnerons ici que celles dont les arts les sciences et surtout la médecine ont su tirer parti.

Avec l'Oxigène le Mercure donne naissance à deux oxides: l'un (protoxide) qui existe combiné avec les Acides et forme des sels au minimum mais qui selon Guibourt ne peut être séparé de ces composés salins sans se transformer en un mélange de deutoxide et de Mercure métallique. On l'obtient en traitant par la Potasse ou la Soude un pro-

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to-sel dé Mercure par exemple le proto-nitrate; le précipité se forme en une masse noirâtre dont l'analyse a donmé 4 pour 100 d'Oxigène. La quantité de ce dernier principe étant un multiple par un nombre entier de celle du deutoxide nous pensons contre le sentiment de Guibourt que le précipité noir connu dans les pharmacies sous le nom de Mercure soluble de Hahneman est bien un protoxide et non un simple mélange. Le deutoxide de Mercure nommé anciennement précipité rouge précipité per se etc. est d'une couleur qui varie depuis le rouge orangé jusqu'au jaune et qui dépend de l?eacute;tat du sel qui a servi à le produire. Les anciens chimistes le composaient directement en chauffant pendant long-temps le Mercure avec le contact de l'air dans ce qu'ils nommaient l'enfer de Boyle c'est-à-dire dans une série de matras à fond plat et placés sur un fourneau à galère. On l'obtient aujourd'hui beaucoup plus facilement en exposant au feu le proto-nitrate ou le deuto-nitrate de Mercure jusqu?agrave; ce qu'il ne se dégage plus de vapeurs rutilantes. Si le nitrate employé est bien cristallisé le deutoxide a une helle couleur rouge orangé; elle est d'autant plus pâle que le nitrate est plus pulvérulent. Le deutoxide de Mercure contient 8 pour 100 d'Oxigène; il est légèrement soluble dans l'eau et sa solution verdit le sirop de violette. Les chirurgiens l'emploient comme escharrotique pour ronger les chairs fongueuses. Trituré convenablement avec des corps gras et dans une très-faible proportion il fait la base de plusieurs pommades antiophthalmiques. En se combinant avec les divers Acides les Oxides dont nous venons de parler forment un grand nombre de sels dont quelques-uns t été employés en médecine. Tels seat: l'acétate de protoxide de Mereure qui faisait la base des pilules ou dragées de Keyser long-temps Préconisées dans les affections syphilitiques; les nitrates de Mercure employés aussi dans un grand nombre de préparations antisyphilitiques et antipsoriques; le sous-sulfate de Mercure anciennement nommé Turbith minéral et que l'on donnait comme vomitif et diaphorétique.

Le Mercure forme deux combinaisons avec le Chlore savoir: un proto-chlorure et un deuto-chlorure. Le premier qui a reçu successivement les noms de Calomel précipité blanc Mercure doux Muriate de Mercure contient 18 parties de Chlore et 100 de Mercure. Il est blanc jaunissant à l'air sans saveur et insoluble dans l'eau. On l'obtient par divers procédés; le plus simple consiste à précipiter le nitrate de protoxide de Mercure dissous dans l'eau par le sel marin ou chlorure de Sodium. Ce deuto-chlorure mercuriel est un médicament très-usitésoitcomme purgatif vermifuge soit commeantisyphilitique. Le deuto-chlorure de Mercure généralement connu sous le nom de sublimé corrosif et qui dans la nomenclature de Guyton et de Levotsier était désigné sous celui de Muriate oxigéné de Mercure le deutochlorure disons-nous se compose de 36 parties de Chlore sur 100 de Mercure. Il est en pains lamelleux ou en aiguilles d'un beau blanc qui ne s'altère point à l'air. Il n'a pas d'odeur mais sa saveur est d'une âcreté excessive laissant dans la bouche un goût affreux; en un mot c'est un des plus dangereux poisonsue la chimie ait fait connaître. Il se dissout très-facilement dans l'eau et dans l'Alcohol. Parmi les divers procédés en usage pour la préparation du sublimé corrosif nous citerons le suivant: on mêle 5 parties de sulfate de Mercure 4 parties de chlorure de Sodium et une partie de péroxide de Manganèse. Le tout introduit dans nn matras à fond plat on chauffe graduellement jusqu à porter au rouge le fond de celui-ci. Dans cette opération l'oxigène du péroxide de Manganèse et de l'oxide de Mercure contenu dans le sulfate se porte sur le Sodium et forme de la Soude qui s'unit à l'Acide sulfurique tau-

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dis que le Chlore et le Mercure se subliment à l?eacute;tat de deuto-chlorure. Ce corps a de nombreux usages en médecine et dans les arts. On l'administre à l'intérieur en solution ou en pilules mais à des doses trèsfaibles contre la syphilis; à l'extérieur sous forme de lotion contre les maladies de la peau. L'emploi de ces remèdes nécessite toujours beaucoup de prudence de la part du praticien. Tout le monde connaît les effets redoutables du sublimé corrosif ingéré à une plus forte dose dans l'économie animale; mais comme il se décompose facilement et qu'il est ramené à l?eacute;tat de proto-chlorure par la plupart des substances organiques où l'Oxigène domine on a indiqué une foule de contrepoisons; le plus efficace lorsqu'on s'y prend à temps est l'Albumine ou le blanc d'œuf. On fait entrer le sublimé corrosif dans plusieurs préparations destinées à la conservation des pièces anatomiques et des objets d'histoire naturelle. V. les mots HERBIER et TAXIDERMIE.

Les sulfures de Mercure sont de même que les oxides et les chlorures au nombre de deux: l'un noir et l'autre rouge. Le premier (proto-sulfure) n'est considéré par Guibourt que comme un mélange du second avec du Mercure métallique. Cependant la même raison que nous avons donnée pour le protoxide peut être alléguée en faveur de l'existence du proto-sulfure. Le sulfure rouge (persulfure) vulgairement nommé Cinabre et quand il est pulvérisé Vermillon contient 16 parties de Soufre et 100 de Mercure. C'est le plus commun des Minerais de Mercurè mais il n'offre pas ordinairement la pureté de celui quiest produit artificiellement et dont la peinture fait un grand usage. Sa préparation consiste à incorporer une partie de Mercure dans 4 parties de Soufre en fusion et à sublimer le mélange dans un vase approprié.

Les combinaisons que le Mercure forme avec les autres corps simples non métalliques tels que l'lode le Phosphore etc. n'ayant qu'un intérêt très-borné nous ne pou vons les examiner ici: mais il n'en est pas de même de certains amalgames ou alliages du Mercure avec quelques Métaux; nous devons au moins mentionner ceux qui sont d'une utilité très-grande.

On se sert' pour étamer les glaces d'un amalgamed'Etain qui s'applique de la manière suivante: une feuille d?Eacute;;tain mise sur un plan horizontal est recouverte d'une couche de Mercure qui s'y combine par sa surface inférieure; on fait alors glisser dessus une glace afin d'expulser le Mercure en excès et on la charge de poids. Si le verre a été préalablement bien desséché l'amalgame ne tarde pas à y adhérer fortement. Avec l?Eacute;tain et d'autres Métaux le Mercure forme des alliages utiles aux arts et aux sciences mais que nous nous bornerons à indiquer; tel est l'alliage de Darcet qui se fond à une température inférieure à celle de l'eau bouillante; tel est encore l'alliage que l'on emploie pour augmenter l'intensité d'action des machines électriques.

L'amalgame d'Or s'obtient en plongean: l'Or rouge de feu dans du Mercure chaud. On sépare le Mercure non amalgamé en le faisant traverser une peau de chamois. L'amalgame qui reste dans celle-ci est blanc et contient une partie d'Or et une demi-partie de Mercure; il sert à dorer l'argent et le cuivre sur lesquels après les avoir bien décapés il suffit de l'appliquer. On chauffe ensuite pour volatiliser le Mercure et on donne à la dorure le ton de couleur désiré en la recouvrant d'une bouillie de Nitre d'Alun ou de Sel marin. On fait chauffer de nouveau on lave à l'eau bouillapte et l'on essuie la pièce.

Il est un amalgame triple qui conserve la fluidité du Mercure; c'est celui de trois parties de ce Métal une de Bismuth et une de Plomb. Comme ces deux derniers Métaux ont moins de prix que le Mercure il n'est pas rare de rencontrer dans le commerce

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celui-ci falsifié au moyen de l'amalgame en question; mais on le reconnaît facilement en ce qu'il fait la queue c'est-à-dire qu'au lieu de former des globules sphériques lorsqu'on le divise sur un plan de verre il prend alors des formes irrégulières en laissant des traces grises et sans éclat métallique. (G..N.)

MERCURIALE. Mercurialis. BOT. PHAN. Genre de la famille des Euphorbiacées et placé par les auteurs systématiques dans la Diœcie Ennéandrie L. Ses fleurs sont monoïques ou plus ordinairement dioïques; leur unique enveloppe est un calice tri ou plus rarement quadriparti. Dans les mâles on trouve des étamines au nombre de huit ou douze on davantage dont les filets libres et saillans sont terminés par une anthère à deux lobes distincts et globuleux; dans les femelles deux styles courts élargis et denticulés dans leur contour; un ovaire partagé en deux lobes par un sillon profond que suit de chaque côté un filet stérile à deux loges renfermant chacune un ovule unique; le fruit est une capsule à deux coques revêtue d'aspérités ou d'un duvet tomenteux. Les espèces de ce genre sont au nombre de dix environ à tiges frutescentes ou le plus ordinairement herbacées. Il est à remarquer qu'il y en a deux seulement exotiques l'une originaire de l'Inde l'autre du Sénégal et que Précisément dans ces deux seules les coques sont souvent au nombre de trois et les feuilles alternes. Elles sont opposées dans toutes les autres qui croissent en Europe; dentées ou entières stipulées et se teignant en séchant d'une couleur bleuâtre plus on moins foncée; les fleurs sont axillaires ou terminales; les mâles sur des épis où ils forment de petits pelotons accompagnés chacun d'une bractée; les femelles tantôt solitaires tantôt en épis ou bien en faisceaux. Deux espèces sont communes dans nos environs la Mercuriale vivace Mercurials perennis L. et surtput l'annuelle M. annua L. qui infeste tous les lieux cultivés. Elles participent aux propriétés purgatives de la famille dont elles font partie. (A. D. J.)

MERCURIASTRUM. BOT. PHAN. (Heister.) Syn. d'Acalyphe. V. ce mot. (B.)

MÈRE DE GIROFLE. BOT. PHAN. Même chose que Antofles. V. ce mot et GIROFLE. (B.)

MÈRE DES CAILLES. Nom que l'on donne assez vulgairement au Râle de Genêt. V. GALLINULE. (DR..Z.)

MÉRENDÈRE. Merendera. BOT. PHAN. Une Plante des Pyrénées que l'on avait confondue avec le Bulbocodium vernum auquel elle ressemble en effet d'une manière frappante par le port ainsi que par les dimensions et les couleurs de sa fleur est devenue le type d'un geure établi par Ramond (Bullet. de la Société Philom. n° 47 p. 178 t. 12) et adopté par De Candolle dans la seconde édition de la Flore Française. Ce genre qui appartient à la famille des Colchicacées et à l'Hexandrie Trigynie L. est ainsi caractérisé: périanthe divisé jusqu?agrave; la base en six segmens rétrécis en onglets allongés sur lesquels sont insérées six étamines à anthères longues étroites pointues sagittées droites et adhérentes aux filets par leur base; trois ovaires réunis par leur partie inférieure surmontés chacuu d'un style simple; capsule à trois lobes droits non-renflés semblable à celle des Colchiques. La principale différence qui existe entre ce geure et le Bulbocdium consiste dans la pluralité des styles du Merendera. Ce caractère ne peut avoir beaucoup de valeur; car ayant observé le Bulbocodium sur le vivant nous avons vu qu'il offrait aussi réellement trois styles; mais ces styles étant soudés dans presque toute leur étendue simulent la structure d'un style simple et triquètre. Comme ils ne sont unis que par un léger tissu cellulaire on peut les séparer sans laçération pour

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peu qu'on écarte leurs stigmates. L'organisation du Merendera nous semble donc tellement semblable à celle du Bulbocodium qu'il est bien difficile d'admettre la séparation de ces genres. L'auteur de la Théorie élémentaire de la Botanique a le premier démontré combien il était important pour la taxonomie de se tenir en garde contre les soudures naturelles. C'est donc appuyé de ses propres principes que nous proposons d?eacute;liminer un genre qu'il avait adopté dans sa Flore Française avant d'avoir connu la véritable organisation de la Plante dont on l'avait séparé. Quoiqu'il en soit le Merendera Bulbocodium Ram. D.C. et Redouté (Liliacées 1 tab. 25) est une Plante spécifiquement différente du Bulbocodium vernum. Si l'on admettait notre opinion relativement à sa classification on pourrait la nommer Bulbocodium Merendera. Elle ne s?eacute;lève pas à plus d'un décimètre; son bulbe ovoïde émet à la fin de l'été une fleur solitaire d'un lilas purpurin à laquelle succèdent des feuilles linéaires concaves et étalées; le pédoncule s'allonge considérablement après la floraison et porte une capsule qui s'ouvre en trois valves lors de sa maturité. Cette espèce croît dans les pelouses des Hautes-Pyrénées. Desfontaines l'a aussi trouvée sur les collines des envirotis d'Alger. Ramond a donné sur l'évolution de sa racine des détails extrêmement curieux. Selon ce savant observateur elle se compose d'un gros bulbe qui pompe les sucs de la terre par de nombreuses radicelles et nourrit un très-petit bulbe naissant latéralement de sa base. C'est de celui-ci que procèdent les feuilles et la fleur qui percent les enveloppes communes aux deux bulbes en se glissant le long d'une rainure pratiquée dans le premier. Les tuniques propres de ce petit bulbe donnent naissance aux feuilles et aux organes de la fleur excepté aux ovaires et aux styles qui ainsi que la hampe sont produits par un noyau parenchymateux. Ce bulbe florifère s'enracine immédiatement après la fécondation et prend subitement son accroissement en repoussant l'ancien bulbe qui se flétrit s'aplatit et demeure enfermé comme un corps étranger entre ses propres tuniques. Marschall-Bieberstein dins sa Flora Taurico-Caucasica a formé une seconde espèce de Merendera sous le nom de M. Caucasica qui a pour synonyme le Bulbocodium trigynum d'Adams. (G..N.)

* MÉRENDÉRÉES. BOT. PHAN. (Mirbel.) V. COLCHICACéES.

MÉRÉTRICE. Meretrix. MOLL. Nom que Lamarck a d'abord donne au genre qu'il démembra des Vénus de Linné et auquel il donna plus tard la dénomination plus convenable de Cythérée. V. ce mot. Blainville dans l'article MOLLUSQUE a conservé ce nom pour une de ses nombreuses divisions des Vénus. V. également ce mot. (D.H.)

MERGANSER. OIS. Vieux syn. de grand Harle adopté par Linné comme nom scientifique de cet Oiseau. (DR..Z.)

MERGULE. Mergulus. OIS. Genre de la méthode de Vieillot qui ne comprend qu'une seule espècé le Guillemot à miroir blanc de la méthode de Temminck. V. GUILLEMOT. (DR..Z.)

MERGUS. OIS. V. HARLE.

MERIANA. BOT. PHAN. Le genre ainsi nommé par Swartz dans la famille des Mélastomacées nous paraît devoir être réuni au genre Rhexia. Le genre formé par Adanson sous le même nom d'après Trew rentre dans les Antholyzes. (A. R.)

MÉRIDA. BOT. PHAN. Necker (Elem. Bot. n° 1195) a donné ce nom à un genre qui a pour type le Portulaca quadrifida L. C'est le même genre que Schrank a nommé Meridiana dénomination employée par Linné fils pour une autre espèce de Portulaca qui rentre dans ce genre. V. MERIDIANA. (G..N.)

MERIDIANA. BOT. PHAN. Ce

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genre établi par Linné fut réuni par son fils au Portulaca. Schrank (in Botan. Zeitung. n° 23 1804 p. 354) l'a rétabli en le caractérisant ainsi: calice nul; corolle à quatre pétales; huit étamines; un style (ou quatre?); pyxide ou capsule se fendant en travers. A ce genre appartiennent les Portulaca Meridiana L. Suppl. et P. quadrifida L. et Jacq. Collect. 2 p. 356 T. XVII f. 4 ou P. linifolia de Forskahl. La première croît dans l'Inde orientale et la seconde en Egypte. Schrank (loc. cit.)en a décrit une troisième espèce sous le nom de M. axilliflora et dont la patrie est ignorée. (G..N.)

* MERIDION. ZOOL. et BOT. CRYPT. (Arthrodiées.) Le genre formé sous ce nom par Agardh dans son Systema Algarum n'est que l?eacute;tat muqueux d'une espèce du genre Chaos pénétré de ce que Lyngbye appelait Echinella que l'algologue de Lund nomme Frustulis et qui sont des Lunulines des Stylaires etc. (V. ces mots). Il est probable que si Agardh eût observé autrement que sur quelque échantillon d'herbier desséché et méconnaissable l'Echinella olivacea du savant Danois qui est sous le nom de Meridion vernale le type de son genre il n'eût pas introduit une coupe vicieuse et un nom inutile dans une science déjà trop surchagée de termes confus. (B.)

MÉRIE. Meria. INS. Genre de l'ordre des Hyménoptères section des Porte - Aiguillons famille des Fouisseurs tribu des Scoliètes établi par Illiger et ayant pour caractères: palpes maxillaires courts composés d'articles presque semblables avec le premier article des antennes allonge presque cylindrique recevant le suivant et le cachant; mandibules n'ayant point de dentelures. Ce genre ressemble beaucoup à celui de Myzine; mais il s'en distingue Parce que ce dernier a les mandibules dentées. Les Tiphies et les Tengyres en sont séparés par leurs palpes maxillaires qui sont longs tandis qu'ils sont courts dans les Mdrines; enfin les Scolies en sont distinguées par le second article de leurs antennes qui est découvert et non emboîté dans le premier. Jurine a donné à ce genre le nom de Tachus; Fabricius l'a placé avec ses Bethilus. Ces Insectes ont la tête arrondie; leurs antennes sont moniliformes courtes et épaisses; leurs mandibules sont fortes et arquées; le segment antérieur du tronc est de figure presque carrée; les ailes supérieures n'ont point de cellule radiale; les cellules cubitales sont au nombre de trois la seconde est très-petite et pétiolée la troisième est fort grande et recoit les deux nervures récurrentes; l'abdomen est en forme d'ovoïde allongé et déprimé; les pates sont courtes et fortes avec les cuisses comprimées.

Ces Insectes se trouvent dans les départemens méridionaux de la France en Espagne et en Italie: on n'en connaît encore que deux espèces. Nous citerons seulement la suivante:

Le MÉRIE DE LATREILLE M. Latreillii Illig.; Bethilus Latreillii Fab.; Tachus staphylinus Jurine Hym. pl. 14. Longue de cinq à six lignes; noire avec le devant du corselet et les premiers anneaux de l'abdomen rouges; sur chaque côté de cette partie est une rangée de points blancs. (G.)

MERILLO MERILLUS MERISTIO MERLINA. OIS. Noms divers donnés à l'Emerillon. V. FAUCON. (DR..Z.)

MÉRINGIE. BOT. PHAN. Pour Mœhringie. V. ce mot. (B.)

MÉRINOS MAM. Race espagnole de Moutons. (B.)

MÉRION. Malurus. OIS. Genre de l'ordre des Insectivores. Caractères: bec plus haut que large comprimé dans toute sa longueur fléchi et légèrement courbé vers la pointe qui est un peu échancrée; arête distincte qui se prolonge même jusqu'entre les plumes du front; base garnie de petits poils rudes; narines placées de chaque côté du bec près de la base

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et à moitié recouvertes par une membrane; pieds longs et grêles; doigt externe uni à l'intermédiaire jusqu à la première articulation; l'interne divisé; ailes très-courtes arrondies les trois premières rémiges également étagées souvent les trois et même les quatre suivantes d?eacute;gale longueur et dépassant les autres; queue très-longue conique; rectrices étroites et souvent à barbules rares et décomposées. La formation de ce genre est due à Vieillot. A l'exception de quelques espèces anciennement connues et que jusqu'alors on avait réparties dans les genres Merle et Sylvie celles qui le composent sont nouvelles; elles ont été trouvées dans l'archipel des Indes et dans l'Océanie. Deux ont été rapportées par les naturalistes de l'expédition de découvertes autour du monde commandée par le capitaine Freycinet. Les docteurs Quoy et Gaimard ont procuré à la science des documens bien précieux dans les descriptions parfaites et les figures bien exactes dont se compose la partie zoologique du nouveau voyage autour du monde. Il est à regretter que la marche rapide qu'exigeaient la sûreté et le succès de l'expédition n'ait point accordé aux naturalistes le temps nécessaire pour leur permettre toute espèce de recherches et d'observations relatives aux objets qu'ils ont rapportés. Ils nous eussent infailliblement tracé l'esquisse des mœurs et des habitudes des Mêrions et nous ne nous trouverions point dans la triste nécessité de passer sous silence tout ce qui tient aux généralités historiques de ces Oiseaux.

MÉRION BINNION Muscicapa maluchura Lath.; Malurus palustris Vieill.; Levaill. Ois. d'Afr. pl. 129 fig. 2. Parties supérieures d'un brun ferrugineux avec la tige des plumes noirâtre; sourcils bleus; tectrices alaires et réiniges noirâtres bordées de brun roussatre; barbules roides qui ne sont en quelque sorte que des soies noires placées à certaines distances les unes des autres; gorge et devant du cou bleus; milieu du ventre blanc; le reste des parties inférieures roussâtre; bec et pieds noirâtres. Taille sept pouces. La femelle n'a point de bleu aux sourcils ni à la gorge. Cette espèce habite les parties marécageuses de la Nouvelle-Hollande où elle se nourrit d'Insectes et de larves aquatiques.

MÉRION BRACHYPTÈRE Turdus brachypterus Lath. Parties supérieures et poitrine d'un brun cendré; parties inférieures grisâtres; rectrices étagées; bec et pieds noirâtres. Taille neuf pouces. De l'Océanie.

MÉRION CAPOCIER Sylvia macroura Lath. Buff.; pl. enl. 752 fig. 2; Levaill. Ois. d'Afr. pl. 129 et 130. Paities supérieures d'un jaune brun avec le bord des plumes roussâtre; les inférieures d'un blanc jaunâtre; bec brun et pieds roux. Taille cinq pouces six lignes. Ces Oiseaux se trouvent en nombre assez considérable dans les contrées méridionales de l'Afrique où ils visitent avec confiance les habitations des colons. Levaillant qui les a observés rapporte au sujet de quelques-uns d'eux des choses qui pour plus d'un motif excitent un vif étonnement. Du reste il paraît assez certain qu'ils se nourrissent d'Insectes qu'ils construisent leur nid avec le duvet qui entoure la graine d'une espèce d'Asclépiade nommée par les colons Capoc que ce nid assez volumineux laisse une entrée à la partie supérieure et que souvent il est établi dans les bifurcations de l'Arbrisseau même. Selon le même observateur la ponte serait de sept œufs verdâtres tachetés de roussâtre et l'incubation durerait quatorze jours.

MÉRION FLUTEUR Turdus tibicen Vieill. Levaill. Oiseaux d'Afrique pl. 112 fig. 2. Parties supérieures d'un brun roussâtre tacheté de noirâtre; rectrices étagées à barbules rares et distantes les unes des autres; gorge blanche tachetée de noir; devant du cou et poitrine blanchâtres; le reste des parties inférieures d'un fauve clair; bec et pieds brunâtres.

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Taille sept pouces. Du cap de Bonne-Espérance où il égaie les plaines marécageuses par les sons tour à tour graves et flûtés qui constituent son chant.

MÉRION GALACTOTE Malurus galactotes Temm. Ois. color. pl. 65 f. 1. Parties supérieures d'un cendré roussâtre parsemées de lâches striées noirâtres; rémiges bordées de roux; tectrices alaires brunes; rectrices brunàtres terminées de blanc que précède une tache noire; gorge blanche; parties inférieures d'un fauve jaunâtre; bec et pieds jaunâtres. Taille six pouces. De la Nouvelle-Hollande.

MÉRION LEUCOPTÈRE Malurus leucopterus Gaimard. Voy. autour du monde pl. 23 f. 2. Parties supérieures d'un bleu noirâtre; rémiges primaires d'un blanc jaunâtre; petites tectrices alaires d'un blanc pur; rectrices et parties inférieures bleues; bec et pieds noirs. Taille trois pouces quatre lignes. De la Nouvelle-Hollande.

MÉRION LONGIBANDE Malurus marginalis Reinw. Temm. Ois. col. pl. 65 fig. 2. Parties supérieures d'un cendré roussâtre parsemées de taches striées brunes environnées d'un trait fauve très-clair; rémiges et rectrices d'un brun cendré celles-ci très-étagées; sourcils et parties inférieures d'un blanc que traverse sur la poitrine une zône de petits points noirâtres; abdomen et cuisses d'un fauve jaunâtre parsemé de stries noirâtres; mandibule supérieure brune l'inférieure blanche; pieds noirâtres. Taille huit pouces. De Java.

MÉRION A LONGUE QUEUE DE LA CHINE Sylvia longicauda Lath.; Motenilla longicauda Gmel. Parties supérieures d'un vert olive; sommet de la tête roussâtre; rectrices longues étroites et étagées; parties inférieures d'un fauve verdâtre; bec et pieds noirâtres. Taille six pouces six lignes.

MÉRION NATTÉ Malurus textilis Gaimard Voy. autour du monde pl. 23 f. 1. Parties supérieures d'un brun roussâtre parsemé de taches d'un brun plus clair; rémiges et rectrices roussâtres tachetées de fauve; sommet de la tête gorge devant du cou et poitrine variés de roux et de blanchâtre; le reste des parties inférieures brunâtre; bec et pieds noirâtres. Taille six pouces six lignes. De la Nouvelle-Hollande où il se tient presque constamment sous les buissons courant trèsvite au point qu'on peut facilement le prendre à travers les broussailles pour un petit Quadrupède.

MÉRION NOIR ET ROUGE Malurus hirundinaceus Vieill.; Sylvia hirundinacea Lath. Parties supérieures noires; menton gorge et devant du cou d'un rouge brillant; le reste des parties inférieures blanc avec une large ceinture noire sur le ventre; tectrices caudales et anales orangées; bec et pieds noirâtres. Taille quatre pouces. De l'Océanie.

MÉRION A QUEUEGAZéE. V. MÉRION BINNION.

MÉRION SUPERBE Sylvia cyanea Lath. Parties supérieures noirâtres: plumes de la tête noires longues et touffues susceptibles sur la nuque de se relever en huppe; front partie des joues et des oreilles d'un bleu vif et foncé; trait oculaire noir; collier gorge et dessus des rectrices bleus; rémiges et rectrices rousses bordées de noir celles-ci longues et étagées; bec et pieds noirâtres. Taille cinq pouces quatre lignes. De la Nouvelle-Hollande.

MÉRION TACHETÉ Malurus maculatus Vieill. Parties supérieures brunes; front et parties inférieures blanchâtres tachetées de noir; rectrices grises avec une tache noire vers l'extrémité qui est blanche; rémiges brunes bordées de blanchâtre. Cette espèce offre beaucoup de ressemblance avec le Mérion galactote de Temm. et il ne serait pas impossible que les deux fussent identiques.

MÉRION A TÉTE BLEUE DE L'ILE DE LUÇON Muscicapa cæruleocapilla Vieill. Parties supérieures d'un gris ardoisé; tête d'un beau bleu ainsi que la gorge et le dessus du cou; une large

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tache brune sur les tectrices alaires; rémiges et rectrices noirâtres les intermédiaires de celles-ci plus longues que les latérales; parties inférieures cendrées; bec et pieds noirs. Taille quatre pouces. (DR..Z.)

* MÉRIONE. Meriones. MAM. V GERBOISE. On a écrit également MéRION; mais ce nom appartenant déjà à un genre d'Oiseaux le mot Mérione nous semble devoir être préféré. (IS. G. ST. -H.)

* MERIONUS. INS. Nom donné par Germer à un genre de Charanson que Latreille n'adopte pas. (G.)

MERISIER BOT. PHAN. Espèce du genre Cerisier. V ce mot. On a appelé MERISIER A GRAPPES une autre espèce du même genre MERISIER DU CANADA le Betula lenta et MERISIER DORÉ aux Antilles le Malpighia spicata L. (B.)

MERISMA. BOT. CRTPT. (Champignons.) Persoon a distingué sous ce nom des Plantes qui avaient été d'abord confondues avec les Clavaires et que depuis Fries avait réunies aux Théléphores. On peut le caractériser ainsi: réceptacle irrégulier rameux à rameaux comprimés dilatés et filamenteux vers leur extrémité; membrane fructifère étendue sur leurs deux faces mais portant les thèques particulièrement à l'inférieure; on voit que le mode de division et la forme générale de ces Champignons les rapproche des Clavaires tandis que la disposition des thèques à la surface inférieure indique leur analogie avec les Théléphores.

L'espèce la plus commune de ce genre et qui lui a servi de type est le Merisma cristatum Pers. Clavaria laciniata Sow. Fung. t. 158. Il croît en automne parmi les Mousses dans les bois il est irrégulièrement rameux à rameaux comprimés en forme de crête d'un jaune sale; il adhère fortement aux Végétaux voisins qu'il enveloppe presque toujours en partie. (AD. B.)

* MERIZOMYRIA. BOT. CRYPT. (Ulvacées? Conferves?) Genre fort obscur formé par Ciro Pollini (Bibliot. Ital. n. 21 p. 420 T. VII fig. 11 a b) dont le nom signifie divisée en une infinité de parties et auquel l'auteur assigne pour caractères: tige cylindrique opaque fistuleuse inarticulée très-divisée en rameaux également fistuleux sans articulations et terminés en forme de cil. L'auteur n'en mentionne qu'une espèce qu'il nomme Merizomyria aponine qui habite dans les Thermes Eugéniens où elle supporte 30 à 44 degrés de chaleur au thermomètre de Réaumur; elle y forme sur les pierres et sur les rameaux inondés comme uu gazon d'un vert gai; vue au microscope la base en est opaque et les extrémités transparentes. La figure de ce Végétal n'en peut donner qu'une idée fort imparfaite et le Merizomyria doit être considéré comme un genre douteux jusqu'à ce qu'il ait été examiné avec plus de détail. (B.)

MERLAN. Merlangus. POIS. Espèce devenue type d'un sous-genree de Gade. V. ce mot. (B.)

MERLE. Turdus. OIS. Genre de l'ordre des Insectivores. Caractères: bec médiocre tranchant échancré recourbé et comprimé à la pointe; des poils isolés à son ouverture; narines placées de chaque côté de sa base ovoïdes à moitié fermées par une membrane nue; pieds un peu grêles; tarse plus lone que le doigt intermédiaire; quatre doigts trois en avant l'extérieur réuni par sa base à l'intermédiaire; un ea arrière; première rémige presque nulle ou de moyenne longueur la troisième ou quelquefois la quatrième la plus longue.

Il est dans toutes les parties de l'histoire naturelle et dans l'ornithologie surtout des circonstances où le méthodiste se trouve fort embarrassé pour tracer les limites qui doivent circonscrire un genre. Celui des Merles en offre un exemple remarquable malgré les genres nouveaux auxquels ses subdivisions ont donné naissance

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et la répartition qu'une élude des plus approfondies a permis de faire dans des genres voisins de beaucoup d'autres qui s'étaient glissées dans celuici on voit encore ses nombreuses espèces toucher de manière à ne présenter que des dissemblances rationnelles d'un côté au genre presque aussi nombreux des Sylvie d'un autre aux Brèves et même se fondre in sensiblement dans les Pies-Grièches. Aussi tous les auteurs qui se sont attachés à vouloir rendre exclusifs les caractères génériques qu'ils ont tracés ont-ils échoué lorsqu'ils sont arrivés aux Merles et ont-ils été forcés dévouer qu'entre telles espèces formant les extrêmes du genre mais qui se sont trouvées groupées par des dégradations intermédiaires insensibles on remarquait beaucoup plus d'anomalies choquantes que l'on n'en observe assez souvent entre des espèces de genres différens. On peut concevoir d'après cela les difficultés que l'on doit s'attendre à rencontrerdans la détermination des Merles.

Dans le dessein d'arriver plus aisément à la connaissance des espèces on a subdivisé le genre Merle en plusieurs sections dans lesquelles on a groupé successivement des Merles proprement dits des Grives des Moqueurs des Turdoïdes etc. etc.; il est résulté pour cette opération dans laquelle on n'a pas reconnu les avantages que l'on en attendait une multiplicité de difficultés semblables à celles qui se sont élevées primitivement pour la formation du genre et plus de la moitié des espèces pouvaient trouver place dans plusieurs sections indistinctement. Ces subdivisions étant d'ailleurs purement arbitraires ne faisaient que jeter de la confusion dans le travail sans aucunement l'alléer.

Il est difficile de donner un aperçu général des mæurs et des habitudes d'une masse nombreuse d'individus disséminés sur tous les points du globe; aussi nous bornons-nous à glisser à la suite de la description des espèces qui nous intéressent le plus quelques mots relatifs à leur histoire.

Les espèces nombreuses de ce genre sont les suivantes:

MERLE D'AMBOINE Turdus Amboinensis Lath. Parties supérieures d'un brun rougeâtre avec les rectrices alaires intermédiaires jaunes; rectrices jaunes inférieurement; bec et pieds noirs. Taille dix pouces.

MERLE D'AMÉRIQUE Turdus Americanus Briss. Parties supérieures noires à reflets violets les inférieures d'un noir mat: extrémité des rectrices et des rémiges rousse; bec et pieds jaunes. Taille neuf pouces.

MERLE A AIGRETTES Turdus crinatus Lath. Parties supérieures d'un brun rougeâtre; sourcils gorge et tectrices anales blancs; joues noires; une petite touffe blanche sur les oreilles; rectrices terminées de noir bordées de blanc; devant du cou et poitrine d'un fauve rougeâtre; abdomen blanc; bec et pieds d'un gris bleuâtre. Taille dix pouces. De la Chine.

MERLE D'AIGUE. V. MARTIN-PÈCHEUR ALCYON.

MERLE AUX AILES COURTES. V. MÉRION.

MERLE AUX AILES LONGUES. V. LANGRAYEN A LIGNES BLANCHES.

MERLE AUX AILES ROUGES. V. MERLE MAUVIS.

MERLE DES ARDENNES. V. MERLE MAUVIS.

MERLE AZURIN Turdus azureus Temm. pl. 274. Parties supérieures d'un bleu noirâtre varié de brunâtre avec le sommet de la tête et le bord des rémiges et des rectrices d'un bleu d'azur; occiput nuque côtés du cou et croupion d'un bleu foncé brillant; gorge devant du cou et poitrine d'un brun olivâtre le reste des parties inférieures d'un noir bleuâtre; bec et pieds noirs. Taille huit pouces six lignes. La femelle a les couleurs moins vives et tout le dessous du corps d'un noir bleuâtre. Des Moluques.

MERLE DE LA BAIE D'HUDSON. V. TROUPIALE.

MERLE BANAWILL-WILL Turdus muscivorus Lath. Parties supérieures

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d'un noir bleuâtre avec les ailes et la queue brunes; parties inférieures blanches; bec et pieds bruns. Taille neuf pouces quatre lignes. De la Nouvelle-Guinée.

MERLE BANIAHBOU Turdus Canorus Lath. Parties supérieures d'un brun foncé avec le bord extérieur des tectrices alaires et des rémiges cendré; sourcils blancs et prolongés; parties inférieures d'un brun cendré; bec et pieds jaunes. Taille neuf pouces; queue longue et étalée. La femelle est grise à l'exception des trois rémiges et des trois rectrices extérieures qui sont presque entièrement blanches. Du Bengale.

MERLE A BARBE BLANCHE Turdus leucopogus. Parties supérieures d'un bleu ardoisé foncé; première rémige entièrement noire les autres ainsi que les tectrices alaires bordées de bleu ardoisé pâle; rectrices noires étagées; les quatre latérales terminées de blanc; menton blanc; gorge et devant du cou noirs avec quelques stries blanches; poitrine d'on cendré bleuâtre qui s?eacute;claircit vers le milieu du ventre; abdomen d'un roux vif; tectrices anales blanches; bec noirâtre; pieds jaunes. Taille dix pouces six lignes. Nous avons reçu cette espèce de l?icirc;le de Cuba et nous en avons envoyé des individus aux Musées des Pays-Bas et de Paris.

MERLE BASSET DE BARBARIE Turdus Barbaricus Lath. Parties supérieures d'un vert clair; croupion extrémité des tectrices alaires et caudales jaunes; rémiges et rectrices jaunâtres; parties inférieures blanchâtres avec des mouchetures sur la poitrine; bec brun jaunâtre à sa base; pieds jauues. Taille onze pouces. Espèce douteuse que l'on présume être le Loriot femelle jaune.

MERLE A BEC JAUNE. V. MERLE NOIR.

MERLE A BEC JAUNE D'AFRIQUE Turdus Africanus Lath. Parties supérieures noires; devant du. cou poitrine et ventre variés de roux et de noirâtre; abdomen et tectrices caudales d'un blanc pur; bec jaune avec la pointe noire; pieds jaunâtres. Taille neuf pouces six lignes.

MERLE A BEC BLEU Turdus tenebrosus Lath. Parties supérieures noires; rémiges bordées de blanc; sommet de la tête brunâtre; parties inférieures blanches à l'exception du menton qui est noir; bec bleu; pieds noirs. Taille six pouces. De la Nouvelle-Galles du sud.

MERLE DU BENGALE. V. MERLE BANIAHBOU.

MERLE BLEU Turdus cyaneus Gmel.; Turdus solitarius Lath.; Turdus Manillensis Lath.; Solitaire de Manille Buff. pl. enl. 564 f. 2. Parties supérieures d'un bleu foncé; rémiges et rectrices noires; tectrices alaires noires bordées de bleu; gorge et devant du cou bleuâtres; parties inférieures bleues avec le bord des plumes noir terminé de blanchâtre; bec et pieds noirs. Taille huit pouces six lignes. La femelle a les parties supérieures variées de bleu et de brun; les rémiges et les rectrices d'un brun noirâtie bordées de cendre bleuâtre des taches raussâtressur la gorge et le devant du cou; les parties inférieures rayées et variées de bleuâtre de cendré et de brun. Les jeunes sont d'un brun cendré tacheté de blanchâtre avec une nuance bleue sur les parties supérieures. Du midi de l'Europe et du Levant où ils habitent les montagnes nichent daos les anfractuosités des rochers les Plus escarpés dans les trous de ruines abandonnées où ils se nourrissent d'Insectes et de baies; ils ne descendent dans la plaine que lorsqu'ils en sont pressés par le besoin. La poute consiste en cinq ou six œafs d'un blanc verdâtre.

MERLE BLEU-CENDRÉ V. TROUPIALE DE LA BAIE n'HUDSON.

MERLE BLEU DE LA CHINE Turdus violaceus Lath. Le plumage bleu avec des reflets violets sur la tête le cou les tectrices alaires la poitrine et le côté interné des jambes; une tache blanche à l'extrémité des deux petites tectrices alaires les plus exter-

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nes; bec et pieds noirs. Taille huit pouces.

MERLE DE BOHÊME V. JASEUR

MERLE DE BOIS. V. MERLE DRAINE.

MERLE DU BRÉSIL Turdus Brasiliensis Lath. Parties supérieures noires avec le croupion d'un brun ferrugineux; une bande blanche sur le milieu des ailes; rectrices étagées; les latérales blanches les autres terminées de cette nuance; parties inférieures d'uu brun pâle rayé de noirâtre; bec noir; pieds bruns. Taille huit pouces.

MERLE BRILLANT DE CONGO. V. STOURNE ÉCLATANT.

MERLE BRUN D'ABYSSINIE Turdus Abyssinicus Lath. Parties supérieures brunes; rémiges et rectrices noirâtres bordées de brun clair; gorge brunâtre; parties inférieures d'un jaune fauve; bec et pieds noirs. Taille huit pouces.

MERLE BRUN DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE V. MERLES SPREO et BRUNET.

MERLE BRUN DES INDES. V. MERLE BANIAHBOU.

MERLE BRUN DE LA JAMAÎQUE Turdus leucogenus Lath. Parties supérieures uoirâtres avec une tache blanche sur les tectrices alaires; gorge et ventre blanchâtres le reste des parties inférieures brunâtre; bec jaune avec une ligne noire à l'extrémité; pieds orangés. Taille neuf pouces six lignes.

MERLE BRUN OLIVATRE. V. MERLE GRIVET.

MERLE BRUN DE PASSAGE V. MERLE ERRATIQUE.

MERLE BRUN A POITRINE NOIRE Turdus obscurus. Tont le plumage brun avec une teinte noirâtre sur la poitrine; sourcils et menton blancs; bec et pieds noirâtres. Taille neuf pouces. De Sihérie.

MERLE BRUN ET ROUX Turdus rufiventris Vieill. Parties supérieures brunes; gorge devant du cou et haut de la poitrine blanchâtres tachetés de brun; le reste des parties inférieures d'un roux vif; bec rougeâtre brun: à sa base; pieds bruns Taille huit pouoes sir lignes. Du Brésil.

MERLE BRUN D'HAÎTI Turdus fuscatus Vieill. Parties supérieures brunes; rectrices latérales d'un gris bleuâtre terminées de banc; parties inférieures grises tachetées de brun; bec jaune; pieds bruns. Taille dix pouces.

MERLE BRUN DU SÉNÉGAL Turdus Senegalensis Lath. Buff. pl. enl. 563. Parties supérieures brunes les inférieures blanchâtres; rémiges rectrices bec et pieds noirâtres. Taille huit pouces.

MERLE BRUNET Turdus Capensis Lath. Levaill. Ois. d'Afrique pl. 105. Parties supérieures brunes les inférieures brunâtres avec le ventre les cuisses et les tectrices anales jaunes; bec et pieds noirs. Taille sept pouces. D'Afrique.

MERLE BRUNOIR Turdus nigricans Vieill. Levaill. Ois. d'Afrique pl. 106. Parties supérieures cou et poitrine brunâtres avec le centre des plumes plus foncé; tête côtés du cou et gorge d'un brun noirâtre de même que les rémiges; ventre blanc; tectrices anales jaunes; bec et pieds noirs. Taille sept pouces. D'Afrique.

MERLE BUISSONNIER. V. MERLE A PLASTRON.

MERLE CADRAN V. MERLE DE MINDANO.

MERLE A CALOTTE BLANCHE Turdus albicapillus Vieill. Tête dessus et côté du cou ailes et rectrices intermédiaires noirâtres; le reste du plumage roux; sommet de la tâte tiqueté de blanc; bec et pieds noirs. Taille dix pouces trois lignes. Du Sénégal.

MERLE A CALOTTE NOIRE Turdus nigricapillus Vieill. Levaill. Ois. d'Afrique pl. 108. Parties supérieures d'un brun noirâtre les inférieures blanchâtres; sommet de la tête noir dans le mâle; bec jaune noir à la pointe de la mandibule supérieure; pieds rougeâtres. Taille six pouces. D'Afrique.

MERLE DU CANADA. V. MERLE ERRATIQUE.

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MERLE DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE. V. MERLE JAUNOIR

MERLE CAP NÉGRE Turdus atriceps Temm. Ois. col. pl. 147. Parties supérieures vertes; tête gorge et partie DU devant DU cou noires irisées de pourpre et de vert; tectrices alaires d'un vert jaunâtre; rémiges noires bordées de vert; rectrices noires terminées de jaune; croupion ventre et abdomen jaunes; bec et pieds noirs. Taille six pouces. La femelle a les couleurs plus ternes et le noir tire sur le verdâtre. Des Moluques.

MERLE DE LA CAROLINE V. MERLE MOQUEUR FRANçAIS.

MERLE A CASQUE NOIR. Turdus atricapillus Lath. Buff. pl. enl. 392. Parties supérieures brunes avec la téte et la nuque noires; rémiges tachées de blanc vers leur base; rectrices étagées. noirâtres; les latérales terminées de blauc; parties inférieures roussâtres rayées de brun vers les flancs; bec et pieds noirâtres. Taille neuf pouces. De l'Amérique méridionale.

MERLE CAT-BIRDT Turdus Cat-Birdt. Parties supérieures d'un noir cendré avec le front le sommet de la téte et la nuque noirs; rémiges frangées de gris; gorge et ventre d'un gris bleuâtre qui prend une nuance ardoisée sur la poitrine et les flancs; tectrices anales d'un brun marron; bec et pieds noirâtres. Taille sept pouces six lignes. De l'Amérique septentrionale où ou lui a donné le nom d'Oiseau«Chat à cause de son ramage dont quelques modulations imitentle miaulement au point que l'on pourrait y être trompe.

MERLE CENDRé. V. MERLE TILLY.

MERLE CENDRé D'AMéRIQUE V. MERLE TILLY.

MERLE CENDRé DE MADAGASCAR. V. MERLE OUROVANG.

MERLE CENDRé DE SAINT-DOMINGUE. V. MERLE MOQUEUR FRANçAIS.

MERLE CHAMPENOIS V. MERLE MAUVIS.

MERLE CHAUVE DE CAYENNE. V. CORACINE COU-NU.

MERLE CHAUVE DES PHILLIPPINES. V.. MARTIN CHAUVE.

MERLE DE LA CHINE Turdus perspicillatus Lath. Buff. pl. enl. 604. Tête cou et haut de la poitrine d'un gris plombé; dos ailes et queue d'un brun cendré; front et espace circulaire des yeux noirs; parties inférieures blanchâ très; tectrices anales d'un jaune roussâtre; bec noir; pieds jaunes. Taille dix pouces. De la Chine. La femelle ou l'individu que l'on regarde comme telle a tout le plumage d'un brun olivâtre tirant sur le blanchâtre vers la gorge; le front les joues entourant la moitié des yeux et le menton d'un roux marron vif; le bec brun noir à sa base; les pieds couleur de corne. Nous ne savons trop si l'on est bien fondé à voir dans cet Oiseau la femelle DU MERLE de la Chine: d'abord on ne nous l'a encore envoyé que des Moluques et sur une trentaine d'individus que nous avons vus venant de Java il ne s'en est jamais trouvé aucun qui présentât les caractères DU MERLE de la Chine. Cette prétendue femelle est encore dans une collection sous le nom de Turdus fuscifrons que nous lui avons donné dès le premier moment.

MERLE CHOCHI Turdus Chochi Vieill. Parties supérieures d'un brun noirâtre; tectriceé alaires bordées de roux; gorge et devant DU cou blancs striés de noirâtre; le reste des parties inférieures roux; bec brun; pieds d'un gris bleuâtre. Taille neuf ponces six lignes. De l'Amérique méridionale.

MERLE CHOUCADOR Sturnus ornatus Daud.; Corpus splendidus Shaw Levaill. Ois. d'Afrique pl. 86.Parties supérieures d'un vert brillant irisé les inférieures noires; bec et pieds noirâtres. Taille huit pouces six lignes.

MERLE A COLLIER D'AMéRIQUE V. STOURNE A COLLIER.

MERLE A COLLIER BLANCE Turdus albicollis Vieill. Parties supérieures brunes avec les scapulaires roussatres le cou les tectrices alaires et

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ceudales d'un gris ardoisé; gorge blanche tachetée de noir; un large collier blanc; milieu de la poitrine et flancs roux; le reste des parties intérieures blanc; bec bleu jaunâtre en dessous; pieds bruns. Taille dix pouces. DU Brésil.

MERLE DES COLOMBIERS. V. STOURME.

MERLE COMMUN. V. MERLE NOIR.

MERLE A COU NOIR Turdus nigricollis Lath. Parties supérieures d'un brun ferrugineux; tête et nuque blanches; trait oculaire jaunâtre; rémiges et rectrices noirâtres; tectrices alaires terminées de blanc; gorge blanche; cou noir; poitrine et jambes jaunes; le reste des parties inférieures brun; bec et pieds noirâtres. Taille huit pouces.

MERLE COULEUR DE ROSE. V. MERLE ROSE.

MERLE COURONNé. V. MERLE GRIVELET.

MERLE A COURTE-QUEUE DE LA MARTINIQUE Turdus brachy urus Vieill. Parties supérieures brunes; parties inférieures blanches avec les flancs bruns; bec joues et pieds noirs. Taille huit pouces quatre lignes.

MERLE A CRAVATE BLANCHE. V. PIE-GRIÈCHE A CRAVATE BLANCHE.

MERLE A CRAVATE DE CAYENNE. V. BATABA A CRAVATE NOIRE.

MERLE A CRAVATE FRISéE. V. PHILéDON.

MERLE CUL-JAUNE DU SéNéGAL. V. MERLE BRUNOIR.

MERLE CUL-D'OR Turdus aurigaster Vieill. Levaill. Ois. d'Afrique pl. 107. Parties supérieures d'un gris brun plus foncé sur les ailes et la queue; sommet de la tête joues et gorge noirs: devant DU cou et parties inférieures blanchâtres; tectrices anales jaunes; bec noir; pieds bruns. Taille six pouces. D'Afrique.

MERLE CUL-ROUGE Turdus Cafer Lath. V. MERLE HUPPé DU CAP.

MERLE CURCU Turdus Curcus Lath. Plumage entièrement noir ainsi que le bec et les pieds. Taille neuf pouces six lignes. De l'Amérique méridionale.

MERLE DE LA DAOURIE Turdus ruficollis Lath. Parties supérieures brunes; cou et rectrices latérales d'un roux vif; les deux rectrices intermédiaires grises; parties inférieures blanches; bec et pieds bruns. Taille onze pouces.

MERLE DAUMA Turdus Dauma Lath. Parties supérieures noirâtres marquées de taches lunulées noires; rémiges brunâtres terminées de cendré; tectrices alaires noirâtres bigarrées de blanc; rectrices noirâtres; joues blanches parties inférieures lunulées de noir; bec noir; pieds jaunâtres. Taille neuf pouces. Des Indes.

MERLE DILEOURG Turdus melanophus Lath. Parties supérieures d'un brun olivâtre; plumes DU front relevées en crête jaune variée de noir; une tache rouge entourée de noir de chaque côte de la téte; rémiges et rectrices noires; parties inférieures brunâtres; bec et pieds rouges. Taille neuf pouces. De l'Australasie.

MERLE DOMINICAIN DE LA CHINE. V. MARTIN.

MERLE DOMINICAIN DES PHILIPPINES Turdus Dominicanus Lath. Buff. pl. enl. n. 627. Parties supérieures brunes irrégulièrement irisées de violet; rectrices â reflets verdâtres; parties inférieures d'un gris brunâtre; bec et pieds bruns. Taille six pouces.

MERLE DORÉ Turdus auratus. V STOURNE.

MERLE DORÉ DE MADAGASCAR V MERLE SAVI-JALA.

MERLE DOUTEUX Turdus dubius Lath. V. PHILéDON.

MERLE DRAINE ou DRENNE Turdus viscivorus Buff. pl. enl. 489. Parties supérieures d'un brun cendré; joues d'un cris blanc; tectrices alaires bordées de blanc de même que les trois rectrices latérales; parties inférieures d'un blanc roussâtre variées de taches brunes lancéolées sur la gorge et le devant DU cou ovales sur le reste;

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bec brun jaune à labase; pieds jaunes. Taille onze pouces. Dans toute l'Europe qu'elle parcourt périodiquement s?eacute;loignant des régions septentrionales aux approches de l'hiver et y retournant lorsque les frimas ne s'y font plus sentir. Les migrations de ces Oiseaux s'exécutent quelquefois en troupes assez nombreuses plus souvent isolément c'est-à-dire par couples. Alors ils paraissent s'arrêter de préférence dans les forêts rocailleuses sur les montagnes couronnées de Genevriers dont les baies sout pour eux un mets très-friand; ils se nonrrissent également de fruits et d'Insectes; nichent avant leur départ des contrées DU Nord sur les Pins et les Sapins des sombres forêts de ces climats; la ponte est de trois à cinq œufs d'un blanc verdâtre tachetés de violet et pointillés de roux. Dans certains cantons la Draine est connue sous le nom de Double-Grive; en général comme gibier elle est moins estimée que la Grive ordinaire.

MERLE D'EAU. V. CINCLE.

MERLE ÉCAILLé. V. PHILÉDON.

MERLE ÉCLATANT. V. STOURNE ÉCLATANT.

MERLE ÉCLATANT DE CONGO STOURNE ÉCLATANT.

MERLE A ÉPAULETTES ROUGES Turdus phænicopterus Temm. Ois color. pl. 71. Parties supérieures d'un noir brillant irisé de violet et de bleu; rémiges et rectrices d'un noir mat bordées de reflets verts; petites tectrices alaires d'un rouge vif; bec et pieds nçoirs. Taille sept pouces.

MERLE ENSANGLANTé Turdus dispar Horlf. Temm. Ois. Color. pl. 137. Parties supérieures d'un jaune olivâtre; tête et nuque noires; rectrices d'un brun noirâtre; gorge converte de petites plumes membraneuses d'un rouge vif; poitrine d'un jaune rougeâtre; le reste des parties inférieures jaune; bec noir; pieds cendrés. Taille six pouces six lignes. Les femelle ou peut-être les jeunes ont la téte d'un brun noirâtre; la gorge et la poitrine d'un blanc rougeâtre les couleurs des autres parties beaucoup moins vives. Da Java.

MERLE ERRATIQUE Turdus migretorius Lath. Buff. pl enl. 556 fig. 1. Parties supérieures d'un gris bran; côtés de la tête d'un gris bleuâtre avec trois taches blanehes; rectrices noires bordées de gris; gorge devant DU cou et poitrine d'un roux orangé aveç quelques mouchetures noire; le reste des parties inférieures varié de blanc et de roux; bec jaunâtre avec la pointe noire ainsi que les pieds. Taille neuf pouces. De l'Amerique septentrionale.

MERLE D'ESPAGNE. V MERLE A PLASTRON BLANC.

MERLE ESPION Turdus explorator Vieill. Levail. Ois. d'Afrique pl. 103. Parties supérieures brunes; teotrices alaires et rémiges noirâtres bordées de blanc; tête cou et scapulaires d'un gris bleuâtre; tectrices caudales et rectrices latérales rousses; poitrine d'un roux marron; ventre roussâtre; bec et pieds noirs. Taille huit pouces. D'Afrique.

MERLE FLUTEUR. V. MéRION.

MERLE FRIVOLE Turdus frivolus Lath. Parties supérieures brunes; front blanchâtre; rémiges grises; rectrices noirâtres.; parties supérieures blanches à l'exception de la poitrine et des côtés DU cou qui sont roux; bec noir; pieds cendrés. Taille huit pouces six lignes. De la Nouvelle-Hollande.

MERLE FULIGINEUX Turdus fuliginosus Lath. Parties supérieures d'un brun verdâtre; gorge et devant DU cou d'un gris clair; poitrine blanchâtre tachetée de noir; bec œndré; pieds jaunes. Taille huit pouces. De la Nouvelle-Hollande.

MERLE CHA-TOITOI Turdus albifrons Lath. Parties supérieures noirâtres; front blanc; parties inférieures jaunâtres; bec d'un gris ardoisé; pieds bruns. Taille six pouces six lignes. De la Nouvelle-Hollande.

MERLE GOLO-BEAU Turdus orecirostris Lath Parties supérieunes d'un brun roussâtre; côtés de la têu bruns tachetés de roux; devant du

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con cendré; abdomen blanchâtre; bec et pieds noirs. Taille huit pouces six lignes. De la Nouvelle-Hollande.

MERLE A GORGE NOIRE DE SAINT-DOMINGUE Turdus ater Lath. Buff. pl. enl. 559. V. TROUPIALE.

MERLE A GORGE NOIRE Turdus atrogularis Temm.; Turdus dubius Bechst. Parties supérieures d'un cendré olivâtre; tête brune; tectrices alaires bordées de jaunâtre; face joues devant DU cou et haut de la poitrine noirs; le reste des parties inférieures blanchâtre; flancs roussitres tachetés de brun; tectrices anales rousses terminées de blanc; bec noirâtre avec la base de la mandibule inférieure jaune; pieds bruns. Taille dix pouces six lignes. Les jeunes ont sur la poitrine une rangée de taches longitudinales les flancs cendrés tachetés de brun. En Allemagne et en Russie.

MERLE A GORGE ROUGE. V. TANGARA BEC D'ARGENT.

MERLE (GRAND) DES ALPES. V. PYRROCORAX CHAQUART.

MERLE (GRAND) DE MONTAGNE. Variété DU MERLE à plastron blanc.

MERLE (GRAND) DE NUIT. V. ENGOULEVENT D'EUROPE.

MERLEGRIS. V. MERLE A PLASTRON BLANC.

MERLE GRIS BLEU Turdus dilutus Lath. Parties supérieures brunes avec la téte le cou et le croupion d'un gris ardoisé; rectrices d'un brun noirâtre; parties inférieures d'un blanc bleuâtre; bec et pieds bleuâtres. Taille huit pouces. De la Nouvelle-Hollande.

MERLE GRIS DE GINGI Turdus griseus Lath. Parties supérieures et gorge d'un gris noirâtre; dessus de la téte et DU cou blanchâtre; parties inférieures d'un gris rougeâtre; bec et pieds d'un blanc jaunâtre. Taille dix-huit pouces. Des Indes.

MERLE GRIS DE LA MARTINIQUE Turdus cinereus Vieill. Parties supérieures d'un gris brun; rectrices latérales terminées inférieurement de blanc; parties inférieures d'un gris èendré avec le bord de chaque plome brune; bec noir; pieds d'un gris bleuâtre. Taille huit pouces.

MERLE GRIS A TÉTE NOIRE Turdus varius Lath. Parties supérieures brunes; tête et dessus DU cou gris rayés de brun; un espace nu derrière l'œil; rectrices terminées de blanc; milieu de la gorge noir; parties inférieures d'un gris clair rayé de lunules brunes; bec et pieds jaunes. Taille dix pouces. De la Nouvelle-Hollande.

MERLE GRIVE Turdus musicus L. Buff. pl. enl. 406. Parties supérieures d'un brun olivâtre; tectrices alaires bordées et terminées de jaune roussâtre; joues jaunâtres; gorge blanche; côtés DU cou et poitrine d'un jaune roussâtre tacheté triangulairement de brun; ventre et flancs blancs avec des taches ovoïdes brunes; bec jaunâtre; pieds bruns. Taille huit pouces six lignes. Cette espèce commé la plupart de celles qui ont le plumage grivelé est extrêmement amie des voyages et paraît visiter alternativement toutes les contrées de l'Europe. Les Grives n'habitent les contrées tempérées que pendant l'hiver; elles y arrivent vers l'automne ordinairement par bandes nombreuses quelquefois isolées ou réunies en petites familles. Les unes séjournent jusqu'au printemps; d'autres après une apparition d'un mois ou deux gagnent des pays moins froids repassent ensuite pour aller vers le nord se mettre à l'abri des chaleurs qui paraissent leur être fort incommodes. Leur vol est bas et tortueux; elles se nourrissent de baies de fruits d'Insectes et de Vers; les mâles sont en général de la même grosseur que les femelles qui n'en diffèrent que par moins de vivacité dans les nuances; il en est de même des jeunes. Les Grives font plusieurs pontes dans l'année et ne soignent pas long-temps leurs petits ce qui est assez ordinaire chez les Oiseaux de grande fécondité. Elles sont agiles peu défiantes et n'ont point cette âpreté de mœurs que l'on observe si souvent

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dans les Oiseaux de passage. Elles se laissent facilement approcher et c'est pour elles le plus grand malheur car la délicatesse de leur chair étant généralement connue il n'est point le moyens de chasse que l'on n'emploie contre elles et tôt ou tard elles deviennent victimes de leur confiance. Pendant leur première apparition c'est-à-dire en automne les Grives recherchent les baies DU Cornouiller les fruits de l'Eglantier de l'Asperge etc. Pendant la seconde ne trouvant plus que des Limaces et quelques Insectes elles font maigre chère aussi les chasseurs qui se montraient si ardens à les poursuivre pendant l'automne les dédaignentus au printemps. Comme leurs unions sont durables les deux sexes travaillent en commun à la construction DU nid qui fait leur première occupation printanière; ils s?eacute;tablissent sur des Arbres de moyenne hauteur et quelquefois sur des buissons; ce nid formé de mousse et de feuilles sèches est revêtu extérieurement d'un mortier de terre lié par des petites tiges flexibles; la ponte consiste en cinq ou six œufs d'un vert foncé parsemé de taches noirâtres. Les Grives dont maints auteurs vantent le chant mélodieux et presque continuel ne font jamais entendre dans nos climats qu'un petit cri ou sifflement aigu qu'elles répètent en voltigeant. Hors l?eacute;poque de l'arrivée et DU départ on ne les trouve réunies que par petites bandes de huit à dix individus qui paraissent composer une famille.

MERLE GRIVELET Turdus aurocapillus Lath. Vieill. Ois. de l'Amér. sept. pl. 64. Parties supérieures d'un brun olivâtre; sommet de la tête d'un jaune orangé; sourcils et moustaches noirs; parties inférieures blanches tachetées de noir sur la poitrine et le ventre; bec et pieds bruns. Taille cinq pouces. Des EtatsUnis.

MERLE GRIVERAU Turdus olivaceus Lath. Levaill. Ois. d'Afrique pl. 98. Parties supérieures d'un brun olivâtre; devant du cou et poitrine brunâtres nuancés d'orange; gorge blanchâtre striée de brun; le reste des parties inférieures d'un fauve orangé; bec et pieds jaunes. Taille huit pouces six lignes. De l'Afrique.

MERLE GRIVET Turdus minor Lath. Vieill. Ois. de l'Amérique septentrionale pl. 63. Parties supérieures brunes; rémiges et rectrices bordées de brunâtre; parties inférieures d'un blanc roussâtre tacheté de brun; milieu du ventre et tectrices anales d'un blanc pur; bec et pieds bruns. Taille six pouces.

MERLE A GROS-BEC. V. MERLE GOLO-BEAU.

MERLE A GROS-BEC Turdus densirostris Vieill. Parties supérieures brunes avec le bord des plumes brunâtre; rémiges intermédiaires terminées de blanc; rectrices brunes terminées de blanc; tectrices caudales bordées de blanc; parties inférieures blanchâtres variées de brun; gorge et milieu du ventre blancs; bec trèsfort et long brun de même que les pieds. Taille dix pouces six lignes. De la Martinique.

MERLE GROSSE GRIVE. V. MERLE DRAINE.

MERLE DE GUI. V. MERLE DRAINE.

MERLE DE LA GUIANE Turdus Guianensis Lath. Buff. pl. enl. 398 f. 1. Parties supérieures d'un brun verdâtre; tectrices alaires brunes; gorge grise avec des stries brunes; devant du cou blanc; le reste des parties inférieures roussâtre; bec et pieds bruns. Taille six pouces six lignes.

MERLE HOAMI Turdus Sinensis Lath. Parties supérieures d'un brun roux; sourcils jaunâtres; rectrices marquées de six bandes noires; parties inférieures d'un roux jaunatre. La femelle a les sourcils blancs; tout le plumage d'une teinte uniforme de blanc roux strié de noirâtre sur la tête et le cou; bec et pieds jaunes. Taille neuf pouces. De la Chine.

MERLE HOCHE-QUEUE Turdus Motacilla Vieill. Ois. de l'Amér. sept. pl. 65. Parties supérieures d'un brun

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olivâtre; bande oculaire blanche se prolongeant sur l'occiput; gorge devant du cou et poitrine blancs; flancs et ventre roussâtres; toutes ces parties inférieures mouchetées de brun; bec brun; pieds jaunes. Taille cinq pouces trois lignes.

MERLE HUPPÉ DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE Turdus Cafer Lath. Buff. pl. enl. 563 fig. 1. Parties supérieures brunes avec les plumes du dos des ailes et du croupion bordées de blanchâtre; tête noire ornée de plumes longues et étroites susceptibles de se relever en huppe irisée de violet; gorge noire; devant du cou et poitrine d'un brun irisé; ventre gris avec le bord des plumes blanchâtre; abdomen et tectrices caudales blancs; tectrices anales rouges; bec et pieds noirs. Taille huit pouces trois lignes.

MERLE HUPPÉ DF LA CHINE. V. MARTIN.

MERLE HUPPÉ DE SURATE Turdus Suratensis Lath. Parties supérieures d'un brun ferrugineux; tête et cou noirs la première garnie de plumes effilées à reflets métalliques; rémiges et rectrices noires; petites tectrices alaires d'uu vert irisé; parties inférieures d'un gris cendré; bec brun; pieds noirs. Taille huit pouces.

MERLE DES ÎLES DES AMIS Turdus pacificus Lath. Parties supérieures cendrées; côtés de la tête blancs lavés de brun; un trait noir entre le bec et l?oelig;il; rémiges noires terminées de blanc; parties inférieures blanchâtres avec les côtés du cou et de la poitrine brunâtres. Bec et pieds noirs. Taille cinq pouces trois lignes.

MERLE DE MASCAREIGNE Turdus Borbonicus Lath. Parties supérieures d'un cendré olivâtre; sommet de la tête noir; grandes tectrices alaires variées de brun et de roux; rémiges bordées extérieurement de roux; poitrine d'un cendré verdâtre; le reste des parties inférieures jaunâtre avec le milieu du ventre blanc. Bec et pieds jaunes. Taille sept pouces trois lignes. Cet Oiseau vit dans les bois des grandes hauteurs de l?icirc;le de Mascareigne loin de l'Homme qu'il connaît peu et dont le séparent ses mœurs solitaires. Rarement il approche des habitations et nous trouvons les détails suivans sur cet Oiseau dans la Relation du voyage en quatre îles des mers d'Afrique par Bory de Saint-Vincent (T. 1 p. 308): «Nous avions dit-il fait halte aux Trois-Jours dans les hautes forêts vers six cents toises d'élévation pour dîner avec des Merles que nous avions tués en route. Ces Merles ne sont pas les mêmes que ceux d'Europe (Turdus Borbonicus Gmel. Syst. Nat. XII t. 1 p. 821); leur plumage tire sur l'ardoise et le bistre; ils font entendre une espèce de grincement chevrotant et aigu qui m'a paru être leur seul ramage; ils sont d'un très-bon goût et d'une stupidité incroyable; en certains endroits peu fréquentés on peut en tuer avec des gaules; à peine partent-ils au coup de fusil; et j'en ai vu tuer qu'on avait manqué d'un premier feu sans qu'ils eussent bougé de place. ff

MERLE DES ÎLES SANDWICH Turdus Sandwichensis Lath. Parties supérieures brunes; sommet de la tête et cou cendrés; parties inférieures brunâtres; bec et pieds noirs. Taille cinq pouces trois lignes.

MERLE IMPORTUN Turdus importunes Vieill. Lev. Ois. d'Afriq. pl. 106. Parties supérieures d'un vert olivâtre; rémiges et rectrices latérales bordées de jaunâtre; parties inférieures d'un vert foncé. Bec et pieds bruns. Taille sept pouces. D'Afrique.

MERLE DES INDES Turdus orientalis Lath. Buff. pl. enl. 275. Parties supérieures noires; croupion cendré; les trois tectrices latérales terminées de blanc; cou moustache noirs; grandes rémiges en partie bordées de blanc; parties inférieures blanches; queue étagée; bec et pieds noirs. Taille six pouces six lignes.

MERLE DE LA JAMAÎQUE Turdus Jamaicensis Lath. Parties supérieu-

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res d'un brun cendré; rémiges et tectrices noirâtres; tête brune; gorge et devant du cou blancs avec des stries brunes; poitrine cendrée; le reste des parties inférieures blanc; bec et pieds bruns. Taille neuf pouces.

MERLE AUX JAMBES ROUGES. V. MERLE TILLY.

MERLE JABOTEUR. V. MERLE BRUN DU SÉNÉGAL.

MERLE JEAN - FRÉDÉRIC Turdus phænicurus Lath. Levaill. Ois. d'Afriq. pl. 3. Parties supérieures d'un brun olivâtre; front et sourcils blancs; auréole des yeux noir; gorge poitrine croupion et tectrices latérales d'un roux vif; queue étagée; bec et pieds cendrés. Taille six pouces six lignes. D'Afrique.

MERLE JAUNE. V. LORIOT D'EUROPE.

MERLE JAUNE HUPPÉ Turdus melanicterus Lath. Levaill. Ois. d'Afrique pl. 117. Sommet nuque et côtés de la tête poitrine abdomen et tectrices anales d'un jaune doré; le reste du plumage noir; les plumes de la nuque susceptibles de se relever en huppe; bec et pieds noirâtres. Taille onze pouces. De l'Océanique.

MERLE JAUNOIR DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE Turdus Morio Lath. Buff. pl. enl. 199. Parties supérieures d'un noir brillant irisé les inférieures d'un noir mat; rémiges d'un brun jaunâtre avec l'extrémité plus foncée. Bec et pieds noirs. Taille onze pouces. La femelle est un peu plus petite; elle a les parties supérieures plus ternes et d'un gris varié de noirâtre sur la tête le cou et la poitrine.

MERLE AUX JOUES BLEUES Turdus cyaneus Lath. Parties supérieures verdâtres; tache oculaire bleue; rémiges et tectrices d'un brun ferrugineux; parties inférieures blanches; bec et pieds bleuâtres. Taille onze pouces. De la Nouvelle-Hollande.

MERLE AUX JOUES NOIRES V. PHILÉDON.

MERLE DU KAMTSCHATKA Turdus Kamtschatkensis Lath. Parties supérieures brunâtres; tache oculaire noire; gorge rouge; parties inférieures d'un blanc Brunâtre; tectrices noires etc. etc. V. ACCENTEUR.

MERLE DU LABRADOR. V. TROUPIALE.

MERLE DE LESCHENAULT Turdus Leschenaultii Vieill. Sommet de la téte croupion noirâtres; tectrices alaires tectrices latérales et extrémité des autres blanches; le reste du plumage noir ainsi que le bec; pieds rougeâtres. Taille neuf pouces. Des Moluques.

MERLE DE LESUEUR Turdus Suerii Vieill. Parties supérieures grises; rémiges et tectrices noires bordées de blanc oui est la nuance du front des joues d'une partie des tectrices alairés de la gorge et du ventre; devant du cou poitrine croupion et tectrices caudales blancs rayés de gris; bec et pieds noirs. Taille six pouces.

MERLE LEUCOPHRYS Turdus Leucophrys Lath. Parties supérieures noires; parties inférieures sourcils et taches alaires d'un blanc pur; jambes noires variées de blanc; bec et pieds noirs. Taille sept pouces. De la Nouvelle-Hollande.

MERLE LITORNE Turdus pilaris L. Buff. pl. enl. 490. Parties sapérieures cendrées roussâtres sur le haut du dos et le milieu des tectrices alaires; sourcils blancs; jones noires; gorge et poitrine roussâtres tachetées de noir; flanes roux tachés de noir entouré de blanc; ventre blanc; tectrices noires l'externe terminée de gris; bec et pieds noirâtres. Taille dix pouces. En Europe. Pendant leurs migrations qui s effectuent en troupes non moins nombreuses que celles des Grives mais cependant un peu plus tard ces Oiseaux choisissent pour lieux de repos les forêts les plus sombres et les moins fréquentées; aussi les voit on prendre directement leur route par les grandes vallées de la Suisse de la Souabe et de la Franconie. Quand ils sont pressés par le besoin ils se répandent dans les marais et les prairies humides à la recherche

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des Vers et des Limanes. Comme gibier les Litornes sont moins estimées que les Grives

MERLE LITORNE DE CAYENNE Turdus Cayenus Lath. Il ressemble assez à la précédente espèce pour n'en paraître qu'une simple variété.

MERLE LITORNE DU CANADA. V. MERLE ERRATIQUE.

MERLE A. LONG BEC Turdus longirostris Lath. Parties supérieures oliyâtres avec le croupion jaune; sourcils bord des tectrices alaires et des rémiges jaunâtres; tectrices intermédiaires brunes les autrés d'un jaune obecur; parties inférieures d'un jaune pâle. Taille neuf pouces. De l'Océanique.

MERLE A LONGUE QUEUE Turdus macrourus Lath. Parties supérieures d'un noir pourpré avec le croupion blanc; rémigès noir mat; tectrices très-étagées; les latérales ou entièrement blanches ou terminées de cette nuance; parties inférieures orangées; bec noir; Pieds jaunes. Taille onze pouces. De l'Archipel des Indes.

MERLE A LONGUE QUEUD DU SÉNéGAL. V. STOURNE VERT-DORÉ.

MERLE A LUNULES. V.PHILÉDON.

MERLE DE MACÉ Turdus Macei Vieill Parties supérieures d'un gris bleuâtre; quelques taches blanches sur les tectrices alaires; tète gorge devant du. cou et poitrine d'un roux clair; abdomen blanc; bec jaunâtre brun à la pointe pieds rougeâtres; Taille sept pouces six lignes. De l'Inde.

MERLE DE MADAGASCAR. V. MERLE TANAOMBÉ.

MERLE DES MALOUINES Turdus Falcklandii Quoy et Gairnard Voy. autour du monde. Parties supérieurres brunes les inférieures d'un roux assez vif strié de noirâtre sous la garge; dessous des tectrices d'un brun clair; bec et pieds noirâtres. Taille onze pouces.

MERLE MAUVIS Tardus Iliacus L. Buff. pl. enl. 51. Parties supérieures d'un brun olive; sourcile larges et blanchâtres; joues variées de jaunâtre et de noir; côtés du cou poitrine et côtés du ventré blanchâtres tachetés de noirâtre; flancs et tectriees alaires inférieures d'un roux vif; abdomen blanc; bec noir; pieds cendrés. Taille huit pouces. D'Europe. Le Mauvis a des habitudes semblables à celles de la Grive et les migrations se font ordinairement de concert seulement. On a remarqué qu'il suivait de préférence la direction des terrains marécageux tandis que la Grive traverse également les terres labourées et les grandes forêts. Il niche dans les buissons et Son nid de même bâtisse que celui de la Grive renferme six œufs d'un blanc verdâtre taché de noirâtre.

MERLE MÉLANOPS. V. PHILÉDON.

MERLE DE MINDANAO Turdus Mindanensis Lath. Parties supérieures gorge haut de la poitrine d'un noir brillent irisé en bleu; bande sur l'aile et parties inférieures blanches; bec et pieds bruns. Taille sept pouces.

MERLE MOLOXITA Turdus monocha Lath. Parties supériéures d'un brun jaunâtre; rémiges noirâtres bordées de gris; teétnces alaires et rectrices brunes bordées de jaune; tète et côtés du con qui se terminent en pointe sur la poitrine noirs; parties inférieures jaunes; bec rougeâtre; pieds cendrés. Taille neuf pouces six lignes. D'Abyssinie.

MERLE DES MOLUQUES. V. BRÉVE DES MADAGASCAR.

MERLE DE MONTAGNE. Variété du Merle à plastron blanc.

MERLE MOQUEUR Tardus Orpheus Lath.; Turdus polyglottus D. Parties supérieures d'un gris brunâtre; une grande tache blanche oblique sur les tectrices alaires accompagnée ordinairement de petites mouchetures; sourcils blancs; rectrices noirâtres bordées de blanc; parties inférieures blanchâtres tachetées de blanc; bec et pieds noirâtres. Taille neuf pouces. De l'Amérique septentrionale. Sonnom ainsi que celui de quelquesunes des espèces suivantes lui vient de la facilité avec laquelle il contrefait le chant des autres Oiseaux.

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MERLE MOQUEUR CENDRÉ Turdus gilvus Vieill. Parties supérieures cendrées; rémiges et tectrices alaires supérieures d'un brun foncé bordées de gris; rectrices brunes irrégulièrement terminées de blanc; sourcils et parties inférieures blanchâtres; poitrine grise; flancs cendrés striés de brun; bec et pieds noirs. Taille huit pouces trois lignes. De l'Amérique septentrionale.

MERLE MOQUEUR FRANÇAIS. V. MERLE ROUX.

MERLE MOQUEUR THÉMA. V. MERLE THÉMA.

MERLE NABIROB. V. STOURNE VIOLET.

MERLE DE NAUMANN Turdus Naumanni Temm. Parties supérieures d'un roux cendré; sommet de la tête et oreilles d'un brun foncé; scapulaires bordées de roux; rémiges et rectrices intermédiaires brunes; rectrices latérales rousses de même que le croupion et les côtés du cou; parties inférieures roussâtres avec le bord des plumes et le milieu du ventre blancs; bec et pieds bruns.Taille neuf pouces Les jeunes (Turdus dubius Naum.) ont les parties inférieures blanches tachetées de brun noirâtre; un large sourcil brun; des teintes roussâtres aux flancs seulement. En Europe.

MERLE DE NEW-YORCK. V. TROUPLALE NOIR.

MERLE NOIR Turdus Merula L. Buff. pl. enl. 2 et 555. Plumage entièrement noir; bec et auréole des yeux jaunes. Taille neuf pouces six lignes. La femelle est d'un brun fuligineux; elle a la gorge brune tachetée de roussâtre; la poitrine d'un brun roussâtre et le ventre cendré; le bec et les pieds noirâtres. D'Europe. Les Merles paraissent sédentaires dans le voisinage des lieux qu'ils ont une fois adoptés pour leur résidence; pendant l'niver ils recherchent les endroits plantés d'Arbres verts tels que Sapins et Genevriers et s'y font un abri des fourrées les plus épaisses. Ce n'est que pendant les journées les plus froides qu'ils semblent éprouver le besoin le la société; ils se réunissent alors en troupes plus ou moins nombreuses: hors ce temps ils vivent isolés ou seulement par couples. Ils ont le tempérament vif et chaud: aussi ressentent-ils de bonne heure le désir de s'unir; le printemps n'a point encore dissipé les frimas que déjà le couple s'occupe de la construction du nid; il le compose de duvet et de mousse revêtus extérieurement d'une couche de mortier de terre. Ce nid placé dans les broussailles à peu d?eacute;lévation du sol renferme quatre cinq ou six œufs verdâtres tachetés de fauve; la ponte se renouvelle deux fois; mais à chacune le nombre des œufs diminue. Le Merle se nourrit de fruits de baies de Vers et d'Insectes; dans l?eacute;tat de liberté son chant n'a rien de remarquable; il se borne à un sifflement très-court qu'il réitère plus souvent le matin et le soir; mais si l'on s'est occupé de son éducation si l'on a pris la peine de l'instruire l'aisance avec laquelle il siffle les airs qu'on lui a appris la facilité avec laquelle il répète les mots qu'il a entendus dédommagent des soins qu'on lui a prodigués.

MERLE NOIR A AILES BLANCHES Turdus leucopterus Vieill. Plumage noir à l'exception du pli de l'aile de l'extrémité des tectrices alaires et d'une partie des plumes du haut du dos qui sont d'un blanc pur; bec et pieds noirs. Taille six pouces. Du Brésil.

MERLE NOIR ET BLANC D'ABYSSINIE. V. PIE-GRIÈCHE BOUBOU.

MERLE NOIR ET BLANC DE LA NOUVELLE-GALLES DU SUD Turdus politans Lath. Parties supérieures d'un bleu ardoisé avec des taches noires sur les tectrices alaires; rectrices noires; parties inférieures d'un gris bleuâtre; abdomen jaune foncé; bec et pieds noirs. Taille huit pouces six lignes.

MERLE NOIR ET JAUNE Turdus asiaticus Lath. Parties supérieures noires; rémiges et tectrices alaires bordées de blanc et de jaune; rec-

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trices d'un noir olivâtre; parties inférieures jaunes; bec et pieds noirs. Taille cinq pouces six lignes. De la Chine.

MERLE NOIR ET POURPRÉ Turdus speciosus Lath. Parties supérieures d'un noir velouté; rectrices latérales; quelques taches sur les rémiges et parties inférieures d'un rouge intense; bec et pieds noirs. Taille huit pouces. De l'Inde.

MERLE NOIR — POURPRÉ A TÉTE CENDRéE Turdus poliocephalus. Tout le plumage noir à reflets pourprés; tête et cou d'un gris cendré; bec et pieds jaunes. Taille sept pouces. De l'Australasie.

MERLE NOIR A SOURCILS BLANCS Turdus SibiricusLath. Plumage noir à l'exception des sourcils et du dessous des ailes qui sont blancs; bec et pieds jaunes. Taille huit pouces. De Sibérie.

MERLE NOIRÂTRE ET BLANC Turdus leucomelus. Parties supérieures d'un brun doré; tectrices alaires bordées de jaune vif; gorge et devant du cou blancs striés de brun; côtés de la poitrine brunâtres; parties inférieures blanches; tectrices anales tachetées de brun; bec et pieds d'un gris bleuâtre. Taille neuf pouces deux lignes. De l'Amérique méridionale.

MERLE DE LA NOUVELLE-ZÉLANDE Turdus australis Lath. Plumage d'un brun noirâtre à l'exception de la poitrine et du ventre qui sont blancs; bec et pieds noirs. Taille huit pouces.

MERLE OCUROCÉPHALE Turdus Ochrocephalus Temm. Ois. color. pl. 136. Parties supérieures vertes avec une nuauce cendrée sur le dos; sommet de la tête et joues d'un jaune d'ocre; lorum et moustaches noirs; cou strié de blanc; gorge blanche; parties inférieures d'un vert cendré varié de blanchâtre; tectrices anales jaunes; bec et pieds noirs. Taille dix pouces. Des Moluques.

MERLE OLIVATRE DE BARBARIE Turdus Tripolitanus Lath. Parties supérieures d'un jaune olivâtre; tectrices alaires lavées de brun; rémiges et rectrices noires celles-ci terminées de jaune; parties inférieures blanchâtres; bec d'un brun rougeâtre; pieds bleuâtres. Taille onze pouces.

MERLE OLIVE DU CAP DE BONNE- ESPÉRANCE. V. MERLE GRIVERAU.

MERLE OLIVE DES INDES Turdus Indicus Lath. Buff. pl. enl. 564 f. 1. Parties supérieures d'un vert olive foncé; rémiges et rectrices brunes bordées de verdâtre; parties inférieures d'un vert jaunâtre; bec et pieds noirs. Taille huit pouces.

MERLE OLIVE DE SAINT-DOMINGUE Turdus Hispaniolensis Buff. pl. enl. 275 fig. 1. Parties supérieures olivâtres; rémiges grandes tectrices et rectrices brunes bordées de verdâtre; parties inférieures d'un gris verdâtre; bec et pieds cendrés. Taille six pouces.

MERLE D'ONALASCHKA Turdus Onalaschkæ Lath. Parties supérieures brunes tachetées de noirâtre; rémiges et rectrices noirâtres bordées de brun rougeâtre; poitrine jaune tachetée de noir; bec et pieds bruns. Taille sept pouces.

MERLE. ORAN-BLEU Turdus chrysogaster Lath. Buff. pl. enl. 221. Parties supérieures bleues avec le bord des plumes d'un bleu noirâtre; parties inférieures d'un jaune orangé; bec pieds et rémiges noirs. Taille sept pouces. D'Afrique.

MERLE A OREILLES BLANCHES. V. PHILéDON LEUCOTIS.

MERLE OUROVANG Turdus Ourovang Lath. Buff. pl. enl. 557 f. 2. Parties supérieures cendrées; tête d'un vert noirâtre; rémiges et rectrices verdâtres; parties inférieures d'un vert olive; ventre jaunâtre; bec jaune; pieds bruns. Taille huit pouces. De Madagascar.

MERLE PALE Turdus pallidus Lath. Parties supérieures d'un gris jaunâtre; rectrices cendrées avec l'extrémité des latérales blanche; parties inférieures blanchâtres. Taille huit pouces. De Sibérie.

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MERLE PALMISTE Turdus palmarrum. V. TANGARA.

MERLE DU PARAGUAY Turdus triurus Vieill. Parties supérieures d'un brun plombé; sourcils blanchâtres; joues noirâtres; croupion d'un jaune doré; rémiges noirâtres; les onze douze treize quatorze quinze et seizièmes blanches de même que les rectrices latérales et toutes les parties inférieures; bec et pieds noirâtres. Taille huit pouces.

MERLE PENRITH. V. MERLE A GORGE NOIRE JEUNE.

MERLE DE PÉRON Turdus Peronii Vieill. Plumage roux à l'exception du lorum des paupières de la gorge du milieu de la poitrine du ventre des petites tectrices alaires et de l'extrémité des rémiges qui sont blancs; joues tache oculaire partie des tectrices moyennes et rémiges noires; bec brun jaune à sa base; pieds rougeâtres. Taille neuf pouces. De la Nouvelle-Hollande.

MERLE PERSIQUE Turdus Persicus Lath. Parties superieures noires avec les ailes brunes; une tache blanche sous l?oelig;il; gorge et poitrine noirâtres; ventre et tectrices anales cendrés; bcc et pieds jaunes. Taille onze pouces. En Perse.

PETIT MERLE DE LA CÔTE DU MALABAR. V. MERLE VERDIN.

PETIT MEBLE DE L'ÎLE PANAY Turdus cantor Lath. V. STOURNE CHANTEUR.

MERLE PETITE GRIVE. V. MERLES GRIVE ET GRIVET.

MERLE PETITE GRIVE DE CATESBY. V. MERLE GRIVET.

MERLE PETITE GRIVE DE GUI. V. MERLE-GRIVE.

MERLE PETITE GRIVE DES PHILIPPINES Turdus Philippensis Lath. Parties supérieures d'un brun olivâtre; devant du cou roux tacheté de blanc; parties inférieures d'un blanc jaunâtre; bec et pieds bruns. Taille sept pouces.

MERLE DES PHILIPPINES. V. BRÈVE DES PHILIPPINES.

MERLE A PIEDS JAUNES Turdus flavipes Vieill. Parties supérieures d'un bleuq ardoisés avec les ailes la queue la téte lá gorge le devant du cou et le haut de la poitrine noirs; le reste d'un bleu cendré; bec jaune.Taille neuf pouces. Du Brésil.

MERLE A PIRDS ROUGES. V. MERLE TILLY.

MERLE A PLASTRON BLANC Turdus torquatus L- Buff. pl. enl. 516. Tout le plumage noirâtre avec le bord des plumes gris; une large plaque blanche traversant le haut de la poitrine; becet pieds noirâtres. Taille dix pouces six lignes. Chez la femelle et les jeunes toutes les nuances ont une teinte grisâtre. Dans les contrées boisées de l'Europe où il est fort sédentaire ses moeurs sont celles du Merle noir; il plâce son nid très-près de terre et les œufs d'un vert blanchâtre tacheté de brun ou de rongeâtre y sont au nombre de quatre à six.

MÈRLE A POIPRINE JAUNE. V. MIRLE D'ONALASCHKA.

MERLE PODONÉ Tardus erythropterus Lath. Buff. pl. enl. 354. Plomage noir avec les ailes rousses ta chetées de blanc à l'extrémité des tectrices nlairès; rectrices blanches; bec brun; pieds roux. Taille dix pouces. Du Sénégal.

MERLE DU PORT JACKSON Turdus badius Lath. Parties supéríeures d'un brun rougeâtre; téte ardoisée; rémiges et rectrices plombées et bordées de blanchâtre; parties inférieur res blanchâtres aveo le milieu du ceu et de la poitrinè brunâtres; bec jaune; pieds bruns. Taille neuf pouces.

MERLE GRIVE DU PORT JACKSON Turdus harmonicus Lath. Parties supérieures d'un brun clair; rémiges et rectrices noirâtres; parties inférieures blanchâtres striées de brun; bec et pieds cendrés. Taílle huit pouces six lignes.

MERLE PROVENCAL. V. MERLE DRAINE.

MERLE A QUEUE BLANCHE. V. TRAQUERRIBUR.

MERLE A QUEUE COURTE Turdois brevicoudus Vieill. Parties supérieures d'un brun roussâtre avec le

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bord des plumes d'une taiste plus foncée; une longue moustache rous sâtre rectrices terminées de rousâstre; gorge et parties inférieures blanches striées de brun; poitrine roussâtre; tectrices anales rousses; bec brun ja unâtre en dessous; pieds longs et jaunes. Taille neuf pouces. Du Brésil.

MERLE A QUEUE BOUSSE Turdus ruficandus Lath. Parties supérieures d'un brun olivâtre; rémiges et rectrîces noirâtres les latérales de celles-ci terminées de roux; tectrices caudales rousses; parties inférieures d'un blanc pourpré; bec et pieds noirsff Taille six pouces six ligues. Du cap de Bonne-Espérance.

MERLE RÉCLAMEUR Turdus raclamator Vieill. Levaill. Ois. d'Afrique pl. 104. Parties supérieures brunes variées de gris bleuâtre et d'olivâtre; rémiges noires bordées de gris bleuâtre; rectrices intermé diaires noirâtres les latérales jaunes bordées de noir; parties inférieures fauves; bec cendré; pieds jaunes. Taille sept pouces. D'Afrique.

MERLE DE RIO-JANERO. V. COTINGA CORDON-BLEU

MERLE ROCAR Turdus rupestris Vieill. Levaill. Ois. d'Afrique' pl. 101. Parties supérieures brunes avec le bord des plumes roux; gorge et cou d'un gris bleuâtre: rémiges d'un gris foncé bordées de bleuâtre; croupion rectrices latérales et parties inférieures d'un roux vif; bec et pieds noirs. Taille huit pouces. D'Afirique.

MERLE DE ROCHE Turdus saxatilie Lath.; Lanius infaustus min. Gmel. Buff. pl. enl. 562. Parties supérieures noirâtres avec un large espace blanc sur le dos; tête et cou d'un cendré bleuâtre; rémiges et rectrices intermédiaires brunes; parties inférieures et rectrices latérales rousses; tectrices anales rousses terminées de blamc; bec et pieds noirs; taille huit pouces. La femelle a les parties supérieures d'un brun terne avec quelques taches blanchâtres bordées de brun; la gorge et les côtés du cou blancs; les parties inférieures d'un blanc roussâtre finement rayées de brun; habite les plus hautes montagnes de l'Europe.

MERLE ROSE. V. MARTIN ROSELIN.

MERLE DE ROSEAUX. V. SYLVIE ROUSSEROLLE.

MERLE ROUGE. V. MERLE-GRIVE

MERLE ROUPENNE. V. MERLE JAUNOIR.

MERLE ROUSSATRE Turdus rufulus. Parties supérieures brunes avec l'extrémité des tectrices alaires blanchâtre; sourcil blanchâtre; gorge et devant du cou blancs striés de brun; côtés de la poitrine noirâtres celle ci et le ventre d'un roux fauve; abdomen blanc; tectrices anales blanchâtres tachetées d'olivâtre; bet noirâtre blanchâtre à la base de la mandibule inférieure; pieds bruns. Taille huit pouces. Nous avons reçu cette espèce avec celle quenous avons nommée Striée de Java ou son apparition est périodique.

MERLE ROUSSEROLLE. V. SYLVIE ROUSSEROLLE.

MERLE ROUX Turdus rufus Lath. Buff. pl. enl. 645. Parties supérien res d'un brun roux; rémiges et tectrices brunes bordées de roux; deux raies blanches sur les tectrices alaires; gorge blanche; poitrine grise; flancs d'un roux cendré; tectrices anales roussâtres; des taches noirâtres sur le cou la poitrine et les flancs; bec et pieds bruns. Taille dix pouces. De l'Amérique septentrionale.

MERLE ROUX DE CAYENNE. V. BATARA A FRONT ROUX.

MERLE ROUX A COLLIER NOIR Turdus atricollis Vieill. Levaill. Ois. d'Afrique pl. 113. Parties supérieures ardoisées; tectrices alaires tachetées et bordées de roux; rémiges noires bordées de roux; une tache noirâtre sur les oreilles; gorge et devant du cou d'un jaune d'ocre foncé; une bande noirâtre sur la poitrine; le reste des parties inférieures d'un roux jaunâtre avec le bord des plumes brun; bec brun; pieds rousrsâtres. Taille sept lignes. De l'Australasie.

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MERLE DE SAINT-DOMINGUE. V. MERLE MOQUEUR.

MERLE DES SAVANES Turdus pratensis Vieill. Parties supérieures d'un noir qui tire au brun toujours en pâlissant à mesure qu'il est plus voisin du croupion; un espace nu de chaque côte du cou; tectrices alaires noires bordées de roussâtre; rectrices noires terminées irrégulièrement de blanc; parties inférieures jaunes striées de noir vers les ûancs; bec noir; pieds jaunâtres. Taille neuf pouces. De l'Amérique méridionale.

MERLE SAUI-JALA Turdus nigerrimus Gmel. Buff.. pl. enl 539 fig. 2. Plumage noir avec le bord de chaque plume d'un jaune citron beaucoup plus marqué sur la poitrine où il forme une espèce de collier; bec et pieds noirs. Taille six pouces. De Madagascar.

MERLE DE SAVOIE. V. MERLE A PLASTRON BLANC.

MERLE DU SÉNÉGAL. V. MERLE BRUN DU SÉNÉGAL.

MERLE SHAN-HU Turdus Shanhu Lath. Parties supérieures brunes variées de verdâtre; une tache blanche sur les oreilles; paupières menton et gorge noirs; devant du cou poitrine et ventre gris; bec noir; pieds bruns. Taille dix pouces. De la Chine.

MERLE SOLITAIRE. V. MERLE BLEU.

MERLE SOLITAIRE DE MANILLE Turdus Monillensis Lath. Buff. pl. enl. 636.

MERLE SOLITAIRE DES PHILIPPINES Turdus Eremita Lath. Buff. pl. enl. 339. Ces deux Oiseaux ne diffèrent presque en rien du MERLE BLEU.

MERLE SPRÉO Turdus bicolor Lath. Levaill. Ois. d'Afrique. Plumage brun irisé en vert; croupion et ventre blancs. Bec brun jaunâtre à la base de la mandibule inférieure; pieds bruns. Taille dix pouces. Du cap de Bonne-Espérance.

MERLE STRIÉ Turdus striatus. Parties supérieures d'un brun olivâtre avec les plumes du sommet de la téte et de la nuque les rémiges et les tectrices largement bordées de brun roussâtre; un trait fauve entre à narine et l?oelig;il; joues blanchâtres avec des stries olivâtres; menton blanchâtre; gerge devant du cou et haut de la poitrine variés et tachetés de roussâtre et de brun sur un fond blanchâtre; le reste des parties inférieures blanchâtre tacheté de cendré; extrémité des tectrices latérales blanche; bec noir jaune à sa base; pieds jaunâtres. Taille huit pouces. Jura.

MERLE DE SURINAM Turdus Surinamus Lath. Plumage d'un noir brillant avec le sommet de la tète jaune; une tache jaunâtre de chaque côté de la poitrine et le croupiond on jaune fauve; partie des tectrices alaires blanche; bec et pieds bruns. Taille six pouces six lignes.

MERLE TACHETÉ Turdus nævins Lath. Parties supérieures d'un cendré obscur; téte noirâtre; sourcils ferrugineux; extrémité des tectrices alaires marquée de brun ferrugineux; parties inférieures roussâtres; poitrine traversée par une bande brune; bec noir avec la base de la mandibule inférieure jaune. Pieds jaunes. Taille huit pouces. La femelle a la poitrine d'un rouge terne; les parties supérieures d'un gris cendré et les intérieures grisâtres; elle n'a point de bande noire. De l'Amérique septentrionale.

MERLE TANAOMRÉ Turdus Madargascariensis Lath. Buff. pl. enl. 557 fig. 1. Parties supérieures d'un brun verdâtre; rémiges noires irisées en vert et en violet; tectrices marquées d'une tache oblongue jaune; rectrices d'un vert doré bordées de blanc; poitrine d'un brun roux le reste des parties inférieures blanc; bec et pieds noirs. Taille sept pouces. De Madagascar.

MERLE TANNÉ Turdus mustelinus Lath. Parties supérieures d'un brun roussâtre; tectrices alaires brunâtres bordées de roux; croupion et tectrices caudales d'un gris brun; moustache composée de points noirâtres;

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parties inférieures blanches variées de taches brunes; bec brun jaunâtre à la base de sa partie inférieure; pieds rougeâtres. Taille huit pouces. De l'Amérique septentrionale.

MEBLE TERRIER. V. MERLE A PLASTRON BLANC.

MERLE A TÊTE BLEUE Turdus cyanocephalus Lath. Parties supéneures brunes; sommet de la téte d'on bleu foncé; rémiges noirâtres terminées de blanc; tectrices brunes terminées par une tache triangulaire blanche; parties inférieures d'un blanc jaunâtre rayées et tachetées de brun; bec et pieds bleus. Taille boit pouces. De la Nouvelle-Galles du sud.

MERLE A TÊTE NOIRE DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE. V. MERLE A CASQUE NOIR.

MERLE TÊTE TACHETÉE Turdus punctatus Lath. Parties supérieures brunes tachetées de noir; une tache rousse sous l'œil; sourcils et menton blancs; poitrine bleuâtre; parties intérieures d'un blanc roussâtre tachetées de noir; bec noir; pieds jaunes. Taille onze pouces. De la Nouvelle-Hollande.

MERLE THÉMA. V. MERLE MOQUEUR THéMA.

MERLE TILLY Turdus plumbeus Var. Lath. Parties supérieures d'un gris ardoisé; tectrices terminées de blanc; moustache noire; gorge blanche striée de noir; poitrine d'un cendré bleuâtre; ventre blanc; bec et pieds rouges. Taille dix pouces. De l'Amérique septentrionale.

MERLE TOURDELLE. V. MERLE LITORNE.

MERLE TRICOLOR A LONGUE QUEUE Turdus tricolor Lath. Levaill. Ois d'Afrique pl. 114. Parties supérieures d'un noir bleuâtre; croupion et extrémité des tectrices latérales d'un blanc pur; gorge cou et partie antérieure de la poitrine noirs; le reste des parties intérieures roux; queue très-étagée; bec brun; pieds roux. Taille douze à treize pouces.

MERLE A TROIS QUEUES. V. MERLE DU PARAGUAY.

MERLE TSUTJU - CRAWAN. V. MERLE OCHROCÉPHALE.

MERLE TURBULENT Turdus inquietus Lath. Parties supérieures noires les inférieures blancnes; bec long noir ainsi que les pieds. Taille sept pouces six lignes. De la Nouvelle-Hollande.

MERLE D'ULIÉTÉA Turdus Ulietensis Lath. Plumage d'un brun roux avec les rémiges et tectrices alaires bordées de noirâtre; tectrices noirâtres s'arrondissant à l'extrémité de la queue; bec d'un gris rougeâtre; pieds bruns. Taille huit pouces.

MERLE DE VAN-DIÉMEN Turdus Nouæ-Hollandiæ Lath. Plumage d'un gris de plomb à l'exception de la téte de la gorge des ailes et de la queue qui sont noirs; tectrices latérales terminées de blanc; bec et pieds noirs. Taille six pouces six lignes.

MERLE VARIE DE ROUX Turdus rufovariegatus. Parties supérieures d'un bleu vdoisé varié de noirâtre; sommet de la téte et nuque d'un brun noirâtre strié de roux; petites tectrices alaires terminées par une tachc d'un blanc roussâtre; gorge et devant du cou blanchâtres; côtés du cou et milieu de la poitrine variés de roux et de bleu noirâtre; le reste des parties inférieures d'un roux vil à l'exception des tectrices anales qui sont d'un blanc cendré; bec noirâtre; pieds jaunâtres. Taille sept pouces.De Java.

MERLE A VENTRE JAUNE Turdus melinus LATH. V. PHILéDON

MERLE A VENTRE ORANGÉ DU SÉNÉGAL. V. PIE-GRIÈCHE BACRAKERI.

MERLE VERDATRE DE LA CHINE Turdus virescens Lath. Parties supérieures d'un vert grisâtre; sourcils moustaches ventre et tectrices anales blancs; gorge grise tachetée de blanc; poitrine et flancs roussâtres; rémiges et tectrices brunes; bec et pieds jaunâtres. Taille six pouces six lignes.

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MERLE VERDIN. V. PHILÉDON VERDIN.

MERLE VERT D'ANGOLA. V. STOURNE.

MERLE VERT A COLLIER DE CONGO. V. PIE-GRIECHR VERTE A COLLIER.

MERLE VERT DORÉ. V. STOURNE.

MERLE VERT DE L'ILE-DE-FRANCE Turdus Mauritanus Lath. Buff. pl. enl. 648 f. 2. V. STOURNE CHANTEUR.

MERLE VERT ET JAUNE Turdus gutturalis Lath. Parties supérieures vertes; tête et partie des côtés du cou noires; nuque jaunâtre; menton blanc; poitrine ventre et tectrices anales jaunes; bec et pieds noirs. Taille huit pouces. De la Nouvelle-Hollande.

MERLE VERT A LONGUE QUEUE DU SÉNÉGAL. V. STOURNE VERT-DORÉ.

MERLE VERT DES MOLUQUES. V. BREVE DU BENGALE.

MERLE VERT A TETE NOIRE DES MOLUQUES. V. BREVE DES PHILIPPINES.

MERLE VIOLET DU ROYAUME DE JUIDA. V. STOURNE.

MERLE VIOLET A VENTRE CLANC DE JUIDA. V. STOURNE. (DR..Z.)

MERLE ET MERLQT. POIS. Noms vulgaires de l'espèce de Labre scientifiquement appelée Turdus. (B.)

MERLESSE ET MERLETTE. OIS. Vieux noms de la femelle du Merle dont On appelait les petits Merlan ou Merlot. (B.)

MERLU ET MERLUS. Merluccius. POIS. Espèce du genre Gade type du sous-genre Merluche. V. GADE. (B.)

MERLUCCIUS. POIS. Rafinesque a établi sous ce nom un genre aux dépens des Gades et dont le Merlu ou Merlus était le type. Il y adjoignait une seconde espèce appelée Smeriddu sur les côtes de Sicile. Le genre dont il est question qui répond à peu pès au sous-genre Merluche n'a pas été adopté par les ichthyologistes. (B.)

MERLUCHE. POIS. Sous-genre de Gade. V.ce mot. (B.)

MERLUS. POIS. V. MERLU.

MEROCTÈS. MIN. Ecritdans quelques édition Morotes. Pline cite sous ce nom qu'il ne faut pas confondre avec Morochtus une Pierre verte qui devenait blanche quand on la frottait. (B.)

MERODON. Merodon. INS. Genre de l'ordre des Diptères famille des Notacanthes tribu des Syrphies établi par Meigen et ayant pour caractères: trompe beaucoup plus courte que la tête et le corselet; tête prolongée antérieurement en forme de bec court et perpendiculaire sans élévation ou bosse en dessus; ailes couchées sur le corps; antennes beaucoup plus courtes que la tête écartées; leur troisième article en palette presque trigoue finissant en pointe avec une'soie biarticulée inférieurement; pieds postérieurs ayant les cuisses et les jambes arquées. Latreille dans tous ses ouvrages a réuni ce genre à ses Milésies; ce n'est que dans les familles naturelles qu'il l'a adopté. L'espèce qui lui sert de type est:

Le MÉRODON CLAVIPéDE Merodon clavipes Meig. Fabr. Illig. Latr. Il a plus de huit lignes de long; son corps est noir mais tout couvert d'un duvet gris jaunâtre. Le corselet a une bande noire transverse; l'abdomen est couvert d'un duvet d'un jaune roussâtre à commencer du second anneau qui a deux petites raies obliques blanchâtres. Les pâtes postérieures ont les cuisses très-renflées avec les jambes arquées dans les mâles surtout. L'abdomen de la femelle est différent pour les couleurs; les second troisième et quatrième anneaux sont noirs; leur bord postérieur est d'un gris jaunâtre. Cette espèce est assez commune aux environs de Paris. (G.)

MÉROPS. OIS. (Linn.) Syn. de Guêpier. V.. ce mot. (DR..Z.)

MEROU ET MERRA.POIS. Espèce du genre Serran. (B.)

* MERSA. OIS. (Pallas.) Syn. de

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Canard couronné jeune. V. CANARD. (DR..Z.)

MERTENSIA. BOT. PHAN. Genre placé dans la Pentandrie Digynie L. voisin du Celtis ou Micocoulier et qui présente les caractères suivans: fleurs polygames; calice quinquéparti au fond duquel s'insèrent cinq étamines opposées à ses divisions; deux styles bifides surmontant un ovaire uniloculaire dans lequel setrouve un ovule unique pendu au sommet. Le fruil est une drupe. Les espèces de ce genre sont des Arbres à feuilles alternes égales à leur base très-entières et marquées dans le sens de leur longueur de trois nervures. De leurs aisselles partent des grappes de fleurs ou bien dans les rameaux non florifères desaiguillons solitaires ou geminés. La présence de ces aiguillons fait distinguer au premier coup-d?oelig;il les Arbres de ce genre des Micocouliers dont les rameaux sont inermes: ils en diffèrent aussi par leurs styles bifides et non simples. Les espèces de Celtis qui présentent ce double caractère doivent donc être reportées aux Mertensia: on en connaissait une; Kunth en a décrit trois nouvelles de l'Amérique équatoriale (Nov. Gen. et Spec. 2 p. 30 tab. 130) en établissant le premier ce genre. Il est dédié à F. C. Mertens botaniste de Brême connu pas ses travaux sur les Algues ainsi que sur les Plantes d'Allemagne. Roth avait sous le même nom distingué génériquement une espèce de Pulmonaire (V. ce mot). Il a été encore consacré à un genre de Fougères. (A.D.J.)

MERTENSIE. Mertensia. BOT. CRYPT. (Fougères.) Ce genre établi par Willdenow est très - voisin des Gleichenia auxquels il a été réuni par R. Brown. Il forme avec ce genre et le Platizoma de Brown la petite tribu des Gleicheniées. La fructification de ces trois genres diffère à peine; elle consiste en capsules sessiles réunies en petit nombre en groupes arrondis; charque capsule est entourée par un anneau élastique complet large strié transversal et s'ouvre par une fente longitudinale. Les Gleicheuies diffèrent réellement des Mertensies quant au faciès en ce que les pinnules des premières sont profondément pinnatifides tandis que celles des secondes sont linéaires et entières; il en résulte un port très différent mais qui ne suffirait pas pour former deux genres si l'on n'y avait trouvé d'autres caractères; c'est ce qui a engagé plusieurs botanistes à suivre l'opinion de Robert Brown et à réunir les Mertensia aux Gleichenia. Les Plantes que Willdenow range dans le genre Mertensia sont des frondes plusieurs fois dichotomes d'une forme très-régulière et fort élégante; les pinnules simples étroites assez allongées perpendiculaires sur ce rachis dichotome sont en général très-rapprochées entières souvent glauques en dessous; elles portent à leur face inférieure des groupes peu nombreux de capsules nues. Ce genre est entièrement propre à la zône équatoriale des deux continens et aux régions australes. La seule espèce connue au-delà du tropique du Cancer est la Mertensia glauca qui habite le Japon; les autres espèces croissent dans l'Amérique équinoxiale aux Indes-Orientales dans les îles du grand Océan à la Nouvelle-Hollande dans les îles de France et de Mascareigne. (AD. B.)

MERUA. BOT. PHAN. Pour Mærua. V. ce mot. (B.)

MÉRULA. OIS. V. MERLE

MÉRULE. Merulius. BOT. CRYPT. (Champignons.) Le nom de Merulius appliqué d'abord à un grand nombre de Champignons a depuis été limité à quelques espèces qui paraissent avoir porté primitivement ce nom; les autres forment le genre Cantharellus. (V. CHANTERELLE). On peut donner le caractère suivant au genre Merulius tel que Nées d'Ésenbeck et Fries l'ent circonscrit: chapeau

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irrégulier étendu sessile; membrane fructifère occupant sa surface inférieure garnie de plis ou de veines sinueuses anastomosées flexueuses formant des cellules irrégulières et portant des thèques épaisses. Toutes les Plantes de ce genre croissent sur les bois pourris et particulièrement sur les solives des plafonds des appartemens bas et humides; elles forment de larges plaques charnues ou d'un aspect cotonneux marquées de veines épaisses souvent plus coloriées qui s?eacute;tendent rapidement sur le bois entretiennent l'humidité à sa surface et hâtent sa destruction. C'est ce qui leur a fait donner les noms de Merulius serpens Merulius tremellosus Merulius vastator Merulius lacrymans. (AD. B.)

* MERUS. MAM. On ne sait quelle est l'espèce d'Antilope du pays des Cafres mentionnée sous ce nom par le père Lobo. (B.)

MERVEILLE A FLEURS JAUNES. BOT. PHAN. L'un des noms vulgaires de l?Impatiens nolitangere L. (B.)

MERVEILLE D'HIVER BOT. PHAN. Variété de Poires. (B.)

MERVEILLE DU PÉROU BOT. PHAN. D'où le nom scientifique de Mirabilis premier nom que reçut la Belle-de-Nuit lors de son introduction dans les jardins de France. V. NYCTAGE. (B.)

MERYCOTHERIUM. MAM. Bojanus (Nov. Act. acad. Cæs. Léopold. nat. Curios T. XII) a décrit avec soin et figuré trois dents trouvées en Sibérie et qui indiquent un Ruminant de très-grandes dimensions. L'espèce à laquelle appartiennent ces débris devra probablement selon l'anatomiste allemand devenir le type d'un nouveau genre qu'il propose de nommer Mery cotherium. D'autres naturalistes pensentau contraire que ces dents pourraient bien n?ecirc;tre aue des dents de Chameau ou de Girafe. (IS. G. ST.-H.)

MERYTA. BOT. PHAN. Forster (Charact. Gen. Plant. n. 60) a établi sous ce nom un genre de la Diœcis Triandrie L. dont iln'a décrit que la structure des fleurs máles. Elleffs sont agrégées en capitules sessiles sur les branches. Le périanthe est à trois divisions ovales aiguës; les étamines au nombre de trois ont leurs filets capillaires de la longueur du calice et les anthères à quatre sillons. Cette description incomplète qui n'est pas éclaircie par plus de détails dans la figure de Forster nepermet d?eacute;tablir aucune boune considération sur ce genre. (G.N.)

MÉRYX. Mery x. INS. Genre de l'ordre des Coléoptères section des Tétramères famille des Xylophages tribu des Trogossitaires établi par Latreille et ayant pour caractères: corps étroit et allonge; antennes composées de onze articles plus longues que la tête et terminées par une massue de trois articles; mandibules bifides peu ou point saillantes; palpes très-courts; les maxillaires saillans. Ce genre se distingue des Latrédies et des Sylvains parce que ceux-ci n'ont pas les palpes saillans; il est séparé des Trogossites et des Prostomis par les mandibules qui dans ceux-ci sontt très-fortes et avancées. Ce genre a été établi sur un petit Insecte rapporté des îles de la mer du Sud par Labillardière et Riche; il est très – voisin de celui des Lyctes mais il s'en distingue par la massue de ses antennes composée de trois articles tandis qu'il n'y en a que deux à celle des Lyctes. La seule espèce connue de ce genre est:

La MÉRYX RUGUEUSE Mery x rugosa Latr. Gen Crust. et Ins. T. 1 pl. XI fig. 1. Elle est longue d'environ trois lignes d'un brun obscur pubescente ponctuée avec des lignes élevécs formant une sorte de réticulation ou de grandes mailles sur les élytres. Les antennes et les pates tirent sur le fauve. (G.)

MÉSA. BOT. PHAN. Pour Mæsa. V. ce mot. (B.)

MÉSAL. MOLL. Nom donné par Adanson (Voy. au Sénégal pl. 10)

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à une Coquille qu'il place à tort dans son genre Cérithe; elle appartient aux Turritelles; les auteurs ne Tont point ençore mentionnée: c'est pourtant une espèce intéressante en ce qu'elle pourrait servir de passage entre les Turritelles et le genre Proto proposé par Defrance. V. ces mots. (D..H.)

MÉSANGE. Parus OIS. Genre de l'ordre des Granivores. Caractères: bec assez fort droit conique comprimé court pointu non échancré garni de petits poils à sa base et tranchant aux bords des mandibules; mandibule supérieure quelquefois un peu recourbée vers les narines placées de chaque côté du bec et la pointe près de sa base arrondies et presque entièrement cachées par de petites plumes dirigées en avant; pieds assez robustes; quatre doigts: trois en avant entièrement divisés un en arrière dont l'ongle est plus fort et plus recourbé que les autres; la première rémige de moyenne longueur ou presque nulle la seconde de beaucoup moins longue que la troisième qui dépasse toutes les autres plus courte aussi que les quatrième et cinquième. Vivacité courage hardiesse perfidie ardeur belliqueuse et même une certaine férocité sont les traits les plus saillans du caractère des Mésanges que malgré la réunion de telles qualités le besoin de vivre en société tient presque toujours groupées par bandes de dix douze et même plus. Abondamment répandues dans tous les climats les Mésanges quelle que soit l'espèce qui prédomine dans un canton offrent partout la plus grande similitude dans leurs habitudes; partout on les trouve constamment à la recherche des Insectes et des larves réfugiés sous l?eacute;corce des Arbres dont elles parcourent la surface dans toutes les directions en s'y tenant fortement cramponnées par les ongles au moyen de muscles dont la vigueur doit être extrême. Elles font de leur bec fort et pointu un levier qui détache souvent des fragmens d'écorce dont le volume a lieu de surprendre; et de leurs petites serres elles saisissent l'Insecte et le dépècent avant de l'avaler. Elles poursuivent ordinairement leur proie jusque sur les plus petites ramifications des branches et parvenues à leur extrémité elles s'y tiennent suspendues sans que le balancement qui résulte de leur position apporte aucun obstacle à leur chasse qu'elles continuent sur les petits Insectes qui peuvent voltiger autour d'elles. Tous les plans inclinés ou verticaux des rochers comme des murailles sont parcourus et visités de la même manière par les Mésanges; et il est bien rare que les Insectes qui s'y étaient réfugiés leur échappent. Quand fatiguées de la nourriture des Insectes ou quand elle venant à leur manquer les Mésanges ont recours aux fruits aux semences et surtout aux graines oléagineuses qui sont pour elles un mets favori elles ne broient point ces substances végétales ainsi que le font la plupart des Oiseaux granivores mais elles les divisent à coups de bec et en avalent des fragmens qu'elles ont soin de monder de toute matière qui ne pourrait être digérée. Quelquefois devenant encore plus omnivores elles se jettent sur les charognes qu'elles rencontrent pour en détacher de petits lambeaux à la manière des Rapaces; enfin elles visitent les nids des petites espèces d'Oiseaux guettent les momens d'absence de la couveuse attaquent la progéniture sans défense la détruisent en percant le crâne pour sucer la cervelle. C'est surtout dans la captivité que se déeèle l'humeur féroce des Mésanges; toujours elles finissent par se débarrasser des autres Oiseaux qu'on leur adjoint et il arrive bien rarement qu'une seule Mésange ne reste point maîtresse absolue de la volière. Nous avons vu plusieurs fois le résultat d'un semblable brigandage commis en une seule nuit et tous les compagnons d'esclavage étendus le crâne percé d'un coup de bec. De tous les

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Oisillons auxquels on tend des pièges aucun n'y donne plus facilement que la Mésange surtout lorsqu'elle est attirée par les cris d'une congénère captive que dans cette circonstance elle cherche imprudemment à délivrer; cette confiance aveugle forme un certain contraste avec le fond de son caractère. Du reste ceci n'est pas un grand bonheur pour le chasseur car cet Oiseau ne lui offre qu'une chair peu abondante dure et d'un fumet désagréable. On en prend beaucoup à la pipée et l'acharnement avec lequel une sorte d'antipathie la porte à attaquer courageusement la Chouette sert encore à favoriser cette chasse. Le chant ou plutôt le cri des Mésanges peint assez bien leur humeur colérique; ces cris ordinairement fort aigus sont plus vifs plus concentrés et plus souvent répétés à l?eacute;poque des amours qui pour ces Oiseaux se fait sentir de trèsbonne heure. Déjà dès le mois de février dans nos climats ils s'apparient; les sociétés se rompent; et chaque couple abandonnant le voisinage des habitations dont ces Oiseauxs'approchent avec une hardiesse très familière se retire dans les bois; là ils s'occupent bientôt de la construction de leur nid. Ce petit édifice est un véritable chef-d?oelig;uvre d'architecture; il est placé soit dans les bifurcations des couronnes touffues des Arbres soit danslecreux de leurs troncs vermoulus soit enfin dans des trous de murailles dans des crevasses de rochers. La ponte toujours fort nombreuse est suivie d'une incubation de douze à quatorze jours. Les parens soignent leur famille avec des attentions d'autant plus admirables que l'on concoit plus difficilement que deux petits êtres puissent par leur chasse pourvoir pendant un temps assez long à la nourriture de vingt autres. La tendresse qu'ils lui témoignent et le courage avec lequel ils la défendent contre toute attaque est eneore un autre sujet d'étonnement sur la singularité et la bizarrerie des mœurs de ces Oiseaux qui d'ordinaire n'épargnent pas même leurs semblables: il faut que chez tous les Animaux la nature ait placé la tendresse maternelle au-dessus de toutes les passions qu'elle en ait fait généralement la sensation la plus puissante. Quoique les Mésanges rendent d'assez grands services au cultivateur par l?eacute;tonnante destruction qu'elles font parmi les Insectes surtout dans le premier état de ceux-ci on est cependant obligé de leur faire une guerre à outrance dans les cantons où l'on s'occupe de l?eacute;ducation des Abeilles. Un seul couple de ces Oiseaux suffit pour anéantir en peu de jours tout un essaim et rendre ainsi la ruche improductive.

Le genre Mésange tel qu'il a été établi par Linné a été divisé par Cuvier en Mésanges proprement dites en Moustaches et eu Rémiz; cette division est fondée sur une légère différence dans la conformation du bec ou seulement de l'extrémité de la mandibule supérieure. Temminck s'est borné à établir dans ce genre deux sections; il a plus consulté comme motif de la division les oppositions d'habitudes: les Mésanges proprement dites préférant à tout les lieux secs; élevés et boisés; les Moustaches et les Rémiz se tenant au contraire dans les endroits aquatiques et marécageux dans les jonchaies et les roseaux. Quant aux différences physiques ceux-ci ont la première rémige nulle ou presque nulle tandis que les Mésanges l'ont de moyenne longueur.

MÉSANGE DES ALPES SUNAMISICES Parus alpinus Lath. Parties supérieures noires avec le bord des plumes cendré: petite moustache blanche; rémiges noires en dessus cendrées eu dessous; tectrices alaires noires terminées de blanc; rectrices noires avec une tache blanche à l'extrémité des latérales qui sont plus longues que les intermédiaires; parties inférieures rougeâtres tachetées de noir; bec et pieds noirâtres. Taille: cinq pouces six lignes. De Perse.

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MÉSANGE AMÉRICAINE. V. SYLVIE DES SAPINS:

MÉSANGE AMOUREUSE Parus amorosus Lath. Plumage d'un noir bleuâtre d'une teinte un peu plus claire en dessous; petites tectices alaires bordées d'un fauve clair les grandes bordées de roussâtre ce qui dessine sur l'aile deux bandes; queue fourchue; bec noir avec la pointe orangée; pieds noirs. Taille cinq ponces six lignes. De Chine. Espèce douteuse.

MÉSANGE AZURÉE Parus cyanus Pall. Parus SulbiensisGmel. Parties supérieures d'un bleu d'azur; front tempes ainsi qu'une grande tache sur la nuque d'un blanc pur; sommet de la tête d'un blanc bleuâtre; bande oculaire d'un bleu vif; grandes tectrices alaires bleues bordées de bleuâtre et de blanc; rectrices intermédiaires bleues les latérales bordées et terminées de blanc moins longues que les autres; parties inférieures blanches; bec et pieds noirâtres. Taille cinq pouces six lignes. Du nord de l'Europe.

MÉSANGE DE BAHAMA. V. GUITGUIT SUCRIER.

MÉSANGE DE LA BAIE D'HUDSON. V. MÉSANGE PÊCHE-KESHICH.

MÉSANGE BARBUE. V. MÉSANGE MOUSTACHE.

MÉSANGE BLEUE Parus cæruleus L. Buff. pl. enl. 5 fig. 2. Parties supérieures bleuâtres; sommet de la tête d'un bleu azuré; sourcils front et occiput blancs; tempes et collier bleus; bas du cou et partie du dos d'un gris verdâtre; grandes tectrices alaires terminées de bleu; gorge et raie longitudinale sur le milieu du ventre d'un noir bleuâtre; poitrine flancs et abdomen jaunes; bec et pieds noirs. Taille quatre pouces six lignes. Cette espèce de toutes la plus querelleuse et la plus méchante est aussi plus que les autres dominée par l'instinct de la prévoyance; elle amasse dans les trousd'Arbres qu'elle a adoptés des graines dont sans doute elle fait usage aux jours de disette. C'est dans ces trous qu'elle se blottit pendant les plus grands froids; c'est là aussi qu elle établit son nid ou l'on compte quelquefois jusqu?agrave; vingtdeux œufs d'un blanc rougeâtre pointillés de rouge et de brun. En Europe.

MÉSANGE A BOUQUET. V. MÉSANGE HUPPÉE.

MÉSANGE BRULÉE. V. MÉSANGE CHARBONNIÈRE.

MÉSANGE BRUNE A POITRINE NOIRE Parus fuscus Vieill. Levaill. Ois. d'Af. pl. 154 fig. 134 fig.1. Parties supérieures brunâtres; sommet de la tête cou gorge et poitrine noirs; large moustache blanche; rémiges intermédiaires et tectrices alaires supérieures bordées de blanc; tectrices alaires inférieures brunâtres; rectrices noires les intermédiaires terminées de blanc les latérales bordées de même; flancs et abdomen d'un pris roussâtre; bec et pieds d'un gris plombé. Taille quatre pouces six lignes. De la Cafrerie.

MÉSANGE DES CANARIES. Variété de la Mésange bleue.

MÉSANGE DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE. V. MÉSANGE PETIT-DEUIL.

MÉSANGE CAP-NÉGRE Parus atriceps Horsf. Temin. Ois. color. pl. 287 fig. 2. Parties supérieures d'un cendré bleuâtre; sommet de la téte côtés du cou gorge et poitrine d'un bleu d'acier poli; joues partie de la nuque épaules blanches; tectrices alaires bordées de blanc ce qui dessine une bande transversale sur l'aile; rémiges et rectrices cendrées bordées de bleuâtre; rectrice latérale blanche bordée intérieurement de cendré; parties inférieures blanchâtres avec une bande noire sur le milieu du ventre; bec noir; pieds bruns. Taille cinq pouces. De Java.

MÉSANGE A CAPUCHON NOIR. V. SYLVIE MITRÉE.

MÉSANGE A CEINTURE BLANCHE Parus Sibiricus Lath. Buff. pl. enl. 708 fig. 3. Parties Supérieures d'un brun cendré; sommet de la téte et dessus du cou d'un gris brun; tectrices alaires rémiges et rectrices bordées de gris roussâtre; parties in-

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férieures roussâtres une plaque noire sur la gorge descendant sur la poitrine; cette plaque est bordée de chaque côté par une bande blanche qui forme une espèce de ceinture; bec et pieds noirâtres. Taille cinq pouces. De Sibérie.

MÉSANGE CENDRÉE. V. SYLVIE CENDRÉE.

MÉSANGE CHAPERONNÉE. V. MÉSANGE HUPPÉE.

MÉSANGE CHARBONNIÈRE Parus major Linn. Buff. pl. enl. 3 fig. 1. Parties supérieures d'un vert olivâtre; tête gorge devant du cou et milieu du ventre noirs; tempes blanches; petites tectrices alaires et croupion cendrés; une bande blanche sur les ailes; rectrices d'un cendré noirâtre avec celles extérieures en partie blanches; tectrices anales blanches bordées de cendré; côtés de l'abdomen jaunes; bec et pieds noirâtres. Taille cinq pouces huit lignes. La Charbonnière qui tire son nom dit-on de l'habitude qu'elle a de suivre les ouvriers qui dans les forêts fabriquent le charbon établit son nid dans des creux d'Arbres; elle le construit de mousse et de duvet; la femelle v dépose huit ou quinze œufs blancs pointillés de rouge. C'est l'un des petits Oiseaux les plus communs de la France.

MÉSANGE CHINOISE Parus Sinensis Lath. Parties supérieures d'un brun ferrugineux les inférieures de même que la téte d'un brun roussâtre; rémiges et rectrices brunes bordées de noir; bec noir; pieds rougeâtres. Taille trois pouces six lignes.

MÉSANGE COIFFÉE. V. MÉSANGE HUPPÉE.

MÉSANGE A COLLIER. V. SYLVIE MITRÉE.

MÉSANGE DE LA CÔTE DU MALABAR Parus Malabaricus Lath. Parties supérieures d'un gris foucé; rémiges et tectrices alaires noires avec quelques taches blanches sur celles-ci; rectrices d'un rouge pâle à l'exception des deux intermédiaires qui sont noires; gorge noire; parties inférieures d'un rouge tirant à l'orange; bec et pieds noirs. Taille cinq pouces huit lignes. La femelle a le dessous du corps d'un jaune roussâtre.

MÉSANGE A COURONNE ROUGE Parus griseus Lath. Espèce douteuse qui pourrait bien être la SYLVIE ROITELET.

MÉSANGE CRÈTÉE. V. MÉSANGE HUPPÉE.

MÉSANGE A CROUPION ÉCARLATE. V. SYLVIE A CROUPION ROUGE.

MÉSANGE A CROUPION JAUNE. V. SYLVIE A CROUPION JAUNE.

MÉSANGE DORÉE. V. TANGARA TÉITÉ.

MÉSANGE A GORGE NOIRE Parus palustris Var. Lath. V. MÉSANGE KISKIS.

MÉSANGE GRISE A GORGE JAUNE. V. SYLVIE GRISE A GORGE JAUNE.

MÉSANGE GRISE A JOUES BLANCHES Parus cinereus Vieill. Levail. Ois. d'Afr. pl. 139 fig. 2. Parties supérieures grisâtres; sommet de la tête cou gorge et poitrine noirs; joues blanches; rémiges noires bordées de blanchâtre les six rectrices latérales blanches; grandes tectrices alaires frangées de blanc; ventre et abdomen d'un blanc rosé; bec et pieds gris. Taille quatre pouces six lignes. De Java.

MÉSANGE GRISETTE Parus cinerascens Vieill. Levaill. Ois. d'Afr. pl. 138. Parties supérieures d'un gris bleuâtre; sommet de la tête et dessus du cou noirs; un demi-collier blanc entre le cou et le dos; une cravate noire encadrée de blanc sur la gorge; joues devant du cou poitrine et parties inférieures blanches; rémiges brunes; tectrices alaires brunâtres frangées de blanc; rectrices noires bordées de gris bleuâtre; bec noir; pieds bleuâtres. Taille cinq pouces six lignes. D'Afrique.

GROSSE MÉSANGE. V. MÉSANGE CHARBONNIÈRE.

GROSSE MÉSANGE BLEUE. V. MÉSANGE AZURÉE.

MéSANGE A GROSSE TÈTE Parus macrocephala Lath. Parties supérieures noirâtres; trait frontal blanc de même qu'une bande assez large

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sur les ailes et les trois rectrices latérales dont l'extrémité cependant est noire; bord des tectrices alaires et poitrine d'un jaune orangé; le reste des parties inférieures jaunâtres bec et pieds noirs. Taille quatre pouces. Les plumes de la nuque et du cou sont presque décomposées ce qui fait paraître la tête d'un volume trèsconsidérable. La femelle a le dessus du corps d'un brun clair et le dessous jaune; en outre toutes les rectrices sont noires. De l'Australasie.

MÉSANGE. HUPPÉE Parus cristatus L. Buff. pl. enl. 502 fig. 2. Parties supérieures d'un brun roussâtre cendré; joues et côtés du cou blanchâtres; sommet de la tête couronné d'une huppe qui s'élève en pyramide et dont les plumes sont noires bordées de blanc; une petite raie transversale noire sur les tempes; collier noir; parties inférieures d'un blanc roussâtre; bec noirâtre; pieds plombés. Taille quatre pouces six lignes. Cette Mésange quitte rarement les grandes forêts européennes où abondent les Genevriers et autres broussailles constamment vertes; c'est là qu'elle fait sa ponte dans les creux des vieux Arbres ou dans des nids abandonnés; elle consiste en dix ou douze œufs blancs marqués vers le gros bout de petites taches d'un rouge obscur.

MÉSANGE HUPPÉE DE CAYENNE. V. SYLVIE HUPPÉE Sylvia elata Lath. dont Vieillot a fait son genre TYRANNEAU.

MÉSANGE HUPPÉE DE LA CAROLINE MÉSANGE A HUPPE GRISE Parus bicolor Lath. Parties supérieures d'un gris ardoisé; une tache frontale noire; sommet de la tête garni de plumes grises allongées et relevées en huppe pointue; tectrices alaires bordées de roussâtre; parties inférieures d'un blanc roussâtre; flancs et tectrices anales roussâtres; bec et pieds gris. Taille cinq pouces six lignes. De l'Amérique septentrionale.

MÉSANGE JAUNE. V SYLVIE TACHETÉE DE ROUGEATRE.

MÉSANGE KISKIS. Parus atricapilus Lath. Parties supérieures d'un gris cendré; sommet de la tête nuque et gorge noirs; plumes nasales côtés de la tête et du cou poitrine et parties inférieures blanchâtres; bordinterne des rectrices latérales et dessous des rémiges blanchâtres; bec et pieds noirs. Taille cinq pouces. De l'Amérique septentrionale.

MÉSANGE KNJACSCIK Parus Knjacscik Lath. Blanche avec un large trait oculaire et un collier de teinte livide. De la Sibérie. Espèce douteuse.

MÉSANGE DU LANGUEDOC. V. MÉSANGE RÉMIZ.

MÉSANGE A LONGUE QUEUE Parus caudatus L. Buff. pl. enl. 502 fig. 3. Parties supérieures cendrées; milieu du dos rémiges croupion et rectrices intermédiaires noirs; tête cou gorge et poitrine blancs; scapulaires rougeâtres; grandes tectrices alaires bordées de blanc de même que les rectrices latérales; queue très-longue cunéiforme; bec et pieds noirâtres. Taille cinq pouces huit lignes. La femelle a un large sourcil noir qui se prolonge sur la nuqne et va se réunir au trait du milieu du dos. Cette petite espèce européenne qui s'éloigne un peu de ses congénères par la nature des barbules de plumes du corps qui sont en quelque sorte décomposées apporte un art tout particulier dans la construction de son nid. Lorsqu'au mois de mars elle déserte les jardins pour se réfugier dans les bois elle choisit un buisson bien touffu et peu élevé pour y établir son nid que toute l'industrie humaine n'imiterait qu'imparfaitement. Adossé au tronc et dans la bifurcation des branches il présente dans sa forme celle d'un œuf posé verticalement et sur le côté une et quelquefois deux petites ouvertures correspondantes de manière que la Mésange peut entrer dans le nid et en sortir sans se retourner. Ce nid qui a ordinairement huit pouces de hauteur sur quatre de base est composé de Lichens de Mousse et de Laine entrelacés avec une adresse admirable; il est garni intérieurement de plumes

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et de duvet. La ponte est de quinze ou vingt œufs blanchâtres pointillés de rouge vers le gros bout.

MÉSANGE LUGUBRE Parus lugubris Natt. Parties supérieures d'un brun cendré; sommet de la tête d'un brun noirâtre; rémiges et rectrices cendrées lisérées de blanchâtre; tempes et parties inférieures blanchâtres; gorge devant et côtés du cou noirs; bec noirâtre; iris brun; pieds cendrés. Taille six pouces. Cette Mésange que l'on pourrait confondre avec la Nonnette pendrée en diffère essentiellement par la force plus grande de son bec et des pieds plus robustes outre plus d'étendue dans la queue. Elle est des provinces orientales du midi de l'Europe.

MÉSANGE DE MARAIS. V MÉSANGE RéMIZ. On confond aussi sous ce nom la MéSANGE NONNETTE CENDRéE

MÉSANGE DE MONTAGNE. V. MÉSANGE RÉMIZ.

MÉSANGE DE MONTAGNE DE STRASBOURG. V. MÉSANGE PETITE CHARBONNIÈRE.

MÉSANGE MOUSTACHE Parus biarmicus Lin. Parus Russicust Gmel. Buff. pl. enl. 618 fig. 1 et 2. Parties supérieures rousses; tête et occiput d'un gris bleuâtre; moustaches formées de plumes noires et longues descendant sur les côtés du cou; grandes tectrices alaires noires bordées de roux; rémiges brunes bordées de blanc; rectrices étagées rousses les latérales bordées de blanc; gorge et devant du cou d'un blanc qui prend une teinte rosée sur la poitrine; parties inférieures roussâtres; flancs roux; tectrices ovales noires; bec jaune; pieds noirâtres. Taille six pouces trois lignes. La femelle n'a point de moustaches noires. Toutes les parties supérieures la tête comprise sont rousses tachetées de noir sur le dos; les tectrices anales sont d'un roux clair. Cette espèce habite le nord de l'Europe; elle est très-abondante en Hollande dans les vastes marécages que cette province renferme; elle établit son nid au milieu des joncs et des roseaux mais toujours au-dessus de la hauteur que peuvent atteindre les caux dans leurs crues périodiques; la ponte consiste en six ou huit œufs rougeâtres tachetés de brun.

MÉSANGE DE NANKIN Parus Indicus L. Parties supérieures cendrées avec les rémiges et les rectrices noirâtres; sommet de la tête d'un jaune verdâtre; sourcils blancs; une tache jaune sur les rémiges qui sont en outre bordées de cette nuance; rectrices latérales verdâtres terminées de blanc; gorge et devant du cou jaunes; le reste des parties inférieures jaunâtre avec les flancs gris; bec en partie jaune puis brun; pieds noirâtres. Taille cinq pouces six lignes.

MÉSANGE DE NARBONNE Parus Narbonensis Gmel. V. MÉSANGE RÉMIZ.

MÉSANGE NOIRATRE D'AFRIQUE Parus Afer Lath. Parties supérieures brunes les inférieures blanchâtres; côtés de la tête et tour des yeux blancs de même qu'une tache sur l'occiput et un trait sur les côtés du cou; gorge et queue noires; bec et pieds noirâtres. Taille quatre pouces six lignes. Vieillot la considère comme une variété d'âge de la Mésange grise à joues blanches.

MÉSANGE NOIRE D'AFRIQUE Parus niger Vieill. Levaill. Ois. d'Afrique pl. 137. Tout le plumage noir avec un peu de blanc sur les tectrices alaires qui sont en partie bordées de cette nuance de même que les rémiges et l'extrémité des rectrices latérales; bec noir; pieds plombés. Taille cinq pouces huit lignes. La femelle est d'un noir moins pur; elle a la poitrine variée de cendré et les tectrices anales terminées de blanc.

MÉSANGE NOIRE A TÊTE DORÉE. V. MANAKIN A TÈTE D'OR.

MÉSANGE NOIRE OU CELA Parus Cela Lath. Plumage entièrement noir à l'exception de deux taches jaunes sur les ailes et les tectrices caudales; bec blauc; pieds noirs. Taille cinq pouces six lignes. De l'Inde.

MÉSANGE DE NORWÈGE Parus Stro-

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mei Lath. Parties supérieures d'un vert jaunàtre; gorge et poitrine jaunes celle-ci tachetée de marron; ventre bleu; abdomen jaunâtre; bec noir en dessus jaune en dessous; pieds noirs. Taille cinq pouces.

MÉSANGE NONNETTE CENDRÉE Parus palustris L. Parus atricapillus Gmel. Buff. pl. enl. 3 fig. 3. Parties supérieures grises nuancées de brun; sommet de la tête et partie de la nuque d'un noir profond; tempes blanchâtres; rémiges et tectrices alaires brunes bordées de blanchâtre; parties inférieures d'un blanc brunâtre avec la gorge noirâtre; bec et pieds noirs. Taille quatre pouces trois lignes. La femelle a le sommet de la téte brun et la gorge grise variée de brun. En Europe; très-abondante en Hollande où elle établit son nid dans les Arbres creux des jardins et des vergers. Elle y dépose dix à douze œufs blancs tachetés de pourpre.

MÉSANGE A PANACHE. V. MÉSANGE HUPPÉE.

MÉSANGE PÈCHE-KESHICH Parus Hudsonicus Lath. Parties supéricures d'un cendré verdâtre; sommet de la tête d'un brun ferrugineux; un trait blanc en dessous des yeux; gorge noire; une bande blanche sur la poitrine qui est brune ainsi que le reste des parties inférieures; croupion d'un blanc roussâtre; rémiges et rectrices brunes bordées de cendré; bec et pieds noirs. Taille cinq pouces six lignes. Toutes les plumes du corps sont à barbules longues et lâches. De l'Amérique septentrionale.

MÉSANGE PENDULINE. V. MÉSANGE RÉMIZ.

MÉSANGE DE PERSE. V. MÉSANGE DES ALPES SUNAMISICES.

MÉSANGE PETIT-DEUIL Parus Capensis Lath. Parties supérieures d'un gris cendré; les inférieures d'un cendré clair; rémiges noires bordées de blanc; rectrices noires en dessus blanches en dessous; bec et pieds noirs. Taille cinq pouces. Des Indes.

MÉSANGE PETITE CHARBONNIÈRE Parus ater Linn. Parties supérieures cendrées; sommet de la téte nuq ue gorge et devant du cou noirs; un grand espace sur la nuque et un large trait sur les côtés du cou blancs; deux bandes transversales de la même nuance sur les ailes; parties inférieures grisâtres; ventre blanc; queue légèrement fourchue; bec noir; pieds plombés. La petite Charbonnière moins commune que la Charbonnière habite les mêmes régions; elle quitte les bois en automne et se répand alors dans les jardins voisins des habitations. Elle niche sur les Arbres et sa ponte consiste en une vingtaine d'œufs blancs tachetés de points pourprés.

MÉSANGE (PETITE) A TÈTE NOIRE. V. MÉSANGE NONNETTE CENDRÉE.

MÉSANGE DE POLOGNE V. MÉSANGE RÉMIZ.

MÉSANGE PINSON. V. SYLVIE A COLLIER.

MÉSANGE A QUEUE FOURCHUE Parus furcatus Temm. Ois. color. pl. 287 fig. 1. Parties supérieures d'un gris bleuâtre; sommet de la tête et nuque d'un gris olivâtre qui passe en cendré sur le dos; lorum et auréole des yeux jaunes; deux larges moustaches d'un gris bleuâtre; rectrices inégales brunâtres terminées de noir; les deux grandes tectrices caudales terminées par un petit croissant blanc; rémiges noirâtres bordées de jaune; tectrices alaires noirâtres bordées de roux vif; parties inférieures d'un jaune fauve avec les flancs gris; poitrine d'une teinte mordorée; bec et pieds bruns. Taille cinq pouces. De la Chine.

MÉSANGE RÉMIZ Parus pendulinus Lath. Parus Narbonensis Gmel. Buff. pl. enl. 618 fig. 3. Parties supérieures d'un gris roussâtre; sommet de la tête et nuque cendrés; front joues région des yeux et orifice des oreilles noirs; croupion cendré; rémiges et rectrices noirâtres bordées de roux blanchâtre cellesci terminées de blanc; gorge blanche; une teinte rosée sur les autres parties inférieures; bec noir droit un peu allongé et fortement pointu

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iris jaune; pieds d'un gris plombé. Taille quatre pouces trois lignes. La femelle a les couleurs généralement moins vives et le rosé des parties inférieureff se change en jaune. Cette espèce qui habite les contrées orientales et méridionales de l'Europe se tient presque toujours dans le voisinage des étaugs au milieu des Roseaux et des Plantes aquatiques. C'est là qu'elle construit avec beaucoup d'art un nid dont l'enveloppe extérieure est un tissu très-serré formé avec un duvet qui s'échappe des bourgeons de Saule et de Peuplier. Ce nid qui a la forme d'une bourse est suspendu aux rameaux flexibles des Arbres qui bordent les marais et les ruisseaux; l'intérieur est tapissé des matières les plus duveteuses et l'entrée est pratiquée sur le côté. La femelle y déposé cinq à six œufs blancs faiblement tachetés de roux et s'abandonne en les couvant au balancement que les vents impriment au nid.

MÉSANGE DE ROSEAUX. Nom que successivement ont reçu les MÉSANGES MOUSTACHE A LONGUE QUEUE et RÉMIZ.

MÉSANGE ROUGE CENDRÉ DE LA NOUVELLE-ZÉLANDE Parus Novæ-Zelandiæ Lath. Parties supérieures variées de rouge de cendré et de brun; front roux; sourcils blancs; partie des joues et côtés de la tête cendrés; rémiges brunes; rectrices intermédiaires noires les autres d'un cendré rougeâtre avec une tache brune vers le milieu de chacune parties inférieures d'un gris roussâtre; bec brun noirâtre à la pointe; pieds noirs. Taille cinq pouces.

MÉSANGE DE SACBY. V. MÉSANGE AZURÉE.

MÉSANGE A TÈTE DE FAIENCE. V. MÉSANGE BLEUE.

MESANGE A TÈTE NOIRE. V. MÉSANGE PETITE CHARBONNIÈRE.

MÉSANGE A TÈTE NOIRE DU CANADA. V. MÉSANGE KISKIS.

MÉSANGE A VENTRE ROUGE-BRUN DES INDES ET DE LA CHINE. V. MÉSANGE DE NANKIN.

MÉSANGE DE VIRCINIE V. SYLVIE A CROUPION JAUNE. (DR..Z.)

MÉSAPE. Mesapus. CRUST. Genre établi par Rafinesque dans l'ordre des Décapodes Macroures voisin des Palémons et auquel il donne pour caractères: écaille de la base des antennes extérieures épineuse; première paire de pieds chéliforme la seconde et quelquefois la troisième pincifères. L'espèce qui fait le type de ce genre est le Mesapus fasciatus. Il est glabre; le rostre est tronqué entier; ses épaules sont biépinçuses; le dos est épineux; les bras égaux. La queue a deux bandes noires transversales et terminées par deux appendices membraneux. Il paraît avoir plus de rapports avec le genre Egéon qu'avec les autres. (G.)

* MÉSAR. OIS. Syn. vulgaire de Fauvette grise. V. SYLVIE. (DR..Z.)

MESEMBRY ANTHEMUM. BOT. PHAN. V. EICOÎDE.

MESEMBRYON. BOT. PHAN. Nom employé par Adanson (Familles des Plantes vol. 2 p. 242) pour désigner le genre Mesembryanthemum de Dillen et Linné. V. FICOIDE. (G..N.)

MÉSENGÈRE MÉSENGLE. OIS. Noms vulgaires donnés à la Mésange charbounière. V. MÉSANGE. (DR..Z.)

MÉSENTÈRE ZOOL. ANAT. V. PÉRITOINE.

* MÉSENTÉRINE. POLYP. Espèce du genre Explanaire. V. ce mot. (B.)

MÉSENTÉRIQUE Mesenterica.. BOT. CRYPT. (Champignons.) Persoon a donné ce nom à un genre encore très-imparfaitement connu; il n'est probablement composé que de Champignons encore imparfaits qui forment des plaques membraneuses trèsétendues sur les vieux bois et les murs humides: leur tissu est byssoïde et en môme temps trémelloïde; peut-être doit-on les regarder comme le commencement d'espèces de Mérules (V. ce mot) ou comme des

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Byssus voisins des genres Hypha et Himantia. Ils sont particulièrement remarquables par les sortes de veines saillantes rameuses quffils présentent à leur surface et qui les ont fait comparer à un Mésentère: cffest à ce genre que se rapporte la Plante figurée par Vaillant (Bot. Par. t. 8 fig. 1) sous le nom de Corallofungus argenteus tomentiformis. (AD. B.)

* MÉSHAT. OIS. Lffun des noms vulgaires de la Mésange huppée. V MÉSANGE. (DR..Z.)

MÈSIER. BOT. PHAN. Nom proposé dans les Dictionnaires antérieurs pour désigner le genre Walkera parce que Gaertner lffavait appelé Meesia. Ce nom désignant déjà un genre de Mousse ne pouvait être adopté. V WALKERA. (B.)

MESLIER. BOT. PHAN. Lffun des noms vulgaires du Néflier et une variété de Vigne. On a aussi nommé MESLIER ÉPINEUX le Ruscus aculeatus L. V. FRAGON. (B.)

* MÉSOCHÈRE. Mesochcira. INS. Genre de lffordre des Hyménoptères section des Porte-Aiguillons famille des Mellifères tribu des Apiaires établi par Lepelletier de Saint-Fargeau et Serville aux dépens de Mélectes de Fabricius et auquel ils donuent pour caractères: antennes filiformes un peu brisées sffécartant lffune de lffautre de la base à lffextrémité composées de douze articles dans les femelles et de treize dans les mâles; mâchoire et lèvres assezeourtes nffétant pas plus lougues que la tête et le corselet pris ensemble; mandibules pointues étroites et unidentées au côté interne; palpes maxillaires de six articles les labiaux de quatre; trois petits yeux lisses disposés en ligne transverse sur le vertex; corselet court convexe en dessus; écusson bidenté ailes supérieures ayant une cellule radiale qui va en se rétrécissant après la troisième cubitale son extrémité arrondie sffécartant de la côte et quatre cellules cubitales; les trois premières presque égales entre elles la première nervure récurrente aboutissant à la nervure commune aux seconde et troisième cubitales; troisième cubitale rétrécie vers la radiale recevant la deuxième nervure récurrente la quatrième à peine commencée faiblement tracée; abdomen court conique composé de cinq segmens outre lffanus dans les femelles et de six dans les mâles; pates de longueur moyenne; les quatre premières jambes munies dffune seule épine à leur extrémité celle des antérieures simple celle des intermédiaires élargie à son extrémité échancréc bilobée lffun des lobes en forme dffépine aiguë lffautre dentelé; jambes postérieures ayant deux épines dont lffintérieure plus grande; premier article des tarses plus grand que les quatre autres pris ensemble. Ces Hyménoptères se distinguent des Mélecies par les ailes supérieures qui dans celles-ci ont la première cellule cubitale notablement plus grande que les autres tandis quffelles sont égales dans les Mésochères; les Mésonychies sffen distinguent par lffépine des jambes intermédiaires donfft lffextrémité nffest ni dilatée ni échancrée. Ce genre renferme un petit nombre dffespèces toutespropres a lffAmérique méridionale. Nous citerons:

La MÉSOCHÈRE BICOLORE Mesocheira bicolor Lepell. et Serville (Encycl. méth. article PUYLÉRÉME); Melecta bicolor Fabr. Crocisa bicolor Jurine. Longue de six lignes noire presque velue; abdomen dffun vert métallique en dessus ferrugineux en dessous; antennes noirâtres dffun brun ferrugineux en dessus; ailes transparentes avec deux taches noirâtres. Elle se trouve à Cayenne. (G.)

*MÉSOGLOJE. Mesogloja. BOT. CRYPT. (Chaodinées.) Genre institué par Agardh adopté par Lyngbye dont les caractères consistent en une masse gélatineuse allongée en rameaux composés de filamens rameux articulés par sections transverses partant du centre vers la circonférence

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et produisant à leurs extrémités et extérieurement des gemmes obrondes nues et analogues à celles des Céramies genre avec lequel celui-ci forme un passage très-naturel. La consistance des Mésoglojes ne permet pas de les séparer des Chaodinécs où elles sont très-voisines des Chœtophores et autres genres chez lesquels les filamens se développent dans une mucosité particulière.

La Mesogloja vermicularis Agardh Syn. 126; Lyngb. Tent. p. 190 pl. 65 était jusquffici la seule espèce connue dans ce genre. Les rocs de Biaritz et de Belle-Ile-en-Mer nous en ont fourni de nouvelles. (B.)

* MÉSOLE. MIN. Nom donné par Berzélius (Journal philosophique dffÉdimbourg T. VII p. 7) à une substauce de la famille des Zéolithes en masses globulaires radiées de couleur blanche légèrement translucide pesantspécifiquement 2 37 et formée sur 100 parties de 42 60 de Silice 28 dffAlumine 11 43 de Chaux 5 63 de Soude et 12 70 dffEau. On la trouve dans les îles Féroë tapissant les cavités dffun Amygdaloïde dont la première couche est généralement de Mésoline et la seconde de Mésole. Elle est accompagnée de Cristaux de Stilbite et dffApophyllite. (G. DEL.)

* MÉSOLINE. MIN. Nom donné par Berzélius (Journal phil. dffÈdimbourg T. VII p. 7) à une matière blanchâtre cristalline formant la croûte extérieure de lffAmygdaloïde de Féroë qui contient la Mésole. Elle est composée de Silice 47 50 Alumine 21 40 Soude 4 80 Chaux 7 90 Eau 18 19. Cffest probablement une variété de la Chabasie. (G. DEL.)

* MÉSOLlTHE. MIN. Nom donné par Berzélius à une Mésotype dffIslande mélangée de Scolézite et composée dffaprès lffanalyse de Gehlen et de Fuchs: de Silice 47 46 Alumine 25 35 Soude 4 87 Chaux 10 04 Eau 12 41; lffangle du prisme fondamental est de 91° 20ff suivant les mesures de Brooke. Une autre Zéolithe fibreuse provenant de la Bohême a été analysée par Freysmuth: elle contient 44 562 de Silice 27 562 dffAlumine 7 688 de Soude 7 087 de Chaux et 14 125 dffEau. (G. DEL.)

MESOMORA. BOT. PHAN. (Rivin.) Syn. de Cornouiller. (B.)

* MÉSOMPHIX. MOLL. Toutes les espèces dffHélices qui ont un ombilic assez largement ouvert pour laisser apercevoir les tours de spire ont reçu de Rafinesque (Journal de Physiq. T. LXXXVIII p. 45) ce nom générique. Cette coupe ne peut être adoptée comme genre; à peine peut-elle lffêtre comme sous-division du genre. (D..H.)

* MÉSOMYONES. Mesomyona. MOLL. Latreille dans les Familles Naturelles du Règne Animal a proposé de diviser son ordre des Manteaux ouverts (V. ce mot) en deux sections: la première quffil nomme Mésomyones et la seconde Plagymyones (V. ce mot). Cette première section répond assez bien aux Monomyaires de Lamarck. Latreille la divise en plusieurs familles qui sont les Ostracées les Pectinides et les Oxigones. V. ces différens mots. (D..H.)

* MÉSONEVRON. BOT. PHAN. V. MÉZONEVRON.

* MÉSONYCHIE. Mesonychium. INS. Genre de lffordre des Hyménoptères section des Porte-Aiguillons famille des Mellifères tribu des Apiaires établi par Lepelletier de SaintFargeau et Serville et quffils caractérisent ainsi: antennes filiformes un peu brisées sffécartant lffune de lffautre de la base à lffextrémité composées de douze articles dans les femelles et de treize dans les mâles; mâchoires et lèvrés assez courtes nffétant pas plus longues que la tête et le corselet prisensemble; mandibules pointues étroites unidentées au côté interne; palpes maxillaires de six articles les labiaux de quatre; corps court; corselet court convexe en dessus; écusson point prolongé postérieurement

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ayant deux dents courtes posées sur son milieu; ailes supérieures ayant une cellule radiale pointue à sa base allant en se rétrécissant du milieu vers lffextrémité celle-ci arrondie écartée de la côte appendiculée; et quatre cellules cubitales la première un peu plus petite que la seconde cette dernière presque en carré long; la première nervure récurrente aboutissant à la nervure qui sépare les seconde et troisième cubitales; troisième cubitale pétiolée presque en demi-lune recevant la deuxième uervure récurrente la quatrième non commencée mais tracée; abdomen court et conique; pâtes de longueur moyenne les quatre premières jambes terminées par une seule épine celle des intermédiaires non dilatée à son extrémité qui porte une dent particulière; jambes postérieures ayant deux épines terminales. Les Mésonycbies diffèrent des Mésochères par leurs jambes intermédiaires dont lffépine nffest point divisée et par dffautres caractères tirés des ailes de la forme du corps etc. Elles se distinguent des Mélectes par leur cellule radiale qui est appendiculée tandis quffelle est simple dans ces dernières. On ne connaît quffune espèce de ce genre; cffest:

La MÉSONYCHIE BLEUATRE Mesonychium cærulescens Lepell. et Serv. (Encycl. méth. article PHILÉRÈME). Elle est longue de six lignes noire garnie dffun duvet de même couleur. Lffabdomen a un reflet bleu et vert métallique. Les ailes sont brunes à reflet violet. Cet Insecte se trouve au Brésil. (G.)

* MESOPUS. BOT. CRYPT. (Champignons.) On a donné ce noni aux sections des genres Agaric Bolet Hydne etc. qui renferment les espèces dont le pédicule est central par opposition au mot de Pleuropus quffon a donné à celles qui comprennent les espèces à pédicule latéral

(AD. B.)

* MÉSOSPERME BOT. PHAN. De Candolle (Mémoires sur les Légumineuses p. 37; nomme ainsi le réseau vasculaire qui existe entre les deux membranes du Spermoderme ou enveloppe de la graine. V SPERMODERME. (G..N.)

MESOSPHÆRUM. BOT. PHAN. Patrice Browne (Nat. Hist. of Jamaîc p. 257) donnait ce nom à un genre formé sur une Plante dont Linné fit sou Ballota suaveolens et que Poiteau a réunie au genre Hyptis. V. HYPTIDE. (G..N.)

MÉSOTHORAX. INS. V. THORAX.

MÉSOTYPE. MIN.Zéolitbe fibreuse. Espèce du genre des Silicates doubles alumineux ayant pour caractères suivant Haüy de cristalliser en prismes droits rhomboïdaux de 93°1/3; de fondre avec bouillonnementff en émail spongieux; de se résoudre en gelée dans les Acides et de donner de lffeau par la calcination. En étudiant avec soin les variétés de ce Minéral on y a reconnu depuis deux espèces distinctes quoique très-rapprochées qui tantôt sont isoléesffet tantôt mélangées ensemble et qui donnent lieu à des différences de composition et de mesures dffangles que lffon observe dans les Mésotypes venues de localités différentes. Lffune de ces espèces a pour type la Mésotype de l île de Staffa analysée et décrite par Gehlen et Fuchs qui lui ont donné le nom de Scolézite. Elle est blanche et cristallise en prismes droits rhomboïdaux de 91° 20 selon Brooke et en prismes droits à base carrée selon Beudant; ces prismes sont ordinairement terminés par des sommets tétraèdres. Elle est composée de Silice 46 75; Alumine 24 82; Soude 0 39; Chaux 14 20;Eau 13 64. La Mésotype dffAuvergne est le type de la seconde espèce qui dans son état de pureté se présente en prismes droits rhomboïdaux de 91° 40. Sa pesanteur spécifique est de 2 6. Elle est composée dffaprès lffanalyse de Klaproth de Silice 49 Alumine 26 Soude 16 Eau 9. Elle possède deux axes de double réfraction et souvent elle sffélectrise par la chaleur. La variété

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de forme la plus ordinaire est celle quffHaüy nomme Pyramidée et qui résulte dffune loi de décroissement par une simple rangée sur les arêtes des bases; celles-ci étant à la hauteur dans le rapport de 89 à 45.—Les variétés principales de Mésotype sont: 1° la Fibreuse ou Aciculaire en fibres ou aiguilles quelquefois libres et le plus ordinairement divergentes; telle est celle du Puy de Marmant en Auvergne et de Fassa en Tyrol; 2° la Globuliforme radiée de MontechioMaggiore et de Fassa; 3° la Concrétionnée mamelonnée dffun jaunebrunâtre dite Natrolithe deHohentwiel en Souabe et de Bilin en Bohême; 4° la Floconneuse de Norwège; 5° la Compacte dite Crocalite de Fassa en Tyrol; 6° enfin la Terreuse plus ou moins altérée appelée Mehlzeolith de Dalécarlie et de lffîle Disko en Groënland. La Mésotypé est presque toujours dffun blanc mat; mais par suite de mélanges étrangers elle est quelquefois colorée en vert ou en rouge: telle est la variété à laquelle on a donné le nom dffEdélite — La Mésotype se rencontre en uoyaux dans les cavités des roches celluleuses et amygdalaires des dépôts basaltiques; ses gangues les plus ordinaires sont: le Basalte (dans le département du Puy - de - Dôme) le Phonoliteporphyrique en Souabe et la Wacke amygdaloïde aux fies Féroë dans le Tyrol et au Groënland.

MÉSOTYPE ÉPOINTÉE. V. APOPHYLLITE. (G. DEL.)

* MESPILOPHORA. BOT. PHAN. Ce genre proposé par Neckor (Élém. bot. 724) est le même que le Mespilus de Lindley qui a pour type le Mespilus Germanica. V. NÉFLIER. (G..N.)

MESPILUS. BOT. PHAN. V NÉFLIER.

MESSAGER OIS. V SECRÉTAIRE. Willugby nomme aussi de la sorte un Pigeon. V ce mot. (DR..Z.)

MESSERSCHMIDIA. BOT. PHAN. Linné établit ce genre de la Pentandrie Monogynie qui fut adopté par Jussieu et bamarck et placé dans la famille des Borraginées. R. Brown (Prom. Flor. Nov.-Holland.p.496) le réunit au Tournefortia; mais en même temps il indiqua quffon devai t distraire de ce dernier genre les Tournefortia hirsutissima Swartz volubilis L. et scandens Soland. mss. et il exposa les différences dfforganisation que présentent ces espèces différences qui nécessitent lffétablissement dffun nouveau genre. Rœmer et Schultes (System. Veget. T. IV p. 51) ont donné le nom de Messerchmidia à ce nouveau genre en adoptantles caractères tracés par R. Brown et quffils ont ainsi exprimés: calice quinquépartite; corolle infundibulitoime dont lffentrée est nue; les division s du limbe ordinairement subulées; baie à quatre ou par avortement à un ou deux noyaux monospermes. R. Brown ajoute que l'embryon est droit dans le T. hirsutissima et arqué dans le T. volubilis. Les onze espèces de ce genre décrites par Rœmer et Schulles croissent pour la plupart dans lffAmérique méridionale et dans les Antilles. (G..N.)

MESSIRE-JEAN. BOT. PHAN. Variété de Poires. (B.)

* MESSORE. POIS. Lffun des noms vulgaires du Chabot. V. COTTE. (B.)

MESTERNA. BOT. PHAN. Adanson donnait ce nom au genre Guidoniade P. Browne réuni par Swartz au Lælia. V ce mot. (G..N.)

MESTIQUES. BOT. PHAN. On désigne sous ce nom dans les îles de la Sonde les concrétions siliceuses qui se forment daus les Noix de Cocos et sur lesquelles Lesson a publié récemment des détails intéressans. V. Bullet. des Sc. Nat. T. VII p. 40. (G..N.)

* MESTOTES. BOT. PHAN. Cffétait le nom que Solander dans ses manuscrits inédits avait donné au genre Chailletia de De Candolle. Celui-ci sffen est servi pour désigner la première section de ce genre laquelle

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se compose uniquement du Chailletia pedunculata. (G..N.)

MESUA. BOT. PHAN. Genre de la famille des Guttifères et de la Polyandrie Monogynie L. Son calice se compose de quatre folioles persistantes; ses pétales sont en nombre égal; ses étamines nombreuses se soudent entre elles par la base de leurs filets; le style se termine par un stigmate épais et concave. Le fruit est une noix tétragone Ou conique dont le péricarpe de consistance coriace et fongueuse se fend en quatre valves et renferme d'une à quatre graines. Ce fruit avant sa maturité laisse exsuder un suc tenace et glutineux et cette graine se mange comme la Châtaigne. Une espèce que Burmann associait au Calophyllum croît dans lffInde et dans lffîle de Java; cffest le Nagassarium de Rumph (Herb. Amboin. 7 t. 2). Une autre Plante de lffInde que Rhéede (Hort. Malab. 3 t. 53) a fait connaître sous le nom de Belluta-Tsjampacam doit être aussi rapportée à ce genre. Ce sont des Arbustes dont les feuilles sont dépourvues de veines et dont les fleurs axillaires ou terminales et ordinairement solitaires répandent une odeur agréable. (A.D.J.)

* MESY. OIS. (Salerne) Lffun des noms vulgaires de la Cresserelle Falco Tinnunculus. V FAUCON. (B.)

* MÉTALASIE. Metalasia. BOT. PHAN. Ce genre de la famille des Syuanthérées et de la Syngénésie égale L. a été proposé par R. Brown (Observ. on the Compositæ p. 124) pour différentes espèces placées dans les Gnaphalium par les auteurs. Il lui attribue pour caractère essentiel: uu iuvolucre cylindrique pourvu dans la plupart des espèces dffun rayon court formé par les lames colorées et étalées des écailles intérieures; fleurons peu nombreux tous hermaphrodites; rayons de lffaigrette caducs épaissis et dentés au sommet. Cassini ayant adopté ce genre l'a placé dans la tribu des Inulées section des Gnaphaliées et en a beaucoup étendu les caractères. Selon ce botaniste le Metalasia est ainsi caractérisé: involucre long cylindracé formé dffécailles appliquées régulièrement imbriquées les extérieures ovales oblongues scarieuses plus ou moins pubescentes; les intermédiaires larges obovales et scarieuses; les intérieures oblongues arrondies au sommet blanches et pétaloïdes; réceptacle très-petit et nu; calathide composée de trois ou quatre fleurons égaux réguliers et hermaphrodites; corolles dont le limbe est rouge à cinq divisions; anthères munies à la base de longs appendices subulés et barbus; ovaires obovoïdes oblongs glabres surmontés dffune aigrette composée de petites écailles coniques libres filiformes inférieurement épaisses et dentées supérieurement. Ces caractères ne sfféloignent de ceux assignés par R. Brown à son Metalasia que par la structure de lffinvolucre. Cassini nffayant point observé la radiation des folioles intérieures sur les échantillons quffil a observés sffest cru autorisé à rejeter ce signe différentiel; il nffest pas probable cependant quffun naturaliste aussi sévère que R. Brown se soit mépris à cet égard et nous aimons mieux croire que Cassini nffa pas eu à sa disposition des Plantes dans un assez bon état de conservation. Lffauteur du genre y a réuni les Gnaphalium muricatum mucronatum et seriphioides de Bergius et Linné. Ce sont des Arbrisseaux indigènes de lffAfrique méridionale et faciles à reconnaître par leurs feuilles petites roides analogues à celles des bruyères ayant les bords roulés en dessus la face supérieure tomenteuse lffinférieure convexe et presque glabre. Ces feuilles sont retournées sens dessus dessous caractère quffon a négligé dans les descriptions excepté par Linné qui lffa exprimé brièvement dans lffHortus Cliffortianus en parlant du Gnaphalium muricatum. Les deux espèces dont Cassini a donné des descriptions détaillées ont

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été nommées Metalasia cymosa et. M. umbellata. Elles ont pour synonymes les Gnaphalium muricatum L. et G. virgatum Vahl. (G..N.)

METALLIQUES. Metallici. INS. Latreille désignait ainsi une division de la famille des Carabiques composée des genres Cychre Calosone Carabe et Panagée. V. ces mots et CARABIQUES. (G.)

* METALLITE. Metallites. INS. Genre de Chavanson établi par Latreille (Fam. Nat. du Règne Anim.) et dont ce savant ne donne pas les caractères. (G.)

METALLURGIE. MIN. C'est ainsi qu'on nomme l'art de purifier les Minerais et d'en obtenir les Métaux dans l'état de ductilité de malléabilité d?eacute;lasticité qui leur est propre et qui les a rendus d'un usage indispensable à l'Homme. Les procédés qu'emploie la Métallurgie sont d'une étendue immense; ils participent de toutes les connaissances économiques etindustrielles depuis la préparation du sable grossier jusqu'aux moyens de constater dans une masse d'Or la présence de la plus faible portion d'alliage. Les travaux métallurgiques sont toujours précédés par des essais docimastiques destinés à tracer au métallurgiste la marche qu'il doit suivre et à le diriger dans ses travaux. Dans ces essais qui sont entièrement du ressort de la chimie minérale l'opérateur alors tout chimiste ne s'attache qu?agrave; bien connaître la nature du Minerai qu'il se propose de travailler en grand; il en distingue les parties riches et les parties pauvres; il analyse les corps étrangers qui y sont accidentellement unis ceux qui en forment la gangue afin qu'il puisse selon que l'exigeront les travaux écarter préalablement les corps étrangers par des moyens mécaniques ou les faire concourir immédiatement au succès de ses opérations: Dans tous ces détails qui exigent beaucoup de connaissances et d'habitude les vues d?eacute;conomie peuvent être écartées parce que les quantités sur lesquelles on opère sont si faibles que la dépense ne saurait entrer en ligne de compte; il n'en est pas de même pour les travaux en grand; tous les soins toutes les combinaisons du métallurgiste doivent tendre à simplifier le plus possible les procédés à éviter par des moyens mécaniques bien appropriés la perte de temps et la main-d?oelig;uvre qui sont le point le plus important dans un établissement considérable. Après avoir profité de tous les avantages que peuvent lui procurer les localités il doit tourner toute son attention vers le choix des agens chimiques porter la plus grande économie dans l'emploi du combustible; veiller à ce que l'air atmosphérique même qu'il est obligé de faire participer à ses opérations ne soit point inutilement prodigué; tâcher enfin de tirer parti de tous les produits accessoires nés pendant la fusion de recueillir ceux qui peuvent se dissiper sous forme de fluides élastiques etc. etc. Le laboratoire de chimie doit donc être la première pièce de l'usine du métallurgiste: c'est là qu'il détermine la nature des agens qu'il doit employer à ses opérations; le premier est la chaleur qu'il obtient soit des matières végétales directement soit de la Houille ou de la Tourbe brutes ou épurées par une opération préliminaire; soit enfin du Bitume ou de l'Hydrogène lorsque le bas prix de ces combustibles peut procurer de l'avantage. Quel que soit le corps qui produise le calorique il n'en peut être dégagé sans le concours de l'Oxigène ou plutôt de l'air atmosphérique et l'emploi de celui-ci quoique d'un faible intérêt en apparence merite souvent la plus grande attention. Viennent ensuite les Métaux purs ou combinés sous forme terreuse ou alcaline que l'on emploie comme alliage ou fondant le Carbone le Soufre le Phosphore etc. etc. Du laboratoire on passe à la bocarderie à la laverie où les Minerais sont

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successivement réduits en fragmens plus ou moins gros à l'aide de machines appelées bocards dont la force est proportionnée à la dureté à la tenacité du Minerai ainsi qu?agrave; la puissance motrice dont on peut disposer. Quant au lavage il doit être d'autant plus coûteux que selon la valeur du Minerai l'on est obligé de multiplier la main-d?oelig;uvre et de recourir aux plaus inclinés aux tables garnies etc. etc. On arrive à l'atelier de grillage; il peut être établi en plein air ou sous des hangards. Dans le premier cas il consiste en de simples tas de Minerais entremêlés d'autant de matières combustibles qu'il en faut pour préparer alimenter et consommer le grillage. Pour d'autres Minerais on emploie les fourneaux d?eacute;vaporation et même assez souvent ceux de réverbère. Ordinairement les opérations du grillage n'ont pour but que d'attendrir et de diviser le Minerai afin d'en faciliter postérieurement la fusion; quelquefois on cherche par ce moyen à faire naître un jeu d'affinités entre les constituans du Minerai d'où résultent des composés nouveaux plus favorables à la fusion; d'autres fois enfin les principes qui obéissent à la loi d'écartement sont assez précieux Pour être recueillis; alors le métallurgiste doit conduire les vapeurs dans les cheminées de condensation d'où par des moyens appropriés l'on puisse détacher les produits sublimés. La fonderie qui est l'usine ou la partie de l'usine dans laquelle se traite tout ce qui est relatif à la fusion proprement dite est sans contredit l'objet le plus important de la Métallurgie. Il est à regretter que les bornes dans lesquelles nous sommes obligés de nous renfermer ne nous permettent pas de nous y arrêter et en effet pour donner une idée même très-superficielle des opérations qui s'exécutent dans les fourneaux ainsi que des fondans qu'on y emploie; pour décrire toute espèce de forges et de fourneaux leur disposition générale leur construction leur conduite les manières diverses de les charger selon la nature des Minerais; les soufflets et les machines soufflantes les trompes et les régulateurs etc.; il faudrait un espace dont nous n'avons point à disposer. Il est plusieurs opérations de Métallurgie où la chaleur n'est employée que comme moyen secondaire. C'est par exemple lorsqu'il s'agit de séparer l'Or ou l'Argent natif des corps étrangers avec lesquels ils se trouvent unis soit à l'état de simple mélange soit à celui d'alliage. Alors on pulvérise la mine aussi bien lavée que possible on la broie on la triture sous la meule avec une quantité de Mercure suffisant pour en former un amalgame que l'on introduit dans des cornues sur un fourneau de galère et l'on distille pour séparer le Mercure par la volatilisation; l'Or ou l'Argent restent au fond de la cornue d'où on les retire pour les porter au creuset après toutefois en avoir constaté le titre. C'est cette opération qui mit long-temps une partie du Nouveau-Monde dans la dépendance du coin de l'Europe qui possède les inépuisables mines d'Almaden. V. MERCURE. (DR..Z.)

MÉTAMORPHOSE. Metamorphosis. ZOOL. BOT. Ce mot passé de la Mythologie dans le langage des sciences physiques signifie: changement d'une forme en une autre; il est exactement synonyme de transformation et de transfiguration mais non comme nous le trouvons quelque part et comme le répètent certains auteurs qui se renferment dans le rôle de copistes du mot transmutation synonyme de transubstantiation. Les Métamorphoses ou transfigurations sont partout dans la nature; les transmutations ou transubstantiations ne sauraient être admises dans la majestueuse régularité de sa marche immuable; aussi un Homme sensé qui peut bien concevoir comment un Cocos devient un Palmier un OEuf un Oiseau une Chenille un Papillon par l'effet de Métamorphoses succes-

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sives ne saurait ajouter foi à certains changemens qui seraient de véritables transubstantiations aussi impossibles que la transmutation des Métaux à laquelle crurent si fermement durant tant de siècles nos bons aïeux que dupaient des alchimistes de toutes les espèces.

C'est par rapport à l'entomologie uniquement qu'on a jusqu'ici dans les Dictionnairés d'histoire naturelle traité des Métamorphoses; nous les considérons sous un point de vue plus général. L'engagement en a été formellement contracté à la fin de l'article INSECTE et surtout au mot LARVES où l'on avait déjà renvoyé du mot CHENILLE et dans lequel notre collaborateur Audouin disait: « Quelque variées que soient les formes dans les quatre états d'OEuf de Larves de Nymphe et d'Insecte parfait on reconnaît qu'elles sont développement successif des parties nomme cela se voit dans tous les Animaux qu'ils soient Ovipares ou Vivipares. Il nous a done paru nécessaire de présenter dans un seul et unique cadre ces diverses périodes; nous en traiterons au mot MÉTAMORPHOSE. ff Ce serait abuser de la patience du lecteur que de le renvoyer encore au mot OEUF sous prétexte que l'OEuf est le point de départ de toute Métamorphose. Pour tenir la parole donnée nous allous conséquemment tracer un aperçu des changemens par lesquels comme d'essais en essais la nature conduit toutes ses créations de la forme rudimentaire où nous les voyons dans leur état absolu de simplicité jusqu?agrave; la forme qui comporte le plus haut degré de complication; c'est-à-dire à l?eacute;tat où chaque être selon son espèce devient apte à se reproduire.

Nous ne demanderons pas « quelle a pu être l'intention de la nature en attribuant des formes si différentes au même être dans les diverses phases de son existence qu'on le prendrait pour une chose toute autre? ff Nous répondrons encore moins « que c'était sans doute afin d'approprier chaque créature à l'état des autres créatures par une merveilleuse harmonie etc. etc. ff Nous n'invoquerons ni le témoignage d'Ovide ni celui de La Fontaine ni Jupiter taureau serpent cygne ou quelqu'autre chose ni même Tartufe pour prouver que « les transformations dans l'espèce humaine sont d'ordinaire des additions à l'extérieur; que l'Homme se dérobe tandis que l'Animal se montre à nu et qu'il se dégrade toujours et s'avilit en se travestissant tandis que l'Animal par ses Métamorphoses parvient au contraire au faîte de sa perfection ff (Dict. de Déterville. T. XX p. 347.) Nous prendrons seulement la liberté de faire observer au prosateur naturaliste dont nous venons de transcrire quelques lignes que les Métamorphoses en histoire naturelle ne consistent dans aucun travestissement comme tendrait à le faire croire sa dernière comparaison mais qu'elles s'opèrent par des dépouillemens successifs ce qui nous paraît être diamétralement l'opposé. Quoi qu'il eu soit peu de phénomènes prouvent mieux que les Métamorphoses l'unité de plan que suivit la nature dans sa manière de procéder quand elle voulut créer des êtres organisés susceptibles d'un développement dont le dernier terme s'arrête aux conditions d'où résultent les espèces; « elle ne produisit pas les Animaux tout à la fois dit le grand Lamarck mais successivement et dans cette production elle n'a pu compliquer leur organisation que graduellement en commençant par la plus simple et terminant par la plus composée et la plus perfectionnée sous tous les rapports. ff Telle est en abrégé l'histoire des Métamorphoses. Les Animaux les plus simples furent comme des coups d'essai de véritables fœtus et des capacités où se trouvè rent renfermés les rudimens d'un certain nombre d'organes susceptibles d'accroissement et qu'une même force poussa soit tous ensemble soit les uns après les au-

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tres et dans divers rapports au degré d'accroissement nécessaire pour atteindre aux formes définitives qui devaient fixer la place de chaque créature dans l'ensemble de l'univers en y perpétuant sa race. Il s'ensuit que tout être organisé assez avancé par sa complication pour que des combinaisons fortuites ne suffisent plus pour le reproduire ne peut provenir que d'un germe et dans œ sens le système de l'ovarisme est parfaitement raisonnable. Auparavant des corps d'une telle simplicité que nul organe n'y déterminait de centres vitaux pouvaient une fois créés par diverses combinaisons des formes primitives que prend la Matière tendant vers l'organisation se perpétuer par divisions ou par boutures; d'autres corps également susceptibles de se rompre en fragmens reproductifs pouvaient en outre émettre des propagules qui n'étaient pas plus leurs ovaires ou leurs œufs que les bulbines de certaines Liliacées ne sont leurs semences; mais dès que deux organes quelque simple que soit leur manifestation apparaissent dans une créature appartenant aux degrés inférieurs l'addition de l'un et l'autre ne permet plus le mode de génération tomipare parce que ces organes étant également indispensables à l'exercice de la vie tout déchirement qui les disjoindrait causerait nécessairement la mort de chaque moitié où ne se trouveraient plus les conditions nécessaires à existence spécifique de l?ecirc;tres binaire. Plus le nombre des organes s'accroît plus la vie se développe; mais plus aussi elle se subordonne î l'intégrité d'un être qui ne se peut plus morceler impunément. La nature y doit donc ajouter des moyens de reproduction sans soustraction de parties que ne pourrait plus réparer l?ecirc;tre qui les aurait perdues; et de celle nécessité commence par l'apparition des propagules ou gemmules dans la Cryptogamie des zoocarpes dans les Psychoaiaires des ovaires dans les petits Crustacés et dans les Entozoaires la série des Métamorphoses qui sont pour chaque formation une répétition de ce qui s'opéra dans l'ensemble de la création même passant du simple au composé ainsi que vient de nous le dire l'illustre auteur de l'Histoire des Animaux sans vertèbres.

Cependant beaucoup de Radiaires s'avançant vers les séries d'Animaux plus complets sans que l'on y puisse encore a percevoir d'ovaires se multiplient toujours per boutures et la nature en donnant des graines aux Végétaux parfaits ne leur a pas interdit tout autre mode de reproduction; mais lorsque ces modes accessoires de reproduction ont lieu il n'y a pas de Métamorphoses c'est l'individu luimême qui se perpétue et non sa lignée avec laquelle rien ne lui saurait être désormais commun. Aussi voit-on que tout Arbre venu de bouture ou de plant enraciné est en tout pareil au sujet dont il fit partie intégrante tandis que les Arbres provenus de graine sont presqu'autant de variétés où peu a'individusse ressemblent en tout point; de sorte que si l'on sème dix pépins de pommes il en pourra résulter dix Pommiers fort différens quant à la forme et à la saveur de leurs fruits lorsque toutes les branches d'un même Pommier converties en boutures donneront des pommes absolument pareilles à celles que produisait l'Arbre multiplié. C'est du moins ee que prétend Van-Mons auquel l'horticulture doit un grand nombre de découvertes importantes du même genre.

Il ne sera pas question dans cet article de tous les changemens qu'éprouvent les graines et les œufs une fois introduits dans le plan de la nature pour atteindre au dernier développement dont les Végétaux et les Animaux sont susceptibles. Nous ne suivrons pas non plus les Métamorphoses à partir de l?eacute;tat fœtal jusqu'au dépérissement et à la mort; ce serait anticiper sur ce qui doit être dit aux mots MUE ŒUF ORGANISATION et VÉGÉTATION ou répéter

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une partie de ce qu'on a déjà trouvé dans les articles GÉNÉRATION GERMINATION et même MAMMIFÈRES. En nous restreignant ici à traiter des Métamorphoses dans le règne auimal; où ce mot est plus particulièrement employé nous rappellerons que c'est assez récemmeut qu'elles furent un objet d'attention et de recherches pour les naturalistes. Les anciens s'y étaient peu ou point arrêtés et quoiqu'Aristote paraisse avoir su que les Papillons les Abeilles et les Scarabées en sortant de l?oelig;uf passaient par divers états ayant de se montrer tels qu'ils finissent par être; peu avant le temps où les Redi les Swammerdam les Goëddart les Malpighi les Leuwenhoëck et autres sa vans commencèrent à sonder les mystères de la nature; Mouffet père de l'entomologie prenait les Nymphes aquatiques des Libellules pour des Animaux tout différens sous le nom de Sauterelles aquatiques. L'erreur était excusable; on pourrait sans être taxé d'incrédulité si l'expérience ne nous l'avait enseigné et si on ne pouvait le vérifier chaque jour refuser de reconnaître par exemple chez les larves de Cousins nageant et vivant dans l'eau comme de petits Poissons les mêmes Animaux que ces incommodes volatiles qui nous tourmentent de leur piqûre en sonnant l'alarme. Qui eût jamais pu deviner en voyant pour la première fois une Chenille lourde noire et disgracieuse rampant sur la feuille de l'Ortie dont elle déchire pour s'en nourrir les feuilles coriaces au moyen de puissantes mandibules la Chrysalide d'un jaune roussâtre inerte sans bouche et suspendue par sa pointe le long de quelque mur où l'attache plus étroitement encore une ceinture ensoie; enfin cette brillante Io l'ornement du jour qu'on en surnomma le Papon voltigeant dans les airs où la soutiennent de grandes ailes rouges largement occellées d'azur et savourant le miel que sa longue trompe va puiser dans le sein des fleurs; qui eût jamais pu deviner nous le rëpétons que ces trois choses n'en étaient qu'une? La surprise que causerait la découverte d'un pareil fait ne serait-elle pas encore augmentée en voyant que la Chenille la Chrysalide et le Papillon sortent en outre pour y retourner d'une première ou quatrième forme qu?agrave; son aspect on serait bien plus tenté de prendre pour une graine que pour un produit animal?

Des naturalistes qui trouvent tout simple qu'un œuf non vivant dans le sens du mot vivre provenu d'un Oiseau devienne à son tour un Oiseau vivant dans toute l?eacute;tendue du mot et qu'un œuf inerte venu d'un Papillon pour redevenir Papillon en passant par l'état d'inertie et presque de graine appelé Chrysalide des naturalistes ne veulent pas admettre des Métamorphoses tout aussi naturelles peut-être moins extraordinaires encore et au'on pourrait appeler inverses parce qu elles consistent dans le passage d'une existence végétale à une autre de même nature par l'intermède d'un propagule agissant. Cette incrédulité s'explique par deux raisons: la premiére est que l?eacute;ducation des Poulets et des Vers-à-Soie a rendu la merveille des Métamorphoses d'Oiseaux et de Lépidoptères tout-à-fait triviale; la seconde qu'il est difficile à certains savans chez qui toutes les cases de la mémoire se trouvent occupées d'y admettre des idées avec lesquelles ils n'auraient pas vieilli ou bien qu'eux ou leurs amis n'auraient pas mises au jour avant tout autre; cependant ces naturalistes qui traitent avec un certain mépris l'idée de propagules ou œufs vivans capables pour disséminer les espèces aont ils sortirent de choisir un site convenable à son développement et qui ne sauraient consentir à voir un Zoocarpe passer à l'état léthargique analogue à celui d'une Chrysalide pour s'allonger en temps et lieu sous la forme d'un tube confervoïde voient des choses bien autrement incompréhensibles; ils trouvent des Enchélides des Vibrions des Navicules et des

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Bacillaires êtres qui ne se ressemblent guère plus selon nous que ne se ressemblent des Colibris des Perroquets des Murènes des Tortues ou des Crocodiles qui sont absolument un même être seulement sous des formes diverses qu'il est donné à cet être polymorphe de prendre selon des prédispositions inhérentes à sa nature; ils assurent qu'un tel Protée tantôt sphérique tantôt membraneux tantôt anguilloide et contractile tantôt en forme de navette coriace pointu aux deux bouts tantôt enfin en forme de bâton cylindrique tronqué par les extrémités ne vit que pour décevoir tout micrographe qui serait tenté de reconnaître dans les Enchélides les Vibrions les Navicules et les Bacillaires des espèces distinctes appartenant à des genres différens; et comme tout est extraordinaire dans cette manière de voir ce que dans notre ignorance de la grammaire nous appelons des Microscopiques (V. ce mot) ainsi que nos Arthrodiées qui sont la même chose sous un nom qu'il nous a plu d'inventer produiraient une mucosité dans l?eacute;paisseur de laquelle chaque individu du Protée qui s'est si fort joué de nous s'associe à des individualités de même forme pour constituer des filamens simples ou ramifiés lesquels végètent au point d'avoir été jusqu'ici pris pour des Plantes mais qui tout végétans et sans vie qu'ils puissent paraître ne sont pas des Végétaux mais sont des Animaux véritables! On s'étaie pour soutenir de telles doctrines du témoignage d'un savant algologue qui écrivait á leur principal auteur: « J'ai fait voir à un grand nombre de personnes le Conferva mutabilis dans son état de Plante le 3 août se résoudre le 5 en molécules douées de locomobilité; lesqulles se sont réunies le 6 en forme simples articulations et ont reconstitué le 10 la forme primitive de la Conferve. ff On voit qu'il n'est plus question après la citation d'un tel fait de Métamorphose mais de transmutations auxquelles nous avons déclaré ne pas croire parce que ce n'est pas seulement depuis le 25 février 1823 que nous observons et que nous raisonnons. Ce sont ici les idées de Girod - Chantraus presque textuellement repioduites; ce sont celles d'Agardh qui appelle également à son secours l'histoire du Conferva mutabilis espèce de notre genre Draparnaldi à laquelle nous n'avons pas conservé son surnom de mutabilis parce qu'il indique ses changemens prétendus d'Animalcules en Conferves et de Conferves en Animalcules mais simplement parce que la Plante est aussi capricieuse dans scs formes que le Broussonetia par exemple où nous commençons à nous étonner qu'on n'ait pas encore eu recours pour prouver qu'un Figuier peut devenir un Mûrier; car Tes feuilles du Broussonetia selon son âge ressemblent à celles de l'un ou de l'autre Arbre. Agardh dans un petit ouvrage assez mal imprimé en 1820 (Dissertatio de Metamorphosi Algarum) est après Girod - Chantrans le premier qui se soit égaré dans la fausse route des transmutations ou transubstantiation ou qui nous le répétons ne sont pas des Métamorphoses mais de pures impossibilités. Très-adonné à l?eacute;tude des Conferves le professeur de Lund a vu des Conferves partout et la nature entière se réduit pour lui à des Conferves travesties. Un petit Fucus bien coriace compacte dans son tissu et fortement coloré en pourpre croît-il parasite à la base du tube d'une Conferve filamenteuse bien verte capillaire et fragile: c'est la Conferve qui sous le nom de Mirabilis se change en Fucus ou le Fucus qui toujours Mirabilis se change en Conferve ? Un Telephora ou toute autre fongosité naissante apparaît-elle sous une figure byssoïde: c'est une Conferve qui se métamorphose en Champignon ? D'après celle manière d'envisager les choses on finirait par voir le même être dans un Ch et dans son Gui et la bag

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Circé ne produisait pas des effets plus abasourdissans que n'en crée le microscope de quelques observateurs !...

Dans le sens où se doit prendre le mot Métamorphose en histoire naturelle il s'entend: d'une suite de révolutions opérées dans l'économie d'un être en vertu de laquelle tandis que certains organes sont portés au plus haut degré de développement qu'il est de leur nature d'atteindre d'autres demeurent stationnaires ou semblent s'annihiler; d'où il résulte que les rapports des fonctions de ces organes venant à changer en raison de la prépondérance que les uns prennent sur les autres l'ôtre éprouve successivement de tels changemens dans sa manière d'exister qu'il peut ne lui rester au terme de son développement presque rien de ce qui le constituait lorsqu'il naquit.

Les Métamorphoses s'opèrent par métastase c'est-à-dire par le transport des forces vitales sur tels ou tels organes ou par des dépouillemens successifs qui font apercevoir des formes nouvelles. Les Métamorphoses par métastase sont plus particulières aux Animaux qui sortent de l?oelig;uf ou de l'utérus sous la forme à peu près qu'ils conserveront durant leur vie sans qu'il s'y vienne ajouter de membres nouveaux; elles se bornent en quelque sorte à des changemens d?eacute;quilibre organique d'où résulte l'apparition des dents des poils des cornes ou autres parties qui se montrent tour à tour; il u'est pas jusqu?agrave; des viscères d'une grande importance qui ne puissent en subir l'influence puissante; ainsi par exemple l'estomac d'abord composé de la seule poche qui s'appellera Caillette dans les Ruminans se compliquera au point d?ecirc;tre composé dans la suite de quatre estomacs distincts. Entre les Métamorphoses par métastase dignes qu'on les signale ici et celles qui ont lieu par addition de membres ou par des changemens de formes plus ou moins remarquables sont celles des Batraciens. On a vu quand il a été question de ces Animaux qui méritemient qu'on établît pour eux une classe à part dans le règne animal qu'ils naissaient Poissons. Chez ces Batraciens la larve appelée Têtard est fort différente de l?eacute;tat d'adulte; herbivore ses intestins qui doivent un jour être courts et disposés pour une nourriture animale sont longs et contournés; dans plusieurs de ces Têtaids se verra d'anord une queue qui doit tomber lorsque quatre pates y apparaîtront; il n'est pas jusqu'au système respiratoire si compliqué qui ne soit destiné à passer du mode branchial au mode pulmonaire. Les artères sortant du cœur pour aller aux branchies s'oblitèrent à l'exception de deux rameaux inférieurs qui se rendent au poumon lors de la transformation définitive; aussi les branchies meurent et se détachent oomme des feuilles fanées et les poumons se développent. En même temps que les branchies cessent de recevoir du sang artériel la queue en reçoit moins la moelle épinière se retire du prolongement caudal par une sorte d'ascension qui a également lieu dans le fœtus humain et tous ces organes accessoires perdant leurs élémens vitaux sont en partie résorbés dans l?eacute;conomie animale où le sureroît d?eacute;nergie qui en résulte détermine le développement des quatre membres vers lesquels se portent la puissance nutritive et celle au sang artériel. Ce qui arrive dans les Cousins et dans les Libellules n'est pas plus extraordinaire et nous-même qui nous plaçons tellement au-dessus des Animaux que toute comparaison avec eux choque notre orgueil nous avons éprouvé une Métamorphose analogue lorsque nous dégageant des enveloppes qui contenaient les eaux de l'amnios où nous nagions le trou de botal se ferma dans notre cœur pour métamorphoser en Mammifere ce qui durant neuf mois n'avait été qu'une sorte de larve. Les Méta-

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morphoses chez le reste des Reptiles se bornent à des changemens de peau; chez les Oiseaux ce ne sont guère que des mues; il n'en résulte que des changemens de plumage lequel selon les époques de la vie prend des teintes si différentes que les ornithologistes ont trop souvent décrit comme des espèces distiuctes des individus d?acirc;ge différent. La plus remarquable de ces Métamorphoses de plumage est celle qu?eacute;prouvent les vieilles femelles. Plusieurs vers l'époque où se perd la faculté génératrice prennent la livrée des mâles ce qui les a fait confondre chez les Faisans avec les métis appelés Caquarts. Les Métamorphoses des Poissons sont moins évidentes ainsi que celles de tout être qui vivant essentiellement et toujours dans l'eau n'éprouve guère le besoin de se modifier pour changer de condition animale. Les Radiaires et nos Microscopiques n'en subissent probablement d'aucune sorte comme si dans la production de ces êtres aquatiques et d'essai la nature s?eacute;tant bornée au développement de Ja vie par les procédés les plus simples n'avait pas jugé nécessaire après avoir atteint son premier but d'y ajouter des rudimens d'organes susceptibles par leur développement d?eacute;lever de telles ébauches au rang des Animaux complets.

Dans les Articulés long-temps regardés indifféremment comme des Insectes les Métamorphoses plus frappantes s'opérant par des changemens de formes souvent du tout au tout présentent d'admirables phénomènes. Swammerdam qui le premier porta un regard philosophique dans leur examen y établit quatre classes. Dans la première où ces Métamorphoses suivent un cours moins varié étaient comprises celles des Aptères qui la plupart sont aujourd'hui des Myriapodes à qui poussent des anneaux ou segmens avec leur paire de pieds des Arachnides et des Crustacés sujets à de simples changemens d'enveloppe. Dans la seconde se rangeaient les Insectes qui naissent avec six pates mais dont les ailes cachées ou renfermées dans une sorte d?eacute;caille qui en protège d'abord les rudimens se déploient à l'instant prescrit; ce sont les Orthoptères les Hémiptères et plusieurs Névroptères. Dans la troisième L'Animal parcourt trois périodes diverses; cette classe renferme deux ordres le premier comprend les Insectes où le second état appelé Nymphe ou Semi-Nymphe présentant soit l'appareucede pieds et d'ailes soit la réalité de ces deux choses ils ne sont point réduits à demeurer ensevelis sous l'apparence léthargique ou de la mort afin de passer à leur dernière forme; tels sont le reste des Névroptères les Hyménoptères et les Coléoptères. L'antre ordre se composait des Lépidoptères où la larve munie de pieds communément appelée Chenille sujette à des dépouillemens préparatoires vit comme pour manger en changeant plusieurs fois de peau jusqu'à ce qu'ayant choisi un lieu de repos elle s'y engourdit en une Chrysalide à travers l'enveloppe coriace de laquelle on peut bien apercevoir les changemens qui se préparent mais n'a ni pates ni ailes ni bouche ni quoi que ce soit où l'on puisse reconnaître un Animal vivant. Dans la quatrième classe enfin rentraient des espèces qui étant d'abord des larves en sortant de l?oelig;uf sans pieds comme des Vers ou avec six pieds au plus se transforment en Nymphes mais sans changer de peau de sorte que cette peau venant à se durcir et l'Animal s'y trouvant emprisonné à l?eacute;tat de Chrysalide en sort enfin avec des ailes: ce sont les Diptères.

Réaumur qui s'occupa particulièrement des Métamorphoses chez les Lépidoptères Linné et Fabricius ont modifié ces distributions; de nos jours Huber de Genève Dutrochet Savigny Marcel de Serres et notre illustre collaborateur Latreille ont par des observations précieuses ou par des considérations nouvelles jeté un grand jour sur une matière

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si curieuse; et maintenanton s'accorde à distinguer les Métamorphoses des Insectes en incomplètes ou partielles qui modifient l?ecirc;tre et en complètes qui en transforment la totalité. Dans toutes les changemens intérieurs en commandent de correspondans à l'extérieur c'est-à-dire que ceux du dehors sont conséquens de ceux du dedans; car jusqu'aux trois principaux systèmes organiques tout y subit des transformations et l'on sent quelle influence ces transformations des appareils nerveux nutritif et respiratoire doivent avoir sur l'instinct même des créatures où elles ont lieu. C'est donc avec pleine raison que Virey dont nous saisissons toutes les occasions de citer un bon passage dit: «Le système nerveux doit jouer ici un rôle auquel on n'a pas accordé assez d'attention. Nous avons fait remarquer que la Chenille ayant un autre instinct que le Papillon et les diverses larves d'autres genres de vie que l'Insecte parfait il fallait bien que l'appareil excitateur de toutes ces opérations éprouvât des changemens. Nous avons fait la comparaison de l'Insecte avec ces petits orgues portatifs dont le cylindre a différens airs notés sur son pourtour et qui exécutent chacun de ces airs selon qu'on avance ou qu'on recule le cylindre. Pareillement le système nerveux ou la série de ganglions le long du cordon médullaire double se déployant diversement chez la larve et l'Animal parfait doit exciter des actions différeutes dans l'un et dans l'autre mais appropriées à l?eacute;tat des organes externes. Ainsi la larve du Scarabée nasicorne qui vit dans le tan a ses ganglions nerveux tellement rapprochés qu'ils ne composent qu'une masse fusiforme et les rameaux qui en sortent se rendent en divergeant comme des rayons aux divers organes: il existe en outre un autre nerf analogue au récurrent de l'Homme et qui se distribue en rameaux avec des ganglions à l'estomac. Chez le même Animal complet les ganglions du cordon médullaire longitudinal s?eacute;cartent au contraire en cinq ou six espaces. Dans le Cerf-Volant espèce du genre Lucane le cordon médullaire n'a plus que quatre ganglions assez gros; sa larve en avait huit outre un nerf récurrent. Les Chenilles de la plupart des Bombices particulièrement celle du Cossus avaient douze ganglions; les Papillons en ont moins par le rapprochement de ces nœuds. ff

Des êtres chez lesquels ce qui représente le cerveau varie de la sorte ne devraient ce nous semble conserver aucune des idées qu'ils purent avoir dans leur premier état; et nous disons idées car quelque étroit qu'on en suppose le cercle il faut à la larve des idées pour subvenir à ses besoins et pour choisir le lieu de sùreté où elle se retirera afin de s'engourdir. Par quelle sorte de mémoire cependant le Lépidoptère qui pompe indifféremment du miel de toutes les fleurs se souvient-il que dans son jeuue temps il broyait tel ou tel feuillage et dépose-t-il ses œufs à portée de la Plante qui doit nourrir une progéniture qui ne recevra pas ses leçons?

Dans l'appareil nutritif les chan-gemeus ne sont pas moins étranges; ils subordonnent la machine à des appétits divers; si la bouche et les intestins ne changent pas de forme dans les Articulés à Métamorphose incomplète ces parties se dénaturent entièrement dans les Insectes à Métamorphoses complètes et leurs variations sont véritablement admirables en ce qu'elles font connaître quelle multitude de moyens sait employer la nature pour ne jamais se répéter dans ses productions qui sont le résultat de lois d'autant plus fécondes qu'elles paraissent être moins nombreuses. Ainsi plus le canal alimentaire se raccourcit plus l'Animal devient carnivore ou se nourrit d'alimens substantiels. La Chenille vorace qui par le moyen de ses robustes mâchoires déchire et broie un feuillage souvent coriace dont elle consomme jusqu?agrave; trois fois

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son poids dans une journée véritable machine à manger a son intestin énormément dilaté et boursouflé comme le colon. Les larves des Guêpes et des Abeilles ont un estomac si vaste qu'il en occupe presque tout l'intérieur; mais lorsque ces Animaux sont parvenus à l?eacute;tat parfait leur panse seresserre; ainsi l'Abeille ne conserve plus d'un vaste laboratoire nutritif que deux poches à miel inégales; et les Papillons dans la trompe desquels Savigny a reconnu des pièces correspondantes aux mâchoires n'employant plus ces parties aux mêmes usages consommateurs ont aussi leur estomac bien plus petit ce qui est le contraire des Ruminans ces grands Vertébrés où nous avons vu que l'estomac formé d'une seule poche dans le fœtus se multipliait en quatre dans l'adulte; et cette forme multiple de l'estomac se reproduit encore chez les Insectes où nous en retrouvons trois et quatre dans les Orthoptères qui sont conséquemment herbivores. Ne pourrait-on pas d'après des considérations tirées de l'appareil nutritif première et principale base de l'animalité tendant à la complication établir parmi les familles d'Insectes quelles sont celles qui formées sur un plan analogue peuvent être considérées comme représentant des familles d'ordres plus élevés dans un embranchement de cette création où jusquedans les résultats les plus disparates en apparence saille encore l?eacute;vidence d'une marche inaltérablement soumise à l'unité de plan. En général les larves ayant l'intestin plus vaste sont herbivores; plusieurs par le resserrement et les étranglemens de ce fondement de leur existence deviennent des Animaux de proie; tant il est rare de voir les mœurs des créatures vivantes ne pas tendre à la destruction mutuelle selon que des forces s'y développent. Un Insecte aquatique paraît cependant faire exception à cette règle cruelle c'est l'Hydrophitus piceus L. dont la larve est si. féroce qu'on l'appélle Ver-Assassin; elle engloutit dans son intestin court comme celui 'des Tigres et des Loups tout Animal vivant qu'elle peut atteindre et devient moins sanguinaire à mesure que son intestin de Métamerphoses en Métamorphoses s'allonge; « amélioration de caractère dit encore Virey fort rare ohez les Insectes et chez les Hommes.ff

Les changemens dans le système respiratoire ne sont pas moins singuliers que les précédens; il a déjà été question de ceux qu?eacute;prouvent les Têtards pour devenir des Batraciens; ils sont à peu près pareils dans beaucoup d'Insectes qui en passant de l?eacute;tat de larves aquatiques nageantes à l?eacute;tat d'Insectes volans aériens échangent leurs branehies ou fausses branchies contre des trachées et ce qui paraîit assez bizarre dans la plupart de ces larves c'est que c'est vers l'anus qu'existe le tube par lequel la respiration a lieu. Ne nous étant proposé dans cet article que d'exposer quelques généralités appelées par l'ordre alphabétique nous laisserons à l'un des rédacteurs chargés de la partie entomologique dans ce Dictionnaire le soin de faire connaître les merveilles de détail que présente l'histoire des Métamorphoses chez les Insectes; il s'occupera de ces Animaux au sortir de leur berceau même c'est-à-dire au mot OEUF. En attendant nous nous bornerons à la remarque suivante qui nous paraît mériter qu'on la prenne en considération.

Tous les Animaux dont la complication organique nécessite pour qu'ils puissent se perpétuer un autre mode de reproduction que le mode tomipare sortent ou d'un propagule ou d'un œuf dans lequel durent exister rudimentairement les moindres parties constitutives de leur être. Cependaut le propagule ni l?oelig;uf ne peuvent être considérés chez ces Animauxff comme vivans dans le sens qu'on attache à ce mot encore que l'un et l'autre renferment les principes des sensations ou du mouvement car ni ce mouvement ni les sensations n'y

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existent. La créature qui 'y prépara à la vie réelle n'en sortira qu'en vertu d'une suite d'efforts opérés intérieurement par l'action organisatrice toute-puissante mais réduite au râle d'agent secondaire dès après la naissance où l'instinct ce premier intellect rudimentaire interne commandé par l'organisation même suffit pour déterminer la créature qui a vu le jour à rechercher d'ellemême ce qui lui est bon en évitant ce quilui serait dommageable. L'Animal est alors émancipé et la prépondérance ou la subordination des parties constitutives les unes par rapport aux autres avec le jeu de toutes modifieront sa vie selon les besoins de chaque âge. L'amour sera le but de ce merveilleux mécanisme; de nouveaux œufs en seront le résultat; le trépas en sera le terme. Deux états de repos l'un temporaire et plein d'avenir l'autre éteruel et sans espérances marquent donc les deux extrémités de la carrière animale. Cependant une exception semble avoir lieu chez les Insectes à Métamorphose complète notamment chez les Lépidoptères où la Chenille consommatrice est si différente du Papillon producteur que la démonstration journalière de sa transformation est nécessaire pour constater l'identité; ici néanmoins l'exception confirme la règle. Au sortir de l'œuf la Chenille est devenue tout ce qu'elle pouvait être il ne lui manque rien d'un Animal parfaitement complet; mais le développement des diverses parties qui la composent s'est opéré selon un tel équilibre que celles de ces parties qui eussent dû se trouver par leur prépondérance aptes à la reproduction sont demeurées confondues parallèlement avec les autres sans atteindre à leur but culminant. La nature cependant ne condamnera point la Chenille à laisser une place vacante dans son sein maternel mais telle est l'inflexibilité des lois qui la rendent féconde qu'on ne la verra pas non plus au moyen d'une sorte de miracle ou de transubstantiation brusque porter dans la Chenille l'organe générateur qui s'y trouvait demeuré impuissant vers le degré de prépondérance qu'il est de sa nature d'atteindre. Elle ne procède point comme ces magiciens qui changeaient des baguettes en Serpens et qui faisaient des Grenouilles sans Têtards préalables; mais sagement circonspecte elle rentre dans sa marche habituelle par un retour sur elle-même et la Chrysalide équivalente au tombeau par rapport à la Chenille dont elle termine l'existence manquée devient comme un nouvel œuf par rapport è l'Insecte parfait qui s'y revêt de cette brillante parure nuptiale avec laqûelle on le voit apparaître au jour de la résurrection. Et cette Chrysalide œuf ou sépulcre intermédiaire qui n'est point la vie mais qui n'est point la mort peut être indifféremment considérée comme un trait d'union ou comme un temps d'arrêt entre deux modes très-distincts d'existence chez un même Animal. (B.)

* METAPLEXIS. BOT. PHAN. Robert Brown (Mem. of Wern. Societ. 1 p. 48) est l'auteur de ce genre qui appartient à la famille des Asclépiadées et à la Pentandrie Digynie L. Voici ses caractères essentiels: couronne à cinq petites folioles en capuchon alternes avec les anthères; masses polliniques renflées pendantes fixées par le côté; stigmate en forme de bec allongé indivis. Aucun nom spécifique n'ayant été imposé à la Plante qui a été considérée par l'auteur comme type générique Scholtes (Syst. Veget. 6 p. 111) lui a donué celui de Metaplexis Stauntoni en l'honneur de la personne qui l'a rapportée de la Chine. C'est un sous-Arbrisseau volubile glabre dont les feuilles sont cordiformes les fleurs disposées en grappes pédonculées et interpétiolaires. Une seconde espèce de ce genre a été décrite par Sprengel (Neue Entedck. 1 p. 269) qui l'a nommée Metaplexis mucronato. Sa tige est frutescente cylindrique à ra-

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meaux étalés; ses feuilles sont opposées pétiolées oblongues presque cordiformes mucronées et glauques; les pédoncules sont plus courts que les pétioles et portent environ six fleurs disposées en ombelle. Cette Plante croît cap de Bonne-Espérance. (G..N.)

* MÉTAPTÈRE. Metaptera. CONCH. Genre proposé par Rafinesque dans sa Monographie des Coquilles de l'Ohio insérée dans les Annales générales des Sciences de Bory de Saint-Vincent et Drapiez pour un démembrement des Unio qu'il caractérise de la manière suivante: coquille ovale triangulaire dilatée en aile postérieurement; ligament incliné sur l'aile; dent bilobée crénelée; dent lamellaire courbée détachée du bord de l'aile; axe extramédial; contour à peine épaissi; trois impressions musculaires. Mollusque semblable à celui de l'Unio. Ce genre établi sur des formes extérieures et surtout sur le prolongement en forme d'aile du côté postérieur ne peut être conservé; à peine pourrait-il former une division très-secondaire parmi les Mulettes. V. ce mot. (D..H.)

* METASTELMA. BOT. PHAN. Genre de la famille des Asclépiadées et de la Pentandrie Digynie L. établi par R. Brown (Mem.of Wern. Societ. 1 p. 52) qui lui a donné pour caractères essentiels: corolle presque campanulée dont la gorge est couronnée par cinq dents placées sur les sinus du limbe; anthères terminées par une membrane; masses pollini-ques comprimées fixées par leur sommet aminci et pendantes; stigmate mutique. Ce genre est constitué sur le Cynanchum parviflorum de Swartz (Flor. Ind. occid. 1 p. 557) Plante qui croît dans les localités montueuses des Antilles et autres îles de l'Amérique. Elle a une tige trèslongue divisée en rameaux filiformes volubiles et divariqués. Ses feuilles sont distantes pétiolées ovales et terminées en points. Ses fleurs petites blanchâtres ou verdâtres sont disposées en ombelles presque sessiles. R. Brown a nommé cette Plante Metastelma parviftorum. (G..N.)

MÉTATHORAX. INS. V. THORAX.

MÉTAUX. MIN. Les chimistes et les minéralogistes ont de tous temps réuni sous cette dénomination commune des corps simples qui avaient pour caractères d?ecirc;tre opaques en masse d'avoir an certain brillant qu'il est difficile de définir mais qu'on n'a besoin de désigner que par le nom d'éclat métallique tant il est propre à cette classe de substances; de posséder une grande densité supérieure en général à celle de toutes les pierres; de prendre un beau poli; d?ecirc;tre bons conducteurs du calorique et de l'électricité etc. Cette classe de corps a reçu une grande extension depuis la découverte importante de Davy sur la composition des Alcalis et des Terres; mais en même temps les limites d'abord si tranchées qui la séparaient de la classe des corps non métalliques se sont effacées peu à peu; plusieurs des nouveaux Métaux ont perdu cette grande densité qui était un des traits caractéristiques des anciens et quelques-uns sont assez légers pour surnager sur l'eau. Il y a passage des corps métalliques proprement dits aux corps non métalliques auxquels Berzélius a cru devoir donner le nom de Métalloïdes par certains corps tels que le Silicium qu'on hésite à placer de préférence dans l'une oul autre division. Mais en adoptant la coupe proposée par Haüy dans la classe des Métaux on a l'avantage d'accorder jusqu'à un certain point la nouvelle méthode avec l'ancienne en laissant ensemble dans un même groupe tous les Métaux anciennement connus les seuls qui méritent ce nom dans les arts et qui intéressent vivement le naturaliste. Haüy donne le nom de Métaux hétéropsides à ces nouveaux Métaux reconnus où admis par ana-logie dans les Terras et les Alçalis qu'on n'a jamais vus dans la nature

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avec l?eacute;clat métallique qui leur est propre et qui ne sont pas même susceptibles d'exister naturellement à l?eacute;tat libre. Tels sont le Potassium le Sodium le Calcium le Strontium le Magnésium etc. Le même savant donne le nom de Métaux autopsides (c'est-à-dire qui s'offrent d'eux-mêmes sous leur véritable aspect) aux Métaux qui se trouvent naturellement à l?eacute;tat métallique ou qui s'y laissent ramener aisément au moyen du charbon: ce sont les seuls dont nous ayons à parler ici; ils sont au nombre de vingt-sept dont quinze seulement sont remarquables par leurs usages. Les voici rangés dans l'ordre de leur plus grande utilité dans les arts: le Fer le Plomb le Cuivre l'Etain le Zinc le Mercure l'Argent l'Or le Platine l'Antimoine le Bismuth le Cobalt l'Arsenic le Chrôme et le Manganèse.

Les Métaux forment la classe la plus importante des corps puisqu'on les emploie dans presque tous les arts nécessaires à la vie qu'ils servent à fabriquer les instrumens sans lesquels plusieurs de ces arts n'existeraient pas et qu'ils sont ainsi l'une des causes les plus actives du progrès des sciences et de la civilisation. Parcourons rapidement les principales propriétés physiques auxquelles ils sont redevables de cette prééminence sur la plupart des autres substances naturelles. La plus remarquable de ces propriétés est l'aspect brillant qui les caractérise et qu'ils conservent jusque dans leurs moindres parties. Quelques substances parmi les pierres telles que le Mica et la Diallage n'ont qu'une fausse apparence de cet éclat qui disparaît dès qu'on raye leur surface avec uu corps dur. Cet éclat est dû à la faculté qu'ils ont de réfléchir en très-grande abondance les rayons lumineux ce qui lesrendparticulièrementconvenables à la confection des diverses sortes de miroirs. Indépendamment de cet éclat très-vif que le poli fait encore ressortir les Métaux ont une couleur qui leur est propre mais don't la teinte varie selon que le Minéral est en masse ou en poussière. Les Métaux sont parfaitement opaques à moins qu'on ne les réduise en feuilles extrêmement minces auquel cas ils acquièrent un certain degré de translucidité. Leur densité l'emporte généralement de beaucoup sur celle des autres substances: l'Etain le plus léger des Métaux usuels a une pesanteur spécifique de 7 3; le Platine qui est le plus dense l'est 21 fois plus que l'eau. Les Métaux ont en général peu de dureté; mais dans quelques-uns cette qualité peut être augmentée par l'art. C'est ainsi que l'on est parveuu à convertir le Fer en Acier qui à son tour peut servir à travailler le Fer et les autres Métaux. L'élasticité des Métaux qui est en rapport avec la dureté peut être aussi accrue par des moyens artificiels: l'Acier dont sont faits les ressorts de montres est très-élastique quoique le Fer dans son état naturel ne le soit que très-peu. L'une des propriétés les plus importantes des Métaux est leur malléabilité. On appelle ainsi la propriété qu'ils ont de se laisser aplatir et étendre sous le marteau et prendre de cette manière la forme qu'on veut leur donner. Tous les Métaux ne jouissent pas cependant de cette propriété; mais il est à remarquer quepresque tous ceux qui furent connus des anciens la possédaient. Cette propriété est accrue par la chaleur; par l'effet du marteau les Métaux acquièrent plus de densité et. de dureté. Voici la liste des Métaux malléables et l'ordre de leur malléabilité: l'Or l'Argent le Cuivre l'Etain le Platine le Plomb le Zinc et le Fer. La ductilité consiste dans la faculté qu'ont certains Minéraux de se laisser allonger en fils lorsqu'on les force à passer par des trous de différens diamètres. Pour qu'un fil puisse être étiré il faut que le Métal ait une grande ténacité: l'Or l'Argent le Fer l'Acier le Cuivre sont ceux qui sont le plus ordinairement employés. La ténacité d'un fil métallique est la propriété qu'il

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a de résister sans se rompre à l'effort d'un poids suspendu à l'une de ses extrémités. Il est des Métaux qui se brisent par la percussion au lieu de se laisser étendre: tels sont le Cobalt l'Antimoine et le Manganèse. Les Métaux sont non-seulement dilatables par la chaleur mais encore fusibles a des degrés de température très-dif-férens selon les espèces. Il en est up le Mercure qui est liquide à la température ordinaire; d autres qui sont fusibles à la simple flamme d'une bougie; d'autres comme le Platine qui ne peuvent être fondus que par la plus violente chaleur qu'il soit possible de produire.

Les Métaux se rencontrent rarement purs ou à l?eacute;tat natif dans les couches du globe. On les trouve plus ordinairement unis ensemble à l'état d'alliage ou bien à l'état de Minerais c'est-à-dire combinés avec les principes minéralisateurs tels que l'Oxi-gène le Soufre le Carbone etc.; quelquefois enfin à l?eacute;tat de Sel lorsque leurs Oxides sont unis aux Acides carbonique sulfurique hydrochlorique etc. Pour ce qui concerne la recherche des Minerais utiles et leurs traitemens métallurgiques voyez les mots GISEMENT MINES MINERAIS et MÉTALLURGIE. (G. DEL.)

MÉTEIL. BOT. PHAN. Mélange des grains de Froment et de Seigle semés et récoltés ensemble. (B.)

MÉTEL. BOT. PHAN. Espèce du genre Datura. V. ce mot. (B.)

MÉTÉORES. Parmi les phénomènes qui prennent naissance au sein de noire atmosphère ou dans les régions de l'espace adjacentes à celleci phénomènes que l'on nomme Météores les uns comme les Globes de feu les Aurores Boréales sont accidentels et excitent en nous un intérêt d'autant plus vif que leur origine est moins déterminée; les autres au contraire comme la Pluie la Neige les Vents parleur fréquence et leur continuelle succession n?eacute;tonnent plus notre esprit; mais quoiqu'ils exercent une grande inlluçuce sur les corps de la nature quoique l'Homme ait su tirer parti de certains d'entre eux et en faire d'utiles applications leur apparition n'excite maintenant presque aucun désir d'en approfondir les causes ni de découvrir les lois qui président à leur formation. Cette sorte d'indifférence de la part des physiciens atteste leur impuissance à réduire les faits observés en un corps de doctrine qui puisse être placé au rang des sciences exactes. Jusqu?agrave; ce jour la Météorologie ne peut donc avoir de règles fixes; c'est une science à peine ébauchée toute remplie d'hypothèses contradictoires et par cela même trop peu dignes de confiance malgré l'autorité des Deluc des Saussure et de tant d'autres physiciens célèbres qui se sont livrés à ce genre de recherches. Elle est encore loin de présenter quelques-unes de ces théories satisfaisantes à l'aide desquelles il soit possible de tirer des inductions certaines sur la manière dont se présenteront dans la suite des saisons les phénomènes atmosphériques. Trop long-temps le charlatanisme en a imposé sur ce point à la crédulité publique; aujourd'hui on reconnaî que ces phénomènes sont liés à une foule de causes agissantes dont l'appréciation et le calcul des forces doivent nécessairement nous échapper. Il faut donc s'en tenir à l'observation pure et simple des faits et se borner a les exposer d'une manière qui soit en harmonie' avec les lois générales de la physique. C'est le but que nous nous proposons d'atteindre dans cet article en même temps que nous examinerons l'importance de l'action des Météores sur les êtres qui composent le vdste domaine de la nature.

Les Météores sont aqueux ignés ou aériens selon que l?Ecirc;au le Feu ou l'Air semblent y jouer le principal rôle; dans la plupart des cas ils sont produits simultanément ou plutôt ils ne sont que des conséquences les uns des autres. Ainsi les Météores aqueux surviennent en même temps ou immédiatement après les Météores

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aériens et de temps à antre ils sont accompagnés de quelques Météores lumineux. Au nombre des grandes causes qui les déterminent les plus agissantes sont le Calorique et l'Eleotricité: le premier de ces agens physiques évapore les Eaux de lasurface du globe les dissout dans l'Air en forme des tapeurs invisibles qui par un refroidissement graduel se résolvent en brouillards nuages pluie rosée neige givre grêle et grésil.

Les Brouillards qui sur la mer prennent le nom de Brumes sont formés de globules aqueux flottans dans l'Air ou suivant de Saussure de vésicules d'Eau creuses à l'intérieur et spécifiquement plus légères que l'Air. Quelques physiciens célèbres doutent maintenant de cet état vésieulaire de la vapeur observée par de Saussure: en effet l'expérience sur laquelle ce savant s'est appuyé ne nous semble point conflrmattve de sa théorie. La vapeur du Café et celle de l'Eau chargée d'encre ne pouvaient être noires parce que le corps colorait n?eacute;tait point volatil et conséquemment qu'il ne pouvait s?eacute;chapper pendant l?eacute;bullition de ces liquides que de la vapeur d'Eau pure. S'il eût employé un liquide coloré avec une susbtance volatile alors seulement il aurait pu conclure de la couleurblanchâtredes globules quïls étaient creux à l'intérieur puisqu'ils auraient dû paraître noirs s'ils avaient été pleins. Dans les brouillards ces globules ou vésicules sont plus ou moins gros et se groupent entre eux de diverses manières; ce qui détermine la plus ou moins grande intensité du phénomène. Il n'y a personne qui n'ait été témoin de quelques-uns de ces brouillards si épais qu'au milieu du jour il en résultait nne obscurité pour ainsi dire nocturne; et l'on sait que sur les bords de la Tamise de pareils événemens ténébreux ne sont pas rares. Quelquefois les brouillards affectent désagréablement le sens de l'odorat sans que l'on sache à quoi peut tenir cette particularité. Le fond des vallées et la surface des rivières sont les lient qu'occupent le plus fréquemment les brouillards; souvent ils y sontstationnaires pendant plusieurs semaines tandis que les sommets des montagnes qui les encaissent jouissent de toute la sérénité du ciel: c'est alors un spectacle admirable et dont nous avons été souvent témoin en Suisse que de contempler du haut d'une de ces sommités la vaste plaine des brouillards que le reflet des rayons solaires rend semblable à une mer d'trgent et qui est terminée dans le lointain par une suite de récifs c'est-àdire par les points culminans des montagnes opposéesff Ce phénomène se montre dans une plus grande intensité lorsqu'on parcourt les contrées équinoxiales. La hauteur des montagnes la vaste étendue des efcui qui sont à proximité la température si élevée du fond des plaines et l'action d'un soleil perpendiculaire donnent naissance à un grand nombre de circonstances météoriques inconnues à nos climats secs et tempérésff Ecoutons le récit qu'en fait notrt collaborateur Bory de Saint-Vintent (Voy. aux îles des mers d'Afrique 1 p. 345) dans son excursion a la plaine des Chicots de l?icirc;le Mascareigne: «Nous jouîmes d'un spectacle réservé à ceux qui voyagent dans les hautes montagnes. Le vaste espace par lequel les deux plaines sont sépa-rées s?eacute;tait rempli peu a peu de nuages d'un blanc éblouissant; ces nuagés y étaient arrivés en brouillards par fa partie inférieure de l'encaissement ou en gros flocons semblables à des paquets de coton qui tombaient mollement en cascades de la cime du gros morne; ils se confondaient avec l'horizon de sorte que le sommet sur lequel nous étions et la plaine des Fougères avaient l'air de deux îles placées sur un océau de neige. Le soleil derrière nous débarrassé des vapeurs qui l'avaient éclipsé pendant une partie du jour se réfléchissait dans les nuages et y produisait de grands cercles concentriques un pea vagues peints des couleurs de l'arc-

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en-ciel où l'orangé semblait dominer. Nos ombres allongées se dessinant sur les vapeurs étaient comme environnées d'auréoles: ce dernier phénomène était bien moins sensible que l'espèce de parélie que nous admirions et j'eus de la peine à le faire distinguer à celui de mes camarades de voyage qui était à mes côtés. ff Pour qu'un brouillard puisse se produire à la surface des rivières il est nécessaire que la température de celles-ci surpasse celle de la couche d'Air qui repose immédiatement au-dessus; il faut de plus que cet Air soit calme car on a observé qu'un courant d'Air sec empêchait le brouillard de se produire malgré la différence de tempérapture que présentaient l'Eau et la couche d'Air adjacente. C'est ce qu'on observe sur le Danube qui n'a aucun brouillard quoique sa température l'emporte de plusieurs degrés sur celle de la couche atmosphérique. Il semblerait alors que le courant d'Air sec dissout complètement le brouillard au fur et à mesure qu'il se produit.

De même que les brouillards les Nuages sont composés de globu-les aqueux suspendus dans l'Air et qui sont réunis en groupes de formes très-diversifiées. Ces groupes n'ont pas la même densité puisque les uns restent généralement à une hauteur peu considérable tandis que les autres s?eacute;lèvent aux plus hautes régions. Selon Gay-Lussac lenuage monte dans les airs par l'impulsion des courans ascendans qui résultent de la différence de température entre la surface de la terre et les régions élevées. Fresnel a donné récemmeut (Anu. de Chunie et de Physique T. XXI P. 59 et 260) une autre théorie de la suspension des nuages. Elle résulte de ce que ceuxci ont une pesanteur spécifique moindre que celle des couches inféricures de l'athmospbère; en effet la ténuité des globules aqueux est extrême et ils renferment entre leurs interstices de l'Air qui ne peut s?eacute;chapper qu'avec beaucoup de lenteur Ces globules ainsi oue l'Air qu'ils emprisonnent sont plus susceptibles que les couches ambiantes d'Air atmosphérique de s?eacute;chauffer par les rayons solaires et parles rêvons calorifiques qui leur sont envoyés de la terre; cet échauffe ment détermine une dilatation de l'Air contenu dans les interstices et le nuage se trouve alors dans les conditions d'un aérostat qui s?eacute;lève en vertu de sa légèreté spécifique. Les couleurs dont les nuages sont affectés ne sont que des jeux de lumière qui varient à l'infini par les décompositions les réflexions et les réfractions résultant de leurs formes et de leur situation par rapport au corps lumineux et au spectateur. La formation des nuages est la même que celle des brouillards dont ils ne diffèrent d'ailleurs à aucun égard; ils prennent naissance plus spécialement sur les flanes et les sommets des montagnes par l'effet de la condensation de la vapeur dissoute dans les couches d'Air les plus voisines de ces montagnes. N'oçcupant d'abord qu'une petite étendue ils s'agrandissent insensiblement et finissent par se détacher pour être emportés au gré des vents; on les voit ensuite s'amonceler former des nuées épaisses qui ordinairement se résolvent en pluies abondantes; quelquefois ils restent épars et dissémines dans l'atmosphère. Ces groupes aériens semblent dans leur course vagabonde éviter de se heurter et lorsqu'ils sont portés par les vents vers la crête des montagnes ils en sont vivement repoussés et par une sorte de bond ils franchissent cette crête pour passer dans une autre vallée. Ce phénomène que nous avons observé dans la chaîne de montagnes subalpines de la France méridionale ne paraît pas avoir été pris en considération par les météorologistesff il est pourtant de nature à mériter tout leur intérêt en ce qu'il indiaue les circonstances dans lesquelles les nuages doués d'une propriété répulsive et réciproque ne peuvent s'amonceler ni se résoudre

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en pluie. Mais quelle est la cause de cette répulsion? ne serait-elle pas due à l'électricité qui étant alors de même nom dans les nuages aurait pour effet suivant la théorie de les empêcher de se confondre? Cette explication nous paraît simple et naturelle mais elle demande à être vérifiée par des expériences directes et dont l'exécution ne serait pas fort difficile. Bory de Saint-Vincent dans le cours de ses voyages fut plusieurs fois témoin d'un phénomène analogue à celui que nous venons de décrire. L'explication qu'il en donne nous paraît aussi très-plausible: quand les petits nuages coureufs sont portés par les vents contre les flancs d'une montagne ils ne voyagent point avec une rapidité aussi grande que celle de leurs moteurs; ceux-ci arrivent donc beaucoup plus têt contre l'obstacle; là ils sont réfléchis et repoussent ainsi dans leur marche rétrograde les nuages qu'ils avaient d'aborp dirigés sur cet obstacle.

Lorsque les nuages n'ont pu passer à l?eacute;tat de vapeur invisible et qu'au contraire ils se sont condensés au point de se convertir en gouttelettes celles-ci tombent sur la terre tantôt légèrement et sous forme d'un brouillard très-dense qui reçoit alors le nom de Bruine tantôt avec impétuosité et en gouttes très-grosses telles que nous les voyons dans les pluies d'orages. Mais la pluie se présente dans tous les états intermédiaires à ces deux extrêmes; les pluies par torrens sont plus communes en été et dans les pays chauds du globe et les bruines au contraire s'observent plus fréquemment pendant les saisons froides et dans les climats tempérés et polaires. On a remarqué qu'il pleuvait davantage dans les coutrées montueuses que dans les pays de plaines et nous avons signalé en parlant des forêts (V. ce mot) l'influence que ces masses de Végétaux avaient sur la formation des pluies de dégroupement et par suite sur la végétation générale du pays. Il paraît que la hauteur des montagnes ne détermine pas une chute de pluie plus abondante; car des côteaux peu élevés agissent assez sur la direction des vents et des nuages pour que la pluie se distribue inégalement sur un espace de terrain peu étendu. On estime la quantité d'eau qui tombe annuellement par la hauteur qu'aurait la masse formée de la réunion de toute celle qui tombe successivement sur une même surface horizontale. Depuis long-temps on a multiplié les observations à cet égard et il a été possibled'en conclure que la quantité annuelle de pluie est plus considérable dans les régions intertropicales que dans les autres: ainsi au Cap-Français dans l?icirc;le d'Haïti il tombe par an 308 centimètres d'eau tandis qu?agrave;Upsal en Suède on n'en compte que 43 centimètres; à Paris et à Londres le terme moyen est de 53 centimètres; mais en certaines provinces de France et d'Angleterre peu éloignées des grandes villes que nous venons de nommer; la quantité d'eau qui tombe annuellement se monte à plus du double. Ces anomalies indiquent l'influence des montagnes et des forêts dont nous avons parlé plus haut. Mais si les climats équatoriaux reçoivent dans le cours de l'année une quantité d'eau plus considérable que les autres contrées du globe le temps pendant lequel la chute s'en opère est infiniment moindre ou en d'autres termes le nombre des jours pluvieux augmente lorsqu'on s'avance de l?eacute;quateur vers les pôles. Tous les voyageurs nous décrivent les pluies de la Zône-Torride comme des averses épouvantables qui quelquefois détruisent les récoltes mais dont la chute est souvent désirée avec impatience carle terrain desséché et brûlé par les feux perpendiculaires d'un soleil qui pendant plusieurs mois n'est jamais voilé a besoin de ces énormes quantités d'eau pour être abreuvé et faire sa provision d'eau pour les mois suivans. Une remarque analogue à la précédente se fait lorsqu'on compare les saisons entre elles; il tombe généralement plus d'eau en

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été qu'en hiver et cependant le nombre des jours pluvieux l'emporle dans cette dernière saison sur ceux de la première. Les contrées que nous habitons diffèrent encore de celles qui sont situées entre les tropiques par l'irrégulanté des circonstances météorologiques. Dans les climats chauds l'année offre toujours une saison pluvieuse qui détermine la crue périodique et réglée des fleuves et des rivières; ainsi le débordement du Nil dont l?eacute;poque est si constamment régulière n est causé que par les pluies abondantes qui fondent à une époque déterminée sur les montagnes de l'Abyssinie et des pays voisins de l?eacute;quateur où les affiuens du fleuve qui fertilise l'Egypte prennent leur source. Dans les contrées tempérées telles que l'Europe et les Etats-Unis la cnute des pluies n'arrive point dans un temps circonscrit et limité; elle y est au contraire fort accidentelle et intermittente; cependant on a observé que lorsque les pluies commençaient vers les approches des équinoxes et du solstice d'été elles duraient pendant un temps assez considérable. Virgile chantant le nuageux Orion et les pluvieuses Pléiades nous a fait connaître à ce sujet les observations de l'antiquité païenne lesquelles étaient au fond les mêmes que celles de nos agriculteurs chrétiens. A la maligne influence d'une nébuleuse constellation ceux-ci n'ont fait que substituer le pouvoir redoutable des bienheureux saint Médard et saiut Gervais.

La Rosée est un Météore aqueux que l'on observe pendant les matinées etles soirées de printemps d?eacute;té et d'automne; elle se dépose sous forme de gouttelettes principalement sur les feuilles des Plantes; en certains pays secs comme par exemple l'Italie méridionale elle est assez forte pour suppléer à la pluie et entretenir la verdure. On ne peut l'assimiler au brouillard puisqu'elle ne trouble pas sensiblementla transparence de l'Air et elle offre ceci de particulier qu'elle ne s'attache point aux Métaux polis et particulièrement à l'Or. Nous verrons bientôt que dans la production de ces deux sortes de Météores les circonstances sont tout-à-fait opposées c'est-à-dire que si les brouillards exigent pour leur formation que l'Air soit plus froid que la sur-face du globe c'est le contraire pour la rosée. Plusieurs hypothèses ont été faites sur la production de ce dernier phénomène. Comme on avait remarqué que la rosée se déposait quelquefois sur la surface inférieure des corps on en avait conclu que dans ce cas elle s?eacute;levait de terre et conséquemment qu'elle était ascendante tandis que le plus souvent elle était descendante. Ces faits divers se trouvent expliqués très-naturellement par la théorie proposée par Wells et que ce savant a appuyée de nombreuses observations. Pendant les belles nuits des saisons chaudes la température des corps placés à la surface de la terre diminue beaucoup parle rayonnement du caloriquequMls avaient accumulé dans la journée et dont la perte n'est point compensée par l'acquisition d'une quantité suffisante de calorique qui serait rayonné des parties supérieures de l'atmosphère. Ce refroidissement persiste parce que les corps adjacens ou ceux qui mettent les corps refroidis en communication avec la terre ne sont ordinairement pas de bons conducteurs. La couche d'Air qui repose sur les corps refroidis laisse alors déposer une partie de l'eau qu'elle tenait en dissolution et c'est ainsi que se produit la rosée. On conçoit que ce phénomène ne doit point avoir lieu s'il se trouve des corps interposés entre la terre et les parties supérieures de l'atmosphère car le rayonnement du calorique produit par ces sortes d?eacute;crans sera suffisant pour réparer celui qu'auront perdu les corps placés sur la surface terrestre c'est-à-dire que l?eacute;change étant à peu près égal la température des uns et des autres ne sera pas sensiblement altérée. C'est ainsi que les nuages empêchent la

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formation de la rosée et d'autant plus qu'ils sont moins élevés parce qu'alors leur température propre est moins basse. Le vent peut également s'opposer à la production de la rosée en apportant sur les corps refroidis de nouvelles couches d'Air plus chaudes qu'eux et qui rétablissent leur température a en faisant évaporer la rosée à mesure qu'elle se forme.

C'est en raison de leur grande conductibilité et de la faiblesse de leur rayonnement queles Métaux comme l'Or r Argent le Cuivre et l'Etain se refroidissent peuff et çonséquem-ment qu'ils ne se chargent point de rosée; celle-ci continue à se déposer au contraire sur les feuilles des Végétaux sur les bois etc. tant que la température de ces corps est moins élevée que celle de la couche d'Air qui leur est contiguë; et cet abaissement de température continuant pendant la nuit entière peut en certaines circonstances être porté au point que la rosée se convertisse en ilée blanche c'estee qui a lieu durant les belles nuits au printemps et de l'automne car on croit qu'elleest déposée sous forme liquide et que sa congélation ne s'opère qu après son contact avec les corps qui se trouvent à la surface de la terre.

On doit au contraire attribuer uniquerpept à un abaissement de tempéra ture dans l'atmosphère elle - même la formation de la Neige; elle se produit sous forme de flocons blancs pendant l'hiver dans nos plaines et en été sur les sommets des hautes montagnes: lorsque ces flocons neigeux tombent par un temps trèscalme on reconnaît à l'aide de la loupe qu'ils sont formés d'un assemblage de cristaux en étoiles à six rayons. Le capitaine Scoresby a vu dans les régions boréales et par un temps en apparence serein tomber de cette neige qui présentait alors des formes entièrement régulières. C'est oncore dans un abaissement de température atmosphérique qu'il faut reconnaîtr le la cause du Givre ou de la congélation des brouillards: comme ceux-ci se déposent lentement sur les corps leur cristallisation s'opèr le avec régularité mais les cristaux ne sont pas aussi faciles à observer que ceux de la neige parce que les globules aqueux dont est formé le brouillard étant de la plus grande ténuité ne peuvent se convertir qu'en cristaux également d'une extrême petitesse.

Dans certaines contrées boréales et sur quelques sommets des Alpes la neige offre une teinte rouge trèsprononcée. Cet accident quine s'observe que sur des espaces peu étendus a souvent occupé l'attention des naturalists. De Saussure y avant reconnu le premier la présence d une substance organique on était allé jusqu?agrave; dire que cette suhatance de nature végétale n'était autre cbose que le pollen des Conifères on des Arbres verts si fréquens dans le voisinage des neiges perpétuelles pollen qui aurait été apporté en masses poudreuses par les vents. En général on n'a pas été satisfait de cette explication et encore moins de celle de quelques chimistes qui attribuaient la couleur rouge de la neige à la oré sence d'Oxides ferrugineux et d'autres corps inorganiques. Cette question reprit de l'intérêt lorsque l'expédition du capitaine Ross en 1818 eut rapporté de cette neige rouge trouvée sur de la pierre calcaire dans la baie de Baffin par 60° de latitude nord. Le docteur Wollaston et le célèbre peindre-naturaliste Bauer l'ayant examinée au microscope y reconnurent la présence de globules excessivement petits que Bauer crut être un Uredo et qu'il nomma U. nivalis. Le baron Wrangel (Mémoires de l'Académie de Stockholm pour l'année 1825 première partie p. 71) ayant observé avec beaucoup d'attention une singulière production d'une belle couleur cramoisi qui couvre les roches de l'île d'Aland en Suède l'a raportée au genre Lepraria sous le nom de L. kermesina. Il mit de la neige sur une pierre couverte de cette production et cette neige prit aussitôt

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me teinte rongeâtre ce qui l'a; autorisé à penser que le Lepratia kermesiria était une Plante analogue à l'U. nivalis et que celle-ci dans les régions boréales aura été entraînée des roches par les eaux qui se seront ensuite gelées et auront communiqué leur teinte à la neige voisine. C'est aussi l'opinion de Richardson botaniste de l'expédition du capitaine Franklin qui en recueillit sur des mottes de terre le long des torrens près du fort de l'entreprise par 60°de latitude. Brown et De Can dolle sont d'accord pour classer Cette Cryptogame parmi les Algues sans cependant se prononcer sur le genre dont elle doit faire partie; Agardh l'a placée dans son nouveau genre Protococcits. L'examen comparatif de la neige rouge des Alpes et celle des contréès polaires ayant fourni au professeur De Candolle les memes globules ce savant pense que la teinte extraordinaire de ces neigea est produite par la même cause.

Les phénomènes que nous venons de décrire succinctement se reprêsentent trop souvent pour que nous devions insister plus long-temps sur leur exposition. Nous allons maintetatit nous occuper d'un Météore heureusement plus rare et dont l'tendue ordinairement limitée à une région peu considérable prouve qu'il doit sa production à des circonstances particulières et purement accidentelles. La Grêle c'est-à-dire la chute de l'eau sous forme de morceaux ordinairement globuleux compactes où la congélation ne semble s?ecirc;ire opérée que par couches successives; la grêle disons-nous tombe seulement en été ou tout au plus au Printemps; dans cette dernière saison les grêlons sont pelits peu consistons et on leur donne alors le nom de Grésil. L'apparition de la grêle quoique subite est facilement pressentie par les gens des campagnes lorsqu'ils aperçoivent une nuée grisâtre précédée d'un bruit éclatant et ayant un aspect particulier qu'ils reconnuissennt par l'habitude plutôt que d'aprés des caractères quïls puissent exprimer. On a dit que les grêlons n'offrent point de traces de cristallisation: c est pourtant d'après cet état particulier de l'eau qne Bosc en 1788 crut reconnaître la figure de ses cristaux. L'intérieur des gréions qu'il observa présentait des géodes ou cavités hérissées de petites pyramides. V EAU. Le volume considérable que les grains de grêle présentent quelquefois (car on en a vu qui pesaient plus d'une demi-livre) a beaucoup embarrassé les physiciens qui ont voulu se faire une idée juste de leur formation. Ils croyaient autrefois que la grêle commençait à se former sous de petites dimensions dans les régions les plus élevées de l'atmosphère et qu'elle en acquérait de très-considérables par les nouvelles couches dont elle se couvrait durant son grand trajet jusqu?agrave; nous. Une telle explication était loin de satisfaire l'esprit de ceux qui ne se contentent pas de simples idées mâis qui veulent encore quelques preuves à l'appui; aussi celle qui fut développée par l'illustre Volta a-t-elle jusqu'à ce jour été universellement admise. Deux nuages très-denses et fortement électrisés en sens contraire sont censés attirer et repousser alternativement les grêlons pendant un temps assez long pour qu'ils puissent se charger d'un gound nombre de couches et souvent acquérir un volume énorme. Cette hypothèse cst d'autant plus plausible que les nuages qui vomissent la grêle sont toujours précédés de signes indiquant une grande intensité dans leur état électrique. On donne une idée assez exacte dans les cours de physique de cette formation de la grêle par l'attraction et la réputsion successives et prolongées des corps placés entre deux plateaux très-chargés d?eacute;lectricités opposées. Pour prévenir ce terrible fléau. on a proposé un appareil assez simple et qui a reçu le nom de paragréle: il se compose d'un certain nombre de perches érigées verticalement et

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surmontées de tiges métalliques communiquant au sol par des fils également métalliques. L'effet de cet appareil devait être de soutirer l'électricité des nuages et conséquemment d'empêcher la formation des grêlons. Mais l'ingénieuse hypothèse de Volta sur laquelle repose l'explication de l'efficacité des paragrêles est loin d?ecirc;tre une réalité ou au moins une théorie qui concilie toutes les observations; d'ailleurs l?eacute;lévation des perches n'atteint jamais les nuages chargés de la grêle et de ses élémens; il est donc bien difficile de se former une idée raisonnable d'après les lois de la physique de la manière dont agissent les paragrêles (si toutefois leur action est constatée par l'expérience). L'Académie des Sciences de Paris dans sa séance du 8 mai 1826 a exprimé son opinion sur la nullité théorique de ce moyen qui a été préconisé par plusieurs sociétés d'agriculture de province.

En décrivant les Météores aqueux leur assignant pour causes principales les modifications de température et d?eacute;lectricité qu?eacute;prouvent les corps placés à la surface du globe terrestre ainsi que ceux qui flottent dans l'atmosphère et les diverses couches de cette atmosphère elle-même; enfin en tenant compte des réactions occasionées par ces variation nous avons passé sous silence les circonstances concomitantes de ces principaux phénomènes. Elles forment un autre ordre de Météores dont les causes ainsi que les lois sont encore très-peu connues. Les vents c'es-à-dire les mouvemens de l'Air atmosphérique qui forment des courans dont la direction varie dans tous les sens semblent procéder de la formation des nuages ou si l'on veut de la condensation de l'humidité contenue dans l'Air des contrées éloignées; ils peuvent également naître de la pression que les nuages exercent sur les couches mobiles de l'Air et non-seulement ils nous indiquent l'existence des Météores aqueux mais encore ils les transportent à des distances considérables. L'apparition d'une de ces sortes de Météores détermine toujours l'apparition ou la disparition de l'autre selon que le courant trouve sur son passage une plus ou moins grande masse de nuages selon qu'il occasione un changement plus ou moins grand dans la température et dans les autres circonstances physiques des couches qu'il traverse Il n'est pas de remarque plus populaire que celle de l'influence de certains vents sur la sérénité du ciel. Les marins particulièrement ont dans leurs observations routinières des moyens plus certains que les savans dans leurs instrumens météorologiques car ils pronostiquent sur la production du plus léger mouvement de l'Air quell sera l?eacute;tat du ciel pendant les heures qui suivront. Dans nos contrées les vents du nord annoncent presque toujours un temps clair et sec tandis que ceux du sud nous amènent infailliblement les nuages et la pluie. Le froid se fait plus sentir à la surface de la terre lorsque les premiers soufflent; les autres au contraire élèvent brusquement la température de plusieurs degrés. Ces variations de chaleur atmosphérique peuvent bien provenir de ce que les vents du nord traversent des zônes froides pour arriver à nous et de ce que ceux du midi au contraire apportent avec eux le calorique des climats chauds qu'ils ont parcourus; mais il nous semble qu'on doit ajouter à cette cause celle du rayonnement de la surface de la terre qui lorsque les vents du nord ont balayé le ciel et que les couches supérieures de l'atsmosphère sont très-froides doit nécessairement comme dans le cas de la rosée y occasioner un abaissement de température. Les vents du midi au contraire chargeant notre atmosphère de nuages épais ou d'une énorme quantité de vapeurs aqueuses empêchent que le rayonnement ne tourne au préjudice de la surface du globe puisque les nauages et les va-

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peurs dont la température est assez élevée lui renvoient une quantité de calorique plus grande que celle qu'ils en reçoivent.

Dans les régions du globe situées entre les tropiques on observe des vents réguliers qui soufflent de l'est vers l'ouest et que l'on connaît sous le nom de Vents alisés. Voici comment on explique leur origine: le soleil dans les pays équatoriaux échauffant les couches d'Air les dilate à mesure qu'elles se présentent à son influence par le mouvement de la terre; il se forme ainsi comme un équateur d'Air dilaté conséquemment plus élevé que le resté de l'atmosphère et dont les couches supérieures n?eacute;tant plus soutenues latéralement doivent retomber au nord et au sud Vers les pôles. Pour remplacer cet Air qui forme un courant partant dé l?eacute;quateur un autre courant en sens contraire et inférieur au premier s?eacute;tablit depuis les pôles vers l?eacute;quateur. Les particules d'Air qui composent le courant inférieur ne possèdent d'abord qu'un faible mouvement de rotation égal à celui des parallèles terrestres qu'elles abandonnent. Mais comme elles arrivent en des lieux de la terre où sa rotation est infiniment supérieure à la leur elles sont renvoyées de l'ouest à l'est par les obstacles qu'elles rencontrent à la superficie du globe obstacles dont la vitesse de rotation est d'autant plus grande qu'ils se trouvent plus rapprochés de l?eacute;quateur. Quoique la cause qui produit lec vents alisés doive également agir hors des tropiques et jusque dans nos climats son effet y est beaucoup plus faible â cause de la moindre chaleur du soleil et de la moindre différence des vitesses de la rotation; en outre les variations accidentelles achèvent de rendre nul cet effet. Les vents locaux et réguliers que dans les mers orientales on connaît sous les noms de Moussons et qui paraissent dépendre de l'action de la chaleur solaire sur les continens et les îles qui les avoisinent empêchent aussi la production des vents alisés malgré la situation de ces mers entre les tropiques. Certaines îles des mers équinoxiales présentent encore des vents réguliers qui paraissent tenir à des causes locales. C'est ainsi qu'aux îles de France et de Mascareigne on connaît des vents de terre et de mer qui soufflent alternativement et à des heures tellement fixes que les marins comptent sur ce phénomène pour aborder ou pour effectuer leur départ.

L'impétuosité des vents est souvent extrême; elle occasione les ouragans et les tempêtes qui portent'la désolation sur les mers et principalement sur les terres non abritées par de hautes chaînes de montagnes. C'est surtout dans les îles basses comme les Antilles et les archipels des climats équatoriaux excepté ceux de la Polynésie qu'ils causent les plus grands ravages. On a dit qu'ils étaient beaucoup moins violons sur les hautes sommités que dans les plaines. Cette assertion nous semble bien loin d?ecirc;tre démontrée et nous avons été témoin d'ouragans affreux qui exerçaient leur empire à des hauteurs fort considérables. Les observations météorologiques faites sur le Grand-Saint-Bernard nous apprennent que les tempêtes y sont fréquentes et d'une furie extraordinaire; il est vrai que le couvent se trouve placé dans un défilé étroit et qui aboutit à d'immenses vallées par où les vents tendent à s?eacute;couler avec violence. Ainsi dès qu'il est constaté que les tempêtes éclatent sur les hauteurs elles ne sont quelquefois point produites uniquement comme on l'a également prétendu par des courans horizontaux régnant dans les régions les plus basses de l'atmosphère régions fortement comprimées dans un espace étroit par les couches supérieures qui résistent à leur mouvement. Les Orages diffèrent des tempêtes en ce qu'ils n'agissent point sur une vaste étendue de pays; n'exerçant au contraire leur empire qu?agrave; un espace assez limité ils ont leur siéce

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dans une nuée épaisse formée de l'accumulation de plusieurs nuages et ils cessent lorsque cette nuée a disparu ou que du moins elle ne se trouve plus dans les conditions propres à les faire naître. Ces conditions consistent surtout dans la condensation rapide des vapeurs aqueuses qui composent les nuages orageux et dans la forte dose d?eacute;lectricité dont ils sont chargés. Aussi les orages sont-ils accompagnés de pluies abondantes quelquefois de grêle d?eacute;clairs et de tonnerre. Nous avons fait connaître à l'article çLECTRICITÉ l'explication simple et naturelle que Franklin a donnée de la production de ces derniers Météores lumineux et les moyens ingénieux qu'il a imaginés pour se mettre à l'abri de leurs funestes effets. Les Trombes sont une sorte d'orage qui se présente avec des circonstances particulières. Le nuage offre alors une forme de cône renversé ou d'entonnoir déterminée par une colonne d'Air tourbillonnant sur elle-même et avec une telle force d'impulsion qu'elle est capable d'enlever de grandes masses d'eau et souvent des corps solides d'un poids immense. Ce phénomène est fort dangereux pour les navires dont il tortille les voiles et les agrès qu'il fait pirouetter et que souvent il inonde d'un déluge d'eau. Ordinairement du sein de celle colonne brumeuse la foudre éclate comme dans les autres nuages orageux. Les trombes exercent une forte pression sur la surface des espaces liquides et il en résulte sans doute des différences très-marquées dans leur niveau. C'est peut-être à une cause de ce genre qu'il faut rapporter l'apparition d'un phénomène assez commun pendant l'été sur les lacs de Suisse et particulièrement sur le Léman où on lui donne le nom de Sèches. Les rives de ces lacs s?eacute;lèvent brusquement en certains lieux à plusieurs pieds et restent pendant un temps plus ou moins considérable dans cet état extraordinaire d?eacute;lévation. Si ce n'est pas une trombe qui donne naissance au phénomène des sèches (car on en observe par un ciel dont la sérénité semble être générale) il est du moins extrêmement probable que la pression atmosphérique est beaucoup augmentée sur quelques points du lac; mais cette inégalité de pression que Vaucher a démontrée par l'observation du baromètre n'a pas encore été expliquée d'une manière satisfaisante de même qu'on ne peut reconnaître avec certitude la cause des variations ordinaires de la pression atmosphérique qui comme on sait offre lant de connexions avéc la production des phénomènes météorologiques.

Après l'exposition sommaire des phénomènes principaux qui constituent les Météores aqueux et aériens nous devrions peut-être traiter ici de la même manière la question des Météores ignés on lumineux dont les causes et les effets ont tant oocupé les physiciens. Nous ne pouvons cependant lui accorder qu'une faible attention parce que 1° cette classe de phénomènes n'offre presque pes de relation avec l'histoire naturelle proprement dite; 2° parce qu'on a placé à tort parmi les Météores ignés certains corps célestes dont l'apparition est accidentelle: tels sont les Comètes: ou des phénomènes d'optique comme les Arcs-en-Ciel les Halos etc. qui sont dns à des réfractions et à des réflexions accidentelles de la Lumière produits par des dispositions particulières des nuages et des vapeurs aqueuses par rapport au corps lumineux et à l'observateur. Dans notre article sur l'Electricité nous avons cherché à donner des idées nettes sur le plus remarquable des Météores ignés c'est - à - dire sur l?eacute;clair. Nous croyons donc qu'il sera suffisant d'entrer dans quelques détails sur les autres dont l'histoire est bien loin d?eacute;tfe aussi connue. Les bolides ou globes de feu et les aurores boréales ont été rejetés par des savans illustres de la classe des Météores parce que disent-ils le lieu de la scène où ils se passent est probablement situé hors

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de l'atmosphère. Il n'est guère possible d'admettre une telle distinction; car en regardant même comme démontré que ces phénomènes aient lieu hors de l'enveloppe atmosphérique on ne peut nier qu'ils ne soient dépendans du globe terrestre soit qu'ils émanent de lui-même soit qu'ils en éprouvent l'intluence attractive; et comme ils s'opèrent à une faible distance de nous; comme les aurores boréales ainsi que nous le verrons bientôt offrent des rapports avec un des principaux agens physiques et que les globes de feu sont accompagnés ordinairement de la chute de substances minérales particulières nous ne voyons pas pourquoi pn leur refuserait le nom de Météores c'est-à-dire de phénomènes dont l'atmosphère ou les régions adjacentes de l'espace sont le laboratoire. Quelques personnes qui ne s'aperçoivent pas ou qui semblent avoir oublié que notre planète n'est qu'un point dans l'immensité des mondes trouveront peul - être trop vaste le petit laboratoire atmosphèrique ainsi que ses dépendances et elles diront que nous ne circonscrivons pas assez la région des Météores. Nous répondrons à leur objection que limiter cette région à l'atmosphère et à plus forte raison comme Lamarck l'a proposé aux couches inférieures de l'atmosphèrte c'est préjuger sur la constitution physique de l'espace situé au-delà de la couche mince que nous assignons à cellc-ci c'est admettre à une faible distance de nous un vide absolu et subit que rien n'autorise à supposer. Il nous semble au contraire plus naturel de croire dans une question qu'aucune observation directe ne peut éclairer que les couches de l'atmosphère ayant une densité décroissante à mesure qu'on s'élève il n'y a pas de limite tranchée entre l'atmosphère et l'espace absolument vide. Nous oserons même avancer que si cette limite existe ainsi que le docteur Wollaston l'a prétendu d'après de hautes considérations physiques et astronomiques elle est beaucoup plus reculée qu'on ne le pense et nous en conclurons qu'il n'est pas rationnel d'enserrer la région des Météores dans une zône aussi étroite que celle qu'on lui assigne ordinairement.

Ce que l'on nomme Globe de Feu est l'apparition d'un corps lumineux d'un diamètre que l'on a comparé à celui de la pleine lune sillonnant les airs so mouvant avec une vitesse extraordinaire en laissant après lui une longue trace lumineuse. Un tel phénomène est bien propre à jeter la consternation pormi le vulgaire et à lui inspirer des craintes superstitieuses; on dit même que de grands capitaines ayant interprété dans un sens favorable à leurs audacieuses entreprises de semblables apparitions ont inspiré à leurs soldats une coufiance qui décida de la victoire. Nous sommes loin sans doute de ces temps d'ignorance et de crédulité et nous n'y voyons pas autre chose qu'un phénomène naturel; cependant il faut avouer que nous sommes réduits à de simples suppositions sur sa cause et que vu la rareté du Météore ou plutôt vu l'impossibilité des physiciens à faire de bonnes observations puisqu'ils n'y sont nullement préparés nous manquons de documens bieu avérés sur toutes les circonstances qui accompagnent les globes de feu; ou Sait seulement qu'ils prennent naissance à une grande hauteur car celui de 1771 a été aperçu simultanément depuis le midi de la. France jusqu'en Angleterre c'est-à-dire sur un espace terrestre de six degrés de latitude et de cinq degrés en longitude; on a estimé sa hauteur à plus de 80 000 mètres son diamètre devait être au moins de 1000 mètres et sa vitesse de plus de 2000 mètres par seconde c'est-à-dire plus de quatre fois celle d'un boulet de 24. Comme les masses pierreuses tombées de l'espace auxquelles on a généralement donné le nom de Météorites ont été souvent précédées

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par l'apparition de détonations et de globes de feu il était naturel d'en conclure que ceux-ci sont les signes ou les phénomènes concomitans de la chute des Météorites. Quelquefois à la place des masses pierreuses on a vu des substances gélatineuses sur la nature desquelles l'analyse chimique n'a pas encore prononcé. Le phénomène des Etoiles filantes que l'on voit si fréquemment durant les belles nuits d'hiver paraît se rattacher à celui des globes de feu; il n'y aurait de différence que dans les dimensions du Météore. Mais ce que nous exprimons ici comme une probabilité n'a pas encore été appuyé d'observations posivites.

Dans les régions polaires du globe terrestre le spectacle des aurores boréales est assez fréquent. Ce sont des gerbes de lumière qui occupent un grand espace de l'horizon et dont le centre ou le point de réunion est placé dans la direction du méridien magnétique de l'observateur. Une telle relation entre la production de ce curieux phénomène et la cause du magnétisme a été de nouveau confirmée par les perturbations que les aurores boréales produisent sur l'aiguille aimantée et qui ont été constatées vers ces derniers temps par Arago. Ce savant a trouvé en compulsant les archives de l'Observatoire de Paris que l'aurore boréale de Dublin observée en mai 1788 et qui fut si apparente qu'on la vit en plein jour à onze heures du matin coïncidait avec des irrégularités très-marquées dans la marche diurne de l'aiguille. Des observations semblables viennent d?ecirc;tre répétées à Casan par le professeur Kupfer. Le pêle austral présente aussi le phénomené des aurores de sorte que la dénomination de boréales n'est point exacte et qu'il conviendrait mieux de les désigner sous le nom d'aurores polaires.

Les Météores lumineux étant purement accidentels et pouvant être rangés parmi les causes perturbatrices des lois de la nature nous ne pousserons pas plus loin l'étude de ces étonnans phénomènes; tout au plus les aurores polaires sembleraient exercer quelque influence sur les climats où elles se montrent avec une grande intensité; ce serait une sorte de compensation que l'auteur de l'univers leur aurait accordée pour les longues nuits qui les couvrent de deuil pendant la majeure partie de l'année. Les Météores aériens et aqueux au contraire ont la plus grande importance par les effets qu'ils produisent sur les êtres répandus à la surface de notre globe. Les vents entretiennent l'admirable équilibre qui existe en tous lieux entre les élémens de l'Air; ils évaporent l'excès d'humidité des contrées basses tandis qu'il poussent vers les régions sèches les nuages formés dans les paya brumeux et qui se résolvent en pluies abondantes. On sait que les moussons des Indes et les vents alisés des mers équatoriales sont autant de bienfaits pour ces climats et dont l'art nautique a su faire son profit. Nous ne reproduirons pas ici ce que nous avons dit ailleurs de l'influence des Météores aqueux sur les êtres vivans; et comme ces phénomènes concourent à déterminer la température des lieux où leur répétition est plus ou moins fréquente le lecteur trouvera aux mots GÉOGRAPHIE et TEMPÉRATURE cette question traitée sous tous les points de vue nécessaires au naturaliste. (G..N.)

MÉTÉORIDE BOT. PHAN. Pour Meteorus. V. ce mot. (B.)

* MÈTÉORIEN. POIS. Espèce du genre Exocet. V. ce mot. (B.)

MÉTÉORINE. Meteorina. BOT. FHAN. Genre de la famille des Synanthérées Corymbifères de Jussieu et de la Syngénésie nécessaire L. établi par Cassini (Bullet. de la Soc. Philomat. novembre 1818) qui l'a ainsi caractérisé: involucre à peu près campanulé formé de folioles presque sur un seul rang égales appliquées loncéolées souvent membraneuses sur les bords; réceptacle

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nu plane ou conique peu élevé pendant la floraison toujours plane a la maturation; calathide radiée composée au centre de fleurons nombreux réguliers hermaphrodites près du bord du disque mâles dans le milieu; à la circonférence d'un seul rang de demi-fleurons femelles. Les fleurs marginales du disque ont un ovaire comprimé des deux côtés obovale glabre lisse dépourvu d'aigrette muni d'une aile sur chacune de ses arêtes extérieure et intérieure; cet ovaire devient un akène très-large à deux grandes ailes membraneuses épaissies sur leur bord; la corolle n'a qu'un tube très-court son limnbe est long cylindracé à cinq divisions; le style offre deux branches divergentes larges arrondies au sommet bordées de deux gros bourrelets stigmatiques accompagnés d'une rangée transversale de collecteurs. Les fleurs centrales du disque ont un ovaire avorté long étroit grêle comprimé contenant à sa base un rudiment d'ovule à peine perceptible; leur style offre deux branches non divergentes et beaucoup plus courtes que dans les fleurs marginales. Les fleurs de la circonférence ont la corolle en languette oblongue tri-dentée au sommet; le style à longues branches; pourvues de bourrelets stigmatiques glabre; le fruit presque droit oblong cylindracé triquètre. Ce genre fait partie de la tribu des Calendulées de Cassini: il: a été formé sur des Plantes qui étaient placées par Linué dans son genre Calendula. Necker en 1791 avait déjà constitué deux genres sous les noms de Gattenhofia et Lestibodea qui correspondent au Meteorina de Cassini. Ce dernier auteur ne s'est point borné à ce seul démembrement du Calendula L.; il a créé en outre les genres Blaxium Arnoldia et Castalis (V. ces mots au Supplément) sur les Calendula fruticosa L. C. chrysanthemifolia et C. flaccida de Venlenat.

Les espèces qui doivent être regardées comme types du genre Meteorina sont les Calendula pluvialis et C. hybrida L. auxquelles Cassini impose les noms de Meteorina gracilipes et M. crassipes. La première est une Plante herbacée dont la tige haute d'environ deux décimètres est droite rameuse garnie de feuilles alternes sinuées denticulées les inférieures spathulécs les supérieures linéaires; la tige et les branches se terminenten un pédoncule long et grêle portant une grande calathide dont le disque est d'un brun foncé au centre les rayons d'un beau blanc sur la surface supérieure des fleurs et d'un violet purpurin sur leur partie inférieure. Cette Plante est originaire du cap de Bonne-Espérance: on la cultive en Europe daus les jardins ou ses fleurs d'ailleurs très-belles sont fort sensibles aux variations atmosphériques. Si le temps est serein elles s?eacute;panouissent à sept heures du matin et se ferment à quatre heures du soin: elles restent au contraire fermées si le temps est pluvieux. Cependant elles n'annoncent point les pluies d'orage. La culture de cette Plante est assez facile: on en sème les graines au mois de mars sur couche et même en pleine terre; elle fleurit pendant les mois d'été. Il lui faut une bonne terre un peu légère fréquemment arrosée et surtout exposée au soleil. Les autres espèces du genre sont également indigènes du cap de Bonne-Espérance. (G..N.)

MéTéORITES MIN. On désigne sous ce nom les masses solides qui sc précipitent des hautes régions atmosphériques à la surface de la terre et qui sont accompagnées d'un ensemble constant de phénomènes dont nous donnerons plus bas l'exposition. La dénomination de Météorites doit être préférée à celles d'Aérolithes de Pierres de la lune Pierres du ciel Bolides etc. qu'on leur donne quelquefois en ce qu'elle rappelle simplement le phénomène maintenant incontestable de la chute de ces pierres et qu'elle ne fait rien préjuger sur leur origine. Aucun fait n'est demeuré plus

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long-temps, nous ne dirons pas inconnu (car les auteurs les plus respectables de l'antiquité en ont fait mention), mais étranger, pour ainsi dire, aux fastes des sciences. De tout temps, et dans tous les pays, il a passé pour avéré dans l'esprit du vulgaire qui a conservé la tradition de quelques histoires de pierres tombées du ciel. Ainsi nous avons vu de vieux campagnards faire le récit des circonstances où ils avaient été témoins, disaient-ils, du Tonnerre tombé en pierre, circonstances absolument conformes à celles qu'on a constatées dans la chute des Météorites. Cependant, ces paysans n'étaient jamais sortis de leur province, où l'on n'a point mentionné d'Aérolithes; ce qui nous porte à croire que l'observation de ce phénomène ayant été négligée dans la plupart des cas, on l'a cru moins fréquent qu'il ne l'est réellement. L'époque à laquelle les savans ouvrirent enfin les yeux sur la chute des Météorites est encore très-récente. Jusqu'à ces derniers temps ils s'étaient refusés de croire à des faits qui leur semblaient si étranges et dont ils ne pouvaient se faire aucune idée d'après les connaissances imparfaites que la physi que et l'histoire naturelle du temps leur avaient acquises. La pierre qui tomba le 13 septembre 1768, à Lucé (département de la Sarthe), fut ana lysée par Lavoisier, Cadet et Fougeroux, qui, dans leur rapport, affirmèrent que cette pierre n'était point tombée du ciel, et que ce n'était gu'un Grès pvriteux frappé par la foudre. L'incrédulité sur ce point fit donc un tort réelàla science; elle fournit un argument de plus à ceux qui soutiennent qu'il ne faut rejeter aucune observation, quelque absurde qu'elle paraisse d'abord, et qu'il faut toujours vérifier avant de se prononcer hardiment sur son impossibilité. Les préjugés chez les savans sont, en effet, plus funestes à la recherche de la vérité que les récits prétendus ridicules des simples observateur qui n'ont aucune théorie à défendre ouàcombattre. Quoi qu'il en soit, plusieurs sociétés célèores et entre autres l'institut de France, éclairées par les communications positives que leur firent des physiciens et des cnimistes dont l'opinion n'était pasàdédaigner, donnèrent une attention particulière au phénomène des Météorites. L'occasion était belle; il venait de tomber (26 avril 1803) une pluie effrayante de pierres à Laiglc (département de l'Orne); tout le mondé en parlait; on montrait de ces pierres dans les jardins publics, au peuple français, qui, comme à son ordinaire, eu fit un sujet de plaisauterie, et chania les pierres de la lune. Il fallait bien que les savans présentassent leur opinion. Chaptal, alors ministre de l'intérieur, proposa donc à ses collègues de l'institut a envoyer un commissaire sur les lieux, afin de constater la vérité des faits, et Biot, qui fut chargé de cette mission, fit un rapport tellement circonstancié, tellement appuyé de preuves convaincantes, qu il ne fut plus permis de douter de la réalité de la chute des pierres de l'atmosphère.

Les Météorites se montrent d'abord sous la forme d'un globe de feu se mouvant avec une extrême vélocité, et dont la grandeur est souvent celle du disque de la lune, quelquefois plus petite, mais d'autres fois beaucoup plus grande. On a vu de tels globes lancer des étincelles, ou laisser derrière eux une traînée brillante de lumière. Cette vive clarté disparaît au bout d'une à deux minutes en laissant ordinairement à sa place un petit nuage blanchâtre, semblable à de la fumée et qui se dissipe après quelques instans. On entend ensuite une ou plusieurs détonations aussi fortes que celle d'une grasse pièce d'artillerie, lesquelles sont suivies d'un bruit semblable à celui du roulement de plusieurs tambours ou de plusieurs voitures qui ébranleraient e pavé; à ce bruit succède enfin des simemens dans l'air et la chute des pierres qui, se précipitant avec une

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grande impétuosité, s'enfoncent plus ou moius profondément. Immédiatement après leur chute, ces pierres, très -variables par leur nombre et leurs dimensions, sont chaudes, noires extérieurement, et répaudent une forte odeur sulfureuse. La chute des Météorites ne paraît avoir aucun rapport avec l'état météorologique de l' atmosphère; elle a lieu sous toutes les latitudes et dans toutes les saisons. C'est en Europe que l'on a rassemblé le plus grand nombre d'observations; mais on en possède également qui ont été faites avec soin dans les climats les plus éloignés de nous; telle est celle recueillie a l'Ile-de-France par notre collaborateur Borv de Saint -Vincent, et consignée dans le troisième volume de son Voyage aux qua tre principales îles d'Afrique; telle encoreestcelle de Krak-Hut à quatorze milles de Bénarèsdans lesIndcs-Orientales. Howard et de Boumon constatèrent à Londres l'analogie d'aspect et de composition de ces derniers Météorites avec les Météorites d'Europe; et Vauquelin, avant de son coté analysé les mêmes pierres, en conclut, dès 1798, qu'elles étaient identiques avec celles de France et d'Angleterre, et il exprima franchement son adhésion aux idées des savans anglais qui croyaient qu'elles étaient tombées des régions supérieures de l'enveloppe atmosphérique. C'était, comme il est facile de le voir parles dates, au moins cinq années avant le rapport de Biot à l'institut; de sorte que les savans anglais paraissent nous avoir précédés dans la connaissance de la vérité sur l'étonnant phénomène qui fait le sujet de cet article, Il est juste, néanmoins, de dire que plusieurs physiciens et naturalistes fiançais, malgré les opinions de leurs collègues, avaient cru fermement aux Aérolithes. On peut citer pour preuve, l'histoire des pierres qui tombèrent, en 1790, à Juillac et à Barbotait eu Gascogne, et qui furent envoyées à Condorcet, ainsi que la pierre qui faillit tuer plusieurs personnes, le 12 mars 1798, à Salles près Villefranche, département du Rhône. Celle-ci fut examinée par le minéralogiste De Drée qui donna une relation de sa chute.

Ce serait outre-passer les bornes que nous nous sommes prescrites dans cet article, que de rapporter toutes les chutes de Météorites que l'on a observées, depuis que les circonstances du phénomène ont été bien avérées. Des catalogues et des ouvrages ex-professo ont été publiés sur ce sujet par des savans distingués; tels sont les Mémoires de Chladni, Izarn et Bigot de Morognes, ou l'on trouve la liste chronologique des chutes de pierres observées depuis 1478 ans avant l'ère vulgaire jusqu'à nos jours.

Lorsqu'on fut bien convaincu de la réalité du phénomène des Météorites, on tenta de l'expliquer. L'esprit de circonspection qui caractérise notre siècle, détourna les savans de ces brillans systèmes faits seulement pour séduire la multitude, mais qui ne peuvent soutenir l'examen sévère des amis de la vérité. Aussi les hypothèses que l'on a proposées sont-elles peu nombreuses, et encore ne portent-elles pas toutes les caractères de la probabilité. En effet, toutes ont été appuyées de tant de calculs et de données, qu'en les examinant chacune à part, on les trouve assez plausibles; mais, en réfléchissant aux différences et même aux oppositions directes qu'elles offrent entre elles, on arrive à cette conclusion que si l'une est vraie, les autres sont fausses, et qu'il est permis de dire qu'elles sont de la classe des possibles, mais rien de plus. Les uns supposent que ces corps solides se seraient formés par la condensation de leurs élémens existant à l'état gazeux dans les régions élevées. Plusieurs phénomènes chimiques opérés dans nos laboratoires, où sous nos yeux des corps solides et opaques naissent subitement de gaz invisibles, appuient cette théorie; mais on objecte que les élémens des Météorites étant formés par des Métaux ou des substances metalloïd-

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des impossibles à volatiliser par nos moyens actuels et que ces elémens se trouvant toujours à peu près combinés dans les mêmes proportions relatives il n'est guère probable d'une part que ces Métaux existent à l?eacute;tat gazeux dans l'espace et de l'autre qu'ils se condensent toujours à peu près de la même manière en formant es masses énormes composées de particules distinctes et séparées analogues à nos Grès pour la contexture. Cependant quelles données certaines possède-t-on sur la nature de ce qu'il nous plaît de nommer substances élémentaires? Est-on bien assuré que ces Métaux ces corps signalés au-jourd'hui comme simples ne sont pas des produits complexes des substances gazeuses qui constituent soit l'atmosphère soit les régions éthérées ou qui s'y trouvaient répan-dues? Nos connaissances chimiques sont trop bornées et la puissance de la nature trop étendue pour ne pas hésiter devant ces considérations.

D'autres personnes ont imaginé que par quelque catastrophe dont nous ignorons et les causes et les circonstances une planète se serait brisée en éclats et que ses débris continuant à se mouvoir dans l'espace auraient fini par entrer dans la sphère d attraction du globe terrestre où le frottement qu'elles éprouvenbpar leur contact avec l'air atmosphérique les échauffe à un tel point qu'ils deviennent lumineux et donnent lieu aux aux tres circonstances que nous avons exposées. On voit que cette théorie repose sur le fait d'une catastrophe quiest une hypothèse fort hasardée car ces idées de bouleyersemens même partiels nous paraissent difficiles à concilier avec l'harmonie nécessaire au système de l'univers système où le plus léger dérangement doit amener des perturbations très-sensibles. Loin de cela on observe toujours depuis aiissi long-temps qu on s'est mis à observer la plus constante uniformité dans les révolutions des corps célestes. Cependant l'illustre géome-tre Lagrange a embrassé celle théo rie qui compte beaucoup de sectateurs.

Enfin des volcans lunaires ont été supposés par Laplace lancer les Météorites avec une telle force d'impulsion que ceux-ci devaient atteindre la sphère d'attraction de la terre et s'y précipiter. La direction oblique suivant laquelle leur chute s'opère exige nécessairement une force projet trice quelconque et s'explique assez bien par la théorie des volcans de la lune. Néanmoins si cette force projectrice continue d'avoir quelque action une fois que le Météorite est arrivé au point où il est attiré par notre globe elle doit être infiniment modifiée par cette dernière force qui a pour effet de rapprocher de la perpendiculaire ou si l'on veut de la verticalité la voie que parcourent les Bolides enflammés. Ne devrait-on pas attribuer plutôt leur direction oblique à une autre force résultant de l?eacute;clatement prodoit par le changement subit de température peut-être même d'agrégation que ces corps éprouvent dans leur contact avec l'atmosphère? Les détonations les ignitions et les sinuosités lumineuses qui accompagnent les Météorites sont des preuves matérielles et appréciables à nos sens de l'explication que nous présentons ici tandis que la force d'impulsion des voloans de la lune est une supposition simplement possible mais qui n'est appuyée par aucune observation positive de ces volcans en éruption. Ce n'est pas cependant que l'excessive intensité de la force de projection qui porterait les Météorites au-delà de l'attraction lunaire puisse beaucoup noos étonner; on a calculé qu'il suffirait pour cela qu'elle fût cinq fois plus forte que celle qui chasse un boulet de canon; or oserons-nous refuser à la nature des moyens assez bornés ou aurions-nous la prétention de croire que les nôtres soient presqu'aussi puissans en un mot pouvons-nous penser qu'elle n'a pas à sa disposition de semblables forces qui sont il est vrai supérieures à celles

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qu'elle déploie dans les volcans terrestres?

Sans avoir eu connaissance de l'hypothése de Laplace sur les volcans lunaires notre collaborateur Bory de Saint-Vincent qui habitait alors un autre hémisphère avait émis une théorie qui offre quelqu analogie avec celle-ci du moins quant à l'origne volcanique des Météorites et qu'il exposa plus tard dans le troisième volume de ses Voyages aux îles principales d'Afrique. Il attribuait l'origine des Météorites à des lancemens volcaniques de la terre elle-même produits à cette époque antique où le noyau incandescent de ce globe fit exonder les continens; alors les monts ignivomes offraient des cratères dont la profondeur n'était rien moins que le rayon de la tenrc et qui possédaient une force d'impulsion proportionnée à leurs dimensions gigantesques. La plupart des pierres météoriques lancées par ces immenses soupiraux sont retombas sans doute sur la terre mais elles ont été rebouvertes par les cou-ff ches qui se sont formées postérieurement. Cependant quelques-unes aur ront pu être. Portées à une telle dis-r tance de là (erre que l'attraction produite par celle-ci se trouvant considérablement affaiblie les Météqrites auraient obéi à d'autres forces capables d'en faire autant de petits satellites c'est-à-dire de déterminer une circulation particulière jusqu?agrave; ce que leur gravitation les ayant rapprochés insensiblement de nous leur chute se soit opérée accidentellement avec toutes les circonstances que nous avons rapportées. L'opinion de notre collaborateur est passée à peu près inconnue quoiqu?elle lui eût té siggérée par l'aspect des Météorites si semblables aux autres substances travaillées par les volcans par ces grands phénomènes terrestres dont il avait dit-il la tête toute remplie. La facilité avec laquelle l'auteur sacrifie son hypothèse en faveur de celle de La-place nous dispense de présenter les objections auxquelles elle pour rait donner lieu aussi bien que les théories du même genre.

Telles sont les principales hypothèses imaginées pour expliquer l'origine des Météorites; nous croyons en avoir assez dit sur un sujet ou les données sont si peu certaines et conséquemment sur lequel on pourrait écrire de fort beaux volumes sans beaucoup éclaircir la question. Nos lecteurs nous sauront donc gré de leur épargner l'exposé des idées émi ses par d'autres personnes peu versées dans les sciences physiques.

L'analyse chimique des Météorites y a démontré l'existence de plusieurs Métaux et principalement du Fer à l?eacute;tat nqtif. Ces corps ont en consé-quence été classés dans le genre FER par les minéralogistes. Les sections que l'on a proposées parmi ces singuliers Minéraux qui d'ailleurs; n'ont point d'auàlogues dans le reste des corps inorganiques répandu à la surface ou ehfouis au sein de la terre se distinguent entre elles par des caractères extérieurs assez constans mais elles offrent une compostion qui a pour bases principales quelques élémens toujours identiques comme le Fer le Nibkel le Chiôme la Silice et la Magnésie.

Les MÉTÉORITES. MÉTALLIQUES; Brard (Dict. des Sciences Nat.) Meteorisen Karsten sont composé d'une grande proportion de Fer mé tallique plus ductile et plus blane que celui qui provident de nos fabriques et qui est allié à une quantité plus ou moins forte de Nickel. La présenoe de ce dernier Métal y est tellement constante qu'elle fait infailliblement reconnaître si tel Fer est un produit de l'art ou bien un Météorite. Ainsi à l'aide de ce caractère lçs énormes masses de Fer natif (il en est dont le poids est estimé à plus de 400 quintaux) que plusieurs voyageurs ont trouvées en diverses régions du globe ont été reconnuesff pour des Météorites auoiqu'on n'eût aucun document sur leur origine à l'exception des deux blocs qui tombèrent à Straschina près d'Agrara en

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Croatie le 26 mai 1751. La chute de ces blocs fut précédée de l'apparition d'un globe de feu qui détona ensuite avec fracas en répandant une fumée noire. L'identité de leur composition avec celle des masses qui existent dans l'Amérique méridionale au cap de Bonne-Espérance au Sénégal en Sibérie dans les contrées arctiques de l'Amé rique etc. ne permet pas de douter que celles-ci ne soient aussi venues des régions supérieures de l'atmosphère; seulement il y a lieu de eroire que leur chute date d'une époque très-reculée et qu'elle n'est point aussi fréquente que celle des autres Météorites puisque nulle part on n'en a conservé le souvenir. Le Fer natif météorique est caverneux et cerome spongieux couvert à sa surface d'un enduit qui le préserve de l'oxidation. Outre le Nickel qui l'accompagne toujours ainsi aue nous l'avons dit plus haut l'analyse chimique a fait encore découvrir de la Silice de la Magnésie et du Cobalt. Il est assez singulier que le Fer météorique soit principalement constitué par les trois Métaux (Fer Nickel et Cobalt) qui seuls jouissent de propriétés magnétiques.

Les MÉTÉORITES PIERNEUX Brard loc cit. présentent des fermes indéterminées; leu surface est couverte d'arêtes ou angles émoussés par le commencement de fusion que ces eorps ont éprouvé et qui les a enduits d'une sorte de fritte vitreuse. La cassure est matte terreuse à grains grossiers analogue à celle de certains Grès. Dans deux cas seulement la texture était schisteuse ou sensiblement lamelleuse. Souvent les grains sont tellement gros et séparés que l'extérieur de ces pierres ordinairement d'une couleur grise cendrée présente l'aspect de certaines brèches. La dureté des Météorites est considérable; ils rayent le verre et leur croûte vitreuse étincelle sous le briquet. Ils ont une pesanteur spécifique qui varie entre 3 5 et 4 5 d'apuès la plus ou moins grande proportion de Fer qu'ils contiennent. La composition chimique des Météorites pierreux ne diffèie que dans les proportions des principes constitutif ou par l'addition de quelques corps qui ne s'y trouvent ordinairement qu'en très-petite quantité. D'après le tableau comparatif de vingt-huit analyses faites par des chimistes ditinués sur vingt-un Météorites differens ils sont généralement formés: de 20 à 47 parties de Fer métallique eu grains plus ou moins gros en paillettes en filets ou en petits lingots qui se croisent (ce Fer estordinairement allié au Nickel qui s'y trouve jusque dans la proportion de 6 pour 100 mais quelquefois n'y existe pas); de Silice dont la quantité varie entre 21 et 56; de Magnésie dont la présence deux fois seulement n'a pas été démontrée mais que l'on a obtenue quelquefois en proportion considérable comme 25 à 50 pour 100; de Soufre qui y est assez constant et qui s?' rencontre jusqu?agrave; 9 pour 100. Parmi les principes additionnels ou ceux qui n'ont été découverts que daus nu petit nombre de Météorites nous mentionnerons seulement l'Alumine la Chaux le Manganèse le Chrôme et le Cobalt. Les deux premiers ont manqué dix-huit à vingt fois sur vingt-huit analyses mais aussi on les a trouvés dans quelques-unes en proportion assez considérable. Quant aux trois derniers Métaux leur présence a été constatée à laide de moyens chimiques très-délicats par Thénard et Laugier; la quantité en est toujours minime et ils ne peuvent conséquemment fournir un bon caractère pour distinguer les pierres météoriques. Nous pouvons en dire autant du Carbone qui entre dans la composition du Météorite tombé eu 1806 près d'Alais département du Gard. Ce principe imprimait il est vrai à la pierre des qualités physiques un peu différentes de celles des autres Météorites telles qu'une couleur noire terne dans toute son épais seur la propriété de tacher les mains comme le charbon une moindre pe-

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santeur spécifique etc.; cependant cette addition de Carbone ne nous semble point suffisante pour motiver la séparation de ce Météorite chorbonneux des Météorites pierreux puisque sa composition a comme ces derniers pour hases essentielles ff le Fer le Nickel la Silice la Magnésie enfin toutes les substances que nous avons énumérées plus haut. (G..N.)

MÉTÉOROLOGIE. Science qui a pour objet l?eacute;tude des météores; c'est l'application de toutes les connaissances que la physique et l'histoire naturelle fournissent pour l'observation et l'explication de ces phénomènes. V. MÉTÉORES. (G..N.)

METEORUS. BOT. PHAN. Loureiro (Flora Cochin. édit. Willd. p. 498) a décrit sous ce nom un genre qu'il a placé dans la Monadelpnie Dodé-candrie L. et dont il a ainsi exprimé les caractères: calice supère à quatre divisions peu profondes arrondies et dressées; corolle monopétale hypocratériforme dont le tube est court le limbe à quatre sesmens ovales un peu réfléchis; plus de trente étamines ayant leurs filets grêles flexueux du double plus longs que la corolle réunis inféneurement en un tube cylindrique; ovaire arrondi surmonté d'un style filiforme et d'un stigmate légèrement épaissi; drupe ovoïde octogone glabre coriace couronnée par le calice persistent et ne contenant qu'une seule graine arrondie et cornée. L'auteur de ce genre cite avec doute comme synonyme le Butonica terrestris de Rumph (Herb. Amboin. 1. 5 t. 115) dont Gaertoer [De Fruci. 2 p. 47 101) a décrit le fruit sous lenomde Barringtonia acutaagula. Si l'on compare la description donnée par ces auteurs on trouve que le Meteorus pourrait en effet être rapporté à la Plante de Rumph mais plutôt à la ariété alba figurée tab. 116 de l'Herb. Antboinense et dont Linné fait une espèce d'Eugenia sous le nom d'E. racemosa. Loureiio a eu raison ce nous semble de former un nouveau genre pour la Plante qu'ila a décrite. C?eacute;tait aussi l'opinion de Gaertner qui tout en donnant le nom générique de Barringtonia à l'Eugenia acutangula L. ajoutait que cette espèce différait tellement du Barringtonia speciosa qu'elle semblerait former un genre particulier; mais que cependant il n'ayait pas voulu les disjoindre à cause des rapports qu'elles conservaient dans les diverses parties de la fleur et du fruit.

Le Meteorus coccineus est un grand Arbre à rameaux tortueux et ascen-dans. Les feuilles sont ovales oblongues légèrement dentées en scie glabres épaisses et pétiolées; les fleurs de couleur écarlate sont portées sur des épis très-longs et pen-dans. Il croit dans les forêts de la Cochinchine. (G..N.)

* MÈTHOCAMPE. INS. Genre de l'ordre des Lépidoptères nocturnes tribu des Phalénites établi par Laff treille et comprenant les Phalènes dont les chenilles ont douze pates. V. PHALÉNE. (G.)

MÉTHODE. D'après l?eacute;tymologie du mot la MÉTHODE est la route rationnelle qui nous conduit à la connaissance des choses. Cette signification générale et métaphysique est en effet celle que les philosophes ont donnée à ce mot appliqué à l?eacute;tude des sciences abstraites c'est-à-dire à l'Idéologie et à la Logique. Mais en histoire naturelle il a reçu une acception différente: on appelle MÉTHODE un mode de classification selon lequel les êtres de la nature sont rangés d'après des principes qui varient suivant l'espècé de classification que l'on emploie.

L'utilité des classifications en histoire naturelle est incontestable. C'est par elles qse celui qui s'occupe de cette belle partie des connaissances humaines peut se reconnaître au milien de cette innombrable quantité d'êtres et de corps dont se compose le

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domaine des sciences physiques: elles sont pour lui comme le fil d'Ariane. C'est par le moyen des Méthodes ou classifications que le naturaliste rapproche les êtres selon les ressemblances qu'ils présentent qu'il les divise en un certain nombre de groupes d'après les caractères qui leur sont communs et qu'il acquiert une connaissance plus approfondie de la structure de ces êtres des rapports qui les unissent et des différences qui les éloignent.

On s?eacute;tonne de voir des naturalistes et des philosophes tels que Buffon par exemple s?eacute;lever avec autant de violence contre les classifications etles nomenclatures systématiques. Mais entraîné par son génie qui ne pouvait s'assujettir aux entraves d'une Méthode régulière le Pline français n'avait pas bien saisi le but de ces Méthodes et par conséquent n'en pouvait concevoir l'utilité. Il n'avait pas vu que loin d'avoir pour objet de rétrécir l'immensité de la nature dans les bornes étroites de nos conceptions ainsi qu'il l'a si souvent reproché particulièrement à Linné les léthodes en histoire naturelle n'avaient pour but que de disposer les objets dans un ordre assez régulier pour que notre esprit pût en embrasser l'ensemble et saisir les traits qui leur sont communs ou les différences qui les distinguent. Mais aujourd'hui il n'y a plus de contestation à cet égard; tous les naturalistes ont reconnu la nécessité des Méthodes; cependant tous ne sont pas d'accord sur les principes qui doivent leur servir de base.

Les classifications ne sont devenues indispensables que depuis l?eacute;poque où le nombre des êtres dont s'occupe la science a pris un tel accroissement que la miémoire la plus vaste ne peut en retenir le nom avec les traits principaux de l'histoire de ces êtres. Aussi voyonsnous les anciens auxquels un nombre assez limité d'Animaux de Plantes ou de Minéraux était connu ne suivre aucune classification dans les livres qu'ils ont écrits sur cette partie alors informe des connaissances humaines. Ce n'est qu?agrave; dater de la renaissance des lettres où par l'effet des voyages on découvrit une multitude d'objets jusqu'alors inconnus que l'on a commencé à sentir la nécessité de ranger d'une manière quelconque ces objets afin que l'esprit pût en embrasser l'ensemble et qu'il fût possible de retrouver chacun d'eux au besoin.

En considérant d'une manière générale les diverses sortes de classifications introduites en histoire naturelle on reconnaît qu'elles peuvent se grouper en deux grandes séries. Les unes sont fondées sur des considérations qui n'ont que peu ou point de rapports avec la nature même des objets et qui par conséquent donnent des idées incohérentes de leur structure de leurs formes ou de leur composition: telles sont les classifications par ordre alphabétique les classifications géographiques ou celles dans lesquelles les objets sont rangés suivant le pays dont ils viennent les classifications par ordre de grandeur de durée etc. Ces classifications ont reçu le nom d'empiriques. Elles u'ont d'utilité que pour ceux qui connaissent déjà les objets envisagés sous le point de vue d'après lequel elles ont été établies; en un mot elles ne peuvent servir que pour des catalogues destinés à donner uno simple énumération ou des êtres d'un pays ou des objets réunis dans une collection.

Bien différentes de cette première espèce les classifications dites méthodiques sont fondées sur d'autres principes et par conséquent doivent amener à des résultats différens. Elles sont toujours établies d'après des caractères tirés de l'organisation même de quelque partie des objets qu'elles embrassent ou de leur structure générale étudiée dans leur ensemble. De-là deux sortes de classifications méthodiques les Systèmes où les divisions sont fondées sur un seul organe dont les modifications ont servi à former autant de groupes dis-

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tincts et les Méthodes dont les divisions sont établies non d'après l'étude d'un seul organe mais d'après les caractères fournis par l'ensemble de l'organisation étudiée dans tous ses détails.

On a encore désigné ces deux espèces de classifications sous les noms de Méthodes artificielles et de Méthodes naturelles. Quoique leur but soit essentiellement le même puisqu'il consiste à disposer les objets dans un ordre régulier et méthodique cependant l'esprit qui a présidé à leur formation est tout-à-fait différent. Une Méthode artificielle appelée particulièrement Système empruntant lous ses caractères des modifications d'un seul organe ne nous fait connaître que ce seul organe et les différences qu'il présente dans les êtres que l'on compare. Il n'est en quelque sorte qu'une table alphabétique des matières où les caractères qui sont la base de la classification jouent le rôle des lettres de l'alphabet. Ainsi en Zoologie un systeme fondé sur le nombre et la forme des dents sur le nombre et la forme des nageoires peut être très-utile et surtout d'une application facile dans la pratique; mais il ne nous fait connaître que le nombre et la disposition des aents que le nombre et la disposition des nageoires. Il en est de même en Botanique: le système de Tournefort fondé essentiellement sur la forme du périanthe celui de Linné sur les modifications diverses des étamines et des pistils ne nous font envisager les Végétaux que d'après un trop petit nombre d'organes pour qu'une foule de rapports naturels n'y soient pas brisés.

Mais il n'en est pas de même dans one classification naturelle ou Méthode proprement dite. Ici ce n'est plus un seul organe qui sert de base aux divisions établies; c'est l'ensemble de tous les signes caractéristiques que l'on peut tirer des divers organeses êtres classés qui sert à former le caractère diagnostique de ces divisions.

Quand on jette les yeux sur l'immensité dé la nature et sur le nombre prodigieux d?ecirc;tres sortis des mains du Créateur on n'y voit d'abord que confusion et désordre. A côté d'une Plante qui végète étalant tour à tour ses fleurs et ses fruits on voit un Oiseau qui voltige un Serpent qui rampe un Quadrupède qui court ou quelque Reptile étendu immobile sur un monceau de rochers. Tons ces êtres ainsi confondus et mélangés vivant souvent les uns aux dépens des autres nous offrent en quelque sorte l'image du chaos. Mais si nous les examinons avec plus de soin nous finissons par reconnaître qu'il existe entre certains d'entre eux des propriétés comriiunes. Ainsi nous trouverons que le Quadrupède que l'Oiseau le Lézara le Serpent vivent se meuvent et changent de place à volonté; que la Plante immobile sur le point qui l'a vue naître s'accroît par l'allongement de ses différentes parties; que le rocher au contraire ainsi que toutes les autres parties solides de notre globe non-seulement est immobile et privé de vie. mais que son accroissement fort lent n'a lieu que par l'addition de nouvelles molécules de même nature qui s'ajoutent à l'extérieur et en augmentent successivement la masse. Dès-lors notre esprit ayant saisi quelques-unes des différences et des analogies qui existent entre ces trois sortes de corps en formera trois groupes ou classes ainsi qu'on voudra tes nommer. Ce premier pas vers un arrangement méthodique en fera bientôt faire d'autres. Ainsi après avoir réuni ensemble tous les Animaux l'homme qui portera son attention uniquement sur ce groupe ne tardera pas à reconnaître les caractères communs qui existent entre ceux qui sont couverts de poils et qui ont quatre pâtes; entre ceux qui ayant des plumes au lieu de poils et deux pates seulement volent et s'élèvent dans les airs; entre ceux qui ayant quatre pâtes sont dépourvus de poils

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et rampent à la surface du sol; entre ceux enfin qui n'ayant ni pates ni poils ont le corps couvert d'écailles et nagent au milieu des eaux. Par ce procédé analytique de notre esprit les Animaux qui forment un des groupes primitifs de la nature se trouveront eux-mêmes divisés en un certain nombre de groupes secondaires qui étudiés chacun avec le même esprit d'analyse pourront se prêter également à de nouvelles subdivisions. Telle est la véritable marche de toute classification méthodique et naturelle. L'examen at tentif de la nature doit précéder toute espèce de classification et c'est de cet examen que doivent naître les caractères des divisions que la nature semble avoir ainsi indiquées elle-même. C'est lorsqu'on les envisage sous ce point de vue qu'on peut appeler ces classifications des Méthodes naturelles parce qu'en effet elles se rapprochent autant que possible de la marche de la nature; bien différentes des systèmes où l'on part de principes établis à priori et auxquels on soumet tous les êtres de la nature quelle que soit d'ailleurs ia résistance qu'y opposent leurs autres qualités.

De cette différence dans la marche des deux sortes de classifications il suit nécessairement que les êtres réunis dans un groupe ou classe d'un système peuvent n'avoir de commun que la modification d'organe d'après laquelle cette classe est fondée et différer dans toutes les autres parties de leur organisation; tandis que dans une Méthode naturelle ces êtres doivent avoir en commun les traits les plus saillans de leur organisation totale. Les Méthodes ont donc un avantage immense sur les systèmes puisqu elles nous font envisager les objets sous tous les points de vue possibles et que par conséquent elles nous les font réellement connaître. Car pour arriver à la détermination d'un Animal ou d'une Plante d'après une Méthode naturelle il faut d'abord avoir étudié son sujet dans toutes ses parties en avoir saisi l'ensemble et es détails avant de pouvoir arriver à savoir à quelle classe il appartient. Mais aussi les systèmes ont à leur tour un avantage sur les Méthodes; c'est la facilité de leur étude et de leur application dans la pratique. Un système n?eacute;tant fondé que d'après un sent organe il suffit d'étudier ses modifications pour pouvoir facilement en faire usage. Aussi le but et le résultat d'une semblable classification sont-ils simplement de faire arriver avec facilité au nom des objets. Sous ce rapport les Méthodes ne peuvent leur être comparées et toutes les fois qu'il s'agira de dénommer ou de distinguer des objets les systèmes devront avoir la préférence. Cependant comme dans l'etat actuel de l'histoire naturelle la science ne consiste pas dans la connaissance pure et simple du nom des objets mais dans celle de leur organisation et des lois qui président à leur formation et à leur développement c'est vert le perfectionnementdes Méthodes que doiveut tendre les efforts des naturalistes puisque ces Méthodes ne sont que l'expression de nos connaissances sur chaque partie des sciences et que l'on peut juger par l?eacute;tat de perfection des Méthodes de l'état de perfection où sont arrivées les branches auxquelles on en a fait l'application.

L'étude approfondie de la nature a conduit les observateurs à reconnaître qu'il existe parmi les Animaux comme parmi les Plantes des groupes dont tous les individus se ressemblent par tant de points communs qu'ils paraissént être en quelque sorte les membres d'une même famille. C'est à ces groupés que l'on a donné le nom de Familles naturelles. Tous les êtres appartenant à une famille naturelle ont cela de commun qu'ils se ressemblent beaucoup plus entre eux par l'ensemble et les détails de leur organisation qu?agrave; toul autre individu pris indistinctement dans un autre groupe ou famille. Ainsi de tons temps les botanistes même avant d'avoir prononcé ce nom

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de familles naturelles avaient senti les rapports intimes qui existent entre les Graminées toutes les Labiées les Ombellifères les Crucifères les Synanthérées les Légumineuses etc. Aussi long-temps avant qu'on songeât à aucun arrangement systématique voyons-nous les Plantes formant ces familles rapprochées par la force même de l'évidence dans les ouvrages de Bauhin et des autres botanistes de la même époque.

Il en est de même en Zoologie: dès qu'on a commené é étudier la science avec soin on a reconnu tes affinités de certains Animaux entre eux; tels sont le Lion le Tigre la Panthère le Lynx qui forment un groupe dans lequel vient naturellement se placer le Chat domestique; tels sont le Loup le Chien le Renard; tels sont encore les Sarigues les Cayopollins les Marmoses les Dasyures les Péraymèles les Kanguroos et en général tous les Animaux munis d'une poche sons l'abdomen. Certes ces Animaux se ressemblent tellement entre eux qu'il est impossible de ne pes reconnaître les caractères qui les rapprochent. Aussi n'est-il personne qui ne sente que le Tigre ressemble plus au Lion ou au Chat qu'au Loup ou au Chien; de-là on peut conclure que ces Animaux appartiennent à la même famille naturelle et c'est dans ce sens que ce mot est aujourd'hui employé.

Il existe donc en Zoologie des groupes que l'on peut appeler familles naturelles aussi bien qu'en Botanique. Linné qui fut à la fois le législateur de toutes les branches de l'histoire naturelle avait parfaitement senti ces rapports et la plupart des genres qu'il a établis dans le Règne Animal a une époque où l'anatomie comparée n'existait pas encore c'est-à-dire avant les travaux des Pallas des Perrault des Daubenton des Hunter des Blumenbach des Vicqd'Azir des Cuvier des Geoffroy Saint-Hilaire et des Blainville sont en général tellement naturels qu'ils forment en quelque sorte les familles étàblies dans cet derniers temps par les zoologistes.

L?eacute;tude des familles naturelles dans la Zoologie comme dans la Botanique est le véritable point de vue philosophique d'après lequel on doit envisager ces sciences. C'est au perfectionnement de ces groupes que es naturalistes de nos jours emploient toutes les forces de leur génie et de leurs méditations. Mais il n'est qu'un seul moyen de concourir au perfectionnement de cette partie fondamentale de la science: c'est par l'observation réitérée del'organisation intime des Animaux et des Plantes; c'est par l'étude comparative et philosophique de leurs diverses parties et des fonctions qu'ils exécutent; c'est en suivant chaque organe dans ses divers degrés de développement ou d'aberrations que l'on finira par saisir ces rapports quelquefois masqués à nos yeux qui lient entre elles toutes les productions de la nature.

Les principes des Méthodes doivent varier suivant les sciences auxquelles on les applique. Aussi renvoyonsnous aux mots ANIMAL CONCHYLIOLOGIE ENTOMOLOGIE ERPéTOLOGIE MAMMALOGIE MICROSCOPIQUES MINéRALOGIE etc. où l'on a exposé les diverses Méthodes appliquées à ces sciences. Nous ne parlerons ici que de la MéTHODE NATURELLE en Botanique parce que cette partie essentielle de la science n'a pas été décrite au mot BOTANIQUE. Mais cependant nous croyons d'abord devoir définir certains termes employés dans toutes les espèces de classifications et qui ayant quelquefois un sens différent suivant les parties de l'histoire naturelle où on les emploie ont besoin que l'on fasse bien connaître leurs diverses acceptions. Ces mots sont ceux d'INDIVIDUS ESPÈCES VARIÉTÉS GENRES ORDRES CLASSES.

INDIVIDUS. Ce mot a une signification très-simple mais qu'un exemple fera mieux connaître qu'une définition. Lorsqu'on considère une forêt de Pins ou de Chênes. un trou-

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peau de Bœufs ou de Moutons une réunion d'Hommes chaque Pin ou Chêne chaque Bœuf ou Mouton chaque Homme enfin pris isolément est un individu des espèces que l'on nomme Chêne Pin Mouton Bœuf Homme. Les individus sont donc chacun des êtres dout se compose l'espèce en général considérés isolément. Mais ce mot dont le sens rigoureux signifie un être qui ne peut être divisé ne s'emploie que dans le règne organique c'est-à-dire seulement pour les Animaux et les Végétaux où il est l'idée la plus simple que l'on puisse se former des êtres. Dans le règne inorganique il n'y a pas d'ïndividus; il n'y a que des masses formant des espèces ou des variétés qui pouvant se diviser à l'infini sans cesser d?ecirc;tre toujours elles-mêmes ne peuvent en aucune manière constituer des individus. C'est donc à tort selon nous que ce mot a été employé par quelques minéralogistes.

ESPÈCES. Il est extrêmement difficile de donner une définition rigoureuse de ce que les naturalistes ont nommé ESPÈCE car tous n'ont pas accordé à ce mot la même signification. L'espèce daus le règne organique est la réunion des individus qui offrent les mêmes caractères et se reproduisent avec les mêmes propriétés essentielles et les mêmes qualités. Ajoutons que les individus qui forment l'espèce peuvent se féconder entre eux et donner naissance à d'autres individus entièrement semblables qui jouissent également de la propriété de se reproduire et de se perpétuer par le moyen de la génération àde très-légères modifications près qui nesauraient altérer essentiellement les caractères fondamentaux du type. S'il arrive quelquefois que deux espèces différentes se fécondent elles ne produisent que des Hybrides ou Mulets qui sont eux-mêmes privés de la faculté de perpétuer leur race. Cependant ces Métis ou Mulets peuvent quelquefois engendrer; mais néanmoins cette faculté n'est pas permanente et la race ne tarde pas à s?eacute;teindre si elle n'est entretenue par de nouveaux croisemens. Les belles observations de Prévost et Dumas sur la forme et la grosseur des Zoospermes ou Animalcules spermatiques et sur les phénomènes de la génération en général nous donnent une explication de ce fait. Ces deux habiles physiologistes ont trouvé une heureuse application de l'observatioa faite dès la fin du siècle dernier par Gleichen et depuis par l'un de nos collaborateurs Bory de Saint-Vincent au sujet de la liqueur séminale du Mulet qui ne contient pas de Zoospermes lesquels dans la théorie de Prévost et Dumas sont la cause de la fécondation. Néanmoins ce fait n'est pas constant puisque l'on a vu des Métis de Chien et de Loup par exemple produire pendant plusieurs générations de suite. V. MULETS et HYBRIDITÉ.

VARIÉTÉS. Les individus d'une même espèce peuvent offrir les mêmes caractères essentiels et néanmoins différer entre eux par quelques caractères qui tiennent à des circonstances accidentelles. On appelle variétés ces individus qui s éloignent un peu du type primitif de l'espèce par des caractères de peu d'importance. En Botanique la variété dit Linué est une Plante qui a éprouvé quelque changement par des causes accidentelles telles que le climat la nature du sol la chaleur les vents etc. On doit encore ajouter comme cause de variation la hauteur des lieux où croissent les espèces. L'influence de ces causes agit surtout sur la grandeur la couleur ou quelques autres propriétés aussi peu importantes mais elle ne porte pas son action sur les caractères vraiment spécifiques. Ainsi dans l'espèce du Cheval on doit considérer comme de simples variétés le Cheval blanc le noir le bai. le pie etc. Il en est de même de la taille qui ne peut servir à établir de véritables espèces. En botanique uné tige plus ou moins grande des feuilles plus ou moins profondment découpées des fleurs d'une

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couleur différente simples ou doubles ne sont pas des caractères spécifiques ils n'annoncent quede simples variétés. Remarquons qu'en général les variétés ne se multiplient pas constamment par le moyen de la génération. Ainsi des graines de Lilas blanc produiront en se développant des individus à fleurs violettes comme dans le type primitif et d'autres individus à fleurs blanches mais en moins grand nombre. Cependant dans les Plantes comme parmi les Animaux il y a certaines variétés constantes et qui reproduisent toujours avec les mêmes caractères par le moyen de la génération. C'est à ces variétés constantes qu'on a donné le nom de races. Ainsi dans l'espece du Bœuf (Bos Taurus L.) le Zébu ou Bœuf à bosse forme une race constante qui habite l'Inde la partie orientale de la Perse l'Arabie la Partie de l'Afrique située au midi de l'Atlas jusqu'au cap de Bonne-Espérance et Madagascar etc. Cette race se perpétue au moyen de la génération. Mais transportée dans d'autres climats elle dégénère et les individus qu'elle pro uit avec nos Bœufs domestiques finissent par perdre cette bosse qui fait le seul caractère de larace des Zébus.

De même en botanique un grand nombre de variétés ou races se conservent par le moyen des graines et cette circonstance est fort heureuse car ces races sont celles des Plantes les plus intéressantes soit par leur beauté soit par leurs usages économiques. Ainsi il existe une grande quantité de variétés dans les Céréales dans les Légumineuses les Crucifères et en général dans toutes les Plantes cultivées qui se perpétuent de graines comme les espèces. Aussi plusieurs auteurs ont-ils cru qu'on devait les regarder comme de véritables espèces. Mais ce qui les en distingue c'est d'abord le peu d'importance des caractères d'apres lesquels elles sont établies et en second lieu c'est que lorsqu'elles cesseut d?ecirc;tre soumises aux influences sous lesquelles elles se sont développées elles perdent leur caractère particulier pour reprendre celui de l'espèce dont elles s?eacute;taient momentanément éloignées. Eu Minéralogie les deux mots ESPÈCE et VARIéTé ont un sens tout-à-fait différent. Haüy a défini l'espèce: la réunion des mêmes caractères physiques et chimiques et des mêmes molécules intégrantes et constituantes. Mais cette définition de l'espèce minéralogique varie selon la théorie dominante dans les sciences. Plus récemment Alex. Brongniart a dit que l'espèce est la réunion des individus composés des mêmes principes combinés dans les mêmes proportions définies. La première de ces définitions appartient à un minéralogiste essentiellement cristallographe qui met la forme des molécules intégrantes au premier rang du caractère de l'espèce. La seconde est celle d'un minéralogiste - chimiste qui regarde comme plus importante la composition chimique et la nature des élémens. Ainsi la Chaux carbonatée le Plomb phosphaté le Mercure sulfuré sont autant d'espèces minérales fort distinctes. Chacune de ces espèces offre ensuite un nombre plus ou moins grand de variétés dont les caractères varient par leur constance et leur importance. Aussi a-t-on établi plusieurs subdivisions de l'espèce savoir: les sousespèces les variétés et les sous-variétés. Les espèces dit Brongniart (Elémminér. p. 63) sont formées des Minéraux qui ont la même composition chimique. Les sous-espèces renferment les Minéraux d'une même espèce qui diffèrent par la présence d'un principe accessoire ou par le mode d'agrégation de leurs parties. Les variétés se composent des Minéraux d'une même espèce qui ne diffèrent que par le mode d'agrégation de leurs parties ou par une couleur remarquable appartenant à de grandes masses dans des circonstances semblables; elles renferment aussi quelquefois des Minéraux mélangés lorsque la substance étrangère forme

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un tout presque homogène avec l'espèce principale. Eufin les sous-variétés sont celles qui se composent de Minéraux dont les différences sont encore moins importantes; telles sont celles qui résultent des formes secondaires des couleurs fugaces des mélanges très-apparens etc. Ces distinctions n'ont-elles pas une nuance d'arbitraire?V pour déplus grands détails l'article MINÉRALOGIE.

GENRES. De même aue la réunion des individus semblables et même des races et des variétés constitue l'espèce de même la réunion des espèces qui ont entre elles une ressemblance évidente dans leurs caractères intérieurs et leurs formes extérieures constitua le GENRE. Les caractères sur lesquels les genres sont fondés sont tirés de considérations d'un ordre supérieur à celles d'après lesquelles on établit les espèoes. Elles tiennent à l'organisation de quelque partie essentielle. Ainsi dans les Mammifères les caractères des genres sont principalement fondés sur le nombre et la lorme des dents sur le nombre des doigts la structure des oraanes intérieurs etc. Dans le Règne Végétal c'est principalement dans la forme ou dans la disposition des diverses parties de la fructification que les botanistes puisent les caractères par lesquels ils distinguent ces genres. Mais le nombre et la valeur de ces caractères sont loin d?ecirc;tre les mêmes pour toutes les familles. Un caractère qui dans certain groupe serait de la plus haute importance devient presque nul dans un autre ordre. Ainsi dans les familles très-naturelles comme par exemple dans les Graminées les Ombellifères les Crucifères les différences d'après lesquelles on établit les genres sont souvent si peu considérables que dans d'autres familles elles serviraient à peine à distinguer les espèces entre elles. Nous reviendrons plus en détail sur cet objet important lorsque nous parlerons de la valeur des caractères en traitant dans la suite de cet article de la Méthode des familles naturelles appliquée à la Botanique.

Pour qu'un genre soit réellement bon et naturel il faut non-seulement que les espèces qu'il réunit aient de commun entre elles la modification d'organe qui constitue le caractère essentiel mais encore quelles se ressemblent par leur part et leurs formes extérieures. Character non facil genus a dit Linné. Il ne faut pas perdre de vue ce sage précepte toutes les fois qu'on veut établir un genre. On doit à la fois consulter les ergancs d'après lesquels on croit devoir établir la distinction et voir si leur différence entratae avec elle quelques signes entérieuvs qui justifient la séparation du genre. Ainsi dans le Règne Animal les genres Chien Eléphant Chameau etc. et dans le Règne Végétal les genres Chêne Renoncule Tulipe Bruyè- re etc. sont fort naturels parce qu'indépendamment de leur caractère essentiel et commun toutes les espèces ont un part et des formes extérieures entièrement analogues.

ORDRES. En opérant pour les genres comme on a fait pour les espèces c'est-à-dire en rapprochant ceux qui conservent encore des caractères communs établit des ORDRES si l'on n'a égard quà un seul caractère des FAMILLES OU ORDRES NATURELS si on rapproche les genres d'après les caractères efforts par toutes les parties de leur organisation. Ainsi dans le Système sexuel de Linné en réunissant les genres qui ont le même nombre de styles ou de stigmates on en forme des ordres. Mais si au contraire on a examiné chacun des genres en particulier et si on a rapproché les uns des autres tous ceux qui ont la même organisation dans leurs graines leur bit les diverses parties de leurs leurs et la même disposition dans leurs organes de la végétation alors on s formé une famille naturelle.

CLASSES. Enfin les CLASSES qui sent le premier degré de division dans une classification se composent d'un certain nombre d'ordres eu de familles

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naturelles réunies ptr un carnotière plus général et plus large mais tôujours propre à chaque être qui se trouve contenn dans le classe. Par exemple Linné dans son Système sexuel des Plantes a formé une classe de tous les genres qui ont cinq étamines;cette classe se divise en un certain nombre d'ordres suivant que les genres qui y sont réunis ont un deux trois quatre cinq ou grand nombre de styles et de stigmates. De même Jussieu a formé dans sa Méthode des familles naturelles quinte classes dont le caractère essentiel est fondé sur le mode d'insertion des étamines ou de la corolle monopétale staminifère.

En suivant une marche inverse de celle qui vient d?ecirc;tre établie nous dirons donc que dans une classification quelconque les premières divisions portent le nom de classés que les classes se divisent en ordres dans les systèmes artificiels en familles dans les Méthodes naturelles; que les ordres ou familles se partagent en genres que les genres sont des réunions espèces qui elles-mêmes enfin sont des collections d'individus.

On a souvent agité la question de savoir le sens précis que l'on doit attacher aux mots Genres Naturels et Familes Naturelles et par conséquent si les genres et les familles existent dans la nature. Cette question assez pea importante en elle-même nous paraît devoir être résolue négativement: la nature n'a créé que des individus elle a modifié dans chaeun d'eux l'organisation générale de manière que l'on peut en quelque sorte s?eacute;le- ver par des passages presque insensibles du Végétal le plus simple à celui dont l'organisation est la plus compliquée. L'Homme ayant appliqué les forces de son génie à la contemplation de la nature a fini par reconnaître que dans la multitude des Végétaux épars sur la surface de notre planète il y en a qui se reproduisent constamment avec les mêmes caractères et par le moyen de leurs graines; il a donné à cette succession d?ecirc;tres provenant originairement d' un seul individus considéréed?une metttè- re générale et abstraite le nom d'espèce. Portant plus loin son attention il a vu que parmi ce grand nombre d'espèces différant les unes des autres par quelques signes il y en avait un certain nombre ayant des caractères communs soitdans leur structure intime soitdans leur port et il en a formé abstractivement nne sorte de groupé ou de réunion qu'il a appelé un genre. S?eacute;levant de cette idée de genre à une idée encore plus générale il a formé d'autres groupes qu'il a nommés familles naturelles de la réunion des genres ayant entre eux de lu ressemblance dans l'ensemble de toutes les parties de leur organisation. Mais les espèces les genres et les familles dans le sens abstrait que nous attachons à ces mots n'existent pas dans la nature. La nature a créé les types d'organisation d'après lesquels nous avons cru devoir établir ces divisions mais elle n'a pas marqué dans la suite non interrompue d?ecirc;tres quelle a fermés les limites qui devaient séparer les espèces les genres et les familles: c'est l'Homme dont l'esprit trop étroit dont les sens limités ne peuvent embrasser dans leur ensemble en même temps que saisir dans leurs détails toutes les œuvres de la création qui a établi ces divisions. Èlles lui permettent de porter successivement son attention sur toutes les productions de la nature. Car s'il enétait autrement si en effet ces divisions avaient été établies par la nature elle-même elles seraient fixes et invariables et tous les Hommes seraient d'accord sur le sens et la valeur de chacune d'elles. Mais il n'en est pas ainsi: il s'en faut de beaucoup que les naturalistes s'entendent sur ce qu'il faut nommer espèce genre famille. Chacun d'eux en quelque sorte donne une signification différente à ces mots inconvénient inséparable de toutes les choses que l'Homme a cherclié à définir.

Cependant on peut employer les mots de genre et de famtlle natu-

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relie mais en leur donnant une autre signification. Un genre ou une famille seront réellement naturels quand les espèce ou les genres qu'on y aura réunis formeront en quelque sorte une suite non interrompue c'est-à-dire que l'organisation générale se nuancera insensiblement de l'un à l'autre sans offrir ces contrastes choquans qui sont contraires à l'harmonie générale de la nature. C'est dans ce sens seulement que le mot de naturelles pourra être appliqué à ces divisions systématiques établies par l'Homme.

Après avoir posé les idées générales touchant la Méthode il nous reste à porter l'attention du lecteur uniquement sur la Méthode naturelle dans les Végétaux. Déjà l'on connaît le sens que l'on doit attacher à ce genre de classification et les points qui le distinguent des systèmes purement artificiels. Il nous reste donc à faire dans cet article l'application des idées générales exposées précédemment à la classification des Végétaux; mais nous croyons devoir présenter d'abord en abrégé l'origine de cette classification des Végétaux en familles naturelles.

Magnol est le premier botaniste qui dans un ouvrage intitulé: Prodromus Hisloriæ generalis Plantarum publié à Montpellier en 1689 ait tenté de rapprocher les Végétaux en groupes qu'il désigne pour la première fois sous le nom de familles en faisant dit-il allusion à la réunion des individus formant les familles dans la société. La préface de cet ouvrage où il expose les principes qui l'ont guidé est un monument très-remarquable pour l'époque où il a été écrit et renferme en abrégé les principes fondamentaux de la classification naturelle. Magnol dit qu'ayant l'intention de faire une histoire générale des Plantes il a étudié avec soin les différens systèmes établis avant lui mais qu'il n'a cru devoir en adopter aucun parce que tous lui ont paru rompre les affinités les plus naturelles qui existent entre les Vegétaux. « J'ui cru dit-il qu'on pouvait établir parmi les Plantes des familles coname il en existe parmi les Animaux: les caractères de ces familles ne doivent pas être tirés uniquement des organes de la fructification mais aussi de toutes les autres parties du Végétal; cependant noos convenons ajoute Magnol que les caractères les plus importans sont ceux que l'on tire de la fleur et de la graine comme étant les parties les plus essentielles du Végétal; mais il ne faut pas néanmoins négliger les autres organes qui dans plusieurs circonstances m'ont été d'un grand secours pour caractériser certaines familles. Il y a dans un grand nombre de Plantes une ressemblaces et une affinité qui existent non dans chaque organe pris isolément mais dans l'ensemble de l'organisation et qui frappent les sens quoiqu'on ne puisse les exprimer par des mots. Nous citerons pour exemples les famille des Aigremoines et des Quinte- feuilles que tout botaniste reconuaî- tra pour naturelles bien que les Plantes qui les forment diffèrent beaucoup entre elles par leur racine leurs feuilles leurs fleurs etc.: on peut aussi puiser d'excellens caractères dans les feuilles séminales et leur germination. ff

Ces idées que l'on trouve toutes dans la préface de l'ouvrage de Magnol cité précédemment nous paraissent encore aujourd'hui de la plus grande justesse et propres à servir de base aux principes fondamentaux de la classification naturelle. Partant de ces idées générales le professeur de Montprllier avait établi soixante-seize familles naturelles sous la forme de tableaux; mais il n'en a pas donné les caractères et n'y a rapporté que les genres principaux. Cependant l'ouvrage de Magnol malgré le grand nombre de rapprochemens peu naturels qu'il a opérés dans ses familles nous parait renfermer l'idée mère de la Méthode naturelle des Végétaux que plus tard d'autres botanistes aidés des

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progrès de la science ont fécondée et exposée dans tout son jour.

Eu 1738 Linné dans ses Classes Plantarum proposa une distribution des genres en soixante-sept familles naturelles. Ce grand naturaliste avait déjà senti à cette époque que son système tout ingénieux qu il était et malgré son utilité pratique n?eacute;tait qu'un échafaudage peu solide et non le monument durable de la science. Aussi le voit-on dans la plupart des ouvrages qu'il a publiés postérieurement à cette époque considérer les familles naturelles comme la seule classification qui se rapproche de la nature « La méthode naturelle dit-il a été le premier et sera le dernier terme de la Botanique; le travail habituel des plus grands botanistes est et doit être d'y travailler. Il est constant que la méthode artificielle n'est que secondaire de la méthode naturelle et lui cédera le pas si celle-ci vient à se découvrir. J'ai pendant long-temps commeplusieurs autres travaillé a l?eacute;tablir; j'ai obtenu quelques découvertes; je n'ai pu la terminer et j'y travaillerai tant que je vivrai etc. ff On voit par ce petit nombre de citations que nous aurions pu augmenter facilement «jue Linné était bien pénétré de l'importance de la Méthode naturelle et qu'il en sentait la supériorité sur les systèmes artificiels. On doit donc s?eacute;tonner que ceux qui se disent ses élèves aient été pendant si long-temps les adversaires les plus opiniâtres de cette Méthode et qu'ils se soient autorisés du nom de leur maître pour décrier une classification que lui-même avait proclamée la meilleure.

Linné de même que Magnol ne donne pas les caractères des familles qu'il établit; il semble les ranger aussi dans un ordre tout-à-fait arbitraire et sans suivre de Méthode.

Heister en 1748 dans son Systema Plantarum generale a également présenté les Végétaux réunis par familles mais son ouvrage plein des vues les plus saines n'a eu aucune influence sur les progrès de la science n'ayant pas été apprécié par ses contemporains.

Ce fut en 1759 que Bernard de Jussieu en établissant le jardin botanique de Trianon y fonda sa série des ordres naturels. Mais de même que ses prédécesseurs il donna un simple catalogue sans caractériser les groupes qn'il venait d?eacute;tablir. Ces familles présentées par Bernard de Jussieu et dont son neveu Ant.- Laurent de Jussieu nous a transmis le tableau à la fin de la préface de son Genera Plantarum sont beaucoup plus naturelles que celles de ses prédécesseurs. Le savant botaniste de Paris avait étudié avec un soin tout particulier l'organisation des diffé- rens genres de végétaux il les avait soigneusement comparés et c'est en s'appuyant sur un nombre prodigieux d'observations et d'analyses qu'il était parvenu à construire sa Méthode.

Adanson observateur passionné et voyageur infatigable publia en 1763 son livre sur les familles naturelles des Végétaux. Il partit de cette i lée qu'en établissant le plus grand nombre possible de systèmes d'après tous les points de vue sous lesquels on pouvait considérer les Plantes celles qui se trouveraient rapprochées dans le plus grand nombre de ces systèmes devaient être celles qui auraient entre elles les plus grands rapports et par conséquent se trouver réunies dans un même ordre naturel. De-là l'idée de sa Méthode universelle ou de comparaison générale. Il fonda sur tous les organes des Plantes un ou plusieurs systèmes en les envisageant chacun sous tous les points de vue possibles et arriva ainsi à la création de soixante-cinq systèmes artificiels. Comparant ensuite ces différentes classifications entre elles il réunit ensemble les genres qui se trouvaient rapprochés dans le plus grand nombre de ces systèmes et en forma ses cinquante-huit familles. Adanson est le premier qui ait donné des caractères détaillés de

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toutes les familles qu'il a établies et sous ce rapport son travail a un avantage marqué sur ceux de ses prédécesseurs. Ces caractères sont tracés avec beaucoup de soin et de détails et pris dans tous les organes des Végétaux depuis la racine jusqu?agrave; la graine.

Mais ce ne fut qu'en 1789 que l'on eut véritablement un ouvrage complet sur la méthode des familles naturelles. Le Genera Plantarum d'Antoine-Laurent de Jussieu présenta la science des Végétaux sous un point de vue si nouveau par la précision et l?eacute;légance qui y règne par la profondeur et la justesse des principes généraux qui y sont posés que c'est depuis cette époque seulement que la méthode des familles naturelles a été véritablement créée et que date la nouvelle ère de la science des Végétaux. Jusqu'alors chaque auteur n'avait cherché qu?agrave; former des familles sans établir les principes qui devaient servir de base et de guide dans cet important travail. L'auteur du Genera Plantarum posa le premier les bases de la science en faisant voir quelle était l'importance relative des différens organes entre eux et par conséquent leur valeur dans la classification. Le premier il établit une Méthode ou classification régulière pour disposer ces familles en classes et non-seulement il traça le caractère de chacune des cent familles qu'il établit mais il caractérisa tous les genres alors connus et qu'il avait ainsi groupés dans ses ordres naturels.

C'est l'ouvrage d'Antoine-Laurent de Jussieu qui a servi de base à plusieurs autres du même genre qui ont été publiés depuis; tels sont ceux de Ventenat et de Jaume Saint-Hilaire qui n'en sont que de simples traductions. Depuis cette époque la science a certainement fait des progrès importans auxquels l'auteur du Genera n'a pas peu contribué lui-même par ses différens travaux; de nouvelles familles ont été établies soit avec des genres entièrement nouveaux soit avec des genres anciens mais dont on a mieux connu la structure ou dont les nouvelles découvertes ont révélé les véritables affinités. Mais tel qu'il est le Genera de Jussieu est sans contredit le plus beau monument que l'esprit humain ait élevé à la science de la nature. Il a fait selon la remarque de Cuvier la même révolution dans les sciences d'observation que la chimie de Lavoisier dans les sciences d'expérience. En effet il a nonseulement changé la face de la botanique mais son influence s'est également exercée sur les autres branches de l'histoire naturelle et y a introduit cette Méthode philosophique et naturelle vers le perfectionnement de laquelle tendent désormais les efforts de tous les naturalistes. C'est donc dans l'ouvrage de Jussieu que nous puiserons la plupart des principes géuéraux que nous allons d'abord exposer. Nous aurons également recours à ce qu'a écrit sur la Méthode naturelle notre savant collaborateur le professeur De Candolle de Genève dans son excellente Théorie élémentaire de la botanique.

La Méthode naturelle a pour objet la recherche des rapports ou affinités qui existent entre les différens Végétaux pour en former des genres que l'on dispose en groupes plus ou moins nombreux nommés familles naturelles depuis Magnol et dont tous les individus se ressemblent par les caractères les plus essentiels.

Mais que doit-on entendre par uu caractère? c'est l'expression du changement ou d'une modification quelconque qui existe dans un organe. Ainsi quand je dis: corolle monopétale étamines monadelphes les mots monopétale et monadelphes sont des expressions caractéristiques qui signifient que la corolle est d'une seule pièce que les étamines sont toutes réunies en un seul tube ou faisceau par leurs filets. Mais on a aussi appliqué le nom de caractère à la réunion des signes diagnostiques qui distinguent les espèces les genres les familles les classes etc.;

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et c'est dans ce sens que l'on dit caractère spécifique caractère générique caractère de famille etc.

C'est en étudiant avec soin les divers caractères des Végétaux c'est en les comparant entre eux pour déterminer leur importance réelle et leur valeur relative que l'on peut arriver à une bonne classification des genres en familles naturelles. Pour parvenir à ce but il faut rechercher et imiter autant que possible la marche que la nature elle-même semble avoir suivie dans la formation de ces groupes qui de tout temps ont frappé les observateurs par les rapports intimes qui existent entre les êtres qui les composent. Or en examinant attentivement un certain nombre de ces groupes on voit que parmi les caractères qu'ils présentent il y en a qui sont constans et invariables; d'autres qui sont généralement constans c'est-à-dire qui existent dans le plus grand nombre des familles; quelques-uns qui constans dans un certain nombre de groupes manquent toujours dans d'autres; certains enfin qui n'out aucune fixité et varient dans chaque ordre. Nous avons ainsi quatre degrés de caractères relativement à leur constance. On conçoit que l'importance de ces caractères est en raison directe de leur plus grande invariabilité et que dans la formation des groupes on ne doit pas compter les caractères mais peser leur valeur relative. Ainsi un caractère invariable du premier degré doit en quelque sorte équivaloir à deux caractères du second degré et ainsi successivement. Or nous voyons que cette invariabilité plus ou moins grande des caractères est en raison de l'importance plus ou moins grande de l'organe auquel ils sont empruntés. Ainsi comme il y a deux fonctions essentielles dans la vie végétale la nutrition et la reproduction ce sont les organes les plus indispensables à l'exercice de ces deux fonctions qui sont aussi les plus invariables et qui par conséquent jouent le rôle le plus important dans la coordination des Végétaux. Dans la reproduction l'embryon qui est le but et le moyen de cette fonction puisque c'est à sa formation que tous les autres organes concourent et qu'une fois formé c'est par lui que peut se renouveler et se perpétuer l'espèce l'embryon dis-je est donc l'organe le plus important dans la série de ceux qui agissent dans cette fonction. Mais de l'embryon comme de toute autre partie on peut tirer plusieurs sortes de caractères qui n'auront pas une égale valeur. Ainsi on conçoit que les plus importans sont ceux qui tiennent d'abord et essentiellement à son existence ou à son absence puisqu'il y a des Végétaux qui en sont dépourvus; à son organisation propre ou à son mode de développement qui est une conséquence nécessaire de celle-ci. Nous pouvons tirer de l'embryon trois séries de caractères du premier degré savoir: 1° Plantes avec ou sans embryon; 2° Plantes avec l'extrémité cotylédonaire simple ou divisée; 3° Plantes cotylédonées avec la radicule nue ou renfermée dans une poche qu'on nomme coléorhize. Ces deux derniers caractères sont absolùment de même valeur et en quelque sorte la traduction l'un de l'autre; car toutes les Plantes qui ont l'extrémité cotylédonaire indivise c'est-à-dire l'embryon monocotylédone ont la radicule incluse ou coléorhizée c'est-à-dire qu'ils sont Endorhizes et tous ceux qui ont le corps cotylédonaire divisé c'est- à-dire l'embryon dicotylédoné ont la radicule nue c'est-à-dire qu'ils sont Exorhizes.

Les organes sexuels fournissent aussi quelques caractères du premier degré. Nous ne parlerons pas de leur présence ou de leur absence qui sont en corrélation d'existence avec la présence ou l'absence de l'embryon puisque toutes les Plantes qui ont un embryon ont nécessairement des organes sexuels et vice versâ; le seul caractère constant et qu'on puisse ranger parmi ceux du premier degré est la position relative des deux orga-

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nes c'est-à-dire leur mode d'insertion. Les caractères que l'on peut tirer de cette considération sans avoir la même valeur que ceux que fournit l'embryon sont néanmoins placés au rang des plus importans. V. INSERTION.

Les organes de la nutrition nous fournissent aussi des caractères que le professeur De Candolle place au premier rang d'importance. Or parmi ces organes il n'en est pas de plus essentiels que les vaisseaux nourriciers qui néanmoins manquent dans un certain nombre de Plantes; de-là deux caractères: les Végétaux sans vaisseaux qui sont entièrement formés de tissu cellulaire et qu'on nomme pour cette raison Végétaux cellulaires et les Végétaux vasculaires. Mais ces vaisseaux nourriciers sont tantôt placés à l'intérieur même an centre du Végétal dont l'accroissement et la nutrition s'opèrent ainsi à l'intérieur tantôt ils sont placés extérieurement et l'accroissement a lieu à l'extérieur; de-là la distinction des Végétaux vasculaires en Endogènes et Exogènes établie par le savant professeur de Genève.

Les caractères empruntés aux organes essentiels des deux fonctions du Végétal la nutrition et la reproduction ont une importance absolument égale comme le prouve la corrélation qui existe eutre eux. Ainsi les divisions fournies dans les Végétaux d'après l'embryon correspondent exactement à celles établies par le moyen de vaisseaux nourriciers. Les Inembryonnés correspondent aux Végétaux cellulaires les Embryonnés aux Vasculaires les Monocotylédous ou Endorhizes aux Endogènes les Dicotylédous ou Exohizes aux Exogènes. Cette correspondance entre des caractères pris dans des organes différens est une chose importante à noter. Ainsi il y a telle modification d'organe qui entraîne constamment telle autre modification dans un autre organe. Par exemple l'ovaire infère nécessite coustamment un calice monosépale; la corolle vraiment monopétale entraîne toujours l'insertion des étamines sur la corolle elle-même etc.

Mais tous les organes des Plantes n'offrent pas dans leurs caractères la même constance et la même invariabilité que l'embryon et les vaisseaux nourriciers et sous ce rapport nous avons encore à examiner trois ordres de caractères. Les caractères du second degré avons-nous dit sont ceux qui sont généralement constans dans toute une famille ou qui ne souffrent qu'un petit nombre d'exceptions. A cette classe se rapportent les caractères que l'on peut tirer de la corolle monopétale polypétale ou nulle ceux que fournit la présence ou l'absence de l'endosperme ceux que l'on tire de la position de l'embryon relativement a la graine et celle de la graine relativement au péricarpe. Parmi les caractères du troisième ordre les uns sont constans dans quelques familles les autres sont inconstans; par exemple le nombre et la proportion des étamines leur réunion par les filets en un deux ou plusieurs corps ou faisceaux; l'organisation intérieure du fruit le nombre de ses loges leur mode de déhiscence; la position des feuilles alternes ou opposées la présence des stipules etc. Enfin on rejette parmi les caractères tout-à-fait variables les différens modes d'inflorescence la forme des feuilles celle de la tige la grandeur des fleurs etc.

Tels sont les différens degrés d'importance des caractères que fournissent les Végétaux pour leur coordination en familles naturelles. Cette importance nous le répétons est surtout fondée sur leur invariabilité; mais néanmoins ceux même que nous rangeons dans le premier degré c'est-à-dire parmi les plus fixes peuvent cependant souffrir quelques exceptions mais qui confirment la règle générale plutôt qu'elles n'y portent atteinte. Ainsi l'embryon n'est pas uniquement à un seul ou à deux cotylédons plusieurs Plantes

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de la famille des Conifères en offrent un plus grand nombre. La disposition des vaisseaux nourriciers qui correspond toujours si exactement à la structure de l'embryon souffre une exception très-notable dans la famille des Cycadées qui sont des Endogènes ou Monocotylédons par l'organisation de leur tige et leur port tandis que leur embryon est bien réellement à deux cotylédons et que la structure de leurs fleurs les place tout près des Conifères. L'insertion des étamines est également rangée parmi les caractères du premier ordre néanmoins cette insertion est variable dans les différens genres qui forment les familles des Légumineuses des Violacées etc. Mais ces exceptions sont tellement rares qu'elles n'altèrent en rien la valeur de ces caractères. Cependant on doit en conclure qu'en histoire naturelle les caractères que nous regardons comme les plus fixes peuvent néanmoins offrir quelques exceptions.

La valeur des caractères n'est pas la même dans toutes les familles c'est-à-dire qu'il y a certains caractères qui peu importans dans quelques cas acquièrent dans d'autres une très-grande valeur. Ainsi rien de moins important en général que les caractères qu'on tire des feuilles entières ou dentées. Cependant ce signe devient d'une valeur très-grande dans lesRubiacées; à tel point qu'il est peut- être le seul vraiment général et qui s'observe dans tous les genres de cette famille lesquels ont des feuilles parfaitement entières. Il en est de même de la forme de la tige qui est constamment carrée dans toutes les Labiées. Aussi voyons-nous que dans quelques familles les caractères de la végétation sont plus fixes et par conséquent ont plus de valeur que les caractères de la fructification.

C'est d'après les principes que nous venons d'exposer précédemment c'est-à-dire en comparant attentivement tous les organes des Végétaux en étudiant les caractères qu'ils peuvent fournir et en groupant ces caractères que l'on est parvenu à réunir tous les genres connus en familles naturelles. Les caractères du premier ordre c'est-à-dire la structure de l'embryon et l'organisation intérieure des tiges l'insertion relative des organes sexuels doivent rigoureusement être les mêmes dans tous les genres d'une même famille. Il en est de même de ceux du second ordre dont quelqu'un pourra néanmoins manquer. Les caractères du troisième degré devront en général se trouver réunis dans tous les groupes génériques du même ordre naturel; mais cependant leur présence à tous n'est pas indispensable. Car remarquons ici que comme le caractère général d'une famille n'est pas un caractère simple mais résulte de la réunion des caractères de tous les genres quelques-uns de ces caractères peuvent ne pas exister dans le caractère général surtout quand ils ne sont que du troisième degré. Ainsi quoique dans un grand nombre de Solanées le fruit soit charnu cependant plusieurs genres à fruit sec appartiennent également à cette famille etc. etc.

Nous venons d'étudier le mécanisme de la formation des familles il nous reste à parler de la coordination de ces familles entre elles.

La forme de nos ouvrages didactiques la disposition et l'arrangement de nos collections nous forcent à suivre dans la classification des familles entre elles la série linéaire; mais cette série rompt l'ordre des affinités naturelles. En effet les familles aussi bien que les genres n'ont pas uniquement des rapports avec le groupe qui les précède et celui qui les suit. Ces rapports sont multipliés et souvent croisés. Aussi Linné avait parfaitement senti cette vérité lorsqu'il dit que les familles ne peuvent être placées les unes à la suite des autres mais disposées comme les territoires ou provinces dans une carte géographique qui se touchent entre eux par un très-grand nombre de points.

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Mais comme une pareille disposition ne peut être adoptée dans la pratique il a fallu avoir recours à une classification quelconque et c'est ici que s'est introduite une partie systématique jusque dans la Méthode naturelle. On a cherché à réunir les familles en classes comme on avait réuni les genres pour en former des familles. Ici se présentent deux voies; l'une suivie par Jussieu consiste à s?eacute;lever de l'organisation la plus simple à la plus compliquée c'est-à-dire de commencer la série des familles par les Byssus et autres Végétaux filamenteux à peine organisés pour arriver graduellement jusqu?agrave; ceux dont la structure est la plus complexe. Dans l'autre on part avec De Candolle des Végétaux les plus complets et par conséquent les mieux connus pour descendre par une succession presque non interrompue jusqu?agrave; ces Végétaux d'une organisation simple qui forment en Quelque sorte le passage aux autres règnes. Quelle que soit celle de ces deux routes pour laquelle on se décide il s'agit d?eacute;tablir des classes ou divisions pour y grouper les familles. Or on conçoit que les caractères de ces classes doivent être pris parmi les plus fixes et les plus importans.

Le célèbreauteur du Genera Plantarum a adopté la classification suivante: Les caractères des classes ont été pris successivement dans les organes les plus importans. Or nous avons dit que c'était en première ligne la structure de l'embryon et ensuite la position relative des organes sexuels entre eux c'est-à-dire leur insertion (V. INSERTION). Les Végétaux ont donc d'abord été divisés en trois grands embranchemens suivant qu'ils manquent d'embryon suivant que leur embryon offre un seul ou suivant qu'il offre deux cotylédons. Les premiers ont reçu le nom d' Acotylédonés parce que n'ayant pas d'embryon ils sont nécessairement sans cotylédons; les seconds celui de Monocotylédonés et enfin les derniers celui de Dicotylédonés. On a done d'abord réuni les familles dans ces trois grandes divisions primordiales. La seconde série de caractères celle qui sert vraiment à établir les classes proprement dites est fondée sur l'insertion relative des étamines ou de la corolle toutes les fois qu'elle est monopétale et qu'elle porte les étamines. Or on sait qu'il y a trois modes principaux d'insertion l'Hypogynique la Périgynique et l'Epigynique. Ils ont servi à former autant de classes.

Les Acotylédons qui sont non-senlement sans embryon mais sans fleurs et sans organes sexuels proprement dits n'ont pu être divisés d'après cette considération. On en a formé la première classe. Les Monocotylédons ont été divisés en trois classes d'après leur insertion et l'ona eu les Monocotylédons hypogynes les Monocotylédons périgynes et les Monocotylédons épigynes.

Les familles de Plantes dicotylédones étant beaucoup plus nombreuses on a dû chercher à y multiplier le nombre des divisions; car dans tout système plus le nombre des divisions est grand plus son utilité et sa facilité augmentent dans la pratique. Or nous avonff vu que dans l'ordre d'importance des organes la corolle considérée en tant que monopétale polypétale ou nulle était après l'embryon et l'insertion l'organe qui fournissait les caractères de la plus grande valeur; c'est donc à la corolle que Jussieu a emprunté une nouvelle source de caractères classiques. En examinant les familles de Plantes dicotylédones on en trouve un certain nombre qui sont entièrement privées de corolle c'est-à-dire qui n'ont qu'un périanthe simple ou calice; d'autres qui ont leur corolle d'une seule pièce ou monopétale d'autres enfin qui offrent une corolle polypétale. On a donc formé parmiles Dicotylédones trois groupes secondaires savoir: les Dicotylèdomes apétales ou sans corolle; les Dicotylédones monopétales et les Dicoty-

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lèdones polypétales. C'est alors qu'on a employé l'insertion pour diviser chacun de ces groupes en classes. Ainsi on a partagé les Dicotylédones apétales en trois classes savoir: les Apétales épigynes les Apétales périgynes et les Apétales hypogynes. Quant aux Dicotylédones monopétales on a eu recours non pas à l'insertion immédiate des étamines qui sont toujours attachées à la corolle mais à celle de la corolle staminifère qui offre les trois modes particuliers d'insertion hypogynique périgynique et épigynique et l'on a eu ainsiles Monopétales hypogynes les Monopétales périgynes et les Monopétales épigynes. Ces dernières ont été subdivisées en deux classes suivant qu'elles ont les anthères soudées entre elles et formant un tube ou suivant que ces anthères sont libres et distinctes ce qui a fait quatre classes pour les Dicotylédones monopétales. Les Dicotylédones polypétales ont été partagées en trois classes qui sont les Dicotylédones polypétales épigynes les Polypétales périgynes et les Polypétales hypogynes. Enfin on a formé une dernière classe pour les Plantes dicotylédones à fleurs véritablement unisexuées et déclines. Jussieu est donc ainsi arrivé à la formation de quinze classes savoir: une pour les Acotylé dons trois pour les Monocotylédons et onze pour les Dicotylédons. Il n'avait d'abord pas donné de nom à ces classes mais plus tard il a senti la nécessité de pouvoir désigner chacune d'elles par un nom simple et il les a désignées ainsi qu'on va le voir dans le tableau ci-joint (n° I).

Toutes les familles connues ont ensuite été rangées dans chacune de ces classes mais elles n'y ont pas été placées au hasard. Commençant les Acotylédones par la famille des Champignons où l'organisation est la plus simple et la famille des Champignons par la genre Mucor qui ne consiste qu'en de petits filamens l'auteur du Généra suivant comme pas à pas la marche mçme de la création s'est graduellement élevé du plus simple au plus composé et chaque genre chaque famille ont été placés de manière qu'ils soient précédés et suivis de ceux avec lesquels ils avaient le plus de rapports. C'est en suivant cette marche que l'on a cherché à conserver l'ordre des affinités entre les genres et les familles autant que le permet la disposition en série linéaireff Telle est la classification des familles naturelles ainsi qu'elle a été présentée par l'illustre fondateur de cette Méthode. Depuis quelques autres botanistes y ont apporté quelques modifications qui n'en ont pas changé l'espritff Ainsi le professeur Richard qui avait fait une étude si approfondie de la graine et du fruit ayant remarqué que la division des riantes d'après le nombre des cotylédons offrait un assez grand nombre d'exceptions puisque° 1° quelques-unes en avaient trois quatre cinq et même douze; 2° que les cotylédons étaient quelquefois soudés entre eux de sorte qu'une Plante bien réellement dicotylédone ne paraissait avoir qu'un cotylédon ou même en manquer totalement avait proposé une division primaire des Végétaux d'après la radicule. Cet organe en effet peut offrir des caractères de premier ordre au moins aussi constans que ceux que l'on tire du corps cotylédonaire. Ainsi la radicule manque dans toutes les Plantes sans embryon et dans les Plantes embryonnées elle est tantôt nue tantôt renfermée dans une poche ou coléorhize et tantôt soudée entièrement par sa base avec l'endosperme. De-là la répartition des familles en quatre grandes sections: les Arhizes ou Végétaux dépourvus d'embryon et par conséquent de radicule; les Endorhizes ou ceux qui ont la radieule intéricure c'est-à-dire enveloppée par une coléorhize qu'elle est obligée de percer pour se développer; les Exorhizes qui ont la radicule extérieure et nue; et les Synorhyzes dont la radicule est soudée par son extrémité avec l'endosperme. V. EMBRYON.

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Le professeur De Candolle ainsi que nous l'avons dit précédem ment a suivi une marche inverse de celle qu'avait tenue Jussieu. Au lieu de partir des Végétaux les plus simples et de commencer a série des familles par les Cryptogames il a cru devoir partir de ceux dont l'organisation est la plus complète c'est-à-dire des familles qui ont le plus grand nombre d'or-ganes etees organes distincts les uns des autres et descendre ainsi successivement jusqu?agrave; celles dont l'organisatiou est la plus simple. Eu suivant cette marche on voit graduellement les Végétaux perdre quelquesunes de leurs parties jusqu'à ce qu'on arrive à ces Lepra et à ces Mucor qui sont en quelque sorte les premières formes de la matière organisée eu Végétaux. Ainsi le professeur de Genève commence sa série par les familles dicotylédones polypétales qui ont les étamines attachées au réceptacle et qu'il nomme Thalarniflores; il passe ensuite aux Calyciflores ou Polypétales à étamines attachées au calice; puis aux Corolliflores ou Monopétales et aux Munçchlamydees ou Apétales; ensuite viennent les Monocotylédons ou Eudogènes et il termine par les Végétaux cellulaires.

On avait reproché à la Méthode de Jussieu que les caractères des classes tirées de l'insertion relative des étamines ou de la corolle étaient non -seulement d'une vérification très-difficile dans la pratique mais qu'ils offraient même un assez grand nombre d'exceptions dans des familles naturelles. C'est pour cette raison que dans notre Botanique médicalenous avons proposé de tirer les caractères des classes de l'adhérence ou de la non-adhérence de l'ovaire avec le tube du calice et nous avions formé le tableau ci-joint (n° II).

Ainsi la première classe s'appelait Acotylédonie la seconde Mono Eleuthérogynie la troisième MonoSymphysogynie la quatrième Apétalie Symphysogynie la cinquième Apétalie Eleuthérogynie etc. Cette classification a sur celle fondée sur l'insertion le seul avantage d?ecirc;tre plus facile dans l'usage en ce qu'il est sans contredit toujours aisé de déterminer si une Plante a ou n'a pas l'ovaire infère. Mais elle offre aussi quelques exceptions dans la pratique en ce qu'il existe des familles extrêmement naturelles qui offrent à la fois ces deux modifications de l'ovaire libre et infère; telles sont les Mélas tomacées les Saxifiagées etc.

Au reste et nous le répétons il est impossible dans une série linéaire la seule que nous puissions suivre dans nos livres de conserver toutes les affinités naturelles de Plantes parce que ces affinités sont souvent très-multipliées et croisées et que des familles appartenant à des classes différentes peuvent avoir entre elles de grands rapports bien qu'elles soient éloignées l'une de l'autre. C'est un inconvénient attaché à toutes nos méthodes de classification que nous ne pouvons pas détruire complètement mais auquel nous remédions en partie en indiquant à la fin de chaque famille les rapports même éloignés qu'elle offre avec les autres groupes naturels du Règne Végétal. Ceci posé peu importe ensuite le point de départ il faut toujours eu choisir un; ainsi on peut aussi bien partir des llenonculacées par ou commence De Candolle que des Champignons. Ce qui est vraiment important quel que soit l'ordre qu'on adopte c'est de suivre dans la disposition des familles les rapports et les affinités qu'elles ont lçs unes avec les autres et sous ce poiut de vue on est quelquefois obligé de déroger aux caractères des classes et de iapprocher entre elles des familles qui daus l'ordre rigoureux de la classification appartiendraient à deux classes différentes. C'est ainsi que les Alismacées doivent être placées auprès des Hydrocharidées les Asparaginées auprès des Dioscorées quoi-que dans les Alismacées elles Aspa-ragiuées l'insertion soit périgynique tandis qu'elle est épigynique dans les

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deux autres familles. Dans son état actuel la classification des familles naturelles est loin d'être parfaite. Il reste encore beaucoup à faire pour perfectionner plusieurs des es parties; mais l'élan est donné. Les botanistes de toutes les nations ont senti la supériorité de cette Méthode la seule qui repose sur des principes vraiment philosophiques et naturels. Tous se rallient sous la bannière de la Botanique française comme à la fin du dernier siècle les chimistes proclamèrent les principes de la chimie de Lavoisier. Que ne doit-on pas espérer pour les progrès futurs de la science du concours de tous les hommes qui cultivent aujourd'hui la science des Végétaux? (A. R.)

MéTHONIQUE. Methonica. BOT. PHAN. La Plante sur laquelle ce genre a été fondé par Tournefort est sans contredit une des plus belles de la nature. Les noms emphatiques que les voyageurs et même les botanistes lui ont imposés prouvent combien elle a excité leur admiration. Linné changea son nom générique en celui de Gloriosa auquel il ajouta le mot superba comme nom spécifique. Mais Jussieu (Généra Plant. p. 48) lui restitua son uom de Methonica sous lequel Hermann et Plukenet Pavaient anciennement décrite et figurée. En effet l'un des deux mois substitués par Linné ne pouvait être admis; car d'après les principes établis par ce grand naturaliste lui-mé me un nom générique ne devait pas être formé par un adjectif. Rhéede (Hort. Malab. 7 p. 107 t. 37) en a donné une bonne figure sous le nom de Mendoni. Enfin le professeur Desfontaines a publié sur cette Plante une notice complète insérée dans le premier volume des Annales du Muséum d'Histoire Naturelle.

La MÉTHONIQUE SUPERBE Methonica superba Desf. loc. cit. Redouté Liliacées tab. 26 vulgairement Superbe de Malabar appartient à la famille des Liliacées et à l'Hexandrie Monogynie L. Sa racine est ferme charnue souvent bosselée de la grosseur du pouce courbée à sa partie supérieure. De cette courbure naît une tige cylindrique lisse faible presque sarmenteuse de la grosseur d'une plume à écrire et de la longueur d'environ deux mètres. Vers sa partie moyenne cette tige émet un deux ou trois rameaux opposés et pendans. Ses feuilles sont alternes et éparses à l'exception de celles qui naissent sous les Branches et qui sont comme elles géminées ou ternées. Elles sont étalées sessiles lancéolées lisses très-entières marquées de nervures longitudinales parallèles qui se réunissent pour former une vnile courte roulée en dessous et accrochante. Les fleurs sont solitaires au sommet des pédoncules qui naissent à côté des feuilles dans la partie supérieure de la tige. Ces pédoncules sont cylindriques nus horizontaux et longs à peu près de deux centimètres. Le bouton de la fleur est hexagonal et d'une couleur verdâtre. La fleur épanouie offre d'abord un périanthe co-rolloïde partagé en six divisions très-profondes lancéolées aiguës ondées crépues pur les bords relevées vers le ciel rapprochées au sommet canaliculées jaunes depuis le milieu jusqu?agrave; la base ou l'on remarque une petite protubérance longitudinale d'un rouge de sang dans tout le reste de sa longueur. Au bout de quelques jours la couleur jaune disparaît et les divisions du périanthe se teignent uniformément de celle belle couleur sanguiaequi lorsde l'antbèse n'affectait que leur ex lierai té. Les étamines au nombre de six sont uu peu raoios longues que le périanthe; elles ont des anthères pleines d'un pollen jaune linéaires mobiles à Hachées parleur milieu à des filols cylindriques et divergens sur un même plan horizontal. Le style filiforme de la longueur des étamines surmonté de trois stigmates grêles est d'abord horizonul puis relevé obliquement de manière a former un angle aigu avec l'ovaire. Celui-ci n'adhère point au périanthe; il est vert lisse ovale obtus à trois

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angles arrondis marqué de six sillons dont trois sont plus profonds. La capsule est coriace ovale allongée à valves marquées chacune d'un sillon longitudinal et à trois loges renfermant chacune deux rangées de graines rouges rondes avec une petite éminence près de l'ombilic.

Cette belle Plante croît naturellement sur la côte du Malabar où selon Rhéede les habitans la cultivent pour l'ornement de leurs jardins et parce qu'ils lui attribuent des propriétés superstitieuses. Dans nos climats on est forcé de la conserver dans la serre chaude et même il est assez rare de l'y voir donner des fleurs. A près la floraison qui a lieu en été on enlève les racines hors de terre pour les replanter au printemps suivant. (G..N.)

MÉTHOQUE. Methoca. INS. Genre de l'ordre des Hyménoptères section des Porte-Aiguillons famille des Hétérogynes tribu des Mutillaires établi par Latreille et ayant pour caractères: mandibules bidentees; palpes maxillaires aussi longs au moins que les mâchoires composés de six articles les labiaux n'en ayant que quatre. Antennes plus longues que la tête avec le second article découvert et point reçu dans le premier. Dessus du corselet comme noueux et articulé. Ce genre se distingue des Myrmoses et des Sclérodermes par des caractères tirés de la forme du corselet qui n'a que des divisions peu marquées en dessus. Les Myrmécodes en sont séparées par leurs palpes maxillaires beaucoup plus courts que les mâchoires et par le second article des antennes qui est reçu dans le premier et caché. Les Méthoques sont de petits Insectes dont les femelles sont aptères et ressemblent à des Mutilles mais elles en sont distinguées par leur corselet noueux. On n'en connaît que deux espèces appartenant au midi de la France.

La MÉTHOQUE ICHNEUMONIDE Methoca ichneumonides Latr. Mutilla formicaria Jurine (Hyménopt. pl.

13). Elle a environ trois ligues de long; son corps est noir luisant avec le corselet d'un rouge fauve. (G.)

MÉTIS. ZOOL. BOT. Ce mot signifie proprement qui naît de l'union de deux espèces différentes. V. HYBRIDE et HYBRIDITÉ. (B.)

METNAM. BOT. PHAN. (Forskahl.) Syn. de Passerina hirsuta L. (B.)

MÉTOPIE. Metopia. INS. Genre de l'ordre des Diptères famille des Athéricères tribu des Muscides établi par Meigen et ayant pour caructères: cuillerons grands couvrant la majeure partie des balanciers; ailes élevées; antennes guère plus longues que la moitié de la face antérieure de la tête contiguës à leur naissance et terminées par une palette oblongue. Ce genre se distingue de celui de Phasie par les antennes qui dans ce dernier sont écartées à leur naissance et par d'autres caractères tirés de la forme du corps et des ailes. Les Lispes en sont distingués par le port des ailes; enfin les Achias ont les côtés de la tête prolongés en cornes et portant les yeux. Les antennes des Métopies sont composées de trois articles dont le dernier est en palette trèsgrand oblong et portant à sa base une soie simple longue et subulée. Les palpes sont filiformes. Ces Diptères ont trois yeux lisses très-petits et très-rapprochés placés en triangle sur le vertex. On les trouve dans les bois voltigeant sur les feuilles; ils se font remarquer par la couleur argentée très-brillante de la partie antérieure de leur tête; nous ne connaissons pas leurs métamorphoses. Ce genre renferme deux espèces dont la principale est:

La MÉTOPIE A LÈVRES Metopia labiata Meig. Latr.; Musca labiata Fabr. Sa tête est entièrement argentée à l'exception du vertex; ses balanciers sont blanchâtres. Le corps est chargé de grands poils assez roides au travers desquels on aperçoit surtout sur l'abdomen un duvet trèscourt et fort brillant qui a dans

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quelques endroits et sous certain aspect un reflet argentin. Cette espèce est commune aux environs de Paris. (G.)

METOPIUM. BOT. PHAN. La Plante de la Jamaïque sur laquelle P. Browne avait constitué le genre Metopium a été réunie au genre Rhus par Linné. De Candolle (Prodrom. Syst. Veget. Nat. 2 p. 67) en a fait une section caractérisée par ses fleurs hermaphrodites sa drupe ovale sèche glabre à noyau très-grand et crustacé. Le Rhus Metopium L. a des feuilles composées de deux paires de folioles avec une impaire; celles-ci sont ovales pétiolées et très-entières. On en retire uue substance résineuse nommée Doctor-Gum par les colons de la Jamaïque. (G..N.)

* METOPIUS. INS. Genre de l'ordre des Hyménoptères. établi par Panzer aux dépens des Ichneumons et n'en différant que par des caractères très-secondaires. V. ICHNEUMON et ICHNEUMONIDES. Il ne faut pas confondre ce genre avec le Metopia de l'ordre des Diptères. (G.)

* MÉTRIQUES (CAILLOUX) GÉOL. Brongniart dans son Mémoire sur les terrains calcaréo-trapéens du Vicentin propose d'employer des épi thètes déterminées pour indiquer d'une manière précise les diverses dimensions des Cailloux arrondis dont sont composés les Pouddings. D'après ce géologue on devrait les désigner ainsi en raison de leur volume: Cailloux métriques ceux dont le diamètre est d'environ un mètre; bimétriques diamètre de deux mètres; gigantesques diamètre au-dessus de deux métrés; péponaires de la grosseur d'un potiron; céphalaires de la grosseur de la téte d'un Homme; pugillaires de la grosseur du poing; ovulaires de la grosseur d'un œuf de poule; avellanaires de la grosseur d'une noisette; pisaires de la grosseur d'un pois. Cette nomenclature rationnelle n'est malheureusement pas toujours facile à employer dans les descriptions lorsque les mêmes dépôts et les mêmes couches renferment des Pouddings à Cailloux d'un volume très-différent entre lesquels on trouve toutes les nuances intermédiaires; car dans ce cas des expressions d'un sens trop précis pourraient donner des idées inexactes sans éviter l'emploi du langage ordinaire. V. POUDDING et ROCHE. (C. P.)

METROCYNIA. BOT. PHAN. Genre de la famille des Légumineuses et de la Décandrie Monogynie L. établi par Du Petit-Thouars (Nov. Gener. Madagasc. n° 76) qui lui a donné pour caractère essentiel: un calice dont le tube est campanulé le limbe à cinq divisions longues réfléchies et colorées; cinq pétales droits; dix étamines dont les anthères sont insérées au sommet des filets hérissés; style de la longueur des étamines; gousse courte presque réniforme monosper me verruqueuse ou plissée. Ce genre est d'après son auteur voisin du Schotia et du Cynometra. De Candolle (Prodrom. Syst. Veget. Nat. 2 p. 507) l'a placé dans la tribu des Cassiées et a décrit l'unique espèce dont il se compose sous le nom de Metrocynia Commersonii. C'est un Arbrisseau indigène de Madagascar à feuilles composées de deux paires de folioles l'une située à la base l'autre au sommet du pétiole; ces folioles sont coriaces elliptiques obovales ou échancrées. Les fleurs sont disposées en épis serrés. (G..N.)

* MÈTRODORE. Metrodorea. BOT. PHAN. Genre de la famille des Rutacées établi par Auguste de Saint-Hilaire dans sa Flore du Brésil et qui présente: un calice quinquéfide; cinq pétales beaucoup plus longs et étalés; cinq étamines très-courtes dont les filets subulés et chargés d'anthères cordiformes se réfléchissent en dehors. L'ovaire semble porter les étamines parce que le disque sur lequel elles s'insèrent l'entoure et s?eacute;panche sur toute sa surface. Ainsi confondus ces organes forment une masse tuberculeuse à l'extérieur

TOME X. 33

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creusée à l'intérieur de cinq loges qui renferment chacune suspendus à l'angle interne deux ovules juxta-posés. L'ovaire est partagé supérieurement en cinq lobes du milieu desquels part un style court dilaté à son sommet en un stigmate obtus. Le fruit n'a pas été observé. Ce genre ne renferme jusqu'ici qu'une seule espèce tiouvée au Brésil sous les tropiques. C'est un Arbrisseau à feuilles opposées et composées de deux folioles ou plus fréquemment d'une seule entière et parsemée de points glanduleux transparens. Le pétiole qui les porte se dilate à sa base en deux appendices latérales prolongées à leur sommet en une pointe libre et formant par leur ensemble une surface concave. Cette surface appliquée contre celle du pétiole opposé forme une cavité qui cache et protège pendant un certain temps le bourgeon terminal. Les fleurs d'un pourpre noirâtre sont petites et marquées de points glanduleux accompagnés de bractées et disposés en panicules terminales ou latérales. Dans quelquesunes on trouve le nombre des parties de quatre seulement. V. Aug. Saint-Hil. Flor. Brasil. vol. 1 p. 81 tab. 16. (A.D.J.)

MÉTROSIDÈROS. BOT. PHAN. Ce nom employé d'abord par Rumph pour désigner plusieurs Arbres au Malabar qui rentrent pour la plupart dans le genre Mimusops de Linné a été ensuite transporté par Banks et Solander à un genre de Plantes de la famille des Myrtacées et de l'Icosandrie Monogynie L. qui a été adopté par tous les botanistes modernes et présente les caractères suivans: le calice est turbiné adhérent par sa base avec l'ovaire infère évasé dans sa partie supérieure qui se termine par un limbeii cinq divisions courtes; toute la lace interne du calice est tapissée d'un disque pariétal qui forme un petit bourrelet annulait le à son sommet; la corolle se compose de cinq pétales assez petits et étalés; les étamines sont fort nombreuses longues saillantes à filamens distincts; I'ovaire offre de trois à quatre loges contenant un très-grand nombre d'ovules fort petits attachés à un trophosperme saillant de l'angle interne; le style est simple terminé par un stigmate discoïde déprimé et également simple. Le fruit est une capsule couronnée par le calice qui est comme tronqué à son sommet et qui est devenu ligneux; elle offre ordinairement trois loges s'ouvraut en trois valves septifères par leur côté interne et contenant un très-grand nombre de graines excessivement petites.

Les espèces de ce genre sont nombreuses et presaue toutes originaires de la Nouvelle-Hollande: ce sont en général des Arbres ou des Arbrisseaux fort élégans dans leur port et remarquables par l'extrême dureté de leur bois; leurs feuilles persistantes entières sont alternes ou opposées entières lancéolées ou subulées parsemées de points glanduleux ainsi que presque toutes les autres parties du Végétal. Les fleurs sont bien plus remarquables par la longueur et souvent les couleurs trèsvives de leurs étamines que par leur corolle; elles sont quelquefois solitaires mais assez souveut réunies en capitules ou en épis cylindriques plus ou moins allongés et surmontés quelquefois d'une touffe de feuilles. Un grand nombre de ces espèces sont cultivées dans nos jardins. Sous le climat de Paris elles doivent être rentrées l'hiver dans la serre tempérée; mais dans tes provinces méridionales elles peuvent être cultivées en pleine terre. Nous décrirons ici les espèces qu'on rencontre le plus souvent dans les jardins en les divisant en deux sections suivant que leurs feuilles sont alternes ou éparses ou suivant que ces feuilles sont opposées.

† Feuilles alternes ou éparses.

MÉTROSIDEÉROS A PANACHES Metrosideros Lophanta Vent. Jard. de Cels t. 69. Cette espèce est celle que l'on voit le plus fréquemment dans les jardins ou elle forme un Arbuste

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de six à dix pieds de hauteur; ses rameaux sont effilés et souvent pendans; ses feuilles très-rapprochées lancéolées entières glabres ponctuées longues d'environ trois pouces larges de quatre à cinq lignes quelquefois légèrement soyeuses à leur face inférieure; les fleurs sont disposées en un épi dense et cylindrique au sommet des rameaux; leurs étamines longues et d'un beau rouge pouceau constituent une sorte de plumet extrêmement élégant: les calices et même les pétales sont velus et soyeux extérieurement; assez souvent les épis de fleurs sont surmontés par un jeune rameau qui ue tarde pas à s'allonger. Cette espèce est originaire de la Nouvelle-Hollande.

MÉTROSlDÉROS A FEUILLES DE SAULE Metrosideros Saligna Vent. Jard. de Cels t. 70. Cette espèce a beaucoup de ressemblance avec celle qui précède et dans son port et dansses caractères: elle forme un Arbuste de cinq à six pieds d?eacute;lévation très glabre dans toutes ses parties; ses feuilles sont plus étroites et plus lancéolées surtout à leur partie supérieure qui est très-allongée; ses fleurs sont un peu plus petites; ses calices et ses pétales entièrement glabres; ses étamines sont blanchâtres. Eille vient également de la Nouvelle-Hollande.

MÉTROSIDÉROS GLAUQUE Metrosideros glauca Bonpl. Pl. Nav. p. 86 t. 34. Cette espéce nouvelle décrite et figurée pour la première fois par Bonpland est sans contredit la plus belle du genre: elle forme uu Arbuste de six à douze pieds de hauteur; ses rameaux sont dressés; ses feuilles éparses glauques lancéolées glabres: ses fleurs sont rouges ponceau beaucoup plus grandes que dans le Metrosideros Lophanta mais disposées de la même manière. Elle vient de la Nouvelle-Hollande.

MÉTROSIÉROS PALE Metrosideros pallida Bonpl. Pl. Navar. p. 101 t. 41. Cette espèce est pâle et glauque dans toutes ses parties; sa tige est houle de quatre à six pieds; ses feuilles alternes éloignées lancéolées entières glabres coriaces; ses fleurs disposées en épis cylindriques comme dans les espèces précédentes ayant ses étamines d'uu jaune pâle. Elle diffère du Metrosideros Saligna dont elle se rapproche beaucoup par ses feuilles moins lancéolées et ses fleurs moins grandes. Nouvelle-Hollande.

MÉTROSIDÉROS A FEUILLES DE CORIS Metrosideros coridifolia Vent. Jard. Malmais. t. 46. Cette espèce originaire de la Nouvelle-Hollande est extrêmement commune dans les jardins; elle y constitue un Arbuste de quatre à six pieds de hauteur très-rameux ayant ses feuilles alternes et éparses très-rapprochées courtes étroites et linéaires ponctuées; ses fleurs sont blanches axillaires solitaires ou réunies au nombre de tiois à quatre seulement; le calice est glabre et ponctué; les pétales sont très-courts arrondis et blancs.

†† Feuilles opposées.

MÉTROSIDÉROS A FEUILLES LINéAIRES Metrosideros linearis Smith. Grand Arbuste originaire du port Jackson ayant ses rameaux dressés; ses feuilles opposées roides linéaires à bords recourbés en dessous longues de trois à quatre pouces larges seulement d'une ligne; ses fleurs sont très-grandes verdâtres formant un épi cylindrique trèsdense couronné par une touffe de jeunes feuilles; les calices sont velus et soyeux.

MÉTROSIDÉROS ANOMAL Metrosideros anomala Vent. Jard. Malm. t. 5; Angophora cardifolia Cavan. Ic rar 4 t. 338; Metrosideros hispida Smith Exot. Bot. 4. Petit Arbuste de trois à quatre pieds de hauteur ayant sa tige très-rameuse hérissée à sa partie supérieure; les feuilles sont opposées sessiles cordiformes allongées obtuses coriaces un peu rudes au toucher; les fleurs sont d'un blanc jaunâtre solitaires ou réunies plusieurs ensemble au sommet des rameaux.

Outre les espèces que nous venons

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de décrire on en cultive encore plusieurs autres dans les jardins; toutes demandent à être placées dans la terre de bruyère et doivent être rentrées dans l'orangerie pendant l'hiver; cependant on peut les cultiver en pleine terre dans le midi de la France. On les multiplie soit de graines soit de marcottes. (A. R.)

* METROXYLON. BOT. PHAN. Le genre de Palmiers établi sous ce nom par Rottboell (in Kænig. Ann. Bot. 1 t. 1) est réuni par Martius au Sagus de Rumph et de Gaertner. V. ce mot. (G..N.)

* METZGERIA. ROT. CRYPT. (Raddi.) V. JUNGERMANNE.

MEULIÈRE (PIERRE). MIN. V. QUARTZ et SILEX.

MEUM. BOT. PHAN. Tournefort avait institué ce genre qui appartient à la famille des Ombellifères et à la Pentandrie Digynie; mais Linné le réunit d'abord aux Athamanthes; il fut transporté ensuite parmi les Æthusa et les Ligusticum. Rétabli par Jacquin Gaertner et Sprengel il présente les caractères suivans: ombelle composée; involucre général Quelquefois nul plus souvent formé d'une à cinq folioles étroites; involucres partiels composés de folioles linéaires en petit nombic et souvent placées d'un seul côté; fruits elliptiques prismatiques à cinq côtes saillantes séparées par des intervalles planes.

Le Meum athamanticum Jacq. Austr. 4 t. 303; Athamantha Meum L. est une espèce assez commune dans les Alpes les Pyrénées et les Vosges. Sa tige un peu rameuse s?eacute;lève ordinairement à la hauteur de trois décimètres; elle porte des feuilles deux ou trois fois ailées et composées de folioles très-nombreuses d'un vert foncé glabres courtes et capillaires.

Sprengel réunit à ce genrel?Æthusa Bunius L.; le Phellandrium Muteltina L.; le Fæniculum vulgare de Gaertner ou Anethum Fæniculum L; et le Sison inundatum L. La réunion de ces Ombellifères dont chacune a fait successivement partie de plusieurs genres différens n'est pas généralement admise; ainsi malgré l'analogie du port on a suffisamment considéré le Fæniculum comme un genre distinct. Le Sison inundatum L. nous paraît aussi devoir être éloigné des Meum car il ne s'en rapproche que par le fruit et si l'on ne considère que ce seul caractère on devra réunir beaucoup d'autres Ombellifères qui n'ont d'ailleurs entre elles presque aucuue ressemblance. (G..N.)

MEUNIER ZOOL. Espèce d'Able. On donne aussi ce nom au Chabot commun Cottus Gobio L. On a encore appelé ainsi parmi les Oiseaux le Corbeau mantelé et un Perroquet. Chez les Insectes ce nom a été donné à plusieurs Coléoptères tels que le mâle des Hannetons le Foulon enfin le Ténébrion dout la larve se nourrissant de farine est fort recherchée pour la pâture des Rossignols. (B.)

MEUNIÈRE. OIS. Syn. vulgaire de Mésange à longue queue. On donne aussi ce nom en différentes provinces à la Corneille mantelée. V. MÉSANGE et CORBEAU. (DR..Z.)

MEYERA. BOT. PHAN. Adanson avait formé sous ce nom un genre particulier pour l'Holosteum umbellatum; mais ce genre n'a pas été adopté. Le même nom a été donné par Schreber à un genre de Synanthérées appelé antérieurement Enydra par Loureiro dans sa Flore de la Cochinchine. V. ENYDRE. (A. R.)

MÉZÉRÉON. BOT. PHAN. Espèce du genre Daphné. V. ce mot. (B.)

MÉZONEVRON. BOT. PHAN. Genre de la famille des Légumineuses voisin des Cæsalpinies établi par le professeur Desfontaines (Mem. Mus. 4 p. 245) qui lui donne les caractères suivans: calice à cinq divisions quatre supérieures orbiculaires une inférieure concave en (orme de casque recouvrant les quatre autres

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avant l'épanouissement de la fleur; corolle presque régulière de cinq pétales arrondis onguiculés le supérieur un peu plus petit; dix étamines déclinées et plus longues que la corolle ayant les filets distincts les anthères oblongues et à doux loges; le style également décliné se termine par un stigmate arrondi. Le fruit est une gousse plane foliacée oblongue rétrécie en pointe à ses deux extrémités uniloculaire indéhiscente polysperme portant sur son côté seminifére une crête saillante membraneuse ondulée; les graines sont ovoïdes allongées lisses. Ce genre se rapproche du Cæsalpinia par beaucoup de caractères mais il en diflere essentiellement par son fruit; il a aussi des rapports avec l'HœHamatocylum mais dans ce dernier la gousse s'ouvre en deux parties. Le professeur Des fontaines a décrit et figuré deux espèces de ce genre; l'une Mezonevron glabrum loc. cit. I. 10 est un Arbre originaire de l'île deTimor ayant ses feuilles doublement paripinnées; ses pinnules opposées composées d'environ quatorze folioles alternes elliptiques obtuses très-entières et petites; les pinnules au nombre de six à douze paires sont opposées et accompagnées à leur base de deux aiguillons recourbés; les fleurs forment une panicule simple et pyramidale au sommet des rameaux. La seconde espèce Mezonevron pubescens Desf. loc. cit. t. 11 est «galement arborescente et originaire de Java: ses feuilles bipionées se composent de seize ou dix-sept paires de pinnules opposées accompaguées de deux aiguillons crochus; ses folioles sont opposées et légèrement pubescentes. (A. R.)

* MIANGIS OU MYANGIS. BOT. PHAN. Du Petit-Thouars (Hist. des Orchidées des îles d'Afrique) donue ce nom à une des Plantes de son genre Angorchis et qui croît dans l'Ile-de-France. Suivant la nomenclature admise par les botanistes elle doit porter celui d'Augræcum parciflorum. Elle est figurée loc. cit. t. 60. (G..N.)

MIASZITE. MIN. Nom donné au Calcaire magnésien trouvé par Pallas aux envirous de Miaska en Sibérie (G. DEL.)

MIAULARD MIAUILE ET MIAULEUR. OIS. Dénominations vulgaires des Goélands et des Mouettes. V. ce mot. (DR..Z.)

MIBORA. BOT. PHAN. Ce genre de la famille des Graminées établi par Adanson pour l'Agrostis minima L. qui a recu successivement les noms de Knappia Micagrostis Sturmia et Chamagrostis a été décrit daus ce Dictionnaire sous ce dernier nom. V. CHAMAGROSTIDE. (A. R.)

MICA. MIN. Glimmer Wern. L'une des substances minérales leplus abondamment répandues dans la nature l'une des plus faciles à reconnaître si l'on se borne aux indications des caractères extérieurs mais qu'il est presque impossible de déterminer comme espèce parce que les nombreuses variétés de Mica paraissent cacher sous une analogie d'aspect fort remarquable des différences essentielles de composition et de structure. Nous les décrirons ici avec tous les minéralogistes sous le même nom de Mica eu indiquant dans le groupe de ces variétés les divisions qu'on a cru y reconnaître jusqu?agrave; ce que de nouvelles observations viennent les confirmer et rendent indispensableun changement dans la classification et la nomenclature. Les Micas se présentent presque toujours en lames ou en feuillets minces divisibles en lamelles d'une grande ténuité brillantes flexibles et élastiques; fusibles en émail au chalumeau et quelquefois à la simple flamme d'une bougie. Leur composition est encore incertaine et probablement elle est variable comme la structure cristalline. Elle se rapporte en général à l'ordre des doubles silicates; les bases combinées avec la Silice sont: l'Alumine la Potasse la Magnésie et le tritoxi-

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de de Fer. H. Rose a reconnu dans les Micas la présence de l'Acide fluorique et Peschier de Genève celle de l'Oxide de Titane. D'après les caractères tirés de la cristallisation et de la double réfraction on peut partager l'ensemble des Micas en trois groupes principaux qui paraissent encore susceptibles de nouvelles subdivisions.

1er Groupe: Micas à un axe. Ces Micas laissent voir une croix noire lorsqu'on les regarde avec l'appareil imaginé par Biot et composé de deux lames croisées de Tourmaline. Ils ont donc un seul axe de double réfraction; aussi leurs formes secondaires paraissent indiquer pour forme primitive le prisme hexaèdre régulier: mais l'intensité de la double réfraction est variable selon les échantillons de diverses localités ainsi que sa nature qui est attractive dans les uns (Micas verdâtres de la vallée d'Ala) et répulsive dans les autres (Micas verdàtres du Vésuve Micas volcaniques des bords du Rhin; Mica noir de Sibérie; Mica rouge de Saint-Marcel en Piémont). Tous les Micas à un axe contiennent de la Magnésie. Le Mica noir de Sibérie analysé par Klaproth renferme suivant ce chimiste: 42 50 de Silice; 11 50 d'Alumine; 22 d'Oxide de Fer; 9 de Magnésie et 10 de Potasse. Rose y a trouvé de l'Acide fluorique et Peschier de l'Oxide de Titane. Les variétés principales de forme et de structure des Micas à un axe sont: le Mica prismatique en prismes hexaèdres réguliers ordinairement lamelliformes et groupés les uus sur les autres; le Mica foliacé en grandes feuilles auquel on a donné les noms impropres de Verre on de Talc de Moscovie; le Mica écailleux composé de lamelles ou d?eacute;cailles qui se détachent aisément par l'action du doigt.

2e Groupe: Micas à deux axes ayant pour forme primitive un prisme droit rhomboïdal de 60d et 120d. Le plan des deux axes est perpendiculaire à la base du prisme et passe par sa grande diagonale. Tels sont les Micas du Saint-Gothard ceux d'Altenberg en Saxe de Zinnwald en Bohême.

3e Groupe: Micas à deux axes ayant pour forme primitive un prisme rhomboïdal oblique (Bournon et Soret). Le plan des axes passe par les petites diagonales de ses bases. Tels sont les Micas enfumés de Sibérie ceux de Brodbo et de Kimito en Finlande; le Mica jaune de Binn etc. Cest aux Micas à deux axes que se rapportent la plus grande partie des substances qui portent ce nom. Nous ajouterons aux variétés que nous avons citées les suivantes sans que nous puissions décider auquel des deux derniers groupes elles se rattachent. Mica argentin de Russie et d'Arendal en Norwege; Mica de la eto en Suède: Mica de Couserans dans les Pyrénées; Mica verdâtre du Mexique; Mica violâtre des Etats-Unis; Mica lépidolithe de Rosena en Moravie. Les Micas à deux axes diffèrent des Micas à un axe èn ce qu'ils ne renferment point de Magnésie. Ils diffèrent entre eux même ceux d'un même groupe par l?eacute;cartement des axes de double réfraction qui varie entre 40 et 80 degrés. Les variétés de forme et de structure de ces Micas sont les suivantes: Mica rhomboïdal en prismes rhomboïdaux droits ou obliques; le Mica rectangulaire en prismes rectangles à base droits ou oblique; le Mica hexagonal à base droite régulière ou simplement symétrique; le Mica testacé ou hémisphérique engagé dans une rochs granitique à Feldspath rougreâire de Dalécarlie en Suède; le Mica lamellaire ou écailleux; le fibreux palmé ou flbelliforme; enfin le Mica pailletté en parcelles libres disséminées dans les sables ou les roches solides et en petites masses saccaroïdes engagées dans le Granité (Lépidolithe).

Les substances que nous venons de décrire sous le nom de Mica sont très - abondantes dans le sol primordial. Le Mica fait partie essen-

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tielle du Granité du Gneiss et du Micaschiste; et c'est à sa disposition en feuillets que les deux dernières roches loivent leur structure schisteuse. Les Schistes talqueux les roches phylladiformes qui terminent la série primitive sont encore formés en grande partie de lamelles de Mica empilées les unés sur les autres. On retrouve aussi ce Minéral dans les dépôts schisteux du intciinédiaire connus sous les noms de Phyllades et de Grauwackes; enfin on le rancoutre dissémine sous forme de paillettes dans les Grès secondaires et jusque dans les sables meubles des terrains terliaites. On trouve aussi le Mica abon lamment disséminé en lamelles d'une teinte ordinairement noirâtre dans les ddle- rens dépôts d'origine ignée tels que les Trachètes les Basaltes et les Laves. On emploie le Mica à différens usages. En Sibérie on le substitue au verre pour en garnir les fenêtres et on s'en sert principalement pour le vitrage des vaisseaux; on en fait aussi des lanternes. La poudre d'or ou poudre pour l?eacute;criture n'est autre chose qu'un sable micacé dont on se sert pour empêcher l?eacute;criture de s'effacer.

MICA DES PEINTRES. V. GRAPHITE et FER CARBURÉ.

MICA VERT. Syn. d'URANITE. (G. DEL.)

* MICAGROSTIS. BOT. PHAN. (D'Authoine.) Syn. de Chamagrostis. V. ce mot. (A. R.)

* MICAPHYLLITE. MIN. Nom donné par Brunner à l'Andalousite Feldspath apyre d'Haüy. (V. les Annales de Moll T. III p. 294.) (G.DEL)

* MICARELLE. MIN. Nom donné par Abildgaard à une variété de Paranthine d'un blanc métalloïde semblable au Mica argentin. V. PARANTHINE. (G. DEL.)

MICASCHISTE MIN. Giimmerschiefer Weruer. Roche composée comme le Greisen. de Mica et de Quarts mais dans laquelle les deux principes composons ont une disposition différente. Le Quartz y est beaucoup plus rare et les lamelles de Mica qui forment ses feuillets sont très-étendues et presque sur le même plan. On en distingue deux variétes principales: le Micaschiste ordinaire composé de couches successives de Mica et de Quartz grisâtre; et le Micaschiste phylladiforme ou à grain fin que l'ou peut confondre aisément avec le Phyllade proprement dit; il est souvent coloré ea noir par le carbure de Fer. Les Minéraux que l'on rencontre accidentellement dans cette roche sont: le Grenat quelquefois hès-abondantp et formant souvent des espèces de nœuds enveloppés de Mica; la Tourmaline la Siaurotide la Macle le Fer carburé et le Fer oxidulé. Le Micaschiste appartient aux terrains anciens et il est peu de contrées du sol primordial où ou ne le rencontre superposé au Granité ou au Gneiss. Il renferme un assez grand nombre de couches subordonnées et de filons métallifères. (G. DEL.)

MICHAUXIE. Michauxia. BOT. PHAN. Ce genre de la famille des Campanulacées et de l'Octandrie Monogynie L. avait été nommé Mindium par les premiers auteurs qui ont écrit sur la botanique nom qui fut adopté par Adanson et Jussieu. Néanmoins l'Héritier dans une monographie de ce genre changea son nom en celui de Michauxia et cette mutation a été admise par tous les botanistes modernes en mémoire du respectable voyageur botaniste Michaux. Voici ses caractères essentiels: calice à huit découpures réfléchies; corolle campanulée très-grande à huit divisions; huit étamines; ovaire inférieur surmonté d'un style à huit stigmates; capsule à huit loges polyspermes couronnée par les découpures du calice. Deur belles Plantes que l'on cultive dans les jardins de botanique constituent ce genre.

La MICHAUXIE RUDE Michauxia

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campanuloides l'Hérit. et Laink. Illust. tab. 295; Michauxia strigosa Pers. est couverte dans toutes ses parties de poils rudes. Sa tige droite herbacée haute d'environ un mètre porte des feuilles alternes variables dans leurs formes; les radicales longuement pétiolées entières sinuées ou lobées les caulinaires inférieures découpées pinnatifides les supérieures peu divisées presque sessiles. Les fleurs sont grandes blanches sessiles penchées et disposées en une sorte de panicule. Cette belle Plante est indigène des vallées du Liban et de quelques autres contrées de l'Orient.

La MICHAUXIE LISSE Michauxia lævigata Venten. Jard. de Cels tab. 81 différé de la précédente par ses feuilles inférieures peu ou point découpées et hérissées seulement de quelques poils les autres parties de la Plante étant presqu' entièrement glabres. Ses tiges un peu plus élevées portent des feuilles dentées et ciliées. Les feuilles sont éparses et pédonéulées. Cette espèce a pour patrie le mont Albour en Perse où elle a été découverte par Bruguière et Olivier.

Le genre Michauxia de Necker est le même que le Leysera de Linné. V. ce mot. (G..N.)

* MICHE MIN. V. ARTOLITHE.

* MICHELARIA. BOT. PHAN. Dans ses observations sur les Graminées de la Flore Belgique B. C. Dumortier a donné ce nouveau nom générique à une Plante que Leieuue avait d'abord décrite dans la Flore de Spa sous le nom de Calotheca bromoidea et pour laquelle il avait constitué plus tard le genre Libertia. Cette création de noms génériques n'a pas été adoptée parce que la Plante dont il est question n'est qu'une espèce de Bromus à laquelle Raspail a donné le nom spécifique d'auriculatus. V. LIBERTIE. (G..N.)

MICHÉLIE. Michelia. BOT. PHAN. Linné est le fondateur de ce geure qui appartient à la famille des Magnoliacées et à la Pentandrie Polygynie. Adopté par Gaertner et De Candolle il offre tes caractères suivans: calice à trois sépales pétaloïdes qui tombent après la floraison ceint d'une bractée spathacée et déhiscente latéralement; pétales au nombre de six à quinze disposés sur plusieurs rangs les extérieurs plus grands; étamines nombreuses plus courtes que les pétales à antheres linéaires; ovaires nombreux agrégés et formant une sorte d'épi autour d'un réceptacle ou torus pyramidal; capsules presque bacciformes déhiscentes par le sommet bivalves distantes entre elles non imbriquées et contenant environ huit grappes rougeâtres. Ce genre a été nommé Champaca par Adanson du mot Champac qui dans l'Inde-Orientale désigne en général toutes les espèces de Michélies. Blume dans un ouvrage récemment publié sur les Plantes du jardin de Buiten zorg a créé un genre Manglietia (V. ce mot) qui paraît identique avec le Michelia. Les Plantes de ce dernier geure sont des Arbres élégans à feuilles ovales ou lancéolées entières pétiolées penninerves à fleurs axillaires solitaires ou géminées; ils croissent tous dans les Indes-Orientales où on tes cultive comme Arbres d'agrément surtout à cause de l'odeur suave que leurs fleurs exhalent. Linné n'en connaissait que deux espèces savoir: Michelia Champaca et M. Tsjampaca figurées anciennement par Rhéede et Rumph. De Candolle (Syst. Veget. Natur. et Prodrom.) en a décrit sept dont quatre nouvelles communiquées par Buchanan et Wallich; et il a rétabli (in Delessert Icon. Sel. 1 t. 85) le M. parviflora de Rumph. (G..N.)

MICHUACANENS. MAM. (Fernandez.) Nom d'une race de Chiens voisine de celle connue sons le nom d'Alco. V. ce mot. (IS. G. ST.-H.)

MICINE. Micinus. BOT. CRYPT. (Champignons.) Pour Mycena. V.. AGARIC. (B.)

* MICIPPE. Micippa. CRUST. Genre de l'ordre des Décapodes famille des

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Brachyures tribu des Triangulaires établi par Leach aux dépens des Maïas et adopté par Latreille (Fam. Nat. du Règn. Anim.). Les caractères de ce genre sont: antennes extérieures insérées en dehors des fossettes oculaires velues et ayant leur premier article plus long et plus gros que le second mais cylindrique comme lui et non comprimé ou dilaté; pieds-mâchoires extérieurs ayant leur troisième article presque triangulaire echancré à son extrémité et en dedans; serres médiocres plus courtes que les autres pales mermes à carpe court; mains allongées à doigts minces et peu courbés; pates proprement dites décroissant successivement de grandeur depuis la seconde paire qui n'est qu'une fois et demie aussi longue que le corps jusqu?agrave; la dernière; ongles longs grêles et courbés; carapace granuleuse et épineuse médiocrement dilatée postérieurement comme tronquée en: avant avec ses côtés peu obliques et garnis d?eacute;pines; yeux portés sur des pédoncules assez longs un peu arqués et n?eacute;tant pas plus gros que ceux-ci; bord antérieur des orbites muni d'une grande pointe le postérieur coupé par une fissure profonde. Ce genre se distingue des autres genres formés aux dépens des Maïas par la position des autennes hors des orbites et par le peu de développement de leurs serres. Nous citerons:

La MICIPPE PHILYRE Micippa Philyra Leach; Cancer Philyra Herbst. Canc. tab. 38 fig. 4; Maia Philyra Lamk. Les bords latéraux de sa carapace sont irrégulièrement épineux; son rostre est avancé en pointe échancré et armé de chaque côté d'une épine recourbée; les mains sont glabres. Il se trouve dans la mer des Indes sur les rivages de l'Ile-de-France. (G.)

* MICLOU. OIS. Espèce du genre Canard. V. ce mot. (B.)

MICO. MAM. On désignait autrefois d'une manière générale sous ce nom les Singes des terres de l'Orénoque et spécialement ceux de petite taille et c'est dans ce sens qu'il a été employé par Joseph d'Acosta et par Gumilla; mais Buffon en a fait le nom propre d'une espèce du genre Ouistiti le Jacchus argentatus de Geoffroy Saint-Hilaire. V. OUISTITI. (IS. G. ST.-H.)

MICOCOULIER. Celtis. BOT. PHAN. Ce genre appartient aux Amentacées de Jussieu et à la Polygamie Monœcie L. ou si l'on divise ce grand groupe en plusieurs à l'exemple de Richard aux Ulmacées de ce dernier botaniste. Il est caractérisé par des fleurs polygames ou monoïques; un calice quinquéparti; cinq étamines; deux styles simples; une drupe renfermant une graine unique dont les cotylédons sont chiffonnés. Ses espèces sont des Arbres sans piquans à feuilles alternes inégales à leur base dentées trinervées plus ou moins roides et scabres; à fleurs axillaires solitaires ou disposées soit en grappes dichotomes et souvent géminées soit plus rarement en panicules. Le nombre de ces espèces s?eacute;lève à plus de vingt après qu'on en a séparé celles qui distinctes par leurs styles bifides et les aiguillons dont elles sont hérissées constituent le genre Mertensie. V. ce mot. Elles sont répandues dans le nouveau ainsi que dans l'ancien continent. Nous devons citer ici celle qu'on trouve dans le midi de l'Europe et qui se montre même en France ou elle porte vulgairement le nom de Fabrecoulier de Bois de Perpignan. C'est le Celtis australis de Linné Arbre de trente à quarante pieds de hauteur dont le bois noirâtre compacte et tenace est employé par les charrons les luthiers les tourneurs. Plusieurs autres espèces ont été acclimatées et pourront également être cultivées avec avantage. (A. D. J.)

MICONIA. BOT. PHAN. Genre de la Décandrie Monogynie L. établi par Ruiz et Pavon (Flor. Peruv. et Chil. Prodrom. p. 60) qui en ont ainsi exposé les caractères: calice à

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cinq dents supère persistant à cinq petites divisions ovales et obtuses; corolle à cinq pétales obovales et inséréssur le calice; dix étamines dont les filets sont insérés au-dessous des onglets des pétales et ayant leurs anthères plissées et éperonnées postérieuietnent: cinq petites écailles bifides placées au-dessous de chaque paire de filets d'étamines et entou rant l'ovaire; ovaireovoïde surmonté d'unstyle subulé et d'un stigmate simple aigu; capsule également ovoïde couronnée par le calice et les écailles à cinq loges et à cinq valves; graines nombreuses très-petites scobiformes. Le nombre des parties de la fleur est assez variable dans la même espèce; mais ce nombre correspond toujours à celui des dents du calice et des loges de la capsule. Ce genre a été compris dans la famille des Mélastomacées par Don (Mem. of the Werner. Soeiet. vol. 4 p. 276). Il ne renferme que trois espèces indigènes des grandes forêts du Pérou et que les auteurs de la Flore du Pérou et du Chili ont seulement fait connaître par de courtes phrases spécifiques sous les noms de Miconia pulverulenta M. triplineruia et M. emarginata. (G..N.)

MICOU. MAM. Syn. de Mico. V. ce mot. (IS. G. ST.-II.)

MICOURE. Arara. MAM. Nom de pays des Didelphes chez les Guaranis. (R.)

MICRAMPÉLIS. BOT. PHAN. Rafinesque-Schmaltz appelle ainsi un genre de Cucurbitacées voisin du Momordica dont il differe par son fruit renflé épineux à deux ou trois loges monospeimes. Ce genre établi pour une Plante originaire de la Pensylvanie est irop imparfaitement connu pour pouvoir être adopté. (A. R.)

* MICRANTHEA. BOT. PHAN. Genre de la famille des Euphoibiacées et de la Monœcie Triandrie L. que Desfontaines a fait connaître dans les Mémoires du Muséum (vol. IV p. 253 tab. 14). Ses fleurs sant monoïques: on observe dans les un calice coloré composé de six sépales dont trais alternes intérieurs plus grands pétdoïdes et trois étamines libres insérées autour d'ua disque glanduleux trilobé dans les femelles un calice partagé jusqu?agrave; la base en six lanières subulces; trios styles simples et courts et autant de stigmates; un ovaire à trois loges biovulées devenant une capsule que surmontent les styles persistans et qui se sépare en trois coques bivalves et dispermes; les graines cylindriques ont un embryon grêle dans ua périsperme charnu de même forma. On me connaît de ce genre qu'un espèce originaire de la Nouvelle-Hol-lande: c'est un sous-Aibrisseaa à feuilles alternes et linéaires à fleuri courtement pédonculées et se montraut au nombre d'une à trois dans les aisselles de ces feuilles. (A. D. J.)

MICRANTHÊME. Micramihemum. BOT. PHAN. Genre établi par le professeur Richard (in Michaux h ton Bor. Amerie. 1 p. 10) et appartenantàla famille des Primulacées etàlâ Diandrie Monogynie L. Il offre les caractères suivans: calice à quatre divisions profondes subspathulées les deux supérieures un peu plus petites; corolle très-courte presque campanulée; tube trèspelit glabre intérieurement; limbe à quatre divisions inégales et comme nilabié la division supérieure étant la plus courte; deux étamines convergeutes à filets recourbés appendiculés à leur base à anthères arrondies et presque didymos; ovaire globuleux surmonté d'un style court et décliné que termine un stigmate déprimé et oblique; capsule recouver te par le calice qui persiste globuleuse uniloculaire polysperine s'ouvraot ta deux valves; les graines sont trèsnombreuses ovoïdes striées attachéesàun trophosperme basilaire et central. Ce genre fort distinct parles caractères que nous venons d?eacute;noncer a été ainsi nommé à cause de l'extrême petitesse de ses fleurs. Il a pour

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type et jusqu'ici pour espèce unique le Globifora umbroaa Gmel. Syst. 32 ou Micranthemum orbiculatum Mich. Fl. Bor. 1 p. 10 T. u. C'est une peliie Plante herbacée vivace rampante très-glabre portant des feuilles opposées sessiles arrondies obtuses entières et des fleurs extrèroement petites pédoncttlées solitaires à l'aisselle des feuilles. Elle croît dans les lieux humides et ombi âgés des forêts de la Caroline et de la Géorgie; elle fleurit en août. (A.R.)

* MICRANTHÈRE. Micranthera. BOT. PIIAN. Genre de la famille des Guttifères et de la Diœcie Polyandrie L. qui présente les caractères suivans: fleurs dioïques; calice a quatre folioles colorées; dix péiales inégaux dans les mâles étamines nombreuses dont les filets libres portent adossées des deux côtés de leur sommet les deux loges de l'anthère qu'on prendrait au premier coup-d?oelig;il pour deux pores (c est leur extrême petitesse qui a fourni le nom du genre); dans les femelles un ovaire environné de filets stériles et en moindre nombre couronné par un stigmate sessile et quinquélobé. Il devient une baie pynforme dont le péricaipe est de consistance fon gueuse et dont les loges au nombre de cinq renferment chacune une seule graine fixée à leur angle interne. Les deux cotylédons sont sou- dés entre eux par les faces en oontact La seule ebpèrede ce genre jusqu'ici connue est Il M. clusioides Arbre originaire de la Guigne dout les indigènes l'appellent Pigkouara Paly. Sa liauleur est de douze mètres environ; ses feuilles sont opposées et vei- nées; ses fleurs terminales les femelles presque solitaiies les mâles en panicales courtes et comme dichotomes portées sur des pédicelles munis vers leur milieu de deux bractée opposées. On doit la connaissance de cette Plante à Choisy quil'a décrite et figurée pour la première fois dans les Mémoires de la Société d'Histoire Naturelle (T. 1 p. 224 tab. 11 et 12). La description reproduite dans le Prodrome de De Candolle diffère un peu de la précédente en ce qu'elle porte à six le nombre des dents du stigmate et des loges de l'ovaire. (A. D. J.)

* MICRANTHES. BOT. PHAN. Ce nom a été employé par Haworth (Synops. Succut. Planta p. 3uo et Saxifragearum Enumer. p. 45) pour un nés nombreux genres qu'il a formés aux dépens du genre Saxifragaà de Linné. Il lui a attribué pour curacr tères essentiels: un calice dont les cinq divisious sont étroitement rapprochées une corolle à cinq pétales distans sans onglets et rubannés; les filets des étamines uniformes planes comprimés plus courts que les pétal. Les espèces qui composent le Micranthes que nous ne pouvons considérer que comme une simple division de genre sont des Plantes herbacées vivaces à feuilles radicales sessiles lancéolées hérissées de pelits poils qui à la loupe paraissent singulièrement articulés. Leurs fleurs sont agglomérées petites verdâtres et portées sur des hampes droites et fistuleuses. Haworth y place le Saxï fraga Pensylvanica L. et le S. hie- racifolia Willd. Il y comprend aussi une espèce de l'Amérique du nord qui avait été confondue avec celle-ci et qu'il nomme M. hirta. (G..N.)

MICRANTHUS. BOT. PHAN. Nom donné par Wendland au genre Phay lopsisde Willdenow. V.ce mot. (G..N.)

MICRELIUM. BOT. PHAN. C'est ainsi que Forskahla nommé un genre de Synanihcrées établi pour une Plante de l'Arabie que Vabl a réunie plus tard au genre Eclipta. (A. R.)

MICROBASE. Micmbasis BOT. PHAN. De Candolle appelle ainsi les fruits des labiées et d'un grand nombre de Borraginées qui consistent en un disque hypogyne que l'on a nommé gynobase peu épais portant quatre coques généralement distinctes à l'époque de leur maturité et provenant d'un ovaire unique à

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quatre loges inonospernes dont l'axe central était fort déprimé. Celle modification de fruit ne diffère en aucune manière de celle que Ton a nommée Fruit gynobasique. (A. R.)

MICROCARPÉE. Microcarpæa. BOT. PHAN. Genre de la famille des Scrophularinées et de la Diandrie Monogynie L. établi par R. Browu (Prodrom. Flor. Nov.-Holl. p. 435) qui l'a ainsi caractérisé: calice tubuleux â cinq angles et à cinq découpures peu profoudes; corolle bilabiée; deux étamines anthérifères les stériles n'existent pas; capsule bivalve à cloison opposée et qui devient libre par la maturité. Ce genre est fondé sur une Plante que Kœnig (in Retz. Obs. fasc. 5 p. 10) avait placée parmi les Pæderota. R. Brown lui donne le nom de Microcarpæa muscosa. C'est une petite Herbe qui ressemble à une Mousse glabre a feuilles opposées et à fleurs axillaires très-petites et dépourvues de bractées. Cette Plante croît à la Nouvelle-Hollande dans les contrées situées entre les tropiques. (G..N.)

MICROCARPUM. BOT. CRYPT. (Lycoperdacées.) Schrader avait donné ce nom è un genre que Persoon a nommé Trichianom qui a été adopté. Il n'avait indiqué qu'une seule des espèces de ce genre nombreux. V. TRICHIE. (AD.B.)

* MICROCÉPHALE. Microcephalus. INS. Genre de Carabiques mentionné par Latreille (Fain. Nat. du Règne Anim.) et dont nous nè connaissons pas les caractères. Il est voisin des Patrobes et des Panagées. (G.)

MICROCÉPHALES. Microccphali. INS. Tribu de l'ordre des Coléoptères section des Pentamères famille des Brachélytres établie par Latreille qui en faisait une section de la famille des Brachély très et ayant pour caractères: tête enfoncée postérieurement dans le corselet jusque près des yeux n'offrant point d?eacute;tranglement à sa base; corselet trapézoïde s?eacute;largissant d'avant en arrière. Cette tribu comprend trois genres. V. Lo- MÉCHUSE TACHINE et TACHYPORI. (G.)

MICROCHLOA. BOT. PHAN. Le Nardus indica L. ou Rottboella setacea Roxb. Corom. 2 p. 18 t. 132 forme le type de ce genre proposé par Robert Brown (Prodr. Nov -Hol. 1 p. 208) et adopté par Kunth (Nov. Gen.1 p. 84 T. XXII). On peut le caractériser de la manière suivante: les épis sont simples unilatéraux et non articulés; les épillets sont sessiles uniflores composés d'une lépicène membraneuse à deux valves presque égales mutiques et aiguës; la glume est formée de deux paillettes plus courtes mutiques velues; le nombre des étamines varie de deux à trois; l'ovaire est surmonté de deux styles terminés chacun par un stigmate plumeux.

Le Microchloa setacea R. Brown est une petite Plante annuelle dont la racine fibreuse est surmontée de plusieurs chaumes de quatre à cinq pouces de hauteur terminés chacun par un épi unilatéral et un peu arqué. Il croît non-seulement dans I'Inde mais dans l'Amérique méridionale et à la Nouvelle-Hollande. (A.R.)

* MICROCOLEUS. ZOOL.? BOT? (Arthrodièes.) Desmazières propose dans le second fascicule de ses Cryptogamesdu nord de la France (n° 55) de substituer ce nom à celui de Vaginaire sous lequel noué avions établi le genre dont il va être questiou dans le T. 1 p. 594 du présent Dictionnaire. Nous nous empressons d'adopter ce changement dû à la sagacité d'un excellent observateur dont les travaux sur la Cryptogamie méritent la plus haute confiance. Il existait d'ailleurs dans la Pbanérogamie un genre V aginaria établi par Michaux. Nous sacrifions donc le nom vicieux que nous avions introduit dans la science sans tenir beaucoup à ce que dans les catalogues cryptogainiques on imprime Microcoleus Desmaz. ou Vaginaria B. L'important est de bien établir les ca-

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ractères du genre qui appartientàla famille des Oscillariées dans l'ordre des Arthrodièes du règne Psycbodiaire. V. tous ces mots. Ses caractères sont: filamens simples semblables par leur organisation à ceux des Oscillaires proprement dits mais non libres ou empâtés dans une masse muqueuse et se dégageant par une sorte de reptption de gaînes commune à plusieurs dans lesquelles ces filamenssont comme fasciculés. On y distingue bien évidemment deux mouvemens provenant des deux états sous lesquels se présentent les Microcoléus; le premier celui de la masse est une sorte de reptation lente purement végétale et comparable à celle de toute Plante qui croît appliquée contre les interstices du sol; le second consiste dans l'oscillation et les flexions légères que se donne chaque filament partiel lorsque l'ensemble de ceux-ci sortant aes extrémités rompues de la gaîne commune qui les tenait emprisonnés ayant pris en quelque sorte l'essor s allonge chaque filament pour son compte en tâtant le terrain s'il est permis d'employer une telle expression. Thore nous fit pour la première fois dès l'an V de la République remarquer l'espèce qui sert de type au genre Microcoléus. Elle croissait à Dax sur la terre humide d'un pot où il élevait un Héliotrope; ayant retrouvé la même production sur des terres grasses du canton d'Entre-deux-Mers vis-à-vis Bordeaux nous la communiquâmes à Draparnaud et nous avons retrouvé dans l'herbier de ce favant ami après sa mort le croquis que nous en avions fait sous le nom de Vaginaria Thorii. Draparnaud n'y voyait qu'un état du Conferva fontinalis L. venu hors de l'eau: telles étaient les idées que nous avions tous alors de l'infaillibilité de Linné que nous osions croire à peine à l'existence d'un être que n'eût pas mentionné le législateur de l'Histoire Naturelle. Vaucher en fit plus tard l'un de ses Oscillatoires; mais avec son ordinaire sagatité cet excellent observateur entrevoyait la nécessité de séparer celle espèce d'un genre où des gaïnes communes n'emprisonnent jamais les individus. Les algologues ont depuis sur les traces du botaniste genevois laissé les Microcoléus parmi les Oscillaires. Deux espèces certainement tranchées nous paraissent jusqu'ici exister dans le geure dont il est question.

1°. Microcoléus terrestris(V. planches de ce Dictionn. sous le nom de Vaginaire terrestre fig. 6; Desmaz. Fasc. Crypt. II n° 55; Oscillatoria vaginata Vauch. Conf. p. 200 pl. XV fig. 13; Oscillatoria Chthonoplastesβ; vaginata Lyngb. Tent.. p. 92; Oscillatoria autumnalis Agardh Syst. p. 62. Cette espèce la plus anciennement connue est commune aux environs des fermes et des maisons dans certains lieux ombragés des jardins clos; c'est elle qui rampe quelquefois sur les pots de fleurs. Nous l'avons constamment trouvée assez appliquée aux petites anfractuosités du sol entre esquelles on voit à l?oelig;il nu serpenter ses faisceaux comme de petites lignes d'un noir muqueux de la grosseur d'un crin ou d'un fort cheveu se croisant se surmontant les uns les autres de façon à formera la fin une sorte de plexus luisant et onctueux au toucher. Dépouillé de la terre qui le supporte ce plexus adhère fortement au papier; élevé durant quelques jours dans l'eau il s'y étend; les faisceaux y deviennent fort gros; mais le Microcoléus finit bientôt par s'y dissoudre: il ne lui faut pour prospérer que de l'hu- midité et non des masses de liquide qui le noient. Il disparaît aux pre- mières gelées. La figure grossie que nous en avons donnée a paru à Agardh lui-même présenter parfaitement sa physionomie: celle que Desmazières ajoute à ses échantillons n'est pas moins bonne encore que ce savant remarque que sa gaîne y est plus arrêtée sur les bords et qu'il n'a pas vu les filamens devenir flexueux.

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Lyngbye et Agardh les ont vus comme nous et nous croyons nous souvenir que la figure du présent Dictionnaire ayant été dessinée à Lilleff chez Desmazières même lorsqùe en 1820 nous observâmes ensemble le Microcoleus dont il est question et qui croissaitdanssonjardiu il trouva cette figure parfaite. On voit ici en C un filament nu au très-fort grossissement d'une demi-ligne de foyer; déjà d'autres petits filamens imperceptibles au grossissement d'u ne ligne et demie que nous avons employé en B et qui paraît celui de Desmazières se montrent à l'extrémité comme sortant du tube. Ce qui confirme ce qu'avait entrevu avec tant de justesse le savant Vaucher lorsqu'il dit (loc. cit.): «ll est assez probable que cette espèce ne se multiplie pas comme les autres; mais qu'au contraire chaque filet après s?ecirc;tre séparé du fourreau grossit et devient lui-même à son tour une enveloppe qui contient plusieurs filets..ff La propriété qu'a cette Arthrodiée de revivre dès qu'elle est humectée et de ne pas périr comme les autres par la sécheresse la rend encore plus remarquable. Bayonne et Dax sont les points les plus méridionaux où nous ayons trouvé le Microcoléus terrestre. Lyngbye le mentionne comme croisant sur la terre humide et ombragée le long de certains ruisseaux de Norwège et rapporte que Hooker l'a retrouvé jusqu'en Islande mais sur un terrain contigu à des sources thermales. Nulle part on ne l'indique comme du voisinage de la mer ou mouillé par les flots salés de celle-ci. Il suffit d'avoir observé l'espèce dont il vient d'être question pour ne pas comprendre qu'Agardh y ait pu voir une variété de notre ancien Phytoconis migricans qu'il savait bien être notre Oscillaria urbica et dans lequel on ne saurait retrouver la moindre trace de gaînes communes.

Microcoleus maritimus N.; Oscillaoria Chthonoplastes a Lyngb. Tent. p. 92 tab. 27. fig. a; Hofm. Bang. De usu Corf. p. 19(cam icon.); Agardh Syst.p. 62. Nous ne pouvons consentir à regarder comme appartenant à cette espèce la figure du Flora danica que lui rapportent les algologues et qui nous paraît convenir beaucoup mieux à un Bangia si le genre Bangia doit êt e conservé ce qu'avait entrevu Agardh dans ses premiers ouvrages (Syn. p. 121). Le Micrçccléus maritime diffère du précédent par son habitat; car il ne s?eacute;loigne jamais des rivages de la mer; il y croît dans le sable imprégné de sel souvent inondé par les flots amers; plus grand dans toutes ses parties mais ayant pourtant les filamens moins visiblement articulés; ceux-ci sont souvent tortueux et comme cordés en spirales dans l'intérieur des gaînes ne devenant droits qu'aux orifices par lesquels ils rayonnent. Leur couleur tire sur le brun et ils finissent de stratification en stratification par former des couches muqueuses plus ou moins épaisses ce qui n'arrive pas dans l'espèce terrestre. (B.)

MICROCORYS. BOT. PHAN. Robert Brown a imposé ce nom à un genre nouveau qu il a établi dans la famille des Labiées et auquel il a donné pour caractères: un calice àcinq divisions peu profondes; une corolle monopétale irrégulière è deux lèvres la supérieure en forme de casque et plus courte l'inférieure à trois lobes dont celui du milieuest le plus large; les étamines didynames les deux supérieures sontincluses; l'anthère est à deux loges l'une remplie de pollen est glabre; l'autre est stérile et velue; les deux étamines inférieures ont leurs anthères à deux loges stériles et vides.

Ce genre se compose de trois espèces observées par l'illustre botaniste anglais sur la côte méridionale de la Nouvelle-Hollande. Ce sont des Arbustes à feuilles ternées trèsentières à fleurs axillaires solitaires munies chacune de deux bractées; ces fleurs sont blanches ou purpurines. (A. R.)

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MICROCOS. BOT. PHAN. Ce genre établi par Linné ne diffère point du Grewia auquel il a été réuni d'abord par Linné lui-même et ensuite par Vahl Roxburgh Jussieu et De Candolle. Cependant Gaertner et Smith ont voulu le conserver se fondant sur le caractère que présente Son fruit qui selon ces botanistes est à trois loges et ils ont décrit sous le nom de Microcos plusieurs Plantes qui doivent rentrer dans le genre Grewia. V. ce mot. (G..N.)

MICRODACTYLE. Microdactylus. ois. Nom donné par Geoffroy Saint-Hilaire au genre Cariama Dicholophus Illiger. V. CARIAMA. (DR..Z.)

* MICRODUS. INS. Genre d'Hyménoptères de la tribu des lchneumouides établi par Nées d'Esenbeck et mentionné par Latreille (Fam. Nat. du Règne Anim.) qui ne donne pas ses caractères et qui ne semble pas l'adopter. Il paraît voisin du genre Bracon. (G.)

MICROGASTRE. Microgaster. INS. Genre de l'ordre des Hyménoptères section des Térébrans famille des Pupivores tribu des Ichneumonides établi par Latreille et ayant pour caractères: bouche point avancée en forme de bec; palpes labiaux de trois articles; abdomen petit trèsaplati et annexé au corselet par un très-court pédicule. Ce genre se distingue du genre Bracon par les parties de la bouche qui sont avancées dans ce dernier et par la languette qui est bifide. Il s?eacute;loigne de tous les autres genres de sa tribu par le nombre des articles des palpes labiaux et par d'autres caractères tirés des ailes et des formes de l'abdomen. Les antennes des Microgastres sont longues sétacées multiarticulées vibratiles insérées au-dessous du front et ne se roulant pas à leur extrémité; le premier article est assez gros turbiné un peu plus long que le troisième le second est entièrement caché dans le premier et le troisième et tous les suivams sont de longueur à peu près égale jusqu'au dernier mais diminuant uc peu de grosseur passé le milieu de l'antenne; les mandibules ne sont point saillantes; les mâchoires et la lèvre sont droites courtes et ne s'avançant point en manière de bec ni de museau; les palpes maxillaires sont deux fois plus longs que les labiaux composés de cinq articles le second long un peu en massue; les labiaux de trois articles; la tête est Petite plus étroite que le corselet; les trois petits yeux lisses sont disposés en ligne courbe sur le vertex; le corselet est court; les ailes supérieures ont une cellule radiale grande se rénécissant après la première cellule cubitale; celle-ci est grande distincte de la première cellule discoïdale supérieure recevant la nervure récurrente; la dernière cellule cubitale est très-grande et très-longue; les cellules discoïdales sont au nombre de trois l'inférieure se prolonge jusqu'au bord postérieur de l'aile; l'abdomen est petit court inséré à la partie postérieure du mésothorax paraissant presque sessile peu convexe en dessus et caréné longitudinalement et dessous; la tarière des femelles est plus courte que l'abdomen et dépasse toujours l'anus; ses fourreaux sont un peu comprimés; les quatre pates antérieures sont de longueur moyenne; les postérieures sont plus fortes et leurs hanches sont très-grosses et longues. Les Microgastres sont des Hyménoptères de petite taille; Leurs larves vivent isolées dans le corps de petites Chenilles telles que celles des Pyrales ou en société dans des Chenilles de moyenne taille. Nous citerons:

Le MICROGASTRE DÉPRIMÉ Microgaster deprimator Latr.; Ichneumon deprimator Fabr. Jur. Panz. (Faun Germ. fase. 79 fig 11); Bassus deprimator Panz. Long de deux lignes; noir: cuisses jambes et base des tarses testacées; base des cuisses antérieures et extrémité des postérieures noires; premiers segmens de l'abdomen pâles

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en dessous; ailes transparentes les supérieures avec deux bandes transversales brunes qui se réunissent un peu dans leur milieu. Cette espèce se trouve aux environs de Paris. Sa larve vit solitaire dans la Chenille d'une espèce de Pyrale. (G.)

MICROLÈNE. Microlæna. BOT. PHAN. Rob. Brown appelle ainsi (Prodr. Nov.-Holl. 1 p. 210) un genre de Graminées voisin du Tetrarrhæna qu'il propose d?eacute;tablir pour l'Ehrharta stipoides de Labillardière (Nov.-Holl. 1 p. 91 t. 118) et qu'il caractérise ainsi: lépicène très-petite uniflore et bivalve; glume double portée sur un pédicelle barbu plus long que la lépicène; l'une et l'autre se compose de deux valves glabres; celles de la glume extérieure sont égales et terminées à leur sommet par une arête; la glumelle est formée de deux paléoles opposées alternant avec les paillettes de la glume. Les étamines sont constamment au nombre de quatre; les deux stigmates sont sessiles et plumeux. La seule espèce de ce genre Microlæna stipoides Brown loc. cit. est une Graminée originaire de la Nouvelle-Hollande ayant son chaume filiforme glabre ses feuilles planes et courtes sa ligule incisée et scs fleurs portant une panicule penchée. (A. R.)

* MICROLÉPIDOTE. POIS. Espèce du genre Labre et d'Acanthure du sous-genre Pryonure. V. ces mots. (B.)

MICROLEUCONYMPHEA. BOT. PHAN. (Boerhaave.) Syn. d'Hydrocharide. V. ce mot. (B.)

* MICROLICIE. Microlicia. BOT. PHAN. Dans son travail sur la famille des Mélastomacées (Mem. Soc. Wern. Edimb. 4 2° part. p. 267) le docteur Don a établi sous ce nom un genre nouveau pour quelques espèces de Rhexie originaires du Brésil et fort remarquables par leur port. Ce sont en général des Arbustes ayant plutôt le pott des Bruyères que des autres Mêlastomacées munies de feuilles petites très-rapprochées et comme imbriquées et de fleurs solitaires ou géminées placées à l'aisselle des feuilles. Leur calice est globuleux ayant son limbe à cinq divisions profondes et persistantes; sa corolle formée de cinq pétales. Le connectif des anthères est très-long placé au sommet du filet terminé à I'une de ses extrémités par un appendice simple et en forme d'éperon. Le fruit est une capsule sèche à trois loges s'ouvrant en trois valves. Le docteur Don a décrit cinq espèces de ce genre toutes nouvelles et venantdu Brésil. V. MÉLASTOME et MÊLASTOMACÉES. (A. R.)

* MICROLOMA. BOT. PHAN. Genre de la famille des Asclépiadées et de la Pentandrie Digynie L. établi par R. Brown (Mem. Wern. Societ. 1 p. 53) qui l'a ainsi caractérisé: corolle urcéolée dont le tube est renflé anguleux nu à son orifice plus court que le limbe; cinq écailles insérées sur le milieu du tube de la corolle et alternes avec un égal nombre de faisceaux de poils; couronne staminale dépourvue d'appendices; anthères sagittées terminées par une membrane; masses polliniques comprimées fixées par le sommet et pendantes; stigmateapiculé. Ce genre renferme deux espèces nommées par R. Brown Microloma sagittatum et Mic. lineare. L'une et l'autre sont indigènes du cap de Bonne-Espérance. La première a été décrite par Linné et Thunberg sous le nom de Ceropegia sagittata; la deuxième sous celui de Ceropegia tenuifolia. Cette dernière a encore pour synonymes le C. tenuiflora de Thunberg et Willdenow et le Periploca tenuiflora de Linné qui n'est pas le même que celui de Willdenow et de Kunth. Ce sont des sousArbrisseaux sarmenleux à feuilles opposées et à fleurs en ombelles naissant dans les aisselles des feuilles. (G..N.)

* MICROMA. BOT. CRYPT. (Hypoxylées.) Nom donné par De Candolle

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à une section du genre Xyloma et élevé au rang de genre par Des vaux. V. XYLOMA. (AD.B.)

* MICROMIUM. BOT. CRYT. (Lichens.) Persoon avait proposé d?eacute;tablir sous ce nom un genre particulier renfermant les Urceolaria leproides variolarioides et le Variolaria exasperata. V. URCÉOLAIRE. (AD. B.)

MICROMMATE. Micrommata. ARACHN. Genre de l'ordre des Pulmonaires famille des Aranéides section des Dipneumones tribu des Latérigrades établi par Latreille et auquel Walkenaer a ensuite donné le nom de Sparasse qui n'a pas été adopté. Les caractères de ce genre sont: yeux disposés quatre par quatre sur deux lignes transverses dont la postérieure plus longue; mâchoires droites et parallèles. Les Micrommates ont le corps plus ou moins garni de duvet; leur corselet est en forme de cœur tronqué en devant et peu élevé; les mâchoires sont longitudinales parallèles très-écartées l'une de l'autre et arrondies au bout. La lèvre est courte et presque demi-circulaire. Les pates sont longues leurs tarses sont terminés par un article offrant en dessous un duvet plus ou moins serré formant une sorte de brosse divisée en deux parties égales par un sillon longitudinal qui s?eacute;tend jusque sous les crochets de l'extrémité; la seconde paire est la plus longue la première ensuite et la quatrième après. L'abdomen est ovalaire souvent mou. Ce genre diffère de celui de Sélénope par la disposition des yeux qui sont placés six en avant et de front et deux en arrière. Les Thomises s'en distinguent par leurs mâchoires qui sont inclinées sur la lèvre. Les espèces de ce genre que quelques auteurs ont désignées sous le nom d'Araignées-Crabes sont peu nombreuses et leurs mœurs ne sont pas encore bien connues. La seule qu'on ait observée jusqu?agrave; présent sous ce rapport (M. smaragdina) se trouve au printemps sur les Plantes les charmilles et les Arbres dont elle gagne même le sommet. Clerck et Walkenaer ont observé qu'elle saute avec promptitude et qu'elle est trèsagile à la course. Un individu femelle que Clerck élevait lui a fait voir la manière dont ces Araignées opèrent la manducation. Aussitôt qu'elle avait saisi une mouche elle la perçait avec les griffes de ses mandibules la comprimait ensuite et la mâchait avec ses mâchoires: elle semblait faire mouvoir les cils dont leur côté interne est muni puis la tournait et la retournait avec ses palpes retirait l'une de ses griffes pour l'enfoncer ailleurs. L'on voyait dans l'entre-deux de ces mâchoires ou dans ce qu'il appelle le gosier une matière écumeuse qui absorbait les sucs nutritifs exprimés du cadavre et qui rentrait ensuite dans cet enfoncement. On distinguait plus facilement l'action de ces divers organes lorsque le corps de la Mouche était réduit d'un tiers; toute sa substance molle ou liquide étant épuisée l'Animal en rejetait les restes. Elle nettoyait ensuite les extrémités de sespalpes en se servant des griffes de ses mandibules de ses mâchoires et àl'aide surtout d'une matière liquide qu'elle faisait sortir de l?oelig;sophage. La femelle rapproche et lie avec ungrand nombre de fils trois ou quatre feuilles dont elle fait un paquet quia comme une forme triangulaire; son intérieur est tapissé d'une soie épaisse et au milieu de ce nid est placé le cocon qui est composé de la même matière mais plus renforcée; il est rond blanc formé d'une seule couche et la ténuité de ses parois permet très-bien d'y distinguer les œufs. Clerck en a compté environ cent qua rante. C'est en juin ou en juillet que la femelle les pond; ils sont de la grandeur d'une graine de rave sphériques d'un vert clair luisant avec des cercles blancs sur un des côtés: ils ne sont point agglutinés dans le cocon et comme ils sont très-lisses ils coulent comme des gouttes de Mercure quand ils sont

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trouve dans les champs et sur les cô teaux arides; nous l'avons cueillie en abondance près de Fontainebleau. Persoon a en outre décrit d'anrès Lagasca une espèce qui a de l'affinité avec la précédente et qu'il a nommée M. discolor. Cette Plante croît près de Madrid. Le Filago pygmæa L. a été rapporté par Desfontaines et De Candolle au genre Micropus; mais cette Plante doit rester parmi les Filago. V. ce mot. (G..N.)

MICROPÈPLE. Micropeplus. INS. Genre de l'ordre des Coléoptères section des Pentamèrcs famille des Clavicornes tribu des Peltoïdes établi par La treille aux dépens des Staphylins de quelques auteurs et ayant pour caractères: palpes trèspeu distincts; les maxillaires ayant eur second article renflé; antennes logées dans une cavité particulière du corselet en massue solide. Ce genre se distingue de tous les autres de la même tribu parce que les palpes ne sont pas apparens et surtout parce que les anteuncs sont terminées par une massue de deux articles et logées dans une cavité du corselet ce qui n'arrive pas dans les autres. Les antennes des Micropèples sont plus courtes que le corselet leurs deux premiers articles sont plus grands que les suivans globuleux; les deuxderniers sont très-grands et forment à eux seuls une massue solide et globuleuse; les mandibules sont arquées vers leur extrémité pointues bidentées sans dentelures; les palpes maxillaires sont très-petits beaucoup plus épais dans leur milieu amincis à leur extrémité et terminés en une pointe particulière; les labiaux ne sont point visibles; les mâchoires sont bifides leur lobe intérieur ayant la forme d'une dent; la lèvre est presque carrée dilatée et arrondie sur les côtés; son extrémité est un peu plus étroite tronquée entière; le menton est transversal petit et entier; les élytres sont beaucoup plus courtes que l'abdomen; les tarses ont leur premier article très-court. Plusieurs auteurs ont placé la setile espèce de ce genre avec les Stapliy lins; ses élytres sont en effet bien plus courtes que l'abdomen comme dans ces Insectes; mais ce caractère ne leur est pas exclusivement propre puisque les Escarbots et beaucoup de Nitidules le partagent avec eux.

Le MICROPéPLE SILLONNé Micropeplus porcatus Latr.; Nitidula sulcata Herbst.; Staphylinus porcatus Oliv. Col. t. 3 p. 35 n. 50 pl. 4 fig. 53. Il est long d'une ligne; son corps est ovale noir; sa tête est petite son corselet est rebordé sur les côtés très-rabotteux les élytres n'atteignent qu'environ la moitié de la longueur de l'abdomen elles sont marquées chacune de trois lignes longitudinales élevées; le dessus de l'abdomen a quelques impressions; la base des antennes et les pâtes sont brunes. Cette espèce se trouve aux environs de Paris dans les matières animales et végétales corrompues. (G.)

MICROPETALU M. BOT. PHAN. Persoon (Syn. Plantar.) avait substitué ce nom à celui de Spergulastrum employé dans la Flore de l'Amérique boréale de Michaux; mais ce changement n'a pas été adopté. (A. H.)

MICROPÈZE. Micropeza. INS. Genre de l'ordre des Diptères famille des Athéricères tribu desMuscides établi par Meigen et adopté par Latreille (Fain. Nat.). Les caractères de ce genre sont: cuillerons petits; balanciers nus; ailes écartées vibraliles; antennes courtes. Ces Diptères ressemblent beaucoup aux Tephrites avec lesquels Fabricius les ayait placés mais ils eu diffèrent par les formes plus allongées qu'ils affectent; leur tête est presque globuleuse le corselet est ovalaire ou presque cylindrique et aminci en devant; l'abdomen a presque la même forme et se termine en pointe conique; les pâtes surtout les postérieures sont longues; les antennes sont insérées près du milieu de lu face antérieure de la tête courtes de

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trois articles dont les deux premiers beaucoup plus courts et dont le troisième en forme de palette en carré long avec une soie simple dorsale et située près de sa base. Les ailes de ces Mouches sont quelquefois couchées l'une sur l'autre. Nous citerons:

La MICROPÉZE POINT Micropeza Punctum Latr. Meig.; Tephritis Punctum Fabr. Schell. Dipt tab. 4 fig. 2; elle est d'un noir pourpré ou cuivreux: la base de l'abdomen et les pieds sont fauves; elle a un point noir près du bout de chaque aile. Cette espèce se trouve aux environs de Paris.

La Musca cynipsea de Linné appartient aussi à ce genre; elle répand suivant Degéer une odeur forte que l'on peut comparer à celle de la Mélisse. (G.)

* MICROPHENIX OIS. (Fabricio de Padoue.) Syn. de Jaseur. V. ce mot. (DR..Z.)

* MICROPHTHIRES. Microphthira. ARACHN. Latreille (Fam. Nat. du Règn. Anim.) a réuni sous cette dénomination les genres d'Arachnides trachéennes qui sont toutes parasites et n'ont que six pieds; c'est la dernière famille de la classe elle renferme les Araignées les plus imparfaites. V. CARIS LEPTE ACHLYSIE et ASTOME. (G.)

MICROPORUS. BOT. CRYPT. (Champignons.) Nom donné par Palisot de Beauvois à un genre séparé des Bolets mais qui fait partie du genre Polyporus de Micheli réuni par Linné aux Bolets et rétabli depuis par Fries. V. POLYPORE. (AD. B.)

MICROPS. MAM. Espèce de Cachalot du sous-genre Physeter. V. CACHALOT. (B.)

MICROPTÈRE. Micropterus. POIS. Genre de l'ordre des Acanthoptérygiens et de la famille des Percoïdes établi par Lacépède qui lui donne pour caractères: un ou plusieurs ai guillons et pas de dentelures aux opercules; un ou point de barbillon aux mâchoires; deux dorsales la seconde très - basse plus petite et formée de rayons mous. Les dents sont en velours sur plusieurs rangs et la gueule fendue. Le corps est épais et comprimé. On n'en connaît qu'une seule espèce dédiée à Dolomieu et figurée pl. III du tome IV de l'Histoire des Poissons. Sa patrie n'est pas connue. Sa caudale forme le croissant. Les pectorales et l'anale sont fort arrondies. Elle a deux rayons aiguillonnés et sept articulés à la première dorsale quatre mous à la seconde deux aiguillonnés et quatre articulés à l'anale. (B.)

MICROPTÈRES. INS. Nom donné par Gravenhorst aux Insectes coléoptères que Cuvier a nommés Bracbélitres ou au grand genre Staphylinus de Linné V. BRACHÉLITRES et STAPHYLIN. (G.)

MICROPUS. OIS. (Meyer.) V. MARTINET.

MICROPUS. BOT. PHAN. V. MICROPE.

MICROPYLE. Micropyla. BOT. PHAN. Nom donné par Turpin à une ouverture extrêmement petite déjà entrevue par un grand nombre d'observateurs que l'on remarque sur le tégument propre de certaines graines sur le hile ou non loin de cette cicatrice ou quelquefois dans un point tout-à-fait opposé à cette cicatrice et à laquelle viennent selon cet observateur aboutir les vaisseaux destinés à transmettre le fluide fécondant. Mais l'existence de ces vaisseaux n'est pas encore bien démontrée et quelques botanistes la nient absolument. Une observation importante à faire relativement au Micropyle c'est qu'il est toujours placé en face de la base de l'embryon c'est-à-dire de la radicule. C'est pour cette raison que le célèbre Rob. Brown a proposé de le considérer comme servant à indiquer la base de la graine. (A. R.)

MICROSCOMA. MOLL. Rédi donne ce nom à l'Ascidia Conchyloga L. V. ASCIDIE. (D..H.)

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*MICROSCOPIQUES ZOOL. Dans un essai publié récemment et tiré au nombre seulement d'une centaine d'exemplaires comme l avant-coureur d'un Species que nous préparons depuis plus de vingt-cinq ans nous avons proposé ce nom pour désigner la classe que composent les êtres vivant d'abord vaguement appelés Animalcules et improprement depuis Müller Infusoires. Nous ne reviendrions pas sur les motifs qui nous ont engagé à proposer ce changement de nom si parmi les personnes aux lumières desquelles nous avons soumis notre jpremier travail pour en obtenir des avis il ne s'en était trouvé une que nos raisons n'ont pas convaincue et qui nous écrivait à ce sujet: «Vous me permettrez Monsieur de vous témoigner ma surprise de l?eacute;trange préférence que vous donnez au nom de Microscopiques sur ceux d'Infusoires et d?Animalcules qui renferment des idées positives et plus déterminées; si tous les infiniment petits de la création avaient été compris dans votre traité l'insignifiance de votre désignation me choquerait moins; mais restreindre à une partie des êtres Microscopiques la valeur de cette appellation c'est bouleverser toutes mes idées grammaticales ff L'auteur de l'observation ajoute dans le même style qu'on ne saurait raisonnablement employer un adjectif comme nom propre en histoire naturelle. Déterminé que nous sommes à réformer ce qui serait hasardé dans nos publications nous ne demanderions pas mieux que de trouver une autre désignation plus capable de satifaire notre correspondant. Il suffira pour juger du peu d'importance que nous mettons au mot Microscopiques de lire ce que nous avons écrit au sujet de ce mot qui renverse toutes les idées grammaticales de notre critique. On y trouvera que ce nom si choquant avait été employé bien avant que nous l'eussions adopté; nous ne l'avons pas reçu comme bien bon mais comme moins insuffisant que tout autre; en effet les dénominations d'Amorphes et d'Agastraires proposées par un naturaliste du premier ordre (qui paraissant ne pas trop ajouter foi à l'existence des êtres dont il est question ne leur en donne pas moius des noms) ne sauraient être admises car si l'on en excepte les Amibes et quelques autres Microscopiques il en est parmi les moins compliqués dont la forme est peut-être plus déterminée et mieux arrêtée que celle des créatures des premières classes; et quant à la privation d'un estomac ou d'un tube alimentaire il serait téméraire de prononcer à cet égard; les verres grossissans qui nous font connaître les infiniment petits n'en multiliant sans doute point assez le volume pour permettre à notre faiblessed y apercevoir des organes qui peuventfort bien exister. On ne peut pas nier l'existence d'orcanes qui nous échappent dans les Microscopiques avec plus de fondement qu on aurait pu nier l'existence de ces êtres même avant l'invention du précieux instrument qui nous les révéla. Il enétait de même pour la dénominatioud'Infusoires qui renferme à la véritéune idée positive mais précisémentune idée positivement fausse: ce futle grand Müller qui la proposa; elle indiquerait des êtres se développant ou vivant dans les infusions seulement; cependant Müller lui-mêmeétait loin de lui donner une telle signification et ne renversait pasmoins toutes les idées grammaticales lorsque sur près de quatre cents prétendus Infusoires qu'il fit connaître il n'en était pas la sixième partie qui vécût dans les infusions tandis quele reste habitant les eaux pures meurt dans l'eau corrompue. Le nom d'Animalcule ne convenait pasdavantage; si nous nous en rapportons au Dictionnaire de l'Académie il signifie petit Animal; or la plupart des Acarides et beaucoup d'Insectes ainsi que les petits Polypes des Sertulaires sont autant que nos Microscopiques des Animalcules dans le sens oit l'entend le régu-

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lateur du langage. Ce root d'Animalcule peut renfermer une idée juste mçais à coup sûr non une idée positive suffisamment restreinte pour désigner une classe zoologique; car il est une époque de l'existence où tout être vivant quelle que soit sa taille et le rôle qu'il joue sur le globe n'est qu'un Animalcule. Nous devions donc préférer entre les noms impropres ou insuffisans usités jusqu?agrave; nous celui qui ne donnait pas d'idée fausse et nous nous sommes arrêté à un adjectif il est vrai quand on l'emploie conjointement à un substantif pour en préciser l'attribut mais qu'il n'était pas plus interdit en histoire naturelle d?eacute;lever à la dignité substantive que le root Quadrupède et tant d'autres. Nous eussions à la vérité pu construire un nom grec de six à nuit syllabes avec deux ou trois voyelles de suite pour trancher la difficulté; mais nous n'avons recours à de pareils moyens qui hérissent trop souvent le langage de la science que lorsque nous ne trouvons aucune autre ressource dans la langue qu'emploie tout le monde et qui suffit pour se faire comprendre. Le nom de Miçroscopique ayant d'ailleurs sa racine dans le bel idiome où notre critique peut puiser afin de nous en fournir le remplacement nous demandons pour l'amour du grec qu'on lui veuille bien faire grâce jusqu?à ce qu'on ait pu renfermer aans celui qu'on y substituera les caractères suivans qui sont ceux de la classe pour laquelle on veut absolument un nom substantif d'origine: Animaux invisihles à l?oelig;il désarmé dont un grossissement considérable peut seul révêler les formes plus ou moinstranslucides dépourvus de membres (les appendices ou queues qu'on aperçoit chezplusieurs ne pouvant être réputés tels); où l'on n'a pu encore découvrir d'yeux véritables même rudimentaires; contractiles en tout ou en partie; éminemment doués du sens du tact; se nourrissant par absorption; dont la génération paraît s'opérer par section ou par l?eacute;mission de gemmules quand elle n'est pas spontanée; vivant sans exception dans les eaux.

On nous accusera encore probablement de répéter dans cet article à peu près ce que nous avons dit ailleurs sur le même sujet: nous avons plus d'une fois eu occasion d'entendre certaines personnes reprocher à feu notre ami et collaborateur Lamouroux de reproduire dans ce Dictionnaire sur les Polypiers ce qu'il avait rapporté de ces Animaux dans ses précédens ouvrages et dans les excellens articles dont il enrichissait la belle Encyclopédie de la veuve Agasse; mais peut-on si aisément de trois ou quatre manières différentes rapporter les mêmes faits? tout le monde ne possède pas une telle faconde que la nature nous a complètement refusée. Il n'en est pas des sciences positives comme des choses d'imagination susceptibles d?ecirc;tre brodées en mille facons; on ne peut guère énoncer les vérités dont elles se composent que dans les mêmes termes a moins de se jeter dans ces déclamations où complaisent les auteurs qui tirent à la feuille ce que les rédacteurs consciencieux du présent livre se sont rigoureusement interdit.

Entre les Microscopiques se trouveront donc non-seulement des êtres qui n'offrent par leur forme aucun rapport apparent avec le reste des Animaux et qui ne paraissent être que des molécules agitées non encore asservies en apparence à un plan d'organisation parfaitement déterminé; mais on trouve chez eux les êtres par lesquels la nature semble s?ecirc;tre essayée à produire la vie pour la modifier ensuite en conséquence des formes qui une fois imprimées à la matière sont demeurées propres à transmettre ce précieux résultat de l'organisation. On trouve encore chez les Microscopiques non-seulement les ebauches où se reconnaissent les sources de diverses classes animales plus élevées encore celles de la végétation rudimentaire et primitive. Il sera donc

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essentiel désormais d'indiquer les embranche mens par lesquels on peul remonter des Microscopiques aux Acalèphes libres de Cuvier à ses Vers intestinaux qui sont devenus les Entozoaires de l'illustre Rudolphi aux Crustacés aux Radiaires et vers ces êtres ambigus qui tenant également de la Plante et de l'Animal ont mérité que nous leur appliquassions le nom de Psychodiaires. V. ce mot. Quand les Hommes auront trouvé des moyens plus efficaces d'observation que ceux dont ils se servent aujourd'hui il est probable que les genres de Microscopiques qui s'embranchent ainsi devront être déplacés et portéç dans la classe dont ils semblent être l'origine ou l'ébauche en miniature; mais nous avouons notre insuffisance pour prononcer sur un point de cette importance dans la classification des êtres; nous préférons laisser à des successeurs plus avancés dans la carrière le sein de lever nos doutes exposés de bonne foi que de nous hâter d?eacute;tablir quel-que système dont l'expérience ne confirmerait point les principes prématurément établis.

Avant de nous étendre sur les Microscopiques il devient indispensable de dire un root sur l'instrument qui remplace le fil d'Ariane dans le dédale de leur histoire et à l'aide duquel nous avons établi notre classification provisoire. Les anciens ne le connurent pas et lorsqu'il fut inventé on ne se doutait pas des grands changemens que son emploi devait tôt ou tard introduire dans la science. C'est à la Hollande que nous le devons. Deux grands physiciens Hartzoeker et Leuwenhoeck l'y inventèrent à peu près simultanément. Leur découverte ne fut pas d'abord appréciée comme elle méritait de l?ecirc;tre et les premiers observateurs qui marchèrent sur les traces des deux grands hommes n'y paraissent avoir d'abord cherché que des moyens de divertissement à peu près comme de nos jours on usa du kaléidoscope. Les instrumens dont on se servait étant d'ailleurs imparfaits on n'en obtint souvent que de mauvais résultats «et on était loin de se douter avons-nous dit ailleurs quand on discourait sur les prétendues plumes des Papillons sur les Anguilles du vinaigre qu'on figurait avec des têtes de Serpens sur des pates de Mouches ou sur des brins de soie effilée que les micrographes fussent parvenus vers les limites du néant de l?ecirc;tre et s'il est permis d'employer cette expression jusqu'aux confins de l'infini.ff Pour grossir les objets on employait de petites bulles de verre quelquefois remplies d'eau et l'ou regardait à travers ces lentilles grossières pour obtenir cinq ou six augmentations. Les lentilles se perfectionnèrent on les disposa de façon à ce que la lumière frappât de tout l?eacute;clat possible ce qu'on y soumettait; mais comme pour obtenir la plus grande quantité possible de cette lumière il fallait qu'on regardât dans le sens d'où elle venait les liquides étendus sur le porte-objet y coulant vers le bas des courans y entraînaient les objets flottans qu'on voulait observer et l'on ne parvenait que très-difficilement à saisir leurs caractères. Les lentilles ordinaires construites dans le système d'alors ne grossissant d'ailleurs que cinq ou six fois on eut l'heureuse idée d'en accroître la puissance au moyen d'autres lentilles ajoutées et dont le foyer coïncidait; mais c?eacute;tait sans cesse verticalement que se faisaient les observations de sorte qn'il était de plus en plus difficile d?eacute;viter des erreurs qui se multipliaient en raison du grossissement. Il fallut une patience admirable de la part de ceux qui employèrent les premiers de tels moyens pour en obtenir la moindre certitude; on parvint enfin à placer le porte-objet horizontalement en l?eacute;clairant de bas en haut au moyen d'un miroir réflecteur; alors le microscope fut un guide sûr et un instrument commode. On put bientôt en compliquant son mécanisme obtenir des grossissemens de deux à trois cents fois et enfin de mille avec la plus grande

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netteté Il arriva néanmoins qu'on n'avait d'augmentation qu'aux dépens de la clarté et de l?eacute;tendue du champ d'observation. Il était réservé à Selligue d'imaginer un appareil excellent à l'aide duquel les corps opaques eux-mêmes peuvent être soumis à la plus rigoureuse investigation. Les microscopes construits d'après les procédés de cet ingénieux mécanicien laissaient déjà peu à désirer quand l'opticien Vincent Chevalier fils (quai de l'Horloge n° 69 à Paris) qu'il ne faut pas confondre avec un soi-disant ingénieur du même nom y ajouta divers perfectionnemens nouveaux au-delàdesquels il serait difficile de rien trouver. On obtient par le secours du microscope de Selligue construit par Vincent Chevalier fils des résultats semblables à ceux que donne le microscope solaire avec cet avantage qu'on n'y voit pas seulement le simpie contour des corps devenus opaques comme aux ombres chinoises ou dans nos grossières lanternes magiques mais avec leurs moindres détails avec leurs teintes en un mot tels qu'ils sont réellement dans la nature. On a prétendu contester à Selligue le mérite de l'invention en avancant que son microscope existait bien avant qu'il en eût occupé l'Académie des sciences; il n'est pas douteux que le célèbre Euler n'eût indiqué des règles d'après lesquelles se pouvait construire l'appareil que nous recommandons au monde savant; mais Euler n'en avait pas réellement donné la composition; si d'après ses écrits il eût été facile de faire d'excellens microscopes l'usage s'en serait plus tôt répandu et l'on en eût communément trouvé chez les opticiens où ils ont été néanmoins jusqu'ici fort rares parce que très-peu d'artistes en savaient faire autrementue par routine. Il est au reste peu le grandes découvertes ou d'applications importantes des sciences exactes aux objets d'utilité dont on n'ait contesté la propriété aux inven teurs. N'a-t-on pas soutenu que Copernic et Christophe Colomb avaient dérobé la connaissance du véritable système céleste et du nouveau continent à quelques philosophes de l'anligue Grèce? Quoi qu'il en soit babitué depuis vingt-cinq ans à l'usage des microscopes ayant essayé de tous dès l?acirc;ge de quinze ans et nous étant arrêté pour nos observations les plus délicates à celui que nous avions fait nous-même construire vers 1800 par un fort habile opticien appelé Rochette nous avons malgré d'anciennes habitudes et les préventions qui en étaient résultées en faveur de notre propre instrument adopté le microscope de Selligue construit par Vincent Chevalier fils dès que nous l'avons counu.

Les mystères révélés par Leuwenhoeck paraissaient incroyables. Une classe de savans qui pour avoir appris beaucoup de choses n'en tiennent pas moins au vulgaire par plus d'un côté ou de ces esprits superficiels encore qu'éclairés qui font profession de mépriser ce qu'ils n'ont pas étudié préféreraient nier des vérités nouvelles au parti plus raisonnable de la vérification. De tels antagonistes alléguaient l'incertitude des résultats du microscope où chacun selon eux voyait à sa manière ou comme il voulait voir. Cependant les découvertes microscopiques furent attestées et accrues par Hill Baker Joblot Ledermuller Goëze Wrilberg Eichorn Gleichen Roësel Pallas Spallanzani Néédham et surtout O.-F. Müller; le grand Linné y ajoutait foi. Il était réservé à notre âge de s'en moquer et Voltaire en donna l'exemple: les Anguilles de la pâte et du vinaigre furent pour lui une source de plaisanteries qui ne valent pas mieux que celles qu'il a faites sur les Coquilles et que pour rendre ses Œuvres un monument aussi complet qu'admirable de raison et de vérité les éditeurs de cet ingénieux Protéc devraient faire disparaître dans leurs nombreuses réimpressions.

On est surpris de voir encore au-

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jourd'hui des hommes qu'on place aux sommités de la science alléguer contre les observations microscopiques les raisonnemens rebattus des premiers détracteurs de ces observations. De ce qu'ils n'ont pas daigné apprendre à voir à travers des verres grossissans ils concluent qu'on n'y saurait rien distinguer; ils oublient que leurs yeux eurent besoin d'un long exercice et de la régularisation par le tact pendant la durée de leur enfance pour reproduire en eux l'image des objets tels qu'ils sont et ne veulent pas en modifiantles moyens de vision s'astreindre à l?eacute;tude d'une nouvelle manièred'apercevoir les choses. Ayant jeté quelques regards comme au hasard à travers des instrumens imparfaits ou mal construits qui ne donnaient rien d'arrêté ils supposent toujours que les microscopes sont trompeurs et d'après les moindres contradictions plus apparentes que réelles qui se trouvent chez les anciens micrographes ils persistent à répéter que ceux-ci n'ont pas bien vu. Il est vrai qu'un microscope mal fait peut être une source d'erreurs; mais de bons instrumens bien faits tels que ceux dont nous avons l'habitude sont d'un usage aussi commode que certain et l'on y reconnaît les objets portés à des grossissemens énormes avec tant netteté que nous avons constamment trouvé voir comme nous des personnes entièrement étrangères à toute espèce d'investigation de ce genre quand nous les avons appelées au spectacle merveilleux que montre le microscope. Des gens dé la plus grossière ignorance et qui ne se doutaient pas de l'existence des verres grossissans ont vu tout aussi bien que nousméme nos petits Animaux et partagé notre admiration. Il suffit d'un peu d'habitude pour échapper à l'influence des moindres causes d'erreurs. Les irisations peuvent en produire il faut pour n'y jamais être trompé s'exercer à faire agir le miioir réflecteur sur le porte-objet afin d'y varier les inflexions de la lumière. Des courans semblables à ceux d'une rivière agissant dans une direction commune ou dans vingt sens divers peuvent donner encore une apparence de mouvement à ce qui n en a pas mais on ne tardera point à reconnaître ce qui tient à l'effet de tels courans. L'évaporation peut aussi produire des anomalies sur le liquide où nagent les corps observés mais il sera bientôt facile à l'observateur de faire la part de cet agent. Le plus grand inconvénient que présentait pour nous l'emploi de la lentille d'un quart de ligne qui nous a donné le grossissement certain et le plus considérable était l'extrême rapprochement de celle lentille et des corps observés; il résultait de ce rapprochement que la surface de l'eau en vertu d'une attraction exercée par la forme globuleuse de la lentille s'y appliquait et la venant humecter jetait le trouble dans les plus belles observations à l'instant ou nous allions saisir quelque fait nouveau. On est parvenu à remédier à ce malheur en plaçant la goutte où nagent les Microscopiques entre deux lames de verre très-minces; il reste entre elles assez de place pour que les Animalcules y puissent nager en tout sens même en plongeant et le petit océan ne mouille plus la lentille. D'ailleurs dans le microscope nouveau on n?eacute;prouverait guère un tel inconvénient la multiplication des grossissemens s'opérant au moyen de la combinaison des oculaires et la lentille la plus forte demeurant toujours à une distance assez considérable du porte-objet. Cet avantage énorme n'a point été assez apprécié par les membres de la commission de l'Institut chargés d'examiner le microscope dont nous désirons voir se répandre l'usage; on n'a guère admiré que la grandeur des proportions obtenues dans la transparence des objets et jusque pour l'observation des corps opaques quand c?eacute;tait l?eacute;loignement et la fixité du porteobjet qui méritaient surtout les plus grauds éloges. Avec le nouveau mi-

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croscope nous sommes parvenu à voir sans difficulté et sans être exposé à les perdre de vue par collement à la lentille les plus petits Animacules précisément de la grosseur qui leur fut donnée dans les belles planches de Müller. Jusque-là nous n'y étions arrivé qu'avec les plus grands efforts de patience ce qui nous fait supposer que la plupart des micrographes avaient coutume d'exagérer un peu leurs figures pour en rendre plus appréciables les contours et les caractères. C'est selon nous un excès dans lequel on ne doit jamais retomber et qui introduit une cause d'erreur de plus dans un genre de recherches où l'on ne saurait trop recommander de circonspection et de fidélité dans les moindres détails l?eacute;paisseur d'un cheveu devenant de la plus haute importance dans les proportions des corps soumis aux recherches microscopiques.

Jusque vers le milieu du siècle dernier et depuis l'invention du microscope il faut en convenir on s?eacute;tait occupé sans méthode de la Micrographie: ce fut Müller savant Danois qui en fit enfin une science. Son Histoire des Vers et son Prodrome de la Zoologie Dauoise furent les premiers essais que ce réformateur livra au public. Gmelin s'empara de la totalité de ses travaux et dans la treizième édition du Systema Naturæ où l'ordre des Lithophytcs fut réuni à celui des Zoophytes sous ce dernier nom un cinquième ordre appelé INFUSOIRES compléta enfin en la terminant la classe des Vers. On ne possédait que peu de figures la plupart grossières de tant d?ecirc;tres ajoutés au catalogue des etres vivans et qui ne sauraient être réputés connus qu'autant qu'on en a parfaitement constaté l'existence par de parfaites représentations. Le magnifique Traité intitulé: Animalcula Infusoria fluviatilia et marina parut en 1786. On y trouve cinquante planches offrant d'excellentes images de trois cent soixante-dix espèces gravées sous diverses faces. Bruguière en enrichit plus tard l'Encyclopédie Méthodique en y ajoutant les figures que Müller n'avait pas reproduites dans sa Zoologie Danoise et quelques planches non moins exactes empruntées de Roësel. La quarantesixième livraison de cette importante collection contient conséquemment ce qui existe jusqu'ici de plus satisfaisant sur les Microscopiques. On y trouve dans quatre-vingt-trois pages de texte à deux colonnes un species explicatif de vingt-huit planches contenant près de onze cents figures où sont représentées trois cent quatre- vingt-cinq espèces vues de tous les côtés.

Müller instituant une classe nouvelle la divisa en dix-sept genres de la manière suivante:

ORDRE Ier. Sans nuls organes extérieurs.

* Epaissis.

1. Monas; corps punctiforme (10 espèces).

2. Protæus corps variable (2 espèces).

3. Volvo:x; corps sphérique (12 espèces).

4. Enchelis; corps cyliudracé(2 espèces).

5. Vibrio; corps allongé (31 espèces).

** Membraneux.

6. Cyclidium corps ovale (10 espèces).

7. Paramæcium; corps oblong (5 espèces.)

8. Kolpoda; corps sinueux (16 espèces)

9. Gonium; corps anguleux (5 espèces.

10. Bursaria; corps excavé (5 espèces).

ORDRE II. — Ayant des organes externes.

* Nus.

11. Cercaria; glabres ayant une queue (22 espèces).

12. Trichoda; velus ou ciliés (89 espèces).

13. Kerona; ayant des appendices corniculés (14 espèces).

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14. Himantopus; ayant des appendices cirreux (7 espèces).

15. Leucophra; velus à toute la surface (26 espèces).

16. Vorticella; ciliés à l'orifice (75 espèces).

** Munis de test.

17. Bracàionus ciliés à l'orifice (22 espèces).

Gmelin qui publia son sixième volume avant l'apparition du travail posthume de Müller et qui n'avait eu pour guide dans sa compilation que les premiers essais de ce grand naturaliste ne mentionne dans un ordre contraire c'est-à-dire descendant que les genres Brachionus Vorticella Trichoda Cercaria Leucophra Gonium Colpoda (Kolpoda) Paramœcium Cyclidium Bursaria Vibrio Enchelis. Bacillaria (compris depuis dans le genre Vibrio de Müller) Voluox et Monas. De tels genres étaient la plupart insulffisans. Dès l'an 1815 le savant Lamarck avait senti la nécessité de réformer la méthode de celui qui ayant ouvert la route n'avait pu y marcher d'un pas sûr. En adoptant la classe des Infusoires comme la première de sa méthode il caractérisa de la sorte les êtres qu'il supposa y devoir demeurer: Animaux Microscopiques gélatineux transparens polymorphes contractiles; n'ayant point de bouche distincte aucun organe intérieur constant déterpninable; où la génération est fissipnre ou subgemmipare. a Ainsi poursuit celui que nous appelons à juste titre le Linné de la France ces Animaux n'ayant point de bouche point de sac alimentaire ne se nourrissent que par l'absorption qu'exercent leurs pores extérieurs ou par imbibilion interne; ainsi leur organisation qui est la plus simple de toutes celles qu'offre le règne animal présente par son caractère un degré particulier qui les distingue éminemment de tous les autres Animaux. Je me suis assuré qu'il en existe de semblables; car j'en ai observé moi-même plusieurs: et quand même il n'en existerait qu'un petit nombre j'en eusse fait une classe à part d'après la considération du caractère éminent qui la distingue. ff (Anim. sans vert. T. I p. 393.) Lamarck a donc établi une première classe des Infusoires d'où il repousse toutes les espèces où l'on peut distinguer la moindre complication. Il forme pour ceux où se montrent déjà des poils ou cirres addition organise très-importante l'ordre premier de sa seconde classe sous le nom commuirde Polypea ciliés(T.11 p.18). Réunissant les Kérones avec les Himantopes eu un seul genre divisant au contraire les Cercaires en deux sa classe première répond à peu près aux quinze premiers genres de son prédécesseur; elle est divisée en deux ordres: celui des Infusoires nus et celui des Infusoires appendiculés. En reconnaissant l'excellence de telles bases nous devons cependant faire remarquer combien les Animaux appelés Polypes ciliés qui forment bien réellement un ordre au moins dans la nature sont déplacés parmi les Polypes dont l?eacute;tymologie du nom est dans le grand nombre de pieds ou appendices qui furent primitivement comparés à des pieds.

Cuvier (Règn. Anim. T. IV p. 89) ne forme des Infusoires qu'une division de son quatrième embranchement des Animaux qu'il appelle Zoophytes ou Animaux ray onnés. Sans examiner si le nom de Zoophytes (Animaux Plantes) convient à la généralité des êtres que le savant professeur considère comme formant son quatrième embranchement nous pouvons assurer que le nom de Rayonnés ne peut sous aucun prétexte convenir à nul de ces véritables Infusoires de la première classe de Lamarck où ne se reconnaissent ni cirres ni tentacules ni membre ni quoi que ce soit donton puisse inférer le moindre rapport avec un organe rayonné quelconque. Cuvier paraît d'ailleurs avoir rejeté la cinquième et dernière classe de son quatrième embranchement à la fin de son ex-

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cellent ouvrage sans attacher beaucoup d'importance aux êtres qu'il y comprend; et comme fatigué par l'immensité de son travail il s est borné en diminuant arbitrairement le nombre des genres qu'il n'avait probablement pas examinés dans la nature même à conserver la section des Rotifères de Lamarck en l?eacute;levant à la dignité d'ordre appelant Infusoires homogènes tous ceux où l'on ne reconnaît pas d'organe distinct. Il extrait en outre les Vorticellés de sa dernière classe pour les reporter dans le voisinage des Polypes à bras rendus célèbres par les travaux de Trembley mais qui n'y ont guère de rapport. Nous étant dès notre première jeunesse habitué à l'usage du microscope; n'ayant cessé depuis d'employer en tous lieux cet instrument pour la recherche des êtres singuliers qu'il décèle; certain par les dessins sans nombre que nous en avons faits et d'après des notes que nous en avons tenues de la constance des formes qui s'y manifestent peu des Animaux décrits par Müller ou par les autres micrographes nous ont échappé nous en avons découvert un nombre bien plus considérable qu'on n'en avait trouvé et sur tant de faits acquis nous avons essayé de former dans l'Encyclopédie par ordre de matières une classification qui nous semble la moins imparfaite entre celles qui furent jusqu'ici Proposées. Nous l'avons suivie et nous nous proposons de la suivre désormais dans les articles de ce Dictionnaire qui traiteront des genres de Microscopiques tels que nous pensons qu'ils doivent être établis. Cette méthode est exposée dans le tableau cijoint. Les caractères de chaque ordre de chaque famille et de chaque genre qui s'y trouvent contenus seront établis avec plus de développement dans les articles respectifs qui seront consacrés à ces genres à ces familles et à ces ordres. Nous entrerons ici dans quelques détails sur les mots seulement qui ont été omis dans le cours de notre Dictionnaire et que l'ordre alphabétique ne doit pluff amener.

GYMNODÉS. Ce premier ordre de notre classe des Microscopiques répond à la classe entière des Infusoires de Lamarck. L?eacute;tonnante simplicité des êtres qui le constituent n'est pas ce qui paraît encore le plus singulier dans l'existence de ces êtres. On n'y saurait distinguer la moindre trace d'organes internes. Comme formés de matiere muqueuse et de matière agissanté seulement pénétrés de corpuscules hyalins dus à ce que nous appelons forme vésiculaire (V. MATIERE) leur masse est parfaitement diaphane et nage souvent avec la plus étonnante rapidité dans toutes les directions sans qu'on puisse distinguer même à l'aide de prodigieux grossissemens par quel mécanisme une telle natation se peut opérer. Ces êtres se déterminant dans leurs mouvemens pour une direction plutôt que pour une autre évitant en tournant les obstacles selon qu'il est nécessaire sachant fort bien discerner à mesure que l'eau qu'ils habitent s?eacute;vapore les points où ils pourront prolonger leur existence parce qu'il y reste de l'eau plus long-temps; cherchant en général à s'abriter du jour trop brillant que porte sur eux le miroir réflecteur ces êtres disons-nous sont bien évidemment doués de volonté et cependant la volonté ne peut résulter que d'un mode de raisonnement déterminé par la faculté de percevoir et de comparer l'effet des perceptions.

Tout être qui agit spontanément et avec intention d'agir est beaucoup plus avancé dans la vie que ne l'ont imaginé ceux qui parce qu'ils n'enstrevoyaient pas de traces de système nerveux dans certains êtres en ont conclu que de tels êtres privés de nerfs étaient insensibles comme si la sensibilité première attribution de la vie animale ne pouvait résulter absolument que de la présence d'un système nerveux. Cependant nos Gymnodés qui sentent ne sont pas les seules créatures évidemment vi-

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vantes qui soient privées de ce qu'on veut être la raison de tout sentiment: des êtres déjà très-compliqués par l'addition d'organes visibles soit externes soit internes manquent aussi de nerfs. Nous pouvons affirmer n'avoir rien vu même d'analogue dans les Hydres ou Polypes d'eau douce dont personne ne saurait aujourd'hui contester la sensibilité exquise et la plupart des très-grands Animaux Médusaires que nous avons eu occasion de disséquer vivans n'en présentent pas davantage encore qu'on ait cru en avoir trouvé dans leurs pareils. En suivant dans ses complications le développement des Microscopiques on croit reconnaître au contraire que l'apparition d'un système nerveux est l'une des dernières. A la simplicité parfaite des Gymnodés viennent s'ajouter bien avant la moindre apparence de réseau et de ganglions nerveux l'intestin ou du moins évidemment ce qu'on doit considérer comme l'ébauche de cet organe; l'ébauche d'une ouverture buccale vient plus tard encore. Beaucoup d?ecirc;tres vivans parcourent toutes les périodes de leur existence sans la moindre apparence d'aucune autre modification. Les cils et poils cirreux qui nous semblent préparer un système additionnel destiné à la respiration viennent après l'intestin et l'ouverture buccale et se compliquant en vibratiles et rotatoires complètent le système par lequel l'air est appelé à jouer un si grand rôle dans l'exercice de la vie; le développement d'un très-grand nombre de Microscopiques s'est arrêté là. Après l'importante introduction des cirres vibratiles et des rotatoires propres à la respiration vient celle d'un système circulatoire et le cœur se montre; de sorte que l?eacute;bauche intestinale et buccale est bientôt suivie de l'ébauche respiratoire et celle-ci de la circulatoire. Alors les êtres qui tant qu'il n'existait pas en eux de centre d'action vitale pouvaient être le résultat de générations spontanées ou dans lesquels la reproduction avait lieu par divisions ou boutures deviennent indivisibles et soumis à un mode de génération gemmipare qui est encore une ébauche; ils cessent d'être tomipares; des propagules internes commencent à s'y reconnaître; une sorte de système nerveux devient dès-lors indispensable pour ajouter une sensibilité plus puissamment excitative à l'ensemble constitutif de créatures dont la reproduction dépendra désormais de l'attrait qui porte un sexe vers l'autre.

Long-temps on ne conçut pas de propagation sans sexes: il a bien fallu se rendre à l?eacute;vidence et admettre l'existence de créatures agames: aujourd'hui encore on ne conçoit pas de perceptions sans nerfs; il faudra finir par admettre un mode de perception qui ne nécessite pas de nerfs. L'idée de générations spontanées révolta d'abord de très-bons esprits et le microscope en démontre pourtant l'existence. Ces assertions seront sans doute traitées légèrement par la presque totalité des savans qui ayant formé leur manière de voir d'après l'examen de créatures où des nerts et des sexes sont incontestables ne sauraient consentir à ne pas avoir tout connu; mais lorsque l'habitude des observations du genre de celles où nous nous sommes long-temps et patiemment exercé sera très-répandue et que pour étudier la nature on adoptera la marche du simple au composé force sera de ne les plus trouver absurdes. Dans les Gymnodés où la vie n'est pour ainsi dire encore qu'un cas fortuit une seule molécule presque insécable peut être un Animal complet. Les admirables lois créatrices qui ont fait de celle molécule une Monade Monoas agissant pour son compte peuvent élever le même être à un degré de complication où d'autres molécules internes exerceront par leur réunion une vie collective sans que cette vie Collective détruise la vie individuelle que reprend chaque partie constitutrice lorsqu'une cause quelconque vient à l'individualiser. Le fait est avéré: Müller l'a vu nous l'avons vu

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vingt autres observateurs l'ont également vu; les Pandoriues le présentent à chaque instant. Lorsqu'une complication de plus telle que l'épaississement de notre matière muqueuse dans laquelle se trouvent agglomérées des molécules vivantes ne permet plus à celles-ci de se dégager que des bulles de matière vésiculaire s'y viennent mêler et qu'une membrane vient emprisonner l'ensemble qui résulte de tels mélanges un Animal complet provient de cette merveilleuse complication: nulle molécule ne s'en peut plus dégager sous peine de la vie; et pour se reproduire l?ecirc;tre ainsi composé n'a plus que la voie du dédoublement ou de la séparation en parties égales d'où résultent deux Animaux pareils à celui dont ils furent des moitiés. L'histoire des Gymnodés ne va pas plus loin et pour n?ecirc;tre pas composée de faits nombreux elle n'en est pas moins digne d'admiration parce que son étude permet peut-être à la persévérance humaine l'espoir de soulever le voile mystérieux qui nous cache les plus importans secrets de la nature.

Ce qui concerne les Trichodés les Stomoblépharés et les Rotifères troisième quatrième et cinquième ordres de la classe des Microscopiques n'ayant point encore dû trouver place dans notre Dictionnaire sera traité lorsque l'ordre alphabétique amènera ces roots. Mais il devient nécessaire de traiter encore sous le rapport des généralités ce qui concerne te cinquième dont il n'a pas été question.

CRUSTODÉS. Nous avions long-temps regardé tous les Animaux à qui ce nom peut convenir comme formant une seule famille dont nous nous occupâmes à l'article BRACHIONIDES. Mais les Brachionides dans l?eacute;tat de nos connaissances accrues ne peuvent plus former qu'une simple famille de cet ordre important où les Miscroscopiques ayant reçu toutes les additions organiques que peut contenir leur excessive petitesse s?eacute;lèvent vers le grand embranchement des Articulés par les Crustacés dont ils sont comme des ébauches en miniature. Un test capsulaire univalve ou bivalve invariable dans ses formes spécifiques a fixé les limites d'un être qui ne se pourrait plus dédoubler ni diviser sans mourir aussitôt. C'est alors que des moyens de reproduction nouveaux devenaient indispensables et des propagules internes dout la forme approche déjà rudimentairement des ovaires qu'on distingue dans les Entomostracés viennent compléter l'organisation mais ne constituent néanmoins pas encore de véritables Ovipares. Il en est de ce mode de reproduction comme de celui qui s'opère par des gemmules organes qui dans les Cryptogames complètement privées de sexe ne peuvent être considérés comme des graines dans l'acception que la botanique donne à ce mot encore que ces gemmules ressèment les Végétaux dont ils sont sortis.

On dirait que dans le test des Crustodés la nature a voulu essayer les formes des enveloppes plus résistantes et souvent si bizarres des Malacostracés. Les Animaux compris daus cet ordre sont généralement un peu moins petits que ceux des trois premiers mais moins grands que la plupart de ceux qui constituent celui es Rotifères. L'aspect que leur donne le test dont ils sont protégés les rend reconnaissables au premier coup-d?oelig;il; mais nul autre caractère que ce test protecteur si ce n'est un facies particulier et des habitudes semblables dont la vivacité forme le fond ne les unit intimement. Ainsi les uns présentent des organes rotatoires très-complets d'autres de simples cirres vibratiles et il en est de parfaitement glabres dans toutes leurs parties. Ceux-ci sont munis de queues ou d'appendices caudiformes; ceux-là ne portent d'appendices d'aucune espèce; aucun cependant n'est polymorphe dans l?eacute;tendue du mot. Le corps de la plupart toujours composé de molécules entre lesquelles ne se distinguent pas de muscles et

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qu'on aperçoit dans la transparence des enveloppes est à la vérité plus ou moins contractile dans sa petite prison; mais sa forme est déjà symétrique. La plupart présentent parmi d'autres ébauches d'organes internes qu'on peut diviser en régions analogues à celles dont les empreintes existent sur la carapace des Crustacés complets; la plupart disons-nous présentent un cœur bien évident qu'on avait cru mal à propos être l'organe de la déglutition. La position interne de ce cœur d'essai la rapidité de son agitation où l'on reconnaît les mouvemens de systole et de diastole outre une coloration prononcée indiquent des fonctions bien différentes; mais les Crustodés ont évidemment une bouche et un intestin où la dilatation par plénitude est souvent très-visible: aussi la plupart vivent-ils évidemment de proie; l'absorption à laquelle leur armure s'oppose sur la plus grande partie de leur surface ne suffisant d'ailleurs plus pour les substanter. Trois familles se groupent dans l'ordre des Crustodés.

† Les Brachionides. Les modifications que nous avons fait subir à cette famille sont suffisamment indiquées dans le tableau ci-joint et ne changent rien à l'exactitude de ce que nous en avons déjà dit au T. 11 de ce Dictionnaire.

†† Les Gymnostomées sont totalement dépourvues de rotatoires et de cirres vibratiles; ce sont des Brachionides imberbes. Mais elles n'en sont pas moins des êtres fort éloignés dans l?eacute;chelle de l'organisation des Gymnodés glabres comme elles. Leur complication est déjà fort grande. On y voit un orifice buccal très-distinct et non-seulement un appendice caudal s'y reconnaît mais cet appendice est évidemment articulé tandis que le test s'y prononce de plus en plus.

††† Les Citharoïdes out des cirres soit à l'extrémité antérieure seulement soit aux deux extrémités mais on n'y distingue pas de queue. Elles semblent former le passage des Kérones de l'ordre des Trichodés aux véritables Brachionides; le genre Anourelle qui appartient aux Citharoïdes a déjà été décrit; mais c'est à tort que nous lui avions attribué des rotatoires complets. Les cirres vibratiles n'y sont bien certainement disposés qu'en faisceaux. Le genre Plœsconie qui appartient à cette famille nous occupera en son lieu; il nous reste à parler du genre Coccudine que nous avions omis.

COCCUDINE Coccudina. Le quatre-vingt-deuxième et dernier de notre tableau ce genre a pour caractères: un corps moléculaire adhérent au fond d'un test cristallin évidé et libre sur les bords en forme de petit capuchon comme une Patelle l'est dans sa coquille; l'Animal peut employer les deux faisceaux de cirres dont il est muni l'un antérieurement l'autre postérieurement pour nager et pour marcher ce qu'il fait à la manière des Insectes aquatiques sur les corps inondés lorsqu'il s'applique en retirant les organes vibratiles en dedans contre les Plantes des marais ou contre tout autre corps mis en infusion: on dirait un petit Coccus. Nous citerons comme exemples dans ce genre: le Coccudina Keronina N.; Kerona Patella Müll. Inf. t. 33 f. 16 17; Encycl. pl. 18 f. 1-4; et le Coccudina Cimex N.; Trichoda Müll. Inf. pl. 22 f. 21 23; Encycl. pl. 17 f. 15 qui est la petite Araignée aquatique de Joblot pl. 10 f. 15.

Nous avions encore omis dans les précédens volumes de ce Dictionnaire les genres suivans:

GYGES Gyges. Les caractères qui placent ce genre parmi les Volvociens consistent dans la forme sphérique ou ovoïde du corps au centre duquel sont agglomérées lesmolécules constitutrices qui semblent être réunies dans un globe interne plus petit que l'enveloppe extérieure au centre duquel on le dirait suspendu de sorte qu'il demeure dans quelque position que l'Animal prenne un anneau trans-

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lucide à son pourtour. Les espèces du genre Gyges diffèrent des Vol voces par cet anneau remarquable; ils en ont du reste les habitudes et se trouvent aux mêmes lieux. Nous citerons comme exemples: le Gyges viridis N.; Encycl. Dic. n° 2; Volvox Granulum Müll. Inf. pl. 3 fig. 3; Encycl. pl. 1 f. 2 et le Gyges Encheloides N.; Encycl. Dic. n° 3; Enchelis similis Müll. pl. 4 f. 4 5; Encycl. pl. 2 f. 5.

HIRONDINELLE Hirundinella. Les caractères de ce genre qui le placent dans la famille des Bursariées sont: corps membraneux concave inférieurement avec une demi-cloison membraneuse qui régnant à l'extrémité inférieure de l'excavation rappelle la forme des Coquilles du genre Navicelle (Lamk.) vues au-dessous. Mais là les extrémités s'allongent en pointe entre deux petits appendices latéraux prolongemens de la substance même de l'Animal dont la figure étrange rappelle celle des cerfs volans de papier dont s'amuse l'enfance. Nous n'en connaissons qu'une espèce; elle est perceptible à l?oelig;il nu c'est l'Hirundinella quadricuspis N. Encycl. Dic.; Bursaria Hirundinella Müll. Inf pl. 17 f. 9-12; Encycl. pl. 8 f. 9-11.

CRATÉRINE Craterina. Ce genre comme le précédent appartient à la famille des Bursariées; il a pour caractères un corps membraneux cylindracé complètement urcéolé. Les Cratérines sciaient de véritables Urcéolaires si leur orifice était cirreux; on dirait des enveloppes vivantes d'Animaux qui semblent manquer dans leur intérieur. Les principales espèces sont: 1° Craterina margarina N. en coupe ovale obtuse au côté fermé tronquée du côté ouvert; nageant assez vivement indifféremment en avant ou en arrière mais plus souvent par le côté buccal; tournant aussi sur elle-même dans le sens de sa longueur; formée de molécules rondes distinctes longitudinalement sériales en côtes de Melon et en même temps disposées en anneaux circulaires d'une manière plus ou moins distincte; sa couleur est d'un gris tirant sur le blond; nous l'avons trouvée parfois dans de l'eau où nous élevions des Oscillaires; 2° Craterina Lagenula N. Urinal de Joblot pl. 8 f. 2 et Bouteilles dorées du même auteur pl. 8 f. 4-5 pl. 7 f. 13. Obronde légèrement contractile s'amincissant en cou antérieurement où elle est ouverte et far où elle s'applique quelquefois à de petits corps étrangers qui la bouchent et qu elle emporte avec elle en nageant. Elle se trouve dans plusieurs infusions végétales particulièrement dans celles de Céleri; 3° Craterina Stentorea N. Joblot pl. 7 f. 6. Oblongue conique amincie postérieurement tantôt en pointe tantôt obtuse; s?eacute;vasant souvent beaucoup antérieurement ou se rétrécissant parfois en cou de bouteille; la plus variable et la plus simple de toutes par sa transparence elle se trouve comme la précédente dans les infusions de Céleri. L'Enchelis viridis Müll. Inf. pl.4 f. 1; Encycl. pl. 2 f. 1; et l'Enchelis fritillus Müll. 9 pl. 4 f. 22 23; Encycl. pl. 2 f. 9 appartiennent encore au genre Craterina.

CÉPHALODELLE Cephalodella. Corps musculaire comme vaginé se plissant selon les divers mouvemens de l'Animal à l'extrémité antérieure duquel se forme un étranglement qui en sépare comme une sorte de tête à laquelle ne se distingue néanmoins encore ni orifice buccal ni apparence de cirres. Un appendice caudiforme bifide place ce genre dans la famille des Urodiéei; on en trouve les espèces indifféremment dans les eaux douces ou dans celles des infusions. Nous citerons comme exemple le Cephalodella Catesimus N.; Furcocerca Lamk. An. sans vert. T. 1 p. 448; Cercaria Müll. Inf t. 20 f. 10; Encycl. pl. 9 f. 22 23 et le Cephalodella Lupus N.; Furcocerca Lamk. loc. cit.; Cercaria Müll. pl. 20 f. 14 17; Encycl. pl. 9 f. 26 29.

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Le genre EZÉCHIÉLINE pouvant être considéré comme le type de la famille des Rotifères sera traité à l'article où il sera question de ces Animaux. Il suffit pour le moment afin de détruire une erreur qu'on essaie de nouveau d'accréditer de signaler la résurrection des Rotifères desséchées comme une fable dans toute l?eacute;tendue du mot. Il n'est pas moins radicalement faux que ces Auimaux soient ries larves; ce que Spallanzani appelait Tardigrade en peut être une mais quiconque l'avancerait des Rotifères pour en avoir trouvé une ou deux fois dans sa vie s'exposerait à se voir démenti par le micrographe le moins exercé

Quant aux familles nouvellement établies des BURSARIÉES et des KOLPODINÉES ce qui en est rapporté dans notre tableau ainsi qu à l'histoire des genres qui s'y groupent suffira pour les faire connaître sans que nous entrions dans de plus longs détails.

Outre les Microscopiques que nous sommes parvenus à soumettre à l'ordre méthodique exposé dans le tableau ci-joint il en existe dans plusieurs auteurs qui nous ayant jusqu'ici échappé n'ont pu rentrer dans aucun de nos genres; nous en recommandons la recherche aux micrograpbes parce qu'ils nous paraissent fort extraordinaires. Tels sont:

1° Ce que Gleichen a figuré plusieurs fois sous le nom de Jeux de nature et de Balles ramées. On dirait des individus de Monas Punctum ou Ballas placés à la distance de deux ou trois fois leur diamètre et unis par des corps filiformes qui les tiendraient assujettis comme pour former un Animal double.

2° Ce que le même auteur appelle Chaos ou Informes et que constitue noe masse sans figure déterminée; composée de molécules confuses et inégales où l'on ne voit rien qui puisse faire supposer une organisation quelconque mais qui cependant n'en manifeste pas moins tous les indices de la vie allant venant et nageant en tous sens.

3°. Le Volvox Lunula de Müller Inf. p. 7 t. 3 f. 11; Encycl. pl. 1 fig. 6. Corps hémisphérique composé de corpuscules cristallins parfaitement translucides en forme de croissant et dont le nombre est considérable. Cette singulière créature manifeste un mouvement double c'est-à-dire que la masse et la molécule s'y agitent indépendamment l'une de l'autre.

4°. Le Vorticella cincta du même auteur p. 256 pl. 35 f. 5 6 A B; Encycl. pl. 19 f. 6 9. Sorte de cupule mouvante bivalve dépourvue de cirres et que nous ne pouvons rapporter à nulle de nos divisions d'ordre.

Quant aux VORTICELLES composées ou simplement pédicellées figurées dans l'immortel ouvrage du savant Danois (planches 44 45 et 46) ainsi que dans les planches 24 25 et 26 de l'Encyclopédie elles n'appartiennent pas à la classe des Microscopiques dont elles s?eacute;loignent même beaucoup quoiqu'elles y confinent avec les Urcéolaires. Simples Végétaux durant une partie de leur existence elles produisent à certaines époques de leur développement des boutons qui au lieu de s?eacute;panouir en fleurs deviennent de véritables Animaux communiquant leur faculté vitale aux rameaux qui les produisirent. Devenus adultes ou mûrs; car ces deux expressions conviennent également ici ces AnimaUx-Fleurs se détachent de leur pédoncule au temps qui leur est prescrit pour jouir enfin d'une liberté absolue; on ne saurait qu'arbitrairement contraindre de telles créatures Plantes durant la moitié de leur existence Animaux durant l'autre à rentrer dans l'un des deux vieux règnes adoptés par les naturalistes pour renfermer la totalité de la création organique. Cette manière le de voir est encore l'une de celles contre lesquelles s'élèvent divers naturalistes qui n'ayant pas eu l'idée d?eacute;tablir un règne de plus ne consentiront que difficilement à l'adopter; mais il arrivera une épo-

TOME X. 35

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que où les observateurs jugeant d'après les faits l'adopteront. Alors on prétendra qu'elle ne fut pas de nous et que nous l'avions puisée dans les écrits même de ceux qui l'auront combattue; qu'importe elle n'en est pas moius dans la nature? en attendant on nous a déjà assez vivement reproché d'avoir voulu exclure du catalogue des Animaux telle ou telle Vorticelle par la raison que jusqu'ici ccs Vorticellaires a vaient été classées dans le règne animal et qu'on les avait vues courir fréquemment et vivement sur le porte-objet du microscope. Nous n'essaierons pas de contester que les V orticella cyuthina putrina et patellina par exemple ne vivent d'une manière parfaitement décidée à certaine époque de leur durée et dans toute l'étendue du mot vivre mais comme il nous est démontré que le développement du pédicule y précède le globule animé et qu'avant que celui-ci ait apparu ce pédicule constitue un véritable filet byssoïde végétant nous ne voyons pas à quel titre on rayerait plutôt ces Vorticelles du règne végétal que du règne animal. Il faut les laisser selon leur âge dans chacun des deux règnes ou ne les laisser ni dans l'un ni dans l'autre il n'y a qu?agrave; choisir. Nous reviendrons sur ce point au mot PSYCHODIAIRE.

On pourrait être surpris de nous voir terminer cet article sans y dire un mot des lueurs de la mer que l'on attribue communément à ses nombreux Microscopiques; ce aui est encore une erreur matérielle. Nul doute qu'il n'existe dans l'Océan beaucoup d'Animalcules des Crustacés et même de gros Animaux très-phosphorescens qui contribuent à son éclat nocturne comme il existe des Lampvres et des Taupins qui brillent sur la terre et dans les airs en contribuant à la beauté des nuits de nos campagnes sans que néanmoins ces petites bêtes soient les causes du clair de lune. Ce point a été éclairci à l'article MER. V. ce mot. (B.)

* MICROSEMMA. BOT. PHAN. Genre de la Polyandrie Monogynie L. récemment établi par Labillardière (Sertum Austro-Caledonicum pan secunda p. 58) qui lui a imposé les caractères suivans: calice persistant à cinq ou rarement à six folioles dont trois placées sur une rangée intérieure; coronule pétaloïde formée de dix à douze pétales distincts; étamines nombreuses (environ trente) hypogynes à filets légèrement soudés parla base et à anthères biloculaires réniformes; ovaire globuleux supère surmonté d'uu style simple et d'un stigmate à cinq ou six lobes; capsule ovée à dix ou douce loges et à autant de valves qui portent les cloisons sur leur milieu; graines solitaires dans chaque loge fixées au sommet des valves contenant un périsperme charnu et une radicule supère infléchie sur les cotylédons foliacés. Ce genre est rapporté par son auteur qui en a donné une excellente figure à la famille des Ternstrœmiacées; et il est nommé Microsemma à cause de sa corolle en petite couronne pétaloïde.

Le Microsemma salicifolia Labill. loc. cit. tab. 57 est un Arbrisseau des îles de la mer du Sud dressé à branches nombreuses cylindriques glabres cendrées term inées par des ramuscules jaunâtres et pubescens. Les feuilles sont elliptiques-oblongues coriaces glabres très-entières ou crénelées et ondulées; alternes pétiolées vertes en dessous brunes en dessus à petites nervures parallèles anastomosées et proéminentes des deux côtés la médiane épaisæ roussâtre et légèrement pubescente. Les fleurs sont réunies vers le sommet des branches portées sur des pédoncules munis de bractées oblongues fauves velues et caduques. (G..N.)

* MICROSOLÈNE. Microsolers;. POLYP. Genre de l'ordre des Tubiporées dans la division des Polypiers pierreux ayant pour caractères: Polypier pierreux fossile en masse turbinée ou informe composé de tubes capillaires cylindriques rarement comprimés parallèles et rapprochés

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communiquant fréquemment entre eux par des ouvertures latérales d'un diamètre à peu près égal à celui des tubes. Les Microsolènes ne sont pas très-rares dans le Calcaire à Polypiers des environs de Caen; les petits échantillons out une forme en général turbinée les gros sont tout-à-fait irréguliers et presque toujours détériorés. Le plus souvent l'intérieur des tubes est rempli d'une matière calcaire spathique; nous n'avons trouvé qu'uns seule fois ce Polypier avec ses tubes vides. Les parois de ceux-ci sont confondus dans la masse ou plutôt les tubes paraissent creusés dans la substance du Polypier: ils sout très-petits capillaires cylindroïdes perpendiculaires parallèles séparés par des intervalles pleins irréguliers et d'un volume à peu près égal à celui des tubes. Ces intervalles sont percés suivant la longueur d'une infiuitéde trous qui font communiquer de toutes parts les tubes les uns avec les autres et cette disposition rend la masse du Polypier autant celluleuse que tubuleuse. On ne peut reconnaître l'arrangement des tubes qu'à la surface supérieure où l'on aperçoit qu'ils forment de petites aires ray onnantes dont les limites ne sont point distinctes; la grandeur des aires et le diamètre des tubes varient un peu sur les divers échantillons que nous avons observés mais nous n'avons pu découvrir de différences assez tranchées et surtout assez constantes pour établir plusieurs espèces. Ce genre ne renferme d'autie espèce que celle décrite et figurée par Liraouroux dans son Exposition méthodique des Polypiers et qu'il a nommée Microsolena porosa. (E. D. L.)

* MICROSPERME. Microspermum. BOT. PHAN. Genre de la famille des Synanthérées Corymbifères de Jussieu et de la Syngénésie égale L. établi par Lagasca (Gen. et Spec. Plant. p. 25) qui l'a ainsi caractérisé: involucre campanulé à plusieurs folioles égales; réceptacle nu; fleurons de la circonférence plus grands que ceux du centre au nombre de six à douze dont le limbe est divisé en deux lèvres; akènes surmontés de dents trèscourtes. Ce genre trop incomplètement caractérisé pour qu'on puisse déterminer ses affinités immédiates ne se compose que d'une seule espèce Microspermum nummulariæ folium Lag. indigène de la Nouvelle-Espagne. C'est une petite Plaute herbacée dont la tige est filiforme décombante simple hérissée munie inférieurement de feuilles opposées portées sur de courts pétioles arrondies presque cordiformes ou légèrement ovales. Les fleurs sont terminales sur des pédoncules à deux ou trois divisions. (G.N.)

* MICROSTACHYS. BOT. PHAN. Nous avous séparé plusieurs espèces du genre Tragia pour en former le Microstachys qui est tout-à-fait distinct comme on peut s'en convaincre par l'examen de ses caractères qui sont les suivans: fleurs monoïques; calice triparti ou composé de trois folioles dont la préfloraison est imbriquée; dans les mâles trois étamines libres; dans les femelles style divisé profondément en trois branches réfléchies; trois stigmates; capsule glabre ou armée de pointes régulièrement disposées à trois coques arrondies ou prismatiques bivalves monospermes; graines lisses. Ses espèces sont des Arbres ou des Arbrisseaux ou plus rarement des Herbes. Les feuilles alternes quelquefois acoompagnées de petites stipules caduques sont finement dentées; les fleurs sont disposées aux aisselles de ces feuilles ou un peu au-dessus; les mâles en épis extrêmement courts et grêles; les femelles solitaires et courtenient pédonculées. Une bractée munie latéralement de deux glandes accompagne une ou plusieurs fleurs. A ces genres se rapportent le Tragia Chamelea L. les T. corniculata et bicornis de Vahl. Auguste de Saint-Hilaire vient d'en faire connaître une espèce nouvelle (Mém. du Mus. vol. XII p. 340); Martius et Zuccarini en ont aussi décrit parmi leurs Plantes du

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Brésil quelques-unes sous le nom générique de Gnemidostachys. Elles sont toutes originaires de l'Amérique équatoriale le Brésil la Guiane et les Antilles. On pourrait les partager en deux sections comprenant l'une les espèces dont la capsule est à coques prismatiques et régulièrèment armées de pointes; l'autre les espèces dont la capsule a ses lobes arrondis et glabres. Le Sapium obtusifolium de Humboldt et Kunth rentre dans cette dernière par quelaues-uns de ses caractères. V. Adr. de Juss. Euphorb. pag. 48 t. 15 n° 50. (A. D. J.)

MICROSTEMMA. BOT. PHAN. Genre de la famille des Asclépiadées et de la Pentandrie Digynie L. établi par R. Brown (in Wern. Transact. 1 p. 25) qui l'a caractérisé de la manière suivante: corolle rotacée quinquéfide; couronne staminale monophylle. charnue à cinq lobes alternes avec les anthères; celles-ci ne sont point terminées par une membrane; masses polliniques fixées par le côté incombantes avec le stigmate qui est mutique; follicules grêles et lisses; graines aigrettées. Le Microstemma tuberosum R. Br. loc. cit. est une Plante herbacée glabre et dressée. Sa racine est tubéreuse; sa tige simple inférieurement garnie de feuilles très-petites rameuse supérieurement et munie de feuilles opposées linéaires. Les fleurs dont les corolles ont une couleur purpurine noirâtre et sont barbues à l'intérieur forment des ombelles sessiles latérales et terminales. Cette Plante croît dans les contrées de la Nouvelle-Hollande situées entre les tropiques. (G..N.)

* MICROSTOME. Microstoma. POIS. Sous-genre d'Esoce. V. ce mot. (B.)

* MICROTÉE. Microtea. BOT. PHAN. Genre de la famille des Atriplicées et de la Pentandrie Digynie L. établi par Swartz (Prodr. 53) et auquel Rohr a donné plus tard le nom de Schollera qui n'a pas été adopté. Ce genre se compose d'une seule espèce Microtea debilis Swartz loc. cit. Lamk. Ill. t. 182. C'est une Plante annuelle très-commune dans toutes les Antilles où elle croît sur le bord des chemins et les vieux murs. Ses tiges sont herbacées rameuses étalées grêles à cinq angles et comme noueuses. Les feuilles sont éparses ovales obtuses rétrécies à leur base en un pétiole court. Les fleurs sont fort petites formant des épis géminés opposés aux feuilles. Elles sont blancnes dressées et sessiles. Le calice est monosépale régulier corolliforme presque campanulé à cinq divisions ovales et un peu étalées. Les étamines au nombre de cinq sont insérées au fond du calice qui est charnu et solide alternes avec les lobes et étalées entre leurs incisions. Les anthères sont terminales globuleuses et didymes. L'ovaire est appliqué sur le disque charnu qui remplit la partie inférieure du calice. Il est globuleux et chagriné extérieurement terminé par un style trèscourt bi ou trifide à son sommet et finissant par autant de stigmates divergens. Le fruit est un akèue globuleux verruqueux recouvert par le calice. (A. R.)

MICROTHUOEREIA OU MICROTUARSIA. BOT. PHAN. V. THOUARSIE.

MICROTIS. Microtis. BOT. PHAN. Robert Brown appelle ainsi un nouveau genre d'Orchidées ayant quelque ressemblance de port avec le genre Prasophyllum et qu'il caractérise de la manière suivante: le calice est irrégulier en mufle; les folioles latérales externes sont sessiles placées au-dessous du labelle; les intérieures sont à peu près semblables et dressées. Le labelle est oblong obtus calleux à sa base; le gynostème est comme en entonnoir; l'anthère est placée à son sommet et un peu à sa partie postérieure; elle est munie de chaque côté d'un petit appendiœ membraneux et en forme d'oreillette. Chaque loge renferme deux masses polliniques pulvérulentes attachées par leur base au sommet du stigmate.

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Ce genre se compose de six espèces en y comprenant l'Ophrys unifolia de Forster ou Epipactis porrifolia de Swartz qui en fait partie. Ce sont des espèces herbacées terrestres glabres ayant des bulbes arrondis et entiers une seule feuille fistuleuse cylindrique munie d'une gaîne très-longue. Les fleurs sont petites verdâtres quelquefois blanches disposées en un épi multiflore. Ces espèces sont toutes originaires de l'Australasie. (A. R.)

* MICTOPHUM. POIS. V. MYCTOPHE.

* MICTYRE. Micty ris. CRUST. Genre de l'ordre des Décapo les famille des Brachyures tribu des Quadrilatères établi par Latreille et ainsi caractérisé: antennes intermédiaires très-petites à peine bifides au bout leur premier article plutôt longitudinal aue transversal; carapace bombée plus étroite en avant qu'en arrière; yeux peu écartés placés en avant portés sur un court pédoncule et non logés dans des fossettes. Latreille avait d'abord placé ce genre d'après la forme du corps dans la section des Orbiculaires à côté des Atélécycles des Thies des Pimothères des Corystes des Leucosies et des Ixa genres qui appartiennent à d'autres tribus. Maintenant il le range entre les Gélasimes et les Pimothères; il diffère de ce dernier genre par des caractères tirés des antennes intermédiaires des Occipodes et des Gélasimes par la forme du test et les proportions des articles des pieds-mâchoires. Les articles inférieurs de leurs pieds-mâchoires extérieurs sont fort larges foliacés et très-velus. Les pieds sont longs diminuant progressivement de grandeur à partir de la seconde paire et ayant leur dernier article pointu comprimé et sillonné. Les serres sont grandes avancées et forment près de leur milieu en se dirigeant brusquement en bas un coude très-prononcé; leur carpe est très-allongé. La carapace est presque ovoïde molle un peu plus large et tronquée postérieurement; elle est renflée avec les sèparations des règions bien marquàes par des lignes enfoncées. L'abdomen des femelles est formé de sept pièces; le front est rabattu comme celui des Gécarcins et des Occipodes. On ne connaît jusqu?agrave; présent qu'une seule espèce de ce genre; c'est:

Le MICTYRE LONGICARPE Mictyris lon gicarpus Latr. (Gen. Crust. et Ins. T. 1 p. 40). Il est petit et jaunâtre il a été rapporté des Indes-Orientales par Péron et Lesueur. Lesson et Garnot l'ont recueilli sur les côtes de la Nouvelle-Hollande et à Amboine. (G.)

MIDAS. MAM. REPT. et INS. Pour Mydas. V. ce mot. (B.)

* MIE DE PAIN. Mcdula Panis. BOT. CRYPT. (Jacquin.) Espèce du genre Bolet. (B.)

MIEGIA. BOT. PHAN. (Schreber.)V. REMIREA d'Aublet. (Persoon.) V. ARUNDINAIRE.

MIEL. Matière sucrée élaborée par les Végétaux recueillie par les Abeilles et préparée dans l'estomac de ces Insectes avant qu'ils la déposent dans les alvéoles de leurs gâteaux. Pour l'obtenir il ne s'agit que de rompre la mince cloison de cire qui tient le miel renfermé dans l'alvéole et de le faire écouler du gâteau. Il est blanc jaune ou rougebrun; très - compacte ou mollasse; offrant des grains cristallins plus ou moins gros et brillans suivant les espèces d'Apiaires qui l'ont préparé les Végétaux d'où il a été pris le climat et le degré de pureté résultant de sa préparation; de ces mêmes causes aussi dépend le plus ou moins de douceur et de suavité du Miel. Cette matière est soluble dans l'eau en toutes proportions et cette solution mise à fermenter produit une espèce de vin que l'on nomme Hydromel; ce vin éprouve à son tour la fermentation acéteuse; elle est en partie soluble dans l'Alcohol qui ne touche pas au véritable sucre cristallisable; du reste elle jouit de presque toutes les propriétés du sucre qu elle sup-

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plée dans beaucoup de cas. V. ABEILLES. On a aussi appelé MIEL AÉRIEN la Manne. V. ce mot. (DR..Z.)

* MIELLIN. BOT. CRYPT. L'un des noms vulgaires du Bolet du Noyer Boletus Juglandis. (B.)

MIÉMITE. MIN. Nom donné par Karsten à un Calcaire magnésien de couleur verdâtre et quelquefois blanchâtre qui se trouve près de Miémo en Toscane. On peut rapporter à la même variété les concrétions du pays de Szakowacz en Slyrie formées d'un assemblage de corps de couleur verdâtre qui sont des espèces de polyèdres serrés l'un contre l'autre. Leur configuration pseudo-cristalline paraît êtrel'effet de la compression qu'ils se faisaient subir mutuellement pendant leur formation dans le même espace. (G. DEL.)

MIGA. MOLL. (Adanson Voy. au Sénég. p. 116 pl. 8.) Espèce du genre Buccin bien caractérisée; Bruguiùre l'a mentionnée sous le nom de Buccinum Miga dénomination qui a été adoptée par Lamarck qui joint à la synonymie le Buccinum stolatum de Gmelin quoique celui-ci ne rapporte pas le Miga d'Adanson dans la synonymie de son espèce. (D..H.)

* MIGNARD. OIS. Espèce du genre Gobe-Mouche. V. ce mot. (DR..Z.)

MIGNARDISE. BOT. PHAN. Nom vulgaire donné par les jardiniers aux Dianthus Armeria et plumosus L. V. ŒILET. (B.)

MIGNONET BLANC ET ROUGE. BOT. PHAN. Noms vulgaires du Trèfle des prés. (B.)

MIGNONNE. BOT. PHAN. Une variété de Pêches et la Mauvisque. (B.)

MIGNONNETTE. BOT. PHAN. Nom vulgaire du Droba verna et de l'Holosteum umbellatum. On a aussi appelé Mignonnette le Réséda la Luzerne Lupuline et le Poivre concassé de lépicerie. (G.)

* MIGRAINE. BOT. PHAN. De Millegraines. La Grenade fruit du Grenadier dans le midi de la France. (B.)

MIGRANES. CRUST. Cuvier donne ce nom aux Crustacés du genre Calappe. V. ce mot. (G.)

MIGRATIONS. ZOOL. Les Animaux peuvent eu égard à leur mode d'habitation se diviser en deux classes: les uns restent pendant toute la durée de leur vie dans les régions où ils ont pris naissance ou du moins ne s'en éloignent que fort peu et par des causes particulières et individuelles qu'il est presque toujours assez facile d'appiécier. D'autres au contraire entreprennent soit périodiquement dans certaines saisons de l'année soit non périodiquement des voyages de long cours et se rendent à des distances quelquefois très-considérables le plus ordinairement pour y passer un certain laps de temps d'autres fois même pour s'y établir tout-à-fait. Ce sont ces voyages ou excursions périodiques ou irrégulières temporaires ou durables qu'on a coutume de désigner sous les noms de Migrations ou Emigrations.

Il n'est pas besoin de posséder des notions approfondies sur l'organisation des différentes classes qui composent le règne animal pour sentir que toutes les espèces chez lesquelles les mouvemens de progression s'exécutent par des causes quelconques avec lenteur ou difficulté et par conséquent avec peine et fatigue ne peuvent émigrer ou que si elles émigrent elles ne peuvent faire que de très-petites excursions. On concevra de même que celles qui entreprennent des voyages de long cours doivent se trouver parmi celles qui peuvent se déplacer non pas sans fatigue car il n'est pas de mouvement qui s'opère sans action musculatre et par conséquent sans fatigue; mais du moins avec très-peu de fatigue. On voit donc à priori que sans parler de plusieurs Mammifères et de plusieurs Reptiles que l'imperfection de leurs organes de locomotion retient nécessairement dans le canton où ils sont nés presque toutes les espèces appartenant

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aux deux classes que nous venons de nommer doivent ne pas voyager ou ne voyager que très-peu et que les espèces dont les Migrations sont remarquables par leur étendue et leur régularité doivent au contraire se rencontrer parmi ces Oiseaux pourvus d'ailes que leurs formes et leurs dimensions rendent propres à un vol soutenu et parmi les Poissons auxquels les modifications de leur queue et de leurs membres la figure générale de leur corps et principalement la nature du milieu dans lequel ils vivent plongés rendent les mouvemens de locomotion si peu difficiles et si peu pénibles. C'est en effet ce qui a lieu comme nous allons le montrer en présentant quelques remarques sur les Migrations considérées dans les différentes classes.

On a noté un assez grand nombre d'exemples de Migrations faites par divers Mammifères et particulièrement par plusieurs espèces de Carnassiers et de Rongeurs. Mais ces exemples sont presque tous plutôt des faits individuels que des faits spécifiques en ce sens que ce sont à l?eacute;gard de la plupart des espèces chez lesquelles ils ont été observés des faits exceptionnels et contraires à leurs habitudes générales. Cependant les excursions assez régulières de l'Isatis (V ce mot à l'article CHIEN) et d'un très - petit nombre d'autres Mammifères et surtout les voyages du Lemming sont très-remarquables et dignes d'attention; et nous ne manquerions pas de les faire connaître ici avec quelque détail si l'on ne l'eût déjà fuit ailleurs. (V. LEMMING au mot CAMPAGNOL.)

Les Migrations des Oiseaux sont connues de tout le monde. Il n'est presque personne qui ignore que les Merles les Grives les Fauvettes et le Rossignol les Hirondelles les Coucous les Colombes les Pluviers; les Grues les Cigognes les Hérons les Oies les Canards les Harles et beaucoup d'autres vont dans certaines saisons de l'année chercher dans d'autres climats la température qui leur convient. Ce phénomène est sans contredit l'un des plus remarquables qui aient fixé l'attention des observateurs. On sait que dans plusieurs des espèces que nous venons de citer les individus qui doivent faire partie de la même troupe se rendent tous sur le même point à la même époque et qu'ils partent tous ensemble de ce lieu de rendez-vous rangés dans un ordre régulier et disposés de la manière la plus propre à leur permettre de vaincre avec le moins d'effort possible la résistance de l'air. «Ce vol dit Buffon en parlant des Migrations de l'Oie sauvage se fait dans un ordre qui suppose des combinaisons et une espèce d'intelligence supérieure à celle des autres Oiseaux... Celui qu'observent les Oies semble leur avoir été tracé par un instinct géométrique: c'est à la fois l'arrangement le plus commode pour que chacun suive et garde son rang en jouissant en même temps d'un vol libre et ouvert devant soi et la disposition la plus favorable pour fendre l'air avec plus d'avantage et moins de fatigue pour la troupe entière; car elles se rangent sur deux lignes obliques formant un angle à peu près comme un V ou si la bande est petite elles ne forment qu'une seule ligne; mais ordinairement chaque troupe est de quarante ou cinquante. Chacun y garde sa place avec une justesse admirable. Le chef qui est à la pointe de l'angle et fend l'air le premier va se reposer au dernier rang lorsqu'il est fatigué et tour à tour les autres prennent la première place. ff

Temminck a aussi fait sur les Migrations des Oiseaux quelques observations fort curieuses. «Il est certain dit ce célèbre ornithologiste (Manuel d'Ornithologie T. 1 p. 384' que tous les Oiseaux qui émigrent voyagent en troupe ou en famille; que les jeunes chez le plus grand nombre ne voyagent point avec les vieux ou que partant en famille ils se séparent pour se réunir en troupes composées d'individus du

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même âge; les jeunes reviennent rarement dans les mêmes lieux qui les ont vu naître ce qu'il est très-facile de suivre chez toutes les espèces ou ceux-ci ont besoin de plusieurs années et de l'accomplissement de plusieurs mois avant de se revêtir de la livrée des vieux. Dans telle coutrée on ne trouve que les jeunes âgés d'un ou de deux ans; dans telle autre que des individus adultes et jamais ou très-accidentellement des individus dont le plumage indique qu'il n'est point encore parvenu à l?eacute;tat adulte mêlés avec ceux dont le plumage a acquis son dernier degré de perfection ou de stabilité. Tous les Oiseaux des genres Falco Ardea Podiceps Colymbus Larus Lestris Pelecanus Carbo et quelques espèces d'autres genres en fournissent de nombreuses preuves qu'il serait trop long de détailler ici.ff

Nous venons de voir que les jeunes individus ne reviennent que rarement daus les lieux où ils ont pris naissance; il n'en est point de meme des adultes comme l'ont prouvé des remarques faites sur les Hirondelles les Cigognes les Grues les Hoche-Queues et plusieurs autres espèces par divers observateurs au nombre desquels nous çiterons Linné et Spallanzani. La science possède même un grand nombre de faits qui démontrent que plusieurs espèces reviennent tous les ans couver dans les mêmes lieux et pondre dans le même nid; et les personnes qui habitent la campagne ont même presque toutes d'assez fréquentes occasions de faire par elles-mêmes de semblables observations.

Nous devons dire ici quelques mots d'une opinion fort répandue parmi le peuple des campagnes et qui a même été adoptée par plusieurs naturalistes: c'est celle qui voit des indices certains des variations futures de la température dans les époques de Migration des Oiseaux de passage et qui attribue ainsi à ces êtres remarquables une sorte de prévision. On cite un assez grand nombre de faits à l'appui de cette idée si servent célébrée par les poètes latins; mais quelques observations lui sont aussi coulraires. Nous cileroos un exemple parmi ceux qui ont élé recueillis le plus récemment. «L'hiver de l'année 1822 dit le docteur Gaspard (Mém. sur le Coucou Journ. de Physiol. expérim. juillet 1824) ayant manqué presque entièrement comme cela n?eacute;tait jamais arrivé de mémoire d Homme la Primevère ainsi que les Navettes commençant à fleurir à la fin de décembre les Seigles épiant au milieu de mars la Vigne abritée offrant des fleurs à la fin de ce mois la végétation en un mot se trouvant au printemps d'un mois plus piécoce qu'à l'ordinaire le Coucou ne devança cependant point son époque et ne chanta que le 5 mars. Il en fut de même de l'Hirondelle.ff L'hypothèse dont nous venons de parler et d'après laquelle on a dit peut-être avec plus d'esprit que de justesse que «ce n?eacute;tait pas une institution uniquement superstitieuse que celle du collège des augures à chlamydes violettes chez les anciens Romains ff peut cependant éire admise; mais seulement tout autant qu'on ne lui donnera pas trop d'extension. On peut très-bien concevoir par exemple que certaines modifications atmosphériques préludes d'un changement de température puissent quoique insensibles pour nous être ressenties de l'Oiseau et qu'il lui soit ainsi possible de nous indiquer par avance ce que nous devons à notre tour ressentir: dans; cetle manière de voir il serait affecté et agirait si l'on peut s'exprimer ainsi comme le font un hygromètre ou un baromètre. Au contraire quelle que soit l?eacute;tendue d'intelligence et de sensibilité qu'on veuille attribuer à un être quelconque la raison se refuse à croire qu'il puisse pressentir et nous tévéler comme par une sorte d'instinct de divination ce qui ne doit arriver que dans un temps plus ou moins éloigné.

Nous ne dirons rien ici des Rep-

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tiles ni des Poissons; des Reptiles parce que leurs voyages se bornent a de courtes excursions d'un canton dans un autre et ne peuvent véritablement être embrassés sous le nom de Migrations; des Poissons parce que les fails très-remarquables que présente leur histoire ont été ou seront exposés avec tout le détail nécessaire soit dans plusieurs articles spéciaux (V. CLUPE etc.) soit dans l'article POISSONS(V. ce mot).

Parmi les Invertébrés il est un petit nombre d'espèces dont les Migrations sont dignes d'attention. Tels sont quelques Crustacés et quelques Insectes parmi lesquels on doit surtout remarquer ces Sauter elles qui s'avançant en nombre infini ont plusieurs fois porté la désolation dans plusieurs contrées et exercé des ravages que l'imagination conçoit difficilement et à la réalité desquels on a peine à croire malgré le témoiguage unanime d'un grand nombre d'historiens anciens et modernes. Au reste ces Migrations des Sauterelles et de quelques autres Insectes ne sont nullement comparables à celles des Oiseaux et des Poissons: elles sont irrégulières comme celles des Lemmings et heureusement plus rares encore.

Il nous reste maintenant à indiquer les causes des faits dont il vient d?ecirc;tre question. Nous voyons dans toutes les Migrations non périodiques une multitude d'Animaux sortant en troupes innombrables des lieux qu'ils habitent ordinairement et dévorant tout ce qu'ils rencontrent sur leur passage. Il est probable pour les Insectes dont nous avons parlé et il paraît certain à l?eacute;gard des Lemmings que les causes de ces voyages si remarquables résultent d'une multiplication considérable d'individus amenant nécessairement la destruction des substances qui forment la nourriture habituelle de l'espèce et de celles qui peuvent la suppléer et par suite les besoins et les souffrances de la faim.

La cause des Migrations périodiques des Poissons est suivant la plupart des icthhyologistes le besoin qu'ils éprouvent dans la saison de la propagation de rechercher des lieux favorables pour déposer leur frai. On sait qu?agrave; la même époque un grand nombre d'espèces paimi celles qui n?eacute;migrent pas remontent les fleuves dans le même but.

Quant aux causes des Migrations périodiques des Oiseaux il en est deux dont il est assez facile de se rendre compte. Ainsi on conçoit que les espèces essentiellement insectivores qui habitent les climats tempérés ne peuvent y demeurer dans la saison froide et qu'elles périraient nécessairement si elles n'allaient dans d'autres régions chercher la nourriture qu'elles ne peuvent plus trouver dans leur patrie. Une autre cause non moins puissante est le besoin d?eacute;chapper aux variations de la température. C'est ainsi qu'une multitude d'espèces après avoir passé le printemps et l'été dans nos climats se retirent à la fin de l'automne et vont dans des régions plus méridionales retrouver la douce température que nous n'avons plus. Réciproquement beaucoup d'autrès espèces ne fréquentent nos côtes que pendant la saison froide et les quittent à la fin de l'hiver pour se rapprocher des régions polaires. Tels sont principalement un grand nombre de Palmipèdes; et tels sont aussi parmi les Passereaux les Becs-Croisés. « Ce qu'il y a de plus remarquable dit Temminck c'est qu'ils nichent et se reproduisent dans nos climats dans la saison rigoureuse de l'hiver; ils émigrent en été vers les régions du cercle arctique. ff

C'est à ces deux causes que les ornithologistes ont généralement rapporté les voyages périodiques des Oiseaux. Mais il s'en faut bien qu'elles nous les expliquent d'une manière tout-à-fait satisfaisante comme le prouvent plusieurs expériences qu'il est aussi facile de vérifier qu'il est difficile de les analyser. Un Oiseau de passage qu'on prend le soin de tenir

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dans une température constante et auquel on donne une nourriture convenablé éprouve comme dans l?eacute;tat de nature le besoin d?eacute;migrer lorsque l?eacute;poque du départ est venue. Il annonce son désir par des battemens d'ailes par de l'agitation par des élaccemens; et si l'on continue à le retenir il ne tarde pas à périr sans qu'on puisse par l'examen de ses organes internes se rendre compte des causes de sa mort. Ces expériences remarquables déjà faites pour plusieurs espèces l'ont été surtout avec beaucoup de soin pour le Coucou par le docteur Gaspard dont nous avons déjà cité l'intéressant Mémoire: les effets obtenus sont même si constans que ce physiologiste après un assez grand nombre d'expériences a cru pouvoir conclure que « dans nos climats on ne peut point élever de Coucous quelques soins qu'on leur donne. ff (IS. G. ST. H.)

MIGUEL REPT.OPH. Espèce du genre Orvet. V. ce mot. (B.)

MIKANIE. Mikania. BOT. PHAN. Ce genre de la famille des Synanthérées Corymbifères de Jussieu et de la Syneénésie égale L. fut établi par Willdenow sur une Plante que Mutis et Linné fils avaient placée dans le genre Cacalia. Il a été adopté par Humboldt et Bonpland dans le second volume de leurs Plantes équinoxiales et par Kunth (Nova Genera et Spec. Plant. Amer. vol. IV p. 134) qui en ont ainsi fixé les caractères: involucre composé d'un petit nombre de folioles presque égales; réceptacle nu; calathide formée d'un petit nombre de fleurons tubuleux et hermaphrodites; anthères saillantes; stigmate très-proéminept à deux branches divariquées; akènes à cinq angles surmontés d'une aigrette poilue. Ce genre est extrêmement voisin de l'Eupatorium; il n'en diffère essentiellement que par le petit nombre de folioles de son involucre et de ses fleurons ainsi que par ses anthères saillantes. D'après ces légères différences on a retiré du genre Eupatorium plusieurs espèces pour en former des Mikania; tels sont: les E. scandens herbaceum volubile denticulatum lomentosum etc. Les nouvelles espèces décrites par les auteurs cités ci-dessus ont augmenté de douze le nombre des Plantes qui composent ce genre et qui croissent toutes dans les contrées chaudes de l'Amérique. Ce sont des Plantes herbacées ou ligneuses volubiles rarement arborescentes à feuilles opposées à fleurs blanches ou violettes et disposées en corymbes. Nous ne parlerous ici que d'une seule de ces espèces qui offre quelque intérêt en ce qu'on lui a attribué des propriétés efficaces contre la morsure des Serpens. Le Mikania Gucco Humb. et Bonpl. (Plantes équinoxiales 2 p. 84 t. 105) a une tige herbacée volubile à rameaux cylindriques sillonnés hérissés garnis de feuilles ovales presque acuminées rétrécies à la base dentées veineuses-réticulées. Les fleurs sont en corymbes axillaires au nombre de quatre dans un involucre à quatre folioles. Cette Plante est nommée Guaco par les habitans de l'Amérique méridionale près des bords de la Madeleine; mais elle ne nous semble pas la même que le Guaco sur lequel Mutis a fait ses expériences contre la morsure des Reptiles venimeux. V. GUACO. (G. N)

MIL OU MILLET BOT. PHAN. Ce nom est donné à diverses Graminées en différentes régions de la terre. Il a désigné de tout temps en France le Panicum miliaceum L. dont les graines servent à nourrir les Oiseaui que l'on élève en cage. V. PANIC. Cependant Linné a composé son genre Milium de plusieurs Plantes au nombre desquelles ne se trouve pas le Mil vulgaire. V. MILIUM. Le Mil à Chandelle de Cayenne et des Antilles se rapporte à l'Holcus spicatus suivant Aublet. En d'autres colonies le Mil est tantôt la graine du Milium africanum tantôt celle de l'Holcus Sorghum. V. HOUQUE. (G..N)

MILAN OIS. et POIS. Espèce du

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genre Faucon formant le type d'un sous genre. V. FAUCON. On a appelé MILAN MARIN une espèce du genre Trigle. V. ce mot et PASTENAQUE. (DR..Z.)

MILANDRE. Galeus. POIS. Espèce de Squale devenue type d'un sous-genre. V. SQUALE. (B.)

MILAX. BOT. PHAN. (Dioscoride.) L'If. Belon applique ce nom au Quercus coccifera (B.)

MILÉSIE. Milesia. INS. Genre de l'ordre des Diptères famille des Athéricères tribu des Syrphies établi par Latreille qui lui donne pour caractères: antennes beaucoup plus courtes que la tête ayant leur troisièmearticle en palette presque ovoïde comprimée très obtuse à son extrémité ou en forme de cône allongé trompe beaucoup plus courte que la tête et le corselet; prolongement antérieur et en forme de bec de la tête court perpendiculaire sans proéminence à sa partie supérieure; ailes couchées l'une sur l'autre au bord interne. Ce genre a été divisé par Meigen qui à établi à ses dépens les genres Eumeros Spilomyia Heliophilus Chrysogaster et quelques autres. Plusieurs ont été adoptés par Latreille (Familles Naturelles du Règne Animal) d'autres ont été rejetés par ce savant et confondus avec des genres déjà établis; comme cet entomologiste ne donne pas les caractères de ces genres nous n'en parlerons pas ici et nous conserveions le genre Milésie tel qu'il l'a présenté dans le Règne Animal par Cuvier et dans le Dictionnaire d'Histoire Naturelle édition de Déterville. Il y divise ce genre ainsi qu'il suit:

† Les deux pieds postérieurs peu différens des autres. Chrysogaster Meig.

Les espèces de cette division ont la palette des antennes proportionnellement plus longue que dans les divisions suivantes et quelquefois même en forme de cône allongé.

MILESIE BRONZEE Milesia ænea Latr.; Eristalis æneus Fabr. Panz.

(Paun. Insect. Germ. fasc. 82 tab. 15); corps d'un vert noirâtre luisant avec les genoux blancs.

†† Les deux pieds postérieurs dans les mâles principalement beaucoup plus grands que les autres; à cuisses ordinairement renflées et dentelées en dessous et à jambes arquées.

* Abdomen conique ou triangulaire. Spilomyia et Heliophilus Meig.

MILÉSIE DIOPHTHALME Milesia diophthalma Latr. Fabr.; Spilomyia diophthalma Meig. Panz. (Faun. Ins. Germ. fasc.72 tab. 23); noire presque glabre avec plusieurs taches sur le corselet et six cercles jaunes sur l'abdomen; cuisses postérieures dentées; cette espèce ressemble à une Guêpe; elle se trouve dans les bois aux environs de Paris.

** Abdomen presque cylindrique. Eumeros Meig.

MILÉSIE LENTE Milesia segnis Fabr. Latr.; Eumeros segnis Meig. Degéer Ins. t. 6 pl. 7 fig. 10. Corps presque glabre allongé corselet bronzé abdomen long aplati en dessous roussâtre au milieu noir aux deux extrémités; cuisses postérieures grosses et épineuses; celles du mâle ayant près de leur origine un crochet écailleux courbé et trèspointu. Elle est très-commune sur les eurs. (G.)

MILIAIRE. REPT. OPH. Espèce du genre Erix. V. ce mot et COULEUVRE. (B.)

MILIARUM. BOT. PHAN. Le genre que Mœnch a établi sous ce nom paraît devoir rentrer dans le Milium aux dépens duquel il avait été formé. V. MILIUM. (G..N.)

* MILIOLE. Miliola. MOLL. Genre de Multiloculaires créé par Lamarck dans sa Philosophie zoologique pour des corps microscopiques qui dans certaines couches de Calcaire coquillier forment avec quelques débris d'autres tests de Mollusques la masse principale des collines qui sont comprises dans cette formation. Ce genre

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fut d'abord compris dans la famille des Lenticulacées qui renfermaient sept genres présentant peu d'analogie entre eux; c'est ainsi que celui qui nous occupe était en rapport avec les Gyrogonites les Lenttculines etc. Dans l'Extrait du Cours la famille des Lenticulacées (V. ce mot au Supplément)éprouva de nombreux et d'utiles changemens. Le genre Miliole fut groupé avec les Mélonies et les Gyrogonites pour former la famille des Sphérulées. Montfort dans sa Conchyliologie systématique proposa aussi de son côté un genre Miliolite qu'il ne faut pas confondre avec celui de Lamarck; il en est tout différent ayant été fait avec une espèce de Mélonie (V. ce mot). Il paraît que cet auteur ignorait au reste l'existence du genre de Lamarck puisqu'il le proposa de nouveau sous le nom de Pollonte. Nous ignorons pourquoi Cuvier a conservé ces deux genres; il a été induit en erreur par le Pollonte de Montfort; il le sépare des Milioles parce que dit-il les Pollontes ont les chambres percées au deux bouts et la dernière ouverte dans toute sa longueur. Nous avons revu la figure de Soldani copiée par Montfort; nous avons aussi lu attentivement ce que dit Montfort sur cette Coquille et nous n'avons rien trouvé de ce que dit Cuvier. Férussac ne commit pas la même faute; il réunit les Pollontes aux Milioles dans ses Tableaux systématiques. Lamarck conserva la famille des Sphérulacées de l'Extrait du Cours dans son dernier ouvrage; elle resta composée des mêmes genres et les Milioles s'y trouvent dans les mêmes rapports. Blainville (article Mollusque du Dict. des Scienc Nat.) en adoptant la famille des Sphéru-lées de Lamarck qu'il nomme Sphérulacées (V. ce mot) y laissa les Milioles et les Mélonies en éloigna les Gyrogonites que l'on a reconnu être une graine fossile de Chara et y ajouta deux petits genres proposas par Defrance: Séracénaire et Textulaire. Latreille probablement trompé par le double emploi de Montfort pour les Milioles ne cite ce genre que dans les rapports indiqués par cet auteur et nementionne nulle part ni les Milioles de Lamarck ni les pollontes: ce qui fait penser avec quelque raison qu'il y a eu ici contusion. Le genre Miliole peut être caractérisé de la manière suivante: Animal inconnu; coquille transverse ovale globuleuse ou allongée multiloculaire; à loges transversales entourant l'axe et se recouvrant alternativement les unes les autres ouverture très-petite située à la base du dernier tour soit orbiculaire soit oblongue. Les Milioles sont de petites Coquilles multiloculaires de la grosseur des grains de millet; elles sont plus ou moins ovales globuleuses quelquefois subtrigones aplaties; la place de l'axe est perpendiculaire à celui des tours de spire ce qui est l'inverse de ce qui a lieu dans toutes les Coquilles discoïdes; leurs loges par conséquent sont plus larges que longues; elles sont transversale elles enveloppent l'axe dans sa longueur et se recouvrent toutes successivement; la dernière est ouverte et si on la brise on retrouve l'avantdernière ouverte de même; cette ouverture très-petite est ordinairement orbiculaire quelquefois oblongue et se trouve dans quelques espèces supportées par un col court et un peu étranglé. On connaît des espèces vivantes et fossiles de Milioles elles sont peu nombreuses.

MlLIOLE GRIMAÇANTE Miliola ringens Lamk. Ann. du Mus. T. V p. 351 n° 1 et T. IX pl. 17 fig. 1; ibid. Anim. sans vert. T. VII p. 618 n° 1; Def. Dict. des Scienc. Nat. T. XXXI p. 68; c'est la plus grande et la plus remarquable des espèces par la forme particulière de l'ou verture.

MILIOLE TRIGONULE Miliola Trigonula Lamk. Anim. loc. cit. et même planche fig. 4; ibid. Anim. sans vert. loc. cit.; Def. Dict. des Scienc. Nat. loc. cit. (D..H.)

MILIOLITE. Miliolites. MOLL.

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Genre établi par Montfort pour une Coquille qui appartient au genre Mélonie de Lamarck. V. ce mot ainsi que MILIOLE. (D.H.)

MILIUM BOT. PHAN. Genre de la famille des Graminées et de la Triandrie Digynie L. ayant pour caractères principaux: lépicène uniflore à deux valves ventrues; glume renfermée dans la lépicène à deux valves entières presque égales l'extérieure ordinairement surmontée d'une arête à peu près terminale; trois étamines courtes; deux styles velus terminés chacun par un stigmate en pinceau; caryopse arrondie enveloppée dans la glume. Ce genre établi par Linné fut réuni aux Agrostis par Lamarck. Palisot de Beau vois dans son Agrostographie l'a conservé mais il a formé plusieurs nouveaux genres sur des espèces qui étaient réunies au Milium par les auteurs. On en compte plus de vingt espèces qui sont des Plantes herbacées à fleurs disposées en panicules. Celle qui doit être considérée comme type du genre est le Milium effusum L. dont la tige est droite haute souvent de plus d'un mètre garnie de feuilles linéaires divariquées; les fleurs sont disposées en panicule lâche. Cette Graminée croît dans les lieux ombragés aux environs de Paris et dans toute l'Europe. Elle fournit un fourrage abondant d'une odeur agréable et fort recherché des bestiaux. On peut en dire autant du Milium paradoxum L. qui croît aussi en France et dans le midi de l'Europe. (G..N.)

MILLA. BOT. PHAN. Cavanilles (Icon. rar. 2 p. 76 t. 196) a donné ce nom à un genre de l'Hexandrie Monogynie L. ayant pour caractères essentiels: un périanthe corolloïde infundibuliforme à six divisions ouvertes ovales dont trois alternes plus étroites; six étamines insérées sur l'entrée du tube; ovaire supérieur pédicellé; un style saillant surmonté de trois stigmates globuleux; capsule triangulaire à trois valves et à trois loges polyspermes. Le Milla biflora Cav. loc. cit. est une Plante dont les racines bulbeuses et fasciculées émettent des feuilles étroites subulées un peu ca-naliculées glabres et entières. Une hampe droite s?eacute;lève de leur centre et porte deux fleurs blanches accompagnées de trois bractées courtes et aiguës. Cette Plante est originaire du Mexique. (G..N.)

MILLEFEUILLE. Achillæa. BOT. PHAN. Genre de la famille des Synanthérées Corymbifères de Jussieu de la section des Anthémidées de Cassini et de la Syngénésie superflue L. ayant pour caractères: un involucre cylinaracé composé d?eacute;cailles imbriquées; réceptacle commun saillant hémisphérique ou même conique tout couvert d?eacute;cailles paléacées analogues à celles de l'involucre mais plus minces; fleurs radiées; demi-fleurons généralement peu nombreux femelles fertiles ayant le limbe de leur corolle ligulé large assez court et trilobé fleurons hermaphrodites fertiles ayant leur corolle tubuleuse évasée en cinq lobes réguliers. Le style se termine par deux stigmates recourbés et élargis vers leur extrémité. Les fruits sont prismatiques anguleux dépourvus d'aigrette. Ce genre est très-nombreux en espèces avec lesquelles Tourne-fort avait fait deux genres distincts savoir: Millefolium qui comprenait celles qui ont leurs feuilles découpées en lobes très-nombreux et très-fins et Ptarmica réunissant les espèces à feuilles simples et lancéolées. Les espèces du genre Millefeuille sont en général des Plantes herbacées et vivaces qui croissent pour la plupart dans les diverses régions de l'Europe et spécialement dans les montagnes. En France on en compte environ une vingtaine d'espèces dont plus de la moitié se trouvent dans les Alpes les Pyrénées et les autres chaînes de montagnes. Ces espèces ont tantôt les demi-fleurons de la circonférence blancs et tantôt jaunes; quelquefois

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ils sont violacés. Quelques-unes des espèces de Millefeuille sont cultivées dans les parterres comme Plantes d'ornement; d'autres sont utiles en médecine. Nous en décrirons ici quelques-unes des plus intéressantes.

MILLEFEUILLE COMMUNE Achillæa Millefolium L. Rich. Bot. méd. 1 p. 374. C'est une Plante vivace très-commune dans les lieux incultes et sur les bords des chemins. Ses tiges qui s?eacute;lèvent à une hauteur d'un à deux pieds sont simples inférieurement striées velues portant des feuilles allongées divisées en un nombre très-considérable de segmens linéaires et multifides. Les fleurs sont blanches; les demi-fleurons de la circonférence sont généralement au nombre de cinq. Il y a une variété de cette espèce dont les fleurs sont d'une teinte purpurine. La Millefeuille fleurit pendant la plus grande partie de l'été. Les feuilles de cette Plante ont une saveur faiblement amère et acerbe. Elles ont eu jadis une très-grande réputation dans le traitement des plaies récentes à une époque où l'on croyait utile d'aider la cicatrisation des plaies simples par des applications topiques le plus souvent fort nuisibles. De-là l'origine des noms vulgaires d'Herbe à la coupure Herbe au charpentier sous lesquels on désigne la Millefeuille dans quelques contrées. On les donnait aussi à l'intérieur soit en décoction à la dose de deux onces pour une pinte d'eau soit sèches et réduites en poudre depuis un jusqu?agrave; deux gros. Quant à sa racine elle est également un peu astringente mais elle ne nous a pas paru posséder cette odeur de camphre. que quelques auteurs lui attribuent. On l'avait proposée comme un succédané de la Serpentaire de Virginie mais son usage est tombé en désuétude aussi bien que celui des feuilles.

MILLEFEUILLE PTARMIQUE Achillæa Ptarmica L. Rich. Bot. méd. 1 p. 375. Vulgairement désignée sous les noms d'Herbe à éternuer ou de Ptarmique. Celle espèce est commune dans les prés et les lieux humides au voisinage des ruisseaux. Sa tige est tout-à-fait simple d'un pied à un pied et demi d?eacute;lévation portant des feuilles alternes lancéolées aiguës sessiles glabres finement dentées en scie. Ses fleurs sont plus grandes que dans l'espèce précédente également blanches. Les demi-fleurons sont en général au nombre de dix à treize. La Ptarmique est légèrement odorante et aromatique; sa saveur est âcre et chaude et a assez de ressemblance avec celle de l'Estragon. Sa racine et ses feuilles séchées et réduites en poudre sont fréquemment employées comme sternutatoires et la racine lorsqu'on la mâche excite d'une manière très-marquée l'action des glandes salivaires.

Dans les Alpes de la Suisse et de la Savoie les habitans désignent sous le nom de GENIPI les sommités fleuries de plusieurs petites espèces alpines du genre Millefeuille; telles sont les Achillæa nana atrata et moschata. Le Genipi a une odeur et une saveur aromatiques. Il est excitant et dans le pays où on le récolte on en fait un usage très-fréquent. Plusieurs espèces de ce genre sont cultivées dans les jardins comme Plantes d'agrément. Nous citerons surtout les suivautes: Achillæa aurea Lamaick. Elle est originaire du Levant; Ach. ægyptiaca L.; Ach. macrophylla L. Elle croît dans les Alpes; Ach. compacta L. du midi de l'Europe; Achillæa ageratum du midi de la France. On la désigne aussi sous le nom d'Eupatoire de Mésué. (A. R.)

On a encore appelé vulgairement:

MILLEFEUILLE AQUATIQUE l'Holtonia palustris.

MILLEFEUILLE D'EAU et COHNUE les Myriophylles les Céra! ophylles et diverses variétés du Ranunculus aquatilis.

MILLEFEUILLE DE MARAIS les Utriculaires.

MILLEFEUILLE MARINE diverses Fucacées très-divisées etc. (B.)

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MILLEFLEUR. BOT. PHAN. L'un des noms vulgaires du Thlaspi orveuse L. (B.)

MILLEGRAINE. BOT. PHAN. On a ainsi nommé les Herniaires la Rodiole et les Oldenlandes. (B.)

MILLEGREUX. BOT. PHAN. Nom vulgaire des Joncs sur quelques points des côtes de France. (B.)

MILLEPÈDE. MOLL. L'un des noms marchands du Strombus Millepeda L. (B.)

MILLEPERTUIS. Hypericum. BOT. PHAN. Genre formant le type de la famille des Hypéricinées et appartenant à la Polyadelphie Polyandrie L. qui se compose d'un très-grand nombre d'espèces croissant dans presque toutes les contrées du globe et qui ont pour caractères communs: un calice à cinq divisions très-profondes et le plus souvent inégales; une corolle formée de cinq pétales onguiculés; des étamines très-nombreuses ayant leurs filets réunis toutà-fait à leur base en trois ou cinq faisceaux; un ovaire globuleux à trois ou cinq loges surmonté d'un égal nombre de styles et pour fruit une capsule membraneuse à trois ou cinq loges polyspermes s'ouvrant en autant de valves à bords réfléchis eu dedans. Les Millepertuis dont le professeur De Candolle a mentionné cent vingt-six espèces dans le premier volume de son Prodrome sont des Plantes herbacées ou des Arbustes quelquefois sarmenteux et grimpans; leur tige est cylindrique ou anguleuse; leurs feuilles presque constamment sessiles opposées quelquefois marquées de points translucides qui semblent être des petits trous lorsqu'on examine la feuille entre l?oelig;il et la lumière; d'autres fois offrant sur leurs bords des poils glanduleux et noirâtres; les fleurs généralement de couleur jaune sont quelquefois très-grandes et diversement disposées. Parmi les espèces rapportées ce genre plusieurs ont été portées dans d'autres genres. Ainsi l'Hypericum Androsæmum L. forme le genre Androsæmum d'Allion i qui diffère surtout des Millepertuis par son fruit charnu et à une seule loge; d'autres ont été placées dans le genre Vismia de Vandelli; telles sont les H. aessilifolium guyannense cayennense d'Aublet et quelques autres. Quant au genre Hypericum proprement dit dont Choisy de Genève a publié la monographie il a été divisé en cinq sections qui chacune ont reçu un nom particulier et dont nous allons exposer les caractères et indiquer les espèces les plus intéressantes que chacune d'elles renferme.

†ASCYREIA Choisy.

Sépales du calice inégaux et soudés entre eux par leur base; étamines trà-nombreuses; trois à cinq styles. Arbustes & feuilles trè-sgrandes à fleurs terminales et en petit nombre. Cette section renferme vingtsix espèces formant deux groupes suivant qu'il y a trois ou cinq styles. Parmi ces espèces nous remarquerons les suivantes.

MILLEPERTUIS A ODEUR DE BOUC Hypericum hircinum L. Cette espèce originaire des contrées méditerranéennes a une tige rameuse à rameaux ailés des feuilles opposées sessiles ovales lancéolées aiguës émarginées à la base glanduleuses sur leurs bords; des fleurs jaunes très-grandes situées à l'aisselle des feuilles et portées sur des pédoncules accompagnées de deux bractées. Les étamines sont jaunes et plus longues que la corolle; l'ovaire est surmonté de trois styles. Les fleurs répandent une odeur forte et désagréable. Cette espèce doit être cultivée dans une terre franche et légère et dans une exposition chaude. Elle craint le froid et il est prudent de la couvrir pendant l'hiver ou de la rentrer dans l'orangerie.

MILLEPERTUIS A GRANDES FLEURS Hypericum calycinum L Mant.; Curt. Bot. Mag. t. 146. Originaire de l'Orient et de la Grèce. Ce Millepertuis est un Arbuste étalé diffus ayant

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ses rameaux quadrangulaires; ses feuilles grandes sessiles ovales marquées de points translucides; ses fleurs sont solitaires pédocculées ayant jusqu'à trois pouces de diamètre lorsqu'elles sont bien ouvertes et son ovaire surmouté de cinq styles. On cultive cette espèce dans les jardins au voisinage des murs ou sur les rochers ou elle produit un trèsbel effet par ses rameaux allongés en forme de feston. Elle doit être couverte pendant l'hiver. On cultive encore dans les jardins plusieurs autres espèces appartenant a cette section telles sont: Hypericum chinense L. Aman ou H. monogynum L. Sp. Curt. Bot. Mag. t. 334; H. ascyrum L.; H. pyramidatum Vent. Malm. t. 118; H. balearicum L. Curt. Bot. Mag. t. 137.

† † TRIDESMOS Choisy.

Calice formé de cinq sépales égaux et entiers; étamines réunies en trois faisceaux pénicilliformes; trois styles. Arbustes à fleurs axillaires et longuement pédonculées. Cette section ne comprend que deux espèces l'une Hyp. biflorum Lamk. originaire de la Chine l'autre H. articulatum Lamk. de Madagascar.

† † † ELODEA Choisy.

Calice de cinq sépales égaux et entiers; trois styles; étamineff peu nombreuses de neuf à dix-huit réunies. Plantes herbacées rougeâtres; fleurs parfois rouges axillaires ou réunies au sommet des rameaux. Cette section avait été érigée en genre par Pursh (Flor. Am. bor.) sous le nom d'Elodea; mais il existe déjà un autre genre sous le même nom établi antérieurement par le professeur Richard dans la famille des Hydrocharidées. A cette section appartiennent trois espèces originaires de l'Amérique septentrionale savoir: Hyp. paludosum H. Virginicum et H. tubulosum.

†††† PERFORARIA Choisy.

Calice de cinq sépales égaux entiers dentés ou glanduleux; étamines très-nombreuses; ordinairement trois styles. Plantes herbacées ou Arbustes à fleurs axillaires ou panicalées à feuilles rarement linéaires. On compte dans cette section soixante-dix-neuf espèces dont plusieurs croissent en France. Tels sont les Hypericum quadrangulum L.; H. repens L.; H. crispum L.; H. humifusum L.; H. perforalum L.; H. elodes L.; H. tomentosum L.; H. hirsutum L.; H. nummularium L.; H. pulchrum L.; H. dentatum Loisel.; H. montanum L.; H.fimbriatum Lamk.; H. ciliatum Lamk.; H. hyssopifolium Villars; H. linearifolium Vahl; H. Coris L.

††††† BRATHYS Choisy.

Calice de cinq sépales entiers égaur et souvent tout-à-fait semblables aux feuilles; étamines nombreuses; trois ou cinq styles. Arbustes à fleurs solitaires et axillaires à feuilles imbriquées souvent linéaires et subulées ou verticillées et très-rapprochées. Cette section renferme once espèces toutes exotiques et pour la plupart originaires de l'Amériqueméridionale.

Nous ne devons pas terminer cet article sans dire quelqnes mots des Propriétés médicales attribuées an Millepertuis ordinaire Hypericum perforatum L. si commun dans tous nos bois. Lorsqu'on le fraisse entre les doigts il répand une odeur aromatique et résineuse; sa saveur est légèrement âcre; autrefois on en faisait un usage trèsfréquent comme d'un médicament excitant et propre à combaltre les Vers du canal intestinal.Il jouissait aussi d'une très grande réputation dans le traitementes plaies à l'epoque où l'usage des substances vulnéraires était en vogue. L'huile dans laquelle on a fait macérer les sommités fleuries de Millepertuis qui lui communiquent une belle couleur rouge passait pour un excel lent remède pour favoriser la cicatrisation des plaies simples et des ulcères. Quelques médecins ont même employé cette Plante dans le traitement des

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fièvres graves et de plusieurs autres maladies fort différentes. Mais l'oubli où elle est tombée de DOS jours parle peu en faveur de son efficacité.

L'Hypericum elodes répand une odeur très-forte et nous pensons que cette Plante serait beaucoup plus active que les autres espèces de ce genre. Néanmoins elle n'est pas employée. (A. R.)

MILLEPERTUIS (FAMILLE DES). BOT. PHAN. Syn. d'Hypéricinées. V.ce mot. (A.R.)

MILLÈPES. MOLL. Klein (Method. Ostrac. p. 99) a formé ce genre pour une sous-division des Strombes qui répond très-bien au genre Ptérocère. V. ce mot. (D..H.)

MILLEPIEDS. INS. On donne vulgairement ce nom aux Insectes que Latreille a nommés Myriapodes. V. ce mot. (G.)

MILLE-POINTS MOLL. Nom vulgaire et marchand du Conus litteratus L. (B.)

MILLéPORE. Millepora. POLYP. Genre de l'ordre des Milléporées dans la division des Polypiers entièrement pierreux ayant pour caractères: Polypier pierreux solide intérieurement polymorphe rameux ou frondescent muni de pores simples non lamelleux; pores cylindriques en général très-petits quelquefois non apparens perpendiculaires à l'axe ou aux expansions du Polypier. Lamarck a séparé avecraisou du genre Millépore de Linnéun assez grand nombre de Polypiers dont il a formé plusieurs genres. Malgré cette élimination le genre Millépore ainsi restreint est encore très-artificiel et les espèces qu'il renferme n'ont entre elles que fort peu d'analogie. L'on est étonné en effet de voir encore figurer parmi les Millépores ces productions singulièresque Lamarck en avait d'abora séparées sous le nom de Nullipores etqu'il y a réunies dans son grand ouvrage sur les Animaux sans vertèbres. Elles doivent former un genre à part et n'appartiennent peut-être pas à la division des Polypiers foraminés ou Milléporées comme nous espérons le démontrer. V. NULLIPORES. Débarrassé des Nullipores le genre Millépore reste encore composé d?eacute;lémens assez hétérogènes que l'on divisera sans doute encore quand les Animaux des espèces qui le composent seront mieux connus. Ainsi le Millepora alcicornis des auteurs avec lequel Lamarck forme ses M. squarrosa complanata et peut-être le M. aspera sont remarquables par leurs pores petits inégaux ronds à ouverture subdenticulée épars en général assez nombreux à l'extrémité des rameaux rares sur le reste du Polypier; par leur surface finement rugueuse et criblée de lacunosités extrêmement petites mais visibles à la loupe. Tous les auteurs attribuent à ce Polypier une substance intérieure solide; cependant elle n'est point compacte: en l'examinant avec de très-fortes loupes on s'aperçoit qu'elle est lacuneuse; on l'entame très-facilement avec le burin. Nous en avons plusieurs fois extrait au moyen de cet instrument des Serpules des Balanes ou autres Coquiles souvent sans les casser quoiqu'elles fussent presque entièrementenglobées dans cette substance. Laplupart des pores d'un diamètre égal à celui de l'ouverture ne pénètrent qua une petite profondeurdans la substance: en la fracturant on s'aperçoit que quelques pores pénètrent jusqu'au centre des expansions et ceux-ci présentent de petits diaphragmes calcaires dont lenombre varie de deux ou trois à sept ou huit. Ces Polypiers croissent partoute leur surface en couches d untiers de ligne à une ligne d'épaisseur souvent faciles à reconnaître parleursnuances différentes et démontréesplus certainement encore par les corps étrangers qu'elles recouvrentet englobent de leur substance pierreuse.

Les formes de ces Millépores sont

TOME X. 36

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peu arrêtées; ils ont une tendance à croître en expansions aplaties et les espèces très-rameuses ont constamment leurs rameaux plus ou moins comprimés: on les trouve souvent parasites sur les divers corps submergés; il est assez commun de trouver des Gorgones dépouillées de leur écorce recouvertes de toutes parts par ces Polypiers; on en a vu sur des bouteilles des briques des tuiles des morceaux de bois des noix deCocos etc. On pourrait former ungenre de ces Polypiers auxquels on réunirait le Pocillopore bleu de Lamarck (Madrepora interstincta L.; Millepora cærulea Pall.) dont lastructure se rapproche infiniment desMillépores dont nous parlons et quin'en diffèrent que par la grandeurdes cellules.

Le Millépore tronqué se distingue de tous les autres par ses rameaux toujours cylindriques; par ses pores petits ovalaires disposés en quinconce presque régulier constamment recouverts par un opercule corné; par ses cellules dont la cavité est plus grande que les pores auxquels elles aboutissent. Sa surface extérieure est comme vernie; cependant examiné avec de trèsfortes loupes son tissu paraît lacuneux ou plutôt poruleux et d'un aspect tout particulier. Ce Millépore ne s'accroît que par l'extrémité des rameaux; les cellules de la circonférence sont perpendiculaires à Taxe du Polypier; il Y a au centre quelques cellules obliques ou droites qui se rapprochent de la direction de Taxe. Ce Polypier n'encroûte jamais les corps marins et sa forme ne varie point. Donati et Cavolini ont observé l'Animal du Millépore tronqué; il est allongé renflé dans sa partie moyenne aminci en arrière aans le point par lequel il s'attache au fond de sa cellule aminci également en avant où il se termine par une sorte d'entonuoir évasé au fond duquel est la bouche; du col de cet entonnoir naissent deux petits musçles qui s'attachent à l'opercule et le ferment quand l'Animal rentre dans sa cellule. Cette organisation paraît très-singulière dans un Animal de la famille des Polypes.

Le Millépore ronge présente une autre manière d?ecirc;tre. Sa surface plane lobée ou légèrement rameuse est couverte de pores très-petits anguleux irrégulièrement disposés et tout-à-fait superficiels; il croit par toute sa surface et semble formé de lames poreuses superposées dont les pores ne se correspondent point d'une manière exacte de sorte que lorsqu'on le casse dans le sens vertical on n'aperçoit qu'une substance comme spongieuse où l'on remarque pourtant des traces de couches. Nous en avons fracturé dans ce sens plusieurs échantillons dans lesquels nous avons remarqué entre les couches une lame mince blanche due à la présence d'une couche de Nulipore qui avait recouvert accidentellement ces Polypiers pendant leur croissance. Lorsqu'on les fracture dans le sens horizontal c'est-àdire suivant la direction des couches on retrouve les pores très-distincts disposés comme à la surface; mais ils sont plus profonds. Nous ne connaissons fes Millépores tubulifère et pinné que par les figures qu'en a données Marsigli et les descriptions de Pallas; mais nous croyons pouvoir avancer qu'ils n'ont que fort peu de rapports avec les Polypiers ci-dessus mentionnés; peut-être même devraitoo les rapporter aux Tubulipores.

Quant aux Millépores fossiles spécialement ceux du Calcaire des environs de Caen que Lamouroux a rapportés à ce genre ce sont bien les Millépores par excellence; mais ils ont encore un aspect qui leur est particulier: leurs pores très-petits excessivement nombreux ont des formes anguleuses souvent hexagonales; ils sont arrangés entre eux comme les ouvertures des rayons d'Abeilles; les cellules ont la même forme: elles sont perpendiculaires à l'axe du Polypier et séparées les unes des autres par des cloisons ex-

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cessivement minces. Os Polypiers croissentpar toute leur surface en allongeant leurs cellules; quand cellesci par leur croissance excentrique venaient à s'écarter de leurs voisines de nouvelles cellules ou plutôt de jeunes Polypes s'interposaient dans les interstices agrandis des cellules et croissaient accolées à leurs mères. C'est de-là que dépend la présence de petits pores en entourant de plus grands disposition qui se voit trèsfréquemment sur les Millépores des Calcaires des environs de Cacn. Ils affectent différentes formes; ce sont des masses diversement lobées ou branchues plus ou moins souvênt anastomosées quelquefois des rameaux allongés et fort élégans; ils encroûtent souvent des Serpulcs ou des Coquilles. Tant que l'ou ne connaîtra pas mieux les Animaux des Millépores on peut les laisser réunis dans un genre caractérise par la petitesse des pores et le défaut de lames internes en étoiles; mais nous sommes convaincu que la découverte des Animaux fera établir de nouvelles divisions génériques déjà rendues évidentes par l?eacute;tude seule des Polypiers.

Ce genre renferme parmi les espèces vivantes les Millepora squarrosa complanata alcicornis aspera truncata tubulifera pinnata rubra; et parmi les fossiles les Millepara du me tas a pyrifunnis conifera corymbosa. (E. D..L.)

* MILLéPORéES. POLYP. Ordre établi par Lamouroux dans la section des Polypiers pierreux foraminés. Il lai attribue pour caractères: Polypiers pierreux polymorphes solides compactes intérieurement; cellules très-petites ou poriformes éparses on sériales jamais lamelleuses quelquefois cependant à parois légèrement striées. Il y rapporte les genres Ovulile Retéporite Lunulite Orbulite Ocellaire Mélobé.sie Eudée Alvéolite Distichopore Homère Krusensterne Silésie Théonée Chrysaore Millépore Térébellaire Spiropore Idmonée. V. tous ces mots. (E. D..L.)

* MILLÉPORITE. Milleporita. MOLL. La treille (Fam. Nat. du Règn. Anim.) a divisé les Polythalames Décapodes en quatre tribus; la deruiere qu'il a désignée sous le nom de Milléporites renferme un assez grand nombre de genres qui nous semblent bien hétérogènes. Voici comment ce groupe se trouve caractérisé: la coquille n'offre plus de siphon apparent ni d'ouverture extérieure ou si elle existe elle est entièrement appliquée sur le tour précédent l'extrémité externe du dernier s'avançant et se confondant avec lui; l'intérieur de la coquille est divisé en une infinité de petites loges ou elle est plutôt poreuse que celluleuse; sa forme est tantôt discoïdale et très-aplatie tantôt presque globuleuse ou presque ovoïde. Les genres compris dans ce groupe au nombre de seize y sont distribués de la manière suivante. Quoique Latreille se soit abstenu de citer les genres de Monlfort qui lui ont semble douteux il n'en a pas moins admis quelques autres qu il est impossible d'adopter.

†Coquille ayant une ouverture mais appliquée sur le tour précédent et cachée.

1. Intérieur de la coquille roulé en spirale.

αUn ombilic ou un mamelon au centre.

AHCHIDIE ILOTE.

βPoint d'ombilic ni de mamelon au centre.

HéLéNIDE.

2. Intérieur de la coquille rayonné.

CELLULIE CéLIBE.

† † Coquille n'ayant aucune trace d'ouverture.

1. Coquille subglobuleuse ou subovoïde.

BORéLTE MlLlOLlTE ClAUSULIB GYROGONITE.

2. Coquille discoïdale.

36*

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α Coquille rayonnée.

ROTALTE EGÉONE.

βCoquille à cercles concentriques.

TINOPORE SIDÉROLlTE NUMMULIE LICOPHRE DISCOLITE.

Parmi ces genres de Montfort qui presque tous peuvent être des sujets de discussion nous remarquerons que les Cellulies et les Célibes ne semblent avoir aucuns rapports entre eux si l'on en juge d'après la description de Montfort. Nous ferons observer également que le genre Gyrogonite ayant été reconnu pour une graine de Chara ne doit plus se trouver ici et nous ajouterons que les trois genres Borélie Miliolite et Clausulie de Montfort ont été faits pour trois espèces d'un même genre que Lamarck a nommé Mélonie (V.ce mot). Quant au dernier groupe il présente des élémens tout-à-fait hétérogènes: d'abord les genres Tinopore et Sidérolite n'en doivent former qu'un seul; ils ont des rapports avec les Nummuliés. Ce dernier comprend il les Lenticulites de Lamarck? cela est probable; mais Latreille ne le dit pas. Les deux autres genres sont reconnus pour des Polypiers d'un même genre dont les Discolites forment le commencement d'une série et les Licophres la fin. Nous renvoyons pour d'autres détails aux mots des genres cités dans cet article. (D..H.)

MILLÉPORITES. POLYP. On a quelquefois donné ce nom aux Millépores fossiles. (E. D..L.)

* MILLERAIES. OIS. Espèce du genre Faucon sous-genre Autour. V. Faucon. (DR..Z.)

MILLéRIE. Milleria. BOT. PHAN. Genre de la famille des Synanthérées Corymbifères de Jussieu et de la Syngénésie nécessaire L. établipar ar Linné adopté et réformé par Jussieu et Kuntn qui l'ont ainsi caractérisé: involucre à trois folioles inégales l'extérieure plus grande; réceptacle nu; fleurons au nombre de deux à cinq ceux du disque tubuleux et mâles celui du bord. unique en languette et femelle; akène solitaire dépourvu d'aigrette. Cavanilles (Icon. tab. 4 et 223) réunissait à ce genre deux Plantes (Milleria contrayerba et M. angustifolia) qui ont formé les types du genre Flaveria de Jussieu ou Vermifuga de Ruiz et Pavon. V. FLAVÉRIE.

Les Milleria quinqueflora ou M. dichotoma Cav. loc. cit. 1 t. 82 et M. biflora L. sont des Plantes herbacées à feuilles opposées entières; à fleurs jaunes terminales ou axillaires agglomérées ou disposées en corymbes. Elles croissent au Mexique et dans l'Amérique méridionale. (G..N)

MILLESPÈCES. BOT. PHAN. Syn. vulgaire de Calament espèce du genre Mélisse. V. ce mot. (B.)

MILLET. REPT. OPH. Espèce du genre Crotale. V.ce mot. (B.)

MILLET. BOT. PHAN. V. MIL. On a appelé vulgairement:

MILLET D' AFRIQUE le Sorgho.

MILLET DE CHÈVRES l'Impatiens noli me tangere.

MILLET D'AMOUR le Lithospermum officinale.

MILLET D'INDE le Sorgho diverses Graminées comestibles et jusqu'au Maïs.

MILLET SAUVAGE le Melampyrum aruense L.

MILLET DU SOLEIL le Grémil Lithospermum officinale L. etc. (B.)

* MILLINE. Millina. BOT. PHAN. Genre de la famille des Synanthérées Chicoracécs de Jussieu et de laSyngénésie égale L. établi par Cassini (Dict. des Sc. Nat. T. XXXI p. 89) qui l'a ainsi caractérisé involucre dont les folioles sont disposées presque sur un seul rang un peu inégales appliquées oblongues-lancéolées aiguës au sommet carenées embrassantes; la base de l'involucre entourée de petites écailles irrégulièrement disposées inégales lancéolées subulées arquées en dedans; réceptacle plane marqué de fossettes

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à réseau charnu dentîculé; calathide composée de demi-fleurons nombreux hermaphrodites ayant leurs corolles garnies de poils épars sur le haut du tube et le bas du limbe; akènes oblongs cylindracés ridés transversalement prolongés en un col long et grêle surmontés d'une aigrette plumeuse. Ce genre est placé par son auteur entre le Tragopogon et le Thrincia; il diffère du premier par son port et par son involucre; il ressemble par le port aux Thrincia ainsi qu'aux Leontodon; mais il s'en distingue essentiellement par la structure du fruit. Une seule espèce cultivée dans les jardins de botanique le constitue. Cassini la nomme Millina leontodontoides; elle est probablement l'Apargia chicoracea de Tenore. Cette Plante est herbacée et ressemble beaucoup au Leontodon autumnale. (G..N.)

MILLINGTONIE. Millingtonia. BOT. PHAN. Le genre établi sous ce nom par Linné fils (Suppl. 291) a été réuni au genre Bignonia par Roxburgh (Corom. t. 214) sous le nom de Bignonia suberosa. (A. R.)

MILLO. OIS. Syn. de Balbuzard. V. FAUCON. (DR..Z.)

* MILLOC. BOT. PHAN. V. MEILLAUQUE.

MILOUIN OU MILLOUIN. OIS. Espèce du genre Canard. Cuvier dans le Règne Animal en a fait le type d'un sous-genre. V. CANARD. (DR..Z.)

MILOUINAN. OIS. Espèce du genre Canard autour de laquelle Cuvier a groupé un petit sous-genre. V. CANARD. (DR..Z.)

* MILNEA. BOT. PHAN. Nouveau genre de la famille des Méliacées et de la Pentandrie Monogynie L. établi par Roxburgh (in Carey Fl. Ind. 2 p. 430) et offrant les caractères suivans: le calice est monosépale à cinq divisions profondes; la corolle se compose de cinq pétales; le tube ou nectaire formé par les filets staminaux est urcéolé portant à son bord supérieur cinq anthères disposées en rond. L'ovaire est à trois loges contenant chacune une à deux graines attachées à Taxe central et dépourvues d'endosperme.

Ce genre dédié à Colin Milne auteur d'un Dictionnaire d'Institutions et de plusieurs autres ouvrages de botanique se compose d'une seule espèce nommée Milnea edulis Roxb. loc. cit.; c'est un grand Arbre originaire de l'Inde ayant des feuilles alternes inégalement pinnées sans stipules longues de six à douze pouces composées de trois à six paires de folioles presque opposées pétiolées lancéolées entières acuminées quoiqu'un peu obtuses è leur sommet de trois à six pouces de long sur un à deux de large. Les fleurs très'-nombreuses petites et caduques forment une panicule rameuse et axil-laire; elles sont accompagnées de bractées très-petites et également caduques. Les filamens des étamines sont courts attachés au sommet du nectaire; les anthères sont sagittées. L'ovaire est à demi-infère à trois loges; le style est court terminé par un stigmate turbiné tronqué à six lobes peu marqués. Le fruit est arrondi à trois loges contenant généralement une seule graine les autres ovules ayant avorté. Cette graine est ovoïde attachée sur une sorte d'arille épais transparent et bon à mander; de-là le nom spécifique donné à cet Arbre. (A. R.)

MILOS ET SMILOS. BOT. PHAN. Même chose que Milax (V. ce mot) qu'il ne faut pas confondre avec Smilax. (B.)

MILTITES. MIN. Ce qui signifie Pierre couleur de brique. Pline donne ce nom à sa quatrième espèce d'Hæmatite lorsqu'elle est calcinée. Il paraît que c?eacute;tait une variété de Fer oxidé qui devenait rouge en passant par le feu. (B.)

MILTUS. BOT. PHAN. Genre de la Dodécandrie Pentagynie L. établi

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par Loureiro (For. Cochinchin. 1 570) qui lui a donné pour caractères essentiels: un calice à cinq folioles; corolle nulle; douze étamines insérées au fond du calice à anthères ovales biloculaires; ovaire supérieur surmonté de cinq sligmalcs sessiles et courbés en dehors; cinq capsules conniventes renfermant chacune une seule graine. Ce genre paraît appartenir à la famille des Ficoïdes et se rapprocher surtout de l'Aizoon. Il ne renferme qu'une seule espèce Miltus africana Lour. loc. cit. dont les tiges sont ligneuses grêles couchées glabres longues de plus d'un mètre munies de feuilles opposées presque sessiles fort petites glabres charnues allongées obtuses très-entières et souvent fasciculées. Ses fleurs sont latérales agrégées et portées sur des pédoncules simples. Cette Plante croit dans les lieux arides de la côte de Mosambique en Afrique. (G..N.)

MILYUS. OIS. V. MILAN.

MIMETES. BOT. PHAN. Genre des Protéacées établi par Salisbury et adopté par R Brown dans son Mémoire sur cette famille. Ses fleurs hermaphrodites ont un calice divisé profondément en quatre parties distinctes et égales creusées chacune à leur sommet d'une cavité à laquelle est opposée une anthère libre de toute adhérence. Le style filiforme et caduc se termine par un stigmate cylindrique grêle souvent aigu. L'ovaire accompagné à sa base de quatre petites écaillés caduques qui manquent quelquefois contient un ovule unique et devient un akène ventru lisse et sessile. Les espèces de ce genre sont des Arbrisseaux dont les feuilles ont leur contour entier ou marqué de dents calleuses. Les fleurs sont disposées en tètes terminales ou plus fréquemment axillaires et brassées quelquefois par la feuille supérieure courbée en capuchon. Un involucre composé d'un nombre indéfini de foliotes imbriquées entoure ces têtes où les fleurs portéessur un réceptacle plane sont entrmélées de paillettes étroites et caduques. On compte onze de ces espèces toutes originaires du sud de l'Afrique aux environs du cap de Bonne-Espérance. Plusieurs ont été décrites pour la première fois dans le Mémoire cité de Brown; celles qui étaient connues avant lui étaient des Prolea pour Linné et la plupart de ses successeurs. Elles portaient dans Boerhaare le nom de Hypophyllocarpodendron que sa longueur a dù nécessairement faire abaudonner. (A. D.J)

MIMEUSE. Mimosa. BOT. PHAN. Ce genre appartient à la famille des Légumineuses où il forme le type d'uue section particulière sous le nom de Mimosées. Tel qu'il a été limité par Willdenow et les autres botanistes modernes le genre Mimmosa présente les caractères suivans: les fleurs sont polygames; leur calice est monosépale régulier tubuleux à cinq divisions plus ou moins profondes pétaloïde et persistant; il est accompagné extérieurement d'un calicule plus court ou quelquefois simplement d'une ou deux bractées. Ce calice a été considéré par tous les botanistes jusqu?agrave; ce jour' comme une corolle monopétale régulière et le calicule comme le véritable calice. V. MIMOSÉES. Les étamines varien t de quatre à douze; elles on tleurs filets greles capillaires hypogynes attachés soit à la base du catice soit au petit pédicule qui supporte le pistil; les anthères sont presque globuleuses didymes à deux loges contenant des grains de pollen composé. L'ovaire quelquefois slipité à sa base est allongé uu peu oblique comprimé finissant insensiblement à son sommet en un style Capillaire que termine un stigmate simple. Le fruit est une gousse compiimée plane à une seule loge composée d'une ou plusieurs articulations monospermes se séparant les unes des autres et contenant chacune une graiue lenticulaire. Les Mimeuses dont on trouve soixante et ouze espèces décrites

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dans le second volume du Prodrome de De Candolle sont tantôt des Arbres tantôt des Arbustes ou plus rarement des Plantes herbacées souvent munies d'aiguillons. Leurs feuilles sont alternes articulées composées pinnées doublement pinnées ou digitées-pinnées. Les folioles sont également articulées; les stipules sont placées sur le pétiole. Les fleurs généralement très-petites sont roses ou blanches très-rapprochées les unes des autres et formant des capitules globuleux ou ovoïdes simples ou groupés en panicule ou en grappe. Plusieurs especes de ce genre sont remarquables par les mouvemens d'irritabilité que présententleurs feuilles. Nous en dirons quelques mots dans cet article. Les Mimeuses sont toutes exotiques; elles croissent dans les régions chaudes des deux Indes et particulièrement dans l'Amérique mé ridionale où habitent environ les deux tiers des espèces connues. Parmi ces dernières un grand nombre d'espèces nouvelles ont été décrites et figurées par Kunth dans son magnifique ouvrage intitulé: Mimoses et autres Légumineuses du nouveau continent in-fol. fig. color. Dans le second volume de son Prodrome et dans ses Mémoires sur les Légumineuses De Candolle a formé trois sections naturelles parmi les espèces du genre Mimeuse. Nous allons décrire quelques-unes des espèces les plus intéressantes de chacune de ces sections.

Sect. 1.—EUMIMOSA D. C.

Gousse comprimée moniliforme articulée. Fleurs roses.

MIMEUSE BLANCHATRB. Mimosa albida Kunth Mim. p. 2 t. 1. Cette jolie espèce voisine de la suivante a été trouvée par Humboldt et Bonpland sur le bord de la mer du Sud entre le petit village de Moche et la ville de Truxillo dans le royaume du Pérou. Sa tige est rabougrie pubesccnte blanchâtre rameuse munie d'aiguillons. Ses feuilles sont conjugées pinnées bijugées; ses foliolessont oblongues aiguës un peu obliques pubescentes et blanchâtres à leur face inférieure; leurs pétioles sont dépourvus d'aiguillons. Les capitules sont globuleux géminés et les fruits velus et presque hispides. Cette espèce differe de la Mimeuse sensible par son port rabougri ses feuilles plus petites son duvet plus serré et blanchâtre surtout à la face inférieure des feuilles ses pétioles dépourvus d'aiguillons et ses fleurs d'une belle couleur rose. Celles-ci ne contiennent chacune que quatre étamines.

MIMEUSE SENSIBLE Mimosa sensitiveL. Sp. 1501. Cette espèce est un Arbuste sarmenteux originaire des forêts du Brésil. Sa tige est rameuse etpubescente. Ses feuilles sont comme celles de l'espèce précédente digitées-pinnées et bijugées; ses pétioles sont garnis de quelques aiguillons courtsff la foliole interne de la paire inférieure est extrêmement petite et presque avortée. Les fleurs sout roses tétrandres formant des capitules globuleux et géminés portés sur des pédoncules moitié plus courts que les pétioles. Les fruits sont his pides et terminés par une longue pointe. Les feuilles de cette espèce sont légèrement sensibles lorsqu'on les touche.

MIMEUSE SENSITIVE Mimosa pudica L. Sp. 1501; Breyn. cent. t. 18. Il est peu de Plantes plus célèbres et plus généralement connues que cette espèce que l'on désigne communément sous le nom de Sensilive. C'est des forêts du Brésil que les graines en ont été transportées en Europe où elle est aujourd'hui cultivée dans toutes les serres et où chaque jour elle fait l'étonnement de l'observateur par les phénomènes nombreux d'irritabilité qu'elle présente. La Sensitive est une Plante annuelle ayant sa tige rameuse haute d'environ deux pieds un peu étalée articulée noueuse poilue et armée d'aiguillons nombreux et recourbés; les feuilles sont pétiolées digitées pinnées. Les pinnules au nombre de quatre sont multijugées

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composées de folioles elliptiques allongées obtuses et sessiles. Les fleurs sont roses pentandres formant des capitules globuleux axillaires et pédonculés; le calicule consiste en une simple bractée ciliée sur ses deux bords. Les fruits sont planes hispides et ciliés seulement sur leur contour. La Sensitive est sans contredit le Végétal dans lequel les mouvemens d'irritabilité sont le plus étendus. Lorsque l'on touche seulement du bout du doigt l'une de ses folioles on la voit se redresser et s'appliquer par sa face supérieure contre celle qui lui est opposée et presqu'instantanément le même mouvement se propage dans toutes les paires de folioles qui composent la pinnule. Non-seulement chaque paire de folioles s'applique face a face mais encore elles se couchent obliquement vers le sommet de la pinnule et se recouvrent en partie par l'un de leurs côtés. Bientôt la pinnule elle-même se redresse et si le mouvement ou le choc a été un peu violent les trois autres pinnules partagent et le pétiole commun lui-même ne tarde pas à se fléchir vers la terre. Dans cet état la feuille sémble flasque et fanée. Mais cette apparence est trompeuse car si l'on tente de redresser le pétiole on sent qu'il oppose une résistance réelle et qu il se trouve dans un état de rigidité qu'on ne pourrait vaincre sans effort et peut-être sans occasioner quelque déchirure. Non-seulement ce mouvement a lieu par l'action directe et immédiate d'un choc quelconque mais par un choc communiqué médiatement. C'est ainsi que le mouvement d'une voiture qui roule au voisinage d'un pied de Sensitive suffit pour mettre en jeu son irritabilité. Bien d'autres agens exercent aussi sur elle une influence marquée. Ainsi l'électricité les vapeurs irritantes telles que celle du Chlore par exemple de l'Acide acétique très-concentré du gaz nitreux l'air agité par le vent l'ombre d'un nuage l'action trop forte de la chaleur concentrée sur une foliole au moyen d'une lentille celle du froid suffisent pour provoquer les mêmes phénomènes que le choc direct imprimé à l'undes folioles. Dutrochet habile expérimentateur que nous avons déjà eu plus d'un fois occasion de citer dans plusieurs articles de ce Dictionnaire a fait des recherches curieuses pour reconnaître quelle était la partie de la Plante où l'irritabilité avait son siège et arriver ainsi à savoir la cause de cette propriété et pour cela il s'est occupé d'abord de l'anatomie de cette Plante. Nous ferons brièvement connaître ici le résultat de ses observations. Dans toutes les feuilles articulées qui sont uniquement celles où s'observent les mouvemens d'irritabilité on aperçoità la base du pétiole un renflement ou bourrelet terminé inférieurement par un rétrécissement plus ou moins étroit. Jusqu?agrave; présent on avait assimilé le mouvement des feuilles de la Sensitive au mouvement des membres dans les Animaux qui en sont pourvus; c'est-à-dire que l'on avait pensé qu'il avait lieu clans la partie rétrécie ou l'articulation. Mais en examinant plus attentivement ce phénomène Dutrochet a reconnu que tel n'est pas son mécanisme. Les mouvemens se passent non dans la partie rétrécie mais dans le bourrelet lui-même et se réduisent à la flexion et au redressement. Dans le premier cas le bourrelet forme une courbe dont la convexité est tournée vers le ciel et il y a distension du tissu qui forme la partie supérieure du bourrelet et refoulement de celui qui constitue sa partie inférieure. Ce bourrelet est principalement composé de cellules globuleuses qui contiennent un fluide concrescible et qui sont environnées par un tissu cellulaire trèsdélicat dans leauel il existe une immense quantité de corpuscules verdâtres que Dutrochet regarde comme des corpuscules nerveux; ce tissu est un développement particulier de l'enveloppe herbacée ou parenchyme cortical dont le centre est occupé par un faisceau de tubes nourriciers. C'est ce tissu cellulaire du bourrelet

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qui est le siège des mouvemens du pétiole et l'on peut à volonté les anéantir en enlevant avec soin ce tissu sans intéresser le faisceau vasculaire. Le mouvement de flexion vers la terre a son siège dans le tissu cellulaire de la partie supérieure du bourrelet et celui de redressement dans le tissu de la partie inférieure du même bourrelet. Ainsi quand on enlève le tissu cortical du côté inférieur du bourrelet la feuille reste flétrie et ne peut se redresser; si au contraire cest la partie supérieure qui a été enlevée la feuille reste dressée sans pouvoir se fléchir. De ces faits il paraît résulter que la flexion du pétiole est produite par l'action de la partie supérieure du tissu cellulaire du bourrelet et que son redressement est dû à l'action de la partie inférieure. Ce sont en quelque sorte deux ressorts antagonistes dont l'un devient alternativement plus puissant que l'autre et le force à céder. Si l'on coupe une tranche trèsmince du tissu cellulaire de la partie supérieure du bourrelet et qu'on la plonge dans l'eau on la voit se rouler en un cercle dont la concavité est tournée vers l'axe du bourrelet. Le phénomène se présente de la même manière si l'on prend une lame du même tissu au côté inférieur ou sur les parties latérales du bourrelet toujours la lame se roule de manière à ce que sa concavité corresponde à l'axe du pétiole. Le pétiole se trouve donc composé selon la remarque de Dutrochet de ressorts antagonistes et opposés qui tendent à se courber en sens inverse; ainsi le ressort inférieur redresse le pétiole et le supérieur le fléchit. L'auteur uomme incurvation cette propriété que possèdent les lames du bourrelet de s'incurver ou se rouler dans un sens ou dans un autre. La cause immédiate de ces mouvemens d'incurvation réside selon cet habile physiologiste dans l'action nerveuse mise en jeu par les agens du dehors. Il était naturel qu'ayant attribué aux Plantes un système nerveux analogue à celui des Animaux illuifìt jouer dans les phénomènes de la végétation le rôle important qu'il remplit dans la vie animale. Ainsi donc selon Dutrochet l'action du système nerveux est la cause des mouvemens visibles des Végétaux comme des Animaux. Mais s'il en est ainsi ce système nerveux doit comme dans ces derniers être l'organe de transmission de ces mouvemens ou en d'autres termes la partie de l'organisation qui propage le stimulus destiné à mettre en jeu l'action de ce système. Or c'est ce qui n'a pas lieu du propre aveu de l'auteur; car par des expériences fort délicates il est parvenu à connaître que l'action nerveuse qui détermine les mouvemens des feuilles se transmet uniquement par les vaisseaux qui forment l?eacute;tui médullaire vaisseaux entièrement privés de tubercules nerveux. Ainsi donc le prétendu système nerveux des Végétaux serait l'agent le siège de la puissance nerveuse sans être l'organe de transmission de cette puissance ce qui est impossible. Il nous semble que l'on peut tirer de-là cette conclusion que l'importante question de la cause des mouvemens des feuilles n'est point encore résolue et que de nouvelles données sont encore nécessaires pour arriver à une solution satisfaisante. Nous savons que ces mouvemens sont dus à une propriété des tissus que par analogie nous avons appelée irritabilité; mais quel est le siège précis de cette irritabilité? Pourquoi tous les Végétaux dont l'organisation estla même ne la présentent-ils pas? Est-elle due comme le pense Lamarck au passage rapide des fluides et à leur action sur les vaisseaux? Faut-il l'attribuer à l'action vitale? et par conséquent avouer que nous eniguorous l'esseuce?

A cette première section du genre Mimosa appartiennent encore plusieurs autres jolies espèces dont un assez grand nombre ont été décrites et figurées par notre collaborateur Kunth; telles sont les suivantes: Mimosa pectinata Kunth Mim. 5 t.

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2; M. polycarpa loc. cit. 8 t. 5; M. polydactyla loc. cit. 14 t. 5; M. tomentosa loc. cit. 11 t. 4; M. montana loc. cit. 31 t. 10; M. somnians loc. cit. 20 t. 7 et plusieurs autres.

Sect. 2. — HABBASIA D. C. Lég.

Gousse comprimée très-hispide à bords droits non contractés à articulations courtes et nombreuses; rameaux et pétioles armés d'aiguillons opposés sur les pétioles; feuilles bipinnées; fleurs blanches.

MIMEUSE PELUCHÉE Mimosa pellita Willd. Kunth Mim. 27 t. 9. Cette espèce est munied 'aiguillons recourbés et rougeâtres; ses feuilles sont bipinnées composées de neuf à dix paires de pinnules opposées et composées chacune d'un très-grand nombre de paires de folioles oblongues obtuses entières; le pétiole commun est velu et muni d'aiguillons droits. Les fleurssont blanches disposées en capitules globuleux pédonculés généralement au nombre de deux à l'aisselle des feuilles. A ces fleurs succèdent des gousses comprimées un peu falciformes velues et hispides surtout lorsqu 'elles sont encore jeunes composées d'un grand nombre d'articulations dont la largeur est double de la hauteur. Cette espèce croît dans plusieurs parties de l'Amérique méridionale près de Cumana sur le bord de la rivière de la Magdeleine où elle a été recueillie par Humboldt et Bonpland. A l'occasion de cette espèce le premier de ces deux célèbres voyageurs fait sur les Mimeuses du nouveau continent une remarque que nous croyons devoir rapporter ici. « Nous avons observé dit-il (Relat. histor. 1 p. 456) que les Mimeuses comme toutes les Plantes à feuilles pennées participent à la paresse qui est commune à tous les êires des Tropiques. Elles se ferment vingt-cinq à trente-cinq minutes avant le coucher apparent du soleil et mettent après son lever autant de minutes pour s'éveiller même dans les plaines. Le Vultur Aura en fait autant. Il parait qu'ae-coutumées pendant la journée à une extrême vivacité de lumière les Sensitives et d'autres Légumineuses minces et délicates se ressentent le soir du plus petit affaiblissement dans l'intensité des rayons de sorte que la nuit commence pour ces Végétaux là comme chez nous avant la disparition totale du disque solaire. Mais pourquoi sous une zône où il n'y a presque pas de crépuscule les premiers rayons de l'astre ne stimulentils pas les feuilles avec d'autant plus de force que l'absence de la lumière a dû les rendre plus irritables? Peut-être l'humidité déposée sur le parenchyme par le refroidissement des feuilles qui est l'effet du rayonnement nocturne empêche-t-elle l'action des premiers rayons du soleil? Dans nos climats les Légumineuses à feuilles irritables s?eacute;veillent déjà avant l'apparition de l'astre pendant le crépuscule du matin.

Cette section renferme encore les Mimosa dormiens de Humboldt; Mimosa canescens M. hispida M. ciliata M. polyacantha de Willdenow avec plusieurs autres.

Sect. 3. — BATACAULON D. C. Lég.

Gousse comprimée plane très-glabre ou à peine pubescente articulée non contractée aux articulations quelquefois bordée d'une simple rangée de poils; feuilles bipinnées; fleurs blanches ou jaunâtres.

MIMEUSE EN FORME DE RONCE Mimosa rubicaulis Lamk.; M. octandra Roxb. Cor. 2 t. 200. Cette espèce est originaire des Indes-Orientales; ses rameaux et ses pétioles sont munis d'aiguillons forts et recourbés; les feuilles sont bipinnées très-velues ainsi que les rameaux composées de cinq paires de pinnules qui sont chacune formées de dix à douze paires de folioles linéaires allongées. A la base de chaque pinnule on trouve surtout dans les jeunes feuilles une glande oblongue. Les fleurs sont jaunâtres formant des capitules glo-

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buleux pédoncule naissant au nombrede trois à quatre à l'aisselle des feuilles supérieures qui sont rudimentaires. Les fruits sont glabres comprimés fortement ciliés sur leurs bords très-rarement dépourvus de cils.

On trouve encore dans cette section les Miirosa Ceratonia L.; M. oligacantha D. C.; M. costa L.; M. leiocarpa D. C. (A. R.)

MIMOPHYRE. MIN. (Brongn.) Roche à structure porpbyroïde formée par voie d'agrégation mécanique et composéeessentiellementd'un ciment argiloïde qui réunit des grains quartzeux ou feldspathiques: c'est le Poudingue porphyroïde de Dolomieu. Brongniart en distingue trois variétés: le quartzeux le pétrosiliceux et l'argileux. Sa position géologique ordinaire est au-dessus au terrain bouiller; elle peut être aisément confondue avec les Psammites et Pséphites (Grès rouges des géognostes). (G. DEL.)

MIMOSA. BOT. PHAN. V. MlMEUSE.

MIMOSE. GÉOL. Syn. de Dolérite ou Graustein. V. ces mots. (B.)

* MIMOSÉES. Mimosæ. BOT. PHAN. Robert Brown a le premier donné ce nom à un groupe ou tribu de la famille des Légumineuses qui se compose du genre Mimosa de Linné lequel a été divisé en onze genres distincts par les auteurs modernes. V. LÉGUMINEUSES où nous avons donné les caractères de cette tribu et des genres qui la forment. (A. R.)

MIMULE. Mimulus. BOT. PHAN. Genre de Plantes de la famille des Scrophularinées et de la Didynamie Angiospermie L. a ppelé Monavia par Adanson et Cynorynchium par Mitchell et ayant un calice monosépale tubuleux à cinq angles et terminé par cinq dents; une corolle monopétale irrégulière personnée ouverte à deux lèvres la supérieure bilobée et réfléchie sur ses côtés l'inférieure à trois lobes inégaux; des étamines didynames dont les anthères ont leurs deux loges divariquées à la base; l'ovaire est environnéd'un disque hypogyne aunulaire et oblique et le style se termine par un stigmate formé de deux lamelles; le fruit est une capsule recouverte par le calice à deux loges polyspermes s'ouvrant en deux valves entieres portant chacune la moitié de la cloison sur le milieu de leur face interne.

Les espèces de ce genre sont ou des Plantes herbacées dressées ou étalées ou des Arbustes portant des feuilles opposées des fleurs jaunes orangées violettes ou blanches dépourvues de bractées axillaires et solitaires ou disposées en épis ou plus rarement en corymbes. Toutes les espèces de Mimules sont otiginaires de l'Amérique septentrionale ou méridionale à l'exception de deux qui ont été trouvées par Robert Brown à la Nouvelle-Hollande savoir; Mimulus repens et M. grocilis. Plusieurs de ces espèces sont cultivées dans les jardins. Nous citerons ici les suivantes:

MIMULE GLUTINEUX Mimulus glulinsosus Willd. Sp.; M. auratitiacus Curt. Bot. Mag. tab. 354. C'est un Arbuste rameux de trois à quatre pieds de hauteur dont la tige ainsi que les feuilles sont glutineuses et pubesccntcs; ses feuilles sont opposées semi-embrassantes à leur base sessiles elliptiques-allongées aiguës obscurément dentées; les fleuis sont grandes d'un jaune orangé axilaires solitaires et portées sur un pédoncule assez court; leur calice est tubuleux un peu arqué à cinq dents inégales la supérieure plus longue et à cinq angles; la corolle est également tubuleuse mais sou tube estplus long que le calice elle se termine par un limbe oblique plane à deux lévres la supérieure bilobée l'inférieure à trois lobes. Cette espèce originaire de la Californie se cultive dans les jardins: elle doit être rentrée dans l'orangerie pendant l'hiver. Dans ce Mimule comme dans toutes les autres espèces du même

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genrc le stigmate se compose de deux lamelles glanduleuses sur leur face interne. Quand on touche laface supérieure ou interne de l'une d'elles avec la pointe d'un canif ou tout autre instrument on les voit se rapprocher l'une de l'autre par un mouvement assez prompt.

MIMULE TACHETÉ Mimulus guttatus D. C. Cat. Mont. 127. Cette espèce qui est annuelle est originaire au Pérou; mais aujourd'hui elle est très-commune dans les jardins. Elle offre beaucoup de rapports avec le Mimulus luteus de Linné; mais elle en diffère néanmoins par sa tige et ses pétioles velus et non glabres par ses feuilles inférieures longuement pétiolées et non sessiles; par les dents irrégulières de celles-ci; par les pédoncules de ses fleurs plus courts que les feuilles et non deux fois plus longs qu'eux comme dans le M. luteus; enfin parses fleurs presque deux fois plus petites.

Le nom de Mimulus avait été employé par Pline pour désigner une Plante qu'on croit être le Rhinanthus Crista-Galli. (A. R.)

MIMUSOPE. Mimusops.BOT. PHAN. Genre de la famille des Sapotacées et de l'Octandrie Monogynie L. composé d'un petit nombre d'espèces qui pour la plupart sont de grands et beaux Arbres originaires des Indes-Orientales à l'exception de deux espèces qui croissent à la Nouvelle-Hollande où elles ont été observées par R. Brown savoir Mimusops Kauki et une espèce nouvelle à laquelle il a donné le nom de Mimusops parvifolia. Les caractères de ce genre sont: un calice monosépale à six ou huit divisions disposées sur deux rangs; une corolle monopétale dont les lobes forment également deux rangées l'une iutérieure composée de six à huit lobes entiers l'autre extérieure formée de six à seize lobes divisés en lanières étroites; les étamines fertiles varient de six à huit et sont opposées aux lobes intérieurs; les étamines stériles en même nombre que les précédentes alternent avec elles; l'ovaire présente de six à huit loges; mais par suite d'avortement le fruit est très-souvent uniloculaire et contient une seule graine presque osseuse munie d'un endosperme. Ce genre est très-voisin de l'Imbricaria de Jussieu qui en diffère par sa corolle dont les lanières trifides forment trois rangées et par ses graines munies d'une crête saillante vers l'ombilic. Selon R. Brown le genre Binectaria de Forskahl doit être réuni au Mimusops dont il ne diffère que par les divisions extérieures de sa corolle qui sont deux fois bifides. L'Achras disseca de Forster n'est aussi qu'une espèce de Mimusops.

MIMUSOPE ELENGI Mimusops Elengi L. Lamk. Ill. tab. 300. Cet Arbre connu vulgairement sous les noms de Marone Cavequi Magouden etc. est originaire des Grandes-Indes. Ses rameaux dont l?eacute;corce est grisâtre portent des feuilles alternes rapprochées les unes des autres vers l'extrémité des jeunes rameaux portées sur des pétioles assez longs; elles sont elliptiques acuminées entières un peu sinueuses sur leurs bords coriaces glabres et luisantes à leur face supérieure; les fleurs sont axillaires quelquefois solitaires plus souvent réunies au nombre de deux à six; les divisions du calice sontlancéolées aiguës pulvérulentes et jaunâtres en dehors; les fruits sont ovoïdes charnus de la grosseur d'une prune moyenne rougeâtres et lisses extérieurement monospermes accompagnés à leur base par le calice qui est persistant. Ces fruits ont une saveur légèrement astringente et agréable: les Indiens les mangent. Les fleurs répandent une odeur douce et on en prépare une eau distillée très-agréable. (A. R.)

MINARET. Turris. MOLL. Genre démembré par Montfort (Conchyl. Syst. T. II p. 538) des Mitres de Lamarck et des autres auteurs modernes pour les espèces les plus turri-

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culées. Blain ville semble avoir adopté ce genre. Comme nous ne le croyons pas suffisamment motivé nous ne suivrons pas son exemple. V. MITRE. (D..H.)

MINDIUM. BOT. PHAN. Nom donné par l'Arabe Rhazès et adopté par Adanson pour désigner la Plante qui est devenue le Michauxia de l'Héritier. V. MICHAUXIE. (B.)

MINE. MIN. et GÉOL. Ce mot a plusieurs acceptions: il est souvent synonyme de Minerai; on l'emploie a ussi pour indiquer le gîte des Minerais danse le sein de la terre et on appelle MINES les excavations faites par les Hommes pour extraire les Minerais de leur gîte. V. MINERAI et MINES.

On a improprement donné le nom de Mine à des substances qui ne sont point les Minerais du Métal ou de la Matière qu'elles désignent. Plusieurs de ces mots étant quelquefois employés dans des ouvrages scientifiques où on les a adoptés par usage populaire ou par irréflexion nous indiquerons à quels Minéraux ils appartiennent.

MINE AURIFèRE DE TRANSYLVANIE. Le Tellure graphique. V. TELLURE.

MINE D'ACIER. Le Fer carbonaté spathique susceptible de donner directement l'Acier qu'on nomme naturel. V. FER.

MINE D'ARGENT GRISE. C'est le Cuivre gris où l'Argent ne fait point partie essentielle aux yeux du minéralogiste. V. CUIVRE.

MINE DE. BRONZE ou MINERAI DE CLOCHE. L'Etain sulfuré cuprifère. V. ÉTAIN.

MINE DE CORAIL. C'est un Minerai de Mercure sulfuré bituminifère tel que celui d'Idria qui présente par sa structure quelques ressemblances éloignées avec des groupes de Coraux.

Mine D?Egrave;TAIN BLANC. Le Schéelin calcaire. V. ce mot.

MINE DE LAITON. On a ainsi nommé le Minerai de Cuivre accompagné d'Oxide de Zinc et susceptible de donner immédiatement du Laiton par le traitement. V. ZINC.

MINE A LAYE DE TERRE et MINE A MARÉCHAL. Diverses sortes de Houilles.

MINE DE PLOMB. C'est le Graphite ou Fer carburé dont on fait les crayons. Ce Minerai ne renferme pas un atome de Plomb. V. FER CARBURÉ.

MINE TIGRÉE. Les mineurs allemands ont donné celle mauvaise dénomination (Tiegererz) à divers Minéraux qui présentent des taches noirâtres tels que la variété de Baryte sulfatée avec des taches de Minerai d'Argent; la Dolomie qui offre de semblables taches; et un Calcaire lamellaire mélangé d'un peu de Plomb sulfuré.

MINE A VERNIS. La Galène parce qu'elle entre dans. la composition de l?Eacute;mail ou Vernis des poteries. V. PLOMB SULFURÉ. (G..N.)

MINERAI MIN. Ce mot sert à désigner toute substance minérale renfermant un ou plusieurs Métaux susceptibles d'en être retirés par des moyens économiques. Si la substance minérale se compose de plusieurs Métaux elle est Minerai par rapport à celui qui s'y trouve en plus grande quantité et dont la valeur est plus considérable. Le Cuivre gris par exemple s'exploite tantôt comme Minerai d'Argent tantôt comme Minerai de Cuivre d'après la prédominance de chacun de ces deux Métaux. Dans certains Minerais très complexes on fait pour ainsi dire abstraction de plusieurs des Métaux qui s'y rencontrent et l'on ne vise qu?agrave; retirer avec bénéfice ceux qui offrent et valeur et quantité. L'extraction de ces Métaux se fait par le triage le bocardage le lavage le grillage les essais etc. procédés dont les détails sont étrangers à l'histoire naturelle proprement dite. V. MÉTALLURGIE. (G..N.)

MINéRALOGIE. Science des Minéraux c'est-à-dire des corps bruts

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formés naturellement et que l'on rencontre à la surface ou dans l'intérieur de la terre. Elle embrasse dans son objet la connaissance de leurs propriétés générales celle des caractères particuliers qui distinguent les différentes espèces les unes des autres et les variétés de chaque espèce entre elles; celle de leurs manières d?ecirc;tre dans la nature et de leur emploi dans les arts et les usages de la vie; enfin celle de leur classification ou de leur disposition dans un ordre propre à en faciliter l?eacute;lude et à faire mieux ressortir leurs analogies et leurs dissemblances.

Les bornes étroites dans lesquelles nous sommes obligés de resserrer cet article ou le but principal est d'exposer rapidement l?eacute;tat actuel de la science ne nous permettent pas d'y présenter l'histoire de ses faibles commencemens et de la marche lente qu'elle a suivie jusqu'au siècle de Linné et de Wallerius; nous nous contenterons de citer quelques-uns des noms les plus célèbres parmi ceux des auteurs anciens qui ont traité des Minéraux dans leurs ouvrages: dans les temps les plus reculés Aristote Théophraste Pline Dioscoride; pendant la période du moyen âge le fameux médecin Avicenne; après la renaissance des lettres Georges Agricola le père de la Métallurgie Conrad Gessner Boëce de Boot Beccher et Boyle. Les notions vagues que la plupart de ces auteurs nous ont laissées dans leurs écrits ont été presque entièrement étrangères aux progrès réels de la Minéralogie que l'on peut considérer comme une science toute récente; elle doit uniquement son avancement à l'esprit d'observation et de méthode qui caractérise les travaux des naturalistes modernes et aux secours importans qu'elle a reçus de la chimie et de la physique dont les développemens récens et prodigieux ont exercé sur elle la plus heureuse influence en ramenant les faits nombreux dont elle se compose à un petit nombre de lois générales. Nous aurons soin en traitant successivement de chacune des parties de la science de rappeler en peu de mots ce que la doctrine particulière qu'elle enseigne doit aux savans qui l'ont créée étendue ou perfectionnée.

Le premier pas à faire dans l?eacute;tude des Minéraux c'est de déterminer nettement en quoi ils diffèrent des autres productions naturelles et d'abord quels sont les principaux caractères qui distinguent les êtres vivans des êtres bruts les corps organiques des corps inorganiques. Le corps organique se compose de parties dissemblables qui concourent par leurs actions réciproques à l'existence du tout; il a une forme déterminée; constante qui lui est plus essentielle que sa composition chimique interne laquelle varie continuellement et de cette forme dérivent les caractères propres à la détermination de l'espèce; rarement il peut être divisé sans être détruit; il est en général ce qu'ou appelle un individu; il naît d'un autre individu préexistant et semblable à lui; il s'accroît par intussusception et seulement jusqu?agrave; un certain terme après lequel sa destruction s'opère d'elle-même. Le corps inorganique au contraire est une masse homogène une simple agrégation de particules semblables que l'on peut à volonté séparer les unes dés autres ou réunir en nombre plus ou moins considérable; il est susceptible d'être divisé et subdivisé sans changer de nature car il existe tout entier dans la moindre de ses parties; mais quelque loin que l'on pousse ces divisions successives on n'obtient jamais que des masses plus petites et non des individus isolés qui ne pourraient être ici que les particules composantes elles-mêmes; le corps inorganique étant ime agrégation de molécules similaires et cette agrégation pouvant avoir lien d'une infinité de manières sa forme est variable à l'infini; elle est presque toujours accidentelle et le caractère de l'espèce réside essentiellement non dans cette propriété exté-

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rieure mais dans la nature chimique de la substance laquelle est constante et déterminée; enfin le corps inorganique se forme par la juxtaposition de ses particules en vertu des forces d'attraction qui leur sont propres; il s'accroît toujours à l'extérieur de manière qu'à un instant quelconque de sa formation tout ce qui existait jusqu'alors n?eacute;prouve plus de changement; il n'y a point de limite à cet accroissement et le corps inorganique une fois formé peut durer indéfiniment si nulle action du dehors ne tend à le détruire.

Il existe des différences assez grandes entre les corps inorganiques sous le rapport du mode de leur formation. Les uns ne peuvent être produits que sous l'influence des forces vitales qui aident ou modifient l'action des forces d'affinité; tels sont: les sucres les gommes les résines et la plupart des matières qui prennent naissance dans les êtres vivans. D'autres au contraire se sont formés sans aucune participation des forces vitales comme les sels les pierres et les Métaux. D'autres enfin sont d'origine mixte; ils proviennent de matières organiques qui ènfouies depuis long-temps dans le sol y ont changé de nature par suite des décompositions qu'elles ont éprouvées; tels sont les combustibles charbonneux et bitumineux. La première division des corps inorganiques est tout-à-fait étrangère à la Minéralogie; il faut encore exclure des deux autres tous les corps formés artificiellement dans nos laboratoires et limiter le champ de la science à ceux que la nature a produits d'elle-même et que nous retirons du sein de la terre. C'est à eux seulement que peut convenir le nom de Minéraux auquel on substitue souventdans les langues étrangères le terme équivalent de fossiles employé chez nous dans une acception toute différente.

Les Minéraux considérés dans lear ensemble sont doués de propriétés générales fort remarquables en elles-mêmes et dignes de toute l'attention du philosophe. Ces propriétés par les modifications qu'elles éprouvent dans la série des différentes substances fournissent des caractères qui servent à la détermination rigoureuse des espèces ou seulement à leur distinction relative. Les caractères dont il s'agit dérivent ou de la simple observation ou de l'expérience. Mais tous n'ont pas la même valeur aux yeux du minéralogiste; le Minéral étant pour lui un agrégat de particules semblables doit lui offrir des caractères de différens ordres; les uns uniquement dépendans de la nature des particules et par-là véritablement spécifiques d'autres dépendans plus ou moins du mode d'agrégation de ces particules et n?eacute;tant pour la plupart que des caractères de variétés.

Les idées fondamentales d'Espèce et de V ariété semblent établies tout naturellement par la supposition précédemment faite que le Minéral consiste dans une agrégation quelconque de particules semblables. En effet d'après cette supposition tous les Minéraux composés des mêmes particules quel que soit d'ailleurs leur mode d'agrégation doivent former une même espèce; et tous les Minéraux de la même espèce qui diffèrent par le mode d'agrégation de leurs particules et par suite par quelques-uns de leurs caractères extérieurs doivent constituer autant de variétés. Mais l'observation nous apprend que la supposition admise n'est pas rigoureusement le cas de la nature et que fréquemment la même masse minérale se trouve mélangée de molécules diverses appartenant à des espèces différentes. Toutefois dans l'examen que nous allons faire des principales propriétés des Minéraux nous continuerons de les considérer comme étant chimiquement purs sauf à modifier ensuite les résultats auxquels nous serons parvenus de manière à tenir compte des circonstances dont nous faisons maintenant abstraction.

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Des lois de la composition chimique dans les Minéraux.

1° COMPOSITION QUALITATIVE. Les chimistes en examinant tous les Minéraux connus en ont retiré par l'analyse cinquante-deux substances différentes que dans l'état actuel de la science ils considèrent comme autant de corps simples et qui sont pour le naturaliste les éléinens du règne inorganique. Ces élémens sont presque toujours combinés entre eux dans la nature mais ce qu'il importe de remarquer c'est au'ils ne le sont pas indifféremment les uns avec les autres. Il en est beaucoup qu'on ne trouve presque jamais unis ensemble; il en est un petit nombre au contraire qu'on rencontre dans presque toutes les combinaisons connues comme si les premiers avaient peu de tendance à former des composés et les seconds une grande énergie de combinaison. Ceux-là sont des êtres en quelque sorte passifs qui ont besoin pour se réunir entre eux de l'action médiate des autres corps. On peut leur donner le nom de bases ou de corps minéralisables et désigner avec Beudant par celui de minéralisateurs ces principes actifs sans lesquels la plupart des combinaisons naturelles ne pourraient exister. Ces derniers sont en petit nombre: on distingue parmi eux l'Oxigène le Soufre le Fluoré le Chlore le Carbone l'Arsenic le Sélénium etc. Les combinaisons binaires formées par l'Oxigène avec les corps minéralisables et qu'on nomme Oxides sont les plus nombreuses; les combinaisons du Soufre ou les Sulfures sont aussi assez abondantes. Les Chlorures les Arseniures les Séléniures le sont beaucoup moins. Après les combinaisons binaires celles que l'on rencontre le plus fréquemment dans la nature sont les combinaisons auxquelles on peut donner le nom de Ternaires; elles résultent en général de l'union de deux composés binaires qui ont un principe commun comme de deux Oxides de deux Sulfures de deux Arseniures etc. Celles oui sont formées de deux Oxides sont les plus abondantes de toutes. On peut faire ici sur les corps oxigénés la même remarque que nous avons faite sur les corps simples: c'est qu'on ne les trouve pas indifféremment combinés entre eux et qu'on peut aussi les partager en deux séries l'une composée de ceux qui ont une grande tendance à se combiner avec la plupart des autres pour former des Sels et qui s'unissent rarement entre eux: ce sont les Acides proprement dits et quelques Oxides capables de jouer le même rôle; l'autre composée des Alcalis et des Oxides qui se comportent de la même manière et auxquels on peut donner le nom commun de bases salifiables. Les combinaisons ternaires les plus abondantes sont les Silicates simples les Carbonates les Sulfates les Phosphates et Arséniates. Il existe aussi des combinaisons d'ordres plus élevés mais elles deviennent de plus en plus rares à mesure qu'elles se compliquent davantage. Parmi celles qu'on peut appeler quaternaires les plos remarquables sont les sels doubles et les sels aqueux qui résultent de l'union de deux composés ternaires entre eux ou d'un composé ternaire avec l'eau. Tels sont les doubles Silicates les doubles Carbonates et les sels simples avec eau de cristallisation.

2°. COMPOSITION QUANTITATIVE. Les combinaisons des élémens se font toujours dans la nature en proportions définies c'est-à-dire constantes et déterminées. Un même corps peut à la vérité s'unir avec un autre en plusieurs proportions différentes mais ces proportions sont fixes. Elles n'ont pas lieu au hasard; mais elles sont réglées par une loi remarquable celle des multiples. Cette loi consiste en ce que les différentes quantités en poids de l'un des corps qui se combinent avec une même quantité de l'autre corps sont toujours multiples les unes des autres. On connaît

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par exemple trois degrés d'oxidation du Soufre qui sont tels que pour 100 de Soufre il y a 49 7 d'Oxigène dans le premier 99 44 dans le second et 149 12 dans le troisième. Or il est visible que ces trois quantités d'Oxigène données par l'expérience sont à très-peu près entre elles comme les nombres 1 2 3. Cette loi des multiples reparaît sous une autre forme dans les combinaisons ternaires. Lorsque deux Oxides s'unissent entre eux ils le font dans un rapport tel que la quantité d'Oxigène de l'un est multiple de la quantité d'Oxigène de l'autre. Pareillement dans les combinaisons de deux Sulfures ou de deux Arseniures la quantité de Soufre ou d'Arsenic de l'un est un multiple exact de la quantité de Soufre ou d'Arsenic de l'autre.

On rend raison de ces faits importans au moyen de la théorie atomistique qui en outre a l'avantage d'en fournir l'expression la plus simple. Cette théorie admet en principe que tout corps inorganique est un agrégat de molécules ou d'atomes égaux en poids et que dans toute combinaison chimique des nombres déterminés d'atomes de diveises espèces s'unissent intimement pour donner naissance à des atomes plus composés. Dès-lors il est aisé de voir à quoi tiennent ces rapports multiples dont nous avons cité plus haut un exemple pris dans les combinaisons de l'Oxigène et du Soufre. Ils proviennent nécessairement de ce que pourle même nombre d'atomes de Soufreil y a un atome d'Oxigène dans la première deux atomes dans la seconde et trois atomes dans la troisième. Ceci nous montre qu'il estpossible d'exprimer les lois de cescombinaisons autrement que par desrapports de quantités pondérables: ou peut le faire beaucoup plus simplement et plus rigoureusement en indiquant les nombres relatifs des atomes qui se combinent et la chose est facile si l'on connaît d'avance les poids relatifs de ces mêmes atomes. Supposons que l'atome d'Oxigène étant pris pour terme de comparaison son poids soit représenté par 100; supposons de plus que par un moyen quelconque on soit parvenu à connaître le poids de l'atome de Soufre égal à 201 20; il y aura dans le premier degré d'oxidation du Soufre un certain nombre d'atomes d'Oxigène dont le poids total est 49 7 combinés avec un certain nombre d'atomes de Soufre dont le poids total est 100; et il est clair qu'on obtiendra ces deux nombres d'atomes en divisant successivement le poids total de chacun d'eux par lepoids de l'atome simple. Or les quotiens de ces divisions étant les mêmes on en conclura que dans le premier degré d'oxidation du Soufre il y a un atome de Soufre pour un atome d'Oxigène et par conséquent dans le degré suivant deux atomes d'Oxigène pour un de Soufre; dans le troisième degré trois atomes d'Oxigène pour un de Soufre. On peut rendre ces compositions en quelque sorte sensibles à l?oelig;il et faciliter par-là leur comparaison en les représentant par des signes de convention analogues aux signes de l'algèbre. Il suffit pour cela de désignerles différens corps simples par leurs lettres initiales de placer ces lettres à côté les unes des autres pour indiquer une combinaison et de les accompagner de chiffres en forme d'exposans pour marquer les nombres d'atomes. Lorsqu'il n'y aura qu'unatome du corps on omettra l'exposant. Ainsi les trois combinaisons de l'Oxigène et du Soufre dont nous avons parlé seront représentées par les signes suivans: SO SO2 SO3. On abrégera encore ces signes en exprimant les atomes d'Oxigène par des points placés au-dessus de la lettre qui désigne la base; on aura de cette manière les formules trèssimples: Ṡ Ä.

Ainsi il y a deux manières d'exprimer les lois des combinaisons des corps: 1° par les rapports des quantités en poids des élémens: c'est l'expression ordinaire d'une analyse en

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centièmes du poids du corps analysé; 2° par des formules représentatives de la composition indiquant les nombres relatifs d'atomes élémentaires qui sont unis dans chacun des atomes du composé. Cette seconde méthode a l'avantage de servir à rectifier le résultat de la première en en faisant disparaître par le calcul les petites erreurs inséparables des observations. Ces méthodes sont d'ailleurs équivalentes et il est toujours facile de repasser d'une analyse donnée en formule à une analyse en poids; il suffit pour cela d'un simple calcul de parties proportionnelles. Mais la détermination des nombres d'atomes d'une combinaison suppose la connaissance préalable des poids relatifs de ces atomes et par conséquent il faut avoir les moyens de connaître ces poids et d'en dresser des tables. On détermine le poids de l'atome d'un corps quelconque par la comparaison de ses différens degrés d'oxidation ou de sulfuration. Ainsi dans l'exemple du Soufre cité plus haut les quantités relatives d'Oxigène qui sont combinées avec une même quantité de Soufre sont entre elles comme 1 2 3. Ce résultat d'observation nous fait voir qu'il y a un certain nombre n d'atomes de Soufre combinés avec 1 2 et 3 atomes d'Oxigène. Si l'on représente par p le poids de l'atome de Soufre et par 100 celui de l'atome d'Oxigène le rapport des Quantités de Soufre et d'Oxigène qui entrent dans la combinaison au minimum sera celui de n pa à 100 le même que celui de 100 à 49 7; par conséquent p est égal à on à. On voit parlà que la détermination complète de la valeur de p ne dépend plus que de celle que l'on supposera au nombre n; et si pour faire la supposition la plus simple possible on pose n égal à 1 on aura p ou le poids de l'atome de Soufre éeal à 201 20 comme nous l'avions admis plus haut et comme le donnent les tables de poids atomistiques. S'il y a quelque chose d'arbitraire dans la détermination de ce nombre on peut dire cependant que sa valeur ainsi calculée est probablement la véritable ou du moins qu'elle en est la moitié le tiers etc. ou un multiple fort simple. Or une pareille donnée est tout ce qu'il?faut pour l'expression des lois de la composition quantitative telles que l'observation nous les fait connaître.

Indépendamment de l'avantage que l'on a de rectifier les résultats de l'analyse et d'atteindre les véritables rapports des élémens en mettant ainsi ces résultats sous la forme atomistique on trouve eucore dans cette méthode un avantage précieux sur l'ancienne manière de présenter les analyses en poids. C'est que par les nombres simples d'atomes dont elle indique la combinaison on se fait une idée plus nette de la nature du composé et de la différence qu'il y a entre deux corps formés des mêmes élémens dans des proportions diverses mais assez rapprochées. Par exemple les sulfures rouge et jaune d'Arsenic renferment le premier: Arsenic 70 et Soufre 30; et le second: Arsenic 61 et Soufre 39. Ces deux rapports ont entre eux une différence assez faible pour que plusieurs minéralogistes aient été tentés de la regarder comme non essentielle; mais cette différence se trouve confirmée et expliquée par le calcul atomistique qui nous montre clairement par la traduction exacte en formules des résultats précédens que dans le Réalgar il y a deux atomes de Soufre et un atome d'Arsenic tandis que daus l'Orpiment il y a trois atomes de Soufre et un atome d'Arsenic.

Les composés ternaires oxigénés se traduisent aisément en formules en plaçant l'un à côté de l'autre les signes des deux Oxides dont ils sont la combinaison affectés chacun d'un exposant qui marque le nombre des atomes: ainsi la Chaux ayant pour signe Öa et l'Acide Carbonique Ö le Carbonate de Chaux naturel sera représenté par ÖaÖ2 étant formé d'un

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atome de Chaux et de deux atomes d'Acide carbonique. Mais les composés ternaires résultant de deux composés binaires qui ont un principe commun peuvent encore s'exprimer d'une manière plus simple fondée sur la loi des multiples à laquelle ils sont soumis. Pour cela on supprime entièrement les signes d'oxidation et l'on indique par les exposans non plus les nombres d'atomes mais seulement les quantités relatives d'Oxigène contenues dans les quantités de base et d'Acide combinées lesquelles sont toujours en rapport simple et multiple l'une dé l'autre. Dans le Carbonate de Chaux dont nous avons parlé la quantité d'Oxigène de l'Acide étant double de la quantité d'Oxigène de la base on peut écrire la formule de ce sel ainsi: CaC2 en employant les caractères italiques pour ne pas confondre ces sigues avec les premiers ni avec ceux des combinaisons de corps simples. Ces nouveaux signes portent le nom de signes minéralogie ques parce qu'on en fait un fréquent usage en Minéralogie à raison de leur simplicité et de la facilité avec laquelle on peut les lire. Il faut les distinguer soigneusement des autres signes appelés signes chimiques et qui expriment la composition chimique d'une manière rigoureuse et complète. Les composés quaternaires se représentent au moyen des signes des deux composés binaires que l'on place à la suite l'un de l'autre en les séparant par le signe †.

Pour faciliter la lecture des signes minéralogiques on a imaginé une nomenclature fort simple à l'aide de laquelle on les traduit immédiatement en langage ordinaire. Les composés binaires qui résultent de la réunion d'un atome d'un élément avec un atome d'un autre élément se désignent par le nom chimique de la combinaison employé seul ou précédé de l'épitliète mono: ainsi Ton dit un sulfure simple ou un mono-sulfure pour marquer la combinaison d'un atome de Soufre avec un atome d'un autre corps. Pour les combinaisons en d'autres nombres on ajoute au nom chimique une autre épithète qui marque le nombre d'atomes du principe mineralisateur uni avec un atome du second élément. Par exemple on dit: bi-sulfure tri-sulfure quadri-sulfure etc. pour indiquer la combinaison d'un atome d'un corps simple avec deux trois quatre etc. atomes de Soufre. Beudant a proposé de dire dans le même sens: Oxide Bioxide Trioxide etc. On dit également: Silicate Bisilicate Trisilicate etc.; Sulfate Bisulfate Trisulfate etc.; pour désigner des sels dans lesquels la quantité d'Oxigène de l'Acide est égale à la quantité d'Oxigène de la base ou en est le double le triple etc. Si la base renferme plus d'Oxigène que l'Acide c'est devant le nom de la premièie que se place alors l'épithèle: ainsi on dit: Silicate tri-alumineux pour désigner un Silicate dans lequel l'Oxigène de l'Alumine est triple de l'Oxigène de la Silice.

Les faits relatifs aux proportions multiples des élémens dans les combinaisons chimiques soit naturelles soit artificielles sont dus aux travaux de Richter et aux recherchés de Dalton de Gay-Lussac et de Berzélius. C'est principalement à ce dernier chimiste que l'on est redevable de la théorie atomistique telle que nous venons de l'exposer et dont il a fait le premier une application de la plus haute importance au règne inorganique. Pour en donner ici un aperçu rapide nous avons mis à profit l'excellent Traité de Minéralogie publié par Beudant en 1824. et dans lequel toutes les généralités de cette science sont présentées avec une clarté et une précision vraiment remarquables.

Des caractères chimiques des Minéraux.

Lorsque cherchant les caractères spécifiques d'une substance que l'on rencontre pour la première fois on veut arriver à la connaissance précise

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de sa composition chimique c'est-àdire de la nature diverse et des proportions de ses élémens il faut en faire une analyse exacte en opérant avec tous les soins convenables sur un poids déterminé de cette substance. Mais s'il ne s'agit que de reconnaître un individu appartenant à une espèce déjà connue il n'est besoin pour cela que d'un simple essai de la substance que l'on pratique sur une parcelle infiniment petite et par lequel on cherche seulement à distinguer les élémens qui la composent sans aucun égard à leur quantité relative en les isolant les uns des autres et les forçant à manifester successivement leurs caractères. Ces essais chimiques sont de deux sortes: les uns se font par la voie sèche à l'aide du chalumeau et des fondans ou des réactifs solides; les autres par la voie humide à l'aide des réactifs liquides.

Essai des Minéraux par la voie sèche. Le chalumeau dont on fait usage pour soumettre un Minéral à l'action du feu est un instrument emprunté de l'art du metteur en œuvre et qui se compose essentiellement d'un tube métallique recourbé vers l'une de ses extrémités où il se termine par une ouverture très-déliée. On souffle dans le tube par l'autre extrémité et le courant d'air qui en sort est dirigé sur la flamme d'une bougie ou d'une lampe à mèche plate: celle-ci s'allonge horizontalement en forme de dard dont la pointe possède un degré de chaleur très-intense. Le corps que l'on veut exposer à l'action de cette flamme se place à l'extrémité d'une pince en platine ou sur un charbon dans lequel on a creusé une petite cavité qui fait en quelque sorte fonction d'un creuset. On doit toujours choisir un très-petit fragment de la substance et souvent il est bon qu'ilait une arête vive ou une pointe déliée. Il y a deux manières d'opérer avec le chalumeau: ou bien on chauffe le corps avec le contact de l'air en le plaçant au sommet du petit cône lumineux et dans ce cas il s'oxide s'il est combustible: c'est ce qu'on appelle le soumettre au feu d'oxidation: ou bien on le chauffe sans le contact de l'air en le plongeant tout entier dans la partie brillante de la flamme et alors il se désoxide s'il est oxigéné; c'est ce qu'on nomme le traitement au feu de réduction — Pour faire manifester à un Minéral ses caractères pyrognostiques on le traite tantôt seul c'est-à-dire sans addition de corps étrangers tantôt avec addition de flux ou de réactifs.

* Sans addition. — On a pour but en opérant ainsi de reconnaître si la substance est fusible ou infusible si elle est réductible ou non en un globule métallique si la chaleur en dégage un principe volatil qui s'y trouvait tout formé ou qui s'y forme pendant le grillage même. Pour essayer la fusibilité on fait usage ordinairement de la pince de platine. Dans le cas de fusion on examine si le morceau d'essai se fond en un globule parfait s'il s'arrondit seulement sur ses bords ou se couvre à la surface d'un simple vernis vitreux; si le résultat de la fusiop est une scorie cest-à-dire une matière boursoufflée et irréductible en globule; une fritte c'est-à-dire un corps dont une partie composante non fondue est disséminée au milieu de l'autre partie fondue; un émail ou corps vitreux opaque blanc ou coloré; enfin un verre proprement dit ou globule vitreux transparent également blanc ou coloré et dont l'intérieur peut être compacte ou bulleux. On examine encore si la forme du globule est sphérique ou polyédrique si sa surface est lisse ou couverte d'aspérités etc. Dans le cas de non fusion on observe si la matière d'essai éprouve quelque altération ou changement d'aspect si elle durcit ou devient plus tendre si elle acquiert des propriétés alcalines faciles à reconnaître au moyen des papiers à réaction; si elle prend de la saveur; si elle décrépite c'est-à-dire éclate et se disperse en une multitude de parcelles; si elle s'exfolie par la séparation des feuillets

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ou lames dont elle est composée; si elle se boursouffle et s'épanouit à la manière d'un chou-fleur; enfin si elle bouillonne par le dégagement de quelque matière gazeuse. Plusieurse ces effets peuvent précéder celui dela fusion et le modifier. Dans le casde volatilisation on examine si elleest complète on partielle. Pour sublimer les matières toutes formées dansle Minéral on met celui-ci dans unpetit matras de verre à long col ousimplement dans on tube de verrefei mé par un bout; et par l'action dufeu les matières volatiles se portentet se déposent ordinairement dans lapartie supérieure du tube. Si le Minéral renferme de l'eau elle se dégage en vapeur et se condense engouttelettes dans le col du matras. Laprésence de l'Acide fluoriques'annonce par la formation d'un anneau blancsiliceux un peu au-dessus de la matière d?eacute;ssai. Celle de l'Arsenic se manifeste par un sublimé métallique etc.Pour reconnaître les matièresvolatilesqui se forment pendant le grillage on met le Minéral dar's un tube de verre ouvert par les deux bouts et unpeu courbé vers sa partie moyenne puis on le chauffe au travers du tube;ou bien on l'essaie en le plaçant Surun Charbon. Dans le premier cas onrecueille ordinairement le sublimédans le haut du tube; dans le second cas il se répand dans l'atmosphère et on ne peut le reconnaître qu?agrave; sonodeur à la couleur de sa vapeur et à la teinte qu'elle communique à laflamme du chalumeau. Une odeur d'Acide sulfureux annonce la présence du Soufre une odeur d'ail l'Arsenic une odeur de raves le Sélénium etc. C'est aussi sur le Chartbon qu'on essaielés Minéraux pour savoir s'ils sontréductibles en globules métalliques.

** Avec addition.— On ajoute à la màtière d'essai différens flux ou réactifs pour aider la fusion du Minéral ou sa décomposition pour découvrir les Oxides qu'il renferme et quelquefois amener leur réduction. Les principaux réactifs solides sont: le Carbonate de Soude le Borate de Soude et le Phosphate double de Soude ét d'Ammoniaque que pour plus de brièveté on désigne dans les essais pyrognostiqnes par les noms techniques de Soude Borax et Sel de Phosphore. On emploie la Soude pour reconnaitre la présence de la Silice en quantité considérable dans un Minéral pierreux infusible sans addition. Ce Minéral traité par la Soude fond avec effervescence en donnant un verre transparent qui a la faculté de dissoudre la base enlevée par la Soude à la Sillce et qui conserve sa transparence après le refroidissement. Mais Je principal usage de la Soude est de servir à reduire les Oxides métalliques ët à faire découvrir dans les Minéraux des quantités de Métal réductible assez petites pour échapper aux analyses faites par là voie humide. On pulvérise la matière d'essai on la pétrit dans le creux de la main avec de la Soude humectée et on chauffe le tout sur un Charbon. Si le Métal est en grande quantité dans le Minéral il se réduit en petits globules distincts que l'on peut recueillir et examiner. Mais si le Métal est disséminé en quantité très-pefite dans le Minéral il est absorbé avec la Soude par le Charbon. On enlève alors avec un couteau la pellicule de Charbon qui a été pénétrée par le mélange; on la broie sous l'eau éf on lave ensuite la poudre en décantant successivement jusqu?agrave; ce que tout le Charbon soit enlevé; il ne reste plus alors que le Métal sous forme de petites paillettes brillantes s'il est fusible et malléable et sous forme pulvérulente S'il est cassant ou n'a pas subi la fusion.— On emploie le Borax pour opérer la fusion ou la dissolution d'un grand nombre de substances minérales. On obtient un verre ordinairement transparent après le refroidissement et qui reçoit du corps dissous des propriétés et des couleurs qui lui sont propres. Les diffërens Oxides se distinguent entre eux par les couleurs différentes oue prend le Vérre de Borax au feu de réduction et au feu d'oxidation avant et après

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le refroidissement. Quelques uns donnent des verres qui deviennent opaques au flamber c'est-à-dire lorsqu'on les chauffe légèrement à la flamme extérieure de la lampe. —Les essais avec le Borax se font ordinairement sur la feuille de platine. Lebaillif a imaginé de les faire sur une petite coupelle blanche de quatre lignes de diamètre et d'un tieis de ligne d?eacute;paisseur formée de parties égales de terre à porcelaine et de terre de pipe. Cette coupelle reçoit la matière d'essai avec le fonefant et se place ensuite sur le Charbon. Au premier coup de feu la matière qui entre en fusion adhère à la coupelle; le verre qui se forme s?eacute;tend bientôt en surface sur un fond blanc ce qui rend sa couleur plus facile à saisir. En opérant ainsi on a encore l'avantage de pouvoir garder la coupelle et montrer en tout temps le résultat de l'essai et l'un des caractères de la substance. — Le Sel de Phosphore agit comme réactif au moyen de l'Acide phosphoiique libre; il s'empare de toutes les bases et forme avec elles des verres dont on examine la transparence et la couleur. Il fait mieux ressortir que le Borax les teintes caractéristiques des divers Oxides métalliques et ces teintes diffèrent souvent de celles qu'on obtient avec ce dernier fondant. Le même Sel exerce sur les Acides une action répulsive: ceux qui sont volatils comme l'Acide fluorique se subliment et ceux qui sont fixes restent en suspension dans le verre sans s'y dissoudre; la Silice des Silicates est mise en liberté et se montre dans le Sel liquéfié sous l'apparence d'une masse gélatineuse. C'est encore par le même réacîif qu'on découvre la présence du Chlore dans les Minéraux. On fond le Sel de Phosphore avec de l'Oxide de Cuivre et ajoutant la matière d'essai on chauffe de nouveau. Si elle renferme du Chlore le globule vitreux s'environne d'une flamme bleue tirant sur le pourpre.—On emploie encore pour les essais au chalumeau quelques autres réactifs mais seulement dans des cas particuliers et pour découvrir la présence de certaines substances. Ainsi le Nitre sert à rendre sensibles des quantités de Manganèse trop petites pour colorer le verre sans l'intermédiaire de ce réactif; l'Acide borique vitrifié sert à la manifestation de l'Acide phosporique; le Nitrate de Cobalt dissous dans l'eau s'emploie pour reconnaître la présence de l'Alumine et de la Magnésie qui donnent avec l'Oxide de Cobalt après une forte iguition la première une belle couleur bleue la seconde une couleur rose pâle. — Enfin on se sert quelquefois de l?Eacute;tain et du Fer à l?eacute;tat métallique et de la poudre de Charbon. L'Etain a pour objet de désoxider le plus qu'il est possible les Oxides métalliques pour rendre plus décisif le résultat de leur réaction; le fil de Fer est employé pour prëcipiter différens Métaux et pour les séparer du Soufre ou des Acides fixes avec lesquels ils peuvent être combinés.

La première application que l'on ait faite du chalumeau à l'essai des Minéraux est due à Swab conseiller des mines de Suède. Ce nouveau moyen de détermination a été perfectionné ensuite par Cronstedt Engestrom Bergmann et surtout Gahn son disciple. Enfin dans ces derniers temps de Saussure Wollaston et Berzélius l'ont porté au degré de développement que nous lui connaissons aujourd'hui. Ce deruier chimiste a réuni dans son traité qui a pour titre: De l'Emploi du Chalumeau (Paris 1821) tous les détails qui concernent l'usage de cet instrument et tous les résultats particuliers auxquels peut conduire son application à l'examen des diverses substances minérales.

Essai des Minéraux par la voie humide. — Ces essais consistent à mettre le corps que l'on veut examiner en solution dans un liquide et à faire agir sur lui différens léactifs également en solution de manière à ce qu'on isole par des précipitations successives les élémens qui le composent

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et qu'on puisse les reconnaître aisément à la nature des précipités qu'ils produisent. Comme on n'a pour but que de distinguer la nature de ces élémens sans vouloir apprécier leur quantité on n'opère jamais qu'en petit sur une simple parcelle du Minéral et sur quelques gouttes de solution sans faire aucune pesée. Ou se sert pour faire les solutions les filtrer et les évaporer d'instrumens fort petits tels que verres de montre tubes de verre etc.

Tous les essais par la voie humide exigent comme nous venons de le dire une opération préparatoire qui consiste à mettre en solution le corps que Ton veut examiner: or cela peut se faire aisément; car la plus grande partie des Minéraux sont solubles immédiatement à chaud ou à froid dans l'eau ou dans les Acides et ceux qui ne le sont pas le deviennent lorsqu'on les fond préalablement avec la Soude ou la Potasse. Les suhstauces solubles dans l'eau sont en petit nombre: leur solution est incolore ou colorée. Dans ce dernier cas la couleur suffît pour faire reconnaître le Sel. Le bleu annonce le Sulfate de Cuivre le vert clair le Sulfate de Fer le vert d?eacute;meraude le Sulfate de Nickel et le rose le Sulfate de Cobalt. Si la solution est incolore on la traite par le Nitrate de Baryte. Se fait-il un précipité? on peut en conclure quea substance examinée est un Borate un Carbonate ou un Sulfate: un Borate si en ajoutant de l'Acide sulfurique à la solution on obtient unnouveau précipité formé de paillettescristallines; un Carbonate si dans lemême cas il se produit une effervescence due à un dégagement rapidede Gaz; un Sulfate enfin s'il ne sefait ni précipité ni effervescence. S'iln'y a point de précipité par le Nitratede Baryte on esffaie s'il n'y enaurait point par le Nitrate d'Argent: un précipité par le Nitrated'Argent indique un Hydrochlorate.Enfin s'il ne se fait de précipité paraucun de ces deux Nitrates on enconclut que la substance en solution est elle-même un Nitrate. On est donc parvenu ainsi à connaître son Acide. Pour déterminer sa base on cherche à précipiter la solution par l'Ammoniaque. Un précipité gélatineux flottant dans la liqueur indiquel'Alurnine; un précipité pulvérulent la Magnésie; un précipité qui se redissout aussitôt l'Oxide de Zinc. Si aucun de ces effets n'a lieu on traite par l'Oxalate de Potasse; un précipité blanc produit par ce réactif annonce la présence de la Chaux. Si l'Amraoniaque et l'Oxalate de Potasse ne donnent point de précipité on examine si la solution traitée par la Potasse caustique dégage de l'Ammoniaque ou si elle précipite en jaune par l'Hydrochlorate de Platine ce qui est l'indice de la Potasse; ou enfin si elle ne produit aucune de ces réactions auquel cas la Soude est la base que l'on cheréhe.

Si le corps que l'on veut essayer n'est point soluble dans l'eau on cherche s'il ne le serait point par un Acide et l'on choisit de préférence l'Acide nitrique. On observe si ce corps se dissout avec effervescence en dégageant un Gaz incolore ou unevapeur qui devient rouge par son contact avec l'air; s'il se dissout lentement sans aucun dégagement de Gaz et en produisant une gelée plus ou moins abôndante; enfin s'il se dissout lentement sans dégagement de Gaz et sans production de gelée. Les substances qui sont solubles à chaud ou à froid dans l'Acide nitrique avec dégagement de Gaz incolore sont les Carbonates. On examine si leurs solutions précipitent ou non par l'Acide sulfurique; dans le premier cas si la base est simple elle ne peut être que l'Ovide de Plomb la Strontiane ou la Baryte et il est facile de la déterminer d'après les caractères connus de ces trois Oxides. Dans le second cas où il ne se fait point de précipité par l'Acide sulfurique on essaie d'autres réactifs tels que l'Acide hydrochlorique l'Ammoniaque et l'Oxalate d'Ammoniaque et la nature du précipité que

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l'on obtient détermine de même celle de la base. Les substances qui se dissolvent dans l'Acide nitrique en donnant lieu à un dégagement de Gaz coloré c'est -à-dire de Gaz nitreux sont les Sulfures les Arseniures les M riaux natifs etc. Il est encore facile de distinguer tous ces corps les uns des autres par les différens précipités que donnent leurs solutions traitées par les réactifs. Les substances dont les solutions se prennent en gelée sont des Hydrosilicates ou des Silicates. Celle apparence gélatineuse est due à la Silice qui a commencé à se précipiter et dont on débarrasse la solution en évaporant à siccité jetant de l'eau sur le résidu et filtrant; la matière blanche qui reste sur le filtre est la Silice pure. On procède ensuite à la recherche des bases en traitant la liqueur par l'Acide sulfuriquc ou l'Ammoniaque Les substances qui se dissolvent lentement sans dégagement de Gaz et sans production de gelée sont des Phosphates des Sulfates des Arséniates des Chlorures etc. ou de simples Oxides. Si ce sont de simples Oxides ou combinaisons d'Oxidts on les reconnaît en évaporant la liqueur à siccité et jetant de l'eau sur le résidu: celui-ci se redissout alors tout entier. Dans le cas où une partie du résidu serait insoluble la substance appartiendrait à l'un des autres composés et il faudrait alors reprendre la solution et la traiter par un Carbonate alcalin pour séparer les bases de l'Acide et reconnaître celui-ci plus aisément.

Si le corps qu'on examine n'est soluhle immédiatement ni dans l'Eau ni dans les Acides on le traite au feu par le Carbonate de Soude. Alors si le corps renferme un Acide celuici est enlevé par la Soude et il se forme d'une part un Sel de Soude le plus souvent soluble dnns l'Eau ou attaquable par un Acide et d'une autre part un Carbonate qu'on peut toujours attaquer par l'Acide nitrique. Si c'est la Silice qui tient lieu'Acide dans la substance on fond alors celle-ci avec une grande quantité de Soude ou bien avec la Potasse caustique et l'on obtient une matière soluble dans les Acides. Ainsi dans tous les cas la substance peut être mise en solution et sa nature peut toujours se conclure de l'examen de la liqueur par les réactifs.

Les détails dans lesquels nous venons d'entrer sont loin d'être complets et n'ont pour but que de donner uue idée des essais méthodiques auxquels le minéralogiste peut avoir recours pour déterminer avec certitude un corps dont il soupçonne la nature. Ces essais sont ceux qui sont en usage dans les laboratoires pour l'examen préliminaire des substances qui doivent être soumises à une analyse rigoureuse. Wollaston a depuis long-temps montré l'application qu'on pouvait faire des opérations chimiques les plus délicates à la détermination des substances minérales: et Beudant est le premier minéralogiste qui ait introduit dans les élémens de la science la manière de pratiquer ces essais en petit et qui ait présenté systématiquement la série des résultats auxquels ils peuvent conduire à l'exemple de ce que Berzélius avait déjà tenté pour les expériences faites par la voie sèche.

Des caractères physiques des Minéraux.

Les caractères dont nous allons maintenant nous occuper sout ceux qui se manifestent sans altération ou du moins sans aucun changement notable de l?eacute;tat du corps qui les présente. Tels sont les diverses sortes de structure des Minéraux leurs différens degrés de densité et de dureté;les formes de leur cassure c'est-àdire des fragmens qu'on en détache par la percussion; les propriétés physiques particulières dépendantes de leur action sur la lumière sur lesfluides électrique et magnétique etsur les sens; enfin les accidens variés de leurs formes extérieures.

A. De la structure des Minéraux.

La structure d'un Minéral dépend

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du mode d'agrégation de ses particules: elle est régulière ou irrégulière.

I. Structure régulière ou cristalline.

Lorsqu'un corps passe lentement de l'état aériforme ou liquide à l état solide les molécules similaires qui le composent en cédant à leur attraction réciproque se tournent dans des positions semblables et s'espacent symétriquement entre elles. C'est dans cet arrangement régulier des particules intégrantes d'un corps que consiste la structure cristalline; elle se manife te à nos sens par différens caractères qui la distinguent de l'agrégation confuse ou structure irrégulière. Ces caractères sont: le clivage la forme cristalline les axes de infraction et le polychroûisme.

1.° Le clivage. Toute masse homogène à structure cristalline est traversée par des fissures planes dans une multitude de sens suivant lesquels les molécules adhèrent entre elles avec plus ou moins de force. Si l'on essaie de la briser par la percussion l'effet du choc se propageant avec plus d'avantage dans les directions de la moindre cohérence agrandit les fissures naturelles qui existent dans ces directions les rend sensibles par les reflets qu'il développe à l'intérieur et par les stries qu'il fait naître à la surface et souvent détermine la division du corps suivant des surfaces planes lisses et éclatantes. Ce mode particulier de cassure a reçu le nom de clivage et les faces qu'il met à découvert se nomment plans de clivage ou Joints naturels. Les directions de clivage sont toujours en petit nombre et dans la même espèce se trouvent inclinées entre elles sous des angles constans. Un Cristal susceptible d?ecirc;tre clivé peut être partagé en lames tlus ou moins épaisses à faces parailèles au moyen de divisions successives opérées dans le même sens: on dit alors qu'il a la structure laminaire. Il peut offrir ce genre de structure dans un seul sens ou dans plusieurs sens à la fois. Si le nombre et la direction des clivages sont tels que les fragmens qu'on détache du Cristal soient terminés de toutes parts par des plans sa structure est alors polyédrique. Les différences que présentent les clivages dans leur nombre leurs inclinaisons respectives leur éclat la facilité et la netteté avec lesquelles on les obtient sont autant de caractères qui servent àdistinguer entre eux les Minéraux cristallisés.

Lorsque les Minéraux à structure polyédrique ont tous leurs clivages égalemeut nets et faciles on remarque que les plans de ces clivages se coordonnent symétriquement à l'entour d'un point ou d'un axe central en sorte qu'on peut obtenir de leur réunion un solide dont toutes les faces soient égales et semblables. Ce solide intérieur est appelé forme primitive parce qu'il est le type dont on peut faire dériver tontes les formes polyédriques extérieures des Cristaux de la même espèce lesquelles formes sont susceptibles de varier à l'infini. (V. CRISTALLOGRAPHIE.) Et parce qu'en divisant méthodiquement chacun de ces Cristaux il est possible d'en retirer ce même solide intérieur placé en son centre comme une sorte de noyau on substitue souvent ce nom de noyau à celui de forme primitive. Les formes primitives dont toutes les faces sont égales et semblables sont les suivantes: le tétraèdre régulier le cube l'octaèdre régulier le dodécaèdre rhomboidal le rhomboïde le dodécaèdre bipyramidal à triangles isoscèles l'octaèdre a basc carrée et l'octaèdre à base rhombe. L'ensemble de toutes les formes cristallines qui peuvent coexister dans une même espèce minérale ou dériver d'une même forme primitive porte le nom de système de cristallisation (V. lbid.). Or deux formes primitives différentes pouvant quelquefois douner naissance à deux systèmes de cristallisation parfaitement identiques il en résulte que deux espèces minérales peuvent présenter

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les mêmes formes extérieures et être distinguées l'une de l'autre par le caractère tiré du clivage ou de la foçme primitive: tels sont par exemple le Spath fluor et la Galène dont l'un a un octaèdre et l'autre un cube pour noyau.

Lorsque les Minéraux à structure polyédrique présentent des clivages de netteté différente ces clivages correspondent à des faces qui sur le noyau ont des positions et des grandeurs différentes. Dans ce cas les plans qui terminent ce noyau ne forment plus un même système rapporté à un seul point ou axe central; mais ils composent autant d'ordres de faces qu'il y a de sortes de clivages et l'on remarque que les divisions les plus nettes et les plus faciles correspondent en général aux faces les moins étendues du noyau lorsque les dimensions de celui-ci sont ramenées à la symétrie et à leur limite théorique. Les formes primitives qui se composent de deux ordres de faces ou qui sont données par des clivages de deux espèces sont les suivantes: le prisme droit à hase carrée le prisme droit à base rhombe le prisme rhomboïdal à base oblique le prisme hexaèdre régulier et l'octaèdre rectangulaire. Celles qui résultent du concours de trois ordres de faces et par conséquent de clivages sont: le prisme droit rectangulaire le prisme oblique également rectangulaire le parailélipipède irrégulier et l'octaèdre irrégulier. Lorsque le nombre des clivages distincts est plus que suffisant pour circonscrire la forme primitive telle qu'on la conclut de la comparaiso des formes cristallines dérivées on regarde alors les clivages superflus comme surnuméraires et ce sont ordinairement les moins nets et les moins faciles. Ces clivages surnuméraires divisent diagonàlement ou coupent transversalement la forme primitive; c'est-à-dire qu'ils sont parallèles ou perpendiculaires à l'axe des Cristaux. Mais il peut arriver que quelques-uns des clivages essentiels à la production du noyau ne soient sensibles que par de très-légers indices ou même disparaissent totalement en sorte crue le Cristal offre à la place de ces clivages une cassure tout-à-fait compacte. Dans ce cas le nombre et la position des clivages subsistans peuvent être d'un grand secours pour distinguer entre eux des Minéraux qui se rapprochent par leurs formes extérieures et dont les formes primitives sont du même genre. L'Amphibole le Pyroxène et le Feldspath ont tous les trois pour noyau un prisme rhomboïdal à base oblique; mais dans l'Amphibole le clivage parallèle à la base manque entièrement tandis que ceux qui sont parallèles aux pans sont trèsfaciles et d'un éclat très-vif: dans le Pyroxène au contraire c'est le clivage parallèle à la base qui est le lus facile et le plus net; enfin dans le Feldspath un clivage parallèle à la base se combine avec un autre clivage d?eacute;gale netteté passant par la diagonale oblique et par conséquent tombant à angles droits sur le premier. Dans les Minéraux qui ont des formes primitives prismatiques il arrive quelquefois qu il n'existe de clivage que dans une seule direction toujours parallèle ou perpendiculaire à l'axe. On remarque alors que ce clivage unique est d'une extrême netteté et si facile que le Minéral peut se diviser en lames minces et qu'il se présente même naturellement sous cette forme. Tel est le cas du Gypse et surtout des substances appelées Micas. La Topaze offre aussi un seul joint très-brillant parallèle à la base du prisme et ce caractère suffit pour la distinguer des autres corps avec lesquels on pourrait la confondre.

Dans une grande partie des Minéraux où les joints naturels sont peu sensibles on parvient souvent à les reconnaître en observant leurs fractures le soir à la lumière d'une bougie. Pour faire cette observation on choisit un Cristal dans lequel la position présumée des joints que l'on

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cherche soit parallèle à des faces naturelles et l'on brise le Cristal de manière à laisser subsister des portions de ces mêmes faces. Alors on varie successivement la position du fragment jusqu?agrave; ce que les reflets de la lumière paraissent simultanément sur ces portions de faces et sur les endroits fracturés: cette coïncidencé des reflets est une preuve du parallélisme dont il s'agit et la position des faces extérieures sert ensuite à déterminer celle des joints situés à l'intérieur et par conséquent des faces de la forme primitive ellemême. Si les Minéraux non susceptibles de clivage se refusent au genre d'observation dont uous venons de parler dès-lors ils présentent dans tous les sens la cassure compacte et leur caractère cristallin ne peut plus se conclure que de l?eacute;tude des formes extérieures ou des propriétés optiques.

2°. La forme cristalline. Les Minéraux dont la cristallisation s'est onérée lentement et sans aucun trouble se montrent ordinairement sous des formes polyédriques analogues à celles des solides de la géométrie. Ces formes sont régulières ou du moins symétriques c'est-à-dire composées de faces égales et parallèles déux à deux telles sont variables à l'infini dans la même espèce. Mais cette singulière métamorphose que subit un même corps est soumise à des lois simples dont on peut calculer tous les effets; elle se borne à modifier l'aspect extérieur de la substance sans nuire au mécanisme de sa structure interne laquelle est uniforme et constante dans l'ensemble des variétés. Telle est la relation qui existe entre les formes cristallines d'un Minéral que chacune d'elles représente en quelque sorte toutes les autres et que la simple observation de ces formes extérieures ou secondaires peut servir à déterminer la forme primitive elle-même de même que la forme primitive supposée connue d'avance sert à prévoir et à calculer toutes les formes secondaires. Cette vue théorique est fondée sur quelques faits généraux que nous allons exposer ici d'une manière succincte en renvoyant pour les développemens dont ils sont susceptibles à l'article CRISTALLOGRAPHIE.

Une même substance peut s'offrir sous une multitude de formes différentes qui paraissent au premier abord n'avoir aucun trait de ressemblance entre elles et qui lorsqu'elles sont du même genre se distinguent par les mesures diverses de leurs angles. Ces foimes ne sont point entièrement accidentelles ou indépendantes de la nature de la substance. Elles composent autant de variétés qui sont fixes et qu'on retrouve partout les mêmes avec des valeurs d'angles parfaitement identiques pourvu toutefois qu'on les mesure à un degré constant de température; car la chaleur en dilatant inégalement les Cristaux peut altérer jusqu'à un certain point les inclinaisons de leurs faces. Si l'on réunit une suite nombreuse de Cristaux appartenant à la même espèce minérale et qu'on les compare deux à deux avec soin on verra qu'ils ne sont réellement que de simples modifications les uns des autres et qu'il est possible de les disposer en une série qui rende sensible le passage graduel de l'une des formes à toutes les autres. Le passage entre une form quelconque et la suivante a lieu par de petites facettes modifiantes qui remplacent les bords ou les angles de la première forme et qui prennent ensuite dans d'autres individus de la même variété une plus grande extension jusqu'à devenir dominantes et faire disparaître ce qui restait des faces primitives. Ces petites facettes ou ces modifications ne sont pas pro-duites au hasard; elles sont assujetties à des lois qui règlent leur nombre leurs positions relatives et leurs inclinaisons. La première de çfes lois est connue sous le nom de loi de symétrie. Elle consiste en ce que les bords ou les angles solides de la

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forme modifiée qui sont identiques entre eux reçoivent tous à la fois les mêmes modifications tandis que les bords ou angles non identiques ne sont pas semblablement modifiés. Une conséquence de cette loi c'est qu'il est facile en partant d'une seule forme du Minéral d'arriver d'une manière rationnelle à la détermination des autres formes qu'il peut prendre et de connaître ainsi à priori ce qu'on nomme son système de cristallisation. Ce procédé toutefois ne détermine que l'espèce de chaque forme et non ses dimensions; mais une seconde loi à laquelle les modifications sont assujetties donne au minéralogiste les moyens d?eacute;tablir des relations entre les angles de la forme primitive ou fondamentale et ceux de la forme secondaire ou dérivée. Les systèmes de cristallisation sont au nombre de six: ils se distinguent entre eux d'après la diversité de nature des solides prismatiques que l'on peut regarder comme leurs forms fondamentales et qui sont tous des parallélipipèdes les uns rectangulaires les autres obliquangles. On peut les diviser et les classer de la manière suivante.

Ire Division. — Parallélipipèdes rectangles.

1°. Les trois arêtes égales entre elles; forme fondamentale: le cube;

2°. Deux arêtes égales et la troisième différente; forme fondamentale: le prisme carré droit;

3°. Les trois arêtes inégales; formè fondamentale: le prisme rectangle droit.

II° Division. — Parallélipipèdes obliquangles.

1°. Les trois angles plans de l'un des angles solides égaux entre eux; forme fondamentale le rhomboïde;

2°. Deux angles plans égaux et le troisième différent; forme fondamentale: le prisme rhomboïdal oblique;

3°. Les trois angles plans inégaux; forme fondamentale: le prisme obliquangle oblique ou parallélipipède irrégulier.

Les formes composant chaque système se subdivisent en plusieurs séries dans chacune desquelles il est une forme simple qui domine ou dont toutes les autres portent l'empreinte. Par exemple les formes dominantes du système rhomboédrique sont: le rhomboïde le prisme hexagonal régulier le dodécaèdre à triangles isoscèles et le dodécaèdré à triangles scalènes. Dans les espèfes minérales fécondes en Cristaux et qui présentent toutes les formes comprises dans un même système on remarque que les variétés provenant de localités diverses ou de terrains différens affectent en général des formes dominantes particulières et dans un grand nombre d'espèces où la totalité des formes du système ne s'est pas encore montrée on observe une sorte d'habitude de certaines formes de préférence aux autres ce qui joint a la diversité du clivage établit des différences entre les Minéraux appartenant au même système. Mais c'est principalement de la mesure des angles que se tirent leurs caractères distinctifs. L'invariabilité des angles dans chacune des formes propres à une même espèce donne à leur mesure une très-grande importance parce qu'elle est susceptible d?ecirc;tre prise avec beaucoup de précision et parce qu'elle est comme un point à peu près fixe et immobile an milieu des diverses causes qui font varier les autres caractères des Minéraux. Pour déterminer les incidences mutuelles des faces d'un Cristal on se sert d'instrumens appelés goniomètres; il y en a de deux sortes: les uns qu'on peut appeler goniomètres d'application et dont l'invention est due à Garangeot se composent de deux lames d'acier réunies par un axe autour duquel elles peuvent tourner et qu'on applique sur les faces d'un angle dièdre perpendiculairement à leur intersection. Puis sans changer leur degré d'ouverture on les replace sur un rapporteur en cuivre dont le limbe divisé fait connaître la valeur de l'an-

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gle cherché. La seconde sorte d'instrumens oui donne des mesures beaucoup plus précises est due au au docteur Wollaston. Elle porte le nom de goniomètre à réflexion parce qu'elle sert à déterminer un angle ièdre au moyen de la réflexion d'un objet sur l'une et l'autre des faces qui composent cet angle. Cet instrument ne peut convenir qu'aux Cristaux très-petits à surfaces polies et réfléchissantes.

Les formes polyédriques des Cristaux n'étaient point inconnues aux anciens. Pline a décrit avec assez de justesse celles du Cristal de roche et du Diamant. Mais jusqu'au milieu du dix-septième siècle on les avait considérés comme de simples jeux de la nature. Sténon attira le premier l'attention des naturalistes sur ce sujet intéressant en publiant à Florence en 1669 une dissertation ayant pour titre: De solido intrà solidum naturaliser contento.

Depuis cette époque on étudia les Cristaux avec plus de soin et pour y rechercher les lois d'une géométrie rigoureuse. Il parut à Bologne en 1688 un ouvrage curieux pour le temps mais qui fut peu remarqué quoiqu'il contînt le germe d'une science nouvelle. Cet ouvrage était intitulé Reflessioni filosofiche dedotte dalle figure dei Sali. L'auteur Dominique Guglielmini publia ensuite une Dissertation sur les Sels qui a été imprimée à Venise en 1705. Déjà les fondemens de la cristallographie étaient posés et l'on vit paraître en 1723 à Lucerne un Prodrome de cette science par Capeller. Bientôt api ès Linné tenta le premier essai d'une distribution méthodique des Minéraux dans laquelle les formes cristallines aient été prises en considération et il joignit à son travail des descriptions et des figures aussi fidèles que le comportait l?eacute;tat où se trouvait alors la science. Roméde l'Isle vint ensuite et fit faire un grand pas à cette science en démontrant par l'expérience que les angles des Cristaux étaient constans en comparant entre elles les fonnes cristallines propres à chaque espèce et prouvant qu'elles dérivaient toutes de certaines formes simples et fondamentales au moyen de troncatures plus ou moins profondes sur les angles et sur les arêtes de ces dernières. Sa Cristallographie publiée en 1783 est un ouvrage aussi remarauable pourle fond que pour la méthode la clarté et la précision qui y régnent et il a fait époque dans l'histoire de la science. A peu près vers le même temps Bergmann cherchant à pénétrer jusque dans le mécanisme de la structure des Cristaux considéra les différentes formes relatives à une même substance comme produites par une superposition de lames de dimensions variables autour d'une même forme primitive. S'il eût suivi cette heureuse idée dans toutes ses conséquences et s'il eût cherché à la vérifier à l'aide de l'observation et du calcul en l'appliquant aux nombreuses variétés de formes des substances connues de son temps il aurait eu la gloire qui fut réservée à l'un de nos plus illustres compatrioles de donner une explication simple et naturelle de la structure des Cristaux et de fonder une théorie mathématique qui devait être l'une des plus solides bases de la Minéralogie. V. l'article CRISTALLOGRAPHIE pour ce qui concerne l'histoire des importantes découvertes d'Haüy et des faits intéressans qu'y ont ajoutés ses successeurs.

3°. Le nombre et la position des axes de réfraction. La double réfraction de la lumière est une des propriétés caractéristiques des substances cristallisées parce qu elle tient à l'arrangement uniforme et régulier de leurs molécules. Elle consiste eu ce que le rayon lumineux qui les traverse se partage généralement en deux faisceaux qui suivent deux routes différentes. L'un des deux faisceaux qu'on nomme le rayon ordinaire se réfracte d'après la loi commune à tous les corps c'est-à-dire de manière qne le rayon réfracté ol

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le rayon incident sont dans un même plan normal à la surface réfringente et que le sinus de l'angle de réfraction est dans un rapport constant avec le sinus de l'angle d'incidence. L'autre rayon suit une loi particulière découverte par Huyghens et vérifiée par Wollaston et Malus: ce rayon porte le nom de rayon extraordinaire. L'existence et la marche de ce second rayon se trouvent liées avec les positions suivant lesquelles les molécules du Cristal se présentent au rayon incident. Si ces molécules sont arrangées d'une manière uniforme et symétrique à l'entour du centre du Cristal alors il n'y à plus de division du rayon lumineux et le phénomène de la double réfraction ne se manifeste plus. C'est le cas de tous les Minéraux cristallisés qui appartiennent au système de cristallisation du cube. Toutes les autres substances sans exception donnent lieu à l'observation du phénomène; mais avec des circonstances particulières en rapport avec leur structure cristalline. On remarque en effet qu'il y a toujours une ou deux directions fixes qui sont telles que le rayon ne se divise plus s'il tombe d'aplomb sur une face perpendiculaire ou parallèle à l'une de ces directions. C'est une conséquence de ce que les molécules sont alors disposées symétriquement à l'entour de cette direction en sorte qu'elles tiennent en équilibre le rayon extraordinaire dont la marche se confond avec celle du rayon ordinaire. Toute ligne de l'intérieur d'un Cristal dans la direction de laquelle le phénomène de la double rétraction est nul porte le nomd'axe de double réfraction. Les axes de double réfraction sont en rapport quant à leur nombre et à leur position avec les axes de cristallisation et par conséquent avec la forme fondamentale du système. Ils peuvent servir à la détermination de cette forme ou du moins de la classe à laquelle elle appartient conjointement avec les caractères tirés du clivage et des formes extérieures. Ces relations importantes entre les axes de réfraction et les formes cristallines se généralisent et s'expriment de la manière suivante:

1°. Tous les Cristaux qui n'offrent qu'un seul axe de réfraction ont des formes primitives telles que leurs faces sont toutes semblablement disposées par rapport à une seule ligne parallèle à la direction de l'axe. Ces Cristaux appartiennent au système de cristallisation du rhomboïde ou du prisme carré droit.

2°. Tous les Cristaux qui présentent deux axes de réfraction ont des formes primitives dont les faces ne ouvent se rapporter à un seul axe le cristallisation. Ce sont ceux qui appartiennent au système du prisme rectangle droit du prisme rhomboïdal oblique et du parallélipipède irrégulier.

3°. Les Cristaux qui présentent dans tous les sens la réfraction simple appartiennent au système de cristallisation cubique.

On emploie divers moyens pour reconnaître si une substance est douée de la double réfraction. Le plus simple et le plus ordinaire consiste à rechercher si elle produit le phénomène de la double image lorsqu'on regarde un objet à travers deux de ses faces opposées ce qui doit toujours avoir lieu si les faces font entre elles un certain angle et ne sont ni parallèles ni perpendiculaires à un axe de réfraction. Dans le Calcaire rhomboïdal et dans le Soufre ce phénomène est très-sensible même à travers deux faces parallèles. Mais dans la plupart des autres substances il ne se manifeste aisément que lors-qu'on choisit des faces réfringentes disposées favorablement pour ce genre d'observation. Aussi est-on obligé souvent de faire tailler le corps dans un ou plusieurs sens afin de s'assurer que le phénomène a lien et rendre son effet plus sensible en augmentant l?eacute;cart des deux images. Pour faire commodément cette expérience on applique l'une des faces du corps contre l?oelig;il de ma-

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nière que l'arête de jonction de ces faces soit horizontale et l'on tient en même temps de l'autre main une épingle dirigée horizontalement que l'on présente à une certaine distance du Cristal et que l'on regarde à travers les deux faces réfringentes. En faisant mouvoir cette épingle de bas en haut on parvient bientôt à une position sous laquelle on voit deux images situées l'une au-dessus de l'autre et irisées. On peut aussi faire l'expérience le soir en regardant à travers le corps une bougie allumée placée à?une certaine distance. On voit alors deux images de la flamme ordinairement nettes et bien prononcées. Ces moyens d'observation ne peuvent s'appliquer qu'aux substances qui se présentent naturellement en Cristaux assez volumineux ou en lames épaisses. Quant à celles qui s'offrent toujours en lames minces comme les Micas ou qu'on peut aisément ramener à cette forme par le clivage on les soumet à un autre genre d?eacute;preuve beaucoup plus simple et non moins rigoureux que les précédens. Ce nouveau procédé repose sur les propriétés qu acquiert un rayon lumineux dans son passage à travées un corps doué de la double réfraction. Nous nous bornerons à décrire ici ce procédé nous réservant d'en donner l'explication dans l'article de ce Dictionnaire où il sera traité de la double réfraction d'une manière spéciale. V. RÉFRACTION (DOUBLE). Il consiste à faire usage d'un appareil inventé par Biot et composé de deux lames minces de Tourmaline transparente que l'on a extraites d'un prisme de cette substance en le taillant parallèlement à son axe. Ces deux lames sont posées l'une sur l'autre de manière que leurs axes de cristallisation ou de réfraction se croisent à angle droit. Dans ce cas on remarque une tache ou croix noire à l'endroit du croisement des axes où il ne passe aucune particule de lumière. On place entre ces lames le corps que l'on veut éprouver et s'il possède la double réfraction la lumière reparaît à l'endroit du croisement; s'il a la réfraction simple le lieu du croisement reste obscur comme auparavant. Le même appareil peut servir à déterminer si une substance possède un ou deux axes de double léfraction.

4°. Le polychroïsme. Il existe dans le mode de transmission de la lumière à travers les corps cristallisés d'autres différences qui paraissent également en rapport avec leur structure cristalline. Elles consistent eu ce que ces corps quand ils sont transparens et qu on les regarde par réfraction ou en les plaçant entre l?oelig;il et la lumière manifestent des couleurs différentes suivant les sens dans lesquels la lumière les pénètre. Cette différence de couleur est nulle dans les Minéraux qui appartiennent au système de cristallisation du cube et la raison en est évidente. Mais elle est plus ou moins sensible dans les substances qui présentent le phénomène de la double réfraction. Dans celles qui n'ont qu'un axe de réfraction on observe ordinairement deux teintes l'une produite par la lumière qui traverse le Cristal parallèlement à l'axe et l'autre par cette qui le traverse dans le sens perpendiculaire: c'est le phénomène connu sous le nom de dichiroïsme. Pour toutes les directions intermédiaires la couleur varie entre ces deux teintes extrêmes. Ce phénomène est sensible dans la Cordiérite la Tourmaline l'Emeraudc le Mica du Vésuve etc. Dans lès Cristaux à deux axes de réfraction on est conduit à admettre l'existence d'une triple couleur ou du trichroïsme ainsi que Soret l'a remarqué dans une Topaze du Brésil dont les couleurs variaient du rose-jaunâtre au violet et au blanc-jaunâtre. Dans ce cas l'une descouleurs est donnée lorsque la lumière traverse le corps parallèlement au plan des axes et à la ligne qui divise en deux parties égales l'angle formépar leurs directions; la seconde a lieu lorsque la lumière traverse le

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corps parallèlement a ce plan et perpendiculairement à la ligne moyenne; et la troisième lorsque la lumière traverse le corps perpendiculairement à ce plan et à la ligne moyenne. On peut donner à l'exemple de Beudant le nom de Trichrvïtes aux Minéraux qui manifestent ainsi une triple couleur; celui de Dichroïtes à ceux qui en montrent deux et nepossèdent qu'un axe de réfraction; et enfin celui de Monochroïtes aux substances qui ne présentent qu'une seule teinte et n'ont que la réfraction simple. C'est aux travaux de Malus de Brewster de Biot etc. qu'on est redevable de la découverte des propriétés optiques que nous avons exposées dans les deux derniers paragraphes et de leur application à ladistinction des structures cristallines des Minéraux.

II. Structure irrégulière.

Les Minéraux non cristallisés n'ont qu'une structure irrégulière provenant de la réunion confuse de leurs molécules: elle est ou simple ou composée. Les Minéraux à structure simple irrégulière ne présentent qu'une masse homogène dans laquelle l?oelig;il ne discerne aucune partie aucune surface de séparation. Tels sont les corps auxquels on donne le nom de compactes et dont la structure est analogue à cette du verre. Les structures composées ou d'agrégation résultent de la réunion en une seule masse solide d'un trèsgrand nombre de parties discernables qui prises isolément possèdent une structure simple soit cristalline soit irrégulière. On distingue plusieurs sortes de structure composée ou d'agrégation:

La structure lamellaire provenant d'une accumulation confuse d'un très-grand nombre de petits Cristaux ou de lames qui présentent leurs clivages dans tous les sens et qui se distinguent par le miroitement que chacune d'elles produit en réfléchissant la lumière. Si les Cristaux sont fort petits la masse a une structure plus ou moins analogue à cette do sucre: on lui donne alors le nom de structure saccharoïde;

La structure granulaire provenant d'une multitade de petits Cristaux ou grains cristallins arrondis entassés les uns sur les autres et agrégés entre eux avec une force moindre que cette qui réunit leurs particules;

La structure oblitique produite par une accumulation de glonules à couches concentriques;

La structure fibreuse provenant de Cristaux très-allongés aciculaires on cylindroïdes groupés entre eux dans le sens de leur longueur ou réunis par leurs extrémités en rayons diverçens ce qui produit des masses bacillaires ou radiées;

La structure schisteuse ou feuilletée. Cette des masses composées d'un très-grand nombre de feuillets séparables comme l'Ardoise;

La structure stratiforme provenant de l'accroissement du corps par couches ou enveloppes successives qui se manifestent par des ondulations de diverses couleurs à la surface extérieure ou dans les fractures;

La structure compacte terreuse produite par un entassement confus de très-petits Cristaux ou grains tellement serrés qu'ils sont indiscernables et ne présentent que des masses d'un aspect terne sans aucun indice de tissu.

Il est encore d'au très modes de contexlure des Minéraux dus à des causes accidentelles qui ont agi pendant ou après leur formation. Tels sont ceux qui résultent des diverses solutions de continuité qu'ont pu produire le retrait occasioné par le refroidissement ou le dessèchement des masses minérales le dégagement des Gaz etc.; on leur donne les noms de structure cariée cellulaire poreuse ponceuse etc. suivant la forme et la disposition des cavités qui divisent la masse. Enfin il est une dernière espèce de structure que l'on peut appeler structure organique parce qu'elle est tout-à-fait d'emprunt et

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que le Minéral en est redevableàdes corps organisés dont il a pris la place et dont il a imité fidèlement le tissu. Telle est la structure des corps auxquels on donne le nom de Fossileset le Pétrifications.

B. De la densité relative ou pesanteur spécifique.

Les Minéraux de nature différente résenteut en général des différencese poids appréciables lorsqu'on lescompare entre eux sous un même volume. Les rapports que ces poidsont entre eux pouvant être évaluésavec beaucoup de précision il enrésulte un caractère spécifique d'uneassez grande importance pourvu qu'on le détermine toujours d'aprèsles variétés qui ont une structure simple et régulière. On donne le nomde pesanteurs spécifiques à ces rapports de poids que l'on évalue en prenant pour uuité la pesanteur spécifique d'une substance convenue et en cherchant par l'expérience le rapport du poids d'un volume quelconque de chaque corps à celui d'un volume égal de cette substance. On est conveuu de prendre pour unité de pesanteur spécifique cette de l'eau distillée; mais comme elle varie avec la température on prend pour unité la pesanteur spécifique de ce fluide à quatorze degrés de Réaumur ce qui est à peu près la température moyenne de notre climat.

Peser spécifiquement un corps c'est d'après ce que nous veuons de dire calculer son poids en prenant pour unité celui d'un volume d'eau pareil au sien. Cela revient donc à peser séparément le corps puis un volume d'eau égal au sien et à prendre le rapport des deux poids obtenus c'est-à-dire à diviser l'un par l'autre. Ainsi toute la difficulté consiste à réduire l'eau au même volume que le corps pour la peser ensuite. Il y a deux procédés en usage pour ce genre de recherches. Voici en quoi consiste le premier quiest susceptible de beaucoup d'exactitude. On choisit un flacon à large ouverture et bouché à l?eacute;meril; on le remplit d'eau on le bouche et on l'essuie avec soin; on le pèse ensuite avec le Minéral quon veut éprouver en mettant l'un et l'autre dans l'un des bassins d'une balance. On note le poids observé; cela fait on débouche le flapon et on y introduit le corps; puis rebouchant le flacon on le pèse dans ce nouvel état. On trouve une différence entre le poids actuel et le poids primitif: cette différence provient de ce que le corps eu s'introduisant dans le flacon en a fait sortir un volume d'eau égal au sieu: donc elle exprime le poids de l'eau sous uu volume égal à celui du corps. En divisant donc le poids du corps par cette différence on aura la pesanteur spécifique que l'on cherche. Le second procédé moins exact que le précér dent est néanmoins d'une précision suffisante dans les cas ordinaires et convient surtout aux minéralogistes qui ne veulent que rapporter une variété à une espèce déjà connue. Il consiste à peser d'abord le corps dans l'air puis à le peser de nouveau en le plougeant dans l'eau. Il perd alors une partie de son poids précisément égale au poids du liquide qu'il a déplacé c'est-à-dire au poids d'un volume d'eau pareil au sien. Ainsi l'on déterminera le poids d'un volume d'eau égal à celui d'un corps solide quelconque en cherchant la pertee poids que ce corps éprouve lorsqu'il est plongé dans l'eau. Pour effectuer commodément cette double pesée on se sert d'un instrument imaginé par Nicholson et qui n'est qu'une modification de l'aréomètree Fahrenheit. C'est un cylindre creux de fer-blanc arrondi é ses extrémités et terminé supérieurement par une tige qui supporte une petite cuvette. La partie inférieure tientsuspendu un cône renversé concave à l'endroit de sa base et lesté danssou intérieur de manière que quandon plonge l'instrument dans l'eau ily a toujours une partie; du oylinare qui surnage. La tigç qui porte la curvette supérieure est marquée d'un

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petit trait et l'bu connaît d'avance le poids qu'il faut mettre dans cette cuvette pour què le trait vienne à fleur d'eau; ce que l'on appelle affleurer l?aréomètre. On choisit dèslors un fragment du Minéral à essayer dont le poids soit plus petit que celui-là; il est clair que ce corps placé dans la cuvette supérieure ne sera pas suffisant pour produire l'affleurement et qu'il faudra lui ajouter un autre petit poids. Ce poids additionnel retranché du poids qui produit l'affleurement donne le poids du corps pesé dans l'air. On retire ensuite ce corps de la cuvette supérieure sans ôter le poids qu'on lui avait ajouté et on le place dans la cuvette inférieure. Il pero alors une partie de son poids et l'instrument n?eacute;tant 'plus affleuré il faut ajouter de nouveaux poids dans la cuvettesupérieure pour reproduire l'affleurement. Cette nouvelle charge exprimant la perte que le corps a faite de son poids dans l'eau est par conséquent le poids d'un volume d'eau égal à celui du tôrps. Il tae reste plus qu'à diviser par ce poids celui du corps pesé dans l'air.

C'est en opérant de cette manière qu'on a dressé des tables' des pesanleurs spécifiques de tous les Miuéraux connus. Ces tables fournissent des caractères assez importans parce qu'ils sont peu variables et qu'on peut toujours les ramener à leurs véritables limites en faisant l'opération sur des morceaux choisis dans le plus grand état de pureté possible. Ils réunissent encore à l'avantage d'une grande généralité celui d?ecirc;tre susceptibles d'une estimation rigoureuse.

c. De la dureté et de quelques autres propriétés dépendantes de la co-hésion.

Les corps naturels en vertu de la cohésion qui réunit leurs particules opposeàt une résistance à toute force qui agit du dehors pour les désunir: c'est ainsi qu'ils résistent plus ou moins à l'action d'un choc qur tend à les briser à la pression qu'on exerce à leur surface á l'effort qu'on fait pour les entamer avec une pointe vive ou un instrument tranchant. On confond assez ordinairement sous le nom commun de dureté ces divers ses sortes de résistances qu'il importe d'autant plus de distinguer qu elles n'ont point de rapport nécessaire entre elles. Il convient donc de fixer ce qu'on doit entendre par la dureté relative des Minéraux et comment il faut l'estimer dans tous les cas. On dit qu'un Minéral est plus ou moins dur qu'un autre suivant qu'il le raye ou qu'il en est rayé. Ainsi le Diamant est le plus dur de tous les Minéraux parce qu'il les entame tous et qu'il n'est entamé par aucun. C'est par le frottement qu on estime la dureté en faisant passer les parties anguleuses d'un Minéral sur la surface d'un autre et appuyant le plus qu'il est possible. Pour evaluer non pas rigoureusement mais d'une manière approximative et avec une précision suffisante les différens degrés de dureté des Minéraux Mohs a proposé de former une échelle comparative des duretés de certains corps bien connus en les choisissant de manière qu'elles croissent par des différences à peu près égales et de représenter la série de leurs valeurs par cette des nombres naturels 1 2 3 4 5.... C'est ainsi qu'il a composé l'échelle suivante qui comprend dix termes de comparaison depuis le Talc le plus tendre des Minéraux jusqu'au Diamant qui en est le plus dur:

1. Le Talc laminaire; 2 le Gypse; 5 le Calcaire rhomboïdal; 4 le Spath fluor; 5 l'Apatite; 6 le Feldspath Adulaire; 7 le Quartz hyalin; 8 h Topaze; 9 le Corindon; 10 le Diamant.

Tout autre Minéral que ceux qui sont contenus dans l?eacute;chelle aura nécessairement un degré de dureté intermédiaire entre ceux de deux termes consécutifs de cette échelle; c'est à-dire qu'il rayera le premier et sera rayé par le second. Mohs représente dlors sa dureté par un nombre fractionnaire

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compris entre les nombres entiers qui expriment les duretés de ces deux termes.

De la ténacité et de b fragilité. Les Minéraux diffèrent entre eux par le degré de force avec lequel ils résistent au choc qui tend à fes briser. On nomme tenaces ceux qui se brisent très-difficilement et fragiles les corps qui sont faciles à casser. Ces propriétés paraissent être tout-à-fait indépendantes de la dureté si l'on prend ce mot dans l'acception minéralogique. Parmi les substances tenaces il en est de très -tendres comme le Talc le Graphite la Magnésite et d'autres qui sont dures comme le Jade et l'Emeril. Les Minéraux à structure celluleuse ou fibreuse les corps compactes à cassure vitreuse sont en général difficiles à briser; ceux qui dans leur cassure présentent l?eacute;clat de la résine ou qui sout solubles dans l'eau les corps à structure la-raelleuse sont généralement trèsfragiles. On considère quelquefois dans les Minéraux une autre propriété qui suppose dans le corps qui en est doué un certain degré de dureté et de ténacité tout à la fois. C'est celle de donner des étincelles par le choc du briquet. L?eacute;tincelle étant produite par la combustion d'une particule d'Acier détachée par le choc il faut que le corps soit assez dur pour attaquer l'Acier et assez tenace pour ne pas se briser trop facilement par la percussion.

On distingue encore dans les Minéraux quelques autres propriétés dépendantes de la force de cohésion qui réunit leurs particules; telles sont la friabilité ou la propriété d'un corps qui s?eacute;grène par un choc léger ou se désagrège par la simple pression du doigt; la flexibilité ou la faculté que possèdent certains Minéraux de pouvoir être courbés sansse briser; l'élasticité qui ramène les substances flexibles à leur première forme lorsque la force qui les a fléchies n'agit plus sur elles; la ductilité qui permet à certains corps de se laisser étendre par la pression ou par le choc en conservant sensiblement la forme qu'on leur a donnée etc.

D. De la cassure.

Lorsque d'une masse minérale on détache un fragment par la percussion la forme de ce fragment et l'aspect de la surface de cassure sont souvent en rapport avec la structure du Minéral et peuvent fournir des caractères propres à la faire reconnaître. Ainsi la cassure est lamelleuse ou feuilletée dans les corps à structure régulière ou schisteuse; elle est fibreuse ou grenue dans les masses composées de fibres ou de grains; enfin elle est compacte et terreuse dans les masses dont la structure est désignée par les mêmes noms. Cette dernière espèce de cassure présente des modifications particulières de forme et d'aspect. Relativement à la forme elle peut être:1° conique c'est ce qui a lieu lorsque le corps dont on détache le fragment est homogène qu'il est terminé par une surface à peu près plane et qu'on applique le coup perpendiculairement a cette surface. Le choc détermine alors dans l'intérieur un cône plus ou moins obtus dont le sommet répond au point où l'on a frappc. Cette cassure se manifeste tics-aisément dans le Grès luisant de la forêt de Montmorency dans les Agathes et les Silex dans des masses de verre etc. 2°. Conchoïde; ce n'est qu'une modification de la cassure précédente et qui consiste en une surface arrondie concave sur l'un des fragmens concave sur l'autre et sillonnée par des stries concentriques comme les valves de certaines Coquilles. On l'observe fréquemment dans les substances dont la compacité est vitreuse ou résineuse. 3°. Raboteuse; c'est-àdire n'offrant que des inégalités irrégulières. 4°. Esquilleuse lorsqu'il se détache en partie de la surface du fragment de petites écailles ou esquilles semblables à celles que présente un morceau de bois ou un os fracturé. 5°. Enfin la cassure peut être tout-à-fait plate comme cela a

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lieu dans les pierres lithographiques et dans les Silex meuliers. Relativement à l'aspcct de la surface de cassure on examine si elle est vitreuse résineuse cireuse terreuse etc. La propriété dont jouissent les Minéraux de se casser de telle ou telle autre manière n'est pas sans intérêt pour les arts: c'est sur les genres de cassure propres aux pierres à fusil et aux pierres meulières qu'est fondé l'art de tailler les premières et d'exploiter les secondes avec facilité.

E. Des propriélès physiques particulières.

† Propriétés dépendantes de l'action de lalumière.

Les propriétés optiques des Minéraux se rapportent les unes à la transmission de la lumière à travers l'intérieur du corps les autres à sa réflexion sur la surface. Les premières sont: la transparence l'opacité et les diverses sortes de réfraction; aux secondes appartiennent les couleurs l?eacute;clat le chatoiement etc. Il importe beaucoup de distinguer parmi ces propriétés celles qui sont constantes et spécifiques parce qu'elles tiennent à la nature intime du corps d'avec celles qui sont variables et accidentelles et qui dépendent uniquement du mode d'agrégation des particules ou de la présence d'une matière étrangère interposée entre elles et comme dissoute dans la substance.

Il est peu de substances minérales qui ne soient transparentes lorsqu'elles sont cristallisées et sans mélange; mais cette propriété peut être plus ou moins masquée ou altérée par diverses causes telles que la trop grande épaisseur du corps la vivacité de l?eacute;clat rehaussé par le poli des surfaces l'intensité des couleurs etc. Il y a donc lieu de distinguer dans les Minéraux différens degrés entre la transparence parfaite et l'entière opacité. Un Minéral est transparent lorsque les rayons qui le pénètrent sont assez abondans pour qu'on puisse distinguer nettement un objet à travers son épaisseur; demi-transparent. lorsqu'il ne laisse voir les objets que d'une manière confuse; translucide lorsqu'on ne peut rien distinguer même confusément; opaque lorsqu'il ne laisse passer aucun rayon de lumière. Il est des substances qui sont opaques quand elles ont une certaine épaisseur et qui deviennent transparentes lorsqu'on les réduit en lames minces ou qui montrent de la translucidité sur les bords amincis des fragmens.

Tous les Minéraux transparens ont la propriété de réfracter les rayons lumineux qui les pénètrent mais avec des différences remarquables qui dépendent de la nature et du mode d'arrangement de leurs particules. Les substances qui ne sont point cristallisées et celles dont les cristaux se rapportent au système du cube ne possèdent que la réfraction simple; toutes les substances cristallisées qui appartiennent aux autres systèmes sont douées de la double réfraction; et elles se distinguent entre elles parla quantité dont les deux rayons ordinaire et extraordinaire s?eacute;cartent l'un de l'autre pour une même incidence. On a vu plus haut qu'il y avait encore entre elles des différences importantes dépendantes du nombre et de la position relative des axes de double réfraction.

Les Minéraux ne manifestent pas moins de diversité entre eux relativement à la manière dont les rayons lumineux se réfléchissent à leur surface. On distingue dans l'impression que font ces rayons sur l'organe de la vue deux effets différens susceptibles chacun de modifications particulières. Ces deux effets sont ce qu'on nomme la couleur et l'éclat; le premier dépend de la nature des rayons réfléchis le second tient à leur intensité aux qualités particulières de leur teinte et au plus ou moins de poli des surfaces. Il y a plusieurs sortes d?eacute;clat dans les Minéraux: l?eacute;clat métallique l?eacute;clat

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vitreux l'éclat résineux l'éclat céiroïde l'éclat gras l?eacute;clat soyeux et l?eacute;clat nacré. Quelques substances pierreuses ont une certaine apparence de l?eacute;clat propre aux Métaux qui disparaît lorsqu'on vient à rayer leur surface: on donne à ce faux éclat métallique le nom de métalloïde. Il est à remarquer que dans les corps qui ont une structure régulière l?eacute;clat n'est pas toujours le même dans les différens sens de clivage. C'est ainsi que l?eacute;clat nacré ne se montre ordinairement que dans une seule direction parallèle à labase des cristaux prismatiques.

Les couleurs des Minéraux se distinguent en couleurs propres et couleurs accidentelles; les premières tiennent à la nature même des molécules elles sont uniformes et constantes tant que la substance conserve son état de pureté; aussi les caractères qu'elles fournissent sontils d'une assez grande valeur pour la distinction des espèces. Ces couleurs peuvent varier d'intensité et quelquefois de ton avec le mode d'agrégation des particules ou le degré de densité de la substance. Mais oa les trouve les moines dans les différentes variétés en ayant soin de ramener celles-ci dans des conditions semblables. C'est pour cela qu'on commence toujours par réduire le Minéral en poussière avant d'observerle caractère de sa couleur. Les subsrtances naturelles qui possèdent des couleurs propres sont: les métaux le Soufre; les Oxides métalliques les Sulfures etc. Les couleurs accidentelles sont dues à la présence de morlécules étrangères mélangées soit chimiquement soit d'une manière puremeut mécanique avec les parties constituantes de la substance. Ces couleurs pouvant varier à l'infini elles sont beaucoup moins importantes que les premières et ue peuvent constituer que des caractères de simples variétés. Les mélanges chimiques si communs dans les pierres fines n'altèrent en général ni leur transparence ni leur éclat; il n'en est pas de même des mélanges mécaniques. Les couleurs accident telles quoiqu'essentiellement variables ne s'observent pas indifféremment dans toutes les substances minérales; on remarque dans la plupart d'entre elles certaines habitudes de coloration qui sont telles que souvent une même teinte domine dans la série de leurs variétés ce qui fournit un caractère empirique pour les reconnaître.

Indépendamment des couleurs propres ou accidentelles dont nous venons de parler et qui sont fixes dans les substances qui les présentent il existe encore d'autres couleurs qu'on peut appeler mobiles parce qu'elles semblent se mouvoir a mesure qu'on fait varier l'aspect du Minéral. Tels sont ces reflets que l'on voit flotter dans l'intérieur de certaines pierres et auxquels on a donné le nom de chatoiement par allusion aux yeux du Chat qui brillent dans l'obscurité et que ces pierres imitent grossièrement lorsqu'elles sont taillées eu cabochon. Cet accident de lumière paraît être dû soit au tissu fibreux de la substance elle-même soit à une interposition de matières étrangères distribuées régulièrement dans le sens de certains joints naturels. D'autres reflets diversement colorés et auxquels on a donné le nom d'Iris se montrent aussi à l'intérieur ou à la surface de quelques substances: ces reflets sont produits par des vacuoles qui existent naturellement dans la pierre ou par une substance trèsatténuée et souvent fluide interposée dans la matière propre du corps ou enfin par un commencement d'altération qu'il éprouve à sa surface.

Il est aussi un grand nombre de Minéraux qui ont la propriété de devenir lumineux par cux-métnes et par conséquent de pouvoir luire dans les ténèbres lorsqu'on les place dans certaines circonstances favorables à la production de ce phénomène quiest connu sous le nom de phosphorescence. On développe cette faculté

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dans les Minéraux qui en sont susceptibles par quatre moyens différens savoir: en les chauffant; en les exposant quelque temps à la lumière du soleil; en leur faisant subir d'action du flottement; enfin en les soumettant à l'action des étincelles électriques. Dessaignes dans un Mémoire couronné par l'Institut en 1809 a parfaitement bien étudié toutes les circonstances de ce phénomènë intéressant; il a montré que dans un grand nombre de cristaux où il se manifestait il était en rapport avec la structure cristalline de la substance et il a cherché à rendre raison de ses effets en les attribuant à un dégagement de fluide électrique.

†† Propriétés dépendantes de l'action électrique.

Toutes les substances minérales sont susceptibles d'acquérir la vertu électrique; mais elles diffèrent beaucoup entre elles soit sous le rapport des moyens que l'on emploie pour la développer aisément dans chacune d'elles soit par le plus ou moins de tendance qu'elles ont à la conserver ou à la transmettre soit enfin par l'espèce de fluide électrique qu'elles retiennent de préférence entre leurs pores. La plupart des Minéraux ne s'électrisent que lorsqu'on les a frottés avec un autre corps tel qu'un morceau de drap; quelques-uns ont la propriété de devenir électriques lorsqu'on se borne à les presser entre deux doigts; d'autres enfin mais en petit nombre le deviennent lorsqu'ils sont exposés à un certain degré de chaleur. Sous le rapport de la faculté conservatrice de l'électricité on distingue les Minéraux en deux grandes classes: les Minéraux isolans qui retiennent le fluide électrique comme engagé dans leurs pores sans lui permettre de se répandre sur les corps environnans et qu'on peut électriser par le frottement en les tenant entre ses doigts; et les Minéraux conducteurs qui transmettent plus ou moins facilement le fluide électrique aut corps qui sont en contact avec éux et qu'on ne peut électriser qu'après les avoir isolés c'est-à-dire après les avoir fixés sur un support fait d'une substance isolante. Les substances qui sont transparentes et incolores dans leur état de perfection sont en général isolantes et acquièrent par le frottement l'électricité vitrée. Tels sont les Minéraux de nature vitreuse pu pierreuse. Les substances douées d'une couleur propre et de nature résineuse sont également isolantes mais elles acquièrent à l'aide du flottement l'électricité résineuse. Les substances essentiellement opaques et douées de l?eacute;clat métallique sont conductrices et acquièrent lorsqu'elles sont isolées et frottées les unes l'électricité vitrée et les autres la résineuse. C'est parmi les corps isolans que se rencontrent ceux qui sont susceptibles de s'électriser immédiatement par la chaleur. Ce mode particulier de développement de l?eacute;lectricité donne lieu à des phénomènes extrêmement curieux qui ont été pour la plupart découverts et étudiés avec beaucoup de soin par Haüy. D'abord les Minéraux électriques par la chaleur manifestent toujours les deux espèces d'électricité à la fois; il se forme en général vers les extrémités de chaque axe d'un cristal deux pôles électriques différens; de plus le cristal déroge à la symétrie ordinaire en ce que l'un des sommets dans lesquels résident les deux fluides offre des facettes qui ne se répètent pas sur le sommet opposé; et ce qu'il y a de remarquable c'est une corrélation constante entre ces différences de configuration des sommets et les forces contraires de leurs pôles: on observe en effet que le pôle vitreux possède toujours un plus grand nombre de facettes que le pôle résineux. Les Minéraux électriques par la chaleur différènt entre eux sous le rapport du degré de chaleur auquel ils prennent la vertu électrique: il en est un la Calamine qui est ha-

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bituellement électrique à la température ordinaire. Mais la plupart ont besoin d?ecirc;tre chauffés jusqu?agrave; un certain degré pour acquérir la propriété dont il s'agit et ils la conservent ensuite entre certaines limites de chaleur différentes pour chacun d'eux. Lorsqu'on laisse refroidir le corps au-dessous de la limite inférieure il cesse tout-à-coup de donner des signes d'électricité; mais il existe dans cet abaissement de tem«pérature un autre terme où la vertu électrique reparaît avec des caractères qui la distinguent de la preraière. Les pèles sont alors renversés c'est-à-dire que le sommet du cristal où se manifeste l?eacute;lectricité vitreuse dans les limites supérieures possède la lésineuse et réciproquement.

Pour déterminer si un Minéral est isolant ou conducteur on le frotte en le tenant à la main et on le présente ensuite à une petite aiguille métallique mobile sur un pivot et qui est dans son état naturel. Si le corps est isolant il aura conservé son électricité et dans ce cas il attirera l'aiguille; mais s'il est conducteur il sera sans aucune action sur elle. Lorsqu'on veut connaître la nature de l'électricité que le corps a acquise et conservée on le présente à une petite aiguille semblable à la précédente mais qui doit être isolée et préalablement électrique; et suivant qu'il y a attraction ou répulsion on juge que le corps possède une électricité coutraire à celle de l'aiguille ou la même électricité qu'elle. Une pareille aiguille électrisée d'avance porte le nom d'Electroscope L?eacute;lectroscope peut être vitré ou résineux. L?eacute;lectroscppe vitré consiste. en une aiguille métallique dont une extrémité porte un petit baireau de Spath d'Islande et qui est garnie en son milieu d'une chape de cristal de roche par laquelle elle s'appuie et se tue ut sur une pointe d'acier ayant elle-mâme pour support un bâton de gomme laque. Il suffit de presser le petit merceau de Spath entre les doigts pour qu'il acquière aussitôt l'électricité vitreuse et il la conserve très-long-tempa. L?eacute;lectroscope résineux diffère du précédent en ce que l'aiguille est tout entière métallique comme dans le premier appareil. On la met à l'état d?eacute;lectricité résineuse en frottant sur un morceau de laine ou de drap un bâton do cire. d'Espagne ou un fragment de Succin puis en l'approchant jusqu'au contact d'une des extrémités de l'aiguille qui est aussitôt repoussée.

††† Propriétés dépendantes de l'action magnétique.

Ces propriétés sont restreintes à un très-petit nombre de substances parmi lesquelles il n'y a que le Fer qui se trouve dans la nature à l?eacute;tat où il est susceptible d'agir sur l'aiguille aimantée. On distingue deux sortes d'action des Minéraux sur cette aiguille: celle qu'on peut appèler simple et qui cpnsiste dans une attraction de ces corps sur l'un et l'autre pôle de l'aiguille; et l'action polaire dont jouissentles corps qui étant présentés successivement par le même point aux deux pôles agissent constamment sur l'un par attraction et sur l'autre par répulsion. Pour reconnaître si on corps possède le magnétisme simple il suffit de le présenter à l'aiguille et de you s'il l'attire ou non. Si le corps possède le magnétisme polaire on déterminera a d'abord le point qui agit par attraction sur l'une des extrémités de l'aiguille puis on le présentera de nouveau à cette même extrémité par le point diamétralement opposé lequel agira alors par répulsion. Parmi les différens Minerais de fer il en est un qui possède le magnétisme polaire d'une manière très sensible. Les autres agissent simplement par attraction ou s'ils ont la vertu polaire ils ne la manifestent que lorsqu'on les fait agir sur une aiguille faiblement aimaniée. V. MAGNÉTISME.

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†††† Propriétés dépendantes de l'action sur les sens.

1°. Le toucher. Les Minéraux peuvent exercer sur le tact des sensations très-différentes. On dit qu'ils ont le toucher doux lorsque leurs parties sont fines et qu'elles glissent sous le doigt sans produire l'effet d'un corps gras; le toucher onctueux lorsqu'elles produisent un effet analogue à celui du savon; le toucher rude quand ils sont composés de grains assez durs et fortement agrégés; le toucher Apre lorsque la surface du corps a une certaine âpreté due aux parties dures et anguleuses dont elle se compose. Quelques Minéraux ont la propriété d'être happans à la langue c'est-à-dire que placés sur l'extrémité de cet organe ils en absorbent l'humidité et y adhèrent fortement ce qui est un résultat de leur contexture poreuse et de leurs nombreuses cavités capillaires.

2.° L'Odeur. Elle se manifeste tantôt d'elle-même tantôt avec laide de la chaleur ou du frottement; elle est propre à la substance et due à la volatilisation de ses principes constituans ou bien elle est tout-à-fait accidentelle et provient d'une matière étrangère interposée entre les particules de cette substance. On distingue plusieurs sortes d'odeur: l'odeur argileuse qui se développe lorsqu'on fait tomber la vapeur de l'haleine sur la surface du corps; l'odeur fétide qui se dégage par le frottement de certains cristaux et de certaines pierres compactes; l'odeur bitumineuse que l'action du feu fait naître dans la Houille; l'odeur aromatique du Succin; l'odeur sulfureuse des différens Sulfures; l'odeur d'Ail des corps qui renferment de l'Arsenic etc.

3.° La Saveur. Ce caractère existe dans les Minéraux qui sont solubles et susceptibles de se combiner avec les matières salines de la salive. On distingue plusieurs sortes de saveur que l'on désigne suivant leur nature par les noms demétallique astringente styptique salée fratche amère urineuse acide et alcaline.

4.° Le Son. Ce caractère est d'une très-faible importance. Il a été admis par les minéralogistes allemands qui ont remarqué que certaines pierres réduites en plaques minces et frappées par un corps aur rendent des sons dont le degré est quelquefois appréciable.

† † † † † Des formes extérieures en général.

Les seules formes que nous ayons considérées jusqu'à présent dans les Minéraux sont celles qui résultent du travail de la cristallisation et qui sont soumises à des lois constantes et régulières. Telle est l'action de ces lois auxquelles la nature inorganique est assujettie que quand rien ne la trouble elle tend a produire les formes les plus simples et les mieux caractérisées par leur réguarité et leur symétrie. Mais il est rare que des circonstances locales et des causes perturbatrices n'agissent pas pour interrompre ou déranger sa marche ordinaire: aussi ne produitelle souvent que des formes income plètes de simples ébauches dans esquelles on voit la forme primitiff ve se dégrader insensiblement des agrégations confuses de feuillets ou d'aiguilles de fibres ou de grains; enfin des masses compactes dont la configuration est tout-à-fait irrégulière et indéterminable. Si l'on excepte les formes cristallines qui paraissent en rapport avec la nature particulière des substances et dans lesquelles cependant on observe encore certaines variations dépendantes des circonstances dans lesquelles elles se sont formées on peut dire qu'en général les formés extérieureses Minéraux sont tout-à-fait accidentelles qu'elles sont ainsi d'une très-faible importance dans leur classification puisqu'elles ne peuvent établir que des caractères de simples variétés. Mais il est nécessaire de les considérer lorsqu'on en vient à la description des espèces et de lear

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manière d?eacute;tre dans la nature et elles sont d'autant plus intéressantes qu'elles peuvent donner une idée des causes et des circonstances de la formation du Minéral.

On peut diviser ainsi que l'a fait Beudant les formes extérieures des Minéraux en plusieurs classes: 1° les formes régulières dont il a été déjà question dans cet article et que nous avons considérées d'une manière spéciale au mot CRISTALLISATION. 2°. Les Cristaux indéterminables ou les formes oblitérées provenant de l'altération des formes régulières par l'accroissement démesuré de certaines dimensions ou l'arrondissement des faces et des arêtes. Il est presque toujours possible de les ramener aux types dont elles dérivent. C'est ainsi que les formes du système cubique qui approchent de la sphère donnent lieu à des formes globuleuses ou sphéroïdales; les rhomboïdes à des formes lenticulaires plus ou moins aplaties; les dodécaèdres aux Cristaux spiculaires et aux formes en aiguilles; les prismes en général à des Cristaux tabulaires ou lamelliformes ou bien à ces sortes de configurations que l'on désigne sous les noms de cylindroïde bacillaire aciculaire etc. 3.° Les groupes de Cristaux ou ces agrégations plus ou moins régulières de Cristaux appartenant à la même espèce parmi lesquelles on doit distinguer surtout les groupemens réguliers connus sous le nom de Macles. V. ce mot. 4.° Les Stalactites ou ces concrétions allongées coniques ou cylindriques qui résultent de l'infiltration d'un liquide chargé de molécules pierreuses ou'métalliques à travers les voûtes des cavités souterraines. 4.° Les formes oolltiques ou ces formes globuleuses à couches concentriques qui proviennent du mouvement quffavit le liquide charge de leurs particules; au moment ou il les abandonmit à elles-mêmes. 6°. Les formes ovoïdes ou tuberculeuses telles que les rognons les géodes ou corps arrondis et creur à l'intérieur dont la cavité est ordinairement tapissée de Cristaux ou remplie d'une matière pulvérulente. 7.° Les pseudomorphoses ou formes empruntées produites soit par incrustation sur des corps organiques ou inorganiques soit par moulage dans les cavités des roches et dans lffintérieur des Coquilles soit par substitution graduelle de certains principes à ceux d'une autre substance comme celles qui résultent de ces métamorphoses auxquelles on a donné les noms d'épigénie et de pétrification. 8°. Les formes produites par le retrait des matières pâteuses qui se dessèchent ou des matières fondues qui se refroidissent. 9°. Enfin celles qui sont dues au roulis des eaux et qui proviennent de Cristaux ou de fragmens de taches de roches préexistantes entraînés par les feaux et usés par leur frottement mutuel.

De la valeur relative des Caractères minéralogiques et de la Classification.

Nous venons de parcourir l'ensemble des propriétés diverses que peuvent présenter les Minéraux envisagés sur toutes leurs faces. Ces propriétés étant supposées connues par l'observation dans chacun d'eux on conçoit que leur énumération complète fournirait une description exacte de chaque individu pris isolément et considéré en lui-même. Mais quand bien même il serait possible de parvenir à connaître ainsi chaque corpsd'une manière absolue et indépendamment de tous les autres cetteconnaissance ne suffirait pas encorepour constituer toute la science quidoit se composer non de faits isoles mais des rapports et des différences que l'on observe dans ces faits lorsquff on les a comparés et rapprochésentre eux suivant le plus ou moins de ressemblance qu'ils manifestent.On a l'avantage de pouvoir exprimer ces rapports et ces différences et de les faire servir ensuite à distinguer et dénommer les Minéraux malgré la multitude innombrable de

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ceux que nous offre la nature en distribuant tous les êtres inorganiques en divisions et subdivisions après leurs caractères communs de manière qu'en partant de l'observalion de ces caractères on arrive aisément à trouver la place que leMinéral occupe dans la méthode etle nom qu'il y porte. Nous ne chercherons point à faire ressortir icil'importance d'une telle classification ni à traçer d'une mauière générale la marche à suivre dans laformation des méthodes en histoirenaturelle ce sujet ayant été traitéavec tout le développement convenable dans un article spécial. V.METHODES. Le point essentiel qu'il nousfaut établir c'est le principe rationTnel d'où l'on doit faire dériver enminéralogie cette première sorte dedivision qu'on nomme espèce dansles règnes organiques et qui estcotai me le terme commun auquelaboutissent toutes les divisions supérieures de la méthode. Dans les corpsorganisés le principe d'où dérivel'espèce et qui établit la similitudedes individus qu'elle embrasse c'estla géuération successive de ces individus qui tous peuvent être conçus comme étant originaires d'unseul. En minéralogie ce priucipen'a pas lieu et l'espèce ne peut être qu'une réuuiun d'individus quiont uuc certaine ressemblance dansles propriétés. Pour que la méthodesoit naturelle il faut que ces individus aient entre eux plus d'analogiequ'ils n'en out avec tous les autres; telle est la notion de l'espèce en général et on ne peut la préciserdavantage qu'après avoir fixé oequ'on doit entendre par individus dans le règne inorganique. Si l'onprend ce terme à la rigueur il seraimpossible de trouver le caractèrede l'individualité dans les corps bruts que nous offre la nature et qui tous peuvent être divisés sans être détruits; et l'on sera réduit à le chercher dans la molécule intégrante qui jouissaut seule d'une certaine organisation a le privilège de ne pouvoir être décomposée cju'en parties hétérogènes. Mais rien n effpèche d'appliquer ce nom d'individu dans un sens plus làche à une agrégation de molécules identiques et de voir des individus semblables dans toutes les masses composées des mêmes molécules quelle que soit la variété de leur structure D'après cette idée l'espèce inorganique est la réunion de tous les corps dans chacun desquels les molécules sont identiques entre elles et avec celles des autres corps. Cette identité de molécules que suppose la définition précédente a lieu fréquemment dans les produits de nos laboratoires comme aussi dans un grand nombre des produits de la nature; nous l'avons admise jusqu'ici dans tous les Minéraux les ayant considérés comme purs pour rendre plus simple l?eacute;tude de leurs propriétés; mais on rencontre souvent des agrégats mixtes f composés de plusieurs sortes de molécules qu'il faut alors regarder comme des mélanges d'individus différens ou si l'on veut d'espèces différentes Nous verrons bientôt que dans ce cas il est toujours possible de démêler les espèces qui se combinent pour former une même masse et qu'un pareil mélange quand il se fait en proportions notables n'a lieu ordinairement qu'entre les espèces las plus analogues.

Les molécules des substances minérales étant généralement composées d'atomes élémentaires leur identité exige qu'elles soient formées des mêmes principes combinés entre eux de la même manière et dans les mêmes proportions. S'il nous était possible de voir et d'étudier oes molécules elles-mêmes rien no serait plus facile que de vérifier ces conditions d'identité et d'appliquer la définition générale de l'espèce à la détermination d'une substance donnée. Mais nous sommes réduits a n'opérer aue sur des masses c'est-à-dire sur des agrégats de molécules souvent de nature diverse; nons n'avons pour prononcer?sur l'analogie ou la diffe-

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reace des individus que les caractères qui appartiennent à ces masses et qui peuvent dépendre plus ou moins du mode accidentel de leur structure ou du mélangé des espèces. Or l'emploi de ces caractères exige une juste appréciation de leur valeur relative; il faut savoir exactement jusqu?agrave; quel point ils peuvent s'accorder ou se trouver en opposition entre eux quels sont ceux que l'on doit regarder comme caractères dominons et spécifiques et dans quel ordre les autres se subordonnent aux premiers pour établir soit les variétés de l'espèce soit les réunions d'espèces en genres familles Ordres et clauses.

C'est parce qu'on n'a pas bien apprécié les rapports qu?ocirc;nt entre euxles divers genres de caractères et parce qu'on a exagéré l'importance ou te degré de fixité de certains d'entre eux qu'il y a tant de divergence entre les méthodes des minéralogistes de ceux-là même qui semblent avoiradmis en principe la notion de l'espèce telle que nous l'avons donnée ci-dessus. Ils ont erré dans l'application en faisant servir à la détermination spécifique au défaut de telcaractère tel autre qu'ils croyaient propre à le suppléer parce qu'ils le supposaient en accord permanent avec le premier. C'est ce quiest arrivé pour les deux caractères que l'on regarde généralement comime étant de première valeur en Minéralogie savoir: la composition chimique et la forme cristalline. Haüy a été conduit par le raisonnement à regarder le premier de ces caractères comme l'un des types fondamentaux de l'espèce; mais en cherchant à appliquer sa définition à la classification des Minéraux il a quelquefois manqué le but en appelant à son aide un autre principequi n?eacute;tait point une conséquence rigoureuse de sa définition et que l'expérience n'avait pas suffisamment démontré: ce principe était que deux corps différemment composés ne pouvaient avoir la même forme cristalline à moins que ce ne fût une forme limite c'est-à-dire une de celles qui appartiennent au système de cristallisation cubique. Aussi toutes les fois que deux individus avaient des formes semblables non régulières Haüy en concluait que leur composition chimique essentielle devait être la même; et il rejetait soit sur les mélanges accidentels soit sur l'imperfection des analyses les nombreuses variations que l'on remarquait dans les résultats de ces dernières. Mais de nouvelles observations nous ont appris ce que ce point de vue pouvait avoir d'inexact en établissant les rapports qui lient entre elles la forme cristalline et la composition atomistique et en faisant voir que la première dépendait d'une manière plus immédiate du nombre et de l'arrangement des atomes que de leur nature particulière.

Il résulte des belles découvertes de Mitscherlich que des corps composés d?eacute;lémens différens mais d'atomes en nombre égal et réunis de la même manière ont en général des formes sinon identiques du moins très-rapprochées par la mesure de leurs angles. Cela tient à ce que les différentes bases au même degré d'oxidation ont elles-mêmes des formes identiques ou analogues et qu'elles communiquent ensuite cette identité ou cette analogie de forme aux composés dans lesquels elles se combinent dans la même proportion avec un même Acide. Il en résulte ainsi des composés ternaires ou quaterrtâires de même formule qui ne laissent apercevoir souvent aucune différence essentielle dans leurs caractères extérieurs et qui cachent néanmoins sous cette apparente conformité de traits une diversité de nature que l'analyse chimique peut seule découvrir. On connaît déjà plusieurs classes d'Oxides qui sont telles que les corps qui composent chacune de ces classes renferment le même nombre d'atomes d'Oxigene ont des formes semblables et jouissent de la propriété de se remplacer

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mutuellement dans une même combinaison sans altérer sensiblement sa forme cristalline. C'est à ces Oxides que l'on a cru devoir donner le nom de bases isomorphes expression qu'il ne faut pas prendre dans un sens trop rigoureux. La Chaux la Magnésie le deutoxide de Cuivre les protoxides de Fer de Manganèse de Cobalt de Nickel et de Zinc composent une première classe. La Baryte la Strontiane l'Oxide de Plomb en forment une seconde. Une troisième renferme l'Alumine et les deuioxides de Fer et de Manganèse.

Les composés isomorphes ont la propriété quand ils sont dissous dans le même liquide de cristalliser ensemble en toutes proportions de manière que leurs molécules quoique difféientes de nature coucourentégalement à l'accroissement d'un Cristal unique celles de l'un pouvant se substituer indifféremment à celles d'un autre à cause de l'analogie de leurs formes; et la configuration du Cristal mélangé est sensiblement la même que celle des Cristaux purs que chaque composé aurait produite isolément. Ce fait très-important que l'on a remarqué d'abord dans les substances dont la cristallisation est artificielle paraît avoir eu lieu fréquemment dans la nature et il fournit une explication satisfaisante des variations que l'on observe dans les analyses de certains corps regardés jusqu'ici comme appartenant à une même espèce. C'est ainsi que les anciennes espèces appelées Grencat Amphibole Pyroxène comprennent un grand nombre de composés différens et de même formule et les résultats de leurs analyses qui pendant long-temps avaient paru n'accuser que des mélanges accidentels dans lesquels il ne pouvait y avoir rien de fixe s'interprètent aujourd'hui et se calculeut d'une manière rigoureuse lorsqu'on les discute avec soin dans la vue d'y reconnaître et d'y démê ler les substitutions isomorphes.

On voit par ce qui précède qu'une même forme cristalline indique dans les Minéraux une analogie de composition bien plus qu'une identité de nature et qu'ainsi le caractère tiré de la forme ne peut être mis sur la même ligne que celui qui dérive de la composition chimique supposée bien connue. On sait maintenant d'une manière positive non-sculement qu'une même forme cristalline peut appartenir à des compositions différentes mais encore que la même composition chimique peut se montrer sous des formes cristallines incompatibles dans un mêma système sans qu'il soit toujours possible d'expliquer cette diversité par un changement dans la disposition des atomes puisque d'après les observations de Mitscberlich elle a lieu jusque dans le Soufre que tout le monde regarde comme un corps simple. La forme cristalline n'en est pas moins un caractère d'une trèsgrande importance et s'il ne peut être employé seul à la détermination rigoureuse des espèces il sert à rapprocher celles qui ont le plus d'analogie et à eu former des groups naturels qui correspondent assez bien à cette seconde sorte de division qu'on nomme genre dans les inéthodes relatives aux règnes organiques.

Le caractère tiré de la double réfraction peut être assimilé au précédent puisqu'il est toujours en rapport constant avec lui. Viennent eusuite comme caractères de seconde valeur ceux qui dérivent de la densité et de la duretédans les Minéraux: ou ïes emploie souvent comme auxiliaires des véritables caractères spécifiques quand ceux-ci ne se sont pas encore prononcés d'une manière nette et décisive. Quant aux caractères tirés des structures d'agrégation et des formes accidentelles nous avons déjà vu qu'ils ne pouvaient servir qu?agrave; établir les variétés de l'espèce.

Les espèces étant formées il faut ensuite les réunir en genres grouper ceux-ci en ordres ou familles et les ordres en classes. Les genres ne peuvent être établis que par le rap-

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prochement des espèces qui ont le plus d'analogie dans leur composition chimique et l'on s'accorde généralement à les former de celles qui ont un principe commun soit le principe minéralisé ou la base soit le principe minéralisateur ou celui qui fait fonction d'acide. Mais suivant qu'on adopte fun ou l'autre principe pour construire l?eacute;cbafauffe des divisions supérieures on arrive à des méthodes inverses l'une de l'autre dont chacune a ses avantages. La méthode par les bases a été suivie par un grand nombre de minéralogistes tant chimistes que cristallographes par Haüy et Broneniart dans leurs Traités de Minéralogie par Berzélius dans son premier Essai d'unsystème purement ctimiqué etc. La seconde a été tentée avec beaucoup de succès par Beudant dans le Traité qu'il a publié en 1824 et d'après les raisons qu'il a fait valoir en sa faveur il est très présumable qu'elle ne peut tarder à être généralement adoptée; elle a déjà pour elle les suffrages d'un savant dont les opinions peuvent faire autorité dans une telle matière Berzélius qui n'a point hésité à modifier ses premières idées dans la nouvelle classification qu'il vient de proposer (V. Annales de Chim. et de Phys. T. XXXI p. 5). La méthode par les Acides a le grand avantage de rompre beaucoup moins de rapports naturels entre les espèces; elle laisse subsister les analogies si marquées que la forme cristalline établit entre elles et permet de laisser ensemble dans un même groupe toutes celles que les anciennes méthodes confondaient et identifiaient sous le même nom; elle rapproche le plus qu'il est possible les espèces mélangées des espèces pures dont elles proviennent; enfin elle est le seul moyen d'arriver à une distribution naturelle des êtres inorganiques ce qui est le but vers lequel doivent tendre tous les efforts des minéralogistes. On peut voir dans l'ouvrage que nous avons cité plus haut les éveloppemens philosophiques sur lesquels Beudant a motivé le changement important qu'il a opéré dans la classification des Minéraux; il à abordé avec franchise toutes les difficultés du sujet et il est parvenu souvent à les résoudre de la manière la plus heureuse.

La méthode d'après laquelle on a traité les articles de ce Dictionnaire étant l'ancienne distribution par les bases telle que Haüy l'a proposée dans la seconde édition de son Traité en y faisant toutefois les modifications que nécessitent les progrès de la science nous devons exposer ici en peu de mots les principales divisions de cette méthode. Haüy divise l'ensemble du règne minéral en quatre grandes classes dont la première ne comprend que les Acides trouvés libres dans la nature. Elle ne renferme qu'un très-petit nombre d'espèces. Les deux classes suivantes sont relatives aux Minéraux qui renferment des substances métalliques. Or Haüy distingue parmi les Métaux: 1° ceux que les nouvelles découvertes de la chimie ont fait reconnaître dans les terres et les alcalis et qui ne pouvant exister seuls dans la nature se montrent toujours sons un aspect différent de l?eacute;clat métallique: ce sont les Métaux hétéropsides; 2° ceux qui sont doués naturellement de cet éclat qui s'offrent d'eux-mêmes sous leur véritable aspect ou sont faciles à réduire à l?eacute;tat métallique au moyeu du Charbon: ce sont les Métaux autopsides ou Métaux proprement dits. D'après cette distiuction sont établies les deux classes des substances métalliques hétéropsides et des substances métalliques autopsides. Ces deux classes sont divisées en genres dont chacuiî comprend les espèces qui ont une base commune et différent l'une de l'autre par l'Acide uni à cette base. Ainsi le genre Chaux se compose des espèces: Chaux carbonatée Chaux phosphatée Chaux fluatée Chaux sulfatée etc. A la fin de la seconde classe qui répond à l'ancienne classe des dois ou substances

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tances acidifères Haüy avait cru devoir placer à part dans un appendice toutes les substances siliceuses c'est-à-dire celles qui composaient anciennement la classe des pierres ou substances terreuses. Mais cette ligne de séparation qui d'ailleurs n'était que provisoire doit disparaître aujourd hui que l'on sait à quoi s'en tenir sur le rôle que joue la Silice dans ces combinaisons. Une quatrième classe renferme les substances combustibles non métalliques auxquelles sont jointes par appendice sous le nom de substances phytogènes c'est-à-dire engendrées des Végétaux celles qui doivent évidemment leur origine au règne végétal comme les Houilles les Bitumes etc.

Jusqu?agrave; présent nous avons étudié les propriétés des Minéraux considérés en eux-mêmes et tout ce qu'il est nécessaire de connaître pour être en état de les décrire séparément et d'en ordonner ensuite le tableau général. Mais le minéralogiste qui veut compléter leur histoire doit indiquer avec soin leur manière d?ecirc;tre dans la nature leurs relations de position entre eux leurs différentes associations et enfin l'emploi qu'on peut en faire dans les arts et les usages de la vie. Sous ces rapports il existe entre eux de grandes différences. Les espèces minérales ne sont pas également distribuées à la surface et dans l'intérieur du globe: elles correspondent et à diverses époques et à divers modes de formation. Les unes ont été formées par voie de cristallisation et de dissolution préalable; d'autres par voie de fusion ignée; d'autres enfin par voie de sédiment ou de dépôt dans des eaux qui tenaient leurs particules en suspension. Les unes se présentent mais de différentes manières dans les terrains de toutes les époques; d'autres appartiennent plus particulièrement à telle ou telle classe de terrains. Les unes entrent dans la composition des grandes masses minérales ou forment à elles seules des montagnes des couches des amas ou dépôts limités des veines ou des filons. Les autres sont répandues en noyaux en rognons en petits nids ou veinules dans les grandes masses. Elles se présentent en général de deux manières bien distinctes: ou disséminées en Cristaux et en grains dans l'intérienr des roches ou implantées sur les parois des cavités souterraines. Enfin il en est qui ne se montrent qu'en enduit ou efflorescence à la surface de certaines pierres et d'autres qu'on ne trouve ordinairement qu'en solution dans les eaux minérales. Ces diverses manières d?ecirc;tre des Minéraux constituent ce qu'on nomme le gisement de l'espèce au quel on peut ajouter l'indication desdiverses localités où elles se rencontrent. Les Minéraux diffèrent encoreentre eux sous le rapport de l'application qu'on peut en faire aux besoins et aux agrémens de la vie. Nous n'entrerons ici dans aucun détail sur les différens genres d'utilité dont ils sont susceptibles les articles spéciaux qui les concernent présentant un court exposé de leurs principaux usages. Nous nous bornerons à dire que le règne minéral est peut-être celuiqui fournit le plus de ressources è l'industrie et répand le plus de richesses dans la société et nous renverrons ceux qui voudraient apprécier toute son importance à cet égardà à l'ouvrage de Brard qui a pour titre: Minéralogie appliquée aux arts et au Traité de Héron de Villefosse sur la richesse minérale. (G. DEL.)

MINERAUX. Corps bruts ou inorganiques dont la formation a été naturelle et qui font partie de l'enveloppe extérieure du globe terrestre. Tels sont ceux auxquels on a donné les noms vulgaires de Pierres de Sels de Bitumes et de Métaux et dont l'ensemble compose le règne Minéral. Le mot FOSSILE est synonyme du mot MINÉRAUX dans plusieurs langues; mais dans la nôtre il est pris dans un sens plus restreint et ne s'applique qu'aux débris organiques enfouis dans le sein de la terre où ils subissent des altérations qui souvent les transforment en de

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véritables substances minérales. V. pour les caractères distinctifs des Minéraux comparés aux êtres des deux autres règnes et les diverses sortes de propriétés dont ils jouissent le mot MINÉRALOGIE. (G. DEL.)

* MINERVE REPT. OPH. Espèce du genre Couleuvre V. ce mot. (B.)

MINES. Dès que l'Homme fut assez avancé dans la civilisation pour sentir toute l'importance et se faire une nécessité de certaines substances minérales il tenta de les extraire du sein de la terre par des fouilles ou par des excavations pratiquées selon la direction que présentaient les amas de ces substances. On donna le nom de Mines à ces excavations lorsqu'elles avaient pour objet la recherche des matiéres d'une valeur assez considérable telles que les substances métalliques qui dans leur état de nature et mélangées avec d'autres substances sont désignées sous le nom de Minerais; et l'on appela simplement Carrières les excavations creusées pour l'extraetion des terres des sables et des substances pierreuses d'une très-faible valeur intrinsèque. L'art des Mines ne reçut de grands développemens qu'apiès que les sciences physiques curent fait préalablement des progrès étendus. Il fallait d'abord trouver le Minéral en reconnaître la composition et les propriétés physiques; c'était la leçon que le minéralogiste seul pouvait enseigner; connaître les moyens de s'enfoncer dans les profondeurs de la croûte terrestre quelle qu'en fût la résistance quelques obstacles qu'elle présentât par la présence des voies d'eau ou d'autres fluides qui la traversent accidentellement: c?eacute;tait l'art du mineur proprement dit; enfin on devait ensuite par les procédés les plus économiques en retirer les substances utiles et les amener à l'état de pureté: c?eacute;tait l'affaire du métallurgiste et du chimiste. Puisque tant de connaissances étaient nécessaires il dut s'écouler bien des siècles avant qu'on ne commencât l'exploitation des Mines de Métaux altérés par leur combinaison avec une foule de corps étrangers à leur nature. Aussi les Métaux qui se rencontrent presque purs ou seulement engagés dans des combinaisons faciles à détruire ceux qui d'ailleurs possèdent une grande ductilité de l'éclat et une certaine dureté furent ils les premiers en usage: le Cuivre par exemple est la matière de la plupart des vases que l'on découvre dans les monumens de la plus haute antiquité. Mais aussitôt que l'Homme eut reconnu la grande utilité du Fer et sa supériorité réelle sur toutes les autres substances métalliques il dirigea d'abord toute son attention vers l'extraction de ce Métal; il y arriva enfin par des procédés qui à la vérité ne découlaient d'aucunes connaissances chimiques mais qui cependant reposaient sur les théories que le perfectionnement des sciences et l'investigation des savans modernes sont parvenus à établir. V. les considérations philosophiques qui terminent l'article HOMME où notre collaborateur Bory de Saint-Vincent a fait voir l'influence de la découverte des Métaux sur la civilisation. Quant aux moyens de pénétrer dans l'intérieur de la terre il suffit de rappeler la puissance de la force expansive de la poudre à canon pour faire sentir toutes les conséquences utiles de cette admirable invention. Que de travaux longs et dispendieux n'a-telle pas épargnés depuis son introduction en 1615 dans l'art du mineur? La perforation des roches quartzeuses et granitiques; la division de celles qui offrent des scissures naturelles mais dont les masses étaient énormes nes'opéraient qu'avec une lenteur tellement désespérante qu'il fallait pour la surmonter la persévérance opiniâtre des malheureux condamnés aux plus pénibles travaux; l'emploi de la poudre abrégea donc les efforts des Hommes en leur facilitant l'accès des Minerais enfouis dans les abîmes que l'on jugeait jusqu'alors impénétra-

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bles avec le seul secours des outils.

Les travaux des Mines s'exécutent soit par des tranchées ou excavations à ciel ouvert soit par des puits ou des galeries souterraines. La Tourbe les terres et les sables où gisent l'Or les Diamans et les Minerais d'alluvion sont exploités par le premiermoyen. On met eu usage les autres lorsqu'il est nécessaire d'établir des ouvrages fort compliqués lorsqu'il s'agit de l'extraction des Minerais dont les amas et les filons se prolongent à une grande profondeur et suivaut des directions variables. Daus les houillères par exemple on pratique des ouvrages en gradins c'est-à-dire en formant des entailles semblables aux marches d'un escalier. Les gradins sont dits droits ou descendans lorsqu'on attaque les Minerais par-dessus et on les appelle renversés ou montans quand le Minerai est attaqué par-dessous. Ces deux sortes d'ouvrages ont des avantages et des incouvéniens particuliers qui les font préférer suivant les circonstances. Lorsque la couche est assez épaisse et peu mélangée que le toit est difficile à soutenir et qu'on veut exploiter à de grandes distances sans être obligé de beaucoup étayer on travaille par chambres. Ce sout des tailles droites de dix à vingt mètres de largeur qui avancent dans la Houille sans galeries préparatoires soit suivant la direction de la couche soit suivant son inclinaison. Cette sorte de travaux est employée avantageusement quand on craint le voisinage de quelques amas d'eau qu'il est facile de reconnaître par le sondage et qu'ou peutariêter par la construction d'une diguesolide derrière le front dela taille. Quelquefois après avoir donué aux chambres la plus graude largeur possible de manière cependant que le plafond ne risque pas de s?eacute;bouler ou laisse des massifs de Houille comme moyen de soutennement et une portion de la couche supérieure quand le toit de celui-ci est ébouleux. C'est ce qu'on appelle exploitation par piliers ou en échiquier. Ce mode est désavantageux en ce que les massifs qui forment les piliers sont des matériaux perdus c'est pourquoi on ne leur doune que les dimensions nécessaires pour remplir leur objet.

Dans ce Dictionnaire uniquement consacré à l?eacute;tude générale de l'histoire naturelle notre but n'est point de faire connaître les moyens ingénieux et hardis que les mineurs emploient pour extraire les masses minérales; ils sont trop nombreux trop importans pour que nous puissions en donner une idée suffisante et ce serait empiéter sans nécessité sur le domaine des sciences technologiques. Renvoyant pour ce sujet aux écrits qui en ont traité avec une grande perfection de détails et entre autres au magnifique ouvrage de Héron de Villefosse sur la richesse minérale ainsi qu?agrave; l?intéressante Notice sur les Mines publiée par Elie de Beaumont nous devons nous borner à considérer les Mines sous les points de vue statistique et scientifique. Le lecteur trouvera d'ailleurs aux divers articles qui concernent les gîtes des Minerais tels que: FILONS GISEMENT HOUILLES LIGNITES TERRAINS etc. tous les renseignemens désirables sur leur exploitation et sur les circonstances que celle-ci fait naître ordinairement. Les articles où il est question de substances minérales d une valeur considérable comme ceux du Diamant de l'Or et des autres Métaux contiennent aussi les notions nécessaires sur les procédés spéciaux employés dans les différens pays pour l'extraction et la purification de chacune de ces substances; ils donnent en outre l'indication des principles Mines du globe. Cependant nous croyons utile de présenter ici une récapitulation générale des Mines en suivant la division adoptée par les géologues qui les partagent en trois classes savoir: 1° les Mines des terrains antérieurs à la Houille; 2° les Mines des terrains secondaires et de sédiment; 3°et les Mines des terrains d'alluvion.

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Mines des terrains antérieurs à la Houille.

Elles n'existent que dans certaines régions montagneuses et sont ouvertes pour la plupart sur des filons des amas et des couches métalliques. Dans cette classe les Mines de l'Amérique espagnole sont les plus célèbres; la richesse de celles du Pérou et du Mexique est même devenue proverbiale. Elles sont situées dans la grande chaîne nommée Cordillière des Andes qui longe tout le littoral de l'Océan Pacifique; mais ces montagnes ne paraissent pas être égament métallifères dans toute leur étendue et les exploitations sc trouvent seulement dans des cantons très-éloignés les uns des autres. L'Argent y est le Métal le plus commun; on y a aussi ouvert quelques Mines d'Or de Mercure de Cuivre de Plomb et même de Sel gemme. La fameuse montagne de Potosi située vers le 20° degré de latitude australe sur le versant oriental de la chaîne ne fournit plus comme autrefois un Minerai tièsriche; néanmoins le produit n'en a pas diminué parce que l'abondance de ce Minerai a suppléé à la richesse. Dans les premières années de leur exploitation c'est-à-dire vers le milieu du XVIe siècle on trouvait communément des Minerais qui rendaient 40 à 45 pour cent; depuis le commencement du siècle qui vient de s?eacute;couler la richesse moyenne n'est plus que de 48/100 à 68/100 d'once par quintal ou 0 0003 à 0 000?. La musse d'Argent produite jusqu?au commencement du siècle présent par les Mines de Potosi est estimée par Hamboldt à 5 750 000 00 de francs. Le Minerai est en filons très-nombreux dans un Schiste argileux primitif qui constitue la masse principale de la montagne et qui est recouvert par une couche de Porphyre argileux.

D'autres districts de l'Amérique méridionale sont aussi fameux par leurs Mines d'Argent. Ceux de Huantajaya de Pasco et de Chota l'emportent de beaucoup sur les autres par l'abondance de leurs Minerais. C'est dans les Mines de Huantajaya qu'on a trouvé les plus grandes masses d'Argent natif; on en découvrit une en 1758 qui pesait huit quintaux. Dans les Mines de Pasco le Minerai est encore très-riche puisque le produit moyen de tous les Minerais est de 1 once 28 centièmes par quintal et qu'on en trouve même qui donnent 30 ou 40 pour cent. Combien il est à regretter que ces riches dépôts aient été la possession des plus ignorans d'entre les Hommes! Durant plus d'un siècle et demi on avait criblé le sol sans aucun ordre d'une grande quantilé de puits et l?eacute;puisement des eaux ne se faisait qu?agrave; bras d'homme et d'une manière très-dispendieuse. Il n'y a pas plus de dix années que des mineurs européens ont établi daus ces Mines des machines à vapeur pour l'épuisement des eaux; et déjà l'exploitation a donné des résultats infiniment avantageux. La partie équatoriale des Andes est encore trèsriche en Minerais d'autres Métaux aue l'Argent. On exploite dans les districts de Huailas et de Pataz des Mines d'Or et de Plomb. Le Pérou offre aussi plusieurs Mines de Cuivre et de Mercure. Ces dernières ne sont pas nombreuses; la plus remarquable et la seule importante est celle de Huancavelica qui se trouve sur lerevers oriental des Andes du Pérou à 13° de latitude australe et à 5732 mètres au-dessus de la mer. Enfin on connaît au Pérou quelques Mines de Sel gemme sur lesquelles Rivero ingénieur péruvien qui a achevé son éducation scientifique en France a donné de très-curieux renseiguemens. Les Cordillieres dans la partie qui se rapproche de l'isthme de Panama c'est-à-dire dans les Etats principaux de la république de Colombie sont peu riches en gîtes métallifères tandis qu'au contraire les terrains d'alluviou y fournissent par les lavages une quantité d'Or très-considérable.

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Le Mexique a toujours été célèbre par la grande variété de ses Minerais; néanmoins on s'y borne presqu'exclusivement à l'exploitation des Mines d'Argent. Situées principalement à l'ouest de la chaîne des Cordillières elles se trouvent en général à une très-grande élévation au-dessus de la mer. Les travaux forment environ trois mille Mines distinctes qui sont réparties autour de cinq cents chefs-lieux que l'on nomme Réales. Ces Mines embrassent une superficie de plus de 12000 lieues carrées c'est-à-dire à peu près la dixième partie de la surface du Mexique. Quelques Réales sont remarquables par leur excessive richesse tandis que d'autres n'offrent que des Minerais très-pauvres. Les gîtes sont principalement des filons qui traversent des roches primitives ou de transition. Les énormes produits d'Argent que verse le Mexique dans la circulation sont plutôt dus à la facilité de l'exploitation et à l'abondance des Minerais qu'à leur richesse intrinsèque et les produits seraient susceptibles de beaucoup d'augmentation si les travaux des Mines étaient mieux dirigés qu'ils ne l'ont été par les Espagnols ou les Mexicains. Des compagnies anglaises ont entrepris de les améliorer mais elles ne paraissent pas avoir parfaitement réussi et le bien qui semblait devoir en résulter vient d?ecirc;tre annihilé par l'effet des secousses politiques ou peut-être par l'avidité des entrepreneurs. Les Réales du Mexique ne sont pas distribuées uniformément sur toute l?eacute;tendue des Cordillières. On peut les considérer comme formant huit groupes qui ont reçu les noms des provinces dans lesquelles ils sont situés. Le plus remarquable est leGroupe central dont le point principal est la grande ville de Guanaxuato à soixante lieues N.N.O. de Mexico et qui comprend les fameux districts des Mines de Guanaxuato Catorce Zacatecas et Sombrerete les plus riches du Mexique puisqu?agrave; eux seuls ils fournissent plus de la moitié de l'Argent que cet empire met en circulation.

Le filon principal du district de Guanaxuato est connu sons le nom de la Veta-Madre. Sa puissance est de quarante à quarante-cinq mètres et il est reconnu sur une longueur de 12700 mètres. On y compte dixneuf exploitations dont le produit annuel a une valeur de près de trente millions de francs. La plus riche est celle de Valenciana découverte en 1764 et qui n'a jamais produit moins de deux à trois milions de francs par année.

Le nord de l'Amérique est loin de pouvoir être comparé sous le rapport de la richesse minérale avec les contrées méridionales de cette partie du monde. Il est vrai qu'on ne connaît pas suffisamment la géologie de la vaste région de l'Ouest quoiqu'elle ait été naguère explorée par plusieurs savans minéralogistes; mais il paraît que la nature n'y est pas abondante en produits métalliques. La chaîne des Alleghanys qui court parallèlement aux rivages de l'Océsn Atlantique renferme un assez grand nombre de gîtes de Minerais de Fer de Plomb et de Cuivre quelques Minerais d'Argent de Fer carburé et chromaté; mais la plupart des tentatives faites pour les exploiter sont demeurées sans succès.

De ce que l'ancien continent a été habité parles espèces du genre Homme les plus avancées dans les arts et les sciences il en est résulté que l'emploi des Métaux soit comme signe représentatifdes richesses soit comme matières premières pour la confection de tous les instrumens nécessaires à l'Homme social a puissamment excité la recherche des Minerais enfouis dans toutes les localités de cette partie du globe. Aussi les découvertes s'y sontelles multipliées à l'infini et le nombre des Mines y est tellement considérable qu'il n'entre point dans notre plan de les énumérer avec quelques détails. Nous indiquerons seulement les contrées de l'Asie et de l'Europe qui sont surtout remarquables par

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l'exploitation de leurs Mines et parmi ces dernières nous ferons connaître celles dont les produits sont les plus considérables.

Dans le grand nombre d'exploitations importantes que possède la Sibérie les plus riches en Métaux précieux constituent l'arrondissement de Kolywan et sont situées à l'extrémité occidentale de la chaîne des monts Altaïs. Ces Mines sont ouvertes dans les terrains schisteux qui environnent au nord à l'ouest et au sudouest la croupe occidentale de la haute chaîne granitique dont ils sont séparés par des terrains formés par d'autres roches primitives.

La Mine de Zméof située à 51° 9?25" de latitude boréale et 79° 49?5o" de longitude orientale de Paris est la plus importante des Mines de l'arrondissement de Kolywan lesquelles produisaient en 1786 selon Patrin environ trois mille marcs d'Or et six mille marcs d'Argent. Indépendamment de ces Métaux on y trouve encore des Minerais abondans de Cuivre de Plomb de Zinc et d'Arsenic. Ces Minerais ont pour gangues de la Baryte sulfatée de la Chaux caïbonatée du Quartz et rarement de la Chaux fluatée. Les premières années ont été les plus productives; mais les travaux commencés en 1745 étaient si mal dirigés qu'ils avaient fortement compromis l'exploitation. Il a fallu que le gouvernement russe eût recours à des mineurs allemands pour parvenir à régulariser les travaux de ces Mines lesquels sont très-compliqués en raison de la puissance et de l'inclinaison du gîte. Celui-ci forme un filon reconnu sur une longueur de plusieurs centaines de toises et jusqu?agrave; quatrevingt-seize toises de profondeur. Il est incliné d'environ 50° dans sa partie supérieure et il devient presque vertical à une certaine profondeur. On exploite dans les monts Altaïs quelques Mines de Cuivre qui donnent de grands produits; mais il n'y a pas de Mines de Plomb proprement dlites: tout celui qui est employé pour le traitement des Minerais d'Or et d'Argent est tiré de Nertschinck Mine située à sept cents lieues de-là sur les bords du fleuve Amour. La principale fonderie de la région métallifère de Kolywan qui existaitdans ce dernier lieu a été supprimée à cause de la rareté du combustible. Elle est maintenant à Barnaoul ville située sur l'Obi et distante de cinquante lieues de Zméof.

Il n'est aucune contrée du monde plus riche en Minerais de Plomb quea partie de la Daourie où est situé Nertschinck chef-lieu du troisième arrondissement des Mines de la Sibérie. Le Minerai est de la Galènequi a ordinairement pour ganguedes Minerais de Zinc et de Fer donton ne tire aucun parti. Les filons se trouvent dans un Calcaire grissouvent siliceux et argileux qui repose sur ùn sol de Granité et de Schiste. Ces Mines sont exploitées presque uniquement pour l'Argent que contient le Minerai et dont la proportion n'est que de six à dix gros par quintal. La Litharge produitepar la coupellation est rejetée comme inutile et près des fonderies l'on en voit des tas plus hauts que les maisons. Une petite quantité cependant est conservée pour le traitement des Minerais d'Or et d'Argeut des autres arrondissemens. L'exploitation des Mines de la Daourie date de la fin du dix-septième siècle; mais on n'a donné une grande impulsion aux travaux de ces Mines qu'après l'expulsion des Chinois qui possédaient le pays et qui en avaient commencé les premières opérations.

L'immense chaîne des monts Ouvrais qui sur une longueur de plus de cinq cents lieues sert de limite naturelle à l'Europe et à l'Asie. contient des gîles très-riches de Minerais de Fer de Cuivre et d'Or. Les exploitations de ces Mines sont situées sur les deux versans; mais elles sont beaucoap plus nombreuses sur le versant oriental où elles constituent l'arroncdissement d'Ekaterinbourg depuis les environs de cette ville jus-

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qu?agrave; cent vingt ou cent treote lieues au nord. Dans les Mines de Cuivre les filons sont en géuéral remplis de inatièies argileuses pénétrées d'oxide rouge de Cuivre et mêlées de Cuivre caruonaté vert et bleu de Cuivre sulfuré et de Cuivre natif. Parmi les exploitations des monis Ourals on cite comme les plus importantes celles de Tourinski et deGoumechefski. Le Minerai des premières donne dixhuit à vingt pour cent et en 1786 le produit annuel était de dix mille quintaux métriques de Cuivre. Les secondes sont célèbres par les belles Malachites qu'on y trouve: c'est de laque sont venus presque tous les beaux morceaux de celle substance employés eu bijouterie. Le Minerai n'y rend que trois à quatre pour cent de Cuivre; mais son abondance en 1786 était telle que le produit annuel s?eacute;levait à vingt mille quintaux métriques de ce Métal.

On exploite dans les monts Ourals un grand nombre de Mines de Fer. Les Minerais du versant occidental se trouvent souvent dans un Calcaire gris compacte dont l?acirc;ge géologique parait beaucoup plus moderne que les roches de la chaîne centrale. Le Fer oxidulé doué du magnétisme polaire est très-commun dans les Mines du versant oriental sur lequel on voit des montagnes entières d'Aimant. Tous ces Minerais de Fersont exploités à ciel ou vert et rendent rarement moins de cinquante à soixante pour cent de Fer; ils alimententde nombreuses usines dont les plus anciennes ont été fondées en 1628. Vers 1790 la quantité annuelle desmatières fabriquées par les usines à Fer des deux versans s?eacute;levait à plus de cinq cent mille quintaux métriques. Elles étaient embarquées surles divers affluens du Volga qui descendent de la chaîne de l'Oural puisde-là transportées dans l'intérieur dela Russie européenne.

Au pied des monts Ourals du côté de l'Asie et à trois lieues nord-est d'Ekateriubourg existe une Mined Or célébre par le Plomb chromalé qu'on y a découvert en 1776 et par quelques variétés rares de Minéraux. L'Or y est à l?eacute;tat natif disséminé dans un Minerai de Fer hydraté caverneux qui constitue un large filon dont la profondeur n'est pas considérable et qui diminue en richesse à mesure qu'on s?eacute;loigne de la surface. Cette Mine d'Or n'est pas la plus importante des monts Ourals; car la grande quantité de ce Métal qu'on exploite dans ces contiées provient des dépôts d'Argile aurifères qui appartiennent à d'autres terrains que ceux dont nous parlons. L'Or est si répandu dans ces terrains que les matériaux dont sont construites les maisons de la ville d'Ekaterinbourg en contiennent une quantité assez considérable pour qu'on ait songé vers ces derniers temps à l'extaire avec beaucoup de béuéfice. C'est encore dans les monts Ourals que l'on exploite les belles feuilles de Mica connues dans le commerce sous le nom de Mica de Russie.

Après avoir sommairement exposé la statistique des Mines de la Sibérie ou de l'Asie septentrionale nous essaierions de parler des Mines qui existent dans les autres régions de cette vaste partie du monde telles que la Chine et l'Indoustan si d'une part les renseignemens que les voyageurs ont fournis sûr ces coutrées n'étaient pas trop insuffisans et si d'un autre coté les principales exploitations de ccs Mines n'avaient pour objet la recherche des Métaux précieux ou des Diamans qui appartiennent aux terrains d'alluvion et dont il sera parlé plus bas. Mais d'après l'ordre de notre plan ne considérant d'abord que les Mines de terrains antérieurs à la Houille nous terminerons l'exposition de cette catégorie par les Mines d'Europe. Ici le nombre des exploitations se multiplie tellement que nous sommes forcés d'user d'encore plus de briéveté dans leur énumération quoique leur importance l'intérêt qu'elles doivent nous inspirer par leur situation au milieu de nous et par les notions exactes

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que l'on possède sur elles seraient de bons motifs pour nous étender davantage sur les travaux qu'on y exécute et sur les produits importans qu'elles fournissent.

Ayant d'abord parlé des Mines de Sibérie une transition naturelle nous amène à dire un mot des Mines de l'Europe orientale et particulièrement de celles de la Hongrie et de la Tranaylvanie. Elles forment quatre groupes principaux nommés d'après les villes principales qui s'y trouvent ou mieux par leurs positions géographiques respectives.

Dans le groupe du nord-ouest les districts de Schemnitz de Kremnitz et de Kænigsberg renferment des Mines d'Or d'Argent et de Plomb dont quelques-unes sont exploitéeff depuis le temps des Romains. A Schemnitz le Minerai se trouve dans des roches porphyriques le plus souvent vertes qui ont les plus grands rapports avec les Porphyres métallifères du Mexique. Les filons de ce Minerai sont nombreux et parallèles entre eux: ils sont en général très-puissans; mais leur étendue en longueur paraît n?ccirc;tre pas très-considérable. Parmi les Minéraux dont ils sont composés les plus importaus sont l'Argent sulfuré mêlé d'Or natif et la Galène ou Plomb sulfuré. Tantôt ces deux principales substances sont isolées tantôt elles sont mélangées de manière à donner des Minerais de toutes les richesses depuis ceux qui rendent soixante pour cent d'Argent jusqu'à la Galène la plus pauvre. L'Or y accompagne l'Argent dans une proportion extrêmement variable mais qui ordinairement approche de celle de un à trente. Les travaux des Mines de Schemnitz sont généralement trèsbien conduits; on y a ouvert de belles galeries d?eacute;coulement et les eaux motrices sont recueillies et employées avec art. Cependant il paraît que l?eacute;tat prospère de ces Mines commence à éprouver un mouvement de décadence qui provient peut-être de ce que l'instruction des ingénieurs est moins soignée aujourd'hui malgréles progrès des sciences qu'elle ne l?eacute;tait il y a une cinquante d'années époque à laquelle Màrie-Thérèse établit l?eacute;cole des Mines de Schemnitz qui avait d'abord acquis une grande célébrité.

Les roches métallifères de Kremnitz sont fort analogues à celles de Schemnitz et les filons y sont à peu près de même nature. Seulement ils contiennent plus d'Or natif et on y trouve de l'Antimoine sulfuré et de l'Antimoine hydrosulfuré qui n'existent pas dans les autres. Kremnitz est le siège d'un hôtel des monnaies où l'Or et l'Argent de toutes les Mines de Hongrie est soumis au départ et où s'exécutent en grand tontes les opérations chimiques et la préparation des substances nécessaires à la métallurgie.

Près de Kœnigsberg ville située à six lieues de Schemnitz existent des Mines dont les filons ont une position très-irrégulière et très-in-certaine ce qui fait que les mineurs ont peu de données fixes sur la conduite des travaux et sur les produits des exploitations. Leurs Minerais ont pour gangue une roche feldspathique et se composent principalement d'Argent sulfuré aurifère.

Les environs de la petite ville de Neusohl sont remarquables par leurs Minerais de Cuivre exploités depuis le treizième siècle et qui contiennent six onces d'Argent par quintal. Ces masses de Minerais paraissent constituer des filons dans le Schiste micacé ou dans les couches inférieures de Grauwacke qui forme des montagnes assez élevées. A quinze ou vingt lieues à l'est de Neusohl existe encore une contrée très-riche en Mines de Cuivre aigentifère et surtout en Miues de Fer. Ce dernier Métal s y trouve en couches dans des Schistes talqueux et argileux et à l?eacute;tat de Fer spathique ou le plus ordinairement de Fer hydraté concrétionné et compacte. C'est aux environs de Bethler Schmœlnitz Gœlnitz Ensiedel Prakendorf Rosenau etc. que sont situées les prin-

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cipales Mines. Enfin si nous voulions faire connaître la totalité des richesses minérales de cette contrée nous parlerions de la Mine de Mercure de Zalathna de celle d'Antimoine de Rosenau et des Mines d'Opales de Czervenitza.

On exploite une grande variété de Métaux dans les Mines qui forment le groupe de Nagybanya ou du nordest. Elles se trouvent dans une grande chaîne de montagnes dont la composition est analogue à celles de Schemnitz et qui partant des frontières de la Buchowine où elle se lie aux monts Krapacks viennent se perdre au milieu des Grès salifères sur les frontières de la Transylvanie. Toutes ces Mines donnent de l'Or; mais les plus importantes sont aussi exploitées pour d'autres Métaux employés dans les arts. Ainsi les Mines de Laposbanya produisent aussi du Plomb sulfuré argentifère; celles d'Olaposbanya contiennent du Cuivre et du Fer; celles de Kapnick du Cuivre; celles de Felsobanya du Réalgar et celles d'Ohlalapos de l'Orpiment. Il en est d'autres qui produisent de l'Antimoine sulfuré et du Manganèse. Enfin dans le comté de Marmarosh vers le nord existe l'importante Mine de Fer de Borscha et sur les frontières de la Buchowine la Mine de Plomb de Radna qui contient en outre beaucoup de Minerais de Zinc.

Dans les montagnes qui occupent la partie occidentale de la Transylvanie entre la Lapos et la Maros sont situées les Mines formant le groupe de l'est ou d'Abrudbanya. Les Minerais y gisent principalementdans des roches porphyriques analogues à celles de Schemnitz quoiqu'on en trouve également dans le Micaschiste la Grauwacke et jusque dans le Calcaire. On compte environ quarante exploitations qui fournissent toutes des Minerais aurifères. Elles produisent en outre du Cuivre de l'Antimoine du Manganèse et du Tellure. C?eacute;tait même la seule localité connue de ce dernier Métal avant qu'en ne l'eût retrouvé il y a peu d'années en Norwège. Les Mines de Nagyag sont les mieux exploitées; elles sont aussi les plus riches; car les filons y sont fort nombreux et moins irréguliers que dans les autres Mines où les travaux sont en général très-mal combinés.

Le dernier groupe des Mines de Hongrie et de Transylvanie celui du sud-est on du Banuat de Temeschwar est situé dans les montagnes qui viennent barrer à Orschova la vallée du Danube. Les dépôts métalliques y forment des couches entre le Micaschiste et le Calcaire quelquefois entre celui-ci et le Syénit-Porphyre; ils se montrent aussi en filons bien prononcés dans le Syénit-Porphyre et le Micaschiste. Le Cuivre argentifère contenant un marc d'Argent par quintal et quelquefois un peu d'Or est le plus important Minerai des exploitations de cette contrée. C'est là que l'on rencontre les plus beaux échantillons de Cuivrecarbonaté bleu. D'importantes Mines de Fer quelques-unes de Plomb de Zinc et de Cobalt sont aussi exploitées dans le Bannat de Temeschwar.

Indépendamment des Mines que nous venons de citer la Hongrie en possède quelques autres éparses dans diverses parties de ce royaume. Elles ont principalement pour objet l'exploitation de la Galène de la Houille et du Sel gemme.

D'après les évaluations de Héron de Villefosse les Mines de Hongrie et de Transylvanie produisent annuellement 1 277 kilogrammes d'Or et environ 20 803 kilogrammes d'Argent c'est-à-dire à peu près la totalité de l'Or et le tieis de l'Argent que produisent les Mines de l'Europe. Elles donnent en outre dix-huit à vingt mille quintaux métriques de Cuivre.

L'Allemagne orientale qui comprend sous le rapport géologique l'Autriche la Bavière la Moravie la Silésie les parties adjacentes de la Bohême et de la Saxe possède dans ses terrains primitifs et de tran-

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sition un nombre prodigieux de Mines. Elles sont situées dans les diverses chaînes de petites montagnes que présentent ces contrées; la plus riche en gîtes de Minerais est celle qui sépare la Saxe de la Bohême sur la rive gauche de l'Elbe et que l'on connaît sous le nom d'Erzgebirge. Ses produits principaux sont l'Argent l?eacute;tain et le Cobalt. Les Mines du versant septentrional sont célèbres depuis plusieurs siècles. C'est là qu'est établie la fameuse école des Mines de Freyberg. Sa position est à quatre cents mètres au-dessus du niveau de la mer dans un pays agréable et commerçant mais malheureusement dépourvu de bois. Les travaux souterrains y sont exécutés avec une grande régularité et on y admire surtout la perfection des machines d?eacute;puisement et d'extraction. Une seule administration y dirige les opérations qui occupent neuf à dix mille hommes répartis dans plus de quatre cents Mines parmi lesquelles celles des environs de Freyberg sont les plus productives. Leur prospérité va toujours croissant malgré la profondeur qui en quelques lieux est déjà poussée à quatre cent quatorze mètres c'est-à-dire à peu près au niveau de la mer. Ces Mines d'Argent sont ouvertes sur des filons qui traversent le Gneiss. Celles de Marienberg petite ville située à sept lieues de Freyberg étaient jadis les plus florissantes; car au seizième siècle on a trouvé à peu de distance de la surface des Minerais qui donnaient une quantité presque incroyable d'Argent; mais depuis la guerre de trente ans ces Mines ont considérablement déchu et se sont presque anéanties. Les autres Mines de la Saxe ont été exploitées successivement pour l'extraction de l'Argent du Fer et du Cobalt. On en retire aussi du Bismuth du Manganèse un peu de Galène argentifère et du Cuivre gris. Les Miuéraux dont l'Argeut est la base constituent les principaux Miserais et on les traite en partie par l'amalgamation. La richesse moyenne n'est que de trois à quatre onces par quintal; cependant elle est à peu prçs égale a celle des Minerais du Mexique et supérieure à la richesse actuelle de ceux du Potosi. Ce n'est donecque par leur abondance que les Minerais d'Amérique sont les plus productifs du globe. Le Cobalt est exploité en Saxe et travaillé de la manière la plus étendue. On le relire des mêmes filons que l'Argent et on en fabrique du Smalt ou bleu de Cobalt. Le Cuivre et le Plomb n'y sont que des produits accessoires.

Les Mines d?Ecirc;tain de l'Erzgebirge sont les plus importantes après celles d'Argent. La Mine d'Altenberg est en exploitation depuis le quinzième siècle. Le Métal s'y trouve en amas et en filons disséminé dans des masses d'Hyalomycte întercallées dans le Granité. Ces roches sont extrêmement dures et l'ou est obligé de s'aider par le feu pour l'attaque du Minerai. Néanmoins on y a pratiqué des chambres immenses qui. à diverses époques ont occasioné des éboulemens fâcheux. Ou estime à deux mille deux cent quintaux métriques le produit annuel des Mines d'Etain de l'Erzgebirge. On obtient en outre une grande quantité d'Oride d'Arsenic par le grillage des Minerais d'Etaiu qui sont accompagnés de Pyrites arsenicales.

Les autres chaînes de montagnes de l'Allemagne orientale renferment plusieurs Mines importantes de Fer de Cuivre de Plomb argentifère quelquefois accompagné de Blende dans laquelle on a reconnu la présence du Cadmium. Nous ne pouvons donner ici des détails étendus sur ces Mines qui sont disséminées daus l'Autriche la Bohême la Moravie et la Silésie.

Ayant commencé l'histoire abrégée des Mines de l'Allemagne par l'Orient c'est le lieu d'exposer de la même manière celle des Mines de l'Allemagne occidentale dont les principales forment cette contrée classique des Mines que l'on nomme le

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Hartz c'est-à-dire cette petite partie de notre continent qui correspond à une portion de l'antique Sylva Hercynia de Tacite. C'est un pays de forêts qui s'étend autour du Broken montagne située à l'ouest de Magdebourg et qui s'élève à mille cent trente deux mètres au-dessus du niveau de la mer. Son étendue est à peu près de douze myrinmètres carrés de surface. Les filons de Plomb Argent et Cuivre qui forment la richesse fondamentale du Hartz se tiouvent principalement aux environs des villes d'Anareasberg Clausthal Zellerfeld et Lauthebtal. Ils se dirigent généralement du nord-ouest au sud est et plongent au sud-ouest en faisant avec l'horizon un angle de 80°. Ils ont pour gangue une roche de Grauwacke commune et schisteuse recouverte par du Calcaire de transition; ce système est supporté par le Granite qui constitue la montagne de Broken. C'est dans les districts d'Andreasberg et de Clausthal que sont exploités les Minerais les plus riches et qui consistent en Plomb argentifère en Minerais d'Argent proprement dits tels que de l'Argent rouge et en Minerais de Cobalt.

Le district de Goslar est remarquable par la mine de Cuivre de Rammnelsberg ouverte depuis près de neuf siècles et dont le produit annuel est de douze à treize cents quintaux métriques. Le Minerai contient aussi de la Blende accompagnée d'une petite quantité d'Argent et d'Or susceptibles néanmoins d'en être séparés avec bénéfice.

L?eacute;poque de la plus grande prospérité des Mines du Hartz a été le milieu du siècle dernier. En 1808 leur produit brut annuel avait une valeur de cinq à six millions de francs. Elles livrent annuellement tiente mille quintaux métriques de Plomb seize à dix-sept cents quintaux métriques de Cuivre huit mille cinq cents kilogrammes d'Argent et une immense quantité de Fer.

Les travaux de ces Mines sont admirables par leur étendue et l'habileté avec laquelle ils ont été conduits. C'est surtout par la manière dont les eaux sont recueillies et économisées pour le flottage des bois et le mouvement des machines que le Hartz est célèbre; aussi les mineurs de ce pays méritent par leur patience leur activité et leurs telens d?ecirc;lre regardés comme ceux qui ont poussé le plus loin les progies de lour art. Dins la Mine de Samson près d'Andreasberg ou voit le plus grand ouvrage à gradins qui se rencontre duns aucune Mine; il se compose de quatre-vingts gradins droits et sa longueur est de plus de six cents mètres. Les aque lucs piésentent un développement total de vingt myriamètres; ils sont pratiqués soit à ciel ouvert autour des montagnes soit dans leur intérieur comme des galeries souterraines.

Les régions boréales de l'Europe où l?acirc;preté du climat imprime à la nature une physionomie si chétive dans ses productions organiques sont en revanche dotées d'une grande opulence minérale.

La Suède et la Norwège possèdent de riches mines de Cuivre de Fer et d'Argent. Pendant long-temps on a exploité à quinze ou vingt lieues sud-ouest de Christiania des Mines d'Argent qui ont fourni une grande masse de ce Métal; mais depuis 1792 elles n'ont donné qu'un très-faible bénéfice. La Mine de Sahla ou Sahlbeig à environ vingt-trois lieues nord-ouest de Stockholm était autrefois très-productive; elle ne donne a ujourd hui que quatre à cinq mille marcs d'Argent par an. En général les produits des Mines de Suède et de Norwègeont beaucoup dimin ué quant aux Métaux précieux comme l'Or l'Argent et le Cuivre; mais ces contrées conservent encore leur réputation pour les Fers excellens qu'elles produisent. Ce Métal forme avec le Cuivre la principale richesse de la Suède dont les Mines et Usines donnaient en 1809 un produit brut de 36 590 000 fr. Les dépôts de Minerais de Fer y semblent inépuisables

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et sont situés au milieu de grandes forêts de Bouleaux et de Conifères dont le Charbon passe pour le plus propre à la réduction du Fer. On évalue à sept cent cinquante mille quintaux métriques de Fer ou de Fonte moulée le produit annuel des Mines et Usines de Suède; sur cette quantité cinq cent mille quintaux sont versés dans le commerce extérieur. C'est dans les provinces de Wermeland d'Upland de Smoland dans la Laponie la Dalécarlie et l'ile d'Utoe qu'existent les plus considérables Mines de Fer. Parmi les plus importantes nous citerons celles de Nordmarck et de Persberg situées piès de Philipstadt sur le rivage septentrional du lac Wener. Elles ont été ouvertes en 1650 sur des filons ou couches de Fer oxidulé de plusieurs mètres de puissance dans un terrain composé de roches amphiboliques talqueuses et granitiques. L'emploi de la Poudre a considérablement abrégé les travaux de ces Mines qui d'abord s'exécutaient à l'aide d'instrumens de Fer et qui offrent des tranchées verticales à ciel ouvert de cent vingt mètres de profondeur. Les Mines de Dannemora situées à onze lieues d'Upsal tiennent le premier rang parmi celles de la Suède et même de toute l'Europe. Le Minerai magnétique qu'on en retire fournit un Fer extrêmement susceptible diêtre converti en Acier. On en exploite les masses dans un terraiu formé de roches primitives en employant le feu et la poudre. Ces travaux sont exécutés à ciel ouvert sur une longueur de plus de quatorze cents mètres et à une profondeur effrayante.

Après les exploitations de Fer celles de Cuivre sont les plus importantes de la Suède. La Mine de Fahlun en Dalécarlie est creusée dans une masse irrégulière et trèspuissante de Pyrites enveloppées par des roches talqueuses ou amphiboliques. Ces Pyrites sont en quelques points presque uniquement ferrugineuses et en d'autres surtout près de la circonférence elles contiennent une plus ou moins grande proportion de Cuivre. Les travaux de ces Mines ont d'abord été exécutés à ciel ouvert; l?eacute;boulement des parois de l'excavation arrivé en 1647 a fait renoncer à ce mode d'exploitation et depuis ce temps on a creusé des puits et des galeries jusqu'a la profondeur d'environ quatre cents mètres. Cette Mine qui dans ses temps les plus prospères rendait cinquante mille quintaux métriques de Cuivre par an n'en fournit plus maintenant que six à neuf mille. On en retire en même temps trois cents quintaux métriques de Plomb une faible quantité d'Argent et d'Or et beaucoup de Soufre qui sert à la fabrication de l'Acide sulfurique et d'autres produits chimiques. C'est dans cet établissement que le célèbre Berzélius a fait la découverte du Sélénium. Parmi les autres Mines considérables de Cuivre nous ne citerons que celles de Garpenberg à dix-huit lieues de Falhun de Nyakopparberg en Néricie à vingt lieues de Stockholm et d'Atwidaberg en Ostrogothie. Ces Mines sont remarquables non-seulement par leurs énormes produits mais encore par la forme et la disposition singulière de leurs masses de Minerais. Nous passerons sous silence les Mines des autres Métaux comme l'Antimoine et le Cobalt que l'on a commencé à exploiter en Suededepuis une quarantaine d'années; leurs produits dont la qualité est d'ailleurs excellente ne sont pas en quantités considérables.

Les autres parties de l'Europe boréale ne peuvent être comparées à la Suède sous le rapport de l'importance de leurs Mines. En Finlande existent bien quelques Mines assez considérables; mais il paraît qu'elles ont beaucoup déchu depuis que ce pays a cessé d'appartenir aux Suédois. Les tentatives que l'on a faites pour l'exploitation de plusieurs Mines découvertes sur les bords des lacs Ladoga et Shuyna dans le nord de la Russie européenne ont été pour la plupart infructueuses.

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La Grande-Bretagne déjà si riche par ses immenses relations commerciales possède dans son sein un fonds de richesses moins factice et qu'aucune nation ne pourra lui enlever; nous voulons parler de ses abondantes Mines d?Eacute;tain de Cuivre et de Plomb abstraction faite des énormes produits en Fer que fournissent les terrains houillers et dont il sera fait mention ultérieurement. On peut juger de la richesse minérale de l'Angleterre par l'immense quantité de Cuivre seulement que produisent tes Mines quantité que l'on évalue à cent mille quintaux métriques par année.

Ces Mines sont situées: 1° dans le Cornouailles et le Devonshire; 2° dans le sud-est de l'Irlande; 3° dans l'île d'Anglescy et les parties voisines du pays de Galles; 4° dans le Cumberland le Westmoreland le nord du Lanscashire et l?icirc;le de Man; 5° dans le midi de l?Eacute;cosse; 6° dans la partie moyenne de ce dernier royaume.

Les Minerais de Cuivre du Cornouailles et du Devonshire consistent en Pyrites cuivreuses et en Cuivre sulfuré accompagnées de Pyrites arsenicales; elles constituent des filons dirigés à peu près de l'est à l'ouest et encaissés 'ordinairement dans un Schiste argileux talqueux ou amphibolique que l'on nomme Killas; quelquefois ces filons se trouvent dans le Granite qui forme des protubérances au milieu du Schiste. C'est aussi la manière dont se présentent les filons d'Etain mais leur inclinaison est tellement différente qu'ils sont coupés et interrompus par les filons de Cuivre dont la formation est par conséquent postérieure. Les Minerais d'Etain forment aussi des amas qui paraissent se rattacher aux filons par un de leurs points. Près de l'entrecroisement des filons on trouve des mélanges de Minerais de Cuivre et d?Eacute;tain. Ainsi quelques Mines donnent à la fois de l?Eacute;tain et du Cuivre mais la plupart ne produisent en quantité notable qu'un seul de ces Métaux. En certains lieux du Cornouailles les filons croiseurs Contiennentdu Plomb argentifère et divers Minerais d'Argent. Le produit annuel des Mines du Cornouailles et du Devonshire est d'environ vingthuit mille quintaux métriques d Étain quatre-vingt-cinq mille quintaux métriques de Cuivre et sept à huit mille quintaux métriques de Plomb. Toutes les opérations sont faites dans ces Mines de la manière la plus économique et la mieux étendue; c'est là qu'ou voit des machines à vapeur d'une force prodigieuse suppléer avec un immense avantage aux moyens ordinaires aux bras des hommes dont le service est extrêmement coûteux en Angleterre. Quelques exploitations sont célèbres par la hardiesse de leurs travaux. Nous citerons par exemple celle appelée Botallack-Mine près du cap Cornwall; elle est ouverte dans les rochers qui forment le rivage de la mer et s'étend à plusieurs centaines de mètres sous ses eaux et à plus de deux cents mètres au-dessous de son niveau. L?eacute;paisseur du rocher qui soutient en quelques points les eaux est si faible qu'on entend distinctement le roulement des cailloux pendant les tempêtes.

L'Irlande possédait autrefois un très-grand nombre de Mines de Fer; elles ont beaucoup diminué par suite de la destruction des forets. Les principales Mines de ce pays ont pour objet l'exploitation de Pyrites cuivreuses accompagnées de quelques autres Minerais de Cuivre de Plomb et d'Antimoine sulfurés.

Les côtes du Pays de Galles qui avoisinent l?icirc;le d'Anglesey et cette île elle-même sont remarquables par leurs Mines de Cuivre. Elles ont pour objet des masses de Pyrites cuivreuses quelquefois d'un volume considérable et qui paraissent former des amas dans un terrain renfermant des Serpentines et diverses roches tal queuses. On traite tous ces Minerais dans une usine établic dans l'îed Anglesey. Les Mines du Westmoreland

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du Cumberland et du Lancashire sont assez importantes par l'abondance de leurs Minerais de Cuivre et de Fer. C'est à Borrowdole dans le Westmoreland qu'on exploite la Mine de Plombagine ou Fer carburé qui fournit les excellens crayons anglais. Ce Minéral forme desamas daus un terrain talqueux.

Dans le midi de l?Eacute;cosse existent des Mines de Plorab célèbres à Lead-Hills dans le Lanarckshire; les filous sont encaissés dans la Grauwacke et contiennent aussi du Manganèse. Une Mine de Cuivre a été découverte depuis peu à Cally et une d'Antimoine a West-Kirck dans le Dumfriesshire. Les Mines de Plomb de Strontiane dans l'Argylhshire sont les plus remarquables de la partie moyenne de l'Ecosse. Elles sont ouvertes sur des filons qui traversent le Gneiss. Le produit annuel de ces Mines ainsi que de celles de l'Ecosse méridionale est de vingt-cinq mille cinq cents quintaux métriques de Plomb.

Plusieurs contrées montagneuses de l'Angleterre sont formées par un Calcaire immédiatement inférieur au terrain houiller et qui en un grand nombre de lieux renferme d'abondantes Mines de Plomb. Les filons offrent généralement cette disposition remarquable qu'ils s'amincissent et même s'interrompent brusquement lorsqu'ils rencontrent des couches de Grès ou de Roches trapéennes qui se trouvent intercallées dans le Calcaire. Les produits fournis par ces Mines de Plomb sont immenses. On evalue à cent soixante-dix mille quintaux métriques celui d'Alston-Moor eu Cumberland mais il y a lieu de croire que c'est de la Galène et non de la quantité de Plomb métallique que les savans Anglais ont voulu parler en donnant cette évaluation. Les Mines du Derbyshire très-nombreuses et peu considérables commencent à s?eacute;puiser; elles donnent annuellement neuf mille quintaux métriques de Plomb et un peu de Calamine et de Cuivre. On rencontre dans les filons du Derbyshire des échantillons de Minéraux de la plus grande beauté. La partie nord-ouest du pays de Galles forme le district le plus productif après celui d'Alston-Moor; il produit chaque année soixante - neuf mille quintaux métriques de Plomb et une certaine quantité de Calamine.

Les terrains primitifs de la France bien qu'ils occupent une assez grande étendue de sa superficie ne sont point aussi métalliques que les autres contrées de l'Europe qui viennent d?ecirc;tre successivement examinées. Si des Minerais s'y présentent fréquemment ils ne sont pas d'une assez grande importance pour donner lieu à des exploitations qui puissent être comparées à celles du Hartz de Saxe et d'Angleterre. Malgré tout l'intérêt qu'une notice détaillée sur les Mines de notre pays pourrait offrir aux lecteurs de cet ouvrage nous nous voyons donc obligé de ne faire qu'indiquer les principaux gîtes de Minerais en exploitation soit dans le centre de la France soit dans les chaînes de montagnes qui en forment les limites naturelles sansavoir égard aux divisions territoriales politiques si mobiles depuis le commencement de ce siècle. Les circonscriptions géologiques sont en effet les seules immuables; ainsi quel que soit le souverain qui ait étendu sa domination en-deçà du Rhin et des Alpes la Belgique et les contrées Alpines n'en font pas moins naturellement partie de l'empire des Gaules. Le naturaliste va même plus loin il ne s'arrête pas à uneseule considération géologique; il regarde comme faisant partie d'une même contrée tous les pays enclavés dans les bassins naturels où non-seulement s'observe l'analogie de la nature des terrains mais encore où l'on trouve uue grande similitude dans les productions.

Les Vosges forment avec les montagnes de la Forêt-Noire qui n'en sont séparées que par la vallée du Rhin un seul système composé des mêmes roches et ou se voient plusieurs centres d'exploitation de Minerais de

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Plomb et de Cuivre argentifères des Minerais de Fer et quelques Mines de Manganèse et d'Anthracite. Parmi les principales Mines des Vosges nous citerons celles de La Croix-aux-Mines de Sainte-Marie-aux-Mines et de Giromagny Dans les premières un filon de Plomb argentifère a offert une puissance de plusieurs toises et a été reconnu sur plus d'une lieue de longueur. Après les filons d'Amérique c'est un des plus grands que l'on connaisse; il contient du Plomb phosphaté de l'Argent antimonié sulfuré etc. Sa direction e-t du nord au sud parallèle à peu près à la ligne de jonction du Gneiss et d'un Gianite porphyroïde Il coupe le Gneiss en plusieurs points mais peut-être se trouve-t-il quelquefois entre les deux roches. C'est aussi le Gneiss que traversent les filons exploités à Sainte-Marie-aux-Mines. Ils se dirigent perpendiculairement aux filons de La Croix dont une montagne syénitique les sépare. Outre le Plomb sulfuré ils contiennent divers Minerais de Cuivre de Cobalt et d'Arsenic tous plus ou moins argentifères. Des Minerais à peu près semblables constituent les filons des environs de Giromagny sur la croupe méridionale des Vosges. Ces filons sont dirigés à peu près du nord au sud et traversent des Porphyres et des Schistes argileux système qui rappelle le terrain métallifère de Schemnitz. Malgré les avantages que semblaient promettre les Mines des Vosges par les produits qu'elles ont fournis à diverses époques elles sont abandonnées en ce moment; on espère que celles de La Croix et de Sainte-Marie-aux-Mines seront reprises incessamment et qu'elles serout long-temps productives attendu que leur exploitation n'a jamais été poussée au - dessous des vallées voisines.

Au-delà du Rhin les environs de Fribourg en Brisgaw offrent des exploitations de Plomb eu grande activité; elles forment six Mines distinctes qui donnent annuellement quatre cents quintaux métriques de ce Métal et deux cents marcs d'Argent. A Wittichen dans le Furstemberg existaient des Mines de Cuivre de Cobalt et d'Argent qui produisaient il y a quelques années près de quatre cents kilogrammes d'Argent. Elles alimentent une fabrique de Smalt et de produits arsenicaux.

Les plus importantes Mines de Fer des Vosges sont celles de Framont et de Rothau. Les Minerais des premières sont du Fer oxidé rouge et de l'Hématite brune qui se trouvent en filons très-épais et tres-irréguliers dans un terrain composé de Grünstein de Calcaire et de Grauwacke. On y a découvert récemment un filon extrêmement riche de Cuivre sulfuré. Les filons des Mines de Rothan traversant un Granité syénitiqute et se composent d'Oxide de Fer rouge le plus souvent magnétique. Enfin un grand nombre de gîtes de Minerais de Fer sont exploités en divers points des Vosges à Saulnot près Belfort aux euvirons de Thann et de Massevaux non loin des sources de la Moselle et dans le nord des Vosges près d'Erlenbach et de Schœnau. Le Minerai de Fer y est quelquefois remplacé par divers Minerais de Plomb dont le plus abondant est le Plomb phosphaté qui est en exploitation à Erlenbach et à Katsental. Les Mines de Manganèse des environs de Sarrebrück renommées par la bonté de leurs produits constituent dans le Grès des Vosges unfilon analogue à ceux de Fer que nous venons de mentionner.

Plusieurs Mines célèbres de Fer de Zinc de Plomb et de Cuivre existent dans les terrains de transition qui forment un pays de collines assez étendu en Belgique et dans le nord-ouest de l'Allemagne. C'est sur la rive droite du Rhin dans les principautés de Nassau et de Berg qu'on trouve les principales exploitations de Cuivre et de Plomb argentifère. Toutes ensemble produisent annuellement six mille quintaux métriçues de Plomb et trois mille cinq cents marcs

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d'Argent. On cite encore quelques Mines de Cobalt aux environs de Siegen ainsi que dans le grand duché de Hesse-Darmstadt et dans le duché de Nassau-Usingen. Les Mines de Fer de la rive droite du Rhin donnent des produits très-considérables. Leurs Minerais sont composés de Fer hydraté en filons de Fer spathique en amas et de Fer oxidé rouge disposés par couches. Dans les provinces prussiennes de la rive gauche du Rhin existent aussi beaucoup de Mines de Fer dont les Minerais sont du Fer hydraté quelquefois zincifère formant des filons ou des dépôts très-irréguliers dans les terrains de transition. Les Mines de Plomb de ces provinces jadis assez importantes sont maintenant complètement abandonnées. En s'avançant vers le noid on rencontre les gites de Calamine dont le plus considérable est situé dans le pays de Limbourg et appartient au royaume des Pays-Bas. Les Espagnols qui entreprirent de l'exploiter il y a plusieurs siècles n'avaient d'abord exécuté que des travaux à ciel ouvert; on en est venu aux galeries souterraines qui sont percées jusqu'à la profondeur de quatre-vingts mètres. La Calamine est encore retirée de diverses Mines situées dans les environs d'Aix-la-Chapelle qui en fournissent quinze è vingt mille quintaux métriques aux fabriques de Laiton. Dans ces localités les gîles calaminaires se reconnaissent facilement à la végétation du sol qui les recouvre V. les mots CALAMINE et GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. T. VII p. 277. Au nord de Namur se trouve la Mine de Vedrin ouverte sur un filon de Galène à peu près vertical d'une puissance d'un à trois mètres sur une longueur d'une demi-lieue. Celle Mine a produit jusqu à neuf mille quintaux métriques de Plomb; mais aujourd'hui elle ne donne plus qu'environ deux mille quintaux métriques de Plomb et sept cents marcs d'Argent.

Le sol de plusieurs départemens du centre et du midi de ta France est constitué par des terrains granitiques qui n'offrent que des Mines isolées et de peu d'importance. Elles se trouvent toutes vers le bord oriental de la masse des terrains anciens dans une zône où les roches schisteuses sont très-abondantes. Les Mines du département de la Lozère sont remarquables par la régularité de leurs travaux mais elles ne produisent annuellement que mille quintaux métriques de Plomb et mille six cents marcs d'Argent. A Chessy et à Saint-Bel au nord-ouest de Lyon on a exploité avec succès des veines tiès-ètenducs de Pyrites cuivreuses renfermées dans un schiste talqueux au-dessus du quel est un Grès rouge ou bigarré qui contient une grande quantité de superbes Cristaux de Cuivre carbouaté bleu et de Cuivre oxidulé. Le Manganèse oxidé forme un amas très-abondant dans le Granité à Romanèche département de Saône-et-Loire. Non loin de-là est la montagne des Ecouchets près de Couches qui renferme un gîte d'Oxide de Chrôme.

Il existe en Bretagne deux grandes exploitations de Plomb. Ce sont les Mines de Poullaouen et de Huelgoat près de Carbaix; on les regarde comme les plus importantes des Mines métalliques de France. La Mine de Huelgoat est ouverte sur un filon de Galène qui traverse des roches de transition et dont l'exploitation commencée il y a environ trois siècles atteint une profondeur de deux cents mètres. Elle est célèbre par le Plomb-Gomme qu'on y a découvert. Le filon de Poullaouen découverten 1741 se présentait d'abord avec une grande puissance; mais il s'est considérablement appauvri et divisé à mesure qu'on a creusé ce qui n'en a pourtant point arrêté les travaux. Ces Mines occupent plus de neuf cents ouvriers et on y remarque de belles machines hydrauliques pour l'épuisement des eaux. Elles livrent annuellement plus de cinq mille quintaux métriques de Plomb quelques quintaux de Cuivre et environ quatre

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cent soixante-dix kilogrammes d'Argent. Nous ne citerons ici que pour mémoire les Mines d'Etain qu'on a découvertes récemment près de Limoges et à Guérandedans la Loire-Inférieure parce que les recherches n'ont pas été poussées assez loin pour permettre d'espérer de erands succès. Il en est de même des gîtes de Mercùre et d'Antimoine sulfurés découverts dans plusieurs départemens du centre et qui n'ont qu'une trèsfaible importance.

Quoique les Alpes et leurs embranchemens possèdent un certain nombre de Mines cellesffci sont encore loin de correspondre à la masse et à l?eacute;tendue de ces montagnes primitives. Dans les Alpes proprement dites c'est-à-dire dans les chaînes qui se groupent autour du Mont-Blanc on ne compte que fort peu de Mines en activité. Celles de Pesey et de Macot à sept lieues de Moutiers en Savoie sont les plus considérables. C?eacute;tait dans ce lieu que l'empereur Napoléon avait établi une école pratique des Mines. Le Plomb sulfuré s'y trouve en amas dans des roches talqueuses et mélangé avec du Quartz de la Baryte sulfatée et de la Chaux carbonatée ferrifère. La Mine de Pesey a donné sous le gouvernement impérial un produit annuel de deux mille quintaux métriques de Plomb et de deux mille cinq cents marcs d'Argent. Cette Mine commence à s?eacute;puiser; mais celle rie Macot ouverte depuis peu d'années donne déjà des produits considérables. A Servoz dans la vallée de l'Arve et dans une montagne schistéuse qui fait face au Mont-Blanc est une Mine de Pyrites cuivreuses dont l'exploitation est maintenant suspendue.

La partie du département de l'Isère qui forme le pied des Alpes est remàrquable par ses nombreux gîtes de Minerais. Malheureusement leurs exploitations sont pour la plupart abandonnées. La Mine d'Allemont a donné annuellement vers la fin du dix-huitième siècle jusqu?agrave; deux mille marcs d'Argent sans compter les Minerais dé Cobalt l'Antimoine natif le Mercure sulfuré etc. qu'on a mis à profit.

Les Mines du Piémont ont aussi considérablement déchu. Dans les unes telles que les Mines de Manganèse de Saint-Marcel c'est faute de débouchés; dans le plus grand nombre telles que les Mines de Cuivre d'Allagne et d'Ollomont les Pyrites aurifères de Macugnaga au pied du Mont-Rose la cause doit en être attribuée à la pauvreté progressive des Minerais. Mais le Piémont possède par compensation des Mines de Fer très-flonssantes et qui consistent en des amas de Fer oxidulé analogue à celui de Suède. Leur produit total est de cent mille quintaux métriques de Fer en barres.

C'est encore le Fer qui fait la richesse fondamentale des ramifications que les Alpes envoient dans les Etats autrichiens. Elles consistent principalement en Minerais de Fer spathique qui gisent au milieu de roches de diverse nature et appartenant au terrain de transition ancien des Alpes. Le produit annuel des Mines de Styrie et de Carinthie est de deux cent cinquante mille quintaux métriques de Fer; celui des Mines de la Carniole ést de cinquante mille.

Pour éviter une énumération sèche et monotone d'indications peu intéressantes nous nous tairons sur un grand nombre de petites Mines qui existent en Suisse dans les cantons des Grisons de Berne et du Valais; en France dans les départemens des Hautes et Basses-Alpes; en Tyrol dans le pays de Saltzbourg; daus les Apennins etc. Nous ne ferons que mentionner en passant la fameuse Mine de Mercure d'Idria située au pied des Alpes à dix lieues nord-ouest de Trieste. Le Calcaire danff lequel elle se trouve est ce que les Allemands ont nommé le Zechstein ou le plus ancien des Calcaires secondaires. Enfin nous devons également citer les Mines de Fer de l?icirc;le d'Elbe dont la position et la nature du terrain en font une dépendance du sys-

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tèmealpin. Célèbres dès la plus haute antiquité elles passaient au siècle de César pour inépuisables et depuis ce temps on n'a cessé de les exploiter à ciel ouvert sur des amas énormes de Fer oligiste criblé de cavités tapissées de Cristaux.

Les Pyrénées et leurs annexes présentent relativement à leur étendue encore moins que les Alpes de Mines en exploitation. Les plus considérables consistent en Fer spathique en Fer hydraté et en Fer oxidé rouge. Elles se trouvent en Catalogne en Aragon en Biscaye et en France dans les départemens de l'Arriége des Basses-Pyrénées et des Pyrénées-Orientales. Les Minerais se présentent tantôt en filons qui traversent le Grès rouge tantôt en bancs ou en couches qui traversent le Calcaire de transition. On connaît dans ces montagnes les gîtes d'un très-grand nombre de filons de Plomb de Cuivre de Cobalt et d'Antimoîne; mais ces Mines ne sont pas exploitées ou leurs travaux ont été abandonnés. C'est dans ce dernier cas que sont: la Mine de Cuivre argentitère de Baygorry département des Basses-Pyré nées; celle de Plomb et Cuivre d'Aulus dans la vallée d'Erce département de l'Arriégc et la Mine de Cobalt de la vallée de Gistain en Aragon.

Des Mines d'Or et d'Argent étaient exploitées du temps des Romains et des Carthaginois dans la péninsule Ibérique. L'histoire nous apprend que ces deux peuples rivaux se les sont vivement disputées et l'on voit encore près de Soria (l'antique Numance) et de Burgos des restes considérables de leurs anciens travaux. Les Carthaginois avaient ouvert des Mines d'Etain dans le nord de la Lusitanie. Ces Mines ont disparu et n'ont pas été remplacées par d'autres quoiqu'on ait découvert plusieurs filons de ce Métal dans le midi de la Galice. On n'a tiré aucun parti faute de combustible de plusieurs gîtes d'Antimoine sulfuré de Minerais de Plomb de Mercure de Plombagine etc. qui existent en Portugal. C'est seulement le Fer qui dans ce royaume fait l'objet d'une exploitation suivie: il en existe plusieurs Mines près de Felguiera et de Torre de Mancorvo et l'on en connaît depuis un temps immémorial deux établissemens importans situés dans l'Estramadure de Portugal l'un dans le district de Thomar et l'autre dans celui de Figuiero dos Vinhos: ils sont alimentés par du Fer oxidé rouge.

La Sierra - Morena présente les gîtes de Minerais les plus remarquables de l'Espagne. Sur son flanc septentrional se trouvent les célèbres Mines d'Almaden qui ont pour objet des filons très - puissans de Mercure traversant un Grès que l'on tie suppose pas antérieur à la Houille. La partie de la chaîne qui se rapproche de Séville renfermait à Vilia-Guttiera des Mines importantes d'Argent qui paraissent n'être plus productives. Celles de Guadalcanal et de Cazalla à quinze lieues au nord de Séville ne fournissent également qu'une faible quantité d'Argent; leurs principaux Minerais sont l'Arçent rouge et le Cuivre gris argentifère. Linarès à douze lieues au nord de Jaen et sur le versant méridional de la Sierra-Morena est le centre de plusieurs exploitations considérables de Plomb. Une grande partie des travaux ont été exécutés par les Maures; mais comme les filons sont très - riches près de la surface on a criblé le terrain de plus de cinq mille pieds et l'on n'a pas poussé profondément la poursuite des filons. Six mille quintaux métriques de Plomb sont le produit anuuel des six mines qui sont exploitées pour le compte du gouvernement. Il existe encore plusieurs autres Mines de Plomb dans les provinces de Murcie et de Grenade. Celles d'Alméria sont entre autres extrêmement productives et leurs Minerais sont en partie traités sur les lieux avec de la Houille de New-Castle en partie envoyés à New-Castle même pour y être travaillés. DesMines abondantes de Zinc

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situées près d'Alcaras à quinze lieues nord-est de Linarès y alimentent une fabrique de Laiton.

Dans le coup-d?oelig;il que nous venons de jeter rapidement sur les principales Mines des terrains primitifs nous en avons sans doute omis un grand nombre de très-importantes mais sur lesquelles il nous manque des renseignemens positifs. Ainsi nous n'avons rien dit des Mines de Plomb et de Fer du Brésil qui commencent à être exploitées avec vigueur depuis que ce vaste pays n'est plus sous le joug du régime colonial. Il ne nous a pas élé plus possible de parler des Mines de Fer et de Cuivre de l'intérieur de l'Afrique de l'Arabie de la Perse et des environs du Caucase du Thibet de l'empire des Birmans de la Chine et du Japon. On sait que ces diverses régions fournissent des masses considérables de Fer et de Cuivre d'une excellente qualité; mais on ignore l?eacute;tendue les procédés opératoires et jusqu à la position exacte de leurs Mines. Tout ce que l'on sait à leur égard est un amas de détails populaires puisé dans les traductions des livres chinois ou indous auxquels il est difficile d'avoir cette confiance qu'inspirent les écrits des hommes versés dans les sciences. Il faut attendre que des voyageurs plus instruits que les missionnaires jésuites nous apportent quelques renseignemeus sur ce sujet intéressant.

Mines des terrains secondaires.

Le plus ancien des terrains secondaires le terrain houiller tireson nom des Mines qu'il renferme. Il n'est pas nécessaire de faire ressortir l'importance de ces Mines; tout le monde sait à quelle puissance manufacturière le précieux combustible qu'elles fournissent a élevé l'empire britannique. C'est en effet dans ce pays qu'existent les plus célèbres exploitations de Houille; et sous ce rapport nulle autre contrée du globe ne peut être mise aveo lui en parallèle. V. l'art. HOUILLE où notre collaborateur C. Prévost a donné une statistique abrégée des gisemens de cette substance.

C'est dans le terrain houiller et même à côté de la Houille que la nature a déposé le Fer carbonate Minéral de la plus faible valeur intrinsèque mais qui acquiert une trèsgrande importance lorsqu'il se rencontre en quantités énormes comme cela a lieu dans plusieurs houillères d'Angleterrc et d?Eacute;cosse: on prétend que les usines à Fer de ce pays alimentées uniquement par le Fer carbonaté des houillères produisent annuellement plus de deux millions cinq cent mille quintaux métriques de fonte moulée et de Fer en barre dont la valeur est de cent millions de francs. Cette quantité est à peu près double de celle que livrent toutes les forges réunies de la France.

Le Grès dans lequel nous avous dit que se trouve le Cuivre carbonaté bleu de Chessy près Lyon est analogue au Grès rouge regardé comme contemporain du terrain houiller. C'est dans un Grès presque semblable que gisent les Minerais de Plomb des environs d'Aix-la Chapelle dont l'exploitation est des plus faciles.

Le Calcaire auquel les géologues donnent les noms de Calcaire alpin et magnésien Zechstein des Alteminds contient différens dépôts métalliques. Les Mines de Mercure sulfuré d'Idria d'Almaden et de Huancavélica que nous avons mentionnées ainsi que celles du Palatinat gisent dans ce terrain ou dans des roches à peu près du même âge. Mais on y rencontre plus communément des Schistes cuivreux argentifères en couches très-minces susceptibles cependant de donner d'immenses produits. Telles sont les Mines du pays de Mansfeld qui livrent annuellement vingt mille quintaux de Cuivre et vingt mille marcs d'Argent; celles de la Hesse près de Frankenberg Bieber et Riegelsdorf où l'on voit des travaux souterrains qui s'étendent suivant la direction de la couche sur une longueur de huit mille

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mètres et s'enfoncent jusqu?agrave; une très-grande profondeur.

Le Sel gemme a pour gisement ordinaire les terrains qui séparent le Zechsteiti du Lias ou Calcaire à gryphites. C'est aiusi que cette substance si utile se présente non-seulement en Europe dans le Cheshire à Vie en Lorraine à Wieliczka en Pologne à Saltzbourg etc.; mais encore en plusieurs localités de l'ancien et du Nouveau - Monde. Des terrains analogues renferment différentes Mines de Lignites et d'autres combustibles fossiles.

Le Calcaire oolitique qui forme le sol de plusieurs points de la France et des Pays-Bas renferme un grand nombre de gîtes de Minerais de Fer déposés dans ries cavités irrégulières et souvent très-profondes. Ces Minerais se trouvent encore dans les terrains supérieurs comme les assises de Grès et de Sables inférieurs à la Craie et dans les premières assises de celle-ci. Ce sont des Oxides ou des Pyrites qui donnent lieu à une foule d'exploitations qu'il serait trop long d?eacute;numérer ici.

L'Argile plastique est remarquable par les nombreuses couches de Lignite qu'on y exploite soit comme combustible soit comme terre vitriolique. Dans ces Lignites se trouve l'Ambre jaune ou le Succin. V. LIGNITE. Les autres terrains tertiaires et ceux d'origine volcanique ne présentent guère que quelques Mines de Fer de Bitume de Soufre et d'Alun.

Mines des terrains d'Allvion.

Citer les Mines de Diamant et de presque toutes les pierres précieuses qui se trouvent au Brésil et aux Indes-Orientales; le Platine et la plus grande partie de l'Or de la Nouvelle-Grenade du Brésil et des sables fluviatiles de plusieurs parties du globe; l?Eacute;tain de la presqu?icirc;le de Malacca et des royaumes de Pégu et de Siam etc.; c'est donner une idée bien imparfaite de la richesse minérale des terrains d'alluvion. Les Mines de Fer qu'on y exploite surtout en France en Allemagne et aux États-Usis sont si nombreuses que nous ne saurions comment en faire l?eacute;numération. C'est aussi à cette classe de terrains qu'on rapporte la formation de la Tourbe combustible d'un emploi si fréquent dans une foule de localités marécageuses et déboisées. V. TOURBE et TOURBIÉRES.

Après les détails abrégés que nous venons de donner sur la statistique des Mines il nous reste à les considérer dans leurs rapports avec les sciences physiques et naturelles. Nous avons fait voir au commencement de cet article combien l'art du mineur était redevable aux progrès des connaissances humaines dans le cours des siècles derniers; et nous avons fait la part de la minéralogie de la physiques et de la chimie. Guidé par ces sciences le mineur est venu à son tour leur rendre le tribut de ses découvertes; ne se bornant pas à la recherche des Minerais utues son investigation s'est portée sur tous les corps naturels qui se découvraient à lui à mesure qu'il pénétrait dans les profondeurs de la terre. La géognosie fut à plus forte raison un objet d?eacute;tude pour l'ingénieur des Mines; la connaissance de la nature des divers terrains et de leur ordre de superposition qui lui importait si fort ne put être éclairée que par les fouilles profondes entreprises à la vérité dans uu autre but mais sans lequel l'occasion ne se serait jamais offerte pour les examiner. Ce fut ainsi qu'un art d'application réagit sur les sciences qui lui avaient servi de base et que des points obseurs ou purement scientifiques de tathéorie furent éclaircis par les hommes qui d'abord semblaient ne chercher que l'utilité immédiate de la science pour les besoins de la société. Les écoles des Mines établies en Allemagne et en France n'ont cessé d?ecirc;tre dirigées par des hommes dont les noms sont chers à l'universalité des sciences; proclamer ceux de Bergmann Werner Dolo-

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mieu et Haüy pour ne pas nommer la plupart de nos illustres contemporains; c'est rappeler par quelques mots à nos lecteurs l'impulsion extraordinaire que les professeurs des Mines ont imprimée à la chimie à la géologie à la physique à la minéralogie et à presque toutes les branches des connaissances positives.

En ouvrant un chemin dans l'intérieur de la terre les Mines ont offert un théâtre précieux d'observations pour arriver à la solution d'une des questions les plus importantes de l'histoire physique du globe c'est-à-dire celle de sa température propre. Vers le milieu du dix-huitième siècle Guettard Deluc et Gensanne publièrent quelaues observations faites dans les Mines de Wieliczka du Hartz et de Giromagny et qui permirent d?eacute;tablir comme vérité que la température augmente rapidement à mesure qu'on s?eacute;loigne de la surface. Plus tard De Saussure de Humboldt et Freisleben d'Aubuisson Rob. Bald Fox donnèrent des mésures exactes de l?eacute;lévation de la température des Mines. Ce dernier a en outre observé que le thermomètre enfoncé dans les filons métalliques du Cornouailles indiquait généralement une température de 1 à 2° 5 centigrades supérieure à celle qu'on obtenait lorsque le thermomètre était plongé dans une roche granitique. la nature du Minerai produisait aussi quelques différences; les filons d?eacute;tain par exemple étaient plus froids que les filons de Cuivre. Il ne faut pourtant pas conclure de cette inégalité de température entre les filons de divers Minerais qu'elle résulte de quelques changemens ou décompositions chimiques et qu'elle est soumise à l'action de l'air et des eaux qui coulent sur les Minerais. Pour que cette objection fût admissible il faudrait avoir reconnu par l'analyse chimique de ces eaux la présence des Sels qui résulteraient de la décomposition chimique des Minerais et dont la quantité devrait être en rapport avec la chaleur de l'intérieur des Mines; c'est ce que l'expérience n'a pas démontré. D'ailleurs ces Minerais ne s?eacute;chauffent pas lorsque après leur extraction du sein de la terre ils sont exposés à l'action des agens atmosphériques. La différence de chaleur entre les filons de nature diverse est un fait qui parait dépendre de leur plus ou moins grande conductibilité du calorique dont la source est dans le globe lui-même. D'un autre côté on a prétendu que l?eacute;lévation de température devait être attribuée à certaines causes accidentelles telles que la chaleur dégagée par les ouvriers par la combustion de la poudre et des lampes par l?eacute;clairage enfin par la compression de l'air qui descend dans le fond des exploitations. Mais il en est de ces faibles influences comme de tous les autres effets locaux auxquels des personnes superficielles veulent donner une importance générale; quelquefois à la vérité elles peuvent légèrement augmenter le phénomène dans l'air ambiant ainsi qu'aux surfaces pariétales des excavations; mais jamais on ne peut les considérer comme les causes d'un effet constant et général. La progression croissante de la température en raison directe de la profondeur des Mines s'accorde exactement avec d'autres observations fort bien exécutées sur la température de l'eau des sources qui jaillissent à des profondeurs considérables observations qui ont prouvé que la température de ces sources est toujours supérieure à la température moyenne des localités et conséquemment que cet excès de chaleur est dû à une cause générale inhérente au globe terrestre lui-même.

Par le simple aperçu que nous venons d'exposer sur une seule question de la physique du globe il est facile d'entrevoir les facilités que les Mines doivent offrir pour d'autres observations scientifiques où il est absolument nécessaire à l'observateur d'éviter les circonstances qui le gênent lorsqu'il est placé à la sur-

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face terrestre. Ne pouvant ne devant même pas les indiquer ici à moins de sortir des limites de cet article nous terminerons par quelques mots sur les productions naturelles des Mines. C'est dans ces cavités que la plupart des Minéraux ont été découverts. Sous le rapport de la minéralogie proprement dite plusieurs exploitations ont acquis une grande célébrité; telles sont celles de Cornouailles du Derbyshire de Sainte-Marie-anx-Mines du Hartz de la Saxe des monts Ourals et Altaïs de la Daourie etc. Cependant il est des localités où l'on trouve beaucoup de Minerais sans cependant qu'on y voie d'exploitations remarquables. Ainsi les cavernes naturelles d'un grand nombre de montagnes les terrains déchirés par les éruptions volcaniques sont très-remarquables par la diversité de leurs Minéraux et par la beauté de leurs Cristaux.

Quant à l'histoire naturelle des Mines sous le rapport de leurs proff ductions zoologiques et botaniques elle ne présente qu'un intérêt fort médiocre. Le défaut de lumière et la stagnation de l'air dans les galeries souterraines nuisent au développement des êtres élevés dans l?eacute;chelle de l'organisation. Ils y seraient hors de leurs élémens naturels et l'Homme lui-même qui a regardé long-temps le travail des Mines comme une punition ne peut sous peine de maladies graves y soumettre perpétuellement son existence. Des Reptiles immondes ou quelques Invertébrés sans couleur et sans ornemens; des Champignons des Algues et autres Cryptogames sont les seuls êtres vivans qui composent la Faune misérable et la triste Flore des Mines.

Pour les débris des corps organisés tels que les Poissons les Zoophytes et les Végétaux fossiles qui se trouvent dans plusieurs Mines notamment dans les houillères V. les mots FOSSILE HOUILLE LIGNITE TERRAIN ainsi que les articles où sont exposées les généralités concernant chacun des ordres des êtres organisés; comme POISSONS CRUSTACÉS VÉGÉTAUX etc. (G..N.)

MINETTE DORÉE. BOT. PHAN. L'un des noms vulgaires du Medicago Lupulina. (B.)

* MINEUSE. OIS. Espèce du genre Alouette de l'Amérique méridionale. V. ALOUETTE. (DR..Z.)

MINIADE. INT. Pour Minyade. V. ce mot. (B.)

MINIÉRE. Ce nom était autrefois synonyme de Mines; il se prend aujourd'hui dans une acception plus restreinte et ne s'applique qu'aux exploitations à ciel ouvert des Minerais de Fer d'alluvion des Terres pyriteuses et des Tourbières. V. MINES. (G. DEL.)

MINIME. ZOOL. On a donné ce nom d'après leur couleur d'un marron foncé à une Couleuvre à un Cône au Murex Morio L. ainsi qu'à un Coléoptère du genre Anthrihe. (B.)

MINIME A BANDES. INS. Nom vulgaire du Bombyx du Chêne employé par Geoffroy et par Engramelle. (B.)

MINISTRE. OIS. Syn. de GrosBec bleu. V. GROS-BeEC. (DR..Z.)

MINIUM. MIN. Deutoxide de Plomb d'un rouge orangé très-vif. On le prépare en grand dans les arts en opérant la fusion du Métal dans un fourneau de réverbère dont l'aire est creusée et autour de laquelle se trouvent et le foyer et la cheminée. On y entretient la fusion en enlevant la couche de protoxide gris ou jaunâtre à mesure qu'elle se produit à la surface du Métal fondu. On lave ce protoxide on le fait sécher on en remplit des caisses de fer-blanc larges et peu profondes puis on les porte dans un four où l'on entretient une chaleur rouge pendant vingt-quatre heures. On laisse alors tomber le feu puis on retire le deutoxidë qui offre une' belle couleur rouge de feu. (DR..Z.)

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MINJAC. MOLL. Nom donné par Adanson (Voyage au Sénégal p. 109 pl. 7) à une Coquille du grand genre Buccin de Linné Buccinum Olearium qui rentre aujourd'hui dans le genre Tonne de Lamarck. C'est le Dolium Olearium de cet auteur. (D..H.)

MINQUAR. Minquartia. BOT. PHAN. Aublet a décrit et figuré (Pl. de la Guiane Suppl. p. 4 tab. 370) sons le nom deMinquar de la Guiane Minquartia Guyanensis un Arbre dont les organes importans sont trop incomplétement connus pour qu'on puisse déterminer ses affinités naturelles. En effet les fleurs en sont inconnues et ce que l'on sait de ses fruits ne permet pas de lui assigner une place certaine dans l'une des familles connues du règne végétal. Cet Arbre s?eacute;lève à plus de douze mètres; son écorce est cendrée; son bois est blanchâtre dur et fort compacte; le tronc est percé de trous quelquefois tellement profonds qu'ils le traversent d'outre en outie et les cavités sont alors recouvertes par l?eacute;corce; au sommet naissent les branches qui sont garnies de feuilles alternes pétiolécs ovales aiguës glabres et très-entières; les fruits sont disposés en grappes dans l'aisselle des feuilles ou è l'extrémité des rameaux; ils sont ovoïdes allongés plus gros à leur partie inférieure lisses verdâtres munis d'une écorce épaisse fibreuse et blanchâtre; leur cavité inférieure est partagée en deux loges par une cloison membraneuse; les graines y sont disposées sur deux rangées placées de champ les unes sur les autres et enveloppées d'une substance pulpeuse; chaque graine est plate blanche composée d'une amande recouverte par une enveloppe mince sèche et coriace. Cet Arbre croît dans le quartier de Caux à la Guiane. Son bois y passe pour incorruptible et on l'emploie pour faire des poteaux et des fourches que l'on enfonce dans la terre. Les copeaux de ce bois bouillis dans l'eau fournissent une teinture noire qui prend très-bien sur le coton. (G..N.)

MINUARTIE. Minuartia. BOT. PHAN. Genre encore fort mal connu rapporté à la Triandrie Trigynie L. et à la famille des Caryophyllées mais qui nous paraêt devoir être placé dans la famille des Paronychiées. Il se compose de trois espèces qui sont des petites Plantes herbacées annuelles ayant le port des Scleranthus et croissant toutes les trois en Espagne. Leur tige est simple ou ramifiée portant de petites feuilles sétacées connées à leur base; des fleurs sessiles également très-petites composées d'un calice à cinq divisions très-profondes; d'une corolle formée de cinq à dix pétales extrêmement petits ce qui fait que plusieurs auteurs n'en ont pas reconnu l'existence; le nombre des étamines varie de trois à cinq et même dix alternes avec les pétales périgynes et à anthères caduques; l'ovaire est globuleux surmonté de trois styles recourbés; le fruit est une capsule uniloculaire s'ouvrant en trois valves et contenant plusieurs graines réniformes. (A. R.)

* MINULE. OIS. Espèce du sousgenre Autour parmi les Faucons. C'est aussi le nom que portent un Guêpier et un Pic de l'Amérique septentrionale. V. FAUCON GUÊPIER et PIC. (DR..Z.)

* MINUNGA. BOT. PHAN. V. BINUNGA.

* MINUPHYLLIS. BOT. PHAN. Nom donné par du Petit-Thouars (Hist. des Orchidées des îles d'Afrique tab. 109) à une des espèces de son genre Phyllorchis et qui croît dans l'île de Madagascar. Cette Plante se rapporte au genre Cymbidium de Swartz et doit être nommée Cymbidium minutum. (G..N.)

MINX. MAM. Deux espèces portent ce nom dans le genre Marte. V. ce mot. (B.)

MINYADE. Minyas. ÉCHIN. Genre d'Echinodermes sans pieds établi

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par Cuvier (Règn. Anim. T. IV p.24) et dont les caractères sont: corps sans pieds ouvert aux deux bouts ayant la forme d'un sphéroïde déprimé aux pôles et sillonné comme un Melon; bouche non armée. Ce genre ne renferme qu'une seule espèce d'une forme très-élégante et d'un bleu foncé. Cuvier la nomme Minyas cyanea. Elle est figurée pl. XV fig. 8 de l'ouvrage cité. Elle vit dans l'Océan Atlantique. (E. D..L.)

MIOLANE. BOT. PHAN. L'un des noms vulgaires du Myrica Gale L. (B.)

MION. OIS. L'un des synonymes vulgaires de Canard siffleur. V. CANARD. (DR..Z.)

* MIPPI. BOT. PHAN. L'Arbre cité sous ce nom par l'Ecluse est un Figuier selon C. Bauhin. (B.)

MIRABANDÈS. INS. On donne ce nom au Brésil à des Insectes qui vivent en société dans une espèce de nid qui attaquent et poursuivent les bestiaux à une distance considérable. On ne sait si c'est une Guêpe ou un Taon; il faut attendre que quelaue voyageur en apporte des individus ou des figures pour se décider à cet égard. (G.)

MIRABELLE. BOT. PHAN. Espèce de Prune. (B.)

MIRABILIS. BOT. PHAN. Le genreainsi nommé par Linné a été appelé Nyctago par Jussieu nom qui a été généralement adopté paree que le premier étant adjectif est conséquemment peu propre pour un nom générique. V. NYCTAGE. (A. R.)

* MIRAGE. V. LANDES et LUMIÈRE.

* MIRAGUAMA. BOT. PHAN. Palmier du genre Coryphe qui croît dans l?icirc;le de Cuba. (B.)

MIRAILLET OU MIRALET. POIS. C'est-à-dire Petit-Miroir espèce de Raie. V. ce mot. (B.)

MIRAN. MOLL. C'est ainsi qu'Adanson (Voy. au Sénég. p. 50 pl. 4) nomme une Coquille qui est un Buccin pour les auteurs modernes Buecinum mutabile de Bruguière. Représentée avec son Animal elle a servi de type au genre Vis établi par Adanson et adopté depuis par la plupart des auteurs pour d'autres Coquilles généralement plus allongées. V. VIS. (D..H.)

MIRBÉLIE. Mirbelia. BOT. PHAN. Ce genre de la famille des Légumineuses et de la Décandrie Monogynie L. a été fondé par Smith (Ann. Bot. 1 p. 511 et Trans. Linn. Soc. 9 p 265) et adopté par Ventenat R. Brown et De Candolle. Celui-ci l'a placé dans la première tribu des Légumineuses à laquelle il a donné le nom de Sophorées. Voici ses caractères principaux: calice bilabié à cinq divisions très-courtes; corolle papilionacée dont l?eacute;tendard est droit et cordiforme les ailes allongées rabattues plus courtes que l?eacute;tendard munies d'une oreillette la carène plus courte que les ailes; dix àtamines libres; ovaire supérieur pëdicellé surmonté d'un style recourbé et d'un stigmate en tête; légume disperme divisé longitudinalement en deux loges forméeff par l'introflexion des deux sutures eff surtout de la supérieure. Cette structure remarquable du fruit rappelle celui des Astragales 'mais le port de la Plante ainsi que la liberté de ses étamines la rapprochent des Sophorées. Les Mirbélies sont indigènes dé la Nouvelle-Hollande. De Candolle(Prodrom. Syst. Veget. T. II p. 114) en décrit trois espèces sous les noms de Mirbelia reticulata M. speciosa et M. dilata. La première a été décrite et figurée par Ventenat (Jardin de Malmaison t. 119); c'était le Pultentæa rubiæfolia d'Andrews (Bot. Reposit. t. 351). Cet Arbuste dont le port est élégant ne s?eacute;lève qu?agrave; environ six décimètres. Sa tige est glabre noueuse à rameaux opposés ternés quelquefois alternes. Elle porte des feuilles ternées lancéolées linéaires veineuses réticulées mucronées très-entières. Les fleurs d'une couleur bleue violacée sont

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disposées en grappes courtes et axillaires. (G..N.)

MIRE. BOT. PHAN. Pour Myrrhe. V. ce mot. (B.)

MIRETTE. BOT. PHAN. L'un des syn. vulgaires de Prismatocarpe. V. ce mot. (B.)

MIRIDE. Miris. INS. Genre de l'ordre des Hémiptères section des Hétéroptères famille des Géocorises tribu des Lôngilabres établi par Fabricius et adopté par Latreille qui lui donne pour caractères: point d'ocelles; antennes sétacées plus grêles à leur extrémité et allant insensiblement en pointe; corps étroit et allongé. Ces Insectes se distinguent des Capses dont ils sont extrêmement voisins en ce que ceux-ci n'ont pas les antennes entièrement sétacées et que leurs deux derniers articles sont plus menus que le précédent. Les Astemmes en différent par leurs antennes filiformes et non sétacées; enfin ils sont séparés des genres Myodoque Béryte Salde etc. par l'absence des ocelles. Ces Insectes ont les antennes longues insérées à nu sur la partie supérieure des côtés de la tête composées de quatre articles cylindriques; le premier dépassant de beaucoup l'extrémité de la tête le second le plus long de tous ayant à peu près la longueur du premier le troisième presque aussi long que le premier le dernier le plus court de tous; ces articles conservent dans toute Ippr longueur leur grosseur particulière; le premier étant le plus gros detous chacun des suivais plus mince que clui qui précède. Le bec est long atteignant au moins les hanches intermédiaires composé de quatre articles et renfermant un su-çoir de quatre soies. La tête est petite triangulaire; les yeux sont saillans globuleux; le corps est mou ordinairement étroit et allongé; le corselet va en se rétrécissant à partir des élytrès jusqu?agrave; la tête; sçs bords sont droits. L?eacute;cusson est triangulaire. Les élytres sont un peu plus larges et un peu plus longues que l'abdomen assez molles souvent demi-transparentes. L'abdomen est composé de segmens transversaux dans les mâles; les avant-derniers plus ou moins rétrécis dans leur milieu posés obliquement et en forme de chevrons brisés ce dernier s'élargissant à sapartie moyenne dans les femelles; l'anus de celles-ci est sillonné longi-tudinalement; ce sillon renferme unetarière longue comprimée ployée endeux sur elle-même dans le repos et pouvant être retirée; l'anus desmâles est eàtier court sans sillon longitudinal. Les pâtes sont longues; les postérieures le sont beaucoup plusque les autres; leurs tarses sont composés de trois articles; le premier est plus long quc les suivans le second et le troisieme presque égaux entreeux. celui-ci terminé par deux petitscrochets. Ces Iusectes n'offrent rien de particulier dans leurs métamorphoses; ils vivent sur les Végétaux dont ils sucent le suc ou sur les fleurs. Quoiqu'ils ne vivent pas précisément en société on en rencontreun assez grand nombre d'individus de la même espèce sur une seule Plante. Ils marchent et volent surtout avec une grande facilité; on croit qu'ils n'exhalent pas d'odeur désagréable. L'Europe nourrit un grapd nombre d'espèces de ce genre qui est diviséainsi qu'il suit:

I.Pates postérieures propres à sauter; leurs cuisse renflées; corps ovalaire; ses bords latéraux arrondis.

MIRIS COU JAUNE Minis luteicollis Lygæus luteicollis Panz. (Faun. Germ.). Noir lussant; tête et corselet jaunes; antennes et pates jaunes avec les cuisses tachées de noir. De France et d'Allemagne.

II.Pates postérieures propres à la marche seulement; leurs cuisses grêles; corps allongé; ses bords laté raux droits.

†Autennes insérées au-dessous et assez loin des yeux; tête allongée et peu distinctement séparée du corselet.

MIRIS VERT Miris virens Fabr.

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Cimex virens Lion. Wolf. (Icon. Cimic. tab. 8 fig. 75). Corps vert; abdomen pates et antennes un peu velus celles - ci de couleur rouge surtout vers leur extrémité ainsi que les tarses. Des environs de Paris.

†† Antennes insérées au-dessous et près des yeux; tète distinctement séparée du corselet.

MIRIS STRIÉ Miris striatus Fabr. Latr.; Cimex striatusDegéer (Ins. T. 3 p. 290 n° 29 pl. 15 fig. 14 et 15); Linn. Wolf.; Ligæus striatus Panz. Noir avec les élytres rayées longitudinalement de ferrugineux et de noir. Dessus du corps noir. De France. (G.)

MIRIOPHYLLE. BOT. PHAN. Pour Myriophylle. V. ce mot. (A. R.)

MIRIS. INS. V. MIRIDE.

* MIRLE.OIS. Syn. d?Eacute;merillon. V. FAUCON. (DR..Z.)

MIRLIROT. BOT. PHAN. L'un des syn. vulgaires de Mélilot officinal et de Luzerne Lupuline. (B.)

MIRMAU. BOT. CRYPT. Adanson avait donné ce nom à un genre formé sur le Lycopodium Selago. V. LYCOPODE. (B.)

MIRMECIA. BOT. PHAN. Syn. de Tachia d'Aublet. V. ce mot. (B.)

MIROBOLAN. BOT. PHAN. Pour Myrobolan. V. ce mot. (A. R.)

MIROBOLANÉES. BOT. PHAN. Pour Myrobolanées. V. ce mot. (A. R.)

MIROIR INS. (Geoffroy.) Espèce du genre Hespérie. V. ce mot. (B.)

MIROIR D'ANE OU DE LA VIERGE MIN. Les carriers de Montmartre nomment ainsi le Gypse laminaire. On a aussi appelé MIROIR DE SAINTE-MARIE d'autres variétés de Chaux sulfatée et le Mica foliacé. (B.)

MIROIR DES INCAS. MIN. Syn. d'Obsidienne. V.ce mot. (B.)

MIROIR DE VÉNUS BOT. PHAN. L'un des syn. vulgaires de Prismatocarpe. V. ce mot. On a aussi appelé MIROIR DU TEMPS le Mouron rouge. (B.)

MIROITANTE MIN. (Delamétherie.) Syn. de Diallage métalloïde. (B.)

MIROSPERME. BOT. PHAN. Pour Myrosperme. V. ce mot. (A. R.)

MIROXYLE. BOT. PHAN. Pour Myroxyle. V. ce mot. (A. R.)

MIRSINE. BOT. PHAN. Pour Myrsine. V. ce mot. (A. R.)

MIRSINÉES. BOT. PHAN. Pour Myrsinées. V. ce mot. (A. R.)

MIRTE. BOT. PHAN. Pour Myrte. V. ce mot. (B.)

MIRTIL. INS. Nom donné par Engramelle et Geoffroy au Satirus Janira de Latreille et de tous les entomologistes. (G.)

MIRTIL. Mirtillus. BOT. PHAN. Espèce du genre Airelle. V. ce mot. (B.)

MISAGO. OIS. V. BISAGO.

* MISAINE MOLL. Nom vulgaire et marchand du Strombus succinctus. (B.)

MISANDRA. BOT. PHAN. Lamarck a réuni au Gunnera ce genre établi par Commerson et qui avait été d'abord adopté par Jussieu dans son Genera Plantarum. Celui - ci avait néanmoins indiqué le premier son identité avec le genre Gunnera. V. ce mot. (G..N.)

* MISCOPETALUM. BOT. PHAN. Haworth(Synopsis succulent. Plant. p. 323) a établi sous ce nom un genre ayant pour type le Saxifraga rotundifolia L. qui diffère essentiellement selon lui du Saxifraga par les pétales onguiculés et par son ovaire supérieur. Mais comme ces caractères se nuancent dans les diverses espèces de Saxifraga nous pensons avec la plupart des botanistes qu'on ne peut les employer pour former des coupes génériques. V. SAXIFRAGE. (G..N.)

MISCOPHE. Miscophus. INS. Genre de l'ordre des Hyménoptères section des Porte - Aiguillons famille des Fouisseurs tribu des Larrates établi par Jurine ayant tous les caractères des Larres proprement dits et

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n'eu différant qu'en ce que leurs ailes supérieures n'ont que deux cellules cubitales tandis que les Larres les Palares et les Lyrops en ont trois. Chacune des deux cellules cubitales reçoit une nervure récurrente. Les antennes sont filiformes et presque semblables dans les deux sexes tandis qu'elles sont différentes dans les Dinètes genre voisin. L'espèce qui sert de type est:

Le MISCOPHE BICOLOR Miscophus bicolor Jurine (Hyméuopt. pl. 11 genre 25). C'est un petit Hyménoptère dont le corps est noir avec l'extrémité des ailes supérieures noirâtre et les deux premiers anneaux de l'abdomen ainsi que la base du troisième fauves. Il se plaît dans les lieux sablonneux et se trouve dans toute la France. (G.)

MISGURNE. Misgurnus. POIS. V. COBITE.

MISILE. Misilus. MOLL. Genre proposé par Montfort (Conchyl. Syst. T. 1 pag. 295) pour un petit corps fort singulier qui se trouve vivant dans l'Adriatique et fossile aux environs de Sienne. Ce genre est caractérisé de la manière suivante par son auteur: coquille libre univalve cloisonnée droite et formée en cruche un peu aplatie carenée et année sur un des côtés; bouche ovale ouverte; cloisons unies; siphon inconnu. Le Misile nommé Misile aquaire Misilus aquatifer par Montfort est un petit corps ovale aplati muni d'une crête profondément découpée qui s?eacute;tend seulement sur un des côtés. Ce petit corps paraît si singulier et si anomal que quelques auteurs ne le rangent qu'avec doute parmi les Mollusques. (D..H.)

MISIS. INS. Nom donné par Engramelle au Satirus Eudora de Latreille. (B.)

MISOCAMPE. Misocampe. INS. C'est-à-dire ennemi des Chenilles. Genre de l'ordre des Hyménoptères section des Térébrans famille des Pupivores tribu des Chalcidites établi par Latreille aux dépens des Cynips et des Ichneumones minuti de Linné ou des Diplolèpes de Geoffroy et ayant pour caractères: mandibules dentelées; antennes insérées près du milieu de la face antérieure de la téte ou sensiblement éloiguées de la bouche composées de huit à dix articles la plupart cylindriques serrés et sans verticilles de poils dans les deux sexes; segment antérieur du tronc carré. Ce genre se distingue des Leucospis et des Chalcis parce que les cuisses ne sont pas renflées. Les Chirocères de Latreille ont les antennes flabellées: les Eucharis et les Thoracantes en diffèrent par leur écusson qui est très-grand et recouvre les ailes. Les Misocampes ont les antennes rapprochées à leur base brisées terminées un peu en massue et courtes; le premier article de chacune d'elles s'applique inféneurement dans un sillon longitudinal du front. La tête est verticale comprimée appliquée contre le corselet. Celui-ci est tronqué antérieurement. L'abdomen est ovale et conique souvent comprimé quelquefois très-petit. Son extrémité est pourvue dans les femelles d'une tarière plus ou moins saillante quelquefois de la longueur du corps filiforme de trois pièces dont celle du milieu est seule la tarière proprement dite les pièces latérales ne lui servant que de fourreaux. Les ailes n'ont presque pas de nervures; on n'y aperçoit quelquefois qu'un point marginal et plus épais avec une ou deux veines courtes. Le corps est court renflé orné le plus souvent de couleurs très-brillantes parmi lesquelles le vert le bronze ou le cuivreux dominent. Quelques espèces ont la faculté de sauter par le moyen de leurs pates de derrière; telles sont celles qui vivent dans les larves des Lépidoptères.

Les mœurs des Misocampes ont été observées par Degéer (Mém. sur les Ins. T. 2 p. 479). Suivant cetauteur la femelle du Cynips doré à queue du Bédéguar lisse de Geoffroy (Ichneumon Bedeguaris L.) sait déposer

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ses œufs auprès de la larve qui habite l'intérieur de cette galle en introduisant sa longue tarière ou son oviductus jusqu'au centre du corps qui avait produit le Bédéguar. Il paraît que ce Misocampe ne pond qu'un œuf dans chaque galle puisque cette production ne renferme jamais qu'un seul habitant et que sa substance ne peut suffire qu?agrave; la consommation d'un seul individu de ce parasite. Les larves des Misocampes des Mouches se nourrissent de l'intérieur du corps des larves des Coccinelles et de celles des Syrphes ou Mouches aphidivores et se transforment en nymphes sous leur peau. L'Insecte parfait en sort par le moyen d'une ouverture circulaire qu'il y pratique avec ses dents. Réaumur a été témoin de l'accouplement d'une autre espèce de Misocampe qui pond toujours ses œufs dans les chrysalides de Lépidoptères et qui épie le moment où la Chenille passe ou vient à passer à l?eacute;tat de chrysalide et où elle est encore molle pour l'attaquer et lui confier ses œufs. Voilà comment a lieu la jonction des deux sexes: le mâle se place d'abord sur le milieu du corps de la femelle de manière que les deux têtes sont tournées du mêmecòté; mais il y a encore loin de celle du mâle à celle de la femelle parce que celle-ci surpasse beaucoup l'autre en grandeur. Dès que le mâle s'est posé d marche en avant jusqu' à ce que sa tête excède un peu celle de sa compagne. Alors il incline tellement la tête du côté de celle de la femelle qu'il semble lui donner un baiser. Cette caresse qui ne dure qu'un instant une fois faite il va promptement à reculons jusqu?agrave; ce que son derrière se trouve pardelà celui de la femelle. Il le courbe et le fait passer sous l'extrémité du ventre de celle - ci; là il le tient fixé un moment puis il commence son manège. Réaumur l'a vu renouveler par le même jusqu?agrave; vingt fois; le mâle ne s'est retiré que pour céder forcément la place à un individu du même sexe plus frais. L'organe de la génération est renfermé entre deux pièces qui forment chacune une demigouttière. On peut le faire paraître en pressant le ventre de l'Insecte. Degéer a décrit une autre espèce de Misocampe qui est aptère et remarquable par sa faculté de sauter portée au plus haut degré. Geoffroy parle d'une espèce de Misocampe qui va déposer ses œufs dans le corps d'une larve d'Ichneumon très-petit qui se nourrit de l'intérieur du corps des Pucerous. La larve du Misocampe attaque et fait périr celle de ce dernier se métamorphose ensuite au même endroit et perce la peau du cadavre où elle était renfermée quand elle s'est changée en Insecte parfait. Nous avons eu occasion d'observer cette espèce sortant de la Cochenille du Peuplier. Enfin une autre espèce met ses œufs dans ceux de plusieurs autres Insectes la larve s'y nourrit de leur substance s'y transforme et l'Insecte parfait en sort en perçant la coque. Les larves des Misocampes ont beaucoup de rapports avec celles des Ichneumons mais les nymphes des premiers sont nues au lieu que celes des seconds sont renfermées dans des coques filées par les larves. On connaît plusieurs espèces de Misocampes; la plus commune est:

Le MISOCAMPE DU BÉDÉGUAR Misocampe Bedeguaris Ichneumon Bedeguaris Latr. Linn. Réaum. etc. Ses antennes sont noires une fois plus longues que la tête. Ses yeux sont bruns; la tête et le corselet sont d'un vert doré; l'abdomen est d'un pourpre doré et les pates sont jaunes. La tarière de la femelle est beaucoup plus longue que le corps. Cette espèce se trouve dans toute l'Europe; elle vit sous la forme de larve et de nymphe dans les galles chevelues du Rosier sauvage appelé Bédéguar. (G.)

MISOLAMPE. Misolampus. INS. Genre de l'ordre des Coléoptères section des Hétéromères famille des Mélasomes tribu des Blapsides établi par Latreille et ayant pour caractères: palpes terminés par un article

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plus gros; le dernier des maxillaires sécuriforme; troisième et quatrième articles des antennes de la même longueur; corps convexe; corselet presque globuleux.

Ce genre a été formé par Latreille sur un Coléoptère du Portugal que Herbert avait décrit et figuré sous le nom de Pimelia. Il est très-rapproché de celui des Blaps; mais il en diffère par les antennes qui vont en grossissant vers leur extrémité et par leur corselet qui est globuleux comme celui des Moluris; les tarses sont à peu près semblables dans les deux sexes; leur menton qui est petit ou moyen ne recouvre pas la base des mâchoires. L'espèce qui sert de type à ce genre est:

Le MISOLAMPEDE HOFFMANNSEGG Misolampus Hoffmannseggii Latr. Gen. Crust. et Ins. t.10 fig. 8; Pimelia gibbula Herbst. Col. t. 1 p. 20 fig. 7. Cet Insecte est long de près d'un demi-pouce d'un noir foncé luisant et chargé de points. Ceux des élytres y forment des lignes. Les antennes les palpes et les tarses sont roussâtres. Il a été trouvé en Portugal par Hoffmannsegg. (G.)

MISON. BOT. CRYPT. Pour Myson. V. ce mot. (B.)

MISPIKEL MIN. Syn. de Fer arsénical. V. FER (G. DEL.)

MISQUE. Miscus. INS. Genre de l'ordre des Hyménoptères établi par Jurine et formé de quelques espèces d'Amraophiles et de Pompiles ayant la troisième cellule cubitale pétiolée. V. AMMOPHILE et POMPILE. (G.)

MISSULÈNE. Missulena. ARACHN. Genre établi par Walkenaer et auquel Latreille avait déjà donné le nom d'Eriodon. V. ce mot. (G.)

MISSOTTE. BOT. PHAN. Le Poa maritima sur les côtes occidentales et méridionales de la France. (B.).

MISY. MIN. Nom cité par Pline (Hist.Nat. XXXIV 31) et sous lequel les anciens paraissent avoir connu le sulfate de Fer qu'ils tiraient principalement de l?icirc;le de Chypre. Il lui attribue une couleur jaune ce qui pourrait faire croire que le nom de Misy s'appliquait aux efflorescences de Schistes alumineux. (G. DEL.)

* MISYE. OIS. Espèce du genre Bouvreuil V. ce mot. (B.)

MITCHAGATCHI. OIS. Espèce du genre Macareux V. ce mot. (B.)

MITCHELLE. Mischella. BOT. PHAN. Genre de la famille des Rubiacées et de la Tétraudrie Mouogynie L. composé d'une seule espèce originaire de la Nouvelle-Hollande. Le Mitchella repens L. Lamk. Ill. tab. 63 est un très-petit Arbuste de l'Amérique septentrionale ayant sa tige grêle rameuse étalée rampante longue de cinq à six pouces ou davantage et portant des feuilles opposées courtement pétiolées ovales arrondies obtuses et un peu mucronées au sommet légèrement sinueuses sur les bords coriaces persistantes et accompagnées de deux bractées très-petites et persistantes; les fleurs sont terminales et géminées soudées ensemble par leur ovaire ainsi qu'on l'observe dans un grand nombre d'espèces de Chèvrefeuilles; chaque calice est adhérent avec son ovaire infère surmonté seulement d'un limbe à quatre dents; la corolle est tubuleuse infundibuliforme; son limbe qui est presque plane est à quatre rarement à cinq divisions allongées très-velues sur leur face supérieure; les étamines sont de la longueur du tube calicinal; le style est plus long saillant terminé par un stigmate profondément divisé en quatre lanières linéaires obtuses et glanduleuses; le fruit est un double nuculaine globuleux presque didyme qui se compose des deux ovairesréunis; il présente vers ses parties latérales et supérieures deux ombilics formés par les dents des calices chacun d'eux contient quatre nucules ovoïdes rapprochés les uns des autres. Ce genre a de grands rapports avec

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le genre Nertera de Banks et surtout avec le Nertera tetrasperma de Kunth; néanmoins il en est fort distinct. Mitchell avait donné à ce genre le nom de Chamædaphne. (A. R.)

* MITCHILLIEN. POIS. Espèce du genre Exocet. V. ce mot. (B.)

MITE OU MITTE. Acarus. ARACHN. Dans la Méthode de Linné on désigne ainsi un genre d'Insectes Aptères très-nombreux en espèces et correspondant à la seconde tribu des Arachnides Holètres de Latreille celle des Acarides. V. ce mot.

On désigne vulgairement sous le nom de Mite domestique ou Mite de fromage l'Acarus domesticus de Degéer; Mite des Moineaux l'Acarus passerinus; Mite de la farine l'Acarus farinæ; Mite de la gale l'Acarus scabiei etc. V. ACARUS. (G.)

* MITELLE. Mitella. MOLL. Oken a donné ce nom à un genre de Cirrhipèdes que Hill avait désigné long-temps avant sous le nom de Scalpellum adopté par Leach et que Blainville a changé dans son Traité de Malacologie pour celui de Polylèpe Polylepas. V. ce mot. (D..H.)

MITELLE. Mitella. BOT. PHAN. C'est le nom d'un genre de la famille des Saxifragées et de la Décandrie Digynie L. ayant pour caractères: un calice monosépale étalé à cinq dents; une corolle composée de cinq pétales profondément laciniés sur leurs bords en découpures sétacées; dix étamines insérées comme la corolle à la paroi interne du calice; un ovaire ovoïde surmonté de deux styles fort courts; le fruit est une capsule presque globuleuse à une seule loge polysperme s'ouvrant en deux valves. Ce genre se compose de cinq à six espèces qui toutes sont originaires de l'Amérique septentrionale. Ce sont des Plantes herbacées vivaces ayant ea général leurs feuilles toutes radicales excepté dans la Mitella diphylla L. qui porte au bas de son épi de fleurs deux feuilles involucrales opposées et sessiles; les fleurs sont petites jaunâtres disposées en un long épi au sommet de la tige qui forme une sorte de hampe nue.

Le Mitella diphylla L. Lamk. Ill. tab. 373 fig. 1; Gaertn. 1 tab. 44 est l'espèce la plus commune et la plus grande de ce genre; ses feuilles radicales sont réunies en touffe et portées sur des pétioles de trois à quatre pouces de longueur hérissés de poils roussâtres; ces feuilles sont minces membraneuses cordiformes et à trois ou cinq lobes aigus peu profonds et doublement dentés; la tige haute de six à douze pouces et même davantage est simple nue inférieurement portant vers sa partie moyenne deux feuilles sessiles et terminées par un long épi de fleurs pédicellées jaunâtres; les capsules sont un peu comprimées s'ouvrant en deux valves par leur partie supérieure et contenant plusieurs graines noires et luisantes.

Les autres espèces de ce genre sont: les Mitella cordifolia Lamk. Ill. tab. 373 fig. 3; M. reniformis Id. Ill. tab. 373 fig. 2; M. grandiflora Pursh; et M. prostrata Michaux. (A. R.)

MITHRAX. Mithrax. CRUST. Genre de l'ordre des Décapodes famille des Brachyures tribu des Triangulaires établi par Leach et auquel Latreille avait donné dans la Collection du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris le nom de Trachonite. Ses caractères sont: test plus large que long approchant de la figure rhomboïdale; serres et pieds gros et courts trèsépineux. Ce genre se distingue des Parthenopes par les pieds antérieurs qui quoique très-grands sont cependant moins longs que les mêmes des Parthenopes; ils se dirigent en avant ce que ne peuvent pas faire cenx des Parthenopes et n'ont pas les doigts des pinces en bec de Perroquet. Il se distingue encore des autres genres dérivant de celui d'Inachus de Fabricius par des caractères tirés de la forme et de la position des antennes

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et d'autres tirés de la forme du corps et des pates; les antennes extérieures des Mithrax sont placées près du canthus interne des yeux tres-courtes terminées par une tige conique ou en alène guère plus longue que leur pédoncule dont le premier article est un peu plus gros mais plus court que le second; le troisième article des pieds-mâchoires extérieurs est presque carré avec l'angle interne supérieur échancré; les serres sont grandes mais moins que celles des Lambres et des Eurynomes dirigées en avant et ne formant pas d'angle avec l'axe longitudinal du corps; elles sont terminées par des pinces plus ou moins ovales dont les doigts ne s'inclinent pas brusquement comme ceux des Eurynomes et des Lambres; la carapace a un rostre bifide elle est tantôt courte tantôt renflée sur les côtés très-épineuse et inégale tantôt oblongue et médiocrement inégale; les yeux sont entièrement renfermés dans une cavité cylindrique ils sont gros et portés sur un court pédicule. Ce genre est assez nombreux eu espèces. Nous citerons:

Le MITHRAX LUNULÉ Mithrax lunulatus Latr. Il a le test oblong allongé terminé par deux pointes très-aplaties et mousses avec le dessus sans tubercules et les côtés pourvus de quatre dents dont la seconde est la plus grande. Il se trouve à la Nouvelle-Hollande. On doit encore rapporter à ce genre le Maia condyliata Riss.? et les Cancer spinipes condyliatus hispidus et aculeatus d'Herbst. Tous des Indes-Orientales. (G.)

* MITHRAX. MIN. La Gemme mentionnée sous ce nom par Pline paraît être une Opale ou un Girasol. (B.)

MITHRIDATEA. BOT. PHAN. Le genre Ambora de Jussieu était ainsi nommé par Commerson dans ses manuscrits. Schreber et Willdenow ont préféré cette dénomination quoique le mot Ambora u'eût rien de choquant et qu'il fût en harmonie avec celui que l'Arbre porte à Madagascar. Si l'on eût regardé comme absolument nécessaire de s'en rapporter sévèrement à la règle arbitraire qi iveut que tous les noms vulgaires soient proscrits du langage scientifique il aurait fallu au moins adopter pouc le genre en question le nom de Tambourissa d'abord proposé par Sonnerat. V. AMBORA. (G..N.)

MITHRIDATIUM. BOT. PHAN. Ce nom est dans les anciens celui de la Dent de Chien (Erythronium dens Canis L.) Adanson l'a employé comme nom générique pour désigner ce genre. V. ERYTHRONE. (A. R.)

* MITILLINE. INF. Pour Mytiline. V. ce mot. (B.)

MITINA. BOT. PHAN. Adanson fait du Carlina lanata L. un genre distinct qu'il nomme Mitina et qu'il distingue surtout par les écailles de l'involucre qui sont dépourvues d?eacute;pines sur leurs bords. Mais ce genre n'a pas été adopté même par les auteurs qui dans ces derniers temps ont pris à tâche de diviser à l'infini et sans mesure les Plantes de cette famille. V. CARLINE. (A. R.)

MITOSATES. Mitosata. INS. Fabricius donne ce nom au sixième ordre de sa classe des Insectes; cet ordre répond à celui des Myriapodes de Latreille. V. MYRIAPODES et l'article ENTOMOLOGIE. (G.)

MITRA. BOT. PHAN. Le genre établi sous ce nom par Houston fut adopté par Linné qui le nomma Mitreola puis le réunit à l'Ophiorhiza. Notre collaborateur A. Richard en a de nouveau établi la distinction; il a définitivement raneé le véritable Ophiorhiza parmi les Rubiacées tandis que le Mitreola reste parmi les Gentianées. V. MITREÉOLE. (G..N.)

MITRAGYNE. BOT. PHAN. (R. Brown.) Syn. de Mitrasacme. V. ce mot. (B.)

MITRAIRE. Mitraria. BOT. PHAN. Cavanilles (Icon. rar. 6 p. 57 t. 579) a établi sous ce nom un genre de la

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Didynamie Angiospermie L. et qui paraît devoir avoir quelques affinités avec la famille des Bignoniacées. Il offre pour caractères principaux: calice double l'extérieur en forme de mitre et partagé inégalement; l'intérieur à cinq divisions profondes inégales linéaires et aiguës; corolle tubuleuse renflée à deux lèvres dont la supérieure est bifide et l'inférieure trifide; quatre étamines didynames ayant leurs filets écarlates plus longs que la corolle insérés à la base du tube de celle-ci; une cinquième étamine rudimentaire; ovaire supérieur ovale surmonté d'un style subulé et d'un stigmate épais; baie succulente uniloculaire renfermant des graines nombreuses nageant dans la pulpe luisantes et allongées. Ce que l'auteur de ce genre considère comme la partie extérieure d'un calice double n'est que la cohérence de deux bractées ainsi que cela s'observe sur un grand nombre de Plantes qui appartiennent à la classe des Monopétales. Ce caractère nous semble donc moins important que s'il dépendait d'une structure particulière dans les enveloppes florales; l'organe dont il s'agit ne faisant plus partie du calice et devant être rejeté parmi ceux de la végétation et assimilé aux feuilles sur lesquelle on ne peut établir de bons caractères génériques.

Le Mitraria coccinea Cavan. loc. cit. a des tiges ligneuses grimpantes divisées eu rameaux faibles opposés obscurément tétragones et légèrement velus. Ses feuilles sont opposées quelquefois ternées portées sur de courts pétioles ovales aiguës ou allongées dentées en scie vertes et légèrement velues à la face supérieure et glauques en dessous. Les fleurs d'un rouge écarlate sont ordinairement solitaires quelquefois géminées ou ternées axillaires pendantes et portées sur des pédoncules longs rudes et épaissis à leur sommet. Cette Plante croît près de San-Carlos dans l?icirc;le de Chiloe.

Gmelin (Syst. Veget.) a donné le même nom de Mitraria à un genre qui a pour type l'Eugenia racemosa L. et qui a été nommé Stravadium par Jussieu. V. ce mot. (G..N.)

MITRASACME. BOT. PHAN. Labillardière (Nov. Holland. Plant. Spec. 1 p. 36 t. 49) a constitué sous ce nom un genre de la Tétrandrie Monogynie L. et il le considérait comme faisant partie de la famille des Scrophularinées. En adoptant ce genre et proposant le nom de Mitragyne comme plus convenable R. Brown (Prodr. Flor. Nov.-Holland. p. 452) l'a placé à la fin de la famille des Gentianées parce qu'il a plus de rapports avec le genreExacum qu'avec aucun de ceux qui composent les Scrophularinées. Voici les caractères qu'il lui a attribués: calice anguleux à quatre ou rarement à deux divisions courtes; corolle caduque dont le tube est anguleux le limbe à quatre divisions profondes et égales; quatre étamines égales ordinairement renfermées dans le tube de la corolle rarement saillantes; anthères s'ouvrant à l'extérieur; style bifide à la base; capsules déhiscentes au sommet par les fentes qui séparent les branches du style. Les Plantes de ce genre sont des Herbes glabres ou poilues; à feuilles opposées tantôt connées tantôt rassemblées en rosettes au collet de la racine et alors la tige est nue. Leurs fleurs sont disposées en ombelles terminales plus rarement axillaires et solitaires. On doit considérer comme type le Mitrasacme pilosa Labill. loc. cit. Celle Plante velue sur toutes ses parties couchée sur le sol à feuilles ovales à fleurs solitaires axillaires et pédonculées croît à la terre de Van-Diémen. R. Brown a décrit dix-huit autres espèces toutes originaires des environs au Port-Jackson et de la partie de la Nouvelle-Hollande située entre les Tropiques; il les a distribuées en quatre sections: la première se compose de seize espèces que l'auteur a nommées vraies Mitrasacmcs (Mitrasacme veræ). Elle est

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caractérisée par son calice quadrifide par ses étamines incluses et insérées sur le milieu du tube de la corolle par son style bifide à la base jusqu'au moment de 1?eacute;panouissement de la fleur et par son stigmate bilobé. La seconde section diffère essentiellement de la précédente par son calice bifide. Elle ne renferme qu'une seule espèce à laquelle R. Brown a donné le nom de Mitrasacme paradoxa. La troisième section offre les caractères de la première; mais on n'y retrouve point la structure si singulière du style. Le Mitrasacme connata possède en effet un style dont la base est indivise même avant l'anthèse et dont le stigmate est entier. Enfin dans la quatrième section l'auteur a placé le Mitrasacme ambigua dont le calice est plissé à lobes concaves les étamines saillantes insérées sur l'entrée de la corolle et la capsule qui finit par se diviser en deux valves. (G..N.)

MITRE. Mitra. MOLL. Il est peu de genres parmi les Mollusques nui offrent des Coquilles dont les formes soient plus agréables et les couleurs plus vives et mieux distribuées. Voisines des Volutes les Mitres quant à l'Animal doivent en différer fort peu quoique celui-ci ne soit point encore connu. Les rapports des Coquilles sont si grands qu'il est impossible de nier leur analogie. La plupart des auteurs anciens connurent des Coquilles de ce genre mais n?eacute;tablissant de distinction parmi elles que d'après les formes ou même les accidens extérieurs ils les confondirent indistinctement avec des genres fort différens principalement avec les Buccins. Linné lui-même les rangea dans les Volutes ce que firent Bruguière et ses autres imitateurs. Lamarck est le premier qui ait séparé les Mitres des Volutes de Linné dans le Système des Animaux sans vertèbres (1801); il le conserva depuis dans ses autres ouvrages. Montfort d'après les formes extérieures seulement divisa le genre Mitre de Lamarck en deux au tres les Minarets et les Mitres. Cette division n'est point motivée par de bons caractères. Aussi la plupart des auteurs n'adoptèrent pas cette opinion et le genre Mitre resta dans son entier jusque vers ces derniers temps où Sowerby proposa de démembrer sous le nom de Conelix un petit genre contenant toutes les espèces qui ont à peu près la forme d'un cône ou d'une olive et qui ont un assez grand nombre de plis à la columelle; ce démembrement à notre avis ne peut pas plus que celui de Montfort être admis comme genre mais seule�ment comme des sous-divisions favorables à la détermination des espèces.

Les rapports des Mitres avec les Volutes sont si évidens que l'on a généralement fort peu varié sur la place que ce genre devait occuper dans la série confondu comme nous l'avons dit par Linné et Bruguière avec les Volutes. Lamarck en le créant le laissa tout près de ce genre. De Roissy dans le Buffon de Sonnini adopta l'opinion de Lamarck et l'appuya judicieusement. Dans la Philosophie zoologique Lamarck conserva les mêmes rapports que dans le Système ce qu'il fit aussi dans l'Extrait du Cours et dans son dernier ouvrage où il conserva sa famille des Columellaires. Montfort plaça les Minarets après les Pleurotomes et à côté des Turbinelles qu'il rapprocha des Mitres en rompant ainsi les rapports les plus naturels. Cuvier en conservant le genre Volute de Linné dut y apporter des changemens d'après les travaux les plus modernes; il le sous-divisa en plusieurs sous-genres dont l'un est consacré aux Mitres de Lamarck. Férussac dans ses Tableaux systématiques des Mollusques a conservé les Mitres dans le voisinage des Volutes et de ces deux genres avec celui des Vis il en a fait la famille des Volutes qui est loin de répondre à la famille des Columellaires de Lamarck. De Blainville (Traité de Malacologie) a réuni lès Mitres les Volutes et plusieurs autres genres dans la famille des Angystomes (V. ce

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mot au Suppl.) et Latreille dans les Familles du Règne Animal a conservé sans changemens la famille des Columellaires de Lamarck; les Mitres s'y trouvent conséquemment dans les mêmes rapports.

Les Mitres sont des Coquilles qui habitent principalement les mers équatoriales; elles diminuent et disparaissent à mesure que l'on s?eacute;loigne des mers chaudes. Quoique les collines subappennines présentent à l?eacute;tat fossile plusieurs grandes espèces on n'en retrouve plus aujourd'hui que de petites dans la Méditerranée d'espèces différentes et elles y sont fort rares; les environs de Paris en offrent aussi un assez grand nombre dont on ne connaît plus les analogues vivans. Le genre Mitre peut se caractériser de la manière suivante: Animal inconnu mais probablement voisin de celui des Voiutes; coquille turriculée subfusiforme ou coniforme à spire pointue au sommet à base échancrée et sans canal; columelle chargée de plis parallèles entre eux transverses et dont les inférieurs sont les plus petits; bord columellaire mince et appliqué. On connaît dans les collections un fort grand nombre de Mitres; plusieurs sont très-recherchées. Lamarck en caractérise quatrevingts parmi lesquelles il y en a plusieurs qu'il est impossible de reconnaître d'après la seule phrase caractéristique. Pour mettre les espèces dans leurs rapports les plus naturels nous diviserons ce genre en quatre sections de la manière suivante:

† Coquilles turriculées ou bucciformes sans dépression sur le bord droit.

MITRE PAPALE Mitra papalis Lamk. Anim. sans vert. T. VII p. 299 n° 2; Voluta papalis L. p. 3459 n° 95; Encycl. pl. 370 fig. 1 a b. Grande et belle Coquille striée transversalement surtout dans le jeune âge avec des points peu profonds dans les stries; ces stries et ces points disparaissent presque entièrement sur le dernier tour; surun fond blanc cette Coquille est agréablement ornée de taches d'un rouge briqueté; elles sont sériales. Les sutures de chaque tour sont plissées régulièrement et couronnées de dents. On voit cinq plis à la columelle et le bord droit est souvent dentelé dans toute sa longueur.

†† Espèces qui ont un sinus sur la lèvre droite. Les MINARETS.

MITRE PLICAIRE Mitra plicaria Lamk.; Voluta plicaria L. Gmel. p. 3452 n° 55; Lister Conchil. t. 820 fig. 37; Martini Conchil. Cab. T. IV t. 148 fig. 1362 et 1363; Encyclop. pl. 373 fig. 6. C'est parmi les Minarets l'espèce la plus commune et la mieux caractérisée sous le rapport du sinus du bord droit qui est assez profond et assez semblable à celui des Clavatules.

MITRE EN LYRE Mitra lyrata Lamk. Anim. sans vert. T. VII p. 308 n° 26; Mitra subdivisa Lamk. Ann. du Mus. T. XVII p. 204 n° 26; Martini Conchil. Cab. T. X t. 151 fig. 1434 et 1435; Encyclop. pl. 373 fig. 1 a b. Très-jolie Coquille élégamment ornée de côtes longitudinales distantes étroites et dans leur intervalle se voient des stries transverses fines et peu profondes.

††† Espèces courtes qui ont le bord droit épaissi renflé dans son milieu.

MITRE BIZONALE Mitra bizonalis N.; Colombella bizonalis Lamk. Anim. sans vert. T. VII p. 294 n° 6; Martini Conchil. Cab. T. II t. 44 fig. 463 et 464; Encyclop. pl. 375 fig. 7 a b. Lamarck en confondant plusieurs espèces de Mitres de cette section avec les Colombelles avait assigné à celles-ci un caractère qu'elles n'ont jamais les plis à la columelle; ces plis dans les Coquilles qui nous occupent sont absolument semblables à ceux des autres Mitres; ils ont dû nous servir de caractère essentiel pour les replacer dans leurs rapports naturels et les huit ou dix espèces que nous con-

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naissons font un groupe bien caractérisé parmi les Mitres.

†††† Espèces olivacifonnes ou coniformes. Genre CONELIX Sow.

MITRE DACTYLE Mitra Dactylus Lamk Anim. sans vert. T. VII p. 314 n° 44; Voluta Dactylus L. Gmel. p. 3443 n° 25; Lister Conchil. t. 813 fig. 23; Chemnitz Conchil. Cab. T. X t. 150. fig. 1411 1412; Encyclop. pl. 372 Fig. 51 a b.

MITRE CRÉNELÉE Mitra crenulata Lamk. Anim. sans vert. T. VII p. 315 n° 46; Voluta crenulata Chemnitz Conchil. Cab. T. X t. 150 fig. 1413 1414; Voluta crenulata Gmel. p. 3452 n° 130; Encyclop. pl. 372 fig. 4 a b. Quoique la forme des espèces de cette section soit différente de celles des autres Mitres nous devons néanmoins ne pas admettre le genre de Sowerby car on arrive à ces formes par des passages insensibles. (D..H.)

* MITRE DE MER. POLYP. Ce nom a été donné par d'anciens naturalistes à des Psychodiaires de la famille des Éponges. (E. D..L.)

* MITRE DE NEPTUNE MITRE POLONAISE. POLYP. On a donné ces noms à une variété du Madrepora Pileus de Linné dont Lamarck a fait une espèce sous le nom de Fongie Bonnet. V. FONGIE. (E. D..L.)

* MITREMYCES. BOT. CRYPT. (Lycoperdacées.) Ce genre établi par Nées d'Esenbeck a pour type le Lycoperdon heterogenum décrit par Bosc dans les Mémoires de l'Académie de Berlin T. v p. 87 pl. 6 fig. 10. On peut le caractériser ainsi: péridium double; l'extérieur globuleux ayant son orifice fermé par une sorte de coiffe écailleuse et laciniée sur ses bords; l'interne arrondi beaucoup plus petit fixé supérieurement au pourtour de l'orifice du pédium externe; sporules dépourvues de filamens. On ne connaît qu'une seule espèce de ce genre qui croît dans la Caroline et dans quelques autres parties des États-Unis; Schweinitz en a donné une excellente description et une très-bonne figare dans son histoire des Champignons de le Caroline du Nord (Comment. Soc. Nat. Cur. Lipsiensis). Le pédicule de cette Plante est épais irrégulier d'un brun foncé; il supporte un péridium gros comme une petite noix sphérique lisse d'une couleur fauve; la petite coiffe qui couvre son orifice est d'un beau rouge; le péridium interne beaucoup plus petit que l'externe est suspendu dans la cavité de celui-ci qu'il ne remplit pas à beaucoup près. Schweinitz a observé dans la Pensylvanie une autre espèce de ce genre plus petite et rouge. Il pense que le Scleroderma pistillare de Persoon doit également se ranger dans ce genre. (AD. B.)

MITRÉOLE. Mitreola. BOT. PHAN. Linné avait nommé ainsi uu genre appelée d'abord Mitra par Houston et qu'il avait ensuite réuni à l'Ophiorhiza placé par Jussieu dans la famille des Gentianées. Mais ayant étudié avec soin l'organisation des deux Plantes nommées par Linné Ophiorhiza Mungos et O. Mitreola nous avons reconnu (Mém. de la Soc. Hist. Nat. de Paris I p. 61) que ces deux espèces appartiennent non-seulement à deux genres différens mais que ces deux genres doivent se ranger dans deux ïamilles distinctes. Nous avons donc ôté la seconde espèce du genre Ophiorhiza et rétabli pour elle le genre Mitreola qui reste dans la famille des Gentianées tandis que le genre Ophiorhiza fait partie des Rubiacées. Voici les caractères que nous avons assignés au genre Mitreola: son calice est à cinq divisions profondes persistant et libre; la corolle est monopétale régulière presque urcéolée à cinq lobes. Les cinq étamines sont incluses. L'ovaire est libre à deux loges polyspermes; les ovules sont attachées à la cloison. Le style est court simple terminé par un stigmate également simple. Le fruit

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est une capsule terminée supérieurement par deux cornes et s'ouvrant par leur côté interne.

Ce genre se compose d'une seule espèce Mitreola ophiorhizoides Rich. loc. cit. T. 5 qui est originaire de l'Amérique septentrionale et a le port d'un Héliotrope surtout equant à la disposition de ses fleurs. Sa tige est simple dressée glabre cylindrique haute d'un pied à un pied et demi; ses feuilles opposées sessiles ovales oblongues aiguës un peu sinueuses. Les fleurs fort petites forment une espèce de cime terminale composée d'un grand nombre de ramifications roulées en crosse comme dans les Héliotropes. Quoique l'ovaire soit terminé par un style et un stigmate simples le fruit est néanmoins bicorne à son sommet. Voici comment se fait ce changement. Après la fécondation peu à peu la cloison se sépare en deux lames qui s?eacute;cartent l'une de l'autre et il se forme une sorte de fente qui traverse l'ovaire dans sa partie supérieure son sommet restant intact. Mais bientôt le sommet lui-même se fend et chaque moitié emporte avec elle une partie du style. (A. R.)

* MITROPHORA. BOT. PHAN. Necker (Elem. Bot. n. 208) a donné ce nom comme générique au Valeriana Comucopiæ L. type du genre Fedia de Mœnch et de De Candolle. V. FÉDIE. (G..N.)

MITROUILLET. BOT. PHAN. L'un des noms vulgaires de la Gesse tubéreuse. (B.)

* MITRULA. BOT. CRYPT. (Champignons.) Persoon donna d'abord le nom de Mitrula Heyderii à un Champignon qu'il réunit ensuite au genre Leotia sous le nom de Leotia Mitrula; Fries a rétabli le genre Mitrula en y plaçant plusieurs espèces nouvelles et il a formé de l'espèce décrite en premier par Persoon uue section particulière sous le nom de Heyderia. Ces Plantes se rapprochent des Clavaires et des Leotia; elles présentient un style charnu qui supporte un chapeau en forme de massue ovoïde parfaitement distinct du stipe libre même à sa base dans les véritables Mitrula adhérent au stipe dans les Heyderia; ce chapeau porte extérieurement sur toute sa surface une membrane fructifère. On connaît cinq espèces de ce genre qui ont été observées particulièrement dans le nord de l'Europe en Suède et en Angleterre; elles croissent sur les feuilles mortes et plus spécialement sur celles des Conifères. (AD. B.)

MITTE. ARACHN. V. MITE.

MITU-PORANGA. OIS. Espèce de Hocco du Paraguay où le nom de Mitu paraît désigner le genre même. V. Hocco. (B.)

MITZLI. MAM. (Nieremberg.) Syn. de Couguar. V. ce mot. (B.)

MIXINE. POIS. Pour Myxine. V. ce mot. (B.)

MNASIUM. BOT. PHAN. Syn. de Rapatea d'Aublet. V. ce mot. (G..N.)

MNEMOSILLA. BOT. PHAN. Ce genre de Forskahl a été réuni à l'Hypecoum. V. ce mot. (G..N.)

MNéMOSINE. INS. Espèce du genre Papillon de Linné placée par Latreille dans le genre Parassie. V. ce mot. (G.)

MNÉMOSKNE. BOT. CRYPT. (Mousses.) (Ehrard.) Syn. de Tetraphis. V. ce mot. (G..N)

MNESITEON. BOT. PHAN. Ce nom qui chez les anciens Grecs désignait le Genevrier a été donné par Rafinesque (Flor. Ludov. p. 67) à un genre qu'il a établi dans la famille des Synanthérées et qui appartient à la Syngénésie superflue L. Il offre pour caractère essentiel: un involucre à quatre folioles étalées; calathide radiée dont les fleurons sont hermaphrodites à corolles quadrifides; quatre étamines syngé nèses; akènes comprimés membraneux ailés couronnés par un rebord épais; réceptacle nu. Si ces

TOME X. 41

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caractères sont exacts le genre Mnesiteon est très-remarquable parmi les Synanthérées par le nombre quaternaire des parties de sa fleur. Mais l'auteur n'aurait-il pas observé une variété accidentelle au lieu d'une structure constante qui seule peut motiver l'établissement d'un nouveau genre? Nous nous croyons autorisés a faire cette réflexion parce que nous avons vu le nombre des parties de la fleur varier assez souvent dans la même espèce parmi les Plantes qui appartiennent a diverses familles dont la corolle est monopétale. Quoi qu'il en soit Rafinesque a formé son genre Mnesiteon de deux espèces sous les noms de Mnesiteon album et Mnesiteon luteum. La première a des rapports avec le Buphtalinum angustifulium de Pursh. Ces Plautes sont indigènes de la Louisiane. (G..N.)

MNIARE. Mniarum. BOT. PHAN. Genre de la famille des Paronychiées et de la Monandrie Digynie L. établi par Forster sous ce nom qu'ont adopté Labillardière et R. Brown: Banks et Gaertner après lui le nomment Ditoca. Son calice urcéolé divisé jusque vers son milien en quatre parties porte insérée à sa gorge une étamine unique. Son ovaire libre renferme un seul ovule et est surmonté d'un style biparti. Son fruit est un utricule renfermé dans le tube endurci du calice persistant. Sa graine renversée présente un périsperme embrassé par un embryon à radicule supère. Les deux espèces de ce genre qui croissent l'une et l'autre à la Nouvelle-Hollande sont de petites Herbes couvertes de feuilles courtes opposées connécs à leur base rapprochées et subulées. Les pédoncules biflores portent vers leur sommet quatre bractées et s'allongent après la floraison. (A. D. I.)

MNIOTILTE. OIS. Genre de la méthode de Vieillot dans lequel cet ornithologiste a placé le Figuier varié. V. SYLVIE. (DR..Z.)

MNIUM. BOT. CRYPT. (Mousses.) Linné et Hedwig ainsi que Schwægrichen ont donné ce nom à un genre qui a été définitivement réuni au Bryum par Hooker. V. BRY. (G..N.)

FIN DU TOME DIXIÈME.

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ERRATA.

TOME IX.

Page 205 colonne 1 ligne 43 l?eacute;tang de Cazan lisez: l?eacute;tang de Cazeau.

P. 233 col. 1 l. 1 soies lisez: sores.

P. 340 col. 1 l. 40 un Animal de l'histoire de Pavana lisez: un Animal de l'isthme de Panama.

TOME X.

P. 144 col. 1. l. 13 Combessedea lisez: Cambessedea.

P. 161 col. 1 * MARAYE. POIS. lisez:* MARAXE. POIS.

P. 258 col. 2 1. 48 matière vésiculeuse lisez: matière vésiculaire; ainsi que partout où la même faute se retrouverait.

P. 259 col. 1 l. 3 moteur de tout mouvement lisez: raison de tout mouvement.

— col. 2 l. 4 résultat lisez: résultant.

P. 261 col. 1 l. 15 épaisses lisez: s?eacute;paississent.

—— l. 28 le puisse lisez: la puisse.

P. 262 col. 2 l. 47 supprimer le mot devenu qui termine la ligne.

P. 263 col. 1 l. 46 supprimer le mot de qui termine la ligne.

P. 264 col. 2 l. 34 plus grandes? lisez: plus apparentes?

P. 271 col. 2 l. 40 se développe lisez: se manifeste.

P. 272 col. 1 l. 6 La réunion de la matière végétative lisez: Une réunion analogue à celle de la matière végétative.

— l. 12 métamorphoses lisez: transmutations.

P. 273 col. 2 l. 6 encore lisez: davantage.

—— l. 35 de celle-ci lisez: de cette cristallisation.

P. 275 col. 2 l. 18 en molécules colorantes lisez: en particules colorantes.

P. 276 col. 1 l. 6 concrétées; lisez: concrétées?

P. 276 col. 2 l. 34 distinguera jamais lisez: distinguera probablement jamais.

P. 277 col. 1 l. 34 ne les agite pas lisez: ne les excite pas.

P. 278 col. 2 l. 3 dès qu'ils sont lisez: tant qu'ils sont.

—— l. 8 globator qui s?eacute;vanouit lisez: globator enfin qui s?eacute;vanouit.

P. 279 col. 2 l. 22 toute l'existence lisez: toute existence.

P. 281 col. 1 l. 14 et 15 qui dut présider à la création lisez: qui préside à toute création.

P. 372: col. 1 l. 23 comme continens lisez: comme contenant.

P. 273 col. 2 l. 47 et durant huit ou dix mois lisez: et durant huit à dix mois.

P. 378 col. 1 l. 41 de leur côté lisez: en retour.

— col. 3 l. 43 considérable lisez: forte.

P. 380 col. 1 l. 41 de l'Hérault lisez: de l'Aude.

P. 414 col. 1 l. 46 attacher ces lisez: attacher; ces.

P. 466 col. 2 l. 44 les espèces dont lisez: l'espèce dont.

P. 469 col. 1 l. 17 et 18 Caquarts lisez: Coquarts.

P. 477 col. 2 l. 45 la chaîne lisez: plusieurs chaînes.

P. 541 col. 2 l. 24 l'existence lisez: la certitude.


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Citation: John van Wyhe, ed. 2002-. The Complete Work of Charles Darwin Online. (http://darwin-online.org.uk/)

File last updated 25 September, 2022