RECORD: Lacordaire, Jean Théodore. 1830. Mémoire sur les habitudes des insectes coléoptères de l'Amérique méridionale. Annales des Sciences Naturelles 20: 185-291; 21: 149-194.

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MÉMOIRE sur les Habitudes des Insectes coléoptères de l'Amérique méridionale;

Par M. J. TH. LACORDAIRE.

Introduction.

LES observations qui font le sujet de ce Mémoire ont été recueillies dans le cours de trois voyages dans l'Amérique du sud, pendant lesquels j'ai fait des séjours plus ou moins longs au Brésil, à Montevideo, Buénos-Ayres, dans l'intérieur des provinces de la république de La Plata et au Chili. Tous mes momens de loisir ont été consacrés à l'entomologie, et j'ai recueilli dans ces divers pays près de deux mille espèces de Coléoptères, dont la moitié environ étaient inconnues dans les collections de Paris, à l'époque où je les ai rapportées. Ceci peut donner une idée de la progression rapide dans laquelle les faits s'accumulent en ce moment en histoire naturelle, et surtout en entomologie. Ce n'est pas trop que d'affirmer que, depuis les dix dernières années, les collections se sont plus que triplées. Malheureusement les observations sur les mœurs et les habitudes des insectes n'augmentent pas dans la même proportion. On connaît bien maintenant la manière de vivre de ceux d'Europe, mais j'ai été à même de voir qu'on ne possède que des notions trèsfaibles sur celle des Coléoptères exotiques, même de ceux connus le plus anciennement, et qu'on reçoit journellement dans les envois qui ont lieu. Cela n'a rien qui doive surprendre; l'enlomologie n'est, le plus sou-

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vent, qu'un but secondaire pour les naturalistes envoyés par les divers gouvernemens dans les pays étrangers, et quelques-uns même s'occupent à peine de cette science. Quant aux collecteurs dont il existe un assez grand nombre, au Brésil surtout, ils sont, en général, dépourvus des connaissances les plus élémentaires en entomologie et n'en font qu'un objet de spéculation. Très-souvent ils se contentent d'envoyer chasser des nègres, et c'est ainsi que sont faites la plupart des collections qui viennent du Brésil en Europe.

Ayant recueilli moi-même tout ce que j'ai rapporté, et observé une quantité souvent très-considérable d'invidus de la même espèce, je n'avancerai dans ce Mémoire rien dont je ne sois parfaitement sûr. Mes observations pourront paraître superficielles ou porter sur des détails futiles d'habitudes; mais tous ceux qui ont beaucoup colligé savent combien des différences légères en apparence dans la nourriture, l'attitude au repos, la rapidité plus ou moins grande de la marche et du vol, l'odeur, etc., suffisent souvent pour indiquer, même avant l'examen, des modifications importantes dans l'organisation. Il eût été plus utile sans doute de donner des détails sur les larves; mais on sait combien l'étude de celles des Coléoptères est difficile pour un observateur sédentaire; elle est presque impraticable pour un voyageur. La moindre difficulté consiste en ce que les larves, dans les pays chauds, s'enfonent beaucoup plus profondément que dans nos climats tempérés, pour éviter la trop grande chaleur, et se dérobent souvent aux recherches les plus assidues.

Je commencerai par donner une idée générale des

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pays dont j'ai parlé plus haut, pour ce qui concerne la nature du sol, le climat, les saisons, et la marche que suivent les insectes dans leur apparition. La végétation des parties intertropicales du Brésil différant beaucoup de celle de Montevideo et Buénos-Ayres, et toutes deux n'ayant que peu de rapport avec celle du Tucuman et du Chili, il eût été utile de les décrire à grands traits; mais entièrement étranger à la botanique, je suis obligé de réclamer, pour cette lacune, l'indulgence du lecteur. Je dirai ensuite ce que je sais sur chaque famille, chaque genre, et même sur chaque espèce, en suivant la classification ordinaire, telle qu'elle est établie dans les ouvrages les plus récens. Il eût peut-être été plus philosophique d'établir des divisions basées sur la manière de vivre, sans avoir égard à la méthode usuelle; mais j'ai pensé qu'il valait mieux parler d'abord de l'espèce qui fait le sujet de l'observation, avant d'en venir à ses habitudes, que le but de ce Mémoire est de faire connaître.

Je ne me suis, au reste, décidé à publier cet essai que par suite des encouragemens que M. Latreille et M. le comte Dejean ont bien voulu me donner. Ce dernier a eu non-seulement la bonté de vérifier et de nommer tous les insectes que j'ai rapportés, mais encore son immense collection et sa bibliothèque ont été à ma disposition toutes les fois que j'en ai eu besoin. Je les prie tous deux d'agréer l'expression de ma reconnaissance. Je dois aussi des remercîmens à M. Bois-Duval, qui m'a donné plusieurs renseignemens avec la plus grande obligeance.

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M. Latreille, dans son Introduction à la géographie générale des Arachnides et des Insectes, après avoir, par des raisons décisives, démontré le vice des divisions de climat établies par Fabricius pour expliquer la répartition des insectes sur le globe, en a proposé de nouvelles basées sur la latitude et la longitude de lieux, et il a désigné ces divers climats sous le nom de polaire, sous-polaire supérieur, intermédiaire, sur-tropical, tropical et équatorial. Ce savant entomologiste a considéré la chaleur comme cause première des différences qui existent entre les diverses familles des Insectes, et n'a accordé qu'une importance secondaire à la nature du sol, tout en reconnaissant qu'elle influait puissamment sur les espèces. S'il m'est permis de dire mon opinion après ce grand maître, il me semble que, dans cette question, la chaleur ne peut jouer le premier rôle. Vainement donnerez-vous la température moyenne d'une contrée, on ne pourra deviner quelle famille d'insectes doit s'y trouver en plus grande abondance, si vous n'y ajoutez pas la nature du sol; tandis qu'en donnant celui-ci seul, sans faire mention de la température, on serait beaucoup moins sujet à se tromper. Ainsi, le climat tropical et équatorial se rencontre également en Afrique et en Amérique; mais dans la première, où le sol est sablonneux et aride, les Mélasomes dominent; tandis que dans la seconde, couverte dans sa partie orientale de forêts immenses qui entretiennent une humidité perpétuelle, ce sont les insectes phytophages. Transportez-vous au Chili et au Pérou, vous retrouvez le sol de l'Afrique et des Mélasomes. Il me serait facile de multiplier les exemples, mais celui-ci suffira.

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Je crois done que, pour faire une bonne géographie des insectes quand le moment en sera venu, il faudra tenir compte, avant tout, de la nature du sol des différentes contrées du globe, et donner ensuite leur température moyenne; cela ne conduira pas à la connaissance des différences spécifiques, puisqu'on sait que, dans deux pays pareils en latitude, température et nature du sol, les insectes diffèrent complètement quand la différence en longitude est considérable; mais du moins on saura, au premier coup-d'œil, quelles sont les familles qui dominent.

En considérant, sous le double rapport ci-dessus, l'Amérique du sud, on voit de suite qu'elle doit être le continent le plus riche en espèces. Elle renferme effectivement à elle seule tous les climats connus de la terre, et présente tous les accidens de terrain qui peuvent influer sur l'organisation des êtres. Les parties de son sol comprises entre les tropiques offrent deux aspects entièrement différens. L'une à l'est, et dans quelques parties du nord et de l'ouest, celui d'une végétation vigoureuse qu'on ne retrouve que dans les régions les plus orientales de l'Ancien-Monde; l'autre, à l'ouest, rappelle les déserts inhabitables de l'Afrique, et dans quelques endroits nos pays tempérés, là où la chaîne immense des Andes ne permet plus à la chaleur d'exercer la même influence. Hors des tropiques, au sud, on retrouve les divers climats de l'Espagne, l'Italie, la France, et enfin celui de la Suède et de la Norwége, dans les terres magellaniques, qui malheureusement n'ont pas encore été explorées.

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Je vais maintenant examiner tour-à-tour ces diverses régions, et tâcher de leur assigner leurs limites.

Région intertropicale couverte de forêts et humide.— Cette première région, la plus vaste et la plus importante des trois, présente une forme assez irrégulière qui se rapproche de celle d'un immense croissant. Sa limite la plus sud est à la jonction du Parana avec le Rio Paraguay, par les 27° de latitude sud, en tirant une ligne droite sur l'océan Atlantique. Elle embrasse le Paraguay, le Brésil, la Guyane, la Colombie, et vient finir à Guayaquil. De ce dernier point il faut tirer une ligne courbe qui, coupant le fleuve des Amazones à quelque distance de sa source, viendrait, en longeant la province de Matto Grosso et le Rio-Paraguay, rejoindre à Corrientes le point de jonction dont j'ai parlé plus haut.

Quoique j'aie rangé cet immense territoire dans la région boisée et humide, je ne puis nier que, dans quelques parties, il ne présente des exceptions et ne ressemble au suivant. C'est ainsi que, dans les provinces de Pernambuco, Ceara et Para au Brésil, il existe des déserts sablonneux presque entièrement dépourvus d'arbres (1); que dans la Colombie, les Llanos si bien décrits par M. de Humboldt (2), n'occupent un espace considérable, n'offrant que de l'herbe et quelques Palmiers pour toute végétation; et enfin que dans les Andes de Bogota, Pasto et Popayan, on ne retrouve la température de nos climats (3). Mais ces exceptions ne changent rien

(1) Voyez Koster, Voyage au Brésil.

(2) Tableaux de la Nature dans les régions équinoxiales, et Voyages.

(3) Humboldt, Ut suprà. — Mollien, Voyages en Colombie, etc.

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à la physionomie générale du pays. Partout dans cette, région, sauf sur les plateaux élevés des Andes, elle est caractérisée par la présence des Palmiers, des bananiers et autres végétaux qui croissent exclusivement sous les tropiques, et qu'on ne retrouve plus à quelque distance de leurs limites. A part les exceptions que je viens de mentionner, tout le reste est couvert de forêts immenses, arrosé de rivières innombrables, et soumis à une température à peu près égale, qui ne varie que d'après quelques circonstances locales particulières. Il existe de nombreuses descriptions de ces forêts sans bornes, et il suffit de lire les ouvrages de M. de Humboldt pour se faire une idée de la puissance de la nature dans ces climats brûlans. Je me contenterai d'y renvoyer le lecteur, et je décrirai seulement, ainsi que je l'ai promis plus haut, la marche des saisons telle que je l'ai observée à Rio-Janeiro, et l'influence qu'elle exerce sur l'apparition des insectes.

Tout le monde sait qu'au Brésil, situé dans l'hémisphère austral, les saisons sont opposées aux nôtres, et que sous les tropiques il n'y a, à proprement parler, que deux saisons, la sèche et la pluvieuse. La première a lieu quand le soleil est dans l'hémisphère nord, et la seconde quand il repasse dans l'hémisphère sud. Pendant la saison sèche, depuis le milieu d'avril jusqu'au milieu de septembre, le ciel est toujours pur, et le thermomètre se soutient habituellement, à Rio-Janeiro, de 16 à 20 degrés. La brise de mer rafraîchit l'atmosphère tous les soirs, et l'on jouit pendant la nuit d'une température délicieuse. Pendant la saison pluvieuse, celle-ci se maintient dans la ville de 24 à 3o degrés. La brise de mer souffle comme de coutume, mais elle tombe peu de

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temps après que le soleil est couché; de sorte que, pendant la nuit, il règne une chaleur étouffante plus insupportable que celle du jour, et qui empêche souvent de goûter aucun repos. La pluie qui tombe fréquemment par torrens, et quelquefois pendant plusieurs jours de suite, loin de rafraîchir l'atmosphère, ne rend la chaleur que plus pénible et plus accablante.

Rio-Janeiro doit cette élévation de température à sa situation dans un bassin entouré de montagnes de toutes parts. La ville est dominée au sud et à l'est par l'extrémité d'une chaîne qui prend naissance dans la province de Saint-Paul, et vient se terminer brusquement sur les bords de la baie. Il en résulte une réverbération continuelle des rayons du. soleil, et un empêchement à ce que la brise, de mer pénètre directement dans la ville. Dans les îles de la baie où elle souffle sans obstacle, la chaleur n'est pas moins forte à cause de la nature sablonneuse du sol, qui, sans cesse échauffé par le soleil, conserve en tout temps une température très-élevée.

Dans l'intérieur, le thermomètre est toujours de quelques degrés plus bas que dans la ville. Il s'y maintient, par exemple, à 24o, lorsque dans cette dernière il est à 28. Tout le pays étant entrecoupé de montagnes et de vallées, il doit y avoir nécessairement des différences considérables dans l'intensité de la chaleur. En général, les vallées ouvertes au sud et au nord sont moins chaudes que celles qui courent de l'est à l'ouest. Les premières, en effet, peuvent recevoir le vent du sud qui les rafraîchit, tandis que les secondes sont sans cesse exposées à un courant d'air qui, parcourant une ligne parallèle au tropique, est également brûlant de quelque côté qu'il souffle.

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J'ai remarqué, au reste, que dans ces contrées perpétuellement soumises à une température élevée, des causes légères ont une plus grande influence que dans nos climats. J'ai vu fréquemment le thermomètre placé à l'ombre baisser subitement de 2 degrés, par le passage d'un nuage qui interceptait un instant les rayons du soleil, et reprendre ensuite sa première hauteur quand le nuage était passé.

On croirait, au premier coup-d'œil, que dans un pays où le thermomètre ne descend jamais au-dessous de 16°, et où la végétation ne fait que perdre une partie de son éclat sans être suspendue entièrement comme en Europe, on doit trouver une quantité à peu près égale d'insectes pendant toute l'année; mais il s'en faut de beaucoup que cela soit ainsi: les saisons sont, sous ce rapport, presque aussi tranchées qu'en Europe. Le printemps et l'automne, ou mieux, le commencement et la fin de la saison pluvieuse, sont les plus riches en espèces de tous les ordres.

Pendant les mois de mai, juin, juillet et août, les insectes disparaissent presque tous. Je ne puis expliquer cela ni par l'ordre des générations, ni par l'abaissement de la température, puisqu'elle égale celle qui suffit en Europe pour faire éclore toutes les espèces. La sécheresse m'en paraît être la raison première, et ensuite l'état de la végétation, qui, par la même cause, prend cette teinte rembrunie dont j'ai parlé plus haut. Il doits'opérer, dans les parties nutritives de ces végétaux à feuilles en général persistantes et coriaces, un changement qui les rend impropres à la nourriture des insectes. Je ne puis dissimuler cependant que, si cette raison est bonne pour

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les Coléoptères dans l'état parfait, elle ne peut s'appliquer aux larves des Lépidoptères, qui paraissent pour la plupart à cette époque. On rencontre alors celles de la plus grande partie des espèces du pays, tandis que, pendant la saison pluvieuse, on n'en trouve que quelques-unes qui vivent en société comme nos chenilles processionnaires.

Pour les Coléoptères, la diminution la plus sensible a lieu parmi les espèces Phytophages, et l'on n'en voit plus qu'un petit nombre qui appartiennent presque tous aux genres Altica, Cas sida, Chrysomela, Eumolpus, etc. Les Carabiques et les autres genres qui vivent sous les écorces décomposées, tels que les Passalus, les Tenebrio, etc., sont seuls assez communs. Ce n'est pas alors sur les plantes, mais sous les pierres, dans la terre, au pied des arbres et dans leur intérieur, qu'il faut diriger ses recherches; on trouve par ce moyen des espèces qu'on ne rencontre plus dans d'autres saisons.

Vers le milieu de septembre, les premières ondées commencent à tomber, et toute la nature paraît sortir de son repos momentané. La végétation reprend une teinte plus vive, et la plupart des plantes renouvellent leurs feuilles. Les insectes commencent à reparaître, et entre autres les Cicindela, les Carabiques qui vivent sur les feuilles, tels que les Agra, et quelques espèces des autres familles, surtout des Coprophages, des Scarabéides et des Longicornes. Celles qui passent l'hiver augmentent considérablement, ainsi que les Lépidoptères.

En octobre, les pluies deviennent un peu plus fréquentes, et avec elles les insectes; mais ce n'est guère que vers le milieu de novembre, lorsque la saison plu-

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vieuse se prononce définitivement, que toutes les familles paraissent, pour ainsi dire, se développer soudain, et cette impulsion générale, que la nature entière semble recevoir, va toujours en augmentant jusqu'au milieu de janvier, qu'elle atteint son plus haut terme. Les forêts présentent alors un aspect de mouvement et de vie dont nos bois d'Europe ne peuvent donner aucune idée. Pendant une partie du jour, on n'entend qu'un bruissement immense et sans interruption, où dominent les cris assourdissans des cigales. On ne peut faire un pas, toucher une feuille, sans faire partir des insectes, surtout le matin avant que le soleil n'ait fait évaporer la rosée de la nuit. C'est le moment le plus favorable pour chasser; à onze heures la chaleur est déjà insupportable et toute la nature animée paraît plongée dans l'engourdissement. Le bruit, diminue, et les insectes, comme les autres animaux, se cachent pour trouver un peu de fraîcheur; ils ne reparaissent que le soir, lorsque la nuit vient rafraîchir l'atmosphère, et alors aux espèces du matin en succèdent d'autres qui paraissent chargées d'embellir les nuits de la zone torride. Je veux parler des Lampyris et des Elater lumineux qu'on rencontre rarement le jour, et qui ne se montrent que lorsque le soleil est sous l'horizon; tandis que les premiers, sortis par myriades de leurs retraites, se répandent sur les plantes et les broussailles qu'ils couvrent souvent de leur multitude, les seconds se croisent en tous sens dans les airs, en tracant des sillons lumineux, dont ils diminuent ou augmentent l'éclat à volonté. Cette brillante illumination ne cesse que lorsque la nuit fait place au jour.

Il est inutile d'entrer dans aucun détail sur les espèces

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qu'on trouve à cette époque. C'est le moment où commencent à se montrer les grosses espèces de Scarabés, de Goliaths et de Curculionites, qui sont encore plus communes dans l'arrière-saison que dans celle-ci.

Les mois de décembre, janvier et février sont les plus pluvieux. L'atmosphère est presque toujours saturéed'humidité, et d'épaisses vapeurs s'élèvent lentement du sein des forêts et s'arrêtent sur leurs cimes, jusqu'à ce qu'elles se résolvent en pluies, qui durent quelquefois plusieurs jours de suite. C'est alors que tombent ces masses d'eau qui, dans peu d'heures, changent en torrens les rivières les plus paisibles, et qui ne permettent pas d'établir de ponts permanens sur la plupart d'entre elles. Il n'est personne qui n'ait lu, dans les ouvrages de M. de Humboldt, le tableau des inondations qui ont lieu à la même époque dans les immenses plaines de l'Orénoque et du fleuve des Amazones. Au Brésil, la nature montueuse du sol ne permet pas ces inondations, et les pluies égalent rarement en violence celles des régions plus équatoriales. Ordinairement la matinée est brûlante, et dans l'après-midi un orage monte sur l'horizon et se termine avant la nuit, après avoir couvert la terre d'eau. Telle est, d'ailleurs, la promptitude de l'évaporation, que le sol se sèche en peu d'heures. Si, comme cela arrive quelquefois, il se passe dix à douze jours sans pleuvoir, on voit les insectes disparaître, pour ainsi dire, complètement, et reparaître ensuite quand de nouvelles pluies ramènent l'humidité qui leur est nécessaire. La même chose a lieu en Europe pendant la canicule.

A la fin de février, les orages deviennent moins fréquens et plus rares encore en mars. C'est le moment où

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se trouvent, en plus grande quantité, les grosses espèces de Coléoptères dont j'ai parlé plus haut.

En avril, le nombre des espèces et des individus commence à diminuer sensiblement. Les pluies ne tombent plus qu'à de longs intervalles et cessent tout-à fait avant la fin de ce mois. En mai, on ne voit plus qu'un petit nombre de Coléoptères, et bientôt il ne reste plus que ceux qui passent l'hiver.

J'indiquerai plus loin, en parlant des familles et des espèces, l'habitude de chacune d'elles; je dirai seulement ici que ce n'est pas dans l'épaisseur même des forêts vierges que les insectes se trouvent en plus grande abondance. L'accumulation prodigieuse des plantes sur le sol, et les innombrables arbres de toute forme et de toute hauteur, qui imitent plusieurs forêts superposées les unes sur les autres, y concentrent l'humidité et entretiennent une ombre perpétuelle qui éloigne ces animaux. Ils fréquentent de préférence les endroits découverts tels que les bords des chemins et les plantations, où ils trouvent à volonté de l'ombrage et du soleil. Ces dernières, créées au moyen du feu qu'on met aux arbres après les avoir abattus, sont remplies de troncs à demi consumés, et plus ou moins décomposés, suivant la qualité du bois. Quand leur écorce est restée intacte et qu'elle a été simplement séparée de l'arbre par le feu, elle sert de refuge à une foule d'Hélopiens, de Longicornes, etc.; lorsqu'au contraire elle est décomposée, elle fourmille de Brachélytres du genre Zirophorus, d'Hisler, de Passalus, de Brentus, etc., et d'autres espèces analogues. A l'extérieur, des insectes de tous les genres viennent s'y reposer, tandis que l'intérieur est

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fouillé en tous sens par des Scarabœus, des Tenebrio, et la plupart des espèces de Carabiques.

La chasse d'ailleurs n'est guère praticable que dans ces endroits. Les forêts présentent des obstacles que ne peut vaincre la plupart du temps l'entomologiste le plus déterminé. Il est souvent impossible d'y distinguer un homme à quelques pas de distance, et ce n'est que le couteau de chasse à la main qu'on peut s'y frayer un passage. Je ne parle pas des reptiles et des mosquites qui habitent de préférence les endroits ombragés. Il faut avant tout ne craindre ni les uns ni les autres.

Je passe maintenant à la région suivante, qui présente un aspect bien différent.

Région intertropicale, en partie dépourvue de forêts et aride. — Elle est moins étendue que la précédente et la moins connue des trois, sous le rapport de l'entomologie comme sous tous les autres. Elle se compose d'abord de la partie de côtes comprise entre les Andes et l'océan Pacifique, depuis Guayaquil jusque par les 30 degrés de latitude sud; ensuite des Andes elles-mêmes sur la même étendue, et à l'est de celles-ci des pays situés au nord d'une ligne tirée des Andes à Corrientes, par les 27° de latitude. Elle renferme par conséquent le Pérou proprement dit, le Haut-Pérou ou Bolivia, les deux dernières provinces nord (Copiapo et Coquimbo) du Chili, et quelques-unes de celles de la république de Buénos-Ayres.

L'Afrique ne renferme pas de déserts plus affreux et plus inhospitaliers que n'en présente, dans une grande portion de son étendue, la première partie de cette région, comprise entre les Andes et la mer du Sud. Dans

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les pays qui en occupent le milieu, il ne pleut jamais à aucune époque de l'année, et les nuages ne font que passer dessus pour gagner les Andes où ils éclatent en orages, et vont alimenter les sources des petites rivières, ou plutôt des torrens, sans lesquels toute cette contrée serait absolument inhabitable. La sécheresse de l'air y est telle dans quelques endroits, qu'une feuille de papier exposée pendant la nuit en plein air sur le sol, ne contracte aucune, humidité, et qu'on la retrouve le matin aussi sèche que la veille (1).

Les vallées où coulent les ruisseaux dont je viens, de parler sont seules habitées: quelques-unes sont assez étendues et fertiles, telles que celles de Coquimbo, Aréquipa, Cuzco, etc.; mais d'autres, parmi lesquelles je citerai celles de Copiapo, Cobija, Arica, Islay, ne possèdent qu'un mince filet d'eau, sur le bord duquel croît un peu de verdure, et qui suffit à peine aux besoins des malheureux habilans. Il n'est pas rare de les voir venir à bord des navires qui touchent le long de cette côte, demander un verre d'eau de préférence à toute autre liqueur. Les intervalles entre ces vallées sont occupés par des montagnes arides ou des monticules de sable qui changent sans cesse de forme et trompent le voyageur sur sa route. Le seul moyen qu'il ait souvent de la reconnaître, est de se guider sur les cadavres des séchés des chevaux et des mules dont le sol est jonché en quelques endroits. Pendant une étendue de près de cinq cents lieues, la côte offre partout le même aspect de déso-

(1) Stevenson, Travels in South America. — Basil Hall, Extracts from a Journal written on the coasts of Chile, Peru and Mexico, etc.

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lation. Pour ne pas entrer dans des détails déjà connus, je renvoie le lecteur au voyage déjà cité du capitaine Hall, où elle est très-bien décrite.

Lorsqu'on s'éloigne des bords de la mer et qu'on se rapproche des Andes, le pays est un peu moins aride, surtout au Pérou, où les rivières sont un peu plus nombreuses. On y trouve de belles vallées où l'on cultive la canne à sucre, le café, et d'autres végétaux des tropiques.

Dans les Andes qui forment la seconde partie de cette région, on rencontre nécessairement toutes les températures et tous les climats à mesure qu'on s'élève vers leurs sommets. Il n'entre pas dans le plan de ce Mémoire de présenter aucun détail là-dessus. Il suffira de dire que, quoique leurs plateaux élevés présentent la température de l'Europe, et qu'on y cultive la plupart de ses productions, elles conservent toujours, dans la majeure partie de leur étendue, le même aspect d'aridité que la côte, et que les mêmes familles d'insectes doivent y dominer.

Ceci s'applique particulièrement au Haut-Pérou, dont elles couvrent toute la surface, et dont la population est dispersée dans les vallées qui séparent leurs chaînes. Leur température est aussi variée que leur degré d'éléyation. Dans les plus basses, telle que celle où est située la ville de la Paz, il règne un printemps éternel, assez chaud cependant pour permettre aux plantes des tropiques d'y prospérer. On les y cultive toutes, et principalement le café, qui est d'une qualité supérieure. Dans d'autres, telles que celles de Cochabamba et Chu-

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quisaca, les céréales forment la principale richesse des habitans, avec les pâturages.

Le reste de cette région, depuis les Andes jusqu'au Rio Paraguay, présente un aspect particulier. La partie voisine des premières est entrecoupée de plusieurs chaînes de montagnes qui leur sont parallèles, et dont quelques-unes vont se réunir à elles dans le Haut-Pérou, tandis que d'autres, qui étendent leurs rameaux jusque dans la province de Cordoba, au centre du Tucuman, appartiennent, au dire de plusieurs voyageurs, à la grande chaîne de montagnes que les Andes envoient à l'est dans la province de Matto Grosso au Brésil. Plusieurs rivières prennent leurs sources dans ces montagnes, telles que le Rio-Vermejo, le Pilcomayo, et portent leurs eaux au Rio-Paraguay.

Une partie de cet immense territoire, à partir des Andes sur une largeur qui varie de quatre-vingts à cent cinquante lieues, est occupée par une suite de plateaux arides, presque sans habitans, et qui rendent très-pénibles les communications d'une population à une autre. Ces déserts, où l'eau est très-rare et ne se rencontre qu'à de grandes distances, se nomment la Travesia dans le pays. Le sol en est sablonneux, couvert de cailloux, fortement imprégné de matières salines, et ne produit que des Mimosas, d'autres arbrisseaux, la plupart résineux, et des Cactus, dont les espèces varient à l'infini, et sont probablement inconnues en majeure partie. Les plantes alcalines y abondent et fournissent une sorte d'industrie aux habitans qui les brûlent pour en extraire de la soude grossière qu'ils exportent dans les provinces voisines, avec de la potasse qu'ils obtiennent de quel-

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ques-uns des arbrisseaux dont j'ai parlé plus haut. Dans sa partie nord, l'intérieur de ce désert ne renferme aucune ville qui mérite ce nom, et n'en contient que deux dans sa partie sud, la Rioja et Catamarca; la première bâtie sur les bords de la petite rivière d'Anqualasta, qui se perd à quelque distance de là dans des lagunes salines, et la seconde sur un ruisseau qui suffit à peine au besoin de sa population. Les provinces voisines, quoique mieux arrosées, offrent également des plateaux étendus où le sol est de même nature. Le reste consiste en Llanos, où l'on élève de nombreux troupeaux de mules dont il se fait un grand commerce.

Les pays à l'est de ceux-ci, jusqu'au Rio Paraguay, désignés sous le nom de el gran Chaco, sont encore occupés par les Indiens comme au temps de la conquête, et ne sont connus que par les relations des anciens missionnaires, qui y avaient fondé quelques petits villages aujourd'hui abandonnés (1); d'après leurs récits, la végétation a le plus grand rapport avec celle du Paraguay, qui lui sert de limite.

Il est presque inutile de faire remarquer la ressemblance de cette région avec les parties de l'Afrique dont l'entomologie est la plus connue. Les déserts du Pérou et du Chili répondent parfaitement à ceux du Zahara,

(1) En 1826, un habitant de Salta, d'un caractère entreprenant, et dont j'ai oublié le nom, organisa une expédition pour reconnaître par eau le Rio Vermejo, et le descendit jusqu'au Rio Paraguay, dans lequel il se jette, après n'avoir perdu qu'un seul homme, tué par les Indiens; mais, arrivé au but de son voyage, il fut arrêté avec ses compagnons par ordre du dictateur Francia, et tous sont encore prisonniers au Paraguay au moment où j'écris.

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et la Travesia aux forêts de Mimosas, où les Maures vont récolter la gomme qu'ils vendent aux Européens. La chaleur n'y est guère moins forte; et, pour compléter la ressemblance, on y éprouve quelquefois, pendant l'été, un vent brûlant du nord, dont les effets sont pareils à ceux du Simôun des déserts de l'Afrique. Quand ce vent souffle à la Rioja, San-Juan, et quelquefois, mais rarement, à Mendoza, les affaires sont suspendues, les rues désertes, et les habitans ne quittent leurs maisons que lorsque l'ouragan a passé. Il est presque toujours chargé d'une poussière très-fine, dont il couvre tous les objets qui y sont exposés.

Sous le rapport de l'entomologie, la similitude n'est pas moins frappante. Les Mélasomes dominent dans cette région, et le peu d'insectes qu'on en connaît appartiennent en majeure partie à cette famille. Seulement, ainsi que cela doit être, ils diffèrent tous spécifiquement de ceux de l'ancien continent. Les genres mêmes, à un très-petit nombre d'exceptions près, sont tout-à-fait distincts. Les autres insectes ont, pour le faciès, lo plus grand rapport avec ceux du Brésil, tout en en différant spécifiquement. Je ne connais, en effet, aucune espèce qui se trouve à la fois dans ce dernier pays et dans le Tucuman.

N'ayant parcouru que la limite de cette région et n'ayant pas observé par moi-même la marche que suivent les saisons, je m'abstiendrai de parler de celles-ci. Située, d'ailleurs, sous la même latitude que la précédente, elle a nécessairement, sous ce rapport, la plus grande ressemblance avec elle.

Région tempérée. — Moins vaste que la première,

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elle égale en étendue la précédente, et renferme tout le reste du continent de l'Amérique méridionale. Elle comprend, en conséquence, le Chili et les Andes depuis le 30e degré de lat. S., les provinces de la république de la Plata et du Brésil méridional depuis le 27e degré, et au sud les pays désignés sous le nom de Terres Magellaniques.

Ainsi que je l'ai dit en commençant, cette dernière région réunît les divers climats de l'Europe. La partie nord jouit d'une température pareille à celle de l'Espagne, de l'Italie méridionale, et même de la côte de Barbarie dans quelques endroits. Dans celle du milieu, on retrouve le climat de la France; et, plus au sud, celui du nord de l'Europe. J'ai vu, à la fin de décembre, et par conséquent au milieu de l'été du pays, des montagnes peu élevées de la Terre de Feu, presque entièrement couvertes de neige, quoiqu'elles ne fussent situées que par le 56e degré de lat. S.

Sous le rapport du sol, cette région ne diffère pas moins. Dans sa partie nord, elle se rapproche beaucoup de la région précédente. Au Chili, depuis Coquimbo jusqu'à quelque distance de Valparaiso, la côte n'est guère moins aride que dans sa partie plus septentrionale; mais on n'y trouve déjà plus de ces espaces considérables couverts de sables mouvans, et, à chaque pas que l'on fait au sud, la végétation devient plus riche et plus vigoureuse. A Concepcion, Valdivia et Chiloe, on trouve de vastes forêts, de nombreuses rivières, et un sol entrecoupé de montagnes et de vallées pittoresques qui, sous le rapport de la fertilité, ne le cèdent en rien aux contrées les plus favorisées de la nature; une chaleur

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et un froid modérés, qui se succèdent régulièrement, comme dans nos pays les plus tempérés, permettent à toutes les productions de l'Europe d'y croître en abondance, et nul point du globe ne serait peut-être plus favorable pour l'établissement d'une colonie.

Dans la province de Santiago et celles adjacentes qui tiennent le milieu entre la partie aride du nord et celle boisée dont je viens de parler, le sol est montueux et ne présente une végétation assez vigoureuse que dans les vallées et les gorges des montagnes. Ces dernières sont généralement pelées ou couvertes de rares graminées qui disparaissent peu de temps après les pluies. Cellesci commencent en mai, c'est-à-dire qu'elles tombent sept à huit fois, terme moyen, pendant ce mois. Le pays prend alors un aspect riant produit par la verdure qui se montre dans toute la campagne, et qui se développe avec une rapidité surprenante pendant les mois de juin, juillet et août, où il pleut assez fréquemment. En septembre, les pluies ne tombent plus qu'à de longs intervalles, et elles cessent tout-á-fait en novembre. Les plantes se fanent alors de toutes parts, les arbres prennent une teinte sombre, et, depuis décembre jusqu'en mai, époque pendant laquelle il ne tombe pas une seule goutte de pluie, le pays ne présente qu'une surface brûlée qui ne s'accorde guère avec les descriptions brillantes qu'en ont faites Molina et quelques autres voyageurs. Quelques arbres seuls, à feuilles persistantes, conservent leur verdure en tout temps; mais la sécheresse du sol est telle, que leur ombre ne suffit pas pour conserver à leurs pieds une humidité suffisante pour la vie des plantes; aussi, dans

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les forêts, la terre en est-elle presque entièrement dépourvue. Les bestiaux ne pouvant plus, à cette époque, subsister dans les pâturages, se nourrissent d'une espèce de chardon qui a été transporté à dessein d'Europe et naturalisé dans le pays. Quand cette ressource vient à leur manquer, ils errent de tous côtés, cherchant dans les gorges des collines quelques plantes qui aient échappé à la sécheresse générale, et le plus souvent ils sont réduits à vivre des feuilles à demi desséchées des broussailles.

Pendant l'été, le thermomètre se soutient habituellement, à Santiago, de 20 à 24 degrés dans le milieu du jour; mais la chaleur ne se prolonge pas pendant la nuit, comme au Brésil; celles-ci sont, au contraire, semblables à nos belles nuits d'été des mois de juillet et d'août, et leur fraîcheur se fait sentir pendant les premières heures de la matinée. Le voisinage des Andes refroidit sans cesse l'atmosphère, et le Chili ne doit la température élevée dont il jouit qu'à la nature volcanique de son sol. En hiver, le thermomètre s'élève rarement au-dessus de 16 degrés et ne tombe jamais audessous de zéro.

Les insectes se montrent au Chili à la même époque qu'au Brésil, c'est-à-dire, en septembre; mais les pluies n'allant pas toujours en augmentant, comme dans ce dernier pays, ils disparaissent peu de temps après, et, depuis la fin de décembre jusqu'en avril, on n'en trouve presque pas. En mai, ils reparaissent avec les pluies, mais en moins grande quantité qu'au printemps, et, pendant l'hiver, il ne reste que des Carabiques et des Mélasomes qui se réfugient sous les pierres.

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Dans les Andes, les neiges commencent en mai, lorsque les premières pluies tombent le long de la côte. Leurs sommets, qui ne sont jamais délivrés des neiges de l'année précédente, se couvrent alors d'une couche nouvelle; mais le passage n'est entièrement intercepté qu'en juin. Il est dangereux de se hasarder à cette époque dans ces hautes montagnes; des orages furieux surprennent le voyageur à l'improviste, et peuvent l'engloutir sous des tourbillons de neige, s'il n'a pas le temps de gagner à la hâte quelqu'une des huttes en pierre (casuchas) qu'on a bâties à dessein à des distances rapprochées pour servir de refuge dans ce pressant danger; et ces orages ne sont pas seuls à craindre: le sol, échauffé pendant l'été par les rayons du soleil, et qui n'a encore perdu qu'une portion dé sa chaleur, fond quelquefois la couche inférieure des neiges nouvelles qui se détachent alors des hauteurs en énormes avalanches, et comblent les vallées. Dans les mois qui suivent, les orages sont moins fréquens; le temps est généralement serein, et la neige ne tombe plus qu'à de longs intervalles. On choisit ce moment pour tenter le passage en se faisant précéder d'une troupe de mules qui ouvrent le chemin; mais il n'est pas rare de voir des voyageurs succomber au froid et à la fatigue. En octobre et novembre, le danger des tempêtes et des avalanches recommence, et ce n'est que dans les premiers jours de décembre qu'il cesse tout-à-fait, et que les communications sont complètement rétablies. La masse énorme de neige qui fond alors gonfle et change souvent en torrens dévastateurs les rivières de la côte qui, pendant l'hiver et l'été, ne sont que de minces filets d'eau. C'est ainsi qu'en 1826 la ville de

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Santiago a souffert des ravages considérables par suite de l'inondation du Mapocho sur les bords duquel elle est bâtie.

En décembre, les vallées des Andes se couvrent de la plus brillante verdure et d'une foule de plantes qui leur sont particulières; mais, de même que sur la côte, quoiqu'un peu moins rapidement, elles ne tardent pas à présenter l'image de l'aridité. Il faut en excepter les plus inférieures qui sont boisées. Dans les autres, on ne rencontre un peu de verdure qu'aux bords des ruisseaux, lorsque toutefois ils n'ont pas, dans leurs inondations, emporté la terre végétale qui existait. La nature y a suppléé par les Cactus dont les Andes sont la véritable patrie, et qui y atteignent une hauteur qu'ils ne présentent nulle part ailleurs. Il n'est pas rare d'en voir qui ont plus de trente pieds de haut.

De l'autre côté des Andes, à l'est, on retrouve la Travesia pendant une étendue de 80 lieues en largeur, et sur une longueur qui n'a pas encore été reconnue. Il paraît cependant qu'elle ne s'étend pas au-delà de 100 lieues au sud de Mendoza, c'est-à-dire, jusqu'au 40c degré de latitude environ. Elle s'élargit un peu au nord, et vient se terminer près de la ville de Cordoba, qui est située sur la limite est. Quoiqu'elle conserve, à peu de chose près, le même aspect que j'ai décrit dans la région précédente, l'industrie des habitans des provinces de San-Juan, Mendoza et San-Luis a su en tirer parti en y amenant de l'eau. Partout, en effet, où ce sol, si aride en apparence, peut être arrosé, il devient d'une fertilité singulière et produit en abondance tous les fruits des pays tempérés. La vigne qu'on y a transportée d'Europe

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y réussit parfaitement bien, et forme la principale richesse des deux premières provinces ci-dessus. Les habitans ont, en outre, créé des prairies artificielles et de nombreuses plantations de peupliers, de sorte que les deux villes de Mendoza et San-Juan forment deux véritables Oasis, au milieu de la contrée aride qui les environne. Partout où il y a de l'eau, on pourra ainsi changer l'aspect de la Travesia; mais comme elle en est entièrement privée dans presque toute son étendue, elle est probablement condamnée a une éternelle stérilité.

Hors de ses limites jusqu'à Buénos-Ayres se déroulent les immenses plaines connues sous le nom de Pampas, et dont l'aspect rappelle celui de la mer: comme sur celle-ci, l'il se perd dans un horizon sans bornes et cherche en vain quelque objet qui interrompe la monotonie du tableau; sauf quelques arbres isolés à d'immenses intervalles, une herbe grossière forme toute leur végétation. Les bords des routes qui les traversent sont seules habitées, et le petit nombre de rivières éloignées les unes des autres qui les arrosent, n'ont presque point d'affluens. La seule eau qu'on trouve dans les intervalles qui les séparent provient des pluies qui se rassemblent dans de petites lagunes qui se dessèchent plus ou moins promptement. Certaines d'entre elles cependant, alimentées par quelques rivières qui viennent se perdre dans ces plaines immenses, sont permanentes; mais comme le sol est fortement imprégné de matières salines, l'eau en est toujours saumâtre et à peine potable. Lorsque dans les sécheresses prolongées elles se dessèchent, leur lit reste couvert d'une couche assez épaisse de sel, que les Indiens recueillent et qu'ils échangent avec les habi-

XX. 14

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tans du pays contre les objets dont ils ont besoin (1). La sécheresse se fait sentir plus ou moins toutes les années, et il ne s'en passe aucune sans qu'un assez grand nombre de bestiaux ne périssent de soif.

La géographie des Pampas est encore presque entièrement inconnue, et l'on ne peut qu'être surpris en voyant les détails qui existent sur quelques cartes relativement au cours des rivières et à la configuration des lagunes dont j'ai parlé plus haut. Nul voyageur, depuis le jésuite Falkner, ne s'est hasardé au milieu des Indiens, qui font des incursions perpétuelles jusqu'au cœur des provinces de Buénos-Ayres, et qui n'épargnent personne. Les détails qu'ont donnés quelques voyageurs modernes ne reposent que sur des ouï-dires ou des suppositions hasardées (2). On a en général beaucoup exagéré l'étendue des Pampas: ce mot, dans son acception rigoureuse, ne devrait s'appliquer qu'aux plaines où le terrain n'offre que de légères ondulations et de l'herbe pour toute végétation. Dans le sud de Buénos-Ayres, à cent vingt lieues de distance, on commence à retrouver des arbrisseaux et de petites collines qui vont en augmentant de hauteur à mesure qu'on va plus avant. Elles forment plusieurs chaînes transversales qui finissent probable-

(1) Voyez d'Azzara. — Miers., Travels in Chile and la Plata, etc.

(2) Depuis plusieurs années, un ancien élève de l'Ecole Polytechnique, M. Parchappe, qui a résidé long-temps à Corrientes, est occupé à rassembler les matériaux géographiques qui existent dans le pays; et, dans ce moment, il en parcourt l'intérieur avec M. Dessalines d'Orbigny, naturaliste du gouvernement français. J'ai vu entièrement terminée entre ses mains, à Buénos-Ayres, la carte de la province de Corrientes, remplie de détails nouveaux. Il se propose de publier, sur des feuilles séparées, toutes les provinces de Buénos-Ayres.

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ment par se joindre aux Andes, dont il est préstunable qu'elles ne sont que de faibles rameaux. Au sud du Rio Negro, par les 42e degrés de latitude, le pays est entièrement inconnu, et même entre cette rivière et Buénos-Ayres il existe un espace assez, considérable sur lequel on ne possède que des renseignement très-vagues. Il y a peu d'espoir de connaître la géographie de ces pays, tant qu'on n'aura pas civilisé les Indiens qui en sont entièrement les maîtres.

Les Pampas, quoique situées sous le même parallèle que le Chili, en diffèrent. beaucoup sous le rapport du climat. La sécheresse n'y règne pas invariablement pendant plusieurs mois de l'année, comme dans ce dernier pays, et le froid y est beaucoup plus vif pendant l'hiver. A Buénos-Ayres, le thermomètre descend quelquefois en mai, juin, juillet et août, à 1 ou 2 degrés au-dessous de zéro, et l'on voit alors le matin. la campagne couverte de gelée blanche, qui fond lorsque le soleil est plus élevé sur l'horizon. La surface des eaux stagnantes se recouvre aussi d'une légère couche de glace, qui atteint à peine une ou deux lignes d'épaisseur. La neige y est un phénomène extrêmement rare, qui ne s'est pas présenté depuis un demi-siècle, et on en connaît à peine trois ou quatre exemples depuis la découverte du pays. Les pluies sont fréquentes pendant les mois en question, et rendent l'air froid et humide. La campagne offre le même aspect de nudité que pendant notre hiver. Presque tous les arbres perdent leurs feuilles; mais ils se couvrent d'une nouvelle verdure dès le milieu de septembre, quand commence le printemps. Cette saison est en général sèche, et il arrive souvent qu'il ne tombe

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point de pluie pendant les mois d'octobre, de novembre et même de décembre. Le vent de nord-est, qui règne à cette époque, répand dans la ville une poussière très-incommode, et la chaleur ne tarde pas à brûler toutes les plantes. Le thermomètre se maintient en novembre et décembre de 22 à 25 degrés, et je l'ai même vu, pendant plusieurs jours de suite, à 32; mais ce cas est très-rare.

Les forêts de chardons dont la campagne est couverte, et l'herbe des Pampas, se dessèchent alors au point qu'une légère étincelle peut y communiquer le feu. Un cigarre non éteint, jeté imprudemment lorsque le vent souffle, suffit quelquefois pour allumer un incendie qui consume des lieues entières de pays, et ne s'éteint que faute d'alimens. J'ai vu plus d'une fois, dans les environs de Buénos-Ayres, l'horizon en feu sur une étendue immense, et il n'est personne de ceux qui ont parcouru l'intérieur, qui n'ait été surpris par de pareils incendies. La seule ressource qui existe alors, est de fuir de toute la vitesse de son cheval devant les flammes qui s'avancent avec la rapidité et le bruit d'un ouragan, et si l'on est cerné de toutes parts, de se former à la hâte, en coupant l'herbe, une enceinte sur les bords de laquelle le feu vient s'arrêter. Les Indiens ont fréquemment recours à ces incendies dans leurs incursions, surtout pour protéger leur retraite; et dans la dernière guerre entre Buénos-Ayres et le Brésil, les deux partis ont également fait usage de ce moyen de défense.

Ces grandes chaleurs amènent ordinairement, en janvier, de terribles orages, qui surpassent peut-être en durée et en violence ceux des tropiques. Il n'est pas

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rare d'entendre la foudre rouler avec un fracas épouvantable pendant plusieurs jours de suite, et tomber avec une fréquence inconnue dans nos climats. Toutes les fois que le vent du nord souffle à cette époque, il amène de ces orages qui se renouvellent presque chaque jour pendant tout le temps qu'il règne; ils cessent dès que le vent du sud se fait sentir. Celui-ci, nommé Pampero, parce qu'il vient des Pampas, produit sur l'atmosphère le même effet que le vent de nord-est en France; mais il diffère de ce dernier par la violence avec laquelle il souffle quelquefois, surtout pendant l'hiver. Il occasione alors de terribles tempêtes, qui ne le cèdent qu'à celles des mers de l'Inde. Lorsque l'atmosphère est calme et le ciel pur, mais que l'horizon est couvert dans le sud d'un bandeau rougeâtre que sillonnent les éclairs, tous les navires en rade prennent leurs précautions contre l'ouragan qui se prépare. Celui-ci arrive presque tou-jours avec la rapidité de la foudre en balayant tout devant lui avec une force irrésistible. Il dure quelquefois pendant un ou deux jours; mais le plus souvent, au bout de quelques heures, sa violence paraît épuisée, et fait place à un calme complet; puis, après un intervalle plus ou moins long, il recommence à souffler avec une nouvelle fureur.

Pendant les mois d'automne, c'est-à-dire en mars, avril et la première quinzaine de mai, il règne une température pareille à celle de l'automne du midi de la France. Le ciel est généralement pur, et des pluies bien-faisantes viennent de temps en temps rafraîchir l'atmosphère et rendre la vie à la végétation. C'est la saison la plus agréable de l'année, et celle où commencent les

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travaux de l'agriculture, qui sont suspendus pendant les grandes chaleurs.

Ainsi que je l'ai dit, les Pampas sont caractérisées par l'absence des arbres. Une seule espèce, appelée Ombu, paraît leur être propre et ne forme de forêts nulle part. On en rencontre seulement des individus autour des habitations et d'autres isolés, à d'immenses intervalles dans les plaines, et qui servent de point de reconnaissance aux voyageurs. Le bord seul des rivières offre quelques autres espèces analogues à celles de la Travesia, et qui ne s'éloignent pas de leurs bords. Tous les autres arbres qui existent dans le pays ont été plantés de main d'homme. On a tenté d'introduire à Buénos-Ayres presque tous nos arbres fruitiers, mais la plupart n'y, donnent que des fleurs. Les seuls qui aient réussi sont l'olivier, le figuier, le pêcher et le coignassier, et ils produisent les seuls fruits que consomment les habitans. Une de ces espèces, le pêcher, est plutôt cultivée pour son bois que pour ses fruits. Elle fournit à une partie de la consommation de la ville, et il en existe des plantations considérables dans les propriétés qui l'avoisinent. En un mot, sans la main de l'homme, qui a créé, pour ainsi dire, le peu de verdure qui y existe, les environs de Buénos-Ayres ne présenteraient à l'oeil qu'une plaine monotone n'offrant que de l'herbe pour toute végétation. Il faut en excepter les bords; du Parana, qui sont couverts de bois, dont la largeur n'est pas considérable, mais qui garnissent sans interruption les bords du fleuve, et vont se réunir aux immenses forêts du, Paraguay.

Les insectes, ainsi que tous les autres animaux, semblent fuir le séjour des Pampas; sauf quelques Cara-

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biques, on n'y en trouve presque aucun. La même famille domine à Buénos-Ayres avec les Chrysomélines. Mais, en général, les espèces y sont peu abondantes et peu variées. Leur faciès participe à la fois des brillantes couleurs de celles du Brésil et de la parure plus modeste de celles d'Europe. C'est là, pour ainsi dire, que la température des tropiques cesse d'exercer son influence, et que celle de la zone tempérée se fait sentir. Les bords sablonneux du Rio Negro, récemment explorés par M. d'Orbigny, le premier naturaliste qui les ait visités, paraissent offrir de grandes différences avec Buénos-Ayres, sous le rapport de l'entomologie; les espèces y sont plus nombreuses, plus grandes, et ont un faciès plus brésilien, quoique ce pays soit plus éloigné du Brésil. Mais la nature du sol explique cela facilement. Il est très-sablonneux, et on y trouve des forêts d'une espèce de saule qui entretiennent une humidité suffisante pour la production des insectes. Il jouit aussi d'une température plus élevée que Buénos-Ayres: ceci prouve l'influence du sol dont j'ai parlé en commençant.

Le reste de cette région dont il me reste à parler, et qui s'étend depuis le nord de la Plata jusques par le 27e degré de latitude, offre dans ses productions un aspect bien différent de Buénos-Ayres, et il aurait été peut-être plus convenable de la joindre au Brésil, avec lequel elle a le plus grand rapport; mais la température moins élevée dont elle jouit, et les différences qu'elle présente dans sa végétation, la rapprochent davantage de la région où je l'ai comprise. Elle est couverte, dans sa partie nord, d'immenses forêts encore inexplorées sous le rapport de l'entomologie, sauf du côté de Corrientes et des an-

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cieunes missions des jésuites. Les insectes de ces pays que j'ai vus ont le plus grandrapport avec ceux du Brésil, si ce n'est que le nombre des Carabiques et des Méla-somes y est plus considérable. A Montevideo, les espèces ont plus d'affinité avec celles de Buénos-Ayres: quelques-unes même sont identiques; mais cette province en possède une grande quantité d'autres qu'on ne retrouve plus de l'autre côté de la Plata; ce fleuve forme une barrière que ces espèces n'ont pu franchir. Il est important, en traitant de la géographie des insectes, de tenir compte, indépendamment de la latitude et de la longitude, des obstacles qui s'opposent à leur dissémination sur des pays dont, les conditions paraissent les mêmes pour leur existence: je veux parler des chaînes de montagnes et de fleuves. l'Europe n'offre rien dans ce genre qu'on puisse comparer à ce qui existe en Amérique. Nos montagnes, à l'exception des Pyrénées, forment plutôt des groupes qu'une chaîne continue in-terrompant toute communication entre deux pays voisins, et aucun de nos fleuves ne présente une largeur suffisante pour s'opposer à la marche des insectes; mais en Amérique, où la nature a travaillé sur un plan git. gantesque, les Andes servent de séparation à deux régions presque entièrement différentes sous tous les rapports, et l'Orénoque, la rivière des Amazones et la Plata forment des espèces de mers dont chaque rive présente des différences spécifiques sensibles avec l'autre, tout en conservant une physionomie pareille.

Pour offrir d'un coup d'oeil au lecteur la proportion dans laquelle se trouvent les espèces de chaque famille, je joins à ces généralités un tableau présentant le nom-

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bre de celles que j'ai recueillies au Brésil, et depuis Buénos-Ayres jusqu'au Chili inclusivement, en suivant, pour la division des familles, celle adoptée par M. le comte Dejean dans son catalogue. Cela vaudra mieux que toutes les réflexions que je pourrais faire à ce sujet. J'indiquerai avec soin, dans les observations, l' habitat de chaque espèce que j'aurai occasion de citer

Brésil. Buénos-Ayres.
Tucuman et Chili.
PENTAMÉRES. Carabiques. 41 94
Hydrocanthares. 3 1
Brachélytres. 18 6
Sternoxes. 103 18
Malacodermes. 88 18
Térédyles. 14 2
Nécrophages. 19 7
Clavicornes. 10 7
Palpicornes. 7 2
Lamellicornes. 164 37
HÉTÉROMÈRES. 143 84
TÉTEAMÈRES. Curculionites. 311 47
Xylophages. 33 10
Longicornes. 224 21
Chrysomelines. 332 55
TRIMÈRES. 21 7
1531 416
416
Total. 1947

OBSERVATIONS.

Nota. Je ne cite jamais, dans les observations suivantes, que les espèces que j'ai recueillies moi-même; et toutes les fois qu'après les noms d'une ou plusieurs d'entre elles je mets N. Sp., Nova Species, cela veut dire seulement qu'à l'époque où je les ai rapportées, elles n'existaient pas dans la collection de M. le comte Dejean, et n'étaient décrites dans aucun auteur.

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CARABIQUES.

Des dix genres dont se compose, dans l'état actuel de la science, la première tribu de cette famille, les Cicindelètes, l'Amérique n'en possède que six, dont quelques-uns présentent, dans leurs habitudes, des différences sensibles avec les Cicindela d'Europe: celles-ci ont toutes une manière analogue de vivre. On les trouve, soit sur le bord des eaux, soit dans les forêts, mais toujours à terre, et jamais sur les feuilles des arbres; mais en Amérique, les deux premiers genres qui suivent et quelques espèces du troisième ont seuls des moeurs semblables; les autres présentent quelques différences sous ce rapport.

Les Megacephala (Lat.), dont je n'ai trouvé que deux espèces, M. brasiliensis, Kirby, et M. distinguenda, Dej., N. Sp., assez commune dans le Tucuman et à Corrientes, sur le Parana, vivent sur le bord des eaux comme les Cicindela d'Europe. Seulement, leurs pattes étant proportionnellement plus longues, elles courent sur le sable avec plus de rapidité et prennent leur vol moins fréquemment. Elles ne s'éloignent pas des bords des rivières. M. d'Orbigny a rapporté de Corrientes une espèce nouvelle, voisine de la M. æquinoctialis, et qui y paraît assez commune.

Oxycheila (Dej.). — Les espèces de ce genre ont les mœurs des précédenies. L'O. tristis, F., la seule que j'aie observée, se trouve assez communément sur le bord des ruisseaux au Brésil. Son vol, est plus loúrd que celui des Cicindela, et elle court moins bien. Elle se cache sous les pierres pendant la grande chaleur du jour, et pro-

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duit, lorsqu'on la saisit, un bruit aigu en frottant ses cuisses postérieures contre le bord des élytres, habitude que nous retrouverons dans un des autres genres de la même famille.

Iresia (Dej.). — L' espèce unique qui constitue ce genre, et que M. le comte Dejean, à qui je l'avais communiquée, a bien voulu me dédier, I. Lacordairei, Dej., Iconographie, deuxième édition, Pl. I, ne se trouve que sur les arbres, où elle vole avec la plus grande rapidité de feuille en feuille. Elle prend son vol avec autant de facilité et de promptitude que notre mouche conmmune.

Cicindela (Linn.). — Les espèces qui font partie de la deuxième division de M. le comte Dejean, à corps presque cylindrique, élytres presque planes et parallélogrammiques, et à lèvre supérieure fortement avancée et dentée, ne se trouvent jamais que sur les feuilles. Celles que j'ai observées, C. nodicornis, curvidens, Dej., et trois autres nouvelles, C. viridis, conformis et dîstincta, Dej., sont assez communes au Brésil, dans les bois. Leur vol est assez rapide, sans égaler toutefois celui des Iresia et des Euprosopus.

Les autres espèces qui font partie de la sixième division du même entomologiste, à corps moins allongé et plus déprimé que les précédentes, et à lèvre supérieure peu avancée, garnie au plus de trois dentelures, ont des habitudes analogues à celles d'Europe, à la division desquelles elles appartiennent, et ne se trouvent jamais qu'au bord des eaux. On rencontre assez communément, aux environs de Rio-Janeiro, la C, nivea, Kirby. Elle est très-rare dans l'intérieur. A Buénos-Ayres, la

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C. apiata, Dej., vole par milliers sur les bords de La Plata pendant tout l'été, depuis novembre jusqu'à la fin de janvier. On trouve avec elle, mais beaucoup plus rarement, une autre espèce que j'ai communiquée à M. le comte Dejean, qui l'a nommée Melaleuca.

J'en connais plusieurs autres qui se trouvent sur les bords du Parana, au Chili, etc., et qui ont des habitudes absolument semblables à celles des précédentes.

Euprosopus (Lat,). —L'E. quadrinotatus, Lat., seule espèce de ce genre connue jusqu'à présent, a les mêmes habitudes que les Iresia, et n'en diffère, sous ce rapport, que parce qu'on le trouve non-seulement volant sur les feuilles, mais aussi grimpant le long du tronc des arbres avec la plus grande rapidité. Il produit, comme les Oxycheila, un bruit aigu par le frottement de ses cuisses postérieures contre le bord des élytres.

Ctenostoma (Klug.). — Toutes les espèces de ce genre, dont on connaît déjà cinq ou six, parmi lesquelles deux nouvelles, que j'ai communiquées à M. le comte Dejean, qui les a nommées Unifasciatum et Bifasciatum, ont la même manière de vivre. Quoiqu'elles soient pourvues d'ailes, je ne les ai jamais vues voler. On les trouve dans les bois, à terre et le plus souvent sur les troncs d'arbres, les clôtures des plantations, courant avec la plus grande rapidité. C'est principalement pendant la grande chaleur du jour qu'on les rencontre; le matin leur course est beaucoup plus lente, et elles se laissent facilement saisir.

La seconde tribu des Carabiques, les Troncatipennes, sur vingt-six genres dont elle est composée, en présente un peu plus de la moitié en Amérique, dont un très-

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petit nombre lui sont propres. Voici ceux que j'ai été à même d'observer.

Odacantha (Fab.). —On n'avait encore trouvé ce genre que dans l'ancien continent, mais j'en ai découvert au Brésil une espèce que M. le comte Dejean a nommée Brasiliensis. Elle vit, comme les Agra, sur les feuilles, et je l'avais même confondue avec ce genre, dont elle se rapproche plus par sa forme allongée, que les espèces européennes. Elle se tient immobile sur les feuilles, et s'enfuit avec vitesse lorsqu'on veut la saisir.

Casnonia (Lat.). — Jen'en ai observé qu'une espèce, C. inœqualis, Dej., N. Sp., figurée dans l'lconographie des Coléoptères d'Europe, Pl. VII. On la trouve à terre, dans les bois, au bord des ruisseaux et des fontaines. Sa démarche est très-agile, et elle fait souvent usage de ses ailes, mais son vol est de courte durée comme celui des Cicindela. On la prendrait, au premier coup d'œil, pour une espèce de ce genre.

Galerita (Fab.). — Les espèces de ce genre vivent dans les troncs d'arbres à moitié décomposés et humides, et sous les pierres autour des habitations. Deux espèces que j'ai trouvées à Buénos-Ayres, G. collaris, et Lacordairei, Dej., n'y sont pas rares. On les trouve en groupes assez nombreux avec d'autres insectes, tels que des Brachinus, des Feronia et des Antarctia, dans les vieux troncs pourris et au pied des arbres, surtout pendant l'hiver. Leur démarche est assez agile; mais je ne les ai jamais vues voler, quoiqu'elles soient pourvues d'ailes. Ces deux espèces se trouvent aussi à Montevideo, le long du Parana jusqu'à Corrientes, et à Cordoba dans le Tucuman. Ces insectes sont beaucoup plus communs

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à Buénes-Ayres et Montevideo qu'au Brésil. Je ne crois pas qu'on en trouve aux environs de Rio-Janeiro. La seule espèce que j'aie rapportée de ce pays, G. angusticollis, Dej., N. Sp., m'avait été donnée comme venant de la province de Minas Geraes.

J'en connais deux autres inédites, trouvées à Corrientes par M. d'Orbignÿ.

Agra (Fab.). —Toutes les espèces dé ce genre ne se trouvent jamais que sur les arbres. Elles choisissent de préférence les feuilles roulées en cornet par d'autres insectes, ou formant une espèce de gouttière, et s'y tapissent en se tenant dans une immobilité complète. Dans cette position, elles portent leurs antennes et leurs pattes antérieures en avant et les autres pattes appliquées contre le corps. Dès qu'on touche à leur retraite, elles s'en échappent avec rapidité et se laissent tomber à terre; mais la forme allongée de leur corcelet et de leur tête gêne leur démarche, et elles ressemblent, sous ce rapport, aux Brentus, qui, lorsqu'elles courent, heurtent à chaque moment de leur long bec le corps sur lequel elles sont appuyées.

Les Agra sont des insectes peu communs et dont on tie trouve jamais des réunions nombreuses d'individus. Elles habitent exclusivement les contrées de l'Amérique, situées entre les tropiques. Je n'en connais aucune espèce de Buénos-Ayres et du Chili, ni même de Corrientes, sur la frontière du Paraguay.

Cymindis (Lat.). — Les Cymindis, assez nombreuses n Europe, sont beaucoup plus rares dans le Nouveau-Monde. M. le comte Dejean n'en décrit dans son Species que deux espèces de l'Amérique septentrionale. J'en ai

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découvert deux autres à Buénos-Ayres, C. œnea et atrata, Dej., N. Sp. J'ai retrouvé depuis la première dans les environs de San-Luis et dans la Sierra de Cordoba (Tucuman). Elle vit sous les pierres comme les Cymindis d'Europe. J'ai recueilli communément à San-Luis et à Mendoza, sous les herbes, une autre espèce nommée Picla par le même entomologiste, mais qui appartient probablement à un autre genre, peut-être aux Dromius, avec qui elle a la plus grande ressemblance par son faciès. Je n'en connais pas d'autres dans l'Amérique du sud.

Calleida. (Dej.). — Les deux espèces que j'ai trouvées de ce genre n'ont pas tout-à-fail les mêmes habitudes. L'une, C. thalassina Dej., N. Sp., du Brésil, vit sous les vieilles écorces el dans l'intérieur des arbres en décomposition; l'autre, C. suturalis, Dej., N. Sp., se trouve à Buénos-Ayres, sous les pierres, au bord de La Plata. Ce sont des insectes à démarche assez lente, et qui n'offrent rien de remarquable sous aucun rapport.

Dromius (Bonelli). — M. le comte Dejean a placé dans ce genre trois insectes que j'ai rapportés des environs de Santiago au Chili, et qu'il a nommés D. cyaneus, ceneus et chilensis, N. Sp. Tous trois sont de la taille des grandes espèces de Dromius d'Europe, et ont les mêmes habitudes que les D. truncatellus, punctaLellus, etc. Ils vivent sous les pierres au bord des ruisseaux, confondus avec des Anchomenus, Antarclia, et autres Carabiques.

Lebia (Lat.). — Ces insectes, communs en Europe, ne sont pas rares non plus en Amérique. J'en ai trouvé

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trois espèces au Brésil: C. cyanoptera, bifasciata? Dej., testacea, ejusd. N. Sp.; et quatre à Buénos-Ayres: L. obliquata, vittigéra, venustiola et striata, Dej., N. Sp. La troisième, qui est la plus grande du genre, se trouve, mais assez rarement, au Brésil, sous les troncs d'arbres abattus, ainsi que dans leur intérieur; les deux autres, parées de couleurs plus brillantes, volent assez bien et fréquentent les plantes; les quatre espèces de Buénos-Ayres se trouvent sous les pierres et courent avec la plus grande vitesse; l'avant-dernière d'entre. elles, la L. venustiola, est seule commune et vit en réunions assez nombreuses.

Coptodera (Dej.). — Ces insectes, très-voisins des Lebia, vivent sous les écorces desséchées par le feu dans les plantations; du moins c'est toujours là que j'ai trouvé assez fréquemment la C. depressa, Dej., N. Sp.; figurée dans l'iconographie, Pl. XVI. Sa démarche est extrêmement agile, et il est très-difficile de les saisir.

Axinophorus (Dej.) — Ce genre vient d'être établi récemment, par M. le comte Dejean, dans l'iconographie, sur deux insectes, l'un de l'Amérique du nord, A. Lecontei, figuré dans l'ouvrage en question, Pl. XIX; et l'autre, A. Lacordairei, que j'ai rapporté du Brésil. Je ne l'ai trouvé qu'une seule fois sous une écorce, et je l'avais pris au premier coup-d'oeil pour un Ips, avec lequel il ressemble beaucoup par son faciès. C'est un insecte à démarche assez lente, et qui paraît rare.

Helluo (Bon.). —Je n'ai rapporté que deux espèces de ce genre, toutes deux inédites. J'ai trouvé l'un, H. Lacordairei; Dej., N. Sp., à San-Luis et près d'un petit village nommé Piedra Blanca, dans la Sierra de

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Cordoba (Tucuman), mais plus communément dans ce dernier endroit. Il vit sous les pierres, et l'odeur propre aux Carabiques est chez lui exaltée plus que dans aucune autre espèce de la même famille. L'autre, H. femoratus, Dej., N. Sp., a été trouvé également dans la Sierra de Cordoba. Son odeur est beaucoup moins forte que celle du précédent.

Brachinus (Weber). —Ces insectes sont rares au Brésil, mais on en trouve communément quatre à Buénos-Ayres, décrits dans le Species, t. II, suppl.: marginellus, fuscicornis, pallipes et vicinus, Dej. Leurs habitudes ne diffèrent en rien de celles des Brachinus d'Europe. On les trouve comme eux sous les pierres et dans les troncs d'arbres vermoulus, vivant en réunions assez nombreuses, et jouissant au même degré de la faculté qui caractérise ce genre.

J'en ai vu plusieurs espèces rapportées de Corrientes par M. d'Orbigny, parmi lesquelles il s'en trouve deux de la grandeur des B. Complanatus, Bimaculatus, etc. Je n'en connais aucune espèce du Chili ni du Tucuman.

Catascopus (Kirby). —Ce genre, trouvé jusqu'à ce jour seulement aux Indes orientales, existe aussi au Brésil. J'en ai rapporté une espèce, C. brasiliensis, Dej., N. Sp., figurée dans l'Iconographie, Pl. XIX. Quoique revêtu d'une couleur métallique brillante, qui indiquerait que c'est un insecte qui vit au grand jour, on le trouve sous les écorces en décomposition et dans les troncs vermoulus. Sa démarche est médiocrement agile.

La troisième tribu des Carabiques, les Scaritides, sur quinze genres dont elle se compose actuellement,

XX. 15

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nous en offre six dans l'Amérique du sud, que j'y ai tous rencontrés, à l'exception d'un seul.

Scarites (Fab.). — Ces insectes, sans être communs, ne sont pas rares au Brésil; on les trouve quelquefois sur le bord de la mer, mais le plus souvent dans les bois, courant à terre ou sous les arbres abattus. Une seule espèce assez commune à Buénos-Ayres, S. anthracinus, Dej., présente des mœurs un peu différentes de ceux d'Europe. On ne le rencontre que dans les cadavres à demi desséchés avec des Trox et des Corynètes. Sa démarche est lourde et il fait rarement usage de ses ailes. On le trouve cependant quelquefois volant le soir, à l'entrée de la nuit. Quand on le prend, il relève sa tête et son corcetet, et conserve souvent cette position jus qu'après sa mort.

Oxystomus (Lat.). — L'espèce unique qui forme ce genre, O. cylïndricus, Dej., a les mêmes habitudes que les Scarites, et se trouve aux environs de Rio-Ja neiro, soit dans les bois, soit au bord de la mer.

Camptodontus (Dej.). —Je ne mentionne ici ce genre que pour dire que j'en ai vu dans la collection faite par M. d'Orbigny à Corrientes, une espèce nouvelle, différente de celle décrite par M. le comte Dejean dans son Spccies, sous le nom de C. cayenensis. Ses mœurs me sont inconnues; mais je pense qu'elles doivent res sembler à celles des Scarites.

Clivina (Lat.). — Je n'ai trouvé que deux espèces de ce genre à Buénos-Ayres, C. semi-punctata, Klug., et C. intermedia, Dej., N. Sp. Toutes deux sont de petite taille et vivent dans le sable des bords de La Plata, sous les débris de plantes qu'elle rejette sur son rivage.

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Morio (Lat.).— Les deux espèces suivantes déjà connues, et les seules que j'ai trouvées, M. monilicornis, Lat., et brasiliensis, Dej., ne sont pas rares au Brésil dans l'intérieur, et vivent sous les troncs d'arbres abattus et à moitié décomposés.

Ozœna (Olivier). — Une espèce nouvelle, nommée par M. le comte Dejean O. lœvigata, et que j'ai trouvée au Brésil dans le bois en décomposition, présente une particularité bien remarquable; elle jouit, comme les Brachinus, de la faculté d'émettre par l'anus une fumée caustique accompagnée d'une explosion assez forte. Ce n'est qu'après avoir observé ce fait à plusieurs reprises sur différens individus, que je n'ai pu douter de sa réalité. L'émission de cette fumée ne se renouvelle pas, du reste, un aussi grand nombre de fois que chez les Brachinus. Après deux explosions, l'insecte ne paraît pas pouvoir en produire une nouvelle, même quand on l'excite fortement avec une épingle. Il serait à désirer que cette observation fût faite sur les autres espèces de ce genre, afin de s'assurer si toutes ont, comme celle dont je viens de parler, la faculté en question.

Quatrième tribu. Simplicipèdes. — L'Amérique méridionale n'a offert, jusqu'à présent, que deux des nombreux genres de cette tribu, qui paraît plus particulièrement propre aux contrées tempérées de l'ancien monde et de l'Amérique du nord. Mais les Terres Magellaniques non encore explorées doivent nécessairement en posséder plusieurs autres, et entre autres le genre Carabus, le plus remarquable de tous par le nombre et la beauté de ses espèces. Déjà M. Eschscholtz en a découvert une dans le Chili méridional, et nul doute qu'en s'avançant plus au sud on n'en trouvât plusieurs antres.

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Calosoma (Weber). — Ce genre paraît répandu dans toutes les contrées du globe, et M. Dejean, dans son Species, en a décrit une espèce du Brésil, C. laterale, Kirby, et une autre des Antilles, C. alternans, Dej. J'en ai rapporté deux espèces nouvelles. La première, nommée par le même entomologiste C. bonariense, se trouve à Buénos-Ayres comme son nom l'indique. Il vit, comme les espèces européennes, sur les arbres, où je l'ai vu occupé à dévorer des chenilles. On le trouve aussi quelquefois volant le soir dans l'intérieur des maisons. Il n'est pas commun. Le second, C. antiquum, Dej., N. Sp., de l'intérieur du même pays, ne paraît pas rare à Cordoba dans le Tucuman, ainsi qu'à Mendoza, au pied des Andes, où j'en ai trouvé des débris assez nombreux dans l'arrière-saison.

Nebria (Lat.). — J'ai trouvé à Montevideo, sous une pierre, un insecte que M. le comte Dejean a placé provisoirement dans ce genre, sous le nom de N. ovalis. Il s'éloigne, par sa forme courte, large et aplatie, des Nebria d'Europe, et on le prendrait, au premier coupd'œil, pour un Omophron. Sa démarche ressemble à celle des autres espèces de ce genre.

La cinquième tribu des Carabiques, les Patellimanes, ne présentent, comme la précédente, qu un très-pelit, nombre de genres de l'Amérique du sud. M. Latreille et M. le comte Dejean ont placé dans celui de Panagœus (Lat.), plusieurs espèces, toutes assez grandes, à corps en ovale allongé, corcelet fortement bi-impressionné, relevé sur les côtés, et prolongé postérieurement en deux pointes assez fortes; à élytres glabres, sillonnées, et d'une couleur dorée très-brillante.

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Ces insectes sont propres, à l'intérieur du Brésil et aux pays environnans. M. de Saint-Hilaire en a rapporté plusieurs espèces de la province de Matto-Grosso. J'en ai vu d'autres dans une collection faite au Paraguay par MM. Rengger et Longchamps (I), dans celle faite par M. d'Orbiguy à Corrientes, et enfin j'en ai trouvé une espèce dans les environs de Cordoba, dans le Tucuman, que M. le comte Dejean a nommée P. festivus. Ces espèces me paraissent présenter des caractères suffisans pour constituer un nouveau genre, parle dernier article de leurs palpes, plus sécuriformes que dans les Panagœus ordinaires, et presque en forme de cuiller, comme dans les Cychrus; par la forme de leur coreelet et leurs élytres qui sont toujours glabres.

Chlœnius (Bonelli). — J'ai rapporté trois espèces de ce genre; l'une, C. anthracinus, Dej., N. Sp., trèsgrande, entièrement noire, m'a été donnée à Rio-Janeiro comme venant de la province de Saint-Paul. J'ai trouvé la seconde, C. brasiliensis, Dej., N. Sp., dans l'intérieur du même pays, sous les troncs d'arbres abattus dans les lieux humides. Elle ressemble beaucoup au C. oblongas, Dej., décrit dans le Species, et qui se trouve à Buénos-Ayres, mais rarement, sous les pierres au bord de La Plata, et au pied des arbres, le long des ruisseaux.

J'en ai vu d'autres espèces nouvelles rapportées de Corrientes par M. d'Orbigny.

(1) Naturalistes suisses détenus pendant sept ans au Paraguay, par le dictateur Francia. Je me trouvais à Buénos-Ayres lorsqu'ils furent rendus à la liberté, en 1825. Ils ont publié un aperçu très-intéressant sur l'état actuel du Paraguay, extrait d'un grand ouvrage qu'ils se proposent de donner sur le méme pays.

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Oodes (Bonelli). — Le Species de M. le comte Dejean ne contient la description que d'une espèce de ce genre, de l'Amérique méridionale. J'en ai trouvé une autre à Buénos-Ayres, sous des amas de plantes, que cet entomologiste a nommée Lœvigatus; elle est à peu près de la taille de I'Helopioides, et noire comme celle-ci. J'en, connais plusieurs autres grandes espèces rapportées de Corrientes par M. d'Orbigny.

Sixième tribu. Féroniens. — Sur les 31 genres de cette tribu dont M. le comte Dejean a donné le tableau dans son Species, on n'en a encore trouvé que six dans l'Amérique méridionale, dont trois lui sont propres: Baripus, Microcephalus et Antarctia.

Baripus (Dej.). —Ces insectes paraissent propres au Brésil méridional, à Buénos-Ayres et au Tucuman. Je n'ai jamais rencontré l'espèce qui sert de type au genre, B. rivalis, Germar; mais j'ai trouvé des débris de quatre autres qui sont toutes plus grandes que celle-ci. L'une, remarquable par la beauté de ses couleurs, et dont M. le comte Dejean possède un individu entier, se trouve sur les bords de l'Uruguay, dans la province de Montevideo. Une seconde, à couleurs également trèsbrillantes, ne paraît pas rare dans les environs de Cordoba, et j'ai trouvé les deux autres également dans le Tucuman. L'une égale presque en grandeur le Procrustes coriaceus. J'ai toujours rencontré ces débris sous les pierres au bord des ruisseaux où ces insectes paraissent faire leur demeuré habituelle.

Pristonychus (Dej.). —J'ai rapporté du Chili une espèce qui ne diffère en rien du P. complanatus, Dej., qui habite l'Europe australe et la côle de Barbarie. On

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le trouve sous les pierres dans es montagnes, comme la plupart des espèces de ce genre, et il n'est pas rare.

Anchomenus (Bonelli). — Ces insectes ne sont pas communs au Brésil, et se trouvent, au contraire, assez fréquemment à Buénos-Ayres, d'où j'en ai rapporté plusieurs espèces: A. discosulcatus, quadricollis, Dej., fuliginosus, angustatus, ejusd. N. Sp. J'en ai recueilli deux autres au Chili et dans les Andes; la première identique avec 1'A. brasiliensis, Dej., et la seconde, nouvelle, A. chilensis, Dej. Toutes ont les mêmes mœurs que celles d'Europe; et se trouvent comme elles sous les pierres au bord des ruisseaux, ou sous des amas de plantes dans les endroits humides et marécageux.

Agonum (Bonelli). — M. le comte Dejean, dans son Species, ne décrit aucune espèce de ce genre de l'Amérique méridionale. J'en ai découvert une à Buénos-Ayres, qu'il a nommée Lineato punctatum, et qui vit comme les insectes précédens.

Feronia (Lat.). — Ce genre, tel qu'il est établi maintenant dans le Species de M. le comte Dejean, renferme un très-grand nombre d'espèces. L'Amérique méridionale en fournit plusieurs, et je n'en mentionnerai ici quelques-unes que pour indiquer leur plus ou moins de rareté et l'étendue de leur habitat.

F. corinthia, Germar. —Placée dans les Molops par cet auteur et rapportée par M. le comte Dejean, aux Platysma de Bonelli, se trouve communément depuis Buénos-Ayres et Montevideo jusqu'au pieddes Andes. C'est un des insectes que l'on trouve en égale quantité pendant toute l'année, sous les pierres, les débris de plantes, etc,, pendant l'été; et pendant l'hiver sous les

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écorces et dans l'intérieur des arbres en décomposition où elles se réunissent en grand nombre. Son odeur est très-caustique.

F. cordicollis, Dej. (Platysma). — Beaucoup moins commune que la précédente, ne paraît pas s'éloigner beaucoup des bords du Parana, et je ne crois pas qu'elle se trouve dans l'intérieur du pays. Elle vit exclusivement sous les pierres au bord des ruisseaux, et dans les fissures des terrains desséchés. On la trouve également toute l'année. Son odeur est moins forte que celle de la précédente.

F. chalcœa, Dej. (Platysma). — A un habitat aussi étendu que la F. corinthia. Elle n'est pas très-commune à Buénos-Ayres; mais je l'ai trouvée en abondance dansla vallée d'Uspallata, à la sortie orientale des Andes. Elle vit comme la précédente au bord des eaux.

F. simplex, Dej. (Platysma). — Je ne l'ai jamais trouvée qu'à Buénos-Ayres, et dans les endroits humides et marécageux, comme les deux ci-dessus.

F. œrea, Eschscholtz (Omasœus). — Se trouve très-communément au Chili dans les environs de Santiago, la vallée d'Aconcagua et les gorges des Andes, sous les pierres dans les endroits humides et sous les amas de plantes dans les jardins. On ne la retrouve plus de l'autre côté des Andes.

F. unistriata, Eschscholtz (Pœcilus). — Cette jolie espèce paraît assez rare au Chili. Elle fréquente les mêmes lieux que la précédente.

F. chilensis, Eschscholtz (Argutor). — Commune au Chili et dans les Andes. Mêmes mœurs que celles dont je viens de parler.

On trouve au Chili, dans les Andes et dans le Tucu-

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man, plusieurs autres espèces qui seront incessamment décrites dans le Species de M. le comte Dejean. Elles n'offrent rien de particulier dans leurs habitudes, et se trouvent plus ou moins communément sous les pierres, au pied des arbres, etc.; mais toutes, sans exception, fréquentent, de préférence les endroits un peu humides.

Antarctia (Dej.).—J'ai rapporté la plupart des espèces décrites par M. le comte Dejean dans son Species; plus trois nouvelles, dont la plus remarquable par l'éclat métallique de ses couleurs, a été trouvée sur le sommet des Andes. Les suivantes, A. carnifex, Fab., marginata, Dej., circumfusa, Germar, sont très-communes à Buénos-Ayres, et la dernière ne l'est pas moins dans tout l'intérieur jusqu'aux Andes. J'ai rapporté des environs de Santiago I'A. blanda, Dej., trouvée par M. d'Urville aux îles Malouines. Toutes ces espèces, très-voisines les unes des autres, se trouvent presque toujours en réunions nombreuses sous les pierres, dans les endroits humides, sous les herbes, etc. Leur démarche est assez agile.

La sixième tribu des Carabiques, les Harpaliens, sur 27 genres, n'en présente que 10 dans l'Amérique méridionale. Voici ceux que j'ai observés.

Pelecium (Kirby.). —La belle espèce qui constitue ce genre, P. cyanipes, Kirby, est rare au Brésil, dans les environs de Rio-Janeiro. Je l'ai toujours trouvée dans les plantations, sous les troncs d'arbres abattus et décomposés. Sa démarche est médiocrement agile. Tous les individus que j'ai recueillis m'ont offert la même dilatation dans leurs quatre tarses antérieurs, et n'en ayant jamais trouvé d'accouplés, j'ignore si les mâles présentent ce caractère d'une manière plus prononcée.

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Paramecus (Dej.). — Des deux espèces qui composent ce genre, la plus grande, P. cylindricus, Dej., se trouve, mais rarement, à Buénos-Ayres, sous les pierres au bord de La Plata et dans les endroits humides. J'ai trouvé en grande quantité la seconde, P. lœvigatus, Eschscholtz, à Uspallata, dans les Andes orientales, également sous les pierres. Celle-ci est plus agile que l'autre, qui est un insecte assez lourd.

Selenophorus (Dej.); Harpalus (Lat.). —Je réunis ces deux genres, qui n'offrent aucune différence dans leurs mœurs. Les espèces du premier sont beaucoup plus abondantes dans l'Amérique du sud que celles du. second, et j'ai rapporté récemment des deux plusieurs espèces nouvelles. Toutes se trouvent dans les champs, sous les pierres, etc., comme les Harpalus d'Europe. Une seule, I'H. cupripennis, Germar, mérite une mention à part. On la trouve depuis Buénos-Ayres jusqu'aux Andes; mais je ne crois pas qu'elle se rencontre au Chili. Elle est, pour ainsi dire, un fléau pour la ville de Buénos-Ayres par l'énorme quantité de ses individus qui paraissent par millions au printemps. Les maisons en sont infestées, et l'on est obligé de balayer tous les jours les murs à l'extérieur pour s'en débarrasser. La lumière paraît les attirer, et on les voit voler le soir dans les appartemens.

Acupalpus (Lat.). — Une espèce inédite de ce genre, A. silaceus, Dej., N. Sp., n'est pas rare à Montevideo; on la trouve dans le sable des bords de la baie, où elle s'enfonce sous les débris de plantes rejetées par La Plata. Ses mouvemens sont lents.

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Tetragonoderus (Dej.). —On trouve avec l'espèce précédente et assez communément le T. undalus, Klug., mais plutôt dans les dunes de sable fin exposées au soleil et sous les plantes desséchées, que dans le sable humide du rivage. Sa démarche est extrêmement agile, et on le saisit difficilement. Je ne l'ai jamais rencontré à Buénos-Ayres. Il existe plusieurs autres espèces beaucoup plus grandes que celles-ci le long des bords du Parana. M. d'Orbignyen a rapporté quelques-unes de Corrientes.

Les insectes qui composent la dernière tribu des Cara-biques, celle des Subulipalpes, paraissent rares en Amérique, du moins je n'y en ai jamais rencontré aucun. Toutes les espèces, étant de petite taille, échappent faciment aux recherches ou se détruisent dans le transport des collections. J'ignore si celle de M. le comte Dejean en renferme quelques-unes de l'Amérique du sud.

HYDROCANTHARES.

La plupart des genres de cette famille paraissent propres aux contrées tempérées de l'ancien continent. On n'en a encore trouvé que trois dans l'Amérique du sud, et leurs espèces sont très-peu nombreuses. Je me suis appliqué avec soin à la recherche de ces insectes au Brésil, et j'ai été à même d'observer que la majeure partie des eaux courantes n'en contiennent aucune espèce. On les trouve plutôt dans les lagunes qui se forment à la suite des pluies, et encore faut-il qu'elles soient d'une étendue et d'une profondeur assez considérables, sans quoi l'eau qu'elles contiennent s'échauffe tel-

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lement qu'elle devient impropre au séjour de ces insectes. Toutes les espèces que j'ai rapportées appartiennent aux genres Dytiscus, Colymbetes et Gyrinus. Le G. sulcatus, Dej., I'une des plus grandes espèces connues, n'est pas rare dans les environs de Rio-Janeiro, principalement dans les îles de la Baie. Il nage comme les Gyrinus d'Europe, mais en décrivant des cercles plus étendus. Ses couleurs, quoique très-vives encore après la mort, perdent cependant beaucoup de leur éclat, et il ne reste qu'une faible trace de deux raies longitudinales d'un bleu brillant qui existent pendant la vie.

BRACHÉLYTRES.

La majeure partie des espèces de cette famille vivent en Europe, dans les cadavres, les matières excrémentielles, principalement les grosses espèces; et d'autres, en général plus petites, dans les matières végétales décomposées, sous les écorces, et quelques-unes même sur les fleurs. Ces insectes présentent les mêmes mœeurs en Amérique, si ce n'est qu'on ne les trouve jamais dans les cadavres, et qu'ils fréquentent plus volontiers les matières végétales; plusieurs genres même ne vivent que là. Voici ceux que j'ai observés.

Staphylinus (Fab.). — Deux espèces, dont l'une, la plus grande du genre, S. janthinus, Dej., N. Sp., et l'autre remarquable par la beauté de ses couleurs, S. insignis, Dej., N. Sp., vivent exclusivement dans les Bolets. Les suivantes, toutes d'assez grande taille, ne fréquentent que les bouses: S. chalybœus, Manerheim,

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sinuatus, concinnus, Dej., episcopalis, cinereus, amabilis, ejusd. N. Sp. Une autre, S. variegatus, Dej., assez commune, se trouve quelquefois avec les précédentes, mais le plus souvent on la rencontre courant sur les feuilles, et volant d'un arbre à l'autre; il est probable qu'elle fait sa nourriture de chenilles et autres insectes. Toules ces espèces sont du Brésil.

A Buénos-Ayres et dans le Tucuman, on ne trouve qu'un petit nombre de ces insectes. L'une des espèces les plus remarquables, S. hœmatodes, Dej., N. Sp., a des habitudes analogues à celles du S. variegatus, dont je viens de parler. On la trouve toujours volant sur les broussailles et quelquefois dans l'intérieur des maisons. D'autres, S. tomentosus? Fab., equestris, Dej., N. Sp., cyanopterus, ejusd., vivent dans les bouses ou sous les pierres, mais jamais dans les cadavres, non plus qu'au Brésil.

Zirophorus (Dalman). — Les espèces de ce genre vivent exclusivement sous les écorces en décomposition, et les fouillent en tous sens. On rencontre quelquefois en très-grande quantité l'espèce la plus commune, Z. scoriaceus, Germar. Une autrè nouvelle, nommée par M. le comte Dejean Z. impressifrons, se trouve avec la précédente, mais beaucoup plus rarement.

Osorius (Leach). — Les Osorius vivent comme les précédens dans les écorces décomposées, mais on les rencontre aussi quelquefois sous les pierres. Une espèce, O. brasiliensis, Dej., creuse sous les écorces en question de longues galeries cylindriques, dont j'ai trouvé deux fois l'extrémité pleine de petits œufs d'un blanc

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sale, dispersés sans ordre, et que je suppose être ceux de cet insecte. La larve vivrait alors dans les mêmes lieux que l'insecte parfail, et y subirait ses métamorphoses.

Quelques autres Brachélytres des genres Xantholinus, Dahl., Lathrobium, Gravenhorst, et Pœderus, Fab., vivent comme les précédens, et ne méritent aucune mention à part. Ce sont des insectes peu abondans en général.

J'ai rapporté également une autre espèce assez grande, variée de bleu et de jaune sur les anneaux de l'abdomen, et que M. le comte Dejean a jugé devoir former un nouveau genre.

STERNOXES.

Dans le dernier ouvrage de M. Latreille, les Crus tacés, les Arachnides et les Insectes, les sternoxes sont divisés en deux tribus, les Buprestides et les Élatérides, dont la seconde ne diffère de la première que par la faculté que les insectes qui la composent ont de sauter au moyen d'une disposition particulière de l'avant-sternum et de la poitrine. Les autres caractères qui les distinguent sont tout-à-fait secondaires. La faculté en question n'appartient cependant qu'aux Elater proprement dits. Les autres genres, tels que les Pterotarsus, Galba, Eucnemis, Lissomus, Chelonarium, Cryptostoma, etc., quoique ayant la partie postérieure du pré-sternum plus prolongée que les Buprestides, et même reçue plus ou 'moins profondément dans une cavité de la poitrine, ne sautent jamais. Il suffit, en effet, de jeter un coup-d'oeil

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sur la plupart de ces insectes pour voir que la forme cylindrique de leur corps ne leur permet pas de trouver un point d'appui sur le plan de position, et que, renversés sur le dos, ils ne peuvent que rouler sur l'un ou l'autre de leurs côtés. Les trois premiers genres ci-dessus ont d'ailleurs des mœurs différentes de celles des autres Elatérides. Ils vivent, dans leurs deux états, dans le bois sec, tandis que les autres, après leurs métamorphoses, ne fréquentent plus que les plantes, ou se réfugient simplement sous les écorces. Peut-être serait-il convenable d'en former une troisième tribu qui viendrait près des Térédyles avec qui ces insectes ont les plus grands rapports d'habitudes.

Quoi qu'il en soit, voici ceux des genres de ces deux tribus que j'ai eu occasion d'observer.

Bupreslis (Lin.). — On sait combien les espèces des régions équatoriales l'emportent sur les nôtres par la taille et la beauté de leurs couleurs. Leurs mœurs, du reste, ne diffèrent en rien. Tous font usage de leurs ailes pendant la plus grande chaleur du jour. Les plus grosses espèces cependant se trouvent plus habituellement sur les troncs d'arbres, tandis que les petites fréquentent toujours les feuilles et les plantes peu élevées. Les uns et les autres se laissent difficilement approcher quand on veut les saisir.

Le B. gigantea (Lin.), dont la patrie paraît être plus spécialement Cayenne et les pays adjacens, se trouve aussi dans les environs de Rio-Janeiro, mais seulement dans l'intérieur. Il paraît moins timide que les autres

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espèces, et, au lieu de se laisser tomber, s'envole aussitôt qu'on veut le saisir.

Ces insectes sont rares à Buénos-Ayres; je n'y en ai jamais vu qu'une seule espèce de petite taille, qui vit sur une espèce de cytise, et qui n'est pas commune. Dans le Tucuman, ils paraissent assez abondans. J'en ai rapporté cinq espèces nouvelles que j'ai trouvées volant sur les broussailles, et qui pour la taille et les couleurs ne le cèdent en rien à celles du Brésil.

J'en ai trouvé communément deux au Chili, sur les Ombellifères, B. bella et concinna d'Urville, dont les formes se rapprochent de celles des petites espèces de nos pays, telles que les B. nitidula, manca, etc. Je n'y en ai point observé d'autres.

Elater (Lin.).—Comme les précédens, ces insectes ne s'éloignent pas dans leurs mœurs de leurs congénères d'Europe. Les grosses espèces, E. porcatus, Fab.; costatus, Dej.; linealus, Fab.; acuminatus, Dej.; suturalis, Fab. 5 - signatus, Dej., etc., se trouvent presque toujours sur les troncs d'arbres, dans les plantations, et se laissent tomber quand on veut les saisir. Les petites fréquentent plus habituellement les feuilles et les broussailles.

Il est très-rare de rencontrer pendant le jour les espèces lumineuses; mais, dès que la nuit vient, elles paraissent en assez grande quantité. Leur vol est plus rapide que celui des Elater ordinaires, et se soutient plus long-temps. Les espèces en sont assez nombreuses, et l'on en rencontre jusqu'à Buénos-Ayres et au Chili, d'où j'en ai rapporté deux espèces nouvelles.

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Fig. 1-5. Hipponoé de Gaudichard And et Edw Fig. 6–8 Euphrosyne Myrtifere. sao

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Le plus grand de tous et le plus commun est l'E. noctilucus, Lin., dont il est parlé dans les plus anciennes relations de voyages, et sur lequel cependant on n'a pas encore donné de renseignemens exacts. L'insecte entier n'est pas lumineux, ainsi que l'ont dit quelques auteurs, et entre autres Brown, cité dans le dernier ouvrage de M. Latreille. Ses réservoirs phosphoriques sont au nombre de trois, dont deux en forme de tache arrondie près des angles postérieurs du corcelet, et sans communication l'un avec l'autre. Le troisième est situé à la partie postérieure du mésothorax, dans une cavité triangulaire, aplatie et tapissée d'une membrane extrêmement fine et légèrement cornée à l'ouverture. On peut, en s'y prenant avec adresse, après avoir passé l'insecte à l'eau bouillante, détacher cette membrane, et alors elle ressemble à une poche contenant la matière phosphorique. Lorsque l'insecte vole, le mésothorax se sépare du métathorax (I), et il jette par là une lumière moins vive que celle des taches du corcelet, mais qui paraît plus considérable de loin. Elle s'affaiblit et disparaît même entièrement au gré de l'animal. Après la mort, la matière phosphorique perd peu à peu son éclat et finit par s'éteindre tout-à-fait; on peut le lui rendre au moyen de l'eau bouillante. Il est possible, comme on l'a dit, de lire dans l'obscurité la plus profonde au moyen de cette lumière; mais il faut pour cela promener l'insecte sur chaque ligne, et je doute beaucoup de-ce qu'on a rapporté sur le parti qu'en tiraient les Indiens pour s'éclairer dans leurs voyages de nuit, ou pour travailler.

(1) Ces dénominations sont empruntées au travail très-étendu qu'a fait M. Audouin sur le thorax des insectes.

XX. — Juillet 1830. 16

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Parmi les espèces non lumineuses, il en est une de moyenne taille, très-commune sur les plantes peu élevées, et qui présente de nombreuses variétés dont on a fait autant d'espèces distinctes. Je veux parler des E. humeralis, axillaris, scapularis, de M. le comte Dejean, vulneratus, Germar, etc., qui ne sont pour moi qu'une seule et même espèce, chez laquelle la tache rouge de chaque élytre et du corcelet est plus ou moins étendue et disparaît quelquefois entièrement. J'ai trouvé journellement toutes ces variétés indistinctement accouplées.

Les Elater sont peu nombreux en espèces à Buénos-Ayres, et y sont tous au-dessous de la grande taille. Une espèce E. gilvicornis, Dej., y est très-commune, et se trouve toujours en réunions nombreuses, pendant toute l'année, sous les écorces des arbres, et même les pierres et les amas de végétaux. Une autre de Mendoza, au pied des Andes, très-voisine de la précédente, E. meticulosus, Dej., N. Sp., a les mêmes habitudes.

Les genres suivans sont dépourvus de la faculté de sauter, du moins dans les espèces que j'ai observées.

Pterotarsus (Lat.). — Les trois espèces que j'ai recueillies, G. histrio, inœqualis, variegatus, Dej., vivent dans les troncs des arbres morts, et se trouvent quelquefois marchant sur leurs écorces.

Eucnemis (Arhens.). —Mêmes mœurs que les Ptérotarsus.

Lissomus (Dalman). —Je n'en ai rapporté qu'une espèce assez commune sur les feuilles, et dont j'ai presque toujours trouvé les deux sexes accouplés. M. le comte

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Dejean en a fait deux espèces, L. rubidus et morio; le premier est la femelle, et le second le mâle.

Chelonarium (Fab.).— M. Latreille a récemment placé dans sa tribu des Elatérides ce genre, qui faisait partie, dans ses ouvrages précédens, de la famille des Clavicornes. Ces insectes ne sont pas rares au Brésil. On les trouve sur les feuilles, quelquefois sur les fleurs, et ils se laissent tomber dès qu'on veut les saisir. Quand on les tient, ils cachent leurs antennes dans les rainures de leur corcelet, replient leurs pattes le long de leur corps, et restent long-temps dans cet état, contrefaisant les morts.

Cryptostoma (Dej.).—La seule espèce que j'aie trouvée, C. brasiliensis, Dej., vit, comme les précédentes, sur les feuilles.

Ptilodactyla (Illiger).—Les insectes de ce genre, quoique assez communs au Brésil, ne se trouvent qu'en petite quantité dans les collections; leur petite taille et leurs couleurs, qui n'offrent rien de remarquable, expliquent cela facilement. J'en ai rapporté sept espèces toutes nouvelles, et j'en avais recueilli un plus grand nombre; mais la plupart se sont détruites dans le transport de mes collections. On les trouve toujours sur les feuilles, marchant lentement, et ils se laissent tomber à la moindre apparence de danger. Quand on les tient, ils fléchissent leurs antennes, ramènent leurs pattes contre leur corps, et contrefont les morts. Ils volent assez bien, surtout quand le temps est sec et chaud. On n'en trouve aucune espèce à Buénos-Ayres ni au Chili.

Rhipicera (Lat.). — On connaît maintenant plusieurs espèces américaines de ce genre; mais je n'en ai rencontré

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qu'une seule, la plus commune, et qui a servi de type pour l'établir, R. marginata, Lat. On la trouve volant dans les bois et sur les feuilles. Ses mandibules, plus fortes et plus grandes que celles de tous les autres genres de cette tribu, lui permettent d'attaquer les parties dures des plantes, et elle m'a paru en ronger les tiges de préférence aux feuilles. Cet insecte, sans être bien rare, n'est pas trèscommun, et l'on trouve toujours plusieurs mâles pour une femelle.

Cebrio (Ol.).—J'ai rapporté du Brésil un insecte que M. le comte Dejean a placé dans ce genre sous le nom de C. elateroides, mais qui s'éloigne des véritables Cebrio par ses antennes, son corcelet, qui n'est pas gibbeux ni arqué postérieurement comme dans ceux-ci, et la forme allongée de son corps. Il ressemble à un Elater, ainsi que son nom l'indique, et on le trouve communément avec des espèces de ce dernier genre sur les plantes peu élevées. Il vole bien et fréquemment.

M. Latreille, dans son dernier ouvrage déjà cité, a placé les trois derniers genres ci-dessus dans la section suivante.

MALACODEUMES.

L'Amérique méridionale, surtout dans le Brésil, offre un grand nombre d'especes de cette famille, la plupart d une taille supérieure à celle des espèces d'Europe. Une assez grande quantité ne peuvent entrer dans lesgenres existans actuellement et rendent de nouvelles coupes nécessaires.

Lycus (Fab.). —Les espèces de ce genre sont très-variées au Brésil. Les unes, et ce sont généralement les

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plus grandes, ont les élytres fortement dilatées et arrondies à leur extrémité, tandis que chez les autres elles sont parallèles comme dans le L. sanguineus d'Europe. Aucune n'a le faciès des espèces africaines. Toutes se trouvent sur les plantes, basses ou sur les feuilles des arbustes, principalement dans les plantations, le long des chemins, et en général dans tous les endroits découverts. Ils font assez fréquemment usage de leurs ailes, mais leur vol est lourd et de courte durée. Lorsqu'on les prend, ils fléchissent leurs antennes, et rendent par la bouche une liqueur jaune d'une odeur particulière et assez forte.

A mesure qu'on s'éloigne des régions situées entre les tropiques, ces insectes deviennent plus rares; on n'en trouve qu'un petit nombre à Montevideo, et à Buénos-Ayres je n'en connais qu'une espèce de petite taille, à élytres dilatées postérieurement, et qui y est très-rare. Dans le Tucuman, j'en ai trouvé assez communément volant sur les broussailles, deux de taille moyenne et très-voisines des grandes espèces du Brésil. Je n'en connais point du Chili, mais on doit y en rencontrer également.

Lampyris (Linné). — Ce genre, tel qu'il est maintenant, renferme une très-grande quantité d'espèces qui diffèrent beaucoup entre elles par la forme générale du corps et celle des antennes et du corcelet. Il sera probablement nécessaire d'en former autant de genres distincts.

Les uns, parmi lesquels se trouvent les plus grandes espèces, L. Linnœi, Dej.; Latreillei, Kirby; Fabricii, distincta, Herbstii, Dej.; Panzeri, vicina, ejusd. N.

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Sp., ont lé corcelet arrondi en devant, recouvrant entièrement la tête, relevé sur ses bords, et les élytres allongées, presque parallèles, légèrement couvexes, débordant le corps, et canaliculées latéralement; leurs antennes sont simples. Toutes ces espèces ne se trouvent jamais réunies en grand nombre et fréquentent de préférence les arbres, contre le tronc desquels on les trouve collées pendant le jour. La nuit, lorsqu'elles volent, on les reconnaît facilement par là hauteur à laquelle elles se maintiennent généralement dans l'air, et l'éclat considérable de leur lumière phosphorique. Une seule, L. Linnœi, est propre à Buénos-Ayres, où elle n'est pas commune.

D'autres, parmi lesquels il s'en trouve de grande, de moyenne et de petite taille: L. albo-marginata, infuscata, fuliginosa, pellucida, Dej.; intermedia, sobrina, Lacordairei, ejusd. N. Sp., etc., ont la tête moins recouverte par le corcelet, qui est en proportion plus large que dans les précédens et moins rebordé. Leurs élytres, également convexes, débordent le corps, mais sont moins allongées, dilatées dans leur milieu, et ont un canal moins long. Leurs antennes sont simples dans la plupart et fortement pectinées et rameuses dans d'autres (L. Lacordairei), Ils sont plus communs que les précédens, et ne fréquentent que les plantes basses et les broussailles dans les endroits humides et marécageux principalement: on n'en trouve aucun à Buénos-Ayres.

D'autres ont la tète découverte en majeure partie, le corcelet faiblement rebordé, les élytres presque planes, guère plus larges que lé corps, et nullement canaliculées dans la plupart. Ils ressemblent au

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L. noctiluca et splendidula d'Europe. Ils vivent comme les derniers, mais se multiplient en quantité beaucoup plus considérable, et ce sont eux qui produisent en majeure partie cette illumination brillante dont toutes les nuits d'été offrent le spectacle au Brésil et à Buénos-Ayres. Ils paraissent non-seulement quand le temps est serein, mais même pendant la pluie, qui ne paraît pas les incommoder beaucoup. Je les ai souvent vus voler pendant les plus fortes averses, presque en aussi grande quantité que de coutume. Pendant le jour ils se cachent sous l'herbe, au pied des arbres et même dans la terre; mais, dès que la nuit vient, ils sortent de leurs retraites en quantités innombrables, et les broussailles en sont souvent couvertes. Leur lumière est perpétuellement scintillante et se distingue facilement de celle des Elater, qui est toujours continue. On reconnaît d'ailleurs sans peine ces derniers à leur manière de voler.

Ces espèces sont très-variées et très-nombreuses au Brésil, et l'on en trouve également plusieurs à Buénos-Ayres. La plus commune dans ce dernier pays, L. elongata, Dej., se trouve jusqu'au pied des Andes.

Quelques espèces, enfin, diffèrent de toutes les autres par la grandeur de leur corcelet, qui recouvre imparfaitement la tête, et la forme de leurs élytres, qui vont en se rétrécissant à leur extrémité. Elles sont dans tousd'une couleur jaunâtre, plus ou moins marquées de quelques taches noires et légèrement sillonnées. Ils vivent comme les premiers sur les arbres et ne multiplient pas beaucoup. Ils paraissent plus propres à Montevideo et Buénos-Ayres qu'au Brésil. Quelques-uns, L. maclala, Fab.; bi-maculata, Dej., sont assez grands; les

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autres,L. Lineata, Schœnherr; nigricornis, sublineata, litigiosa, Dej., sont de moyenne taille.

Les deux sexes, dans la presque totalité de ces espèces, sont ailés. On trouve cependant communément à Buénos-Ayres et Montevideo, sous les pierres, une femelle un peu plus grande que celle de notre L. noctiluca; mais j'ignore à quelle espèce elle appartient.

Tous les Lampyris ont le vol lourd, de courte durée, et la démarche peu agile. Quand on les prend, ils fléchissent leurs antennes et leur corps devient mou, habitude qui paraît commune à presque toutes les espèces de cette famille.

Celles qu'on a séparées de ce genre sous le nom générique de Amydœtes et Phengodes (Hoffmansegg), offrent les mêmes habitudes que les précédens.

Cantharis (Fab.). —Les espèces de ce genre sont, comme celles des Lampyris, très-variées au Brésil; mais on les a probablement beaucoup trop multipliées, car je crois que c'est un de ceux qui fournit le plus d'Hybrides. On trouve journellement les individus les plus disparates par leurs formes et leurs couleurs accouplés ensemble: de ce nombre sont les trois espèces les plus communes, C. lata, sellata et basalis, Dej. Une autre nouvelle, très-remarquable par la dilatation extraordinaire de ses élytres, et nommée latissima par M. le comte Dejean, s'unit tantôt à des individus semblables à elle, et tantôt avec d'autres qui ne lui ressemblent en rien. Il est difficile, au milieu de cette confusion des espèces, d'assigner la limite de chacune d'elles. Les trois ci-dessus se trouvent communément sur les plantes basses et les broussailles; les autres fréquentent les mêmes

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lieux, et on les prend assez fréquemment au vol pendant la chaleur du jour. Quand on les tient, elles simulent la mort pendant quelques instans comme les Lampyris.

On n'en trouve qu'un très-petit nombre d'espèces à Buénos-Ayres, et toutes au-dessous de la taille moyenne.

Dasytes (Paykull). — Il existe un assez grand nombre d'espèces de ce genre en Amérique, qui toutes ont une forme différente de celle des petites espèces d'Europe. Elles sont en général moins allongées et moins arrondies. La plupart vivent en société sur certaines plantes, principalement celles à fleurs composées, et paraissent à des époques régulières. Voici quelques détails sur celles que j'ai recueillies.

D. gigas, Dej. — L'un des plus grands du genre commence à paraître, aux environs de Rio-Janeiro, au mois de janvier; on le trouve presque toujours isolé sur les feuilles. M. d'Orbigny l'a rencontré communément à Corrientes.

D. pictus, Dej. — Il paraît un peu plus tard que le précédent, et ne se trouve que dans certaines localités. Il vit en sociétés nombreuses.

D. maculatus, Dej., variegatus., Germar. Plus commun que les deux premiers, paraît en même temps qu'eux et vit aussi en société.

D. interruptus, mihi. — Espèce nouvelle, voisine de la précédente, mais plus grande et bien distincte. Je l'ai trouvée assez communément au commencement de l'hiver dans la Sierra de Cordoba (Tucuman). Il vit en société dans les fleurs d'une espèce de Cucurbitacée.

D. lineatus, Fab. — Cette espèce paraît à Rio-Janeiro dès les premiers jours de septembre sur les fleurs

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d'une espèce de ronce, où elle vit en réunions nombreuses. Elle disparaît en novembre.

D. speciosus, Dej. — Avec le précédent, mais beaucoup moins abondant.

D. 4-lineatus, Dej. — Espèce propre à Buénos-Ayres et Montevideo. Il paraît en sociétés nombreuses sur les fleurs d'une espèce de sureau au mois d'octobre, au milieu du printemps, et disparaît peu de temps après. Une seconde génération se montre au mois de mars, a la fin de l' été, et passe aussi rapidement que la première.

J'ai trouvé assez communément sur des Ombellifères, aux environs de Santiago, au Chili, un très-bel insecte que j'ai nommé D. viridifasciatus, mais qui doit former un nouveau genre voisin de celui-ci, d'après l'opinion de M. Latreille.

Un autre, qui vit sur les mêmes plantes que le précèdent, mais qui est beaucoup plus commun, a paru au même savant devoir appartenir au genre Zygia de Fabricius, qu'on n'a jusqu'à présent trouvé que dans l'ancien continent; M. le comte Dejean l'a nommé in fuscatus.

Les Dasytes sont plus agiles que les autres Malacodermes. Ils s'échappent avec assez de rapidité quand on veut les saisir, et se laissent tomber à terre en courant. Ils volent assez bien et fréquemment.

TÉRÉDYLES.

Les genres de cette famille, telle, qu'elle est établie dans le Catalogue de M. le comte Dejean, présentent des habitudes différentes. Les uns vivent exclusivement

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dans le bois mort ou les bolets, les autres sur les feuilles, et quelques-uns dans les matières animales décomposées.

Hylecœtus (Lat.). — L'une des deux espèces que j'ai trouvée, H. brasiliensis, Dej., N. Sp., la plus grande du genre, vit dans les bolets, et y creuse de longues galeries cylindriques; on la trouve quelquefois à leur surface. L'autre, H. cylindricus, Dej., N. Sp., à élylres beaucoup plus molles que la première, voltige le soir dans les maisons autour des lumières auxquelles elle vient se brûler souvent. Les individus de celle-ci diffèrent beaucoup pour la taille.

Atractocerus (Lat.). — La seule espèce connue du Brésil,A. brasiliensis, Dej., se trouve également voltigeant le soir dans les maisons; les mâles sont beaucoup plus rares que les femelles.

Rhysodes (Lat.). — Les insectes de ce genre ont, au premier coup d'œil, ainsi que l'a remarqué M. Latreille, la plus grande ressemblance avec quelques petites espèces de Brentus. On les trouve, comme ces derniers, sous les écorces des arbres, et dans leur intérieur quand elles sont décomposées. J'en ai rapporté deux espèces, R. costatus, Dej., et brasiliensis, ejusd. N. Sp.

Dans les genres suivans, Ptilinus, Geoff., Xyletinus, Lat., et Gibbium, Lat., les habitudes ne diffèrent pas de celles des espèces européennes. Ce sont des insectes beaucoup moins abondans au Brésil que dans nos climats, et les espèces en sont peu nombreuses.

Enoplium, Lat. — E. tomentosum, et pulchellum, Dej., N. Sp. — Tous deux se trouvent dans le bois mort, et quelquefois se promènent dans les environs des trous qu'ils y creusent. Leur course est agile,

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et ils prennent leur vol aussitôt qu'on s'approche pour les saisir.

Clerus, Geof. — On trouve au Brésil plusieurs espèces très-jolies de ce genre. Celles que j'y ai observées, C. myops, rubripes et basalis, Dej., N. Sp., vivent toutes sur les feuilles, et courent dessus avec la plus grande vitesse. Elles se laissent tomber quand on veut les saisir, ou prennent fréquemment leur vol.

Euripus, Kirby. — Je n'en ai trouvé qu'une espèce rapportée par M. le comte Dejean à I'E. rubens, figuré par M. Kirby dans les Transactions de la Société Linnéenne de Londres, t. XII, pl. XXI, fig. 5, mais que M. Latreille croit être différente; elle vit sur les écorces des arbres morts et fréquente aussi les feuilles. Sa démarche est lente, mais elle vole assez bien.

Corynetes (Fab.).—Je n'ai jamais rencontré d'espèces de ce genre au Brésil; mais on en trouve communément deux à Buénos-Ayres, sous les cadavres à demi desséchés dont elles rongent les tendons; elles ne diffèrent en rien des C. rufipes et ruficollis de Fabricius que nous possédons en France.

NÉCROPHAGES.

La plus grande partie des insectes de cette famille vit, comme on sait, dans les matières animales en décomposition, et l'on en trouve un grand nombre d'espèces dans nos climats tempérés. L'Amérique n'en possède presque pas, quoiqu'à Buénos-Ayres, dans le Tucuman et au Chili on mette journellement à mort une grande quantité de bétail, dont les débris sont abandonnés eu

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plein air. On croirait nécessairement devoir y rencontrer un grand nombre d'insectes, tandis qu'au contraire ces cadavres n'en présentent très-souvent aucun.

Au Chili, dans les Andes, et dans toute l'étendue de la Travesia, les animaux morts ne tombent pas en dissolution, mais se dessèchent complètement, et restent ainsi sans s'altérer pendant un laps de temps considérable. Les pluies mêmes ne les décomposent pas, et ils se sèchent de nouveau après avoir été mouillés. Dans les Andes, où il périt chaque année une quantité considérable de mules, la route est en beaucoup d'endroits jonchée de leurs cadavres qui sont pour la plupart si légers, qu'un homme seul peut les relever facilement sur leurs pieds. Quoiqu'ils restent enfouis sous les neiges une partie de l'année, on les retrouve au printemps suivant presque aussi entiers que l'année précédente. J'en ai examiné un grand nombre, et je n'y ai jamais rencontré aucune espèce d'insecte.

Dans les Pampas et à Buénos-Ayres, où les animaux se décomposent comme en Europe, ils renferment également un petit nombre d'insectes nécrophages. La nature, qui dans nos climats paraît avoir multiplié ces animaux pour diminuer Jes miasmes des cadavres, y a suppléé là par une quantité prodigieuse d'oiseaux de proie et de mer qui nettoient la campagne de tous les débris qu'on y jette. Dès qu'un animal est tué, on les voit accourir en foule de tous les points de l'horizon, quoiqu'on n'en vît pas un seul auparavant. Au Brésil, où ces oiseaux sont bien moins nombreux, les insectes en question sont également très-peu multipliés; mais la promptitude de la décomposition est telle, qu'un cadavre disparaît promptement.

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Sylpha (Fab.). — Une seule espèce, S. collaris, Dej. (bonariensis, Klug.), se trouve à Buénos-Ayres, et multiplie peu. Le Brésil, aux environs de Rio-Janeiro, n'en offre pareillement qu'une, S. brasiliensis, Dej., voisine pour la forme de la précédente, mais encore plus rare. Toutes deux exhalent la même odeur que leurs congénères d'Europe, et ont les mêmes moeurs.

Ips (Fab.). — Je n'en ai trouvé qu'une espèce, Ips anthracina, Dej., Nov. Sp., qui vit au Brésil, dans les plaies des arbres, et qui n'y est pas commune. Elle est beaucoup plus grande que les autres espèces d'Europe.

Strongylus (Herbst). — On trouve au Brésil un assez grand nombre d'espèces de ce genre, qui presque toutes vivent sur les fleurs (ordinairement sur celles d'une espèce de Croton). Elles volent bien, et se laissent tomber quand on veut les saisir. D'autres habitent les écorces humides et les plaies des arbres. Une, S. nigrita, Dej., se trouve assez communément à Buénos-Ayres, dans les cactus en décomposition, surtout pendant l'automne et l'hiver.

Nitidula (Fab.). — Les unes à corps orbiculaire légèrement convexe, à élytres entières et mandibules courtes, N. caliginosa, litigiosci, Dej., N. Sp., ayant le faciès des N. varia, marginata, etc., d'Europe, vivent exclusivement sur les fleurs des arbres et les feuilles, et paraissent assez rares au Brésil. On en trouve une espèce à Buénos-Ayres, N. morosa, Dej., N. Sp. Les autres, à corps aplati, élytres fortement sillonnées et sinuées au bout, et mandibules très-proéminentes, N. mandibularis, dimidiatipennis, Dej., N. Sp., lugubris, ejusd.,

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ne se trouvent que dans les écorces en décomposition, et toujours en assez grand nombre. Quand on les saisit, elles relèvent la tête et le corcelet et restent long-temps dans un état d'immobilité complète. Celles-ci sont propres au Brésil.

Scaphidium (Olivier). —Insectes rares au Brésil comme en Europe. On les trouve, ainsi que ceux de ce dernier pays, dans les bolets.

Engis, Fab. — Ces insectes, par leurs couleurs brillantes et variées, s'éloignent, au premier coup-d'œil, de toutes les espèces de cette famille, et paraissent se rapprocher par leur forme de certains Erotylus, et encore plus des Triplax avec lesquels il est difficile de ne pas les confondre. Les articles de leurs tarses ne sont dans la plupart que de quatre, comme dans les Erotylus, en faisant abstraction du nœud basilaire du dernier, qui existe aussi chez ceux-ci. La massue de leurs antennes offre également bien peu de différence, et enfin leurs habitudes sont les mêmes. On les trouve sur les feuilles ou volant pendant le jour dans les plantations. J'en ai rapporté plusieurs espèces du Brésil, que j'avais confondues avec les Erotyles, E. nigro-signala, signatocollis, Dej., N. Sp.

Dermestes. — Ces insectes ne sont pas abondans au Brésil, mais ils se sont multipliés à l'infini à Buénos-Ayres, Montevideo et dans l'intérieur. Deux espèces, D. cadaverinus, Fab., et lupinus, Eschscholtz, sont un fléau pour le pays et causent les plus grands ravages dans les magasins où l'on conserve les cuirs avant de les embarquer. Il faut avoir soin de les battre sans cesse pour faire tomber ces insectes et surtout leurs larves;

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malgré les précautions que l'on prend à cet égard, on éprouve journellement des pertes considérables. Les navires qui transportent ces cuirs en Europe en sont presque toujours infestés.

CLAVICORNES.

La plupart des insectes de cette famille ont les mêmes habitudes que les précédens. Elle se compose en majeure partie du genre

Hister (Lin.), dont les espèces sont beaucoup moins variées en Amérique qu'en Europe. On n'y en trouve aucune à taches rouges sur les élytres, et presque toutes vivent dans les matières végétales en décomposition. Au Brésil, ces insectes ne fréquentent jamais les cadavres ni les excrémens des animaux herbivores. Les deux espèces qui y sont les plus communes, H. angulatus, Paykull, et impressifrons, Dej., se trouvent communément dans les écorces humides et décomposées, les plaies des arbres et autres endroits analogues. D'autres, à corps allongé et cylindrique, H. cylindricus, Paykull, decipiens, fallax, Dej., N. Sp., vivent avec les précédens, mais creusent dans l'intérieur des arbres des galeries assez étendues.

A Buénos - Ayres on rencontre assez communément dans les bouses deux petites espèces,, H. hypocrita et honariensis, Dej., N. Sp. Dans le Tucuman, j'en ai trouvé assez fréquemment une autre plus grande, H. atterrimus, Dej., N. Sp., sous les cactus décomposés. D'autres petites espèces également du Tucuman, à taches blanches sur les élytres, H. bi-signatus, Eschscholtz,

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Lacordairei, lepidus, Dej., N. Sp., habitent sous les pierres, dans les endroits sablonneux; mais il est probable qu'elles ne font que s'y réfugier, et qu'elles fréquentent les cadavres.

Hololepta (Paykull). — La forme aplatie de ces insectes indique au premier coup-d'œil qu'ils doivent vivre sous les écorces, et c'est là en effet qu'on rencontre communément au Brésil deux espèces, H. corticalis, Fab., et lucida, Dej. Quand on les saisit, elles relèvent, comme certaines Nitidula avec lesquelles elles vivent, la tête et le corcelet, et restent long-temps immobiles dans cette position.

Parnus (Fab,). — Toutes les espèces de ce genre dont j'ai trouvé plusieurs, P. brasilietisis, Dej., elateroides, pubescens, ejusd. N. Sp., vivent sur les feuilles et les plantes basses; leur démarche est lente, et je ne les ai jamais vu faire usage de leurs ailes.

PALPICORNES.

Hydrophilus. — On trouve au Brésil un assez grand nombre d'espèces de ce genre, dont quelques-unes sont de taille moyenne. H. politus, Dej., cyaneus, ejusd. N. Sp., etc. Buénos-Ayres en offre une, H. bonariensis, Dej., N. Sp., de la grandeur de l'H. piceus d'Europe; on y en trouve aussi plusieurs autres de petite taille. Leurs mœurs ne diffèrent en rien de celles de nos espèces.

Globaria (Lat.). — M. Latreille, en créant ce genre, l'a placé dans sa tribu des Hydrophiliens avec lesquels ces insectes n'ont aucun rapport dans leurs habitudes.

XX. 17

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On les trouve sous les écorces pourries, sur les troncs d'arbres et même sur les feuilles dans les plantations. La forme très-bombée de leur corps, qu'ils ne peuvent pas étendre en ligne droite, ne leur permet d'avoir qu'une démarche très-lente; leurs cuisses et leurs jambes sont aplaties en forme de lames, et se logent au besoin dans des fossettes correspondantes de la poitrine et de l'abdomen. Quand on les saisit, ils se roulent en boule d'une manière si complète qu'on ne distingue plus aucun de leurs membres et qu'ils ressemblent à un petit globe parfaitement arrondi. Ils font assez souvent usage de leurs ailes, et on les prend quelquefois voltigeant dans les maisons le soir. Ges insectes sont petits et peu répandus dans les collections. J'en ai rapporté trois espèces, toutes nouvelles: G. nitida, oblongopunctata et minuta, ainsi nommées par M. le comte Dejean.

LAMELLICORNES.

Cette famille va nous offrir, dans la presque totalité de ses genres, des mœurs différentes de celles des trois dernières que nous venons d'examiner. En les considérant sous ce point de vue, on pourrait les partager en deux grandes divisions: ceux qui vivent de matières végétales décomposées naturellement, ou par leur séjour dans l'estomac des animaux herbivores, et ceux qui tirent leur nourriture des végétaux vivans. Un seul genre, celui de Trox, vit de matières animales, et se rapproche ainsi des Nécrophages.

M. Latreille, dans son dernier ouvrage, a partagé cette famille en deux tribus: les Scarabéides et les Lu-

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canides. La première est divisée en six sous-tribus dont les noms paraissent vouloir indiquer les habitudes des genres qui les composent. Dans la première, celle des Coprophages, tous vivent effectivement. de matières excrémentielles, sauf quelques exceptions. Ceux de la seconde, les Arénicoles, vivent comme les précédens, à l'exception des Trox qui s'y trouvent compris. Dans la troisième, les Xylophiles, les uns vivent dans le bois pourri et les autres sur les arbres comme ceux des trois sous-tribus restantes, les Phyllophages, les Anthobieset les Mélitophiles.

Dans la seconde tribu, celle des Lucanides, la plupart vivent sur les feuilles et les autres dans le bois en décomposition.

Je vais examiner les divers genres sans mastreindre à suivre rigoureusement l'ordre dans lequel ils sont placés dans l'ouvrage en question.

Ateuchus (Weber). — Ce genre renferme un trèsgrand nombre d'espèces, de faciès et d'habitudes différentes, et quoiqu'on y ait établi déjà quelques coupes génériques, il reste une quantité assez considérable d'espèces qui ne vont bien dans aucune. Dans l'ancien continent, ces insectes ont tous des mœurs semblables et peuvent se classer dans les trois genres Ateuchus(A. sacer, type), Gymnopleurus(A. pillularius), Canton (A. Bacchus), et Sysiphus (A. Schœfferi). L'Amérique n'en possède aucun, et ses espèces offrent plus de variété dans leurs mœurs. Quelques-unes, qui sont les plus grandes qu'elle possède, constituent le genre

Hyboma de MM. Lepelletier de Saint-Fargeau et Serville. Deux espèces remarquables par leur taille, H.

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Bufo, Dej., et Lacordairei, ejusd. N. Sp., vivent exclusivement dans les bouses, mais sans creuser des trous dans la terre, et font rarement usage de leurs ailes. Une autre, H. erythroptera, Dej., N. Sp., ne se trouve jamais, au contraire, que sur les feuilles sur lesquelles elle marche assez rapidement, et vole pendant la plus grande chaleur du jour. Tous sont du Brésil, et ne sont pas communs.

J'ai trouvé dans la Sierra de Cordoba (Tucuman) des débris d'une espèce de ce genre à élytres très-gibbeuses, caractère qu'on rencontre également dans d'autres de Cayenne et du Brésil.

Un grand nombre d'espèces de moyenne et petite taille, ornées pour la plupart de couleurs métalliques ou non métalliques brillantes, peuvent se ranger dans le genre Coprobius de M. Latreille.

Les suivans: A. rutilans, Klug., smaragdulus, Fab., scapularis, Dupont, histrio, cyanescens, Dej. depressifrons, emarginatus, virescens, ejusd. N. Sp., etc., toutes du Brésil, où elles sont plus ou moins communes, vivent indistinctement dans les bouses et sur les feuilles. On les trouve souvent rassemblés en assez grand nombre, occupés à sucer la liqueur qui découle des plaies des arbres. Leur vol est assez facile, et il a lieu pendant le jour.

Une espèce, A. flavicollis, Dej., N. Sp., qui appartient à cette division, et qui est voisine, par son faciès, de l'A. 6-punctatus, Fab., est remarquable par l'odeur infecte qu'elle exhale, et qui a le plus grand rapport avec celle des Sylpha, mais plus forte encore. Il est probable qu'elle se nourrit de matières animales

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décomposées, habitude que nous retrouverons dans un Phanœus.

D'autres, A. niger, sulcatulus, congener, Dej., lituratus, Illig., carbonarius, oblongus, propinquus, Dej. (du Brésil), cupricollis, sobrinus, Dej., N. Sp., glabricollis, ejusd. (de Buénos-Ayres et Montevideo), subsulcatus, litigiosus, Dej., cœsus, mihi (Espèces nouvelles du Tucuman), vivent exclusivement dans les bouses. Une seule, A. carbonarius, qui fréquente de préférence les endroits sablonneux, y creuse des trous assez profonds. Les autres fouillent simplement la surface du sol sans s'y enfoncer.

Une autre espèce, de Buénos-Ayres, d'assez grande taille, de couleur métallique, et que M. le comte Dejean a bien voulu me dédier, doit constituer un nouveau genre. On les trouve assez communément dans les excrémens des chevaux, et elle-creuse, comme les Copris, des trous profonds dans la terre, habitude étrangère aux Ateuchus ci-dessus.

J'ai trouvé assez communément dans le Tucuman, à la fin de l'automne, une très-belle espèce que j'ai nommée Ateuchus arachnoides, qui doit constituer aussi un nouveau genre. Elle s'éloigne de toutes les autres par sa forme particulière qui la fait ressembler, au premier coup-d'œil, à une très-grosse Araignée. On la trouve dans les bouses, ou courant le long des chemins pendant la plus forte chaleur du jour.

Eurysternus (Dalman), Æschrotes (Lepellet. de St.-Farg. et Serville). — M. le comte Dejean, dans son Catalogue, avait placé ces insectes parmi les Onitis, avec lesquels ils ont eifectivement quelque ressemblance.

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Ils vivent dans les bouses, sans creuser le sol, non plus que les autres Ateuchus, et volent assez fréquemment pendant le jour.

Copris. — Le Brésil offre un assez grand nombre d'espèces de ce genre; à Buénos-Ayres, on n'en trouve aucune, et je n'en ai rapporté qu'une seule du Tucuman. Toutes ont pour habitude caractéristique de s'enfoncer profondément dans la terre, non pas en ligne droite, mais diagonalement, J'ai mesuré souvent de ces trous qui avaient plus de trois pieds d'étendue. Ils volent moins fréquemment que les Ateuchus, et seulement le soir après le coucher du soleil. On trouve communément dans la province de Rio-Janeiro les espèces suivantes: C. rugifrons, nasuta, Dej., eridanus, Oliv., ciliatus, Dej., quadrata, Germar, lœvicollis, Dej., solon, pamphilus, icarus, ejusd. Nov. Sp.

Phanœus (Mac Leay). — Toutes les espèces de ce genre sont, comme on sait, propres au nouveau continent, et l'on en connait déjà un assez grand nombre, ornées pour la plupart de couleurs métalliques très-brillantes. Leurs mœurs ne diffèrent en rien de celles des Copris. Ils fréquentent exclusivement les bouses, creusent en dessous des trous profonds et volent le soir en bourdonnant. Quand on les saisit, ils produisent un bruit assez aigu en frottant l'extrémité de leur abdomen contre l'intérieur de leurs élytres, habitude commune également aux Copris.

La plus grande espèce du genre, P. principalis, Dupont, est extrêmement rare dans les environs de Rio-Janeiro; elle paraît, au contraire, commune dans les provinces de l'intérieur plus au nord. On la reçoit à

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Rio-Janeiro en grande quantité de celle de Minas. J'en ai vu, dans la collection faite à Corrientes par M. d'Or-bigny, un grand nombre d'individus de taille un peu moindre que ceux des régions équatoriales. Peut-être était-ce une autre espèce.

Le P. mimas (Fab.) ne se trouve pas aux environs de Rio-Janeiro, et je ne crois pas qu'il s'écarte beaucoup des pays situés sous la ligne. Je l'ai trouvé communément le long des chemins à Pernambuco, par le huitième degré de lat. sud.

A Buénos-Ayres, on en trouve deux espèces: l'une P. menalcas., Dej., très-voisine du P. splendidulus, Fab., est extrêmement commune et fréquente indistinctement les excrémens humains et les bouses. On la trouve presque sans interruption toute l'année; un seul beau jour, pendant l'hiver, suffit pour la faire paraître en quantité. Elle existe aussi dans le Tucuman. L'autre, P. milon, Dej., N. Sp., présente dans ses habitudes une exception remarquable: elle vit exclusivement dans les matières animales décomposées, principalement sous les poissons morts que La Plata rejette sur son rivage. Jamais on ne la trouve dans les bouses. Elle répand une odeur musquée analogue à celle des Nécrophores, et d'antres insectes nécrophages. On la trouve depuis Montevideo et Buénos-Ayres jusqu'au Paraguay; mais elle ne s'écarte pas des bords du Parana, et ne se rencontre pas dans le Tucuman.

Une autre espèce très-belle et assez grande paraît particulière à ce dernier pays, depuis Corrientes jusqu'aux Andes, et se trouve communément dans les bouses. Elle n'existe pas à Buénos-Ayres ni à Montevideo.

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Je l'ai nommée P. imperator à cause de l'éclat de ses couleurs.

Ontophagus (Lat.) — Ce genre, si nombreux en espèces dans nos pays, n'en présente qu'un petit nombre dans l'Amérique méridionale, et toutes de petite taille. La plus commune de toutes, O. hirculus, Manerheim, se trouve au Brésil, à Buénos-Ayres, dans tout le Tucuman jusqu'aux Andes, et je crois même l'avoir prise de l'autre côté, au Chili. J'en ai rapporté du Brésil quelques autres, C. viridi-cyaneus, anxius, Dej., N. Sp., etc.; toutes vivent comme les Ontophagus d'Europe, si ce n'est qu'on les trouve quelquefois autour des plaies des arbres, suçant la liqueur qui en découle.

Apliodius (Fab.). — Insectes rares comme les précédens. Je n'en connais que deux espèces, A. caliginosus, Dej., du Brésil, et A. bonariensis, Dej., N. Sp., de Buénos-Ayres. Toutes deux sont de petite taille et vivent comme les espèces de nos pays.

Hybosorus (Mac Leay). — On trouve au Brésil et à Buénos-Ayres des espèces de ce genre, et j'en ai rapporté quelques-unes, H. geminatus, granarius, Dej., du premier de ces pays, et une, H. discus, Dej., N. Sp., du second. Toutes trois fréquentent de préférence les excrémens humains, et fouillent la surface du sol sans s'y enfoncer. Elles volent assez fréquemment et presque toujours pendant le jour.

Odontœus (Megerle). — Les mœurs des deux espèces que j'ai observées, O. globosus et rotundatus, Dej., sont absolument semblables à celles des Copris. On les trouve comme eux dans les bouses, et ils s'enfoncent profondément dans la terre. Les Athyreus, que M. Mac

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Leay a séparés de ce genre, et dont j'ai rapporté deux espèces, A. furcicollis et foveicollis, Dej., n'en diffèrent en rien sous le même rapport. Ces insectes ne paraissent pas communs au Brésil. On n'en trouve aucun à Buénos-Ayres.

Trox (Fab.). — Ainsi que je l'ai dit plus haut, les insectes de ce genre se distinguent de tous les autres Lamellicornes par leurs habitudes qui les rapprochent des Nécrophages. On les rencontre toujours sous les cadavres à demi desséchés, dont ils rongent les parties tendineuses, ou dans les excrémens soit de l'homme, soit des animaux herbivores. Je n'en ai jamais rencontré aucune espèce au Brésil; mais Buénos-Ayres et le Tucuman jusqu'aux Andes en offrent plusieurs. On trouve communément dans le premier endroit, ainsi qu'à Montevideo, les quatre espèces suivantes: T. leprosus, Dej., N. Sp., suberosus, Fab., Crenatus, Oliv., Pillularius, Germar. Le premier et le dernier fréquentent de préférence les excrémens humains. Les suivans paraissent propres au Tucuman; T. Lacordairei, distinctus, œgrotus, Dej., N. Sp. Le premier vit également comme les deux dont je viens de parler.

Tous produisent un cri aigu par le frottement de leur abdomen contre les parois intérieures des élytres, et font assez fréquemment usage de leurs ailes pendant le jour; mais leur vol est lourd et de courte durée, comme celui des espèces européennes.

Scarabœus (Lat.). — L'Amérique, comme on sait, fournit une quantité considérable d'espèces de ce genre, presque toutes remarquables par leur taille, et les proéminences plus ou moins bizarres de leur tête et du cor-

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celet. La Guyane et les Antilles paraissent être la patrie spéciale des grosses espèces; mais on en trouve aussi un assez grand nombre dans les environs de Rio-Janeiro, et jusque par le 28me degré de latitude sud. Celles de Montevideo, Buénos-Ayres et du Tucuman sont beaucoup plus petites.

Tous ont à peu près les mêmes habitudes; pendant le jour ils s'enfouissent dans la terre ou dans les troncs décomposés, ou courent le long des chemins dans les bois. Lorsque la nuit vient, ils sortent de leurs retraites, et voltigent à grand bruit autour des arbres en se maintenant ordinairement à une élévation considérable. Il paraît que c'est alors qu'ils prennent leur nourriture, et quelquefois on les trouve le matin accrochés en grande quantité sous les feuilles et aux petites branches. Quoique leur vol soit lourd, il est assez rapide, et ils peuvent le prolonger long-temps. Tous, produisent un bruit aigu par le frottement de leur abdomen contre les élytres. On trouve généralement les femelles plus communément que les mâles. Les premières sont presque toujours inermes. Parmi les exceptions qu'offre cette règle, on peut citer le S. Pan, Fab., le plus commun de tous au Brésil, dont la femelle porte une corne assez grande sur la tête, avec une excavation sur le corcelet. Elle est commune, tandis que le mâle, au contraire, est rare. Cette espèce se trouve jusqu'à Corrientes.

J'en ai rapporté du même pays un assez grand nombre; les uns déjà connus, S. Enema, Fab., Philoctetes, Palissot Beauvois, Alæus, Bilobus, Chorinœus, Fab.; et les autres nouveaux, S. Achilles, Castor, Davus, Thoas, etc., ainsi nommés par M. le comte Dejean.

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Le S. Hercules, Fab., le plus grand du genre, et dont la patrie paraît être principalement les Antilles et la Guyane, étend son habitation jusqu'aux environs de Rio-Janeiro, mais il y est très-rare.

On en trouve à Buénos-Ayres deux espèces assez grandes, S. Laticollis, Dej., N. Sp., remarquable par la dilatation considérable de son corcelet, et S. Menelas, Dej. Tous deux creusent des trous profonds dans la terre, d'où ils ne sortent que la nuit. On les trouve alors courant le long des chemins ou sous les herbes. Le premier n'est pas très-commun; mais le second est si abondant que, dans quelques endroits, le sol est criblé de ses trous rapprochés les uns des autres. J'ai rapporté du même pays une espèce qu'on trouve également au Brésil, S. gagates, Illig.

Le Tucuman en offre quelques-uns, dont les mœurs me sont inconnues, mais qui doivent vivre comme leurs congénères, S. glaucus, phocus, Dej., N. Sp.

Phileurus (Lat.). — Ces insectes, très-voisins des Scarabœus, dans lesquels Fabricius les avait placés, s'en éloignent un peu par leurs mœurs, et se rapprochent, sous ce rapport, des Oryctes. Les suivans, du Brésil, P. sulcicollis, ovis, Dej.; hircus, ejusd. N. Sp., vivent dans les troncs décomposés el s'y enfoncent assez profondément. On ne les voit jamais voltiger comme les Scarabœus autour des arbres, et quand ils prennent leur vol, ce qui leur arrive quelquefois après le coucher du soleil, ils s'élèvent très-peu audessus de terre. Ils produisent également un bruit assez fort en frottant leur abdomen contre leurs élytres. Deux espèces communes à Buénos-Ayres, S. vervex, ciliatus,

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Dej., outre les arbres en décomposition, fréquentent aussi habituellement les cadavres à demi desséchés et en rongent les parties solides.

Cyclocephala (Lat.). —Je n'en ai rapporté que quatre espèces du Brésil: C. melanocephala, qui se trouve communément dans les fleurs du Datura arborea; et trois de Buénos-Ayres, C. geminata, Fab., qui paraît répandue dans toute l'Amérique, et C. maculicollis et confinis, Dej., N. Sp. On les trouve communément, pendant l'été, voltigeant le soir autour des arbres dans les jardins. Pendant le jour, elles se cachent au pied des arbres, sous les racines et même sous les pierres. J'en ai trouvé plusieurs individus sous les amas de plantes rejetées par La Plata sur son rivage.

Geniates (Kirby). —J'ai rapporté du Brésil un assez grand nombre d'espèces de ce genre, qui toutes ont la même manière de vivre. On les trouve pendant le jour accrochées sous les feuilles et plus souvent dans les creux des arbres, sous les écorces non humides, et autres lieux analogues. Le soir, on les voit voler autour des arbres, et le jour sur leurs fleurs. L'espèce qui a servi de type au genre, G. barbota, Kirby, est une des plus communes aux environs de Rio-Janeiro.

J'en ai rencontré deux à Buénos-Ayres, C. fallax et carbonaria, Dej., Nova Sp. Toutes deux vivent dans l'herbe des Pampas, et volent à sa surface en bourdonnant pendant la plus forte chaleur du jour. Elles se laissent tomber aussitôt qu'on les approche, et se cachent dans les fentes du sol. On ne les trouve qu'au milieu de l'été, pendant les mois de décembre et janvier.

Leucothyreus (Mac Leay). — Leurs habitudes sont

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un peu différentes de celles des Geniates. Leur vol est plus lourd, et on ne les rencontre presque jamais sur les arbres. Ils habitent de préférence les vieux troncs vermoulus, les écorces qui commencent à se décomposer, et s'y enfoncent souvent à une certaine profondeur. Quelques-uns, L. bicolor, flavicollis, nigricans, pallidipennis, affinis, Dej., N. Sp., exhalent une odeur particulière, qui a quelque rapport avec celle de certains Helops, des Nilio et des Allecula. Les autres, dont le corps présente quelques reflets métalliques, L. pulverosus, Æneicollis, Dej., Elegans, ejusd. N. Sp., ont cette odeur beaucoup moins forte et même nulle dans quelques espèces.

Dans les genres suivans, les habitudes participent plus ou moins de celles des trois dont je viens de parler; on les trouve, en général, sur les arbres, accrochés aux feuilles, souvent en assez grande quantité, ou volant autour de leurs fleurs. Ils ne se cachent pas, comme les précédens, dans l'intérieur des troncs d'arbres, et volent plus volontiers le jour, pendant la grande chaleur, qu'à l'entrée de la nuit. Pour éviter des répétitions inutiles, j'indiquerai seulement quelques-unes des espèces, en désignant les plus communes.

Serica (Mac Leay), Omaloplia (Megerle). — On trouve au Brésil un assez grand nombre d'espèces de ce genre. La plus commune, S. flavimana, Dej., à corps très-soyeux et à reflets changeans, vit en société sur quelques arbrisseaux, où on la rencontre presque toujours en société nombreuse. Elle paraît au milieu de l'été, en janvier. Les autres, S. fucata, fuscipennis, Mela-

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naria, Marginella, Dej., N. Sp., vivent de même, mais m'ont paru plus rares que la première.

Ceraspis (Lepel. et Serv.). — On trouve assez communément, aux environs de Rio-Janeiro, une des plus grandes du genre, C. albida, Dej. Les suivantes se rencontrent plutôt dans l'intérieur du pays: C. cervina, Dej.; patruelis, lateralis, squamosa, ejusd. N. Sp.; la seconde est la plus commune. Toutes vivent sur les feuilles et quelquefois contre le tronc des arbres, sur lesquels elles se tiennent collées, les jambes antérieures étendues en avant et les postérieures en arrière.

Macrodactylus (Lat.). — J'ai trouvé assez fréquemment dans l'intérieur, sur les feuilles, deux espèces, M. affinis et subæneus, Dej., N. Sp.; ils ont au repos le port des Ceraspis.

Dicrania (Lepel. et Serv.). — Je n'en ai rapporté qu'une espèce, qui n'est pas très-commune aux environs de Rio-Janeiro, où elle vit sur les feuilles. On a fait deux espèces des deux sexes, la D. rubricollis, Dej., est le mâle, et la D. nigra, ejusd. la femelle.

Areoda (Mac Leay). — Les seules espèces que j'aie trouvées, A. Banksii, Dej.; Leachii, Mac Leay; Aurichalcea, Dej., ne sont pas rares aux environs de Rio-Janeiro. Elles paraissent dès les premiers jours du printemps, jusqu'à la fin de l'été.

Pelidnota (Mac Leay). — J'ai trouvé assez communément dans l'intérieur, sur les feuilles, la P. glauca, Oliv., et beaucoup plus rarement deux autres, P. fuscata et testacea, Dej.

Macraspis (Mac Leay). — J'en ai trouvé un assez grand nombre d'espèces, dont une seule, M. clavata,

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Fab., très-rare à Rio-Janeiro, est très-commune dans l'intérieur. On les trouve le matin accrochées en grand nombre aux feuilles, et on les voit voler pendant le jour autour des arbres, dont elles dévorent les fleurs. Leur vol est bruyant et. assez rapide. Cette espèce paraît de novembre en avril. La suivante, qui a les mêmes habitudes, mais qui paraît beaucoup plus rare, M. fucata, Fab., se montre un peu plus tard, et disparaît en même temps que la précédente. Je n'ai jamais trouvé les autres, qu'isolées sur les feuilles, en dessous desquelles elles se suspendent. M. emarginata, Schœnberr; Brunnea, nitida, Dej.; Suturalis, hemichlora, ejusd. N. Sp.

Rulela (Lat.). — Habitudes des Macraspis, excepté qu'on ne les trouve jamais en réunions nombreuses. L'une des plus jolies espèces, R. histrio, Dej., vit sur certaines espèces de Mimosa; les taches de ses élytres, d'un beau jaune pendant la vie, deviennent ordinairement d'une couleur obscure après la mort. J'ai rapporté un assez grand nombre d'espèces de ce genre: R. elegans, pustulata, Dej.; Litureila, Kirby, glabrata, speciosa, Dej.; Fasciatci, fulgida, ejusd. Nova Sp.

Inca (Lepel. et Serv.), Goliath (Lamark). — On trouve assez communément, au Brésil, les J. barbicornis, Mac Leay, et Serricollis, Dej. Le premier, très-rare aux environs de Rio-Janeiro, ne l'est nullement dans l'intérieur, tandis que c'est l'inverse pour le second. Ces insectes ne commencent à paraître qu'au milieu de la saison pluvieuse, en janvier, et disparaissent en avril. Ils volent pendant le jour, quelquefois en grand nombre autour des arbres élevés, des feuilles desquels ils se nourrissent. Leur vol est bruyant et rapide. On les trouve

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ordinairement le matin accrochés aux tiges de maïs dans les plantations, ou sous les feuilles, dans les bois. Ils j exhalent une odeur particulière assez forte et désagréable.

Cetonia (Fab.). — Toutes les espèces de ce genre vivent sur les feuilles auxquelles on les trouve accrochées. Ce sont des insectes en général assez rares, en quoi elles diffèrent de celles de nos pays, qui multiplient. beaucoup pour la plupart. La C. glauca, Dej., est la plus commune de toutes. J'en ai rapporté une des environs de Cordoba, dans le Tucuman, qui en est voisine, et que M. le comte Dejean a nommée C. litigiosa.

On ne trouve aucune espèce de ce genre, non plus que? des neuf précédens, à Buénos-Ayres; tous paraissent propres aux régions situées entre les tropiques.

Pholidotes (Mac Leay), Chalcimon (Dalman). — La seule espèce connue en Europe dans les collections, P. Humboldti, Schoenherr, que ce savant avait rapportée au genre Lamprima de Fabricius, est rare au Brésil, et je n'ai pris moi-même que la femelle qui diffère beaucoup du mâle, et sur laquelle M. Mac Leay avait établi son genre Cassignetus. On la trouve, commeles Lucanus, volant dans les bois, courant sur les feuilles et quelquefois autour des plaies des arbres. Le mâle doit avoir les mêmes habitudes.

Outre cette espèce, j'en ai vu une seconde dans une collection à Rio-Janeiro, plus petite, à élytres plus courtes, de couleur également bronzée, mais ayant sur chacune d'elles une large tache veloutée obscure. Elle avait été prise, autant que je me le rappelle, dans la pro-

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vince de Saint-Paul, dont les insectes paraissent différer beaucoup de ceux de Rio-Janeiro.

Lucanus. — J'ai rapporté cinq espèces de ce genre: L. complanatus, Dej., femoratus, Fab., erythrocnemus, Dej., triangularis, caniculus, ejusd. N. Sp. Les trois premiers, de taille moyenne, ne sont pas rares. Le quatrième, de la même grandeur, remarquable par une grande tache blanche oblique qui occupe une partie de chaque élytre, paraît l'être au contraire beaucoup, ainsi que le dernier, qui est très-petit et dont je ne connais que la femelle. Tous vivent sur les feuilles, autour des plaies des arbres, et volent comme nos Lucanus. On les rencontre aussi quelquefois sous les troncs d'arbres abattus. Ils paraissent depuis le mois de décembre jusqu'en avril.

Passalus (Fab.). — Ces insectes sont extrêmement communs sous les écorces décomposées et humides qu'ils fouillent en tous sens, et qu'ils divisent avec les fortes mandibules dont ils sont pourvus. J'ai trouvé dans le même endroit la chrysalide du P. interruptus ou d'une espèce voisine. Elle est recouverte d'une pellicule d'un blanc jaunâtre, très-fine et très-transparente qui laisse voir distinctement toutes les parties de l'insecte. La tête est alors repliée sous le corcelet, les antennes et les pattes collées le long du corps en dessous, et l'abdomen légèrement fléchi.

Les grosses espèces ne volent presque jamais, mais on voit fréquemment les petites voltiger à l'entrée de la nuit. Toutes, lorsqu'on les prend, font sortir de leur bouche et de dessous leurs ailes une liqueur presque incolore, d'une odeur caustique assez faible, qui les

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inonde entièrement. Ils sont également remarquables par la promptitude avec laquelle ils meurent: le plus vigoureux et le plus grand individu n'existe plus trois ou quatre heures après avoir été piqué.

AÉTÉROMÈRES.

La première tribu des Hétéromères, les Mélasomes, s'est trouvée pendant long-temps presque entièrement composée d'insectes de l'ancien continent, et ce n'est que depuis un petit nombre d'années qu'on Commence à connaître un assez grand nombre de ceux de l'Amérique. Ceux-ci, ainsi que je l'ai déjà dit, sont presque tous génériquement distincts des premiers; et, comme les genres qu'ils doivent constituer ne sont pas encore créés, j'éprouve quelque embarras pour rendre compte des espèces que j'ai recueillies. Je les désignerai par les noms spécifiques que je leur ai imposés en les rapportant aux genres avec lequels ils ont le plus d'affinité, ou en les décrivant sommairement, lorsque leurs formes s'en écarteront complètement (1).

Quant aux habitudes, ces insectes peuvent se partager en deux grandes divisions. Ceux Aptères, les Pimeliaires et les Blapsides, habitent les lieux arides, sablonneux, les souterrains, les endroits obscurs des maisons et autres

(1) Les espèces que j'ai rapportées se trouvant disséminées dans les principales collections de Paris, il sera facile aux personnes qui voudront en prendre la peine, de savoir de laquelle je veux parler. La collection de M. le comte Dejean les renferme toutes, et celles de MM. Gory et Cheyrolat contiennent également une partie des plus intéressantes.

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lieux analogues. Les autres, Ailés, ou les Ténébrionites, vivent sous les écorces humides et dans l'intérieur des arbres décomposés. Parmi les premiers, les habitudes paraissent n'offrir aucune différence, au premier coup-d'œil; mais elles varient cependant quant à la nature du sol où les différens genres se plaisent. Les uns vivent de préférence dans les endroits les plus arides et les plus rocailleux, entièrement dépourvus de terre végétale, et exposés aux rayons du soleil; d'autres ne se trouvent que dans les sables des bords de la mer ou dans les terrains imprégnés de substances salines, et enfin d'autres choisissent pour leur séjour un sol sablonneux, mélangé de terre végétale. L'attitude au repos, la démarche et la présence ou l'absence d'une odeur particulière à cette famille, fournissent encore des différences bien marquées. J'indiquerai les unes et les autres en parlant de chaque genre.

Un grand nombre d'espèces des deux premières tribus sont remarquables par le laps de temps qui s'écoule entre l'instant où elles ont été percées d'une épingle et leur mort. Une entre autres, que j'avais prise dans le Tucuman, au mois de mai, n'a cessé de vivre qu'en mer, sous la ligne, au mois de novembre suivant; elle avait vécu ainsi près de sept mois sans prendre de nourriture. Cette faculté paraît propre surtout aux Pimeliaires et aux Blapsides. Les Ténébrionites meurent aussi vite que les autres insectes.

Je commencerai par une espèce qui, au premier coup-d'œil, a la plus grande ressemblance avec les Pimelia, et qui n'en diffère que par quelques caractères secondaires tirés des antennes et des tarses. J'avais même cru

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qu'elle appartenait au genre en question, mais M. Latreille l'en a séparé sous le nom générique de

Physogaster. Je n'en ai trouvé qu'une espèce, P. mendocinus, mihi, très-commune dans la Travesia, près de Mendoza, au pied des Andes. On ne la retrouve plus aussitôt qu'on s'éloigne de cette ville. Elle vit dans les endroits les plus sablonneux et les plus arides, et s'enfonce à quelques pouces de profondeur dans le sable pendant la grande chaleur du jour. Sa démarche diffère de celle des Pimelia en ce qu'elle n'est pas saccadée, hésitante, comme dans celles-ci, mais, au contraire, assez agile et continue. Au repos elle ne se tient pas non plus collée contre le sol, les pattes rapprochées du corps. Le mâle est beaucoup plus petit que la femelle, et un peu plus allongé. Les deux sexes sont ordinairement d'une couleur noire très-foncée et un peu mat; mais on trouve communément une variété d'un rouge ferrugineux assez brillant, et qui ne provient pas de la différence d'âge. Efflorescence et odeur nulles.

Elenophorus (Megerle). —On ne connaissait encore qu'une espèce de ce genre, E. collaris, Fab., propre au bassin de la Méditerranée. J'en ai trouvé une seconde, E. americanus, mihi, deux fois plus grande que celle en question, aux environs de Mendoza et de San-Luis, petite ville située également au milieu de la Travesia. On la trouve sous les pierres dans les endroits arides et quelquefois dans l'intérieur des maisons. Sa démarche est lente, interrompue, et au repos il se tient ventre à terre les pattes ramenées contre le corps. Il produit, en frottant les postérieures contre le bord extérieur des élytres, un bruit assez fort. II exhale, comme les Blaps,

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une odeur particulière, mais plus faible que dans ceux-ci. Efflorescence presque nulle.

Nyctelica (Lat.). — Je n'en ai rapporté qu'une espèce, N. picipes, Dej., qui vit dans le sable des bords de La Plata, à Montevideo, et plus communément encore aux environs de Maldouado. Sa demarche est agile, continue, son attitude au repos comme celle des Physogaster, et son odeur nulle. On ne la trouve pas à Buénos-Ayres. Le Chili en fournit plusieurs autres espèces dont les mœurs sont les mêmes.

Viennent ensuite un grand nombre d'espèces toutes de grande et de moyenne taille qui se rapprochent plus ou moins du genre précédent, mais qui doivent former plusieurs coupes distinctes. Tous ont le dernier article des palpes cylindrique, tronqué, le menton presque cordiforme, plus ou moins échancré au bout, les antennes de la longueur de la moitié du corps, à troisième article de la longueur des deux suivans, légèrement en scie intérieurement; le corcelet plus ou moins couvert de plis longitudinaux. (Il est lisse dans les véritables Nyctelia.)

Les uns ont les pattes postérieures assez longues, arquées et les anneaux de l'abdomen sans lignes ni points levés, et pareilles dans les deux sexes. Ils forment deux divisions.

Ceux de la première ont le corcelet de la largeur de l'abdomen à sa base, largement échancré en devant, irrégulièrement plissé sur les côtés et fortement impressionné au milieu; le corps presque carré, plus large et plus élevé à son extrémité, et brusquement arrondi postérieurement.

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N… erythropus, mihi. — Noir, avec les pattes d'un rouge ferrugineux et les élytres couvertes de gros plis. Il est assez commun aux environs de Mendoza, et se trouve courant, pendant le jour, le long des chemins et dans la Travesia. Il paraît propre à la ville en question. Démarche agile et continue. Efflorescence et odeur nulles.

N… ebeninus, mihi. — Semblable au précédent, mais les pattes noires. Il vit de même; mais il est très-rare à Mendoza, et se trouve communément à San-Luis, courant dans la Travesia lorsque le temps est humide et chaud; lorsque le soleil darde à-plomb ses rayons sur la terre, il se réfugie sous les racines des arbres et sous les pierres.

N… cristallisatus, mihi. — Entièrement noir; élytres plus fortement plissées que le précédent et à tubercules pyramidaux rangés régulièrement. De Mendoza, où il paraît très-rare. Habitudes des précédens.

N… monilis, mihi. — Entièrement noir; dessin des élytres disposé à peu près comme dans les Carabus granulatuset cancellcitus. De Mendoza, où il paraît également très-rare. Habitudes des précédens.

N… senex, mihi. — Entièrement noir, plus aplati en dessus que les précédens et à plis plus nombreux sur les côtés et plus irréguliers. Je l'ai trouvé une seule fois dans la vallée d'Uspallata, à la sortie orientale des Andes.

N… andicola, mihi. — Entièrement noir. Corcelet plus échancré que chez les précédens, plus rétréci à sa base, et couvert de longs poils rares; deux côtes élevées sur les élytres. Lorsqu'on le touche à terre, il se dresse sur ses pattes, et reste long-temps dans cette position. Il

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est toujours couvert d'une efflorescence grisâtre qui se renouvelle promptement après avoir été effacée. Odeur nulle. J'en ai trouvé plusieurs individus sur le revers occidental des Andes et près de leur sommet.

N… plicatipennis, mihi. — Noir, avec les pattes ferrugineuses. Corcelet lisse comme dans les Nyctelia; élytres convexes en ovale allongé, avec de gros plis transversaux sur les côtés. J'en ai trouvé des débris nombreux sur le revers oriental des Andes, à une grande hauteur. Toutes ces espèces sont de grande taille.

Ceux de la seconde division ont le corcelet plus étroit que l'abdomen à sa base et finement plissé longitudinalement dans toute son étendue; l'abdomen est en ovale plus ou moins allongé; les élytres couvertes d'une pellicule jaunâtre et couvertes de taches noires nombreuses. On les trouve sous les pierres, et ils ne courent pas comme les précédens pendant le jour. Leur efflorescence et leur odeur sont nulles.

J'en ai trouvé un assez grand nombre d'espèces dans les environs de San-Luis et dans la Sierra de Cordoba. La plus commune est le N… Dejeanii, mihi, qui se trouve dans les environs de la ville en question. Les autres, Ndesertorum, caraboides, servus, pictus, mihi, sont plus ou moins communs dans le second de ces endroits. Il est inutile d'entrer dans aucun détail sur' leurs différences spécifiques.

Chez les autres, les pattes postérieures sont proportionnellement plus courtes et plus robustes que chez les précédens, velues, arquées, dilatées en forme de massue chez les mâles, et simples chez les femelles. Les anneaux de l'abdomen de celles-ci offrent des

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points ou des lignes élevées, qui sont remplacées par des points ou des lignes lisses chez les premiers. L'abdomen est plus ou moins cordiforme, et le corcelet plus ou moins couvert de plis longitudinaux très-serrés et très-nombreux. Leur démarche est semblable à celle des précédens; mais ils ne courent pas comme eux pendant le jour, et au repos ils portent les pattes appliquées contre le corps. Leur odeur est nulle.

N… mamilloneus, mihi. Entièrement noir; corcelet très-finement strié; élytres lisses; quatre points élevés sur l'abdomen de la femelle, remplacés par deux points lisses chez le mâle. Quand on le touche, il se dresse sur ses pattes et reste long-temps dans cette position. Efflorescence nulle. Je l'ai trouvé communément sur le revers oriental des Andes, à une assez grande hauteur.

N… deplanatus, mihi. — D'un noir sale; élytres planes, couvertes d'une efflorescence abondante. Deux lignes élevées sur l'abdomen des femelles, remplacées par deux lignes lisses chez les mâles. Commun sur le Paramillo d'Uspallata, à la sortie orientale des Andes. Il est remplacé à Mendoza par le suivant.

N… vestitus, mihi. — D'un brun noirâtre; élytres plus convexes et plus allongées que chez le précédent, et pubescentes. Deux lignes élevées sur l'abdomen de la femelle, et lisses chez le mâle; pattes postérieures de ceux-ci très-renflées à leur extrémité et très-velues. Commun à Mendoza.

N… discicollis, mihi. — Noir; corcelet irrégulièrement plissé sur ses bords, lisse au milieu avec deux points enfoncés et couverts de poils rares et assez longs. Deux lignes élevées sur l'abdomen des femelles, et lisses chez

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les mâles. Très-commun aux environs de San-Luis. C'est cette espèce que j'ai conservée si long-temps vivante.

Près de ces. espèces doivent se placer d'autres dont le menton, en forme de quadrilatère, paraît divisé transversalement en deux parties, et est largement échancré à sa partie supérieure. Le corcelet est plus court que chez les précédens, bombé avec une double crête dans son milieu, et deux fortes épines latérales, aplaties et dirigées en arrière. L'abdomen est en carré plus ou moins allongé, plus large à sa partie postérieure et sans lignes de points élevés chez les deux sexes. Les pattes sont également simples chez tous deux. Les antennes sont filiformes, composées d'articles cylindriques, velus et sessiles avec le dernier ovoïde et court. J'en ai rapporté quatre espèces, qui toutes présentent sur leurs élytres des lignes élevées, irrégulières et interrompues. Leur efflorescence et leur odeur sont nulles.

N… erebi, mihi. — D'un noir luisant chez le mâle et sale chez la femelle. Celle-ci est plus grande et légèrement pubescente. On le trouve communément aux environs de San-Luis, courant à terre dans la Travesia quand le temps est chaud et humide.

Les trois espèces suivantes, N… cellulosus, satanicus, draco, mihi, ont les mêmes habitudes, et se trouvent depuis Mendoza jusques dans la Sierra de Cordoba.

Scotobius ( Germar). — Ces insectes, voisins par leur faciès des Scaurus, me paraissent les représenter en Amérique; ils s'étendent depuis le Brésil méridional et Buénos-Ayres jusqu'au Chili et au Pérou. Ils ne fréquentent pas les endroits arides et rocailleux exposés au

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soleil, mais ceux où le terrain est sablonneux et mélangé de terre végétale. On les trouve aussi sous les arbres abattus, dans les caves et autres endroits obscurs des maisons. Leur démarche est lente, saccadée, et au repos ils tiennent leurs pattes appliquées contre le corps. Ils n'exhalent aucune odeur, et sont ordinairement recouverts d'une efflorescence grisâtre très-légère. Dans quelques espèces, les cuisses antérieures offrent une forte dent chez les mâles, et sont inermes dans les deux sexes chez d'autres.

M. Germar, dans son Novæ Insectorum Species, etc., en a décrit un petit nombre d'espèces.

S. pillularius, Germar. —Le plus commun de tous, et qui a servi de type au genre, se trouve fréquemment à Buénos-Ayres, Montevideo, et le long du Parana jusqu'au Paraguay. Il est plus rare dans le Tucuman, ainsi que dans les Andes et au Chili, où il existe également.

S. elongatus, Germar. — Aussi commun que le précédent; mais sa forme est différente, et il présente un grand nombre de variétés, suivant que les points élevés des élytres sont plus ou moins élevés, distincts et disposés en ordre. On le trouve depuis Buénos-Ayres et Monte-video jusqu'aux Andes.

S. tuberculatus, Dej. N. Sp. —Voisin du précédent. Je l' ai trouvé à Mendoza.

S. crispatus, Germar. —Voisin également de I'elongatus. Cette espèce paraît propre à la province de Montevideo, où elle n'est pas rare.

S. cacicus, mihi. — Cette belle espèce, à corcelet plus étroit que les précédens, et à élytres couvertes de points

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élevés, arrondis et disposés en lignes régulières qui se réunissent alternativement, est propre au Tucuman, depuis Mendoza jusqu'à San-Luis.

S. granosus, mihi. — Espèce également propre au Tucuman. Je l'ai trouvé communément aux environs de San-Luis.

S. porcatus, Dej. — Je l'ai trouvé communément, pendant l'hiver, sous des pierres sur les bords de l'Uruguay, dans la province de Montevideo. Il est très-rare à Buénos-Ayres, et ne se trouve pas dans le Tucuman.

S. armentarius, mihi. — Cette espèce, la plus petite de toutes, se trouve ordinairement près des enceintes où l'on enferme les animaux, et quelquefois sous les Cactus décomposés. Elle est commune dans le Tucuman. M. de Saint-Hilaire l'a rapportée de la partie méridionale du Brésil.

J'en connais aussi une autre espèce recueillie à Corrientes par M. d'Orbigny, et tout-à-fait différente des précédentes, et j'en ai vu trois autres de la province de Saint-Paul, dans les collections de Rio-Janeiro.

Près de ce genre doit se placer un insecte qui en est très-voisin, mais qui en diffère par le dernier article de ses palpes plus renflé, par le devant de sa tête relevé en forme de mufle, tandis qu'il est arrondi dans les Scotobius, et par la forme plus rétrécie de son corps. M. le comte Dejean l'a placé provisoirement dans ce dernier genre sous le nom de S. varicosus. Je l'ai trouvé assez communément sur les bords de l'Uruguay. Il est trèsrare à Buénos-Ayres, et je ne crois pas qu'il existe dans le Tucuman; ses habitudes, du reste, sont semblables à celles des Scotobius.

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Praocis. — Genre récemment établi par M. Eschscholtz, mais dont les caractères n'ont pas encore été publiés. Les parties de la bouche et les antennes ne diffèrent pas beaucoup de celles des genres précédens, mais il s'en éloigne considérablement par sa forme. Le corcelet est assez grand, légèrement convexe, débordant le reste du corps chez quelques espèces, de dimension ordinaire chez d'autres, quelquefois plus large à sa partie postérieure et plus ou moins arrondi, et chez quelques-uns terminé par deux petites dents rentrantes aux angles postérieurs. L'abdomen est plus ou moins allongé, un peu convexe et arrondi sur les côtés. Je comprends, en un mot, dans ce genre, des espèces de forme un peu différentes, et qui pourraient constituer plusieurs coupes distinctes, mais toutes voisines de celle-ci.

Ces insectes vivent dans les endroits les plus arides et les plus rocailleux, exposés au soleil. Leur démarche est assez agile, continue, et au repos ils portent leurs pattes écartées du corps. Ils n'exhalent aucune odeur et se couvrent d'une efflorescence légère. Ils paraissent propres au Chili, aux Andes et aux régions voisines de celles-ci à l'est.

Les trois suivans appartiennent véritablement au genre Praocis, tel que l'a conçu M. Eschscholtz.

P. sylphoides, mihi. — Entièrement noir, avec quelques longs poils rares sur tout le corps; corcelet grand, arrondi aux angles; élytres un peu allongées. Il est commun dans les environs de Santiago au Chili.

P. rotundatus, mihi. — Noir, plus court, et proportionnellement plus large que le précédent; corcelet moins grand, avec les angles postérieurs formant deux

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petites dents rentrantes; efflorescence assez prononcée. Commun sur le Paramillo d'Uspallata, à la sortie orientale des Andes.

P. pentagonus, mihi.— Bronzé et velu; élytres assez allongées; corcelet terminé postérieurement comme celui du P. rotundatus.

Ceux qui suivent s'éloignent un peu des précédens par la forme, tout en conservant les mêmes caractères pour ce qui concerne les parties de la bouche et les antennes.

P. dilaticollis, mihi.—D'un brun noirâtre; corcelet rétréci antérieurement, large et arrondi sur les côtés à sa partie postérieure; efflorescence légère. Très-commun à Mendoza, dans les endroits les plus arides de la Travesia.

P. gravidus, mihi. — D'un brun noirâtre, pubescent; corcelet également rétréci en devant, mais moins dilaté que celui du précédent à sa partie postérieure; deux lignes élevées sur les élytres. Egalement de Mendoza, mais très-rare.

Je ne ferai qu'indiquer les suivans avec leur habitai, P. vilis, mihi, sur le Paramillo d'Uspallata; P. viaticus, pygmeus, minutus, mihi, de San-Luis, sous les pierres, le long des chemins.

Amphidora.—Genre établi par M. Eschscholtz sur un insecte de la Californie, dont les parties de la bouche et les antennes ont quelques rapports avec celles des Praocis, mais qui en diffère par sa forme plus allongée et moins convexe. Le corcelet est presque plane en dessus, carré avec les angles arrondis, et les élytres en ovale allongé. L'espèce que j'ai trouvée, A. squalida, mihi, n'est pas

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rare sur le Paramillo d'Uspallata. Sa démarclie est lente, son odeur nulle, et elle ne se couvre d'aucune efflorescence.

Près de ce genre je placerai trois insectes qui s'en éloignent beaucoup, ainsi que de tous les autres Mélasomes, par leur forme, mais dont la bouche et les antennes présentent à peu près les mêmes caractères, à quelques modifications près. Leur corps est assez allongé et étroit, leurs élytres planes en dessus, tombant brusquement sur les côtés, et offrant deux lignes élevées réunies à leur extrémité en forme de nœud. Leur corcelet avance plus ou moins sur la tète en devant, est bombé au milieu, avec ses côtés arrondis et ses angles postérieurs rentrans.

J'en ai trouvé trois espèces qui vivent dans les endroits les plus arides de la Travesia, sous les pierres. Ils creusent dans le sable de petits trous capables de les recevoir, et s'y tiennent immobiles. Leur démarche est lente, vu la petitesse de leurs pattes; leur odeur et leur efflorescence nulles.

Les deux suivans sont très-communs à Mendoza:

N…. cucullatus, mihi.—Entièrement d'un noir mat très-foncé; corcelet couvrant une partie de la tête, relevé antérieurement en forme de bourrelet, avec une petite ligne de poils courts, raides et couchés. La tête en offre aussi une pareille sur son vertex; élytres fortement ponctuées et rugueuses.

Nursinus, mihi.—Bronzé et très-velu, corcelet moins avancé que dans le précédent et non relevé à sa partie antérieure; élytres moins ponctuées.

N… dasypoides, mihi. — Très-voisin du précédent,

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mais plus court et plus fortement ponctué. Je l'ai trouvé à San-Luis, où les deux autres n'existent pas.

Jusqu'à présent toutes les espèces que nous avons examinées nous ont présenté une bouche de forme ordinaire, c'est-à-dire dont toutes les parties étaient visibles. Dans les suivans, qui appartiennent également à la tribu des Piméliaires, le menton est très-grand, entier, et dans quelques-uns recouvre toutes les parties de la bouche, comme dans les Adelostoma de M. Duponchel; tandis que chez d'autres, dont les mandibules sont très-fortes et très-épaisses, celles-ci sont seulement cachées à leur base et visibles en devant.

Parmi les premiers se placent deux espèces de petite taille, qui doivent former deux genres nouveaux.

N… antarticus, mihi. — Insecte voisin, pour la forme, des Tagenia, mais en différant par l'insertion des antennes et la forme de son corcelet; d'un jaune testacé assez foncé. Je l'ai trouvé assez communément dans les environs de San-Luis, sous les pierres, dans les terrains sablonneux. Démarche lente, pattes rapprochées du corps dans le repos.

N… tentyrioides, mihi.—Voisin des Tentyria par sa forme; noir; démarche lente; pattes écartées du corps au repos. Très-commun sous les pierres et les amas de plantes sur le Paramillo d'Uspallata, à Mendoza et San-Luis.

Parmi les seconds doivent entrer trois espèces de taille moyenne, hors une, formant autant de genres différais.

N… strangulatus, mihi. —Cet insecte a la tête assez grande, rétrécie en arrière, fortement relevée en devant

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en forme de mufle; le corcelet plus large que celle-ci à sa partie postérieure, brusquement rétréci à sa base et étranglé; les élytres assez allongées, légèrement convexes en dessus, arrondies sur les côtés, et tombant presque subitement à leur extrémité. J'en ai trouvé une seule fois plusieurs individus sous des troncs d'arbres abattus, sur les bords du Rio Desaguadero, entre Mendoza et San-Luis. Sa démarche est lente, quoique ses pattes soient de grandeur ordinaire; au repos, il les tient écartées du corps. Il n'exhale aucune odeur, et se couvre d'une efflorescence très-légère.

N… erotyloides, mihi. —Cette espèce et la suivante offrent un caractère que ne présente aucun Mélasome de l'ancien continent. La bouche, comme je l'ai dit, est entièrement couverte en dessous par le menton; mais en dessus, les mandibules sont en grande partie à découvert par suite de la forme du devant de la tête, qui se rétré cit et s'avance entre les organes en question, en présentant trois dentelures. Le corcelet est coupé diagonalement à sa partie antérieure ainsi qu'à sa base, et a presque la forme d'un V très-écarté. Les élytres sont très-bombées et ont la même forme que celle de certains Erotylus. Elles sont minces et de la consistance du parchemin, seul exemple de ce genre que présente les Mélasomes. Cet insecte n'est pas rare à Mendoza, dans les endroits sablonneux, sous les pierres, au pied des murs, etc. N'en ayant jamais trouvé d'individus vivans, ses habitudes me sont inconnues.

N… salax, mihi. — Cette espèce présente, dans les parties de la bouche, la même organisation que le précédent, mais il en diffère complètement par la forme

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générale de son corps, qui le rapproche des Opatrum, avec lequel il a beaucoup de ressemblance à la première vue. Sa démarche et ses habitudes sont les mêmes. Il est très-commun à San-Luis et à Mendoza, sous les herbes et les amas de végétaux dans les jardins. On ne le trouve pas dans les endroits arides; odeur et efflorescence nulles.

J'ai recueilli encore plusieurs autres insectes appartenant à la même tribu; mais, pour ne pas fatiguer le lecteur par des descriptions incomplètes, comme celles qui précèdent, et auxquelles je ne puis donner plus d'étendue, je m'abstiendrai d'en parler; leurs mœurs, d'ailleurs, n'offrent aucune particularité remarquable.

La seconde sous-tribu des Mélasomes, les Blapsides, offre, en Amérique, un moins grand nombre de genres que celle que je viens d'examiner. Je n'ai observé que les deux suivans:

Nycterinus (Eschscholtz).—Les caractères de ce genre sont encore inédits. Les insectes qui le composent ressemblent à de petits Blaps allongés, à corcelet presque plane, arrondi sur les côtés, et élytres cylindriques légèrement rétrécies en devant. On les trouve sous les pierres dans les endroits arides, et au pied des arbres en automne. Leur démarche est semblable à celle des Blaps, et ils exhalent la même odeur, mais à un degré plus faible. Ils ne se couvrent d'aucune efflorescence. Ils paraissent propres aux pays situés à l'ouest des Andes; on n'en trouve aucun de l'autre côté. J'en ai rapporté deux espèces, toutes deux nouvelles: N. elongatus, Dej., commun au Chili aux environs de Santiago, dans la vallée d' Aconcagua et dans les Andes N. substriatus, Dej., avec le précédent.

XX. 19

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Scotinus (Kirby). — Ce genre est propre au Brésil, qui n'offre aucune espèce des précédéns. Il n'existe pas à Buénos - Ayres, clans le Tucuman ni au Chili. Ces insectes ont la démarche et les habitudes des A sida d'Europe; mais ils ne fréquentent pas des localités aussi arides que celles-ci. On les trouve dans les endroits sablonneux des forêts, à terre, le long des chemins, ou bien sous, les arbres abattus. Ils ne commencent à paraître qu'en janvier. J'en ai rapporté cinq espèces, S. quadricollis, Dej.; crenicollis, Kirby; asidoides, bi-tuberculatus, squalidus, Dej., N. Sp.

La troisième sous-tribu des Mélasomes, les Ténébrionites, offre, dans la majeure partie de ses espèces, des habitudes différentes de celles des précédéns. Presque tous se trouventsous les écorces en décomposition, les troncs d'arbres abatitus, les lieux obscurs et frais des habitations et autres endroits analogues. L'Amérique en possède un assez grand nombre.

Opatrum (Fab.). — J'en ai rapporté trois espèces nouvelles qui vivent comme celles d'Europe: O. occidentale, mihi, très-commune à Mendoza et San-Luis; O. marginicolle, Dej., de Cordoba; voisin du précédent, mais beaucoup plus rare; O. curtum, mihi, de San-Luis; il est peu commun.

Tenebrio (Lin.).— La plupart des espèces américaines que l'on a classées dans ce genre devraient, ce me semble, en être séparées si l'on en considère comme le type nos T. obscurus et molitor; leur forme est bien différente ainsi que leurs habitudes. On ne les trouve que sous les écorces à demi décomposées, dans l'intérieur des troncs d'arbres, et presque tous ont la faculté de se couvrir

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d'une liqueur abondante, d'une odeur très-caustique et plus pénétrante que celle des Carabiques; quelques-uns même peuvent, comme les Carabus, la lancer à une distance considérable par l'anus. De ce nombre sont le T. grandis, Dej., commun au Brésil, sous les écorces, qui lance la liqueur en question à plus d'un pied de distance, et le T. armatus, Dej., également assez commun sous les troncs d'arbres décomposés et dans leur intérieur. Tous deux paraissent dans le courant de janvier et se trouvent jusqu'en mai.

Les autres se couvrent simplement de la liqueur dont je viens de parler: T. emarginatus, Dej., 4-maculalus? Oliv., gracilis, Dej., N. Sp., tous trois assez rares sous les écorces.

On n'en trouve à Buénos-Ayres qu' une seule espèce qui se rapproche par son faciès de celles d'Europe, et qui vit de même dans l'intérieur dès maisons, T. sinuato-collis, Dej.; on la trouve aussi à Cayenne et au Brésil.

Upis (Fab.). — Je n'ai trouvé qu'une espèce de ce genre, U. exarata, Dej., commune au Brésil, sur lé tronc des arbres, dans les fentes de leur écorce et leurs plaies desséchées, où elles se rassemblent en grand nombre. Elle se couvre, comme les Tenebrio, d'une liqueur caustique très-odorante.

Ici se termine dans le dernier ouvrage de M. Latreille la tribu des Mélasomes. Pour le reste des Hétéromères, je suivrai l'ordre dans lequel ils se trouvent placés dans le Catalogue de M. le comte Dejean, sans désigner les tribus.

(La fin au prochain numéro).

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[SECOND PART OF THIS PAPER IN VOLUME 21.]

 

MEMORIE sur les Habitudes des Insectes coléoptères de l' Amérique méridionale;

Par M. J. TH. LACORDAIRE (I).

(Suite et fin.)

Uloma (Fab.). — Les espèces de ce genre sont trèsnombreuses, et vivent toutes sans exception sous les écorces décomposées, les troncs abattus et dans leur intérieur. Elles exhalent la même odeur que les Tenebrio, mais ne se couvrent pas comme eux de la liqueur dont j'ai parlé plus haut.

L'espèce la plus grande et la plus remarquable, U. monocera, Dej., est rare au Brésil, ainsi que la suivante qui vient après pour la taille, U. excavata, Dej. Les autres sont assez communes: U. melanaria, confinis, laticollis, perplexa, curvipes, parallela, Dej., N. Sp., bi-impressa, Lat., etc.

(1) Voyez le commencement de ce Mémoire au tome XX, p. 185.

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On en trouve également plusieurs à Buénos-Ayres et dans le Tucuman, U. opatroides, excavata, punctulata, Dej., assez communes dans le premier de ces pays; la dernière et les deux suivantes, U. brunnipes et, carbonaria, Dej., N. Sp., du second. Elles vivent, comme celles du Brésil, sous les écorces.

La suivante, très-commune à Santiago, au Chili, U. infamis, mihi, vit dans les amas d'ordures, les excrémens humains, les lieux d'aisances et autres endroits pareils.

Phaleria (Lat.). — J'ai trouvé assez communément à. Rio-Janeiro une espèce de ce genre, P. bi-signala, Dej., N. Sp.; elle vit sur les bords de la Baie, dans les cadavres rejetés par la mer, et s'enfonce assez profondément dans le sable humide.

Diaperis (Geoffroy). — Toutes les espèces de ce genre vivent sous les écorces humides, dans les bolets et les plaies des arbres. Leur démarche est plus agile que celle de la D. boleti d'Europe; elle exhale, la même odeur, et se couvre comme les Tenebrio de la liqueur qui la produit.

On trouve très-communément la D. affinis, Dej., au Brésil et dans la province de Montevideo; elle est rare de l'autre côté de La Plata. Avec elle, mais seulement au Brésil, on rencontre communément deux espèces à taches rouges sur les élytres, D. cruentata, Dej. fasciata Fab. Les deux suivantes, D. histrio et helopioides, Dej., N. Sp., sont beaucoup plus rares.

Toutes ces espèces ont le corcelet inerme chez les deux sexes. Dans la suivante, à corps plus arrondi et presque globuleux, le mâle offre deux tubercules sur le

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sien, D. dimidiata, Dej., N. Sp. J'ai trouvé une seule fois les deux sexes dans un bolet.

Eustrophus (Illiger). — Ces insectes vivent dans les plantations, sur le tronc des arbres abattus, où on les trouve quelquefois en réunions assez nombreuses. Leur démarche est très-agile, et ils peuvent sauter à une certaine hauteur. Ils exhalent une odeur faible, voisine de celle des Diaperis. J'en ai rapporté quatre espèces, E. 15-maculatus, Manherheim, tomentosus, bi-punctatus, bi-signatus, Dej., N. Sp.

Boletophagus (Fab.). —J'en ai rapporté deux espèces, à corcelet muni en devant d'une corne allongée aplatie et dilatée à son extrémité, B. cucullatus et monocerus, Dej., N. Sp. Toutes deux sont rares et se., trouvent sous les écorces desséchées dans les plantations. Leur démarche est lente, et elles exhalent la même odeur que le genre qui précède.

Epitragus (Lat.). — Les habitudes de ce genre s'éloignent de celles des précédens, et les rapprochent de certaines espèces d'Hélops. On les trouve sur les feuilles, volant dans les bois, principalement vers le soir. Ils n'exhalent aucune odeur. On trouve communément au Brésil, pendant la saison pluvieuse, I'E. œneus, Dej. Les Andes et le Tucuman en fournissent plusieurs espèces d'assez grande taille: E. Andorum, jaspideus, mihi, stricticollis, monticola, meticulosus, helopioides, Dej. Toutes sont nouvelles.

Dircœa (Fab.). — J'ai trouvé au Brésil deux espèces de ce genre, qui vivent dans les bolets et dans les troncs desséchés, en y creusant, des, trous cylindriques assez

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profonds; D. bi-lineata, Dej., N. Sp., la plus grande du genre, et D. fuscipennis, Dej.

Nilio (Lat.). — Ces insectes vivent sur le tronc des arbres, contre lesquels on les trouve collés ou grimpant lentement. Quand on les touche, ils se cramponnent assez fortement aux aspérités de l'écorce, et ramènent leurs antennes sous le corcelet; lorsqu'on les tient, ils contractent leurs pattes à la manière des Coccinella et restent assez long - temps immobiles. Leur odeur est assez forte et pareille à celle des Helops. On trouve communément au Brésil deux espèces, N. fasciculatus et reticulatus, Dej. J' en ai rapporté une antre qui paraît rare, N. fusculus, Dej., N. Sp.

Helops (Fab.). — Ce genre, tel qu'il est établi dans le Catalogue de M. le comte Dejean, renferme une grande quantité d'espèces de formes et de mœurs différentes. On l'a divisé depuis, mais il y règne encore une grande confusion, et par conséquent de nouvelles coupes génériques à établir. En admettant que la dénomination d'Helops soit restreinte aux H. cæruleus, lanipes, caraboides de Fabricius et autres espèces analogues, ce genre n'existerait pas dans l'Amérique méridionale, ou du moins je n'y en connais aucun.

Ceux dont les antennes sont légèrement en scie à partir du sixième article, le corcelet presque carré un peu élargi postérieurement, le corps allongé et bombé, et qui constituent le genre Campsia de MM. Lepelletier et Serville, se rapprochent des Tenebrio par leurs habitudes. On les trouve dans les mêmes lieux, et ils exhalent la même odeur, sans se couvrir néanmoins d'une liqueur caustique comme ces derniers. Quoique pourvus.

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d'ailes, je ne les ai jamais vus voler. H. multipunctatus, aculipennis, elongatus, cupreus, flaivicans, Dej., etc. Tous sont de grande taille.

Les suivans ont les mêmes habitudes, mais diffèrent beaucoup des précédeus par leurs formes. Ils pourraient constituer quatre genres bien distincts. Le premier renfermerait les H. pterocerus et bi-nodosus, Dej.; tous deux rares au Brésil. Le second, les H. productus, Dej., commun sous les écorces humides, et glaucus, ejusd., avec le précédent, mais plus rare. Le troisième, les Helops angulatus, Dej., très-commun au Brésil; antiquus, ejusd., très-rare. Le quatrième enfin, les H. punctatissimus, fulvipennis, corvinus, Dej., du Brésil, et cariosus, ejusd. N. Sp., très-commun dans la province de Montevideo.

D'autres, dont la forme est très-voisine de celle des Campsia, mais qui en diffèrent par leurs habitudes, pourraient en être séparés. Ils vivent sur les feuilles, le tronc des arbres à l'extérieur, et on les trouve fréquemment volant dans les bois pendant la grande chaleur du jour. Leur odeur est beaucoup moins forte que celle des précédens. H. marginellus, Dej. , fasciatus, Fab., zebra, histrio, rufipennis, iris, fulgidus, Dej., etc.

Ceux qui composent les genres Stenochia, Kirby, et Sphenosoma, Dej., vivent comme les précédens: Sten. violacea, Fab., cylindrica, limbata, bi-maculata, decora, lepida, aulica, pulchella, femoralis, Dej., etc.; Sphen. acuminata, ejusd. N. Sp.

Sphœroius (Kirby). —Ces insectes, qui faisaient également partie du genre Helops avant que M. Kirby les en séparât, se trouvent à terre sous les bois morts.,

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ou grimpent, mais sans s'élever beaucoup au-dessus du sol, contre le tronc des arbres, les clôtures dans les plantations, etc. Leur démarche est lente, et leur odeur est semblable à celle des Campsia. Ils se distinguent d'ailleurs de tous les autres Helops en ce qu'ils sont privés d'ailes. J'ai trouvé assez communément au Brésil le S. curvipes, Dej., et une autre espèce nouvelle plus petite, S. lævigatus, Dej.; celle-ci paraît rare.

Allecula (Fab.). — Quoique bien distincts des Hélops par leurs caractères, ces insectes s'en rapprochent par leurs habitudes et plus encore par leur odeur qui est absolument la même. On les trouve sous les écorces, rarement sur les feuilles; et, quand on les prend, la plupart se couvrent d'une liqueur abondante qu'ils rendent par la bouche et les parties latérales de leur corps. Leur démarche est difficile, quoique leurs mouvemens soient très-vifs. La forme de leurs pattes ne leur permet pas d'avancer en ligne droite, et ils tombent à chaque instant sur le côté. Quoique pourvus d'ailes, ils volent rarement. Presque tous vivent en réunions plus ou moins nombreuses. On trouve communément au Brésil les suivans: A. apiata, metallica, ænea, pubescens, affinis, femorata, carbonaria, Dej., etc. Buénos-Ayres en offre une espèce qui se trouve également dans le Tucuman, et qui est commune toute l'année, A. brunnea, Dej., N. Sp.

Lagria (Fab.). — J'en ai trouvé deux espèces au Brésil qui vivent sur les feuilles comme celles d'Europe, L. præusta et melanaria, Dej., N. Sp.

Statyra (Lat.). — Les espèces de ce genre vivent toutes sur les feuilles en s'y tenant collées comme les

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Agra, avec lesquelles on les confond facilement au premier coup-d'oeil, leur forme ayant beaucoup de rapports avec celle de ces dernières. Elles s'échappent de même quand on touche à leur retraite, et volent assez bien. J'ai rapporté les espèces suivantes: S. agroides, Dej.; geniculata, morbillosa, ejusd. N. Sp.

Prostenus (Lat.). — Les Prostenus sont de jolis insectes du Brésil, ordinairement pubescens et ornés de coulcurs agréables, qui se Lrouvent sur les feuilles et les fleurs, marchant assez lentement; ils ne se laissent pas tomber quand on les approche, et n'exhalent aucune odeur particulière. Je ne les ai jamais vus voler, quoiqu'ils aient des ailes. On trouve assez fréquemment le P. equestris (Anthicus Langsdorfi du Cat. de M. le comte Dejean.). Les autres, P. pilosus, Dej.; moniliferus, Manherheim; cyaneus, sex-maculatus, sex-punctatus, Dej., sont beaucoup plus rares.

Ripiphorus, Bosc.; Pelecotoma, Fischer; Mordella, Lin. — Je réunis ensemble ces trois genres, dont les espèces offrent les mêmes habitudes que leurs congénères d'Europe. On les trouve sur les fleurs, quelquefois sur les feuilles, et elles s'échappent avec vitesse quand on veut les saisir. On en trouve plusieurs espèces au Brésil: Rip. collaris, Dej., N. Sp.; Pel. varia, nebulosa, Dej., leucophœa, murina, ejusd. N. Sp.; Mord. lunifera, Dej.; scutellaris, Fab., maculiventris, anthracina, aulica, strigosa, multiguttata, Dej., N. Sp. Au Chili j'ai trouvé abondamment sur des ombellifères, dans les environs de Santiago, M. 5-guttata, d'Urville, chilensis, Dej.

Horia (Fab.). — Je n'ai trouvé au Brésil que l'espèce

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déjà connue, H. maculata, Fab. Elle n'est pas rare aux environs de Rio-Janeiro, et elle vit sous les écorces, Son vol et sa démarche sont lourds, et elle rend par la bouche une liqueur jaunâtre d'une odeur particulière, intermédiaire entre celles des Helops et des Lytta.

Tetraonyx (Lat.). — J'ai rapporté un assez grand nombre d'espèces de ce genre. Toutes vivent sur les plantes basses, les feuilles; volent assez bien, et répandent la même odeur que les Horia. La plus grande espèce, T. cyanea, Dej., est très-rare aux environs de Rio-Janeiro, mais paraît commune dans la province de Saint - Paul et à l'île Sainte - Catherine. On trouve, au contraire, en abondance, près de la ville ci-dessus, le T. 6-guttata, Dej. Les suivans sont beaucoup moins communs, T. luctuosa, femorata, flavicollis, transversalis, subcincta, discicollis, Dej., N. Sp. On n'en trouve aucun à Buénos-Ayres.

Lytta (Fab.). — Les Lytta d'Amérique ont les mêmes habitudes que celles d'Europe pour ce qui concerne la nourriture, la démarche et le vol; mais elles en diffèrent par leur odeur, qui est infiniment moins forte, et qui indique que leur propriété vésicante est beaucoup moins active, ce qui a lieu en effet. Quoiqu'on les emploie aux mêmes usages que notre L. vesicatoria, les pharmaciens préfèrent celle-ci, qui produit beaucoup plus d'effet, et la font venir d'Europe. Quelques - unes vivent en sociétés nombreuses comme l'espèce en question, tandis que d'autres ne se rencontrent qu'isolées ou en réunions composées de peu d'individus. Parmi les premières, je citerai les L. conspersa et punctata, Dej., qui paraissent à Buénos-Àyres, en décembre, et qui

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ne sc montrent guère que pendant un mois ou six semaines. Parmi les autres, sont les L. fucata, affinis, capitata, Dej., du Brésil; femoralis, Dej., du Chili, et Lacordairei, Dej., N. Sp., grande et belle espèce du Tucuman.

OEdemera (Oliv.). — J'en ai rapporté deux espèces du Brésil, OE. grandis et melanophtalma, Dej., N. Sp., et une de Buénos - Ayres, qui ne diffère en rien de l'OE. notata, Fab., qu'on trouve dans le midi de la France. Leurs habitudes sont les mêmes que celles de leurs congénères d'Europe.

CURCULIONITES.

Cette famille est, après celle des Chrysomelines, la plus nombreuse en espèces dans les pays situés sous les tropiques. Comme celles de nos pays, tontes vivent de substances végétales, et ne présentent de difrence un peu sensible que dans leur démarche et dans le vol, dont quelques-unes ne font jamais usage, quoique possédant des ailes. Les espèces aptères, assez abondantes dans l'ancien continent, sont en très-petit nombre en Amérique, et parmi celles qui se trouvent dans ce cas, aucunes ne vivent exclusivement dans les terrains sablonneux et arides, comme les Brachycerus, Bronchus, etc., de l'Afrique. Ces genres et leurs analogues n'ont point, que je sache, de représentans dans le Nouveau-Monde.

M. Schœnherr, dans son beau travail sur cette famille, l'a divisée en un très-grand nombre de genres et de sous-genres. Tout en suivant sa méthode, je ne ferai

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usage des uns et des autres qu'autant que les différences dans les habitudes le rendront nécessaires.

Bruchus.B. cayennensis, Dej., commune aux environs de Rio-Janeiro, sur les feuilles dans les bois et sur les troncs des arbres. Vol assez agile, démarche moins vive que celle des petites espèces de nos pays. B. Robiniæ, Fab. Commune sur les fleurs; vol et démarche plus agiles que dans l'espèce précédente. On en trouve deux espèces à Buénos-Ayres, qui vivent comme la dernière, B. acanthocnemus et cognatus, Dej., N. Sp.

Anthribus (Geoffroy). — Toutes les espèces de ce genre se tiennent sur les troncs des arbres, les clôtuires des plantations, etc.; jamais on ne les trouve sous les écorces et très-rarement sur les feuilles. Quoique toutes soient pourvues d'ailes, la plupart en font rarement usage. Chez celles-ci la démarche est toujours lente. D'autres, au contraire, volent avec beaucoup de rapidité, et courent très-vite.

Parmi les premiers, je citerai: A. cylindricus, Dej., très-commun sur les arbres abattus dans les plantations. Il se laisse tomber à la moindre apparence de danger. A. glaucus, Dej., mêmes mœurs que le précédent, mais beaucoup plus rare. Dans ces deux espèces et dans. quelques-unes des suivantes, les antennes du mâle égalent presque le corps en longueur. Jamais ils ne volent. A. curculioides, Dej., grande et belle espèce assez commune aux environs de Rio-Janeiro et très-rare dans l'intérieur. A. tigrinus, Lacordairei, costatus, sulphureus, irroratus echinatas, asperatus, hirtipes, sordidus, bi-spinosus, inæqualis, coffeœ funebris, ejusd., etc. Mêmes mœurs que les précédens, mais ils

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font plus fréquemment usage de leurs ailes; leur vol est assez agile et se prolonge peu.

Parmi les seconds, je ne connais que deux espèces:

A. luctuosus et dorsigcr, Dej., toutes deux courent très-vite et prennent leur vol avec la même rapidité qu'une mouche quand on veut les saisir.

Attelabus (Lin.). — A. melanocephalus, Dej., variegatus, lineaticollis, rufescens, ejusd. N. Sp. Mêmes habitudes que leurs congénères d'Europe.

Rhynchites (Herbst.). — R. cyaneus, Dej. Très-rare au Brésil, sur les feuilles. Il vit comme nos espèces d'Europe.

Brentus (Fab.). — Toutes les espèces de ce genre, sans exception, vivent sons les écorces sèches ou a demi décomposées où l'on trouve quelquefois rassemblées par centaines les espèces suivantes: B. anchorago, canaliculatus, volvulus, Fab., vulnercitus et crassicornis, Dej. Les autres sont un peu moins Communes. On les trouve aussi quelquefois à l'extérieur, grimpant contre le tronc des arbres, d'où elles se laissent tomber quand on veut les saisir. Leur démarche est lente et embarrassée par leur long bec et leur corcelet qui rétombent à chaque pas qu'elles font. Les mâles, en marchant, agitent sans cesse leurs antennes comme certains Hyménoptères du genre Tenthredo. Quoique pourvus d'ailes, ils ne volent jamais. On trouve assez souvent des espèces différentes accouplées ensemble.

Celles sur lesquelles M. Schœnherr a établi son sous-genre Arrhenodes, B. singularis, mandibularis, exsertus, affinis, Dej., sont plus rares que les véritables Brentus, et aiment à s'enfoncer dans le bois en

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décomposition. Leur démarche est également lente, mais moins embarrassée que celle do genre en question.

Taphroderes (Schœnherr.). — Genre établi par ce savant sur des Brentus à corcelet comprimé latéralement. Je n'en ai rapporté qu'une espèce, T. simus, Dej., N. Sp., qui vit comme les autres Brentus.

Rhinotia (Lat.). Belus, Schœnherr. — Genre commun à la Nouvelle-Hollande et au Brésil. J'en ai rapporté trois espèces de ce dernier pays: R. variegata, similis, præusta, Dej., N. Sp. On les trouve sur les plantes basses, ou volant dans les bois. Leur vol est pareil à celui des Lycus, avec lesquels leurs couleurs leur donnent de la ressemblance, ainsi que l'habitude de fléchir leurs antennes et de simuler la mort quand on les saisit.

Ulocerus (Schœnherr). — Mêmes mœurs que les Brentus, dont ils ne diffèrent guères que par le nombre des articles de leurs antennes. On trouve assez communément aux environs de Rio-Janeiro l'U. squalidus, Dej.

Rhigus (Dalman). — Chlorima, Dej., Cat. Toutes les espèces de ce genre, remarquables par leur taille, la beauté de leurs couleurs, ou la bizarrerie de leurs formes, vivent sur les feuilles des arbrisseaux ou des plantes basses. Leur démarche est lente, et elles ne volent presque jamais. On ne les trouve qu'isolées. Les deux espèces les plus communes aux environs de Rio-Janeiro, sont les R. draco (C. Schupellii, Germar), et arrogans, Dej. Les autres, R. obesus, tumidus, multipunctatus, pardalinus, costatus, ejusd., sont beaucoup plus rares. Je n'en connais point de Buénos-Ayres ni du Tucuman.

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Entymus (Germar). — Les deux espèces que J'ai rapportées, E. imperialis, Fab., et nobilis, Oliv., vivent en société sur une espèce de mimosa. Ces arbres en sont quelquefois chargés au point de plier sous le faix. Ils sont plus communs dans l'intérieur du Brésil qu'aux environs même de Rio-Janeiro, et je ne crois pas qu'ils s'éloignent des tropiques.

Thylacites (Germar).— T. nebulosus, Dej., vicinus, canus, ejusd. N. Sp.; sur les feuilles et les plantes basses, où on les trouve quelquefois réunis en assez grand nombre.

Naupactus (Megerle). Brachyderes, Leplocerus, Schœnherr. — On trouve au Brésil un assez grand nombre d'espèces de ce genre. La plupart vivent sur les arbres et quelques-unes sur les plantes peu élevées; de ce nombre est legéant du genre, N. r'ivulosus., qui est assez commun. On en trouve plusieurs à Buénos-Ayres N. bonariensis, Dej., N. Sp.; durius, xanthographus, ejusd., très - communs sur le tronc des arbres; N. bi-vittatus, beaucoup plus rare que les précédens; N. leucosoma, Dej., N. Sp., à terre, sous les herbes, depuis la ville en question jusqu'aux Andes.

J'en ai rapporté du Tucuman une très-belle espèce, N. bi-vittatus, qui vit sur les mimosas, et qui n'est pas rare à San-Luis et Mendoza.

Dans ce genre on reconnaît facilement les mâles à leur forme plus allongée et plus cylindrique que les femelles, et leur corcelet proportionnellement plus grand.

Cyphus (Schœnherr).—Les espèces de ce genre ont les plus grands rapports de mœurs et de faciès avec les Rhigus, et il est difficile de ne pas les confondre au

XXI. 11

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premier coup d'œil avec ces derniers. Les grosses espèces C. Latreillei, albiventris, prasinus, dorsalis, Dej., etc., vivent sur les arbres et principalement, sur les Mimosas.On ne trouve que là une très-jolie espèce remarquable par les longs poils dont elle est hérissée. L. Lacordairei, Dej., N. Sp. Les autres de taille plus petite, et la plupart de couleur blanche, C. gibber, Fab.; très-commun, niveus, ejusd., albissimus, spinferus, Mutillarius, Dej.; Besckii, Germar; fasciatus, Dej., etc., fréquentent de préférence les arbrisseaux et les plantes basses dans les plantations. On trouve à Buénos-Ayres une espèce de ce genre, la seule que j'y aie jamais vue, C. pulverulentas, Dej., N. Sp.

Les mêmes habitudes sont communes aux genres suivans:

Eustales (Germar). — E. inœqualis, speciosus, linealas, flavolineatus, rnodestus, Dej.

Diaprepes (Schœnherr). — D. confluens, Fab., sur les feuilles. Sans être bien rare, il n'est pas très-commun.

Entyus (Schœnherr). — E. tri-fasciatus, Dej., assez commun.

Hypsonotus (Germar). — Genre nombreux en espèces dont quelques-unes remarquables par la richesse de leurs couleurs. H. decorus, Dej. (dives, Germar); fasciatus, squamosus, fastuosus, Dej.; lama, Schœnherr, etc.; j'en ai rapporté un assez grand nombre d'espèces nouvelles.

Listroderes (Schœnherr). — L. morbillosus; Dej.; du Brésil. L. sordidus, bituberculatus, Dej.; de Buenos-Ayres. Ce dernier est commun et se trouve toute l'an-

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née sous les écorces des arbres. L. obliquus, Dej., N. Sp.; du Tucuman.

Hypera (Germar). — H, litigiosa, tímida, Dej.; Nov. Sp. de Buenos-Ayres.

Pachygaster (Germar). —P. Bonariensis, Dej.; N. Sp. de Buénos-Ayres.

Hyphantus (Germar). — H. baccifei; Germar; seule espèce connue de ce genre; commune au Brésil.

Lixus (Fab.). — J'ai rapporté un assez grand nombre d'espèces de ce genre. Toutes vivent sur les feuilles, et sont couvertes d'une poussière jaunâtre qui s'enlève au moindre attouchement, mais qui se renouvelle peu de temps après. Aucune n'est bien commune. L. brasiliensis, Dej.; parallelus, conformis, vestitus, vicinus, impressicollis, longulus, ejusd. N. Sp.

Heilipus (Germar). — Les habitudes de ce genre diffèrent de celles des précédens, et sous ce rapport ils se rapprochent des Cryptorhynchns. On ne les trouve presque jamais sur les feuilles, mais sur le tronc des arbres, dans les fentes et les cavités que présente leur écorce. Quand on veut les saisir, loin de se laisser tomber, ils se cramponnent assez fortement aux aspérités de sa surface. Lorsqu'on les tient, ils ne contrefont pas les morts. Ils ne volent jamais. Les espèces sont très - multipliées, et toutes de moyenne taille. J'en ai rapporté une trentaine dont je ne citerai que les plus remarquables: H. albo-cinctus, luctuosus, Dej.; N. Sp., rufirostris, bi-signatus, bi-notatus, pupillatus, multiguttatus, decipiens, spinosus, ejusd., etc.

Cholus (Germar). — C. flavo-fasciatus, albo-fasciatus Dej.; amabilis, stupidus, ejusd. N. Sp.; mêmes

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habitudes que les précédens, si ce n'est qu'ils font plus fréquemment usage de leurs ailes.

Archarias (Dej.).—Dyonichus, Germar; les grandes espèces à élytres planes, A. lugubris, tristis, compressus, c(ircumdatus, Germar); excavatus, circumductus, Dej.; vivent, comme les heilipus, sur le tronc des arbres, et s'y trouvent ordinairement immobiles; les autres à élytres convexes, A. bicinctus, albo-notatus, granulatus, sulcatus, Dej., etc., se trouvent presque toujours sur les feuilles, dont elles se laissent tomber quand on veut les saisir. Le dernier est le plus commun de tous.

Amerhinus (Schœnherr).—Des trois espèces que j'ai rapportées, deux, A. Dufresnii, Leach, et ynca, Schœnherr, sont extrêmement communes aux environs de Rio-Janeiro. La troisième, A. concinnatus, Dej., est au contraire rare. Toutes vivent sur les feuilles, les plantes peu élevées, et se laissent tomber quand on approche pour les prendre.

Baris (Germar).—On trouve quelquefois réunies en assez grand nombre sur les feuilles, les B. metallica, rubricollis, Dej.; les autres espèces; B. bicolor, melanocephala, inœqualis, nitida, arcuata, Dej.; argentata, gagatina, melancholica, ejusd. N. Sp., vivent de même, mais sont un peu moins communes. Ces insectes ne se laissent pas tomber à terre quand on veut les prendre, et ne volent presque jamais.

Cratosomus (Schœnherr). — Les uns C. superbus, pollinosus, pardalinus, Dej., sticticus, Germar, à corps très-bombé et arrondi, vivent sur les feuilles et les plantes basses: les autres à corps un peu aplati, presque carré, et couvert d'aspérités, C. Lacordairei,

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albo-maculatus, Dej., se trouvent plus communément sur le tronc des. arbres. Toutes se laissent tomber au moindre signe de danger.

J'en ai rapporté une belle espèce de Cordoba, C. La-treillei, mihi.

Cryptorhynchus (Illiger). — Les nombreuses espèces de ce genre vivent presque toutes sans exception sur le tronc des arbres, d'où elles se laissent tomber quand on vient pour les saisir. Leur démarche est lente, et elles ne volent presque jamais. Quand on les prend, elles simulent la mort, cachent leur trompe dans la cavité de leur poitrine et appliquent leurs pattes contre le corps mais elles ne restent pas long-temps dans cet état, et reprennent leur mouvement dès qu'elles croient le danger passé.

On en trouve plusieurs espèces à Buénos-Ayres, et j'en ai trouvé plusieurs d'assez grande taille sur le sommet des Andes.

On retrouve les mêmes habitudes dans les genres Macromerus, Pinarus, Dyorimerus, Schœnherr.

Bagous (Germar). — Je n'ai trouvé aucune espèce dé ce genre au Brésil; mais il en existe plusieurs à Buénos-Ayres, B. cinereus, nebulosus, spadiceus, Dej., N. Sp. Elles vivent sur le tronc des arbres.

Scleropterus (Schœnherr). — Je n'en connais qu'une espèce assez rare au Brésil, S. spinicollis, Dej. (granicollis, Germar; cacicus, Salhberg); elle a les mêmes habitudes que les Amerhinus.

Zygops, Schœnherr, Lat. (Eccoptus, Dej.). — Ces insectes ressemblent, à la première vue, à des petits. Cryptorhynchus, mais ils s'en éloignent beaucoup par

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leurs habitudes, ainsi que de presque tous les autres Curculionites. Ce sont les plus agiles de cette famille tant pour la démarche que pour le vol. On les trouve toujours sur le tronc des arbres, et dès qu'on approche ils s'enfuient en courant avec la plus grande rapidité ou se laissent tomber; mais dans ce dernier cas il est rare qu'ils arrivent jusqu'à terre, car ils prennent ordinairement leur vol au milieu de leur chute. Quand on les tient, ils contrefont les morts comme les Cryptorhynchus.

Les espèces en sont assez nombreuses, et je n'en citerai que quelques-unes: E. asio, lineatocollis, dorsalis, Dej., caliginosus, marmoreus, nebulosus, ejusd. N. Sp.

Les Piazorus, dont M.Schœnherr n'a fait qu'un sousgenre des zygops, ont les mêmes habitudes, mais mériteraient de faire un genre à part par la forme différente de leur corps. P. difformis, Dej.; ciliatus, Germar; costato-punctatus, Dej., etc.

Centrinus et Eurhinus (Schœnherr). — Les espèces de ces deux genres, la plupart remarquables par l'état métallique de leurs couleurs, ou les deux cornes dont est armée la poitrine des mâles, se trouvent sur les feuilles, d'où elles se laissent tomber quand on veut les saisir, surtout les espèces à corps gibbeux et arrondi: les autres à élytres presque planes sont beaucoup moins timides. Ces insectes sont assez communs, et l'on en connaît déjà un grand nombre d'espèces.

Rhina (Lat.). — Il existe maintenant dans les collections plusieurs espèces de ce genre. Je n'en ai trouvé qu'une, R. barbirostris, Lat., la plus anciennement connue et qui a servi de type au genre. Elle n'est pas

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rare au Brésil sur les feuilles où elle marche lentement, et se cramponne quand on veut la prendre. Les individus diffèrent beaucoup pour la taille.

Calandra (Fab.). —La larve de la plus grande espèce de l'Amérique, Cal. palmarum, Lin., vit exclusivement dans les palmiers, et l'insecte parfait est commun partout où il y a de ces arbres. On les voit paraître en grande quantité le soir. Leur vol est bruyant et rapide, mais peu élevé au-dessus de terre. Cette espèce se trouve jusqu'à Corrientes où cessent de croître les palmiers: au Brésil on ne mange pas la larve. Les autres espèces volent également bien et se trouvent pendant le jour sur le tronc des arbres et les feuilles.

A Buénos-Ayres el à Montevideo on en trouve communément deux: C. signaticollis et spreta, Dej. Sous les amas de plantes et les cadavres desséchés. Il en existe une troisième de la grandeur de notre C. granata, noire, avec quatre points rouges sur les élytres, qui fait beaucoup de ravages dans les grains qu'on conserve dans les maisons.

J'en ai rapporté du Tueuman une autre de moyenne taille, C. tucumana, Dej.; N. Sp.

Acorynus (Dej.). — Ces insectes vivent sous les écorces décomposées où l'on trouve assez communément I'A. morbillosus, Dej.

Cossonus (Schœnherr). — Mêmes mœurs que les précédens. On trouve très-communément les deux espèces suivantes, C. hœmorrhoidalis, Dej.; affinis, ejusd.

N. Sp.

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XYLOPHAGES.

Les derniers genres de la famille précédente conduisent naturellement à celle-ci, où les habitudes sons entièrement d'accord avecla classification systématique et ne font que la confirmer, tous les Xylophages vivant dans le bois, surtout dans celui qui est sec. Quelques-uns, cependant, habitent de préférence sous les écorces décomposées, et un petit nombre dans les maisons, où ils exercent des ravages souvent considérables dans les substances végétales que nous y conservons. Tous sont pourvus d'ailes; mais la plupart n'en font jamais usage. Aucun n'exhale d'odeur particulière.

Leurs mœurs ayant, le plus grand rapport avec ceux de l'Europe, n'exigent aucun détail, et je ne ferai presque que mentionner les genres que j'ai observés en Amérique en indiquant quelles sont les espèces les plus communes.

Hylurgus (Lat.). — Je n'en ai trouvé qu'une espèce, H. subcostatus, Dej., N. Sp.; commune au Brésil sous les écorces humides.

Hylesinus (Fab.). — H. grandis, assez commune au Brésil. Mêmes habitudes que le précédent.

Camptocerus (Dej.). — La seule espèce connue, C. œneipennis,Fab., n'est pas très-commune au Brésil. Elle vit dans le bois mort et y creuse des trous assez profonds. On la trouve aussi à Cayenne.

Scolytus (Geoffroy). — S. anthracinus, Dej., N. Sp. du Brésil, dans, le bois mort.

Bostrichus (Geoffroy). — Je n'en ai trouvé qu'une

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espèce au Brésil, remarquable par la forme bizarre de son corcelet. Elle vit comme ses congénères d'Europe.

Platy pus (Herbst). — Les espèces de ce genre sont assez nombreuses. On les trouve toujours dans les trous qu'elles creusent dans le bois mort. Elles volent assez bien. P. subcinctus, melanocephalus, prœustus, Dej.; denticornis, abbreviatus, fuscus, ejusd. N. Sp. Du Brésil. P. testaceus, de Buénos-Ayres. On y trouve également le P. prœustus ci-dessus.

Apate (Fab.). — Genre aussi nombreux en espèces que le précédent. On les trouve sous les écorces sèches, et tous volent facilement. A. 4-dentata, Dej. (se trouve aussi à Buénos-Ayres), mulica, axillaris, dentata inœqualis, Dej.; du Brésil. A. curta, chilensis, mihi N. Sp.; du Chili. Celte dernière espèce y est assez commune, et on la prend surtout au vol le soir dans les maisons.

Bitoma (Herbst). — Je n'en connais qu'une espèce de Buénos-Ayres, d'assez grande taille pour ce genre, elqui se trouve toute l'année sous les écorces. Elle n'y est pas rare non plus qu'à Montevideo. B. impressicollis, Dej., N. Sp.

Colydium (Fab.). — C. sulcicolle, Dej.; brasiliensis, ejusd. N. Sp., communs au Brésil sous lesécorces humides.

Trogosita (Fab.).— Les unes, à corps allongé, assez épais et presque cylindrique, vivent toutes dans le bois sous les écorces sèches; les autres, à forme plus large et plus déprimée, habitent de préférence les maisons et y détruisent la plupart des fruits secs qui s'y trouvent. Toutes volent bien et principalement le soir.

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Parmi les premières, je citerai T. œnea, Fab., la plus commune de toutes au Brésil et à Buénos-Ayres; impressicollis, Dej., commune également au Brésil; major, Dej., N. Sp., l'une des plus grandes du genre, rare au Brésil; cyanescens, Dej., de Buenos-Ayres; nitidula, Dej., N. Sp., du Brésil.

Parmi les secondes, T. caraboides, Fab., au Brésil et à Buénos-Ayres, où elle a sans doute été importée par les navires âbord desquels je l'ai toujours trouvée assez communément. T. sobrina, tenebrioides, Dej., ovata, pygmea, ejusd., N. Sp.

Passandra (Dalman). — P. ru fa, Fab. Assez commun au Brésil, sous les écorces; on le trouve quelquefois volant le soir.

Cucujus (Fab.). — Je n'en ai trouvé au Brésil qu'uneespèce, et qui paraît rare. Elle vit sous les écorces; C. mandibularis, Dej.

LONGICORNES.

Celte famille, presque aussi nombreuse en espèces que les Curculionites et les Chrysomélines, renferme les plus grands Coléoptères connus, après le genre Scafabœ us. Leurs habitudes sont assez variées, et ne correspondent pas aux divisions de tribus qu'on y a établies. Je suivrai, pour les genres, les coupes nombreuses créées par MM. Lepellelier de Saint-Fargeau et A. Serville, qui se sont spécialement occupés de ces insectes; et, comme leur travail est encore inédit, je rapporterai tous ces genres à ceux du Catalogue de M. le comte Dejean, lorsque cela sera possible.

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Parandra (Lat.). — Ces insectes ressemblent, sous le rapport des habitudes, à ceux de la famille précédente. On les trouve toujours sous les écorces humides, et jamais sur les feuilles, ni à l'extérieur des arbres. On les voit voler fréquemment à l'entrée de la nuit. Les deux espèces suivantes, P, glabrata elmaxillosa, Dej., commencent à paraître au milieu de février, ei sont assez communes au Brésil. Je n'en ai pas trouvé d'autres.

Macrodontia (Lepel. et Serv.), Prionus (Fab.) — L'espèce unique qui constitue ce genre, et qui est l'un des plus grands insectes connus, M. cervicornis, Fab., sans être bien rare au Brésil, ne s'y rencontre pas fréquemment. On le trouve ordinairement dans les plantations, sous les écorces ou au pied des arbres. Il ne fait usage de ses ailes que le soir et rarement; son vol est lourd, bruyant, peu élevé au - dessus de terre et de courte durée. Il ne produit aucun son par le frottement de son corcelet contre le pédicule de l'abdomen. Il commence à paraître en janvier.

Ctenoscelis (Lepel. et Serv.), Prionus (Fab.). — Cogenre ne renferme également qu'une espèce, le C. scabricollis, Dej., qui atteint presque la taille du précédent. Je l'ai trouvé assez communément sous les écorces., et quelquefois courant à terre le long des chemins dans les bois, ou volant à l'entrée de la nuit. Il produit un bruit assez fort en frottant ses pattes postérieures contre le bord des élytres. Je n'ai jamais trouvé que des femelles, et le mâle m'est inconnu. Suivant M. le comte Dejean, qui possède les deux sexes dans sa collection, ils différeraient beaucoup entre eux.

Mallodon (Lepel. et Serv.), Prionus (Fab.). — On

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connaît déjà plusieurs espèces de ce genre, mais je n'eai jamais trouvé qu'une, M. spinibarbis (P. melanopus, Fab.-Dej., Cat.), qui se trouve communément au Brésil, à Buénos-Ayres et dans tout le Tucuman, jusqu'au pied des Andes. Il vit dans les trous profonds que sa larve creuse dans l'intérieur des arbres et sous leurs écorces. Jamais il ne fréquente les feuilles ni ne vole de jour. Il ne produit également aucun bruit.

Anacanihus (Lepel. et Serv.), Prionus (Fab.).— Cegenre a été établi sur un insecte du Brésil connu depuis peu de temps, A. costatus, Dupont. Il est trèsrare aux environs de Rio-Janeiro, mais je l'ai trouvé assez communément sous les écorces, dans certaines localités de l'intérieur. C'est un insecte lourd, à marche lente, vu la petitesse relative de ses pattes, et je ne l'ai jamais rencontré volant. Il ne produit aucun bruit.

Orthosoma (Dej.), Prionus (Fab.). — L'unique espèce que j'ai trouvée, O. badia, Dej., N. Sp., vit sous les écorces comme les précédens, et n'est pas rare dans l'intérieur du Brésil. Elle vole rarement, ét ne produit aucun bruit.

Pœkilosoma (Lepel. et Serv.), Prionus (Fab.).— Ce genre s'éloigne beaucoup des précédens par la forme, les couleurs variées et brillantes des espèces qui le composent, et par ses habitudes, On ne le trouve que sur les feuilles, les troncs d'arbres, ou volant pendant le jour dans les bois. Des quatre espèces que j'ai trouvées, deux, P. 4-punctata et versicolor, Dej., sont communes aux environs de Rio-Janeiro; une autre, P. rufipennis, Dupont, l'est un peu moins; et la dernière, P. 4-maculata, Dej., N. Sp., paraît rare. Je l'ai trouvée dans

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l'intérieur. Ces insecies ne produisent aucun bruit, et paraissent au milieu de janvier.

Allocerus (Lepel. et Serv.), Prionus (Fab.). —La belle et unique espèce qui compose ce genre, A. Spencii, Kirby, est rare, et vit sous les écorces. J'en ai trouvé des débris dans la province de Montevideo. Elle ne produit aucun bruit.

Ceroctenus (Dej.). — C. abdominalis, Dej.; il est assez commun à Rio-Janeiro, sur les feuilles, et on letrouve volant pendant la grande chaleur du jour. Il ne produit aucun bruit.

Megaderus (Dej.), Callidium (Fab.). — Ce genre ne comprend encore qu'une espèce, M. stigma, Fab., commune aux environs de Rio-Janeiro, sur les feuilles. Elle se distingue de tous ses congénères par l'odeur forte et désagréable qu'elle exhale, et qui ne ressemble à aucune de celles des autres Coléoptères. Elle vole bien et fréquemment, et ne produit aucun bruit.

Hamathicherus (Meg.). —On les trouve, comme leurs congénères d'Europe, sur les feuilles ou volant dans les bois le soir. Ils produisent le même bruit avec leur corcelet. Je n'en ai trouvé que deux espèces, H. militaris, Dej., du Brésil, et Lacordairei, ejusd., N. Sp., de Buénos-Ayres.

M. le comte Dejean a rapporté à ce genre un très-bel insecte que j'ai recueilli à Cordoba, dans le Tucuman, et que je présume vivre comme les précédens, H. Atropos, mihi.

Criodion (Lepel. et Serv.) et Xestia, des mêmes. — C. erythropus Dej., cylindricolle, ejusd. N. Sp.;

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X. confusa, Dej., du Brésil. Mêmes habitudes que les Hamaticherus.

Chlorida (Lepel. et Serv.), Stenocorus (Fab.). — On en trouve communément deux espèces au Brésil, C. festiva et costata, Dej.; elles vivent sur les feuilles, le tronc des arbres, et quelquefois sous leur écorce. Il n'est pas rare de les rencontrer pendant le jour, volant dans les bois. Elles produisent un son très-aigu avec le corcelet.

Dorcacerus (Dej.). —On n'en connaît qu'une espèce, D. barbatus, Ol., qui se trouve communément depuis le Brésil jusqu'à Corrientes. Elle vit sur les feuilles et les troncs d'arbres, et vole fréquemment pendant le jour. Elle produit un son aigu avec le corcelet.

Cerambyx (Lin.). — Toutes les espèces de ce genre, tel qu'il est établi maintenant depuis qu'on en a retiré une grande partie des espèces que Fabricius et Olivier y avaient comprises, se distinguent par l'odeur de rose qu'elles répandent comme le C. moschatus de nos pays. Celle du Brésil, chez qui elle est la plus forte, est le C. phyllopus, Dej., qui est assez rare. On le sent à une grande distance dans les bois, où il vit sur les feuilles avec les suivans: C. sericeus, vittatus, Fab., equestris, Dej., qui sont assez communs.

On en trouve une espèce à Buénos-Ayres, C. lætus, Dej., N. Sp., qui est odorante comme les précédens.

Orthostoma (Lepel. et Serv.). — Je n'en ai rapporté qu'une espèce, O. abdominalis, Schœnherr, qui vit sur les feuilles, et qu'on trouve également volant pendant le jour. Elle produit un son aigu avec le corcelet.

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Cosnius (Lepel. et Serv.), Callichroma (Lat.). — Toutes les espèces de ce genre, remarquables par le faisceau de poils qu'elles ont aux antennes, se trouvent sur les feuilles, les troncs des arbres contre lesquels elles grimpent avec rapidité, et volant pendant le jour dans les bois. Elles produisent un son aigu avec le corcelet. J'ai rapporté du Brésil les saivantes: C. scapulicornis, Kirby, hirsuticornis, ejusd. (Callichroma plumicornis, Dej., Cat.), dimidiatus, insignis, jucundus, Dej., N. Sp.

On en trouve communément trois espèces à Buénos-Ayres, C. equestris, aulicus, spinosus, Dej., N. Sp.

Compsocerus (Lepel. et Serv.), Callichroma (Lat.). — C. barbicornis (Saperda plumigera, Oliv.) du Brésil; mêmes habitudes que les Cosnius. On le trouve aussi à Montevideo.

Ropalophora (Lepel. et Serv.). — R. sanguinicollis, Dej., marginicollis, ejusd., N. Sp.; mœurs des précédens.

Trichophorus (Lepel. et Serv.), Stenocorus (Fab.). — Ce genre ne contient encore qu'une espèce, T. albomaculatus, Dej. Je l'ai trouvée plusieurs fois à Buénos-Ayres, sur le tronc des arbres contre lesquels elle se tient collée, les antennes repliées sur le dos, ou volant le soir. Elle produit un bruit aigu avec le corcelet.

Lophonocerus (Lepel. et Serv.), Callichroma (Lat.). — L'espèce qui a servi de type au genre, L. hirticornis, Kirby (Callichroma hisirio, Dej., Cat.), se trouve communément au Brésil, et quelquefois en réunions assez nombreuses sous les écorces d'arbres. Sa démarche est assez lourde, et elle fait rarement usage de ses ailes.

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Une autre, L. strigonus, Dej., N. Sp., est plus agile que la précédente, et vole plus fréquemment. On la trouve ordinairement grimpant contre les troncs d'arbres. Toutes deux produisent un bruit aigu avec le corcelet.

Tracliyderes (Schœnherr.). — Les espèces de ce genre sont médiocrement nombreuses, mais elles multiplient beaucoup, et ce sont celles qui se trouvent toujours en plus grande quantité dans les collections qui viennent de Cayenne et du Brésil. Toutes vivent sur les troncs d'arbres et s'y tiennent collées, les antennes ramenées sur le dos. Quand on veut les saisir, elles s'enfuient avec assez de rapidité, et quelquefois se laissent tomber. Je les ai aussi vues souvent rassemblées en grand nombre autour des plaies d'arbres, occupées à boire la liqueur qui en découlait. On ne les trouve jamais sur les feuilles ni sur les plantes. Ils volent ordinairement le soir, et quelquefois pendant le jour. Tous produisent un bruit aigu avec le corcelet.

La plupart des espèces se trouvent depuis la Guyane jusqu'à Buénos-Ayres. De ce nombre sont les T. striatus, thoracicus, Fab. On en trouve aussi communément une autre espèce dans le dernier de ces pavs; T. vicinus, Dej., N. Sp. Les suivans sont du Brésil, et tous communs; T. rufipes, Fabr., scapularis, nolatus, Dej.

Chrrsoprasis (Lepel. et Serv.), Callidium (Fab.). — Jolis insectes qu'on trouve ordinairement sur les feuilles, les troncs d'arbres, ou volant pendant le jour dans les plantations. Ils produisent un bruit aigu avec le corcelet.

Mallosoma (Lepel. et Serv.), Callidium (Fab.). — M. elegans, Dej.; mœurs des hrysoprasis.

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Trachelium (Lepel. et. Serv.), T. signatum, Dej., N. Sp. —Habitudes des précédens.

Eburia (Lepel. et Serv.), Stenocorus (Fab.). — Les grandes espèces, à corps presque cylindrique, vivent sous les écorces, et même dans l'intérieur des arbres vermoulus, E. 4-maculata, Fab., distinguenda, morosa, Dej., N. Sp. Les autres, à corps plus aplati, élytres moins dures que les précédens, et cuisses armées à leur extrémité de fortes épines, vivent sur les feuilles, et s'y tiennent collées, les antennes ramenées sur le dos. Quand on veut les toucher, elles s'échappent avec rapidité et se laissent tomber à terre: E. sex-maculcita, Fab., Lacordairei, similis, Dej., N. Sp. Toutes produisent un son aigu avec le corcelet.

Mallocera (Lepel. et Serv.). — L'espèce unique que j'ai recueillie, M. glauca, Dej., vit sur le tronc des arbres et les feuilles, et produit un son aigu avec le corcelet.

Stenocorus (Fab.). — Ces insectes ont les mêmes habitudes que les Eburia. S. circumflexus, Fab. (Cette espèce présente de nombreuses variétés.), oblilus, spretus, cinerascens, Lacordairei, Dej., N. Sp., du Brésil; T. tucumanus, ejusd., N. Sp., du Tucuman.

Callidium (Fab.). — Mêmes mœurs que leurs cougénères d'Europe. C. strepens, Fab. (Cette espèce se trouve aussi en Espagne.), 4-pustulalum, silaceum, Dej., N. Sp., du Brésil; undulatum, festivum, ejusd., N. Sp., de Buénos-Ayres. L'avant-dernier se trouve aussi dans le Tucuman.

Clytus (Fab.). — Le Brésil possède un assez grand nombre d'espèces de ce genre, qui toutes vivent sur le

XXI. 12

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tronc des arbres, et courent avec une rapidité extrême quand on veut les saisir; habitudes qui se retrouvent chez le C. hafniensis, Fab., d'Europe. J'ai rapporté les suivans: C.basalis, olivaceus, brasiliensis, dorsalis, Dej., pusillus, patruelis, corticinus, ejusd., N. Sp., du Brésil. Le troisième se trouve également à Buénos-Ayres avec uu autre, C. nebulosus, Dej., N. Sp., qui existe aussi dans le Tucuman.

Ancylocera (Lepel. et Serv.). — A. sanguinea., Dej., sur les feuilles, et volant pendant le jour dans les bois. Elle produit un bruit aigu ayec le corcelet. Du Brésil.

Oregostoma (Lepel. et Serv.), Stenopterus (Illiger). — Les Oregostoma ressemblent, à la première vue, à de petits Stenopterus, et se trouvent assez communément au Brésil, sur les feuilles et le tronc des arbres. Leur démarche est très-agile, et ils volent bien, surtout pendant la grande chaleur du jour. Ils produisent un bruit aigu avec le corcelet. O. bi-notata, nigripes, annulata, maculicornis, ejusd., N. Sp.

Stenygra (Lepel. et Serv.); Stenocorus (Fab.). — Ce genre se compose d'un petit nombre d'espèces très-voisines les unes des autres. On trouve communément au Brésil, pendant toute la saison pluvieuse, la L. tricolor, Dej.; elle vil sur les feuilles, et vole pendant la plus forte chaleur du jour. Elle ne produit aucun bruit avec le corcelet.

Ibidium (Lepel. et Serv.); Obrium? (Megerle). — Ces insectes, assez nombreux et assez communs au Brésil, ont au repos un port particulier, qui diffère de celui de tous les autres longicornes. Ils se trouvent toujours sur

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les feuilles et se blottissent dans celles arrondies en gouttière, en tenant les pattes écartées ducoi'ps, les antennes ramenées le long du dos, et le corcelet et la tĉte relevés et formant un angle presque droit avec le corps, comme certaines chenilles arpenteuses nommées chenilles en bâton. Ils restent ainsi immobiles pendant un espace de temps considérable, et s'échappent avec rapidité quand on touche à leur retraite; mais ils courent mal et plutôt par sauts et par bonds qu'en ligne droite. On les trouve aussi quelquefois volant pendant le jour dans les bois: ils produisent un son aigu avec le corcelet. J. bi-cinctum signatum, Dej.; acaleatum, luridum, albo-cinctum, ejusd., N. Sp.

Ozodes (Lepel. et Serv.). — Insectes du Brésil, voisins des précédens, et ayant les mêmes habitudes, mais beaucoup plus rares; O. mucoreus, trianguîaris, Dej., N. Sp.

Rhinotragus (Dalrnan). — R, coccineus, Dej., du Brésil. Espèce assez rare et ayant les habitudes du genre suivant.

Stenopterus (Illiger.). — Tous se trouvent sur les troncs d'arbres, les clôtures dans les plantations, etc. Leur démarche est très-agile et ils volent bien, surtout pendant le jour. Ils produisent un bruit aigu avec le corcelet. Les espèces en sont assez nombreuses, L. aurulenlus, tomentosus, Dej.; gracilis, Klug., etc.

Acrocinus (Illiger.). —Il en existe maintenant trois espèces dans les collections. La plus anciennement connue et la plus remarquable par sa taille, qui égale celle du Mcicrodontia cervicornis, l'A. longimanus, Fab., est commune au Brésil, dans les environs de Rio-Ja-

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neiro, et un peu plus rare dans l'intérieur. On le trouve toujours sur le tronc ou au pied des arbres, rarement sous les écorces, et jamais sur les feuilles. Sa démarche est très-lourde, et il se traîne plutôt qu'il ne marche. Son vol, qu'il prend quelquefois à l'entrée de la nuit, est bruyant, peu rapide, et il ne paraît pas toujours maître de le diriger à son gré, car il se heurte souvent contre les arbres et tombe alors à terre. Le bruit qu'il produit avec le corcelet s'entend de loin et le trahit souvent. La mobilité des épines latérales du corcelet qui constitue l'un des caractères du genre n'existe que dans cette espèce, et je crois qu'elle est indépendante de la volonté de l'insecte, et ne lui sert à aucun usage. J'ai observé cependant que, dans l'accouplement, le mâle appuie ces longues pattes antérieures sur ces organes, et peut-être est-ce un moyen que la nature lui a donné pour assujettir et exciter sa femelle. Chez celle-ci, en effet, ces parties sont un peu plus mobiles que dans le mâle. Les individus diffèrent beaucoup pour la taille, et j'en ai vu qui n'avaient pas plus de deux pouces et demi de longueur. On en trouve de beaucoup plus rouges les uns que les autres, sans que cela dépende du sexe ou de l'àge. Ceux de l'intérieur sont ordinairement un peu plus pâles que ceux qu'on prend aux environs mêmes de Rio-Janeiro.

A. accentifer (Ol.).—Il est plus rare que le précédent, et vit sur les troncs d'arbres dans les plantations, en s'y tenant collé, les antennes ramenées sur le dos. Les épines de sou corcelet sont immobiles.

Steirastoma (Lepel. et Serv.), Acanthocinus (Fab.). — Ce genre; établi sur quelques Acanthocinus, à corps

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déprimé et corcelet muni d'épines latérales aplaties et bifides, a les mêmes habitudes que le genre en question. On les trouve très-communément dans les plantations, sur les troncs d'arbres à demi consumés par le feu, et quelquefois sous leur écorce quand elle est desséchée et séparée de l'arbre. Ils se tiennent collés contre celui-ci, les antennes ramenées sur le dos, et se laissent tomber quand on veut les saisir. Leur démarche est lourde, et ils ne marchent que rarement. Tous produisent un bruit aigu avec le corcelet. L. depressa, Fab., lacerta stellio, Dej. On en trouve une espèce à Buénos-Ayres, L. bonariensis, Dej., N. Sp. Ce que je viens d'en dire s'applique aux genres suivans.

Dryoctenes (Lepel. et Serv.), Acanthocinus (Fab.). D. caliginosits, Dej. Très-commun au Brésil.

Anisocerus (Lepel. et Serv.), Acanthocinus (Fab.).

A. penicillatus, remarquable par les faisceaux de poils de ses antennes, particularité très-rare chez les Acanthocinus. Cette espèce n'est pas commune.

Onychocerus (Lepel. et Serv.), Acanthocinus (Fab.), O. scorpio, Fab. — Assez commun dans quelques localités. O. scorpioides, Dej. Plus rare que le précédent.

Megabasis (Lepel. et Serv.), Acanthocinus (Fab.), M. speculifer, Dej. — L'une des plus belles espèces de cette famille. Elle est rare et ne se trouve même, à ce que je crois, qu'aux environs de Rio-Janeiro.

Acanthocinus (Fab.). — Quoiqu'on ait séparé de ce genre un assez grand nombre d'espèces, il en renferme encore une quantité très-considérable qui diffèrent beaucoup par fe faciès, tout en conservant des habitudes pareilles. Les uns ressemblent à des Steiraslomai; A. lue-

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tuosus, costatus, Dej., du Brésil; A. congener, ejusd., N. Sp., de Buénos-Ayres; les antres, à des Lamia, et parmi ceux-ci un grand nombre presque tous d'assez grande taille, ont des élytres parallèles et un peu déprimées en dessus, tandis que chez d'autres, généralement de petite taille, elles vont en se rétrécissant au bout, et sont plus ou moins convexes. Ces derniers diffèrent, en outre, des autres par leur démarche, qui est trèsagile.

J'en ai rapporté plus de quarante espèces, dont il est inutile de citer aucune.

Exocentrus (Megerle), Pogonocherus, (Dej., cat.). E. jaspideus, Dej., N. Sp. — Habitudes des précédens; course agile.

Pogonocherus (Meg.); P. selosus, Dej. — Mœurs des Pogonocherus d'Europe.

Callia (Lepel. et Serv.). — Acanthocinus (Fab.); C. flavo-femorata, Dej.; commune sur les troncs d'arbres.

Desmiphora (Lepel. et Serv.), Acanthocinus (Fab.). D. lanata, Klerg. — Sur les troncs d'arbres et les feuilles; assez rare.

Monochamus (Megerle), Lamia (Fab.). — M. scalaris (Farinosus, Fab., Dej., cat.); Decoratus, Dej. Ces deux espèces, surtout la première, ne sont pas rares au Brésil. Elles ont les mêmes habitudes que les Hama-thicherus.

Lamia (Fab.). — Ce genre tel qu'il est établi actuellement contient principalement des espèces de l'ancien continent, et l'Amérique n'en fournit qu'un petit nombre. Une seule remarquable par la tarière dont est pour-

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vue la femelle, L. gratiosa, Dej., est très-commune au Brésil sur les troncs d'arbres dans les plantations, et court très-agilement comme les petites espèces d'Acanthocinus; les autres, L. scapulicornis, flavopunctata, Dej., lineolata, subfasciata, pumilio, miniata, ejusd., N. Sp., ont la démarche et les habitudes des grandes espèces du genre en question. Je n'en connais aucune de Buénos-Ayres.

Pterhoplius (Lepel. et Serv.).—Lamia (Fab.). Ce genre, bien distinct des Lamia proprement dites par son corps allongé, cylindrique, el finissant en pointe, a les mêmes habitudes. On trouve assez communément aux environs de Rid-Janeiro, les P. acuminatus, nocliférus, Dej.,

Compsosoma (Lepel. et Serv.), Lamia, Fab.—Les espèces de ce genre se distinguent aussi, à la première vue, des Lamia par la forme courte, épaisse et ramassée de leur corps. Ce sont les plus lourds de cette famille, el on les trouve ordinairement collés contre les troncs des arbres, ou sur les feuilles, et je ne crois pas qu'ils fassent jamais usage de leurs ailes. Une seule C. concreta, Dej., est assez commune aux environs de. Rio-Janeiro. Les autres, F. nivea, signata, arachnoides, Dej., N. Sp. sont beaucoup plus rares.

Oncydcres (Lepel. et Serv.), Lamia, Fab. — Lamia à corps cylindrique, et tête armée en devant de crochets. O. maculosus, pustulatus, signatiferus, Dej. Cette dernière seule est assez commune. Habitudes des précédens.

Hypsioma (Lepel et Serv.), Lamia, Fab. — Mêmes mœurs que ceux qui précèdent. H. gibbosa, Dej., très-commune. H. basalis, lumuiosa, axillaris, Dej., murina, ejusd, N. Sp.

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Trachysomus (Lepel. et Serv.), Lamia, Fab. — Genre voisin des Hypsioma et ayant les mêmes habitudes. La seule espèce connue, T. monstrosus, Dej., est assez rare au Brésil.

Colobothea (Dej.), Saperda (Fab.). — La séparation que M. le comte Dejean a faite de ces insectes d'avec les Saperda auxquels les Entomologistes les avaient réunis, se trouve confirmée par la différence qui existe entre les habitudes de ces deux genres. Les Colobothea ont la démarcheaussi agile qu'elle est lente chez la Saperda, el ne se trouvent jamais que sur les troncs d'arbres, tandis que les secondes ne fréquentent que les feuilles. Les suivantes sont très-communes, C. emarginata, Ol.; latéralis, Dej.; varia, Fab.; glauca, Dej.; vicina, sobrina, subcincta, ejusd. N. Sp. Les deux suivantes sont beaucoup plus rares. C. albo-maculata, Dej.; signatipennis, ejusd. N. Sp.

Hippopsis (Lepel. et Serv.). Saperda, Fab. — Espèces remarquables par la longueur démesurée de leurs antennes, et qu'au repos elles portent toujours dirigées en avant contre l'usage des autres Longicornes. Cettehabitude et la forme de leur tête, qui est repliée en dessous, les ferait prendre au premier coup d'œil pour les Orthoptères du genre Truxalis. On les trouve toujours sur les feuilles. Je n'en connais qu'une seule espèce, H. lineolata, Dej.; assez rare au Brésil.

Cryplocranium (Lepel. et Serv.), Saperda, Fab. — Ce genre est le seul parmi les Longicornes dont la tête soit engagée dans le corcelet et en partie couverte par lui. Ces insectes vivent sous les écorces et dans les trous que leur larve a creusés dans le bois. On les prendrait à

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la première vue pour des Hilœcetus. L'uuique espèce qui constitue ce genre, C. laterale, Dej., n'est pas commune au Brésil.

Saperda (Fab.). — On en trouve un assez grand nombre au Brésil qui vivent sur les feuilles, et ont les mêmes mœurs que leurs congénères d'Europe. Quelques-unes seulement à corps cylindrique et plus étroit postérieurement au repos, portent leurs antennes en avant comme les Hypopsis, et diffèrent en outre des autres Saperda en ce que les premiers anueaux de ces organes sont velus (1). S. aulica, Dej., sirigosa, patruelis, ejusd. N. Sp.

Je ne connais aucune espèce de ce genre à Buénos-Ayres.

Euryptera (Lepel. et Serv.), Saperda (Fab.).—Longicornes très-singuliers par la dilatation postérieure de leurs élytres, la forme de leur tête et de leurs antennes. On les trouve volant dans les bois ou sur les feuilles, et on les prendrait à la première vue pour des lycus avec lesquels ils ont quelque ressemblance par leur couleur. E. latipennis, Dej., Lacordairei, ejusd., N. Sp. Tous deux très-rares.

Cometes (Lepel. et Serv.), — C. hirticornis; seule espèce connue de ce genre, se trouve fréquemment au Brésil sur les feuilles et les plantes basses.

Leptura (Geoffroy). — Je n'en ai rapporté qu'une espèce qui est rare au Brésil et qui vit comme celles d'Europe. L. sellata, Dej.

Outre les genres dont je viens de rendre compte, j'ai

(1) Elles constituent le genre Ptericoptus, Lepel. et Serv.

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rapporté plusieurs autres Longicornes qui ne peuvent en trer dans aucun de ceux ci-dessus; mais comme les cou pes nouvelles qu'ils doivent former ne sont pas encore créées, j'ai préféré de ne pas en parler, pour ne pas m'exposer à n'être pas compris.

CHRYSOMÉLINES.

Je comprends sous cette dénomination, ainsi que l'a fait M. le comte Dejean dans son catalogue, les trois dernières familles établies par M. Latreille dans les Chrysomélines, à savoir, les Eupodes, les Cycliques et les Clavipalpes.

Ils présentent peu de différences sous le rapport des mœurs. Tous fréquentent les plantes, à un petit nombre près qui vivent sous les écorces ou dans le bois en décomposition. Plusieurs sécrèlent soit par la bouche, soit par d'autres parties du corps, une li queur d'une odeur particulière qui ne se rencontre que dans celte famille, et chez quelques Trimères. Tous, sans exception, sont ailés, et c'est la seule famille où existe la faculté de sauter au moyen des pattes postérieures. Le vol et la démarche sont à peu près les mêmes dans toutes les espèces.

Megalopus (Fab.). — Nos collections en renferment déjà un grand nombre d'espèces, et sur quinze que j'ai rapportées, neuf ne sont pas décrites dans la belle monographie de ce genre publiée par M. Klug. Toutes les espèces vivent sur les plantes et les arbrisseaux peu élevés. Leur vol est lourd et n'a lieu que pendant la forte chaleur du jour; quand on les saisit, ils

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fléchissent un instant leurs antennes, et répandent par les articulations des pattes une liqueur jaune d'une odeur analogue à celle des Coccinelles. Ils produisent, comme les Lema, un bruit aigu par le frottement de leur corcelet contre le pédicule de l'abdomen. Les plus communs sont les M. cinctus, Mac Leay, et limbatus, Dej.; les autres, sans être bien rares, se ren contrent moins fréquemment. On n'en trouve point à Buénos-Ayres.

Lema (Fab.). — Insectes plus nombreux en espèces dans l'Amérique que dans nos pays; ils ont, du reste, les mêmes habitudes, et ne fréquentent que les plantes basses. L. variabilis, fasciata, festiva, Dej.; nigricor nis, Fab.; cincta, limbata, 'variegata, Dej., N, Sp etc., du Brésil. On en trouve communément un à Buenos-Ayres, L. bilineata, Dej.

Alurnus (Fab.). —A. marginatus, Lat. Très-com mun nu Brésil et au Paraguay jusqu'à Comentes. Il vit sur les feuilles, et répand par la bouche une liqueur jaune, semblable, pour l'odeur, à celle des Megalopus. On trouve fréquemment une variété qui a sur les ély-tres une ligne courte, transversale, de la même couleur quelasuture; mais, comme elle s'accouple indistinctement avec l'espèce ordinaire et des individus pareils à elles, je crois qu'on ne peut l'en séparer.

Hispa (Fab.). — Genre nombreux en espèces au Brésil, et ayant les habitudes de leurs congénères d'Europe. On les trouve assez communément sur les feuilles des plantes et des arbrisseaux. J'en ai rapporté une vingtaine d'espèces, la plupart nouvelles.

Imatidium (Fab.).—Je joins ce genre au suivant.

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dont il ne me paraît pas pouvoir être séparé, l'échancrure antérieure du corcelet, qui a servi pour l'établir, se retrouvant plus ou moins prononcée chez d'autres Cassides. Les habitudes d'ailleurs ne sont pas les mêmes.

Cassida (Fab.).—Les espèces de ce genre, médiocrement variées dans nos climats, sont extrêmement nombreuses sous les tropiques et dans les pays qui en sont voisins. J'en ai rapporté tant du Brésil que de Buénos-Ayres et du Tucuman, près de cent espèces, parmi lesquelles il serait indispensable, pour se reconnaître, d'établir de nombreuses divisions, chacune d'entre elles paraissant se rattacher à un groupe particulier pour la forme du corps, et celle des antennes qui varie beaucoup. Chez les unes, elles sont composées d'articles presque cylindriques, grossissant plus ou moins au bout, tandis que chez d'autres elles sont aplaties et même dilatées à partir du milieu. Je ne puis entrer dans aucun détail à cet égard, et je me bornerai à exprimer le désir de voir paraître bientôt une bonne monographie de ce genre qui, par la multiplicité de ses espèces, a plus besoin qu'aucun autre d'un pareil travail.

Sous le rapport des habitudes, les Cassida offrent peu de différence. Elles paraissent au Brésil et à Buénos-Ayres dès les premiers jours du printemps, et on en trouve toute l'année. Dans ce dernier pays, où l'hiver est assez froid, elles se réfugient, pendant cette saison, sous les écorces des arbres et dans l'intérieur des Cactus décomposés, où l'on trouve souvent rassemblées par centaines certaines espèces. Elles résistent facilement au froid; mais les pluies les font périr en grand nombre.

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Au Brésil, certaines plantes sont quelquefois couvertes des C. stigmata, vulnerata, Dej., pustulata, Fab., cyanescens, Dej., qui sont les plus communes de toutes. Un grand nombre d'autres se rencontrent aussi très-communément, mais vivent isolées. On les voit voler assez souvent pendant le jour, et, lorsqu'on les prend, elles répandent par la bouche une liqueur jaune semblable pour l'odeur à celle du genre suivant.

Galeruca (Geof.). — Toutes vivent comme celles d'Europe, sur les feuilles, et quelques-unes en sociétés assez nombreuses, mais sans exercer sur les arbres les mêmes ravages que certaines espèces de nos pays, ou plutôt ces ravages ne sont pas sensibles, tant est grande la rapidité avec laquelle la végétation répare les pertes qu'elles lui font éprouver. Les grandes espèces, G. eyanipennis, Fab., xanüioclera, lycoides, Dej., N. Sp., etc., contrefont les mortes quand on les prend, et sécrètent une liqueur jaune abondante par la bouche et les articulations des pattes. Chez une autre, G. 'viridis, Dej., N. Sp., cette liqueur est incolore et assez abondante pour couvrir l'insecte tout entier. Les petites espèces n'ont pas cette faculté.

Octogonotes (Drapiez).—Genre propre au nouveau continent. On les trouve sur les feuilles comme les Altiea, et ils sautent de même; mais ils sont beaucoup plus rares, et les espèces en sont peu variées. O. inœqualis, Dej.; cinclipennis, tomentosus, vestitus, rubi cundus, dimidiatus, ejusd., N. Sp.

Altica. —Ces insectes sont les plus abondans de tous au Brésil, et on les trouve en égale quantité toute l'année. Ils surpassent de beaucoup pour la taille les plus

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grandes espèces d'Europe, et leurs habitudes sont les mêmes. Qnelques-unes vivent isolées, mais la majeure partie se trouvent réunies eu sociétés plus ou moins nombreuses. J'en ai rapporté environ soixante espèces; mais il est probable qu'on a trop multiplié celles-ci, car elles doivent donner beaucoup d'hybrides, rien n'étant plus commun que de trouver des femelles semblables entre elles accouplées avec des mâles qui ne se ressem blent nullement. Les grosses espèces, A. circumcincta famelica, Dej., etc., sont moins agiles que les autres et sautent mal. En général, les espèces d'Europe s'élè vent beaucoup plus haut que toutes celles que je connais d'Amérique.

On en trouve une quinzaine d'espèces à Buénos-Ayres, qui vivent comme celles du Brésil.

J'ai compris dans ce genre celles que M. le comte Dejean en a séparées sous le nom de Pedema, et qui ont les mêmes habitudes.

Doryphora (Illiger).—Les espèces de ce genre sont plus nombreuses au Brésil que celles des Chrysomela proprement dites. On les trouve marchant lentement sur les feuilles, et les grosses espèces se laissent tomber quand on s'approche d'elles. Lorsqu'on les prend, elles rendent par la bouche une liqueur jaune fétide. On n'en trouve point à Buénos-Ayres.

Chrysomela (Lin.). — Mêmes mœurs que Celles de nos pays; quelques-unes vivent en société, telles que les C. polyspila, Germar, très-commune à Buénos Ayres et dans le Tucuman jusqu'aux Andes; un peu plus rare au Brésil; lunifera, Dej., semi-marginata, Fab., du Brésil; les autres vivent isolées.

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Colaspis (Fab.). — Genre non moins nombreux en espèces que les précédens, et vivant de même sur les feuilles. J'en ai rapporté une quarantaine d'espèces; les plus grandes C. livida, cincta, ducalis, Dej., hybrida, ejusd., N. Sp., sautent comme les Altica; les autres sont dépourvues de cette faculté.

On en trouve quelques-uns à Buénos-Ayres, de la taille des espèces moyennes du Brésil, et parées de couleurs aussi brillantes.

Eumolpus (Fab.).—Mêmes mœurs que les Colaspis, mais moins nombreux en espèces et en individus. Parmi les grandes espèces, l'E. fulgidus, Ol., est le plus commun de tous. Il paraît en décembre, et on le trouve ordinairement accroché sous les feuilles des arbrisseaux, en réunions plus ou moins considérables. L'E. ignitus, Fab., est beaucoup plus rare. Parmi les espèces de grandeur moyenne, on trouve toute l'année et en abondance l'E. lineatus, Dej. Ces insectes volent peu et seulement pendant la forte chaleur du jour.

Je n'en connais qu'une espèce de Buénos-Ayres, E. nigritus, Dej., qui y est assez commune.

Lamprosoma (Kirby).—Ces insectes, parés pour la plupart de couleurs métalliques brillantes, vivent comme les précédens, avec lesquels, du reste, ils ont beaucoup de rapports. On les trouve marchant lentement sur les feuilles, ou volant dans les plantations pendant le jour. Ils diffèrent principalement des Eumolpus, en ce qu'ils contrefont les morts quand on les prend, et cachent leur tête dans une cavité de la poitrine, en ramenant leurs antennes et leurs pattes le long du corps. Les suivans,

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sans être bien communs, ne sont pas rares, L. tristis ignita, Dej., purpurea, ejusd., N. Sp.

Chlamys (Knoch.). — Toutes les espèces de ce genre sont, comme on sait, propres à l'Amérique, et l'on en connaît déjà un assez grand nombre. Sur dix espèces que j'ai rapportées, six ne se trouvent pas décrites dans la belle Monographie publiée par M. Kollar. Les Chlamys vivent sur les feuilles, et s'y tiennent collés ou marchant lentement; ils se laissent tomber quand on veut les saisir, et contrefont les morts lorsqu'on les tient. Je ne les ai jamais vus faire usage de leurs ailes.

Clythra (Leach). — Ce genre est beaucoup moins riche en espèces en Amérique que dans nos pays; mais celles qu'on y trouve surpassent les nôtres par leur taille. Une seule, C. 4-pustulata, Dej., est commune au Brésil. Elle vit, ainsi que les autres, comme celles d'Europe. J'en ai rapporté une du Tucuman, C. Lacordairei, Dej., N. Sp.

Cryptocephalus (Geof.). — Ainsi que les précédens, ces insectes sont moins nombreux en Amérique que dans nos climats, et les espèces sont plus petites que la plupart des nôtres. Du reste, elles ont les mêmes mœurs.

Erotylus (Fab.). — M. Duponchel, dans la Monographie qu'il a publiée de ce genre, en a décrit 90 espèces; on en connaît aujourd'hui plus de 120. Presque tous appartiennent à l'Amérique méridionale; mais il paraît hors de doute maintenant que ce genre existe également dans les îles de la Sonde et contrées adjacentes. Ces insectes paraissent propres aux pays situés sous les tropiques. On n'en trouve aucune espèce à Buénos-Ayres, ni dans le Tucuman et le Chili.

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Tous ceux que j'ai observés vivent sur les feuilles, et se trouvent volant pendant le jour dans les bois. Aucun, même parmi les petites espèces qui ressemblent beaucoup au Triplax, ne fait sa demeure sous les écorces. Tous vivent isolés, excepté l'E. sphacelatus, Fab., qu'on trouve ordinairement rassemblé sur le tronc des arbres abattus en quantité souvent très-considérable. Ses élytres, d'un beau gris bleuâtre pendant la vie, deviennent jaunâtres après la mort, et M. Duponcliel les a décrites comme étant naturellement de cette couleur. Il est tombé, pour quelques autres espèces, dans des erreurs analogues, qu'il est impossible au reste d'éviter quand, on ne décrit pas d'après des individus vivans.

Son E. histrionicus, qu'il donne comme une espèce, d'après la Collection de M. le comte Dejean, n'est qu'une variété de l'E. histrio, Fab. On trouve fréquemment des individus qui diffèrent encore plus de celui-ci, et chez qui il ne reste quelquefois que de faibles vestiges des lignes noires des élytres.

Languria (Lat.). — Ces insectes ne sont pas communs, et vivent sur les feuilles, ou se prennent volant dans les bois pendant le jour. Je n'en ai trouvé que deux espèces, L. cuneiformis et brcisiliensis, Dej.

TRIMERES.

Coccinella. — Ce genre est moins nombreux en espèces et en individus dans l'Amérique que dans nos pays. Leurs habitudes et l'odeur qu'elles exhalent sont du reste absolument les mêmes.

Eumorphus (Weber, Fab.). — Je n'en ai trouvé que

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deux espèces, E. marginellus, Dej., et cruciger, Lat. (cruciatus, Lat., Dej., Cat.) Toutes deux vivent dans le bois décomposé, sous les troncs abattus et les écorces humides. Ils se rapprochent de quelques Hélopiens par les habitudes, et plus encore par leur odeur qui est la même.

Lycoperdina (Lat.). — On en trouve communément plusieurs espèces an Brésil, L. pubescens, oblonga, nigricans, vestita, Dej., N. Sp. Toutes sout communes, et vivent sous les Lichens et les Mousses des arbres. On en trouve une espèce à Buénos-Ayres, qui a les mêmes habitudes, L. undulata, Dej., N. Sp.


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Citation: John van Wyhe, ed. 2002-. The Complete Work of Charles Darwin Online. (http://darwin-online.org.uk/)

File last updated 25 September, 2022